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Café sans filtre ... avec ton RH

Médecine du travail : prévention, RPS, maintien en emploi… ce qu’on ignore encore

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30min |26/11/2025
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Description

On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est beaucoup plus large : prévention, accompagnement, maintien en emploi, santé mentale, coopération avec les managers et les RH.


Dans cet épisode de « Café sans filtre avec ton RH », on ouvre les portes de la santé au travail avec deux regards complémentaires :

  • Alice Belfair, directrice de l’hôtel Baudelaire Opéra à Paris, engagée depuis plus de 15 ans pour une performance qui passe par l’humain et l’inclusion, notamment autour du handicap.

  • Dr Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail, un service de santé au travail qui suit 280 000 salariés en Île-de-France avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, ergonomes, psychologues, assistantes sociales…).


Au programme de cet épisode :

  • Ce que recouvre vraiment la santé au travail aujourd’hui, bien au-delà de la visite d’embauche.

  • Comment les services de santé au travail peuvent devenir de vrais partenaires stratégiques des employeurs, des RH et des managers.

  • Des exemples concrets de maintien dans l’emploi, d’aménagement de postes et d’amélioration des conditions de travail.

  • Les signaux faibles à repérer pour prévenir le burn-out et les risques psychosociaux plutôt que subir les arrêts longs.

  • Les marges de manœuvre réelles des entreprises et des salariés, y compris pendant un arrêt maladie (visite de pré-reprise, échanges confidentiels avec le médecin du travail…).

  • Pourquoi la santé au travail n’est pas un coût mais un investissement, avec un retour mesuré sur la prévention des RPS.

  • Comment préparer le futur du travail : vieillissement de la population active, santé globale, prévention des maladies chroniques, nouvelles attentes des jeunes générations.


Que vous soyez salarié, manager, dirigeant ou RH débordé, cet épisode vous donne des clés très concrètes pour :

  • mieux comprendre le rôle des services de santé au travail ;

  • oser les solliciter au bon moment ;

  • construire des environnements de travail plus sains, plus durables et plus performants.


☕ Installez-vous avec un café, on parle tabous, prévention, burn-out, maintien en emploi et coopération intelligente entre entreprises et services de santé au travail – sans langue de bois, avec des exemples terrain et une vision résolument tournée vers l’avenir.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est bien plus large. Prévention, accompagnement et maintien en emploi. Des missions essentielles, mais encore trop méconnues. D'après une étude IFOP de 2023, près d'un salarié sur deux reconnaît mal connaître ce que fait réellement la médecine du travail. Et c'est exactement l'enjeu du café sans filtre avec ton RH. Ouvrir des discussions sans détour, où collaborateurs, managers et directions peuvent enfin poser les vrais mots sur ce qui se vit au quotidien et surtout, identifier des actions concrètes pour avancer. Aujourd'hui, ce sont deux regards complémentaires qui vont nous accompagner dans cette réflexion. Tout d'abord, avec Alice Belfair, directrice de l'hôtel Baudelaire Opéra depuis plus de 15 ans. Convaincue que la performance passe par l'humain, elle a fait du bien-être au travail et de l'inclusion, notamment autour du handicap, des axes forts de sa pratique managériale. Et nous accueillons également le docteur Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail. Il nous éclaire sur la richesse des métiers qui entourent la médecine du travail, leurs missions concrètes et les... clés d'une coopération efficace avec ces services. C'est donc deux voies, l'une issue du terrain managérial, l'autre du monde médical, qui se croisent et se complètent pour tracer une voie vers une médecine du travail à la fois à l'écoute de la santé des salariés et actrice de prévention. Alors j'espère que vous avez votre tasse de café bien chaude à vos côtés. L'interview commence maintenant. Bonjour Alice, bonjour Hervé, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Est-ce que vous pourriez vous présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde, je m'appelle Alice Belfair, je suis directrice d'hôtel, l'hôtel Baudelaire Opéra à Paris, et également administratrice à la GEPHIP, à la CPM, Service de Santé au Travail. Je dirige une entreprise de 12 salariés, dont 40% de travailleurs handicapés, et c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Alice, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui... tu occupes ce poste, qu'est-ce qui t'anime au quotidien dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime au quotidien, c'est l'idée qu'on peut aller au travail et être heureux, qu'on peut aller au travail et ne pas souffrir, qu'on peut aller au travail en faisant du bien autour de soi et que ce soit pour l'accueil que j'ai avec les clients ou le reste de l'équipe et entre nous.

  • Speaker #0

    Très inspirant, merci beaucoup. Hervé ?

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, je suis Hervé Baudeloc, je suis médecin du travail de formation. Et je travaille actuellement à Efficience Santé au Travail, qui est un service de santé qui suit 280 000 personnes sur l'ensemble de l'île de France. Et pour remplir cette mission, nous sommes 77 médecins et un petit peu moins d'une quarantaine d'infirmiers. Et donc, je suis très content qu'on puisse échanger tous les trois sur cette question de santé au travail.

  • Speaker #0

    Hervé, même question. Pourquoi avoir choisi d'exercer dans la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Alors moi, je voulais exercer dans une activité qui se concentre sur la prévention, c'est-à-dire peut-être pas être dans le curatif. Et la santé au travail, en ce sens-là, est vraiment quelque chose de très positif, puisqu'on a l'ambition d'agir avant que les problèmes de santé n'arrivent. Et en plus, je pense qu'on est une plus-value également pour la performance en entreprise. Et donc, on voit comment on peut allier à la fois le bien-être, comme le citait Alice, des collaborateurs quand ils viennent travailler tous les matins, et aussi la performance de l'entreprise à terme.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Maintenant qu'on se connaît, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. La médecine du travail est souvent une médecine méconnue. Hervé, pourquoi le médecin du travail est souvent perçu comme la médecine de la visite d'embauche ?

  • Speaker #2

    Tu as raison de le souligner, Jennifer. Et moi, ce que je voulais dire, c'est qu'en fait, ça fait une dizaine d'années maintenant que la médecine du travail a été transformée. Elle n'existe quasiment plus. Elle a été remplacée par la santé au travail. Alors cette transformation, qu'est-ce qu'elle implique ? Ça veut dire qu'en fait, le médecin du travail n'est plus seul pour gérer l'ensemble des situations qui se présentent à lui, mais il est entouré d'une équipe pluridisciplinaire. Donc, il travaille en collaboration avec des infirmières. avec des ergonomes, avec des psychologues, des assistantes sociales. Donc il y a toute une équipe qui vient prendre en charge des situations. Et ça, c'est important parce que souvent, on voit surtout le médecin du travail et la visite, notamment la visite d'embauche. Mais il faut savoir que pour répondre à l'ensemble des situations, notamment pour les personnes qui sont en arrêt maladie prolongée, on a besoin de toutes ces compétences au service justement de la personne et de l'entreprise par la suite.

  • Speaker #0

    Hervé, du coup, quels sont les rôles méconnus que vous jouez dans l'entreprise ?

  • Speaker #2

    En lien avec ce que je viens de dire sur la transformation de la médecine du travail en santé au travail, c'est vrai qu'on a des grandes capacités d'action dans les entreprises. Notamment, on a des ergonomes qui peuvent venir évaluer les conditions physiques de travail. On a des psychologues du travail qui peuvent venir aussi interroger les conditions organisationnelles pour pouvoir les améliorer, bien sûr, à chaque fois. On a notamment aussi des assistantes sociales qui, elles, vont pouvoir aider les salariés par rapport à toutes leurs problématiques, et je pense notamment aux problématiques d'indemnité journalière. On a également des experts, je pense à une toxicologue chez nous, chez Efficience Santé au Travail. Donc c'est vraiment à la fois le suivi de l'état de santé des salariés, des collaborateurs, mais aussi l'évaluation en entreprise des risques professionnels. Et là, on est vraiment dans le conseil à l'entreprise. Donc c'est vraiment ce triptyque médecin et en tout cas service de santé au travail, employeur et employé qui est important de bien prendre en compte.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, on se rend compte que ce sont différentes expertises qui se réunissent pour accompagner la santé au travail. Alice, Hervé, est-ce que vous avez des exemples de prévention réussie grâce à vos constats directement sur le terrain ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en ce qui concerne mon hôtel, on a eu le cas du premier maintien dans l'emploi. On a donc fait appel à Efficience pour avoir leur avis et également avec l'ergonome. pour voir ce qui pouvait être fait pour améliorer les conditions de travail et éviter la maladie au travail. Donc effectivement, à ce moment-là, on a eu une très étroite collaboration.

  • Speaker #0

    C'était sur quel poste exactement ?

  • Speaker #1

    C'était sur un poste de personnel d'étage, une femme de chambre et valet de chambre. Donc cet aménagement a nécessité la pose de l'avelis, de robots nettoyeurs, de cales ergonomiques. de fixer sa couette, de revoir la manière de travailler. Et notre salarié avait du mal à se baisser. Donc on a tout mis à portée de main, on a refait toute la cuisine, on a rééquipé ce qui concernait la machine à café pour éviter les TMS, les troubles musculosquelétiques au niveau des épaules. Donc tout a été revu. Et on s'est rendu compte qu'une fois, quand ce salarié était en vacances, tout le monde se battait pour avoir son poste, parce qu'il était beaucoup plus confortable. Donc on a décidé d'étendre l'amélioration. tous les postes. Donc ça a commencé à un niveau individuel et c'est passé au collectif. Et ça, ça a été possible grâce au concours de l'ergonome qui était venu voir quels étaient les sujets à améliorer pour cette salariée spécifiquement. Et évidemment, ce qui aide les personnes en situation de handicap, aide le collectif.

  • Speaker #2

    Alors là, c'est vraiment important ce que dit Alice, le souligner. En fait, finalement, c'est vraiment une relation de co-construction avec l'employeur. avec l'ergonome dans cette situation qui s'est rendue dans l'établissement d'Alice. Et puis après aussi, l'important c'est de souligner que ce n'est pas un accompagnement one-shot. Il y a vraiment derrière dans la durée l'évaluation de ce qui a été mis en place avec l'entreprise. Donc on est vraiment dans une co-construction, c'est ça qui est très intéressant aussi en santé au travail, avec l'employeur, le salarié et puis bien sûr l'ensemble des experts du service de santé au travail.

  • Speaker #1

    Cette collaboration continue. je pense que ça a réveillé les esprits sur le fait que tout était toujours améliorable. Donc on reste à l'appui de nouvelles solutions. Ça a éveillé l'intérêt chez mes salariés. Par exemple, on va chez Preventica. On aime bien aller au salon. On aime bien voir ce qui se fait. On aime bien se tenir au courant. Souvent, quand j'ai des fournisseurs en équipement qui passent, on leur demande conjointement ce qui se fait. Et je continue de faire appel au service de santé au travail. aux médecins et aux psychologues. Et il y a l'assistante sociale aussi qui peut m'aider sur des points particuliers. Donc, c'est vraiment le concours de tous ces différents éléments, de toutes ces différentes personnes qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Donc, un vrai travail d'équipe, que ce soit en interne ou en collaboration avec des appuis externes comme Efficience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Autre question qui me brûle les lèvres à tous les deux, encore une fois. Quelle est votre relation avec les RH, les salariés et les managers ?

  • Speaker #2

    Nous, en tant que service de santé au travail et en tant que médecin du travail, ce qui me semble important de dire, c'est qu'on est soumis au secret médical. Parce que c'est vrai qu'on a parfois cette question qui nous est posée ou cette perception de la part des salariés ou de l'entreprise. Donc, qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ? Ça veut dire qu'on ne peut pas donner d'informations médicales qu'on aurait obtenues de la part du salarié à son employeur, à ses collègues, à personne dans l'entreprise. Donc, ça, c'est vraiment important de le dire parce que c'est vraiment l'élément fondamental sur lequel va reposer la confiance. Et si on n'a pas la confiance, c'est ce qu'on vient de dire, pour travailler tous ensemble, c'est compliqué. Notre relation avec les salariés est basée sur ce secret médical. Et avec les RH, les managers, elle est basée sur l'intérêt commun qu'a l'entreprise à ce que les collaborateurs soient en bonne santé. C'est-à-dire qu'on est là pour travailler, comme je l'avais dit, en co-construction. L'objectif, c'est quand même que les salariés puissent rester au travail dans les meilleures conditions possibles. Donc pour eux, en termes de maladie, d'avoir moins de douleurs, de se sentir bien en termes de risques psychosociaux. Et pour l'entreprise, ça permet d'avoir un travail qui est effectué de qualité, sans arrêt maladie, sans difficulté pour l'entreprise. Et souvent, on s'aperçoit quelque chose, moi j'ai vu ça dans des industries qui n'étaient pas de l'ordre du service, mais de la production manufacturière, quand on améliore les conditions de travail, on améliore vraiment, rapidement, la qualité du produit qui est délivré. Et on comprend facilement, quelqu'un qui a mal au dos, aux épaules, il va faire son job de manière un peu minimaliste et on peut le concevoir. Alors que quand la personne est bien, elle va être quand même beaucoup plus concentrée sur la qualité du produit fini. Donc c'est vraiment un deal gagnant-gagnant, pour essayer de parler le plus français possible, entre le service de santé au travail, encore une fois, l'entreprise et les collaborateurs.

  • Speaker #0

    On a une vision très claire de la santé au travail grâce à vos deux témoignages. Moi, ce que je retiens, c'est l'aspect confidentialité. Souvent, il y a une vraie peur chez les salariés de dévoiler un petit peu leurs difficultés de santé. Donc là, on a bien l'information que toutes les informations échangées sont confidentielles. C'est un beau mot de la fin pour cette vision plus claire de ce qu'est la santé au travail. maintenant on va rentrer dans un sujet qui nous anime tous ou qui nous a touchés tous d'une façon ou d'une autre, à savoir la santé mentale, le burn-out et les risques psychosociaux. Avant de poursuivre notre discussion avec notre invité, j'aimerais prendre un moment pour vous adresser un message très spécial. Si vous aimez ce que vous entendez jusqu'à présent et que vous trouvez notre podcast Café sans filtre avec ton RH informatif et enrichissant, je vous serai extrêmement reconnaissante si vous preniez quelques instants pour nous soutenir. Il vous suffit de partager ce podcast avec vos amis, collègues et proches qui pourraient également bénéficier de cette conversation sans tabou. Votre soutien nous aide à toucher davantage de personnes et à continuer à produire du contenu de qualité. Vous pouvez aussi nous laisser une évaluation positive avec 5 étoiles sur la plateforme de podcast de votre choix. Cela nous aide énormément à mieux être référencés et à atteindre de nouveaux auditeurs passionnés comme vous. Merci infiniment pour votre soutien.

  • Speaker #1

    L'interview continue.

  • Speaker #0

    J'attaque avec une question qui va mettre vraiment les pieds dans le plat. Le monde du travail peut-il rendre malade, selon vous, Alice et Hervé ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question, Jennifer. Je dirais que le monde du travail, lorsque les conditions de travail sont délétères, oui. Maintenant, comment on peut identifier quelles sont les conditions de travail qui vont rendre les personnes malades ? Il y a des choses quand même très scientifiques, en tout cas universitaires, et notamment... Ce vers quoi je voudrais orienter, c'est ce qu'on appelle le rapport Golak, qui est un rapport assez connu dans le monde de la santé au travail, qui a été établi il y a plusieurs années, mais en tout cas qui fait encore foi. Et ce rapport Golak vient identifier six dimensions qui vont faire que les personnes vont se sentir bien, ou alors au contraire, ça pourra créer ce qu'on appelle des risques psychosociaux. Je ne vais pas citer les six, mais il y a par exemple la charge de travail, il y a les relations sociales dans le travail, il y a l'insécurité dans le travail. Et en fait, ça, c'est un screening qu'il est important de faire, que chaque entreprise devrait faire et doit faire, puisque ça fait partie de l'évaluation des risques professionnels aussi. Mais en tout cas, chaque entreprise doit se, au-delà de cet aspect réglementaire, chaque entreprise doit se questionner là-dessus, sur ces six dimensions, et voir à quel point elles peuvent être, si elles sont mal maîtrisées, délétères pour les salariés, ou au contraire, si ces dimensions sont bien maîtrisées, ça peut être un levier positif pour la santé mentale des collaborateurs. Donc, c'est vraiment les deux faces d'une même pièce. à la fois le travail peut bien sûr rendre malade quand vraiment les choses sont mal gérées. Mais ça peut être aussi, comme le souligne d'ailleurs Alice en introduction, un levier de développement personnel. Donc c'est vraiment important d'apporter de la nuance, en tout cas, sur les relations entre monde du travail et risques psychosociaux, en tout cas santé mentale au sens large du terme.

