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Biomédicalement vôtre

CMV chez la femme enceinte : Quel(s) examen(s) biologique(s) ?

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07min |06/02/2024|

744

Play
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Description

L’infection à cytomégalovirus (CMV) peut survenir pendant la grossesse avec des conséquences qui peuvent être graves, en particulier au 1er trimestre.


Laura Verdurme, biologiste médicale, retrace les différentes étapes de l’investigation pour détecter une potentielle primo-infection chez les patientes et rappelle les mesures préventives contre ce virus. 


Pour info :

Amendement - dépistage prénatal du cytomégalovirus de façon systématique et précoce.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour ce nouvel épisode. Biomédicalement Vôtre, la juste prescription des examens biologiques, c'est le podcast qui aide les professionnels de santé à anticiper les risques et à cultiver les bonnes pratiques liées à la prescription des examens de biologie. Je suis Abla, biologiste médicale, et cette semaine nous retrouvons Sylvain, médecin généraliste à Lille, qui nous partage une question que vous vous êtes peut-être déjà posée.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente enceinte de 4 mois et demi qui s'est fait prescrire une sérologie CMV car elle présente un syndrome grippal. Les IgG et IgM sont positifs, elle stresse beaucoup, qu'est-ce que je peux lui proposer ?

  • Speaker #0

    Bonjour Laura, vous qui êtes biologiste, infectiologue au laboratoire CERBA, que répondriez-vous à Sylvain ?

  • Speaker #2

    C'est une question difficile et donc je vais répondre en donnant plusieurs pistes. La première chose, c'est que l'infection à CMV, en effet, ça peut être grave pendant la grossesse et en particulier au premier trimestre. Donc, il va falloir pousser un petit peu les investigations. La première chose, ça va être de réfléchir si cette patiente a déjà un sérum disponible dans un laboratoire. Elle a probablement déjà eu des analyses, soit pour diagnostiquer la grossesse, soit pour un premier bilan de grossesse. Et donc, il va falloir rechercher quel est le sérum le plus ancien qui est disponible pour cette patiente, pour pouvoir ensuite refaire une sérologie sur ce sérum. Parce qu'aujourd'hui, si on fait ce qu'on appelle une avidité, on en reviendra peut-être après, des IgG sur le sérum prélevé à 4 mois et demi de grossesse, ça ne nous permettra pas de savoir si sa primo-infection CMV a eu lieu avant ou après le début de la grossesse. Parce que généralement, on peut répondre sur 3 mois environ. Et donc, il faut étudier un sérum qui a été prélevé au moins dans les 3 premiers mois de la grossesse. Donc ça, c'est vraiment la première réponse à apporter, c'est rechercher un sérum plus ancien pour pouvoir pousser un petit peu les investigations.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, si on retrouve... du coup, un sérum dans un autre laboratoire ou même au sein de notre laboratoire, ça nous permettra de répondre clairement à l'éventualité d'une primo-infection ou pas ?

  • Speaker #2

    Oui, ça répondra à cette question. Donc, ce qu'on va faire sur ce sérum de début de la grossesse, c'est on va refaire une sérologie CMV, donc IgG et IgM. Mais les IgM-CMV, c'est un marqueur imparfait. Ça veut dire qu'on peut très bien avoir des IgM alors qu'on n'est pas dans un contexte de primo-infection. parce qu'il peut y avoir une stimulation du système immunitaire due à une autre infection, par exemple à un autre virus, ou toutes sortes de raisons. Et donc, si on a encore des IgG avec des IgM, ce qui peut laisser penser que ça peut être une infection récente, alors on fera ce qu'on appelle une avidité des IgG. La avidité des IgG, c'est le degré de maturation des IgG, parce que quand on s'infecte par rapport à un virus, les immunoglobulines qui sont produites maturent au fil du temps. et cette maturation peut être mesurée par la mesure de l'avidité. Et donc quand les IgG sont immatures, elles sont très récentes, et donc on sait que la primo-infection est récente, et quand les IgG sont de forte avidité, donc elles sont matures, donc elles sont anciennes. Donc on va faire une avidité des IgG sur ce sérum de début de grossesse, et si l'avidité est élevée, on pourra dire que la primo-infection a lieu avant le début de la grossesse, et donc on peut exclure le risque d'une primo-infection à CMV pour cette patiente.

