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CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#13 - Franck Gervais - Pierre & Vacances Center Parcs

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52min |11/09/2025|

66

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52min |11/09/2025|

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Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Franck Gervais, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général du Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, leader européen du tourisme de proximité. Ensemble, ils explorent les trois axes structurant leur feuille de route : la décarbonation des activités, la reconnexion à la nature et sa préservation, et le développement raisonné. Franck partage des exemples concrets pour chaque domaine, comme le changement du mix énergétique ou la création de parcours biodiversité dans tous les Center Parcs.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Franck

    J'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous. Sur des sites nouveaux, Center Parks, Ce qu'on veut faire, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés, ayant eu une première vie. Maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention, comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte, avec un projet qui répondrait aux besoins locaux, je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. On parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de Cap Regen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires, pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref... plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Franck.

  • Franck

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Franck, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage quand on est dirigeant et qu'on veut transformer son entreprise. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et puis le pragmatisme pour être le plus concret possible. Pour essayer de donner les contours de cette nouvelle économie. Voilà les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Franck, CAP ou pas CAP ?

  • Franck

    CAP, ça me va très bien.

  • Eric

    On va parler un peu de toi Franck, tu es diplômé de l'école polytechnique, tu as fait l'essentiel de ta carrière dans le domaine du transport et du tourisme, en dirigeant notamment Thalys et voyagesncf.com. En 2017, tu deviens PDG Europe du groupe Accor, et en 2021, tu deviens directeur général du groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Et tu as participé à la toute première édition de la CEC en 2021-2022. Alors une première question pour se lancer, est-ce que tu peux nous parler d'un lieu de nature dans lequel tu aimes bien te ressourcer ?

  • Franck

    Je vais donner deux réponses. Le premier c'est la Bretagne. On a la chance d'avoir une petite maison là-bas et donc dans un coin magnifique du Finistère qui est un vrai lieu authentique, le A de Cap. Donc voilà qui a été... préservé, magnifique, au cœur de la nature. Et puis le deuxième, forcément coup de cœur, je vais citer un Center Parcs, le Center Parcs des Landes de Gascogne. C'est le dernier qu'on a ouvert en France, entre Bordeaux et Toulouse, et qui est magnifique, au cœur de la forêt des Pins. Et donc, petits et grands, si ressourcent vraiment.

  • Eric

    On va parler maintenant de tourisme responsable. On va essayer de parler aussi de tourisme régénératif. Et on va essayer d'aller jusque-là. Mais pour commencer, est-ce que tu pourrais nous décrire ton entreprise ? en deux trois phrases.

  • Franck

    Donc le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, il comporte quatre marques Pierre et Vacances Center Parcs, Maéva et Adagio. On est un groupe français, mais on est leader européen du tourisme de proximité. Qu'est-ce que c'est que le tourisme de proximité ? C'est un tourisme où les clients vont à 300, 500 kilomètres de chez eux pour rejoindre le lieu de tourisme et donc on est présent dans cinq pays essentiellement et notre clientèle est vraiment très locale, comme je le disais. Et la caractéristique de nos quatre offres, c'est de proposer des expériences qui soient à la fois inoubliables pour les familles, et on a une clientèle très très familiale, inoubliable, c'est quelque chose qui les marque très longtemps. Et le deuxième point, ce sont des expériences qui reconnectent à l'essentiel et qui déconnectent de tout ce qui nous pollue tous les jours, dont ce smartphone qui est un vrai fil à la patte. Donc on est déconnecté de tout ça. Tout type de pollution pour se reconnecter à deux choses essentielles, ses proches, la famille essentiellement, et la nature. Donc c'est le groupe qui fait 2 milliards de chiffre d'affaires, qui emploie 13 000 employés, et qui est un groupe magnifique, fait de marques authentiques.

  • Eric

    Maintenant on va faire un petit retour en arrière. Tu es arrivé directeur général de ce groupe en 2021, dans un contexte ultra difficile. C'était encore le Covid et puis c'était l'année post... Post 2020, comment ça s'est passé cette arrivée dans ce groupe-là, à ce moment-là ?

  • Franck

    Donc là c'est le C de Cap Courage, je pense, qui vient. C'était honnêtement pas facile, c'était un vrai défi, un vrai challenge que d'arriver à la tête du groupe en janvier 2021. Donc moi, comme tu l'as dit, j'arrivais du groupe Accor, magnifique groupe où j'étais patron de l'Europe, dans une position de confort, non pas qu'il n'y avait pas de boulot, il y avait plein de choses à faire, mais en tout cas, c'est un grand groupe installé, qu'il n'y a pas de problème de trésorerie, pas de problème de... qui a peu de gros problèmes et le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, lui, il avait depuis 10 ans pas mal de problèmes. Problèmes de business model, problèmes de rentabilité, problèmes de performance, problèmes de génération de trésorerie, pas assez de développement. Et le Covid, à partir de mars 2020, l'a complètement mis par terre. Donc ça a été vraiment le coup pré-final. Ce qui fait que quand moi je suis arrivé, on était dans une situation de quasi-faillite pour le groupe. Et donc on était dans une situation de tout tenter, tous, les employés, les actionnaires, nos propriétaires, nos créanciers, tout le monde, de tenter la survie. Il y avait une petite chance que ça marche, peut-être 15% de chance que ça marche et il y avait 85% de chance que... Ça échoue et donc on a vu beaucoup de disparitions post-Covid de groupes, soit des groupes qui ont été démantelés ou des groupes qui ont complètement disparu avec des plans sociaux, des gens qui ont été mis au chômage en licenciement économique. Et nous on a tout fait, ça a duré deux ans, on s'est battus comme des chiens pour résister en disant ce groupe mérite de subsister, mérite de survivre et donc on va le projeter et on va le réinventer. Et c'est là qu'on a créé, mis en place le plan Réinvention qui depuis a été pris par pas mal de gens. Je n'en ai pas du tout la propriété, mais en tout cas, je pense qu'on était un des premiers à le prendre. Et on s'est dit, pourquoi réinvention ? Parce qu'il faut réinventer le groupe, sans tout détailler. Mais avant, on était d'abord un promoteur immobilier, historiquement, en 1967. On a choisi d'arrêter ça et de devenir un exploitant touristique, mais qui ne fait plus de promotion immobilière. Ça a par ailleurs plein d'avantages sur le sujet dont on va parler, qui est l'empreinte sur l'environnement, les territoires. Donc ça c'est un exemple de... réinvention du groupe. Mais on s'est dit, ce groupe doit incarner la réinvention du tourisme. Parce que le tourisme change depuis 20 ans, essentiellement. Ça s'est accéléré du fait du Covid. Les gens partent moins longtemps, moins loin, et plus souvent, avec une conscience de leur voyage beaucoup plus développée et une envie d'aller découvrir des choses, d'apprendre. Et donc, le côté je franchis l'Atlantique ou le Pacifique pour aller bronzer sur une plage pendant une semaine. Ça, c'est à peu près fini. Donc nous, on a voulu incarner cette réinvention du tourisme.

  • Eric

    Alors, comme disait Churchill, il ne faut jamais perdre l'opportunité d'une bonne crise pour se réinventer. C'est visiblement ce que vous avez fait. On va en parler, et justement, on va parler de cette réinvention un peu en détail, et aussi de l'implication par rapport aux enjeux écologiques. Mais pour commencer, en fait, c'était concomitant, tu t'es engagé avec le groupe dans le parcours CEC qui a démarré en septembre 2021, en pleine tourmente. On se souvient aussi que ta planète championne, on peut la saluer ici, Émile Iris, était sur cette décision. Tu avais beaucoup de choses à faire et quand même, tu t'es engagé dans ce mouvement national de la première CEC. D'où est venue cette décision ?

  • Franck

    D'une conviction personnelle. En fait, quand je suis arrivé à la tête du groupe, on était en plein Covid, on ne pouvait pas se voir. Moi, je ne pouvais pas visiter les sites. Donc, j'ai dû faire une centaine de visioconférences. Avec tous nos personnels sur le site, les patrons de parc, les patrons de résidence, le comité exécutif, et tous, on avait une conviction autour de notre projet Réinvention, c'est que c'était un triangle qui devait absolument fonctionner ensemble. Il ne pouvait pas manquer un des trois côtés. Les trois côtés du triangle, c'était l'expérience client. Les clients veulent vivre des expériences. S'il n'y a pas d'intérêt à se déplacer, à voir un site, une localisation, ils ne viendront pas. Donc, il fallait qu'on crée des expériences de qualité. Le deuxième point. C'était d'avoir un volet RSE très ambitieux, sociétal et environnemental. On y reviendra dès le départ. Et le troisième point, c'était le retour à une performance économique qui nous permette de réinvestir, de rémunérer aussi des actionnaires. Ce sont des choses qui n'avaient pas été faites depuis longtemps. Et donc ça, c'était vraiment les bases de notre projet, de notre projection à 5 ans. Et donc en septembre 2021, effectivement, il y a une forme de, on peut l'appeler courage, conviction, on peut peut-être même l'appeler insouciance Grosse prise de risque en tout cas parce qu'on est à ce moment-là dans le groupe à une période où on ne sait pas si on va trouver de nouveaux actionnaires. On cherche en gros à se désendetter d'un milliard d'euros et à réinjecter en equity dans le groupe à peu près 700 millions. Et on est à une période où on doute du fait que quelqu'un nous fasse confiance et puis mette de l'argent, ce qu'ont fait nos actionnaires. Et donc je les en remercie encore. et donc avec tous les collègues qui soient managers ou employés sur le terrain, on partage cette conviction, on porte l'ambition du groupe. Et avec Émilie, tu l'as dit, qui est la responsable du développement durable du groupe, on se dit, on ne peut pas rater cette CEC. C'était la première édition, donc pour toi c'était aussi une nouveauté. Qu'est-ce qu'on allait y apprendre, qu'est-ce qu'on allait y découvrir ? C'était l'occasion unique, ça correspondait vraiment à ce qu'on recherchait. Donc on y a passé du temps et elle a fait toutes les sessions. Avec également un autre collègue qui est le patron de la transformation chez moi. J'ai objectivement et honnêtement pas suivi toutes les sessions. J'ai dû suivre un tiers des sessions parce que sur les deux autres tiers, moi j'étais au tribunal de commerce et donc j'avais pas vraiment le choix. C'est comme à l'école, t'as la partie obligatoire et la partie optionnelle. Là, c'était la partie obligatoire, donc au tribunal de commerce, je devais y être. Mais je me souviens de cette session de septembre 2021, inaugurale, on était à Cachan, qui a été cette fameuse claque pour moi, où j'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous, et avec des chiffres qui étaient autour de ceux de la biodiversité. Et objectifment, moi, j'avais pas conscience de ces chiffres-là. Et je me souviens très bien du chiffre que... tu avais cité, avec Valérie Masson qui était venue également, de dire en 30 ans, il y a eu moins de 80%, donc une baisse de 80% du nombre d'insectes en Europe. Les espèces marines, ça a été moins 40% en 40 ans. Hausse de température, ça y est, on le sait tous, on en vit des effets cet été, l'été passé, on l'a vécu en 2003. Et ton point, ça a été de dire, si je crée cette CEC, c'est parce que la réponse, elle appartient aux entreprises, d'abord aux entreprises. Aux individus, au gouvernement, ok, mais d'abord aux entreprises. Et là, en fait, tout le monde à la fin de la session, au bout d'un an ou un an et demi, a dit mais voilà comment je m'engage, moi, à porter le changement. Et en fait, je n'attends pas que quelqu'un le porte à ma place, mais c'est moi qui vais montrer l'exemple. Et c'est ce qu'on fait nous, ce qu'on essaie de faire, en disant le tourisme de proximité, quand vous voyagez à 300 km de chez vous, vous avez une empreinte carbone qui est 10 fois plus faible que dans un tourisme lointain. Ça ne veut pas dire qu'il ne faudra plus de tourisme lointain. Moi, je suis convaincu qu'il faut croiser les cultures, croiser les habitudes, connaître l'histoire. Donc, il faut emmener nos enfants en Amérique. J'allais dire aux États-Unis, je suis un peu moins fan depuis quelques temps. En Amérique, voir le continent américain, voir le continent asiatique, africain, c'est fondamental, mais beaucoup moins qu'avant. Beaucoup moins qu'avant. Et avoir ce réflexe d'aller plus près de chez soi, comme on l'a fait pendant le Covid, parce qu'il n'y a pas plein de richesses historiques, culturelles, patrimoniales, naturelles. La France est le meilleur exemple et on voit ce tourisme a changé. C'est un changement structurel auquel on répond, nous, de façon vraiment à long terme.

  • Eric

    C'est vrai qu'on peut le voir dans votre feuille de route. Votre feuille de route a été publiée en 2022 à la fin du parcours. Elle est disponible sur le site de la CEC. Quand on va regarder cette feuille de route par rapport aux autres, on s'aperçoit que Elle a un côté technique, puisque vous avez une empreinte carbone, puis une empreinte aussi sur d'autres lignes planétaires vraiment fortes. Donc ça fait du potentiel de diminution. Et aussi qu'il y a une vision de long terme. En peut-être deux, trois grandes idées sur ce plan de réinvention sous l'angle des lignes planétaires, c'est quoi les grands axes de cette feuille de route ?

  • Franck

    Alors j'en citerai trois. Le premier, c'est la décarbonation. Le deuxième, c'est la prise de conscience qu'on crée et qu'on améliore autour de la nature. J'y reviendrai. Et puis la troisième, c'est pour tout ce qui est développement futur. Est-ce qu'on arrive à réconcilier de la consommation, de la croissance, mais raisonnable ? Donc un développement raisonnable. Sur la décarbonation, on s'est engagé sur une diminution de notre empreinte carbone. Donc on est à moins 20%. L'objectif, c'est moins 50% d'ici 2030 de notre empreinte carbone par rapport à 2019. Donc division par deux. On est à un peu plus, enfin un peu mieux que moins 20%, une petite moitié du chemin. Il en reste une moitié, alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a pris les mesures d'économie de consommation, c'est sûr. On a réalisé toutes les études techniques pour baisser tous les éléments de fuite, de déperdition. On s'est féodé aussi en impliquant les clients, en disant, bon ben voilà, ce n'est pas parce que vous êtes dans une résidence de tourisme, vous avez payé votre séjour pendant une semaine, qu'il faut faire couler l'eau chaude toute la journée pour sa douche. Parce que forcément il y a un impact derrière, donc faites-la couler le temps de votre meilleure chanson. C'est un bon réflexe, donc si la meilleure chanson dure 10 minutes, ok. Ce qui reste devant nous sur ce premier aspect de décarbonation, c'est, on a commencé, mais c'est le changement de mix énergétique. Pour aller vraiment vers des énergies décarbonées, on a commencé, on vient de changer sur l'une de nos résidences à Branville, Pierre et Vacances, on vient de mettre de la biomasse à bois. C'est comme ça qu'on chauffe notre dernier Center Parcs des Landes de Gascogne. On a de la géothermie, on a du photovoltaïque, mais aujourd'hui on a encore une énergie carbonée, notamment en Allemagne, Pays-Bas, sur nos sites, et donc il faut investir pour passer à de l'énergie décarbonée. Ça c'est notre premier axe. Le deuxième axe c'est le sujet nature. On veut à la fois... La préserver et on veut aussi faire en sorte que durant la semaine où on a la chance d'avoir nos clients avec nous, ils sont là pendant une semaine, on souhaite leur faire toucher du doigt ce que c'est que la nature. Et on a cette occasion unique pour qu'ils ramènent ça chez eux avec leurs enfants et du coup, et des bonnes pratiques en matière de, évidemment, tri des déchets, sensibilisation, mais surtout savoir ce que c'est que la faune, la flore et comment la préserver, en quoi c'est un élément essentiel. Et donc Center Parks, qui est là-dessus celui qui est le plus avancé dans le groupe. Pourquoi ? Parce que Center Parks, c'est un domaine de 150 hectares au cœur de la nature. On s'est engagé, aujourd'hui c'est le cas dans la moitié de nos parcs, on s'est engagé à ce que d'ici 2028, 100% de nos parcs aient des parcours nature qui soient proposés de façon gratuite à tous nos clients. De quoi c'est né ? C'est né sur un de nos parcs qui est dans la Vienne, à Bois-Audin, avec le responsable environnement biodiversité là-bas qui avait une vraie passion pour la biodiversité, les insectes, et qui a dit mais moi je pourrais créer un parcours pour ceux que ça intéresse, les rares clients que ça intéresserait. Puis en fait ça a cartonné, donc il s'appelle Olivier, je lui rends hommage, ça a cartonné, de plus en plus de clients sont venus et donc on a vraiment élargi ce parcours, une forme de parcours de sensibilisation à tous les parcs, et aujourd'hui c'est un vrai succès, c'est-à-dire qu'on apprend en se déchaussant, en ayant le contact avec la nature, à dire mais pourquoi est-ce qu'il y a ici une mare ? Pourquoi est-ce qu'il y a autant d'insectes et qu'ils sont nécessaires ? Pourquoi est-ce qu'on cultive ce type de produit de façon différente chaque saison ? Pourquoi est-ce que et comment est-ce que la nature est préservée, régénérée ? Et ça, c'est quelque chose qui est plébiscité par nos clients et on a un peu comme une vocation de dire on veut absolument réconcilier nos clients avec la nature et leur faire toucher du doigt petits et grands parce que finalement en tant qu'adulte, on a autant d'ignorance je pense que nos enfants, ça c'est le deuxième axe et le troisième axe c'est le développement, pourquoi ? parce que tu l'as dit, le tourisme a une empreinte carbone sa contribution au niveau mondial la contribution à l'économie c'est à peu près, ou France c'est pareil 8% et l'empreinte carbone elle est d'un peu plus de 10% donc on voit qu'il y a un petit delta une petite surconsommation qu'il faut résoudre, alors vu notre positionnement on répond à une partie de la question en disant on est sur un tourisme local et on incite en plus chacun de nos clients à prendre le train, parce que quand ils sont chez nous, ils n'ont plus besoin de leur voiture. Ça n'a vraiment aucun intérêt. Mais ensuite, on mène des actions nous-mêmes et que ce soit en période d'exploitation ou de développement, on se dit comment est-ce qu'on fait différemment. Je vais prendre l'exemple de la montagne. La montagne, pendant des années, les stations se sont créées. Dans les années 70, les remontées mécaniques, le bâti, l'immobilier. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, on sait qu'il va falloir dépasser les 1800 mètres pour les stations pour trouver de la neige de façon durable. Le bâti, l'immobilier est là, donc il n'y a plus besoin ou à la marge de construire du bâti neuf à la montagne. Par contre, il y a un besoin énorme de le rénover parce qu'il date des années 70-80, que c'est coûteux, que ça a une contribution. Il y a parfois des passoires thermiques, acoustiques, et donc il y a là-dessus un énorme effort à faire. Et donc on vient, nous, de faire le prototype à Avoriaz, où est né le groupe, sur une de nos résidences. On a fait une isolation thermique par l'intérieur, on a divisé par deux, Du coup, la consommation du bâtiment et donc son empreinte. Ça, on veut le faire partout et donc progressivement rénover notre bâti. Sur des sites nouveaux, ceux-là, on veut en gros à la montagne rénover plus que construire, clairement, et même quasiment plus construire. Sur des sites nouveaux, Center Parks, ce qu'on veut faire systématiquement, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés ayant eu une première vie. Exemple, Terrain militaire, ex-terrain militaire, ex-terrain industriel, donc nos deux derniers parcs répondent à ça, en Belgique et en Allemagne, ancienne friche industrielle, ancienne mine en Belgique, et puis ancien terrain militaire en Allemagne, où on arrive, on redonne une vie à ce terrain, il a déjà été artificialisé, on renature à côté, et puis surtout on préserve l'emploi, on recrée de l'emploi, parce qu'on est un emploi non délocalisable, et là où chacun de nos pays en Europe... perd de l'emploi, industrie, maintenant service, nous on vient pour recréer de l'emploi. Donc c'est ça un peu trois axes clés de notre feuille de route.

  • Eric

    Là vraiment il y a beaucoup d'ingrédients, justement on parle de contact avec la nature, on parle de décarbonation, il y a vraiment beaucoup de potentiel sur ces activités-là. La question que j'aimerais te poser c'est aller sur cet aspect de construction de bâtis, puisque en fait les chiffres c'est 300 sites de grande taille, 46 000 logements, sur les consommations. Là, on parle d'investissement, peut-être sur l'eau aussi. Est-ce que tu vois d'autres leviers ?

  • Franck

    Plein d'autres leviers. En fait, c'est un sujet infini pour nous. L'eau, donc tu l'as cité, c'est clé. Nous, on consomme de l'eau, notamment dans les center parks. Donc on se dit, comment est-ce qu'on peut... avoir une empreinte diminuée sur l'eau. Il y a des expérimentations qui se lancent, des réflexions avec des gros groupes industriels spécialistes du sujet. Peut-être deux exemples. Le premier, c'est dans nos sites, de plus en plus l'eau qui circule à l'extérieur, dans ce qu'on appelle la rivière sauvage. Tous les clients de Center Park se souviennent.

  • Eric

    Je m'en souviens, j'y suis allé souvent en famille.

  • Franck

    Pour toi ou pour tes enfants. Donc la rivière sauvage, c'est de l'eau chauffée qui vous mène par des méandres, c'est très sympa. Mais ça sert dans la journée, la nuit, qu'est-ce que ça fait ? Ça se refroidit, donc il faudrait réchauffer le lendemain matin. Ce qu'on fait, c'est qu'on vide l'eau de ces bassins extérieurs, on la stocke dans d'immenses réservoirs qui peuvent faire jusqu'à 15 tailles de piscines municipales. C'est fermé, stocké, et on réouvre les bassins le lendemain matin, et l'eau, elle n'a quasiment pas perdu de température. Donc on imagine l'économie en eau et en chauffage qu'on fait au travers de ça. Le recyclage aussi des eaux usées dans un center park, s'il y a beaucoup d'eau usée, nous on a 8 millions de clients par an, donc les eaux usées dans un site comme un center parc, un Pierre-et-Vacances, c'est assez important. Plutôt que de l'évacuer dans les réseaux classiques qui ensuite vont être traités sur des installations industrielles, on se dit comment est-ce qu'on peut l'utiliser, cette eau usée, localement ? Pour arroser, on a des espaces verts très nombreux, comment est-ce qu'on peut réutiliser tout ça ? Comment est-ce qu'on peut recycler ? dans le Center Parcs lui-même. Et donc c'est ça qu'on est en train de travailler, en disant comment est-ce qu'on vise à l'amoindrissement de nos consommations, donc énergie, eau, ce sont ça les deux thèmes clés effectivement.

  • Eric

    On s'aperçoit que le terrain de jeu, comme tu dis, il est infini. L'équation peut être hyper intéressante sur les coûts. Il y a sans doute une question d'investissement par rapport à ça. Et tu nous disais que vous aviez déporté tout ce qui était investissement foncier. Comment ça se passe quand on est face à de tels besoins d'investissement ? On sait qu'il faut le faire, mais en même temps le parc il est immense. Est-ce que vous avez une planification ? Est-ce que vous avez une méthodologie ? Est-ce que vous êtes suivi par les investisseurs financiers pour débloquer ce frein ?

  • Franck

    Alors on est suivi par les investisseurs financiers et on a, tu le disais, on a 300 sites et donc avec beaucoup, des milliers de propriétaires, qu'ils soient institutionnels ou individuels, ils sont propriétaires des actifs. Un actif, ça se mesure à sa valeur. Valeur économique, mais aussi valeur dans le temps. Et ce qu'on sait, c'est que si un actif ne répond pas aux obligations actuelles ou futures d'un point de vue consommation, il va perdre en valeur. Donc, ils sont éminemment conscients du fait qu'il va falloir travailler sur l'actif pour le rendre conforme à la réglementation 2030, mais aussi 2040, 2050, qu'on voit venir progressivement. Donc, d'abord, nous, on mène ce travail de pédagogie pour partager avec tous nos propriétaires les obligations actuelles et à venir, montrer que l'équation économique, elle n'est pas... antinomique avec l'équation environnementale. Au contraire, le cas de la résidence de Capella à Avoriaz, ce que je citais, est le très bon exemple parce qu'on consomme moins aussi en même temps. Donc nous, en tant qu'opérateurs, on se porte mieux. La valeur de l'actif est réévaluée. Donc c'est vraiment un investissement gagnant-gagnant. Par contre, tu l'as dit, il faut investir au départ. Et donc il faut planifier, il faut anticiper. Il faut qu'il y ait aussi une rentabilité. Et c'est ce qu'on est en train de voir sur certains de nos center parcs. en installant du photovoltaïque sur le site, donc à la fois des ombrières et puis une ferme photovoltaïque à Village Nature, qui est notre center park près de Disney à Marne-la-Vallée, on voit qu'on va être capable de générer un tiers de notre consommation d'électricité. On avait déjà de la géothermie là-bas, on va puiser à 2 km sous terre, et donc ce qui nous restait, on était en consommation électrique, il y en a un tiers qu'on bascule avec du photovoltaïque. Et donc on montre que l'équation... économique et environnementale, elle est largement compatible. Pour ça, il faut investir, mais c'est la vie d'investir et de ne pas s'arrêter. Donc voilà, on est vraiment dans cette phase-là. On parle de montants qui sont des montants importants. L'avantage pour tous les propriétaires pour nous, c'est qu'on sait que nous, on n'est là pas pour deux ans, pour cinq ans. On est là pour 20 ans, 30 ans, 40 ans. Donc la rentabilité de l'investissement... Elle peut être calculée vraiment sur ces gros horizons de temps.

  • Eric

    Et vous faites tourner les actifs énormément avec des taux de remplissage qui sont élevés. Donc les réductions de consommation, ça chiffre très très vite.

  • Franck

    Exactement, il y a un effet volume qui tout de suite est visible.

  • Eric

    Merci pour tous ces exemples. J'aimerais qu'on parle du projet d'entreprise, puisqu'en fait on parle toujours dans l'économie régénérative de prendre soin de toutes les parties prenantes. Par rapport aux clients, bien sûr qu'ils sont une grande partie prenante, Ce projet, est-ce qu'il est ressenti, cette réinvention ? Est-ce que vous avez peut-être des chiffres de satisfaction et d'adhésion à ce projet du groupe ? Et puis aussi sur la partie prenante des employés, de tout le staff, à tes côtés, est-ce que tu sens qu'il y a une adhésion aussi à ce projet d'entreprise ?

