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CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#14 - Projet coopératif - Alliance du Monde Financier pour le Vivant

#14 - Projet coopératif - Alliance du Monde Financier pour le Vivant

25min |15/09/2025|

289

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Description

Dans cet épisode, Caroline Maerte-Libeer, co-DG de la CEC, reçoit Céline Jaquelin (Présidente et Co-fondatrice de PSBL) et Emmanuel Parmentier (Co-fondateur de WEASTEM), deux acteurs de l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant, l'un des projets coopératifs issus du parcours CEC Monde Financier 2023-2024. Cette alliance a pour ambition d'accélérer et de faciliter l’émergence d’une économie régénérative en favorisant les coopérations et les échanges entre acteurs financiers et entreprises engagées dans une transformation ou à impact. Ensemble, ils vont échanger sur l'origine du projet et le problème à résoudre, la façon dont la solution a été imaginée et son fonctionnement concret. Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Caroline

    Et si on prenait le temps d'explorer des récits de bascule collective, de raconter comment des organisations d'un même secteur ou d'un même territoire ont décidé de s'allier, de coopérer, de dépasser la logique de concurrence pour réussir ensemble une mission bien plus grande qu'eux et utile au monde ? Je suis Caroline Maerte, co-déléguée générale de la CEC, et si je suis convaincue des pratiques et postures de coopération, je suis curieuse d'écouter les témoignages de mes invités sur leurs expériences concrètes de coopération ... et sur les effets de bascule collective produits ou attendus. Dans ce premier épisode, nous allons parler de la finance, ce levier clé pour réorienter les capitaux vers les projets à impact. Pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir deux acteurs de l'Alliance du monde financier pour le vivant, un groupe de professionnels, praticiens de la finance, et dont l'ambition est d'accélérer et faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et les entreprises qui sont engagées dans une transformation ou un impact. Bonjour Céline Jacquelin. Bonjour. Tu es cofondatrice de Possible, une société spécialisée dans la création, la structuration et l'accompagnement d'investissements durables à impact systémique.

  • Céline

    Oui.

  • Caroline

    Très heureuse de te rencontrer. Bonjour Emmanuel Parmentier. Bonjour. Tu es dirigeant d'un cabinet de conseil en stratégie, Indéfi, dont tu as créé l'activité Finance Durable il y a 15 ans. Et vous vous êtes rencontrés tous les deux au sein du parcours Monde Financier de la CEC l'année dernière. Alors j'ai pour vous une première question. Pouvez-vous nous parler de votre projet qui s'appelle l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant ? Nous raconter comment est née cette initiative ? Quels sont les sujets que vous avez souhaité résoudre avec elle et pourquoi c'est important pour vous ? Et peut-être pour commencer, je t'invite Emmanuel à nous répondre à ses premières questions.

  • Emmanuel

    Merci Caroline. On peut commencer par se remettre dans le contexte de la CEC Monde Financier 1. On était 150 dirigeants et Planet Champions d'acteurs du monde financier. On a écouté, beaucoup travaillé, écouté beaucoup d'experts. On a pris conscience, comme tous les participants, de ce type d'événement, que la finance pour elle-même n'a pas forcément de sens. La finance doit être au service. au service de l'entreprise qui elle-même doit être au service du vivant, en tout cas mettre le vivant au cœur des business models. Et fort de cette prise de conscience, on s'est rendu compte avec beaucoup de participants de la CEC Monde Financier qu'il n'y avait pas beaucoup d'espace de dialogue, où il y avait des incompréhensions assez fortes qui existaient entre les acteurs du monde financier et pour dire au sens large, les porteurs de projets, le monde de l'entreprise. Bien sûr les financiers financent les entreprises par définition mais ils ne se reparlent pas forcément des vrais sujets et certainement pas de comment mettre le vivant au cœur des business modèles. Et donc ça, c'était la prise de conscience et l'objet même du démarrage de cette alliance.

  • Caroline

    Merci Emmanuel. Et pour toi Céline, comment c'est arrivé ?

  • Céline

    Dans le cadre des parcours CEC, on a été invités à réfléchir sur des groupes de coopération Et... Et donc dans ce cadre-là, on avait plusieurs groupes qui s'étaient montés sur des sujets qu'on a en tête en termes de freins pour que la finance finance l'impact, comme le rapport au temps long, les incompréhensions avec les attentes et les besoins de certains acteurs, l'exhaustivité de l'existence des moyens de financement. Enfin voilà, donc certains groupes de travail s'étaient montés pour pouvoir justement aller un peu plus creuser ces différents sujets-là. Et assez rapidement, dans les groupes de travail, on s'est rendu compte qu'il y avait énormément d'interdépendance sur les sujets, qu'on ne pouvait pas répondre aux rapports du temps long sans prendre en considération à la fois les attentes des investisseurs, mais aussi les contraintes des financeurs ou des sociétés de gestion. On ne pouvait pas non plus ne pas considérer les besoins des porteurs de projets et des entrepreneurs. Que pour ça, il fallait avoir une vision exhaustive de l'existant, il fallait aussi construire des bases d'outils partagés. Bref, on s'est assez rapidement rendu compte qu'il y avait une matière à coopérer, au-delà des groupes de travail un peu, je dirais, de manière intrinsèque, silotée, qu'on avait créé, justement de les regrouper pour faire un grand groupe de travail qui viendrait justement adresser cette finance au service du régénératif, globalement, et de l'impact. Et comment on pouvait plutôt se coordonner les uns entre les autres. Et au final, c'était un peu le premier succès de coopération, puisque ce n'est pas forcément quelque chose qui est très naturel dans le monde financier. On partage, on fait des alliances, on discute, on fait évoluer des référentiels, etc. Mais réellement coopérer et aller aborder des sujets ensemble, c'était assez singulier en réalité. Et surtout qu'on avait autour de la table des acteurs extrêmement différents comme des sociétés de gestion, des investisseurs, des banques, des cabinets de conseil. Donc ça permettait aussi d'avoir une richesse pour une fois autour de la table, des angles de vue partagés sur des mêmes sujets.

  • Caroline

    Et du coup, comment vous avez fait concrètement pour passer de cette prise de conscience, de vouloir coopèrent ensemble à un projet qui fédère et qui fonctionne aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez un peu nous raconter comment ça s'est opéré dans votre cheminement ?

  • Emmanuel

    Oui, comme tu le disais, il y avait beaucoup d'initiatives liées au processus de la CEC, de faire émerger des projets coopératifs. Et on s'est dit qu'il fallait fusionner les sujets qui étaient proches, et agréger plus que fusionner. juxtaposés parce qu'il y avait des synergies et des résonances entre ces projets. Et à la fin de la dernière journée, il y avait beaucoup de temps consacré à ces projets coopératifs. Et je me rappelle qu'on était autour de l'été, il faisait assez chaud, mais il y avait beaucoup de monde propice à brainstormer. Il y avait aussi la présence d'experts qui étaient venus nous challenger et apporter leur point de vue. Et donc l'exercice post-CEC, c'était de convertir cette énergie-là de peut-être 50-60 personnes qui étaient là, comment passer à quelque chose qui tienne dans le temps. Et on s'est retrouvé à l'automne, petit à petit, à 12 personnes, 12 fondateurs, chez qui il y avait à la fois une forte résonance personnelle dans le projet, le sujet qu'on vient d'aborder, mais aussi une résonance professionnelle. C'est des gens qui voulaient mettre. au service de leur entreprise, leur activité, en tout cas que ce projet s'inscrivait dans leur trajectoire professionnelle. Et donc avec l'envie de coopérer, de faire coopérer plus le monde financier et le monde de l'entreprise sur le sujet du vivant dans le cadre du business model. Ça a aussi servi à enrichir nos propres feuilles de route, puisque c'est aussi l'exercice demandé par la CEC. Il y a également une volonté d'apprentissage, personnel, de nouveau, de dire qu'on ne connaît pas tout, même après les six jours de la CEC. Et après 20 ou 30 années de carrière pour certains, on a encore beaucoup de choses à apprendre et à s'apprendre les uns les autres. Parce qu'on n'est qu'au début de ce sujet de la régénération et que la finance régénérative, finalement, à la fin de la CEC, on ne l'avait pas encore complètement bien définie. Je pense que toujours pas complètement. Donc c'est quelque chose qui va s'apprendre petit à petit en faisant et en marchant. Les moments de bascule c'était peut-être les sessions de discussion notamment avec des experts de cette dernière journée et aussi avec des chefs d'entreprise qui étaient venus témoigner en plus petit comité sur leurs difficultés ou leurs challenges à dialoguer avec le monde financier puisqu'ils sont tous des assureurs, des banquiers, des investisseurs, des actionnaires, au moins un de ces catégories-là en stakeholders, enfin en partie prenante. Et tous disaient qu'ils avaient quand même le plus grand mal à discuter des vrais sujets de leur propre feuille de route avec les financiers donc ça a vraiment bien bien percuté en disant on tient un bon sujet, il faut qu'on apprenne ensemble.

  • Céline

    Oui je suis d'accord ça a été vraiment quelque chose qui a validé qu'il y avait un besoin et en fait que l'approche qu'on adoptait elle répondait vraiment à des attentes de la part des différentes parties prenantes et notamment des porteurs de projets et donc de l'économie réelle. Parce que je pense que ce qui est assez singulier, c'est que pour la première fois, on est vraiment dans une démarche où le monde financier, quel qu'il soit et sous toutes ses formes, se met vraiment à disposition et au même niveau. Donc c'est ça qui est, je pense aussi, un peu le moteur des membres de l'Alliance aujourd'hui. C'est vraiment que l'approche, elle est très différente. On est dans une approche où on sort du concept de ce que peut être la finance régénérative et on va... On va toucher la matière du doigt et on va expérimenter. Et donc, une des démarches structurantes de l'Alliance, qui, une fois qu'on a eu validé le besoin, c'est vraiment de venir explorer. Je pense que c'est une grande envie de tester et de co-construire, d'apprendre en faisant, en fait. Donc, cette démarche un peu de learn and do, elle est assez structurante chez nous. Et je pense qu'elle vient aussi d'un des moments de bascule que tu as cités, Emmanuel. Quand on discutait avec les experts, on avait fait quelque part, dans le cadre de nos projets individuels coopératifs, mais à ce stade qui était encore des projets individuels, on avait fait une expérimentation du terrain de jeu et des porteurs de projets exploitables. Et on avait fait quelque chose de très scolaire où on avait l'environnement investissable, en gros, tous les porteurs de projets, puis les personnes qui étaient engagées et c'était quelque chose d'assez siloté au final. Et je me souviens d'Isabelle Delanois, de l'entreprise Saint-Méthique, qui nous dit, alors, c'est bien, mais en fait, il ne faut pas réfléchir comme ça. Repenser complètement différemment. Et je pense que là, ça a aussi engagé cette volonté de, non, mais il faut vraiment qu'on se mette au niveau et qu'on co-construise. En fait, l'idée, c'est le cheminement conjoint. Et ce n'est pas d'arriver en disant qu'on a compris et qu'on va implémenter, puisque la réalité, c'est qu'on apprend.

  • Emmanuel

    C'est vrai qu'on sort de, je ne sais pas, 30 ou 40 ans de... d'économies très financiarisées dans lesquelles la posture normale attendue du financier est perçue comme très arrogante. On a la solution, on gouverne les entreprises parce que c'est le capital qui gouverne l'économie. Et déconstruire ça, ça va prendre pas mal de temps, évidemment. Mais justement, cette approche de se mettre, comme tu dis, à niveau en disant « Finalement, on va beaucoup apprendre des entreprises, et vice-versa, et on va se dire réellement qu'on ne sait pas. » que les risques sont majeurs et que on est dans le même bateau finalement parce que si l'entreprise ne va pas, le financier ne va pas et vice versa. Et que ça a l'air anodin, mais ça ne l'est pas du tout. Et quand on parle effectivement aux chefs d'entreprise, ils perçoivent vraiment ça, la finance comme un monde étranger, pénible, arrogant, qui n'est pas du tout apporteur de solutions et qui est plutôt apporteur de problèmes. Et donc casser ça, c'est vraiment une action. je pense, qui doit être une des missions de l'Alliance et qu'on essaie de pratiquer au quotidien.

  • Caroline

    Merci. En tout cas, c'est presque l'histoire d'une triple rencontre. Cette histoire d'Alliance, c'est une rencontre déjà entre vous, les acteurs du monde financier. Cette rencontre aussi avec les porteurs de projets et les entreprises avec qui vous avez discuté et aussi avec des experts qui sont venus vous éclairer. D'ailleurs, cette pensée différente, pensée circularité, c'est peut-être aussi la symbolique du mot « alliance » que vous avez choisi d'utiliser. D'ailleurs c'est une jeune démarche puisqu'elle est née en octobre 2024, donc elle n'a que quelques mois. Et maintenant qu'on sait un peu plus ce cheminement, on a envie évidemment d'en savoir plus. Est-ce que vous pourriez nous raconter concrètement ce que vous faites, les initiatives que vous avez lancées pour répondre aux défis que vous relevez ?