  • Speaker #0

    Vous dites risque de primo-infection. Quel est le risque pour une femme enceinte d'avoir une primo-infection ? Qu'est-ce qu'elle risque ?

  • Speaker #2

    Alors, une primo-infection à CMV, ça peut être grave et ça dépend un petit peu du stade de la grossesse au moment de l'infection. Plus on s'infecte tôt dans la grossesse et moins le risque de transmission du virus au fœtus est élevé. Par contre, s'il y a transmission, les conséquences sont gravissimes avec une mort fœtale in utero ou des malformations majeures.

  • Speaker #0

    Et la prise en charge de la femme enceinte, est-ce qu'elle va changer en fonction de si elle a une primo-infection, si elle s'infecte pour la première fois, ou si c'est une réinfection ? Si on prouve effectivement que ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre le cytomégalovirus ?

  • Speaker #2

    Alors ça, c'est une excellente question et c'est très difficile de répondre. Alors, on connaît bien aujourd'hui la primo-infection parce que c'est facile à diagnostiquer biologiquement. Une primo-infection, c'est potentiellement grave. On a des chiffres qui disent qu'environ 1% des femmes qui ne sont pas immunisées en commençant leur grossesse vont faire une primo-infection CMV durant leur grossesse. Ensuite, chez une patiente qui a déjà rencontré le CMV, l'immunité est présente, mais elle n'est pas protectrice. C'est-à-dire qu'on peut soit se réinfecter avec la souche de CMV avec laquelle on s'était déjà infecté, mais qui est restée latente endogène. Et donc, on peut se réinfecter avec cette même souche. Ou alors, on peut être infecté avec une autre souche d'un type différent et donc refaire une infection. Et cette infection, souvent, elle passe complètement inaperçue. Et biologiquement parlant, on n'a pas d'outil fiable pour la diagnostiquer. C'est-à-dire que la sérologie ne va pas forcément bouger. l'avidité va rester élevée. On ne va pas forcément détecter du génome viral circulant si on fait une PCR, par exemple. Donc, on est très démuni face à ce qu'on appelle des infections secondaires. Par contre, une infection secondaire, à partir du moment où elle passe au fœtus, alors à ce moment-là, les conséquences sont les mêmes que celles d'une primo-infection, c'est-à-dire que si c'est au début de la grossesse, mort fœtale, in utero, malformation majeure, et plus on avance dans la grossesse, moins ces conséquences sont délétères. Et les... les transmissions, plutôt durant le troisième trimestre, occasionnent des infections fétales qui sont peu graves. La seule conséquence qu'il peut y avoir, c'est une surdité qui pourra apparaître durant l'enfance.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Donc, si je récapitule, une primo-infection chez une femme enceinte, ça peut être gravissime ?

  • Speaker #2

    Ça peut, tout à fait.

  • Speaker #0

    On peut détecter cette primo-infection grâce à l'avidité ?

  • Speaker #2

    D'abord, la sérologie, présence d'IgG et d'IgM. pousser les investigations et faire donc en effet le test d'avidité.

  • Speaker #0

    Alors c'est le moment de la question rituelle. Laura, pouvez-vous raconter à nos auditeurs un cas qui vous a marqué ou un point de vigilance que vous souhaitez soulever ?

  • Speaker #2

    Je n'ai pas un cas qui m'a particulièrement marquée. Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a environ deux tiers des femmes qui débutent une grossesse qui ne sont pas immunisées envers le CMV. Et donc, chez ces femmes, ce qui est important, c'est de se prémunir de l'infection. Et pour ça, il faut faire particulièrement attention aux jeunes enfants, notamment les premiers-nés, si elles en ont, parce que ce sont des personnes qui vont excréter beaucoup de virus dans tous les liquides biologiques, donc salive, urine, larmes, etc. Et donc, pour la femme enceinte, ce qu'il faut, c'est éviter le contact avec ses liquides biologiques ou alors tout de suite après se laver les mains. Par exemple, se laver les mains après chaque change, ne pas utiliser la cuillère de l'enfant ou ne pas lécher la tétine, etc. Donc ça, c'est vraiment des choses qu'il faudrait dire à toutes les femmes enceintes parce que c'est le meilleur moyen d'éviter cette infection, c'est vraiment de se prémunir de la contagion.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités médicales ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à contacter notre équipe médicale. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

L’infection à cytomégalovirus (CMV) peut survenir pendant la grossesse avec des conséquences qui peuvent être graves, en particulier au 1er trimestre.


