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#11 - Laurent Félix - Ekimetrics cover
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CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#11 - Laurent Félix - Ekimetrics

#11 - Laurent Félix - Ekimetrics

52min |28/05/2025|

122

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Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Laurent Félix, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général d'Ekimetrics, une entreprise qui aide ses clients à améliorer leur performance business grâce à l'IA. Ensemble ils abordent les 4 sphères d’influence sur lesquelles Ekimetrics a construit sa feuille de route : l’interne Ekimetrics, la communauté Data-IA, les clients de l’entreprise et au final la société en général. Pour chaque sphère, Laurent explique comment Ekimetrics s’y prend pour réduire les impacts négatifs, voire créer de l’impact positif. Ils abordent également l’usage (bon ou mauvais) de l’IA, la CSRD, la coopération sectorielle, la gouvernance et le leadership… … Bonne écoute !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Laurent

    Moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité... je vois très bien la capacité du groupe de 1.200 dirigeants, le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là... on va perdre la course à la puissance sur l'IA, néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence, et donc, au bon usage de l'IA... ce qui compte à la fin c'est le métier de l'entreprise, et la feuille de route elle doit porter sur la transformation de ce métier-là.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Laurent.

  • Laurent

    Bonjour Éric.

  • Eric

    Alors Laurent, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Pragmatisme, parce qu'on veut rendre très concrète l'économie régénérative et on va essayer de trouver des exemples pour être le plus pragmatique possible. Alors les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Laurent, CAP ou pas CAP ?

  • Laurent

    CAP !

  • Eric

    Alors c'est parti ! Laurent... Tu es diplômé d'une prestigieuse école d'ingénieur, tu as fait ta carrière dans le monde du conseil et de la data, notamment chez Wavestone. En 2019, tu rejoins Ekimetrics comme partner et tu deviens le General Manager d'Ekmetrics en 2021. Tu participes à la toute première CEC en 2021-2022. Alors, est-ce que déjà tu peux nous présenter ton entreprise, Ekimetrics, en quelques mots, quelques chiffres ? pour qu'on voit d'où tu nous parles.

  • Laurent

    Alors, Ekimetrics, c'est une entreprise qui a été fondée en 2006. Donc, elle a 18 ans cette année, ou l'année dernière. Elle a été majeure l'année dernière. C'est une entreprise qui est tombée dans la data quand elle était petite. Et elle ne fait que ça depuis qu'elle est née, avec ses différentes déclinaisons qui nous mènent aujourd'hui jusqu'à l'IA et l'IA générative. Elle a été fondée dans une logique d'aider ses clients, qui sont en général des grands clients, en l'occurrence en France le CAC 40. à être plus performants commercialement. En 2006, c'était ça, utiliser la data pour développer la performance commerciale et marketing des entreprises. Ce qui était une démarche à l'époque très novatrice, puisque la data n'existait pas vraiment, il n'y avait même pas le big data à l'époque. Et donc Ekimetrics a cheminé comme ça, avec toujours une empreinte business extrêmement importante, ça fait partie de notre ADN, et c'est ça qui nous donne toute la légitimité quand on s'adresse à des Comex de ces entreprises-là. Et on a, au fur et à mesure, développé une expertise en IA avec un positionnement de pionnier, c'est-à-dire qu'on prend les innovations et on essaye de les appliquer aux contraintes de nos clients. Et il y a à peu près cinq ans, quand j'ai rejoint EKimetrics, j'avais une sensibilité personnelle et un engagement personnel au sujet de la transition et je me suis dit assez vite, de manière très pragmatique, que ça allait être une question de direction générale pour mes clients. Qu'ils ne pourraient pas envisager des plans de transformation à 2, 3, 5 ans sans considérer les limites planétaires comme étant un nouveau terrain de jeu business pour eux. Donc moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité business. Et ça nous a permis de construire au fur et à mesure des offres dédiées à la transition.

  • Eric

    Et en quelques chiffres, aujourd'hui... que représente Ekimetrix ?

  • Laurent

    Ekimetrics, c'est à peu près 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est 500 collaborateurs. Donc, on n'est pas une petite entreprise, on n'est pas non plus gigantesque, mais on a une certaine force de frappe auprès du Fortune 500 et du CAC 40 et quelques ETI aussi en France. On est basé aussi, pas qu'à Paris, moi, je m'occupe en particulier de la zone française, disons, avec le bureau de Paris. On a un bureau aussi à Londres, un à New York et deux à Hong Kong et Shanghai.

  • Eric

    Alors, on va revenir sur ton parcours personnel. Et notamment, ton enfance, ton adolescence, quand tu étais plus jeune, quel était le métier que tu voulais faire plus tard ? Est-ce que tu voulais déjà être dans la data quand tu avais 10, 12 ans ?

  • Laurent

    Je ne suis pas tombé dedans quand j'étais petit, moi. Il y en a d'autres chez qui il y a des passionnés de ça depuis qu'ils sont nés. Non, non, moi, c'est une passion qui m'est venue sur le tard. Non, moi, j'étais un petit gars des années 80, je suis né en 79. Et j'ai été bercé par le foot, en fait. C'est tout bête, mais j'ai toujours aimé ça. Et très sérieusement, j'ai voulu faire cette carrière-là. Au grand dam de mes parents, pendant...

  • Eric

    T'es pas le seul, hein ?

  • Laurent

    Oui, je sais, ça. Tu voulais faire carrière pour le foot.

  • Eric

    Et une certaine sélection naturelle.

  • Laurent

    Et donc, oui, oui, j'ai été confronté à une sélection naturelle à un moment qui m'a rendu à l'évidence. Et donc, en fait, comme vocation, moi, j'ai toujours aimé, disons, la façon dont les choses fonctionnent, et donc la science, la physique et les maths. Ça m'a toujours beaucoup intéressé, et encore aujourd'hui, j'ai mon grand de 18 ans qui est en prépa intégrée, donc j'adore me replonger dans les maths, etc. Et le côté comprendre le fonctionnement, aujourd'hui me porte toujours sur la compréhension des filières industrielles, pas que les filières industrielles, mais grosso modo, le fonctionnement depuis l'élément naturel et la ressource naturelle, jusqu'au produit et jusqu'au service, comprendre toute cette chaîne-là, toute cette chaîne de valeur là, c'est une certaine passion, et en fait, depuis le début, cette compréhension des mécanismes m'habite.

  • Eric

    Tu nous as dit déjà que tu avais une sensibilité sur les enjeux de la transition. Est-ce qu'on peut dire que tu as toujours eu cette fibre un peu écolo ? Ou d'où est-ce qu'elle te vient ?

  • Laurent

    Peut-être un peu par réaction. Je ne l'ai pas toujours eu, mais je suis quand même né en 1979 encore une fois et donc je suis né en plein dans la consommation de masse. Et donc chez moi, on mange le rôti de boeuf quasiment tous les soirs de la semaine. Voilà, on a été... nourris aux hormones. Et je n'en avais pas du tout conscience jusqu'à mes 20-25 ans, pour être tout à fait honnête. Et donc, j'étais très heureux comme ça, dans cette société de consommation, pur produit de ça. Et en fait, j'ai fait une rencontre, même disons plusieurs rencontres, vers 2008, où on a, par la proximité des écoles, donc par mes enfants, rencontré des gens qui étaient extrêmement engagés sur le sujet. Et ça m'a fait réfléchir. C'est des gens qui ne venaient pas du tout de mon milieu, pas du tout scientifiques non plus, mais qui avaient une sensibilité extrêmement forte là-dessus, qui étaient mes voisins à Nanterre. On s'est lancé en 2009 dans un projet un peu fou d'habitat groupé écologique. Habitat groupé, on s'est réunis à trois familles sur une parcelle à Nanterre à l'époque. On avait été suivis par Canal+, c'était très intéressant. Mais on avait poussé le sujet assez loin. C'était des maisons en bois, évidemment, isolation en paille. avec des puits canadiens, et puis même il y avait la notion d'habitat groupé, donc une notion de mettre en commun certaines ressources. Il se trouve que ce projet a complètement planté, et qu'on est parti en procès avec l'entrepreneur pendant 5 ans, ça a été terrible. Pas entre vous. Pas entre nous, pas entre nous. Il y a eu des tensions évidemment dans des projets comme ça, mais fondamentalement, moi je suis devenu assez expert sur la partie habitat, et là je me suis dit, mais oui, c'est important d'avoir dans sa vie quotidienne, ça chevillé au corps parce qu'on les voit, les problèmes, ils arrivent. Et en tant que dirigeant, si je veux avoir un peu d'alignement interne, j'ai un formidable levier qui est Ekimetrics. Il faut que je fasse en sorte que j'utilise ce levier-là.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous décrire ou nous parler d'une expérience de nature que tu as eue récemment et qui t'a marqué ?

  • Laurent

    Alors, ça remonte à il y a à peu près 18 mois. C'est une expérience de nature et une expérience humaine à la fois. On a été quelques-uns un peu foufous chez Ekimetrics, une petite trentaine, à faire ce qu'on appelle le RAID 28. Le RAID 28, c'est une aventure en forêt où tu pars le samedi à 20h et t'arrives, quand t'arrives, en général le dimanche vers 15-16h. Et donc là, tu subis, c'est en janvier, tu subis le froid, l'humidité et la difficulté de la marche, souvent dans la boue parce que c'est le cas. Et fondamentalement, ça te connecte à la nature parce qu'elle rentre dans tes tripes par le froid et l'humidité. Et donc t'as deux manières de faire : soit tu subis, complètement, tu te recroquevilles et tu souffres pendant des heures et des heures, soit t'intègres, tu respires et tu t'enrichis des éléments qui sont autour de toi. Et en fait, je ne vais pas vous dire que je me suis complètement enrichi, j'ai eu des hauts et des bas pendant cette traversée, et j'avoue que à la fin, j'ai plus subi que je me suis enrichi, mais c'est une très bonne expérience de nature.

  • Eric

    C'est une vraie expérience avec la nature.

  • Laurent

    75 kilomètres.

  • Eric

    J'avais envie de te poser la question sur, finalement, ton arrivée dans l'aventure CEC. Qu'est-ce qui s'est passé ? Quand as-tu entendu parler de la CEC pour la première fois ? Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es senti appelé à vivre cette aventure de la CEC ?

  • Laurent

    Pour moi, la CEC et son aventure, quand j'en ai entendu parler, ça a été relativement évident. En fait, j'en ai entendu parler via mon Planet Champion qui s'appelle Théo Alves Da Costa et qui avait rencontré Yannick Servant lors d'un événement. Et Théo m'a dit, Yannick, avec une autre personne qui s'appelle Eric, je crois, en tout cas c'était comme ça que ça m'avait été présenté lance une initiative à l'image de la Convention Citoyenne mais pour les entreprises, donc c'était 2020 2021 je pense cet échange là et j'étais en train de lancer mes réflexions comme je te le disais tout à l'heure en introduction et en fait je me suis dit, la CEC va m'apporter, donc je l'ai plutôt prise comme ça, qu'est-ce qu'elle va m'apporter dans un premier temps ? Va m'apporter une certaine expertise sur le sujet, une certaine légitimité pour mieux transformer Ekimetrik, et par rebond après que Equimetrics transforme mieux ses clients. Et donc pour moi, je voulais absolument en être à partir du moment où on en a parlé, absolument. Et donc j'ai pris ce sujet très très au sérieux et je le prends toujours très très au sérieux. J'avais rédigé une lettre pour vous, où justement j'expliquais un peu mon parcours personnel, et pourquoi c'était important pour moi d'intégrer la CEC. Et puis, voilà, j'étais, je crois, dans les premières entreprises à rejoindre le mouvement.

  • Eric

    C'est vrai, pour l'anecdote, je me souviens très bien avoir lu cette lettre. C'était la première fois qu'on avait une lettre de motivation aussi convaincante. Donc, effectivement, tu as fait partie de la toute première vague des engagés de la CEC. Et finalement, une première question plus personnelle dans cette aventure, dans ce parcours, c'est quoi maintenant, avec le recul, puisque c'était déjà il y a trois ans, c'est quoi qui t'a finalement le plus marqué, ce que tu as retiré de cette expérience ?

  • Laurent

    Alors, je dirais, ce à quoi ça m'a beaucoup servi, ce qui est une façon de dire ce qui m'a marqué, c'est ce que j'y ai appris. Ça m'a donné une espèce d'assise sur le sujet, assez transverse et assez profonde sur pas mal de thématiques. Je me souviens des sujets sur les business models, je me souviens des sujets sur la partie financière et la triple comptabilité, et voilà, enrichi de beaucoup d'exemples concrets, moi ça m'a élevé mon niveau de jeu sur le sujet. Ça, c'est mon côté très pragmatique retient ça. Ensuite, et c'est plus avec le recul, c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis à 100% derrière ce mouvement-là, c'est que, pour être tout à fait honnête, au début je me suis dit, bon, on est 150 dirigeants d'entreprises, pas forcément de très grande taille, on ne pèse rien du tout sur le marché. Et donc, je le prends plutôt comme étant quelque chose, une espèce de super école de dirigeants. Je l'ai plutôt pris comme ça. Aujourd'hui, avec le recul, et ça fait maintenant quand même déjà au moins deux ans que je pense ça, je considère que l'effet boule de neige de la CEC est réel, d'une part, et que je vois très très bien la capacité maintenant du groupe de 1.200 dirigeants engagés dans la CEC. Je vois. le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là comme étant extrêmement réel, extrêmement concret. Et donc, c'est ça que je retiens. Je l'ai pris au début comme quelque chose qui allait m'apporter quelque chose. Et donc, aujourd'hui, moi, j'ai plutôt envie d'y apporter le plus possible à travers Ekimetrics et moi-même, pour que cet effet d'entraînement soit décuplé au fur et à mesure du temps.

  • Eric

    Donc, en fait, tu y as vu, à l'ordre 1, un renfort individuel, et à l'ordre 2, tu t'es rendu compte du potentiel de la force collective.

  • Laurent

    Exactement.

  • Eric

    Et j'ai envie de dire, à l'ordre 3, tu as sans doute utilisé le renfort de connaissances et de compétences individuelles pour réfléchir à la feuille de route de ton entreprise et justement comment mettre ton entreprise au service de tes clients, mais aussi d'une transition juste. Je te propose de basculer peut-être sur cette dimension-là de ton expérience autour de la feuille de route d'Ekimetrics, des leviers de redirection d'Ekimetrics. Peut-être avec une première question, si tu avais à décrire en deux, trois grandes actions les marqueurs de la feuille de route d'Ekimetrics ?

  • Laurent

    Dans la position d'Ekimetrics, il y a plusieurs, disons, sphères d'influence. Et la feuille de route, on l'a structurée à travers ces sphères d'influence. La première sphère, c'est Ekimetrics elle-même, entre guillemets, c'est-à-dire son fonctionnement intrinsèque. La deuxième, c'est la communauté Data IA, et donc l'écosystème Data IA sur lequel Ekimetrics a une influence. La troisième, c'est ses clients. Et la quatrième, peut-être de manière un peu immodeste, c'est la société. Et donc on s'est défini, nous, des marqueurs sur chacune de ces sphères-là. Sur la sphère Ekimetrics, bon, c'était réduire notre empreinte carbone. Donc dans nos métiers, paradoxalement, ça a l'air bizarre, mais ce n'est pas encore les algorithmes d'IA qui pèsent le plus dans l'empreinte carbone d'Ekimetrics, mais maintenant ça va le devenir, puisque avant le premier poste de coup, c'était mes déplacements, quand je dis l'ensemble des déplacements des collaborateurs d'Ekimetrics. Et donc maintenant qu'on les a réduits assez drastiquement, et que les projets d'IA sont de plus en plus présents, le rapport de force est en train de s'inverser. Un gros gros point d'attention, et on y reviendra, sur le côté frugal de ce qu'on fait en termes d'IA, pour limiter ça. Donc, premier marqueur sur la première sphère. Sur la deuxième sphère, sur l'écosystème, c'est le fait de promouvoir l'IA responsable et frugal au sein des professionnels de l'IA et de la data en France et plus largement en Europe. Le deuxième marqueur pour la deuxième sphère, donc celle des communautés data-IA, C'est le fait de promouvoir l'usage de l'IA responsable et frugale au sein de ces communautés là. Et c'est des techniques, c'est des façons de coder, c'est des façons de comprendre les résultats et la façon d'articuler les différentes fonctions d'IA qui font qu'à la fin, tu as un IA qui est efficace et tu as un IA qui est frugal. Donc encore une fois, il ne faut surtout pas opposer les deux. Le marqueur, c'est ça, c'est d'avoir autour d'un écosystème chez Ekimetrics qui engendre une capacité de compréhension et d'exécution de l'IA de manière frugale et responsable. Le troisième, c'est sur mes clients. Donc là, on s'était mis une ambition qu'on avait chiffrée en termes d'impact carbone chez mes clients. Et ça, je m'aperçois que c'est difficile à mesurer directement et surtout qu'au fur et à mesure des avancées qu'on a avec eux, les projets m'amènent plutôt à des critères de transformation chez eux. Transformation de business model notamment, transformation des chaînes de valeur, transformation des opérations. Et donc là, on a plutôt une logique de dire à quels endroits est-ce que l'IA contribue véritablement à changer les chaînes de valeur de mes clients, dans une logique de frugalité, disons-le comme ça. Et quatrième marqueur sur la société, donc là, c'est la diffusion du savoir-faire, plutôt la diffusion du savoir climat et limites planétaires, à travers notamment certains outils, un qui est le plus célèbre d'Ekimetrics qui s'appelle ClimateQ&A, qui est un outil de vulgarisation des rapports du GIEC, qui permet à tout un chacun de s'approprier ce rapport qui est, il faut le dire, un peu indigeste, avec ses milliers de pages en anglais écrits tout petits et ses milliards de graphes. Et donc on a un outil, je vous invite à aller taper www.climateqa.com et d'aller poser toutes les questions que vous voulez à cet outil-là. C'est un outil qui est utilisé par des dizaines de milliers de personnes, que ce soit le grand public ou même les professionnels du climat qui viennent très très souvent s'enquérir d'informations qui sont dans le GIEC grâce à ça. Donc on essaie d'œuvrer sur ces quatre sphères-là.

  • Eric

    Merci beaucoup pour cette structuration parce que je te propose Laurent de reprendre et de creuser sur ces quatre sphères d'influence, votre feuille de route pour aller dans le plus concret possible. Alors on sait que la data et l'IA c'est assez conceptuel, mais tu as une grande capacité de vulgarisation et donc... Ce qu'on va essayer de faire, c'est de remonter en termes d'impact et de taille finalement de bulles d'influence sur ces quatre leviers. Donc parlons tout d'abord de l'entreprise Ekimetrics, de son empreinte. La question que je voulais te poser, c'est pour les employés d'Ekimetrics, la feuille de route, comment ça peut les impacter et comment ils ont attrapé cette feuille de route, ils ont pu se l'approprier. Qu'est-ce qui a changé ces derniers temps pour les employés d'Equimetrix ?

  • Laurent

    Je vais reprendre, dans ces derniers temps, je vais quand même remonter à 2021-2022. C'est-à-dire, en fait, quand on vivait la première vague de la CEC, quand je dis on, c'est Théo et moi, à travers les différentes sessions de la CEC, on prenait un grand soin à chaque fois de rediffuser l'ensemble du savoir qu'on avait eu. C'était pour moi extrêmement important que ça ne soit pas juste quelques personnes dans la direction qui s'emparent du sujet. La transformation. d'Ekimetrics, elle passe par la prise de conscience individuelle de chaque membre d'Ekimetrics, chaque collaborateur d'Ekimetrics, sur ces sujets-là et ce qu'Ekimetrics peut faire là-dedans. Et donc, on a pris beaucoup de temps, grâce à Théo notamment, pour diffuser ça. Et donc, on pensait que cette transformation était assez naturellement engagée puisque, en particulier pour moi, l'engagement d'Ekimetrics était évident. Et il se trouve qu'à la faveur de quelques dossiers un peu clés chez nous, on s'est aperçu que l'embarquement de l'ensemble des collaborateurs était quand même pas évident. Et en fait, c'est comme ça qu'on arrive à transformer, c'est souvent à travers des crises. Et on a eu une crise parce qu'on a gagné un gros dossier auprès d'une compagnie aérienne. Et là, j'ai eu à la fois un levier de bouclier de personnes qui disaient « Non, il ne faut absolument pas travailler pour le secteur aérien. » Et d'autres qui disaient « Mais on ne voit pas pourquoi on ne travaillerait pas pour le secteur aérien. » Et donc, non seulement j'ai eu de l'incompréhension, mais j'ai même eu des scissions en interne qui étaient assez profondes. Et donc, il a fallu faire de la pédagogie. Et donc, on s'est aperçu qu'on n'était pas allé assez loin dans l'explication pour exprimer qu'il fallait, en tout cas moi, je préférais être partie prenante des décisions de cette compagnie aérienne pour pouvoir la transformer. Et ça, c'est très dur, c'est difficile, on y reviendra sur la sphère des clients, mais fondamentalement, quand on aide une compagnie aérienne à gagner des parts de marché, forcément, ça a l'air d'être complètement antinomique avec une mission de transition. Mais si on ne fait pas ça, on n'est pas crédible auprès du COMEX de cette compagnie aérienne pour travailler sur d'autres axes, disons, d'usage plus raisonné du transport aérien, puisqu'on n'a aucune crédibilité. On dit, bon, voilà, vous êtes des ayatollahs de l'écologie, vous voyez bien que mon secteur aérien, il va contre ça, donc merci, au revoir. Alors que si on vient par le prisme business, c'est beaucoup plus puissant. Donc ça, le fait d'expliquer ça, ça nous a servi à mieux expliquer la mission d'Ekimetrics. Ensuite, on a beaucoup d'actions sur la limitation des déplacements, sur la frugalité des IA qu'on fait. Donc on essaie d'avoir une cohérence sur un peu tout, pour que ça soit très authentique, vécu de manière concrète par tout le monde. On réunissait avant les, il n'y en avait pas 500 à l'époque, mais plutôt 300, collaborateurs d'Equimetrix tous les ans, ceux qui viennent du quatre coins du monde. Et bien on ne le fait plus, depuis 2021 on ne le fait plus. Là, Ekimetrics a 18 ans, et j'avoue réfléchir à comment est-ce que je fais pour Equimetrix 20, donc dans deux ans. Parce que de ne pas voir ses collègues physiquement, on s'aperçoit que ça fait des dysfonctionnements. Bon, voilà. Est-ce qu'on peut se permettre, je suis encore en questionnement là-dessus, est-ce qu'on peut se permettre de réunir toutes les personnes d'Equimetrix en 2027 ? On va voir. C'est une des questions. Ce renoncement-là, on l'a fait assez immédiatement, assez naturellement.

  • Eric

    Peut-être que de passer de tous les ans à tous les dix ans, c'est peut-être possible. Voilà. alors merci pour ce partage sur la deuxième dimension, tu parlais de ton secteur, le secteur de la data, de l'IA, où là, c'est un secteur où en fait, tu es en prise directe avec tes concurrents aussi, et d'autres parties prenantes. Dans votre feuille de route, comment vous abordez cette dimension-là, de la transformation du secteur, de votre responsabilité, votre éthique, par rapport à ce secteur, et qu'est-ce que vous arrivez à faire concrètement ?

  • Laurent

    Dans le positionnement d'Ekimetrixcs, on est extrêmement clair sur le fait que l'IA n'est pas une fin en soi. L'IA c'est un outil, c'est un outil puissant. Et donc effectivement quand tu le mets dans des mauvaises mains, ça peut donner la marque Shein de fast fashion. Mais quand tu es convaincu que c'est un outil qui bien utilisé peut servir la transition, en fait tout s'aligne. Et ça veut dire que concrètement on a des axes de recherche. Donc on met des centaines de milliers d'euros sur des axes de recherche sur l'IA frugale, sur l'IA responsable. Et on a un certain nombre de partenaires, je pense à Hugging Face, je pense à Data for Good par exemple, qui sont dans cet écosystème là et participent d'une certaine émulation collective et intellectuelle sur l'IA pour développer ces bonnes pratiques là. Et ça, on a quelque chose qui s'appelle Equilab sur le site d'Ekimetrics qui donne en open source ces techniques là. Et en fait, je n'ai pas une logique de concurrence là-dessus. Bien sûr que j'ai des concurrents qui vont pouvoir reprendre ça s'ils le souhaitent. Et en fait, j'en serais très heureux. Ce n'est pas ça le point. Le différenciant d'Ekimétrics, c'est de faire en sorte que ces IA là soient appliquées pour ses clients, pour ces enjeux, et de bien le faire. Donc ça, je n'ai pas de problème à participer à cet écosystème là, bien au contraire. Et donc, très concrètement, c'est des webinars, c'est des meet-ups, c'est des hackatons qu'on fait régulièrement dans les locaux d'Ekimetrics sur ces différents sujets là. C'est l'intervention dans certaines universités, dans certaines sphères académiques.

  • Eric

    C'est très important ce que tu dis là, parce que c'est aussi une des ambitions de la CEC, de savoir regrouper des acteurs d'un même secteur, d'une même filière, qui, quelque part, ont ce socle de connaissances et de compétences sur les enjeux de la transition, pour qu'ils puissent réfléchir ensemble à comment faire basculer leur filière. Et évidemment dans une notion plutôt de lobbying vertueux. Donc c'est vrai que cette approche là, elle n'est pas forcément intuitive dans un monde où chacun veut gagner des parts de marché et gagner contre. Elle devient beaucoup plus logique quand on est effectivement dans un esprit de coopération. Quel potentiel tu verrais justement à ces coopérations sectorielles, comme sur le thème de l'IA par exemple, sur le terreau de la CEC ?

  • Laurent

    Ça c'est une super question et pour moi, c'est un très très gros levier de transformation, d'arriver, en effet, à regrouper des acteurs d'une filière et de les faire, entre guillemets, gagner ensemble. Il se trouve que le dilemme du prisonnier, il est extrêmement probant quand tu es un dirigeant. C'est-à-dire que d'aller faire des renoncements sur ton modèle économique, quand à côté ton concurrent ne les fait pas, tu perds immédiatement des parts de marché, ça te met sous pression immédiate. Et ça, c'est très difficile. Mais en revanche, moi, je vois un gros potentiel de transformation, y compris sur le terreau de la CEC, qui commence à avoir une dimension suffisante pour ça, à réunir quelques dizaines d'acteurs au sein des filières et de les faire travailler sur des modèles de collaboration plus vertueux. Et moi, je fais le pendant direct avec, disons, la data et l'IA à travers des plateformes de données, puisque pour mettre en commun des business models, il faut mettre en face l'offre et la demande, il faut mettre en commun des moyens de production, des moyens d'acheminement, des moyens logistiques. Et ça, ça passe par partager ses données. Mais c'est difficile de partager ses données. Donc, quand on partage ses données de manière sécurisée, égale avec ses concurrents ou un certain nombre de concurrents de sa filière, et que potentiellement par une puissance publique, tu vas venir avoir un socle qui permet le partage avec des règles éthiques parmi les différents acteurs, là tu te sens dans une zone de confort. Et si tu as bien compris que ce partage-là, c'était le terreau nécessaire à une économie de la collaboration et pour le gagner ensemble, là, pareil, deuxième étage, deuxième clic, en tant qu'acteur de la filière, hop, tu te dis, ah oui, tiens, pourquoi pas. Si, par ailleurs, ça te permet aussi, toi, de diversifier ton activité en créant des espèces de services qui viennent s'appuyer sur ces plateformes de données, en mutualisant, encore une fois, des moyens de production avec certains acteurs de la filière, tu es plus efficace, tu es plus précautionneux des ressources que tu utilises et potentiellement tu as des externalités négatives qui tombent, voire des externalités positives qui naissent. Donc ce modèle, et c'est vraiment très concret de dire je partage mes différentes données de production, mes différentes données de chaînes de valeur, d'acheminement, etc. et je construis et je co-construis des services avec une intelligence économique partagée par plusieurs dirigeants, c'est extrêmement puissant et pour moi c'est des premiers éléments qui peuvent faire basculer des filières entières.