  • Céline

    La première étape pour nous, ça a été vraiment une fois qu'on a validé cette envie de sortir des murs de la CEC et de poursuivre l'alliance. ça a été déjà de réfléchir la gouvernance et poser l'ambition, en tout cas la mission de l'Alliance de manière claire. Donc on s'est réunis, on a vraiment posé bien cette gouvernance et la manière dont on voulait que ça fonctionne entre nous parce que ça a été un des ciments hyper forts du démarrage de l'Alliance. Donc la mission, elle est posée, c'est celle d'accélérer, de faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et des entreprises, qu'elles soient engagées dans leur transformation ou déjà entreprises à impact nativement. Donc on n'exclut pas, on n'est pas juste sur ceux à impact, mais vraiment on accompagne aussi et on essaie de comprendre en co-construction. Et donc en fait, assez rapidement, on s'est dit que les essentiels pour réussir à faire de la finance un levier pour l'économie régénérative, Il fallait qu'on se concentre autour de trois axes qui sont le premier, la connaissance partagée, déjà partager ce qu'on apprend et le mettre à disposition, dialoguer et co-construire, et avoir des outils pratiques.

  • Emmanuel

    Il y avait pour l'instant deux initiatives qui sont issues de tous ces brainstorms qu'on a développés en priorité. Le premier qu'on appelle hub ou observatoire qui est... L'idée de rassembler les connaissances existantes sur ce que peut être la finance régénérative et de les faire progresser, ces connaissances, de nouveau en testant, en dialoguant et en ayant une multiplicité de contributeurs, ça aboutit pour l'instant à une première grille d'analyse à destination des porteurs de projets. des financiers sur le cheminement vers la régénération de l'objet finançable. On l'a testé sur des exemples concrets. L'idée, ce n'est pas du tout de faire un énième questionnaire ESG. Il y en a déjà suffisamment comme ça. Ce n'est pas l'objet, mais plutôt d'exercer son regard pour les financiers, mais aussi pour les porteurs de projets. Où est-ce que j'en suis sur ce chemin vers la régénération en s'inspirant de beaucoup d'outils déjà existants, bien sûr. Le deuxième axe est autour de la création d'espaces de dialogue entre les financiers et les porteurs de projets. Comme on se le disait, c'est un des fondements de l'idée même de l'Alliance, de faire se rencontrer et de faire se parler des vrais sujets, les financiers et les porteurs de projets. On a commencé avec ce qui était l'accessible le plus directement, c'est l'écosystème CEC, dans lequel il y a eu cinq ou six interventions déjà dans des CEC régionales et des CEC thématiques sur lesquelles on est venu témoigner de l'existence de l'alliance, mais aussi par la même occasion lancer ces sujets de la finance peut être aussi à votre service, peut vous aider à rédiger, à améliorer, à financer et développer vos feuilles de route. On peut se parler des vrais sujets. On n'a pas peur de parler des vulnérabilités de l'entreprise. et ça a à chaque fois bien marché avec une... Une file de chefs d'entreprise à la fin qui venaient dialoguer avec la personne ou les personnes de l'alliance qui étaient venues pour dire, moi je veux changer d'actionnaire, mais comment j'interprète ça ? Moi, mon financier, j'ai besoin de financer tel et tel projet. Moi, je veux collaborer plus avec mes pairs et j'ai besoin d'avoir des financiers dans la collaboration, dans la coopération. Bref, on sentait que c'était vraiment un terrain assez propice et ça a aussi revalidé l'intérêt de ces démarches de forum. Donc pour l'instant, au sein des CEC, mais bien sûr, l'idée, c'est... de pouvoir faire ce type de forum ailleurs, indépendamment, et de proposer surtout un menu de différents formats d'intervention, puisqu'il faut être aussi innovant dans les formats. Et pas être juste dans l'interview ou la keynote classique, mais descendre sur des ateliers collaboratifs, dignes de la pédagogie CEC, bien sûr, qu'on essaiera de s'appliquer à nous-mêmes.

  • Céline

    Oui, je rebondis, c'est hyper intéressant, parce que ces moments, ces espèces de dialogues, quelles que soient leurs formes, ils me permettent vraiment de faire ce qu'on a envie de faire, c'est-à-dire du concret. Les outils, la matrice d'analyse, etc., c'est un peu des excuses pour pouvoir initier l'échange. Mais derrière, c'est vraiment de dire qu'on a autour de la table des financiers qui sont OK pour se dire « Transformer une entreprise vers un modèle régénératif, ça implique des trous d'air financiers. Concrètement, comment on le modélise ? Est-ce que c'est finançable ? Avec quoi ? Qui est autour de la table ? Peut-être que ça va être différents types de financements qui vont intervenir. » Et en fait nous De par l'Alliance, on a une vision un peu holistique de tout ça. Et donc en fait, ça permet aussi de remettre la confiance entre le monde financier, les porteurs de projets et de faire en sorte que ça discute. Et que derrière nous aussi, au niveau de l'Alliance, on remonte les informations pour dire là, il y a des sujets qui remontent de manière massive où les financements ne sont pas adaptés, où les besoins sont mal compris. Il faut qu'on essaye de trouver des réponses à ça. Donc c'est vraiment cette démarche un peu très humble. de co-construction, mais qui est très pragmatique en fait. On va discuter avec les gens, on n'est pas en train de créer des choses hors sol.

  • Emmanuel

    Oui, en commençant par des choses toutes simples. Une des choses qui a marqué, c'est souvent quand il y a une opération financière, notamment un M&A, un changement d'actionnaire par exemple, il y a toute une mise en branle de toute une série d'intervenants et de présentations pour vendre le mieux possible l'entreprise. Et surtout, on ne brade pas des risques. Surtout on ne parle pas des vrais sujets. Et ce qui était perçu comme important jusqu'à récemment, je pense, c'était de dire « on met ce risque sous les risques, tout va bien, notre entreprise va croître à l'infini dans un monde abondant en ressources » . Et l'idée qu'en fait, il ne faut plus dire ça. Et que dire ça, c'est risquer de faire fuir les financiers parce qu'ils vont dire « mais ils sont fous, ces chefs d'entreprise, ils n'ont pas compris dans le monde dans lequel on est de pérennerie et de réduction, de bataille des aides sur les ressources » . Et donc plutôt changer le regard et que l'entrepreneur ou le vendeur dise en fait il y a beaucoup de risques, on les a bien identifiés, certains on se les résout, d'autres non, mais ça tombe bien, on a besoin de vous pour nous aider dans ce cheminement là. Et bien cette idée toute simple elle est assez révolutionnaire et assez, en tout cas pas du tout pratiquée à l'heure actuelle. Et si on pouvait commencer par ça dans ce type de forum, ça peut déjà faire un grand pas en avant, de se parler des vrais sujets et pas juste dire tout va bien, tout va bien. puis s'apercevoir deux ans après l'opération, ah non, en fait, le business man n'est pas rempli. Pourquoi ? On le savait déjà, mais on n'osait pas se le dire.

  • Céline

    C'est assez rassurant pour tout le monde, en fait, d'avoir ces discussions, au final, beaucoup plus objectives. Sur la situation, sur les ressources, sur les risques, et donc d'être vraiment dans un échange qui est beaucoup plus fructueux, parce qu'il a un scope beaucoup plus large en termes de vue.

  • Emmanuel

    Oui, je fais écho à toutes les discussions des intervenants des CEC sur le sujet de la robustesse versus la performance. Ça va prendre beaucoup de temps à percuter chez les investisseurs, parce qu'ils sont... Depuis 40 ou 50 ans ou depuis peut-être des centaines d'années, Biberonnés, on finance de la performance, c'est tout. Financer la robustesse ou rechercher en tout cas et valoriser la robustesse, ça va prendre du temps. Mais c'est un bon chemin et intéressant et très fructueux et un dialogue hyper intéressant.

  • Caroline

    Merci. Je retiens de ces premiers échanges trois mots en particulier. Vous avez beaucoup parlé de l'importance du dialogue, des conversations qui sont clés. Vous avez vécu vous-même ce processus-là et quelque chose que vous aussi appliquez aux porteurs de projets. Il y a la base de la confiance qui naît de ces conversations en vérité. Et puis je note aussi beaucoup de volonté d'être pragmatique, concret et pas rester hors sol, mais vraiment travailler à partir de projets. On approche à la fin de ce podcast et j'aimerais qu'on prenne un moment Un petit peu de hauteur sur votre expérience de coopération et que vous puissiez partager auprès de ceux qui nous écoutent trois retours d'expérience, un frein que vous avez levé, une difficulté qui est encore présente et une pépite à garder. Peut-être que je peux commencer par toi, Emmanuel.

  • Emmanuel

    Oui, sur le frein, c'est sur l'engagement, enfin levé en tout cas, c'est l'engagement des membres fondateurs à passer du temps. Et c'est un des membres qui l'a dit la dernière fois, intéressant, c'est que ça fait partie de son projet personnel, mais aussi de son projet professionnel. C'est-à-dire que c'est OK de passer du temps, et ce n'est pas juste le soir, le week-end ou je ne sais pas quand, parce que ça ne serait pas durable dans le temps. C'est-à-dire que l'objet de mon entreprise et de mon parcours dans mon entreprise, c'est aussi l'Alliance. Pas que, bien sûr, mais c'est aussi l'Alliance. Et ça, c'est un engagement qu'on a tous pris à la fin de l'automne et qu'on essaie de tenir, évidemment. c'est jamais facile parce qu'on a tous pas que ça, évidemment, mais on a aussi ça. Et ça, c'était, je pense, un frein important pour se dire, c'est quoi un membre fondateur ? C'est quelqu'un qui accepte cette implication. La difficulté non encore levée, c'est quel temps, à l'ouest, quel moyen ? A partir du moment où on dit, oui, on passe du temps, mais combien ? Et comment faire durer cette énergie-là sur le moyen terme, qui permettra aussi... d'accueillir d'autres membres. C'est bien l'objet de ne pas rester dans un petit nombre, mais de générer et de susciter beaucoup de bonne volonté et d'énergie. Donc comment faire perdurer ça dans le temps et se donner les moyens, c'est encore devant nous.

  • Caroline

    Une pépite, Céline ?

  • Céline

    Alors oui, pépite. Je pense que moi, la pépite que j'ai envie de partager, c'est plus ce qui se passe entre nous au sein de l'Alliance. En fait, je pense que c'est fondamental parce que ça... caractérise bien la bascule je pense aussi qu'on a tous eu en tant que personne ou quantité de de s'autoriser à être totalement différent à rester des financiers mais à aborder des sujets à être en vue à accepter de dire qu'on ne sait pas, ce qui est difficile pour des financiers, d'accepter de dire qu'on ne maîtrise pas tout et qu'il y a des zones d'ombre. Et je pense que c'est ça aussi qui fait la richesse. et la force d'aller les explorer ensemble. Donc ça, c'est vraiment notre pépite, je pense. Notre capacité à être très différent dans cet espace qu'on a créé. Je pense qu'il a été créé aussi à bonne école avec la CEC et le Terreau, qui a apporté là, je dirais, en matière de relations humaines. Donc voilà, et qui a permis un peu la synergie de la technicité et de relations de très belle qualité pour réussir à faire une alliance forte.

  • Caroline

    Et pour conclure cet épisode, voici le moment de la question signature. C'est celle qui est réservée aux invités et vous avez l'honneur de l'inaugurer. Alors, quelles questions souhaiteriez-vous transmettre aux prochains intervenants du podcast Bascule Collective ?

  • Céline

    Je me lance. Je dirais que la question est un peu celle de la difficulté que Emmanuel partageait, celle de comment durer. En fait, on sait qu'on va avoir un noyau très investi, mais comment élargir son action et durer dans le temps avec un effet démultiplié ? Donc ça, c'est question partagée pour les autres collectifs qui se montent et les autres coopérations. Est-ce qu'ils ont des idées, des pistes ? Et peut-être aussi pas vraiment une question mais une ouverture de dire, puisqu'on explore ces sujets de coopération, comment notre alliance, notre projet de coopération, qui est maintenant une belle initiative, peut se mettre aussi à disposition des autres projets qui vont émerger.

  • Emmanuel

    Je serais curieux d'écouter la réponse des suivants.

  • Caroline

    Ce sera dans le prochain épisode. J'ai envie de vous poser cette question Comment on peut vous rejoindre, comment on peut vous contacter pour ceux qui nous écoutent et qui seraient intéressés pour avoir vos conseils ?

  • Emmanuel

    Oui, merci Caroline. La meilleure façon de nous contacter, c'est de contacter l'un des 12 membres fondateurs directement sur LinkedIn, par message personnel. J'espère que tu diffuseras les contacts des 12 membres fondateurs quelque part dans les commentaires du podcast. Et très vite, un site web arrivera pour recenser et effectivement contacter de manière plus officielle l'Alliance en tant que telle.

  • Caroline

    On va mettre effectivement... les noms des 12 membres fondateurs. Merci à tous les deux pour votre générosité dans cette conversation, dans ces échanges et surtout, longue vie à ce projet, l'Alliance du monde financier pour le vivant.