Laura Verdurme, biologiste médicale, retrace les différentes étapes de l’investigation pour détecter une potentielle primo-infection chez les patientes et rappelle les mesures préventives contre ce virus. 


Pour info :

Amendement - dépistage prénatal du cytomégalovirus de façon systématique et précoce.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour ce nouvel épisode. Biomédicalement Vôtre, la juste prescription des examens biologiques, c'est le podcast qui aide les professionnels de santé à anticiper les risques et à cultiver les bonnes pratiques liées à la prescription des examens de biologie. Je suis Abla, biologiste médicale, et cette semaine nous retrouvons Sylvain, médecin généraliste à Lille, qui nous partage une question que vous vous êtes peut-être déjà posée.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente enceinte de 4 mois et demi qui s'est fait prescrire une sérologie CMV car elle présente un syndrome grippal. Les IgG et IgM sont positifs, elle stresse beaucoup, qu'est-ce que je peux lui proposer ?

  • Speaker #0

    Bonjour Laura, vous qui êtes biologiste, infectiologue au laboratoire CERBA, que répondriez-vous à Sylvain ?

  • Speaker #2

    C'est une question difficile et donc je vais répondre en donnant plusieurs pistes. La première chose, c'est que l'infection à CMV, en effet, ça peut être grave pendant la grossesse et en particulier au premier trimestre. Donc, il va falloir pousser un petit peu les investigations. La première chose, ça va être de réfléchir si cette patiente a déjà un sérum disponible dans un laboratoire. Elle a probablement déjà eu des analyses, soit pour diagnostiquer la grossesse, soit pour un premier bilan de grossesse. Et donc, il va falloir rechercher quel est le sérum le plus ancien qui est disponible pour cette patiente, pour pouvoir ensuite refaire une sérologie sur ce sérum. Parce qu'aujourd'hui, si on fait ce qu'on appelle une avidité, on en reviendra peut-être après, des IgG sur le sérum prélevé à 4 mois et demi de grossesse, ça ne nous permettra pas de savoir si sa primo-infection CMV a eu lieu avant ou après le début de la grossesse. Parce que généralement, on peut répondre sur 3 mois environ. Et donc, il faut étudier un sérum qui a été prélevé au moins dans les 3 premiers mois de la grossesse. Donc ça, c'est vraiment la première réponse à apporter, c'est rechercher un sérum plus ancien pour pouvoir pousser un petit peu les investigations.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, si on retrouve... du coup, un sérum dans un autre laboratoire ou même au sein de notre laboratoire, ça nous permettra de répondre clairement à l'éventualité d'une primo-infection ou pas ?

  • Speaker #2

    Oui, ça répondra à cette question. Donc, ce qu'on va faire sur ce sérum de début de la grossesse, c'est on va refaire une sérologie CMV, donc IgG et IgM. Mais les IgM-CMV, c'est un marqueur imparfait. Ça veut dire qu'on peut très bien avoir des IgM alors qu'on n'est pas dans un contexte de primo-infection. parce qu'il peut y avoir une stimulation du système immunitaire due à une autre infection, par exemple à un autre virus, ou toutes sortes de raisons. Et donc, si on a encore des IgG avec des IgM, ce qui peut laisser penser que ça peut être une infection récente, alors on fera ce qu'on appelle une avidité des IgG. La avidité des IgG, c'est le degré de maturation des IgG, parce que quand on s'infecte par rapport à un virus, les immunoglobulines qui sont produites maturent au fil du temps. et cette maturation peut être mesurée par la mesure de l'avidité. Et donc quand les IgG sont immatures, elles sont très récentes, et donc on sait que la primo-infection est récente, et quand les IgG sont de forte avidité, donc elles sont matures, donc elles sont anciennes. Donc on va faire une avidité des IgG sur ce sérum de début de grossesse, et si l'avidité est élevée, on pourra dire que la primo-infection a lieu avant le début de la grossesse, et donc on peut exclure le risque d'une primo-infection à CMV pour cette patiente.