  • Speaker #1

    Il peut rendre malade, oui, il peut et il ne devrait jamais rendre malade. Maintenant, je pense qu'il y a effectivement tout ce qui est des conditions de travail qui sont importantes et évidemment, mais vraiment la communication entre les... les dirigeants, les managers, les salariés, enfin bref, les réunions et la communication entre toutes les différentes parties travaillantes dans la structure. Et avec de la communication, honnêtement, on s'en sort plutôt bien. On s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui aimaient bien travailler le matin et des gens qui aimaient bien travailler l'après-midi. et moi je fais partie de celles qui aiment bien travailler à 4h du matin c'est mon heure donc généralement vers 14h j'ai terminé ma journée ou 13h j'ai terminé ma journée il y en a d'autres qui aiment bien émerger à 14h avec encore les traces d'oreillers sur la figure ceux-là travaillent l'après-midi et ça c'est des choses qu'on peut mettre en place en communiquant et en en parlant de manière informelle nous on fait des sortes de rendez-vous informels tout le temps on se croise à la machine à café, et c'est sans jeu de mots, pour discuter de ce qui peut aller, ce qui peut changer. Et rien que le fait de ramener une discussion sérieuse à un niveau de détente nous permet d'améliorer les choses et j'espère, nous permet et nous permettra d'éviter des RPS à l'avenir. Mais c'est vrai qu'il faut toujours vérifier que les gens vont bien. s'il commence à moins travailler, s'il commence à fatiguer, s'il commence à perdre de l'intérêt. La qualité du travail s'en ressent, mais également physiquement, ça se voit en fait, ou on le ressent et il ne faut pas laisser passer en se disant que ça va passer tout seul. Je pense que la grande différence aujourd'hui, c'est qu'on ne laisse plus passer ces signaux sans en faire quelque chose. En tout cas, je pense qu'il ne faut pas et c'est ce qui permet d'éviter les RPS.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Alice, pour ton partage. Je trouve que ce que tu mets en place dans ta structure est hyper intéressant. Et cette flexibilité, c'est parfois ce qui manque dans les organisations, parfois par manque de confiance, parce que c'est difficile de se livrer dans un environnement où on ne sait pas comment ce qu'on va partager va être reçu. Mais le fait de pouvoir le faire et de donner l'exemple que ça fonctionne dans ta structure, c'est super inspirant. Est-ce qu'il y a une marge de manœuvre face à des situations qui sont vraiment critiques sur les questions de santé mentale au travail ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je pense qu'en fait, quand on parle de marge de manœuvre, probablement une des premières étapes, c'est quand même de faire prendre conscience à l'entreprise qu'il y a une difficulté. Ça a l'air simple dit comme ça, mais il y a quand même parfois dans certaines entreprises un peu de déni sur la situation de santé mentale collective d'un certain nombre de collaborateurs. Et notre rôle, nous, au service de santé au travail, c'est de faire prendre conscience qu'il y a une difficulté. Comment on le fait ? Il y a différents signaux possibles. Il y a à la fois des signaux RH, d'absentéisme, de difficulté de recrutement. Il y a des signaux plus médicaux, avec un nombre de visites à la demande des salariés qui augmente, avec des plaintes qui peuvent être des plaintes physiques ou des plaintes psychologiques, problèmes de sommeil, etc., qui émergent en visite médicale. Donc ça, c'est important, dans une première étape, de faire comprendre à l'entreprise et aux dirigeants qu'il y a une difficulté. La deuxième chose, c'est qu'une fois que cette compréhension est partagée, bien sûr, il faut un sponsorship très fort. Si le top management de l'entreprise ou le dirigeant de l'entreprise n'y croit pas ou ne veut pas ou n'a pas le temps, etc., en tout cas, s'il ne met pas d'énergie, ça ne fonctionnera pas parce qu'en dessous, l'ensemble des collaborateurs et des managers intermédiaires ne s'engageront pas dans cette voie-là. Il y a des marges de manœuvre, mais c'est important quand même d'avoir ces prérequis. Ce qu'il faut dire, c'est qu'effectivement, quand on pense marge de manœuvre, ça veut dire est-ce que... Je suis en capacité d'apporter des améliorations par rapport à ces situations. Et là, si on veut rester sur un point de vue très macro, il y a une étude qui est intéressante de l'Agence européenne de santé et sécurité qui montre que lorsque l'on investit 1 euro dans la prévention des risques psychosociaux, le retour sur investissement, il est de 13 euros. Donc il y a un vrai intérêt et il y a des vraies marges de manœuvre possibles en termes d'investissement quand il y a des difficultés ou même avant qu'il y ait trop de difficultés sur les risques psychosociaux. Donc ça, c'est important pour nous, les services de santé au travail, de faire... comprendre ça et d'avoir même une compréhension partagée de ces enjeux auprès des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis Hervé parce qu'effectivement on voit la santé au travail comme un coût alors qu'il devrait être vu comme un investissement et le chiffre, moi je ne l'avais pas, donc 1 euro investi avec un ROI de 13 euros. Ça permet vraiment de se rendre compte que c'est important et qu'on a, en fait, il faut choisir ses problèmes. À quel montant s'élèvent les problèmes qu'on souhaite dépasser ? Du coup, est-ce qu'il y a des signes avant-coureurs d'un mal-être que les RH ou les managers devraient savoir repérer dans leur quotidien ?

  • Speaker #2

    Oui, alors ça, c'est la bonne nouvelle. C'est qu'on n'est pas sans solution par rapport à ça. Et effectivement, il faut essayer d'intervenir le plus rapidement possible. Alors, les signes avant-coureurs, j'en parlais un tout petit peu avant. Il y a d'abord un faisceau d'indicateurs RH. Donc, on a dit, il y a l'absentéisme. taux de turnover, difficultés de recrutement. Donc ça, les RH suivent bien ce type d'indicateur. Et alors, pas de manière isolée, mais pris concomitamment avec d'autres indicateurs, ça peut être un signe avant-coureur de mal-être et de ce qu'on a appelé risques psychosociaux RPS. L'autre indicateur, c'est vraiment l'indicateur médical. Et là encore, je reviens à l'intérêt fondamental d'être dans la co-construction et en tout cas le partage et l'échange avec son service de santé au travail. C'est les plaintes. Et là, encore une fois, c'est dit de manière collective et anonyme. les plaintes qui peuvent être remontées par les collaborateurs. Si vous avez 80% des gens qui se plaignent de troubles du sommeil, de stress, d'anxiété, il y a peut-être un facteur professionnel quand même à les questionner. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est vraiment un faisceau de plusieurs indicateurs. C'est important d'avoir peut-être une forme de dashboard pour les entreprises d'une certaine taille quand même, pour poursuivre ça de manière régulière, pour ne pas que ce soit un sujet qui passe sous le tapis. Et puis après, il y a aussi tout le travail de proximité. Je pense au travail de proximité des managers, et ils sont un élément fondamental dans la prise en compte des risques psychosociaux, pour identifier, alors là de manière plus individuelle, un collaborateur qui va mal, un collaborateur qui était très participatif aux réunions, puis tout d'un coup qui ne dit plus grand-chose, un collaborateur qui arrive en retard alors que ce n'était pas le cas. En tout cas, le manager est en capacité, puisqu'il est au contact normalement quasi quotidiennement de ses collègues, enfin des gens qu'il manage. de voir une rupture avec l'état antérieur. C'est vraiment le mot clé. Et donc ça, pour ça, en tout cas, il faut que les managers soient formés. Ce n'est pas natif. Ils soient formés au repérage, ils soient formés à la détection des signaux faibles. C'est aussi un élément important dont peut-être on parlera tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Du coup, Hervé, il y a une question qu'on se pose souvent quand on est salarié et qu'on se trouve en arrêt maladie. Est-ce qu'on peut contacter la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Effectivement, c'est une question qu'on nous pose aussi, Jennifer. Et oui, on peut contacter, presque on veut dire on doit, en tout cas c'est bien de contacter son service de santé au travail quand on est un salarié, qu'on est en arrêt maladie, que ce soit d'ailleurs pour des questions de santé physique ou des questions de risques psychosociaux, de santé mentale. Alors, c'est même formalisé dans le Code du travail sous la possibilité de faire ce qu'on appelle une visite de pré-reprise. Donc un salarié qui est en arrêt maladie peut appeler son service de santé au travail et singulièrement son médecin du travail. Il peut être reçu par le médecin du travail en visite médicale. L'intérêt, bien évidemment, c'est d'anticiper le plus possible la reprise du travail, en discutant justement des difficultés qui sont présentes au travail, des freins, mais aussi des leviers qui vont être à mobiliser pour reprendre le travail. Je donne un exemple concret, ça peut être par exemple la mise en place de temps partiel thérapeutique, qui peut être un levier très intéressant pour reprendre, notamment quand on a eu un arrêt maladie long. C'est vrai que de reprendre temps plein, ça peut paraître un peu compliqué et difficile. Donc ça, c'est vraiment important de bien l'avoir en tête. et ce qu'on constate aussi c'est que plus l'arrêt maladie est long, plus la reprise va être compliquée. Donc mon conseil, c'est de ne pas hésiter à contacter le plus précocement possible son médecin du travail et son service de santé au travail pour échanger sur la reprise du travail. Et ça, c'est vraiment très positif parce que le médecin du travail, lui aussi, va pouvoir aller voir l'employeur et discuter des aménagements qui sont possibles ou pas. Donc il y a vraiment une prise en compte très intéressante et en tout cas la plus précoce possible qui doit avoir lieu.

  • Speaker #0

    Alors, poursuivons notre plongée dans la santé au travail. Aujourd'hui, comment on peut construire un futur du travail plus sain ? Première question que j'ai envie de vous poser, Hervé et Alice, quelles sont les bonnes pratiques que vous aimeriez voir généralisées ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question en ce qui concerne les employeurs. Employeurs, allez vous rendre visite au service de santé au travail, rencontrez votre médecin du travail, il faut connaître l'offre d'accompagnement, il faut On n'est pas en mesure de tout connaître quand on dirige sa propre affaire et il faut s'appuyer sur le service de santé au travail pour connaître les possibilités d'amélioration des conditions de travail, ce qui se fait pour assurer les bonnes pratiques. Ça me semble très important d'être proactif, il vaut mieux aller voir son service de santé au travail quand tout va bien, pour faire la fiche entreprise, pour vérifier comment ça se passe, pour faire connaissance avec les services de santé au travail plutôt que d'y aller dans l'urgence.

  • Speaker #2

    Pour que ce soit possible, il y a vraiment quelque chose qui me tient à cœur, c'est que les questions de santé, sécurité au travail soient véritablement intégrées dans les cursus de formation initiaux. On sait que ce n'est pas vraiment le cas, ou en tout cas ça pourrait l'être davantage. Il commence à y avoir quelques universités, quelques programmes, je pense notamment au Master RH sur Paris-Assas. Mais ce qui serait intéressant, en tout cas, ce serait véritablement qu'on puisse l'intégrer même encore plus tôt, peut-être au lycée, peut-être au collège. Parce que si on connaît bien les questions de santé et sécurité, ça veut dire que ce sont les futurs managers de demain, les futurs directeurs d'établissement qui vont être sensibilisés. Et puis, ce sont les futurs salariés. On sait aussi que le premier acteur de la santé et de la sécurité du salarié, c'est lui-même, c'est soi-même. Donc, c'est vraiment important de sensibiliser, à mon sens, le plus tôt possible dans le cursus de formation initial.

  • Speaker #0

    Du coup, quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes salariés, aux managers débutants et aux RH débordés ?

  • Speaker #1

    Alors, je recommande aux jeunes salariés d'être forts comme ils le sont tous, mais de ne pas oublier qu'ils ont un capital à préserver. Donc, il faut faire attention. Il faut faire attention à ses gestes, à ses postures, à la qualité, à la quantité de son sommeil. Il faut s'assurer du temps de déconnexion. Ça me semble important. Je pense que les jeunes aujourd'hui ont tendance à regarder beaucoup plus qu'avant les conditions de travail. et c'est une bonne chose. Au manager débutant de... Prendre le temps également de déconnecter, évidemment, et de communiquer avec ceux qui sont au-dessus et à la fois avec les gens avec lesquels ils collaborent. Ça me semble très important parce qu'on peut être un peu tiraillé de temps en temps et au RH débordé, aller dormir.

  • Speaker #0

    Je prends le conseil pour moi personnellement. Merci Alice. Question tabou pour le coup. Quel est, selon vous, le plus grand tabou en matière de santé au travail aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Alors c'est un tabou, on en a parlé, mais qui à mon sens commence à être quand même vraiment levé, c'est vraiment le tabou de la santé mentale en entreprise. Historiquement, ce qu'on constatait quand on parlait santé mentale en entreprise, c'est que c'était perçu comme en fait un sujet individuel. C'est-à-dire qu'il y aurait des salariés qui auraient une sorte de fragilité et qui du coup seraient plus susceptibles d'être victimes de problèmes de santé mentale. On sait que c'est quand même pas vraiment comme ça qu'il faut aborder cette question, mais plutôt, encore une fois, sous un angle positif. c'est-à-dire que l'amélioration des conditions de travail peut amener à avoir une santé mentale qui est bien améliorée. Et donc je pense que ça, ce passage d'une vision très individuelle d'une personne qui aurait des fragilités, des difficultés même autres, à quelque chose de beaucoup plus collectif et surtout une vision positive de la santé mentale qui n'est pas juste quelque chose de l'ordre du problème mais qui peut être encore une fois un levier au sein des entreprises pour booster la créativité, l'énergie de manière plus globale dans les entreprises. Ça, c'est vraiment quelque chose qui est en train de se transformer, qui va continuer, peut-être pas encore totalement transformé, mais à mon avis, c'était le tabou le plus important de ces dernières années.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de notre échange et je vais vous poser la question signature du podcast. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

  • Speaker #2

    Oui, Jennifer, c'est vrai qu'on a pas mal parlé de la santé au travail telle qu'elle était actuellement et puis les évolutions par rapport au passé. Peut-être qu'il faut qu'on prenne quelques instants, qu'on fasse un pas de côté, qu'on se projette dans le futur. Et si on regarde en termes d'évolution démographique en France, un des chiffres que j'ai retrouvés, c'est qu'en 2050, donc c'est presque demain, on aura 27% de la population française qui aura plus de 65 ans. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en termes d'impact entre maintenant et d'ici 25-30 ans, on va vraiment avoir davantage de personnes qui vont être seniors dans le monde du travail. Ça veut dire que c'est une évolution qu'il faut qu'on anticipe dès maintenant. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on travaille sur ce qu'on appelle l'usure professionnelle prématurée. On sait que là, on a échangé sur le fait d'avoir des bonnes conditions de travail pour limiter l'impact sur les organismes. mais on n'a pas parlé de la santé publique. L'approche qu'on a maintenant, c'est vraiment une approche de santé globale, une approche One Health, qui vise à prendre en compte à la fois les impacts du travail sur la santé, mais aussi les impacts des maladies chroniques. Et si je prends un exemple, c'est très bien dans une entreprise d'aménager les conditions de travail, mais si par exemple les personnes fument, ne prennent pas garde de leur taux de cholestérol qui peut être élevé, elles risquent de faire un événement cardiovasculaire à 50-55 ans avec potentiellement des séquelles. Donc c'est important. Et moi, ma vision pour le futur, mais qu'il faut préparer maintenant, c'est que l'entreprise pourrait être aussi un lieu, finalement, de prise en compte de cette santé globale, pourrait favoriser du dépistage de maladies chroniques. Et ça, à mon avis, c'est une évolution très importante et que j'appelle de mes voeux. Alors, il se trouve que chez Efficience, on a vraiment cette vision. On propose un programme de prévention santé publique aussi pour aider sur la sensibilisation sur le cancer du sein, sur la prise en compte de consommation d'alcool, sur Toutes ces thématiques, ça rencontre beaucoup de succès et je pense que c'est quelque chose qui pourrait être en tout cas généralisé et davantage saisi par les entreprises.

  • Speaker #0

    Donc en conclusion, quel message fort vous souhaiteriez partager à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'il est important à la fois en tant que salarié et d'employeur d'aller voir son service de santé au travail. Je pense en premier aux salariés qui peuvent ressentir des difficultés au travail comme en dehors du travail. mais... au travail pour un accompagnement, pour la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés, par exemple. Souvent, les salariés ignorent cette possibilité-là. Le médecin peut effectivement expliquer que c'est un statut qui permet un maintien dans l'emploi, des conditions de travail optimales et de préparer l'avenir. Donc, ça me semble important de pouvoir sentir la liberté, de pouvoir évoquer tous les sujets en relation avec sa santé sans avoir... peur d'en parler aux docteurs. Ce que j'entends par là, c'est que les services de santé au travail ont effectivement ce devoir de confidentialité et que l'employeur ne sera pas forcément tenu au courant. En tout cas, ça peut dénouer certaines situations difficiles. Et les employeurs, encore une fois, c'est important d'aller voir un service de santé au travail pour avoir des informations complémentaires, pour connaître l'accompagnement et savoir comment ils peuvent accompagner les salariés de manière optimale.

  • Speaker #2

    Oui, moi, je suis complètement en phase avec ce que vient de dire Alice. Je pense qu'il faut vraiment le... Pour moi, la conclusion, c'est de se dire que la santé au travail, ce n'est pas un coût, mais c'est un investissement, on l'a dit. Une fois qu'on a dit ça, ça veut dire, en fait, anticiper. Il faut, quand on est un salarié et qu'on a une difficulté de santé, anticiper le plus possible. Et donc, comme ça vient d'être dit, ne pas hésiter à consulter son service de santé au travail pour parler de manière confidentielle des difficultés. Si on est en arrêt maladie, on l'a dit, on peut consulter aussi son service de santé au travail. Donc, il faut le faire en anticipation. Si on est un employeur, il faut anticiper le plus possible, c'est-à-dire sur les conditions de travail, les évaluer et mettre en place un plan d'action pour améliorer le plus possible les choses, notamment en termes de santé mentale, mais pas que, également en termes de santé physique. Et puis, si je veux rester sur mon anticiper encore, encore une fois, anticiper les évolutions démographiques, anticiper les problèmes de santé hors santé au travail qui pourraient intervenir, en favorisant là aussi des programmes de sensibilisation en entreprise, d'information. Et une fois qu'on a ces trois piliers, normalement, on devrait être tranquilles tous collectivement par rapport à ces questions.

  • Speaker #0

    Super. Donc, on a une super feuille de route pour la suite. Hervé, Alice, merci beaucoup pour vos témoignages. J'étais ravie de vous accueillir dans le podcast. Vous avez partagé avec beaucoup d'authenticité et de bienveillance sur un sujet qui est souvent tabou. Donc, merci à vous. Je suis sûre que nos auditeurs... repartiront avec plein de clés pour rester en santé et en emploi. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Jennifer, pour cet accueil. Et merci, Hervé, également pour ta collaboration.

  • Speaker #2

    Merci. Merci de votre intérêt pour la santé au travail. Merci, Alice.

  • Speaker #0

    Merci à vous d'avoir écouté cet épisode de notre podcast. Pour rester informé sur nos prochains épisodes et bénéficier de contenus exclusifs, inscrivez-vous à notre newsletter. De plus, votre soutien est crucial. Laissez-nous un avis positif sur votre plateforme d'écoute préférée pour nous aider à toucher davantage de personnes. Ensemble, agissons pour un monde professionnel plus sain et plus épanouissant. Merci.