  • Emmanuel

    Merci beaucoup.

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Dans cet épisode, Caroline Maerte-Libeer, co-DG de la CEC, reçoit Céline Jaquelin (Présidente et Co-fondatrice de PSBL) et Emmanuel Parmentier (Co-fondateur de WEASTEM), deux acteurs de l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant, l'un des projets coopératifs issus du parcours CEC Monde Financier 2023-2024. Cette alliance a pour ambition d'accélérer et de faciliter l’émergence d’une économie régénérative en favorisant les coopérations et les échanges entre acteurs financiers et entreprises engagées dans une transformation ou à impact. Ensemble, ils vont échanger sur l'origine du projet et le problème à résoudre, la façon dont la solution a été imaginée et son fonctionnement concret. Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Caroline

    Et si on prenait le temps d'explorer des récits de bascule collective, de raconter comment des organisations d'un même secteur ou d'un même territoire ont décidé de s'allier, de coopérer, de dépasser la logique de concurrence pour réussir ensemble une mission bien plus grande qu'eux et utile au monde ? Je suis Caroline Maerte, co-déléguée générale de la CEC, et si je suis convaincue des pratiques et postures de coopération, je suis curieuse d'écouter les témoignages de mes invités sur leurs expériences concrètes de coopération ... et sur les effets de bascule collective produits ou attendus. Dans ce premier épisode, nous allons parler de la finance, ce levier clé pour réorienter les capitaux vers les projets à impact. Pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir deux acteurs de l'Alliance du monde financier pour le vivant, un groupe de professionnels, praticiens de la finance, et dont l'ambition est d'accélérer et faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et les entreprises qui sont engagées dans une transformation ou un impact. Bonjour Céline Jacquelin. Bonjour. Tu es cofondatrice de Possible, une société spécialisée dans la création, la structuration et l'accompagnement d'investissements durables à impact systémique.

  • Céline

    Oui.

  • Caroline

    Très heureuse de te rencontrer. Bonjour Emmanuel Parmentier. Bonjour. Tu es dirigeant d'un cabinet de conseil en stratégie, Indéfi, dont tu as créé l'activité Finance Durable il y a 15 ans. Et vous vous êtes rencontrés tous les deux au sein du parcours Monde Financier de la CEC l'année dernière. Alors j'ai pour vous une première question. Pouvez-vous nous parler de votre projet qui s'appelle l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant ? Nous raconter comment est née cette initiative ? Quels sont les sujets que vous avez souhaité résoudre avec elle et pourquoi c'est important pour vous ? Et peut-être pour commencer, je t'invite Emmanuel à nous répondre à ses premières questions.

  • Emmanuel

    Merci Caroline. On peut commencer par se remettre dans le contexte de la CEC Monde Financier 1. On était 150 dirigeants et Planet Champions d'acteurs du monde financier. On a écouté, beaucoup travaillé, écouté beaucoup d'experts. On a pris conscience, comme tous les participants, de ce type d'événement, que la finance pour elle-même n'a pas forcément de sens. La finance doit être au service. au service de l'entreprise qui elle-même doit être au service du vivant, en tout cas mettre le vivant au cœur des business models. Et fort de cette prise de conscience, on s'est rendu compte avec beaucoup de participants de la CEC Monde Financier qu'il n'y avait pas beaucoup d'espace de dialogue, où il y avait des incompréhensions assez fortes qui existaient entre les acteurs du monde financier et pour dire au sens large, les porteurs de projets, le monde de l'entreprise. Bien sûr les financiers financent les entreprises par définition mais ils ne se reparlent pas forcément des vrais sujets et certainement pas de comment mettre le vivant au cœur des business modèles. Et donc ça, c'était la prise de conscience et l'objet même du démarrage de cette alliance.

  • Caroline

    Merci Emmanuel. Et pour toi Céline, comment c'est arrivé ?

  • Céline

    Dans le cadre des parcours CEC, on a été invités à réfléchir sur des groupes de coopération Et... Et donc dans ce cadre-là, on avait plusieurs groupes qui s'étaient montés sur des sujets qu'on a en tête en termes de freins pour que la finance finance l'impact, comme le rapport au temps long, les incompréhensions avec les attentes et les besoins de certains acteurs, l'exhaustivité de l'existence des moyens de financement. Enfin voilà, donc certains groupes de travail s'étaient montés pour pouvoir justement aller un peu plus creuser ces différents sujets-là. Et assez rapidement, dans les groupes de travail, on s'est rendu compte qu'il y avait énormément d'interdépendance sur les sujets, qu'on ne pouvait pas répondre aux rapports du temps long sans prendre en considération à la fois les attentes des investisseurs, mais aussi les contraintes des financeurs ou des sociétés de gestion. On ne pouvait pas non plus ne pas considérer les besoins des porteurs de projets et des entrepreneurs. Que pour ça, il fallait avoir une vision exhaustive de l'existant, il fallait aussi construire des bases d'outils partagés. Bref, on s'est assez rapidement rendu compte qu'il y avait une matière à coopérer, au-delà des groupes de travail un peu, je dirais, de manière intrinsèque, silotée, qu'on avait créé, justement de les regrouper pour faire un grand groupe de travail qui viendrait justement adresser cette finance au service du régénératif, globalement, et de l'impact. Et comment on pouvait plutôt se coordonner les uns entre les autres. Et au final, c'était un peu le premier succès de coopération, puisque ce n'est pas forcément quelque chose qui est très naturel dans le monde financier. On partage, on fait des alliances, on discute, on fait évoluer des référentiels, etc. Mais réellement coopérer et aller aborder des sujets ensemble, c'était assez singulier en réalité. Et surtout qu'on avait autour de la table des acteurs extrêmement différents comme des sociétés de gestion, des investisseurs, des banques, des cabinets de conseil. Donc ça permettait aussi d'avoir une richesse pour une fois autour de la table, des angles de vue partagés sur des mêmes sujets.

  • Caroline

    Et du coup, comment vous avez fait concrètement pour passer de cette prise de conscience, de vouloir coopèrent ensemble à un projet qui fédère et qui fonctionne aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez un peu nous raconter comment ça s'est opéré dans votre cheminement ?

  • Emmanuel

    Oui, comme tu le disais, il y avait beaucoup d'initiatives liées au processus de la CEC, de faire émerger des projets coopératifs. Et on s'est dit qu'il fallait fusionner les sujets qui étaient proches, et agréger plus que fusionner. juxtaposés parce qu'il y avait des synergies et des résonances entre ces projets. Et à la fin de la dernière journée, il y avait beaucoup de temps consacré à ces projets coopératifs. Et je me rappelle qu'on était autour de l'été, il faisait assez chaud, mais il y avait beaucoup de monde propice à brainstormer. Il y avait aussi la présence d'experts qui étaient venus nous challenger et apporter leur point de vue. Et donc l'exercice post-CEC, c'était de convertir cette énergie-là de peut-être 50-60 personnes qui étaient là, comment passer à quelque chose qui tienne dans le temps. Et on s'est retrouvé à l'automne, petit à petit, à 12 personnes, 12 fondateurs, chez qui il y avait à la fois une forte résonance personnelle dans le projet, le sujet qu'on vient d'aborder, mais aussi une résonance professionnelle. C'est des gens qui voulaient mettre. au service de leur entreprise, leur activité, en tout cas que ce projet s'inscrivait dans leur trajectoire professionnelle. Et donc avec l'envie de coopérer, de faire coopérer plus le monde financier et le monde de l'entreprise sur le sujet du vivant dans le cadre du business model. Ça a aussi servi à enrichir nos propres feuilles de route, puisque c'est aussi l'exercice demandé par la CEC. Il y a également une volonté d'apprentissage, personnel, de nouveau, de dire qu'on ne connaît pas tout, même après les six jours de la CEC. Et après 20 ou 30 années de carrière pour certains, on a encore beaucoup de choses à apprendre et à s'apprendre les uns les autres. Parce qu'on n'est qu'au début de ce sujet de la régénération et que la finance régénérative, finalement, à la fin de la CEC, on ne l'avait pas encore complètement bien définie. Je pense que toujours pas complètement. Donc c'est quelque chose qui va s'apprendre petit à petit en faisant et en marchant. Les moments de bascule c'était peut-être les sessions de discussion notamment avec des experts de cette dernière journée et aussi avec des chefs d'entreprise qui étaient venus témoigner en plus petit comité sur leurs difficultés ou leurs challenges à dialoguer avec le monde financier puisqu'ils sont tous des assureurs, des banquiers, des investisseurs, des actionnaires, au moins un de ces catégories-là en stakeholders, enfin en partie prenante. Et tous disaient qu'ils avaient quand même le plus grand mal à discuter des vrais sujets de leur propre feuille de route avec les financiers donc ça a vraiment bien bien percuté en disant on tient un bon sujet, il faut qu'on apprenne ensemble.

  • Céline

    Oui je suis d'accord ça a été vraiment quelque chose qui a validé qu'il y avait un besoin et en fait que l'approche qu'on adoptait elle répondait vraiment à des attentes de la part des différentes parties prenantes et notamment des porteurs de projets et donc de l'économie réelle. Parce que je pense que ce qui est assez singulier, c'est que pour la première fois, on est vraiment dans une démarche où le monde financier, quel qu'il soit et sous toutes ses formes, se met vraiment à disposition et au même niveau. Donc c'est ça qui est, je pense aussi, un peu le moteur des membres de l'Alliance aujourd'hui. C'est vraiment que l'approche, elle est très différente. On est dans une approche où on sort du concept de ce que peut être la finance régénérative et on va... On va toucher la matière du doigt et on va expérimenter. Et donc, une des démarches structurantes de l'Alliance, qui, une fois qu'on a eu validé le besoin, c'est vraiment de venir explorer. Je pense que c'est une grande envie de tester et de co-construire, d'apprendre en faisant, en fait. Donc, cette démarche un peu de learn and do, elle est assez structurante chez nous. Et je pense qu'elle vient aussi d'un des moments de bascule que tu as cités, Emmanuel. Quand on discutait avec les experts, on avait fait quelque part, dans le cadre de nos projets individuels coopératifs, mais à ce stade qui était encore des projets individuels, on avait fait une expérimentation du terrain de jeu et des porteurs de projets exploitables. Et on avait fait quelque chose de très scolaire où on avait l'environnement investissable, en gros, tous les porteurs de projets, puis les personnes qui étaient engagées et c'était quelque chose d'assez siloté au final. Et je me souviens d'Isabelle Delanois, de l'entreprise Saint-Méthique, qui nous dit, alors, c'est bien, mais en fait, il ne faut pas réfléchir comme ça. Repenser complètement différemment. Et je pense que là, ça a aussi engagé cette volonté de, non, mais il faut vraiment qu'on se mette au niveau et qu'on co-construise. En fait, l'idée, c'est le cheminement conjoint. Et ce n'est pas d'arriver en disant qu'on a compris et qu'on va implémenter, puisque la réalité, c'est qu'on apprend.

  • Emmanuel

    C'est vrai qu'on sort de, je ne sais pas, 30 ou 40 ans de... d'économies très financiarisées dans lesquelles la posture normale attendue du financier est perçue comme très arrogante. On a la solution, on gouverne les entreprises parce que c'est le capital qui gouverne l'économie. Et déconstruire ça, ça va prendre pas mal de temps, évidemment. Mais justement, cette approche de se mettre, comme tu dis, à niveau en disant « Finalement, on va beaucoup apprendre des entreprises, et vice-versa, et on va se dire réellement qu'on ne sait pas. » que les risques sont majeurs et que on est dans le même bateau finalement parce que si l'entreprise ne va pas, le financier ne va pas et vice versa. Et que ça a l'air anodin, mais ça ne l'est pas du tout. Et quand on parle effectivement aux chefs d'entreprise, ils perçoivent vraiment ça, la finance comme un monde étranger, pénible, arrogant, qui n'est pas du tout apporteur de solutions et qui est plutôt apporteur de problèmes. Et donc casser ça, c'est vraiment une action. je pense, qui doit être une des missions de l'Alliance et qu'on essaie de pratiquer au quotidien.

  • Caroline

    Merci. En tout cas, c'est presque l'histoire d'une triple rencontre. Cette histoire d'Alliance, c'est une rencontre déjà entre vous, les acteurs du monde financier. Cette rencontre aussi avec les porteurs de projets et les entreprises avec qui vous avez discuté et aussi avec des experts qui sont venus vous éclairer. D'ailleurs, cette pensée différente, pensée circularité, c'est peut-être aussi la symbolique du mot « alliance » que vous avez choisi d'utiliser. D'ailleurs c'est une jeune démarche puisqu'elle est née en octobre 2024, donc elle n'a que quelques mois. Et maintenant qu'on sait un peu plus ce cheminement, on a envie évidemment d'en savoir plus. Est-ce que vous pourriez nous raconter concrètement ce que vous faites, les initiatives que vous avez lancées pour répondre aux défis que vous relevez ?