  • Eric

    Alors, rendez-vous est pris pour faire basculer ces filières et peut-être donner le la aussi à d'autres filières, d'autres secteurs. On va passer maintenant à la troisième sphère d'impact d'Ekimetrics dans votre feuille de route, les clients. Je vais te poser un challenge. Est-ce que tu pourrais nous donner deux, trois exemples hyper concrets où la data ou l'IA a pu transformer des comportements ou des offres de vos clients, for good, donc pour quelque chose qui va dans le bon sens des limites planétaires.

  • Laurent

    Premier exemple, un grand constructeur automobile a souvent des centaines de millions d'euros à sa disposition pour vendre ses véhicules. Et finalement, dans une logique 100% rentabilité. Un grand constructeur automobile français a été sensible à notre approche. Nous, on vient du côté 100% rentabilité, comme je te le disais au début. Et depuis quelques années, on a intégré la dimension empreinte carbone dans tous nos algorithmes de performance, entre guillemets. Ce qui veut dire que, et c'est soutenu par la norme CAFE dans l'automobile, tu peux avoir une transcription assez immédiate du côté empreinte carbone vers le côté euros, si tu vends une voiture... hybride ou diesel versus si tu vends une voiture électrique. Et donc on a, dans nos algorithmes de mesure de performance, intégré la différence d'empreinte carbone liée aux produits voitures qui étaient vendus à travers ces moyens-là, et on les a rétro-ingénierés pour changer le ROI. Et donc là, un directeur marketing, en l'occurrence de cette entreprise automobile, qui voit ça, arrive à mesurer à quel point le fait d'aller pousser par ses moyens moteurs, ses vendeurs en concession, le nombre de concessions qui proposent ces modèles-là, les campagnes marketing, médias au cinéma ou dans la rue, etc. Tout ce moyen-là, il arrive à mesurer, grâce au projet qu'on a fait avec lui, à quel point ça peut faire bifurquer la demande vers le véhicule électrique et le ROI qu'il en attend. Donc, on peut penser ce qu'on veut du véhicule électrique et de son empreinte, mais disons que par rapport à la norme CAFE, qui sert bien quand même, si tu n'as pas cette réglementation, c'est plus dur. On a fait un outil à base de data et d'IA qui permet ça pour le directeur marketing, donc de concilier sa performance financière et sa performance carbone. C'est aidé encore une fois par la régulation. Premier exemple. Deuxième exemple, un acteur du retail, donc dans les petits produits d'électroménager, disons. Comme beaucoup de grands acteurs, et c'est aussi sous le feu de la rampe en ce moment, il y a la transition, elle est quand même pas mal poussée, c'est un peu l'approche de l'Europe par la réglementation, et la CSRD en fait partie. Tu peux voir la CSRD de deux manières. Soit c'est une chienlit de reporting, soit c'est un guide à la transformation. Et donc on a, nous, pris la deuxième partie en disant, on va aider les boîtes à faire en sorte que non seulement ça ne soit pas une chienlit de reporting, mais qu'en plus ce soit un levier de transformation. Et donc de manière très concrète, on utilise l'IA génératif. pour pré-remplir, d'une part, l'ensemble des questionnaires CSRD sur toutes les ESRS, avec des centaines, voire des milliers de data points. Et donc, on facilite grandement le travail des gens qui sont maintenant dédiés à ça dans les entreprises, grâce à l'IA génératif, c'est-à-dire qu'on a des IA qui vont aller screener tous les documents disponibles en interne et qui sont disponibles aussi sur le public de cette entreprise-là. Et on va pré-remplir, grâce à l'IA génératif, les questionnaires.

  • Eric

    Là, juste, tu vas faire rêver. énormément de directeurs financiers avec cette offre.

  • Laurent

    Non, mais c'est sûr qu'on a beaucoup de demandes parce que ça marche très très bien. Mais quand même, au-delà de ça, là où on parle d'un gain de temps, bon, c'est pas tant ça, moi, qui m'intéresse. C'est le fait de dire on a aussi un gain d'exhaustivité. Il y a beaucoup d'informations quand on a un gros volume documentaire que sont ces grands groupes-là. Il y a des choses qu'on loupe. Donc, il y a aussi un gain d'exhaustivité. Mais c'est pas seulement ça. C'est aussi que notre outil qui fait ça, fait ce screening-là, fait également, sur chacun, pas tous les data points, mais agrégés en termes de data points à travers les ESRS, qui fait un benchmark sectoriel pour dire, Monsieur le client, sur ce point-là, vous êtes en avance, c'est très bien, sur ce point-là, vous êtes en retard par rapport à votre écosystème. Et vous êtes en retard pour telle et telle raison, et voici les actions que vous pourriez mener sur ce point précis-là pour rattraper votre retard. D'où le fait d'utiliser la CSRD comme étant un outil de transformation. Donc ça, je suis hyper fier de la solution qu'on a montée et qu'on améliore chaque jour. Et pareil, y compris pour proposer des plans d'action, c'est que de l'IA derrière. On va chercher dans plein de bases sectorielles des actions qui fonctionnent et qui transforment véritablement.

  • Eric

    Alors attention, Laurent, je vais te poser une question challenge. Parce que juste avant, tu nous as parlé du dilemme du prisonnier et de comment faire bouger tout un secteur. Et là, tu viens de me mettre des étoiles dans les yeux avec cette offre, cette IA générative, qui peut permettre de donner du sens et de prendre des meilleures décisions sur la CSRD. Est-ce que cette offre, vous pourriez envisager, Ekimetrics, de la mettre à disposition via un mécanisme open source ou autre, vers certains de vos concurrents, pour que ça se diffuse à grande vitesse ? Puisque là, on parle quand même de donner du sens à une initiative européenne. qui peut soit être une chienlit de reporting, soit être une nouvelle boussole pour prendre des milliers de bonnes décisions pour les limites planétaires.

  • Laurent

    C'est effectivement une question de challenge, ça.

  • Eric

    Mais je vais jusqu'au bout du raisonnement. Parce qu'on est en 2025, il faut envisager peut-être des intentions stratégiques puissantes de ce type.

  • Laurent

    Donc, on a dit authenticité au démarrage de notre échange. Et donc, ma réponse là-dessus serait pourquoi pas, mais pas maintenant. C'est-à-dire ? Aujourd'hui, le marché de la transformation de la CSRD, il est encore en démarrage. Et donc, je ne te cache pas que cette offre-là, il n'y en a pas beaucoup qui l'ont sur le marché. En tout cas, des offres qui fonctionnent. Et donc, je suis heureux de gagner ces premières parts de marché sur la transformation CSRD. En revanche, c'est un mouvement qui concerne 50 000 entreprises dans l'Europe, qui va être une véritable déferlante. Et à partir du moment où il y aura ce déclenchement-là, et que... en gros, je vais me trouver moi comme étant un frein. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, je ne suis pas un frein. Je me sens comme un accélérateur de la bonne utilisation de la CSRD. Quand demain, je me sentirai un frein parce que le mouvement sera parti, alors là oui, je relève le challenge et je partage.

  • Eric

    On prend rendez-vous. Est-ce que tu as en tête peut-être un ou deux exemples de plus par rapport à tes clients ? Tu nous en as donné deux, très probants. Mais est-ce que sur des formulations dans certains secteurs ou l'agroalimentaire ? Je ne sais pas, vous avez d'autres exemples où la data, où l'IA apporte des gains pour la planète ?

  • Laurent

    Oui, acteur des cosmétiques, grand acteur des cosmétiques, qui a eu sous, encore une fois, l'impulsion de réglementations européennes, l'obligation de retirer les perturbateurs endocriniens de leurs recettes de produits. Avec un temps record en termes de durée qui n'était pas compatible avec leur processus habituel de R&D traditionnel en chimie. Et comme c'était un très bon client, ils sont venus nous voir en disant « Vous êtes les petits génies Ekimetrics là ? Est-ce que vous ne pourriez pas nous faire quelque chose qui nous permette de remplir nos obligations réglementaires européennes ? » On leur a dit « Ben nous, on n'est pas chimiste, hein ? » Mais bon, quand même, comme on aime relever les défis, on y est allé. Et en gros, on a beaucoup travaillé avec les chimistes de cet acteur là. sans rien y connaître au début de la partie chimique, mais pour faire quelque chose d'assez, finalement, assez simple, qui était, il y avait à peu près 1500 produits qui étaient concernés, 1500 recettes. Et donc, une recette, c'est une série de réactions chimiques de l'ordre d'une grosse dizaine, disons. Donc, ça fait 15 000 réactions chimiques. Et sur ces 15 000 là, les chimistes nous ont dit « Aidez-nous à comprendre les enchaînements de réactions chimiques qui sont pertinents et qui sont semblables, de manière à ce qu'on puisse les traiter par groupe », une espèce de clusters de réactions chimiques. Et donc ça, on a simplement codé certains marqueurs des réactions chimiques de manière à détourer, pardon pour ces anglicismes, mais ces patterns de réactions chimiques. Et ça a permis de diviser par 12 le temps, parce que le nombre finalement d'axes de recherche sur la réaction chimique que cet acteur des cosmétiques devait faire. Donc on a relevé le défi grâce à la data science et à l'IA, disons-le comme ça, de remplir cette directive européenne sur les perturbateurs endocriniens.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qui rendent vraiment concret l'intention de la visée régénérative d'une entreprise comme Ekimetrics. Donc on s'aperçoit qu'on est dans la vie réelle en fait. On a l'impression parfois que l'IA c'est ailleurs, c'est dans un monde parallèle, mais en fait ça touche la vie réelle. Donc justement ça nous amène peut-être sur la quatrième sphère d'influence d'Ekimetrics, qui est le bien commun, la société. Et là, on s'aperçoit déjà par les exemples qui sont donnés que transformer un client, transformer ses offres peut permettre déjà d'avoir des impacts sur la société. Mais est-ce que vous avez d'autres initiatives, exemples où Ekimetrics fait un dépassement aussi de son impact sur la société ?

  • Laurent

    Modestement, oui. Donc, j'ai parlé tout à l'heure de notre outil sur le climat, Climate Q&A. il se trouve que dans la façon dont l'outil est fait, allez-y, on prend l'utilisateur, le citoyen par la main pour, finalement, le conduire dans son cheminement de compréhension des mécaniques qui sont en jeu sur le climat, grâce au rapport du GIEC. Si t'es intéressé par un thème, tu peux cliquer sur le ou les paragraphes qui t'intéressent, et après t'as des liens vers d'autres documents qui sont eux-mêmes résumés à leur tour, etc. Donc ça, c'est un premier élément. Deuxième élément, c'est que on a la chance de travailler avec l'ADEME sur la mise à disposition d'une trentaine d'années de documents de l'ADEME, qui sont une mine d'or qu'il faut absolument diffuser sur des mécanismes un peu parallèles à Climate Q&A, qui pour l'instant n'est qu'en interne des agents de l'ADEME, mais qui, dans les temps à venir, vont être ouverts au grand public de manière beaucoup plus massive. Et je te donne un troisième exemple, que j'aime beaucoup, qui est un projet qu'on a fait en lien avec Reporters sans frontières et l'Alliance Presse, du journaliste augmenté. Et en l'occurrence, le journaliste augmenté sur... le climat, les limites planétaires, par l'intermédiaire d'un outil qui a été bêta-testé et trituré dans tous les sens par un certain nombre de rédactions, je dirais une bonne vingtaine de rédactions. C'est un outil qui s'appelle Spinoza aujourd'hui, et qui permet à un journaliste, quand il prépare un article, d'aller interroger un grand nombre de sources scientifiques, premièrement, et un grand nombre de sources législatives, d'autre part. C'est-à-dire, grosso modo, tous les textes de loi qui ont été impactés par la loi Pacte, notamment. Et donc ça, au début, pourquoi j'aime beaucoup cet exemple ? Parce que les journalistes, quand ils voient l'IA arriver, sont extrêmement sceptiques, parce qu'ils considèrent que c'est quelque chose qui peut prendre leur job, grosso modo, pour le dire sans détour. Et quand on a une approche qui est de mettre l'IA au service, en l'occurrence, de l'utilisateur et de l'humain, et de décupler sa capacité à être pertinent sur un sujet, on se trouve à faire un outil qui est accepté par la profession aujourd'hui et qui est en train de se diffuser de plus en plus largement, regardez sur Spinoza. Et donc, on est assez fiers de cet outil-là et on est en train de travailler encore avec ces acteurs pour le diffuser plus largement.

  • Eric

    Merci pour ces exemples. Je vais en donner un quatrième, je vais répondre à ma propre question. En disant, que fait... Ekimetrics pour le bien commun, et j'en profiterai pour te remercier, remercier Théo et les équipes d'Ekimetrics, mais vous nous aidez aussi nous, la CEC, puisqu'on a maintenant plusieurs centaines de feuilles de route, bientôt mille feuilles de route dans une base de données, à réfléchir à comment tirer la quintessence de tous ces leviers de transformation de toutes les entreprises qui ont fait la CEC et qui se lancent dans leurs feuilles de route pour essayer que ça profite plus largement au bien commun aussi, à des centaines de milliers d'autres entreprises. Merci aussi pour ce mécénat de compétences que vous faites pour la CEC.

  • Laurent

    Avec plaisir.

  • Eric

    On va simplement aborder une question. On est obligé d'aborder cette question parce qu'elle sera présente dans l'esprit de nos auditeurs. Puisque là, on parle d'IA. On parle d'IA for good, de l'IA finalement sur des exemples de transformation positive. Mais je pense qu'on a collectivement une peur de l'IA, qui pourraient ne pas être for good, qui pourrait être un super pouvoir utilisé par des puissances qui iraient dans un délitement de la société potentiellement, voire des gros risques. On sait que les États-Unis investissent massivement, les Chinois investissent massivement sur l'IA. Toi, de ton point de vue, est-ce que cette peur est rationnelle ? Qu'est-ce que tu ressens par rapport à ça, à cette puissance qui pourrait être mise au service de forces négatives ?

  • Laurent

    Moi, je la partage cette peur, pour être tout à fait honnête. En revanche, elle génère chez moi une certaine détermination. Même si on est beaucoup plus petit que les 500 milliards de Stargate qui viennent d'être annoncés par Trump et son équipe de gagnants. Néanmoins, et qu'en plus, il moque entre guillemets la vieille Europe qui se perdrait dans un certain niveau de régulation et de réglementation. Donc, est-ce qu'on va perdre la course à la puissance sur l'IA ? Ma réponse est oui. On va la perdre. L'ambition de l'Europe, c'était d'avoir un data center, Stargate, ils parlent de 20 data centers et ils sont déjà en train de les faire au Texas. Est-ce qu'on va perdre cette course à la puissance ? La réponse est oui. Néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence. Et donc, au bon usage de l'IA, et sans aucune, enfin, j'espère ne pas être candide ou naïf sur le sujet, il faut que l'IA permette, encore une fois, moi je ne parle que des entreprises, de concilier la performance économique et la performance durable de ces boîtes-là, avec les exemples que j'ai donnés juste avant et d'autres à venir. Et donc le fait de guider les développements de l'IA par l'usage qui va en être fait, et que ces usages-là s'inscrivent dans une certaine vertu, c'est ma conviction, et ce n'est pas parce que j'ai peur, en effet, à la fois de la grosse consommation énergétique de l'IA, puisqu'on prévoit que l'IA générative à elle seule consomme autant que la Belgique d'ici à 2028, en termes d'énergie. Et par ailleurs, par l'ensemble des usages néfastes qui peuvent en être faits, je ne parlerai que de la désinformation, qui est un danger pour le délitement de notre société. La désinformation peut amener des conflits, peut amener un certain chaos. Bien entendu, ça, je ne le nie pas, pour moi, c'est des vrais dangers qui sont réels et qui me font peur. Mais en revanche, je reste à ma place en tant qu'Ekimetrics et en tant que dirigeant de cette entreprise là. Et je mets dix fois plus de force quand je vois ça, dans le fait de faire avancer d'autres perspectives sur l'IA.

  • Eric

    Merci pour cet éclairage. On retient cette citation de Laurent Félix : "On ne gagnera pas la course à la puissance, mais on peut encore gagner la course à la pertinence." On va basculer sur une autre dimension de l'économie régénérative qui est la dimension leadership, organisation, management. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur la feuille de route d'Ekimetrics, ta feuille de route personnelle, sur cette dimension là ? Du corps social de ton entreprise, toi-même, ton questionnement sur ton style de leadership. Qu'est-ce que tu as compris ? Qu'est-ce que tu essayes de mettre en œuvre ? Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

  • Laurent

    Cette question est sûrement la plus difficile. Et je trouve que vis-à-vis de la transition, et de tous les signaux marché qu'on a, c'est difficile de tenir une position de « on va réussir » ou « on doit se battre pour concilier performance économique et performance durable ». Et rien que ça, c'est une difficulté quotidienne, permanente, pour l'adhésion de collaborateurs d'une entreprise qui se bat comme ça, et en l'occurrence pour celle d'Ekimetrics. Donc pour moi, c'est une difficulté et il ne faut pas nier, je crois, le fait qu'il y ait des gens qui prennent un peu peur, des gens qui n'y croient pas, et qui rejettent cette position là, ce projet là. Donc ça, moi j'en ai parfaitement conscience, et je crois que la façon dont j'essaye en tout cas d'embarquer les gens, c'est en étant rôle modèle, c'est-à-dire d'aller faire en sorte de mettre les moyens pour du mécénat de compétences à tel et tel endroit, pour aller permettre les collaborations au sein de l'écosystème dont on parlait tout à l'heure, pour discuter avec les pouvoirs publics sur le développement des plateformes de partage de données dont je parlais tout à l'heure, pour auprès de mes propres clients d'aller transformer leur business model le plus possible. Donc je crois beaucoup plutôt à l'exemplarité. Je me vois plus comme un capitaine qu'un entraîneur. C'est-à-dire que moi je suis sur le terrain et j'ai mon maillot tout sale et tout mouillé, pour reprendre une métaphore de foot que j'aime bien. Je me vois beaucoup plus comme ça que d'un entraîneur en costume sur le côté qui dit quoi faire. C'est beaucoup plus ma façon d'apporter les choses. En termes de leadership, je crois que c'est une exigence que je me mets moi, qui me permet de la mettre également à l'échelle de l'entreprise.

  • Eric

    Et en termes d'organisation, de gouvernance, est-ce qu'il y a des changements qui se sont lancés chez Ekimetrisc sur les statuts de la société, sur les prises de décisions, sur le partage de valeurs ? Est-ce que c'est un chantier aussi que vous avez abordé ?

  • Laurent

    Oui, et qui est toujours en construction et de toute façon en perpétuelle évolution. On est passé entreprise à mission en avril 2023, avec une raison d'être, sans surprise, qui est de faire de l'IA et la data science un levier de transformation durable des organisations. Et donc, on a un comité de mission qui suit le fait que cette raison d'être progresse à travers l'ensemble des leviers que j'ai décrits un tout petit peu tout à l'heure. Donc ça, c'est entre guillemets la partie facile, à la rigueur. Et ensuite, on a mis un certain pourcentage, pour l'instant qui est modeste puisqu'il s'agit de 10%, de rémunération des dirigeants de l'entreprise et des partenaires de l'entreprise sur l'atteinte de ces objectifs de développement durable qui sont plutôt sur la première sphère, donc nos objectifs à nous Ekimetrics pour le moment. Et donc c'est une première étape. Et ça a vocation à se développer ou s'augmenter. Et voilà, j'annonce ça à mes amis partenaires dans l'avenir.

  • Eric

    Et sur la dimension capitalistique d'Ekimetrics, est-ce que c'est une entrave potentiellement à l'accélération de la feuille de route ? Ou est-ce que l'actionnariat est soutenant ? Est-ce que c'est un enjeu pour toi, cette partie prenante ?

  • Laurent

    C'est un enjeu premier. On a des investisseurs institutionnels français dans le tour de table d'Ekimetrics qui nous soutiennent là-dessus. Et l'un d'entre eux, c'est BPI France, c'est assez en lien aussi avec leur mission de manière plus stratégique. Néanmoins, aujourd'hui, ce qu'on regarde dans la valorisation d'Ekimetrics, ce n'est pas nos avancées en matière d'action de développement durable, c'est l'euro qui compte. Encore aujourd'hui, et même si on a de très bonnes discussions à la fin, ce qui va valoriser l'entreprise, c'est ça. Et parce que le marché l'exige. Si jamais la triple performance était véritablement vecteur de valorisation, et ça commence à le devenir,k as dans toutes les sphères, pas dans toutes les sphères géographiques, mais néanmoins, ça commence à le devenir et on l'appelle de nos voeux. Je pense que nos investisseurs aujourd'hui seraient tout à fait capables de nous suivre en la matière. Mais aujourd'hui, honnêtement, ce qui valorise l'entreprise Equimetrics, c'est son EBITDA.

  • Eric

    Il faut se dire les choses, on a parlé d'authenticité. On aborde maintenant peut-être plutôt la fin de notre conversation avec quelques questions de prise de recul. Justement, après deux ans de travail sur la feuille de route CEC, pour toi en tant que dirigeant et pour ton entreprise, qu'est-ce que tu dirais à une dirigeante ou un dirigeant qui se pose la question de s'engager dans un parcours CEC ? Vraiment, qu'est-ce qui est le plus marquant à tes yeux ?

  • Laurent

    Je trouve que ce qu'on a le plus réussi, mais que je trouve quand même ce qu'on a le moins réussi en même temps, c'est le fait d'ancrer notre feuille de route vraiment dans notre cœur de business. Et notamment sur le développement d'offres auprès de nos clients et la transformation de nos clients. Et c'est le plus dur aussi, parce que c'est dur de transformer des grands clients du CAC 40. Et donc, on s'aperçoit que les indicateurs de notre feuille de route, et j'en ai de 2025, il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre. Voilà, donc ce sera plus tard, mais il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre parce que j'ai du mal à faire bouger ces mastodontes-là à certains égards. Mais quand même, mon conseil, c'est d'avoir une feuille de route véritablement transformante. C'est-à-dire que je suis très heureux d'avoir réduit mes vols. Je suis très heureux d'avoir bientôt développé le forfait mobilité durable au sein d'Ekimetrics. C'est très bien aussi d'être frugaux dans notre pratique de l'IA. Là, je me rapproche de mon cœur business, bien sûr. Mais quand même ! Ce qui compte à la fin, c'est c'est quoi le métier de l'entreprise ? Et la feuille de route, elle doit porter sur la transformation de ce métier là. Elle ne doit pas être périphérique, elle doit être centrale. Donc, elle est forcément difficile à faire. Elle est forcément difficile à faire. Et donc, le plus possible, essayer de trouver les opportunités liées au cœur business de l'entreprise. C'est comme ça que moi, j'ai essayé de réfléchir le plus possible. Ça facilite grandement les choses. Et après, ça permet de dire, si on arrive effectivement à faire ça, et bien, ça veut dire que beaucoup de processus qui paraissent annexes vont s'aligner dessus, puisque c'est le cœur business que tu as fait bouger. Donc, mon conseil, c'est ça, c'est réfléchir cœur business.

  • Eric

    C'est une dimension qui est toujours compliquée pour une entreprise, dans la data ou dans le service, qui est la reconnexion au vivant, la reconnexion à la nature, et ça fait partie aussi de la visée régénérative. Qu'est-ce que vous arrivez à faire, et cette reconnexion, par quoi elle peut passer chez Ekimetrics ?

  • Laurent

    On est loin. Franchement, c'est dur. La chose la plus concrète, c'est les litres d'eau qu'on utilise pour les data centers et l'énergie et d'où elle vient. Dans notre métier à nous et dans notre activité à nous de développement d'algorithmes, c'est ça qui nous connecte le plus. Après, on a à travers nos missions les métiers de nos clients. Et donc, quand on a comme client un acteur de l'agroalimentation, là, on est beaucoup plus, immédiatement connecté à la nature, en l'occurrence à travers l'agriculture. Et donc, c'est peut-être là-dessus où j'ai un poids le plus direct sur la nature, mais encore une fois, pas directement. Dans mon métier, c'est comme ça, c'est pas direct. On peut penser après, effectivement, aux matériaux qui ont servi à construire les data centers, ou nos ordi, etc. oui, bien entendu, après leur impact environnemental, pour moi, il est relativement négligeable par rapport à l'impact potentiel sur les ressources naturelles de grands clients de l'agri ou de l'industrie.

  • Eric

    Donc peut-être on peut prendre rendez-vous, Laurent, sur la dimension biodiversité de ce que vous faites. Vous avez beaucoup apporté sur la dimension climat avec Climate Q&A, sur la dimension biodiversité, reconnexion sur vos offres. Il y a peut-être un angle à amplifier dès que vous aurez un petit peu de temps.

  • Laurent

    Sur Climate Q&A, tu as le rapport de l'IPBES aussi qui est disponible. Oui, tu as raison.

  • Eric

    On a encore un gros potentiel, on va se dire. Écoute, on a cette question qui va être sans doute la plus difficile de tout cet entretien, qui est, tu es maintenant face à un enfant de 10 ans. Tu vas essayer de lui expliquer l'économie régénérative, l'entreprise régénérative. Qu'est-ce que c'est, en termes très simples, en une ou deux phrases, qu'est-ce que tu pourrais dire à cet enfant ?

  • Laurent

    L'économie régénérative ou une entreprise régénérative, c'est quelque chose qui va te permettre de manger, d'aller à l'école, de dormir et de rentrer chez toi et d'avoir chaud, pour toi et puis après pour tes enfants et pour les enfants de tes enfants et les générations d'après. Et ça de manière ad vitam.