  • Speaker #0

    Vous dites risque de primo-infection. Quel est le risque pour une femme enceinte d'avoir une primo-infection ? Qu'est-ce qu'elle risque ?

  • Speaker #2

    Alors, une primo-infection à CMV, ça peut être grave et ça dépend un petit peu du stade de la grossesse au moment de l'infection. Plus on s'infecte tôt dans la grossesse et moins le risque de transmission du virus au fœtus est élevé. Par contre, s'il y a transmission, les conséquences sont gravissimes avec une mort fœtale in utero ou des malformations majeures.

  • Speaker #0

    Et la prise en charge de la femme enceinte, est-ce qu'elle va changer en fonction de si elle a une primo-infection, si elle s'infecte pour la première fois, ou si c'est une réinfection ? Si on prouve effectivement que ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre le cytomégalovirus ?

  • Speaker #2

    Alors ça, c'est une excellente question et c'est très difficile de répondre. Alors, on connaît bien aujourd'hui la primo-infection parce que c'est facile à diagnostiquer biologiquement. Une primo-infection, c'est potentiellement grave. On a des chiffres qui disent qu'environ 1% des femmes qui ne sont pas immunisées en commençant leur grossesse vont faire une primo-infection CMV durant leur grossesse. Ensuite, chez une patiente qui a déjà rencontré le CMV, l'immunité est présente, mais elle n'est pas protectrice. C'est-à-dire qu'on peut soit se réinfecter avec la souche de CMV avec laquelle on s'était déjà infecté, mais qui est restée latente endogène. Et donc, on peut se réinfecter avec cette même souche. Ou alors, on peut être infecté avec une autre souche d'un type différent et donc refaire une infection. Et cette infection, souvent, elle passe complètement inaperçue. Et biologiquement parlant, on n'a pas d'outil fiable pour la diagnostiquer. C'est-à-dire que la sérologie ne va pas forcément bouger. l'avidité va rester élevée. On ne va pas forcément détecter du génome viral circulant si on fait une PCR, par exemple. Donc, on est très démuni face à ce qu'on appelle des infections secondaires. Par contre, une infection secondaire, à partir du moment où elle passe au fœtus, alors à ce moment-là, les conséquences sont les mêmes que celles d'une primo-infection, c'est-à-dire que si c'est au début de la grossesse, mort fœtale, in utero, malformation majeure, et plus on avance dans la grossesse, moins ces conséquences sont délétères. Et les... les transmissions, plutôt durant le troisième trimestre, occasionnent des infections fétales qui sont peu graves. La seule conséquence qu'il peut y avoir, c'est une surdité qui pourra apparaître durant l'enfance.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Donc, si je récapitule, une primo-infection chez une femme enceinte, ça peut être gravissime ?

  • Speaker #2

    Ça peut, tout à fait.

  • Speaker #0

    On peut détecter cette primo-infection grâce à l'avidité ?

  • Speaker #2

    D'abord, la sérologie, présence d'IgG et d'IgM. pousser les investigations et faire donc en effet le test d'avidité.

  • Speaker #0

    Alors c'est le moment de la question rituelle. Laura, pouvez-vous raconter à nos auditeurs un cas qui vous a marqué ou un point de vigilance que vous souhaitez soulever ?

  • Speaker #2

    Je n'ai pas un cas qui m'a particulièrement marquée. Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a environ deux tiers des femmes qui débutent une grossesse qui ne sont pas immunisées envers le CMV. Et donc, chez ces femmes, ce qui est important, c'est de se prémunir de l'infection. Et pour ça, il faut faire particulièrement attention aux jeunes enfants, notamment les premiers-nés, si elles en ont, parce que ce sont des personnes qui vont excréter beaucoup de virus dans tous les liquides biologiques, donc salive, urine, larmes, etc. Et donc, pour la femme enceinte, ce qu'il faut, c'est éviter le contact avec ses liquides biologiques ou alors tout de suite après se laver les mains. Par exemple, se laver les mains après chaque change, ne pas utiliser la cuillère de l'enfant ou ne pas lécher la tétine, etc. Donc ça, c'est vraiment des choses qu'il faudrait dire à toutes les femmes enceintes parce que c'est le meilleur moyen d'éviter cette infection, c'est vraiment de se prémunir de la contagion.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités médicales ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à contacter notre équipe médicale. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

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L’infection à cytomégalovirus (CMV) peut survenir pendant la grossesse avec des conséquences qui peuvent être graves, en particulier au 1er trimestre.