  • Céline

    La première étape pour nous, ça a été vraiment une fois qu'on a validé cette envie de sortir des murs de la CEC et de poursuivre l'alliance. ça a été déjà de réfléchir la gouvernance et poser l'ambition, en tout cas la mission de l'Alliance de manière claire. Donc on s'est réunis, on a vraiment posé bien cette gouvernance et la manière dont on voulait que ça fonctionne entre nous parce que ça a été un des ciments hyper forts du démarrage de l'Alliance. Donc la mission, elle est posée, c'est celle d'accélérer, de faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et des entreprises, qu'elles soient engagées dans leur transformation ou déjà entreprises à impact nativement. Donc on n'exclut pas, on n'est pas juste sur ceux à impact, mais vraiment on accompagne aussi et on essaie de comprendre en co-construction. Et donc en fait, assez rapidement, on s'est dit que les essentiels pour réussir à faire de la finance un levier pour l'économie régénérative, Il fallait qu'on se concentre autour de trois axes qui sont le premier, la connaissance partagée, déjà partager ce qu'on apprend et le mettre à disposition, dialoguer et co-construire, et avoir des outils pratiques.

  • Emmanuel

    Il y avait pour l'instant deux initiatives qui sont issues de tous ces brainstorms qu'on a développés en priorité. Le premier qu'on appelle hub ou observatoire qui est... L'idée de rassembler les connaissances existantes sur ce que peut être la finance régénérative et de les faire progresser, ces connaissances, de nouveau en testant, en dialoguant et en ayant une multiplicité de contributeurs, ça aboutit pour l'instant à une première grille d'analyse à destination des porteurs de projets. des financiers sur le cheminement vers la régénération de l'objet finançable. On l'a testé sur des exemples concrets. L'idée, ce n'est pas du tout de faire un énième questionnaire ESG. Il y en a déjà suffisamment comme ça. Ce n'est pas l'objet, mais plutôt d'exercer son regard pour les financiers, mais aussi pour les porteurs de projets. Où est-ce que j'en suis sur ce chemin vers la régénération en s'inspirant de beaucoup d'outils déjà existants, bien sûr. Le deuxième axe est autour de la création d'espaces de dialogue entre les financiers et les porteurs de projets. Comme on se le disait, c'est un des fondements de l'idée même de l'Alliance, de faire se rencontrer et de faire se parler des vrais sujets, les financiers et les porteurs de projets. On a commencé avec ce qui était l'accessible le plus directement, c'est l'écosystème CEC, dans lequel il y a eu cinq ou six interventions déjà dans des CEC régionales et des CEC thématiques sur lesquelles on est venu témoigner de l'existence de l'alliance, mais aussi par la même occasion lancer ces sujets de la finance peut être aussi à votre service, peut vous aider à rédiger, à améliorer, à financer et développer vos feuilles de route. On peut se parler des vrais sujets. On n'a pas peur de parler des vulnérabilités de l'entreprise. et ça a à chaque fois bien marché avec une... Une file de chefs d'entreprise à la fin qui venaient dialoguer avec la personne ou les personnes de l'alliance qui étaient venues pour dire, moi je veux changer d'actionnaire, mais comment j'interprète ça ? Moi, mon financier, j'ai besoin de financer tel et tel projet. Moi, je veux collaborer plus avec mes pairs et j'ai besoin d'avoir des financiers dans la collaboration, dans la coopération. Bref, on sentait que c'était vraiment un terrain assez propice et ça a aussi revalidé l'intérêt de ces démarches de forum. Donc pour l'instant, au sein des CEC, mais bien sûr, l'idée, c'est... de pouvoir faire ce type de forum ailleurs, indépendamment, et de proposer surtout un menu de différents formats d'intervention, puisqu'il faut être aussi innovant dans les formats. Et pas être juste dans l'interview ou la keynote classique, mais descendre sur des ateliers collaboratifs, dignes de la pédagogie CEC, bien sûr, qu'on essaiera de s'appliquer à nous-mêmes.

  • Céline

    Oui, je rebondis, c'est hyper intéressant, parce que ces moments, ces espèces de dialogues, quelles que soient leurs formes, ils me permettent vraiment de faire ce qu'on a envie de faire, c'est-à-dire du concret. Les outils, la matrice d'analyse, etc., c'est un peu des excuses pour pouvoir initier l'échange. Mais derrière, c'est vraiment de dire qu'on a autour de la table des financiers qui sont OK pour se dire « Transformer une entreprise vers un modèle régénératif, ça implique des trous d'air financiers. Concrètement, comment on le modélise ? Est-ce que c'est finançable ? Avec quoi ? Qui est autour de la table ? Peut-être que ça va être différents types de financements qui vont intervenir. » Et en fait nous De par l'Alliance, on a une vision un peu holistique de tout ça. Et donc en fait, ça permet aussi de remettre la confiance entre le monde financier, les porteurs de projets et de faire en sorte que ça discute. Et que derrière nous aussi, au niveau de l'Alliance, on remonte les informations pour dire là, il y a des sujets qui remontent de manière massive où les financements ne sont pas adaptés, où les besoins sont mal compris. Il faut qu'on essaye de trouver des réponses à ça. Donc c'est vraiment cette démarche un peu très humble. de co-construction, mais qui est très pragmatique en fait. On va discuter avec les gens, on n'est pas en train de créer des choses hors sol.

  • Emmanuel

    Oui, en commençant par des choses toutes simples. Une des choses qui a marqué, c'est souvent quand il y a une opération financière, notamment un M&A, un changement d'actionnaire par exemple, il y a toute une mise en branle de toute une série d'intervenants et de présentations pour vendre le mieux possible l'entreprise. Et surtout, on ne brade pas des risques. Surtout on ne parle pas des vrais sujets. Et ce qui était perçu comme important jusqu'à récemment, je pense, c'était de dire « on met ce risque sous les risques, tout va bien, notre entreprise va croître à l'infini dans un monde abondant en ressources » . Et l'idée qu'en fait, il ne faut plus dire ça. Et que dire ça, c'est risquer de faire fuir les financiers parce qu'ils vont dire « mais ils sont fous, ces chefs d'entreprise, ils n'ont pas compris dans le monde dans lequel on est de pérennerie et de réduction, de bataille des aides sur les ressources » . Et donc plutôt changer le regard et que l'entrepreneur ou le vendeur dise en fait il y a beaucoup de risques, on les a bien identifiés, certains on se les résout, d'autres non, mais ça tombe bien, on a besoin de vous pour nous aider dans ce cheminement là. Et bien cette idée toute simple elle est assez révolutionnaire et assez, en tout cas pas du tout pratiquée à l'heure actuelle. Et si on pouvait commencer par ça dans ce type de forum, ça peut déjà faire un grand pas en avant, de se parler des vrais sujets et pas juste dire tout va bien, tout va bien. puis s'apercevoir deux ans après l'opération, ah non, en fait, le business man n'est pas rempli. Pourquoi ? On le savait déjà, mais on n'osait pas se le dire.

  • Céline

    C'est assez rassurant pour tout le monde, en fait, d'avoir ces discussions, au final, beaucoup plus objectives. Sur la situation, sur les ressources, sur les risques, et donc d'être vraiment dans un échange qui est beaucoup plus fructueux, parce qu'il a un scope beaucoup plus large en termes de vue.

  • Emmanuel

    Oui, je fais écho à toutes les discussions des intervenants des CEC sur le sujet de la robustesse versus la performance. Ça va prendre beaucoup de temps à percuter chez les investisseurs, parce qu'ils sont... Depuis 40 ou 50 ans ou depuis peut-être des centaines d'années, Biberonnés, on finance de la performance, c'est tout. Financer la robustesse ou rechercher en tout cas et valoriser la robustesse, ça va prendre du temps. Mais c'est un bon chemin et intéressant et très fructueux et un dialogue hyper intéressant.

  • Caroline

    Merci. Je retiens de ces premiers échanges trois mots en particulier. Vous avez beaucoup parlé de l'importance du dialogue, des conversations qui sont clés. Vous avez vécu vous-même ce processus-là et quelque chose que vous aussi appliquez aux porteurs de projets. Il y a la base de la confiance qui naît de ces conversations en vérité. Et puis je note aussi beaucoup de volonté d'être pragmatique, concret et pas rester hors sol, mais vraiment travailler à partir de projets. On approche à la fin de ce podcast et j'aimerais qu'on prenne un moment Un petit peu de hauteur sur votre expérience de coopération et que vous puissiez partager auprès de ceux qui nous écoutent trois retours d'expérience, un frein que vous avez levé, une difficulté qui est encore présente et une pépite à garder. Peut-être que je peux commencer par toi, Emmanuel.

  • Emmanuel

    Oui, sur le frein, c'est sur l'engagement, enfin levé en tout cas, c'est l'engagement des membres fondateurs à passer du temps. Et c'est un des membres qui l'a dit la dernière fois, intéressant, c'est que ça fait partie de son projet personnel, mais aussi de son projet professionnel. C'est-à-dire que c'est OK de passer du temps, et ce n'est pas juste le soir, le week-end ou je ne sais pas quand, parce que ça ne serait pas durable dans le temps. C'est-à-dire que l'objet de mon entreprise et de mon parcours dans mon entreprise, c'est aussi l'Alliance. Pas que, bien sûr, mais c'est aussi l'Alliance. Et ça, c'est un engagement qu'on a tous pris à la fin de l'automne et qu'on essaie de tenir, évidemment. c'est jamais facile parce qu'on a tous pas que ça, évidemment, mais on a aussi ça. Et ça, c'était, je pense, un frein important pour se dire, c'est quoi un membre fondateur ? C'est quelqu'un qui accepte cette implication. La difficulté non encore levée, c'est quel temps, à l'ouest, quel moyen ? A partir du moment où on dit, oui, on passe du temps, mais combien ? Et comment faire durer cette énergie-là sur le moyen terme, qui permettra aussi... d'accueillir d'autres membres. C'est bien l'objet de ne pas rester dans un petit nombre, mais de générer et de susciter beaucoup de bonne volonté et d'énergie. Donc comment faire perdurer ça dans le temps et se donner les moyens, c'est encore devant nous.

  • Caroline

    Une pépite, Céline ?

  • Céline

    Alors oui, pépite. Je pense que moi, la pépite que j'ai envie de partager, c'est plus ce qui se passe entre nous au sein de l'Alliance. En fait, je pense que c'est fondamental parce que ça... caractérise bien la bascule je pense aussi qu'on a tous eu en tant que personne ou quantité de de s'autoriser à être totalement différent à rester des financiers mais à aborder des sujets à être en vue à accepter de dire qu'on ne sait pas, ce qui est difficile pour des financiers, d'accepter de dire qu'on ne maîtrise pas tout et qu'il y a des zones d'ombre. Et je pense que c'est ça aussi qui fait la richesse. et la force d'aller les explorer ensemble. Donc ça, c'est vraiment notre pépite, je pense. Notre capacité à être très différent dans cet espace qu'on a créé. Je pense qu'il a été créé aussi à bonne école avec la CEC et le Terreau, qui a apporté là, je dirais, en matière de relations humaines. Donc voilà, et qui a permis un peu la synergie de la technicité et de relations de très belle qualité pour réussir à faire une alliance forte.

  • Caroline

    Et pour conclure cet épisode, voici le moment de la question signature. C'est celle qui est réservée aux invités et vous avez l'honneur de l'inaugurer. Alors, quelles questions souhaiteriez-vous transmettre aux prochains intervenants du podcast Bascule Collective ?

  • Céline

    Je me lance. Je dirais que la question est un peu celle de la difficulté que Emmanuel partageait, celle de comment durer. En fait, on sait qu'on va avoir un noyau très investi, mais comment élargir son action et durer dans le temps avec un effet démultiplié ? Donc ça, c'est question partagée pour les autres collectifs qui se montent et les autres coopérations. Est-ce qu'ils ont des idées, des pistes ? Et peut-être aussi pas vraiment une question mais une ouverture de dire, puisqu'on explore ces sujets de coopération, comment notre alliance, notre projet de coopération, qui est maintenant une belle initiative, peut se mettre aussi à disposition des autres projets qui vont émerger.

  • Emmanuel

    Je serais curieux d'écouter la réponse des suivants.

  • Caroline

    Ce sera dans le prochain épisode. J'ai envie de vous poser cette question Comment on peut vous rejoindre, comment on peut vous contacter pour ceux qui nous écoutent et qui seraient intéressés pour avoir vos conseils ?

  • Emmanuel

    Oui, merci Caroline. La meilleure façon de nous contacter, c'est de contacter l'un des 12 membres fondateurs directement sur LinkedIn, par message personnel. J'espère que tu diffuseras les contacts des 12 membres fondateurs quelque part dans les commentaires du podcast. Et très vite, un site web arrivera pour recenser et effectivement contacter de manière plus officielle l'Alliance en tant que telle.

  • Caroline

    On va mettre effectivement... les noms des 12 membres fondateurs. Merci à tous les deux pour votre générosité dans cette conversation, dans ces échanges et surtout, longue vie à ce projet, l'Alliance du monde financier pour le vivant.