Description

On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est beaucoup plus large : prévention, accompagnement, maintien en emploi, santé mentale, coopération avec les managers et les RH.


Dans cet épisode de « Café sans filtre avec ton RH », on ouvre les portes de la santé au travail avec deux regards complémentaires :

  • Alice Belfair, directrice de l’hôtel Baudelaire Opéra à Paris, engagée depuis plus de 15 ans pour une performance qui passe par l’humain et l’inclusion, notamment autour du handicap.

  • Dr Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail, un service de santé au travail qui suit 280 000 salariés en Île-de-France avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, ergonomes, psychologues, assistantes sociales…).


Au programme de cet épisode :

  • Ce que recouvre vraiment la santé au travail aujourd’hui, bien au-delà de la visite d’embauche.

  • Comment les services de santé au travail peuvent devenir de vrais partenaires stratégiques des employeurs, des RH et des managers.

  • Des exemples concrets de maintien dans l’emploi, d’aménagement de postes et d’amélioration des conditions de travail.

  • Les signaux faibles à repérer pour prévenir le burn-out et les risques psychosociaux plutôt que subir les arrêts longs.

  • Les marges de manœuvre réelles des entreprises et des salariés, y compris pendant un arrêt maladie (visite de pré-reprise, échanges confidentiels avec le médecin du travail…).

  • Pourquoi la santé au travail n’est pas un coût mais un investissement, avec un retour mesuré sur la prévention des RPS.

  • Comment préparer le futur du travail : vieillissement de la population active, santé globale, prévention des maladies chroniques, nouvelles attentes des jeunes générations.


Que vous soyez salarié, manager, dirigeant ou RH débordé, cet épisode vous donne des clés très concrètes pour :

  • mieux comprendre le rôle des services de santé au travail ;

  • oser les solliciter au bon moment ;

  • construire des environnements de travail plus sains, plus durables et plus performants.


☕ Installez-vous avec un café, on parle tabous, prévention, burn-out, maintien en emploi et coopération intelligente entre entreprises et services de santé au travail – sans langue de bois, avec des exemples terrain et une vision résolument tournée vers l’avenir.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est bien plus large. Prévention, accompagnement et maintien en emploi. Des missions essentielles, mais encore trop méconnues. D'après une étude IFOP de 2023, près d'un salarié sur deux reconnaît mal connaître ce que fait réellement la médecine du travail. Et c'est exactement l'enjeu du café sans filtre avec ton RH. Ouvrir des discussions sans détour, où collaborateurs, managers et directions peuvent enfin poser les vrais mots sur ce qui se vit au quotidien et surtout, identifier des actions concrètes pour avancer. Aujourd'hui, ce sont deux regards complémentaires qui vont nous accompagner dans cette réflexion. Tout d'abord, avec Alice Belfair, directrice de l'hôtel Baudelaire Opéra depuis plus de 15 ans. Convaincue que la performance passe par l'humain, elle a fait du bien-être au travail et de l'inclusion, notamment autour du handicap, des axes forts de sa pratique managériale. Et nous accueillons également le docteur Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail. Il nous éclaire sur la richesse des métiers qui entourent la médecine du travail, leurs missions concrètes et les... clés d'une coopération efficace avec ces services. C'est donc deux voies, l'une issue du terrain managérial, l'autre du monde médical, qui se croisent et se complètent pour tracer une voie vers une médecine du travail à la fois à l'écoute de la santé des salariés et actrice de prévention. Alors j'espère que vous avez votre tasse de café bien chaude à vos côtés. L'interview commence maintenant. Bonjour Alice, bonjour Hervé, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Est-ce que vous pourriez vous présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde, je m'appelle Alice Belfair, je suis directrice d'hôtel, l'hôtel Baudelaire Opéra à Paris, et également administratrice à la GEPHIP, à la CPM, Service de Santé au Travail. Je dirige une entreprise de 12 salariés, dont 40% de travailleurs handicapés, et c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Alice, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui... tu occupes ce poste, qu'est-ce qui t'anime au quotidien dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime au quotidien, c'est l'idée qu'on peut aller au travail et être heureux, qu'on peut aller au travail et ne pas souffrir, qu'on peut aller au travail en faisant du bien autour de soi et que ce soit pour l'accueil que j'ai avec les clients ou le reste de l'équipe et entre nous.

  • Speaker #0

    Très inspirant, merci beaucoup. Hervé ?

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, je suis Hervé Baudeloc, je suis médecin du travail de formation. Et je travaille actuellement à Efficience Santé au Travail, qui est un service de santé qui suit 280 000 personnes sur l'ensemble de l'île de France. Et pour remplir cette mission, nous sommes 77 médecins et un petit peu moins d'une quarantaine d'infirmiers. Et donc, je suis très content qu'on puisse échanger tous les trois sur cette question de santé au travail.

  • Speaker #0

    Hervé, même question. Pourquoi avoir choisi d'exercer dans la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Alors moi, je voulais exercer dans une activité qui se concentre sur la prévention, c'est-à-dire peut-être pas être dans le curatif. Et la santé au travail, en ce sens-là, est vraiment quelque chose de très positif, puisqu'on a l'ambition d'agir avant que les problèmes de santé n'arrivent. Et en plus, je pense qu'on est une plus-value également pour la performance en entreprise. Et donc, on voit comment on peut allier à la fois le bien-être, comme le citait Alice, des collaborateurs quand ils viennent travailler tous les matins, et aussi la performance de l'entreprise à terme.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Maintenant qu'on se connaît, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. La médecine du travail est souvent une médecine méconnue. Hervé, pourquoi le médecin du travail est souvent perçu comme la médecine de la visite d'embauche ?

  • Speaker #2

    Tu as raison de le souligner, Jennifer. Et moi, ce que je voulais dire, c'est qu'en fait, ça fait une dizaine d'années maintenant que la médecine du travail a été transformée. Elle n'existe quasiment plus. Elle a été remplacée par la santé au travail. Alors cette transformation, qu'est-ce qu'elle implique ? Ça veut dire qu'en fait, le médecin du travail n'est plus seul pour gérer l'ensemble des situations qui se présentent à lui, mais il est entouré d'une équipe pluridisciplinaire. Donc, il travaille en collaboration avec des infirmières. avec des ergonomes, avec des psychologues, des assistantes sociales. Donc il y a toute une équipe qui vient prendre en charge des situations. Et ça, c'est important parce que souvent, on voit surtout le médecin du travail et la visite, notamment la visite d'embauche. Mais il faut savoir que pour répondre à l'ensemble des situations, notamment pour les personnes qui sont en arrêt maladie prolongée, on a besoin de toutes ces compétences au service justement de la personne et de l'entreprise par la suite.

  • Speaker #0

    Hervé, du coup, quels sont les rôles méconnus que vous jouez dans l'entreprise ?

  • Speaker #2

    En lien avec ce que je viens de dire sur la transformation de la médecine du travail en santé au travail, c'est vrai qu'on a des grandes capacités d'action dans les entreprises. Notamment, on a des ergonomes qui peuvent venir évaluer les conditions physiques de travail. On a des psychologues du travail qui peuvent venir aussi interroger les conditions organisationnelles pour pouvoir les améliorer, bien sûr, à chaque fois. On a notamment aussi des assistantes sociales qui, elles, vont pouvoir aider les salariés par rapport à toutes leurs problématiques, et je pense notamment aux problématiques d'indemnité journalière. On a également des experts, je pense à une toxicologue chez nous, chez Efficience Santé au Travail. Donc c'est vraiment à la fois le suivi de l'état de santé des salariés, des collaborateurs, mais aussi l'évaluation en entreprise des risques professionnels. Et là, on est vraiment dans le conseil à l'entreprise. Donc c'est vraiment ce triptyque médecin et en tout cas service de santé au travail, employeur et employé qui est important de bien prendre en compte.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, on se rend compte que ce sont différentes expertises qui se réunissent pour accompagner la santé au travail. Alice, Hervé, est-ce que vous avez des exemples de prévention réussie grâce à vos constats directement sur le terrain ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en ce qui concerne mon hôtel, on a eu le cas du premier maintien dans l'emploi. On a donc fait appel à Efficience pour avoir leur avis et également avec l'ergonome. pour voir ce qui pouvait être fait pour améliorer les conditions de travail et éviter la maladie au travail. Donc effectivement, à ce moment-là, on a eu une très étroite collaboration.

  • Speaker #0

    C'était sur quel poste exactement ?

  • Speaker #1

    C'était sur un poste de personnel d'étage, une femme de chambre et valet de chambre. Donc cet aménagement a nécessité la pose de l'avelis, de robots nettoyeurs, de cales ergonomiques. de fixer sa couette, de revoir la manière de travailler. Et notre salarié avait du mal à se baisser. Donc on a tout mis à portée de main, on a refait toute la cuisine, on a rééquipé ce qui concernait la machine à café pour éviter les TMS, les troubles musculosquelétiques au niveau des épaules. Donc tout a été revu. Et on s'est rendu compte qu'une fois, quand ce salarié était en vacances, tout le monde se battait pour avoir son poste, parce qu'il était beaucoup plus confortable. Donc on a décidé d'étendre l'amélioration. tous les postes. Donc ça a commencé à un niveau individuel et c'est passé au collectif. Et ça, ça a été possible grâce au concours de l'ergonome qui était venu voir quels étaient les sujets à améliorer pour cette salariée spécifiquement. Et évidemment, ce qui aide les personnes en situation de handicap, aide le collectif.

  • Speaker #2

    Alors là, c'est vraiment important ce que dit Alice, le souligner. En fait, finalement, c'est vraiment une relation de co-construction avec l'employeur. avec l'ergonome dans cette situation qui s'est rendue dans l'établissement d'Alice. Et puis après aussi, l'important c'est de souligner que ce n'est pas un accompagnement one-shot. Il y a vraiment derrière dans la durée l'évaluation de ce qui a été mis en place avec l'entreprise. Donc on est vraiment dans une co-construction, c'est ça qui est très intéressant aussi en santé au travail, avec l'employeur, le salarié et puis bien sûr l'ensemble des experts du service de santé au travail.

  • Speaker #1

    Cette collaboration continue. je pense que ça a réveillé les esprits sur le fait que tout était toujours améliorable. Donc on reste à l'appui de nouvelles solutions. Ça a éveillé l'intérêt chez mes salariés. Par exemple, on va chez Preventica. On aime bien aller au salon. On aime bien voir ce qui se fait. On aime bien se tenir au courant. Souvent, quand j'ai des fournisseurs en équipement qui passent, on leur demande conjointement ce qui se fait. Et je continue de faire appel au service de santé au travail. aux médecins et aux psychologues. Et il y a l'assistante sociale aussi qui peut m'aider sur des points particuliers. Donc, c'est vraiment le concours de tous ces différents éléments, de toutes ces différentes personnes qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Donc, un vrai travail d'équipe, que ce soit en interne ou en collaboration avec des appuis externes comme Efficience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Autre question qui me brûle les lèvres à tous les deux, encore une fois. Quelle est votre relation avec les RH, les salariés et les managers ?

  • Speaker #2

    Nous, en tant que service de santé au travail et en tant que médecin du travail, ce qui me semble important de dire, c'est qu'on est soumis au secret médical. Parce que c'est vrai qu'on a parfois cette question qui nous est posée ou cette perception de la part des salariés ou de l'entreprise. Donc, qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ? Ça veut dire qu'on ne peut pas donner d'informations médicales qu'on aurait obtenues de la part du salarié à son employeur, à ses collègues, à personne dans l'entreprise. Donc, ça, c'est vraiment important de le dire parce que c'est vraiment l'élément fondamental sur lequel va reposer la confiance. Et si on n'a pas la confiance, c'est ce qu'on vient de dire, pour travailler tous ensemble, c'est compliqué. Notre relation avec les salariés est basée sur ce secret médical. Et avec les RH, les managers, elle est basée sur l'intérêt commun qu'a l'entreprise à ce que les collaborateurs soient en bonne santé. C'est-à-dire qu'on est là pour travailler, comme je l'avais dit, en co-construction. L'objectif, c'est quand même que les salariés puissent rester au travail dans les meilleures conditions possibles. Donc pour eux, en termes de maladie, d'avoir moins de douleurs, de se sentir bien en termes de risques psychosociaux. Et pour l'entreprise, ça permet d'avoir un travail qui est effectué de qualité, sans arrêt maladie, sans difficulté pour l'entreprise. Et souvent, on s'aperçoit quelque chose, moi j'ai vu ça dans des industries qui n'étaient pas de l'ordre du service, mais de la production manufacturière, quand on améliore les conditions de travail, on améliore vraiment, rapidement, la qualité du produit qui est délivré. Et on comprend facilement, quelqu'un qui a mal au dos, aux épaules, il va faire son job de manière un peu minimaliste et on peut le concevoir. Alors que quand la personne est bien, elle va être quand même beaucoup plus concentrée sur la qualité du produit fini. Donc c'est vraiment un deal gagnant-gagnant, pour essayer de parler le plus français possible, entre le service de santé au travail, encore une fois, l'entreprise et les collaborateurs.

  • Speaker #0

    On a une vision très claire de la santé au travail grâce à vos deux témoignages. Moi, ce que je retiens, c'est l'aspect confidentialité. Souvent, il y a une vraie peur chez les salariés de dévoiler un petit peu leurs difficultés de santé. Donc là, on a bien l'information que toutes les informations échangées sont confidentielles. C'est un beau mot de la fin pour cette vision plus claire de ce qu'est la santé au travail. maintenant on va rentrer dans un sujet qui nous anime tous ou qui nous a touchés tous d'une façon ou d'une autre, à savoir la santé mentale, le burn-out et les risques psychosociaux. Avant de poursuivre notre discussion avec notre invité, j'aimerais prendre un moment pour vous adresser un message très spécial. Si vous aimez ce que vous entendez jusqu'à présent et que vous trouvez notre podcast Café sans filtre avec ton RH informatif et enrichissant, je vous serai extrêmement reconnaissante si vous preniez quelques instants pour nous soutenir. Il vous suffit de partager ce podcast avec vos amis, collègues et proches qui pourraient également bénéficier de cette conversation sans tabou. Votre soutien nous aide à toucher davantage de personnes et à continuer à produire du contenu de qualité. Vous pouvez aussi nous laisser une évaluation positive avec 5 étoiles sur la plateforme de podcast de votre choix. Cela nous aide énormément à mieux être référencés et à atteindre de nouveaux auditeurs passionnés comme vous. Merci infiniment pour votre soutien.

  • Speaker #1

    L'interview continue.

  • Speaker #0

    J'attaque avec une question qui va mettre vraiment les pieds dans le plat. Le monde du travail peut-il rendre malade, selon vous, Alice et Hervé ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question, Jennifer. Je dirais que le monde du travail, lorsque les conditions de travail sont délétères, oui. Maintenant, comment on peut identifier quelles sont les conditions de travail qui vont rendre les personnes malades ? Il y a des choses quand même très scientifiques, en tout cas universitaires, et notamment... Ce vers quoi je voudrais orienter, c'est ce qu'on appelle le rapport Golak, qui est un rapport assez connu dans le monde de la santé au travail, qui a été établi il y a plusieurs années, mais en tout cas qui fait encore foi. Et ce rapport Golak vient identifier six dimensions qui vont faire que les personnes vont se sentir bien, ou alors au contraire, ça pourra créer ce qu'on appelle des risques psychosociaux. Je ne vais pas citer les six, mais il y a par exemple la charge de travail, il y a les relations sociales dans le travail, il y a l'insécurité dans le travail. Et en fait, ça, c'est un screening qu'il est important de faire, que chaque entreprise devrait faire et doit faire, puisque ça fait partie de l'évaluation des risques professionnels aussi. Mais en tout cas, chaque entreprise doit se, au-delà de cet aspect réglementaire, chaque entreprise doit se questionner là-dessus, sur ces six dimensions, et voir à quel point elles peuvent être, si elles sont mal maîtrisées, délétères pour les salariés, ou au contraire, si ces dimensions sont bien maîtrisées, ça peut être un levier positif pour la santé mentale des collaborateurs. Donc, c'est vraiment les deux faces d'une même pièce. à la fois le travail peut bien sûr rendre malade quand vraiment les choses sont mal gérées. Mais ça peut être aussi, comme le souligne d'ailleurs Alice en introduction, un levier de développement personnel. Donc c'est vraiment important d'apporter de la nuance, en tout cas, sur les relations entre monde du travail et risques psychosociaux, en tout cas santé mentale au sens large du terme.