  • Eric

    Merci beaucoup Laurent. Merci pour le courage, le courage du dirigeant qui prend des décisions difficiles pour son entreprise. Je te remercie aussi pour l'authenticité de ce dialogue à cœur ouvert. Et on avait parlé de pragmatisme. Tu as donné beaucoup d'exemples concrets. C'était un challenge. On est revenu dans le concret, le concret de tes clients. Donc, merci beaucoup pour ça. Je retiens vraiment cette citation qu'on ne va pas faire la course à la puissance, mais nous, on va s'orienter en Europe, à la course à la pertinence. Je pense que ça va résonner pour beaucoup d'entre nous. Voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Laurent Félix, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général d'Ekimetrics, une entreprise qui aide ses clients à améliorer leur performance business grâce à l'IA. Ensemble ils abordent les 4 sphères d’influence sur lesquelles Ekimetrics a construit sa feuille de route : l’interne Ekimetrics, la communauté Data-IA, les clients de l’entreprise et au final la société en général. Pour chaque sphère, Laurent explique comment Ekimetrics s’y prend pour réduire les impacts négatifs, voire créer de l’impact positif. Ils abordent également l’usage (bon ou mauvais) de l’IA, la CSRD, la coopération sectorielle, la gouvernance et le leadership… … Bonne écoute !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Laurent

    Moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité... je vois très bien la capacité du groupe de 1.200 dirigeants, le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là... on va perdre la course à la puissance sur l'IA, néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence, et donc, au bon usage de l'IA... ce qui compte à la fin c'est le métier de l'entreprise, et la feuille de route elle doit porter sur la transformation de ce métier-là.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Laurent.

  • Laurent

    Bonjour Éric.

  • Eric

    Alors Laurent, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Pragmatisme, parce qu'on veut rendre très concrète l'économie régénérative et on va essayer de trouver des exemples pour être le plus pragmatique possible. Alors les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Laurent, CAP ou pas CAP ?

  • Laurent

    CAP !

  • Eric

    Alors c'est parti ! Laurent... Tu es diplômé d'une prestigieuse école d'ingénieur, tu as fait ta carrière dans le monde du conseil et de la data, notamment chez Wavestone. En 2019, tu rejoins Ekimetrics comme partner et tu deviens le General Manager d'Ekmetrics en 2021. Tu participes à la toute première CEC en 2021-2022. Alors, est-ce que déjà tu peux nous présenter ton entreprise, Ekimetrics, en quelques mots, quelques chiffres ? pour qu'on voit d'où tu nous parles.

  • Laurent

    Alors, Ekimetrics, c'est une entreprise qui a été fondée en 2006. Donc, elle a 18 ans cette année, ou l'année dernière. Elle a été majeure l'année dernière. C'est une entreprise qui est tombée dans la data quand elle était petite. Et elle ne fait que ça depuis qu'elle est née, avec ses différentes déclinaisons qui nous mènent aujourd'hui jusqu'à l'IA et l'IA générative. Elle a été fondée dans une logique d'aider ses clients, qui sont en général des grands clients, en l'occurrence en France le CAC 40. à être plus performants commercialement. En 2006, c'était ça, utiliser la data pour développer la performance commerciale et marketing des entreprises. Ce qui était une démarche à l'époque très novatrice, puisque la data n'existait pas vraiment, il n'y avait même pas le big data à l'époque. Et donc Ekimetrics a cheminé comme ça, avec toujours une empreinte business extrêmement importante, ça fait partie de notre ADN, et c'est ça qui nous donne toute la légitimité quand on s'adresse à des Comex de ces entreprises-là. Et on a, au fur et à mesure, développé une expertise en IA avec un positionnement de pionnier, c'est-à-dire qu'on prend les innovations et on essaye de les appliquer aux contraintes de nos clients. Et il y a à peu près cinq ans, quand j'ai rejoint EKimetrics, j'avais une sensibilité personnelle et un engagement personnel au sujet de la transition et je me suis dit assez vite, de manière très pragmatique, que ça allait être une question de direction générale pour mes clients. Qu'ils ne pourraient pas envisager des plans de transformation à 2, 3, 5 ans sans considérer les limites planétaires comme étant un nouveau terrain de jeu business pour eux. Donc moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité business. Et ça nous a permis de construire au fur et à mesure des offres dédiées à la transition.

  • Eric

    Et en quelques chiffres, aujourd'hui... que représente Ekimetrix ?

  • Laurent

    Ekimetrics, c'est à peu près 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est 500 collaborateurs. Donc, on n'est pas une petite entreprise, on n'est pas non plus gigantesque, mais on a une certaine force de frappe auprès du Fortune 500 et du CAC 40 et quelques ETI aussi en France. On est basé aussi, pas qu'à Paris, moi, je m'occupe en particulier de la zone française, disons, avec le bureau de Paris. On a un bureau aussi à Londres, un à New York et deux à Hong Kong et Shanghai.

  • Eric

    Alors, on va revenir sur ton parcours personnel. Et notamment, ton enfance, ton adolescence, quand tu étais plus jeune, quel était le métier que tu voulais faire plus tard ? Est-ce que tu voulais déjà être dans la data quand tu avais 10, 12 ans ?

  • Laurent

    Je ne suis pas tombé dedans quand j'étais petit, moi. Il y en a d'autres chez qui il y a des passionnés de ça depuis qu'ils sont nés. Non, non, moi, c'est une passion qui m'est venue sur le tard. Non, moi, j'étais un petit gars des années 80, je suis né en 79. Et j'ai été bercé par le foot, en fait. C'est tout bête, mais j'ai toujours aimé ça. Et très sérieusement, j'ai voulu faire cette carrière-là. Au grand dam de mes parents, pendant...

  • Eric

    T'es pas le seul, hein ?

  • Laurent

    Oui, je sais, ça. Tu voulais faire carrière pour le foot.

  • Eric

    Et une certaine sélection naturelle.

  • Laurent

    Et donc, oui, oui, j'ai été confronté à une sélection naturelle à un moment qui m'a rendu à l'évidence. Et donc, en fait, comme vocation, moi, j'ai toujours aimé, disons, la façon dont les choses fonctionnent, et donc la science, la physique et les maths. Ça m'a toujours beaucoup intéressé, et encore aujourd'hui, j'ai mon grand de 18 ans qui est en prépa intégrée, donc j'adore me replonger dans les maths, etc. Et le côté comprendre le fonctionnement, aujourd'hui me porte toujours sur la compréhension des filières industrielles, pas que les filières industrielles, mais grosso modo, le fonctionnement depuis l'élément naturel et la ressource naturelle, jusqu'au produit et jusqu'au service, comprendre toute cette chaîne-là, toute cette chaîne de valeur là, c'est une certaine passion, et en fait, depuis le début, cette compréhension des mécanismes m'habite.

  • Eric

    Tu nous as dit déjà que tu avais une sensibilité sur les enjeux de la transition. Est-ce qu'on peut dire que tu as toujours eu cette fibre un peu écolo ? Ou d'où est-ce qu'elle te vient ?

  • Laurent

    Peut-être un peu par réaction. Je ne l'ai pas toujours eu, mais je suis quand même né en 1979 encore une fois et donc je suis né en plein dans la consommation de masse. Et donc chez moi, on mange le rôti de boeuf quasiment tous les soirs de la semaine. Voilà, on a été... nourris aux hormones. Et je n'en avais pas du tout conscience jusqu'à mes 20-25 ans, pour être tout à fait honnête. Et donc, j'étais très heureux comme ça, dans cette société de consommation, pur produit de ça. Et en fait, j'ai fait une rencontre, même disons plusieurs rencontres, vers 2008, où on a, par la proximité des écoles, donc par mes enfants, rencontré des gens qui étaient extrêmement engagés sur le sujet. Et ça m'a fait réfléchir. C'est des gens qui ne venaient pas du tout de mon milieu, pas du tout scientifiques non plus, mais qui avaient une sensibilité extrêmement forte là-dessus, qui étaient mes voisins à Nanterre. On s'est lancé en 2009 dans un projet un peu fou d'habitat groupé écologique. Habitat groupé, on s'est réunis à trois familles sur une parcelle à Nanterre à l'époque. On avait été suivis par Canal+, c'était très intéressant. Mais on avait poussé le sujet assez loin. C'était des maisons en bois, évidemment, isolation en paille. avec des puits canadiens, et puis même il y avait la notion d'habitat groupé, donc une notion de mettre en commun certaines ressources. Il se trouve que ce projet a complètement planté, et qu'on est parti en procès avec l'entrepreneur pendant 5 ans, ça a été terrible. Pas entre vous. Pas entre nous, pas entre nous. Il y a eu des tensions évidemment dans des projets comme ça, mais fondamentalement, moi je suis devenu assez expert sur la partie habitat, et là je me suis dit, mais oui, c'est important d'avoir dans sa vie quotidienne, ça chevillé au corps parce qu'on les voit, les problèmes, ils arrivent. Et en tant que dirigeant, si je veux avoir un peu d'alignement interne, j'ai un formidable levier qui est Ekimetrics. Il faut que je fasse en sorte que j'utilise ce levier-là.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous décrire ou nous parler d'une expérience de nature que tu as eue récemment et qui t'a marqué ?

  • Laurent

    Alors, ça remonte à il y a à peu près 18 mois. C'est une expérience de nature et une expérience humaine à la fois. On a été quelques-uns un peu foufous chez Ekimetrics, une petite trentaine, à faire ce qu'on appelle le RAID 28. Le RAID 28, c'est une aventure en forêt où tu pars le samedi à 20h et t'arrives, quand t'arrives, en général le dimanche vers 15-16h. Et donc là, tu subis, c'est en janvier, tu subis le froid, l'humidité et la difficulté de la marche, souvent dans la boue parce que c'est le cas. Et fondamentalement, ça te connecte à la nature parce qu'elle rentre dans tes tripes par le froid et l'humidité. Et donc t'as deux manières de faire : soit tu subis, complètement, tu te recroquevilles et tu souffres pendant des heures et des heures, soit t'intègres, tu respires et tu t'enrichis des éléments qui sont autour de toi. Et en fait, je ne vais pas vous dire que je me suis complètement enrichi, j'ai eu des hauts et des bas pendant cette traversée, et j'avoue que à la fin, j'ai plus subi que je me suis enrichi, mais c'est une très bonne expérience de nature.

  • Eric

    C'est une vraie expérience avec la nature.

  • Laurent

    75 kilomètres.

  • Eric

    J'avais envie de te poser la question sur, finalement, ton arrivée dans l'aventure CEC. Qu'est-ce qui s'est passé ? Quand as-tu entendu parler de la CEC pour la première fois ? Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es senti appelé à vivre cette aventure de la CEC ?

  • Laurent

    Pour moi, la CEC et son aventure, quand j'en ai entendu parler, ça a été relativement évident. En fait, j'en ai entendu parler via mon Planet Champion qui s'appelle Théo Alves Da Costa et qui avait rencontré Yannick Servant lors d'un événement. Et Théo m'a dit, Yannick, avec une autre personne qui s'appelle Eric, je crois, en tout cas c'était comme ça que ça m'avait été présenté lance une initiative à l'image de la Convention Citoyenne mais pour les entreprises, donc c'était 2020 2021 je pense cet échange là et j'étais en train de lancer mes réflexions comme je te le disais tout à l'heure en introduction et en fait je me suis dit, la CEC va m'apporter, donc je l'ai plutôt prise comme ça, qu'est-ce qu'elle va m'apporter dans un premier temps ? Va m'apporter une certaine expertise sur le sujet, une certaine légitimité pour mieux transformer Ekimetrik, et par rebond après que Equimetrics transforme mieux ses clients. Et donc pour moi, je voulais absolument en être à partir du moment où on en a parlé, absolument. Et donc j'ai pris ce sujet très très au sérieux et je le prends toujours très très au sérieux. J'avais rédigé une lettre pour vous, où justement j'expliquais un peu mon parcours personnel, et pourquoi c'était important pour moi d'intégrer la CEC. Et puis, voilà, j'étais, je crois, dans les premières entreprises à rejoindre le mouvement.

  • Eric

    C'est vrai, pour l'anecdote, je me souviens très bien avoir lu cette lettre. C'était la première fois qu'on avait une lettre de motivation aussi convaincante. Donc, effectivement, tu as fait partie de la toute première vague des engagés de la CEC. Et finalement, une première question plus personnelle dans cette aventure, dans ce parcours, c'est quoi maintenant, avec le recul, puisque c'était déjà il y a trois ans, c'est quoi qui t'a finalement le plus marqué, ce que tu as retiré de cette expérience ?

  • Laurent

    Alors, je dirais, ce à quoi ça m'a beaucoup servi, ce qui est une façon de dire ce qui m'a marqué, c'est ce que j'y ai appris. Ça m'a donné une espèce d'assise sur le sujet, assez transverse et assez profonde sur pas mal de thématiques. Je me souviens des sujets sur les business models, je me souviens des sujets sur la partie financière et la triple comptabilité, et voilà, enrichi de beaucoup d'exemples concrets, moi ça m'a élevé mon niveau de jeu sur le sujet. Ça, c'est mon côté très pragmatique retient ça. Ensuite, et c'est plus avec le recul, c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis à 100% derrière ce mouvement-là, c'est que, pour être tout à fait honnête, au début je me suis dit, bon, on est 150 dirigeants d'entreprises, pas forcément de très grande taille, on ne pèse rien du tout sur le marché. Et donc, je le prends plutôt comme étant quelque chose, une espèce de super école de dirigeants. Je l'ai plutôt pris comme ça. Aujourd'hui, avec le recul, et ça fait maintenant quand même déjà au moins deux ans que je pense ça, je considère que l'effet boule de neige de la CEC est réel, d'une part, et que je vois très très bien la capacité maintenant du groupe de 1.200 dirigeants engagés dans la CEC. Je vois. le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là comme étant extrêmement réel, extrêmement concret. Et donc, c'est ça que je retiens. Je l'ai pris au début comme quelque chose qui allait m'apporter quelque chose. Et donc, aujourd'hui, moi, j'ai plutôt envie d'y apporter le plus possible à travers Ekimetrics et moi-même, pour que cet effet d'entraînement soit décuplé au fur et à mesure du temps.

  • Eric

    Donc, en fait, tu y as vu, à l'ordre 1, un renfort individuel, et à l'ordre 2, tu t'es rendu compte du potentiel de la force collective.

  • Laurent

    Exactement.

  • Eric

    Et j'ai envie de dire, à l'ordre 3, tu as sans doute utilisé le renfort de connaissances et de compétences individuelles pour réfléchir à la feuille de route de ton entreprise et justement comment mettre ton entreprise au service de tes clients, mais aussi d'une transition juste. Je te propose de basculer peut-être sur cette dimension-là de ton expérience autour de la feuille de route d'Ekimetrics, des leviers de redirection d'Ekimetrics. Peut-être avec une première question, si tu avais à décrire en deux, trois grandes actions les marqueurs de la feuille de route d'Ekimetrics ?

  • Laurent

    Dans la position d'Ekimetrics, il y a plusieurs, disons, sphères d'influence. Et la feuille de route, on l'a structurée à travers ces sphères d'influence. La première sphère, c'est Ekimetrics elle-même, entre guillemets, c'est-à-dire son fonctionnement intrinsèque. La deuxième, c'est la communauté Data IA, et donc l'écosystème Data IA sur lequel Ekimetrics a une influence. La troisième, c'est ses clients. Et la quatrième, peut-être de manière un peu immodeste, c'est la société. Et donc on s'est défini, nous, des marqueurs sur chacune de ces sphères-là. Sur la sphère Ekimetrics, bon, c'était réduire notre empreinte carbone. Donc dans nos métiers, paradoxalement, ça a l'air bizarre, mais ce n'est pas encore les algorithmes d'IA qui pèsent le plus dans l'empreinte carbone d'Ekimetrics, mais maintenant ça va le devenir, puisque avant le premier poste de coup, c'était mes déplacements, quand je dis l'ensemble des déplacements des collaborateurs d'Ekimetrics. Et donc maintenant qu'on les a réduits assez drastiquement, et que les projets d'IA sont de plus en plus présents, le rapport de force est en train de s'inverser. Un gros gros point d'attention, et on y reviendra, sur le côté frugal de ce qu'on fait en termes d'IA, pour limiter ça. Donc, premier marqueur sur la première sphère. Sur la deuxième sphère, sur l'écosystème, c'est le fait de promouvoir l'IA responsable et frugal au sein des professionnels de l'IA et de la data en France et plus largement en Europe. Le deuxième marqueur pour la deuxième sphère, donc celle des communautés data-IA, C'est le fait de promouvoir l'usage de l'IA responsable et frugale au sein de ces communautés là. Et c'est des techniques, c'est des façons de coder, c'est des façons de comprendre les résultats et la façon d'articuler les différentes fonctions d'IA qui font qu'à la fin, tu as un IA qui est efficace et tu as un IA qui est frugal. Donc encore une fois, il ne faut surtout pas opposer les deux. Le marqueur, c'est ça, c'est d'avoir autour d'un écosystème chez Ekimetrics qui engendre une capacité de compréhension et d'exécution de l'IA de manière frugale et responsable. Le troisième, c'est sur mes clients. Donc là, on s'était mis une ambition qu'on avait chiffrée en termes d'impact carbone chez mes clients. Et ça, je m'aperçois que c'est difficile à mesurer directement et surtout qu'au fur et à mesure des avancées qu'on a avec eux, les projets m'amènent plutôt à des critères de transformation chez eux. Transformation de business model notamment, transformation des chaînes de valeur, transformation des opérations. Et donc là, on a plutôt une logique de dire à quels endroits est-ce que l'IA contribue véritablement à changer les chaînes de valeur de mes clients, dans une logique de frugalité, disons-le comme ça. Et quatrième marqueur sur la société, donc là, c'est la diffusion du savoir-faire, plutôt la diffusion du savoir climat et limites planétaires, à travers notamment certains outils, un qui est le plus célèbre d'Ekimetrics qui s'appelle ClimateQ&A, qui est un outil de vulgarisation des rapports du GIEC, qui permet à tout un chacun de s'approprier ce rapport qui est, il faut le dire, un peu indigeste, avec ses milliers de pages en anglais écrits tout petits et ses milliards de graphes. Et donc on a un outil, je vous invite à aller taper www.climateqa.com et d'aller poser toutes les questions que vous voulez à cet outil-là. C'est un outil qui est utilisé par des dizaines de milliers de personnes, que ce soit le grand public ou même les professionnels du climat qui viennent très très souvent s'enquérir d'informations qui sont dans le GIEC grâce à ça. Donc on essaie d'œuvrer sur ces quatre sphères-là.

  • Eric

    Merci beaucoup pour cette structuration parce que je te propose Laurent de reprendre et de creuser sur ces quatre sphères d'influence, votre feuille de route pour aller dans le plus concret possible. Alors on sait que la data et l'IA c'est assez conceptuel, mais tu as une grande capacité de vulgarisation et donc... Ce qu'on va essayer de faire, c'est de remonter en termes d'impact et de taille finalement de bulles d'influence sur ces quatre leviers. Donc parlons tout d'abord de l'entreprise Ekimetrics, de son empreinte. La question que je voulais te poser, c'est pour les employés d'Ekimetrics, la feuille de route, comment ça peut les impacter et comment ils ont attrapé cette feuille de route, ils ont pu se l'approprier. Qu'est-ce qui a changé ces derniers temps pour les employés d'Equimetrix ?

  • Laurent

    Je vais reprendre, dans ces derniers temps, je vais quand même remonter à 2021-2022. C'est-à-dire, en fait, quand on vivait la première vague de la CEC, quand je dis on, c'est Théo et moi, à travers les différentes sessions de la CEC, on prenait un grand soin à chaque fois de rediffuser l'ensemble du savoir qu'on avait eu. C'était pour moi extrêmement important que ça ne soit pas juste quelques personnes dans la direction qui s'emparent du sujet. La transformation. d'Ekimetrics, elle passe par la prise de conscience individuelle de chaque membre d'Ekimetrics, chaque collaborateur d'Ekimetrics, sur ces sujets-là et ce qu'Ekimetrics peut faire là-dedans. Et donc, on a pris beaucoup de temps, grâce à Théo notamment, pour diffuser ça. Et donc, on pensait que cette transformation était assez naturellement engagée puisque, en particulier pour moi, l'engagement d'Ekimetrics était évident. Et il se trouve qu'à la faveur de quelques dossiers un peu clés chez nous, on s'est aperçu que l'embarquement de l'ensemble des collaborateurs était quand même pas évident. Et en fait, c'est comme ça qu'on arrive à transformer, c'est souvent à travers des crises. Et on a eu une crise parce qu'on a gagné un gros dossier auprès d'une compagnie aérienne. Et là, j'ai eu à la fois un levier de bouclier de personnes qui disaient « Non, il ne faut absolument pas travailler pour le secteur aérien. » Et d'autres qui disaient « Mais on ne voit pas pourquoi on ne travaillerait pas pour le secteur aérien. » Et donc, non seulement j'ai eu de l'incompréhension, mais j'ai même eu des scissions en interne qui étaient assez profondes. Et donc, il a fallu faire de la pédagogie. Et donc, on s'est aperçu qu'on n'était pas allé assez loin dans l'explication pour exprimer qu'il fallait, en tout cas moi, je préférais être partie prenante des décisions de cette compagnie aérienne pour pouvoir la transformer. Et ça, c'est très dur, c'est difficile, on y reviendra sur la sphère des clients, mais fondamentalement, quand on aide une compagnie aérienne à gagner des parts de marché, forcément, ça a l'air d'être complètement antinomique avec une mission de transition. Mais si on ne fait pas ça, on n'est pas crédible auprès du COMEX de cette compagnie aérienne pour travailler sur d'autres axes, disons, d'usage plus raisonné du transport aérien, puisqu'on n'a aucune crédibilité. On dit, bon, voilà, vous êtes des ayatollahs de l'écologie, vous voyez bien que mon secteur aérien, il va contre ça, donc merci, au revoir. Alors que si on vient par le prisme business, c'est beaucoup plus puissant. Donc ça, le fait d'expliquer ça, ça nous a servi à mieux expliquer la mission d'Ekimetrics. Ensuite, on a beaucoup d'actions sur la limitation des déplacements, sur la frugalité des IA qu'on fait. Donc on essaie d'avoir une cohérence sur un peu tout, pour que ça soit très authentique, vécu de manière concrète par tout le monde. On réunissait avant les, il n'y en avait pas 500 à l'époque, mais plutôt 300, collaborateurs d'Equimetrix tous les ans, ceux qui viennent du quatre coins du monde. Et bien on ne le fait plus, depuis 2021 on ne le fait plus. Là, Ekimetrics a 18 ans, et j'avoue réfléchir à comment est-ce que je fais pour Equimetrix 20, donc dans deux ans. Parce que de ne pas voir ses collègues physiquement, on s'aperçoit que ça fait des dysfonctionnements. Bon, voilà. Est-ce qu'on peut se permettre, je suis encore en questionnement là-dessus, est-ce qu'on peut se permettre de réunir toutes les personnes d'Equimetrix en 2027 ? On va voir. C'est une des questions. Ce renoncement-là, on l'a fait assez immédiatement, assez naturellement.

  • Eric

    Peut-être que de passer de tous les ans à tous les dix ans, c'est peut-être possible. Voilà. alors merci pour ce partage sur la deuxième dimension, tu parlais de ton secteur, le secteur de la data, de l'IA, où là, c'est un secteur où en fait, tu es en prise directe avec tes concurrents aussi, et d'autres parties prenantes. Dans votre feuille de route, comment vous abordez cette dimension-là, de la transformation du secteur, de votre responsabilité, votre éthique, par rapport à ce secteur, et qu'est-ce que vous arrivez à faire concrètement ?

  • Laurent

    Dans le positionnement d'Ekimetrixcs, on est extrêmement clair sur le fait que l'IA n'est pas une fin en soi. L'IA c'est un outil, c'est un outil puissant. Et donc effectivement quand tu le mets dans des mauvaises mains, ça peut donner la marque Shein de fast fashion. Mais quand tu es convaincu que c'est un outil qui bien utilisé peut servir la transition, en fait tout s'aligne. Et ça veut dire que concrètement on a des axes de recherche. Donc on met des centaines de milliers d'euros sur des axes de recherche sur l'IA frugale, sur l'IA responsable. Et on a un certain nombre de partenaires, je pense à Hugging Face, je pense à Data for Good par exemple, qui sont dans cet écosystème là et participent d'une certaine émulation collective et intellectuelle sur l'IA pour développer ces bonnes pratiques là. Et ça, on a quelque chose qui s'appelle Equilab sur le site d'Ekimetrics qui donne en open source ces techniques là. Et en fait, je n'ai pas une logique de concurrence là-dessus. Bien sûr que j'ai des concurrents qui vont pouvoir reprendre ça s'ils le souhaitent. Et en fait, j'en serais très heureux. Ce n'est pas ça le point. Le différenciant d'Ekimétrics, c'est de faire en sorte que ces IA là soient appliquées pour ses clients, pour ces enjeux, et de bien le faire. Donc ça, je n'ai pas de problème à participer à cet écosystème là, bien au contraire. Et donc, très concrètement, c'est des webinars, c'est des meet-ups, c'est des hackatons qu'on fait régulièrement dans les locaux d'Ekimetrics sur ces différents sujets là. C'est l'intervention dans certaines universités, dans certaines sphères académiques.

  • Eric

    C'est très important ce que tu dis là, parce que c'est aussi une des ambitions de la CEC, de savoir regrouper des acteurs d'un même secteur, d'une même filière, qui, quelque part, ont ce socle de connaissances et de compétences sur les enjeux de la transition, pour qu'ils puissent réfléchir ensemble à comment faire basculer leur filière. Et évidemment dans une notion plutôt de lobbying vertueux. Donc c'est vrai que cette approche là, elle n'est pas forcément intuitive dans un monde où chacun veut gagner des parts de marché et gagner contre. Elle devient beaucoup plus logique quand on est effectivement dans un esprit de coopération. Quel potentiel tu verrais justement à ces coopérations sectorielles, comme sur le thème de l'IA par exemple, sur le terreau de la CEC ?

  • Laurent

    Ça c'est une super question et pour moi, c'est un très très gros levier de transformation, d'arriver, en effet, à regrouper des acteurs d'une filière et de les faire, entre guillemets, gagner ensemble. Il se trouve que le dilemme du prisonnier, il est extrêmement probant quand tu es un dirigeant. C'est-à-dire que d'aller faire des renoncements sur ton modèle économique, quand à côté ton concurrent ne les fait pas, tu perds immédiatement des parts de marché, ça te met sous pression immédiate. Et ça, c'est très difficile. Mais en revanche, moi, je vois un gros potentiel de transformation, y compris sur le terreau de la CEC, qui commence à avoir une dimension suffisante pour ça, à réunir quelques dizaines d'acteurs au sein des filières et de les faire travailler sur des modèles de collaboration plus vertueux. Et moi, je fais le pendant direct avec, disons, la data et l'IA à travers des plateformes de données, puisque pour mettre en commun des business models, il faut mettre en face l'offre et la demande, il faut mettre en commun des moyens de production, des moyens d'acheminement, des moyens logistiques. Et ça, ça passe par partager ses données. Mais c'est difficile de partager ses données. Donc, quand on partage ses données de manière sécurisée, égale avec ses concurrents ou un certain nombre de concurrents de sa filière, et que potentiellement par une puissance publique, tu vas venir avoir un socle qui permet le partage avec des règles éthiques parmi les différents acteurs, là tu te sens dans une zone de confort. Et si tu as bien compris que ce partage-là, c'était le terreau nécessaire à une économie de la collaboration et pour le gagner ensemble, là, pareil, deuxième étage, deuxième clic, en tant qu'acteur de la filière, hop, tu te dis, ah oui, tiens, pourquoi pas. Si, par ailleurs, ça te permet aussi, toi, de diversifier ton activité en créant des espèces de services qui viennent s'appuyer sur ces plateformes de données, en mutualisant, encore une fois, des moyens de production avec certains acteurs de la filière, tu es plus efficace, tu es plus précautionneux des ressources que tu utilises et potentiellement tu as des externalités négatives qui tombent, voire des externalités positives qui naissent. Donc ce modèle, et c'est vraiment très concret de dire je partage mes différentes données de production, mes différentes données de chaînes de valeur, d'acheminement, etc. et je construis et je co-construis des services avec une intelligence économique partagée par plusieurs dirigeants, c'est extrêmement puissant et pour moi c'est des premiers éléments qui peuvent faire basculer des filières entières.