  • Franck

    Oui, alors des deux côtés, on sent l'adhésion. C'est palpable d'un point de vue chiffré, d'un point de vue consommation pour les clients, engagement pour tous nos collaborateurs. Côté client... Avec ce projet réinvention, on a modernisé notre parc, on a vraiment fait primer l'expérience client, une expérience de qualité, attentionnée, personnalisée. Concrètement, la satisfaction de client a gagné 20 points en 3 ans, au moment où notre chiffre d'affaires, lui, gagnait à peu près 30%. Donc souvent, on nous dit, avec un chiffre d'affaires en hausse comme ça, attention, quelle est la limite, est-ce que ça passe, l'élasticité ? Non. En fait, le produit n'est plus du tout le même, l'expérience client n'est plus du tout la même. Je pourrais te citer plein d'exemples. Un seul, notre Center Parcs qui est près des châteaux de la Loire, Haute-Brouillère, on a investi avec les propriétaires 65 millions il y a six mois maintenant. On l'a fermé pendant deux mois. C'est comme si on avait ouvert un Center Parcs neuf. Les clients fidèles, et on en a beaucoup au Center Parcs, sont revenus en disant « mais je le reconnais à peine » . Donc on a vraiment changé tout ça et on a mis l'aspect nature, localité, ouverture aux acteurs locaux, aux richesses locales, au cœur de la promesse de l'offre qu'on fait. Et donc ça marche, ça marche pour Center Parc, Pierre et Vacances, je l'ai dit, ça marche pour Maéva, qui a beaucoup de campings ou de résidences de particuliers. Et donc l'attention de l'hôte qui accueille un invité, c'est important. Dans un camping, ne pas faire n'importe quoi avec les ressources rares, c'est clé. On a aussi Adagio qui fait du tourisme urbain. Consommer la ville autrement, c'est quand même fondamental. Les clients ne sont pas tous, comme on pouvait l'entendre il y a quelques années, on a tous des images en tête des prédateurs qui viennent, font rouler leur valise sur les pavés parisiens, ne consomment pas local. Non, nous on leur dit il faut consommer local, regarder où vous mettez les pieds, ce quartier, les bons plans, les acteurs. Donc côté client, les chiffres le montrent, en consommation et en satisfaction. Côté employé aussi. La meilleure preuve, c'est le taux de rotation de nos employés. Ils nous sont très fidèles et ils adhèrent vraiment à ce projet. C'est la première question de nos nouveaux employés, la question du sens et de ce qu'on fait pour la société et pour l'environnement. J'ai beaucoup parlé d'environnement. Si je parle un peu de sociétal, nous, on croit beaucoup au fait aussi d'aider des familles en difficulté et des familles qui n'auront jamais les moyens de se payer un séjour dans l'un de nos sites. Donc, on a une fondation qui est en place depuis cinq ans. et qui a aidé du coup 15 000 familles en difficulté parce que la vie les a pas aidées, soit pendant la vie, soit au début de la vie, les a pas aidées et qu'ils ont été marginalisés, que jamais ils pourront aller en vacances. Donc 15 000 familles sont parties en vacances gratuitement avec nous. On aide des associations aussi qui accompagnent les familles fragilisées. Donc ça c'est le volet famille. Il y a un volet mixité chez nous qui est très important. Et puis si je parle de handicap, on a pris l'habitude au siège du groupe, dans le 19e arrondissement, de faire appel systématiquement, un ESAT, donc un établissement qui emploie des travailleurs handicapés en situation de handicap, dès qu'on avait besoin de faire une réception et d'organiser de la logistique, de commander des viennoiseries, d'organiser aussi, de commander du mobilier, on fait tout ça, on a le réflexe de dire comment est-ce qu'on peut faire différemment pour être plus utile à la société. Et donc ce projet-là, les employés du groupe y adhèrent et ils y adhèrent, là c'est le A de authenticité, authenticité, parce que pour le coup... Il n'y a pas ce que raconte le groupe en externe et ce qu'il fait en interne.

  • Eric

    On voit la congruence de ce plan révention sur toutes les parties prenantes. Peut-être une question avant de basculer sur une prise de hauteur sur le secteur du tourisme en général. Est-ce que tu as des zones de doute encore ou des endroits dans ce plan qui est à 360 ou tu te dis tiens là il faut aller regarder ou là je ne suis pas sûr, je n'ai pas tout aligné. C'est quoi ? Est-ce qu'il y a des aspérités ? ou finalement tu as l'impression que vous arrivez à cocher maintenant toutes les cases ?

  • Franck

    Non, on ne coche pas toutes les cases. On a fait beaucoup, beaucoup de travail, c'est sûr. Mais maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention ? Comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin ? Et donc le sujet, par exemple, régénératif, pour nous, est un sujet clé. Il nous a mis la barre très, très haut. J'ai dit, pour tous nos développements, on veut redonner vie à des sites. Mais comment est-ce qu'on redonne vie à de l'emploi local, des déserts complets, des déserts d'emploi complets ? Il n'y a plus de vie dans certains quartiers, dans certaines zones, dans certaines régions françaises. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte avec un projet qui répondrait aux besoins locaux en matière de consommation des enfants, d'éducation, sportif. Je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement. Et donc, on voit que là, ça aurait une autre portée encore. On est encore dans une dimension, et c'est normal, assez commerciale. Et donc, on va chercher où souhaite aller le client, ce qu'il souhaite consommer. Voilà, il y a une étape un peu ultime. Je ne sais pas si on y arrivera un jour, mais qui serait un peu l'aboutissement de notre vision, même si on fait déjà... Pas mal de choses parce que là où on fait du développement, j'ai dit comment on le faisait, j'ai pas dit où on le faisait géographiquement. On essaie de le faire dans des zones où il y a aujourd'hui pas forcément beaucoup de tourisme et de touristes. Et donc on ouvre aussi des champs pour les clients pour dire allez dans ces zones-là, allez voir. Et on le voit dans les consommations maintenant cet été. Normandie, Bretagne ont beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. La montagne l'été a beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. Donc nous on essaie d'aller pas forcément là où il y a déjà... plein plein de monde qui se massent.

  • Eric

    O ui, alors justement, merci. On va maintenant peut-être échanger sur le secteur du tourisme et aussi dézoomer, aller au niveau mondial. C'est vrai que parfois, on peut se poser la question, on voit de plus en plus d'hypertourisme et des pays qui se sont ouverts. Si on prend l'exemple de la Chine, en fait, énormément de touristes en plus, d'ailleurs en local, au niveau international aussi. Et parfois, on se dit que c'est vraiment compliqué puisqu'il y a un enjeu démocratique. d'un côté, et puis un peu une aberration écologique de l'autre. Est-ce que toi, par rapport à ça et dans la filière, cette question de l'hypertourisme et cette ligne de crête, c'est un sujet que vous abordez ? Est-ce qu'il y a des limites à poser par les pouvoirs publics ? Comment tu vois ce danger de l'hypertourisme ?

  • Franck

    Alors, d'abord, le tourisme, c'est une des valeurs clés, une des sources de création de valeurs clés dans le monde. Je dirais un petit 10% du produit national brut en moyenne dans chaque pays, c'est fondamental. Il y a 1,4 milliard de touristes chaque année. Il y en a d'ailleurs 700 millions qui vont en Europe. Ça peut être des Européens qui sont en Europe. Mais chaque année, l'Europe attire la moitié du tourisme mondial. Pour l'Europe, pour la France, qui n'est pas loin des 100 millions, c'est une ressource fondamentale. Si on devait s'en séparer, ce serait un appauvrissement énorme.

  • Eric

    Et c'est deux fois plus de croissance sur la croissance PIB tourisme que la croissance mondiale. Donc c'est aussi un secteur qui a beaucoup de potentiel.

  • Franck

    Qui se développe 4-5% par an, chaque année. C'est aussi un secteur où on peut rentrer sans forcément beaucoup de formation, beaucoup de bagages et grimper les échelons pour devenir directeur d'un site, directeur d'un pays. On le voit chez nous, clairement. Donc il y a un vrai ascenseur social qui se fait. Et puis c'est surtout le tourisme, c'est la rencontre des gens. C'est la découverte des lieux, c'est vraiment la richesse culturelle, c'est l'ouverture. Et on l'a vu pendant le Covid, quand on s'est tous refermés, on ne pouvait plus voyager, on s'est tous appauvris. Et donc le tourisme, c'est la vie. Donc ça, il faut vraiment garder ça en tête, parce que sinon, on est dans une société où chacun se referme, les continents se referment sur eux, ne se connaissent plus, ne discutent plus, et on voit ce que ça peut créer. Et donc le fait de brasser les cultures, les différentes nationalités, c'est fondamental. Ensuite, il faut le faire... Avec cette nouvelle prise de conscience qui dit, mais évitons de tout faire au même moment, au même endroit. Et en fait, c'est aussi simple que ça, c'est qu'on a la chance dans le tourisme, si je prends l'exemple de la France, on a les sites du littoral, les sites de la montagne, on a la campagne, été, hiver, week-end, semaine. Donc selon si vous êtes étudiant, travailleur, en situation active, retraité, en fait... on peut, chacun peut trouver son compte, c'est-à-dire son endroit, au moment qui lui convient le mieux, pour étaler dans le temps et l'espace le tourisme. Et ça, en fait, c'est exactement ce qu'il faut faire. Moi, je crois beaucoup à l'exercice de régulation fait par les acteurs locaux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes voient bien l'intérêt pour eux, pour la préservation de leur site, et puis l'expérience des clients qu'ils accueillent, qu'il y a tout intérêt à réguler, et donc il y a des façons très faciles de le faire. D'abord, ça concerne... très très peu d'endroits, au final on en parle beaucoup, mais ça concerne quand même très très peu d'endroits et de moments. Et donc sur ces phénomènes de pointe, en fait il faut réguler de façon très simple avec une appli qui dit, bon ben voilà, il faut juste réserver, c'est pas pour ça que c'est payant. Sur des sites naturels, on a vu ça, Calanque, Mont-Saint-Michel, etc. De dire, en fait on régule, mais c'est pour le bien de tout le monde. Le bien du client, franchement, aller dans un endroit où vous pouvez pas mettre un pied devant l'autre, ça n'a... aucun intérêt et donc le client préfère 100 fois ne pas y aller que d'y aller en étant dans une masse. Mais une fois encore, c'est quand même un épiphénomène. C'est-à-dire que cette concentration sur un lieu à un même moment, on en parle beaucoup, mais c'est très très rare. Et donc il y a des moyens de réguler très simple. Et c'est fait par qui ? Par les acteurs locaux. Et là-dessus, c'est l'intelligence du client qui est encore récompensée.

  • Eric

    Oui, et puis ça peut se faire aussi cet étalement, cette diversification des activités sur un centre lui-même, comme tu parlais de Center Parcs où tout le monde n'a pas forcément besoin d'être à la rivière sauvage au même moment. S'il y en a qui font le parcours biodiversité à ce moment-là, ça permet d'étaler les expériences et justement d'éviter cet effet de foule qu'il peut y avoir sur certains sites.

  • Franck

    On n'a aucun intérêt à ce que tout le monde se presse au même moment dans un même lieu et donc c'est pour ça qu'on a aussi créé en moyenne 50 activités par Center Parcs. C'est pour diversifier les occasions de consommation selon les goûts, les envies des clients. Et donc, on les oriente aussi dans le discours, effectivement. Prendre un autre exemple, la montagne l'été, j'en ai parlé. Les vacances d'été, on voit que août reste quand même sacré, mais il y a une forme de basculement avec un juillet qui a tendance un peu à baisser et un mois de septembre qui, lui, a tendance à augmenter. Donc ça, c'est plutôt pas mal pour l'expérience touristique.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qu'on se pose souvent aussi sur d'autres secteurs. Est-ce qu'on attend que le régulateur... mettent en place les normes ou les fiscalités pour, ou est-ce que finalement les acteurs eux-mêmes mettent en place ces nouvelles visions, ces réinventions, et finalement quand ça part du terrain, en général ça reste plus longtemps et c'est plus smart. Alors justement peut-être, on parlait tout à l'heure de tourisme responsable, et tu disais finalement que le Graal ou la vision était peut-être ce tourisme régénératif. Essayons d'aller l'évoquer, qu'est-ce que tu y mettrais, régénération ? Social, régénération des écosystèmes naturels, la régénération pour toi appliquée au tourisme, ça prendrait la forme de quoi ? Qu'est-ce qu'il faut aller chercher en plus pour aller jusque là ?

  • Franck

    Alors peut-être deux mots pour répondre à ça que je vais développer. Je dirais local et puis ensuite seconde vie. Local, c'est quoi ? C'est qu'il faut qu'on raisonne local. Emploi local. Quand on ouvre un center parc... Quand on ouvre une résidence Pierre et vacances, on a un souci absolu d'employer localement. Et donc plus de 90% des nouveaux employés, un center park c'est 300, 400 emplois permanents, donc c'est important, c'est souvent le second employeur du département. On cherche de l'emploi local, parce que c'est clé pour les territoires, et ça ne sert à rien d'aller créer des flux un peu artificiels. d'enlever de la population de certains territoires, en mettre ailleurs. Et donc c'est pour ça qu'on recherche aussi un vrai projet politique, au sens noble du terme, avec les élus, les responsables associatifs, économiques, écologiques, pour dire comment est-ce qu'on crée de la vie localement. Il y en avait avant, et puis elle a disparu, pour une raison ou pour une autre, parce que les usines ont fermé, que les sites militaires ont fermé. Donc comment on en recrée ? Donc emploi local, approvisionnement local aussi.

  • Eric

    On n'a pas parlé de nourriture, mais c'est fondamental.

  • Franck

    Donc là, c'est clé pour nous d'avoir une boucle d'approvisionnement locale et d'expliquer d'où ça vient, qui est l'agriculteur, le producteur derrière la viande, le fromage, les légumes qu'on montre, de l'incarner, de les faire venir aussi. Donc dans tous nos centres de repas, on a un marché qui est un marché quotidien où on leur donne l'occasion de venir raconter leur histoire, leur site, montrer leur production et puis la vendre. Parce qu'évidemment... Les clients sont ravis de pouvoir ramener chez eux des choses qu'ils ont consommées localement. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de tout partout. Et en fait, il n'y a aucun problème à ça. Parce qu'il y a des endroits où il n'y a pas naturellement les mêmes fruits qu'ailleurs. Et donc, on ne va pas aller, si je donne des exemples, on va mettre beaucoup plus de melons dans le sud que dans nos sites du nord. Et on va expliquer pourquoi. Et inversement, on va mettre en avant d'autres types de fruits et légumes dans le nord. Mais encore faut-il le dire. Donc local, ça c'est le premier point. et alors seconde vie. La seconde vie, je parle de la forêt, je parle de la biodiversité, je parle des insectes, je parle du sol. Là, le but et là-dessus, on n'y est pas encore. Clairement, là-dessus, il faut être très sincère. Le but, c'est de dire comment est-ce qu'on re-nature, on donne une seconde vie, c'est-à-dire qu'on a une forme de photo T0 de l'état du site tel qu'on le prend. En disant dans 10 ans, dans 20 ans, on voudrait que l'état des sols et donc la cartographie, la carte d'identité du site soit meilleur que quand on l'a pris. Parce qu'on fait revenir des espèces, parce qu'on replante, parce qu'on cultive. Et l'avantage qu'on a c'est qu'on est souvent sur des espaces très importants. 150-200 hectares et donc on a moyen de faire ça seul ou en partenariat avec l'ONF et on l'a fait sur des sites Pierre et vacances, des villages Pierre et vacances par exemple. Donc c'est ça un peu le but ultime, local, seconde vie et on voit qu'au travers de ça, il y a ceux qui vivent toute l'année autour de nos sites qui ont une importance fondamentale. Et moi je pense très essentiel que le touriste rencontre. qu'il y ait des moments où ils se rencontrent, mais pour de vrai, qu'ils discutent, qu'ils se connaissent, qu'ils se découvrent. Tous les acteurs locaux, parce qu'ils ont tous des histoires à raconter, un passé. C'est eux qui savent raconter la vie qui est sous le sol que foulent nos clients. Donc c'est ça le projet ultime.

  • Eric

    Il peut être aussi le patrimoine qu'il peut y avoir en dehors de ces 150 hectares. Puisqu'en France notamment, on a un patrimoine culturel, architectural assez incroyable. Et il pourrait y avoir un facteur d'isolement. de tout rester dans le club. Tu penses qu'il y a aussi un potentiel d'ouverture par rapport à ça sur le territoire ?

  • Franck

    Évidemment. Et nous, on pousse les clients à sortir du Center Parcs. Jusqu'à il y a 5 ans, pas mal de clients nous disaient « Mais on a le droit de sortir du Center Parcs quand on est entré ? Est-ce qu'on a le droit de sortir avant la fin de son séjour ? » Évidemment, on a le droit, mais on a en plus vraiment un énorme intérêt, bénéfice à sortir. Donc pour ça, qu'est-ce qu'on fait ? On montre toutes les richesses culturelles, patrimoniales. qu'il y a autour du Center Parcs à nos clients, avant son séjour, pendant le séjour. Donc il y a dans chacun de nos parcs un point d'information touristique, de la région, du département, de l'agglo, pour renseigner et inciter à aller visiter. Quand ils sont à Haute-Brouillère, je disais tout à l'heure, il y a tous les châteaux de la Loire. Quand ils sont en Moselle, il y a un magnifique zoo à 10 km. Franchement, c'est magnifique. Donc il faut faire ça. Pourquoi ? Parce que quand ils font 500 km ou 400 km pour aller sur ce site, c'est dommage de réduire le séjour à Center Parc, de ne pas faire les trois derniers kilomètres. Et puis, on ouvre aussi, on fait en sorte que nos Center Park soient maintenant au croisement de pistes cyclables et d'itinéraires cyclables. On propose beaucoup l'allocation de vélos et on l'offre souvent d'ailleurs pour dire, regardez, prenez un vélo, donc vous venez, vous laissez votre voiture, vous prenez un vélo et vous allez itinérer autour des Center Parcs dans les sentiers naturels, balisés. pistes cyclables et vous allez découvrir tous les endroits vallonnés qui peuvent être autour de chez nous. Donc ça c'est fondamental de les ouvrir et de ne surtout pas être fermé sur nous-mêmes.

  • Eric

    On va aller tout doucement vers un des grands enjeux de l'entreprise régénérative autour des questions de leadership et de gouvernance. On peut sentir ton style de leadership dans cette conversation, mais peut-être si on prend du recul et avec les différentes expériences que tu as eues, comment tu qualifierais ton style ? de leadership et est-ce qu'il a évolué ces 4-5 dernières années ?

  • Franck

    Je le qualifierais, finalement, dans ton acronyme CAP, tu as pas mal résumé. Donc à la fin, dans CAP, oui, courageux, pragmatique, c'est fondamental. Je pense que ce qui est le plus fondamental aujourd'hui, c'est vraiment qu'il soit authentique. On doit être exigeant quand on est un patron d'entreprise, mais il faut être authentique. Il faut parler et raconter son entreprise au client comme on la manage en interne. Il faut l'idée... par l'exemplarité. On ne peut pas avoir de son de cloche en mode, voilà ce qu'il faut faire et voilà ce qu'on applique. Il faut savoir dire aujourd'hui, en 2025, qu'on ne sait pas tout. Je sais vraiment de moins en moins de choses, tant que Franck Gervais, sur des sujets nouveaux comme l'intelligence artificielle générative. Donc j'essaie de combler mes lacunes comme tout le monde. On est là-dessus, on essaie d'y bosser à fond, mais il faut avoir l'humilité de dire d'autres savent nettement, mais nettement mieux que moi. Ce qu'on attend, c'est quoi ? C'est de donner le sens. Le cap, de le garder avec cohérence, de prendre des décisions, des décisions courageuses, des fois des décisions difficiles, mais qui vont toujours dans ce sens de la cohérence, donc prendre des décisions. Rien de pire pour un dirigeant si ce n'est pas prendre des décisions. Franchement, aujourd'hui, avoir le spectre des solutions, des IA génératives le font mieux que nous. Donc prendre des décisions et puis se poser, se remettre en cause, s'ouvrir à l'écosystème, ça peut être des concurrents. Ça peut être d'autres secteurs, des spécialistes, comme toi, dans l'environnement, dans l'économie, pour dire comment est-ce qu'on se remet en cause, comment est-ce qu'on va toujours plus loin. Mais à la fin, c'est l'authentique. Et je pense que j'ai parlé de satisfaction de client. La satisfaction des collaborateurs chez nous a aussi gagné à peu près la même chose, 15-20 points ces trois dernières années, parce que les gens se lèvent le matin. Alors, ils restent parfois chez eux encore. On a encore un peu de télétravail. Mais ce qu'on voit, c'est que quand même. Le fait de se retrouver autour d'un projet, de créer, de construire une direction, de douter, de se remettre en cause, ça, la créativité, elle se fait quand même physiquement dans un lieu qui est un vrai lieu de vie sociale, qui est le lieu de travail. Et on fait, nous, moi je pense, un des plus beaux métiers du monde. Vendre des vacances et vendre des séjours touristiques, franchement, il y a pire.

  • Eric

    On procure des sourires quand on est dans le tourisme.

  • Franck

    Oui, nous c'est un de nos baromètres.

  • Eric

    Et des expériences inoubliables, donc c'est vrai qu'il y a cet engagement. Et peut-être sur le pendant du leadership, la gouvernance, l'organisation, est-ce qu'il y a aussi eu des choses qui ont évolué sur les prises de décisions, sur discussion avec les instances du personnel ? Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu travailles ?

  • Franck

    Oui, là-dessus, il y a l'élément de transparence qui est clé et l'élément aussi de responsabilisation. Sur la transparence, comme on a vécu des périodes un peu difficiles, je le disais il y a 4-5 ans, c'était essentiel de dire où on en était, où on allait, y compris quand on ne savait pas trop où on allait, mais de dire là on ne sait pas trop, mais dans un mois on saura, mais voilà où on en était, les faits, les éléments factuels. Et là-dessus, je crois aussi que je suis convaincu que tout le monde est responsable. Les représentants des employés, les représentants syndicaux, on a un dialogue, mais on ne peut plus mature, adulte avec eux. Franchement, on voit exactement la même chose avec un prisme un peu différent parfois, mais le constat, il est vraiment très, très souvent partagé. Et l'aspect de responsabilisation, c'est que moi, je crois beaucoup au fait de décentraliser, d'abaisser le centre de gravité. Je suis peu... fan de tout gouverner par le haut. On l'a pas mal fait il y a 4 ans parce qu'il fallait remettre les choses d'équerre. Je l'ai dit sur la direction stratégique, le business model, la rentabilité. Donc il a fallu pas mal reprendre la main par le haut. Mais les initiatives, les bonnes idées, une fois que le cap est donné et que les limites gauche et droite sont données sur le champ d'expression, le champ de liberté, la vraie créativité elle est locale. Et donc on donne vraiment nous la carte blanche. à tous les acteurs locaux, les patrons de sites, mais tous leurs employés, et puis au-dessus, les patrons opérationnels, les patrons de business, pour laisser libre cours à leur créativité. Ils connaissent mieux que moi leurs marques.

  • Eric

    Est-ce qu'il y a peut-être un exemple récent que tu pourrais nous donner, une prise de décision, quelque chose qui est né du terrain, qui t'a surpris, et tu t'es dit, tiens, abaisser le centre de gravité, ça confirme que c'est la meilleure voie à donner ?

  • Franck

    Alors il y a celui des parcours rangers dont je parlais tout à l'heure, c'est vraiment une idée qui est née sur le terrain et d'une personne en particulier dans un de nos parcs, en disant il faut faire des parcours au cœur de la nature où des spécialistes du sujet accompagnent pendant une heure, une heure et demie les clients. Et donc ça on l'a généralisé dans tous nos center parcs, donc franchement c'est une très très très bonne idée. Puis une autre idée qui est venue du local, et puis finalement à la fin on s'est dit mais... Ça, pourquoi est-ce qu'on ne généralise pas ? C'est la fidélisation, là je vais basculer chez Pierre et Vacances, la fidélisation des saisonniers. On emploie jusqu'à 1000 saisonniers sur une période d'été et donc on s'est dit, mais en fait, plutôt que de prendre des saisonniers l'été, de prendre d'autres saisonniers l'hiver, de les reformer l'année d'après pour l'été, puis pour l'hiver, pourquoi est-ce qu'on n'a pas une politique de fidélisation de nos saisonniers ? 1. On les loge. 2. On les forme. 3. On leur propose, dès que possible et dans plus d'un cas sur deux, des contrats en CDD ou CDI. Alors après, ils peuvent souvent ne pas vouloir parce que c'est aussi une autre forme de liberté que d'être saisonnier. Mais donc voilà, ça, c'est quelque chose qui est né localement en disant mais on ne va quand même pas refaire à chaque fois le travail de formation de nos personnels qui accueillent nos clients qui viennent dans nos résidences au ski parce qu'on répète X fois la même chose. Donc pourquoi est-ce qu'on ne les reprend pas ? Et donc ça, c'est quelque chose qui est né localement.

  • Eric

    OK, on va vers les dernières questions de cette conversation. On dit souvent à la CEC que ce qu'on essaie d'apporter dans le monde économique, c'est cette pensée régénérative. Et pour essayer de rendre ça le plus simple possible, puisqu'on s'aperçoit que c'est multifacette, est-ce que tu pourrais te prêter à l'exercice d'expliquer en quelques phrases à un enfant de 10 ans, c'est quoi une économie régénérative ?

  • Franck

    Une économie régénérative, c'est une économie où on se pose systématiquement l'intérêt, l'opportunité d'aller réutiliser l'existant, le transformer pour lui donner une nouvelle vie, et le ré, où on se pose deux fois, trois fois, dix fois la question de l'intérêt réel à aller détruire des ressources naturelles pour créer quelque chose à valeur ajoutée. Voilà, il faudrait faire le test sur un enfant de 10 ans. Peut-être que c'est plus pour un enfant de 15 ans, c'est à dire. Voilà, c'est ma réponse.

  • Eric

    Une dernière question sur le moment qu'on est en train de vivre. Tu l'évoquais très rapidement au début de la conversation, au niveau géopolitique et qu'on va qualifier de le backlash qu'il peut y avoir sur la science, la science du climat, l'écologie. En ce moment, on sent qu'il y a eu un revirement avec l'élection des Etats-Unis l'année dernière. Et par rapport à ce moment de l'histoire, comment toi tu vois les choses ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose de durable ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui peut être un soubresaut d'un ancien paradigme ? Parce qu'on est en route vers un nouveau paradigme. Quelle est ta lecture des choses à ce moment un peu particulier de l'histoire ?

  • Franck

    Dans le moment actuel, on va dire depuis deux ans, moi je suis quand même atterré et complètement bouleversé de ce qui se passe. Pourquoi ? Parce que la générosité, l'ouverture au prochain, l'aide qui n'est pas conditionnée par un retour, l'entraide, le partage, tout ne se résume pas à l'intérêt économique transactionnel d'un pays. Donc je suis atterré, littéralement atterré de ce qui se passe, du côté belligérant, du côté brutal. qui fait que des hommes et des ressources passent au dernier plan face à des enjeux d'intérêt très égoïstes. Après, j'ai l'espoir que c'est un épiphénomène lié à des dirigeants qui sont actuellement en poste dans les différents pays en cours, Russie, Etats-Unis en tête. Mais quand même, je vois aussi que des sujets qui étaient clés, fondamentaux, sur lesquels on a réussi à embarquer tout le monde. des sujets où on se dit ok, on a une vraie conscience pour les futures générations sur ce qu'on fait, des actes responsables. Et donc là je parle d'international mais je parle aussi de ce qui se passe d'un point de vue national en ce moment. Je constate quand même qu'on a cette facilité à aller trouver chez le voisin la solution et le fait d'aller regarder dans l'assiette du voisin, là où chacun devrait d'abord faire l'effort lui-même, venir en aide à son voisin. Et je trouve que du fait de certains dirigeants devenus hyper puissants et avec des armes de négociation immenses, il y a quand même un ruissellement dans les comportements de chacun qu'on voit jusqu'en France aujourd'hui. Donc espoir, mais quand même, je vais appeler ça une forme de doute, dans ce qu'on voit tous les jours. Et donc il n'y a pas d'autre solution que de dire chacun à son niveau fait les efforts. entreprise, individu, il ne faut pas renoncer.

  • Eric

    On va se quitter là-dessus, ne pas renoncer, ne rien lâcher alors qu'on a l'impression qu'il y a des choses qui se délitent. Mais ce que tu fais, ce que vous faites dans l'entreprise, c'est du réel, c'est sur le terrain. Et puis, je voulais te remercier pour le courage de ce que tu as fait. Tu en es l'incarnation dans les 4 dernières années. L'authenticité de cet échange et puis effectivement le pragmatisme. Tu nous as donné une bonne quinzaine d'exemples, hyper concrets. Donc ça, ça va aider tout le monde à avancer. Courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

  • Franck

    Merci beaucoup.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Franck Gervais, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général du Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, leader européen du tourisme de proximité. Ensemble, ils explorent les trois axes structurant leur feuille de route : la décarbonation des activités, la reconnexion à la nature et sa préservation, et le développement raisonné. Franck partage des exemples concrets pour chaque domaine, comme le changement du mix énergétique ou la création de parcours biodiversité dans tous les Center Parcs.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Franck

    J'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous. Sur des sites nouveaux, Center Parks, Ce qu'on veut faire, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés, ayant eu une première vie. Maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention, comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte, avec un projet qui répondrait aux besoins locaux, je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. On parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de Cap Regen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires, pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref... plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Franck.