Laura Verdurme, biologiste médicale, retrace les différentes étapes de l’investigation pour détecter une potentielle primo-infection chez les patientes et rappelle les mesures préventives contre ce virus. 


Pour info :

Amendement - dépistage prénatal du cytomégalovirus de façon systématique et précoce.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour ce nouvel épisode. Biomédicalement Vôtre, la juste prescription des examens biologiques, c'est le podcast qui aide les professionnels de santé à anticiper les risques et à cultiver les bonnes pratiques liées à la prescription des examens de biologie. Je suis Abla, biologiste médicale, et cette semaine nous retrouvons Sylvain, médecin généraliste à Lille, qui nous partage une question que vous vous êtes peut-être déjà posée.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente enceinte de 4 mois et demi qui s'est fait prescrire une sérologie CMV car elle présente un syndrome grippal. Les IgG et IgM sont positifs, elle stresse beaucoup, qu'est-ce que je peux lui proposer ?

  • Speaker #0

    Bonjour Laura, vous qui êtes biologiste, infectiologue au laboratoire CERBA, que répondriez-vous à Sylvain ?

  • Speaker #2

    C'est une question difficile et donc je vais répondre en donnant plusieurs pistes. La première chose, c'est que l'infection à CMV, en effet, ça peut être grave pendant la grossesse et en particulier au premier trimestre. Donc, il va falloir pousser un petit peu les investigations. La première chose, ça va être de réfléchir si cette patiente a déjà un sérum disponible dans un laboratoire. Elle a probablement déjà eu des analyses, soit pour diagnostiquer la grossesse, soit pour un premier bilan de grossesse. Et donc, il va falloir rechercher quel est le sérum le plus ancien qui est disponible pour cette patiente, pour pouvoir ensuite refaire une sérologie sur ce sérum. Parce qu'aujourd'hui, si on fait ce qu'on appelle une avidité, on en reviendra peut-être après, des IgG sur le sérum prélevé à 4 mois et demi de grossesse, ça ne nous permettra pas de savoir si sa primo-infection CMV a eu lieu avant ou après le début de la grossesse. Parce que généralement, on peut répondre sur 3 mois environ. Et donc, il faut étudier un sérum qui a été prélevé au moins dans les 3 premiers mois de la grossesse. Donc ça, c'est vraiment la première réponse à apporter, c'est rechercher un sérum plus ancien pour pouvoir pousser un petit peu les investigations.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, si on retrouve... du coup, un sérum dans un autre laboratoire ou même au sein de notre laboratoire, ça nous permettra de répondre clairement à l'éventualité d'une primo-infection ou pas ?

  • Speaker #2

    Oui, ça répondra à cette question. Donc, ce qu'on va faire sur ce sérum de début de la grossesse, c'est on va refaire une sérologie CMV, donc IgG et IgM. Mais les IgM-CMV, c'est un marqueur imparfait. Ça veut dire qu'on peut très bien avoir des IgM alors qu'on n'est pas dans un contexte de primo-infection. parce qu'il peut y avoir une stimulation du système immunitaire due à une autre infection, par exemple à un autre virus, ou toutes sortes de raisons. Et donc, si on a encore des IgG avec des IgM, ce qui peut laisser penser que ça peut être une infection récente, alors on fera ce qu'on appelle une avidité des IgG. La avidité des IgG, c'est le degré de maturation des IgG, parce que quand on s'infecte par rapport à un virus, les immunoglobulines qui sont produites maturent au fil du temps. et cette maturation peut être mesurée par la mesure de l'avidité. Et donc quand les IgG sont immatures, elles sont très récentes, et donc on sait que la primo-infection est récente, et quand les IgG sont de forte avidité, donc elles sont matures, donc elles sont anciennes. Donc on va faire une avidité des IgG sur ce sérum de début de grossesse, et si l'avidité est élevée, on pourra dire que la primo-infection a lieu avant le début de la grossesse, et donc on peut exclure le risque d'une primo-infection à CMV pour cette patiente.

  • Speaker #0

    Vous dites risque de primo-infection. Quel est le risque pour une femme enceinte d'avoir une primo-infection ? Qu'est-ce qu'elle risque ?