  • Eric

    Alors, rendez-vous est pris pour faire basculer ces filières et peut-être donner le la aussi à d'autres filières, d'autres secteurs. On va passer maintenant à la troisième sphère d'impact d'Ekimetrics dans votre feuille de route, les clients. Je vais te poser un challenge. Est-ce que tu pourrais nous donner deux, trois exemples hyper concrets où la data ou l'IA a pu transformer des comportements ou des offres de vos clients, for good, donc pour quelque chose qui va dans le bon sens des limites planétaires.

  • Laurent

    Premier exemple, un grand constructeur automobile a souvent des centaines de millions d'euros à sa disposition pour vendre ses véhicules. Et finalement, dans une logique 100% rentabilité. Un grand constructeur automobile français a été sensible à notre approche. Nous, on vient du côté 100% rentabilité, comme je te le disais au début. Et depuis quelques années, on a intégré la dimension empreinte carbone dans tous nos algorithmes de performance, entre guillemets. Ce qui veut dire que, et c'est soutenu par la norme CAFE dans l'automobile, tu peux avoir une transcription assez immédiate du côté empreinte carbone vers le côté euros, si tu vends une voiture... hybride ou diesel versus si tu vends une voiture électrique. Et donc on a, dans nos algorithmes de mesure de performance, intégré la différence d'empreinte carbone liée aux produits voitures qui étaient vendus à travers ces moyens-là, et on les a rétro-ingénierés pour changer le ROI. Et donc là, un directeur marketing, en l'occurrence de cette entreprise automobile, qui voit ça, arrive à mesurer à quel point le fait d'aller pousser par ses moyens moteurs, ses vendeurs en concession, le nombre de concessions qui proposent ces modèles-là, les campagnes marketing, médias au cinéma ou dans la rue, etc. Tout ce moyen-là, il arrive à mesurer, grâce au projet qu'on a fait avec lui, à quel point ça peut faire bifurquer la demande vers le véhicule électrique et le ROI qu'il en attend. Donc, on peut penser ce qu'on veut du véhicule électrique et de son empreinte, mais disons que par rapport à la norme CAFE, qui sert bien quand même, si tu n'as pas cette réglementation, c'est plus dur. On a fait un outil à base de data et d'IA qui permet ça pour le directeur marketing, donc de concilier sa performance financière et sa performance carbone. C'est aidé encore une fois par la régulation. Premier exemple. Deuxième exemple, un acteur du retail, donc dans les petits produits d'électroménager, disons. Comme beaucoup de grands acteurs, et c'est aussi sous le feu de la rampe en ce moment, il y a la transition, elle est quand même pas mal poussée, c'est un peu l'approche de l'Europe par la réglementation, et la CSRD en fait partie. Tu peux voir la CSRD de deux manières. Soit c'est une chienlit de reporting, soit c'est un guide à la transformation. Et donc on a, nous, pris la deuxième partie en disant, on va aider les boîtes à faire en sorte que non seulement ça ne soit pas une chienlit de reporting, mais qu'en plus ce soit un levier de transformation. Et donc de manière très concrète, on utilise l'IA génératif. pour pré-remplir, d'une part, l'ensemble des questionnaires CSRD sur toutes les ESRS, avec des centaines, voire des milliers de data points. Et donc, on facilite grandement le travail des gens qui sont maintenant dédiés à ça dans les entreprises, grâce à l'IA génératif, c'est-à-dire qu'on a des IA qui vont aller screener tous les documents disponibles en interne et qui sont disponibles aussi sur le public de cette entreprise-là. Et on va pré-remplir, grâce à l'IA génératif, les questionnaires.

  • Eric

    Là, juste, tu vas faire rêver. énormément de directeurs financiers avec cette offre.

  • Laurent

    Non, mais c'est sûr qu'on a beaucoup de demandes parce que ça marche très très bien. Mais quand même, au-delà de ça, là où on parle d'un gain de temps, bon, c'est pas tant ça, moi, qui m'intéresse. C'est le fait de dire on a aussi un gain d'exhaustivité. Il y a beaucoup d'informations quand on a un gros volume documentaire que sont ces grands groupes-là. Il y a des choses qu'on loupe. Donc, il y a aussi un gain d'exhaustivité. Mais c'est pas seulement ça. C'est aussi que notre outil qui fait ça, fait ce screening-là, fait également, sur chacun, pas tous les data points, mais agrégés en termes de data points à travers les ESRS, qui fait un benchmark sectoriel pour dire, Monsieur le client, sur ce point-là, vous êtes en avance, c'est très bien, sur ce point-là, vous êtes en retard par rapport à votre écosystème. Et vous êtes en retard pour telle et telle raison, et voici les actions que vous pourriez mener sur ce point précis-là pour rattraper votre retard. D'où le fait d'utiliser la CSRD comme étant un outil de transformation. Donc ça, je suis hyper fier de la solution qu'on a montée et qu'on améliore chaque jour. Et pareil, y compris pour proposer des plans d'action, c'est que de l'IA derrière. On va chercher dans plein de bases sectorielles des actions qui fonctionnent et qui transforment véritablement.

  • Eric

    Alors attention, Laurent, je vais te poser une question challenge. Parce que juste avant, tu nous as parlé du dilemme du prisonnier et de comment faire bouger tout un secteur. Et là, tu viens de me mettre des étoiles dans les yeux avec cette offre, cette IA générative, qui peut permettre de donner du sens et de prendre des meilleures décisions sur la CSRD. Est-ce que cette offre, vous pourriez envisager, Ekimetrics, de la mettre à disposition via un mécanisme open source ou autre, vers certains de vos concurrents, pour que ça se diffuse à grande vitesse ? Puisque là, on parle quand même de donner du sens à une initiative européenne. qui peut soit être une chienlit de reporting, soit être une nouvelle boussole pour prendre des milliers de bonnes décisions pour les limites planétaires.

  • Laurent

    C'est effectivement une question de challenge, ça.

  • Eric

    Mais je vais jusqu'au bout du raisonnement. Parce qu'on est en 2025, il faut envisager peut-être des intentions stratégiques puissantes de ce type.

  • Laurent

    Donc, on a dit authenticité au démarrage de notre échange. Et donc, ma réponse là-dessus serait pourquoi pas, mais pas maintenant. C'est-à-dire ? Aujourd'hui, le marché de la transformation de la CSRD, il est encore en démarrage. Et donc, je ne te cache pas que cette offre-là, il n'y en a pas beaucoup qui l'ont sur le marché. En tout cas, des offres qui fonctionnent. Et donc, je suis heureux de gagner ces premières parts de marché sur la transformation CSRD. En revanche, c'est un mouvement qui concerne 50 000 entreprises dans l'Europe, qui va être une véritable déferlante. Et à partir du moment où il y aura ce déclenchement-là, et que... en gros, je vais me trouver moi comme étant un frein. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, je ne suis pas un frein. Je me sens comme un accélérateur de la bonne utilisation de la CSRD. Quand demain, je me sentirai un frein parce que le mouvement sera parti, alors là oui, je relève le challenge et je partage.

  • Eric

    On prend rendez-vous. Est-ce que tu as en tête peut-être un ou deux exemples de plus par rapport à tes clients ? Tu nous en as donné deux, très probants. Mais est-ce que sur des formulations dans certains secteurs ou l'agroalimentaire ? Je ne sais pas, vous avez d'autres exemples où la data, où l'IA apporte des gains pour la planète ?

  • Laurent

    Oui, acteur des cosmétiques, grand acteur des cosmétiques, qui a eu sous, encore une fois, l'impulsion de réglementations européennes, l'obligation de retirer les perturbateurs endocriniens de leurs recettes de produits. Avec un temps record en termes de durée qui n'était pas compatible avec leur processus habituel de R&D traditionnel en chimie. Et comme c'était un très bon client, ils sont venus nous voir en disant « Vous êtes les petits génies Ekimetrics là ? Est-ce que vous ne pourriez pas nous faire quelque chose qui nous permette de remplir nos obligations réglementaires européennes ? » On leur a dit « Ben nous, on n'est pas chimiste, hein ? » Mais bon, quand même, comme on aime relever les défis, on y est allé. Et en gros, on a beaucoup travaillé avec les chimistes de cet acteur là. sans rien y connaître au début de la partie chimique, mais pour faire quelque chose d'assez, finalement, assez simple, qui était, il y avait à peu près 1500 produits qui étaient concernés, 1500 recettes. Et donc, une recette, c'est une série de réactions chimiques de l'ordre d'une grosse dizaine, disons. Donc, ça fait 15 000 réactions chimiques. Et sur ces 15 000 là, les chimistes nous ont dit « Aidez-nous à comprendre les enchaînements de réactions chimiques qui sont pertinents et qui sont semblables, de manière à ce qu'on puisse les traiter par groupe », une espèce de clusters de réactions chimiques. Et donc ça, on a simplement codé certains marqueurs des réactions chimiques de manière à détourer, pardon pour ces anglicismes, mais ces patterns de réactions chimiques. Et ça a permis de diviser par 12 le temps, parce que le nombre finalement d'axes de recherche sur la réaction chimique que cet acteur des cosmétiques devait faire. Donc on a relevé le défi grâce à la data science et à l'IA, disons-le comme ça, de remplir cette directive européenne sur les perturbateurs endocriniens.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qui rendent vraiment concret l'intention de la visée régénérative d'une entreprise comme Ekimetrics. Donc on s'aperçoit qu'on est dans la vie réelle en fait. On a l'impression parfois que l'IA c'est ailleurs, c'est dans un monde parallèle, mais en fait ça touche la vie réelle. Donc justement ça nous amène peut-être sur la quatrième sphère d'influence d'Ekimetrics, qui est le bien commun, la société. Et là, on s'aperçoit déjà par les exemples qui sont donnés que transformer un client, transformer ses offres peut permettre déjà d'avoir des impacts sur la société. Mais est-ce que vous avez d'autres initiatives, exemples où Ekimetrics fait un dépassement aussi de son impact sur la société ?

  • Laurent

    Modestement, oui. Donc, j'ai parlé tout à l'heure de notre outil sur le climat, Climate Q&A. il se trouve que dans la façon dont l'outil est fait, allez-y, on prend l'utilisateur, le citoyen par la main pour, finalement, le conduire dans son cheminement de compréhension des mécaniques qui sont en jeu sur le climat, grâce au rapport du GIEC. Si t'es intéressé par un thème, tu peux cliquer sur le ou les paragraphes qui t'intéressent, et après t'as des liens vers d'autres documents qui sont eux-mêmes résumés à leur tour, etc. Donc ça, c'est un premier élément. Deuxième élément, c'est que on a la chance de travailler avec l'ADEME sur la mise à disposition d'une trentaine d'années de documents de l'ADEME, qui sont une mine d'or qu'il faut absolument diffuser sur des mécanismes un peu parallèles à Climate Q&A, qui pour l'instant n'est qu'en interne des agents de l'ADEME, mais qui, dans les temps à venir, vont être ouverts au grand public de manière beaucoup plus massive. Et je te donne un troisième exemple, que j'aime beaucoup, qui est un projet qu'on a fait en lien avec Reporters sans frontières et l'Alliance Presse, du journaliste augmenté. Et en l'occurrence, le journaliste augmenté sur... le climat, les limites planétaires, par l'intermédiaire d'un outil qui a été bêta-testé et trituré dans tous les sens par un certain nombre de rédactions, je dirais une bonne vingtaine de rédactions. C'est un outil qui s'appelle Spinoza aujourd'hui, et qui permet à un journaliste, quand il prépare un article, d'aller interroger un grand nombre de sources scientifiques, premièrement, et un grand nombre de sources législatives, d'autre part. C'est-à-dire, grosso modo, tous les textes de loi qui ont été impactés par la loi Pacte, notamment. Et donc ça, au début, pourquoi j'aime beaucoup cet exemple ? Parce que les journalistes, quand ils voient l'IA arriver, sont extrêmement sceptiques, parce qu'ils considèrent que c'est quelque chose qui peut prendre leur job, grosso modo, pour le dire sans détour. Et quand on a une approche qui est de mettre l'IA au service, en l'occurrence, de l'utilisateur et de l'humain, et de décupler sa capacité à être pertinent sur un sujet, on se trouve à faire un outil qui est accepté par la profession aujourd'hui et qui est en train de se diffuser de plus en plus largement, regardez sur Spinoza. Et donc, on est assez fiers de cet outil-là et on est en train de travailler encore avec ces acteurs pour le diffuser plus largement.

  • Eric

    Merci pour ces exemples. Je vais en donner un quatrième, je vais répondre à ma propre question. En disant, que fait... Ekimetrics pour le bien commun, et j'en profiterai pour te remercier, remercier Théo et les équipes d'Ekimetrics, mais vous nous aidez aussi nous, la CEC, puisqu'on a maintenant plusieurs centaines de feuilles de route, bientôt mille feuilles de route dans une base de données, à réfléchir à comment tirer la quintessence de tous ces leviers de transformation de toutes les entreprises qui ont fait la CEC et qui se lancent dans leurs feuilles de route pour essayer que ça profite plus largement au bien commun aussi, à des centaines de milliers d'autres entreprises. Merci aussi pour ce mécénat de compétences que vous faites pour la CEC.

  • Laurent

    Avec plaisir.

  • Eric

    On va simplement aborder une question. On est obligé d'aborder cette question parce qu'elle sera présente dans l'esprit de nos auditeurs. Puisque là, on parle d'IA. On parle d'IA for good, de l'IA finalement sur des exemples de transformation positive. Mais je pense qu'on a collectivement une peur de l'IA, qui pourraient ne pas être for good, qui pourrait être un super pouvoir utilisé par des puissances qui iraient dans un délitement de la société potentiellement, voire des gros risques. On sait que les États-Unis investissent massivement, les Chinois investissent massivement sur l'IA. Toi, de ton point de vue, est-ce que cette peur est rationnelle ? Qu'est-ce que tu ressens par rapport à ça, à cette puissance qui pourrait être mise au service de forces négatives ?

  • Laurent

    Moi, je la partage cette peur, pour être tout à fait honnête. En revanche, elle génère chez moi une certaine détermination. Même si on est beaucoup plus petit que les 500 milliards de Stargate qui viennent d'être annoncés par Trump et son équipe de gagnants. Néanmoins, et qu'en plus, il moque entre guillemets la vieille Europe qui se perdrait dans un certain niveau de régulation et de réglementation. Donc, est-ce qu'on va perdre la course à la puissance sur l'IA ? Ma réponse est oui. On va la perdre. L'ambition de l'Europe, c'était d'avoir un data center, Stargate, ils parlent de 20 data centers et ils sont déjà en train de les faire au Texas. Est-ce qu'on va perdre cette course à la puissance ? La réponse est oui. Néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence. Et donc, au bon usage de l'IA, et sans aucune, enfin, j'espère ne pas être candide ou naïf sur le sujet, il faut que l'IA permette, encore une fois, moi je ne parle que des entreprises, de concilier la performance économique et la performance durable de ces boîtes-là, avec les exemples que j'ai donnés juste avant et d'autres à venir. Et donc le fait de guider les développements de l'IA par l'usage qui va en être fait, et que ces usages-là s'inscrivent dans une certaine vertu, c'est ma conviction, et ce n'est pas parce que j'ai peur, en effet, à la fois de la grosse consommation énergétique de l'IA, puisqu'on prévoit que l'IA générative à elle seule consomme autant que la Belgique d'ici à 2028, en termes d'énergie. Et par ailleurs, par l'ensemble des usages néfastes qui peuvent en être faits, je ne parlerai que de la désinformation, qui est un danger pour le délitement de notre société. La désinformation peut amener des conflits, peut amener un certain chaos. Bien entendu, ça, je ne le nie pas, pour moi, c'est des vrais dangers qui sont réels et qui me font peur. Mais en revanche, je reste à ma place en tant qu'Ekimetrics et en tant que dirigeant de cette entreprise là. Et je mets dix fois plus de force quand je vois ça, dans le fait de faire avancer d'autres perspectives sur l'IA.

  • Eric

    Merci pour cet éclairage. On retient cette citation de Laurent Félix : "On ne gagnera pas la course à la puissance, mais on peut encore gagner la course à la pertinence." On va basculer sur une autre dimension de l'économie régénérative qui est la dimension leadership, organisation, management. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur la feuille de route d'Ekimetrics, ta feuille de route personnelle, sur cette dimension là ? Du corps social de ton entreprise, toi-même, ton questionnement sur ton style de leadership. Qu'est-ce que tu as compris ? Qu'est-ce que tu essayes de mettre en œuvre ? Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

  • Laurent

    Cette question est sûrement la plus difficile. Et je trouve que vis-à-vis de la transition, et de tous les signaux marché qu'on a, c'est difficile de tenir une position de « on va réussir » ou « on doit se battre pour concilier performance économique et performance durable ». Et rien que ça, c'est une difficulté quotidienne, permanente, pour l'adhésion de collaborateurs d'une entreprise qui se bat comme ça, et en l'occurrence pour celle d'Ekimetrics. Donc pour moi, c'est une difficulté et il ne faut pas nier, je crois, le fait qu'il y ait des gens qui prennent un peu peur, des gens qui n'y croient pas, et qui rejettent cette position là, ce projet là. Donc ça, moi j'en ai parfaitement conscience, et je crois que la façon dont j'essaye en tout cas d'embarquer les gens, c'est en étant rôle modèle, c'est-à-dire d'aller faire en sorte de mettre les moyens pour du mécénat de compétences à tel et tel endroit, pour aller permettre les collaborations au sein de l'écosystème dont on parlait tout à l'heure, pour discuter avec les pouvoirs publics sur le développement des plateformes de partage de données dont je parlais tout à l'heure, pour auprès de mes propres clients d'aller transformer leur business model le plus possible. Donc je crois beaucoup plutôt à l'exemplarité. Je me vois plus comme un capitaine qu'un entraîneur. C'est-à-dire que moi je suis sur le terrain et j'ai mon maillot tout sale et tout mouillé, pour reprendre une métaphore de foot que j'aime bien. Je me vois beaucoup plus comme ça que d'un entraîneur en costume sur le côté qui dit quoi faire. C'est beaucoup plus ma façon d'apporter les choses. En termes de leadership, je crois que c'est une exigence que je me mets moi, qui me permet de la mettre également à l'échelle de l'entreprise.

  • Eric

    Et en termes d'organisation, de gouvernance, est-ce qu'il y a des changements qui se sont lancés chez Ekimetrisc sur les statuts de la société, sur les prises de décisions, sur le partage de valeurs ? Est-ce que c'est un chantier aussi que vous avez abordé ?

  • Laurent

    Oui, et qui est toujours en construction et de toute façon en perpétuelle évolution. On est passé entreprise à mission en avril 2023, avec une raison d'être, sans surprise, qui est de faire de l'IA et la data science un levier de transformation durable des organisations. Et donc, on a un comité de mission qui suit le fait que cette raison d'être progresse à travers l'ensemble des leviers que j'ai décrits un tout petit peu tout à l'heure. Donc ça, c'est entre guillemets la partie facile, à la rigueur. Et ensuite, on a mis un certain pourcentage, pour l'instant qui est modeste puisqu'il s'agit de 10%, de rémunération des dirigeants de l'entreprise et des partenaires de l'entreprise sur l'atteinte de ces objectifs de développement durable qui sont plutôt sur la première sphère, donc nos objectifs à nous Ekimetrics pour le moment. Et donc c'est une première étape. Et ça a vocation à se développer ou s'augmenter. Et voilà, j'annonce ça à mes amis partenaires dans l'avenir.

  • Eric

    Et sur la dimension capitalistique d'Ekimetrics, est-ce que c'est une entrave potentiellement à l'accélération de la feuille de route ? Ou est-ce que l'actionnariat est soutenant ? Est-ce que c'est un enjeu pour toi, cette partie prenante ?

  • Laurent

    C'est un enjeu premier. On a des investisseurs institutionnels français dans le tour de table d'Ekimetrics qui nous soutiennent là-dessus. Et l'un d'entre eux, c'est BPI France, c'est assez en lien aussi avec leur mission de manière plus stratégique. Néanmoins, aujourd'hui, ce qu'on regarde dans la valorisation d'Ekimetrics, ce n'est pas nos avancées en matière d'action de développement durable, c'est l'euro qui compte. Encore aujourd'hui, et même si on a de très bonnes discussions à la fin, ce qui va valoriser l'entreprise, c'est ça. Et parce que le marché l'exige. Si jamais la triple performance était véritablement vecteur de valorisation, et ça commence à le devenir,k as dans toutes les sphères, pas dans toutes les sphères géographiques, mais néanmoins, ça commence à le devenir et on l'appelle de nos voeux. Je pense que nos investisseurs aujourd'hui seraient tout à fait capables de nous suivre en la matière. Mais aujourd'hui, honnêtement, ce qui valorise l'entreprise Equimetrics, c'est son EBITDA.

  • Eric

    Il faut se dire les choses, on a parlé d'authenticité. On aborde maintenant peut-être plutôt la fin de notre conversation avec quelques questions de prise de recul. Justement, après deux ans de travail sur la feuille de route CEC, pour toi en tant que dirigeant et pour ton entreprise, qu'est-ce que tu dirais à une dirigeante ou un dirigeant qui se pose la question de s'engager dans un parcours CEC ? Vraiment, qu'est-ce qui est le plus marquant à tes yeux ?

  • Laurent

    Je trouve que ce qu'on a le plus réussi, mais que je trouve quand même ce qu'on a le moins réussi en même temps, c'est le fait d'ancrer notre feuille de route vraiment dans notre cœur de business. Et notamment sur le développement d'offres auprès de nos clients et la transformation de nos clients. Et c'est le plus dur aussi, parce que c'est dur de transformer des grands clients du CAC 40. Et donc, on s'aperçoit que les indicateurs de notre feuille de route, et j'en ai de 2025, il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre. Voilà, donc ce sera plus tard, mais il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre parce que j'ai du mal à faire bouger ces mastodontes-là à certains égards. Mais quand même, mon conseil, c'est d'avoir une feuille de route véritablement transformante. C'est-à-dire que je suis très heureux d'avoir réduit mes vols. Je suis très heureux d'avoir bientôt développé le forfait mobilité durable au sein d'Ekimetrics. C'est très bien aussi d'être frugaux dans notre pratique de l'IA. Là, je me rapproche de mon cœur business, bien sûr. Mais quand même ! Ce qui compte à la fin, c'est c'est quoi le métier de l'entreprise ? Et la feuille de route, elle doit porter sur la transformation de ce métier là. Elle ne doit pas être périphérique, elle doit être centrale. Donc, elle est forcément difficile à faire. Elle est forcément difficile à faire. Et donc, le plus possible, essayer de trouver les opportunités liées au cœur business de l'entreprise. C'est comme ça que moi, j'ai essayé de réfléchir le plus possible. Ça facilite grandement les choses. Et après, ça permet de dire, si on arrive effectivement à faire ça, et bien, ça veut dire que beaucoup de processus qui paraissent annexes vont s'aligner dessus, puisque c'est le cœur business que tu as fait bouger. Donc, mon conseil, c'est ça, c'est réfléchir cœur business.

  • Eric

    C'est une dimension qui est toujours compliquée pour une entreprise, dans la data ou dans le service, qui est la reconnexion au vivant, la reconnexion à la nature, et ça fait partie aussi de la visée régénérative. Qu'est-ce que vous arrivez à faire, et cette reconnexion, par quoi elle peut passer chez Ekimetrics ?

  • Laurent

    On est loin. Franchement, c'est dur. La chose la plus concrète, c'est les litres d'eau qu'on utilise pour les data centers et l'énergie et d'où elle vient. Dans notre métier à nous et dans notre activité à nous de développement d'algorithmes, c'est ça qui nous connecte le plus. Après, on a à travers nos missions les métiers de nos clients. Et donc, quand on a comme client un acteur de l'agroalimentation, là, on est beaucoup plus, immédiatement connecté à la nature, en l'occurrence à travers l'agriculture. Et donc, c'est peut-être là-dessus où j'ai un poids le plus direct sur la nature, mais encore une fois, pas directement. Dans mon métier, c'est comme ça, c'est pas direct. On peut penser après, effectivement, aux matériaux qui ont servi à construire les data centers, ou nos ordi, etc. oui, bien entendu, après leur impact environnemental, pour moi, il est relativement négligeable par rapport à l'impact potentiel sur les ressources naturelles de grands clients de l'agri ou de l'industrie.

  • Eric

    Donc peut-être on peut prendre rendez-vous, Laurent, sur la dimension biodiversité de ce que vous faites. Vous avez beaucoup apporté sur la dimension climat avec Climate Q&A, sur la dimension biodiversité, reconnexion sur vos offres. Il y a peut-être un angle à amplifier dès que vous aurez un petit peu de temps.

  • Laurent

    Sur Climate Q&A, tu as le rapport de l'IPBES aussi qui est disponible. Oui, tu as raison.

  • Eric

    On a encore un gros potentiel, on va se dire. Écoute, on a cette question qui va être sans doute la plus difficile de tout cet entretien, qui est, tu es maintenant face à un enfant de 10 ans. Tu vas essayer de lui expliquer l'économie régénérative, l'entreprise régénérative. Qu'est-ce que c'est, en termes très simples, en une ou deux phrases, qu'est-ce que tu pourrais dire à cet enfant ?

  • Laurent

    L'économie régénérative ou une entreprise régénérative, c'est quelque chose qui va te permettre de manger, d'aller à l'école, de dormir et de rentrer chez toi et d'avoir chaud, pour toi et puis après pour tes enfants et pour les enfants de tes enfants et les générations d'après. Et ça de manière ad vitam.