  • Speaker #1

    Il peut rendre malade, oui, il peut et il ne devrait jamais rendre malade. Maintenant, je pense qu'il y a effectivement tout ce qui est des conditions de travail qui sont importantes et évidemment, mais vraiment la communication entre les... les dirigeants, les managers, les salariés, enfin bref, les réunions et la communication entre toutes les différentes parties travaillantes dans la structure. Et avec de la communication, honnêtement, on s'en sort plutôt bien. On s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui aimaient bien travailler le matin et des gens qui aimaient bien travailler l'après-midi. et moi je fais partie de celles qui aiment bien travailler à 4h du matin c'est mon heure donc généralement vers 14h j'ai terminé ma journée ou 13h j'ai terminé ma journée il y en a d'autres qui aiment bien émerger à 14h avec encore les traces d'oreillers sur la figure ceux-là travaillent l'après-midi et ça c'est des choses qu'on peut mettre en place en communiquant et en en parlant de manière informelle nous on fait des sortes de rendez-vous informels tout le temps on se croise à la machine à café, et c'est sans jeu de mots, pour discuter de ce qui peut aller, ce qui peut changer. Et rien que le fait de ramener une discussion sérieuse à un niveau de détente nous permet d'améliorer les choses et j'espère, nous permet et nous permettra d'éviter des RPS à l'avenir. Mais c'est vrai qu'il faut toujours vérifier que les gens vont bien. s'il commence à moins travailler, s'il commence à fatiguer, s'il commence à perdre de l'intérêt. La qualité du travail s'en ressent, mais également physiquement, ça se voit en fait, ou on le ressent et il ne faut pas laisser passer en se disant que ça va passer tout seul. Je pense que la grande différence aujourd'hui, c'est qu'on ne laisse plus passer ces signaux sans en faire quelque chose. En tout cas, je pense qu'il ne faut pas et c'est ce qui permet d'éviter les RPS.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Alice, pour ton partage. Je trouve que ce que tu mets en place dans ta structure est hyper intéressant. Et cette flexibilité, c'est parfois ce qui manque dans les organisations, parfois par manque de confiance, parce que c'est difficile de se livrer dans un environnement où on ne sait pas comment ce qu'on va partager va être reçu. Mais le fait de pouvoir le faire et de donner l'exemple que ça fonctionne dans ta structure, c'est super inspirant. Est-ce qu'il y a une marge de manœuvre face à des situations qui sont vraiment critiques sur les questions de santé mentale au travail ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je pense qu'en fait, quand on parle de marge de manœuvre, probablement une des premières étapes, c'est quand même de faire prendre conscience à l'entreprise qu'il y a une difficulté. Ça a l'air simple dit comme ça, mais il y a quand même parfois dans certaines entreprises un peu de déni sur la situation de santé mentale collective d'un certain nombre de collaborateurs. Et notre rôle, nous, au service de santé au travail, c'est de faire prendre conscience qu'il y a une difficulté. Comment on le fait ? Il y a différents signaux possibles. Il y a à la fois des signaux RH, d'absentéisme, de difficulté de recrutement. Il y a des signaux plus médicaux, avec un nombre de visites à la demande des salariés qui augmente, avec des plaintes qui peuvent être des plaintes physiques ou des plaintes psychologiques, problèmes de sommeil, etc., qui émergent en visite médicale. Donc ça, c'est important, dans une première étape, de faire comprendre à l'entreprise et aux dirigeants qu'il y a une difficulté. La deuxième chose, c'est qu'une fois que cette compréhension est partagée, bien sûr, il faut un sponsorship très fort. Si le top management de l'entreprise ou le dirigeant de l'entreprise n'y croit pas ou ne veut pas ou n'a pas le temps, etc., en tout cas, s'il ne met pas d'énergie, ça ne fonctionnera pas parce qu'en dessous, l'ensemble des collaborateurs et des managers intermédiaires ne s'engageront pas dans cette voie-là. Il y a des marges de manœuvre, mais c'est important quand même d'avoir ces prérequis. Ce qu'il faut dire, c'est qu'effectivement, quand on pense marge de manœuvre, ça veut dire est-ce que... Je suis en capacité d'apporter des améliorations par rapport à ces situations. Et là, si on veut rester sur un point de vue très macro, il y a une étude qui est intéressante de l'Agence européenne de santé et sécurité qui montre que lorsque l'on investit 1 euro dans la prévention des risques psychosociaux, le retour sur investissement, il est de 13 euros. Donc il y a un vrai intérêt et il y a des vraies marges de manœuvre possibles en termes d'investissement quand il y a des difficultés ou même avant qu'il y ait trop de difficultés sur les risques psychosociaux. Donc ça, c'est important pour nous, les services de santé au travail, de faire... comprendre ça et d'avoir même une compréhension partagée de ces enjeux auprès des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis Hervé parce qu'effectivement on voit la santé au travail comme un coût alors qu'il devrait être vu comme un investissement et le chiffre, moi je ne l'avais pas, donc 1 euro investi avec un ROI de 13 euros. Ça permet vraiment de se rendre compte que c'est important et qu'on a, en fait, il faut choisir ses problèmes. À quel montant s'élèvent les problèmes qu'on souhaite dépasser ? Du coup, est-ce qu'il y a des signes avant-coureurs d'un mal-être que les RH ou les managers devraient savoir repérer dans leur quotidien ?

  • Speaker #2

    Oui, alors ça, c'est la bonne nouvelle. C'est qu'on n'est pas sans solution par rapport à ça. Et effectivement, il faut essayer d'intervenir le plus rapidement possible. Alors, les signes avant-coureurs, j'en parlais un tout petit peu avant. Il y a d'abord un faisceau d'indicateurs RH. Donc, on a dit, il y a l'absentéisme. taux de turnover, difficultés de recrutement. Donc ça, les RH suivent bien ce type d'indicateur. Et alors, pas de manière isolée, mais pris concomitamment avec d'autres indicateurs, ça peut être un signe avant-coureur de mal-être et de ce qu'on a appelé risques psychosociaux RPS. L'autre indicateur, c'est vraiment l'indicateur médical. Et là encore, je reviens à l'intérêt fondamental d'être dans la co-construction et en tout cas le partage et l'échange avec son service de santé au travail. C'est les plaintes. Et là, encore une fois, c'est dit de manière collective et anonyme. les plaintes qui peuvent être remontées par les collaborateurs. Si vous avez 80% des gens qui se plaignent de troubles du sommeil, de stress, d'anxiété, il y a peut-être un facteur professionnel quand même à les questionner. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est vraiment un faisceau de plusieurs indicateurs. C'est important d'avoir peut-être une forme de dashboard pour les entreprises d'une certaine taille quand même, pour poursuivre ça de manière régulière, pour ne pas que ce soit un sujet qui passe sous le tapis. Et puis après, il y a aussi tout le travail de proximité. Je pense au travail de proximité des managers, et ils sont un élément fondamental dans la prise en compte des risques psychosociaux, pour identifier, alors là de manière plus individuelle, un collaborateur qui va mal, un collaborateur qui était très participatif aux réunions, puis tout d'un coup qui ne dit plus grand-chose, un collaborateur qui arrive en retard alors que ce n'était pas le cas. En tout cas, le manager est en capacité, puisqu'il est au contact normalement quasi quotidiennement de ses collègues, enfin des gens qu'il manage. de voir une rupture avec l'état antérieur. C'est vraiment le mot clé. Et donc ça, pour ça, en tout cas, il faut que les managers soient formés. Ce n'est pas natif. Ils soient formés au repérage, ils soient formés à la détection des signaux faibles. C'est aussi un élément important dont peut-être on parlera tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Du coup, Hervé, il y a une question qu'on se pose souvent quand on est salarié et qu'on se trouve en arrêt maladie. Est-ce qu'on peut contacter la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Effectivement, c'est une question qu'on nous pose aussi, Jennifer. Et oui, on peut contacter, presque on veut dire on doit, en tout cas c'est bien de contacter son service de santé au travail quand on est un salarié, qu'on est en arrêt maladie, que ce soit d'ailleurs pour des questions de santé physique ou des questions de risques psychosociaux, de santé mentale. Alors, c'est même formalisé dans le Code du travail sous la possibilité de faire ce qu'on appelle une visite de pré-reprise. Donc un salarié qui est en arrêt maladie peut appeler son service de santé au travail et singulièrement son médecin du travail. Il peut être reçu par le médecin du travail en visite médicale. L'intérêt, bien évidemment, c'est d'anticiper le plus possible la reprise du travail, en discutant justement des difficultés qui sont présentes au travail, des freins, mais aussi des leviers qui vont être à mobiliser pour reprendre le travail. Je donne un exemple concret, ça peut être par exemple la mise en place de temps partiel thérapeutique, qui peut être un levier très intéressant pour reprendre, notamment quand on a eu un arrêt maladie long. C'est vrai que de reprendre temps plein, ça peut paraître un peu compliqué et difficile. Donc ça, c'est vraiment important de bien l'avoir en tête. et ce qu'on constate aussi c'est que plus l'arrêt maladie est long, plus la reprise va être compliquée. Donc mon conseil, c'est de ne pas hésiter à contacter le plus précocement possible son médecin du travail et son service de santé au travail pour échanger sur la reprise du travail. Et ça, c'est vraiment très positif parce que le médecin du travail, lui aussi, va pouvoir aller voir l'employeur et discuter des aménagements qui sont possibles ou pas. Donc il y a vraiment une prise en compte très intéressante et en tout cas la plus précoce possible qui doit avoir lieu.

  • Speaker #0

    Alors, poursuivons notre plongée dans la santé au travail. Aujourd'hui, comment on peut construire un futur du travail plus sain ? Première question que j'ai envie de vous poser, Hervé et Alice, quelles sont les bonnes pratiques que vous aimeriez voir généralisées ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question en ce qui concerne les employeurs. Employeurs, allez vous rendre visite au service de santé au travail, rencontrez votre médecin du travail, il faut connaître l'offre d'accompagnement, il faut On n'est pas en mesure de tout connaître quand on dirige sa propre affaire et il faut s'appuyer sur le service de santé au travail pour connaître les possibilités d'amélioration des conditions de travail, ce qui se fait pour assurer les bonnes pratiques. Ça me semble très important d'être proactif, il vaut mieux aller voir son service de santé au travail quand tout va bien, pour faire la fiche entreprise, pour vérifier comment ça se passe, pour faire connaissance avec les services de santé au travail plutôt que d'y aller dans l'urgence.

  • Speaker #2

    Pour que ce soit possible, il y a vraiment quelque chose qui me tient à cœur, c'est que les questions de santé, sécurité au travail soient véritablement intégrées dans les cursus de formation initiaux. On sait que ce n'est pas vraiment le cas, ou en tout cas ça pourrait l'être davantage. Il commence à y avoir quelques universités, quelques programmes, je pense notamment au Master RH sur Paris-Assas. Mais ce qui serait intéressant, en tout cas, ce serait véritablement qu'on puisse l'intégrer même encore plus tôt, peut-être au lycée, peut-être au collège. Parce que si on connaît bien les questions de santé et sécurité, ça veut dire que ce sont les futurs managers de demain, les futurs directeurs d'établissement qui vont être sensibilisés. Et puis, ce sont les futurs salariés. On sait aussi que le premier acteur de la santé et de la sécurité du salarié, c'est lui-même, c'est soi-même. Donc, c'est vraiment important de sensibiliser, à mon sens, le plus tôt possible dans le cursus de formation initial.

  • Speaker #0

    Du coup, quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes salariés, aux managers débutants et aux RH débordés ?

  • Speaker #1

    Alors, je recommande aux jeunes salariés d'être forts comme ils le sont tous, mais de ne pas oublier qu'ils ont un capital à préserver. Donc, il faut faire attention. Il faut faire attention à ses gestes, à ses postures, à la qualité, à la quantité de son sommeil. Il faut s'assurer du temps de déconnexion. Ça me semble important. Je pense que les jeunes aujourd'hui ont tendance à regarder beaucoup plus qu'avant les conditions de travail. et c'est une bonne chose. Au manager débutant de... Prendre le temps également de déconnecter, évidemment, et de communiquer avec ceux qui sont au-dessus et à la fois avec les gens avec lesquels ils collaborent. Ça me semble très important parce qu'on peut être un peu tiraillé de temps en temps et au RH débordé, aller dormir.

  • Speaker #0

    Je prends le conseil pour moi personnellement. Merci Alice. Question tabou pour le coup. Quel est, selon vous, le plus grand tabou en matière de santé au travail aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Alors c'est un tabou, on en a parlé, mais qui à mon sens commence à être quand même vraiment levé, c'est vraiment le tabou de la santé mentale en entreprise. Historiquement, ce qu'on constatait quand on parlait santé mentale en entreprise, c'est que c'était perçu comme en fait un sujet individuel. C'est-à-dire qu'il y aurait des salariés qui auraient une sorte de fragilité et qui du coup seraient plus susceptibles d'être victimes de problèmes de santé mentale. On sait que c'est quand même pas vraiment comme ça qu'il faut aborder cette question, mais plutôt, encore une fois, sous un angle positif. c'est-à-dire que l'amélioration des conditions de travail peut amener à avoir une santé mentale qui est bien améliorée. Et donc je pense que ça, ce passage d'une vision très individuelle d'une personne qui aurait des fragilités, des difficultés même autres, à quelque chose de beaucoup plus collectif et surtout une vision positive de la santé mentale qui n'est pas juste quelque chose de l'ordre du problème mais qui peut être encore une fois un levier au sein des entreprises pour booster la créativité, l'énergie de manière plus globale dans les entreprises. Ça, c'est vraiment quelque chose qui est en train de se transformer, qui va continuer, peut-être pas encore totalement transformé, mais à mon avis, c'était le tabou le plus important de ces dernières années.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de notre échange et je vais vous poser la question signature du podcast. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

  • Speaker #2

    Oui, Jennifer, c'est vrai qu'on a pas mal parlé de la santé au travail telle qu'elle était actuellement et puis les évolutions par rapport au passé. Peut-être qu'il faut qu'on prenne quelques instants, qu'on fasse un pas de côté, qu'on se projette dans le futur. Et si on regarde en termes d'évolution démographique en France, un des chiffres que j'ai retrouvés, c'est qu'en 2050, donc c'est presque demain, on aura 27% de la population française qui aura plus de 65 ans. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en termes d'impact entre maintenant et d'ici 25-30 ans, on va vraiment avoir davantage de personnes qui vont être seniors dans le monde du travail. Ça veut dire que c'est une évolution qu'il faut qu'on anticipe dès maintenant. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on travaille sur ce qu'on appelle l'usure professionnelle prématurée. On sait que là, on a échangé sur le fait d'avoir des bonnes conditions de travail pour limiter l'impact sur les organismes. mais on n'a pas parlé de la santé publique. L'approche qu'on a maintenant, c'est vraiment une approche de santé globale, une approche One Health, qui vise à prendre en compte à la fois les impacts du travail sur la santé, mais aussi les impacts des maladies chroniques. Et si je prends un exemple, c'est très bien dans une entreprise d'aménager les conditions de travail, mais si par exemple les personnes fument, ne prennent pas garde de leur taux de cholestérol qui peut être élevé, elles risquent de faire un événement cardiovasculaire à 50-55 ans avec potentiellement des séquelles. Donc c'est important. Et moi, ma vision pour le futur, mais qu'il faut préparer maintenant, c'est que l'entreprise pourrait être aussi un lieu, finalement, de prise en compte de cette santé globale, pourrait favoriser du dépistage de maladies chroniques. Et ça, à mon avis, c'est une évolution très importante et que j'appelle de mes voeux. Alors, il se trouve que chez Efficience, on a vraiment cette vision. On propose un programme de prévention santé publique aussi pour aider sur la sensibilisation sur le cancer du sein, sur la prise en compte de consommation d'alcool, sur Toutes ces thématiques, ça rencontre beaucoup de succès et je pense que c'est quelque chose qui pourrait être en tout cas généralisé et davantage saisi par les entreprises.

  • Speaker #0

    Donc en conclusion, quel message fort vous souhaiteriez partager à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'il est important à la fois en tant que salarié et d'employeur d'aller voir son service de santé au travail. Je pense en premier aux salariés qui peuvent ressentir des difficultés au travail comme en dehors du travail. mais... au travail pour un accompagnement, pour la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés, par exemple. Souvent, les salariés ignorent cette possibilité-là. Le médecin peut effectivement expliquer que c'est un statut qui permet un maintien dans l'emploi, des conditions de travail optimales et de préparer l'avenir. Donc, ça me semble important de pouvoir sentir la liberté, de pouvoir évoquer tous les sujets en relation avec sa santé sans avoir... peur d'en parler aux docteurs. Ce que j'entends par là, c'est que les services de santé au travail ont effectivement ce devoir de confidentialité et que l'employeur ne sera pas forcément tenu au courant. En tout cas, ça peut dénouer certaines situations difficiles. Et les employeurs, encore une fois, c'est important d'aller voir un service de santé au travail pour avoir des informations complémentaires, pour connaître l'accompagnement et savoir comment ils peuvent accompagner les salariés de manière optimale.

  • Speaker #2

    Oui, moi, je suis complètement en phase avec ce que vient de dire Alice. Je pense qu'il faut vraiment le... Pour moi, la conclusion, c'est de se dire que la santé au travail, ce n'est pas un coût, mais c'est un investissement, on l'a dit. Une fois qu'on a dit ça, ça veut dire, en fait, anticiper. Il faut, quand on est un salarié et qu'on a une difficulté de santé, anticiper le plus possible. Et donc, comme ça vient d'être dit, ne pas hésiter à consulter son service de santé au travail pour parler de manière confidentielle des difficultés. Si on est en arrêt maladie, on l'a dit, on peut consulter aussi son service de santé au travail. Donc, il faut le faire en anticipation. Si on est un employeur, il faut anticiper le plus possible, c'est-à-dire sur les conditions de travail, les évaluer et mettre en place un plan d'action pour améliorer le plus possible les choses, notamment en termes de santé mentale, mais pas que, également en termes de santé physique. Et puis, si je veux rester sur mon anticiper encore, encore une fois, anticiper les évolutions démographiques, anticiper les problèmes de santé hors santé au travail qui pourraient intervenir, en favorisant là aussi des programmes de sensibilisation en entreprise, d'information. Et une fois qu'on a ces trois piliers, normalement, on devrait être tranquilles tous collectivement par rapport à ces questions.

  • Speaker #0

    Super. Donc, on a une super feuille de route pour la suite. Hervé, Alice, merci beaucoup pour vos témoignages. J'étais ravie de vous accueillir dans le podcast. Vous avez partagé avec beaucoup d'authenticité et de bienveillance sur un sujet qui est souvent tabou. Donc, merci à vous. Je suis sûre que nos auditeurs... repartiront avec plein de clés pour rester en santé et en emploi. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Jennifer, pour cet accueil. Et merci, Hervé, également pour ta collaboration.

  • Speaker #2

    Merci. Merci de votre intérêt pour la santé au travail. Merci, Alice.

  • Speaker #0

    Merci à vous d'avoir écouté cet épisode de notre podcast. Pour rester informé sur nos prochains épisodes et bénéficier de contenus exclusifs, inscrivez-vous à notre newsletter. De plus, votre soutien est crucial. Laissez-nous un avis positif sur votre plateforme d'écoute préférée pour nous aider à toucher davantage de personnes. Ensemble, agissons pour un monde professionnel plus sain et plus épanouissant. Merci.

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Description

On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est beaucoup plus large : prévention, accompagnement, maintien en emploi, santé mentale, coopération avec les managers et les RH.


