- Alexandra
Bonjour, bienvenue pour ce nouvel Ă©pisode de Be Life Talk. Il est consacrĂ© Ă la nutrition du futur. Pour en parler, je suis en compagnie de Laurence Lins, directrice scientifique chez Be-Life, docteur en sciences biochimiques et nutrithĂ©rapeute, mais aussi de notre invitĂ©e, DorothĂ©e Gaufin. DorothĂ©e, vous ĂȘtes directrice chez Smart Gastronomy Lab, Gembloux, agrobiothĂšque ULG, ingĂ©nieur chimiste et des bio-industries et docteur en sciences agronomiques et ingĂ©nierie biologique. Bonjour Ă vous deux. On va aborder avec vous aujourd'hui, je le disais, la nutrition du futur. C'est un sujet trĂšs trĂšs actuel. On en entend parler de plus en plus en fait. Dans les annĂ©es Ă venir, on pourrait ĂȘtre amenĂ© Ă repenser complĂštement notre alimentation. Pourquoi est-ce que ce serait nĂ©cessaire cela, Laurence ?
- Laurence
Il faut savoir qu'il y a une prise de conscience de plus en plus importante par rapport Ă l'impact environnemental de notre consommation et particuliĂšrement de notre consommation de viande. Or, il se fait que malheureusement, on a besoin malgrĂ© tout de protĂ©ines. Et donc, il faut trouver des alternatives aux protĂ©ines animales qui puissent avoir la mĂȘme qualitĂ© nutritionnelle. Et donc, il est bien clair que l'alimentation du futur, ça sera d'aller vers l'intĂ©gration de nouveaux aliments comme les micro-albes, par exemple. Alors, les micro-albes, on va en parler tout au long du podcast, donc je ne vais pas faire de teasing. Et c'est clair que ces micro-algues peuvent vraiment ĂȘtre une source de micronutriments et de nutriments vraiment trĂšs intĂ©ressants. Et donc, ça permet effectivement de se nourrir de maniĂšre saine, mais aussi de diminuer notre empreinte Ă©cologique.
- Alexandra
On va peut-ĂȘtre juste rappeler pourquoi il est recommandĂ© de rĂ©duire sa consommation de protĂ©ines animales.
- Laurence
Il faut savoir que la consommation de protĂ©ines animales pose un problĂšme puisque ces bovins consomment Ă©normĂ©ment de cĂ©rĂ©ales. Cela veut dire qu'il y a toute une part des terres arables qui sont cultivĂ©es pour nourrir les animaux. C'est un problĂšme puisque ces terres pourraient servir Ă nourrir les ĂȘtres humains d'abord. Et la deuxiĂšme chose, c'est qu'on importe Ă©normĂ©ment de viande. animal qui viennent d'autres pays. Donc il y a une empreinte Ă©cologique liĂ©e Ă ces transports d'animaux, malheureusement.
- Alexandra
Je l'ai dit mais je vais le rappeler, vous ĂȘtes directrice chez Smart Gastronomy Lab de Rotegofin Ă Gembloux. Est-ce que vous pouvez nous prĂ©senter cette structure ? En quoi est-ce qu'elle consiste ?
- Dorothée
Alors le Smart Gastronomy Lab, c'est une structure d'innovation dans le domaine alimentaire qui est un petit peu spécifique parce que outre le fait d'avoir un laboratoire de recherche comme on a d'habitude dans une université, et nos recherches sont autour justement de cette alimentation du futur, de pouvoir trouver des solutions, des nouveaux ingrédients, des nouveaux types de produits, mais aussi avoir des procédés par exemple qui ont des impacts qui sont moins importants justement sur la nature et sur l'environnement. On a aussi en fait une structure qui est une structure d'accompagnement des porteurs de projets ou des entreprises. qui est en fait dans l'écosystÚme de Wallonie Entreprendre. Et donc là , on aide aussi les entreprises à développer des nouveaux produits, à les prototyper, à les valider sur le marché. Donc on fait à la fois de la recherche pour aller trouver des nouvelles solutions pour demain, mais aussi on est trÚs en direct avec les entreprises parce qu'on les aide directement à pouvoir développer des nouveaux produits, pour pouvoir les commercialiser et donc avoir une approche qui est trÚs proche du consommateur. et qui est assez directe.
- Alexandra
Actuellement, vous avez deux projets qui sont intéressants par rapport à l'alimentation du futur. Le premier, il concerne les bactéries pourpres. De quoi est-ce qu'il s'agit ?