  • Eric

    Merci beaucoup Laurent. Merci pour le courage, le courage du dirigeant qui prend des décisions difficiles pour son entreprise. Je te remercie aussi pour l'authenticité de ce dialogue à cœur ouvert. Et on avait parlé de pragmatisme. Tu as donné beaucoup d'exemples concrets. C'était un challenge. On est revenu dans le concret, le concret de tes clients. Donc, merci beaucoup pour ça. Je retiens vraiment cette citation qu'on ne va pas faire la course à la puissance, mais nous, on va s'orienter en Europe, à la course à la pertinence. Je pense que ça va résonner pour beaucoup d'entre nous. Voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

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Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Laurent Félix, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général d'Ekimetrics, une entreprise qui aide ses clients à améliorer leur performance business grâce à l'IA. Ensemble ils abordent les 4 sphères d’influence sur lesquelles Ekimetrics a construit sa feuille de route : l’interne Ekimetrics, la communauté Data-IA, les clients de l’entreprise et au final la société en général. Pour chaque sphère, Laurent explique comment Ekimetrics s’y prend pour réduire les impacts négatifs, voire créer de l’impact positif. Ils abordent également l’usage (bon ou mauvais) de l’IA, la CSRD, la coopération sectorielle, la gouvernance et le leadership… … Bonne écoute !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Laurent

    Moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité... je vois très bien la capacité du groupe de 1.200 dirigeants, le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là... on va perdre la course à la puissance sur l'IA, néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence, et donc, au bon usage de l'IA... ce qui compte à la fin c'est le métier de l'entreprise, et la feuille de route elle doit porter sur la transformation de ce métier-là.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Laurent.

  • Laurent

    Bonjour Éric.

  • Eric

    Alors Laurent, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Pragmatisme, parce qu'on veut rendre très concrète l'économie régénérative et on va essayer de trouver des exemples pour être le plus pragmatique possible. Alors les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Laurent, CAP ou pas CAP ?

  • Laurent

    CAP !

  • Eric

    Alors c'est parti ! Laurent... Tu es diplômé d'une prestigieuse école d'ingénieur, tu as fait ta carrière dans le monde du conseil et de la data, notamment chez Wavestone. En 2019, tu rejoins Ekimetrics comme partner et tu deviens le General Manager d'Ekmetrics en 2021. Tu participes à la toute première CEC en 2021-2022. Alors, est-ce que déjà tu peux nous présenter ton entreprise, Ekimetrics, en quelques mots, quelques chiffres ? pour qu'on voit d'où tu nous parles.

  • Laurent

    Alors, Ekimetrics, c'est une entreprise qui a été fondée en 2006. Donc, elle a 18 ans cette année, ou l'année dernière. Elle a été majeure l'année dernière. C'est une entreprise qui est tombée dans la data quand elle était petite. Et elle ne fait que ça depuis qu'elle est née, avec ses différentes déclinaisons qui nous mènent aujourd'hui jusqu'à l'IA et l'IA générative. Elle a été fondée dans une logique d'aider ses clients, qui sont en général des grands clients, en l'occurrence en France le CAC 40. à être plus performants commercialement. En 2006, c'était ça, utiliser la data pour développer la performance commerciale et marketing des entreprises. Ce qui était une démarche à l'époque très novatrice, puisque la data n'existait pas vraiment, il n'y avait même pas le big data à l'époque. Et donc Ekimetrics a cheminé comme ça, avec toujours une empreinte business extrêmement importante, ça fait partie de notre ADN, et c'est ça qui nous donne toute la légitimité quand on s'adresse à des Comex de ces entreprises-là. Et on a, au fur et à mesure, développé une expertise en IA avec un positionnement de pionnier, c'est-à-dire qu'on prend les innovations et on essaye de les appliquer aux contraintes de nos clients. Et il y a à peu près cinq ans, quand j'ai rejoint EKimetrics, j'avais une sensibilité personnelle et un engagement personnel au sujet de la transition et je me suis dit assez vite, de manière très pragmatique, que ça allait être une question de direction générale pour mes clients. Qu'ils ne pourraient pas envisager des plans de transformation à 2, 3, 5 ans sans considérer les limites planétaires comme étant un nouveau terrain de jeu business pour eux. Donc moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité business. Et ça nous a permis de construire au fur et à mesure des offres dédiées à la transition.

  • Eric

    Et en quelques chiffres, aujourd'hui... que représente Ekimetrix ?

  • Laurent

    Ekimetrics, c'est à peu près 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est 500 collaborateurs. Donc, on n'est pas une petite entreprise, on n'est pas non plus gigantesque, mais on a une certaine force de frappe auprès du Fortune 500 et du CAC 40 et quelques ETI aussi en France. On est basé aussi, pas qu'à Paris, moi, je m'occupe en particulier de la zone française, disons, avec le bureau de Paris. On a un bureau aussi à Londres, un à New York et deux à Hong Kong et Shanghai.

  • Eric

    Alors, on va revenir sur ton parcours personnel. Et notamment, ton enfance, ton adolescence, quand tu étais plus jeune, quel était le métier que tu voulais faire plus tard ? Est-ce que tu voulais déjà être dans la data quand tu avais 10, 12 ans ?

  • Laurent

    Je ne suis pas tombé dedans quand j'étais petit, moi. Il y en a d'autres chez qui il y a des passionnés de ça depuis qu'ils sont nés. Non, non, moi, c'est une passion qui m'est venue sur le tard. Non, moi, j'étais un petit gars des années 80, je suis né en 79. Et j'ai été bercé par le foot, en fait. C'est tout bête, mais j'ai toujours aimé ça. Et très sérieusement, j'ai voulu faire cette carrière-là. Au grand dam de mes parents, pendant...

  • Eric

    T'es pas le seul, hein ?

  • Laurent

    Oui, je sais, ça. Tu voulais faire carrière pour le foot.

  • Eric

    Et une certaine sélection naturelle.

  • Laurent

    Et donc, oui, oui, j'ai été confronté à une sélection naturelle à un moment qui m'a rendu à l'évidence. Et donc, en fait, comme vocation, moi, j'ai toujours aimé, disons, la façon dont les choses fonctionnent, et donc la science, la physique et les maths. Ça m'a toujours beaucoup intéressé, et encore aujourd'hui, j'ai mon grand de 18 ans qui est en prépa intégrée, donc j'adore me replonger dans les maths, etc. Et le côté comprendre le fonctionnement, aujourd'hui me porte toujours sur la compréhension des filières industrielles, pas que les filières industrielles, mais grosso modo, le fonctionnement depuis l'élément naturel et la ressource naturelle, jusqu'au produit et jusqu'au service, comprendre toute cette chaîne-là, toute cette chaîne de valeur là, c'est une certaine passion, et en fait, depuis le début, cette compréhension des mécanismes m'habite.

  • Eric

    Tu nous as dit déjà que tu avais une sensibilité sur les enjeux de la transition. Est-ce qu'on peut dire que tu as toujours eu cette fibre un peu écolo ? Ou d'où est-ce qu'elle te vient ?

  • Laurent

    Peut-être un peu par réaction. Je ne l'ai pas toujours eu, mais je suis quand même né en 1979 encore une fois et donc je suis né en plein dans la consommation de masse. Et donc chez moi, on mange le rôti de boeuf quasiment tous les soirs de la semaine. Voilà, on a été... nourris aux hormones. Et je n'en avais pas du tout conscience jusqu'à mes 20-25 ans, pour être tout à fait honnête. Et donc, j'étais très heureux comme ça, dans cette société de consommation, pur produit de ça. Et en fait, j'ai fait une rencontre, même disons plusieurs rencontres, vers 2008, où on a, par la proximité des écoles, donc par mes enfants, rencontré des gens qui étaient extrêmement engagés sur le sujet. Et ça m'a fait réfléchir. C'est des gens qui ne venaient pas du tout de mon milieu, pas du tout scientifiques non plus, mais qui avaient une sensibilité extrêmement forte là-dessus, qui étaient mes voisins à Nanterre. On s'est lancé en 2009 dans un projet un peu fou d'habitat groupé écologique. Habitat groupé, on s'est réunis à trois familles sur une parcelle à Nanterre à l'époque. On avait été suivis par Canal+, c'était très intéressant. Mais on avait poussé le sujet assez loin. C'était des maisons en bois, évidemment, isolation en paille. avec des puits canadiens, et puis même il y avait la notion d'habitat groupé, donc une notion de mettre en commun certaines ressources. Il se trouve que ce projet a complètement planté, et qu'on est parti en procès avec l'entrepreneur pendant 5 ans, ça a été terrible. Pas entre vous. Pas entre nous, pas entre nous. Il y a eu des tensions évidemment dans des projets comme ça, mais fondamentalement, moi je suis devenu assez expert sur la partie habitat, et là je me suis dit, mais oui, c'est important d'avoir dans sa vie quotidienne, ça chevillé au corps parce qu'on les voit, les problèmes, ils arrivent. Et en tant que dirigeant, si je veux avoir un peu d'alignement interne, j'ai un formidable levier qui est Ekimetrics. Il faut que je fasse en sorte que j'utilise ce levier-là.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous décrire ou nous parler d'une expérience de nature que tu as eue récemment et qui t'a marqué ?

  • Laurent

    Alors, ça remonte à il y a à peu près 18 mois. C'est une expérience de nature et une expérience humaine à la fois. On a été quelques-uns un peu foufous chez Ekimetrics, une petite trentaine, à faire ce qu'on appelle le RAID 28. Le RAID 28, c'est une aventure en forêt où tu pars le samedi à 20h et t'arrives, quand t'arrives, en général le dimanche vers 15-16h. Et donc là, tu subis, c'est en janvier, tu subis le froid, l'humidité et la difficulté de la marche, souvent dans la boue parce que c'est le cas. Et fondamentalement, ça te connecte à la nature parce qu'elle rentre dans tes tripes par le froid et l'humidité. Et donc t'as deux manières de faire : soit tu subis, complètement, tu te recroquevilles et tu souffres pendant des heures et des heures, soit t'intègres, tu respires et tu t'enrichis des éléments qui sont autour de toi. Et en fait, je ne vais pas vous dire que je me suis complètement enrichi, j'ai eu des hauts et des bas pendant cette traversée, et j'avoue que à la fin, j'ai plus subi que je me suis enrichi, mais c'est une très bonne expérience de nature.

  • Eric

    C'est une vraie expérience avec la nature.

  • Laurent

    75 kilomètres.

  • Eric

    J'avais envie de te poser la question sur, finalement, ton arrivée dans l'aventure CEC. Qu'est-ce qui s'est passé ? Quand as-tu entendu parler de la CEC pour la première fois ? Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es senti appelé à vivre cette aventure de la CEC ?

  • Laurent

    Pour moi, la CEC et son aventure, quand j'en ai entendu parler, ça a été relativement évident. En fait, j'en ai entendu parler via mon Planet Champion qui s'appelle Théo Alves Da Costa et qui avait rencontré Yannick Servant lors d'un événement. Et Théo m'a dit, Yannick, avec une autre personne qui s'appelle Eric, je crois, en tout cas c'était comme ça que ça m'avait été présenté lance une initiative à l'image de la Convention Citoyenne mais pour les entreprises, donc c'était 2020 2021 je pense cet échange là et j'étais en train de lancer mes réflexions comme je te le disais tout à l'heure en introduction et en fait je me suis dit, la CEC va m'apporter, donc je l'ai plutôt prise comme ça, qu'est-ce qu'elle va m'apporter dans un premier temps ? Va m'apporter une certaine expertise sur le sujet, une certaine légitimité pour mieux transformer Ekimetrik, et par rebond après que Equimetrics transforme mieux ses clients. Et donc pour moi, je voulais absolument en être à partir du moment où on en a parlé, absolument. Et donc j'ai pris ce sujet très très au sérieux et je le prends toujours très très au sérieux. J'avais rédigé une lettre pour vous, où justement j'expliquais un peu mon parcours personnel, et pourquoi c'était important pour moi d'intégrer la CEC. Et puis, voilà, j'étais, je crois, dans les premières entreprises à rejoindre le mouvement.

  • Eric

    C'est vrai, pour l'anecdote, je me souviens très bien avoir lu cette lettre. C'était la première fois qu'on avait une lettre de motivation aussi convaincante. Donc, effectivement, tu as fait partie de la toute première vague des engagés de la CEC. Et finalement, une première question plus personnelle dans cette aventure, dans ce parcours, c'est quoi maintenant, avec le recul, puisque c'était déjà il y a trois ans, c'est quoi qui t'a finalement le plus marqué, ce que tu as retiré de cette expérience ?

  • Laurent

    Alors, je dirais, ce à quoi ça m'a beaucoup servi, ce qui est une façon de dire ce qui m'a marqué, c'est ce que j'y ai appris. Ça m'a donné une espèce d'assise sur le sujet, assez transverse et assez profonde sur pas mal de thématiques. Je me souviens des sujets sur les business models, je me souviens des sujets sur la partie financière et la triple comptabilité, et voilà, enrichi de beaucoup d'exemples concrets, moi ça m'a élevé mon niveau de jeu sur le sujet. Ça, c'est mon côté très pragmatique retient ça. Ensuite, et c'est plus avec le recul, c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis à 100% derrière ce mouvement-là, c'est que, pour être tout à fait honnête, au début je me suis dit, bon, on est 150 dirigeants d'entreprises, pas forcément de très grande taille, on ne pèse rien du tout sur le marché. Et donc, je le prends plutôt comme étant quelque chose, une espèce de super école de dirigeants. Je l'ai plutôt pris comme ça. Aujourd'hui, avec le recul, et ça fait maintenant quand même déjà au moins deux ans que je pense ça, je considère que l'effet boule de neige de la CEC est réel, d'une part, et que je vois très très bien la capacité maintenant du groupe de 1.200 dirigeants engagés dans la CEC. Je vois. le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là comme étant extrêmement réel, extrêmement concret. Et donc, c'est ça que je retiens. Je l'ai pris au début comme quelque chose qui allait m'apporter quelque chose. Et donc, aujourd'hui, moi, j'ai plutôt envie d'y apporter le plus possible à travers Ekimetrics et moi-même, pour que cet effet d'entraînement soit décuplé au fur et à mesure du temps.

  • Eric

    Donc, en fait, tu y as vu, à l'ordre 1, un renfort individuel, et à l'ordre 2, tu t'es rendu compte du potentiel de la force collective.

  • Laurent

    Exactement.

  • Eric

    Et j'ai envie de dire, à l'ordre 3, tu as sans doute utilisé le renfort de connaissances et de compétences individuelles pour réfléchir à la feuille de route de ton entreprise et justement comment mettre ton entreprise au service de tes clients, mais aussi d'une transition juste. Je te propose de basculer peut-être sur cette dimension-là de ton expérience autour de la feuille de route d'Ekimetrics, des leviers de redirection d'Ekimetrics. Peut-être avec une première question, si tu avais à décrire en deux, trois grandes actions les marqueurs de la feuille de route d'Ekimetrics ?

  • Laurent

    Dans la position d'Ekimetrics, il y a plusieurs, disons, sphères d'influence. Et la feuille de route, on l'a structurée à travers ces sphères d'influence. La première sphère, c'est Ekimetrics elle-même, entre guillemets, c'est-à-dire son fonctionnement intrinsèque. La deuxième, c'est la communauté Data IA, et donc l'écosystème Data IA sur lequel Ekimetrics a une influence. La troisième, c'est ses clients. Et la quatrième, peut-être de manière un peu immodeste, c'est la société. Et donc on s'est défini, nous, des marqueurs sur chacune de ces sphères-là. Sur la sphère Ekimetrics, bon, c'était réduire notre empreinte carbone. Donc dans nos métiers, paradoxalement, ça a l'air bizarre, mais ce n'est pas encore les algorithmes d'IA qui pèsent le plus dans l'empreinte carbone d'Ekimetrics, mais maintenant ça va le devenir, puisque avant le premier poste de coup, c'était mes déplacements, quand je dis l'ensemble des déplacements des collaborateurs d'Ekimetrics. Et donc maintenant qu'on les a réduits assez drastiquement, et que les projets d'IA sont de plus en plus présents, le rapport de force est en train de s'inverser. Un gros gros point d'attention, et on y reviendra, sur le côté frugal de ce qu'on fait en termes d'IA, pour limiter ça. Donc, premier marqueur sur la première sphère. Sur la deuxième sphère, sur l'écosystème, c'est le fait de promouvoir l'IA responsable et frugal au sein des professionnels de l'IA et de la data en France et plus largement en Europe. Le deuxième marqueur pour la deuxième sphère, donc celle des communautés data-IA, C'est le fait de promouvoir l'usage de l'IA responsable et frugale au sein de ces communautés là. Et c'est des techniques, c'est des façons de coder, c'est des façons de comprendre les résultats et la façon d'articuler les différentes fonctions d'IA qui font qu'à la fin, tu as un IA qui est efficace et tu as un IA qui est frugal. Donc encore une fois, il ne faut surtout pas opposer les deux. Le marqueur, c'est ça, c'est d'avoir autour d'un écosystème chez Ekimetrics qui engendre une capacité de compréhension et d'exécution de l'IA de manière frugale et responsable. Le troisième, c'est sur mes clients. Donc là, on s'était mis une ambition qu'on avait chiffrée en termes d'impact carbone chez mes clients. Et ça, je m'aperçois que c'est difficile à mesurer directement et surtout qu'au fur et à mesure des avancées qu'on a avec eux, les projets m'amènent plutôt à des critères de transformation chez eux. Transformation de business model notamment, transformation des chaînes de valeur, transformation des opérations. Et donc là, on a plutôt une logique de dire à quels endroits est-ce que l'IA contribue véritablement à changer les chaînes de valeur de mes clients, dans une logique de frugalité, disons-le comme ça. Et quatrième marqueur sur la société, donc là, c'est la diffusion du savoir-faire, plutôt la diffusion du savoir climat et limites planétaires, à travers notamment certains outils, un qui est le plus célèbre d'Ekimetrics qui s'appelle ClimateQ&A, qui est un outil de vulgarisation des rapports du GIEC, qui permet à tout un chacun de s'approprier ce rapport qui est, il faut le dire, un peu indigeste, avec ses milliers de pages en anglais écrits tout petits et ses milliards de graphes. Et donc on a un outil, je vous invite à aller taper www.climateqa.com et d'aller poser toutes les questions que vous voulez à cet outil-là. C'est un outil qui est utilisé par des dizaines de milliers de personnes, que ce soit le grand public ou même les professionnels du climat qui viennent très très souvent s'enquérir d'informations qui sont dans le GIEC grâce à ça. Donc on essaie d'œuvrer sur ces quatre sphères-là.

  • Eric

    Merci beaucoup pour cette structuration parce que je te propose Laurent de reprendre et de creuser sur ces quatre sphères d'influence, votre feuille de route pour aller dans le plus concret possible. Alors on sait que la data et l'IA c'est assez conceptuel, mais tu as une grande capacité de vulgarisation et donc... Ce qu'on va essayer de faire, c'est de remonter en termes d'impact et de taille finalement de bulles d'influence sur ces quatre leviers. Donc parlons tout d'abord de l'entreprise Ekimetrics, de son empreinte. La question que je voulais te poser, c'est pour les employés d'Ekimetrics, la feuille de route, comment ça peut les impacter et comment ils ont attrapé cette feuille de route, ils ont pu se l'approprier. Qu'est-ce qui a changé ces derniers temps pour les employés d'Equimetrix ?

  • Laurent

    Je vais reprendre, dans ces derniers temps, je vais quand même remonter à 2021-2022. C'est-à-dire, en fait, quand on vivait la première vague de la CEC, quand je dis on, c'est Théo et moi, à travers les différentes sessions de la CEC, on prenait un grand soin à chaque fois de rediffuser l'ensemble du savoir qu'on avait eu. C'était pour moi extrêmement important que ça ne soit pas juste quelques personnes dans la direction qui s'emparent du sujet. La transformation. d'Ekimetrics, elle passe par la prise de conscience individuelle de chaque membre d'Ekimetrics, chaque collaborateur d'Ekimetrics, sur ces sujets-là et ce qu'Ekimetrics peut faire là-dedans. Et donc, on a pris beaucoup de temps, grâce à Théo notamment, pour diffuser ça. Et donc, on pensait que cette transformation était assez naturellement engagée puisque, en particulier pour moi, l'engagement d'Ekimetrics était évident. Et il se trouve qu'à la faveur de quelques dossiers un peu clés chez nous, on s'est aperçu que l'embarquement de l'ensemble des collaborateurs était quand même pas évident. Et en fait, c'est comme ça qu'on arrive à transformer, c'est souvent à travers des crises. Et on a eu une crise parce qu'on a gagné un gros dossier auprès d'une compagnie aérienne. Et là, j'ai eu à la fois un levier de bouclier de personnes qui disaient « Non, il ne faut absolument pas travailler pour le secteur aérien. » Et d'autres qui disaient « Mais on ne voit pas pourquoi on ne travaillerait pas pour le secteur aérien. » Et donc, non seulement j'ai eu de l'incompréhension, mais j'ai même eu des scissions en interne qui étaient assez profondes. Et donc, il a fallu faire de la pédagogie. Et donc, on s'est aperçu qu'on n'était pas allé assez loin dans l'explication pour exprimer qu'il fallait, en tout cas moi, je préférais être partie prenante des décisions de cette compagnie aérienne pour pouvoir la transformer. Et ça, c'est très dur, c'est difficile, on y reviendra sur la sphère des clients, mais fondamentalement, quand on aide une compagnie aérienne à gagner des parts de marché, forcément, ça a l'air d'être complètement antinomique avec une mission de transition. Mais si on ne fait pas ça, on n'est pas crédible auprès du COMEX de cette compagnie aérienne pour travailler sur d'autres axes, disons, d'usage plus raisonné du transport aérien, puisqu'on n'a aucune crédibilité. On dit, bon, voilà, vous êtes des ayatollahs de l'écologie, vous voyez bien que mon secteur aérien, il va contre ça, donc merci, au revoir. Alors que si on vient par le prisme business, c'est beaucoup plus puissant. Donc ça, le fait d'expliquer ça, ça nous a servi à mieux expliquer la mission d'Ekimetrics. Ensuite, on a beaucoup d'actions sur la limitation des déplacements, sur la frugalité des IA qu'on fait. Donc on essaie d'avoir une cohérence sur un peu tout, pour que ça soit très authentique, vécu de manière concrète par tout le monde. On réunissait avant les, il n'y en avait pas 500 à l'époque, mais plutôt 300, collaborateurs d'Equimetrix tous les ans, ceux qui viennent du quatre coins du monde. Et bien on ne le fait plus, depuis 2021 on ne le fait plus. Là, Ekimetrics a 18 ans, et j'avoue réfléchir à comment est-ce que je fais pour Equimetrix 20, donc dans deux ans. Parce que de ne pas voir ses collègues physiquement, on s'aperçoit que ça fait des dysfonctionnements. Bon, voilà. Est-ce qu'on peut se permettre, je suis encore en questionnement là-dessus, est-ce qu'on peut se permettre de réunir toutes les personnes d'Equimetrix en 2027 ? On va voir. C'est une des questions. Ce renoncement-là, on l'a fait assez immédiatement, assez naturellement.

  • Eric

    Peut-être que de passer de tous les ans à tous les dix ans, c'est peut-être possible. Voilà. alors merci pour ce partage sur la deuxième dimension, tu parlais de ton secteur, le secteur de la data, de l'IA, où là, c'est un secteur où en fait, tu es en prise directe avec tes concurrents aussi, et d'autres parties prenantes. Dans votre feuille de route, comment vous abordez cette dimension-là, de la transformation du secteur, de votre responsabilité, votre éthique, par rapport à ce secteur, et qu'est-ce que vous arrivez à faire concrètement ?

  • Laurent

    Dans le positionnement d'Ekimetrixcs, on est extrêmement clair sur le fait que l'IA n'est pas une fin en soi. L'IA c'est un outil, c'est un outil puissant. Et donc effectivement quand tu le mets dans des mauvaises mains, ça peut donner la marque Shein de fast fashion. Mais quand tu es convaincu que c'est un outil qui bien utilisé peut servir la transition, en fait tout s'aligne. Et ça veut dire que concrètement on a des axes de recherche. Donc on met des centaines de milliers d'euros sur des axes de recherche sur l'IA frugale, sur l'IA responsable. Et on a un certain nombre de partenaires, je pense à Hugging Face, je pense à Data for Good par exemple, qui sont dans cet écosystème là et participent d'une certaine émulation collective et intellectuelle sur l'IA pour développer ces bonnes pratiques là. Et ça, on a quelque chose qui s'appelle Equilab sur le site d'Ekimetrics qui donne en open source ces techniques là. Et en fait, je n'ai pas une logique de concurrence là-dessus. Bien sûr que j'ai des concurrents qui vont pouvoir reprendre ça s'ils le souhaitent. Et en fait, j'en serais très heureux. Ce n'est pas ça le point. Le différenciant d'Ekimétrics, c'est de faire en sorte que ces IA là soient appliquées pour ses clients, pour ces enjeux, et de bien le faire. Donc ça, je n'ai pas de problème à participer à cet écosystème là, bien au contraire. Et donc, très concrètement, c'est des webinars, c'est des meet-ups, c'est des hackatons qu'on fait régulièrement dans les locaux d'Ekimetrics sur ces différents sujets là. C'est l'intervention dans certaines universités, dans certaines sphères académiques.

  • Eric

    C'est très important ce que tu dis là, parce que c'est aussi une des ambitions de la CEC, de savoir regrouper des acteurs d'un même secteur, d'une même filière, qui, quelque part, ont ce socle de connaissances et de compétences sur les enjeux de la transition, pour qu'ils puissent réfléchir ensemble à comment faire basculer leur filière. Et évidemment dans une notion plutôt de lobbying vertueux. Donc c'est vrai que cette approche là, elle n'est pas forcément intuitive dans un monde où chacun veut gagner des parts de marché et gagner contre. Elle devient beaucoup plus logique quand on est effectivement dans un esprit de coopération. Quel potentiel tu verrais justement à ces coopérations sectorielles, comme sur le thème de l'IA par exemple, sur le terreau de la CEC ?

  • Laurent

    Ça c'est une super question et pour moi, c'est un très très gros levier de transformation, d'arriver, en effet, à regrouper des acteurs d'une filière et de les faire, entre guillemets, gagner ensemble. Il se trouve que le dilemme du prisonnier, il est extrêmement probant quand tu es un dirigeant. C'est-à-dire que d'aller faire des renoncements sur ton modèle économique, quand à côté ton concurrent ne les fait pas, tu perds immédiatement des parts de marché, ça te met sous pression immédiate. Et ça, c'est très difficile. Mais en revanche, moi, je vois un gros potentiel de transformation, y compris sur le terreau de la CEC, qui commence à avoir une dimension suffisante pour ça, à réunir quelques dizaines d'acteurs au sein des filières et de les faire travailler sur des modèles de collaboration plus vertueux. Et moi, je fais le pendant direct avec, disons, la data et l'IA à travers des plateformes de données, puisque pour mettre en commun des business models, il faut mettre en face l'offre et la demande, il faut mettre en commun des moyens de production, des moyens d'acheminement, des moyens logistiques. Et ça, ça passe par partager ses données. Mais c'est difficile de partager ses données. Donc, quand on partage ses données de manière sécurisée, égale avec ses concurrents ou un certain nombre de concurrents de sa filière, et que potentiellement par une puissance publique, tu vas venir avoir un socle qui permet le partage avec des règles éthiques parmi les différents acteurs, là tu te sens dans une zone de confort. Et si tu as bien compris que ce partage-là, c'était le terreau nécessaire à une économie de la collaboration et pour le gagner ensemble, là, pareil, deuxième étage, deuxième clic, en tant qu'acteur de la filière, hop, tu te dis, ah oui, tiens, pourquoi pas. Si, par ailleurs, ça te permet aussi, toi, de diversifier ton activité en créant des espèces de services qui viennent s'appuyer sur ces plateformes de données, en mutualisant, encore une fois, des moyens de production avec certains acteurs de la filière, tu es plus efficace, tu es plus précautionneux des ressources que tu utilises et potentiellement tu as des externalités négatives qui tombent, voire des externalités positives qui naissent. Donc ce modèle, et c'est vraiment très concret de dire je partage mes différentes données de production, mes différentes données de chaînes de valeur, d'acheminement, etc. et je construis et je co-construis des services avec une intelligence économique partagée par plusieurs dirigeants, c'est extrêmement puissant et pour moi c'est des premiers éléments qui peuvent faire basculer des filières entières.