Dans cet épisode de « Café sans filtre avec ton RH », on ouvre les portes de la santé au travail avec deux regards complémentaires :

  • Alice Belfair, directrice de l’hôtel Baudelaire Opéra à Paris, engagée depuis plus de 15 ans pour une performance qui passe par l’humain et l’inclusion, notamment autour du handicap.

  • Dr Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail, un service de santé au travail qui suit 280 000 salariés en Île-de-France avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, ergonomes, psychologues, assistantes sociales…).


Au programme de cet épisode :

  • Ce que recouvre vraiment la santé au travail aujourd’hui, bien au-delà de la visite d’embauche.

  • Comment les services de santé au travail peuvent devenir de vrais partenaires stratégiques des employeurs, des RH et des managers.

  • Des exemples concrets de maintien dans l’emploi, d’aménagement de postes et d’amélioration des conditions de travail.

  • Les signaux faibles à repérer pour prévenir le burn-out et les risques psychosociaux plutôt que subir les arrêts longs.

  • Les marges de manœuvre réelles des entreprises et des salariés, y compris pendant un arrêt maladie (visite de pré-reprise, échanges confidentiels avec le médecin du travail…).

  • Pourquoi la santé au travail n’est pas un coût mais un investissement, avec un retour mesuré sur la prévention des RPS.

  • Comment préparer le futur du travail : vieillissement de la population active, santé globale, prévention des maladies chroniques, nouvelles attentes des jeunes générations.


Que vous soyez salarié, manager, dirigeant ou RH débordé, cet épisode vous donne des clés très concrètes pour :

  • mieux comprendre le rôle des services de santé au travail ;

  • oser les solliciter au bon moment ;

  • construire des environnements de travail plus sains, plus durables et plus performants.


☕ Installez-vous avec un café, on parle tabous, prévention, burn-out, maintien en emploi et coopération intelligente entre entreprises et services de santé au travail – sans langue de bois, avec des exemples terrain et une vision résolument tournée vers l’avenir.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est bien plus large. Prévention, accompagnement et maintien en emploi. Des missions essentielles, mais encore trop méconnues. D'après une étude IFOP de 2023, près d'un salarié sur deux reconnaît mal connaître ce que fait réellement la médecine du travail. Et c'est exactement l'enjeu du café sans filtre avec ton RH. Ouvrir des discussions sans détour, où collaborateurs, managers et directions peuvent enfin poser les vrais mots sur ce qui se vit au quotidien et surtout, identifier des actions concrètes pour avancer. Aujourd'hui, ce sont deux regards complémentaires qui vont nous accompagner dans cette réflexion. Tout d'abord, avec Alice Belfair, directrice de l'hôtel Baudelaire Opéra depuis plus de 15 ans. Convaincue que la performance passe par l'humain, elle a fait du bien-être au travail et de l'inclusion, notamment autour du handicap, des axes forts de sa pratique managériale. Et nous accueillons également le docteur Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail. Il nous éclaire sur la richesse des métiers qui entourent la médecine du travail, leurs missions concrètes et les... clés d'une coopération efficace avec ces services. C'est donc deux voies, l'une issue du terrain managérial, l'autre du monde médical, qui se croisent et se complètent pour tracer une voie vers une médecine du travail à la fois à l'écoute de la santé des salariés et actrice de prévention. Alors j'espère que vous avez votre tasse de café bien chaude à vos côtés. L'interview commence maintenant. Bonjour Alice, bonjour Hervé, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Est-ce que vous pourriez vous présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde, je m'appelle Alice Belfair, je suis directrice d'hôtel, l'hôtel Baudelaire Opéra à Paris, et également administratrice à la GEPHIP, à la CPM, Service de Santé au Travail. Je dirige une entreprise de 12 salariés, dont 40% de travailleurs handicapés, et c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Alice, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui... tu occupes ce poste, qu'est-ce qui t'anime au quotidien dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime au quotidien, c'est l'idée qu'on peut aller au travail et être heureux, qu'on peut aller au travail et ne pas souffrir, qu'on peut aller au travail en faisant du bien autour de soi et que ce soit pour l'accueil que j'ai avec les clients ou le reste de l'équipe et entre nous.

  • Speaker #0

    Très inspirant, merci beaucoup. Hervé ?

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, je suis Hervé Baudeloc, je suis médecin du travail de formation. Et je travaille actuellement à Efficience Santé au Travail, qui est un service de santé qui suit 280 000 personnes sur l'ensemble de l'île de France. Et pour remplir cette mission, nous sommes 77 médecins et un petit peu moins d'une quarantaine d'infirmiers. Et donc, je suis très content qu'on puisse échanger tous les trois sur cette question de santé au travail.

  • Speaker #0

    Hervé, même question. Pourquoi avoir choisi d'exercer dans la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Alors moi, je voulais exercer dans une activité qui se concentre sur la prévention, c'est-à-dire peut-être pas être dans le curatif. Et la santé au travail, en ce sens-là, est vraiment quelque chose de très positif, puisqu'on a l'ambition d'agir avant que les problèmes de santé n'arrivent. Et en plus, je pense qu'on est une plus-value également pour la performance en entreprise. Et donc, on voit comment on peut allier à la fois le bien-être, comme le citait Alice, des collaborateurs quand ils viennent travailler tous les matins, et aussi la performance de l'entreprise à terme.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Maintenant qu'on se connaît, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. La médecine du travail est souvent une médecine méconnue. Hervé, pourquoi le médecin du travail est souvent perçu comme la médecine de la visite d'embauche ?

  • Speaker #2

    Tu as raison de le souligner, Jennifer. Et moi, ce que je voulais dire, c'est qu'en fait, ça fait une dizaine d'années maintenant que la médecine du travail a été transformée. Elle n'existe quasiment plus. Elle a été remplacée par la santé au travail. Alors cette transformation, qu'est-ce qu'elle implique ? Ça veut dire qu'en fait, le médecin du travail n'est plus seul pour gérer l'ensemble des situations qui se présentent à lui, mais il est entouré d'une équipe pluridisciplinaire. Donc, il travaille en collaboration avec des infirmières. avec des ergonomes, avec des psychologues, des assistantes sociales. Donc il y a toute une équipe qui vient prendre en charge des situations. Et ça, c'est important parce que souvent, on voit surtout le médecin du travail et la visite, notamment la visite d'embauche. Mais il faut savoir que pour répondre à l'ensemble des situations, notamment pour les personnes qui sont en arrêt maladie prolongée, on a besoin de toutes ces compétences au service justement de la personne et de l'entreprise par la suite.

  • Speaker #0

    Hervé, du coup, quels sont les rôles méconnus que vous jouez dans l'entreprise ?

  • Speaker #2

    En lien avec ce que je viens de dire sur la transformation de la médecine du travail en santé au travail, c'est vrai qu'on a des grandes capacités d'action dans les entreprises. Notamment, on a des ergonomes qui peuvent venir évaluer les conditions physiques de travail. On a des psychologues du travail qui peuvent venir aussi interroger les conditions organisationnelles pour pouvoir les améliorer, bien sûr, à chaque fois. On a notamment aussi des assistantes sociales qui, elles, vont pouvoir aider les salariés par rapport à toutes leurs problématiques, et je pense notamment aux problématiques d'indemnité journalière. On a également des experts, je pense à une toxicologue chez nous, chez Efficience Santé au Travail. Donc c'est vraiment à la fois le suivi de l'état de santé des salariés, des collaborateurs, mais aussi l'évaluation en entreprise des risques professionnels. Et là, on est vraiment dans le conseil à l'entreprise. Donc c'est vraiment ce triptyque médecin et en tout cas service de santé au travail, employeur et employé qui est important de bien prendre en compte.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, on se rend compte que ce sont différentes expertises qui se réunissent pour accompagner la santé au travail. Alice, Hervé, est-ce que vous avez des exemples de prévention réussie grâce à vos constats directement sur le terrain ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en ce qui concerne mon hôtel, on a eu le cas du premier maintien dans l'emploi. On a donc fait appel à Efficience pour avoir leur avis et également avec l'ergonome. pour voir ce qui pouvait être fait pour améliorer les conditions de travail et éviter la maladie au travail. Donc effectivement, à ce moment-là, on a eu une très étroite collaboration.

  • Speaker #0

    C'était sur quel poste exactement ?

  • Speaker #1

    C'était sur un poste de personnel d'étage, une femme de chambre et valet de chambre. Donc cet aménagement a nécessité la pose de l'avelis, de robots nettoyeurs, de cales ergonomiques. de fixer sa couette, de revoir la manière de travailler. Et notre salarié avait du mal à se baisser. Donc on a tout mis à portée de main, on a refait toute la cuisine, on a rééquipé ce qui concernait la machine à café pour éviter les TMS, les troubles musculosquelétiques au niveau des épaules. Donc tout a été revu. Et on s'est rendu compte qu'une fois, quand ce salarié était en vacances, tout le monde se battait pour avoir son poste, parce qu'il était beaucoup plus confortable. Donc on a décidé d'étendre l'amélioration. tous les postes. Donc ça a commencé à un niveau individuel et c'est passé au collectif. Et ça, ça a été possible grâce au concours de l'ergonome qui était venu voir quels étaient les sujets à améliorer pour cette salariée spécifiquement. Et évidemment, ce qui aide les personnes en situation de handicap, aide le collectif.

  • Speaker #2

    Alors là, c'est vraiment important ce que dit Alice, le souligner. En fait, finalement, c'est vraiment une relation de co-construction avec l'employeur. avec l'ergonome dans cette situation qui s'est rendue dans l'établissement d'Alice. Et puis après aussi, l'important c'est de souligner que ce n'est pas un accompagnement one-shot. Il y a vraiment derrière dans la durée l'évaluation de ce qui a été mis en place avec l'entreprise. Donc on est vraiment dans une co-construction, c'est ça qui est très intéressant aussi en santé au travail, avec l'employeur, le salarié et puis bien sûr l'ensemble des experts du service de santé au travail.

  • Speaker #1

    Cette collaboration continue. je pense que ça a réveillé les esprits sur le fait que tout était toujours améliorable. Donc on reste à l'appui de nouvelles solutions. Ça a éveillé l'intérêt chez mes salariés. Par exemple, on va chez Preventica. On aime bien aller au salon. On aime bien voir ce qui se fait. On aime bien se tenir au courant. Souvent, quand j'ai des fournisseurs en équipement qui passent, on leur demande conjointement ce qui se fait. Et je continue de faire appel au service de santé au travail. aux médecins et aux psychologues. Et il y a l'assistante sociale aussi qui peut m'aider sur des points particuliers. Donc, c'est vraiment le concours de tous ces différents éléments, de toutes ces différentes personnes qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Donc, un vrai travail d'équipe, que ce soit en interne ou en collaboration avec des appuis externes comme Efficience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Autre question qui me brûle les lèvres à tous les deux, encore une fois. Quelle est votre relation avec les RH, les salariés et les managers ?

  • Speaker #2

    Nous, en tant que service de santé au travail et en tant que médecin du travail, ce qui me semble important de dire, c'est qu'on est soumis au secret médical. Parce que c'est vrai qu'on a parfois cette question qui nous est posée ou cette perception de la part des salariés ou de l'entreprise. Donc, qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ? Ça veut dire qu'on ne peut pas donner d'informations médicales qu'on aurait obtenues de la part du salarié à son employeur, à ses collègues, à personne dans l'entreprise. Donc, ça, c'est vraiment important de le dire parce que c'est vraiment l'élément fondamental sur lequel va reposer la confiance. Et si on n'a pas la confiance, c'est ce qu'on vient de dire, pour travailler tous ensemble, c'est compliqué. Notre relation avec les salariés est basée sur ce secret médical. Et avec les RH, les managers, elle est basée sur l'intérêt commun qu'a l'entreprise à ce que les collaborateurs soient en bonne santé. C'est-à-dire qu'on est là pour travailler, comme je l'avais dit, en co-construction. L'objectif, c'est quand même que les salariés puissent rester au travail dans les meilleures conditions possibles. Donc pour eux, en termes de maladie, d'avoir moins de douleurs, de se sentir bien en termes de risques psychosociaux. Et pour l'entreprise, ça permet d'avoir un travail qui est effectué de qualité, sans arrêt maladie, sans difficulté pour l'entreprise. Et souvent, on s'aperçoit quelque chose, moi j'ai vu ça dans des industries qui n'étaient pas de l'ordre du service, mais de la production manufacturière, quand on améliore les conditions de travail, on améliore vraiment, rapidement, la qualité du produit qui est délivré. Et on comprend facilement, quelqu'un qui a mal au dos, aux épaules, il va faire son job de manière un peu minimaliste et on peut le concevoir. Alors que quand la personne est bien, elle va être quand même beaucoup plus concentrée sur la qualité du produit fini. Donc c'est vraiment un deal gagnant-gagnant, pour essayer de parler le plus français possible, entre le service de santé au travail, encore une fois, l'entreprise et les collaborateurs.

  • Speaker #0

    On a une vision très claire de la santé au travail grâce à vos deux témoignages. Moi, ce que je retiens, c'est l'aspect confidentialité. Souvent, il y a une vraie peur chez les salariés de dévoiler un petit peu leurs difficultés de santé. Donc là, on a bien l'information que toutes les informations échangées sont confidentielles. C'est un beau mot de la fin pour cette vision plus claire de ce qu'est la santé au travail. maintenant on va rentrer dans un sujet qui nous anime tous ou qui nous a touchés tous d'une façon ou d'une autre, à savoir la santé mentale, le burn-out et les risques psychosociaux. Avant de poursuivre notre discussion avec notre invité, j'aimerais prendre un moment pour vous adresser un message très spécial. Si vous aimez ce que vous entendez jusqu'à présent et que vous trouvez notre podcast Café sans filtre avec ton RH informatif et enrichissant, je vous serai extrêmement reconnaissante si vous preniez quelques instants pour nous soutenir. Il vous suffit de partager ce podcast avec vos amis, collègues et proches qui pourraient également bénéficier de cette conversation sans tabou. Votre soutien nous aide à toucher davantage de personnes et à continuer à produire du contenu de qualité. Vous pouvez aussi nous laisser une évaluation positive avec 5 étoiles sur la plateforme de podcast de votre choix. Cela nous aide énormément à mieux être référencés et à atteindre de nouveaux auditeurs passionnés comme vous. Merci infiniment pour votre soutien.

  • Speaker #1

    L'interview continue.

  • Speaker #0

    J'attaque avec une question qui va mettre vraiment les pieds dans le plat. Le monde du travail peut-il rendre malade, selon vous, Alice et Hervé ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question, Jennifer. Je dirais que le monde du travail, lorsque les conditions de travail sont délétères, oui. Maintenant, comment on peut identifier quelles sont les conditions de travail qui vont rendre les personnes malades ? Il y a des choses quand même très scientifiques, en tout cas universitaires, et notamment... Ce vers quoi je voudrais orienter, c'est ce qu'on appelle le rapport Golak, qui est un rapport assez connu dans le monde de la santé au travail, qui a été établi il y a plusieurs années, mais en tout cas qui fait encore foi. Et ce rapport Golak vient identifier six dimensions qui vont faire que les personnes vont se sentir bien, ou alors au contraire, ça pourra créer ce qu'on appelle des risques psychosociaux. Je ne vais pas citer les six, mais il y a par exemple la charge de travail, il y a les relations sociales dans le travail, il y a l'insécurité dans le travail. Et en fait, ça, c'est un screening qu'il est important de faire, que chaque entreprise devrait faire et doit faire, puisque ça fait partie de l'évaluation des risques professionnels aussi. Mais en tout cas, chaque entreprise doit se, au-delà de cet aspect réglementaire, chaque entreprise doit se questionner là-dessus, sur ces six dimensions, et voir à quel point elles peuvent être, si elles sont mal maîtrisées, délétères pour les salariés, ou au contraire, si ces dimensions sont bien maîtrisées, ça peut être un levier positif pour la santé mentale des collaborateurs. Donc, c'est vraiment les deux faces d'une même pièce. à la fois le travail peut bien sûr rendre malade quand vraiment les choses sont mal gérées. Mais ça peut être aussi, comme le souligne d'ailleurs Alice en introduction, un levier de développement personnel. Donc c'est vraiment important d'apporter de la nuance, en tout cas, sur les relations entre monde du travail et risques psychosociaux, en tout cas santé mentale au sens large du terme.

