- Speaker #0
Bonjour Laurence et bienvenue dans ce podcast, le stress vu de l'intérieur.
- Speaker #1
Bonjour Perrine.
- Speaker #0
Alors Laurence, dans les épisodes précédents, nous avons déjà évoqué les nutriments classiques associés à la gestion du stress, le magnésium, les vitamines B, oméga 3, schwagandha. Aujourd'hui, je te propose d'élargir un petit peu la perspective.
- Speaker #1
Pas de souci, on y va.
- Speaker #0
Alors quand on parle de stress, on pense souvent aux émotions. Mais beaucoup moins à l'alimentation. En quoi notre manière de manger peut-elle influencer notre ressenti au quotidien ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, on associe spontanément le stress aux émotions, mais beaucoup moins à ce qu'il y a dans l'assiette. Et pourtant, l'alimentation joue un rôle majeur parce qu'elle fournit en fait des blocs de construction pour nos neurotransmetteurs, c'est-à-dire les molécules qui vont réguler notre humeur, notre énergie mentale et notre motivation. Par exemple... pour fabriquer la dopamine qui est impliquée dans la motivation et la concentration, il faut des acides aminés comme la thyrosine. La thyrosine, c'est un acide aminé qu'on ne va trouver que via l'alimentation. Il faut aussi du fer, des vitamines B qui vont servir de cofacteurs, qui vont servir à construire ces blocs de construction. Un autre exemple, pour produire la sérotonine, qui est le neurotransmetteur de la zénitude, on a besoin de tryptophan, de vitamine C, de vitamine B6 et de magnésium. Si notre alimentation est pauvre en ces nutriments, notre cerveau a moins de matière première. Résultat, on est plus réactif, plus irritable et aussi plus sensible au stress.
- Speaker #0
Mais comment savoir, Laurent, si dans notre assiette, il y a toutes ces bonnes choses ?
- Speaker #1
Il y a moyen de le savoir, notamment en faisant une prise de sang, mais aussi par certains signes. C'est clair que si on manque de magnésium, on va être beaucoup plus fatigué, déjà beaucoup plus irritable. On peut aussi avoir des... Les yeux, les paupières qui clignotent comme ça un peu de manière bizarre. Donc, il y a moyen quand même de le savoir. Et puis, je pense effectivement qu'une prise de sang peut toujours être adéquate pour savoir effectivement où on en est par rapport à ça.
- Speaker #0
Alors, du côté des plantes, certaines personnes aiment intégrer des tisanes, des infusions à leur routine. Sans parler des faits, on a déjà abordé la passiflore et la mélisse dans l'épisode précédent. Qu'est-ce que ce type de rituel apporte dans une journée un petit peu chargée, dirait-on ?
- Speaker #1
Préparer et boire une tisane, ça va créer un rituel d'ancrage. Donc ça va forcer à ralentir un peu, à se reconnecter au moment présent et en fait à introduire une micropause dans nos flux d'activité et nos flux de pensée. Donc ce sont des petites parenthèses qui vont aider le système nerveux à sortir du mode alerte en permanence.
- Speaker #0
Alors c'est intéressant parce qu'on parlait justement avec notre invité Daniel French de... être ici dans le moment présent. Donc d'après toi, indépendamment de la bonne plante qu'on va mettre dans sa tisane, rien que le fait de la préparer, ça va déjà aider au niveau du stress ?
- Speaker #1
Tout à fait, ça va revenir quelque part à soi. On va sortir de ce flot incessant auquel on est soumis, auquel on se soumet aussi de manière totalement inconsciente souvent.
- Speaker #0
Alors le stress, il nous pousse aussi parfois à grignoter ou à manger par automatisme. Comment peut-on reconnaître Ce mécanisme et le déjouer, si c'est possible.