  • Eric

    Alors, rendez-vous est pris pour faire basculer ces filières et peut-être donner le la aussi à d'autres filières, d'autres secteurs. On va passer maintenant à la troisième sphère d'impact d'Ekimetrics dans votre feuille de route, les clients. Je vais te poser un challenge. Est-ce que tu pourrais nous donner deux, trois exemples hyper concrets où la data ou l'IA a pu transformer des comportements ou des offres de vos clients, for good, donc pour quelque chose qui va dans le bon sens des limites planétaires.

  • Laurent

    Premier exemple, un grand constructeur automobile a souvent des centaines de millions d'euros à sa disposition pour vendre ses véhicules. Et finalement, dans une logique 100% rentabilité. Un grand constructeur automobile français a été sensible à notre approche. Nous, on vient du côté 100% rentabilité, comme je te le disais au début. Et depuis quelques années, on a intégré la dimension empreinte carbone dans tous nos algorithmes de performance, entre guillemets. Ce qui veut dire que, et c'est soutenu par la norme CAFE dans l'automobile, tu peux avoir une transcription assez immédiate du côté empreinte carbone vers le côté euros, si tu vends une voiture... hybride ou diesel versus si tu vends une voiture électrique. Et donc on a, dans nos algorithmes de mesure de performance, intégré la différence d'empreinte carbone liée aux produits voitures qui étaient vendus à travers ces moyens-là, et on les a rétro-ingénierés pour changer le ROI. Et donc là, un directeur marketing, en l'occurrence de cette entreprise automobile, qui voit ça, arrive à mesurer à quel point le fait d'aller pousser par ses moyens moteurs, ses vendeurs en concession, le nombre de concessions qui proposent ces modèles-là, les campagnes marketing, médias au cinéma ou dans la rue, etc. Tout ce moyen-là, il arrive à mesurer, grâce au projet qu'on a fait avec lui, à quel point ça peut faire bifurquer la demande vers le véhicule électrique et le ROI qu'il en attend. Donc, on peut penser ce qu'on veut du véhicule électrique et de son empreinte, mais disons que par rapport à la norme CAFE, qui sert bien quand même, si tu n'as pas cette réglementation, c'est plus dur. On a fait un outil à base de data et d'IA qui permet ça pour le directeur marketing, donc de concilier sa performance financière et sa performance carbone. C'est aidé encore une fois par la régulation. Premier exemple. Deuxième exemple, un acteur du retail, donc dans les petits produits d'électroménager, disons. Comme beaucoup de grands acteurs, et c'est aussi sous le feu de la rampe en ce moment, il y a la transition, elle est quand même pas mal poussée, c'est un peu l'approche de l'Europe par la réglementation, et la CSRD en fait partie. Tu peux voir la CSRD de deux manières. Soit c'est une chienlit de reporting, soit c'est un guide à la transformation. Et donc on a, nous, pris la deuxième partie en disant, on va aider les boîtes à faire en sorte que non seulement ça ne soit pas une chienlit de reporting, mais qu'en plus ce soit un levier de transformation. Et donc de manière très concrète, on utilise l'IA génératif. pour pré-remplir, d'une part, l'ensemble des questionnaires CSRD sur toutes les ESRS, avec des centaines, voire des milliers de data points. Et donc, on facilite grandement le travail des gens qui sont maintenant dédiés à ça dans les entreprises, grâce à l'IA génératif, c'est-à-dire qu'on a des IA qui vont aller screener tous les documents disponibles en interne et qui sont disponibles aussi sur le public de cette entreprise-là. Et on va pré-remplir, grâce à l'IA génératif, les questionnaires.

  • Eric

    Là, juste, tu vas faire rêver. énormément de directeurs financiers avec cette offre.

  • Laurent

    Non, mais c'est sûr qu'on a beaucoup de demandes parce que ça marche très très bien. Mais quand même, au-delà de ça, là où on parle d'un gain de temps, bon, c'est pas tant ça, moi, qui m'intéresse. C'est le fait de dire on a aussi un gain d'exhaustivité. Il y a beaucoup d'informations quand on a un gros volume documentaire que sont ces grands groupes-là. Il y a des choses qu'on loupe. Donc, il y a aussi un gain d'exhaustivité. Mais c'est pas seulement ça. C'est aussi que notre outil qui fait ça, fait ce screening-là, fait également, sur chacun, pas tous les data points, mais agrégés en termes de data points à travers les ESRS, qui fait un benchmark sectoriel pour dire, Monsieur le client, sur ce point-là, vous êtes en avance, c'est très bien, sur ce point-là, vous êtes en retard par rapport à votre écosystème. Et vous êtes en retard pour telle et telle raison, et voici les actions que vous pourriez mener sur ce point précis-là pour rattraper votre retard. D'où le fait d'utiliser la CSRD comme étant un outil de transformation. Donc ça, je suis hyper fier de la solution qu'on a montée et qu'on améliore chaque jour. Et pareil, y compris pour proposer des plans d'action, c'est que de l'IA derrière. On va chercher dans plein de bases sectorielles des actions qui fonctionnent et qui transforment véritablement.

  • Eric

    Alors attention, Laurent, je vais te poser une question challenge. Parce que juste avant, tu nous as parlé du dilemme du prisonnier et de comment faire bouger tout un secteur. Et là, tu viens de me mettre des étoiles dans les yeux avec cette offre, cette IA générative, qui peut permettre de donner du sens et de prendre des meilleures décisions sur la CSRD. Est-ce que cette offre, vous pourriez envisager, Ekimetrics, de la mettre à disposition via un mécanisme open source ou autre, vers certains de vos concurrents, pour que ça se diffuse à grande vitesse ? Puisque là, on parle quand même de donner du sens à une initiative européenne. qui peut soit être une chienlit de reporting, soit être une nouvelle boussole pour prendre des milliers de bonnes décisions pour les limites planétaires.

  • Laurent

    C'est effectivement une question de challenge, ça.

  • Eric

    Mais je vais jusqu'au bout du raisonnement. Parce qu'on est en 2025, il faut envisager peut-être des intentions stratégiques puissantes de ce type.

  • Laurent

    Donc, on a dit authenticité au démarrage de notre échange. Et donc, ma réponse là-dessus serait pourquoi pas, mais pas maintenant. C'est-à-dire ? Aujourd'hui, le marché de la transformation de la CSRD, il est encore en démarrage. Et donc, je ne te cache pas que cette offre-là, il n'y en a pas beaucoup qui l'ont sur le marché. En tout cas, des offres qui fonctionnent. Et donc, je suis heureux de gagner ces premières parts de marché sur la transformation CSRD. En revanche, c'est un mouvement qui concerne 50 000 entreprises dans l'Europe, qui va être une véritable déferlante. Et à partir du moment où il y aura ce déclenchement-là, et que... en gros, je vais me trouver moi comme étant un frein. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, je ne suis pas un frein. Je me sens comme un accélérateur de la bonne utilisation de la CSRD. Quand demain, je me sentirai un frein parce que le mouvement sera parti, alors là oui, je relève le challenge et je partage.

  • Eric

    On prend rendez-vous. Est-ce que tu as en tête peut-être un ou deux exemples de plus par rapport à tes clients ? Tu nous en as donné deux, très probants. Mais est-ce que sur des formulations dans certains secteurs ou l'agroalimentaire ? Je ne sais pas, vous avez d'autres exemples où la data, où l'IA apporte des gains pour la planète ?

  • Laurent

    Oui, acteur des cosmétiques, grand acteur des cosmétiques, qui a eu sous, encore une fois, l'impulsion de réglementations européennes, l'obligation de retirer les perturbateurs endocriniens de leurs recettes de produits. Avec un temps record en termes de durée qui n'était pas compatible avec leur processus habituel de R&D traditionnel en chimie. Et comme c'était un très bon client, ils sont venus nous voir en disant « Vous êtes les petits génies Ekimetrics là ? Est-ce que vous ne pourriez pas nous faire quelque chose qui nous permette de remplir nos obligations réglementaires européennes ? » On leur a dit « Ben nous, on n'est pas chimiste, hein ? » Mais bon, quand même, comme on aime relever les défis, on y est allé. Et en gros, on a beaucoup travaillé avec les chimistes de cet acteur là. sans rien y connaître au début de la partie chimique, mais pour faire quelque chose d'assez, finalement, assez simple, qui était, il y avait à peu près 1500 produits qui étaient concernés, 1500 recettes. Et donc, une recette, c'est une série de réactions chimiques de l'ordre d'une grosse dizaine, disons. Donc, ça fait 15 000 réactions chimiques. Et sur ces 15 000 là, les chimistes nous ont dit « Aidez-nous à comprendre les enchaînements de réactions chimiques qui sont pertinents et qui sont semblables, de manière à ce qu'on puisse les traiter par groupe », une espèce de clusters de réactions chimiques. Et donc ça, on a simplement codé certains marqueurs des réactions chimiques de manière à détourer, pardon pour ces anglicismes, mais ces patterns de réactions chimiques. Et ça a permis de diviser par 12 le temps, parce que le nombre finalement d'axes de recherche sur la réaction chimique que cet acteur des cosmétiques devait faire. Donc on a relevé le défi grâce à la data science et à l'IA, disons-le comme ça, de remplir cette directive européenne sur les perturbateurs endocriniens.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qui rendent vraiment concret l'intention de la visée régénérative d'une entreprise comme Ekimetrics. Donc on s'aperçoit qu'on est dans la vie réelle en fait. On a l'impression parfois que l'IA c'est ailleurs, c'est dans un monde parallèle, mais en fait ça touche la vie réelle. Donc justement ça nous amène peut-être sur la quatrième sphère d'influence d'Ekimetrics, qui est le bien commun, la société. Et là, on s'aperçoit déjà par les exemples qui sont donnés que transformer un client, transformer ses offres peut permettre déjà d'avoir des impacts sur la société. Mais est-ce que vous avez d'autres initiatives, exemples où Ekimetrics fait un dépassement aussi de son impact sur la société ?

  • Laurent

    Modestement, oui. Donc, j'ai parlé tout à l'heure de notre outil sur le climat, Climate Q&A. il se trouve que dans la façon dont l'outil est fait, allez-y, on prend l'utilisateur, le citoyen par la main pour, finalement, le conduire dans son cheminement de compréhension des mécaniques qui sont en jeu sur le climat, grâce au rapport du GIEC. Si t'es intéressé par un thème, tu peux cliquer sur le ou les paragraphes qui t'intéressent, et après t'as des liens vers d'autres documents qui sont eux-mêmes résumés à leur tour, etc. Donc ça, c'est un premier élément. Deuxième élément, c'est que on a la chance de travailler avec l'ADEME sur la mise à disposition d'une trentaine d'années de documents de l'ADEME, qui sont une mine d'or qu'il faut absolument diffuser sur des mécanismes un peu parallèles à Climate Q&A, qui pour l'instant n'est qu'en interne des agents de l'ADEME, mais qui, dans les temps à venir, vont être ouverts au grand public de manière beaucoup plus massive. Et je te donne un troisième exemple, que j'aime beaucoup, qui est un projet qu'on a fait en lien avec Reporters sans frontières et l'Alliance Presse, du journaliste augmenté. Et en l'occurrence, le journaliste augmenté sur... le climat, les limites planétaires, par l'intermédiaire d'un outil qui a été bêta-testé et trituré dans tous les sens par un certain nombre de rédactions, je dirais une bonne vingtaine de rédactions. C'est un outil qui s'appelle Spinoza aujourd'hui, et qui permet à un journaliste, quand il prépare un article, d'aller interroger un grand nombre de sources scientifiques, premièrement, et un grand nombre de sources législatives, d'autre part. C'est-à-dire, grosso modo, tous les textes de loi qui ont été impactés par la loi Pacte, notamment. Et donc ça, au début, pourquoi j'aime beaucoup cet exemple ? Parce que les journalistes, quand ils voient l'IA arriver, sont extrêmement sceptiques, parce qu'ils considèrent que c'est quelque chose qui peut prendre leur job, grosso modo, pour le dire sans détour. Et quand on a une approche qui est de mettre l'IA au service, en l'occurrence, de l'utilisateur et de l'humain, et de décupler sa capacité à être pertinent sur un sujet, on se trouve à faire un outil qui est accepté par la profession aujourd'hui et qui est en train de se diffuser de plus en plus largement, regardez sur Spinoza. Et donc, on est assez fiers de cet outil-là et on est en train de travailler encore avec ces acteurs pour le diffuser plus largement.

  • Eric

    Merci pour ces exemples. Je vais en donner un quatrième, je vais répondre à ma propre question. En disant, que fait... Ekimetrics pour le bien commun, et j'en profiterai pour te remercier, remercier Théo et les équipes d'Ekimetrics, mais vous nous aidez aussi nous, la CEC, puisqu'on a maintenant plusieurs centaines de feuilles de route, bientôt mille feuilles de route dans une base de données, à réfléchir à comment tirer la quintessence de tous ces leviers de transformation de toutes les entreprises qui ont fait la CEC et qui se lancent dans leurs feuilles de route pour essayer que ça profite plus largement au bien commun aussi, à des centaines de milliers d'autres entreprises. Merci aussi pour ce mécénat de compétences que vous faites pour la CEC.

  • Laurent

    Avec plaisir.

  • Eric

    On va simplement aborder une question. On est obligé d'aborder cette question parce qu'elle sera présente dans l'esprit de nos auditeurs. Puisque là, on parle d'IA. On parle d'IA for good, de l'IA finalement sur des exemples de transformation positive. Mais je pense qu'on a collectivement une peur de l'IA, qui pourraient ne pas être for good, qui pourrait être un super pouvoir utilisé par des puissances qui iraient dans un délitement de la société potentiellement, voire des gros risques. On sait que les États-Unis investissent massivement, les Chinois investissent massivement sur l'IA. Toi, de ton point de vue, est-ce que cette peur est rationnelle ? Qu'est-ce que tu ressens par rapport à ça, à cette puissance qui pourrait être mise au service de forces négatives ?

  • Laurent

    Moi, je la partage cette peur, pour être tout à fait honnête. En revanche, elle génère chez moi une certaine détermination. Même si on est beaucoup plus petit que les 500 milliards de Stargate qui viennent d'être annoncés par Trump et son équipe de gagnants. Néanmoins, et qu'en plus, il moque entre guillemets la vieille Europe qui se perdrait dans un certain niveau de régulation et de réglementation. Donc, est-ce qu'on va perdre la course à la puissance sur l'IA ? Ma réponse est oui. On va la perdre. L'ambition de l'Europe, c'était d'avoir un data center, Stargate, ils parlent de 20 data centers et ils sont déjà en train de les faire au Texas. Est-ce qu'on va perdre cette course à la puissance ? La réponse est oui. Néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence. Et donc, au bon usage de l'IA, et sans aucune, enfin, j'espère ne pas être candide ou naïf sur le sujet, il faut que l'IA permette, encore une fois, moi je ne parle que des entreprises, de concilier la performance économique et la performance durable de ces boîtes-là, avec les exemples que j'ai donnés juste avant et d'autres à venir. Et donc le fait de guider les développements de l'IA par l'usage qui va en être fait, et que ces usages-là s'inscrivent dans une certaine vertu, c'est ma conviction, et ce n'est pas parce que j'ai peur, en effet, à la fois de la grosse consommation énergétique de l'IA, puisqu'on prévoit que l'IA générative à elle seule consomme autant que la Belgique d'ici à 2028, en termes d'énergie. Et par ailleurs, par l'ensemble des usages néfastes qui peuvent en être faits, je ne parlerai que de la désinformation, qui est un danger pour le délitement de notre société. La désinformation peut amener des conflits, peut amener un certain chaos. Bien entendu, ça, je ne le nie pas, pour moi, c'est des vrais dangers qui sont réels et qui me font peur. Mais en revanche, je reste à ma place en tant qu'Ekimetrics et en tant que dirigeant de cette entreprise là. Et je mets dix fois plus de force quand je vois ça, dans le fait de faire avancer d'autres perspectives sur l'IA.

  • Eric

    Merci pour cet éclairage. On retient cette citation de Laurent Félix : "On ne gagnera pas la course à la puissance, mais on peut encore gagner la course à la pertinence." On va basculer sur une autre dimension de l'économie régénérative qui est la dimension leadership, organisation, management. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur la feuille de route d'Ekimetrics, ta feuille de route personnelle, sur cette dimension là ? Du corps social de ton entreprise, toi-même, ton questionnement sur ton style de leadership. Qu'est-ce que tu as compris ? Qu'est-ce que tu essayes de mettre en œuvre ? Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

  • Laurent

    Cette question est sûrement la plus difficile. Et je trouve que vis-à-vis de la transition, et de tous les signaux marché qu'on a, c'est difficile de tenir une position de « on va réussir » ou « on doit se battre pour concilier performance économique et performance durable ». Et rien que ça, c'est une difficulté quotidienne, permanente, pour l'adhésion de collaborateurs d'une entreprise qui se bat comme ça, et en l'occurrence pour celle d'Ekimetrics. Donc pour moi, c'est une difficulté et il ne faut pas nier, je crois, le fait qu'il y ait des gens qui prennent un peu peur, des gens qui n'y croient pas, et qui rejettent cette position là, ce projet là. Donc ça, moi j'en ai parfaitement conscience, et je crois que la façon dont j'essaye en tout cas d'embarquer les gens, c'est en étant rôle modèle, c'est-à-dire d'aller faire en sorte de mettre les moyens pour du mécénat de compétences à tel et tel endroit, pour aller permettre les collaborations au sein de l'écosystème dont on parlait tout à l'heure, pour discuter avec les pouvoirs publics sur le développement des plateformes de partage de données dont je parlais tout à l'heure, pour auprès de mes propres clients d'aller transformer leur business model le plus possible. Donc je crois beaucoup plutôt à l'exemplarité. Je me vois plus comme un capitaine qu'un entraîneur. C'est-à-dire que moi je suis sur le terrain et j'ai mon maillot tout sale et tout mouillé, pour reprendre une métaphore de foot que j'aime bien. Je me vois beaucoup plus comme ça que d'un entraîneur en costume sur le côté qui dit quoi faire. C'est beaucoup plus ma façon d'apporter les choses. En termes de leadership, je crois que c'est une exigence que je me mets moi, qui me permet de la mettre également à l'échelle de l'entreprise.

  • Eric

    Et en termes d'organisation, de gouvernance, est-ce qu'il y a des changements qui se sont lancés chez Ekimetrisc sur les statuts de la société, sur les prises de décisions, sur le partage de valeurs ? Est-ce que c'est un chantier aussi que vous avez abordé ?

  • Laurent

    Oui, et qui est toujours en construction et de toute façon en perpétuelle évolution. On est passé entreprise à mission en avril 2023, avec une raison d'être, sans surprise, qui est de faire de l'IA et la data science un levier de transformation durable des organisations. Et donc, on a un comité de mission qui suit le fait que cette raison d'être progresse à travers l'ensemble des leviers que j'ai décrits un tout petit peu tout à l'heure. Donc ça, c'est entre guillemets la partie facile, à la rigueur. Et ensuite, on a mis un certain pourcentage, pour l'instant qui est modeste puisqu'il s'agit de 10%, de rémunération des dirigeants de l'entreprise et des partenaires de l'entreprise sur l'atteinte de ces objectifs de développement durable qui sont plutôt sur la première sphère, donc nos objectifs à nous Ekimetrics pour le moment. Et donc c'est une première étape. Et ça a vocation à se développer ou s'augmenter. Et voilà, j'annonce ça à mes amis partenaires dans l'avenir.

  • Eric

    Et sur la dimension capitalistique d'Ekimetrics, est-ce que c'est une entrave potentiellement à l'accélération de la feuille de route ? Ou est-ce que l'actionnariat est soutenant ? Est-ce que c'est un enjeu pour toi, cette partie prenante ?

  • Laurent

    C'est un enjeu premier. On a des investisseurs institutionnels français dans le tour de table d'Ekimetrics qui nous soutiennent là-dessus. Et l'un d'entre eux, c'est BPI France, c'est assez en lien aussi avec leur mission de manière plus stratégique. Néanmoins, aujourd'hui, ce qu'on regarde dans la valorisation d'Ekimetrics, ce n'est pas nos avancées en matière d'action de développement durable, c'est l'euro qui compte. Encore aujourd'hui, et même si on a de très bonnes discussions à la fin, ce qui va valoriser l'entreprise, c'est ça. Et parce que le marché l'exige. Si jamais la triple performance était véritablement vecteur de valorisation, et ça commence à le devenir,k as dans toutes les sphères, pas dans toutes les sphères géographiques, mais néanmoins, ça commence à le devenir et on l'appelle de nos voeux. Je pense que nos investisseurs aujourd'hui seraient tout à fait capables de nous suivre en la matière. Mais aujourd'hui, honnêtement, ce qui valorise l'entreprise Equimetrics, c'est son EBITDA.

  • Eric

    Il faut se dire les choses, on a parlé d'authenticité. On aborde maintenant peut-être plutôt la fin de notre conversation avec quelques questions de prise de recul. Justement, après deux ans de travail sur la feuille de route CEC, pour toi en tant que dirigeant et pour ton entreprise, qu'est-ce que tu dirais à une dirigeante ou un dirigeant qui se pose la question de s'engager dans un parcours CEC ? Vraiment, qu'est-ce qui est le plus marquant à tes yeux ?

  • Laurent

    Je trouve que ce qu'on a le plus réussi, mais que je trouve quand même ce qu'on a le moins réussi en même temps, c'est le fait d'ancrer notre feuille de route vraiment dans notre cœur de business. Et notamment sur le développement d'offres auprès de nos clients et la transformation de nos clients. Et c'est le plus dur aussi, parce que c'est dur de transformer des grands clients du CAC 40. Et donc, on s'aperçoit que les indicateurs de notre feuille de route, et j'en ai de 2025, il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre. Voilà, donc ce sera plus tard, mais il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre parce que j'ai du mal à faire bouger ces mastodontes-là à certains égards. Mais quand même, mon conseil, c'est d'avoir une feuille de route véritablement transformante. C'est-à-dire que je suis très heureux d'avoir réduit mes vols. Je suis très heureux d'avoir bientôt développé le forfait mobilité durable au sein d'Ekimetrics. C'est très bien aussi d'être frugaux dans notre pratique de l'IA. Là, je me rapproche de mon cœur business, bien sûr. Mais quand même ! Ce qui compte à la fin, c'est c'est quoi le métier de l'entreprise ? Et la feuille de route, elle doit porter sur la transformation de ce métier là. Elle ne doit pas être périphérique, elle doit être centrale. Donc, elle est forcément difficile à faire. Elle est forcément difficile à faire. Et donc, le plus possible, essayer de trouver les opportunités liées au cœur business de l'entreprise. C'est comme ça que moi, j'ai essayé de réfléchir le plus possible. Ça facilite grandement les choses. Et après, ça permet de dire, si on arrive effectivement à faire ça, et bien, ça veut dire que beaucoup de processus qui paraissent annexes vont s'aligner dessus, puisque c'est le cœur business que tu as fait bouger. Donc, mon conseil, c'est ça, c'est réfléchir cœur business.

  • Eric

    C'est une dimension qui est toujours compliquée pour une entreprise, dans la data ou dans le service, qui est la reconnexion au vivant, la reconnexion à la nature, et ça fait partie aussi de la visée régénérative. Qu'est-ce que vous arrivez à faire, et cette reconnexion, par quoi elle peut passer chez Ekimetrics ?

  • Laurent

    On est loin. Franchement, c'est dur. La chose la plus concrète, c'est les litres d'eau qu'on utilise pour les data centers et l'énergie et d'où elle vient. Dans notre métier à nous et dans notre activité à nous de développement d'algorithmes, c'est ça qui nous connecte le plus. Après, on a à travers nos missions les métiers de nos clients. Et donc, quand on a comme client un acteur de l'agroalimentation, là, on est beaucoup plus, immédiatement connecté à la nature, en l'occurrence à travers l'agriculture. Et donc, c'est peut-être là-dessus où j'ai un poids le plus direct sur la nature, mais encore une fois, pas directement. Dans mon métier, c'est comme ça, c'est pas direct. On peut penser après, effectivement, aux matériaux qui ont servi à construire les data centers, ou nos ordi, etc. oui, bien entendu, après leur impact environnemental, pour moi, il est relativement négligeable par rapport à l'impact potentiel sur les ressources naturelles de grands clients de l'agri ou de l'industrie.

  • Eric

    Donc peut-être on peut prendre rendez-vous, Laurent, sur la dimension biodiversité de ce que vous faites. Vous avez beaucoup apporté sur la dimension climat avec Climate Q&A, sur la dimension biodiversité, reconnexion sur vos offres. Il y a peut-être un angle à amplifier dès que vous aurez un petit peu de temps.

  • Laurent

    Sur Climate Q&A, tu as le rapport de l'IPBES aussi qui est disponible. Oui, tu as raison.

  • Eric

    On a encore un gros potentiel, on va se dire. Écoute, on a cette question qui va être sans doute la plus difficile de tout cet entretien, qui est, tu es maintenant face à un enfant de 10 ans. Tu vas essayer de lui expliquer l'économie régénérative, l'entreprise régénérative. Qu'est-ce que c'est, en termes très simples, en une ou deux phrases, qu'est-ce que tu pourrais dire à cet enfant ?

  • Laurent

    L'économie régénérative ou une entreprise régénérative, c'est quelque chose qui va te permettre de manger, d'aller à l'école, de dormir et de rentrer chez toi et d'avoir chaud, pour toi et puis après pour tes enfants et pour les enfants de tes enfants et les générations d'après. Et ça de manière ad vitam.

  • Eric

    Merci beaucoup Laurent. Merci pour le courage, le courage du dirigeant qui prend des décisions difficiles pour son entreprise. Je te remercie aussi pour l'authenticité de ce dialogue à cœur ouvert. Et on avait parlé de pragmatisme. Tu as donné beaucoup d'exemples concrets. C'était un challenge. On est revenu dans le concret, le concret de tes clients. Donc, merci beaucoup pour ça. Je retiens vraiment cette citation qu'on ne va pas faire la course à la puissance, mais nous, on va s'orienter en Europe, à la course à la pertinence. Je pense que ça va résonner pour beaucoup d'entre nous. Voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Laurent Félix, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général d'Ekimetrics, une entreprise qui aide ses clients à améliorer leur performance business grâce à l'IA. Ensemble ils abordent les 4 sphères d’influence sur lesquelles Ekimetrics a construit sa feuille de route : l’interne Ekimetrics, la communauté Data-IA, les clients de l’entreprise et au final la société en général. Pour chaque sphère, Laurent explique comment Ekimetrics s’y prend pour réduire les impacts négatifs, voire créer de l’impact positif. Ils abordent également l’usage (bon ou mauvais) de l’IA, la CSRD, la coopération sectorielle, la gouvernance et le leadership… … Bonne écoute !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Laurent

    Moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité... je vois très bien la capacité du groupe de 1.200 dirigeants, le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là... on va perdre la course à la puissance sur l'IA, néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence, et donc, au bon usage de l'IA... ce qui compte à la fin c'est le métier de l'entreprise, et la feuille de route elle doit porter sur la transformation de ce métier-là.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Éric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Avec Cap Regen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Laurent.