  • Speaker #2

    Alors, une primo-infection à CMV, ça peut être grave et ça dépend un petit peu du stade de la grossesse au moment de l'infection. Plus on s'infecte tôt dans la grossesse et moins le risque de transmission du virus au fœtus est élevé. Par contre, s'il y a transmission, les conséquences sont gravissimes avec une mort fœtale in utero ou des malformations majeures.

  • Speaker #0

    Et la prise en charge de la femme enceinte, est-ce qu'elle va changer en fonction de si elle a une primo-infection, si elle s'infecte pour la première fois, ou si c'est une réinfection ? Si on prouve effectivement que ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre le cytomégalovirus ?

  • Speaker #2

    Alors ça, c'est une excellente question et c'est très difficile de répondre. Alors, on connaît bien aujourd'hui la primo-infection parce que c'est facile à diagnostiquer biologiquement. Une primo-infection, c'est potentiellement grave. On a des chiffres qui disent qu'environ 1% des femmes qui ne sont pas immunisées en commençant leur grossesse vont faire une primo-infection CMV durant leur grossesse. Ensuite, chez une patiente qui a déjà rencontré le CMV, l'immunité est présente, mais elle n'est pas protectrice. C'est-à-dire qu'on peut soit se réinfecter avec la souche de CMV avec laquelle on s'était déjà infecté, mais qui est restée latente endogène. Et donc, on peut se réinfecter avec cette même souche. Ou alors, on peut être infecté avec une autre souche d'un type différent et donc refaire une infection. Et cette infection, souvent, elle passe complètement inaperçue. Et biologiquement parlant, on n'a pas d'outil fiable pour la diagnostiquer. C'est-à-dire que la sérologie ne va pas forcément bouger. l'avidité va rester élevée. On ne va pas forcément détecter du génome viral circulant si on fait une PCR, par exemple. Donc, on est très démuni face à ce qu'on appelle des infections secondaires. Par contre, une infection secondaire, à partir du moment où elle passe au fœtus, alors à ce moment-là, les conséquences sont les mêmes que celles d'une primo-infection, c'est-à-dire que si c'est au début de la grossesse, mort fœtale, in utero, malformation majeure, et plus on avance dans la grossesse, moins ces conséquences sont délétères. Et les... les transmissions, plutôt durant le troisième trimestre, occasionnent des infections fétales qui sont peu graves. La seule conséquence qu'il peut y avoir, c'est une surdité qui pourra apparaître durant l'enfance.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Donc, si je récapitule, une primo-infection chez une femme enceinte, ça peut être gravissime ?

  • Speaker #2

    Ça peut, tout à fait.

  • Speaker #0

    On peut détecter cette primo-infection grâce à l'avidité ?

  • Speaker #2

    D'abord, la sérologie, présence d'IgG et d'IgM. pousser les investigations et faire donc en effet le test d'avidité.

  • Speaker #0

    Alors c'est le moment de la question rituelle. Laura, pouvez-vous raconter à nos auditeurs un cas qui vous a marqué ou un point de vigilance que vous souhaitez soulever ?

  • Speaker #2

    Je n'ai pas un cas qui m'a particulièrement marquée. Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a environ deux tiers des femmes qui débutent une grossesse qui ne sont pas immunisées envers le CMV. Et donc, chez ces femmes, ce qui est important, c'est de se prémunir de l'infection. Et pour ça, il faut faire particulièrement attention aux jeunes enfants, notamment les premiers-nés, si elles en ont, parce que ce sont des personnes qui vont excréter beaucoup de virus dans tous les liquides biologiques, donc salive, urine, larmes, etc. Et donc, pour la femme enceinte, ce qu'il faut, c'est éviter le contact avec ses liquides biologiques ou alors tout de suite après se laver les mains. Par exemple, se laver les mains après chaque change, ne pas utiliser la cuillère de l'enfant ou ne pas lécher la tétine, etc. Donc ça, c'est vraiment des choses qu'il faudrait dire à toutes les femmes enceintes parce que c'est le meilleur moyen d'éviter cette infection, c'est vraiment de se prémunir de la contagion.

  • Speaker #0

    Vous souhaitez suivre nos actualités médicales ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à contacter notre équipe médicale. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. A bientôt !