  • Emmanuel

    Merci beaucoup.

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Description

Dans cet épisode, Caroline Maerte-Libeer, co-DG de la CEC, reçoit Céline Jaquelin (Présidente et Co-fondatrice de PSBL) et Emmanuel Parmentier (Co-fondateur de WEASTEM), deux acteurs de l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant, l'un des projets coopératifs issus du parcours CEC Monde Financier 2023-2024. Cette alliance a pour ambition d'accélérer et de faciliter l’émergence d’une économie régénérative en favorisant les coopérations et les échanges entre acteurs financiers et entreprises engagées dans une transformation ou à impact. Ensemble, ils vont échanger sur l'origine du projet et le problème à résoudre, la façon dont la solution a été imaginée et son fonctionnement concret. Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Caroline

    Et si on prenait le temps d'explorer des récits de bascule collective, de raconter comment des organisations d'un même secteur ou d'un même territoire ont décidé de s'allier, de coopérer, de dépasser la logique de concurrence pour réussir ensemble une mission bien plus grande qu'eux et utile au monde ? Je suis Caroline Maerte, co-déléguée générale de la CEC, et si je suis convaincue des pratiques et postures de coopération, je suis curieuse d'écouter les témoignages de mes invités sur leurs expériences concrètes de coopération ... et sur les effets de bascule collective produits ou attendus. Dans ce premier épisode, nous allons parler de la finance, ce levier clé pour réorienter les capitaux vers les projets à impact. Pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir deux acteurs de l'Alliance du monde financier pour le vivant, un groupe de professionnels, praticiens de la finance, et dont l'ambition est d'accélérer et faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et les entreprises qui sont engagées dans une transformation ou un impact. Bonjour Céline Jacquelin. Bonjour. Tu es cofondatrice de Possible, une société spécialisée dans la création, la structuration et l'accompagnement d'investissements durables à impact systémique.

  • Céline

    Oui.

  • Caroline

    Très heureuse de te rencontrer. Bonjour Emmanuel Parmentier. Bonjour. Tu es dirigeant d'un cabinet de conseil en stratégie, Indéfi, dont tu as créé l'activité Finance Durable il y a 15 ans. Et vous vous êtes rencontrés tous les deux au sein du parcours Monde Financier de la CEC l'année dernière. Alors j'ai pour vous une première question. Pouvez-vous nous parler de votre projet qui s'appelle l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant ? Nous raconter comment est née cette initiative ? Quels sont les sujets que vous avez souhaité résoudre avec elle et pourquoi c'est important pour vous ? Et peut-être pour commencer, je t'invite Emmanuel à nous répondre à ses premières questions.

  • Emmanuel

    Merci Caroline. On peut commencer par se remettre dans le contexte de la CEC Monde Financier 1. On était 150 dirigeants et Planet Champions d'acteurs du monde financier. On a écouté, beaucoup travaillé, écouté beaucoup d'experts. On a pris conscience, comme tous les participants, de ce type d'événement, que la finance pour elle-même n'a pas forcément de sens. La finance doit être au service. au service de l'entreprise qui elle-même doit être au service du vivant, en tout cas mettre le vivant au cœur des business models. Et fort de cette prise de conscience, on s'est rendu compte avec beaucoup de participants de la CEC Monde Financier qu'il n'y avait pas beaucoup d'espace de dialogue, où il y avait des incompréhensions assez fortes qui existaient entre les acteurs du monde financier et pour dire au sens large, les porteurs de projets, le monde de l'entreprise. Bien sûr les financiers financent les entreprises par définition mais ils ne se reparlent pas forcément des vrais sujets et certainement pas de comment mettre le vivant au cœur des business modèles. Et donc ça, c'était la prise de conscience et l'objet même du démarrage de cette alliance.

  • Caroline

    Merci Emmanuel. Et pour toi Céline, comment c'est arrivé ?

  • Céline

    Dans le cadre des parcours CEC, on a été invités à réfléchir sur des groupes de coopération Et... Et donc dans ce cadre-là, on avait plusieurs groupes qui s'étaient montés sur des sujets qu'on a en tête en termes de freins pour que la finance finance l'impact, comme le rapport au temps long, les incompréhensions avec les attentes et les besoins de certains acteurs, l'exhaustivité de l'existence des moyens de financement. Enfin voilà, donc certains groupes de travail s'étaient montés pour pouvoir justement aller un peu plus creuser ces différents sujets-là. Et assez rapidement, dans les groupes de travail, on s'est rendu compte qu'il y avait énormément d'interdépendance sur les sujets, qu'on ne pouvait pas répondre aux rapports du temps long sans prendre en considération à la fois les attentes des investisseurs, mais aussi les contraintes des financeurs ou des sociétés de gestion. On ne pouvait pas non plus ne pas considérer les besoins des porteurs de projets et des entrepreneurs. Que pour ça, il fallait avoir une vision exhaustive de l'existant, il fallait aussi construire des bases d'outils partagés. Bref, on s'est assez rapidement rendu compte qu'il y avait une matière à coopérer, au-delà des groupes de travail un peu, je dirais, de manière intrinsèque, silotée, qu'on avait créé, justement de les regrouper pour faire un grand groupe de travail qui viendrait justement adresser cette finance au service du régénératif, globalement, et de l'impact. Et comment on pouvait plutôt se coordonner les uns entre les autres. Et au final, c'était un peu le premier succès de coopération, puisque ce n'est pas forcément quelque chose qui est très naturel dans le monde financier. On partage, on fait des alliances, on discute, on fait évoluer des référentiels, etc. Mais réellement coopérer et aller aborder des sujets ensemble, c'était assez singulier en réalité. Et surtout qu'on avait autour de la table des acteurs extrêmement différents comme des sociétés de gestion, des investisseurs, des banques, des cabinets de conseil. Donc ça permettait aussi d'avoir une richesse pour une fois autour de la table, des angles de vue partagés sur des mêmes sujets.

  • Caroline

    Et du coup, comment vous avez fait concrètement pour passer de cette prise de conscience, de vouloir coopèrent ensemble à un projet qui fédère et qui fonctionne aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez un peu nous raconter comment ça s'est opéré dans votre cheminement ?

  • Emmanuel

    Oui, comme tu le disais, il y avait beaucoup d'initiatives liées au processus de la CEC, de faire émerger des projets coopératifs. Et on s'est dit qu'il fallait fusionner les sujets qui étaient proches, et agréger plus que fusionner. juxtaposés parce qu'il y avait des synergies et des résonances entre ces projets. Et à la fin de la dernière journée, il y avait beaucoup de temps consacré à ces projets coopératifs. Et je me rappelle qu'on était autour de l'été, il faisait assez chaud, mais il y avait beaucoup de monde propice à brainstormer. Il y avait aussi la présence d'experts qui étaient venus nous challenger et apporter leur point de vue. Et donc l'exercice post-CEC, c'était de convertir cette énergie-là de peut-être 50-60 personnes qui étaient là, comment passer à quelque chose qui tienne dans le temps. Et on s'est retrouvé à l'automne, petit à petit, à 12 personnes, 12 fondateurs, chez qui il y avait à la fois une forte résonance personnelle dans le projet, le sujet qu'on vient d'aborder, mais aussi une résonance professionnelle. C'est des gens qui voulaient mettre. au service de leur entreprise, leur activité, en tout cas que ce projet s'inscrivait dans leur trajectoire professionnelle. Et donc avec l'envie de coopérer, de faire coopérer plus le monde financier et le monde de l'entreprise sur le sujet du vivant dans le cadre du business model. Ça a aussi servi à enrichir nos propres feuilles de route, puisque c'est aussi l'exercice demandé par la CEC. Il y a également une volonté d'apprentissage, personnel, de nouveau, de dire qu'on ne connaît pas tout, même après les six jours de la CEC. Et après 20 ou 30 années de carrière pour certains, on a encore beaucoup de choses à apprendre et à s'apprendre les uns les autres. Parce qu'on n'est qu'au début de ce sujet de la régénération et que la finance régénérative, finalement, à la fin de la CEC, on ne l'avait pas encore complètement bien définie. Je pense que toujours pas complètement. Donc c'est quelque chose qui va s'apprendre petit à petit en faisant et en marchant. Les moments de bascule c'était peut-être les sessions de discussion notamment avec des experts de cette dernière journée et aussi avec des chefs d'entreprise qui étaient venus témoigner en plus petit comité sur leurs difficultés ou leurs challenges à dialoguer avec le monde financier puisqu'ils sont tous des assureurs, des banquiers, des investisseurs, des actionnaires, au moins un de ces catégories-là en stakeholders, enfin en partie prenante. Et tous disaient qu'ils avaient quand même le plus grand mal à discuter des vrais sujets de leur propre feuille de route avec les financiers donc ça a vraiment bien bien percuté en disant on tient un bon sujet, il faut qu'on apprenne ensemble.

  • Céline

    Oui je suis d'accord ça a été vraiment quelque chose qui a validé qu'il y avait un besoin et en fait que l'approche qu'on adoptait elle répondait vraiment à des attentes de la part des différentes parties prenantes et notamment des porteurs de projets et donc de l'économie réelle. Parce que je pense que ce qui est assez singulier, c'est que pour la première fois, on est vraiment dans une démarche où le monde financier, quel qu'il soit et sous toutes ses formes, se met vraiment à disposition et au même niveau. Donc c'est ça qui est, je pense aussi, un peu le moteur des membres de l'Alliance aujourd'hui. C'est vraiment que l'approche, elle est très différente. On est dans une approche où on sort du concept de ce que peut être la finance régénérative et on va... On va toucher la matière du doigt et on va expérimenter. Et donc, une des démarches structurantes de l'Alliance, qui, une fois qu'on a eu validé le besoin, c'est vraiment de venir explorer. Je pense que c'est une grande envie de tester et de co-construire, d'apprendre en faisant, en fait. Donc, cette démarche un peu de learn and do, elle est assez structurante chez nous. Et je pense qu'elle vient aussi d'un des moments de bascule que tu as cités, Emmanuel. Quand on discutait avec les experts, on avait fait quelque part, dans le cadre de nos projets individuels coopératifs, mais à ce stade qui était encore des projets individuels, on avait fait une expérimentation du terrain de jeu et des porteurs de projets exploitables. Et on avait fait quelque chose de très scolaire où on avait l'environnement investissable, en gros, tous les porteurs de projets, puis les personnes qui étaient engagées et c'était quelque chose d'assez siloté au final. Et je me souviens d'Isabelle Delanois, de l'entreprise Saint-Méthique, qui nous dit, alors, c'est bien, mais en fait, il ne faut pas réfléchir comme ça. Repenser complètement différemment. Et je pense que là, ça a aussi engagé cette volonté de, non, mais il faut vraiment qu'on se mette au niveau et qu'on co-construise. En fait, l'idée, c'est le cheminement conjoint. Et ce n'est pas d'arriver en disant qu'on a compris et qu'on va implémenter, puisque la réalité, c'est qu'on apprend.

  • Emmanuel

    C'est vrai qu'on sort de, je ne sais pas, 30 ou 40 ans de... d'économies très financiarisées dans lesquelles la posture normale attendue du financier est perçue comme très arrogante. On a la solution, on gouverne les entreprises parce que c'est le capital qui gouverne l'économie. Et déconstruire ça, ça va prendre pas mal de temps, évidemment. Mais justement, cette approche de se mettre, comme tu dis, à niveau en disant « Finalement, on va beaucoup apprendre des entreprises, et vice-versa, et on va se dire réellement qu'on ne sait pas. » que les risques sont majeurs et que on est dans le même bateau finalement parce que si l'entreprise ne va pas, le financier ne va pas et vice versa. Et que ça a l'air anodin, mais ça ne l'est pas du tout. Et quand on parle effectivement aux chefs d'entreprise, ils perçoivent vraiment ça, la finance comme un monde étranger, pénible, arrogant, qui n'est pas du tout apporteur de solutions et qui est plutôt apporteur de problèmes. Et donc casser ça, c'est vraiment une action. je pense, qui doit être une des missions de l'Alliance et qu'on essaie de pratiquer au quotidien.

  • Caroline

    Merci. En tout cas, c'est presque l'histoire d'une triple rencontre. Cette histoire d'Alliance, c'est une rencontre déjà entre vous, les acteurs du monde financier. Cette rencontre aussi avec les porteurs de projets et les entreprises avec qui vous avez discuté et aussi avec des experts qui sont venus vous éclairer. D'ailleurs, cette pensée différente, pensée circularité, c'est peut-être aussi la symbolique du mot « alliance » que vous avez choisi d'utiliser. D'ailleurs c'est une jeune démarche puisqu'elle est née en octobre 2024, donc elle n'a que quelques mois. Et maintenant qu'on sait un peu plus ce cheminement, on a envie évidemment d'en savoir plus. Est-ce que vous pourriez nous raconter concrètement ce que vous faites, les initiatives que vous avez lancées pour répondre aux défis que vous relevez ?