  • Franck

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Franck, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage quand on est dirigeant et qu'on veut transformer son entreprise. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et puis le pragmatisme pour être le plus concret possible. Pour essayer de donner les contours de cette nouvelle économie. Voilà les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Franck, CAP ou pas CAP ?

  • Franck

    CAP, ça me va très bien.

  • Eric

    On va parler un peu de toi Franck, tu es diplômé de l'école polytechnique, tu as fait l'essentiel de ta carrière dans le domaine du transport et du tourisme, en dirigeant notamment Thalys et voyagesncf.com. En 2017, tu deviens PDG Europe du groupe Accor, et en 2021, tu deviens directeur général du groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Et tu as participé à la toute première édition de la CEC en 2021-2022. Alors une première question pour se lancer, est-ce que tu peux nous parler d'un lieu de nature dans lequel tu aimes bien te ressourcer ?

  • Franck

    Je vais donner deux réponses. Le premier c'est la Bretagne. On a la chance d'avoir une petite maison là-bas et donc dans un coin magnifique du Finistère qui est un vrai lieu authentique, le A de Cap. Donc voilà qui a été... préservé, magnifique, au cœur de la nature. Et puis le deuxième, forcément coup de cœur, je vais citer un Center Parcs, le Center Parcs des Landes de Gascogne. C'est le dernier qu'on a ouvert en France, entre Bordeaux et Toulouse, et qui est magnifique, au cœur de la forêt des Pins. Et donc, petits et grands, si ressourcent vraiment.

  • Eric

    On va parler maintenant de tourisme responsable. On va essayer de parler aussi de tourisme régénératif. Et on va essayer d'aller jusque-là. Mais pour commencer, est-ce que tu pourrais nous décrire ton entreprise ? en deux trois phrases.

  • Franck

    Donc le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, il comporte quatre marques Pierre et Vacances Center Parcs, Maéva et Adagio. On est un groupe français, mais on est leader européen du tourisme de proximité. Qu'est-ce que c'est que le tourisme de proximité ? C'est un tourisme où les clients vont à 300, 500 kilomètres de chez eux pour rejoindre le lieu de tourisme et donc on est présent dans cinq pays essentiellement et notre clientèle est vraiment très locale, comme je le disais. Et la caractéristique de nos quatre offres, c'est de proposer des expériences qui soient à la fois inoubliables pour les familles, et on a une clientèle très très familiale, inoubliable, c'est quelque chose qui les marque très longtemps. Et le deuxième point, ce sont des expériences qui reconnectent à l'essentiel et qui déconnectent de tout ce qui nous pollue tous les jours, dont ce smartphone qui est un vrai fil à la patte. Donc on est déconnecté de tout ça. Tout type de pollution pour se reconnecter à deux choses essentielles, ses proches, la famille essentiellement, et la nature. Donc c'est le groupe qui fait 2 milliards de chiffre d'affaires, qui emploie 13 000 employés, et qui est un groupe magnifique, fait de marques authentiques.

  • Eric

    Maintenant on va faire un petit retour en arrière. Tu es arrivé directeur général de ce groupe en 2021, dans un contexte ultra difficile. C'était encore le Covid et puis c'était l'année post... Post 2020, comment ça s'est passé cette arrivée dans ce groupe-là, à ce moment-là ?

  • Franck

    Donc là c'est le C de Cap Courage, je pense, qui vient. C'était honnêtement pas facile, c'était un vrai défi, un vrai challenge que d'arriver à la tête du groupe en janvier 2021. Donc moi, comme tu l'as dit, j'arrivais du groupe Accor, magnifique groupe où j'étais patron de l'Europe, dans une position de confort, non pas qu'il n'y avait pas de boulot, il y avait plein de choses à faire, mais en tout cas, c'est un grand groupe installé, qu'il n'y a pas de problème de trésorerie, pas de problème de... qui a peu de gros problèmes et le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, lui, il avait depuis 10 ans pas mal de problèmes. Problèmes de business model, problèmes de rentabilité, problèmes de performance, problèmes de génération de trésorerie, pas assez de développement. Et le Covid, à partir de mars 2020, l'a complètement mis par terre. Donc ça a été vraiment le coup pré-final. Ce qui fait que quand moi je suis arrivé, on était dans une situation de quasi-faillite pour le groupe. Et donc on était dans une situation de tout tenter, tous, les employés, les actionnaires, nos propriétaires, nos créanciers, tout le monde, de tenter la survie. Il y avait une petite chance que ça marche, peut-être 15% de chance que ça marche et il y avait 85% de chance que... Ça échoue et donc on a vu beaucoup de disparitions post-Covid de groupes, soit des groupes qui ont été démantelés ou des groupes qui ont complètement disparu avec des plans sociaux, des gens qui ont été mis au chômage en licenciement économique. Et nous on a tout fait, ça a duré deux ans, on s'est battus comme des chiens pour résister en disant ce groupe mérite de subsister, mérite de survivre et donc on va le projeter et on va le réinventer. Et c'est là qu'on a créé, mis en place le plan Réinvention qui depuis a été pris par pas mal de gens. Je n'en ai pas du tout la propriété, mais en tout cas, je pense qu'on était un des premiers à le prendre. Et on s'est dit, pourquoi réinvention ? Parce qu'il faut réinventer le groupe, sans tout détailler. Mais avant, on était d'abord un promoteur immobilier, historiquement, en 1967. On a choisi d'arrêter ça et de devenir un exploitant touristique, mais qui ne fait plus de promotion immobilière. Ça a par ailleurs plein d'avantages sur le sujet dont on va parler, qui est l'empreinte sur l'environnement, les territoires. Donc ça c'est un exemple de... réinvention du groupe. Mais on s'est dit, ce groupe doit incarner la réinvention du tourisme. Parce que le tourisme change depuis 20 ans, essentiellement. Ça s'est accéléré du fait du Covid. Les gens partent moins longtemps, moins loin, et plus souvent, avec une conscience de leur voyage beaucoup plus développée et une envie d'aller découvrir des choses, d'apprendre. Et donc, le côté je franchis l'Atlantique ou le Pacifique pour aller bronzer sur une plage pendant une semaine. Ça, c'est à peu près fini. Donc nous, on a voulu incarner cette réinvention du tourisme.

  • Eric

    Alors, comme disait Churchill, il ne faut jamais perdre l'opportunité d'une bonne crise pour se réinventer. C'est visiblement ce que vous avez fait. On va en parler, et justement, on va parler de cette réinvention un peu en détail, et aussi de l'implication par rapport aux enjeux écologiques. Mais pour commencer, en fait, c'était concomitant, tu t'es engagé avec le groupe dans le parcours CEC qui a démarré en septembre 2021, en pleine tourmente. On se souvient aussi que ta planète championne, on peut la saluer ici, Émile Iris, était sur cette décision. Tu avais beaucoup de choses à faire et quand même, tu t'es engagé dans ce mouvement national de la première CEC. D'où est venue cette décision ?

  • Franck

    D'une conviction personnelle. En fait, quand je suis arrivé à la tête du groupe, on était en plein Covid, on ne pouvait pas se voir. Moi, je ne pouvais pas visiter les sites. Donc, j'ai dû faire une centaine de visioconférences. Avec tous nos personnels sur le site, les patrons de parc, les patrons de résidence, le comité exécutif, et tous, on avait une conviction autour de notre projet Réinvention, c'est que c'était un triangle qui devait absolument fonctionner ensemble. Il ne pouvait pas manquer un des trois côtés. Les trois côtés du triangle, c'était l'expérience client. Les clients veulent vivre des expériences. S'il n'y a pas d'intérêt à se déplacer, à voir un site, une localisation, ils ne viendront pas. Donc, il fallait qu'on crée des expériences de qualité. Le deuxième point. C'était d'avoir un volet RSE très ambitieux, sociétal et environnemental. On y reviendra dès le départ. Et le troisième point, c'était le retour à une performance économique qui nous permette de réinvestir, de rémunérer aussi des actionnaires. Ce sont des choses qui n'avaient pas été faites depuis longtemps. Et donc ça, c'était vraiment les bases de notre projet, de notre projection à 5 ans. Et donc en septembre 2021, effectivement, il y a une forme de, on peut l'appeler courage, conviction, on peut peut-être même l'appeler insouciance Grosse prise de risque en tout cas parce qu'on est à ce moment-là dans le groupe à une période où on ne sait pas si on va trouver de nouveaux actionnaires. On cherche en gros à se désendetter d'un milliard d'euros et à réinjecter en equity dans le groupe à peu près 700 millions. Et on est à une période où on doute du fait que quelqu'un nous fasse confiance et puis mette de l'argent, ce qu'ont fait nos actionnaires. Et donc je les en remercie encore. et donc avec tous les collègues qui soient managers ou employés sur le terrain, on partage cette conviction, on porte l'ambition du groupe. Et avec Émilie, tu l'as dit, qui est la responsable du développement durable du groupe, on se dit, on ne peut pas rater cette CEC. C'était la première édition, donc pour toi c'était aussi une nouveauté. Qu'est-ce qu'on allait y apprendre, qu'est-ce qu'on allait y découvrir ? C'était l'occasion unique, ça correspondait vraiment à ce qu'on recherchait. Donc on y a passé du temps et elle a fait toutes les sessions. Avec également un autre collègue qui est le patron de la transformation chez moi. J'ai objectivement et honnêtement pas suivi toutes les sessions. J'ai dû suivre un tiers des sessions parce que sur les deux autres tiers, moi j'étais au tribunal de commerce et donc j'avais pas vraiment le choix. C'est comme à l'école, t'as la partie obligatoire et la partie optionnelle. Là, c'était la partie obligatoire, donc au tribunal de commerce, je devais y être. Mais je me souviens de cette session de septembre 2021, inaugurale, on était à Cachan, qui a été cette fameuse claque pour moi, où j'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous, et avec des chiffres qui étaient autour de ceux de la biodiversité. Et objectifment, moi, j'avais pas conscience de ces chiffres-là. Et je me souviens très bien du chiffre que... tu avais cité, avec Valérie Masson qui était venue également, de dire en 30 ans, il y a eu moins de 80%, donc une baisse de 80% du nombre d'insectes en Europe. Les espèces marines, ça a été moins 40% en 40 ans. Hausse de température, ça y est, on le sait tous, on en vit des effets cet été, l'été passé, on l'a vécu en 2003. Et ton point, ça a été de dire, si je crée cette CEC, c'est parce que la réponse, elle appartient aux entreprises, d'abord aux entreprises. Aux individus, au gouvernement, ok, mais d'abord aux entreprises. Et là, en fait, tout le monde à la fin de la session, au bout d'un an ou un an et demi, a dit mais voilà comment je m'engage, moi, à porter le changement. Et en fait, je n'attends pas que quelqu'un le porte à ma place, mais c'est moi qui vais montrer l'exemple. Et c'est ce qu'on fait nous, ce qu'on essaie de faire, en disant le tourisme de proximité, quand vous voyagez à 300 km de chez vous, vous avez une empreinte carbone qui est 10 fois plus faible que dans un tourisme lointain. Ça ne veut pas dire qu'il ne faudra plus de tourisme lointain. Moi, je suis convaincu qu'il faut croiser les cultures, croiser les habitudes, connaître l'histoire. Donc, il faut emmener nos enfants en Amérique. J'allais dire aux États-Unis, je suis un peu moins fan depuis quelques temps. En Amérique, voir le continent américain, voir le continent asiatique, africain, c'est fondamental, mais beaucoup moins qu'avant. Beaucoup moins qu'avant. Et avoir ce réflexe d'aller plus près de chez soi, comme on l'a fait pendant le Covid, parce qu'il n'y a pas plein de richesses historiques, culturelles, patrimoniales, naturelles. La France est le meilleur exemple et on voit ce tourisme a changé. C'est un changement structurel auquel on répond, nous, de façon vraiment à long terme.

  • Eric

    C'est vrai qu'on peut le voir dans votre feuille de route. Votre feuille de route a été publiée en 2022 à la fin du parcours. Elle est disponible sur le site de la CEC. Quand on va regarder cette feuille de route par rapport aux autres, on s'aperçoit que Elle a un côté technique, puisque vous avez une empreinte carbone, puis une empreinte aussi sur d'autres lignes planétaires vraiment fortes. Donc ça fait du potentiel de diminution. Et aussi qu'il y a une vision de long terme. En peut-être deux, trois grandes idées sur ce plan de réinvention sous l'angle des lignes planétaires, c'est quoi les grands axes de cette feuille de route ?

  • Franck

    Alors j'en citerai trois. Le premier, c'est la décarbonation. Le deuxième, c'est la prise de conscience qu'on crée et qu'on améliore autour de la nature. J'y reviendrai. Et puis la troisième, c'est pour tout ce qui est développement futur. Est-ce qu'on arrive à réconcilier de la consommation, de la croissance, mais raisonnable ? Donc un développement raisonnable. Sur la décarbonation, on s'est engagé sur une diminution de notre empreinte carbone. Donc on est à moins 20%. L'objectif, c'est moins 50% d'ici 2030 de notre empreinte carbone par rapport à 2019. Donc division par deux. On est à un peu plus, enfin un peu mieux que moins 20%, une petite moitié du chemin. Il en reste une moitié, alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a pris les mesures d'économie de consommation, c'est sûr. On a réalisé toutes les études techniques pour baisser tous les éléments de fuite, de déperdition. On s'est féodé aussi en impliquant les clients, en disant, bon ben voilà, ce n'est pas parce que vous êtes dans une résidence de tourisme, vous avez payé votre séjour pendant une semaine, qu'il faut faire couler l'eau chaude toute la journée pour sa douche. Parce que forcément il y a un impact derrière, donc faites-la couler le temps de votre meilleure chanson. C'est un bon réflexe, donc si la meilleure chanson dure 10 minutes, ok. Ce qui reste devant nous sur ce premier aspect de décarbonation, c'est, on a commencé, mais c'est le changement de mix énergétique. Pour aller vraiment vers des énergies décarbonées, on a commencé, on vient de changer sur l'une de nos résidences à Branville, Pierre et Vacances, on vient de mettre de la biomasse à bois. C'est comme ça qu'on chauffe notre dernier Center Parcs des Landes de Gascogne. On a de la géothermie, on a du photovoltaïque, mais aujourd'hui on a encore une énergie carbonée, notamment en Allemagne, Pays-Bas, sur nos sites, et donc il faut investir pour passer à de l'énergie décarbonée. Ça c'est notre premier axe. Le deuxième axe c'est le sujet nature. On veut à la fois... La préserver et on veut aussi faire en sorte que durant la semaine où on a la chance d'avoir nos clients avec nous, ils sont là pendant une semaine, on souhaite leur faire toucher du doigt ce que c'est que la nature. Et on a cette occasion unique pour qu'ils ramènent ça chez eux avec leurs enfants et du coup, et des bonnes pratiques en matière de, évidemment, tri des déchets, sensibilisation, mais surtout savoir ce que c'est que la faune, la flore et comment la préserver, en quoi c'est un élément essentiel. Et donc Center Parks, qui est là-dessus celui qui est le plus avancé dans le groupe. Pourquoi ? Parce que Center Parks, c'est un domaine de 150 hectares au cœur de la nature. On s'est engagé, aujourd'hui c'est le cas dans la moitié de nos parcs, on s'est engagé à ce que d'ici 2028, 100% de nos parcs aient des parcours nature qui soient proposés de façon gratuite à tous nos clients. De quoi c'est né ? C'est né sur un de nos parcs qui est dans la Vienne, à Bois-Audin, avec le responsable environnement biodiversité là-bas qui avait une vraie passion pour la biodiversité, les insectes, et qui a dit mais moi je pourrais créer un parcours pour ceux que ça intéresse, les rares clients que ça intéresserait. Puis en fait ça a cartonné, donc il s'appelle Olivier, je lui rends hommage, ça a cartonné, de plus en plus de clients sont venus et donc on a vraiment élargi ce parcours, une forme de parcours de sensibilisation à tous les parcs, et aujourd'hui c'est un vrai succès, c'est-à-dire qu'on apprend en se déchaussant, en ayant le contact avec la nature, à dire mais pourquoi est-ce qu'il y a ici une mare ? Pourquoi est-ce qu'il y a autant d'insectes et qu'ils sont nécessaires ? Pourquoi est-ce qu'on cultive ce type de produit de façon différente chaque saison ? Pourquoi est-ce que et comment est-ce que la nature est préservée, régénérée ? Et ça, c'est quelque chose qui est plébiscité par nos clients et on a un peu comme une vocation de dire on veut absolument réconcilier nos clients avec la nature et leur faire toucher du doigt petits et grands parce que finalement en tant qu'adulte, on a autant d'ignorance je pense que nos enfants, ça c'est le deuxième axe et le troisième axe c'est le développement, pourquoi ? parce que tu l'as dit, le tourisme a une empreinte carbone sa contribution au niveau mondial la contribution à l'économie c'est à peu près, ou France c'est pareil 8% et l'empreinte carbone elle est d'un peu plus de 10% donc on voit qu'il y a un petit delta une petite surconsommation qu'il faut résoudre, alors vu notre positionnement on répond à une partie de la question en disant on est sur un tourisme local et on incite en plus chacun de nos clients à prendre le train, parce que quand ils sont chez nous, ils n'ont plus besoin de leur voiture. Ça n'a vraiment aucun intérêt. Mais ensuite, on mène des actions nous-mêmes et que ce soit en période d'exploitation ou de développement, on se dit comment est-ce qu'on fait différemment. Je vais prendre l'exemple de la montagne. La montagne, pendant des années, les stations se sont créées. Dans les années 70, les remontées mécaniques, le bâti, l'immobilier. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, on sait qu'il va falloir dépasser les 1800 mètres pour les stations pour trouver de la neige de façon durable. Le bâti, l'immobilier est là, donc il n'y a plus besoin ou à la marge de construire du bâti neuf à la montagne. Par contre, il y a un besoin énorme de le rénover parce qu'il date des années 70-80, que c'est coûteux, que ça a une contribution. Il y a parfois des passoires thermiques, acoustiques, et donc il y a là-dessus un énorme effort à faire. Et donc on vient, nous, de faire le prototype à Avoriaz, où est né le groupe, sur une de nos résidences. On a fait une isolation thermique par l'intérieur, on a divisé par deux, Du coup, la consommation du bâtiment et donc son empreinte. Ça, on veut le faire partout et donc progressivement rénover notre bâti. Sur des sites nouveaux, ceux-là, on veut en gros à la montagne rénover plus que construire, clairement, et même quasiment plus construire. Sur des sites nouveaux, Center Parks, ce qu'on veut faire systématiquement, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés ayant eu une première vie. Exemple, Terrain militaire, ex-terrain militaire, ex-terrain industriel, donc nos deux derniers parcs répondent à ça, en Belgique et en Allemagne, ancienne friche industrielle, ancienne mine en Belgique, et puis ancien terrain militaire en Allemagne, où on arrive, on redonne une vie à ce terrain, il a déjà été artificialisé, on renature à côté, et puis surtout on préserve l'emploi, on recrée de l'emploi, parce qu'on est un emploi non délocalisable, et là où chacun de nos pays en Europe... perd de l'emploi, industrie, maintenant service, nous on vient pour recréer de l'emploi. Donc c'est ça un peu trois axes clés de notre feuille de route.

  • Eric

    Là vraiment il y a beaucoup d'ingrédients, justement on parle de contact avec la nature, on parle de décarbonation, il y a vraiment beaucoup de potentiel sur ces activités-là. La question que j'aimerais te poser c'est aller sur cet aspect de construction de bâtis, puisque en fait les chiffres c'est 300 sites de grande taille, 46 000 logements, sur les consommations. Là, on parle d'investissement, peut-être sur l'eau aussi. Est-ce que tu vois d'autres leviers ?

  • Franck

    Plein d'autres leviers. En fait, c'est un sujet infini pour nous. L'eau, donc tu l'as cité, c'est clé. Nous, on consomme de l'eau, notamment dans les center parks. Donc on se dit, comment est-ce qu'on peut... avoir une empreinte diminuée sur l'eau. Il y a des expérimentations qui se lancent, des réflexions avec des gros groupes industriels spécialistes du sujet. Peut-être deux exemples. Le premier, c'est dans nos sites, de plus en plus l'eau qui circule à l'extérieur, dans ce qu'on appelle la rivière sauvage. Tous les clients de Center Park se souviennent.

  • Eric

    Je m'en souviens, j'y suis allé souvent en famille.

  • Franck

    Pour toi ou pour tes enfants. Donc la rivière sauvage, c'est de l'eau chauffée qui vous mène par des méandres, c'est très sympa. Mais ça sert dans la journée, la nuit, qu'est-ce que ça fait ? Ça se refroidit, donc il faudrait réchauffer le lendemain matin. Ce qu'on fait, c'est qu'on vide l'eau de ces bassins extérieurs, on la stocke dans d'immenses réservoirs qui peuvent faire jusqu'à 15 tailles de piscines municipales. C'est fermé, stocké, et on réouvre les bassins le lendemain matin, et l'eau, elle n'a quasiment pas perdu de température. Donc on imagine l'économie en eau et en chauffage qu'on fait au travers de ça. Le recyclage aussi des eaux usées dans un center park, s'il y a beaucoup d'eau usée, nous on a 8 millions de clients par an, donc les eaux usées dans un site comme un center parc, un Pierre-et-Vacances, c'est assez important. Plutôt que de l'évacuer dans les réseaux classiques qui ensuite vont être traités sur des installations industrielles, on se dit comment est-ce qu'on peut l'utiliser, cette eau usée, localement ? Pour arroser, on a des espaces verts très nombreux, comment est-ce qu'on peut réutiliser tout ça ? Comment est-ce qu'on peut recycler ? dans le Center Parcs lui-même. Et donc c'est ça qu'on est en train de travailler, en disant comment est-ce qu'on vise à l'amoindrissement de nos consommations, donc énergie, eau, ce sont ça les deux thèmes clés effectivement.

  • Eric

    On s'aperçoit que le terrain de jeu, comme tu dis, il est infini. L'équation peut être hyper intéressante sur les coûts. Il y a sans doute une question d'investissement par rapport à ça. Et tu nous disais que vous aviez déporté tout ce qui était investissement foncier. Comment ça se passe quand on est face à de tels besoins d'investissement ? On sait qu'il faut le faire, mais en même temps le parc il est immense. Est-ce que vous avez une planification ? Est-ce que vous avez une méthodologie ? Est-ce que vous êtes suivi par les investisseurs financiers pour débloquer ce frein ?

  • Franck

    Alors on est suivi par les investisseurs financiers et on a, tu le disais, on a 300 sites et donc avec beaucoup, des milliers de propriétaires, qu'ils soient institutionnels ou individuels, ils sont propriétaires des actifs. Un actif, ça se mesure à sa valeur. Valeur économique, mais aussi valeur dans le temps. Et ce qu'on sait, c'est que si un actif ne répond pas aux obligations actuelles ou futures d'un point de vue consommation, il va perdre en valeur. Donc, ils sont éminemment conscients du fait qu'il va falloir travailler sur l'actif pour le rendre conforme à la réglementation 2030, mais aussi 2040, 2050, qu'on voit venir progressivement. Donc, d'abord, nous, on mène ce travail de pédagogie pour partager avec tous nos propriétaires les obligations actuelles et à venir, montrer que l'équation économique, elle n'est pas... antinomique avec l'équation environnementale. Au contraire, le cas de la résidence de Capella à Avoriaz, ce que je citais, est le très bon exemple parce qu'on consomme moins aussi en même temps. Donc nous, en tant qu'opérateurs, on se porte mieux. La valeur de l'actif est réévaluée. Donc c'est vraiment un investissement gagnant-gagnant. Par contre, tu l'as dit, il faut investir au départ. Et donc il faut planifier, il faut anticiper. Il faut qu'il y ait aussi une rentabilité. Et c'est ce qu'on est en train de voir sur certains de nos center parcs. en installant du photovoltaïque sur le site, donc à la fois des ombrières et puis une ferme photovoltaïque à Village Nature, qui est notre center park près de Disney à Marne-la-Vallée, on voit qu'on va être capable de générer un tiers de notre consommation d'électricité. On avait déjà de la géothermie là-bas, on va puiser à 2 km sous terre, et donc ce qui nous restait, on était en consommation électrique, il y en a un tiers qu'on bascule avec du photovoltaïque. Et donc on montre que l'équation... économique et environnementale, elle est largement compatible. Pour ça, il faut investir, mais c'est la vie d'investir et de ne pas s'arrêter. Donc voilà, on est vraiment dans cette phase-là. On parle de montants qui sont des montants importants. L'avantage pour tous les propriétaires pour nous, c'est qu'on sait que nous, on n'est là pas pour deux ans, pour cinq ans. On est là pour 20 ans, 30 ans, 40 ans. Donc la rentabilité de l'investissement... Elle peut être calculée vraiment sur ces gros horizons de temps.

  • Eric

    Et vous faites tourner les actifs énormément avec des taux de remplissage qui sont élevés. Donc les réductions de consommation, ça chiffre très très vite.

  • Franck

    Exactement, il y a un effet volume qui tout de suite est visible.

  • Eric

    Merci pour tous ces exemples. J'aimerais qu'on parle du projet d'entreprise, puisqu'en fait on parle toujours dans l'économie régénérative de prendre soin de toutes les parties prenantes. Par rapport aux clients, bien sûr qu'ils sont une grande partie prenante, Ce projet, est-ce qu'il est ressenti, cette réinvention ? Est-ce que vous avez peut-être des chiffres de satisfaction et d'adhésion à ce projet du groupe ? Et puis aussi sur la partie prenante des employés, de tout le staff, à tes côtés, est-ce que tu sens qu'il y a une adhésion aussi à ce projet d'entreprise ?