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L’infection à cytomégalovirus (CMV) peut survenir pendant la grossesse avec des conséquences qui peuvent être graves, en particulier au 1er trimestre.


Laura Verdurme, biologiste médicale, retrace les différentes étapes de l’investigation pour détecter une potentielle primo-infection chez les patientes et rappelle les mesures préventives contre ce virus. 


Pour info :

Amendement - dépistage prénatal du cytomégalovirus de façon systématique et précoce.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour ce nouvel épisode. Biomédicalement Vôtre, la juste prescription des examens biologiques, c'est le podcast qui aide les professionnels de santé à anticiper les risques et à cultiver les bonnes pratiques liées à la prescription des examens de biologie. Je suis Abla, biologiste médicale, et cette semaine nous retrouvons Sylvain, médecin généraliste à Lille, qui nous partage une question que vous vous êtes peut-être déjà posée.

  • Speaker #1

    Bonjour, je reçois une patiente enceinte de 4 mois et demi qui s'est fait prescrire une sérologie CMV car elle présente un syndrome grippal. Les IgG et IgM sont positifs, elle stresse beaucoup, qu'est-ce que je peux lui proposer ?

  • Speaker #0

    Bonjour Laura, vous qui êtes biologiste, infectiologue au laboratoire CERBA, que répondriez-vous à Sylvain ?

  • Speaker #2

    C'est une question difficile et donc je vais répondre en donnant plusieurs pistes. La première chose, c'est que l'infection à CMV, en effet, ça peut être grave pendant la grossesse et en particulier au premier trimestre. Donc, il va falloir pousser un petit peu les investigations. La première chose, ça va être de réfléchir si cette patiente a déjà un sérum disponible dans un laboratoire. Elle a probablement déjà eu des analyses, soit pour diagnostiquer la grossesse, soit pour un premier bilan de grossesse. Et donc, il va falloir rechercher quel est le sérum le plus ancien qui est disponible pour cette patiente, pour pouvoir ensuite refaire une sérologie sur ce sérum. Parce qu'aujourd'hui, si on fait ce qu'on appelle une avidité, on en reviendra peut-être après, des IgG sur le sérum prélevé à 4 mois et demi de grossesse, ça ne nous permettra pas de savoir si sa primo-infection CMV a eu lieu avant ou après le début de la grossesse. Parce que généralement, on peut répondre sur 3 mois environ. Et donc, il faut étudier un sérum qui a été prélevé au moins dans les 3 premiers mois de la grossesse. Donc ça, c'est vraiment la première réponse à apporter, c'est rechercher un sérum plus ancien pour pouvoir pousser un petit peu les investigations.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, si on retrouve... du coup, un sérum dans un autre laboratoire ou même au sein de notre laboratoire, ça nous permettra de répondre clairement à l'éventualité d'une primo-infection ou pas ?

  • Speaker #2

    Oui, ça répondra à cette question. Donc, ce qu'on va faire sur ce sérum de début de la grossesse, c'est on va refaire une sérologie CMV, donc IgG et IgM. Mais les IgM-CMV, c'est un marqueur imparfait. Ça veut dire qu'on peut très bien avoir des IgM alors qu'on n'est pas dans un contexte de primo-infection. parce qu'il peut y avoir une stimulation du système immunitaire due à une autre infection, par exemple à un autre virus, ou toutes sortes de raisons. Et donc, si on a encore des IgG avec des IgM, ce qui peut laisser penser que ça peut être une infection récente, alors on fera ce qu'on appelle une avidité des IgG. La avidité des IgG, c'est le degré de maturation des IgG, parce que quand on s'infecte par rapport à un virus, les immunoglobulines qui sont produites maturent au fil du temps. et cette maturation peut être mesurée par la mesure de l'avidité. Et donc quand les IgG sont immatures, elles sont très récentes, et donc on sait que la primo-infection est récente, et quand les IgG sont de forte avidité, donc elles sont matures, donc elles sont anciennes. Donc on va faire une avidité des IgG sur ce sérum de début de grossesse, et si l'avidité est élevée, on pourra dire que la primo-infection a lieu avant le début de la grossesse, et donc on peut exclure le risque d'une primo-infection à CMV pour cette patiente.