  • Céline

    La première étape pour nous, ça a été vraiment une fois qu'on a validé cette envie de sortir des murs de la CEC et de poursuivre l'alliance. ça a été déjà de réfléchir la gouvernance et poser l'ambition, en tout cas la mission de l'Alliance de manière claire. Donc on s'est réunis, on a vraiment posé bien cette gouvernance et la manière dont on voulait que ça fonctionne entre nous parce que ça a été un des ciments hyper forts du démarrage de l'Alliance. Donc la mission, elle est posée, c'est celle d'accélérer, de faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et des entreprises, qu'elles soient engagées dans leur transformation ou déjà entreprises à impact nativement. Donc on n'exclut pas, on n'est pas juste sur ceux à impact, mais vraiment on accompagne aussi et on essaie de comprendre en co-construction. Et donc en fait, assez rapidement, on s'est dit que les essentiels pour réussir à faire de la finance un levier pour l'économie régénérative, Il fallait qu'on se concentre autour de trois axes qui sont le premier, la connaissance partagée, déjà partager ce qu'on apprend et le mettre à disposition, dialoguer et co-construire, et avoir des outils pratiques.

  • Emmanuel

    Il y avait pour l'instant deux initiatives qui sont issues de tous ces brainstorms qu'on a développés en priorité. Le premier qu'on appelle hub ou observatoire qui est... L'idée de rassembler les connaissances existantes sur ce que peut être la finance régénérative et de les faire progresser, ces connaissances, de nouveau en testant, en dialoguant et en ayant une multiplicité de contributeurs, ça aboutit pour l'instant à une première grille d'analyse à destination des porteurs de projets. des financiers sur le cheminement vers la régénération de l'objet finançable. On l'a testé sur des exemples concrets. L'idée, ce n'est pas du tout de faire un énième questionnaire ESG. Il y en a déjà suffisamment comme ça. Ce n'est pas l'objet, mais plutôt d'exercer son regard pour les financiers, mais aussi pour les porteurs de projets. Où est-ce que j'en suis sur ce chemin vers la régénération en s'inspirant de beaucoup d'outils déjà existants, bien sûr. Le deuxième axe est autour de la création d'espaces de dialogue entre les financiers et les porteurs de projets. Comme on se le disait, c'est un des fondements de l'idée même de l'Alliance, de faire se rencontrer et de faire se parler des vrais sujets, les financiers et les porteurs de projets. On a commencé avec ce qui était l'accessible le plus directement, c'est l'écosystème CEC, dans lequel il y a eu cinq ou six interventions déjà dans des CEC régionales et des CEC thématiques sur lesquelles on est venu témoigner de l'existence de l'alliance, mais aussi par la même occasion lancer ces sujets de la finance peut être aussi à votre service, peut vous aider à rédiger, à améliorer, à financer et développer vos feuilles de route. On peut se parler des vrais sujets. On n'a pas peur de parler des vulnérabilités de l'entreprise. et ça a à chaque fois bien marché avec une... Une file de chefs d'entreprise à la fin qui venaient dialoguer avec la personne ou les personnes de l'alliance qui étaient venues pour dire, moi je veux changer d'actionnaire, mais comment j'interprète ça ? Moi, mon financier, j'ai besoin de financer tel et tel projet. Moi, je veux collaborer plus avec mes pairs et j'ai besoin d'avoir des financiers dans la collaboration, dans la coopération. Bref, on sentait que c'était vraiment un terrain assez propice et ça a aussi revalidé l'intérêt de ces démarches de forum. Donc pour l'instant, au sein des CEC, mais bien sûr, l'idée, c'est... de pouvoir faire ce type de forum ailleurs, indépendamment, et de proposer surtout un menu de différents formats d'intervention, puisqu'il faut être aussi innovant dans les formats. Et pas être juste dans l'interview ou la keynote classique, mais descendre sur des ateliers collaboratifs, dignes de la pédagogie CEC, bien sûr, qu'on essaiera de s'appliquer à nous-mêmes.

  • Céline

    Oui, je rebondis, c'est hyper intéressant, parce que ces moments, ces espèces de dialogues, quelles que soient leurs formes, ils me permettent vraiment de faire ce qu'on a envie de faire, c'est-à-dire du concret. Les outils, la matrice d'analyse, etc., c'est un peu des excuses pour pouvoir initier l'échange. Mais derrière, c'est vraiment de dire qu'on a autour de la table des financiers qui sont OK pour se dire « Transformer une entreprise vers un modèle régénératif, ça implique des trous d'air financiers. Concrètement, comment on le modélise ? Est-ce que c'est finançable ? Avec quoi ? Qui est autour de la table ? Peut-être que ça va être différents types de financements qui vont intervenir. » Et en fait nous De par l'Alliance, on a une vision un peu holistique de tout ça. Et donc en fait, ça permet aussi de remettre la confiance entre le monde financier, les porteurs de projets et de faire en sorte que ça discute. Et que derrière nous aussi, au niveau de l'Alliance, on remonte les informations pour dire là, il y a des sujets qui remontent de manière massive où les financements ne sont pas adaptés, où les besoins sont mal compris. Il faut qu'on essaye de trouver des réponses à ça. Donc c'est vraiment cette démarche un peu très humble. de co-construction, mais qui est très pragmatique en fait. On va discuter avec les gens, on n'est pas en train de créer des choses hors sol.

  • Emmanuel

    Oui, en commençant par des choses toutes simples. Une des choses qui a marqué, c'est souvent quand il y a une opération financière, notamment un M&A, un changement d'actionnaire par exemple, il y a toute une mise en branle de toute une série d'intervenants et de présentations pour vendre le mieux possible l'entreprise. Et surtout, on ne brade pas des risques. Surtout on ne parle pas des vrais sujets. Et ce qui était perçu comme important jusqu'à récemment, je pense, c'était de dire « on met ce risque sous les risques, tout va bien, notre entreprise va croître à l'infini dans un monde abondant en ressources » . Et l'idée qu'en fait, il ne faut plus dire ça. Et que dire ça, c'est risquer de faire fuir les financiers parce qu'ils vont dire « mais ils sont fous, ces chefs d'entreprise, ils n'ont pas compris dans le monde dans lequel on est de pérennerie et de réduction, de bataille des aides sur les ressources » . Et donc plutôt changer le regard et que l'entrepreneur ou le vendeur dise en fait il y a beaucoup de risques, on les a bien identifiés, certains on se les résout, d'autres non, mais ça tombe bien, on a besoin de vous pour nous aider dans ce cheminement là. Et bien cette idée toute simple elle est assez révolutionnaire et assez, en tout cas pas du tout pratiquée à l'heure actuelle. Et si on pouvait commencer par ça dans ce type de forum, ça peut déjà faire un grand pas en avant, de se parler des vrais sujets et pas juste dire tout va bien, tout va bien. puis s'apercevoir deux ans après l'opération, ah non, en fait, le business man n'est pas rempli. Pourquoi ? On le savait déjà, mais on n'osait pas se le dire.

  • Céline

    C'est assez rassurant pour tout le monde, en fait, d'avoir ces discussions, au final, beaucoup plus objectives. Sur la situation, sur les ressources, sur les risques, et donc d'être vraiment dans un échange qui est beaucoup plus fructueux, parce qu'il a un scope beaucoup plus large en termes de vue.

  • Emmanuel

    Oui, je fais écho à toutes les discussions des intervenants des CEC sur le sujet de la robustesse versus la performance. Ça va prendre beaucoup de temps à percuter chez les investisseurs, parce qu'ils sont... Depuis 40 ou 50 ans ou depuis peut-être des centaines d'années, Biberonnés, on finance de la performance, c'est tout. Financer la robustesse ou rechercher en tout cas et valoriser la robustesse, ça va prendre du temps. Mais c'est un bon chemin et intéressant et très fructueux et un dialogue hyper intéressant.

  • Caroline

    Merci. Je retiens de ces premiers échanges trois mots en particulier. Vous avez beaucoup parlé de l'importance du dialogue, des conversations qui sont clés. Vous avez vécu vous-même ce processus-là et quelque chose que vous aussi appliquez aux porteurs de projets. Il y a la base de la confiance qui naît de ces conversations en vérité. Et puis je note aussi beaucoup de volonté d'être pragmatique, concret et pas rester hors sol, mais vraiment travailler à partir de projets. On approche à la fin de ce podcast et j'aimerais qu'on prenne un moment Un petit peu de hauteur sur votre expérience de coopération et que vous puissiez partager auprès de ceux qui nous écoutent trois retours d'expérience, un frein que vous avez levé, une difficulté qui est encore présente et une pépite à garder. Peut-être que je peux commencer par toi, Emmanuel.

  • Emmanuel

    Oui, sur le frein, c'est sur l'engagement, enfin levé en tout cas, c'est l'engagement des membres fondateurs à passer du temps. Et c'est un des membres qui l'a dit la dernière fois, intéressant, c'est que ça fait partie de son projet personnel, mais aussi de son projet professionnel. C'est-à-dire que c'est OK de passer du temps, et ce n'est pas juste le soir, le week-end ou je ne sais pas quand, parce que ça ne serait pas durable dans le temps. C'est-à-dire que l'objet de mon entreprise et de mon parcours dans mon entreprise, c'est aussi l'Alliance. Pas que, bien sûr, mais c'est aussi l'Alliance. Et ça, c'est un engagement qu'on a tous pris à la fin de l'automne et qu'on essaie de tenir, évidemment. c'est jamais facile parce qu'on a tous pas que ça, évidemment, mais on a aussi ça. Et ça, c'était, je pense, un frein important pour se dire, c'est quoi un membre fondateur ? C'est quelqu'un qui accepte cette implication. La difficulté non encore levée, c'est quel temps, à l'ouest, quel moyen ? A partir du moment où on dit, oui, on passe du temps, mais combien ? Et comment faire durer cette énergie-là sur le moyen terme, qui permettra aussi... d'accueillir d'autres membres. C'est bien l'objet de ne pas rester dans un petit nombre, mais de générer et de susciter beaucoup de bonne volonté et d'énergie. Donc comment faire perdurer ça dans le temps et se donner les moyens, c'est encore devant nous.

  • Caroline

    Une pépite, Céline ?

  • Céline

    Alors oui, pépite. Je pense que moi, la pépite que j'ai envie de partager, c'est plus ce qui se passe entre nous au sein de l'Alliance. En fait, je pense que c'est fondamental parce que ça... caractérise bien la bascule je pense aussi qu'on a tous eu en tant que personne ou quantité de de s'autoriser à être totalement différent à rester des financiers mais à aborder des sujets à être en vue à accepter de dire qu'on ne sait pas, ce qui est difficile pour des financiers, d'accepter de dire qu'on ne maîtrise pas tout et qu'il y a des zones d'ombre. Et je pense que c'est ça aussi qui fait la richesse. et la force d'aller les explorer ensemble. Donc ça, c'est vraiment notre pépite, je pense. Notre capacité à être très différent dans cet espace qu'on a créé. Je pense qu'il a été créé aussi à bonne école avec la CEC et le Terreau, qui a apporté là, je dirais, en matière de relations humaines. Donc voilà, et qui a permis un peu la synergie de la technicité et de relations de très belle qualité pour réussir à faire une alliance forte.

  • Caroline

    Et pour conclure cet épisode, voici le moment de la question signature. C'est celle qui est réservée aux invités et vous avez l'honneur de l'inaugurer. Alors, quelles questions souhaiteriez-vous transmettre aux prochains intervenants du podcast Bascule Collective ?

  • Céline

    Je me lance. Je dirais que la question est un peu celle de la difficulté que Emmanuel partageait, celle de comment durer. En fait, on sait qu'on va avoir un noyau très investi, mais comment élargir son action et durer dans le temps avec un effet démultiplié ? Donc ça, c'est question partagée pour les autres collectifs qui se montent et les autres coopérations. Est-ce qu'ils ont des idées, des pistes ? Et peut-être aussi pas vraiment une question mais une ouverture de dire, puisqu'on explore ces sujets de coopération, comment notre alliance, notre projet de coopération, qui est maintenant une belle initiative, peut se mettre aussi à disposition des autres projets qui vont émerger.

  • Emmanuel

    Je serais curieux d'écouter la réponse des suivants.

  • Caroline

    Ce sera dans le prochain épisode. J'ai envie de vous poser cette question Comment on peut vous rejoindre, comment on peut vous contacter pour ceux qui nous écoutent et qui seraient intéressés pour avoir vos conseils ?

  • Emmanuel

    Oui, merci Caroline. La meilleure façon de nous contacter, c'est de contacter l'un des 12 membres fondateurs directement sur LinkedIn, par message personnel. J'espère que tu diffuseras les contacts des 12 membres fondateurs quelque part dans les commentaires du podcast. Et très vite, un site web arrivera pour recenser et effectivement contacter de manière plus officielle l'Alliance en tant que telle.

  • Caroline

    On va mettre effectivement... les noms des 12 membres fondateurs. Merci à tous les deux pour votre générosité dans cette conversation, dans ces échanges et surtout, longue vie à ce projet, l'Alliance du monde financier pour le vivant.

  • Emmanuel

    Merci beaucoup.