  • Speaker #1

    Il peut rendre malade, oui, il peut et il ne devrait jamais rendre malade. Maintenant, je pense qu'il y a effectivement tout ce qui est des conditions de travail qui sont importantes et évidemment, mais vraiment la communication entre les... les dirigeants, les managers, les salariés, enfin bref, les réunions et la communication entre toutes les différentes parties travaillantes dans la structure. Et avec de la communication, honnêtement, on s'en sort plutôt bien. On s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui aimaient bien travailler le matin et des gens qui aimaient bien travailler l'après-midi. et moi je fais partie de celles qui aiment bien travailler à 4h du matin c'est mon heure donc généralement vers 14h j'ai terminé ma journée ou 13h j'ai terminé ma journée il y en a d'autres qui aiment bien émerger à 14h avec encore les traces d'oreillers sur la figure ceux-là travaillent l'après-midi et ça c'est des choses qu'on peut mettre en place en communiquant et en en parlant de manière informelle nous on fait des sortes de rendez-vous informels tout le temps on se croise à la machine à café, et c'est sans jeu de mots, pour discuter de ce qui peut aller, ce qui peut changer. Et rien que le fait de ramener une discussion sérieuse à un niveau de détente nous permet d'améliorer les choses et j'espère, nous permet et nous permettra d'éviter des RPS à l'avenir. Mais c'est vrai qu'il faut toujours vérifier que les gens vont bien. s'il commence à moins travailler, s'il commence à fatiguer, s'il commence à perdre de l'intérêt. La qualité du travail s'en ressent, mais également physiquement, ça se voit en fait, ou on le ressent et il ne faut pas laisser passer en se disant que ça va passer tout seul. Je pense que la grande différence aujourd'hui, c'est qu'on ne laisse plus passer ces signaux sans en faire quelque chose. En tout cas, je pense qu'il ne faut pas et c'est ce qui permet d'éviter les RPS.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Alice, pour ton partage. Je trouve que ce que tu mets en place dans ta structure est hyper intéressant. Et cette flexibilité, c'est parfois ce qui manque dans les organisations, parfois par manque de confiance, parce que c'est difficile de se livrer dans un environnement où on ne sait pas comment ce qu'on va partager va être reçu. Mais le fait de pouvoir le faire et de donner l'exemple que ça fonctionne dans ta structure, c'est super inspirant. Est-ce qu'il y a une marge de manœuvre face à des situations qui sont vraiment critiques sur les questions de santé mentale au travail ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je pense qu'en fait, quand on parle de marge de manœuvre, probablement une des premières étapes, c'est quand même de faire prendre conscience à l'entreprise qu'il y a une difficulté. Ça a l'air simple dit comme ça, mais il y a quand même parfois dans certaines entreprises un peu de déni sur la situation de santé mentale collective d'un certain nombre de collaborateurs. Et notre rôle, nous, au service de santé au travail, c'est de faire prendre conscience qu'il y a une difficulté. Comment on le fait ? Il y a différents signaux possibles. Il y a à la fois des signaux RH, d'absentéisme, de difficulté de recrutement. Il y a des signaux plus médicaux, avec un nombre de visites à la demande des salariés qui augmente, avec des plaintes qui peuvent être des plaintes physiques ou des plaintes psychologiques, problèmes de sommeil, etc., qui émergent en visite médicale. Donc ça, c'est important, dans une première étape, de faire comprendre à l'entreprise et aux dirigeants qu'il y a une difficulté. La deuxième chose, c'est qu'une fois que cette compréhension est partagée, bien sûr, il faut un sponsorship très fort. Si le top management de l'entreprise ou le dirigeant de l'entreprise n'y croit pas ou ne veut pas ou n'a pas le temps, etc., en tout cas, s'il ne met pas d'énergie, ça ne fonctionnera pas parce qu'en dessous, l'ensemble des collaborateurs et des managers intermédiaires ne s'engageront pas dans cette voie-là. Il y a des marges de manœuvre, mais c'est important quand même d'avoir ces prérequis. Ce qu'il faut dire, c'est qu'effectivement, quand on pense marge de manœuvre, ça veut dire est-ce que... Je suis en capacité d'apporter des améliorations par rapport à ces situations. Et là, si on veut rester sur un point de vue très macro, il y a une étude qui est intéressante de l'Agence européenne de santé et sécurité qui montre que lorsque l'on investit 1 euro dans la prévention des risques psychosociaux, le retour sur investissement, il est de 13 euros. Donc il y a un vrai intérêt et il y a des vraies marges de manœuvre possibles en termes d'investissement quand il y a des difficultés ou même avant qu'il y ait trop de difficultés sur les risques psychosociaux. Donc ça, c'est important pour nous, les services de santé au travail, de faire... comprendre ça et d'avoir même une compréhension partagée de ces enjeux auprès des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis Hervé parce qu'effectivement on voit la santé au travail comme un coût alors qu'il devrait être vu comme un investissement et le chiffre, moi je ne l'avais pas, donc 1 euro investi avec un ROI de 13 euros. Ça permet vraiment de se rendre compte que c'est important et qu'on a, en fait, il faut choisir ses problèmes. À quel montant s'élèvent les problèmes qu'on souhaite dépasser ? Du coup, est-ce qu'il y a des signes avant-coureurs d'un mal-être que les RH ou les managers devraient savoir repérer dans leur quotidien ?

  • Speaker #2

    Oui, alors ça, c'est la bonne nouvelle. C'est qu'on n'est pas sans solution par rapport à ça. Et effectivement, il faut essayer d'intervenir le plus rapidement possible. Alors, les signes avant-coureurs, j'en parlais un tout petit peu avant. Il y a d'abord un faisceau d'indicateurs RH. Donc, on a dit, il y a l'absentéisme. taux de turnover, difficultés de recrutement. Donc ça, les RH suivent bien ce type d'indicateur. Et alors, pas de manière isolée, mais pris concomitamment avec d'autres indicateurs, ça peut être un signe avant-coureur de mal-être et de ce qu'on a appelé risques psychosociaux RPS. L'autre indicateur, c'est vraiment l'indicateur médical. Et là encore, je reviens à l'intérêt fondamental d'être dans la co-construction et en tout cas le partage et l'échange avec son service de santé au travail. C'est les plaintes. Et là, encore une fois, c'est dit de manière collective et anonyme. les plaintes qui peuvent être remontées par les collaborateurs. Si vous avez 80% des gens qui se plaignent de troubles du sommeil, de stress, d'anxiété, il y a peut-être un facteur professionnel quand même à les questionner. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est vraiment un faisceau de plusieurs indicateurs. C'est important d'avoir peut-être une forme de dashboard pour les entreprises d'une certaine taille quand même, pour poursuivre ça de manière régulière, pour ne pas que ce soit un sujet qui passe sous le tapis. Et puis après, il y a aussi tout le travail de proximité. Je pense au travail de proximité des managers, et ils sont un élément fondamental dans la prise en compte des risques psychosociaux, pour identifier, alors là de manière plus individuelle, un collaborateur qui va mal, un collaborateur qui était très participatif aux réunions, puis tout d'un coup qui ne dit plus grand-chose, un collaborateur qui arrive en retard alors que ce n'était pas le cas. En tout cas, le manager est en capacité, puisqu'il est au contact normalement quasi quotidiennement de ses collègues, enfin des gens qu'il manage. de voir une rupture avec l'état antérieur. C'est vraiment le mot clé. Et donc ça, pour ça, en tout cas, il faut que les managers soient formés. Ce n'est pas natif. Ils soient formés au repérage, ils soient formés à la détection des signaux faibles. C'est aussi un élément important dont peut-être on parlera tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Du coup, Hervé, il y a une question qu'on se pose souvent quand on est salarié et qu'on se trouve en arrêt maladie. Est-ce qu'on peut contacter la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Effectivement, c'est une question qu'on nous pose aussi, Jennifer. Et oui, on peut contacter, presque on veut dire on doit, en tout cas c'est bien de contacter son service de santé au travail quand on est un salarié, qu'on est en arrêt maladie, que ce soit d'ailleurs pour des questions de santé physique ou des questions de risques psychosociaux, de santé mentale. Alors, c'est même formalisé dans le Code du travail sous la possibilité de faire ce qu'on appelle une visite de pré-reprise. Donc un salarié qui est en arrêt maladie peut appeler son service de santé au travail et singulièrement son médecin du travail. Il peut être reçu par le médecin du travail en visite médicale. L'intérêt, bien évidemment, c'est d'anticiper le plus possible la reprise du travail, en discutant justement des difficultés qui sont présentes au travail, des freins, mais aussi des leviers qui vont être à mobiliser pour reprendre le travail. Je donne un exemple concret, ça peut être par exemple la mise en place de temps partiel thérapeutique, qui peut être un levier très intéressant pour reprendre, notamment quand on a eu un arrêt maladie long. C'est vrai que de reprendre temps plein, ça peut paraître un peu compliqué et difficile. Donc ça, c'est vraiment important de bien l'avoir en tête. et ce qu'on constate aussi c'est que plus l'arrêt maladie est long, plus la reprise va être compliquée. Donc mon conseil, c'est de ne pas hésiter à contacter le plus précocement possible son médecin du travail et son service de santé au travail pour échanger sur la reprise du travail. Et ça, c'est vraiment très positif parce que le médecin du travail, lui aussi, va pouvoir aller voir l'employeur et discuter des aménagements qui sont possibles ou pas. Donc il y a vraiment une prise en compte très intéressante et en tout cas la plus précoce possible qui doit avoir lieu.

  • Speaker #0

    Alors, poursuivons notre plongée dans la santé au travail. Aujourd'hui, comment on peut construire un futur du travail plus sain ? Première question que j'ai envie de vous poser, Hervé et Alice, quelles sont les bonnes pratiques que vous aimeriez voir généralisées ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question en ce qui concerne les employeurs. Employeurs, allez vous rendre visite au service de santé au travail, rencontrez votre médecin du travail, il faut connaître l'offre d'accompagnement, il faut On n'est pas en mesure de tout connaître quand on dirige sa propre affaire et il faut s'appuyer sur le service de santé au travail pour connaître les possibilités d'amélioration des conditions de travail, ce qui se fait pour assurer les bonnes pratiques. Ça me semble très important d'être proactif, il vaut mieux aller voir son service de santé au travail quand tout va bien, pour faire la fiche entreprise, pour vérifier comment ça se passe, pour faire connaissance avec les services de santé au travail plutôt que d'y aller dans l'urgence.

  • Speaker #2

    Pour que ce soit possible, il y a vraiment quelque chose qui me tient à cœur, c'est que les questions de santé, sécurité au travail soient véritablement intégrées dans les cursus de formation initiaux. On sait que ce n'est pas vraiment le cas, ou en tout cas ça pourrait l'être davantage. Il commence à y avoir quelques universités, quelques programmes, je pense notamment au Master RH sur Paris-Assas. Mais ce qui serait intéressant, en tout cas, ce serait véritablement qu'on puisse l'intégrer même encore plus tôt, peut-être au lycée, peut-être au collège. Parce que si on connaît bien les questions de santé et sécurité, ça veut dire que ce sont les futurs managers de demain, les futurs directeurs d'établissement qui vont être sensibilisés. Et puis, ce sont les futurs salariés. On sait aussi que le premier acteur de la santé et de la sécurité du salarié, c'est lui-même, c'est soi-même. Donc, c'est vraiment important de sensibiliser, à mon sens, le plus tôt possible dans le cursus de formation initial.

  • Speaker #0

    Du coup, quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes salariés, aux managers débutants et aux RH débordés ?

  • Speaker #1

    Alors, je recommande aux jeunes salariés d'être forts comme ils le sont tous, mais de ne pas oublier qu'ils ont un capital à préserver. Donc, il faut faire attention. Il faut faire attention à ses gestes, à ses postures, à la qualité, à la quantité de son sommeil. Il faut s'assurer du temps de déconnexion. Ça me semble important. Je pense que les jeunes aujourd'hui ont tendance à regarder beaucoup plus qu'avant les conditions de travail. et c'est une bonne chose. Au manager débutant de... Prendre le temps également de déconnecter, évidemment, et de communiquer avec ceux qui sont au-dessus et à la fois avec les gens avec lesquels ils collaborent. Ça me semble très important parce qu'on peut être un peu tiraillé de temps en temps et au RH débordé, aller dormir.

  • Speaker #0

    Je prends le conseil pour moi personnellement. Merci Alice. Question tabou pour le coup. Quel est, selon vous, le plus grand tabou en matière de santé au travail aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Alors c'est un tabou, on en a parlé, mais qui à mon sens commence à être quand même vraiment levé, c'est vraiment le tabou de la santé mentale en entreprise. Historiquement, ce qu'on constatait quand on parlait santé mentale en entreprise, c'est que c'était perçu comme en fait un sujet individuel. C'est-à-dire qu'il y aurait des salariés qui auraient une sorte de fragilité et qui du coup seraient plus susceptibles d'être victimes de problèmes de santé mentale. On sait que c'est quand même pas vraiment comme ça qu'il faut aborder cette question, mais plutôt, encore une fois, sous un angle positif. c'est-à-dire que l'amélioration des conditions de travail peut amener à avoir une santé mentale qui est bien améliorée. Et donc je pense que ça, ce passage d'une vision très individuelle d'une personne qui aurait des fragilités, des difficultés même autres, à quelque chose de beaucoup plus collectif et surtout une vision positive de la santé mentale qui n'est pas juste quelque chose de l'ordre du problème mais qui peut être encore une fois un levier au sein des entreprises pour booster la créativité, l'énergie de manière plus globale dans les entreprises. Ça, c'est vraiment quelque chose qui est en train de se transformer, qui va continuer, peut-être pas encore totalement transformé, mais à mon avis, c'était le tabou le plus important de ces dernières années.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de notre échange et je vais vous poser la question signature du podcast. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

  • Speaker #2

    Oui, Jennifer, c'est vrai qu'on a pas mal parlé de la santé au travail telle qu'elle était actuellement et puis les évolutions par rapport au passé. Peut-être qu'il faut qu'on prenne quelques instants, qu'on fasse un pas de côté, qu'on se projette dans le futur. Et si on regarde en termes d'évolution démographique en France, un des chiffres que j'ai retrouvés, c'est qu'en 2050, donc c'est presque demain, on aura 27% de la population française qui aura plus de 65 ans. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en termes d'impact entre maintenant et d'ici 25-30 ans, on va vraiment avoir davantage de personnes qui vont être seniors dans le monde du travail. Ça veut dire que c'est une évolution qu'il faut qu'on anticipe dès maintenant. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on travaille sur ce qu'on appelle l'usure professionnelle prématurée. On sait que là, on a échangé sur le fait d'avoir des bonnes conditions de travail pour limiter l'impact sur les organismes. mais on n'a pas parlé de la santé publique. L'approche qu'on a maintenant, c'est vraiment une approche de santé globale, une approche One Health, qui vise à prendre en compte à la fois les impacts du travail sur la santé, mais aussi les impacts des maladies chroniques. Et si je prends un exemple, c'est très bien dans une entreprise d'aménager les conditions de travail, mais si par exemple les personnes fument, ne prennent pas garde de leur taux de cholestérol qui peut être élevé, elles risquent de faire un événement cardiovasculaire à 50-55 ans avec potentiellement des séquelles. Donc c'est important. Et moi, ma vision pour le futur, mais qu'il faut préparer maintenant, c'est que l'entreprise pourrait être aussi un lieu, finalement, de prise en compte de cette santé globale, pourrait favoriser du dépistage de maladies chroniques. Et ça, à mon avis, c'est une évolution très importante et que j'appelle de mes voeux. Alors, il se trouve que chez Efficience, on a vraiment cette vision. On propose un programme de prévention santé publique aussi pour aider sur la sensibilisation sur le cancer du sein, sur la prise en compte de consommation d'alcool, sur Toutes ces thématiques, ça rencontre beaucoup de succès et je pense que c'est quelque chose qui pourrait être en tout cas généralisé et davantage saisi par les entreprises.

  • Speaker #0

    Donc en conclusion, quel message fort vous souhaiteriez partager à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'il est important à la fois en tant que salarié et d'employeur d'aller voir son service de santé au travail. Je pense en premier aux salariés qui peuvent ressentir des difficultés au travail comme en dehors du travail. mais... au travail pour un accompagnement, pour la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés, par exemple. Souvent, les salariés ignorent cette possibilité-là. Le médecin peut effectivement expliquer que c'est un statut qui permet un maintien dans l'emploi, des conditions de travail optimales et de préparer l'avenir. Donc, ça me semble important de pouvoir sentir la liberté, de pouvoir évoquer tous les sujets en relation avec sa santé sans avoir... peur d'en parler aux docteurs. Ce que j'entends par là, c'est que les services de santé au travail ont effectivement ce devoir de confidentialité et que l'employeur ne sera pas forcément tenu au courant. En tout cas, ça peut dénouer certaines situations difficiles. Et les employeurs, encore une fois, c'est important d'aller voir un service de santé au travail pour avoir des informations complémentaires, pour connaître l'accompagnement et savoir comment ils peuvent accompagner les salariés de manière optimale.

  • Speaker #2

    Oui, moi, je suis complètement en phase avec ce que vient de dire Alice. Je pense qu'il faut vraiment le... Pour moi, la conclusion, c'est de se dire que la santé au travail, ce n'est pas un coût, mais c'est un investissement, on l'a dit. Une fois qu'on a dit ça, ça veut dire, en fait, anticiper. Il faut, quand on est un salarié et qu'on a une difficulté de santé, anticiper le plus possible. Et donc, comme ça vient d'être dit, ne pas hésiter à consulter son service de santé au travail pour parler de manière confidentielle des difficultés. Si on est en arrêt maladie, on l'a dit, on peut consulter aussi son service de santé au travail. Donc, il faut le faire en anticipation. Si on est un employeur, il faut anticiper le plus possible, c'est-à-dire sur les conditions de travail, les évaluer et mettre en place un plan d'action pour améliorer le plus possible les choses, notamment en termes de santé mentale, mais pas que, également en termes de santé physique. Et puis, si je veux rester sur mon anticiper encore, encore une fois, anticiper les évolutions démographiques, anticiper les problèmes de santé hors santé au travail qui pourraient intervenir, en favorisant là aussi des programmes de sensibilisation en entreprise, d'information. Et une fois qu'on a ces trois piliers, normalement, on devrait être tranquilles tous collectivement par rapport à ces questions.

  • Speaker #0

    Super. Donc, on a une super feuille de route pour la suite. Hervé, Alice, merci beaucoup pour vos témoignages. J'étais ravie de vous accueillir dans le podcast. Vous avez partagé avec beaucoup d'authenticité et de bienveillance sur un sujet qui est souvent tabou. Donc, merci à vous. Je suis sûre que nos auditeurs... repartiront avec plein de clés pour rester en santé et en emploi. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Jennifer, pour cet accueil. Et merci, Hervé, également pour ta collaboration.

  • Speaker #2

    Merci. Merci de votre intérêt pour la santé au travail. Merci, Alice.

  • Speaker #0

    Merci à vous d'avoir écouté cet épisode de notre podcast. Pour rester informé sur nos prochains épisodes et bénéficier de contenus exclusifs, inscrivez-vous à notre newsletter. De plus, votre soutien est crucial. Laissez-nous un avis positif sur votre plateforme d'écoute préférée pour nous aider à toucher davantage de personnes. Ensemble, agissons pour un monde professionnel plus sain et plus épanouissant. Merci.

Description

On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est beaucoup plus large : prévention, accompagnement, maintien en emploi, santé mentale, coopération avec les managers et les RH.


Dans cet épisode de « Café sans filtre avec ton RH », on ouvre les portes de la santé au travail avec deux regards complémentaires :

  • Alice Belfair, directrice de l’hôtel Baudelaire Opéra à Paris, engagée depuis plus de 15 ans pour une performance qui passe par l’humain et l’inclusion, notamment autour du handicap.

