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#16 - Comment former à ce monde en mutation ? avec Martin Coriat d' AD Education cover
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CAP Regen, le podcast qui concrétise l'économie régénérative !

#16 - Comment former à ce monde en mutation ? avec Martin Coriat d' AD Education

#16 - Comment former à ce monde en mutation ? avec Martin Coriat d' AD Education

43min |14/11/2025|

112

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Description

Comment l'enseignement supérieur peut-il préparer la jeunesse au monde qui l’attend ?

Acquérir des compétences, obtenir un bon emploi et un bon salaire à la sortie restent importants, bien sûr, mais est-ce suffisant ?

Comment réussir ce moment charnière et transformer un jeune adulte en un citoyen conscient, responsable et engagé ?


Dans cet épisode, découvrez Martin Coriat, CEO France d’AD Education, qui nous partage sa vision : former uniquement à l’employabilité n’est plus suffisant ; la mission des écoles est aussi d’éveiller la conscience, le sens et la responsabilité de leurs étudiants.


AD Education souhaite réinventer la notion de réussite en y intégrant l’épanouissement, l’engagement et la contribution à un monde soutenable.


Selon Martin, la jeunesse n’est ni résignée ni cynique : elle est « en attente » et prête à agir dès lors qu’on lui offre compréhension, cadre et possibilités concrètes.
Un épisode éclairant sur les jeunes, leurs attentes et la manière de les outiller pour le monde de demain !




Courage, Authenticité, Pragmatisme... C'est le pacte que fait Eric Duverger, fondateur de la CEC, avec un dirigeant en chemin vers le régénératif ou un expert de l’écosystème régénération pour un échange éclairant et réjouissant autour de la transformation des entreprises. Un décryptage sans filtre des nouvelles approches à visée régénérative et un retour d’expérience sur les leviers et les freins à leur mise en œuvre. Compréhension profonde des enjeux environnementaux, transition intérieure du dirigeant, changement de leadership et de gouvernance, reconnexion au vivant de l'entreprise, évolution du modèle économique et de l'offre, monitoring de l’impact... un shoot d’inspiration qui régénèrera votre envie de transition !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Martin

    Donc nous ce qu'on cherche à faire c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite des étudiants se mesure autant par leur employabilité que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants partout de s'engager.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen, je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de CapRegen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires. Pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref, plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Martin. Bonjour. Alors Martin, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et pragmatisme, on va essayer d'être le plus concret possible et de donner des exemples pour voir à quoi ressemble cette nouvelle économie. Alors les trois initiales de courage, authenticité et pragmatisme, ça fait CAP. Alors Martin, CAP ou pas CAP ?

  • Martin

    CAP Eric.

  • Eric

    Alors on se lance. Tu es passé par les bancs d'HEC et de l'INSEAD. Tu as fait toute une partie de ta carrière dans le monde des comparateurs d'assurance et de produits financiers. Tu as connu le monde des créations de boîtes, de la forte croissance et de la transformation digitale. Tu as été notamment le fondateur et le DG de Le Linx. Tu as été aussi CEO d'un grand site de comparaison de produits financiers en Angleterre. Tu as basculé dans le monde de l'éducation en 2019 avec Wizzbe. Et tu as pris la direction générale du groupe AD Education en 2020. Il se trouve aussi que tu as fait le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires en 2024. Merci d'être avec nous, Martin. Alors pour démarrer, une petite question sur le lieu de nature où tu aimes te ressourcer.

  • Martin

    Merci Eric et merci de cette présentation. Moi le lieu de nature qui me touche particulièrement, il est en forêt de Fontainebleau, qui est une forêt que je trouve incroyable près de Paris. J'ai la chance d'habiter dans le sud de Paris, donc c'est vraiment très proche, et qui est un lieu où je me ressource assez régulièrement, parce que c'est vraiment une mer verte et un bois très beau et très diver, entre rochers, pins et sable. C'est un lieu où j'aime m'échapper de la ville et de ses tumultes.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous présenter ton groupe, AD Education, en quelques mots, en quelques chiffres ?

  • Martin

    AD Education, c'est un groupe d'enseignement supérieur, qui accueille des étudiants post-bac pour la majorité, et qui les forme à une multitude de métiers. On a 23 écoles dans le groupe, et on forme au total un peu plus de 42 000 étudiants. Donc on a à peu près 70 campus dans toute l'Europe et on forme des métiers très divers, à la fois des métiers créatifs que sont les métiers du design, de la communication, du digital, de la création de parfums par exemple également, mais aussi des métiers plus généralistes avec des écoles de commerce, d'ingénieurs aussi, donc très tournées sur l'innovation et la tech, et des écoles de start-up, de digital, d'éveil en développement digitaux. Donc une grande multitude de types d'enseignements, mais toujours avec des jeunes qu'on forme en les prenant pas forcément à la sortie du lycée, et puis qu'on va amener vers l'emploi, et vers l'emploi qui correspond à leur passion. C'est ce qu'on va essayer de faire tout au long de ces cursus. Le groupe existe depuis 2009, mais les écoles sont bien plus anciennes, on a des écoles qui sont centenaires, et qui sont toutes des références un peu dans leur domaine. Dans le domaine du son et de la musique par exemple, dans le domaine de la publicité, dans le domaine de l'ingénierie, c'est vraiment des références. Par exemple, dans la communication, c'est l'école supérieure de publicité qui est la plus vieille école de communication de France, dont on va bientôt fêter le centenaire. Dans le domaine du son et de la musique et du cinéma, par exemple, c'est la SAE. La SAE, c'est le plus grand nom de formation sur tous les métiers d'ingénieur du son, de sonorisation, musique. On a la chance d'avoir des... des diplômés qui ont reçu des Grammy Awards, des Tony Awards, des Emmy Awards, et c'est une grande fierté.

  • Eric

    Est-ce que le trait d'union, le fil rouge de AD Education, c'est justement d'essayer... d'être ceux qui font les passeurs entre la passion d'un jeune et son métier, en fait, sa vocation professionnelle.