Description

Dans cet épisode, Caroline Maerte-Libeer, co-DG de la CEC, reçoit Céline Jaquelin (Présidente et Co-fondatrice de PSBL) et Emmanuel Parmentier (Co-fondateur de WEASTEM), deux acteurs de l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant, l'un des projets coopératifs issus du parcours CEC Monde Financier 2023-2024. Cette alliance a pour ambition d'accélérer et de faciliter l’émergence d’une économie régénérative en favorisant les coopérations et les échanges entre acteurs financiers et entreprises engagées dans une transformation ou à impact. Ensemble, ils vont échanger sur l'origine du projet et le problème à résoudre, la façon dont la solution a été imaginée et son fonctionnement concret. Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Caroline

    Et si on prenait le temps d'explorer des récits de bascule collective, de raconter comment des organisations d'un même secteur ou d'un même territoire ont décidé de s'allier, de coopérer, de dépasser la logique de concurrence pour réussir ensemble une mission bien plus grande qu'eux et utile au monde ? Je suis Caroline Maerte, co-déléguée générale de la CEC, et si je suis convaincue des pratiques et postures de coopération, je suis curieuse d'écouter les témoignages de mes invités sur leurs expériences concrètes de coopération ... et sur les effets de bascule collective produits ou attendus. Dans ce premier épisode, nous allons parler de la finance, ce levier clé pour réorienter les capitaux vers les projets à impact. Pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir deux acteurs de l'Alliance du monde financier pour le vivant, un groupe de professionnels, praticiens de la finance, et dont l'ambition est d'accélérer et faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et les entreprises qui sont engagées dans une transformation ou un impact. Bonjour Céline Jacquelin. Bonjour. Tu es cofondatrice de Possible, une société spécialisée dans la création, la structuration et l'accompagnement d'investissements durables à impact systémique.

  • Céline

    Oui.

  • Caroline

    Très heureuse de te rencontrer. Bonjour Emmanuel Parmentier. Bonjour. Tu es dirigeant d'un cabinet de conseil en stratégie, Indéfi, dont tu as créé l'activité Finance Durable il y a 15 ans. Et vous vous êtes rencontrés tous les deux au sein du parcours Monde Financier de la CEC l'année dernière. Alors j'ai pour vous une première question. Pouvez-vous nous parler de votre projet qui s'appelle l'Alliance du Monde Financier pour le Vivant ? Nous raconter comment est née cette initiative ? Quels sont les sujets que vous avez souhaité résoudre avec elle et pourquoi c'est important pour vous ? Et peut-être pour commencer, je t'invite Emmanuel à nous répondre à ses premières questions.

  • Emmanuel

    Merci Caroline. On peut commencer par se remettre dans le contexte de la CEC Monde Financier 1. On était 150 dirigeants et Planet Champions d'acteurs du monde financier. On a écouté, beaucoup travaillé, écouté beaucoup d'experts. On a pris conscience, comme tous les participants, de ce type d'événement, que la finance pour elle-même n'a pas forcément de sens. La finance doit être au service. au service de l'entreprise qui elle-même doit être au service du vivant, en tout cas mettre le vivant au cœur des business models. Et fort de cette prise de conscience, on s'est rendu compte avec beaucoup de participants de la CEC Monde Financier qu'il n'y avait pas beaucoup d'espace de dialogue, où il y avait des incompréhensions assez fortes qui existaient entre les acteurs du monde financier et pour dire au sens large, les porteurs de projets, le monde de l'entreprise. Bien sûr les financiers financent les entreprises par définition mais ils ne se reparlent pas forcément des vrais sujets et certainement pas de comment mettre le vivant au cœur des business modèles. Et donc ça, c'était la prise de conscience et l'objet même du démarrage de cette alliance.

  • Caroline

    Merci Emmanuel. Et pour toi Céline, comment c'est arrivé ?

  • Céline

    Dans le cadre des parcours CEC, on a été invités à réfléchir sur des groupes de coopération Et... Et donc dans ce cadre-là, on avait plusieurs groupes qui s'étaient montés sur des sujets qu'on a en tête en termes de freins pour que la finance finance l'impact, comme le rapport au temps long, les incompréhensions avec les attentes et les besoins de certains acteurs, l'exhaustivité de l'existence des moyens de financement. Enfin voilà, donc certains groupes de travail s'étaient montés pour pouvoir justement aller un peu plus creuser ces différents sujets-là. Et assez rapidement, dans les groupes de travail, on s'est rendu compte qu'il y avait énormément d'interdépendance sur les sujets, qu'on ne pouvait pas répondre aux rapports du temps long sans prendre en considération à la fois les attentes des investisseurs, mais aussi les contraintes des financeurs ou des sociétés de gestion. On ne pouvait pas non plus ne pas considérer les besoins des porteurs de projets et des entrepreneurs. Que pour ça, il fallait avoir une vision exhaustive de l'existant, il fallait aussi construire des bases d'outils partagés. Bref, on s'est assez rapidement rendu compte qu'il y avait une matière à coopérer, au-delà des groupes de travail un peu, je dirais, de manière intrinsèque, silotée, qu'on avait créé, justement de les regrouper pour faire un grand groupe de travail qui viendrait justement adresser cette finance au service du régénératif, globalement, et de l'impact. Et comment on pouvait plutôt se coordonner les uns entre les autres. Et au final, c'était un peu le premier succès de coopération, puisque ce n'est pas forcément quelque chose qui est très naturel dans le monde financier. On partage, on fait des alliances, on discute, on fait évoluer des référentiels, etc. Mais réellement coopérer et aller aborder des sujets ensemble, c'était assez singulier en réalité. Et surtout qu'on avait autour de la table des acteurs extrêmement différents comme des sociétés de gestion, des investisseurs, des banques, des cabinets de conseil. Donc ça permettait aussi d'avoir une richesse pour une fois autour de la table, des angles de vue partagés sur des mêmes sujets.

  • Caroline

    Et du coup, comment vous avez fait concrètement pour passer de cette prise de conscience, de vouloir coopèrent ensemble à un projet qui fédère et qui fonctionne aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez un peu nous raconter comment ça s'est opéré dans votre cheminement ?

  • Emmanuel

    Oui, comme tu le disais, il y avait beaucoup d'initiatives liées au processus de la CEC, de faire émerger des projets coopératifs. Et on s'est dit qu'il fallait fusionner les sujets qui étaient proches, et agréger plus que fusionner. juxtaposés parce qu'il y avait des synergies et des résonances entre ces projets. Et à la fin de la dernière journée, il y avait beaucoup de temps consacré à ces projets coopératifs. Et je me rappelle qu'on était autour de l'été, il faisait assez chaud, mais il y avait beaucoup de monde propice à brainstormer. Il y avait aussi la présence d'experts qui étaient venus nous challenger et apporter leur point de vue. Et donc l'exercice post-CEC, c'était de convertir cette énergie-là de peut-être 50-60 personnes qui étaient là, comment passer à quelque chose qui tienne dans le temps. Et on s'est retrouvé à l'automne, petit à petit, à 12 personnes, 12 fondateurs, chez qui il y avait à la fois une forte résonance personnelle dans le projet, le sujet qu'on vient d'aborder, mais aussi une résonance professionnelle. C'est des gens qui voulaient mettre. au service de leur entreprise, leur activité, en tout cas que ce projet s'inscrivait dans leur trajectoire professionnelle. Et donc avec l'envie de coopérer, de faire coopérer plus le monde financier et le monde de l'entreprise sur le sujet du vivant dans le cadre du business model. Ça a aussi servi à enrichir nos propres feuilles de route, puisque c'est aussi l'exercice demandé par la CEC. Il y a également une volonté d'apprentissage, personnel, de nouveau, de dire qu'on ne connaît pas tout, même après les six jours de la CEC. Et après 20 ou 30 années de carrière pour certains, on a encore beaucoup de choses à apprendre et à s'apprendre les uns les autres. Parce qu'on n'est qu'au début de ce sujet de la régénération et que la finance régénérative, finalement, à la fin de la CEC, on ne l'avait pas encore complètement bien définie. Je pense que toujours pas complètement. Donc c'est quelque chose qui va s'apprendre petit à petit en faisant et en marchant. Les moments de bascule c'était peut-être les sessions de discussion notamment avec des experts de cette dernière journée et aussi avec des chefs d'entreprise qui étaient venus témoigner en plus petit comité sur leurs difficultés ou leurs challenges à dialoguer avec le monde financier puisqu'ils sont tous des assureurs, des banquiers, des investisseurs, des actionnaires, au moins un de ces catégories-là en stakeholders, enfin en partie prenante. Et tous disaient qu'ils avaient quand même le plus grand mal à discuter des vrais sujets de leur propre feuille de route avec les financiers donc ça a vraiment bien bien percuté en disant on tient un bon sujet, il faut qu'on apprenne ensemble.

  • Céline

    Oui je suis d'accord ça a été vraiment quelque chose qui a validé qu'il y avait un besoin et en fait que l'approche qu'on adoptait elle répondait vraiment à des attentes de la part des différentes parties prenantes et notamment des porteurs de projets et donc de l'économie réelle. Parce que je pense que ce qui est assez singulier, c'est que pour la première fois, on est vraiment dans une démarche où le monde financier, quel qu'il soit et sous toutes ses formes, se met vraiment à disposition et au même niveau. Donc c'est ça qui est, je pense aussi, un peu le moteur des membres de l'Alliance aujourd'hui. C'est vraiment que l'approche, elle est très différente. On est dans une approche où on sort du concept de ce que peut être la finance régénérative et on va... On va toucher la matière du doigt et on va expérimenter. Et donc, une des démarches structurantes de l'Alliance, qui, une fois qu'on a eu validé le besoin, c'est vraiment de venir explorer. Je pense que c'est une grande envie de tester et de co-construire, d'apprendre en faisant, en fait. Donc, cette démarche un peu de learn and do, elle est assez structurante chez nous. Et je pense qu'elle vient aussi d'un des moments de bascule que tu as cités, Emmanuel. Quand on discutait avec les experts, on avait fait quelque part, dans le cadre de nos projets individuels coopératifs, mais à ce stade qui était encore des projets individuels, on avait fait une expérimentation du terrain de jeu et des porteurs de projets exploitables. Et on avait fait quelque chose de très scolaire où on avait l'environnement investissable, en gros, tous les porteurs de projets, puis les personnes qui étaient engagées et c'était quelque chose d'assez siloté au final. Et je me souviens d'Isabelle Delanois, de l'entreprise Saint-Méthique, qui nous dit, alors, c'est bien, mais en fait, il ne faut pas réfléchir comme ça. Repenser complètement différemment. Et je pense que là, ça a aussi engagé cette volonté de, non, mais il faut vraiment qu'on se mette au niveau et qu'on co-construise. En fait, l'idée, c'est le cheminement conjoint. Et ce n'est pas d'arriver en disant qu'on a compris et qu'on va implémenter, puisque la réalité, c'est qu'on apprend.

  • Emmanuel

    C'est vrai qu'on sort de, je ne sais pas, 30 ou 40 ans de... d'économies très financiarisées dans lesquelles la posture normale attendue du financier est perçue comme très arrogante. On a la solution, on gouverne les entreprises parce que c'est le capital qui gouverne l'économie. Et déconstruire ça, ça va prendre pas mal de temps, évidemment. Mais justement, cette approche de se mettre, comme tu dis, à niveau en disant « Finalement, on va beaucoup apprendre des entreprises, et vice-versa, et on va se dire réellement qu'on ne sait pas. » que les risques sont majeurs et que on est dans le même bateau finalement parce que si l'entreprise ne va pas, le financier ne va pas et vice versa. Et que ça a l'air anodin, mais ça ne l'est pas du tout. Et quand on parle effectivement aux chefs d'entreprise, ils perçoivent vraiment ça, la finance comme un monde étranger, pénible, arrogant, qui n'est pas du tout apporteur de solutions et qui est plutôt apporteur de problèmes. Et donc casser ça, c'est vraiment une action. je pense, qui doit être une des missions de l'Alliance et qu'on essaie de pratiquer au quotidien.

  • Caroline

    Merci. En tout cas, c'est presque l'histoire d'une triple rencontre. Cette histoire d'Alliance, c'est une rencontre déjà entre vous, les acteurs du monde financier. Cette rencontre aussi avec les porteurs de projets et les entreprises avec qui vous avez discuté et aussi avec des experts qui sont venus vous éclairer. D'ailleurs, cette pensée différente, pensée circularité, c'est peut-être aussi la symbolique du mot « alliance » que vous avez choisi d'utiliser. D'ailleurs c'est une jeune démarche puisqu'elle est née en octobre 2024, donc elle n'a que quelques mois. Et maintenant qu'on sait un peu plus ce cheminement, on a envie évidemment d'en savoir plus. Est-ce que vous pourriez nous raconter concrètement ce que vous faites, les initiatives que vous avez lancées pour répondre aux défis que vous relevez ?