- Speaker #1
Alors, on peut essayer de le déjouer, ce n'est pas toujours évident. Il faut savoir que le grignotage de stress est très différent de la vraie faim. Donc, la vraie faim, elle va arriver petit à petit et on a souvent un peu de gargouilles dans l'estomac. Donc, on a des signes et puis on a vraiment de temps en temps, on se dit, oh là là, je dois manger quelque chose parce que je sens que je suis fatiguée. Tu m'en fais du beurre. Voilà. Mais alors oui, ça peut aussi être lié, le grignotage de stress peut aussi être lié à la mauvaise humeur. A l'inverse, ce grignotage de stress va apparaître soudainement, souvent suite à un événement qui nous a contrariés. Et on va aller chercher des aliments qui sont réconfortants, soit sucrés, soit gras ou croustillants, clairement. Et puis, en fait, on ne va pas savourer ces aliments. Quand on a faim, moi je sais que... de temps en temps, après ma séance de sport, j'ai faim, eh bien, j'ai envie de savourer les aliments que je vais manger parce qu'il y a aussi eu, via le sport, cette dopamine qui est présente et qui donne cette envie. Donc, quand on est dans ce grignotage de stress, on est à ne pas savourer ses aliments. Donc, ça, c'est vraiment un signe aussi. Et donc, pour éviter ces grignotages, en fait, il faut faire un petit peu ce qu'on vient de dire, c'est-à-dire faire un pas en arrière, quelque part. Quand cette sensation arrive et se demander est-ce que j'ai vraiment faim ou est-ce que j'essaye de calmer une émotion ? Un moyen de déjouer ça, c'est de prendre un grand verre d'eau pour faire passer cette envie. Aussi de prendre une grande respiration consciente. De nouveau, c'est la même chose, revenir au moment présent. Et donc, ça coupe cet automatisme de se ruer sur le premier bonbon venu.
- Speaker #0
Alors on oublie parfois que le rythme des repas aussi compte autant que ce qu'on met dans son assiette. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu confirmes ?
- Speaker #1
Je confirme tout à fait. Un rythme chaotique, sauter un repas, manger trop tard, déjeuner sur le pouce, manger devant son ordi ou devant son téléphone, je pense que ça c'est vraiment important. C'est un réflexe qu'on a souvent et ce n'est pas bon du tout.
- Speaker #0
Ce n'est pas bien.
- Speaker #1
Ce n'est pas bien parce qu'en fait ça va perturber la glycémie et une glycémie instable c'est un système nerveux qui est beaucoup plus réactif. Un cerveau qui va manquer de glucose ou qui va avoir un pic de glucose va nous rendre moins concentrés, plus anxieux et plus irritables. Des repas réguliers, c'est vraiment important, ça va stabiliser la glycémie et ça va éviter cette fameuse glycémie yo-yo qui va déréguler tout notre métabolisme. Donc ça c'est vraiment important, c'est pour ça que ces pauses, de vraiment manger à des moments réguliers, c'est vraiment important. Ce n'est pas une contrainte, c'est vraiment quelque chose qui va aider notre corps à être plus... plus résistant au stress.
- Speaker #0
Et est-ce qu'on ne doit pas attendre d'avoir faim ? Qu'est-ce qui se passe si on n'a pas faim et qu'on mange quand on a faim et donc avoir un rythme un peu chaotique ? Il y a deux écoles.
- Speaker #1
Alors, pour moi, et je prends mon cas personnel parce que j'ai du mal à me mettre à la place de quelqu'un d'autre, en fait, notre rythme régulier peut être de manger en fait deux repas plutôt que trois par exemple, si on a une activité physique pas trop importante. C'est clair que quand on a une activité physique importante, il est important de prendre ses trois repas, voire quatre repas avec la collation. Il faut mettre du fuel dans la machine, exactement. Donc je crois que ce qui est important, c'est de trouver son rythme. Ça, ce n'est pas toujours facile, mais c'est de trouver son rythme. Donc ce qu'on recommande, c'est évidemment trois repas. Petit déjeuner, repas du midi et repas du soir. Mais certaines personnes peuvent, par exemple, se passer du repas du soir ou du petit déjeuner. Donc, ce qui compte, c'est de ne pas mourir de faim, de ne pas arriver en se disant « Ah, je vais me jeter sur le premier truc qui arrive. » Et en général, le premier truc qui arrive, c'est le biscuit. Donc, ce n'est pas la bonne idée.
- Speaker #0
Certaines habitudes toutes simples, boire assez, manger plus lentement, s'accorder une vraie pause, on vient de le dire, peuvent déjà modifier le ton de la journée. Lesquelles ? te semblerait-il intéressant d'explorer en premier ?