  • Martin

    Il faut toujours trouver des traits d'union, d'expliquer pourquoi le groupe a une cohérence. Il l'a dans la notion de qualité, d'excellence académique que je mentionnais, dans l'importance des marques et des écoles qui ont leur stratégie de développement, leur positionnement. Mais il vient aussi de ces petites choses qui font que tous les étudiants des écoles du groupe AD Education reçoivent quand même certains éléments dans leur parcours, des éléments qui les mettent en responsabilité par rapport à tout ce qui est les changements du monde, les changements climatiques, les changements sociaux, et puis également comment on arrive à les former vraiment d'une manière très professionnelle pour qu'ils puissent s'insérer et être compétents, mais surtout heureux, dans leur carrière qui commence après l'école.

  • Eric

    On sent déjà la passion chez toi pour le monde de l'éducation. Est-ce que tu peux nous dire peut-être ce déclencheur de ta bascule dans ta carrière à toi, puisque tu déployais ton talent plutôt dans le monde de la finance ou de l'assurance ? Comment tu es tombé dans le monde de l'éducation ?

  • Martin

    C'est toujours des hasards et premièrement des passions. Alors familial, il se trouve que j'ai une famille où il y a beaucoup de professeurs, et de professeurs d'université ou d'école, mais au-delà de ça, c'est vrai que j'étais arrivé à un moment où, de ma carrière et de ma vie ou je me suis dit sur quoi on veut passer son énergie et son temps. Est-ce que c'est sur compter un taux de clic sur une publicité en ligne ? Est-ce que c'est de savoir combien de ventes ont été faites hier ? Ou est-ce que c'est aussi de réfléchir dans un projet plus large à quel impact on peut avoir ? Comment changer le monde et pas seulement le faire à titre personnel ? Il se trouve qu'à titre personnel, ça fait longtemps que je suis assez engagé sur des domaines liés à l'écologie, que j'essaie de faire attention, que j'ai tout le prototype du bon bobo parisien. Mais après, je me dis, comment on peut faire plus ? Et dans quel domaine ça peut vraiment avoir un sens ? Et transformer le monde et l'éducation en était un. Et on parlera du travail qui a été fait à la CEC, ou grâce au parcours de la CEC, qui nous a permis de réfléchir à ça aussi en tant que groupe, pour vraiment définir une stratégie qui est très liée au sens de notre activité, l'enseignement, à la responsabilité que ça donne pour transformer le monde, et notamment par l'intermédiaire de nos étudiants.

  • Eric

    Donc tu as eu cette responsabilité dans le groupe AD Éducation et tu t'es embarqué en 2024 dans le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires. Donc déjà peut-être nous dire pourquoi la CEC, cet appel, et tu étais prêt à donner de ton temps, consacrer de ton temps pour ce sujet. Et peut-être aussi la particularité du parcours des nouveaux imaginaires, aussi pourquoi ça t'a interpellé ?

  • Martin

    En fait, on a été contacté par la CEC par l'intermédiaire de notre école de publicité, l'ESP dont je parlais, en disant, oui, il y a un parcours CEC Nouveaux Imaginaires, voilà le rôle que peuvent avoir les écoles qui forment à ces métiers de la publicité et de la communication, venez contribuer et participer. Et puis, le sujet est remonté, parce que, est-ce qu'on peut, est-ce qu'on doit, etc. J'ai dit, c'est une très bonne opportunité, non pas pour le faire pour une école, mais pour vraiment engager le groupe dans cette démarche de la CEC. La majorité, aujourd'hui, du groupe est vraiment sur le domaine de la création au sens large, donc bâti des imaginaires. Que ce soit par le son ou la musique avec SAE, que ce soit par la communication avec l'ESP, que ce soit par des productions graphiques ou de produits avec Condé, etc., ou des films d'animation avec l'ECV, toutes nos écoles, quelque part, produisent du créatif et donc produisent de l'imaginaire. Et donc, on avait notre place. Et donc, moi, j'ai voulu vraiment que ça devienne ce trait d'union dont tu parlais entre tous les étudiants et les écoles du groupe pour se dire, bon ben voilà, on va trouver aussi quelque chose qui est vraiment très commun. Commun dans le sens qui nous lie entre toutes les écoles et tous les étudiants et on a utilisé quelque part la CEC pour nous aider à accoucher de cette stratégie avec le plus de détails possible. C'est pour ça que d'ailleurs à l'inverse de pas mal d'autres acteurs de la CEC où c'est souvent un dirigeant et un Planet Champion qui est plutôt quelqu'un qui va justement mettre en œuvre, j'ai fait la CEC avec Mélanie Vialla qui est la directrice générale adjointe. On était deux dirigeants dans ce parcours. Pour justement pouvoir avoir la force aussi en interne, de pouvoir emmener toute l'organisation et tendre vers ce nouveau cap qui est celui qu'on a vu dans la feuille de route de la CEC.

  • Eric

    On va en parler de ce nouveau cap. On va descendre, en prendre du temps, aller en profondeur pour parler de cette redirection ou du sens qui peut être donné sur ton groupe, AD éducations. Peut-être juste avant, une question un peu personnelle. Qu'est-ce que le parcours CEC a pu venir invoquer ? Ou peut-être faire bouger chez toi, à titre personnel ?