  • Speaker #0

    Vous dites risque de primo-infection. Quel est le risque pour une femme enceinte d'avoir une primo-infection ? Qu'est-ce qu'elle risque ?

  • Speaker #2

    Alors, une primo-infection à CMV, ça peut être grave et ça dépend un petit peu du stade de la grossesse au moment de l'infection. Plus on s'infecte tôt dans la grossesse et moins le risque de transmission du virus au fœtus est élevé. Par contre, s'il y a transmission, les conséquences sont gravissimes avec une mort fœtale in utero ou des malformations majeures.

  • Speaker #0

    Et la prise en charge de la femme enceinte, est-ce qu'elle va changer en fonction de si elle a une primo-infection, si elle s'infecte pour la première fois, ou si c'est une réinfection ? Si on prouve effectivement que ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre le cytomégalovirus ?

  • Speaker #2

    Alors ça, c'est une excellente question et c'est très difficile de répondre. Alors, on connaît bien aujourd'hui la primo-infection parce que c'est facile à diagnostiquer biologiquement. Une primo-infection, c'est potentiellement grave. On a des chiffres qui disent qu'environ 1% des femmes qui ne sont pas immunisées en commençant leur grossesse vont faire une primo-infection CMV durant leur grossesse. Ensuite, chez une patiente qui a déjà rencontré le CMV, l'immunité est présente, mais elle n'est pas protectrice. C'est-à-dire qu'on peut soit se réinfecter avec la souche de CMV avec laquelle on s'était déjà infecté, mais qui est restée latente endogène. Et donc, on peut se réinfecter avec cette même souche. Ou alors, on peut être infecté avec une autre souche d'un type différent et donc refaire une infection. Et cette infection, souvent, elle passe complètement inaperçue. Et biologiquement parlant, on n'a pas d'outil fiable pour la diagnostiquer. C'est-à-dire que la sérologie ne va pas forcément bouger. l'avidité va rester élevée. On ne va pas forcément détecter du génome viral circulant si on fait une PCR, par exemple. Donc, on est très démuni face à ce qu'on appelle des infections secondaires. Par contre, une infection secondaire, à partir du moment où elle passe au fœtus, alors à ce moment-là, les conséquences sont les mêmes que celles d'une primo-infection, c'est-à-dire que si c'est au début de la grossesse, mort fœtale, in utero, malformation majeure, et plus on avance dans la grossesse, moins ces conséquences sont délétères. Et les... les transmissions, plutôt durant le troisième trimestre, occasionnent des infections fétales qui sont peu graves. La seule conséquence qu'il peut y avoir, c'est une surdité qui pourra apparaître durant l'enfance.

  • Speaker #0

    D'accord, très bien. Donc, si je récapitule, une primo-infection chez une femme enceinte, ça peut être gravissime ?

  • Speaker #2

    Ça peut, tout à fait.

  • Speaker #0

    On peut détecter cette primo-infection grâce à l'avidité ?

  • Speaker #2

    D'abord, la sérologie, présence d'IgG et d'IgM. pousser les investigations et faire donc en effet le test d'avidité.

  • Speaker #0

    Alors c'est le moment de la question rituelle. Laura, pouvez-vous raconter à nos auditeurs un cas qui vous a marqué ou un point de vigilance que vous souhaitez soulever ?

  • Speaker #2

    Je n'ai pas un cas qui m'a particulièrement marquée. Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a environ deux tiers des femmes qui débutent une grossesse qui ne sont pas immunisées envers le CMV. Et donc, chez ces femmes, ce qui est important, c'est de se prémunir de l'infection. Et pour ça, il faut faire particulièrement attention aux jeunes enfants, notamment les premiers-nés, si elles en ont, parce que ce sont des personnes qui vont excréter beaucoup de virus dans tous les liquides biologiques, donc salive, urine, larmes, etc. Et donc, pour la femme enceinte, ce qu'il faut, c'est éviter le contact avec ses liquides biologiques ou alors tout de suite après se laver les mains. Par exemple, se laver les mains après chaque change, ne pas utiliser la cuillère de l'enfant ou ne pas lécher la tétine, etc. Donc ça, c'est vraiment des choses qu'il faudrait dire à toutes les femmes enceintes parce que c'est le meilleur moyen d'éviter cette infection, c'est vraiment de se prémunir de la contagion.

  • Speaker #0

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