  • Franck

    Oui, alors des deux côtés, on sent l'adhésion. C'est palpable d'un point de vue chiffré, d'un point de vue consommation pour les clients, engagement pour tous nos collaborateurs. Côté client... Avec ce projet réinvention, on a modernisé notre parc, on a vraiment fait primer l'expérience client, une expérience de qualité, attentionnée, personnalisée. Concrètement, la satisfaction de client a gagné 20 points en 3 ans, au moment où notre chiffre d'affaires, lui, gagnait à peu près 30%. Donc souvent, on nous dit, avec un chiffre d'affaires en hausse comme ça, attention, quelle est la limite, est-ce que ça passe, l'élasticité ? Non. En fait, le produit n'est plus du tout le même, l'expérience client n'est plus du tout la même. Je pourrais te citer plein d'exemples. Un seul, notre Center Parcs qui est près des châteaux de la Loire, Haute-Brouillère, on a investi avec les propriétaires 65 millions il y a six mois maintenant. On l'a fermé pendant deux mois. C'est comme si on avait ouvert un Center Parcs neuf. Les clients fidèles, et on en a beaucoup au Center Parcs, sont revenus en disant « mais je le reconnais à peine » . Donc on a vraiment changé tout ça et on a mis l'aspect nature, localité, ouverture aux acteurs locaux, aux richesses locales, au cœur de la promesse de l'offre qu'on fait. Et donc ça marche, ça marche pour Center Parc, Pierre et Vacances, je l'ai dit, ça marche pour Maéva, qui a beaucoup de campings ou de résidences de particuliers. Et donc l'attention de l'hôte qui accueille un invité, c'est important. Dans un camping, ne pas faire n'importe quoi avec les ressources rares, c'est clé. On a aussi Adagio qui fait du tourisme urbain. Consommer la ville autrement, c'est quand même fondamental. Les clients ne sont pas tous, comme on pouvait l'entendre il y a quelques années, on a tous des images en tête des prédateurs qui viennent, font rouler leur valise sur les pavés parisiens, ne consomment pas local. Non, nous on leur dit il faut consommer local, regarder où vous mettez les pieds, ce quartier, les bons plans, les acteurs. Donc côté client, les chiffres le montrent, en consommation et en satisfaction. Côté employé aussi. La meilleure preuve, c'est le taux de rotation de nos employés. Ils nous sont très fidèles et ils adhèrent vraiment à ce projet. C'est la première question de nos nouveaux employés, la question du sens et de ce qu'on fait pour la société et pour l'environnement. J'ai beaucoup parlé d'environnement. Si je parle un peu de sociétal, nous, on croit beaucoup au fait aussi d'aider des familles en difficulté et des familles qui n'auront jamais les moyens de se payer un séjour dans l'un de nos sites. Donc, on a une fondation qui est en place depuis cinq ans. et qui a aidé du coup 15 000 familles en difficulté parce que la vie les a pas aidées, soit pendant la vie, soit au début de la vie, les a pas aidées et qu'ils ont été marginalisés, que jamais ils pourront aller en vacances. Donc 15 000 familles sont parties en vacances gratuitement avec nous. On aide des associations aussi qui accompagnent les familles fragilisées. Donc ça c'est le volet famille. Il y a un volet mixité chez nous qui est très important. Et puis si je parle de handicap, on a pris l'habitude au siège du groupe, dans le 19e arrondissement, de faire appel systématiquement, un ESAT, donc un établissement qui emploie des travailleurs handicapés en situation de handicap, dès qu'on avait besoin de faire une réception et d'organiser de la logistique, de commander des viennoiseries, d'organiser aussi, de commander du mobilier, on fait tout ça, on a le réflexe de dire comment est-ce qu'on peut faire différemment pour être plus utile à la société. Et donc ce projet-là, les employés du groupe y adhèrent et ils y adhèrent, là c'est le A de authenticité, authenticité, parce que pour le coup... Il n'y a pas ce que raconte le groupe en externe et ce qu'il fait en interne.

  • Eric

    On voit la congruence de ce plan révention sur toutes les parties prenantes. Peut-être une question avant de basculer sur une prise de hauteur sur le secteur du tourisme en général. Est-ce que tu as des zones de doute encore ou des endroits dans ce plan qui est à 360 ou tu te dis tiens là il faut aller regarder ou là je ne suis pas sûr, je n'ai pas tout aligné. C'est quoi ? Est-ce qu'il y a des aspérités ? ou finalement tu as l'impression que vous arrivez à cocher maintenant toutes les cases ?

  • Franck

    Non, on ne coche pas toutes les cases. On a fait beaucoup, beaucoup de travail, c'est sûr. Mais maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention ? Comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin ? Et donc le sujet, par exemple, régénératif, pour nous, est un sujet clé. Il nous a mis la barre très, très haut. J'ai dit, pour tous nos développements, on veut redonner vie à des sites. Mais comment est-ce qu'on redonne vie à de l'emploi local, des déserts complets, des déserts d'emploi complets ? Il n'y a plus de vie dans certains quartiers, dans certaines zones, dans certaines régions françaises. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte avec un projet qui répondrait aux besoins locaux en matière de consommation des enfants, d'éducation, sportif. Je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement. Et donc, on voit que là, ça aurait une autre portée encore. On est encore dans une dimension, et c'est normal, assez commerciale. Et donc, on va chercher où souhaite aller le client, ce qu'il souhaite consommer. Voilà, il y a une étape un peu ultime. Je ne sais pas si on y arrivera un jour, mais qui serait un peu l'aboutissement de notre vision, même si on fait déjà... Pas mal de choses parce que là où on fait du développement, j'ai dit comment on le faisait, j'ai pas dit où on le faisait géographiquement. On essaie de le faire dans des zones où il y a aujourd'hui pas forcément beaucoup de tourisme et de touristes. Et donc on ouvre aussi des champs pour les clients pour dire allez dans ces zones-là, allez voir. Et on le voit dans les consommations maintenant cet été. Normandie, Bretagne ont beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. La montagne l'été a beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. Donc nous on essaie d'aller pas forcément là où il y a déjà... plein plein de monde qui se massent.

  • Eric

    O ui, alors justement, merci. On va maintenant peut-être échanger sur le secteur du tourisme et aussi dézoomer, aller au niveau mondial. C'est vrai que parfois, on peut se poser la question, on voit de plus en plus d'hypertourisme et des pays qui se sont ouverts. Si on prend l'exemple de la Chine, en fait, énormément de touristes en plus, d'ailleurs en local, au niveau international aussi. Et parfois, on se dit que c'est vraiment compliqué puisqu'il y a un enjeu démocratique. d'un côté, et puis un peu une aberration écologique de l'autre. Est-ce que toi, par rapport à ça et dans la filière, cette question de l'hypertourisme et cette ligne de crête, c'est un sujet que vous abordez ? Est-ce qu'il y a des limites à poser par les pouvoirs publics ? Comment tu vois ce danger de l'hypertourisme ?

  • Franck

    Alors, d'abord, le tourisme, c'est une des valeurs clés, une des sources de création de valeurs clés dans le monde. Je dirais un petit 10% du produit national brut en moyenne dans chaque pays, c'est fondamental. Il y a 1,4 milliard de touristes chaque année. Il y en a d'ailleurs 700 millions qui vont en Europe. Ça peut être des Européens qui sont en Europe. Mais chaque année, l'Europe attire la moitié du tourisme mondial. Pour l'Europe, pour la France, qui n'est pas loin des 100 millions, c'est une ressource fondamentale. Si on devait s'en séparer, ce serait un appauvrissement énorme.

  • Eric

    Et c'est deux fois plus de croissance sur la croissance PIB tourisme que la croissance mondiale. Donc c'est aussi un secteur qui a beaucoup de potentiel.

  • Franck

    Qui se développe 4-5% par an, chaque année. C'est aussi un secteur où on peut rentrer sans forcément beaucoup de formation, beaucoup de bagages et grimper les échelons pour devenir directeur d'un site, directeur d'un pays. On le voit chez nous, clairement. Donc il y a un vrai ascenseur social qui se fait. Et puis c'est surtout le tourisme, c'est la rencontre des gens. C'est la découverte des lieux, c'est vraiment la richesse culturelle, c'est l'ouverture. Et on l'a vu pendant le Covid, quand on s'est tous refermés, on ne pouvait plus voyager, on s'est tous appauvris. Et donc le tourisme, c'est la vie. Donc ça, il faut vraiment garder ça en tête, parce que sinon, on est dans une société où chacun se referme, les continents se referment sur eux, ne se connaissent plus, ne discutent plus, et on voit ce que ça peut créer. Et donc le fait de brasser les cultures, les différentes nationalités, c'est fondamental. Ensuite, il faut le faire... Avec cette nouvelle prise de conscience qui dit, mais évitons de tout faire au même moment, au même endroit. Et en fait, c'est aussi simple que ça, c'est qu'on a la chance dans le tourisme, si je prends l'exemple de la France, on a les sites du littoral, les sites de la montagne, on a la campagne, été, hiver, week-end, semaine. Donc selon si vous êtes étudiant, travailleur, en situation active, retraité, en fait... on peut, chacun peut trouver son compte, c'est-à-dire son endroit, au moment qui lui convient le mieux, pour étaler dans le temps et l'espace le tourisme. Et ça, en fait, c'est exactement ce qu'il faut faire. Moi, je crois beaucoup à l'exercice de régulation fait par les acteurs locaux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes voient bien l'intérêt pour eux, pour la préservation de leur site, et puis l'expérience des clients qu'ils accueillent, qu'il y a tout intérêt à réguler, et donc il y a des façons très faciles de le faire. D'abord, ça concerne... très très peu d'endroits, au final on en parle beaucoup, mais ça concerne quand même très très peu d'endroits et de moments. Et donc sur ces phénomènes de pointe, en fait il faut réguler de façon très simple avec une appli qui dit, bon ben voilà, il faut juste réserver, c'est pas pour ça que c'est payant. Sur des sites naturels, on a vu ça, Calanque, Mont-Saint-Michel, etc. De dire, en fait on régule, mais c'est pour le bien de tout le monde. Le bien du client, franchement, aller dans un endroit où vous pouvez pas mettre un pied devant l'autre, ça n'a... aucun intérêt et donc le client préfère 100 fois ne pas y aller que d'y aller en étant dans une masse. Mais une fois encore, c'est quand même un épiphénomène. C'est-à-dire que cette concentration sur un lieu à un même moment, on en parle beaucoup, mais c'est très très rare. Et donc il y a des moyens de réguler très simple. Et c'est fait par qui ? Par les acteurs locaux. Et là-dessus, c'est l'intelligence du client qui est encore récompensée.

  • Eric

    Oui, et puis ça peut se faire aussi cet étalement, cette diversification des activités sur un centre lui-même, comme tu parlais de Center Parcs où tout le monde n'a pas forcément besoin d'être à la rivière sauvage au même moment. S'il y en a qui font le parcours biodiversité à ce moment-là, ça permet d'étaler les expériences et justement d'éviter cet effet de foule qu'il peut y avoir sur certains sites.

  • Franck

    On n'a aucun intérêt à ce que tout le monde se presse au même moment dans un même lieu et donc c'est pour ça qu'on a aussi créé en moyenne 50 activités par Center Parcs. C'est pour diversifier les occasions de consommation selon les goûts, les envies des clients. Et donc, on les oriente aussi dans le discours, effectivement. Prendre un autre exemple, la montagne l'été, j'en ai parlé. Les vacances d'été, on voit que août reste quand même sacré, mais il y a une forme de basculement avec un juillet qui a tendance un peu à baisser et un mois de septembre qui, lui, a tendance à augmenter. Donc ça, c'est plutôt pas mal pour l'expérience touristique.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qu'on se pose souvent aussi sur d'autres secteurs. Est-ce qu'on attend que le régulateur... mettent en place les normes ou les fiscalités pour, ou est-ce que finalement les acteurs eux-mêmes mettent en place ces nouvelles visions, ces réinventions, et finalement quand ça part du terrain, en général ça reste plus longtemps et c'est plus smart. Alors justement peut-être, on parlait tout à l'heure de tourisme responsable, et tu disais finalement que le Graal ou la vision était peut-être ce tourisme régénératif. Essayons d'aller l'évoquer, qu'est-ce que tu y mettrais, régénération ? Social, régénération des écosystèmes naturels, la régénération pour toi appliquée au tourisme, ça prendrait la forme de quoi ? Qu'est-ce qu'il faut aller chercher en plus pour aller jusque là ?

  • Franck

    Alors peut-être deux mots pour répondre à ça que je vais développer. Je dirais local et puis ensuite seconde vie. Local, c'est quoi ? C'est qu'il faut qu'on raisonne local. Emploi local. Quand on ouvre un center parc... Quand on ouvre une résidence Pierre et vacances, on a un souci absolu d'employer localement. Et donc plus de 90% des nouveaux employés, un center park c'est 300, 400 emplois permanents, donc c'est important, c'est souvent le second employeur du département. On cherche de l'emploi local, parce que c'est clé pour les territoires, et ça ne sert à rien d'aller créer des flux un peu artificiels. d'enlever de la population de certains territoires, en mettre ailleurs. Et donc c'est pour ça qu'on recherche aussi un vrai projet politique, au sens noble du terme, avec les élus, les responsables associatifs, économiques, écologiques, pour dire comment est-ce qu'on crée de la vie localement. Il y en avait avant, et puis elle a disparu, pour une raison ou pour une autre, parce que les usines ont fermé, que les sites militaires ont fermé. Donc comment on en recrée ? Donc emploi local, approvisionnement local aussi.

  • Eric

    On n'a pas parlé de nourriture, mais c'est fondamental.

  • Franck

    Donc là, c'est clé pour nous d'avoir une boucle d'approvisionnement locale et d'expliquer d'où ça vient, qui est l'agriculteur, le producteur derrière la viande, le fromage, les légumes qu'on montre, de l'incarner, de les faire venir aussi. Donc dans tous nos centres de repas, on a un marché qui est un marché quotidien où on leur donne l'occasion de venir raconter leur histoire, leur site, montrer leur production et puis la vendre. Parce qu'évidemment... Les clients sont ravis de pouvoir ramener chez eux des choses qu'ils ont consommées localement. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de tout partout. Et en fait, il n'y a aucun problème à ça. Parce qu'il y a des endroits où il n'y a pas naturellement les mêmes fruits qu'ailleurs. Et donc, on ne va pas aller, si je donne des exemples, on va mettre beaucoup plus de melons dans le sud que dans nos sites du nord. Et on va expliquer pourquoi. Et inversement, on va mettre en avant d'autres types de fruits et légumes dans le nord. Mais encore faut-il le dire. Donc local, ça c'est le premier point. et alors seconde vie. La seconde vie, je parle de la forêt, je parle de la biodiversité, je parle des insectes, je parle du sol. Là, le but et là-dessus, on n'y est pas encore. Clairement, là-dessus, il faut être très sincère. Le but, c'est de dire comment est-ce qu'on re-nature, on donne une seconde vie, c'est-à-dire qu'on a une forme de photo T0 de l'état du site tel qu'on le prend. En disant dans 10 ans, dans 20 ans, on voudrait que l'état des sols et donc la cartographie, la carte d'identité du site soit meilleur que quand on l'a pris. Parce qu'on fait revenir des espèces, parce qu'on replante, parce qu'on cultive. Et l'avantage qu'on a c'est qu'on est souvent sur des espaces très importants. 150-200 hectares et donc on a moyen de faire ça seul ou en partenariat avec l'ONF et on l'a fait sur des sites Pierre et vacances, des villages Pierre et vacances par exemple. Donc c'est ça un peu le but ultime, local, seconde vie et on voit qu'au travers de ça, il y a ceux qui vivent toute l'année autour de nos sites qui ont une importance fondamentale. Et moi je pense très essentiel que le touriste rencontre. qu'il y ait des moments où ils se rencontrent, mais pour de vrai, qu'ils discutent, qu'ils se connaissent, qu'ils se découvrent. Tous les acteurs locaux, parce qu'ils ont tous des histoires à raconter, un passé. C'est eux qui savent raconter la vie qui est sous le sol que foulent nos clients. Donc c'est ça le projet ultime.

  • Eric

    Il peut être aussi le patrimoine qu'il peut y avoir en dehors de ces 150 hectares. Puisqu'en France notamment, on a un patrimoine culturel, architectural assez incroyable. Et il pourrait y avoir un facteur d'isolement. de tout rester dans le club. Tu penses qu'il y a aussi un potentiel d'ouverture par rapport à ça sur le territoire ?

  • Franck

    Évidemment. Et nous, on pousse les clients à sortir du Center Parcs. Jusqu'à il y a 5 ans, pas mal de clients nous disaient « Mais on a le droit de sortir du Center Parcs quand on est entré ? Est-ce qu'on a le droit de sortir avant la fin de son séjour ? » Évidemment, on a le droit, mais on a en plus vraiment un énorme intérêt, bénéfice à sortir. Donc pour ça, qu'est-ce qu'on fait ? On montre toutes les richesses culturelles, patrimoniales. qu'il y a autour du Center Parcs à nos clients, avant son séjour, pendant le séjour. Donc il y a dans chacun de nos parcs un point d'information touristique, de la région, du département, de l'agglo, pour renseigner et inciter à aller visiter. Quand ils sont à Haute-Brouillère, je disais tout à l'heure, il y a tous les châteaux de la Loire. Quand ils sont en Moselle, il y a un magnifique zoo à 10 km. Franchement, c'est magnifique. Donc il faut faire ça. Pourquoi ? Parce que quand ils font 500 km ou 400 km pour aller sur ce site, c'est dommage de réduire le séjour à Center Parc, de ne pas faire les trois derniers kilomètres. Et puis, on ouvre aussi, on fait en sorte que nos Center Park soient maintenant au croisement de pistes cyclables et d'itinéraires cyclables. On propose beaucoup l'allocation de vélos et on l'offre souvent d'ailleurs pour dire, regardez, prenez un vélo, donc vous venez, vous laissez votre voiture, vous prenez un vélo et vous allez itinérer autour des Center Parcs dans les sentiers naturels, balisés. pistes cyclables et vous allez découvrir tous les endroits vallonnés qui peuvent être autour de chez nous. Donc ça c'est fondamental de les ouvrir et de ne surtout pas être fermé sur nous-mêmes.

  • Eric

    On va aller tout doucement vers un des grands enjeux de l'entreprise régénérative autour des questions de leadership et de gouvernance. On peut sentir ton style de leadership dans cette conversation, mais peut-être si on prend du recul et avec les différentes expériences que tu as eues, comment tu qualifierais ton style ? de leadership et est-ce qu'il a évolué ces 4-5 dernières années ?

  • Franck

    Je le qualifierais, finalement, dans ton acronyme CAP, tu as pas mal résumé. Donc à la fin, dans CAP, oui, courageux, pragmatique, c'est fondamental. Je pense que ce qui est le plus fondamental aujourd'hui, c'est vraiment qu'il soit authentique. On doit être exigeant quand on est un patron d'entreprise, mais il faut être authentique. Il faut parler et raconter son entreprise au client comme on la manage en interne. Il faut l'idée... par l'exemplarité. On ne peut pas avoir de son de cloche en mode, voilà ce qu'il faut faire et voilà ce qu'on applique. Il faut savoir dire aujourd'hui, en 2025, qu'on ne sait pas tout. Je sais vraiment de moins en moins de choses, tant que Franck Gervais, sur des sujets nouveaux comme l'intelligence artificielle générative. Donc j'essaie de combler mes lacunes comme tout le monde. On est là-dessus, on essaie d'y bosser à fond, mais il faut avoir l'humilité de dire d'autres savent nettement, mais nettement mieux que moi. Ce qu'on attend, c'est quoi ? C'est de donner le sens. Le cap, de le garder avec cohérence, de prendre des décisions, des décisions courageuses, des fois des décisions difficiles, mais qui vont toujours dans ce sens de la cohérence, donc prendre des décisions. Rien de pire pour un dirigeant si ce n'est pas prendre des décisions. Franchement, aujourd'hui, avoir le spectre des solutions, des IA génératives le font mieux que nous. Donc prendre des décisions et puis se poser, se remettre en cause, s'ouvrir à l'écosystème, ça peut être des concurrents. Ça peut être d'autres secteurs, des spécialistes, comme toi, dans l'environnement, dans l'économie, pour dire comment est-ce qu'on se remet en cause, comment est-ce qu'on va toujours plus loin. Mais à la fin, c'est l'authentique. Et je pense que j'ai parlé de satisfaction de client. La satisfaction des collaborateurs chez nous a aussi gagné à peu près la même chose, 15-20 points ces trois dernières années, parce que les gens se lèvent le matin. Alors, ils restent parfois chez eux encore. On a encore un peu de télétravail. Mais ce qu'on voit, c'est que quand même. Le fait de se retrouver autour d'un projet, de créer, de construire une direction, de douter, de se remettre en cause, ça, la créativité, elle se fait quand même physiquement dans un lieu qui est un vrai lieu de vie sociale, qui est le lieu de travail. Et on fait, nous, moi je pense, un des plus beaux métiers du monde. Vendre des vacances et vendre des séjours touristiques, franchement, il y a pire.

  • Eric

    On procure des sourires quand on est dans le tourisme.

  • Franck

    Oui, nous c'est un de nos baromètres.

  • Eric

    Et des expériences inoubliables, donc c'est vrai qu'il y a cet engagement. Et peut-être sur le pendant du leadership, la gouvernance, l'organisation, est-ce qu'il y a aussi eu des choses qui ont évolué sur les prises de décisions, sur discussion avec les instances du personnel ? Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu travailles ?

  • Franck

    Oui, là-dessus, il y a l'élément de transparence qui est clé et l'élément aussi de responsabilisation. Sur la transparence, comme on a vécu des périodes un peu difficiles, je le disais il y a 4-5 ans, c'était essentiel de dire où on en était, où on allait, y compris quand on ne savait pas trop où on allait, mais de dire là on ne sait pas trop, mais dans un mois on saura, mais voilà où on en était, les faits, les éléments factuels. Et là-dessus, je crois aussi que je suis convaincu que tout le monde est responsable. Les représentants des employés, les représentants syndicaux, on a un dialogue, mais on ne peut plus mature, adulte avec eux. Franchement, on voit exactement la même chose avec un prisme un peu différent parfois, mais le constat, il est vraiment très, très souvent partagé. Et l'aspect de responsabilisation, c'est que moi, je crois beaucoup au fait de décentraliser, d'abaisser le centre de gravité. Je suis peu... fan de tout gouverner par le haut. On l'a pas mal fait il y a 4 ans parce qu'il fallait remettre les choses d'équerre. Je l'ai dit sur la direction stratégique, le business model, la rentabilité. Donc il a fallu pas mal reprendre la main par le haut. Mais les initiatives, les bonnes idées, une fois que le cap est donné et que les limites gauche et droite sont données sur le champ d'expression, le champ de liberté, la vraie créativité elle est locale. Et donc on donne vraiment nous la carte blanche. à tous les acteurs locaux, les patrons de sites, mais tous leurs employés, et puis au-dessus, les patrons opérationnels, les patrons de business, pour laisser libre cours à leur créativité. Ils connaissent mieux que moi leurs marques.

  • Eric

    Est-ce qu'il y a peut-être un exemple récent que tu pourrais nous donner, une prise de décision, quelque chose qui est né du terrain, qui t'a surpris, et tu t'es dit, tiens, abaisser le centre de gravité, ça confirme que c'est la meilleure voie à donner ?

  • Franck

    Alors il y a celui des parcours rangers dont je parlais tout à l'heure, c'est vraiment une idée qui est née sur le terrain et d'une personne en particulier dans un de nos parcs, en disant il faut faire des parcours au cœur de la nature où des spécialistes du sujet accompagnent pendant une heure, une heure et demie les clients. Et donc ça on l'a généralisé dans tous nos center parcs, donc franchement c'est une très très très bonne idée. Puis une autre idée qui est venue du local, et puis finalement à la fin on s'est dit mais... Ça, pourquoi est-ce qu'on ne généralise pas ? C'est la fidélisation, là je vais basculer chez Pierre et Vacances, la fidélisation des saisonniers. On emploie jusqu'à 1000 saisonniers sur une période d'été et donc on s'est dit, mais en fait, plutôt que de prendre des saisonniers l'été, de prendre d'autres saisonniers l'hiver, de les reformer l'année d'après pour l'été, puis pour l'hiver, pourquoi est-ce qu'on n'a pas une politique de fidélisation de nos saisonniers ? 1. On les loge. 2. On les forme. 3. On leur propose, dès que possible et dans plus d'un cas sur deux, des contrats en CDD ou CDI. Alors après, ils peuvent souvent ne pas vouloir parce que c'est aussi une autre forme de liberté que d'être saisonnier. Mais donc voilà, ça, c'est quelque chose qui est né localement en disant mais on ne va quand même pas refaire à chaque fois le travail de formation de nos personnels qui accueillent nos clients qui viennent dans nos résidences au ski parce qu'on répète X fois la même chose. Donc pourquoi est-ce qu'on ne les reprend pas ? Et donc ça, c'est quelque chose qui est né localement.

  • Eric

    OK, on va vers les dernières questions de cette conversation. On dit souvent à la CEC que ce qu'on essaie d'apporter dans le monde économique, c'est cette pensée régénérative. Et pour essayer de rendre ça le plus simple possible, puisqu'on s'aperçoit que c'est multifacette, est-ce que tu pourrais te prêter à l'exercice d'expliquer en quelques phrases à un enfant de 10 ans, c'est quoi une économie régénérative ?

  • Franck

    Une économie régénérative, c'est une économie où on se pose systématiquement l'intérêt, l'opportunité d'aller réutiliser l'existant, le transformer pour lui donner une nouvelle vie, et le ré, où on se pose deux fois, trois fois, dix fois la question de l'intérêt réel à aller détruire des ressources naturelles pour créer quelque chose à valeur ajoutée. Voilà, il faudrait faire le test sur un enfant de 10 ans. Peut-être que c'est plus pour un enfant de 15 ans, c'est à dire. Voilà, c'est ma réponse.

  • Eric

    Une dernière question sur le moment qu'on est en train de vivre. Tu l'évoquais très rapidement au début de la conversation, au niveau géopolitique et qu'on va qualifier de le backlash qu'il peut y avoir sur la science, la science du climat, l'écologie. En ce moment, on sent qu'il y a eu un revirement avec l'élection des Etats-Unis l'année dernière. Et par rapport à ce moment de l'histoire, comment toi tu vois les choses ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose de durable ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui peut être un soubresaut d'un ancien paradigme ? Parce qu'on est en route vers un nouveau paradigme. Quelle est ta lecture des choses à ce moment un peu particulier de l'histoire ?

  • Franck

    Dans le moment actuel, on va dire depuis deux ans, moi je suis quand même atterré et complètement bouleversé de ce qui se passe. Pourquoi ? Parce que la générosité, l'ouverture au prochain, l'aide qui n'est pas conditionnée par un retour, l'entraide, le partage, tout ne se résume pas à l'intérêt économique transactionnel d'un pays. Donc je suis atterré, littéralement atterré de ce qui se passe, du côté belligérant, du côté brutal. qui fait que des hommes et des ressources passent au dernier plan face à des enjeux d'intérêt très égoïstes. Après, j'ai l'espoir que c'est un épiphénomène lié à des dirigeants qui sont actuellement en poste dans les différents pays en cours, Russie, Etats-Unis en tête. Mais quand même, je vois aussi que des sujets qui étaient clés, fondamentaux, sur lesquels on a réussi à embarquer tout le monde. des sujets où on se dit ok, on a une vraie conscience pour les futures générations sur ce qu'on fait, des actes responsables. Et donc là je parle d'international mais je parle aussi de ce qui se passe d'un point de vue national en ce moment. Je constate quand même qu'on a cette facilité à aller trouver chez le voisin la solution et le fait d'aller regarder dans l'assiette du voisin, là où chacun devrait d'abord faire l'effort lui-même, venir en aide à son voisin. Et je trouve que du fait de certains dirigeants devenus hyper puissants et avec des armes de négociation immenses, il y a quand même un ruissellement dans les comportements de chacun qu'on voit jusqu'en France aujourd'hui. Donc espoir, mais quand même, je vais appeler ça une forme de doute, dans ce qu'on voit tous les jours. Et donc il n'y a pas d'autre solution que de dire chacun à son niveau fait les efforts. entreprise, individu, il ne faut pas renoncer.

  • Eric

    On va se quitter là-dessus, ne pas renoncer, ne rien lâcher alors qu'on a l'impression qu'il y a des choses qui se délitent. Mais ce que tu fais, ce que vous faites dans l'entreprise, c'est du réel, c'est sur le terrain. Et puis, je voulais te remercier pour le courage de ce que tu as fait. Tu en es l'incarnation dans les 4 dernières années. L'authenticité de cet échange et puis effectivement le pragmatisme. Tu nous as donné une bonne quinzaine d'exemples, hyper concrets. Donc ça, ça va aider tout le monde à avancer. Courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

  • Franck

    Merci beaucoup.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

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Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Franck Gervais, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général du Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, leader européen du tourisme de proximité. Ensemble, ils explorent les trois axes structurant leur feuille de route : la décarbonation des activités, la reconnexion à la nature et sa préservation, et le développement raisonné. Franck partage des exemples concrets pour chaque domaine, comme le changement du mix énergétique ou la création de parcours biodiversité dans tous les Center Parcs.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Franck

    J'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous. Sur des sites nouveaux, Center Parks, Ce qu'on veut faire, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés, ayant eu une première vie. Maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention, comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte, avec un projet qui répondrait aux besoins locaux, je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. On parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de Cap Regen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires, pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref... plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Franck.