  • Martin

    Comme je le disais, moi j'ai été engagé depuis longtemps à essayer d'avoir des bons comportements, à peu prendre l'avion, à me déplacer à vélo, etc. Enfin, tous les stéréotypes. Et donc j'allais à la CEC assez confiant, presque, en me disant, moi, ça va. Et puis, en plus, en tant que dirigeant de groupe d'enseignement supérieur ou d'éducation, on se dit, bon, on ne produit pas beaucoup de CO2 non plus, donc on y est un peu serein. Et pour autant, la claque a été assez dure. Et en fait, il y a eu trois claques ou trois niveaux différents, et ça a été trois déclics très forts dans la CEC. La première claque, c'était la première session, et comme maintenant les auditeurs peut-être le savent, la première session, c'est celle qui fait le plus mal, parce qu'on se met en face de la réalité des faits. de manière indéniable. Il y a eu le docteur Saeb, je m'en souviens très bien, qui a eu cette phrase totalement naturelle pour elle, qui disait, les enfants aujourd'hui vivront moins bien et moins vieux que nos parents. C'est une certitude. Et c'est vrai qu'un coup ça fait réagir en disant la situation, en première claque, oui la situation est quand même très grave et donc qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est pas juste en allant faire son vélo qu'on va faire quelque chose, donc ça a touché quelque chose de très sensible et très émotionnel sur, on peut pas avoir ça, le savoir, et ne pas faire quelque chose au-delà de juste avoir des bons comportements soi même. Ce qui est néanmoins important. La deuxième claque, elle est venue un peu plus tard, quand on a fait un exercice sur justement les nouveaux imaginaires et les nouveaux récits, pour se dire, en fait, le secteur auquel on forme, la communication, les métiers créatifs, les créations... Ont une vraie responsabilité dans les imaginaires qui sont construits. Quand on a des écoles de cinéma, quel film va être produit ? Tous les imaginaires de la deuxième moitié du XXe siècle sont basés sur beaucoup de productions culturelles, des films, des séries qui ont montré l'American way of life, d'avoir une maison, deux voitures, et ça joue vraiment là-dessus et on pourrait se dire que ce rôle des imaginaires est important. Quand est-ce que demain il y a un Plus belle la vie en co-living ? Quand est-ce qu'on monte des habitudes qui sont différentes ? Donc ça c'est la deuxième claque. Donc c'est ok, en fait on doit faire quelque chose nous-mêmes. Et la troisième claque, elle est venue... On était donc avec des dirigeants du monde de la communication qui étaient quand même assez perturbés aussi parce que c'est des gens qui font des pubs, qui font des pubs pour des compagnies aériennes, qui sont quand même en train de se demander ce qu'on va faire. il se... tourner vers nous pour nous dire comment vous allez former demain, qu'est-ce que vous faites. Et là, ça a invoqué quelque chose qui nous a aussi, collectivement, avec Mélanie, c hamboulé, pour dire, ok, en fait, il faut qu'on mette ça au cœur de ce qu'on veut faire. Et donc, c'est là d'où est née cette feuille de route, de ces claques successives qu'on s'est prises et qui m'ont touché émotionnellement à plusieurs niveaux. On ne peut pas juste avoir la bonne conscience de dire, non, mais nous, on est dans un secteur qui ne produit pas beaucoup de CO2, donc ce n'est pas le problème. La réalité, c'est qu'on a 42 000 étudiants dans nos campus et qu'on a une responsabilité sur qu'est-ce qu'on leur apprend, dans quel monde on les prépare à vivre. On avait cette intuition que les métiers pouvaient vraiment avoir un impact sur les nouveaux imaginaires, mais on est passé d'un état de conscience à un état d'urgence. Maintenant, il faut qu'on soit dans l'action. Et depuis la CEC, beaucoup de chantiers se sont mis en œuvre en disant maintenant on ne peut plus juste... Faire comme si, il faut qu'il y ait des changements très tangibles dans comment on assume notre rôle d'éducation à des jeunes qui ont entre eux la plupart du temps 18 et 25 ans. Et qui ne sait pas seulement leur donner des compétences pour que demain ils soient des bons professionnels. Ça, on doit le faire évidemment, mais c'est leur donner un sens et s'assurer qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas seulement s'adapter au monde, mais qu'ils doivent transformer le monde.

  • Eric

    C'est intéressant parce que c'est vrai que souvent... dans le podcast Capregen, on entend parler de la claque, mais là, tu nous parles de la triple claque. Donc, ça va nous emmener encore plus loin. Est-ce que tu peux nous dire, peut-être, en grand résumé, puis ensuite on va descendre, on va zoomer, mais c'est quoi les idées fortes qu'il y a dans cette feuille de route ?

  • Martin

    L'idée forte sur laquelle on est arrivé, donc je vais essayer de la dire le plus naturellement possible, mais c'est évidemment le fruit de beaucoup d'itérations, de travaux et de challenges aussi que la CEC offre avec des pairs. Et donc, qui a été travaillé, c'est de dire en fait, quel est l'objectif qu'on poursuit dans l'enseignement supérieur ? Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? Aujourd'hui, la plupart des écoles cherchent à transmettre des savoirs ou des compétences professionnelles et quelque part à rendre les étudiants prêts à l'emploi. Je le mets entre guillemets. Et en fait, tout notre écosystème de l'enseignement supérieur est basé là-dessus. C'est-à-dire les critères pour savoir si une formation est de qualité, ça va être globalement quel est le salaire à la sortie, et quel est le type de contrat, en gros pour le faire simple. En sortant d'école, si après 5 ans d'études, les étudiants ont dans les 3 mois qui suivent, ou les 6 mois qui suivent le diplôme, un CDI à 40 000 euros par an, super, on a une bonne formation. Si après trois ans, ils ont un CDI à 30 000 euros, super. Et donc, c'est ça qu'on nomme, dans notre secteur, la réussite de nos étudiants. C'est une vision qui est quand même extrêmement étroite. Et c'est une vision qui ne correspond plus, je pense, aussi à la société d'aujourd'hui. J'ai trois enfants, je ne crois pas qu'ils soient motivés par le salaire à la sortie, de leur école, qu'est-ce qu'ils vont faire? quel métier? mais c'est pas ça qui les motive? Et moi, en tant que parent même, c'est pas ça vraiment qui me motive pour eux. Et puis, pardon, en tant que dirigeant d'un groupe d'enseignement, c'est pas non plus super exaltant de se dire, nous, on est là pour former des jeunes qui vont toucher 40 000 balles à la sortie de l'école. Et donc, ce qu'on cherche à faire, et c'est ça le cœur de notre feuille de route, c'est de réinventer la notion de réussite. Qu'au-delà de se dire, est-ce qu'ils sont engagés dans une carrière professionnelle, est-ce qu'ils sont conscients des réalités du monde, est-ce qu'ils sont engagés, est-ce qu'ils sont engagés dans des associations, dans des mouvements, est-ce qu'ils sont prêts pour le monde à venir, est-ce qu'ils sont prêts à changer le monde, est-ce qu'ils donnent leur sang, ou même globalement, est-ce qu'ils sont heureux ? Question qu'on leur pose quand même rarement. Nous, on passe notre temps à faire des sondages sur les étudiants, et je pense que toutes les écoles font ça, mais on ne leur pose jamais la question, mais est-ce que vous êtes heureux ? Et surtout en sortie de cursus. Et c'est des questions qui doivent motiver, à mon avis, les parents, les jeunes et toutes les écoles. Donc nous, ce qu'on cherche à faire, c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite... des étudiants se mesurent autant par leur employabilité, leur capacité à trouver un job à la fin de leurs études, que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et c'est ça qu'on a mis au cœur de notre feuille d'hôte.