- Speaker #1
Alors pour moi, et je viens d'en parler, ce qui est vraiment important, c'est de s'accorder une pause quand on mange. Parce que le problème, on a tous beaucoup de boulot et donc on ne va pas perdre 10 minutes à manger. Eh bien, si, ce n'est pas perdre 10 minutes. C'est vraiment ces 10, ces 12, 15 minutes que l'on va prendre pour manger son repas. C'est vraiment important. Parce qu'en fait, notre cerveau, si on est devant son ordi ou devant son téléphone, en fait, notre cerveau, il n'enregistre même pas le fait qu'on mange. Et donc, du coup, ça perturbe notre métabolisme. Et donc, en fait, quand on est conscient, quand on se met devant son assiette et qu'on essaye d'avoir du plaisir, parce que je pense que la notion de plaisir quand on mange est aussi importante, ça permet en fait à notre cerveau de lancer tous les signaux biochimiques pour que notre nourriture soit bien absorbée, soit digérée de manière optimale. Donc, ça va. à nouveau stabiliser notre glycémie, donc on revient à ce que je viens de dire tout à l'heure, et ça va aussi stabiliser notre énergie et donc ça va nous rendre plus résistants au stress. Un autre petit conseil que je donnerais, c'est que pour éviter de craquer, donc si on sait qu'on a tendance, je ne sais pas, vers 15-16 heures à avoir envie du biscuit, c'est de se préparer à une collation qui est beaucoup plus nourrissante, qui est beaucoup plus intéressante au niveau nutritionnel, et on peut par exemple penser à des noix, à du fromage ou à un yaourt. ou à des fruits entiers. Pas de jus de fruits, parce que le jus de fruits, c'est du sucre 100%. On a parlé d'hydratation tout à l'heure. Boire régulièrement, c'est aussi un rituel qui peut être très intéressant. Et donc, on ne doit pas attendre d'avoir soif pour boire. Ça, c'est aussi important. Donc,
- Speaker #0
la routine d'hydratation aussi peut avoir un impact par rapport au stress ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, nous sommes composés à 70% d'eau et notre cerveau est composé jusqu'à... 80% d'eau, donc il va être extrêmement sensible aux variations d'hydratation. Quand on manque d'eau, notre cerveau se met en mode alerte, ce qui va induire une synthèse d'adrénaline et de cortisol qui sont les deux hormones qui vont être responsables du stress et nous faire sur-réagir. Donc, en buvant régulièrement, en instaurant une routine, on peut éviter ce stress physique, puisque c'est un stress au niveau de notre cerveau et émotionnel, donc c'est vraiment important.
- Speaker #0
Alors on entend aussi de plus en plus souvent dire que le microbiote influence la sensibilité au stress. Comment tu peux expliquer de manière très simple ce lien ?
- Speaker #1
Alors le microbiote c'est évidemment le sujet scientifique qui est vraiment étudié de manière très importante depuis une dizaine d'années. On sait que notre cerveau... communiquent en permanence avec nos intestins et inversement. Il y a trois grands axes de communication. C'est tout d'abord nos bactéries intestinales, donc notre microbiote, sont capables de fabriquer des neurotransmetteurs comme la sérotonine ou le GABA. Et donc si l'équilibre du microbiote est perturbé, la production de ces molécules importantes vont être modifiées également. Et donc ça peut influencer notre humeur. En plus de ça, le microbiote régule l'inflammation. Or, on sait que l'inflammation chronique rend le système nerveux beaucoup plus sensible au stress. Le stress induit l'inflammation et l'inflammation induit du stress. Donc, en fait, on est dans un cercle vicieux. Donc, c'est vraiment important d'entretenir son microbiote. Et enfin, l'autoroute principale, c'est le nerf vague. C'est en fait une autoroute de neurones, neuronales, entre notre cerveau et l'intestin. Et donc, en fait, il y a des signaux permanents. qui s'échangent et donc ça peut être des signaux d'apaisement si le microbiote est en équilibre ou des signaux d'alerte à nouveau s'il est perturbé. C'est pour ça qu'une alimentation qui va être composée de fibres, de bonnes protéines et de bons gras et aussi d'aliments fermentés, puisque les aliments fermentés nourrissent notre microbiote, ça va permettre d'augmenter à nouveau notre résistance au stress.
- Speaker #0
Donc si je te résume, on mange en conscience tranquillement, on boit suffisamment d'eau. Et on prend soin de ses bactéries.
- Speaker #1
Si on fait ça, c'est déjà pas mal et je pense qu'effectivement, ça peut vraiment nous aider.
- Speaker #0
Allez, on part là-dessus. Merci, Laurence.
- Speaker #1
De rien. Merci, Périne.