- Dorothée
C'est un projet de recherche interuniversitaire, avec également des centres de recherche qui sont impliqués dans ce projet. L'idée, c'est de développer vraiment des nouvelles filiÚres autour de ces protéines du futur, avec toutes les difficultés d'utiliser un nouvel ingrédient. Les bactéries pourpres, ce sont des bactéries de nouveau qui sont trÚs riches. en protéines et qui ont des profils en acides aminés qui sont trÚs intéressants et qui sont faciles à cultiver par rapport justement à la viande qui demande beaucoup d'énergie, beaucoup de ressources. Et donc l'idée c'est de pouvoir produire ces bactéries pour en faire ensuite des aliments qui sont consommés par l'humain. La difficulté c'est qu'il faut à la fois travailler sur les modes de production, comment gérer cette nouvelle biomasse qui est un peu un ingrédient, un nouvel ingrédient, un nouvel food. Et d'un autre cÎté, pouvoir transformer finalement cet ingrédient en un produit ou plusieurs produits qui sont appréciés par le consommateur. Et donc nous, dans toute cette chaßne de valeurs et dans la construction de cette filiÚre, on est vraiment sur le développement d'aliments agréables pour le consommateur qui intÚgre ces nouveaux types d'ingrédients.
- Alexandra
La biomasse, est-ce qu'on peut la définir vite fait pour que tout un chacun puisse le comprendre facilement ?
- Dorothée
Donc la biomasse, c'est le fait qu'on va cultiver les bactĂ©ries et on va se retrouver dans un milieu de culture, donc dans un milieu liquide avec ces bactĂ©ries. On va essayer de concentrer un maximum, mais il y a encore beaucoup d'eau dans ces cellules. Donc on a un produit qui est Ă peu prĂšs Ă 20% de matiĂšre sĂšche. Ce n'est pas facile Ă imaginer ce que ça peut ĂȘtre, mais c'est une espĂšce de pĂąte verte qui peut ĂȘtre incorporĂ©e dans des aliments.
- Alexandra
Vous avez aussi un projet qui concerne la spiruline, si je ne me trompe pas. De quoi est-ce qu'il s'agit ?
- Dorothée
Alors ici, dans le projet pour la spiruline, on travaille avec l'Agence Spatiale Européenne, donc l'ESA. Et donc là , en fait, c'était une demande de l'Agence Spatiale de pouvoir développer des produits autour de la biomasse fraßche de spiruline. Alors, il faut savoir que dans les vols spatiaux, en fait, on part en navette spatiale.
- Alexandra
Ăa fait un peu film de dire ça comme ça.
- Dorothée
Donc, on part avec des aliments et en fait, on ne peut pas aller au night and day quand on est astronome.
- Alexandra
C'est un peu difficile.
- Dorothée
Voilà , c'est un peu compliqué. Et donc, du coup, on doit tout emporter avec soi ou l'ESA a décidé aussi d'avoir une autre approche de pouvoir produire directement aussi dans la navette spatiale. Et donc, produire des vaches dans une navette spatiale, ce n'est pas commode non plus. Donc, ils ont essayé de baser justement ces protéines sur la spiruline, qui est une biomasse trÚs riche en protéines et d'autres nutriments. Et donc, l'idée, c'est de produire cette spiruline au sein des navettes spatiales. dans ces conditions qui sont trÚs drastiques. Et nous, notre rÎle, c'est de pouvoir conceptualiser un dispositif qui permet de transformer cette biomasse, qui est un ingrédient, en produit qui est mangeable par l'astronaute. Et donc, de transformer une biomasse verte, avec toutes les difficultés que ça a, en un produit qui est agréable, que les astronautes ont envie de manger, et surtout, qui permet d'avoir des ingrédients qui sont frais au sein de la navette. ce qui est un peu inédit par rapport à d'habitude les lyophilisés, etc., qui prennent avec.
- Alexandra
Et là , c'est un travail qui se fait au niveau spatial, mais l'enjeu, c'est de pouvoir éventuellement étendre la spiruline un jour à une échelle beaucoup plus mondiale. En quoi est-ce que la spiruline serait une révolution à l'échelle mondiale ?