  • Eric

    Est-ce que tu peux développer un peu cet imaginaire de réussite ?

  • Martin

    Moi, j'aimerais qu'il regarde en tout cas ses études, en ayant vu qu'il avait développé sa curiosité, sa passion, qu'il avait appris évidemment des choses. En fait, c'est pour moi la base d'une école. C'est bien de pouvoir développer des compétences, des façons de faire, des techniques, mais aussi qu'il avait pu retrouver, ou en tout cas bien appréhender, cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir. C'est-à-dire cette conviction que lui-même doit être un élément de transformation du monde. Et qu'il soit dans une entreprise, qu'il soit à son compte, qu'il soit artiste, il a ce qu'il peut et qu'il doit en fait, utiliser cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir pour transformer le monde tel que lui le souhaite. À nous de donner, voilà comment est le monde et voilà comment on peut souhaiter qu'il soit. Il faut faire attention de ne pas être prescripteur. Mais il faut qu'il puisse se dire, OK, en fait, j'ai un rôle et je peux le faire. Et donc après, j'ai une responsabilité. À l'échelle du groupe, c'est ce qu'on a fait dans ce travail avec la CEC, c'est de se dire, oui, oui, on a une responsabilité. Maintenant, on sait qu'on peut le faire et on doit le faire. On doit le faire au maximum. C'est ça, je pense, qu'ils regardent. Et puis parfois, qu'ils soient aussi indulgents à mieux comprendre ça, parce que je trouve que les étudiants sont toujours très exigeants avec leur école. À juste titre, ou leurs professeurs, ou leurs enseignants, il faut les remettre au bon niveau.

  • Eric

    Peut-être une question un peu impertinente par rapport à ce qu'on est en train de se dire, pour challenger un petit peu ça. Est-ce que finalement, en disant qu'au-delà... De un salaire de sortie, il y a cette vocation pour le groupe AD Education de donner du pouvoir d'agir et de l'envie de s'engager pour transformer le monde, la société vers cette jeunesse. Est-ce que finalement on ne plaque pas notre projection, notre envie sur cette jeunesse ? Et est-ce que finalement l'aspiration profonde de beaucoup d'étudiants c'est d'accéder à un certain niveau de vie ? Et finalement, le salaire resterait leur premier objectif. Est-ce que là, on n'est pas en train de leur mettre sur le dos quelque part, quelque chose dont ils n'ont pas absolument envie ?

  • Martin

    Je comprends très bien et c'est une vraie question. Déjà, pour savoir où s'arrête notre responsabilité, ce n'est pas d'endoctriner des jeunes. Et la plupart des enseignants nous empêcheraient de le faire car ils ont une grande conscience de leur rôle et d'être comme ça des passeurs et pas des influenceurs. Et peut-être, en fait, le salaire de sortie va être ce qui va leur importer aux jeunes. Il faut juste leur montrer qu'il y a plus et qu'il y a au-delà. Et nous, on veut s'assurer qu'ils aient ces éléments. Après, ils peuvent choisir de dire, non mais en fait, je m'en fous. C'est une proposition. C'est une proposition qu'on doit leur faire. Mais nous, on va se fixer des objectifs, en fait, là-dessus. Et de se dire, comment on peut mesurer ? Et puis après suivre combien d'étudiants sont arrivés à être heureux, engagés, conscients, tout ce qu'on a dit épanoui au-delà de leurs compétences professionnelles. On n'a pas vocation à devenir des écoles de militants, on n'a pas vocation à créer un diplôme d'écolo, de militant, de zadiste ou que sais-je. On a là à leur dire voilà vos compétences professionnelles et c'est la base encore de notre mission. Voilà comment vous pouvez vous insérer dans la vie active avec toutes les armes, tout ce qu'il faut. Mais en plus, on va s'assurer que vous ayez eu accès à cette connaissance, vous avez pu vous mesurer, vous avez pu vous tester dans cet engagement, vous avez pu être inspiré. Et puis après, évidemment à chacun de faire son boulot. Nous, je pense qu'en faisant ça, on fera bien notre boulot d'école. Après, c'est bien sûr aux jeunes de faire son boulot et ça vie.

  • Eric

    Cette jeunesse. Elle est parfois désemparée, elle est parfois très engagée, elle est parfois en colère, elle est parfois en souffrance aussi. Est-ce que tu peux faire l'exercice de nous la décrire ? Quels seraient les adjectifs peut-être que tu emploierais ? Comment tu en parlerais de cette jeunesse ? C'est un exercice très difficile, mais ça nous permettra de mieux comprendre les leviers de la redirection.