  • Laurent

    Bonjour Éric.

  • Eric

    Alors Laurent, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage. Parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Pragmatisme, parce qu'on veut rendre très concrète l'économie régénérative et on va essayer de trouver des exemples pour être le plus pragmatique possible. Alors les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Laurent, CAP ou pas CAP ?

  • Laurent

    CAP !

  • Eric

    Alors c'est parti ! Laurent... Tu es diplômé d'une prestigieuse école d'ingénieur, tu as fait ta carrière dans le monde du conseil et de la data, notamment chez Wavestone. En 2019, tu rejoins Ekimetrics comme partner et tu deviens le General Manager d'Ekmetrics en 2021. Tu participes à la toute première CEC en 2021-2022. Alors, est-ce que déjà tu peux nous présenter ton entreprise, Ekimetrics, en quelques mots, quelques chiffres ? pour qu'on voit d'où tu nous parles.

  • Laurent

    Alors, Ekimetrics, c'est une entreprise qui a été fondée en 2006. Donc, elle a 18 ans cette année, ou l'année dernière. Elle a été majeure l'année dernière. C'est une entreprise qui est tombée dans la data quand elle était petite. Et elle ne fait que ça depuis qu'elle est née, avec ses différentes déclinaisons qui nous mènent aujourd'hui jusqu'à l'IA et l'IA générative. Elle a été fondée dans une logique d'aider ses clients, qui sont en général des grands clients, en l'occurrence en France le CAC 40. à être plus performants commercialement. En 2006, c'était ça, utiliser la data pour développer la performance commerciale et marketing des entreprises. Ce qui était une démarche à l'époque très novatrice, puisque la data n'existait pas vraiment, il n'y avait même pas le big data à l'époque. Et donc Ekimetrics a cheminé comme ça, avec toujours une empreinte business extrêmement importante, ça fait partie de notre ADN, et c'est ça qui nous donne toute la légitimité quand on s'adresse à des Comex de ces entreprises-là. Et on a, au fur et à mesure, développé une expertise en IA avec un positionnement de pionnier, c'est-à-dire qu'on prend les innovations et on essaye de les appliquer aux contraintes de nos clients. Et il y a à peu près cinq ans, quand j'ai rejoint EKimetrics, j'avais une sensibilité personnelle et un engagement personnel au sujet de la transition et je me suis dit assez vite, de manière très pragmatique, que ça allait être une question de direction générale pour mes clients. Qu'ils ne pourraient pas envisager des plans de transformation à 2, 3, 5 ans sans considérer les limites planétaires comme étant un nouveau terrain de jeu business pour eux. Donc moi j'ai toujours pris les limites planétaires et la transition quand je m'adresse à mes clients comme étant une contrainte business, voire une opportunité business. Et ça nous a permis de construire au fur et à mesure des offres dédiées à la transition.

  • Eric

    Et en quelques chiffres, aujourd'hui... que représente Ekimetrix ?

  • Laurent

    Ekimetrics, c'est à peu près 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est 500 collaborateurs. Donc, on n'est pas une petite entreprise, on n'est pas non plus gigantesque, mais on a une certaine force de frappe auprès du Fortune 500 et du CAC 40 et quelques ETI aussi en France. On est basé aussi, pas qu'à Paris, moi, je m'occupe en particulier de la zone française, disons, avec le bureau de Paris. On a un bureau aussi à Londres, un à New York et deux à Hong Kong et Shanghai.

  • Eric

    Alors, on va revenir sur ton parcours personnel. Et notamment, ton enfance, ton adolescence, quand tu étais plus jeune, quel était le métier que tu voulais faire plus tard ? Est-ce que tu voulais déjà être dans la data quand tu avais 10, 12 ans ?

  • Laurent

    Je ne suis pas tombé dedans quand j'étais petit, moi. Il y en a d'autres chez qui il y a des passionnés de ça depuis qu'ils sont nés. Non, non, moi, c'est une passion qui m'est venue sur le tard. Non, moi, j'étais un petit gars des années 80, je suis né en 79. Et j'ai été bercé par le foot, en fait. C'est tout bête, mais j'ai toujours aimé ça. Et très sérieusement, j'ai voulu faire cette carrière-là. Au grand dam de mes parents, pendant...

  • Eric

    T'es pas le seul, hein ?

  • Laurent

    Oui, je sais, ça. Tu voulais faire carrière pour le foot.

  • Eric

    Et une certaine sélection naturelle.

  • Laurent

    Et donc, oui, oui, j'ai été confronté à une sélection naturelle à un moment qui m'a rendu à l'évidence. Et donc, en fait, comme vocation, moi, j'ai toujours aimé, disons, la façon dont les choses fonctionnent, et donc la science, la physique et les maths. Ça m'a toujours beaucoup intéressé, et encore aujourd'hui, j'ai mon grand de 18 ans qui est en prépa intégrée, donc j'adore me replonger dans les maths, etc. Et le côté comprendre le fonctionnement, aujourd'hui me porte toujours sur la compréhension des filières industrielles, pas que les filières industrielles, mais grosso modo, le fonctionnement depuis l'élément naturel et la ressource naturelle, jusqu'au produit et jusqu'au service, comprendre toute cette chaîne-là, toute cette chaîne de valeur là, c'est une certaine passion, et en fait, depuis le début, cette compréhension des mécanismes m'habite.

  • Eric

    Tu nous as dit déjà que tu avais une sensibilité sur les enjeux de la transition. Est-ce qu'on peut dire que tu as toujours eu cette fibre un peu écolo ? Ou d'où est-ce qu'elle te vient ?

  • Laurent

    Peut-être un peu par réaction. Je ne l'ai pas toujours eu, mais je suis quand même né en 1979 encore une fois et donc je suis né en plein dans la consommation de masse. Et donc chez moi, on mange le rôti de boeuf quasiment tous les soirs de la semaine. Voilà, on a été... nourris aux hormones. Et je n'en avais pas du tout conscience jusqu'à mes 20-25 ans, pour être tout à fait honnête. Et donc, j'étais très heureux comme ça, dans cette société de consommation, pur produit de ça. Et en fait, j'ai fait une rencontre, même disons plusieurs rencontres, vers 2008, où on a, par la proximité des écoles, donc par mes enfants, rencontré des gens qui étaient extrêmement engagés sur le sujet. Et ça m'a fait réfléchir. C'est des gens qui ne venaient pas du tout de mon milieu, pas du tout scientifiques non plus, mais qui avaient une sensibilité extrêmement forte là-dessus, qui étaient mes voisins à Nanterre. On s'est lancé en 2009 dans un projet un peu fou d'habitat groupé écologique. Habitat groupé, on s'est réunis à trois familles sur une parcelle à Nanterre à l'époque. On avait été suivis par Canal+, c'était très intéressant. Mais on avait poussé le sujet assez loin. C'était des maisons en bois, évidemment, isolation en paille. avec des puits canadiens, et puis même il y avait la notion d'habitat groupé, donc une notion de mettre en commun certaines ressources. Il se trouve que ce projet a complètement planté, et qu'on est parti en procès avec l'entrepreneur pendant 5 ans, ça a été terrible. Pas entre vous. Pas entre nous, pas entre nous. Il y a eu des tensions évidemment dans des projets comme ça, mais fondamentalement, moi je suis devenu assez expert sur la partie habitat, et là je me suis dit, mais oui, c'est important d'avoir dans sa vie quotidienne, ça chevillé au corps parce qu'on les voit, les problèmes, ils arrivent. Et en tant que dirigeant, si je veux avoir un peu d'alignement interne, j'ai un formidable levier qui est Ekimetrics. Il faut que je fasse en sorte que j'utilise ce levier-là.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous décrire ou nous parler d'une expérience de nature que tu as eue récemment et qui t'a marqué ?

  • Laurent

    Alors, ça remonte à il y a à peu près 18 mois. C'est une expérience de nature et une expérience humaine à la fois. On a été quelques-uns un peu foufous chez Ekimetrics, une petite trentaine, à faire ce qu'on appelle le RAID 28. Le RAID 28, c'est une aventure en forêt où tu pars le samedi à 20h et t'arrives, quand t'arrives, en général le dimanche vers 15-16h. Et donc là, tu subis, c'est en janvier, tu subis le froid, l'humidité et la difficulté de la marche, souvent dans la boue parce que c'est le cas. Et fondamentalement, ça te connecte à la nature parce qu'elle rentre dans tes tripes par le froid et l'humidité. Et donc t'as deux manières de faire : soit tu subis, complètement, tu te recroquevilles et tu souffres pendant des heures et des heures, soit t'intègres, tu respires et tu t'enrichis des éléments qui sont autour de toi. Et en fait, je ne vais pas vous dire que je me suis complètement enrichi, j'ai eu des hauts et des bas pendant cette traversée, et j'avoue que à la fin, j'ai plus subi que je me suis enrichi, mais c'est une très bonne expérience de nature.

  • Eric

    C'est une vraie expérience avec la nature.

  • Laurent

    75 kilomètres.

  • Eric

    J'avais envie de te poser la question sur, finalement, ton arrivée dans l'aventure CEC. Qu'est-ce qui s'est passé ? Quand as-tu entendu parler de la CEC pour la première fois ? Et qu'est-ce qui a fait que tu t'es senti appelé à vivre cette aventure de la CEC ?

  • Laurent

    Pour moi, la CEC et son aventure, quand j'en ai entendu parler, ça a été relativement évident. En fait, j'en ai entendu parler via mon Planet Champion qui s'appelle Théo Alves Da Costa et qui avait rencontré Yannick Servant lors d'un événement. Et Théo m'a dit, Yannick, avec une autre personne qui s'appelle Eric, je crois, en tout cas c'était comme ça que ça m'avait été présenté lance une initiative à l'image de la Convention Citoyenne mais pour les entreprises, donc c'était 2020 2021 je pense cet échange là et j'étais en train de lancer mes réflexions comme je te le disais tout à l'heure en introduction et en fait je me suis dit, la CEC va m'apporter, donc je l'ai plutôt prise comme ça, qu'est-ce qu'elle va m'apporter dans un premier temps ? Va m'apporter une certaine expertise sur le sujet, une certaine légitimité pour mieux transformer Ekimetrik, et par rebond après que Equimetrics transforme mieux ses clients. Et donc pour moi, je voulais absolument en être à partir du moment où on en a parlé, absolument. Et donc j'ai pris ce sujet très très au sérieux et je le prends toujours très très au sérieux. J'avais rédigé une lettre pour vous, où justement j'expliquais un peu mon parcours personnel, et pourquoi c'était important pour moi d'intégrer la CEC. Et puis, voilà, j'étais, je crois, dans les premières entreprises à rejoindre le mouvement.

  • Eric

    C'est vrai, pour l'anecdote, je me souviens très bien avoir lu cette lettre. C'était la première fois qu'on avait une lettre de motivation aussi convaincante. Donc, effectivement, tu as fait partie de la toute première vague des engagés de la CEC. Et finalement, une première question plus personnelle dans cette aventure, dans ce parcours, c'est quoi maintenant, avec le recul, puisque c'était déjà il y a trois ans, c'est quoi qui t'a finalement le plus marqué, ce que tu as retiré de cette expérience ?

  • Laurent

    Alors, je dirais, ce à quoi ça m'a beaucoup servi, ce qui est une façon de dire ce qui m'a marqué, c'est ce que j'y ai appris. Ça m'a donné une espèce d'assise sur le sujet, assez transverse et assez profonde sur pas mal de thématiques. Je me souviens des sujets sur les business models, je me souviens des sujets sur la partie financière et la triple comptabilité, et voilà, enrichi de beaucoup d'exemples concrets, moi ça m'a élevé mon niveau de jeu sur le sujet. Ça, c'est mon côté très pragmatique retient ça. Ensuite, et c'est plus avec le recul, c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis à 100% derrière ce mouvement-là, c'est que, pour être tout à fait honnête, au début je me suis dit, bon, on est 150 dirigeants d'entreprises, pas forcément de très grande taille, on ne pèse rien du tout sur le marché. Et donc, je le prends plutôt comme étant quelque chose, une espèce de super école de dirigeants. Je l'ai plutôt pris comme ça. Aujourd'hui, avec le recul, et ça fait maintenant quand même déjà au moins deux ans que je pense ça, je considère que l'effet boule de neige de la CEC est réel, d'une part, et que je vois très très bien la capacité maintenant du groupe de 1.200 dirigeants engagés dans la CEC. Je vois. le potentiel de transformation et disruptif de ce groupe-là comme étant extrêmement réel, extrêmement concret. Et donc, c'est ça que je retiens. Je l'ai pris au début comme quelque chose qui allait m'apporter quelque chose. Et donc, aujourd'hui, moi, j'ai plutôt envie d'y apporter le plus possible à travers Ekimetrics et moi-même, pour que cet effet d'entraînement soit décuplé au fur et à mesure du temps.

  • Eric

    Donc, en fait, tu y as vu, à l'ordre 1, un renfort individuel, et à l'ordre 2, tu t'es rendu compte du potentiel de la force collective.

  • Laurent

    Exactement.

  • Eric

    Et j'ai envie de dire, à l'ordre 3, tu as sans doute utilisé le renfort de connaissances et de compétences individuelles pour réfléchir à la feuille de route de ton entreprise et justement comment mettre ton entreprise au service de tes clients, mais aussi d'une transition juste. Je te propose de basculer peut-être sur cette dimension-là de ton expérience autour de la feuille de route d'Ekimetrics, des leviers de redirection d'Ekimetrics. Peut-être avec une première question, si tu avais à décrire en deux, trois grandes actions les marqueurs de la feuille de route d'Ekimetrics ?

  • Laurent

    Dans la position d'Ekimetrics, il y a plusieurs, disons, sphères d'influence. Et la feuille de route, on l'a structurée à travers ces sphères d'influence. La première sphère, c'est Ekimetrics elle-même, entre guillemets, c'est-à-dire son fonctionnement intrinsèque. La deuxième, c'est la communauté Data IA, et donc l'écosystème Data IA sur lequel Ekimetrics a une influence. La troisième, c'est ses clients. Et la quatrième, peut-être de manière un peu immodeste, c'est la société. Et donc on s'est défini, nous, des marqueurs sur chacune de ces sphères-là. Sur la sphère Ekimetrics, bon, c'était réduire notre empreinte carbone. Donc dans nos métiers, paradoxalement, ça a l'air bizarre, mais ce n'est pas encore les algorithmes d'IA qui pèsent le plus dans l'empreinte carbone d'Ekimetrics, mais maintenant ça va le devenir, puisque avant le premier poste de coup, c'était mes déplacements, quand je dis l'ensemble des déplacements des collaborateurs d'Ekimetrics. Et donc maintenant qu'on les a réduits assez drastiquement, et que les projets d'IA sont de plus en plus présents, le rapport de force est en train de s'inverser. Un gros gros point d'attention, et on y reviendra, sur le côté frugal de ce qu'on fait en termes d'IA, pour limiter ça. Donc, premier marqueur sur la première sphère. Sur la deuxième sphère, sur l'écosystème, c'est le fait de promouvoir l'IA responsable et frugal au sein des professionnels de l'IA et de la data en France et plus largement en Europe. Le deuxième marqueur pour la deuxième sphère, donc celle des communautés data-IA, C'est le fait de promouvoir l'usage de l'IA responsable et frugale au sein de ces communautés là. Et c'est des techniques, c'est des façons de coder, c'est des façons de comprendre les résultats et la façon d'articuler les différentes fonctions d'IA qui font qu'à la fin, tu as un IA qui est efficace et tu as un IA qui est frugal. Donc encore une fois, il ne faut surtout pas opposer les deux. Le marqueur, c'est ça, c'est d'avoir autour d'un écosystème chez Ekimetrics qui engendre une capacité de compréhension et d'exécution de l'IA de manière frugale et responsable. Le troisième, c'est sur mes clients. Donc là, on s'était mis une ambition qu'on avait chiffrée en termes d'impact carbone chez mes clients. Et ça, je m'aperçois que c'est difficile à mesurer directement et surtout qu'au fur et à mesure des avancées qu'on a avec eux, les projets m'amènent plutôt à des critères de transformation chez eux. Transformation de business model notamment, transformation des chaînes de valeur, transformation des opérations. Et donc là, on a plutôt une logique de dire à quels endroits est-ce que l'IA contribue véritablement à changer les chaînes de valeur de mes clients, dans une logique de frugalité, disons-le comme ça. Et quatrième marqueur sur la société, donc là, c'est la diffusion du savoir-faire, plutôt la diffusion du savoir climat et limites planétaires, à travers notamment certains outils, un qui est le plus célèbre d'Ekimetrics qui s'appelle ClimateQ&A, qui est un outil de vulgarisation des rapports du GIEC, qui permet à tout un chacun de s'approprier ce rapport qui est, il faut le dire, un peu indigeste, avec ses milliers de pages en anglais écrits tout petits et ses milliards de graphes. Et donc on a un outil, je vous invite à aller taper www.climateqa.com et d'aller poser toutes les questions que vous voulez à cet outil-là. C'est un outil qui est utilisé par des dizaines de milliers de personnes, que ce soit le grand public ou même les professionnels du climat qui viennent très très souvent s'enquérir d'informations qui sont dans le GIEC grâce à ça. Donc on essaie d'œuvrer sur ces quatre sphères-là.

  • Eric

    Merci beaucoup pour cette structuration parce que je te propose Laurent de reprendre et de creuser sur ces quatre sphères d'influence, votre feuille de route pour aller dans le plus concret possible. Alors on sait que la data et l'IA c'est assez conceptuel, mais tu as une grande capacité de vulgarisation et donc... Ce qu'on va essayer de faire, c'est de remonter en termes d'impact et de taille finalement de bulles d'influence sur ces quatre leviers. Donc parlons tout d'abord de l'entreprise Ekimetrics, de son empreinte. La question que je voulais te poser, c'est pour les employés d'Ekimetrics, la feuille de route, comment ça peut les impacter et comment ils ont attrapé cette feuille de route, ils ont pu se l'approprier. Qu'est-ce qui a changé ces derniers temps pour les employés d'Equimetrix ?

  • Laurent

    Je vais reprendre, dans ces derniers temps, je vais quand même remonter à 2021-2022. C'est-à-dire, en fait, quand on vivait la première vague de la CEC, quand je dis on, c'est Théo et moi, à travers les différentes sessions de la CEC, on prenait un grand soin à chaque fois de rediffuser l'ensemble du savoir qu'on avait eu. C'était pour moi extrêmement important que ça ne soit pas juste quelques personnes dans la direction qui s'emparent du sujet. La transformation. d'Ekimetrics, elle passe par la prise de conscience individuelle de chaque membre d'Ekimetrics, chaque collaborateur d'Ekimetrics, sur ces sujets-là et ce qu'Ekimetrics peut faire là-dedans. Et donc, on a pris beaucoup de temps, grâce à Théo notamment, pour diffuser ça. Et donc, on pensait que cette transformation était assez naturellement engagée puisque, en particulier pour moi, l'engagement d'Ekimetrics était évident. Et il se trouve qu'à la faveur de quelques dossiers un peu clés chez nous, on s'est aperçu que l'embarquement de l'ensemble des collaborateurs était quand même pas évident. Et en fait, c'est comme ça qu'on arrive à transformer, c'est souvent à travers des crises. Et on a eu une crise parce qu'on a gagné un gros dossier auprès d'une compagnie aérienne. Et là, j'ai eu à la fois un levier de bouclier de personnes qui disaient « Non, il ne faut absolument pas travailler pour le secteur aérien. » Et d'autres qui disaient « Mais on ne voit pas pourquoi on ne travaillerait pas pour le secteur aérien. » Et donc, non seulement j'ai eu de l'incompréhension, mais j'ai même eu des scissions en interne qui étaient assez profondes. Et donc, il a fallu faire de la pédagogie. Et donc, on s'est aperçu qu'on n'était pas allé assez loin dans l'explication pour exprimer qu'il fallait, en tout cas moi, je préférais être partie prenante des décisions de cette compagnie aérienne pour pouvoir la transformer. Et ça, c'est très dur, c'est difficile, on y reviendra sur la sphère des clients, mais fondamentalement, quand on aide une compagnie aérienne à gagner des parts de marché, forcément, ça a l'air d'être complètement antinomique avec une mission de transition. Mais si on ne fait pas ça, on n'est pas crédible auprès du COMEX de cette compagnie aérienne pour travailler sur d'autres axes, disons, d'usage plus raisonné du transport aérien, puisqu'on n'a aucune crédibilité. On dit, bon, voilà, vous êtes des ayatollahs de l'écologie, vous voyez bien que mon secteur aérien, il va contre ça, donc merci, au revoir. Alors que si on vient par le prisme business, c'est beaucoup plus puissant. Donc ça, le fait d'expliquer ça, ça nous a servi à mieux expliquer la mission d'Ekimetrics. Ensuite, on a beaucoup d'actions sur la limitation des déplacements, sur la frugalité des IA qu'on fait. Donc on essaie d'avoir une cohérence sur un peu tout, pour que ça soit très authentique, vécu de manière concrète par tout le monde. On réunissait avant les, il n'y en avait pas 500 à l'époque, mais plutôt 300, collaborateurs d'Equimetrix tous les ans, ceux qui viennent du quatre coins du monde. Et bien on ne le fait plus, depuis 2021 on ne le fait plus. Là, Ekimetrics a 18 ans, et j'avoue réfléchir à comment est-ce que je fais pour Equimetrix 20, donc dans deux ans. Parce que de ne pas voir ses collègues physiquement, on s'aperçoit que ça fait des dysfonctionnements. Bon, voilà. Est-ce qu'on peut se permettre, je suis encore en questionnement là-dessus, est-ce qu'on peut se permettre de réunir toutes les personnes d'Equimetrix en 2027 ? On va voir. C'est une des questions. Ce renoncement-là, on l'a fait assez immédiatement, assez naturellement.

  • Eric

    Peut-être que de passer de tous les ans à tous les dix ans, c'est peut-être possible. Voilà. alors merci pour ce partage sur la deuxième dimension, tu parlais de ton secteur, le secteur de la data, de l'IA, où là, c'est un secteur où en fait, tu es en prise directe avec tes concurrents aussi, et d'autres parties prenantes. Dans votre feuille de route, comment vous abordez cette dimension-là, de la transformation du secteur, de votre responsabilité, votre éthique, par rapport à ce secteur, et qu'est-ce que vous arrivez à faire concrètement ?

  • Laurent

    Dans le positionnement d'Ekimetrixcs, on est extrêmement clair sur le fait que l'IA n'est pas une fin en soi. L'IA c'est un outil, c'est un outil puissant. Et donc effectivement quand tu le mets dans des mauvaises mains, ça peut donner la marque Shein de fast fashion. Mais quand tu es convaincu que c'est un outil qui bien utilisé peut servir la transition, en fait tout s'aligne. Et ça veut dire que concrètement on a des axes de recherche. Donc on met des centaines de milliers d'euros sur des axes de recherche sur l'IA frugale, sur l'IA responsable. Et on a un certain nombre de partenaires, je pense à Hugging Face, je pense à Data for Good par exemple, qui sont dans cet écosystème là et participent d'une certaine émulation collective et intellectuelle sur l'IA pour développer ces bonnes pratiques là. Et ça, on a quelque chose qui s'appelle Equilab sur le site d'Ekimetrics qui donne en open source ces techniques là. Et en fait, je n'ai pas une logique de concurrence là-dessus. Bien sûr que j'ai des concurrents qui vont pouvoir reprendre ça s'ils le souhaitent. Et en fait, j'en serais très heureux. Ce n'est pas ça le point. Le différenciant d'Ekimétrics, c'est de faire en sorte que ces IA là soient appliquées pour ses clients, pour ces enjeux, et de bien le faire. Donc ça, je n'ai pas de problème à participer à cet écosystème là, bien au contraire. Et donc, très concrètement, c'est des webinars, c'est des meet-ups, c'est des hackatons qu'on fait régulièrement dans les locaux d'Ekimetrics sur ces différents sujets là. C'est l'intervention dans certaines universités, dans certaines sphères académiques.

  • Eric

    C'est très important ce que tu dis là, parce que c'est aussi une des ambitions de la CEC, de savoir regrouper des acteurs d'un même secteur, d'une même filière, qui, quelque part, ont ce socle de connaissances et de compétences sur les enjeux de la transition, pour qu'ils puissent réfléchir ensemble à comment faire basculer leur filière. Et évidemment dans une notion plutôt de lobbying vertueux. Donc c'est vrai que cette approche là, elle n'est pas forcément intuitive dans un monde où chacun veut gagner des parts de marché et gagner contre. Elle devient beaucoup plus logique quand on est effectivement dans un esprit de coopération. Quel potentiel tu verrais justement à ces coopérations sectorielles, comme sur le thème de l'IA par exemple, sur le terreau de la CEC ?

  • Laurent

    Ça c'est une super question et pour moi, c'est un très très gros levier de transformation, d'arriver, en effet, à regrouper des acteurs d'une filière et de les faire, entre guillemets, gagner ensemble. Il se trouve que le dilemme du prisonnier, il est extrêmement probant quand tu es un dirigeant. C'est-à-dire que d'aller faire des renoncements sur ton modèle économique, quand à côté ton concurrent ne les fait pas, tu perds immédiatement des parts de marché, ça te met sous pression immédiate. Et ça, c'est très difficile. Mais en revanche, moi, je vois un gros potentiel de transformation, y compris sur le terreau de la CEC, qui commence à avoir une dimension suffisante pour ça, à réunir quelques dizaines d'acteurs au sein des filières et de les faire travailler sur des modèles de collaboration plus vertueux. Et moi, je fais le pendant direct avec, disons, la data et l'IA à travers des plateformes de données, puisque pour mettre en commun des business models, il faut mettre en face l'offre et la demande, il faut mettre en commun des moyens de production, des moyens d'acheminement, des moyens logistiques. Et ça, ça passe par partager ses données. Mais c'est difficile de partager ses données. Donc, quand on partage ses données de manière sécurisée, égale avec ses concurrents ou un certain nombre de concurrents de sa filière, et que potentiellement par une puissance publique, tu vas venir avoir un socle qui permet le partage avec des règles éthiques parmi les différents acteurs, là tu te sens dans une zone de confort. Et si tu as bien compris que ce partage-là, c'était le terreau nécessaire à une économie de la collaboration et pour le gagner ensemble, là, pareil, deuxième étage, deuxième clic, en tant qu'acteur de la filière, hop, tu te dis, ah oui, tiens, pourquoi pas. Si, par ailleurs, ça te permet aussi, toi, de diversifier ton activité en créant des espèces de services qui viennent s'appuyer sur ces plateformes de données, en mutualisant, encore une fois, des moyens de production avec certains acteurs de la filière, tu es plus efficace, tu es plus précautionneux des ressources que tu utilises et potentiellement tu as des externalités négatives qui tombent, voire des externalités positives qui naissent. Donc ce modèle, et c'est vraiment très concret de dire je partage mes différentes données de production, mes différentes données de chaînes de valeur, d'acheminement, etc. et je construis et je co-construis des services avec une intelligence économique partagée par plusieurs dirigeants, c'est extrêmement puissant et pour moi c'est des premiers éléments qui peuvent faire basculer des filières entières.