  • Dr Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail, un service de santé au travail qui suit 280 000 salariés en Île-de-France avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, ergonomes, psychologues, assistantes sociales…).


Au programme de cet épisode :

  • Ce que recouvre vraiment la santé au travail aujourd’hui, bien au-delà de la visite d’embauche.

  • Comment les services de santé au travail peuvent devenir de vrais partenaires stratégiques des employeurs, des RH et des managers.

  • Des exemples concrets de maintien dans l’emploi, d’aménagement de postes et d’amélioration des conditions de travail.

  • Les signaux faibles à repérer pour prévenir le burn-out et les risques psychosociaux plutôt que subir les arrêts longs.

  • Les marges de manœuvre réelles des entreprises et des salariés, y compris pendant un arrêt maladie (visite de pré-reprise, échanges confidentiels avec le médecin du travail…).

  • Pourquoi la santé au travail n’est pas un coût mais un investissement, avec un retour mesuré sur la prévention des RPS.

  • Comment préparer le futur du travail : vieillissement de la population active, santé globale, prévention des maladies chroniques, nouvelles attentes des jeunes générations.


Que vous soyez salarié, manager, dirigeant ou RH débordé, cet épisode vous donne des clés très concrètes pour :

  • mieux comprendre le rôle des services de santé au travail ;

  • oser les solliciter au bon moment ;

  • construire des environnements de travail plus sains, plus durables et plus performants.


☕ Installez-vous avec un café, on parle tabous, prévention, burn-out, maintien en emploi et coopération intelligente entre entreprises et services de santé au travail – sans langue de bois, avec des exemples terrain et une vision résolument tournée vers l’avenir.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On réduit encore trop souvent la médecine du travail à une simple visite médicale tous les deux ans. En réalité, son rôle est bien plus large. Prévention, accompagnement et maintien en emploi. Des missions essentielles, mais encore trop méconnues. D'après une étude IFOP de 2023, près d'un salarié sur deux reconnaît mal connaître ce que fait réellement la médecine du travail. Et c'est exactement l'enjeu du café sans filtre avec ton RH. Ouvrir des discussions sans détour, où collaborateurs, managers et directions peuvent enfin poser les vrais mots sur ce qui se vit au quotidien et surtout, identifier des actions concrètes pour avancer. Aujourd'hui, ce sont deux regards complémentaires qui vont nous accompagner dans cette réflexion. Tout d'abord, avec Alice Belfair, directrice de l'hôtel Baudelaire Opéra depuis plus de 15 ans. Convaincue que la performance passe par l'humain, elle a fait du bien-être au travail et de l'inclusion, notamment autour du handicap, des axes forts de sa pratique managériale. Et nous accueillons également le docteur Hervé Baudelocq, directeur médical et prévention chez Efficience Santé au Travail. Il nous éclaire sur la richesse des métiers qui entourent la médecine du travail, leurs missions concrètes et les... clés d'une coopération efficace avec ces services. C'est donc deux voies, l'une issue du terrain managérial, l'autre du monde médical, qui se croisent et se complètent pour tracer une voie vers une médecine du travail à la fois à l'écoute de la santé des salariés et actrice de prévention. Alors j'espère que vous avez votre tasse de café bien chaude à vos côtés. L'interview commence maintenant. Bonjour Alice, bonjour Hervé, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Est-ce que vous pourriez vous présenter à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde, je m'appelle Alice Belfair, je suis directrice d'hôtel, l'hôtel Baudelaire Opéra à Paris, et également administratrice à la GEPHIP, à la CPM, Service de Santé au Travail. Je dirige une entreprise de 12 salariés, dont 40% de travailleurs handicapés, et c'est un sujet qui me tient à cœur.

  • Speaker #0

    Alice, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui... tu occupes ce poste, qu'est-ce qui t'anime au quotidien dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime au quotidien, c'est l'idée qu'on peut aller au travail et être heureux, qu'on peut aller au travail et ne pas souffrir, qu'on peut aller au travail en faisant du bien autour de soi et que ce soit pour l'accueil que j'ai avec les clients ou le reste de l'équipe et entre nous.

  • Speaker #0

    Très inspirant, merci beaucoup. Hervé ?

  • Speaker #2

    Bonjour à tous, je suis Hervé Baudeloc, je suis médecin du travail de formation. Et je travaille actuellement à Efficience Santé au Travail, qui est un service de santé qui suit 280 000 personnes sur l'ensemble de l'île de France. Et pour remplir cette mission, nous sommes 77 médecins et un petit peu moins d'une quarantaine d'infirmiers. Et donc, je suis très content qu'on puisse échanger tous les trois sur cette question de santé au travail.

  • Speaker #0

    Hervé, même question. Pourquoi avoir choisi d'exercer dans la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Alors moi, je voulais exercer dans une activité qui se concentre sur la prévention, c'est-à-dire peut-être pas être dans le curatif. Et la santé au travail, en ce sens-là, est vraiment quelque chose de très positif, puisqu'on a l'ambition d'agir avant que les problèmes de santé n'arrivent. Et en plus, je pense qu'on est une plus-value également pour la performance en entreprise. Et donc, on voit comment on peut allier à la fois le bien-être, comme le citait Alice, des collaborateurs quand ils viennent travailler tous les matins, et aussi la performance de l'entreprise à terme.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Maintenant qu'on se connaît, on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet. La médecine du travail est souvent une médecine méconnue. Hervé, pourquoi le médecin du travail est souvent perçu comme la médecine de la visite d'embauche ?

  • Speaker #2

    Tu as raison de le souligner, Jennifer. Et moi, ce que je voulais dire, c'est qu'en fait, ça fait une dizaine d'années maintenant que la médecine du travail a été transformée. Elle n'existe quasiment plus. Elle a été remplacée par la santé au travail. Alors cette transformation, qu'est-ce qu'elle implique ? Ça veut dire qu'en fait, le médecin du travail n'est plus seul pour gérer l'ensemble des situations qui se présentent à lui, mais il est entouré d'une équipe pluridisciplinaire. Donc, il travaille en collaboration avec des infirmières. avec des ergonomes, avec des psychologues, des assistantes sociales. Donc il y a toute une équipe qui vient prendre en charge des situations. Et ça, c'est important parce que souvent, on voit surtout le médecin du travail et la visite, notamment la visite d'embauche. Mais il faut savoir que pour répondre à l'ensemble des situations, notamment pour les personnes qui sont en arrêt maladie prolongée, on a besoin de toutes ces compétences au service justement de la personne et de l'entreprise par la suite.

  • Speaker #0

    Hervé, du coup, quels sont les rôles méconnus que vous jouez dans l'entreprise ?

  • Speaker #2

    En lien avec ce que je viens de dire sur la transformation de la médecine du travail en santé au travail, c'est vrai qu'on a des grandes capacités d'action dans les entreprises. Notamment, on a des ergonomes qui peuvent venir évaluer les conditions physiques de travail. On a des psychologues du travail qui peuvent venir aussi interroger les conditions organisationnelles pour pouvoir les améliorer, bien sûr, à chaque fois. On a notamment aussi des assistantes sociales qui, elles, vont pouvoir aider les salariés par rapport à toutes leurs problématiques, et je pense notamment aux problématiques d'indemnité journalière. On a également des experts, je pense à une toxicologue chez nous, chez Efficience Santé au Travail. Donc c'est vraiment à la fois le suivi de l'état de santé des salariés, des collaborateurs, mais aussi l'évaluation en entreprise des risques professionnels. Et là, on est vraiment dans le conseil à l'entreprise. Donc c'est vraiment ce triptyque médecin et en tout cas service de santé au travail, employeur et employé qui est important de bien prendre en compte.

  • Speaker #0

    Donc effectivement, on se rend compte que ce sont différentes expertises qui se réunissent pour accompagner la santé au travail. Alice, Hervé, est-ce que vous avez des exemples de prévention réussie grâce à vos constats directement sur le terrain ?

  • Speaker #1

    Oui, alors en ce qui concerne mon hôtel, on a eu le cas du premier maintien dans l'emploi. On a donc fait appel à Efficience pour avoir leur avis et également avec l'ergonome. pour voir ce qui pouvait être fait pour améliorer les conditions de travail et éviter la maladie au travail. Donc effectivement, à ce moment-là, on a eu une très étroite collaboration.

  • Speaker #0

    C'était sur quel poste exactement ?

  • Speaker #1

    C'était sur un poste de personnel d'étage, une femme de chambre et valet de chambre. Donc cet aménagement a nécessité la pose de l'avelis, de robots nettoyeurs, de cales ergonomiques. de fixer sa couette, de revoir la manière de travailler. Et notre salarié avait du mal à se baisser. Donc on a tout mis à portée de main, on a refait toute la cuisine, on a rééquipé ce qui concernait la machine à café pour éviter les TMS, les troubles musculosquelétiques au niveau des épaules. Donc tout a été revu. Et on s'est rendu compte qu'une fois, quand ce salarié était en vacances, tout le monde se battait pour avoir son poste, parce qu'il était beaucoup plus confortable. Donc on a décidé d'étendre l'amélioration. tous les postes. Donc ça a commencé à un niveau individuel et c'est passé au collectif. Et ça, ça a été possible grâce au concours de l'ergonome qui était venu voir quels étaient les sujets à améliorer pour cette salariée spécifiquement. Et évidemment, ce qui aide les personnes en situation de handicap, aide le collectif.

  • Speaker #2

    Alors là, c'est vraiment important ce que dit Alice, le souligner. En fait, finalement, c'est vraiment une relation de co-construction avec l'employeur. avec l'ergonome dans cette situation qui s'est rendue dans l'établissement d'Alice. Et puis après aussi, l'important c'est de souligner que ce n'est pas un accompagnement one-shot. Il y a vraiment derrière dans la durée l'évaluation de ce qui a été mis en place avec l'entreprise. Donc on est vraiment dans une co-construction, c'est ça qui est très intéressant aussi en santé au travail, avec l'employeur, le salarié et puis bien sûr l'ensemble des experts du service de santé au travail.

  • Speaker #1

    Cette collaboration continue. je pense que ça a réveillé les esprits sur le fait que tout était toujours améliorable. Donc on reste à l'appui de nouvelles solutions. Ça a éveillé l'intérêt chez mes salariés. Par exemple, on va chez Preventica. On aime bien aller au salon. On aime bien voir ce qui se fait. On aime bien se tenir au courant. Souvent, quand j'ai des fournisseurs en équipement qui passent, on leur demande conjointement ce qui se fait. Et je continue de faire appel au service de santé au travail. aux médecins et aux psychologues. Et il y a l'assistante sociale aussi qui peut m'aider sur des points particuliers. Donc, c'est vraiment le concours de tous ces différents éléments, de toutes ces différentes personnes qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Donc, un vrai travail d'équipe, que ce soit en interne ou en collaboration avec des appuis externes comme Efficience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Autre question qui me brûle les lèvres à tous les deux, encore une fois. Quelle est votre relation avec les RH, les salariés et les managers ?

  • Speaker #2

    Nous, en tant que service de santé au travail et en tant que médecin du travail, ce qui me semble important de dire, c'est qu'on est soumis au secret médical. Parce que c'est vrai qu'on a parfois cette question qui nous est posée ou cette perception de la part des salariés ou de l'entreprise. Donc, qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ? Ça veut dire qu'on ne peut pas donner d'informations médicales qu'on aurait obtenues de la part du salarié à son employeur, à ses collègues, à personne dans l'entreprise. Donc, ça, c'est vraiment important de le dire parce que c'est vraiment l'élément fondamental sur lequel va reposer la confiance. Et si on n'a pas la confiance, c'est ce qu'on vient de dire, pour travailler tous ensemble, c'est compliqué. Notre relation avec les salariés est basée sur ce secret médical. Et avec les RH, les managers, elle est basée sur l'intérêt commun qu'a l'entreprise à ce que les collaborateurs soient en bonne santé. C'est-à-dire qu'on est là pour travailler, comme je l'avais dit, en co-construction. L'objectif, c'est quand même que les salariés puissent rester au travail dans les meilleures conditions possibles. Donc pour eux, en termes de maladie, d'avoir moins de douleurs, de se sentir bien en termes de risques psychosociaux. Et pour l'entreprise, ça permet d'avoir un travail qui est effectué de qualité, sans arrêt maladie, sans difficulté pour l'entreprise. Et souvent, on s'aperçoit quelque chose, moi j'ai vu ça dans des industries qui n'étaient pas de l'ordre du service, mais de la production manufacturière, quand on améliore les conditions de travail, on améliore vraiment, rapidement, la qualité du produit qui est délivré. Et on comprend facilement, quelqu'un qui a mal au dos, aux épaules, il va faire son job de manière un peu minimaliste et on peut le concevoir. Alors que quand la personne est bien, elle va être quand même beaucoup plus concentrée sur la qualité du produit fini. Donc c'est vraiment un deal gagnant-gagnant, pour essayer de parler le plus français possible, entre le service de santé au travail, encore une fois, l'entreprise et les collaborateurs.

  • Speaker #0

    On a une vision très claire de la santé au travail grâce à vos deux témoignages. Moi, ce que je retiens, c'est l'aspect confidentialité. Souvent, il y a une vraie peur chez les salariés de dévoiler un petit peu leurs difficultés de santé. Donc là, on a bien l'information que toutes les informations échangées sont confidentielles. C'est un beau mot de la fin pour cette vision plus claire de ce qu'est la santé au travail. maintenant on va rentrer dans un sujet qui nous anime tous ou qui nous a touchés tous d'une façon ou d'une autre, à savoir la santé mentale, le burn-out et les risques psychosociaux. Avant de poursuivre notre discussion avec notre invité, j'aimerais prendre un moment pour vous adresser un message très spécial. Si vous aimez ce que vous entendez jusqu'à présent et que vous trouvez notre podcast Café sans filtre avec ton RH informatif et enrichissant, je vous serai extrêmement reconnaissante si vous preniez quelques instants pour nous soutenir. Il vous suffit de partager ce podcast avec vos amis, collègues et proches qui pourraient également bénéficier de cette conversation sans tabou. Votre soutien nous aide à toucher davantage de personnes et à continuer à produire du contenu de qualité. Vous pouvez aussi nous laisser une évaluation positive avec 5 étoiles sur la plateforme de podcast de votre choix. Cela nous aide énormément à mieux être référencés et à atteindre de nouveaux auditeurs passionnés comme vous. Merci infiniment pour votre soutien.

  • Speaker #1

    L'interview continue.

  • Speaker #0

    J'attaque avec une question qui va mettre vraiment les pieds dans le plat. Le monde du travail peut-il rendre malade, selon vous, Alice et Hervé ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question, Jennifer. Je dirais que le monde du travail, lorsque les conditions de travail sont délétères, oui. Maintenant, comment on peut identifier quelles sont les conditions de travail qui vont rendre les personnes malades ? Il y a des choses quand même très scientifiques, en tout cas universitaires, et notamment... Ce vers quoi je voudrais orienter, c'est ce qu'on appelle le rapport Golak, qui est un rapport assez connu dans le monde de la santé au travail, qui a été établi il y a plusieurs années, mais en tout cas qui fait encore foi. Et ce rapport Golak vient identifier six dimensions qui vont faire que les personnes vont se sentir bien, ou alors au contraire, ça pourra créer ce qu'on appelle des risques psychosociaux. Je ne vais pas citer les six, mais il y a par exemple la charge de travail, il y a les relations sociales dans le travail, il y a l'insécurité dans le travail. Et en fait, ça, c'est un screening qu'il est important de faire, que chaque entreprise devrait faire et doit faire, puisque ça fait partie de l'évaluation des risques professionnels aussi. Mais en tout cas, chaque entreprise doit se, au-delà de cet aspect réglementaire, chaque entreprise doit se questionner là-dessus, sur ces six dimensions, et voir à quel point elles peuvent être, si elles sont mal maîtrisées, délétères pour les salariés, ou au contraire, si ces dimensions sont bien maîtrisées, ça peut être un levier positif pour la santé mentale des collaborateurs. Donc, c'est vraiment les deux faces d'une même pièce. à la fois le travail peut bien sûr rendre malade quand vraiment les choses sont mal gérées. Mais ça peut être aussi, comme le souligne d'ailleurs Alice en introduction, un levier de développement personnel. Donc c'est vraiment important d'apporter de la nuance, en tout cas, sur les relations entre monde du travail et risques psychosociaux, en tout cas santé mentale au sens large du terme.