  • Martin

    Évidemment, je dois à l'abord dire que c'est très difficile parce qu'il y a une grande diversité, que dire les jeunes... notamment quand on est un boomer, c'est toujours très généraliste et que chaque jeune a une individualité, une vie et nous on a beaucoup de gens qui sont dans le domaine artistique, dans nos étudiants et donc ils ont en plus leur singularité créative, donc leur vision du monde donc c'est probablement encore plus difficile de la décrire comme ça en quelques mots. Moi j'ai l'impression en tout cas, parce que je peux la voir mais je ne suis pas non plus sociologue dans le domaine mais c'est qu'elle est en attente, elle est en attente de quelque chose Elle est en train de quelque chose qui va la mobiliser, la faire réagir, la confronter, et qu'elle cherche, elle est curieuse, elle se déplace, elle dialogue, elle est dans la relation, et elle attend de mieux comprendre comment fonctionne le monde dans lequel on les projette, et puis eux de savoir ce qu'ils veulent en faire eux-mêmes, mais quelque part... C'est ça la jeunesse, et de tout temps, probablement les jeunes se sont interrogés sur comment s'insérer dans ce monde qu'ils ne comprennent pas forcément qui est le monde d'adultes ou le monde professionnel. Albert Camus disait que chaque génération a la vocation de changer le monde. Se croit vouée à changer le monde. Exactement. Donc je pense qu'elle se croit en tout cas vouée, attendue pour changer le monde, mais qu'elle ne sait pas trop par où commencer. Et c'est pour ça quand je dis elle est en attente elle est en attente de Pas forcément de réponse, je ne sais pas si c'est des conseils, mais des choses qui vont la décider. C'est un peu le sentiment que j'ai.

  • Eric

    Alors ce que disait Camus, c'est à la remise du prix Nobel, chaque génération se croit vouée à changer le monde ou à éviter qu'il ne se défasse. Peut-être, cette génération elle est particulièrement en attente, aussi parce que le monde actuel, on sait qu'il doit changer de paradigme et que le nouveau paradigme n'est pas encore apparu. donc ce que tu dis ça qualifierait chaque génération. Mais là, la jeunesse actuellement, en 2025, elle est peut-être au carré par rapport à ce sentiment-là.

  • Martin

    Mais en tout cas, moi, je ne la vois pas du tout défaitiste, résignée, je m'en foutiste ou quoi que ce soit. Je pense qu'elle est prête à un combat, quelque part. Elle veut savoir lequel, et pourquoi, et comment. Je pense que nous, chez AD éducation, on a beaucoup d'étudiants dans des domaines plus créatifs et donc plutôt un peu plus généralement en marge que... Peut-être des bataillons universitaires ou des écoles de commerce qui sont plus en ligne. C'est peut-être influencé par ça aussi que je réponds.

  • Eric

    Alors on va descendre peut-être justement dans ce qu'on appelle les leviers de redirection. Donc finalement, dans le concret, est-ce que tu peux nous décrire peut-être deux ou trois de ces leviers de redirection pour concrètement faire atterrir cette vision dans vos établissements ?

  • Martin

    Bien sûr, et c'est ça qui a animé aussi la feuille de route, qui n'est pas qu'une aspiration, mais qui se traduit par des exemples très concrets. Je vais les décrire rapidement, et puis peut-être faire un petit update de ce qu'on a mis en place concrètement depuis la CEC et depuis cette feuille de route. Le premier levier de redirection, il est au cœur de notre activité, il est de repenser les programmes pédagogiques. Et ça peut paraître simple de dire on va faire un programme, mais c'est un chantier titanesque, parce que ce n'est pas seulement dire "Si on mettait un cours de développement durable ou d'environnement ou de changement climatique", la plupart des écoles le font aujourd'hui, mais c'est de se dire comment on pense nos programmes pour qu'ils donnent leur juste place en tout cas à cette compréhension des enjeux du monde. Et ça passe par une multitude de cas concrets, de l'intitulé des formations, des volumes horaires et donc des enseignants pour les faire. Et dans tous les programmes, c'est pas juste de créer un programme engagement et environnement.

  • Eric

    Oui, d'ailleurs, et même dans l'éducation supérieure, c'est devenu une contrainte légale d'avoir un minimum de modules justement sur les enjeux climatiques. Mais c'est beaucoup plus que ça, en fait, la transformation que vous devez faire.

  • Martin

    Exactement, c'est vraiment d'aller dans chaque cours et d'interroger comment ils passent aussi ces messages-là. Et c'est pour ça que c'est long et c'est pour ça qu'on s'appuie beaucoup sur les enseignants, notamment, qui doivent être ces vecteurs-là. J'y reviendrai après, mais pour nous aider à ce travail, grâce à la CEC, on a lancé ce qu'on appelle un projet coopératif avec d'autres membres de la CEC pour essayer de travailler ensemble à ce travail-là. Et donc on crée ce qu'on appelle l'Académie des nouveaux récits, qui va être une plateforme à la fois documentaire, à la fois de formation, pour former les enseignants à ces problématiques-là, leur donner des cas concrets, des cas d'usage. leur montrer comment ils peuvent faire passer ces messages, et donc former nos enseignants pour qu'ils puissent former nos étudiants demain, et de la faire le plus ouverte possible.

  • Eric

    On va revenir sur cette Académie des Nouveaux Récits, aussi parce que ça fait partie de votre feuille de route, mais ça fait partie de la feuille de route d'autres participants de la CEC.

  • Martin

    Donc ça c'est le premier point, c'est dans nos programmes, comment on arrive à réintroduire ces sujets-là, presque matière par matière. Le deuxième, et il est très important aussi à mon avis pour embarquer tout le monde, ... C'est de dire, quand on veut réinventer des objectifs de réussite, de se donner des objectifs concrets. Donc, on s'est lancé dans la construction d'un système de mesure de la réussite, qui prend tous ces éléments, pas seulement professionnels, mais également d'engagement, d'intégration, et pour pouvoir interroger nos diplômés et de savoir comment ils se positionnent par rapport à ça. Et donc d'avoir une mesure, de fixer un objectif. d'avoir des plans d'action, tout ce qu'on fait dans l'entreprise pour pouvoir atteindre un objectif.

  • Eric

    Oui, c'est comme la comptabilité en triple capital dans une entreprise. On ne veut mesurer pas que le profit financier, mais aussi de l'extra financier. Et là, quelque part, ce n'est pas que le salaire de sortie, mais c'est de l'extra financier aussi à votre niveau.