- Dorothée
L'idĂ©e, c'est de nouveau, on est dans un concept oĂč on va produire de la protĂ©ine. Ă moindre coĂ»t, mais de la protĂ©ine de trĂšs bonne qualitĂ© et avec un impact environnemental le plus faible possible. Donc la culture mĂȘme de cette micro-algues permet finalement d'avoir un impact environnemental plus faible. Mais la difficultĂ© Ă©videmment c'est de pouvoir l'intĂ©grer et le faire accepter par le consommateur. C'est pour ça qu'on doit vraiment travailler sur comment la valoriser et comment faire des produits qui ont un impact. Alors le projet qu'on a avec l'ESA est super intĂ©ressant parce que lĂ on se retrouve vraiment dans un Ă©cosystĂšme qui est hyper drastique. C'est-Ă -dire que rien ne sort, on doit tout rĂ©cupĂ©rer, on doit tout recycler. Donc on doit consommer le moins d'Ă©nergie possible, le moins d'Ă©lectricitĂ© pour produire l'aliment. On doit dĂ©gager le moins de chaleur possible parce que voilĂ on est dans un milieu clos. On doit utiliser tous les ingrĂ©dients. Tout doit se recycler. Donc mĂȘme le milieu de culture dans lequel on va faire les micro-Ăąnes, on va le rĂ©utiliser. On va rĂ©utiliser l'urine des astronautes pour faire du nouveau milieu de culture, etc. Donc on est vraiment dans des conditions comme si on Ă©tait dans le futur avec des problĂšmes climatiques, avec peu d'eau, avec peu d'Ă©nergie, etc. oĂč on doit ĂȘtre extrĂȘmement sobre dans notre façon de produire des aliments. Et donc c'est un sujet, c'est un projet qui est super intĂ©ressant parce qu'on a dĂ©jĂ toutes ces contraintes-lĂ parce qu'on se retrouve dans un milieu clos. Et c'est des contraintes qu'on aura dans le futur Ă cause du rĂ©chauffement climatique.
- Alexandra
Et quand on vous écoute, on comprend bien que ça répondrait aussi à des enjeux comme la sécurité alimentaire ou la malnutrition.
- Dorothée
Oui, tout à fait, parce qu'on peut en fait produire assez facilement, rapidement. Donc on ne doit pas attendre que l'animal grandisse, etc. C'est des micro-algues qui vont se développer trÚs rapidement. Et donc on peut avoir accÚs à une protéine qui est de qualité, déjà d'un point de vue nutritionnel, mais aussi trÚs rapidement. et dans des rendements qui sont vraiment trÚs intéressants.
- Alexandra
La spiruline, on la trouve souvent actuellement sous forme séchée, comme dans les compléments alimentaires. Quelle est la différence entre la spiruline fraßche et la spiruline séchée ?
- Dorothée
Le gros problĂšme de la spiruline sĂ©chĂ©e, c'est qu'on applique des traitements Ă cette spiruline, qui peuvent ĂȘtre Ă©videmment des traitements de qualitĂ©, mais qui vont modifier notamment le goĂ»t de la biomasse. Et donc la biomasse fraĂźche a un goĂ»t qui est assez neutre, qui n'est pas trop accentuĂ©. Par contre la biomasse sĂšche a un goĂ»t trĂšs fort, des goĂ»ts de poisson et des odeurs un peu pas trĂšs agrĂ©ables on va dire. Et donc ça veut dire que dans des produits alimentaires pour les humains, on peut les incorporer qu'en trĂšs petite quantitĂ©. Parce que tout de suite ça va donner un goĂ»t qui est assez dĂ©sagrĂ©able et qui est peu reconnaissable par le consommateur. Et donc ça limite vraiment l'apport que l'on peut avoir via son alimentation. C'est pour ça qu'on utilise plutĂŽt des complĂ©ments alimentaires, qu'on va avaler, finalement on n'aura pas ce goĂ»t, etc. Et donc pour pouvoir dĂ©velopper des produits et les incorporer dans notre alimentation, on est obligĂ© de passer par l'aspirine fraĂźche, et donc de traiter la biomasse directement. Comme elle l'est, comme la viande, on prend de la viande fraĂźche, on ne la sĂšche pas avant de la consommer, mais de l'incorporer directement sous forme fraĂźche pour garder l'ensemble de ses qualitĂ©s et surtout ne pas avoir ces arriĂšre-goĂ»ts qui sont trĂšs dĂ©sagrĂ©ables. Et du coup, ça nous permet vraiment d'enrichir les produits avec une trĂšs grosse quantitĂ© de biomasse par rapport Ă si on utilisait de la biomasse sĂšche.