  • Speaker #1

    Il peut rendre malade, oui, il peut et il ne devrait jamais rendre malade. Maintenant, je pense qu'il y a effectivement tout ce qui est des conditions de travail qui sont importantes et évidemment, mais vraiment la communication entre les... les dirigeants, les managers, les salariés, enfin bref, les réunions et la communication entre toutes les différentes parties travaillantes dans la structure. Et avec de la communication, honnêtement, on s'en sort plutôt bien. On s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui aimaient bien travailler le matin et des gens qui aimaient bien travailler l'après-midi. et moi je fais partie de celles qui aiment bien travailler à 4h du matin c'est mon heure donc généralement vers 14h j'ai terminé ma journée ou 13h j'ai terminé ma journée il y en a d'autres qui aiment bien émerger à 14h avec encore les traces d'oreillers sur la figure ceux-là travaillent l'après-midi et ça c'est des choses qu'on peut mettre en place en communiquant et en en parlant de manière informelle nous on fait des sortes de rendez-vous informels tout le temps on se croise à la machine à café, et c'est sans jeu de mots, pour discuter de ce qui peut aller, ce qui peut changer. Et rien que le fait de ramener une discussion sérieuse à un niveau de détente nous permet d'améliorer les choses et j'espère, nous permet et nous permettra d'éviter des RPS à l'avenir. Mais c'est vrai qu'il faut toujours vérifier que les gens vont bien. s'il commence à moins travailler, s'il commence à fatiguer, s'il commence à perdre de l'intérêt. La qualité du travail s'en ressent, mais également physiquement, ça se voit en fait, ou on le ressent et il ne faut pas laisser passer en se disant que ça va passer tout seul. Je pense que la grande différence aujourd'hui, c'est qu'on ne laisse plus passer ces signaux sans en faire quelque chose. En tout cas, je pense qu'il ne faut pas et c'est ce qui permet d'éviter les RPS.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Alice, pour ton partage. Je trouve que ce que tu mets en place dans ta structure est hyper intéressant. Et cette flexibilité, c'est parfois ce qui manque dans les organisations, parfois par manque de confiance, parce que c'est difficile de se livrer dans un environnement où on ne sait pas comment ce qu'on va partager va être reçu. Mais le fait de pouvoir le faire et de donner l'exemple que ça fonctionne dans ta structure, c'est super inspirant. Est-ce qu'il y a une marge de manœuvre face à des situations qui sont vraiment critiques sur les questions de santé mentale au travail ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je pense qu'en fait, quand on parle de marge de manœuvre, probablement une des premières étapes, c'est quand même de faire prendre conscience à l'entreprise qu'il y a une difficulté. Ça a l'air simple dit comme ça, mais il y a quand même parfois dans certaines entreprises un peu de déni sur la situation de santé mentale collective d'un certain nombre de collaborateurs. Et notre rôle, nous, au service de santé au travail, c'est de faire prendre conscience qu'il y a une difficulté. Comment on le fait ? Il y a différents signaux possibles. Il y a à la fois des signaux RH, d'absentéisme, de difficulté de recrutement. Il y a des signaux plus médicaux, avec un nombre de visites à la demande des salariés qui augmente, avec des plaintes qui peuvent être des plaintes physiques ou des plaintes psychologiques, problèmes de sommeil, etc., qui émergent en visite médicale. Donc ça, c'est important, dans une première étape, de faire comprendre à l'entreprise et aux dirigeants qu'il y a une difficulté. La deuxième chose, c'est qu'une fois que cette compréhension est partagée, bien sûr, il faut un sponsorship très fort. Si le top management de l'entreprise ou le dirigeant de l'entreprise n'y croit pas ou ne veut pas ou n'a pas le temps, etc., en tout cas, s'il ne met pas d'énergie, ça ne fonctionnera pas parce qu'en dessous, l'ensemble des collaborateurs et des managers intermédiaires ne s'engageront pas dans cette voie-là. Il y a des marges de manœuvre, mais c'est important quand même d'avoir ces prérequis. Ce qu'il faut dire, c'est qu'effectivement, quand on pense marge de manœuvre, ça veut dire est-ce que... Je suis en capacité d'apporter des améliorations par rapport à ces situations. Et là, si on veut rester sur un point de vue très macro, il y a une étude qui est intéressante de l'Agence européenne de santé et sécurité qui montre que lorsque l'on investit 1 euro dans la prévention des risques psychosociaux, le retour sur investissement, il est de 13 euros. Donc il y a un vrai intérêt et il y a des vraies marges de manœuvre possibles en termes d'investissement quand il y a des difficultés ou même avant qu'il y ait trop de difficultés sur les risques psychosociaux. Donc ça, c'est important pour nous, les services de santé au travail, de faire... comprendre ça et d'avoir même une compréhension partagée de ces enjeux auprès des entreprises.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis Hervé parce qu'effectivement on voit la santé au travail comme un coût alors qu'il devrait être vu comme un investissement et le chiffre, moi je ne l'avais pas, donc 1 euro investi avec un ROI de 13 euros. Ça permet vraiment de se rendre compte que c'est important et qu'on a, en fait, il faut choisir ses problèmes. À quel montant s'élèvent les problèmes qu'on souhaite dépasser ? Du coup, est-ce qu'il y a des signes avant-coureurs d'un mal-être que les RH ou les managers devraient savoir repérer dans leur quotidien ?

  • Speaker #2

    Oui, alors ça, c'est la bonne nouvelle. C'est qu'on n'est pas sans solution par rapport à ça. Et effectivement, il faut essayer d'intervenir le plus rapidement possible. Alors, les signes avant-coureurs, j'en parlais un tout petit peu avant. Il y a d'abord un faisceau d'indicateurs RH. Donc, on a dit, il y a l'absentéisme. taux de turnover, difficultés de recrutement. Donc ça, les RH suivent bien ce type d'indicateur. Et alors, pas de manière isolée, mais pris concomitamment avec d'autres indicateurs, ça peut être un signe avant-coureur de mal-être et de ce qu'on a appelé risques psychosociaux RPS. L'autre indicateur, c'est vraiment l'indicateur médical. Et là encore, je reviens à l'intérêt fondamental d'être dans la co-construction et en tout cas le partage et l'échange avec son service de santé au travail. C'est les plaintes. Et là, encore une fois, c'est dit de manière collective et anonyme. les plaintes qui peuvent être remontées par les collaborateurs. Si vous avez 80% des gens qui se plaignent de troubles du sommeil, de stress, d'anxiété, il y a peut-être un facteur professionnel quand même à les questionner. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est vraiment un faisceau de plusieurs indicateurs. C'est important d'avoir peut-être une forme de dashboard pour les entreprises d'une certaine taille quand même, pour poursuivre ça de manière régulière, pour ne pas que ce soit un sujet qui passe sous le tapis. Et puis après, il y a aussi tout le travail de proximité. Je pense au travail de proximité des managers, et ils sont un élément fondamental dans la prise en compte des risques psychosociaux, pour identifier, alors là de manière plus individuelle, un collaborateur qui va mal, un collaborateur qui était très participatif aux réunions, puis tout d'un coup qui ne dit plus grand-chose, un collaborateur qui arrive en retard alors que ce n'était pas le cas. En tout cas, le manager est en capacité, puisqu'il est au contact normalement quasi quotidiennement de ses collègues, enfin des gens qu'il manage. de voir une rupture avec l'état antérieur. C'est vraiment le mot clé. Et donc ça, pour ça, en tout cas, il faut que les managers soient formés. Ce n'est pas natif. Ils soient formés au repérage, ils soient formés à la détection des signaux faibles. C'est aussi un élément important dont peut-être on parlera tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Du coup, Hervé, il y a une question qu'on se pose souvent quand on est salarié et qu'on se trouve en arrêt maladie. Est-ce qu'on peut contacter la médecine du travail ?

  • Speaker #2

    Effectivement, c'est une question qu'on nous pose aussi, Jennifer. Et oui, on peut contacter, presque on veut dire on doit, en tout cas c'est bien de contacter son service de santé au travail quand on est un salarié, qu'on est en arrêt maladie, que ce soit d'ailleurs pour des questions de santé physique ou des questions de risques psychosociaux, de santé mentale. Alors, c'est même formalisé dans le Code du travail sous la possibilité de faire ce qu'on appelle une visite de pré-reprise. Donc un salarié qui est en arrêt maladie peut appeler son service de santé au travail et singulièrement son médecin du travail. Il peut être reçu par le médecin du travail en visite médicale. L'intérêt, bien évidemment, c'est d'anticiper le plus possible la reprise du travail, en discutant justement des difficultés qui sont présentes au travail, des freins, mais aussi des leviers qui vont être à mobiliser pour reprendre le travail. Je donne un exemple concret, ça peut être par exemple la mise en place de temps partiel thérapeutique, qui peut être un levier très intéressant pour reprendre, notamment quand on a eu un arrêt maladie long. C'est vrai que de reprendre temps plein, ça peut paraître un peu compliqué et difficile. Donc ça, c'est vraiment important de bien l'avoir en tête. et ce qu'on constate aussi c'est que plus l'arrêt maladie est long, plus la reprise va être compliquée. Donc mon conseil, c'est de ne pas hésiter à contacter le plus précocement possible son médecin du travail et son service de santé au travail pour échanger sur la reprise du travail. Et ça, c'est vraiment très positif parce que le médecin du travail, lui aussi, va pouvoir aller voir l'employeur et discuter des aménagements qui sont possibles ou pas. Donc il y a vraiment une prise en compte très intéressante et en tout cas la plus précoce possible qui doit avoir lieu.

  • Speaker #0

    Alors, poursuivons notre plongée dans la santé au travail. Aujourd'hui, comment on peut construire un futur du travail plus sain ? Première question que j'ai envie de vous poser, Hervé et Alice, quelles sont les bonnes pratiques que vous aimeriez voir généralisées ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne question en ce qui concerne les employeurs. Employeurs, allez vous rendre visite au service de santé au travail, rencontrez votre médecin du travail, il faut connaître l'offre d'accompagnement, il faut On n'est pas en mesure de tout connaître quand on dirige sa propre affaire et il faut s'appuyer sur le service de santé au travail pour connaître les possibilités d'amélioration des conditions de travail, ce qui se fait pour assurer les bonnes pratiques. Ça me semble très important d'être proactif, il vaut mieux aller voir son service de santé au travail quand tout va bien, pour faire la fiche entreprise, pour vérifier comment ça se passe, pour faire connaissance avec les services de santé au travail plutôt que d'y aller dans l'urgence.

  • Speaker #2

    Pour que ce soit possible, il y a vraiment quelque chose qui me tient à cœur, c'est que les questions de santé, sécurité au travail soient véritablement intégrées dans les cursus de formation initiaux. On sait que ce n'est pas vraiment le cas, ou en tout cas ça pourrait l'être davantage. Il commence à y avoir quelques universités, quelques programmes, je pense notamment au Master RH sur Paris-Assas. Mais ce qui serait intéressant, en tout cas, ce serait véritablement qu'on puisse l'intégrer même encore plus tôt, peut-être au lycée, peut-être au collège. Parce que si on connaît bien les questions de santé et sécurité, ça veut dire que ce sont les futurs managers de demain, les futurs directeurs d'établissement qui vont être sensibilisés. Et puis, ce sont les futurs salariés. On sait aussi que le premier acteur de la santé et de la sécurité du salarié, c'est lui-même, c'est soi-même. Donc, c'est vraiment important de sensibiliser, à mon sens, le plus tôt possible dans le cursus de formation initial.

  • Speaker #0

    Du coup, quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes salariés, aux managers débutants et aux RH débordés ?

  • Speaker #1

    Alors, je recommande aux jeunes salariés d'être forts comme ils le sont tous, mais de ne pas oublier qu'ils ont un capital à préserver. Donc, il faut faire attention. Il faut faire attention à ses gestes, à ses postures, à la qualité, à la quantité de son sommeil. Il faut s'assurer du temps de déconnexion. Ça me semble important. Je pense que les jeunes aujourd'hui ont tendance à regarder beaucoup plus qu'avant les conditions de travail. et c'est une bonne chose. Au manager débutant de... Prendre le temps également de déconnecter, évidemment, et de communiquer avec ceux qui sont au-dessus et à la fois avec les gens avec lesquels ils collaborent. Ça me semble très important parce qu'on peut être un peu tiraillé de temps en temps et au RH débordé, aller dormir.

  • Speaker #0

    Je prends le conseil pour moi personnellement. Merci Alice. Question tabou pour le coup. Quel est, selon vous, le plus grand tabou en matière de santé au travail aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Alors c'est un tabou, on en a parlé, mais qui à mon sens commence à être quand même vraiment levé, c'est vraiment le tabou de la santé mentale en entreprise. Historiquement, ce qu'on constatait quand on parlait santé mentale en entreprise, c'est que c'était perçu comme en fait un sujet individuel. C'est-à-dire qu'il y aurait des salariés qui auraient une sorte de fragilité et qui du coup seraient plus susceptibles d'être victimes de problèmes de santé mentale. On sait que c'est quand même pas vraiment comme ça qu'il faut aborder cette question, mais plutôt, encore une fois, sous un angle positif. c'est-à-dire que l'amélioration des conditions de travail peut amener à avoir une santé mentale qui est bien améliorée. Et donc je pense que ça, ce passage d'une vision très individuelle d'une personne qui aurait des fragilités, des difficultés même autres, à quelque chose de beaucoup plus collectif et surtout une vision positive de la santé mentale qui n'est pas juste quelque chose de l'ordre du problème mais qui peut être encore une fois un levier au sein des entreprises pour booster la créativité, l'énergie de manière plus globale dans les entreprises. Ça, c'est vraiment quelque chose qui est en train de se transformer, qui va continuer, peut-être pas encore totalement transformé, mais à mon avis, c'était le tabou le plus important de ces dernières années.

  • Speaker #0

    On arrive bientôt à la fin de notre échange et je vais vous poser la question signature du podcast. Est-ce qu'il y a une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

  • Speaker #2

    Oui, Jennifer, c'est vrai qu'on a pas mal parlé de la santé au travail telle qu'elle était actuellement et puis les évolutions par rapport au passé. Peut-être qu'il faut qu'on prenne quelques instants, qu'on fasse un pas de côté, qu'on se projette dans le futur. Et si on regarde en termes d'évolution démographique en France, un des chiffres que j'ai retrouvés, c'est qu'en 2050, donc c'est presque demain, on aura 27% de la population française qui aura plus de 65 ans. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en termes d'impact entre maintenant et d'ici 25-30 ans, on va vraiment avoir davantage de personnes qui vont être seniors dans le monde du travail. Ça veut dire que c'est une évolution qu'il faut qu'on anticipe dès maintenant. Pourquoi ? Parce qu'il faut qu'on travaille sur ce qu'on appelle l'usure professionnelle prématurée. On sait que là, on a échangé sur le fait d'avoir des bonnes conditions de travail pour limiter l'impact sur les organismes. mais on n'a pas parlé de la santé publique. L'approche qu'on a maintenant, c'est vraiment une approche de santé globale, une approche One Health, qui vise à prendre en compte à la fois les impacts du travail sur la santé, mais aussi les impacts des maladies chroniques. Et si je prends un exemple, c'est très bien dans une entreprise d'aménager les conditions de travail, mais si par exemple les personnes fument, ne prennent pas garde de leur taux de cholestérol qui peut être élevé, elles risquent de faire un événement cardiovasculaire à 50-55 ans avec potentiellement des séquelles. Donc c'est important. Et moi, ma vision pour le futur, mais qu'il faut préparer maintenant, c'est que l'entreprise pourrait être aussi un lieu, finalement, de prise en compte de cette santé globale, pourrait favoriser du dépistage de maladies chroniques. Et ça, à mon avis, c'est une évolution très importante et que j'appelle de mes voeux. Alors, il se trouve que chez Efficience, on a vraiment cette vision. On propose un programme de prévention santé publique aussi pour aider sur la sensibilisation sur le cancer du sein, sur la prise en compte de consommation d'alcool, sur Toutes ces thématiques, ça rencontre beaucoup de succès et je pense que c'est quelque chose qui pourrait être en tout cas généralisé et davantage saisi par les entreprises.

  • Speaker #0

    Donc en conclusion, quel message fort vous souhaiteriez partager à nos auditeurs ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'il est important à la fois en tant que salarié et d'employeur d'aller voir son service de santé au travail. Je pense en premier aux salariés qui peuvent ressentir des difficultés au travail comme en dehors du travail. mais... au travail pour un accompagnement, pour la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés, par exemple. Souvent, les salariés ignorent cette possibilité-là. Le médecin peut effectivement expliquer que c'est un statut qui permet un maintien dans l'emploi, des conditions de travail optimales et de préparer l'avenir. Donc, ça me semble important de pouvoir sentir la liberté, de pouvoir évoquer tous les sujets en relation avec sa santé sans avoir... peur d'en parler aux docteurs. Ce que j'entends par là, c'est que les services de santé au travail ont effectivement ce devoir de confidentialité et que l'employeur ne sera pas forcément tenu au courant. En tout cas, ça peut dénouer certaines situations difficiles. Et les employeurs, encore une fois, c'est important d'aller voir un service de santé au travail pour avoir des informations complémentaires, pour connaître l'accompagnement et savoir comment ils peuvent accompagner les salariés de manière optimale.

  • Speaker #2

    Oui, moi, je suis complètement en phase avec ce que vient de dire Alice. Je pense qu'il faut vraiment le... Pour moi, la conclusion, c'est de se dire que la santé au travail, ce n'est pas un coût, mais c'est un investissement, on l'a dit. Une fois qu'on a dit ça, ça veut dire, en fait, anticiper. Il faut, quand on est un salarié et qu'on a une difficulté de santé, anticiper le plus possible. Et donc, comme ça vient d'être dit, ne pas hésiter à consulter son service de santé au travail pour parler de manière confidentielle des difficultés. Si on est en arrêt maladie, on l'a dit, on peut consulter aussi son service de santé au travail. Donc, il faut le faire en anticipation. Si on est un employeur, il faut anticiper le plus possible, c'est-à-dire sur les conditions de travail, les évaluer et mettre en place un plan d'action pour améliorer le plus possible les choses, notamment en termes de santé mentale, mais pas que, également en termes de santé physique. Et puis, si je veux rester sur mon anticiper encore, encore une fois, anticiper les évolutions démographiques, anticiper les problèmes de santé hors santé au travail qui pourraient intervenir, en favorisant là aussi des programmes de sensibilisation en entreprise, d'information. Et une fois qu'on a ces trois piliers, normalement, on devrait être tranquilles tous collectivement par rapport à ces questions.

  • Speaker #0

    Super. Donc, on a une super feuille de route pour la suite. Hervé, Alice, merci beaucoup pour vos témoignages. J'étais ravie de vous accueillir dans le podcast. Vous avez partagé avec beaucoup d'authenticité et de bienveillance sur un sujet qui est souvent tabou. Donc, merci à vous. Je suis sûre que nos auditeurs... repartiront avec plein de clés pour rester en santé et en emploi. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Jennifer, pour cet accueil. Et merci, Hervé, également pour ta collaboration.

  • Speaker #2

    Merci. Merci de votre intérêt pour la santé au travail. Merci, Alice.

  • Speaker #0

    Merci à vous d'avoir écouté cet épisode de notre podcast. Pour rester informé sur nos prochains épisodes et bénéficier de contenus exclusifs, inscrivez-vous à notre newsletter. De plus, votre soutien est crucial. Laissez-nous un avis positif sur votre plateforme d'écoute préférée pour nous aider à toucher davantage de personnes. Ensemble, agissons pour un monde professionnel plus sain et plus épanouissant. Merci.

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