  • Martin

    Exactement. Ce qu'on mesurait avant au niveau de la formation, pratiquement la satisfaction des étudiants, quelque chose qu'on mesure, mais on ne faisait plus ça sur nos diplômés pour savoir qu'est-ce qui se passait après. Or, l'impact qu'on a, il n'est pas immédiat, il est dans toute la carrière, ou en tout cas une partie, ou la première partie de la carrière de nos diplômés et de nos étudiants. Donc, on veut développer ce programme, et puis faire des sondages à nos diplômés régulièrement, pour pouvoir se mesurer par rapport à ça. C'est une obligation légale. Six mois après leur diplôme, pour savoir, est-ce qu'ils ont un emploi, combien ils gagnent, etc. C'est pour pouvoir satisfaire les obligations réglementaires. On pourrait très bien leur poser aussi d'autres questions à ce moment-là. s'intéresser à eux de manière plus précise que juste combien tu gagnes et où tu travailles. Et donc, c'est comme ça qu'on veut prendre ce point-là. Et ça me paraît très important parce que d'un coup, on va se dire, OK, on va être le premier groupe. Regardez, X% de nos diplômés sont épanouis après six mois ou après deux ans. Et donc, jouer la dessus. Mais ça me semblait en tout cas très important, après d'avoir réfléchi sur nos formations et nos programmes, d'avoir des mesures concrètes pour le mesurer et d'être encore plus dans le... dans le tangible. Le troisième point, c'est d'être levier de redirection. Il est sur l'exemplarité aussi qu'on doit montrer. Et les liens qu'on doit faire. En tant que groupe, on doit nous offrir à nos collaborateurs, à nos enseignants la possibilité de mécénat de compétences, de formation, d'engagement, pour en montrer par l'exemple aussi les choses. Et puis, pour que nos campus soient aussi des espaces régénératifs ou en tout cas des espaces qui soient exemplaires dans leur prise en compte de l'environnement. Pareil, ça s'est aussi assez compliqué. Chez l'éducation, on n'est pas propriétaire de nos campus, on peut faire des investissements, mais il y a plein de contraintes qui nous obligent et qui rendent les choses plus lentes. Et le dernier point, le levier de redirection que je voudrais aussi mentionner, si on veut promouvoir l'engagement des étudiants, leur capacité à changer le monde, leur capacité d'agir, il faut leur donner cette possibilité-là. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème, pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants, partout, de s'engager, de goûter, de le reconnaître dans leur parcours académique, et d'avoir des liens avec ça. Et là, très concrètement, on a créé, au cours de l'année 2024. La Fondation AD Education qui agrège comme ça tous ces liens, qui financent également aussi, mais tous ces liens avec des associations, non seulement en termes financiers, pour soutenir certains éléments du monde associatif, mais également pour créer des partenariats avec nos étudiants partout et leur donner la capacité d'avoir un impact aussi sur ce tissu-là.

  • Eric

    Donc une feuille de route... avec trois grands leviers, l'exemplarité sur vos campus, le corps professoral, donc là il y a un enjeu d'embarquement du corps professoral qui est majeur, et puis cette mesure justement et les questions qui sont posées après six mois ou deux ans de carrière. Peut-être pour revenir sur celui qui me semble peut-être le plus gros challenge, qui est celui d'embarquer le corps enseignant. Est-ce que cette remise en question, de proposer des cas qui sont différents, peut-être un paradigme qui est différent, est-ce qu'il y a de la résistance au changement ou est-ce que, vis-à-vis du corps enseignant, tu sens que il y a de l'engouement et que tu commences à avoir de l'attraction de ce côté-là ?

  • Martin

    Moi, j'aime bien voir les verres à moitié plein. On échange avec beaucoup d'enseignants qui nous disent, ah bah oui, ces sujets-là sont des sujets importants, mais dans ma matière, comment vous voulez que ça joue ? ou qui disent qu'on n'a pas vraiment d'éléments. Est-ce que vous connaissez des gens qui peuvent intervenir pour nous aider à former sur ces sujets ? Donc il y a une attente quand même du corps enseignant de moyens. Et c'est ça, l'académie des Nouveaux Récits, c'est une façon de leur donner accès à des choses pour les nourrir. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur a également mis une plateforme en place avec des ressources, une ressourcerie. C'est capital d'embarquer le corps enseignant et de leur donner des moyens. Ça passe par de la formation, ça passe par des ressourceries, etc. C'est capital parce que sinon, on n'arrivera pas à embarquer les étudiants. Et c'est un vrai talent de pouvoir construire des cours de cette façon-là. C'est assez facile de trouver des intervenants qui viennent parler une heure du sujet, partager leur expertise, leur vision, regardez... Mais ce n'est pas comme ça, l'enseignement. L'enseignement, c'est des choses qui sont. sont profondes, répétées, avec une méthode, une axe pédagogique. Et parler une heure d'un sujet, c'est quelque chose. Parler pendant 40 heures de sujet, en faisant une progression pédagogique pour que les étudiants s'en imprègnent, c'en est une autre. Et c'est pour ça que c'est nos enseignants qui doivent prendre en main ce sujet-là, et à nous de les aider là-dessus. Donc pas de résistance, en tout cas pas encore, on va voir comment ça prend, mais plutôt, je pense aussi, une attente, et le faire avec eux, en leur donnant des moyens, plutôt que leur... asséner soit des obligations sans les accompagner dans cette transformation.

  • Eric

    Est-ce que là, tu as un thermomètre pour sentir cet engouement ? Et finalement, ce qu'on rencontre beaucoup à la CEC, c'est des dirigeants qui parfois se sentent trop avancés par rapport à leurs équipes, parfois même en décalage, et qui trouvent de la solitude dans cette transformation.