  • Eric

    Alors, rendez-vous est pris pour faire basculer ces filières et peut-être donner le la aussi à d'autres filières, d'autres secteurs. On va passer maintenant à la troisième sphère d'impact d'Ekimetrics dans votre feuille de route, les clients. Je vais te poser un challenge. Est-ce que tu pourrais nous donner deux, trois exemples hyper concrets où la data ou l'IA a pu transformer des comportements ou des offres de vos clients, for good, donc pour quelque chose qui va dans le bon sens des limites planétaires.

  • Laurent

    Premier exemple, un grand constructeur automobile a souvent des centaines de millions d'euros à sa disposition pour vendre ses véhicules. Et finalement, dans une logique 100% rentabilité. Un grand constructeur automobile français a été sensible à notre approche. Nous, on vient du côté 100% rentabilité, comme je te le disais au début. Et depuis quelques années, on a intégré la dimension empreinte carbone dans tous nos algorithmes de performance, entre guillemets. Ce qui veut dire que, et c'est soutenu par la norme CAFE dans l'automobile, tu peux avoir une transcription assez immédiate du côté empreinte carbone vers le côté euros, si tu vends une voiture... hybride ou diesel versus si tu vends une voiture électrique. Et donc on a, dans nos algorithmes de mesure de performance, intégré la différence d'empreinte carbone liée aux produits voitures qui étaient vendus à travers ces moyens-là, et on les a rétro-ingénierés pour changer le ROI. Et donc là, un directeur marketing, en l'occurrence de cette entreprise automobile, qui voit ça, arrive à mesurer à quel point le fait d'aller pousser par ses moyens moteurs, ses vendeurs en concession, le nombre de concessions qui proposent ces modèles-là, les campagnes marketing, médias au cinéma ou dans la rue, etc. Tout ce moyen-là, il arrive à mesurer, grâce au projet qu'on a fait avec lui, à quel point ça peut faire bifurquer la demande vers le véhicule électrique et le ROI qu'il en attend. Donc, on peut penser ce qu'on veut du véhicule électrique et de son empreinte, mais disons que par rapport à la norme CAFE, qui sert bien quand même, si tu n'as pas cette réglementation, c'est plus dur. On a fait un outil à base de data et d'IA qui permet ça pour le directeur marketing, donc de concilier sa performance financière et sa performance carbone. C'est aidé encore une fois par la régulation. Premier exemple. Deuxième exemple, un acteur du retail, donc dans les petits produits d'électroménager, disons. Comme beaucoup de grands acteurs, et c'est aussi sous le feu de la rampe en ce moment, il y a la transition, elle est quand même pas mal poussée, c'est un peu l'approche de l'Europe par la réglementation, et la CSRD en fait partie. Tu peux voir la CSRD de deux manières. Soit c'est une chienlit de reporting, soit c'est un guide à la transformation. Et donc on a, nous, pris la deuxième partie en disant, on va aider les boîtes à faire en sorte que non seulement ça ne soit pas une chienlit de reporting, mais qu'en plus ce soit un levier de transformation. Et donc de manière très concrète, on utilise l'IA génératif. pour pré-remplir, d'une part, l'ensemble des questionnaires CSRD sur toutes les ESRS, avec des centaines, voire des milliers de data points. Et donc, on facilite grandement le travail des gens qui sont maintenant dédiés à ça dans les entreprises, grâce à l'IA génératif, c'est-à-dire qu'on a des IA qui vont aller screener tous les documents disponibles en interne et qui sont disponibles aussi sur le public de cette entreprise-là. Et on va pré-remplir, grâce à l'IA génératif, les questionnaires.

  • Eric

    Là, juste, tu vas faire rêver. énormément de directeurs financiers avec cette offre.

  • Laurent

    Non, mais c'est sûr qu'on a beaucoup de demandes parce que ça marche très très bien. Mais quand même, au-delà de ça, là où on parle d'un gain de temps, bon, c'est pas tant ça, moi, qui m'intéresse. C'est le fait de dire on a aussi un gain d'exhaustivité. Il y a beaucoup d'informations quand on a un gros volume documentaire que sont ces grands groupes-là. Il y a des choses qu'on loupe. Donc, il y a aussi un gain d'exhaustivité. Mais c'est pas seulement ça. C'est aussi que notre outil qui fait ça, fait ce screening-là, fait également, sur chacun, pas tous les data points, mais agrégés en termes de data points à travers les ESRS, qui fait un benchmark sectoriel pour dire, Monsieur le client, sur ce point-là, vous êtes en avance, c'est très bien, sur ce point-là, vous êtes en retard par rapport à votre écosystème. Et vous êtes en retard pour telle et telle raison, et voici les actions que vous pourriez mener sur ce point précis-là pour rattraper votre retard. D'où le fait d'utiliser la CSRD comme étant un outil de transformation. Donc ça, je suis hyper fier de la solution qu'on a montée et qu'on améliore chaque jour. Et pareil, y compris pour proposer des plans d'action, c'est que de l'IA derrière. On va chercher dans plein de bases sectorielles des actions qui fonctionnent et qui transforment véritablement.

  • Eric

    Alors attention, Laurent, je vais te poser une question challenge. Parce que juste avant, tu nous as parlé du dilemme du prisonnier et de comment faire bouger tout un secteur. Et là, tu viens de me mettre des étoiles dans les yeux avec cette offre, cette IA générative, qui peut permettre de donner du sens et de prendre des meilleures décisions sur la CSRD. Est-ce que cette offre, vous pourriez envisager, Ekimetrics, de la mettre à disposition via un mécanisme open source ou autre, vers certains de vos concurrents, pour que ça se diffuse à grande vitesse ? Puisque là, on parle quand même de donner du sens à une initiative européenne. qui peut soit être une chienlit de reporting, soit être une nouvelle boussole pour prendre des milliers de bonnes décisions pour les limites planétaires.

  • Laurent

    C'est effectivement une question de challenge, ça.

  • Eric

    Mais je vais jusqu'au bout du raisonnement. Parce qu'on est en 2025, il faut envisager peut-être des intentions stratégiques puissantes de ce type.

  • Laurent

    Donc, on a dit authenticité au démarrage de notre échange. Et donc, ma réponse là-dessus serait pourquoi pas, mais pas maintenant. C'est-à-dire ? Aujourd'hui, le marché de la transformation de la CSRD, il est encore en démarrage. Et donc, je ne te cache pas que cette offre-là, il n'y en a pas beaucoup qui l'ont sur le marché. En tout cas, des offres qui fonctionnent. Et donc, je suis heureux de gagner ces premières parts de marché sur la transformation CSRD. En revanche, c'est un mouvement qui concerne 50 000 entreprises dans l'Europe, qui va être une véritable déferlante. Et à partir du moment où il y aura ce déclenchement-là, et que... en gros, je vais me trouver moi comme étant un frein. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, je ne suis pas un frein. Je me sens comme un accélérateur de la bonne utilisation de la CSRD. Quand demain, je me sentirai un frein parce que le mouvement sera parti, alors là oui, je relève le challenge et je partage.

  • Eric

    On prend rendez-vous. Est-ce que tu as en tête peut-être un ou deux exemples de plus par rapport à tes clients ? Tu nous en as donné deux, très probants. Mais est-ce que sur des formulations dans certains secteurs ou l'agroalimentaire ? Je ne sais pas, vous avez d'autres exemples où la data, où l'IA apporte des gains pour la planète ?

  • Laurent

    Oui, acteur des cosmétiques, grand acteur des cosmétiques, qui a eu sous, encore une fois, l'impulsion de réglementations européennes, l'obligation de retirer les perturbateurs endocriniens de leurs recettes de produits. Avec un temps record en termes de durée qui n'était pas compatible avec leur processus habituel de R&D traditionnel en chimie. Et comme c'était un très bon client, ils sont venus nous voir en disant « Vous êtes les petits génies Ekimetrics là ? Est-ce que vous ne pourriez pas nous faire quelque chose qui nous permette de remplir nos obligations réglementaires européennes ? » On leur a dit « Ben nous, on n'est pas chimiste, hein ? » Mais bon, quand même, comme on aime relever les défis, on y est allé. Et en gros, on a beaucoup travaillé avec les chimistes de cet acteur là. sans rien y connaître au début de la partie chimique, mais pour faire quelque chose d'assez, finalement, assez simple, qui était, il y avait à peu près 1500 produits qui étaient concernés, 1500 recettes. Et donc, une recette, c'est une série de réactions chimiques de l'ordre d'une grosse dizaine, disons. Donc, ça fait 15 000 réactions chimiques. Et sur ces 15 000 là, les chimistes nous ont dit « Aidez-nous à comprendre les enchaînements de réactions chimiques qui sont pertinents et qui sont semblables, de manière à ce qu'on puisse les traiter par groupe », une espèce de clusters de réactions chimiques. Et donc ça, on a simplement codé certains marqueurs des réactions chimiques de manière à détourer, pardon pour ces anglicismes, mais ces patterns de réactions chimiques. Et ça a permis de diviser par 12 le temps, parce que le nombre finalement d'axes de recherche sur la réaction chimique que cet acteur des cosmétiques devait faire. Donc on a relevé le défi grâce à la data science et à l'IA, disons-le comme ça, de remplir cette directive européenne sur les perturbateurs endocriniens.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qui rendent vraiment concret l'intention de la visée régénérative d'une entreprise comme Ekimetrics. Donc on s'aperçoit qu'on est dans la vie réelle en fait. On a l'impression parfois que l'IA c'est ailleurs, c'est dans un monde parallèle, mais en fait ça touche la vie réelle. Donc justement ça nous amène peut-être sur la quatrième sphère d'influence d'Ekimetrics, qui est le bien commun, la société. Et là, on s'aperçoit déjà par les exemples qui sont donnés que transformer un client, transformer ses offres peut permettre déjà d'avoir des impacts sur la société. Mais est-ce que vous avez d'autres initiatives, exemples où Ekimetrics fait un dépassement aussi de son impact sur la société ?

  • Laurent

    Modestement, oui. Donc, j'ai parlé tout à l'heure de notre outil sur le climat, Climate Q&A. il se trouve que dans la façon dont l'outil est fait, allez-y, on prend l'utilisateur, le citoyen par la main pour, finalement, le conduire dans son cheminement de compréhension des mécaniques qui sont en jeu sur le climat, grâce au rapport du GIEC. Si t'es intéressé par un thème, tu peux cliquer sur le ou les paragraphes qui t'intéressent, et après t'as des liens vers d'autres documents qui sont eux-mêmes résumés à leur tour, etc. Donc ça, c'est un premier élément. Deuxième élément, c'est que on a la chance de travailler avec l'ADEME sur la mise à disposition d'une trentaine d'années de documents de l'ADEME, qui sont une mine d'or qu'il faut absolument diffuser sur des mécanismes un peu parallèles à Climate Q&A, qui pour l'instant n'est qu'en interne des agents de l'ADEME, mais qui, dans les temps à venir, vont être ouverts au grand public de manière beaucoup plus massive. Et je te donne un troisième exemple, que j'aime beaucoup, qui est un projet qu'on a fait en lien avec Reporters sans frontières et l'Alliance Presse, du journaliste augmenté. Et en l'occurrence, le journaliste augmenté sur... le climat, les limites planétaires, par l'intermédiaire d'un outil qui a été bêta-testé et trituré dans tous les sens par un certain nombre de rédactions, je dirais une bonne vingtaine de rédactions. C'est un outil qui s'appelle Spinoza aujourd'hui, et qui permet à un journaliste, quand il prépare un article, d'aller interroger un grand nombre de sources scientifiques, premièrement, et un grand nombre de sources législatives, d'autre part. C'est-à-dire, grosso modo, tous les textes de loi qui ont été impactés par la loi Pacte, notamment. Et donc ça, au début, pourquoi j'aime beaucoup cet exemple ? Parce que les journalistes, quand ils voient l'IA arriver, sont extrêmement sceptiques, parce qu'ils considèrent que c'est quelque chose qui peut prendre leur job, grosso modo, pour le dire sans détour. Et quand on a une approche qui est de mettre l'IA au service, en l'occurrence, de l'utilisateur et de l'humain, et de décupler sa capacité à être pertinent sur un sujet, on se trouve à faire un outil qui est accepté par la profession aujourd'hui et qui est en train de se diffuser de plus en plus largement, regardez sur Spinoza. Et donc, on est assez fiers de cet outil-là et on est en train de travailler encore avec ces acteurs pour le diffuser plus largement.

  • Eric

    Merci pour ces exemples. Je vais en donner un quatrième, je vais répondre à ma propre question. En disant, que fait... Ekimetrics pour le bien commun, et j'en profiterai pour te remercier, remercier Théo et les équipes d'Ekimetrics, mais vous nous aidez aussi nous, la CEC, puisqu'on a maintenant plusieurs centaines de feuilles de route, bientôt mille feuilles de route dans une base de données, à réfléchir à comment tirer la quintessence de tous ces leviers de transformation de toutes les entreprises qui ont fait la CEC et qui se lancent dans leurs feuilles de route pour essayer que ça profite plus largement au bien commun aussi, à des centaines de milliers d'autres entreprises. Merci aussi pour ce mécénat de compétences que vous faites pour la CEC.

  • Laurent

    Avec plaisir.

  • Eric

    On va simplement aborder une question. On est obligé d'aborder cette question parce qu'elle sera présente dans l'esprit de nos auditeurs. Puisque là, on parle d'IA. On parle d'IA for good, de l'IA finalement sur des exemples de transformation positive. Mais je pense qu'on a collectivement une peur de l'IA, qui pourraient ne pas être for good, qui pourrait être un super pouvoir utilisé par des puissances qui iraient dans un délitement de la société potentiellement, voire des gros risques. On sait que les États-Unis investissent massivement, les Chinois investissent massivement sur l'IA. Toi, de ton point de vue, est-ce que cette peur est rationnelle ? Qu'est-ce que tu ressens par rapport à ça, à cette puissance qui pourrait être mise au service de forces négatives ?

  • Laurent

    Moi, je la partage cette peur, pour être tout à fait honnête. En revanche, elle génère chez moi une certaine détermination. Même si on est beaucoup plus petit que les 500 milliards de Stargate qui viennent d'être annoncés par Trump et son équipe de gagnants. Néanmoins, et qu'en plus, il moque entre guillemets la vieille Europe qui se perdrait dans un certain niveau de régulation et de réglementation. Donc, est-ce qu'on va perdre la course à la puissance sur l'IA ? Ma réponse est oui. On va la perdre. L'ambition de l'Europe, c'était d'avoir un data center, Stargate, ils parlent de 20 data centers et ils sont déjà en train de les faire au Texas. Est-ce qu'on va perdre cette course à la puissance ? La réponse est oui. Néanmoins, j'ai l'espoir qu'on gagne la course à la pertinence. Et donc, au bon usage de l'IA, et sans aucune, enfin, j'espère ne pas être candide ou naïf sur le sujet, il faut que l'IA permette, encore une fois, moi je ne parle que des entreprises, de concilier la performance économique et la performance durable de ces boîtes-là, avec les exemples que j'ai donnés juste avant et d'autres à venir. Et donc le fait de guider les développements de l'IA par l'usage qui va en être fait, et que ces usages-là s'inscrivent dans une certaine vertu, c'est ma conviction, et ce n'est pas parce que j'ai peur, en effet, à la fois de la grosse consommation énergétique de l'IA, puisqu'on prévoit que l'IA générative à elle seule consomme autant que la Belgique d'ici à 2028, en termes d'énergie. Et par ailleurs, par l'ensemble des usages néfastes qui peuvent en être faits, je ne parlerai que de la désinformation, qui est un danger pour le délitement de notre société. La désinformation peut amener des conflits, peut amener un certain chaos. Bien entendu, ça, je ne le nie pas, pour moi, c'est des vrais dangers qui sont réels et qui me font peur. Mais en revanche, je reste à ma place en tant qu'Ekimetrics et en tant que dirigeant de cette entreprise là. Et je mets dix fois plus de force quand je vois ça, dans le fait de faire avancer d'autres perspectives sur l'IA.

  • Eric

    Merci pour cet éclairage. On retient cette citation de Laurent Félix : "On ne gagnera pas la course à la puissance, mais on peut encore gagner la course à la pertinence." On va basculer sur une autre dimension de l'économie régénérative qui est la dimension leadership, organisation, management. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur la feuille de route d'Ekimetrics, ta feuille de route personnelle, sur cette dimension là ? Du corps social de ton entreprise, toi-même, ton questionnement sur ton style de leadership. Qu'est-ce que tu as compris ? Qu'est-ce que tu essayes de mettre en œuvre ? Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

  • Laurent

    Cette question est sûrement la plus difficile. Et je trouve que vis-à-vis de la transition, et de tous les signaux marché qu'on a, c'est difficile de tenir une position de « on va réussir » ou « on doit se battre pour concilier performance économique et performance durable ». Et rien que ça, c'est une difficulté quotidienne, permanente, pour l'adhésion de collaborateurs d'une entreprise qui se bat comme ça, et en l'occurrence pour celle d'Ekimetrics. Donc pour moi, c'est une difficulté et il ne faut pas nier, je crois, le fait qu'il y ait des gens qui prennent un peu peur, des gens qui n'y croient pas, et qui rejettent cette position là, ce projet là. Donc ça, moi j'en ai parfaitement conscience, et je crois que la façon dont j'essaye en tout cas d'embarquer les gens, c'est en étant rôle modèle, c'est-à-dire d'aller faire en sorte de mettre les moyens pour du mécénat de compétences à tel et tel endroit, pour aller permettre les collaborations au sein de l'écosystème dont on parlait tout à l'heure, pour discuter avec les pouvoirs publics sur le développement des plateformes de partage de données dont je parlais tout à l'heure, pour auprès de mes propres clients d'aller transformer leur business model le plus possible. Donc je crois beaucoup plutôt à l'exemplarité. Je me vois plus comme un capitaine qu'un entraîneur. C'est-à-dire que moi je suis sur le terrain et j'ai mon maillot tout sale et tout mouillé, pour reprendre une métaphore de foot que j'aime bien. Je me vois beaucoup plus comme ça que d'un entraîneur en costume sur le côté qui dit quoi faire. C'est beaucoup plus ma façon d'apporter les choses. En termes de leadership, je crois que c'est une exigence que je me mets moi, qui me permet de la mettre également à l'échelle de l'entreprise.

  • Eric

    Et en termes d'organisation, de gouvernance, est-ce qu'il y a des changements qui se sont lancés chez Ekimetrisc sur les statuts de la société, sur les prises de décisions, sur le partage de valeurs ? Est-ce que c'est un chantier aussi que vous avez abordé ?

  • Laurent

    Oui, et qui est toujours en construction et de toute façon en perpétuelle évolution. On est passé entreprise à mission en avril 2023, avec une raison d'être, sans surprise, qui est de faire de l'IA et la data science un levier de transformation durable des organisations. Et donc, on a un comité de mission qui suit le fait que cette raison d'être progresse à travers l'ensemble des leviers que j'ai décrits un tout petit peu tout à l'heure. Donc ça, c'est entre guillemets la partie facile, à la rigueur. Et ensuite, on a mis un certain pourcentage, pour l'instant qui est modeste puisqu'il s'agit de 10%, de rémunération des dirigeants de l'entreprise et des partenaires de l'entreprise sur l'atteinte de ces objectifs de développement durable qui sont plutôt sur la première sphère, donc nos objectifs à nous Ekimetrics pour le moment. Et donc c'est une première étape. Et ça a vocation à se développer ou s'augmenter. Et voilà, j'annonce ça à mes amis partenaires dans l'avenir.

  • Eric

    Et sur la dimension capitalistique d'Ekimetrics, est-ce que c'est une entrave potentiellement à l'accélération de la feuille de route ? Ou est-ce que l'actionnariat est soutenant ? Est-ce que c'est un enjeu pour toi, cette partie prenante ?

  • Laurent

    C'est un enjeu premier. On a des investisseurs institutionnels français dans le tour de table d'Ekimetrics qui nous soutiennent là-dessus. Et l'un d'entre eux, c'est BPI France, c'est assez en lien aussi avec leur mission de manière plus stratégique. Néanmoins, aujourd'hui, ce qu'on regarde dans la valorisation d'Ekimetrics, ce n'est pas nos avancées en matière d'action de développement durable, c'est l'euro qui compte. Encore aujourd'hui, et même si on a de très bonnes discussions à la fin, ce qui va valoriser l'entreprise, c'est ça. Et parce que le marché l'exige. Si jamais la triple performance était véritablement vecteur de valorisation, et ça commence à le devenir,k as dans toutes les sphères, pas dans toutes les sphères géographiques, mais néanmoins, ça commence à le devenir et on l'appelle de nos voeux. Je pense que nos investisseurs aujourd'hui seraient tout à fait capables de nous suivre en la matière. Mais aujourd'hui, honnêtement, ce qui valorise l'entreprise Equimetrics, c'est son EBITDA.

  • Eric

    Il faut se dire les choses, on a parlé d'authenticité. On aborde maintenant peut-être plutôt la fin de notre conversation avec quelques questions de prise de recul. Justement, après deux ans de travail sur la feuille de route CEC, pour toi en tant que dirigeant et pour ton entreprise, qu'est-ce que tu dirais à une dirigeante ou un dirigeant qui se pose la question de s'engager dans un parcours CEC ? Vraiment, qu'est-ce qui est le plus marquant à tes yeux ?

  • Laurent

    Je trouve que ce qu'on a le plus réussi, mais que je trouve quand même ce qu'on a le moins réussi en même temps, c'est le fait d'ancrer notre feuille de route vraiment dans notre cœur de business. Et notamment sur le développement d'offres auprès de nos clients et la transformation de nos clients. Et c'est le plus dur aussi, parce que c'est dur de transformer des grands clients du CAC 40. Et donc, on s'aperçoit que les indicateurs de notre feuille de route, et j'en ai de 2025, il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre. Voilà, donc ce sera plus tard, mais il y en a que je ne vais pas réussir à atteindre parce que j'ai du mal à faire bouger ces mastodontes-là à certains égards. Mais quand même, mon conseil, c'est d'avoir une feuille de route véritablement transformante. C'est-à-dire que je suis très heureux d'avoir réduit mes vols. Je suis très heureux d'avoir bientôt développé le forfait mobilité durable au sein d'Ekimetrics. C'est très bien aussi d'être frugaux dans notre pratique de l'IA. Là, je me rapproche de mon cœur business, bien sûr. Mais quand même ! Ce qui compte à la fin, c'est c'est quoi le métier de l'entreprise ? Et la feuille de route, elle doit porter sur la transformation de ce métier là. Elle ne doit pas être périphérique, elle doit être centrale. Donc, elle est forcément difficile à faire. Elle est forcément difficile à faire. Et donc, le plus possible, essayer de trouver les opportunités liées au cœur business de l'entreprise. C'est comme ça que moi, j'ai essayé de réfléchir le plus possible. Ça facilite grandement les choses. Et après, ça permet de dire, si on arrive effectivement à faire ça, et bien, ça veut dire que beaucoup de processus qui paraissent annexes vont s'aligner dessus, puisque c'est le cœur business que tu as fait bouger. Donc, mon conseil, c'est ça, c'est réfléchir cœur business.

  • Eric

    C'est une dimension qui est toujours compliquée pour une entreprise, dans la data ou dans le service, qui est la reconnexion au vivant, la reconnexion à la nature, et ça fait partie aussi de la visée régénérative. Qu'est-ce que vous arrivez à faire, et cette reconnexion, par quoi elle peut passer chez Ekimetrics ?

  • Laurent

    On est loin. Franchement, c'est dur. La chose la plus concrète, c'est les litres d'eau qu'on utilise pour les data centers et l'énergie et d'où elle vient. Dans notre métier à nous et dans notre activité à nous de développement d'algorithmes, c'est ça qui nous connecte le plus. Après, on a à travers nos missions les métiers de nos clients. Et donc, quand on a comme client un acteur de l'agroalimentation, là, on est beaucoup plus, immédiatement connecté à la nature, en l'occurrence à travers l'agriculture. Et donc, c'est peut-être là-dessus où j'ai un poids le plus direct sur la nature, mais encore une fois, pas directement. Dans mon métier, c'est comme ça, c'est pas direct. On peut penser après, effectivement, aux matériaux qui ont servi à construire les data centers, ou nos ordi, etc. oui, bien entendu, après leur impact environnemental, pour moi, il est relativement négligeable par rapport à l'impact potentiel sur les ressources naturelles de grands clients de l'agri ou de l'industrie.

  • Eric

    Donc peut-être on peut prendre rendez-vous, Laurent, sur la dimension biodiversité de ce que vous faites. Vous avez beaucoup apporté sur la dimension climat avec Climate Q&A, sur la dimension biodiversité, reconnexion sur vos offres. Il y a peut-être un angle à amplifier dès que vous aurez un petit peu de temps.

  • Laurent

    Sur Climate Q&A, tu as le rapport de l'IPBES aussi qui est disponible. Oui, tu as raison.

  • Eric

    On a encore un gros potentiel, on va se dire. Écoute, on a cette question qui va être sans doute la plus difficile de tout cet entretien, qui est, tu es maintenant face à un enfant de 10 ans. Tu vas essayer de lui expliquer l'économie régénérative, l'entreprise régénérative. Qu'est-ce que c'est, en termes très simples, en une ou deux phrases, qu'est-ce que tu pourrais dire à cet enfant ?

  • Laurent

    L'économie régénérative ou une entreprise régénérative, c'est quelque chose qui va te permettre de manger, d'aller à l'école, de dormir et de rentrer chez toi et d'avoir chaud, pour toi et puis après pour tes enfants et pour les enfants de tes enfants et les générations d'après. Et ça de manière ad vitam.

  • Eric

    Merci beaucoup Laurent. Merci pour le courage, le courage du dirigeant qui prend des décisions difficiles pour son entreprise. Je te remercie aussi pour l'authenticité de ce dialogue à cœur ouvert. Et on avait parlé de pragmatisme. Tu as donné beaucoup d'exemples concrets. C'était un challenge. On est revenu dans le concret, le concret de tes clients. Donc, merci beaucoup pour ça. Je retiens vraiment cette citation qu'on ne va pas faire la course à la puissance, mais nous, on va s'orienter en Europe, à la course à la pertinence. Je pense que ça va résonner pour beaucoup d'entre nous. Voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

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