- Alexandra
On Ă©voquait la spiruline sĂšche et qui existe notamment sous forme de complĂ©ments alimentaires. Laurence, quel est l'intĂ©rĂȘt de se tourner vers ce type de complĂ©ment et qui peut se tourner vers ce type de complĂ©ment ?
- Laurence
Les complĂ©ments, par leur propre nom, sont complĂ©mentaires Ă ce type d'approche, que ce soit l'alimentation du futur ou l'alimentation telle qu'on la connaĂźt actuellement. La complĂ©mentation en micro-algues est intĂ©ressante parce que dans 500 mg ou dans 1 g de spiruline ou de chlorelle, On va avoir Ă©normĂ©ment de protĂ©ines, d'acides aminĂ©s. Je signale que tous les acides aminĂ©s dont on a besoin se retrouvent effectivement dans ces micro-algues, exactement comme on a pour les protĂ©ines animales. C'est vraiment un grand avantage par rapport aux protĂ©ines vĂ©gĂ©tales stricto sensu. Ces micro-algues en complĂ©ment peuvent aider des gens qui peuvent ĂȘtre en situation de stress physique, que ce soit quelqu'un qui est convalescent par exemple, qui a besoin de rĂ©cupĂ©rer vraiment un mĂ©tabolisme, de l'Ă©nergie cellulaire, un mĂ©tabolisme de base. Donc ça, la spiruline est vraiment indiquĂ©e dans ce cas-lĂ . On a aussi les sportifs, parce que les sportifs ont effectivement un besoin accru en protĂ©ines, mais aussi en antioxydants qu'on va retrouver, donc minĂ©raux, vitamines, etc., qu'on va retrouver dans ces micro-algues. Et donc c'est vraiment intĂ©ressant pour Ă©viter les blessures, par exemple. Donc les gens qui vont avoir un programme intensif, trĂšs clairement la spiruline peut les aider Ă avoir plus d'Ă©nergie, mais aussi Ă Ă©viter les blessures.
- Alexandra
Je suppose qu'il n'existe pas que la spiruline en termes de micro-algues vers lesquelles on pourrait se tourner. Est-ce que vous avez d'autres exemples ?
- Laurence
Alors, on a la spiruline, sa petite cousine, c'est la chlorelle ou chlorella. Elle a Ă peu prĂšs les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que la spiruline. La seule chose, c'est qu'elle contient un peu plus de chlorophylle et cette chlorophylle peut avoir un effet dĂ©tox un peu plus important. Donc, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les nutrithĂ©rapeutes ou les personnes qui vont conseiller des complĂ©ments alimentaires vont aller vers la chlorelle lorsqu'il y a un besoin de nettoyer son foie, de voir un effet dĂ©tox. mais sinon elles sont trĂšs similaires en termes de nutriments et de micronutriments.
- Alexandra
Et alors il y a aussi le glen, si je ne m'abuse, dont on parle vraiment beaucoup pour le moment.
- Laurence
Alors le Gland c'est la petite derniĂšre, il y a effectivement un intĂ©rĂȘt depuis quelques annĂ©es pour cette micro-algue et elle a d'abord Ă©tĂ© intĂ©ressante d'un point de vue plus au niveau de la biotechnologie. Donc en fait cette micro-algue est Ă©tudiĂ©e principalement ou en tout cas a vraiment un intĂ©rĂȘt au Japon notamment. Et donc, il y a Ă©normĂ©ment d'Ă©tudes qui ont Ă©tĂ© faites par rapport, par exemple, au fait que ça puisse ĂȘtre utilisĂ© comme biocarburant. Pas que, mais en tout cas, ça a Ă©tĂ© plus biotechnologique que vraiment alimentaire. Et lĂ , on voit apparaĂźtre quelques complĂ©ments alimentaires Ă base de glane. Et donc, cette micro-algue-lĂ est Ă©galement trĂšs riche en micronutriments, mais elle contient sa caractĂ©ristique. Donc, par rapport Ă la chlorelle et Ă l'aspiruline, c'est de contenir Ă©normĂ©ment. de fibres insolubles, ce qu'on va appeler des prĂ©biotiques. Ces fibres insolubles, ces polysaccharides qu'on appelle des bĂȘta-glucanes, vont permettre Ă notre microbiote de mieux fonctionner. C'est un peu le principe des polysaccharides qu'on va retrouver dans les champignons. C'est vraiment bĂ©nĂ©fique pour la santĂ©. Je dirais que ce focus-lĂ est vraiment intĂ©ressant. On ne la dĂ©crit pas encore beaucoup dans les cours de nutrition, mais je pense que ça va vraiment venir. dans les annĂ©es ou les mois qui viennent.