  • Martin

    Alors on ne le mesure pas, mais l'enseignement n'est pas un secteur comme un autre et c'est un type de métier que les gens ont souvent choisi. Avec une vraie volonté d'avoir un impact positif sur le monde, sur les étudiants. Ils sont, je trouve, et j'ai travaillé comme tu l'as dit dans d'autres secteurs d'activité, très investis, très engagés dans leur mission. Alors, dans leur mission d'enseignement, dans leur mission de transmission, dans leur mission d'accompagnement des étudiants. Et donc, je ne mesure pas, je ne sais pas si c'est nécessaire, tellement moi je ne vois que des gens qui sont... tendue vers la responsabilité qu'elle a leur envers ses étudiants et le moyen qu'on veuut leur donner pour y arriver. Et donc je ne vois pas comment les enseignants pourraient ne pas accompagner ces changements du monde qu'ils perçoivent eux-mêmes très bien.

  • Eric

    Alors juste avant d'aller parler de ce projet incroyable, l'Académie des Nouveaux Récits, peut-être une question. Vous avez une feuille de route qui est vraiment de donner sa pleine puissance à AD Education pour la société. euh... Est-ce que dans ce contexte-là, l'IA peut être un vent porteur ou est-ce que c'est un vent perturbateur ? Ou même c'est game over pour tout ce qui est éducation, vous voyez ça comme un risque majeur. Vous en êtes où par rapport à cette évaluation ?

  • Martin

    Alors oui, c'est une question qui nous traverse beaucoup. C'est une discussion qu'il y a dans toutes les écoles, tous les campus, toutes les salles de profs, je pense. Comment ça fait évoluer les choses ou que ça les transforme ? Donc évidemment, nous on s'en empare également, on a beaucoup d'éléments, on teste beaucoup, on essaie de travailler avec les enseignants pour se dire comment s'approprier ces sujets. C'est très différent évidemment dans une école d'ingénieurs que dans une école créative, de design, mais ça a quand même des enjeux. des enjeux forts. Donc je ne pense pas qu'elle porte quelque part notre feuille de route parce qu'en fait ça donne encore un autre sujet sur lequel il y a vraiment un travail à faire. Il y a aussi essentiellement des leviers à actionner, il y a un plan à mettre en place il y a former les enseignants sur ces problématiques définir le cadre. Donc c'est un sujet qui se prend, mais l'enseignement, on a connu déjà d'autres de ce type, notamment l'arrivée du digital, la PAO dans le domaine du design. Moi je crois en tout cas que ça a des possibilités énormes dans l'enseignement, parce que ça permet de résoudre un problème qui est le problème fondamental depuis la création de l'école, qui est qu'il y a moins de professeurs que d'étudiants, donc on les met dans des classes avec un professeur, avec des étudiants. Parce que si l'IA permettrait, selon comment il utilisait, d'arriver pratiquement à une solution, on aurait un étudiant pour un professeur, et donc une adaptation pour améliorer le résultat. Et on lit beaucoup toutes les évolutions, tous les tests, toutes les expériences qui sont menées, et c'est vrai qu'il y en a qui ont des résultats très flagrants, de pouvoir aider les étudiants à mieux intégrer les notions, à mieux comprendre, de pouvoir redonner une place à l'enseignant qui est un peu différente, qui est aussi dans l'inspiration, le coaching, l'accompagnement.

  • Eric

    La supervision, l'accompagnement.

  • Martin

    Plus que dans la transition du savoir en tant que tel. Je trouve que ça a des possibilités énormes et potentiellement une révolution de l'école. Ensuite, c'est des révolutions qu'il faut prendre avec attention, précaution. Encore une fois, on a beaucoup de jeunes et beaucoup d'enseignants aussi. Il faut bien voir à quel rythme et comment on peut faire évoluer les choses.

  • Eric

    Même sur l'IA, tu es plutôt confiant sur les possibilités de levier, notamment pour s'adapter à chaque étudiant, en ayant cette capacité de s'adapter à chaque étudiant et donc de l'emmener, chaque étudiant, le plus haut possible. Alors on va parler de ce projet qui nous tient très à cœur dans la CEC, donc l'Académie des nouveaux récits, qui a été présentée en clôture du parcours des nouveaux imaginaires, qui embarque plusieurs... participants. Donc c'est un projet de coopération. Est-ce que tu peux nous décrire ce projet ?

  • Martin

    Donc, je vous mentionnais tout à l'heure, on a un immense défi de pouvoir repenser des programmes pour les rendre plus adaptés à l'évolution du monde. Et ça, ça va passer par un travail avec les enseignants. Or, on manque de moyens et de ressources. Donc, l'Académie des nouveaux récits, c'est donc ce projet coopératif issu de la CEC, et qui a permis comme ça de fédérer tous ces dirigeants, tous ces accueils de la CEC, nouveaux imaginaires qui ont dit « Moi, je veux bien contribuer. Vous donnez des cas d'usage. Vous donnez des exemples concrets qu'on a avec nos clients. De vous mettre à disposition tous ces éléments pour pouvoir former vos enseignants" et d'avoir comme ça une plateforme ouverte où on va pouvoir, peu à peu, changer, adapter les programmes et les contenus de chaque cours. Donc, ça prend les formes d'une formation, une sorte de mini-CEC pour les enseignants aussi, pour pouvoir les sensibiliser s'ils ne le sont pas. Et puis, par une sorte de rendez-vous où physiquement on pourra échanger ces pratiques-là entre des professionnels et des enseignants pour voir comment alimenter, nourrir ces projets. On a eu un très grand accueil et très positif justement des participants de la CEC qui veulent contribuer pour beaucoup.

  • Eric

    Par exemple des groupes de communication comme Publicis par exemple ?

  • Martin

    Exactement, Publicis, et on les remercie, c'est mis comme partenaire de cette académie des nouveaux récits et c'est formidable de pouvoir jouer sur le... la force du groupe Publicis aussi pour pouvoir alimenter en matériaux pour nos enseignants. Et puis au-delà, évidemment, et c'est l'une des ambitions qu'on a avec cette feuille de route, c'est d'être pionnier, de pouvoir inspirer au-delà des écoles, du groupe AD Education, le système d'enseignement supérieur. Et donc cette plateforme a la vocation après à pouvoir se diffuser pour que ce ne soit pas que la prérogative d'AD Education, mais qu'on puisse aussi l'ouvrir pour... donner la possibilité à d'autres écoles, d'autres groupes, d'avoir cette matière pour former les étudiants. Donc c'est à la fois, ça nourrit, c'est un projet très collaboratif et coopératif au sein de la CEC, Nouveaux imaginaires, on est ravis de continuer à faire vivre ce collectif. C'est un de nos leviers de redirection côté AD Education, et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur.