  • Franck

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Franck, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage quand on est dirigeant et qu'on veut transformer son entreprise. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et puis le pragmatisme pour être le plus concret possible. Pour essayer de donner les contours de cette nouvelle économie. Voilà les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Franck, CAP ou pas CAP ?

  • Franck

    CAP, ça me va très bien.

  • Eric

    On va parler un peu de toi Franck, tu es diplômé de l'école polytechnique, tu as fait l'essentiel de ta carrière dans le domaine du transport et du tourisme, en dirigeant notamment Thalys et voyagesncf.com. En 2017, tu deviens PDG Europe du groupe Accor, et en 2021, tu deviens directeur général du groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Et tu as participé à la toute première édition de la CEC en 2021-2022. Alors une première question pour se lancer, est-ce que tu peux nous parler d'un lieu de nature dans lequel tu aimes bien te ressourcer ?

  • Franck

    Je vais donner deux réponses. Le premier c'est la Bretagne. On a la chance d'avoir une petite maison là-bas et donc dans un coin magnifique du Finistère qui est un vrai lieu authentique, le A de Cap. Donc voilà qui a été... préservé, magnifique, au cœur de la nature. Et puis le deuxième, forcément coup de cœur, je vais citer un Center Parcs, le Center Parcs des Landes de Gascogne. C'est le dernier qu'on a ouvert en France, entre Bordeaux et Toulouse, et qui est magnifique, au cœur de la forêt des Pins. Et donc, petits et grands, si ressourcent vraiment.

  • Eric

    On va parler maintenant de tourisme responsable. On va essayer de parler aussi de tourisme régénératif. Et on va essayer d'aller jusque-là. Mais pour commencer, est-ce que tu pourrais nous décrire ton entreprise ? en deux trois phrases.

  • Franck

    Donc le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, il comporte quatre marques Pierre et Vacances Center Parcs, Maéva et Adagio. On est un groupe français, mais on est leader européen du tourisme de proximité. Qu'est-ce que c'est que le tourisme de proximité ? C'est un tourisme où les clients vont à 300, 500 kilomètres de chez eux pour rejoindre le lieu de tourisme et donc on est présent dans cinq pays essentiellement et notre clientèle est vraiment très locale, comme je le disais. Et la caractéristique de nos quatre offres, c'est de proposer des expériences qui soient à la fois inoubliables pour les familles, et on a une clientèle très très familiale, inoubliable, c'est quelque chose qui les marque très longtemps. Et le deuxième point, ce sont des expériences qui reconnectent à l'essentiel et qui déconnectent de tout ce qui nous pollue tous les jours, dont ce smartphone qui est un vrai fil à la patte. Donc on est déconnecté de tout ça. Tout type de pollution pour se reconnecter à deux choses essentielles, ses proches, la famille essentiellement, et la nature. Donc c'est le groupe qui fait 2 milliards de chiffre d'affaires, qui emploie 13 000 employés, et qui est un groupe magnifique, fait de marques authentiques.

  • Eric

    Maintenant on va faire un petit retour en arrière. Tu es arrivé directeur général de ce groupe en 2021, dans un contexte ultra difficile. C'était encore le Covid et puis c'était l'année post... Post 2020, comment ça s'est passé cette arrivée dans ce groupe-là, à ce moment-là ?

  • Franck

    Donc là c'est le C de Cap Courage, je pense, qui vient. C'était honnêtement pas facile, c'était un vrai défi, un vrai challenge que d'arriver à la tête du groupe en janvier 2021. Donc moi, comme tu l'as dit, j'arrivais du groupe Accor, magnifique groupe où j'étais patron de l'Europe, dans une position de confort, non pas qu'il n'y avait pas de boulot, il y avait plein de choses à faire, mais en tout cas, c'est un grand groupe installé, qu'il n'y a pas de problème de trésorerie, pas de problème de... qui a peu de gros problèmes et le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, lui, il avait depuis 10 ans pas mal de problèmes. Problèmes de business model, problèmes de rentabilité, problèmes de performance, problèmes de génération de trésorerie, pas assez de développement. Et le Covid, à partir de mars 2020, l'a complètement mis par terre. Donc ça a été vraiment le coup pré-final. Ce qui fait que quand moi je suis arrivé, on était dans une situation de quasi-faillite pour le groupe. Et donc on était dans une situation de tout tenter, tous, les employés, les actionnaires, nos propriétaires, nos créanciers, tout le monde, de tenter la survie. Il y avait une petite chance que ça marche, peut-être 15% de chance que ça marche et il y avait 85% de chance que... Ça échoue et donc on a vu beaucoup de disparitions post-Covid de groupes, soit des groupes qui ont été démantelés ou des groupes qui ont complètement disparu avec des plans sociaux, des gens qui ont été mis au chômage en licenciement économique. Et nous on a tout fait, ça a duré deux ans, on s'est battus comme des chiens pour résister en disant ce groupe mérite de subsister, mérite de survivre et donc on va le projeter et on va le réinventer. Et c'est là qu'on a créé, mis en place le plan Réinvention qui depuis a été pris par pas mal de gens. Je n'en ai pas du tout la propriété, mais en tout cas, je pense qu'on était un des premiers à le prendre. Et on s'est dit, pourquoi réinvention ? Parce qu'il faut réinventer le groupe, sans tout détailler. Mais avant, on était d'abord un promoteur immobilier, historiquement, en 1967. On a choisi d'arrêter ça et de devenir un exploitant touristique, mais qui ne fait plus de promotion immobilière. Ça a par ailleurs plein d'avantages sur le sujet dont on va parler, qui est l'empreinte sur l'environnement, les territoires. Donc ça c'est un exemple de... réinvention du groupe. Mais on s'est dit, ce groupe doit incarner la réinvention du tourisme. Parce que le tourisme change depuis 20 ans, essentiellement. Ça s'est accéléré du fait du Covid. Les gens partent moins longtemps, moins loin, et plus souvent, avec une conscience de leur voyage beaucoup plus développée et une envie d'aller découvrir des choses, d'apprendre. Et donc, le côté je franchis l'Atlantique ou le Pacifique pour aller bronzer sur une plage pendant une semaine. Ça, c'est à peu près fini. Donc nous, on a voulu incarner cette réinvention du tourisme.

  • Eric

    Alors, comme disait Churchill, il ne faut jamais perdre l'opportunité d'une bonne crise pour se réinventer. C'est visiblement ce que vous avez fait. On va en parler, et justement, on va parler de cette réinvention un peu en détail, et aussi de l'implication par rapport aux enjeux écologiques. Mais pour commencer, en fait, c'était concomitant, tu t'es engagé avec le groupe dans le parcours CEC qui a démarré en septembre 2021, en pleine tourmente. On se souvient aussi que ta planète championne, on peut la saluer ici, Émile Iris, était sur cette décision. Tu avais beaucoup de choses à faire et quand même, tu t'es engagé dans ce mouvement national de la première CEC. D'où est venue cette décision ?

  • Franck

    D'une conviction personnelle. En fait, quand je suis arrivé à la tête du groupe, on était en plein Covid, on ne pouvait pas se voir. Moi, je ne pouvais pas visiter les sites. Donc, j'ai dû faire une centaine de visioconférences. Avec tous nos personnels sur le site, les patrons de parc, les patrons de résidence, le comité exécutif, et tous, on avait une conviction autour de notre projet Réinvention, c'est que c'était un triangle qui devait absolument fonctionner ensemble. Il ne pouvait pas manquer un des trois côtés. Les trois côtés du triangle, c'était l'expérience client. Les clients veulent vivre des expériences. S'il n'y a pas d'intérêt à se déplacer, à voir un site, une localisation, ils ne viendront pas. Donc, il fallait qu'on crée des expériences de qualité. Le deuxième point. C'était d'avoir un volet RSE très ambitieux, sociétal et environnemental. On y reviendra dès le départ. Et le troisième point, c'était le retour à une performance économique qui nous permette de réinvestir, de rémunérer aussi des actionnaires. Ce sont des choses qui n'avaient pas été faites depuis longtemps. Et donc ça, c'était vraiment les bases de notre projet, de notre projection à 5 ans. Et donc en septembre 2021, effectivement, il y a une forme de, on peut l'appeler courage, conviction, on peut peut-être même l'appeler insouciance Grosse prise de risque en tout cas parce qu'on est à ce moment-là dans le groupe à une période où on ne sait pas si on va trouver de nouveaux actionnaires. On cherche en gros à se désendetter d'un milliard d'euros et à réinjecter en equity dans le groupe à peu près 700 millions. Et on est à une période où on doute du fait que quelqu'un nous fasse confiance et puis mette de l'argent, ce qu'ont fait nos actionnaires. Et donc je les en remercie encore. et donc avec tous les collègues qui soient managers ou employés sur le terrain, on partage cette conviction, on porte l'ambition du groupe. Et avec Émilie, tu l'as dit, qui est la responsable du développement durable du groupe, on se dit, on ne peut pas rater cette CEC. C'était la première édition, donc pour toi c'était aussi une nouveauté. Qu'est-ce qu'on allait y apprendre, qu'est-ce qu'on allait y découvrir ? C'était l'occasion unique, ça correspondait vraiment à ce qu'on recherchait. Donc on y a passé du temps et elle a fait toutes les sessions. Avec également un autre collègue qui est le patron de la transformation chez moi. J'ai objectivement et honnêtement pas suivi toutes les sessions. J'ai dû suivre un tiers des sessions parce que sur les deux autres tiers, moi j'étais au tribunal de commerce et donc j'avais pas vraiment le choix. C'est comme à l'école, t'as la partie obligatoire et la partie optionnelle. Là, c'était la partie obligatoire, donc au tribunal de commerce, je devais y être. Mais je me souviens de cette session de septembre 2021, inaugurale, on était à Cachan, qui a été cette fameuse claque pour moi, où j'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous, et avec des chiffres qui étaient autour de ceux de la biodiversité. Et objectifment, moi, j'avais pas conscience de ces chiffres-là. Et je me souviens très bien du chiffre que... tu avais cité, avec Valérie Masson qui était venue également, de dire en 30 ans, il y a eu moins de 80%, donc une baisse de 80% du nombre d'insectes en Europe. Les espèces marines, ça a été moins 40% en 40 ans. Hausse de température, ça y est, on le sait tous, on en vit des effets cet été, l'été passé, on l'a vécu en 2003. Et ton point, ça a été de dire, si je crée cette CEC, c'est parce que la réponse, elle appartient aux entreprises, d'abord aux entreprises. Aux individus, au gouvernement, ok, mais d'abord aux entreprises. Et là, en fait, tout le monde à la fin de la session, au bout d'un an ou un an et demi, a dit mais voilà comment je m'engage, moi, à porter le changement. Et en fait, je n'attends pas que quelqu'un le porte à ma place, mais c'est moi qui vais montrer l'exemple. Et c'est ce qu'on fait nous, ce qu'on essaie de faire, en disant le tourisme de proximité, quand vous voyagez à 300 km de chez vous, vous avez une empreinte carbone qui est 10 fois plus faible que dans un tourisme lointain. Ça ne veut pas dire qu'il ne faudra plus de tourisme lointain. Moi, je suis convaincu qu'il faut croiser les cultures, croiser les habitudes, connaître l'histoire. Donc, il faut emmener nos enfants en Amérique. J'allais dire aux États-Unis, je suis un peu moins fan depuis quelques temps. En Amérique, voir le continent américain, voir le continent asiatique, africain, c'est fondamental, mais beaucoup moins qu'avant. Beaucoup moins qu'avant. Et avoir ce réflexe d'aller plus près de chez soi, comme on l'a fait pendant le Covid, parce qu'il n'y a pas plein de richesses historiques, culturelles, patrimoniales, naturelles. La France est le meilleur exemple et on voit ce tourisme a changé. C'est un changement structurel auquel on répond, nous, de façon vraiment à long terme.

  • Eric

    C'est vrai qu'on peut le voir dans votre feuille de route. Votre feuille de route a été publiée en 2022 à la fin du parcours. Elle est disponible sur le site de la CEC. Quand on va regarder cette feuille de route par rapport aux autres, on s'aperçoit que Elle a un côté technique, puisque vous avez une empreinte carbone, puis une empreinte aussi sur d'autres lignes planétaires vraiment fortes. Donc ça fait du potentiel de diminution. Et aussi qu'il y a une vision de long terme. En peut-être deux, trois grandes idées sur ce plan de réinvention sous l'angle des lignes planétaires, c'est quoi les grands axes de cette feuille de route ?

  • Franck

    Alors j'en citerai trois. Le premier, c'est la décarbonation. Le deuxième, c'est la prise de conscience qu'on crée et qu'on améliore autour de la nature. J'y reviendrai. Et puis la troisième, c'est pour tout ce qui est développement futur. Est-ce qu'on arrive à réconcilier de la consommation, de la croissance, mais raisonnable ? Donc un développement raisonnable. Sur la décarbonation, on s'est engagé sur une diminution de notre empreinte carbone. Donc on est à moins 20%. L'objectif, c'est moins 50% d'ici 2030 de notre empreinte carbone par rapport à 2019. Donc division par deux. On est à un peu plus, enfin un peu mieux que moins 20%, une petite moitié du chemin. Il en reste une moitié, alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a pris les mesures d'économie de consommation, c'est sûr. On a réalisé toutes les études techniques pour baisser tous les éléments de fuite, de déperdition. On s'est féodé aussi en impliquant les clients, en disant, bon ben voilà, ce n'est pas parce que vous êtes dans une résidence de tourisme, vous avez payé votre séjour pendant une semaine, qu'il faut faire couler l'eau chaude toute la journée pour sa douche. Parce que forcément il y a un impact derrière, donc faites-la couler le temps de votre meilleure chanson. C'est un bon réflexe, donc si la meilleure chanson dure 10 minutes, ok. Ce qui reste devant nous sur ce premier aspect de décarbonation, c'est, on a commencé, mais c'est le changement de mix énergétique. Pour aller vraiment vers des énergies décarbonées, on a commencé, on vient de changer sur l'une de nos résidences à Branville, Pierre et Vacances, on vient de mettre de la biomasse à bois. C'est comme ça qu'on chauffe notre dernier Center Parcs des Landes de Gascogne. On a de la géothermie, on a du photovoltaïque, mais aujourd'hui on a encore une énergie carbonée, notamment en Allemagne, Pays-Bas, sur nos sites, et donc il faut investir pour passer à de l'énergie décarbonée. Ça c'est notre premier axe. Le deuxième axe c'est le sujet nature. On veut à la fois... La préserver et on veut aussi faire en sorte que durant la semaine où on a la chance d'avoir nos clients avec nous, ils sont là pendant une semaine, on souhaite leur faire toucher du doigt ce que c'est que la nature. Et on a cette occasion unique pour qu'ils ramènent ça chez eux avec leurs enfants et du coup, et des bonnes pratiques en matière de, évidemment, tri des déchets, sensibilisation, mais surtout savoir ce que c'est que la faune, la flore et comment la préserver, en quoi c'est un élément essentiel. Et donc Center Parks, qui est là-dessus celui qui est le plus avancé dans le groupe. Pourquoi ? Parce que Center Parks, c'est un domaine de 150 hectares au cœur de la nature. On s'est engagé, aujourd'hui c'est le cas dans la moitié de nos parcs, on s'est engagé à ce que d'ici 2028, 100% de nos parcs aient des parcours nature qui soient proposés de façon gratuite à tous nos clients. De quoi c'est né ? C'est né sur un de nos parcs qui est dans la Vienne, à Bois-Audin, avec le responsable environnement biodiversité là-bas qui avait une vraie passion pour la biodiversité, les insectes, et qui a dit mais moi je pourrais créer un parcours pour ceux que ça intéresse, les rares clients que ça intéresserait. Puis en fait ça a cartonné, donc il s'appelle Olivier, je lui rends hommage, ça a cartonné, de plus en plus de clients sont venus et donc on a vraiment élargi ce parcours, une forme de parcours de sensibilisation à tous les parcs, et aujourd'hui c'est un vrai succès, c'est-à-dire qu'on apprend en se déchaussant, en ayant le contact avec la nature, à dire mais pourquoi est-ce qu'il y a ici une mare ? Pourquoi est-ce qu'il y a autant d'insectes et qu'ils sont nécessaires ? Pourquoi est-ce qu'on cultive ce type de produit de façon différente chaque saison ? Pourquoi est-ce que et comment est-ce que la nature est préservée, régénérée ? Et ça, c'est quelque chose qui est plébiscité par nos clients et on a un peu comme une vocation de dire on veut absolument réconcilier nos clients avec la nature et leur faire toucher du doigt petits et grands parce que finalement en tant qu'adulte, on a autant d'ignorance je pense que nos enfants, ça c'est le deuxième axe et le troisième axe c'est le développement, pourquoi ? parce que tu l'as dit, le tourisme a une empreinte carbone sa contribution au niveau mondial la contribution à l'économie c'est à peu près, ou France c'est pareil 8% et l'empreinte carbone elle est d'un peu plus de 10% donc on voit qu'il y a un petit delta une petite surconsommation qu'il faut résoudre, alors vu notre positionnement on répond à une partie de la question en disant on est sur un tourisme local et on incite en plus chacun de nos clients à prendre le train, parce que quand ils sont chez nous, ils n'ont plus besoin de leur voiture. Ça n'a vraiment aucun intérêt. Mais ensuite, on mène des actions nous-mêmes et que ce soit en période d'exploitation ou de développement, on se dit comment est-ce qu'on fait différemment. Je vais prendre l'exemple de la montagne. La montagne, pendant des années, les stations se sont créées. Dans les années 70, les remontées mécaniques, le bâti, l'immobilier. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, on sait qu'il va falloir dépasser les 1800 mètres pour les stations pour trouver de la neige de façon durable. Le bâti, l'immobilier est là, donc il n'y a plus besoin ou à la marge de construire du bâti neuf à la montagne. Par contre, il y a un besoin énorme de le rénover parce qu'il date des années 70-80, que c'est coûteux, que ça a une contribution. Il y a parfois des passoires thermiques, acoustiques, et donc il y a là-dessus un énorme effort à faire. Et donc on vient, nous, de faire le prototype à Avoriaz, où est né le groupe, sur une de nos résidences. On a fait une isolation thermique par l'intérieur, on a divisé par deux, Du coup, la consommation du bâtiment et donc son empreinte. Ça, on veut le faire partout et donc progressivement rénover notre bâti. Sur des sites nouveaux, ceux-là, on veut en gros à la montagne rénover plus que construire, clairement, et même quasiment plus construire. Sur des sites nouveaux, Center Parks, ce qu'on veut faire systématiquement, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés ayant eu une première vie. Exemple, Terrain militaire, ex-terrain militaire, ex-terrain industriel, donc nos deux derniers parcs répondent à ça, en Belgique et en Allemagne, ancienne friche industrielle, ancienne mine en Belgique, et puis ancien terrain militaire en Allemagne, où on arrive, on redonne une vie à ce terrain, il a déjà été artificialisé, on renature à côté, et puis surtout on préserve l'emploi, on recrée de l'emploi, parce qu'on est un emploi non délocalisable, et là où chacun de nos pays en Europe... perd de l'emploi, industrie, maintenant service, nous on vient pour recréer de l'emploi. Donc c'est ça un peu trois axes clés de notre feuille de route.

  • Eric

    Là vraiment il y a beaucoup d'ingrédients, justement on parle de contact avec la nature, on parle de décarbonation, il y a vraiment beaucoup de potentiel sur ces activités-là. La question que j'aimerais te poser c'est aller sur cet aspect de construction de bâtis, puisque en fait les chiffres c'est 300 sites de grande taille, 46 000 logements, sur les consommations. Là, on parle d'investissement, peut-être sur l'eau aussi. Est-ce que tu vois d'autres leviers ?

  • Franck

    Plein d'autres leviers. En fait, c'est un sujet infini pour nous. L'eau, donc tu l'as cité, c'est clé. Nous, on consomme de l'eau, notamment dans les center parks. Donc on se dit, comment est-ce qu'on peut... avoir une empreinte diminuée sur l'eau. Il y a des expérimentations qui se lancent, des réflexions avec des gros groupes industriels spécialistes du sujet. Peut-être deux exemples. Le premier, c'est dans nos sites, de plus en plus l'eau qui circule à l'extérieur, dans ce qu'on appelle la rivière sauvage. Tous les clients de Center Park se souviennent.

  • Eric

    Je m'en souviens, j'y suis allé souvent en famille.

  • Franck

    Pour toi ou pour tes enfants. Donc la rivière sauvage, c'est de l'eau chauffée qui vous mène par des méandres, c'est très sympa. Mais ça sert dans la journée, la nuit, qu'est-ce que ça fait ? Ça se refroidit, donc il faudrait réchauffer le lendemain matin. Ce qu'on fait, c'est qu'on vide l'eau de ces bassins extérieurs, on la stocke dans d'immenses réservoirs qui peuvent faire jusqu'à 15 tailles de piscines municipales. C'est fermé, stocké, et on réouvre les bassins le lendemain matin, et l'eau, elle n'a quasiment pas perdu de température. Donc on imagine l'économie en eau et en chauffage qu'on fait au travers de ça. Le recyclage aussi des eaux usées dans un center park, s'il y a beaucoup d'eau usée, nous on a 8 millions de clients par an, donc les eaux usées dans un site comme un center parc, un Pierre-et-Vacances, c'est assez important. Plutôt que de l'évacuer dans les réseaux classiques qui ensuite vont être traités sur des installations industrielles, on se dit comment est-ce qu'on peut l'utiliser, cette eau usée, localement ? Pour arroser, on a des espaces verts très nombreux, comment est-ce qu'on peut réutiliser tout ça ? Comment est-ce qu'on peut recycler ? dans le Center Parcs lui-même. Et donc c'est ça qu'on est en train de travailler, en disant comment est-ce qu'on vise à l'amoindrissement de nos consommations, donc énergie, eau, ce sont ça les deux thèmes clés effectivement.

  • Eric

    On s'aperçoit que le terrain de jeu, comme tu dis, il est infini. L'équation peut être hyper intéressante sur les coûts. Il y a sans doute une question d'investissement par rapport à ça. Et tu nous disais que vous aviez déporté tout ce qui était investissement foncier. Comment ça se passe quand on est face à de tels besoins d'investissement ? On sait qu'il faut le faire, mais en même temps le parc il est immense. Est-ce que vous avez une planification ? Est-ce que vous avez une méthodologie ? Est-ce que vous êtes suivi par les investisseurs financiers pour débloquer ce frein ?

  • Franck

    Alors on est suivi par les investisseurs financiers et on a, tu le disais, on a 300 sites et donc avec beaucoup, des milliers de propriétaires, qu'ils soient institutionnels ou individuels, ils sont propriétaires des actifs. Un actif, ça se mesure à sa valeur. Valeur économique, mais aussi valeur dans le temps. Et ce qu'on sait, c'est que si un actif ne répond pas aux obligations actuelles ou futures d'un point de vue consommation, il va perdre en valeur. Donc, ils sont éminemment conscients du fait qu'il va falloir travailler sur l'actif pour le rendre conforme à la réglementation 2030, mais aussi 2040, 2050, qu'on voit venir progressivement. Donc, d'abord, nous, on mène ce travail de pédagogie pour partager avec tous nos propriétaires les obligations actuelles et à venir, montrer que l'équation économique, elle n'est pas... antinomique avec l'équation environnementale. Au contraire, le cas de la résidence de Capella à Avoriaz, ce que je citais, est le très bon exemple parce qu'on consomme moins aussi en même temps. Donc nous, en tant qu'opérateurs, on se porte mieux. La valeur de l'actif est réévaluée. Donc c'est vraiment un investissement gagnant-gagnant. Par contre, tu l'as dit, il faut investir au départ. Et donc il faut planifier, il faut anticiper. Il faut qu'il y ait aussi une rentabilité. Et c'est ce qu'on est en train de voir sur certains de nos center parcs. en installant du photovoltaïque sur le site, donc à la fois des ombrières et puis une ferme photovoltaïque à Village Nature, qui est notre center park près de Disney à Marne-la-Vallée, on voit qu'on va être capable de générer un tiers de notre consommation d'électricité. On avait déjà de la géothermie là-bas, on va puiser à 2 km sous terre, et donc ce qui nous restait, on était en consommation électrique, il y en a un tiers qu'on bascule avec du photovoltaïque. Et donc on montre que l'équation... économique et environnementale, elle est largement compatible. Pour ça, il faut investir, mais c'est la vie d'investir et de ne pas s'arrêter. Donc voilà, on est vraiment dans cette phase-là. On parle de montants qui sont des montants importants. L'avantage pour tous les propriétaires pour nous, c'est qu'on sait que nous, on n'est là pas pour deux ans, pour cinq ans. On est là pour 20 ans, 30 ans, 40 ans. Donc la rentabilité de l'investissement... Elle peut être calculée vraiment sur ces gros horizons de temps.

  • Eric

    Et vous faites tourner les actifs énormément avec des taux de remplissage qui sont élevés. Donc les réductions de consommation, ça chiffre très très vite.

  • Franck

    Exactement, il y a un effet volume qui tout de suite est visible.

  • Eric

    Merci pour tous ces exemples. J'aimerais qu'on parle du projet d'entreprise, puisqu'en fait on parle toujours dans l'économie régénérative de prendre soin de toutes les parties prenantes. Par rapport aux clients, bien sûr qu'ils sont une grande partie prenante, Ce projet, est-ce qu'il est ressenti, cette réinvention ? Est-ce que vous avez peut-être des chiffres de satisfaction et d'adhésion à ce projet du groupe ? Et puis aussi sur la partie prenante des employés, de tout le staff, à tes côtés, est-ce que tu sens qu'il y a une adhésion aussi à ce projet d'entreprise ?