- Alexandra
Et ça, on sait qu'elle est aussi intéressante pour l'alimentation du futur, évidemment.
- Laurence
Exactement. Il faut savoir qu'au Japon, justement, il y a une entreprise qui s'appelle Euglena. Donc, c'est assez simple, qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par un Japonais Ă la fin des annĂ©es 90 et qui, en fait, un jour s'est rendu au Bangladesh et s'est rendu compte qu'en fait, les gens avaient suffisamment de cĂ©rĂ©ales, mais pas assez de protĂ©ines. et pas assez de minĂ©raux et de vitamines. Et donc, il a pensĂ© Ă le glane et donc il a fait des biscuits Ă base de glane qu'il a ensuite effectivement apportĂ© dans les pays qui Ă©taient, comme le Bangladesh, qui souffrent de malnutrition, oĂč la population souffre de malnutrition. Et donc, effectivement, cette micro-algue peut exactement... Alors, je ne connais pas les procĂ©dĂ©s, puisque je ne sais pas si c'est de la biomasse fraĂźche ou sĂ©chĂ©e qu'il utilise, ça je n'en sais rien, mais en tout cas, trĂšs clairement, ça rejoint... Ce que DorothĂ©e nous a expliquĂ©, il y a un intĂ©rĂȘt vraiment important pour toutes ces micro-algues qui sont d'une richesse nutritionnelle absolument incroyable.
- Alexandra
Toutes ces micro-algues, elles ne se valent pas, je suppose en tout cas. Comment est-ce qu'on peut s'y retrouver ? Comment est-ce qu'on peut les différencier, Dorothée ?
- Dorothée
Comme disait Laurence, il y a dĂ©jĂ l'espĂšce elle-mĂȘme qui va un petit peu diffĂ©rencier en fonction des aspects nutritionnels, de la composition. Maintenant, ce qui est trĂšs important aussi, c'est les modes de culture. C'est de faire attention des types de culture qu'on va utiliser, donc des biorĂ©acteurs, etc. Pour pouvoir garder la qualitĂ© et notamment pour ne pas oxyder ces bactĂ©ries et donc garder un maximum Ă la fois de nutriments, mais aussi pour ne pas modifier le goĂ»t dĂšs le dĂ©part. Il y a aussi un impact finalement de cette oxydation sur le goĂ»t du produit. D'un autre cĂŽtĂ©, on a parlĂ© aussi du fait de sĂ©cher les micro-algues. Et lĂ , forcĂ©ment, le procĂ©dĂ© de sĂ©chage qu'on va appliquer va avoir un trĂšs fort impact sur l'aspect nutritionnel de la bactĂ©rie. Et donc, si on applique des mĂ©thodes de sĂ©chage qui sont adaptĂ©es et qui ne se demandent pas Ă trĂšs haute tempĂ©rature, ou... qui ne va pas dĂ©grader les cellules, etc., on peut avoir des produits de trĂšs bonne qualitĂ© sĂ©chĂ©s. Mais si on applique des choses qui sont trĂšs drastiques, oĂč on ne fait pas du tout attention Ă son procĂ©dĂ© de sĂ©chage, lĂ , on peut avoir des produits qui se dĂ©gradent et donc avoir des produits qui ne sont pas mauvais pour la santĂ©, mais qui, en tout cas, sont beaucoup moins bons parce qu'on n'aura pas fait attention, justement, Ă ces procĂ©dĂ©s de transformation. Donc, il y a vraiment les aspects de culture mĂȘme de la bactĂ©rie, comment on les cultive, avec quel type de biorĂ©acteur, etc. Et puis aprĂšs, il y a la façon dont on va traiter cette bactĂ©rie et donc comment on va l'utiliser. FraĂźche, c'est la mĂȘme chose. Je veux dire, si on va aller chercher cette bactĂ©rie fraĂźche, cette biomasse fraĂźche... qu'on la laisse dans un camion pendant trois heures au soleil, et puis qu'on la rĂ©cupĂšre et qu'on la met seulement dans le circuit de production de l'aliment, on va aussi avoir des dĂ©gradations, des oxydations, etc. Donc tout ça est une question de nouveau d'avoir des entreprises, des porteurs de projets qui vont travailler de maniĂšre qualitative et qui vont identifier les diffĂ©rents dangers de ce type d'ingrĂ©dients.