  • Céline

    La première étape pour nous, ça a été vraiment une fois qu'on a validé cette envie de sortir des murs de la CEC et de poursuivre l'alliance. ça a été déjà de réfléchir la gouvernance et poser l'ambition, en tout cas la mission de l'Alliance de manière claire. Donc on s'est réunis, on a vraiment posé bien cette gouvernance et la manière dont on voulait que ça fonctionne entre nous parce que ça a été un des ciments hyper forts du démarrage de l'Alliance. Donc la mission, elle est posée, c'est celle d'accélérer, de faciliter l'émergence d'une économie régénérative en favorisant la coopération et les échanges entre les acteurs financiers et des entreprises, qu'elles soient engagées dans leur transformation ou déjà entreprises à impact nativement. Donc on n'exclut pas, on n'est pas juste sur ceux à impact, mais vraiment on accompagne aussi et on essaie de comprendre en co-construction. Et donc en fait, assez rapidement, on s'est dit que les essentiels pour réussir à faire de la finance un levier pour l'économie régénérative, Il fallait qu'on se concentre autour de trois axes qui sont le premier, la connaissance partagée, déjà partager ce qu'on apprend et le mettre à disposition, dialoguer et co-construire, et avoir des outils pratiques.

  • Emmanuel

    Il y avait pour l'instant deux initiatives qui sont issues de tous ces brainstorms qu'on a développés en priorité. Le premier qu'on appelle hub ou observatoire qui est... L'idée de rassembler les connaissances existantes sur ce que peut être la finance régénérative et de les faire progresser, ces connaissances, de nouveau en testant, en dialoguant et en ayant une multiplicité de contributeurs, ça aboutit pour l'instant à une première grille d'analyse à destination des porteurs de projets. des financiers sur le cheminement vers la régénération de l'objet finançable. On l'a testé sur des exemples concrets. L'idée, ce n'est pas du tout de faire un énième questionnaire ESG. Il y en a déjà suffisamment comme ça. Ce n'est pas l'objet, mais plutôt d'exercer son regard pour les financiers, mais aussi pour les porteurs de projets. Où est-ce que j'en suis sur ce chemin vers la régénération en s'inspirant de beaucoup d'outils déjà existants, bien sûr. Le deuxième axe est autour de la création d'espaces de dialogue entre les financiers et les porteurs de projets. Comme on se le disait, c'est un des fondements de l'idée même de l'Alliance, de faire se rencontrer et de faire se parler des vrais sujets, les financiers et les porteurs de projets. On a commencé avec ce qui était l'accessible le plus directement, c'est l'écosystème CEC, dans lequel il y a eu cinq ou six interventions déjà dans des CEC régionales et des CEC thématiques sur lesquelles on est venu témoigner de l'existence de l'alliance, mais aussi par la même occasion lancer ces sujets de la finance peut être aussi à votre service, peut vous aider à rédiger, à améliorer, à financer et développer vos feuilles de route. On peut se parler des vrais sujets. On n'a pas peur de parler des vulnérabilités de l'entreprise. et ça a à chaque fois bien marché avec une... Une file de chefs d'entreprise à la fin qui venaient dialoguer avec la personne ou les personnes de l'alliance qui étaient venues pour dire, moi je veux changer d'actionnaire, mais comment j'interprète ça ? Moi, mon financier, j'ai besoin de financer tel et tel projet. Moi, je veux collaborer plus avec mes pairs et j'ai besoin d'avoir des financiers dans la collaboration, dans la coopération. Bref, on sentait que c'était vraiment un terrain assez propice et ça a aussi revalidé l'intérêt de ces démarches de forum. Donc pour l'instant, au sein des CEC, mais bien sûr, l'idée, c'est... de pouvoir faire ce type de forum ailleurs, indépendamment, et de proposer surtout un menu de différents formats d'intervention, puisqu'il faut être aussi innovant dans les formats. Et pas être juste dans l'interview ou la keynote classique, mais descendre sur des ateliers collaboratifs, dignes de la pédagogie CEC, bien sûr, qu'on essaiera de s'appliquer à nous-mêmes.

  • Céline

    Oui, je rebondis, c'est hyper intéressant, parce que ces moments, ces espèces de dialogues, quelles que soient leurs formes, ils me permettent vraiment de faire ce qu'on a envie de faire, c'est-à-dire du concret. Les outils, la matrice d'analyse, etc., c'est un peu des excuses pour pouvoir initier l'échange. Mais derrière, c'est vraiment de dire qu'on a autour de la table des financiers qui sont OK pour se dire « Transformer une entreprise vers un modèle régénératif, ça implique des trous d'air financiers. Concrètement, comment on le modélise ? Est-ce que c'est finançable ? Avec quoi ? Qui est autour de la table ? Peut-être que ça va être différents types de financements qui vont intervenir. » Et en fait nous De par l'Alliance, on a une vision un peu holistique de tout ça. Et donc en fait, ça permet aussi de remettre la confiance entre le monde financier, les porteurs de projets et de faire en sorte que ça discute. Et que derrière nous aussi, au niveau de l'Alliance, on remonte les informations pour dire là, il y a des sujets qui remontent de manière massive où les financements ne sont pas adaptés, où les besoins sont mal compris. Il faut qu'on essaye de trouver des réponses à ça. Donc c'est vraiment cette démarche un peu très humble. de co-construction, mais qui est très pragmatique en fait. On va discuter avec les gens, on n'est pas en train de créer des choses hors sol.

  • Emmanuel

    Oui, en commençant par des choses toutes simples. Une des choses qui a marqué, c'est souvent quand il y a une opération financière, notamment un M&A, un changement d'actionnaire par exemple, il y a toute une mise en branle de toute une série d'intervenants et de présentations pour vendre le mieux possible l'entreprise. Et surtout, on ne brade pas des risques. Surtout on ne parle pas des vrais sujets. Et ce qui était perçu comme important jusqu'à récemment, je pense, c'était de dire « on met ce risque sous les risques, tout va bien, notre entreprise va croître à l'infini dans un monde abondant en ressources » . Et l'idée qu'en fait, il ne faut plus dire ça. Et que dire ça, c'est risquer de faire fuir les financiers parce qu'ils vont dire « mais ils sont fous, ces chefs d'entreprise, ils n'ont pas compris dans le monde dans lequel on est de pérennerie et de réduction, de bataille des aides sur les ressources » . Et donc plutôt changer le regard et que l'entrepreneur ou le vendeur dise en fait il y a beaucoup de risques, on les a bien identifiés, certains on se les résout, d'autres non, mais ça tombe bien, on a besoin de vous pour nous aider dans ce cheminement là. Et bien cette idée toute simple elle est assez révolutionnaire et assez, en tout cas pas du tout pratiquée à l'heure actuelle. Et si on pouvait commencer par ça dans ce type de forum, ça peut déjà faire un grand pas en avant, de se parler des vrais sujets et pas juste dire tout va bien, tout va bien. puis s'apercevoir deux ans après l'opération, ah non, en fait, le business man n'est pas rempli. Pourquoi ? On le savait déjà, mais on n'osait pas se le dire.

  • Céline

    C'est assez rassurant pour tout le monde, en fait, d'avoir ces discussions, au final, beaucoup plus objectives. Sur la situation, sur les ressources, sur les risques, et donc d'être vraiment dans un échange qui est beaucoup plus fructueux, parce qu'il a un scope beaucoup plus large en termes de vue.

  • Emmanuel

    Oui, je fais écho à toutes les discussions des intervenants des CEC sur le sujet de la robustesse versus la performance. Ça va prendre beaucoup de temps à percuter chez les investisseurs, parce qu'ils sont... Depuis 40 ou 50 ans ou depuis peut-être des centaines d'années, Biberonnés, on finance de la performance, c'est tout. Financer la robustesse ou rechercher en tout cas et valoriser la robustesse, ça va prendre du temps. Mais c'est un bon chemin et intéressant et très fructueux et un dialogue hyper intéressant.

  • Caroline

    Merci. Je retiens de ces premiers échanges trois mots en particulier. Vous avez beaucoup parlé de l'importance du dialogue, des conversations qui sont clés. Vous avez vécu vous-même ce processus-là et quelque chose que vous aussi appliquez aux porteurs de projets. Il y a la base de la confiance qui naît de ces conversations en vérité. Et puis je note aussi beaucoup de volonté d'être pragmatique, concret et pas rester hors sol, mais vraiment travailler à partir de projets. On approche à la fin de ce podcast et j'aimerais qu'on prenne un moment Un petit peu de hauteur sur votre expérience de coopération et que vous puissiez partager auprès de ceux qui nous écoutent trois retours d'expérience, un frein que vous avez levé, une difficulté qui est encore présente et une pépite à garder. Peut-être que je peux commencer par toi, Emmanuel.

  • Emmanuel

    Oui, sur le frein, c'est sur l'engagement, enfin levé en tout cas, c'est l'engagement des membres fondateurs à passer du temps. Et c'est un des membres qui l'a dit la dernière fois, intéressant, c'est que ça fait partie de son projet personnel, mais aussi de son projet professionnel. C'est-à-dire que c'est OK de passer du temps, et ce n'est pas juste le soir, le week-end ou je ne sais pas quand, parce que ça ne serait pas durable dans le temps. C'est-à-dire que l'objet de mon entreprise et de mon parcours dans mon entreprise, c'est aussi l'Alliance. Pas que, bien sûr, mais c'est aussi l'Alliance. Et ça, c'est un engagement qu'on a tous pris à la fin de l'automne et qu'on essaie de tenir, évidemment. c'est jamais facile parce qu'on a tous pas que ça, évidemment, mais on a aussi ça. Et ça, c'était, je pense, un frein important pour se dire, c'est quoi un membre fondateur ? C'est quelqu'un qui accepte cette implication. La difficulté non encore levée, c'est quel temps, à l'ouest, quel moyen ? A partir du moment où on dit, oui, on passe du temps, mais combien ? Et comment faire durer cette énergie-là sur le moyen terme, qui permettra aussi... d'accueillir d'autres membres. C'est bien l'objet de ne pas rester dans un petit nombre, mais de générer et de susciter beaucoup de bonne volonté et d'énergie. Donc comment faire perdurer ça dans le temps et se donner les moyens, c'est encore devant nous.

  • Caroline

    Une pépite, Céline ?

  • Céline

    Alors oui, pépite. Je pense que moi, la pépite que j'ai envie de partager, c'est plus ce qui se passe entre nous au sein de l'Alliance. En fait, je pense que c'est fondamental parce que ça... caractérise bien la bascule je pense aussi qu'on a tous eu en tant que personne ou quantité de de s'autoriser à être totalement différent à rester des financiers mais à aborder des sujets à être en vue à accepter de dire qu'on ne sait pas, ce qui est difficile pour des financiers, d'accepter de dire qu'on ne maîtrise pas tout et qu'il y a des zones d'ombre. Et je pense que c'est ça aussi qui fait la richesse. et la force d'aller les explorer ensemble. Donc ça, c'est vraiment notre pépite, je pense. Notre capacité à être très différent dans cet espace qu'on a créé. Je pense qu'il a été créé aussi à bonne école avec la CEC et le Terreau, qui a apporté là, je dirais, en matière de relations humaines. Donc voilà, et qui a permis un peu la synergie de la technicité et de relations de très belle qualité pour réussir à faire une alliance forte.

  • Caroline

    Et pour conclure cet épisode, voici le moment de la question signature. C'est celle qui est réservée aux invités et vous avez l'honneur de l'inaugurer. Alors, quelles questions souhaiteriez-vous transmettre aux prochains intervenants du podcast Bascule Collective ?

  • Céline

    Je me lance. Je dirais que la question est un peu celle de la difficulté que Emmanuel partageait, celle de comment durer. En fait, on sait qu'on va avoir un noyau très investi, mais comment élargir son action et durer dans le temps avec un effet démultiplié ? Donc ça, c'est question partagée pour les autres collectifs qui se montent et les autres coopérations. Est-ce qu'ils ont des idées, des pistes ? Et peut-être aussi pas vraiment une question mais une ouverture de dire, puisqu'on explore ces sujets de coopération, comment notre alliance, notre projet de coopération, qui est maintenant une belle initiative, peut se mettre aussi à disposition des autres projets qui vont émerger.

  • Emmanuel

    Je serais curieux d'écouter la réponse des suivants.

  • Caroline

    Ce sera dans le prochain épisode. J'ai envie de vous poser cette question Comment on peut vous rejoindre, comment on peut vous contacter pour ceux qui nous écoutent et qui seraient intéressés pour avoir vos conseils ?

  • Emmanuel

    Oui, merci Caroline. La meilleure façon de nous contacter, c'est de contacter l'un des 12 membres fondateurs directement sur LinkedIn, par message personnel. J'espère que tu diffuseras les contacts des 12 membres fondateurs quelque part dans les commentaires du podcast. Et très vite, un site web arrivera pour recenser et effectivement contacter de manière plus officielle l'Alliance en tant que telle.

  • Caroline

    On va mettre effectivement... les noms des 12 membres fondateurs. Merci à tous les deux pour votre générosité dans cette conversation, dans ces échanges et surtout, longue vie à ce projet, l'Alliance du monde financier pour le vivant.

  • Emmanuel

    Merci beaucoup.

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