  • Franck

    Oui, alors des deux côtés, on sent l'adhésion. C'est palpable d'un point de vue chiffré, d'un point de vue consommation pour les clients, engagement pour tous nos collaborateurs. Côté client... Avec ce projet réinvention, on a modernisé notre parc, on a vraiment fait primer l'expérience client, une expérience de qualité, attentionnée, personnalisée. Concrètement, la satisfaction de client a gagné 20 points en 3 ans, au moment où notre chiffre d'affaires, lui, gagnait à peu près 30%. Donc souvent, on nous dit, avec un chiffre d'affaires en hausse comme ça, attention, quelle est la limite, est-ce que ça passe, l'élasticité ? Non. En fait, le produit n'est plus du tout le même, l'expérience client n'est plus du tout la même. Je pourrais te citer plein d'exemples. Un seul, notre Center Parcs qui est près des châteaux de la Loire, Haute-Brouillère, on a investi avec les propriétaires 65 millions il y a six mois maintenant. On l'a fermé pendant deux mois. C'est comme si on avait ouvert un Center Parcs neuf. Les clients fidèles, et on en a beaucoup au Center Parcs, sont revenus en disant « mais je le reconnais à peine » . Donc on a vraiment changé tout ça et on a mis l'aspect nature, localité, ouverture aux acteurs locaux, aux richesses locales, au cœur de la promesse de l'offre qu'on fait. Et donc ça marche, ça marche pour Center Parc, Pierre et Vacances, je l'ai dit, ça marche pour Maéva, qui a beaucoup de campings ou de résidences de particuliers. Et donc l'attention de l'hôte qui accueille un invité, c'est important. Dans un camping, ne pas faire n'importe quoi avec les ressources rares, c'est clé. On a aussi Adagio qui fait du tourisme urbain. Consommer la ville autrement, c'est quand même fondamental. Les clients ne sont pas tous, comme on pouvait l'entendre il y a quelques années, on a tous des images en tête des prédateurs qui viennent, font rouler leur valise sur les pavés parisiens, ne consomment pas local. Non, nous on leur dit il faut consommer local, regarder où vous mettez les pieds, ce quartier, les bons plans, les acteurs. Donc côté client, les chiffres le montrent, en consommation et en satisfaction. Côté employé aussi. La meilleure preuve, c'est le taux de rotation de nos employés. Ils nous sont très fidèles et ils adhèrent vraiment à ce projet. C'est la première question de nos nouveaux employés, la question du sens et de ce qu'on fait pour la société et pour l'environnement. J'ai beaucoup parlé d'environnement. Si je parle un peu de sociétal, nous, on croit beaucoup au fait aussi d'aider des familles en difficulté et des familles qui n'auront jamais les moyens de se payer un séjour dans l'un de nos sites. Donc, on a une fondation qui est en place depuis cinq ans. et qui a aidé du coup 15 000 familles en difficulté parce que la vie les a pas aidées, soit pendant la vie, soit au début de la vie, les a pas aidées et qu'ils ont été marginalisés, que jamais ils pourront aller en vacances. Donc 15 000 familles sont parties en vacances gratuitement avec nous. On aide des associations aussi qui accompagnent les familles fragilisées. Donc ça c'est le volet famille. Il y a un volet mixité chez nous qui est très important. Et puis si je parle de handicap, on a pris l'habitude au siège du groupe, dans le 19e arrondissement, de faire appel systématiquement, un ESAT, donc un établissement qui emploie des travailleurs handicapés en situation de handicap, dès qu'on avait besoin de faire une réception et d'organiser de la logistique, de commander des viennoiseries, d'organiser aussi, de commander du mobilier, on fait tout ça, on a le réflexe de dire comment est-ce qu'on peut faire différemment pour être plus utile à la société. Et donc ce projet-là, les employés du groupe y adhèrent et ils y adhèrent, là c'est le A de authenticité, authenticité, parce que pour le coup... Il n'y a pas ce que raconte le groupe en externe et ce qu'il fait en interne.

  • Eric

    On voit la congruence de ce plan révention sur toutes les parties prenantes. Peut-être une question avant de basculer sur une prise de hauteur sur le secteur du tourisme en général. Est-ce que tu as des zones de doute encore ou des endroits dans ce plan qui est à 360 ou tu te dis tiens là il faut aller regarder ou là je ne suis pas sûr, je n'ai pas tout aligné. C'est quoi ? Est-ce qu'il y a des aspérités ? ou finalement tu as l'impression que vous arrivez à cocher maintenant toutes les cases ?

  • Franck

    Non, on ne coche pas toutes les cases. On a fait beaucoup, beaucoup de travail, c'est sûr. Mais maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention ? Comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin ? Et donc le sujet, par exemple, régénératif, pour nous, est un sujet clé. Il nous a mis la barre très, très haut. J'ai dit, pour tous nos développements, on veut redonner vie à des sites. Mais comment est-ce qu'on redonne vie à de l'emploi local, des déserts complets, des déserts d'emploi complets ? Il n'y a plus de vie dans certains quartiers, dans certaines zones, dans certaines régions françaises. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte avec un projet qui répondrait aux besoins locaux en matière de consommation des enfants, d'éducation, sportif. Je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement. Et donc, on voit que là, ça aurait une autre portée encore. On est encore dans une dimension, et c'est normal, assez commerciale. Et donc, on va chercher où souhaite aller le client, ce qu'il souhaite consommer. Voilà, il y a une étape un peu ultime. Je ne sais pas si on y arrivera un jour, mais qui serait un peu l'aboutissement de notre vision, même si on fait déjà... Pas mal de choses parce que là où on fait du développement, j'ai dit comment on le faisait, j'ai pas dit où on le faisait géographiquement. On essaie de le faire dans des zones où il y a aujourd'hui pas forcément beaucoup de tourisme et de touristes. Et donc on ouvre aussi des champs pour les clients pour dire allez dans ces zones-là, allez voir. Et on le voit dans les consommations maintenant cet été. Normandie, Bretagne ont beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. La montagne l'été a beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. Donc nous on essaie d'aller pas forcément là où il y a déjà... plein plein de monde qui se massent.

  • Eric

    O ui, alors justement, merci. On va maintenant peut-être échanger sur le secteur du tourisme et aussi dézoomer, aller au niveau mondial. C'est vrai que parfois, on peut se poser la question, on voit de plus en plus d'hypertourisme et des pays qui se sont ouverts. Si on prend l'exemple de la Chine, en fait, énormément de touristes en plus, d'ailleurs en local, au niveau international aussi. Et parfois, on se dit que c'est vraiment compliqué puisqu'il y a un enjeu démocratique. d'un côté, et puis un peu une aberration écologique de l'autre. Est-ce que toi, par rapport à ça et dans la filière, cette question de l'hypertourisme et cette ligne de crête, c'est un sujet que vous abordez ? Est-ce qu'il y a des limites à poser par les pouvoirs publics ? Comment tu vois ce danger de l'hypertourisme ?

  • Franck

    Alors, d'abord, le tourisme, c'est une des valeurs clés, une des sources de création de valeurs clés dans le monde. Je dirais un petit 10% du produit national brut en moyenne dans chaque pays, c'est fondamental. Il y a 1,4 milliard de touristes chaque année. Il y en a d'ailleurs 700 millions qui vont en Europe. Ça peut être des Européens qui sont en Europe. Mais chaque année, l'Europe attire la moitié du tourisme mondial. Pour l'Europe, pour la France, qui n'est pas loin des 100 millions, c'est une ressource fondamentale. Si on devait s'en séparer, ce serait un appauvrissement énorme.

  • Eric

    Et c'est deux fois plus de croissance sur la croissance PIB tourisme que la croissance mondiale. Donc c'est aussi un secteur qui a beaucoup de potentiel.

  • Franck

    Qui se développe 4-5% par an, chaque année. C'est aussi un secteur où on peut rentrer sans forcément beaucoup de formation, beaucoup de bagages et grimper les échelons pour devenir directeur d'un site, directeur d'un pays. On le voit chez nous, clairement. Donc il y a un vrai ascenseur social qui se fait. Et puis c'est surtout le tourisme, c'est la rencontre des gens. C'est la découverte des lieux, c'est vraiment la richesse culturelle, c'est l'ouverture. Et on l'a vu pendant le Covid, quand on s'est tous refermés, on ne pouvait plus voyager, on s'est tous appauvris. Et donc le tourisme, c'est la vie. Donc ça, il faut vraiment garder ça en tête, parce que sinon, on est dans une société où chacun se referme, les continents se referment sur eux, ne se connaissent plus, ne discutent plus, et on voit ce que ça peut créer. Et donc le fait de brasser les cultures, les différentes nationalités, c'est fondamental. Ensuite, il faut le faire... Avec cette nouvelle prise de conscience qui dit, mais évitons de tout faire au même moment, au même endroit. Et en fait, c'est aussi simple que ça, c'est qu'on a la chance dans le tourisme, si je prends l'exemple de la France, on a les sites du littoral, les sites de la montagne, on a la campagne, été, hiver, week-end, semaine. Donc selon si vous êtes étudiant, travailleur, en situation active, retraité, en fait... on peut, chacun peut trouver son compte, c'est-à-dire son endroit, au moment qui lui convient le mieux, pour étaler dans le temps et l'espace le tourisme. Et ça, en fait, c'est exactement ce qu'il faut faire. Moi, je crois beaucoup à l'exercice de régulation fait par les acteurs locaux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes voient bien l'intérêt pour eux, pour la préservation de leur site, et puis l'expérience des clients qu'ils accueillent, qu'il y a tout intérêt à réguler, et donc il y a des façons très faciles de le faire. D'abord, ça concerne... très très peu d'endroits, au final on en parle beaucoup, mais ça concerne quand même très très peu d'endroits et de moments. Et donc sur ces phénomènes de pointe, en fait il faut réguler de façon très simple avec une appli qui dit, bon ben voilà, il faut juste réserver, c'est pas pour ça que c'est payant. Sur des sites naturels, on a vu ça, Calanque, Mont-Saint-Michel, etc. De dire, en fait on régule, mais c'est pour le bien de tout le monde. Le bien du client, franchement, aller dans un endroit où vous pouvez pas mettre un pied devant l'autre, ça n'a... aucun intérêt et donc le client préfère 100 fois ne pas y aller que d'y aller en étant dans une masse. Mais une fois encore, c'est quand même un épiphénomène. C'est-à-dire que cette concentration sur un lieu à un même moment, on en parle beaucoup, mais c'est très très rare. Et donc il y a des moyens de réguler très simple. Et c'est fait par qui ? Par les acteurs locaux. Et là-dessus, c'est l'intelligence du client qui est encore récompensée.

  • Eric

    Oui, et puis ça peut se faire aussi cet étalement, cette diversification des activités sur un centre lui-même, comme tu parlais de Center Parcs où tout le monde n'a pas forcément besoin d'être à la rivière sauvage au même moment. S'il y en a qui font le parcours biodiversité à ce moment-là, ça permet d'étaler les expériences et justement d'éviter cet effet de foule qu'il peut y avoir sur certains sites.

  • Franck

    On n'a aucun intérêt à ce que tout le monde se presse au même moment dans un même lieu et donc c'est pour ça qu'on a aussi créé en moyenne 50 activités par Center Parcs. C'est pour diversifier les occasions de consommation selon les goûts, les envies des clients. Et donc, on les oriente aussi dans le discours, effectivement. Prendre un autre exemple, la montagne l'été, j'en ai parlé. Les vacances d'été, on voit que août reste quand même sacré, mais il y a une forme de basculement avec un juillet qui a tendance un peu à baisser et un mois de septembre qui, lui, a tendance à augmenter. Donc ça, c'est plutôt pas mal pour l'expérience touristique.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qu'on se pose souvent aussi sur d'autres secteurs. Est-ce qu'on attend que le régulateur... mettent en place les normes ou les fiscalités pour, ou est-ce que finalement les acteurs eux-mêmes mettent en place ces nouvelles visions, ces réinventions, et finalement quand ça part du terrain, en général ça reste plus longtemps et c'est plus smart. Alors justement peut-être, on parlait tout à l'heure de tourisme responsable, et tu disais finalement que le Graal ou la vision était peut-être ce tourisme régénératif. Essayons d'aller l'évoquer, qu'est-ce que tu y mettrais, régénération ? Social, régénération des écosystèmes naturels, la régénération pour toi appliquée au tourisme, ça prendrait la forme de quoi ? Qu'est-ce qu'il faut aller chercher en plus pour aller jusque là ?

  • Franck

    Alors peut-être deux mots pour répondre à ça que je vais développer. Je dirais local et puis ensuite seconde vie. Local, c'est quoi ? C'est qu'il faut qu'on raisonne local. Emploi local. Quand on ouvre un center parc... Quand on ouvre une résidence Pierre et vacances, on a un souci absolu d'employer localement. Et donc plus de 90% des nouveaux employés, un center park c'est 300, 400 emplois permanents, donc c'est important, c'est souvent le second employeur du département. On cherche de l'emploi local, parce que c'est clé pour les territoires, et ça ne sert à rien d'aller créer des flux un peu artificiels. d'enlever de la population de certains territoires, en mettre ailleurs. Et donc c'est pour ça qu'on recherche aussi un vrai projet politique, au sens noble du terme, avec les élus, les responsables associatifs, économiques, écologiques, pour dire comment est-ce qu'on crée de la vie localement. Il y en avait avant, et puis elle a disparu, pour une raison ou pour une autre, parce que les usines ont fermé, que les sites militaires ont fermé. Donc comment on en recrée ? Donc emploi local, approvisionnement local aussi.

  • Eric

    On n'a pas parlé de nourriture, mais c'est fondamental.

  • Franck

    Donc là, c'est clé pour nous d'avoir une boucle d'approvisionnement locale et d'expliquer d'où ça vient, qui est l'agriculteur, le producteur derrière la viande, le fromage, les légumes qu'on montre, de l'incarner, de les faire venir aussi. Donc dans tous nos centres de repas, on a un marché qui est un marché quotidien où on leur donne l'occasion de venir raconter leur histoire, leur site, montrer leur production et puis la vendre. Parce qu'évidemment... Les clients sont ravis de pouvoir ramener chez eux des choses qu'ils ont consommées localement. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de tout partout. Et en fait, il n'y a aucun problème à ça. Parce qu'il y a des endroits où il n'y a pas naturellement les mêmes fruits qu'ailleurs. Et donc, on ne va pas aller, si je donne des exemples, on va mettre beaucoup plus de melons dans le sud que dans nos sites du nord. Et on va expliquer pourquoi. Et inversement, on va mettre en avant d'autres types de fruits et légumes dans le nord. Mais encore faut-il le dire. Donc local, ça c'est le premier point. et alors seconde vie. La seconde vie, je parle de la forêt, je parle de la biodiversité, je parle des insectes, je parle du sol. Là, le but et là-dessus, on n'y est pas encore. Clairement, là-dessus, il faut être très sincère. Le but, c'est de dire comment est-ce qu'on re-nature, on donne une seconde vie, c'est-à-dire qu'on a une forme de photo T0 de l'état du site tel qu'on le prend. En disant dans 10 ans, dans 20 ans, on voudrait que l'état des sols et donc la cartographie, la carte d'identité du site soit meilleur que quand on l'a pris. Parce qu'on fait revenir des espèces, parce qu'on replante, parce qu'on cultive. Et l'avantage qu'on a c'est qu'on est souvent sur des espaces très importants. 150-200 hectares et donc on a moyen de faire ça seul ou en partenariat avec l'ONF et on l'a fait sur des sites Pierre et vacances, des villages Pierre et vacances par exemple. Donc c'est ça un peu le but ultime, local, seconde vie et on voit qu'au travers de ça, il y a ceux qui vivent toute l'année autour de nos sites qui ont une importance fondamentale. Et moi je pense très essentiel que le touriste rencontre. qu'il y ait des moments où ils se rencontrent, mais pour de vrai, qu'ils discutent, qu'ils se connaissent, qu'ils se découvrent. Tous les acteurs locaux, parce qu'ils ont tous des histoires à raconter, un passé. C'est eux qui savent raconter la vie qui est sous le sol que foulent nos clients. Donc c'est ça le projet ultime.

  • Eric

    Il peut être aussi le patrimoine qu'il peut y avoir en dehors de ces 150 hectares. Puisqu'en France notamment, on a un patrimoine culturel, architectural assez incroyable. Et il pourrait y avoir un facteur d'isolement. de tout rester dans le club. Tu penses qu'il y a aussi un potentiel d'ouverture par rapport à ça sur le territoire ?

  • Franck

    Évidemment. Et nous, on pousse les clients à sortir du Center Parcs. Jusqu'à il y a 5 ans, pas mal de clients nous disaient « Mais on a le droit de sortir du Center Parcs quand on est entré ? Est-ce qu'on a le droit de sortir avant la fin de son séjour ? » Évidemment, on a le droit, mais on a en plus vraiment un énorme intérêt, bénéfice à sortir. Donc pour ça, qu'est-ce qu'on fait ? On montre toutes les richesses culturelles, patrimoniales. qu'il y a autour du Center Parcs à nos clients, avant son séjour, pendant le séjour. Donc il y a dans chacun de nos parcs un point d'information touristique, de la région, du département, de l'agglo, pour renseigner et inciter à aller visiter. Quand ils sont à Haute-Brouillère, je disais tout à l'heure, il y a tous les châteaux de la Loire. Quand ils sont en Moselle, il y a un magnifique zoo à 10 km. Franchement, c'est magnifique. Donc il faut faire ça. Pourquoi ? Parce que quand ils font 500 km ou 400 km pour aller sur ce site, c'est dommage de réduire le séjour à Center Parc, de ne pas faire les trois derniers kilomètres. Et puis, on ouvre aussi, on fait en sorte que nos Center Park soient maintenant au croisement de pistes cyclables et d'itinéraires cyclables. On propose beaucoup l'allocation de vélos et on l'offre souvent d'ailleurs pour dire, regardez, prenez un vélo, donc vous venez, vous laissez votre voiture, vous prenez un vélo et vous allez itinérer autour des Center Parcs dans les sentiers naturels, balisés. pistes cyclables et vous allez découvrir tous les endroits vallonnés qui peuvent être autour de chez nous. Donc ça c'est fondamental de les ouvrir et de ne surtout pas être fermé sur nous-mêmes.

  • Eric

    On va aller tout doucement vers un des grands enjeux de l'entreprise régénérative autour des questions de leadership et de gouvernance. On peut sentir ton style de leadership dans cette conversation, mais peut-être si on prend du recul et avec les différentes expériences que tu as eues, comment tu qualifierais ton style ? de leadership et est-ce qu'il a évolué ces 4-5 dernières années ?

  • Franck

    Je le qualifierais, finalement, dans ton acronyme CAP, tu as pas mal résumé. Donc à la fin, dans CAP, oui, courageux, pragmatique, c'est fondamental. Je pense que ce qui est le plus fondamental aujourd'hui, c'est vraiment qu'il soit authentique. On doit être exigeant quand on est un patron d'entreprise, mais il faut être authentique. Il faut parler et raconter son entreprise au client comme on la manage en interne. Il faut l'idée... par l'exemplarité. On ne peut pas avoir de son de cloche en mode, voilà ce qu'il faut faire et voilà ce qu'on applique. Il faut savoir dire aujourd'hui, en 2025, qu'on ne sait pas tout. Je sais vraiment de moins en moins de choses, tant que Franck Gervais, sur des sujets nouveaux comme l'intelligence artificielle générative. Donc j'essaie de combler mes lacunes comme tout le monde. On est là-dessus, on essaie d'y bosser à fond, mais il faut avoir l'humilité de dire d'autres savent nettement, mais nettement mieux que moi. Ce qu'on attend, c'est quoi ? C'est de donner le sens. Le cap, de le garder avec cohérence, de prendre des décisions, des décisions courageuses, des fois des décisions difficiles, mais qui vont toujours dans ce sens de la cohérence, donc prendre des décisions. Rien de pire pour un dirigeant si ce n'est pas prendre des décisions. Franchement, aujourd'hui, avoir le spectre des solutions, des IA génératives le font mieux que nous. Donc prendre des décisions et puis se poser, se remettre en cause, s'ouvrir à l'écosystème, ça peut être des concurrents. Ça peut être d'autres secteurs, des spécialistes, comme toi, dans l'environnement, dans l'économie, pour dire comment est-ce qu'on se remet en cause, comment est-ce qu'on va toujours plus loin. Mais à la fin, c'est l'authentique. Et je pense que j'ai parlé de satisfaction de client. La satisfaction des collaborateurs chez nous a aussi gagné à peu près la même chose, 15-20 points ces trois dernières années, parce que les gens se lèvent le matin. Alors, ils restent parfois chez eux encore. On a encore un peu de télétravail. Mais ce qu'on voit, c'est que quand même. Le fait de se retrouver autour d'un projet, de créer, de construire une direction, de douter, de se remettre en cause, ça, la créativité, elle se fait quand même physiquement dans un lieu qui est un vrai lieu de vie sociale, qui est le lieu de travail. Et on fait, nous, moi je pense, un des plus beaux métiers du monde. Vendre des vacances et vendre des séjours touristiques, franchement, il y a pire.

  • Eric

    On procure des sourires quand on est dans le tourisme.

  • Franck

    Oui, nous c'est un de nos baromètres.

  • Eric

    Et des expériences inoubliables, donc c'est vrai qu'il y a cet engagement. Et peut-être sur le pendant du leadership, la gouvernance, l'organisation, est-ce qu'il y a aussi eu des choses qui ont évolué sur les prises de décisions, sur discussion avec les instances du personnel ? Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu travailles ?

  • Franck

    Oui, là-dessus, il y a l'élément de transparence qui est clé et l'élément aussi de responsabilisation. Sur la transparence, comme on a vécu des périodes un peu difficiles, je le disais il y a 4-5 ans, c'était essentiel de dire où on en était, où on allait, y compris quand on ne savait pas trop où on allait, mais de dire là on ne sait pas trop, mais dans un mois on saura, mais voilà où on en était, les faits, les éléments factuels. Et là-dessus, je crois aussi que je suis convaincu que tout le monde est responsable. Les représentants des employés, les représentants syndicaux, on a un dialogue, mais on ne peut plus mature, adulte avec eux. Franchement, on voit exactement la même chose avec un prisme un peu différent parfois, mais le constat, il est vraiment très, très souvent partagé. Et l'aspect de responsabilisation, c'est que moi, je crois beaucoup au fait de décentraliser, d'abaisser le centre de gravité. Je suis peu... fan de tout gouverner par le haut. On l'a pas mal fait il y a 4 ans parce qu'il fallait remettre les choses d'équerre. Je l'ai dit sur la direction stratégique, le business model, la rentabilité. Donc il a fallu pas mal reprendre la main par le haut. Mais les initiatives, les bonnes idées, une fois que le cap est donné et que les limites gauche et droite sont données sur le champ d'expression, le champ de liberté, la vraie créativité elle est locale. Et donc on donne vraiment nous la carte blanche. à tous les acteurs locaux, les patrons de sites, mais tous leurs employés, et puis au-dessus, les patrons opérationnels, les patrons de business, pour laisser libre cours à leur créativité. Ils connaissent mieux que moi leurs marques.

  • Eric

    Est-ce qu'il y a peut-être un exemple récent que tu pourrais nous donner, une prise de décision, quelque chose qui est né du terrain, qui t'a surpris, et tu t'es dit, tiens, abaisser le centre de gravité, ça confirme que c'est la meilleure voie à donner ?

  • Franck

    Alors il y a celui des parcours rangers dont je parlais tout à l'heure, c'est vraiment une idée qui est née sur le terrain et d'une personne en particulier dans un de nos parcs, en disant il faut faire des parcours au cœur de la nature où des spécialistes du sujet accompagnent pendant une heure, une heure et demie les clients. Et donc ça on l'a généralisé dans tous nos center parcs, donc franchement c'est une très très très bonne idée. Puis une autre idée qui est venue du local, et puis finalement à la fin on s'est dit mais... Ça, pourquoi est-ce qu'on ne généralise pas ? C'est la fidélisation, là je vais basculer chez Pierre et Vacances, la fidélisation des saisonniers. On emploie jusqu'à 1000 saisonniers sur une période d'été et donc on s'est dit, mais en fait, plutôt que de prendre des saisonniers l'été, de prendre d'autres saisonniers l'hiver, de les reformer l'année d'après pour l'été, puis pour l'hiver, pourquoi est-ce qu'on n'a pas une politique de fidélisation de nos saisonniers ? 1. On les loge. 2. On les forme. 3. On leur propose, dès que possible et dans plus d'un cas sur deux, des contrats en CDD ou CDI. Alors après, ils peuvent souvent ne pas vouloir parce que c'est aussi une autre forme de liberté que d'être saisonnier. Mais donc voilà, ça, c'est quelque chose qui est né localement en disant mais on ne va quand même pas refaire à chaque fois le travail de formation de nos personnels qui accueillent nos clients qui viennent dans nos résidences au ski parce qu'on répète X fois la même chose. Donc pourquoi est-ce qu'on ne les reprend pas ? Et donc ça, c'est quelque chose qui est né localement.

  • Eric

    OK, on va vers les dernières questions de cette conversation. On dit souvent à la CEC que ce qu'on essaie d'apporter dans le monde économique, c'est cette pensée régénérative. Et pour essayer de rendre ça le plus simple possible, puisqu'on s'aperçoit que c'est multifacette, est-ce que tu pourrais te prêter à l'exercice d'expliquer en quelques phrases à un enfant de 10 ans, c'est quoi une économie régénérative ?

  • Franck

    Une économie régénérative, c'est une économie où on se pose systématiquement l'intérêt, l'opportunité d'aller réutiliser l'existant, le transformer pour lui donner une nouvelle vie, et le ré, où on se pose deux fois, trois fois, dix fois la question de l'intérêt réel à aller détruire des ressources naturelles pour créer quelque chose à valeur ajoutée. Voilà, il faudrait faire le test sur un enfant de 10 ans. Peut-être que c'est plus pour un enfant de 15 ans, c'est à dire. Voilà, c'est ma réponse.

  • Eric

    Une dernière question sur le moment qu'on est en train de vivre. Tu l'évoquais très rapidement au début de la conversation, au niveau géopolitique et qu'on va qualifier de le backlash qu'il peut y avoir sur la science, la science du climat, l'écologie. En ce moment, on sent qu'il y a eu un revirement avec l'élection des Etats-Unis l'année dernière. Et par rapport à ce moment de l'histoire, comment toi tu vois les choses ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose de durable ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui peut être un soubresaut d'un ancien paradigme ? Parce qu'on est en route vers un nouveau paradigme. Quelle est ta lecture des choses à ce moment un peu particulier de l'histoire ?

  • Franck

    Dans le moment actuel, on va dire depuis deux ans, moi je suis quand même atterré et complètement bouleversé de ce qui se passe. Pourquoi ? Parce que la générosité, l'ouverture au prochain, l'aide qui n'est pas conditionnée par un retour, l'entraide, le partage, tout ne se résume pas à l'intérêt économique transactionnel d'un pays. Donc je suis atterré, littéralement atterré de ce qui se passe, du côté belligérant, du côté brutal. qui fait que des hommes et des ressources passent au dernier plan face à des enjeux d'intérêt très égoïstes. Après, j'ai l'espoir que c'est un épiphénomène lié à des dirigeants qui sont actuellement en poste dans les différents pays en cours, Russie, Etats-Unis en tête. Mais quand même, je vois aussi que des sujets qui étaient clés, fondamentaux, sur lesquels on a réussi à embarquer tout le monde. des sujets où on se dit ok, on a une vraie conscience pour les futures générations sur ce qu'on fait, des actes responsables. Et donc là je parle d'international mais je parle aussi de ce qui se passe d'un point de vue national en ce moment. Je constate quand même qu'on a cette facilité à aller trouver chez le voisin la solution et le fait d'aller regarder dans l'assiette du voisin, là où chacun devrait d'abord faire l'effort lui-même, venir en aide à son voisin. Et je trouve que du fait de certains dirigeants devenus hyper puissants et avec des armes de négociation immenses, il y a quand même un ruissellement dans les comportements de chacun qu'on voit jusqu'en France aujourd'hui. Donc espoir, mais quand même, je vais appeler ça une forme de doute, dans ce qu'on voit tous les jours. Et donc il n'y a pas d'autre solution que de dire chacun à son niveau fait les efforts. entreprise, individu, il ne faut pas renoncer.

  • Eric

    On va se quitter là-dessus, ne pas renoncer, ne rien lâcher alors qu'on a l'impression qu'il y a des choses qui se délitent. Mais ce que tu fais, ce que vous faites dans l'entreprise, c'est du réel, c'est sur le terrain. Et puis, je voulais te remercier pour le courage de ce que tu as fait. Tu en es l'incarnation dans les 4 dernières années. L'authenticité de cet échange et puis effectivement le pragmatisme. Tu nous as donné une bonne quinzaine d'exemples, hyper concrets. Donc ça, ça va aider tout le monde à avancer. Courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

  • Franck

    Merci beaucoup.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

Description

Dans cet épisode, Eric Duverger reçoit Franck Gervais, Alumni du premier parcours de la CEC et Directeur général du Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, leader européen du tourisme de proximité. Ensemble, ils explorent les trois axes structurant leur feuille de route : la décarbonation des activités, la reconnexion à la nature et sa préservation, et le développement raisonné. Franck partage des exemples concrets pour chaque domaine, comme le changement du mix énergétique ou la création de parcours biodiversité dans tous les Center Parcs.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Franck

    J'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous. Sur des sites nouveaux, Center Parks, Ce qu'on veut faire, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés, ayant eu une première vie. Maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention, comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte, avec un projet qui répondrait aux besoins locaux, je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement.