- Alexandra
Et du coup, je suppose que là on parle vraiment de la qualité de l'ingrédient. Par rapport aux personnes qui auraient envie d'en prendre, ça dépend aussi de leurs besoins, je suppose, Laurence ?
- Laurence
Alors bien sĂ»r, ça dĂ©pend de leurs besoins. Et donc, comme je disais trĂšs clairement, n'importe qui peut prendre de la spiruline. Alors il y a un effet effectivement qualitĂ©. Donc ça, c'est sĂ»r que toute spiruline, mĂȘme que ce soit en biomasse fraĂźche ou en complĂ©ment, ne se vaut pas. Et pour toutes les raisons que DorothĂ©e a invoquĂ©es. Mais il est bien clair que les personnes qui vont le plus avoir besoin de se rĂ©cupĂ©rer, que ce soit au niveau sportif ou que ce soit suite Ă une maladie, ou mĂȘme par exemple les femmes enceintes ou les femmes qui ont un dĂ©sir d'enfant, peuvent aussi ĂȘtre des personnes Ă qui je recommanderais de prendre de la spiruline. Femmes enceintes, attention, parce qu'il y a quand mĂȘme le cĂŽtĂ© dĂ©tox, et donc ça doit se faire sous surveillance mĂ©dicale. Donc il faut vraiment qu'il y ait un... qui a suivi mĂ©dical, parce qu'on sait bien que tout ingrĂ©dient naturel qui va avoir un effet dĂ©tox, ça peut poser problĂšme pour une femme qui est enceinte. Mais si ça ne pose pas de problĂšme, c'est vraiment effectivement un apport intĂ©ressant. Donc ce sont vraiment les personnes qui vont avoir besoin d'un apport supplĂ©mentaire. de vitamines, de protĂ©ines et de minĂ©raux.
- Alexandra
Est-ce que les personnes ùgées sont un public cible en particulier ?
- Laurence
Oui, tout Ă fait, puisqu'on parle des personnes qui ont besoin d'un regain d'Ă©nergie, ont besoin d'un regain de micronutriments et de nutriments, et surtout d'acides aminĂ©s, donc de protĂ©ines. Et il est clair que les personnes ĂągĂ©es, en gĂ©nĂ©ral, sont dĂ©nutries parce que le mĂ©tabolisme fonctionne au ralenti de plus en plus quand on vieillit. Donc, avoir effectivement un aliment ou un ingrĂ©dient de type spiruline, c'est vraiment intĂ©ressant. Le glane pourrait aussi ĂȘtre intĂ©ressant, Ă©videmment, puisqu'elles ont deux fonctions un petit peu diffĂ©rentes, mais complĂ©mentaires. Mais il est clair que la spiruline est Ă©videmment un super aliment qui est tout Ă fait indiquĂ© pour les personnes ĂągĂ©es et donc qui permettrait d'avoir des personnes ĂągĂ©es en meilleure santĂ©.
- Alexandra
Dorothée Gaufin, quelles sont vos recommandations pour les personnes qui souhaitent intégrer les micro-algues à leur alimentation au quotidien ?
- Dorothée
PremiĂšre chose, ce serait d'aller vers les complĂ©ments alimentaires pour avoir dĂ©jĂ une premiĂšre approche, tester ça et complĂ©menter un rĂ©gime Ă©quilibrĂ© classique. DeuxiĂšme approche, c'est d'aller un petit peu plus loin et d'essayer justement d'intĂ©grer, pourquoi pas, de la biomasse. D'abord sĂšche, en petite quantitĂ©, dans des recettes qui permettent finalement de cacher un peu le goĂ»t. Donc nous, on a dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© quelques recettes oĂč on sait que finalement, si vous mettez un petit peu un produit un peu acide, on a dĂ©jĂ fait des tartes au citron Ă l'aspiruline par exemple, ça marche trĂšs bien. Et donc on va essayer un peu de cacher finalement cet arriĂšre-goĂ»t qui est un peu dĂ©sagrĂ©able pour pouvoir avoir quand mĂȘme quelque chose qui est intĂ©ressant. La troisiĂšme Ă©tape, c'est d'aller un peu plus loin et d'essayer de vraiment avoir une alimentation qui pourrait ĂȘtre principalement autour de la spiruline. Et donc d'aller voir plutĂŽt de la spiruline fraĂźche. Et donc lĂ , vous avez des producteurs qui la vendent sous forme congelĂ©e. et donc des fermes Ă spiruline qui sont de trĂšs bonne qualitĂ©.