  • Eric

    Bienvenue dans Cap Regen. Je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. On parle de cette nouvelle économie qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de Cap Regen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires, pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref... plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Franck.

  • Franck

    Bonjour Eric.

  • Eric

    Alors Franck, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage quand on est dirigeant et qu'on veut transformer son entreprise. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et puis le pragmatisme pour être le plus concret possible. Pour essayer de donner les contours de cette nouvelle économie. Voilà les trois initiales, courage, authenticité, pragmatisme, ça fait CAP. Alors Franck, CAP ou pas CAP ?

  • Franck

    CAP, ça me va très bien.

  • Eric

    On va parler un peu de toi Franck, tu es diplômé de l'école polytechnique, tu as fait l'essentiel de ta carrière dans le domaine du transport et du tourisme, en dirigeant notamment Thalys et voyagesncf.com. En 2017, tu deviens PDG Europe du groupe Accor, et en 2021, tu deviens directeur général du groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Et tu as participé à la toute première édition de la CEC en 2021-2022. Alors une première question pour se lancer, est-ce que tu peux nous parler d'un lieu de nature dans lequel tu aimes bien te ressourcer ?

  • Franck

    Je vais donner deux réponses. Le premier c'est la Bretagne. On a la chance d'avoir une petite maison là-bas et donc dans un coin magnifique du Finistère qui est un vrai lieu authentique, le A de Cap. Donc voilà qui a été... préservé, magnifique, au cœur de la nature. Et puis le deuxième, forcément coup de cœur, je vais citer un Center Parcs, le Center Parcs des Landes de Gascogne. C'est le dernier qu'on a ouvert en France, entre Bordeaux et Toulouse, et qui est magnifique, au cœur de la forêt des Pins. Et donc, petits et grands, si ressourcent vraiment.

  • Eric

    On va parler maintenant de tourisme responsable. On va essayer de parler aussi de tourisme régénératif. Et on va essayer d'aller jusque-là. Mais pour commencer, est-ce que tu pourrais nous décrire ton entreprise ? en deux trois phrases.

  • Franck

    Donc le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, il comporte quatre marques Pierre et Vacances Center Parcs, Maéva et Adagio. On est un groupe français, mais on est leader européen du tourisme de proximité. Qu'est-ce que c'est que le tourisme de proximité ? C'est un tourisme où les clients vont à 300, 500 kilomètres de chez eux pour rejoindre le lieu de tourisme et donc on est présent dans cinq pays essentiellement et notre clientèle est vraiment très locale, comme je le disais. Et la caractéristique de nos quatre offres, c'est de proposer des expériences qui soient à la fois inoubliables pour les familles, et on a une clientèle très très familiale, inoubliable, c'est quelque chose qui les marque très longtemps. Et le deuxième point, ce sont des expériences qui reconnectent à l'essentiel et qui déconnectent de tout ce qui nous pollue tous les jours, dont ce smartphone qui est un vrai fil à la patte. Donc on est déconnecté de tout ça. Tout type de pollution pour se reconnecter à deux choses essentielles, ses proches, la famille essentiellement, et la nature. Donc c'est le groupe qui fait 2 milliards de chiffre d'affaires, qui emploie 13 000 employés, et qui est un groupe magnifique, fait de marques authentiques.

  • Eric

    Maintenant on va faire un petit retour en arrière. Tu es arrivé directeur général de ce groupe en 2021, dans un contexte ultra difficile. C'était encore le Covid et puis c'était l'année post... Post 2020, comment ça s'est passé cette arrivée dans ce groupe-là, à ce moment-là ?

  • Franck

    Donc là c'est le C de Cap Courage, je pense, qui vient. C'était honnêtement pas facile, c'était un vrai défi, un vrai challenge que d'arriver à la tête du groupe en janvier 2021. Donc moi, comme tu l'as dit, j'arrivais du groupe Accor, magnifique groupe où j'étais patron de l'Europe, dans une position de confort, non pas qu'il n'y avait pas de boulot, il y avait plein de choses à faire, mais en tout cas, c'est un grand groupe installé, qu'il n'y a pas de problème de trésorerie, pas de problème de... qui a peu de gros problèmes et le groupe Pierre et Vacances Center Parcs, lui, il avait depuis 10 ans pas mal de problèmes. Problèmes de business model, problèmes de rentabilité, problèmes de performance, problèmes de génération de trésorerie, pas assez de développement. Et le Covid, à partir de mars 2020, l'a complètement mis par terre. Donc ça a été vraiment le coup pré-final. Ce qui fait que quand moi je suis arrivé, on était dans une situation de quasi-faillite pour le groupe. Et donc on était dans une situation de tout tenter, tous, les employés, les actionnaires, nos propriétaires, nos créanciers, tout le monde, de tenter la survie. Il y avait une petite chance que ça marche, peut-être 15% de chance que ça marche et il y avait 85% de chance que... Ça échoue et donc on a vu beaucoup de disparitions post-Covid de groupes, soit des groupes qui ont été démantelés ou des groupes qui ont complètement disparu avec des plans sociaux, des gens qui ont été mis au chômage en licenciement économique. Et nous on a tout fait, ça a duré deux ans, on s'est battus comme des chiens pour résister en disant ce groupe mérite de subsister, mérite de survivre et donc on va le projeter et on va le réinventer. Et c'est là qu'on a créé, mis en place le plan Réinvention qui depuis a été pris par pas mal de gens. Je n'en ai pas du tout la propriété, mais en tout cas, je pense qu'on était un des premiers à le prendre. Et on s'est dit, pourquoi réinvention ? Parce qu'il faut réinventer le groupe, sans tout détailler. Mais avant, on était d'abord un promoteur immobilier, historiquement, en 1967. On a choisi d'arrêter ça et de devenir un exploitant touristique, mais qui ne fait plus de promotion immobilière. Ça a par ailleurs plein d'avantages sur le sujet dont on va parler, qui est l'empreinte sur l'environnement, les territoires. Donc ça c'est un exemple de... réinvention du groupe. Mais on s'est dit, ce groupe doit incarner la réinvention du tourisme. Parce que le tourisme change depuis 20 ans, essentiellement. Ça s'est accéléré du fait du Covid. Les gens partent moins longtemps, moins loin, et plus souvent, avec une conscience de leur voyage beaucoup plus développée et une envie d'aller découvrir des choses, d'apprendre. Et donc, le côté je franchis l'Atlantique ou le Pacifique pour aller bronzer sur une plage pendant une semaine. Ça, c'est à peu près fini. Donc nous, on a voulu incarner cette réinvention du tourisme.

  • Eric

    Alors, comme disait Churchill, il ne faut jamais perdre l'opportunité d'une bonne crise pour se réinventer. C'est visiblement ce que vous avez fait. On va en parler, et justement, on va parler de cette réinvention un peu en détail, et aussi de l'implication par rapport aux enjeux écologiques. Mais pour commencer, en fait, c'était concomitant, tu t'es engagé avec le groupe dans le parcours CEC qui a démarré en septembre 2021, en pleine tourmente. On se souvient aussi que ta planète championne, on peut la saluer ici, Émile Iris, était sur cette décision. Tu avais beaucoup de choses à faire et quand même, tu t'es engagé dans ce mouvement national de la première CEC. D'où est venue cette décision ?

  • Franck

    D'une conviction personnelle. En fait, quand je suis arrivé à la tête du groupe, on était en plein Covid, on ne pouvait pas se voir. Moi, je ne pouvais pas visiter les sites. Donc, j'ai dû faire une centaine de visioconférences. Avec tous nos personnels sur le site, les patrons de parc, les patrons de résidence, le comité exécutif, et tous, on avait une conviction autour de notre projet Réinvention, c'est que c'était un triangle qui devait absolument fonctionner ensemble. Il ne pouvait pas manquer un des trois côtés. Les trois côtés du triangle, c'était l'expérience client. Les clients veulent vivre des expériences. S'il n'y a pas d'intérêt à se déplacer, à voir un site, une localisation, ils ne viendront pas. Donc, il fallait qu'on crée des expériences de qualité. Le deuxième point. C'était d'avoir un volet RSE très ambitieux, sociétal et environnemental. On y reviendra dès le départ. Et le troisième point, c'était le retour à une performance économique qui nous permette de réinvestir, de rémunérer aussi des actionnaires. Ce sont des choses qui n'avaient pas été faites depuis longtemps. Et donc ça, c'était vraiment les bases de notre projet, de notre projection à 5 ans. Et donc en septembre 2021, effectivement, il y a une forme de, on peut l'appeler courage, conviction, on peut peut-être même l'appeler insouciance Grosse prise de risque en tout cas parce qu'on est à ce moment-là dans le groupe à une période où on ne sait pas si on va trouver de nouveaux actionnaires. On cherche en gros à se désendetter d'un milliard d'euros et à réinjecter en equity dans le groupe à peu près 700 millions. Et on est à une période où on doute du fait que quelqu'un nous fasse confiance et puis mette de l'argent, ce qu'ont fait nos actionnaires. Et donc je les en remercie encore. et donc avec tous les collègues qui soient managers ou employés sur le terrain, on partage cette conviction, on porte l'ambition du groupe. Et avec Émilie, tu l'as dit, qui est la responsable du développement durable du groupe, on se dit, on ne peut pas rater cette CEC. C'était la première édition, donc pour toi c'était aussi une nouveauté. Qu'est-ce qu'on allait y apprendre, qu'est-ce qu'on allait y découvrir ? C'était l'occasion unique, ça correspondait vraiment à ce qu'on recherchait. Donc on y a passé du temps et elle a fait toutes les sessions. Avec également un autre collègue qui est le patron de la transformation chez moi. J'ai objectivement et honnêtement pas suivi toutes les sessions. J'ai dû suivre un tiers des sessions parce que sur les deux autres tiers, moi j'étais au tribunal de commerce et donc j'avais pas vraiment le choix. C'est comme à l'école, t'as la partie obligatoire et la partie optionnelle. Là, c'était la partie obligatoire, donc au tribunal de commerce, je devais y être. Mais je me souviens de cette session de septembre 2021, inaugurale, on était à Cachan, qui a été cette fameuse claque pour moi, où j'ai réalisé le drame qui se nouait devant nous, et avec des chiffres qui étaient autour de ceux de la biodiversité. Et objectifment, moi, j'avais pas conscience de ces chiffres-là. Et je me souviens très bien du chiffre que... tu avais cité, avec Valérie Masson qui était venue également, de dire en 30 ans, il y a eu moins de 80%, donc une baisse de 80% du nombre d'insectes en Europe. Les espèces marines, ça a été moins 40% en 40 ans. Hausse de température, ça y est, on le sait tous, on en vit des effets cet été, l'été passé, on l'a vécu en 2003. Et ton point, ça a été de dire, si je crée cette CEC, c'est parce que la réponse, elle appartient aux entreprises, d'abord aux entreprises. Aux individus, au gouvernement, ok, mais d'abord aux entreprises. Et là, en fait, tout le monde à la fin de la session, au bout d'un an ou un an et demi, a dit mais voilà comment je m'engage, moi, à porter le changement. Et en fait, je n'attends pas que quelqu'un le porte à ma place, mais c'est moi qui vais montrer l'exemple. Et c'est ce qu'on fait nous, ce qu'on essaie de faire, en disant le tourisme de proximité, quand vous voyagez à 300 km de chez vous, vous avez une empreinte carbone qui est 10 fois plus faible que dans un tourisme lointain. Ça ne veut pas dire qu'il ne faudra plus de tourisme lointain. Moi, je suis convaincu qu'il faut croiser les cultures, croiser les habitudes, connaître l'histoire. Donc, il faut emmener nos enfants en Amérique. J'allais dire aux États-Unis, je suis un peu moins fan depuis quelques temps. En Amérique, voir le continent américain, voir le continent asiatique, africain, c'est fondamental, mais beaucoup moins qu'avant. Beaucoup moins qu'avant. Et avoir ce réflexe d'aller plus près de chez soi, comme on l'a fait pendant le Covid, parce qu'il n'y a pas plein de richesses historiques, culturelles, patrimoniales, naturelles. La France est le meilleur exemple et on voit ce tourisme a changé. C'est un changement structurel auquel on répond, nous, de façon vraiment à long terme.

  • Eric

    C'est vrai qu'on peut le voir dans votre feuille de route. Votre feuille de route a été publiée en 2022 à la fin du parcours. Elle est disponible sur le site de la CEC. Quand on va regarder cette feuille de route par rapport aux autres, on s'aperçoit que Elle a un côté technique, puisque vous avez une empreinte carbone, puis une empreinte aussi sur d'autres lignes planétaires vraiment fortes. Donc ça fait du potentiel de diminution. Et aussi qu'il y a une vision de long terme. En peut-être deux, trois grandes idées sur ce plan de réinvention sous l'angle des lignes planétaires, c'est quoi les grands axes de cette feuille de route ?

  • Franck

    Alors j'en citerai trois. Le premier, c'est la décarbonation. Le deuxième, c'est la prise de conscience qu'on crée et qu'on améliore autour de la nature. J'y reviendrai. Et puis la troisième, c'est pour tout ce qui est développement futur. Est-ce qu'on arrive à réconcilier de la consommation, de la croissance, mais raisonnable ? Donc un développement raisonnable. Sur la décarbonation, on s'est engagé sur une diminution de notre empreinte carbone. Donc on est à moins 20%. L'objectif, c'est moins 50% d'ici 2030 de notre empreinte carbone par rapport à 2019. Donc division par deux. On est à un peu plus, enfin un peu mieux que moins 20%, une petite moitié du chemin. Il en reste une moitié, alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a pris les mesures d'économie de consommation, c'est sûr. On a réalisé toutes les études techniques pour baisser tous les éléments de fuite, de déperdition. On s'est féodé aussi en impliquant les clients, en disant, bon ben voilà, ce n'est pas parce que vous êtes dans une résidence de tourisme, vous avez payé votre séjour pendant une semaine, qu'il faut faire couler l'eau chaude toute la journée pour sa douche. Parce que forcément il y a un impact derrière, donc faites-la couler le temps de votre meilleure chanson. C'est un bon réflexe, donc si la meilleure chanson dure 10 minutes, ok. Ce qui reste devant nous sur ce premier aspect de décarbonation, c'est, on a commencé, mais c'est le changement de mix énergétique. Pour aller vraiment vers des énergies décarbonées, on a commencé, on vient de changer sur l'une de nos résidences à Branville, Pierre et Vacances, on vient de mettre de la biomasse à bois. C'est comme ça qu'on chauffe notre dernier Center Parcs des Landes de Gascogne. On a de la géothermie, on a du photovoltaïque, mais aujourd'hui on a encore une énergie carbonée, notamment en Allemagne, Pays-Bas, sur nos sites, et donc il faut investir pour passer à de l'énergie décarbonée. Ça c'est notre premier axe. Le deuxième axe c'est le sujet nature. On veut à la fois... La préserver et on veut aussi faire en sorte que durant la semaine où on a la chance d'avoir nos clients avec nous, ils sont là pendant une semaine, on souhaite leur faire toucher du doigt ce que c'est que la nature. Et on a cette occasion unique pour qu'ils ramènent ça chez eux avec leurs enfants et du coup, et des bonnes pratiques en matière de, évidemment, tri des déchets, sensibilisation, mais surtout savoir ce que c'est que la faune, la flore et comment la préserver, en quoi c'est un élément essentiel. Et donc Center Parks, qui est là-dessus celui qui est le plus avancé dans le groupe. Pourquoi ? Parce que Center Parks, c'est un domaine de 150 hectares au cœur de la nature. On s'est engagé, aujourd'hui c'est le cas dans la moitié de nos parcs, on s'est engagé à ce que d'ici 2028, 100% de nos parcs aient des parcours nature qui soient proposés de façon gratuite à tous nos clients. De quoi c'est né ? C'est né sur un de nos parcs qui est dans la Vienne, à Bois-Audin, avec le responsable environnement biodiversité là-bas qui avait une vraie passion pour la biodiversité, les insectes, et qui a dit mais moi je pourrais créer un parcours pour ceux que ça intéresse, les rares clients que ça intéresserait. Puis en fait ça a cartonné, donc il s'appelle Olivier, je lui rends hommage, ça a cartonné, de plus en plus de clients sont venus et donc on a vraiment élargi ce parcours, une forme de parcours de sensibilisation à tous les parcs, et aujourd'hui c'est un vrai succès, c'est-à-dire qu'on apprend en se déchaussant, en ayant le contact avec la nature, à dire mais pourquoi est-ce qu'il y a ici une mare ? Pourquoi est-ce qu'il y a autant d'insectes et qu'ils sont nécessaires ? Pourquoi est-ce qu'on cultive ce type de produit de façon différente chaque saison ? Pourquoi est-ce que et comment est-ce que la nature est préservée, régénérée ? Et ça, c'est quelque chose qui est plébiscité par nos clients et on a un peu comme une vocation de dire on veut absolument réconcilier nos clients avec la nature et leur faire toucher du doigt petits et grands parce que finalement en tant qu'adulte, on a autant d'ignorance je pense que nos enfants, ça c'est le deuxième axe et le troisième axe c'est le développement, pourquoi ? parce que tu l'as dit, le tourisme a une empreinte carbone sa contribution au niveau mondial la contribution à l'économie c'est à peu près, ou France c'est pareil 8% et l'empreinte carbone elle est d'un peu plus de 10% donc on voit qu'il y a un petit delta une petite surconsommation qu'il faut résoudre, alors vu notre positionnement on répond à une partie de la question en disant on est sur un tourisme local et on incite en plus chacun de nos clients à prendre le train, parce que quand ils sont chez nous, ils n'ont plus besoin de leur voiture. Ça n'a vraiment aucun intérêt. Mais ensuite, on mène des actions nous-mêmes et que ce soit en période d'exploitation ou de développement, on se dit comment est-ce qu'on fait différemment. Je vais prendre l'exemple de la montagne. La montagne, pendant des années, les stations se sont créées. Dans les années 70, les remontées mécaniques, le bâti, l'immobilier. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, on sait qu'il va falloir dépasser les 1800 mètres pour les stations pour trouver de la neige de façon durable. Le bâti, l'immobilier est là, donc il n'y a plus besoin ou à la marge de construire du bâti neuf à la montagne. Par contre, il y a un besoin énorme de le rénover parce qu'il date des années 70-80, que c'est coûteux, que ça a une contribution. Il y a parfois des passoires thermiques, acoustiques, et donc il y a là-dessus un énorme effort à faire. Et donc on vient, nous, de faire le prototype à Avoriaz, où est né le groupe, sur une de nos résidences. On a fait une isolation thermique par l'intérieur, on a divisé par deux, Du coup, la consommation du bâtiment et donc son empreinte. Ça, on veut le faire partout et donc progressivement rénover notre bâti. Sur des sites nouveaux, ceux-là, on veut en gros à la montagne rénover plus que construire, clairement, et même quasiment plus construire. Sur des sites nouveaux, Center Parks, ce qu'on veut faire systématiquement, c'est ne plus aller sur des endroits qui n'aient pas déjà été artificialisés ayant eu une première vie. Exemple, Terrain militaire, ex-terrain militaire, ex-terrain industriel, donc nos deux derniers parcs répondent à ça, en Belgique et en Allemagne, ancienne friche industrielle, ancienne mine en Belgique, et puis ancien terrain militaire en Allemagne, où on arrive, on redonne une vie à ce terrain, il a déjà été artificialisé, on renature à côté, et puis surtout on préserve l'emploi, on recrée de l'emploi, parce qu'on est un emploi non délocalisable, et là où chacun de nos pays en Europe... perd de l'emploi, industrie, maintenant service, nous on vient pour recréer de l'emploi. Donc c'est ça un peu trois axes clés de notre feuille de route.

  • Eric

    Là vraiment il y a beaucoup d'ingrédients, justement on parle de contact avec la nature, on parle de décarbonation, il y a vraiment beaucoup de potentiel sur ces activités-là. La question que j'aimerais te poser c'est aller sur cet aspect de construction de bâtis, puisque en fait les chiffres c'est 300 sites de grande taille, 46 000 logements, sur les consommations. Là, on parle d'investissement, peut-être sur l'eau aussi. Est-ce que tu vois d'autres leviers ?

  • Franck

    Plein d'autres leviers. En fait, c'est un sujet infini pour nous. L'eau, donc tu l'as cité, c'est clé. Nous, on consomme de l'eau, notamment dans les center parks. Donc on se dit, comment est-ce qu'on peut... avoir une empreinte diminuée sur l'eau. Il y a des expérimentations qui se lancent, des réflexions avec des gros groupes industriels spécialistes du sujet. Peut-être deux exemples. Le premier, c'est dans nos sites, de plus en plus l'eau qui circule à l'extérieur, dans ce qu'on appelle la rivière sauvage. Tous les clients de Center Park se souviennent.

  • Eric

    Je m'en souviens, j'y suis allé souvent en famille.

  • Franck

    Pour toi ou pour tes enfants. Donc la rivière sauvage, c'est de l'eau chauffée qui vous mène par des méandres, c'est très sympa. Mais ça sert dans la journée, la nuit, qu'est-ce que ça fait ? Ça se refroidit, donc il faudrait réchauffer le lendemain matin. Ce qu'on fait, c'est qu'on vide l'eau de ces bassins extérieurs, on la stocke dans d'immenses réservoirs qui peuvent faire jusqu'à 15 tailles de piscines municipales. C'est fermé, stocké, et on réouvre les bassins le lendemain matin, et l'eau, elle n'a quasiment pas perdu de température. Donc on imagine l'économie en eau et en chauffage qu'on fait au travers de ça. Le recyclage aussi des eaux usées dans un center park, s'il y a beaucoup d'eau usée, nous on a 8 millions de clients par an, donc les eaux usées dans un site comme un center parc, un Pierre-et-Vacances, c'est assez important. Plutôt que de l'évacuer dans les réseaux classiques qui ensuite vont être traités sur des installations industrielles, on se dit comment est-ce qu'on peut l'utiliser, cette eau usée, localement ? Pour arroser, on a des espaces verts très nombreux, comment est-ce qu'on peut réutiliser tout ça ? Comment est-ce qu'on peut recycler ? dans le Center Parcs lui-même. Et donc c'est ça qu'on est en train de travailler, en disant comment est-ce qu'on vise à l'amoindrissement de nos consommations, donc énergie, eau, ce sont ça les deux thèmes clés effectivement.

  • Eric

    On s'aperçoit que le terrain de jeu, comme tu dis, il est infini. L'équation peut être hyper intéressante sur les coûts. Il y a sans doute une question d'investissement par rapport à ça. Et tu nous disais que vous aviez déporté tout ce qui était investissement foncier. Comment ça se passe quand on est face à de tels besoins d'investissement ? On sait qu'il faut le faire, mais en même temps le parc il est immense. Est-ce que vous avez une planification ? Est-ce que vous avez une méthodologie ? Est-ce que vous êtes suivi par les investisseurs financiers pour débloquer ce frein ?

  • Franck

    Alors on est suivi par les investisseurs financiers et on a, tu le disais, on a 300 sites et donc avec beaucoup, des milliers de propriétaires, qu'ils soient institutionnels ou individuels, ils sont propriétaires des actifs. Un actif, ça se mesure à sa valeur. Valeur économique, mais aussi valeur dans le temps. Et ce qu'on sait, c'est que si un actif ne répond pas aux obligations actuelles ou futures d'un point de vue consommation, il va perdre en valeur. Donc, ils sont éminemment conscients du fait qu'il va falloir travailler sur l'actif pour le rendre conforme à la réglementation 2030, mais aussi 2040, 2050, qu'on voit venir progressivement. Donc, d'abord, nous, on mène ce travail de pédagogie pour partager avec tous nos propriétaires les obligations actuelles et à venir, montrer que l'équation économique, elle n'est pas... antinomique avec l'équation environnementale. Au contraire, le cas de la résidence de Capella à Avoriaz, ce que je citais, est le très bon exemple parce qu'on consomme moins aussi en même temps. Donc nous, en tant qu'opérateurs, on se porte mieux. La valeur de l'actif est réévaluée. Donc c'est vraiment un investissement gagnant-gagnant. Par contre, tu l'as dit, il faut investir au départ. Et donc il faut planifier, il faut anticiper. Il faut qu'il y ait aussi une rentabilité. Et c'est ce qu'on est en train de voir sur certains de nos center parcs. en installant du photovoltaïque sur le site, donc à la fois des ombrières et puis une ferme photovoltaïque à Village Nature, qui est notre center park près de Disney à Marne-la-Vallée, on voit qu'on va être capable de générer un tiers de notre consommation d'électricité. On avait déjà de la géothermie là-bas, on va puiser à 2 km sous terre, et donc ce qui nous restait, on était en consommation électrique, il y en a un tiers qu'on bascule avec du photovoltaïque. Et donc on montre que l'équation... économique et environnementale, elle est largement compatible. Pour ça, il faut investir, mais c'est la vie d'investir et de ne pas s'arrêter. Donc voilà, on est vraiment dans cette phase-là. On parle de montants qui sont des montants importants. L'avantage pour tous les propriétaires pour nous, c'est qu'on sait que nous, on n'est là pas pour deux ans, pour cinq ans. On est là pour 20 ans, 30 ans, 40 ans. Donc la rentabilité de l'investissement... Elle peut être calculée vraiment sur ces gros horizons de temps.

  • Eric

    Et vous faites tourner les actifs énormément avec des taux de remplissage qui sont élevés. Donc les réductions de consommation, ça chiffre très très vite.

  • Franck

    Exactement, il y a un effet volume qui tout de suite est visible.

  • Eric

    Merci pour tous ces exemples. J'aimerais qu'on parle du projet d'entreprise, puisqu'en fait on parle toujours dans l'économie régénérative de prendre soin de toutes les parties prenantes. Par rapport aux clients, bien sûr qu'ils sont une grande partie prenante, Ce projet, est-ce qu'il est ressenti, cette réinvention ? Est-ce que vous avez peut-être des chiffres de satisfaction et d'adhésion à ce projet du groupe ? Et puis aussi sur la partie prenante des employés, de tout le staff, à tes côtés, est-ce que tu sens qu'il y a une adhésion aussi à ce projet d'entreprise ?