- Alexandra
On en trouve en Belgique ?
- Dorothée
On n'en trouve pas encore en Belgique, mais on en trouve en France par exemple, ça arrive. Mais donc là , il faut faire vraiment attention de prendre du coup de la spiruline de qualité qui était congelée rapidement, etc. Et alors essayer justement de tester et créer ses propres recettes par exemple.
- Alexandra
Ăvidemment, on en voit de plus en plus dans les smoothies, etc. Il y a des cakes avec de la spiruline aussi, j'ai dĂ©couvert ça il n'y a pas trĂšs longtemps sur Instagram. Donc il y a de quoi s'inspirer, mĂȘme s'il faut quand mĂȘme faire attention Ă la façon dont c'est traitĂ©, etc. Parce que vous le disiez, il ne faut pas altĂ©rer la qualitĂ© du produit qu'on achĂšte, Ă©videmment. On mentionne la supplĂ©mentation en micro-algues. Quels sont les intĂ©rĂȘts qu'elle peut reprĂ©senter, Laurence ?
- Laurence
Les intĂ©rĂȘts, c'est que c'est complet. Donc on a, et c'est souvent le problĂšme des complĂ©ments, c'est qu'on extrait un ingrĂ©dient de sa matrice, et donc quand on l'extrait de sa matrice, la biodisponibilitĂ© de l'ingrĂ©dient peut diminuer. Donc c'est pour ça qu'en phytothĂ©rapie, par exemple, on recommande toujours d'avoir un extrait complet de la plante, que ce soit des feuilles ou de la racine. Ici, c'est d'office complet, puisqu'on a la micro-algue entiĂšre, on n'extrait pas. Ă un ingrĂ©dient par rapport Ă un autre. Donc ça, c'est dĂ©jĂ le premier avantage, c'est vraiment d'avoir la micro-algue dans son environnement biochimique complet. Et donc, la nature Ă©tant bien faite, en gĂ©nĂ©ral, tous les ingrĂ©dients sont lĂ pour que, ou la matrice est lĂ pour que ça puisse ĂȘtre biodisponible et donc bien assimilĂ© par notre organisme. Donc ça, c'est la premiĂšre chose par rapport Ă d'autres complĂ©ments. plus classique.
- Alexandra
Chez WeLife, vous avez des produits en particulier que vous pouvez mettre en avant.
- Laurence
Tout Ă fait. Donc, on a effectivement de la spiruline et de la chlorelle. Donc, on fait attention Ă cette qualitĂ©, donc Ă la maniĂšre dont est sĂ©chĂ©e la spiruline et la chlorelle. On a des contrĂŽles qualitĂ© qui nous assurent qu'effectivement, tout est bien lĂ et dans les proportions qu'il faut. Donc, cet aspect qualitĂ© chez nous est vraiment un critĂšre important. Et puis, ça c'est des choses un peu plus classiques. Alors on a intĂ©grĂ© la chlorelle et la spiruline dans un produit qu'on a appelĂ© Revitalin et qui justement est pour les personnes qui sont en convalescence ou qui ont besoin vraiment d'un coup de boost. Et donc ce ne sont que des plantes, dont des micro-albes, avec le glane. Et donc cette glane, elle sera disponible en complĂ©mentation seule, donc on aura le glĂ©nate toute seule. Et on l'a aussi en association avec de l'ashwagandha. Alors pourquoi est-ce qu'on s'est amusĂ© Ă l'associer avec de l'ashwagandha ? Parce que d'une part, on sait que le glane, par sa richesse en bĂȘta-glucane, va avoir un effet sur le microbiote et donc va booster le systĂšme immunitaire. Donc ça, c'est un effet assez connu, c'est comme les champignons mĂ©dicinaux. Mais en plus de ça, il y a une Ă©tude qui montre, une Ă©tude trĂšs rĂ©cente, de 2022, qui montre que le glane est capable d'avoir un effet sur le stress et le sommeil. Et donc, elle va... diminuer le stress et amĂ©liorer la qualitĂ© du sommeil. Et comme la shwagandha est une plante qui a Ă peu prĂšs les mĂȘmes effets, on s'est dit qu'en travaillant sur deux plants diffĂ©rents, puisque la shwagandha va jouer plus au niveau des surrĂ©nales, donc sur la production de cortisol, et le glen va aller plus jouer au niveau du microbiote, plus le fait qu'il y ait Ă©videmment tous ces minĂ©raux, ces vitamines et les protĂ©ines Ă©galement. Donc en fait, on a vraiment quelque chose de tout Ă fait complet qui va permettre d'avoir un meilleur sommeil et de mieux rĂ©sister au stress.
- Alexandra
On parle d'alimentation de futur, mais finalement, on la retrouve dĂ©jĂ petit Ă petit dans nos assiettes et dans notre alimentation au quotidien. C'est quand mĂȘme des produits qui deviennent de plus en plus mĂ©diatisĂ©s, j'ai envie de dire. Qu'est-ce qu'il faudrait faire, selon vous, pour que les personnes s'y intĂ©ressent encore davantage, DorothĂ©e Gaufin ?
- Dorothée
Je pense qu'au niveau du consommateur, le choix numĂ©ro un, c'est quand mĂȘme aussi le goĂ»t. Et donc, on peut inventer tout ingrĂ©dient miracle qui a une composition parfaite, qui a des intĂ©rĂȘts nutritionnels, qui est durable et tout ce qu'on veut. Ce qui dĂ©cide Ă la fin, c'est j'ai goĂ»tĂ©, j'apprĂ©cie et je rachĂšte. Si je goĂ»te que je n'apprĂ©cie pas, je ne vais pas racheter.
- Alexandra
Non, effectivement.
- Dorothée
VoilĂ , il y a le prix, Ă©videmment, mais ça, on travaille et ça, on s'est travaillĂ© sur le prix. Il n'y a pas de souci au niveau de la production, etc. mais le goĂ»t reste quand mĂȘme la chose qui est le plus important. Et donc c'est pour ça qu'il faut vraiment travailler sur l'acceptation du consommateur, sur le fait d'avoir des produits qui sont attractifs, et donc trouver les bons produits dans lesquels intĂ©grer ce type de... d'ingrĂ©dients. Et donc ça, c'est tout un travail qu'on doit faire avec le consommateur pour justement avoir des choses qui ont plus d'impact. Et donc c'est pour ça qu'au dĂ©but, ici, on commence, nous, en tout cas, sur des produits de grande consommation. Donc on a travaillĂ© sur les pĂątes, par exemple, Ă base de spiruline fraĂźche. On a travaillĂ© sur les burgers aussi, sur les galettes vĂ©gĂ©tales, je ne sais pas comment on doit le dire, sur les gaufres, parce qu'on est en Belgique quand mĂȘme.
- Alexandra
Et donc,
- Dorothée
voilĂ , on essaie de... Pas les frites, non, parce que la frite, c'est quand mĂȘme de la pomme de terre, donc on ne peut pas vraiment remplacer les ingrĂ©dients. Mais voilĂ , on essaie de trouver justement des produits qui peuvent ĂȘtre attractifs pour le consommateur.
- Alexandra
DorothĂ©e Goffin insistait sur le goĂ»t. On revient quand mĂȘme toujours Ă quelque chose que vous nous dites souvent, Laurence, c'est qu'en fait, il faut garder le plaisir.
- Laurence
Tout à fait, la nutrition saine, c'est bien. Mais si on n'a pas de plaisir en mangeant, ça devient contraignant et donc on n'a pas envie de le faire. Et donc c'est effectivement ce plaisir de manger et vraiment il y a moyen de manger ça en ayant plein de goûts, en ayant plein de couleurs dans l'assiette. La nutrition saine, de nouvelles recettes, de nouveaux goûts, et bien ça peut vraiment faire quelque chose, un cocktail qui est tout à fait incroyable. Et oui, il faut garder le plaisir, c'est vraiment important.
- Alexandra
Et moi j'ajouterais qu'il ne faut pas avoir peur d'ĂȘtre curieux aussi. parce qu'on a tendance Ă bouder l'inconnu, mais lĂ , ça a tout son intĂ©rĂȘt, puisqu'on parle de futur pour notre planĂšte et pour nous aussi. Merci, mesdames. Merci,
- Laurence
Alexandre.
- Speaker #0
Et voici qui clÎture ce septiÚme épisode de Be Live Talk. Si vous n'avez pas encore découvert les autres épisodes de notre podcast, sachez qu'ils sont tout aussi intéressants sur des sujets variés, mais en lien avec la santé et la nutrition. Vous les retrouverez sur la plateforme d'écoute avec laquelle vous avez écouté ce septiÚme épisode. n'hésitez pas à les noter ou à les commenter cela nous fait toujours plaisir prenez autant soin de vous que ce que vous prenez soin des autres à trÚs bientÎt