  • Franck

    Oui, alors des deux côtés, on sent l'adhésion. C'est palpable d'un point de vue chiffré, d'un point de vue consommation pour les clients, engagement pour tous nos collaborateurs. Côté client... Avec ce projet réinvention, on a modernisé notre parc, on a vraiment fait primer l'expérience client, une expérience de qualité, attentionnée, personnalisée. Concrètement, la satisfaction de client a gagné 20 points en 3 ans, au moment où notre chiffre d'affaires, lui, gagnait à peu près 30%. Donc souvent, on nous dit, avec un chiffre d'affaires en hausse comme ça, attention, quelle est la limite, est-ce que ça passe, l'élasticité ? Non. En fait, le produit n'est plus du tout le même, l'expérience client n'est plus du tout la même. Je pourrais te citer plein d'exemples. Un seul, notre Center Parcs qui est près des châteaux de la Loire, Haute-Brouillère, on a investi avec les propriétaires 65 millions il y a six mois maintenant. On l'a fermé pendant deux mois. C'est comme si on avait ouvert un Center Parcs neuf. Les clients fidèles, et on en a beaucoup au Center Parcs, sont revenus en disant « mais je le reconnais à peine » . Donc on a vraiment changé tout ça et on a mis l'aspect nature, localité, ouverture aux acteurs locaux, aux richesses locales, au cœur de la promesse de l'offre qu'on fait. Et donc ça marche, ça marche pour Center Parc, Pierre et Vacances, je l'ai dit, ça marche pour Maéva, qui a beaucoup de campings ou de résidences de particuliers. Et donc l'attention de l'hôte qui accueille un invité, c'est important. Dans un camping, ne pas faire n'importe quoi avec les ressources rares, c'est clé. On a aussi Adagio qui fait du tourisme urbain. Consommer la ville autrement, c'est quand même fondamental. Les clients ne sont pas tous, comme on pouvait l'entendre il y a quelques années, on a tous des images en tête des prédateurs qui viennent, font rouler leur valise sur les pavés parisiens, ne consomment pas local. Non, nous on leur dit il faut consommer local, regarder où vous mettez les pieds, ce quartier, les bons plans, les acteurs. Donc côté client, les chiffres le montrent, en consommation et en satisfaction. Côté employé aussi. La meilleure preuve, c'est le taux de rotation de nos employés. Ils nous sont très fidèles et ils adhèrent vraiment à ce projet. C'est la première question de nos nouveaux employés, la question du sens et de ce qu'on fait pour la société et pour l'environnement. J'ai beaucoup parlé d'environnement. Si je parle un peu de sociétal, nous, on croit beaucoup au fait aussi d'aider des familles en difficulté et des familles qui n'auront jamais les moyens de se payer un séjour dans l'un de nos sites. Donc, on a une fondation qui est en place depuis cinq ans. et qui a aidé du coup 15 000 familles en difficulté parce que la vie les a pas aidées, soit pendant la vie, soit au début de la vie, les a pas aidées et qu'ils ont été marginalisés, que jamais ils pourront aller en vacances. Donc 15 000 familles sont parties en vacances gratuitement avec nous. On aide des associations aussi qui accompagnent les familles fragilisées. Donc ça c'est le volet famille. Il y a un volet mixité chez nous qui est très important. Et puis si je parle de handicap, on a pris l'habitude au siège du groupe, dans le 19e arrondissement, de faire appel systématiquement, un ESAT, donc un établissement qui emploie des travailleurs handicapés en situation de handicap, dès qu'on avait besoin de faire une réception et d'organiser de la logistique, de commander des viennoiseries, d'organiser aussi, de commander du mobilier, on fait tout ça, on a le réflexe de dire comment est-ce qu'on peut faire différemment pour être plus utile à la société. Et donc ce projet-là, les employés du groupe y adhèrent et ils y adhèrent, là c'est le A de authenticité, authenticité, parce que pour le coup... Il n'y a pas ce que raconte le groupe en externe et ce qu'il fait en interne.

  • Eric

    On voit la congruence de ce plan révention sur toutes les parties prenantes. Peut-être une question avant de basculer sur une prise de hauteur sur le secteur du tourisme en général. Est-ce que tu as des zones de doute encore ou des endroits dans ce plan qui est à 360 ou tu te dis tiens là il faut aller regarder ou là je ne suis pas sûr, je n'ai pas tout aligné. C'est quoi ? Est-ce qu'il y a des aspérités ? ou finalement tu as l'impression que vous arrivez à cocher maintenant toutes les cases ?

  • Franck

    Non, on ne coche pas toutes les cases. On a fait beaucoup, beaucoup de travail, c'est sûr. Mais maintenant, on se projette horizon 2030 en disant qu'est-ce qu'il y a derrière la réinvention ? Comment est-ce qu'on peut aller un cran plus loin ? Et donc le sujet, par exemple, régénératif, pour nous, est un sujet clé. Il nous a mis la barre très, très haut. J'ai dit, pour tous nos développements, on veut redonner vie à des sites. Mais comment est-ce qu'on redonne vie à de l'emploi local, des déserts complets, des déserts d'emploi complets ? Il n'y a plus de vie dans certains quartiers, dans certaines zones, dans certaines régions françaises. Le projet régénératif où nous on vient avec un projet touristique qui puisse être mixte avec un projet qui répondrait aux besoins locaux en matière de consommation des enfants, d'éducation, sportif. Je trouve que ça, ce serait un magnifique aboutissement. Et donc, on voit que là, ça aurait une autre portée encore. On est encore dans une dimension, et c'est normal, assez commerciale. Et donc, on va chercher où souhaite aller le client, ce qu'il souhaite consommer. Voilà, il y a une étape un peu ultime. Je ne sais pas si on y arrivera un jour, mais qui serait un peu l'aboutissement de notre vision, même si on fait déjà... Pas mal de choses parce que là où on fait du développement, j'ai dit comment on le faisait, j'ai pas dit où on le faisait géographiquement. On essaie de le faire dans des zones où il y a aujourd'hui pas forcément beaucoup de tourisme et de touristes. Et donc on ouvre aussi des champs pour les clients pour dire allez dans ces zones-là, allez voir. Et on le voit dans les consommations maintenant cet été. Normandie, Bretagne ont beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. La montagne l'été a beaucoup plus de succès qu'il y a quelques années. Donc nous on essaie d'aller pas forcément là où il y a déjà... plein plein de monde qui se massent.

  • Eric

    O ui, alors justement, merci. On va maintenant peut-être échanger sur le secteur du tourisme et aussi dézoomer, aller au niveau mondial. C'est vrai que parfois, on peut se poser la question, on voit de plus en plus d'hypertourisme et des pays qui se sont ouverts. Si on prend l'exemple de la Chine, en fait, énormément de touristes en plus, d'ailleurs en local, au niveau international aussi. Et parfois, on se dit que c'est vraiment compliqué puisqu'il y a un enjeu démocratique. d'un côté, et puis un peu une aberration écologique de l'autre. Est-ce que toi, par rapport à ça et dans la filière, cette question de l'hypertourisme et cette ligne de crête, c'est un sujet que vous abordez ? Est-ce qu'il y a des limites à poser par les pouvoirs publics ? Comment tu vois ce danger de l'hypertourisme ?

  • Franck

    Alors, d'abord, le tourisme, c'est une des valeurs clés, une des sources de création de valeurs clés dans le monde. Je dirais un petit 10% du produit national brut en moyenne dans chaque pays, c'est fondamental. Il y a 1,4 milliard de touristes chaque année. Il y en a d'ailleurs 700 millions qui vont en Europe. Ça peut être des Européens qui sont en Europe. Mais chaque année, l'Europe attire la moitié du tourisme mondial. Pour l'Europe, pour la France, qui n'est pas loin des 100 millions, c'est une ressource fondamentale. Si on devait s'en séparer, ce serait un appauvrissement énorme.

  • Eric

    Et c'est deux fois plus de croissance sur la croissance PIB tourisme que la croissance mondiale. Donc c'est aussi un secteur qui a beaucoup de potentiel.

  • Franck

    Qui se développe 4-5% par an, chaque année. C'est aussi un secteur où on peut rentrer sans forcément beaucoup de formation, beaucoup de bagages et grimper les échelons pour devenir directeur d'un site, directeur d'un pays. On le voit chez nous, clairement. Donc il y a un vrai ascenseur social qui se fait. Et puis c'est surtout le tourisme, c'est la rencontre des gens. C'est la découverte des lieux, c'est vraiment la richesse culturelle, c'est l'ouverture. Et on l'a vu pendant le Covid, quand on s'est tous refermés, on ne pouvait plus voyager, on s'est tous appauvris. Et donc le tourisme, c'est la vie. Donc ça, il faut vraiment garder ça en tête, parce que sinon, on est dans une société où chacun se referme, les continents se referment sur eux, ne se connaissent plus, ne discutent plus, et on voit ce que ça peut créer. Et donc le fait de brasser les cultures, les différentes nationalités, c'est fondamental. Ensuite, il faut le faire... Avec cette nouvelle prise de conscience qui dit, mais évitons de tout faire au même moment, au même endroit. Et en fait, c'est aussi simple que ça, c'est qu'on a la chance dans le tourisme, si je prends l'exemple de la France, on a les sites du littoral, les sites de la montagne, on a la campagne, été, hiver, week-end, semaine. Donc selon si vous êtes étudiant, travailleur, en situation active, retraité, en fait... on peut, chacun peut trouver son compte, c'est-à-dire son endroit, au moment qui lui convient le mieux, pour étaler dans le temps et l'espace le tourisme. Et ça, en fait, c'est exactement ce qu'il faut faire. Moi, je crois beaucoup à l'exercice de régulation fait par les acteurs locaux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes voient bien l'intérêt pour eux, pour la préservation de leur site, et puis l'expérience des clients qu'ils accueillent, qu'il y a tout intérêt à réguler, et donc il y a des façons très faciles de le faire. D'abord, ça concerne... très très peu d'endroits, au final on en parle beaucoup, mais ça concerne quand même très très peu d'endroits et de moments. Et donc sur ces phénomènes de pointe, en fait il faut réguler de façon très simple avec une appli qui dit, bon ben voilà, il faut juste réserver, c'est pas pour ça que c'est payant. Sur des sites naturels, on a vu ça, Calanque, Mont-Saint-Michel, etc. De dire, en fait on régule, mais c'est pour le bien de tout le monde. Le bien du client, franchement, aller dans un endroit où vous pouvez pas mettre un pied devant l'autre, ça n'a... aucun intérêt et donc le client préfère 100 fois ne pas y aller que d'y aller en étant dans une masse. Mais une fois encore, c'est quand même un épiphénomène. C'est-à-dire que cette concentration sur un lieu à un même moment, on en parle beaucoup, mais c'est très très rare. Et donc il y a des moyens de réguler très simple. Et c'est fait par qui ? Par les acteurs locaux. Et là-dessus, c'est l'intelligence du client qui est encore récompensée.

  • Eric

    Oui, et puis ça peut se faire aussi cet étalement, cette diversification des activités sur un centre lui-même, comme tu parlais de Center Parcs où tout le monde n'a pas forcément besoin d'être à la rivière sauvage au même moment. S'il y en a qui font le parcours biodiversité à ce moment-là, ça permet d'étaler les expériences et justement d'éviter cet effet de foule qu'il peut y avoir sur certains sites.

  • Franck

    On n'a aucun intérêt à ce que tout le monde se presse au même moment dans un même lieu et donc c'est pour ça qu'on a aussi créé en moyenne 50 activités par Center Parcs. C'est pour diversifier les occasions de consommation selon les goûts, les envies des clients. Et donc, on les oriente aussi dans le discours, effectivement. Prendre un autre exemple, la montagne l'été, j'en ai parlé. Les vacances d'été, on voit que août reste quand même sacré, mais il y a une forme de basculement avec un juillet qui a tendance un peu à baisser et un mois de septembre qui, lui, a tendance à augmenter. Donc ça, c'est plutôt pas mal pour l'expérience touristique.

  • Eric

    Merci beaucoup pour ces exemples qu'on se pose souvent aussi sur d'autres secteurs. Est-ce qu'on attend que le régulateur... mettent en place les normes ou les fiscalités pour, ou est-ce que finalement les acteurs eux-mêmes mettent en place ces nouvelles visions, ces réinventions, et finalement quand ça part du terrain, en général ça reste plus longtemps et c'est plus smart. Alors justement peut-être, on parlait tout à l'heure de tourisme responsable, et tu disais finalement que le Graal ou la vision était peut-être ce tourisme régénératif. Essayons d'aller l'évoquer, qu'est-ce que tu y mettrais, régénération ? Social, régénération des écosystèmes naturels, la régénération pour toi appliquée au tourisme, ça prendrait la forme de quoi ? Qu'est-ce qu'il faut aller chercher en plus pour aller jusque là ?

  • Franck

    Alors peut-être deux mots pour répondre à ça que je vais développer. Je dirais local et puis ensuite seconde vie. Local, c'est quoi ? C'est qu'il faut qu'on raisonne local. Emploi local. Quand on ouvre un center parc... Quand on ouvre une résidence Pierre et vacances, on a un souci absolu d'employer localement. Et donc plus de 90% des nouveaux employés, un center park c'est 300, 400 emplois permanents, donc c'est important, c'est souvent le second employeur du département. On cherche de l'emploi local, parce que c'est clé pour les territoires, et ça ne sert à rien d'aller créer des flux un peu artificiels. d'enlever de la population de certains territoires, en mettre ailleurs. Et donc c'est pour ça qu'on recherche aussi un vrai projet politique, au sens noble du terme, avec les élus, les responsables associatifs, économiques, écologiques, pour dire comment est-ce qu'on crée de la vie localement. Il y en avait avant, et puis elle a disparu, pour une raison ou pour une autre, parce que les usines ont fermé, que les sites militaires ont fermé. Donc comment on en recrée ? Donc emploi local, approvisionnement local aussi.

  • Eric

    On n'a pas parlé de nourriture, mais c'est fondamental.

  • Franck

    Donc là, c'est clé pour nous d'avoir une boucle d'approvisionnement locale et d'expliquer d'où ça vient, qui est l'agriculteur, le producteur derrière la viande, le fromage, les légumes qu'on montre, de l'incarner, de les faire venir aussi. Donc dans tous nos centres de repas, on a un marché qui est un marché quotidien où on leur donne l'occasion de venir raconter leur histoire, leur site, montrer leur production et puis la vendre. Parce qu'évidemment... Les clients sont ravis de pouvoir ramener chez eux des choses qu'ils ont consommées localement. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de tout partout. Et en fait, il n'y a aucun problème à ça. Parce qu'il y a des endroits où il n'y a pas naturellement les mêmes fruits qu'ailleurs. Et donc, on ne va pas aller, si je donne des exemples, on va mettre beaucoup plus de melons dans le sud que dans nos sites du nord. Et on va expliquer pourquoi. Et inversement, on va mettre en avant d'autres types de fruits et légumes dans le nord. Mais encore faut-il le dire. Donc local, ça c'est le premier point. et alors seconde vie. La seconde vie, je parle de la forêt, je parle de la biodiversité, je parle des insectes, je parle du sol. Là, le but et là-dessus, on n'y est pas encore. Clairement, là-dessus, il faut être très sincère. Le but, c'est de dire comment est-ce qu'on re-nature, on donne une seconde vie, c'est-à-dire qu'on a une forme de photo T0 de l'état du site tel qu'on le prend. En disant dans 10 ans, dans 20 ans, on voudrait que l'état des sols et donc la cartographie, la carte d'identité du site soit meilleur que quand on l'a pris. Parce qu'on fait revenir des espèces, parce qu'on replante, parce qu'on cultive. Et l'avantage qu'on a c'est qu'on est souvent sur des espaces très importants. 150-200 hectares et donc on a moyen de faire ça seul ou en partenariat avec l'ONF et on l'a fait sur des sites Pierre et vacances, des villages Pierre et vacances par exemple. Donc c'est ça un peu le but ultime, local, seconde vie et on voit qu'au travers de ça, il y a ceux qui vivent toute l'année autour de nos sites qui ont une importance fondamentale. Et moi je pense très essentiel que le touriste rencontre. qu'il y ait des moments où ils se rencontrent, mais pour de vrai, qu'ils discutent, qu'ils se connaissent, qu'ils se découvrent. Tous les acteurs locaux, parce qu'ils ont tous des histoires à raconter, un passé. C'est eux qui savent raconter la vie qui est sous le sol que foulent nos clients. Donc c'est ça le projet ultime.

  • Eric

    Il peut être aussi le patrimoine qu'il peut y avoir en dehors de ces 150 hectares. Puisqu'en France notamment, on a un patrimoine culturel, architectural assez incroyable. Et il pourrait y avoir un facteur d'isolement. de tout rester dans le club. Tu penses qu'il y a aussi un potentiel d'ouverture par rapport à ça sur le territoire ?

  • Franck

    Évidemment. Et nous, on pousse les clients à sortir du Center Parcs. Jusqu'à il y a 5 ans, pas mal de clients nous disaient « Mais on a le droit de sortir du Center Parcs quand on est entré ? Est-ce qu'on a le droit de sortir avant la fin de son séjour ? » Évidemment, on a le droit, mais on a en plus vraiment un énorme intérêt, bénéfice à sortir. Donc pour ça, qu'est-ce qu'on fait ? On montre toutes les richesses culturelles, patrimoniales. qu'il y a autour du Center Parcs à nos clients, avant son séjour, pendant le séjour. Donc il y a dans chacun de nos parcs un point d'information touristique, de la région, du département, de l'agglo, pour renseigner et inciter à aller visiter. Quand ils sont à Haute-Brouillère, je disais tout à l'heure, il y a tous les châteaux de la Loire. Quand ils sont en Moselle, il y a un magnifique zoo à 10 km. Franchement, c'est magnifique. Donc il faut faire ça. Pourquoi ? Parce que quand ils font 500 km ou 400 km pour aller sur ce site, c'est dommage de réduire le séjour à Center Parc, de ne pas faire les trois derniers kilomètres. Et puis, on ouvre aussi, on fait en sorte que nos Center Park soient maintenant au croisement de pistes cyclables et d'itinéraires cyclables. On propose beaucoup l'allocation de vélos et on l'offre souvent d'ailleurs pour dire, regardez, prenez un vélo, donc vous venez, vous laissez votre voiture, vous prenez un vélo et vous allez itinérer autour des Center Parcs dans les sentiers naturels, balisés. pistes cyclables et vous allez découvrir tous les endroits vallonnés qui peuvent être autour de chez nous. Donc ça c'est fondamental de les ouvrir et de ne surtout pas être fermé sur nous-mêmes.

  • Eric

    On va aller tout doucement vers un des grands enjeux de l'entreprise régénérative autour des questions de leadership et de gouvernance. On peut sentir ton style de leadership dans cette conversation, mais peut-être si on prend du recul et avec les différentes expériences que tu as eues, comment tu qualifierais ton style ? de leadership et est-ce qu'il a évolué ces 4-5 dernières années ?

  • Franck

    Je le qualifierais, finalement, dans ton acronyme CAP, tu as pas mal résumé. Donc à la fin, dans CAP, oui, courageux, pragmatique, c'est fondamental. Je pense que ce qui est le plus fondamental aujourd'hui, c'est vraiment qu'il soit authentique. On doit être exigeant quand on est un patron d'entreprise, mais il faut être authentique. Il faut parler et raconter son entreprise au client comme on la manage en interne. Il faut l'idée... par l'exemplarité. On ne peut pas avoir de son de cloche en mode, voilà ce qu'il faut faire et voilà ce qu'on applique. Il faut savoir dire aujourd'hui, en 2025, qu'on ne sait pas tout. Je sais vraiment de moins en moins de choses, tant que Franck Gervais, sur des sujets nouveaux comme l'intelligence artificielle générative. Donc j'essaie de combler mes lacunes comme tout le monde. On est là-dessus, on essaie d'y bosser à fond, mais il faut avoir l'humilité de dire d'autres savent nettement, mais nettement mieux que moi. Ce qu'on attend, c'est quoi ? C'est de donner le sens. Le cap, de le garder avec cohérence, de prendre des décisions, des décisions courageuses, des fois des décisions difficiles, mais qui vont toujours dans ce sens de la cohérence, donc prendre des décisions. Rien de pire pour un dirigeant si ce n'est pas prendre des décisions. Franchement, aujourd'hui, avoir le spectre des solutions, des IA génératives le font mieux que nous. Donc prendre des décisions et puis se poser, se remettre en cause, s'ouvrir à l'écosystème, ça peut être des concurrents. Ça peut être d'autres secteurs, des spécialistes, comme toi, dans l'environnement, dans l'économie, pour dire comment est-ce qu'on se remet en cause, comment est-ce qu'on va toujours plus loin. Mais à la fin, c'est l'authentique. Et je pense que j'ai parlé de satisfaction de client. La satisfaction des collaborateurs chez nous a aussi gagné à peu près la même chose, 15-20 points ces trois dernières années, parce que les gens se lèvent le matin. Alors, ils restent parfois chez eux encore. On a encore un peu de télétravail. Mais ce qu'on voit, c'est que quand même. Le fait de se retrouver autour d'un projet, de créer, de construire une direction, de douter, de se remettre en cause, ça, la créativité, elle se fait quand même physiquement dans un lieu qui est un vrai lieu de vie sociale, qui est le lieu de travail. Et on fait, nous, moi je pense, un des plus beaux métiers du monde. Vendre des vacances et vendre des séjours touristiques, franchement, il y a pire.

  • Eric

    On procure des sourires quand on est dans le tourisme.

  • Franck

    Oui, nous c'est un de nos baromètres.

  • Eric

    Et des expériences inoubliables, donc c'est vrai qu'il y a cet engagement. Et peut-être sur le pendant du leadership, la gouvernance, l'organisation, est-ce qu'il y a aussi eu des choses qui ont évolué sur les prises de décisions, sur discussion avec les instances du personnel ? Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu travailles ?

  • Franck

    Oui, là-dessus, il y a l'élément de transparence qui est clé et l'élément aussi de responsabilisation. Sur la transparence, comme on a vécu des périodes un peu difficiles, je le disais il y a 4-5 ans, c'était essentiel de dire où on en était, où on allait, y compris quand on ne savait pas trop où on allait, mais de dire là on ne sait pas trop, mais dans un mois on saura, mais voilà où on en était, les faits, les éléments factuels. Et là-dessus, je crois aussi que je suis convaincu que tout le monde est responsable. Les représentants des employés, les représentants syndicaux, on a un dialogue, mais on ne peut plus mature, adulte avec eux. Franchement, on voit exactement la même chose avec un prisme un peu différent parfois, mais le constat, il est vraiment très, très souvent partagé. Et l'aspect de responsabilisation, c'est que moi, je crois beaucoup au fait de décentraliser, d'abaisser le centre de gravité. Je suis peu... fan de tout gouverner par le haut. On l'a pas mal fait il y a 4 ans parce qu'il fallait remettre les choses d'équerre. Je l'ai dit sur la direction stratégique, le business model, la rentabilité. Donc il a fallu pas mal reprendre la main par le haut. Mais les initiatives, les bonnes idées, une fois que le cap est donné et que les limites gauche et droite sont données sur le champ d'expression, le champ de liberté, la vraie créativité elle est locale. Et donc on donne vraiment nous la carte blanche. à tous les acteurs locaux, les patrons de sites, mais tous leurs employés, et puis au-dessus, les patrons opérationnels, les patrons de business, pour laisser libre cours à leur créativité. Ils connaissent mieux que moi leurs marques.

  • Eric

    Est-ce qu'il y a peut-être un exemple récent que tu pourrais nous donner, une prise de décision, quelque chose qui est né du terrain, qui t'a surpris, et tu t'es dit, tiens, abaisser le centre de gravité, ça confirme que c'est la meilleure voie à donner ?

  • Franck

    Alors il y a celui des parcours rangers dont je parlais tout à l'heure, c'est vraiment une idée qui est née sur le terrain et d'une personne en particulier dans un de nos parcs, en disant il faut faire des parcours au cœur de la nature où des spécialistes du sujet accompagnent pendant une heure, une heure et demie les clients. Et donc ça on l'a généralisé dans tous nos center parcs, donc franchement c'est une très très très bonne idée. Puis une autre idée qui est venue du local, et puis finalement à la fin on s'est dit mais... Ça, pourquoi est-ce qu'on ne généralise pas ? C'est la fidélisation, là je vais basculer chez Pierre et Vacances, la fidélisation des saisonniers. On emploie jusqu'à 1000 saisonniers sur une période d'été et donc on s'est dit, mais en fait, plutôt que de prendre des saisonniers l'été, de prendre d'autres saisonniers l'hiver, de les reformer l'année d'après pour l'été, puis pour l'hiver, pourquoi est-ce qu'on n'a pas une politique de fidélisation de nos saisonniers ? 1. On les loge. 2. On les forme. 3. On leur propose, dès que possible et dans plus d'un cas sur deux, des contrats en CDD ou CDI. Alors après, ils peuvent souvent ne pas vouloir parce que c'est aussi une autre forme de liberté que d'être saisonnier. Mais donc voilà, ça, c'est quelque chose qui est né localement en disant mais on ne va quand même pas refaire à chaque fois le travail de formation de nos personnels qui accueillent nos clients qui viennent dans nos résidences au ski parce qu'on répète X fois la même chose. Donc pourquoi est-ce qu'on ne les reprend pas ? Et donc ça, c'est quelque chose qui est né localement.

  • Eric

    OK, on va vers les dernières questions de cette conversation. On dit souvent à la CEC que ce qu'on essaie d'apporter dans le monde économique, c'est cette pensée régénérative. Et pour essayer de rendre ça le plus simple possible, puisqu'on s'aperçoit que c'est multifacette, est-ce que tu pourrais te prêter à l'exercice d'expliquer en quelques phrases à un enfant de 10 ans, c'est quoi une économie régénérative ?

  • Franck

    Une économie régénérative, c'est une économie où on se pose systématiquement l'intérêt, l'opportunité d'aller réutiliser l'existant, le transformer pour lui donner une nouvelle vie, et le ré, où on se pose deux fois, trois fois, dix fois la question de l'intérêt réel à aller détruire des ressources naturelles pour créer quelque chose à valeur ajoutée. Voilà, il faudrait faire le test sur un enfant de 10 ans. Peut-être que c'est plus pour un enfant de 15 ans, c'est à dire. Voilà, c'est ma réponse.

  • Eric

    Une dernière question sur le moment qu'on est en train de vivre. Tu l'évoquais très rapidement au début de la conversation, au niveau géopolitique et qu'on va qualifier de le backlash qu'il peut y avoir sur la science, la science du climat, l'écologie. En ce moment, on sent qu'il y a eu un revirement avec l'élection des Etats-Unis l'année dernière. Et par rapport à ce moment de l'histoire, comment toi tu vois les choses ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose de durable ? Est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui peut être un soubresaut d'un ancien paradigme ? Parce qu'on est en route vers un nouveau paradigme. Quelle est ta lecture des choses à ce moment un peu particulier de l'histoire ?

  • Franck

    Dans le moment actuel, on va dire depuis deux ans, moi je suis quand même atterré et complètement bouleversé de ce qui se passe. Pourquoi ? Parce que la générosité, l'ouverture au prochain, l'aide qui n'est pas conditionnée par un retour, l'entraide, le partage, tout ne se résume pas à l'intérêt économique transactionnel d'un pays. Donc je suis atterré, littéralement atterré de ce qui se passe, du côté belligérant, du côté brutal. qui fait que des hommes et des ressources passent au dernier plan face à des enjeux d'intérêt très égoïstes. Après, j'ai l'espoir que c'est un épiphénomène lié à des dirigeants qui sont actuellement en poste dans les différents pays en cours, Russie, Etats-Unis en tête. Mais quand même, je vois aussi que des sujets qui étaient clés, fondamentaux, sur lesquels on a réussi à embarquer tout le monde. des sujets où on se dit ok, on a une vraie conscience pour les futures générations sur ce qu'on fait, des actes responsables. Et donc là je parle d'international mais je parle aussi de ce qui se passe d'un point de vue national en ce moment. Je constate quand même qu'on a cette facilité à aller trouver chez le voisin la solution et le fait d'aller regarder dans l'assiette du voisin, là où chacun devrait d'abord faire l'effort lui-même, venir en aide à son voisin. Et je trouve que du fait de certains dirigeants devenus hyper puissants et avec des armes de négociation immenses, il y a quand même un ruissellement dans les comportements de chacun qu'on voit jusqu'en France aujourd'hui. Donc espoir, mais quand même, je vais appeler ça une forme de doute, dans ce qu'on voit tous les jours. Et donc il n'y a pas d'autre solution que de dire chacun à son niveau fait les efforts. entreprise, individu, il ne faut pas renoncer.

  • Eric

    On va se quitter là-dessus, ne pas renoncer, ne rien lâcher alors qu'on a l'impression qu'il y a des choses qui se délitent. Mais ce que tu fais, ce que vous faites dans l'entreprise, c'est du réel, c'est sur le terrain. Et puis, je voulais te remercier pour le courage de ce que tu as fait. Tu en es l'incarnation dans les 4 dernières années. L'authenticité de cet échange et puis effectivement le pragmatisme. Tu nous as donné une bonne quinzaine d'exemples, hyper concrets. Donc ça, ça va aider tout le monde à avancer. Courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen.

  • Franck

    Merci beaucoup.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

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