  • Eric

    En tout cas, nous, la CEC, on veut bien apporter à l'Académie des Nouveaux Récits, pour les écoles de management, tous les cas, les plus de 1000 feuilles de route d'entreprise qui ont fait la CEC, et tous les épisodes de Cap Regen aussi, où on décrit des transformations. Donc effectivement, il y a beaucoup de matière, et on sait que c'est par ces nouveaux récits qu'on va inspirer ceux qui ne sont pas encore embarqués pour aller vers ce nouveau paradigme et cette nouvelle notion de réussite que tu mentionnais tout à l'heure. On va doucement vers la fin de notre échange. Comment tu te sens, là, quelques mois après le parcours CEC, toi, très personnellement ?

  • Martin

    Je me sens enrichi de ces parcours et encore une fois... J'y allais en me disant, bon voilà, je sais à quoi m'attendre, et en fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Donc enrichi de ça, enrichi aussi des gens que j'ai pu rencontrer, avec lesquels on a créé un vrai groupe, et un groupe aussi de soutien, d'entraide. Je n'aime pas le mot aligner parce qu'il est beaucoup utilisé, mais je me sens assez serein maintenant par rapport à la mission qu'on a pu donner au groupe, et comment porter cette vision-là. Et ravi de pouvoir... Voilà, la partager, entraîner, pouvoir aider la CEC, pouvoir contribuer par ce podcast ou par d'autres choses à faire valoir un peu notre vision et à continuer de la porter. J'espère aussi que ça pourra donner envie, un nouveau parcours CEC se lance bientôt sur les mondes académiques, qui va réunir des écoles, des universités, des labos de recherche. Et je pense que c'est clé qu'on arrive à vraiment avoir cet impact sur la jeunesse collectivement aussi. Et donc très... Serein et content de pouvoir prendre ma part complètement, pleinement, comme tu l'as dit tout à l'heure.

  • Eric

    Et justement, peut-être une dernière question pour toi. Justement, tu as accepté de t'impliquer sur la réussite de ce parcours dédié au monde académique, donc la CEC du monde académique, où on invite toutes les institutions, les écoles, les labos de recherche à venir finalement procurer une bascule systémique du monde de l'éducation, un peu comme ce que tu incarnes. Finalement, quel serait ton message à quelqu'un, justement un ou une directeur générale d'établissement, pour se lancer dans ce parcours ?

  • Martin

    Premièrement, je les encouragerais à vivre cette expérience à titre personnel, qui est encore une fois riche, perturbante parfois, mais très féconde. Et puis, je leur dirais que c'est une opportunité de créer un lien différent avec leurs enseignants, leurs enseignants-chercheurs ou labos de recherche, et puis leurs étudiants. Et apporter un petit supplément d'âme à quelque chose qui parfois devient assez froid, qui est juste la transmission de savoir. Donc il y a ça à aller chercher, ce petit supplément d'âme, qui à mon avis peut faire la différence aussi pour les étudiants, mais pour tous les collaborateurs et les enseignants, et notamment enseignants-chercheurs.

  • Eric

    Alors on va rester sur cette idée du petit supplément d'âme, ce grand supplément d'âme. Merci pour l'avoir donné dans cette conversation. Moi aussi la phrase que j'ai notée, qui m'a marqué, c'est réinventer la notion de réussite. Merci pour tout ce que tu nous as partagé. Je voulais te remercier pour ton courage, le courage de t'être lancé dans le parcours, pour l'authenticité de ce qu'on vient de se dire, et aussi pour le pragmatisme, parce qu'il y a plein d'actions hyper concrètes que tu as lancées suite à la CEC. Donc voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen. Merci Martin.

  • Martin

    Merci Eric.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

Description

Comment l'enseignement supérieur peut-il préparer la jeunesse au monde qui l’attend ?

Acquérir des compétences, obtenir un bon emploi et un bon salaire à la sortie restent importants, bien sûr, mais est-ce suffisant ?

Comment réussir ce moment charnière et transformer un jeune adulte en un citoyen conscient, responsable et engagé ?


Dans cet épisode, découvrez Martin Coriat, CEO France d’AD Education, qui nous partage sa vision : former uniquement à l’employabilité n’est plus suffisant ; la mission des écoles est aussi d’éveiller la conscience, le sens et la responsabilité de leurs étudiants.


AD Education souhaite réinventer la notion de réussite en y intégrant l’épanouissement, l’engagement et la contribution à un monde soutenable.


Selon Martin, la jeunesse n’est ni résignée ni cynique : elle est « en attente » et prête à agir dès lors qu’on lui offre compréhension, cadre et possibilités concrètes.
Un épisode éclairant sur les jeunes, leurs attentes et la manière de les outiller pour le monde de demain !




Courage, Authenticité, Pragmatisme... C'est le pacte que fait Eric Duverger, fondateur de la CEC, avec un dirigeant en chemin vers le régénératif ou un expert de l’écosystème régénération pour un échange éclairant et réjouissant autour de la transformation des entreprises. Un décryptage sans filtre des nouvelles approches à visée régénérative et un retour d’expérience sur les leviers et les freins à leur mise en œuvre. Compréhension profonde des enjeux environnementaux, transition intérieure du dirigeant, changement de leadership et de gouvernance, reconnexion au vivant de l'entreprise, évolution du modèle économique et de l'offre, monitoring de l’impact... un shoot d’inspiration qui régénèrera votre envie de transition !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Martin

    Donc nous ce qu'on cherche à faire c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite des étudiants se mesure autant par leur employabilité que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants partout de s'engager.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen, je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de CapRegen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires. Pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref, plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Martin. Bonjour. Alors Martin, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et pragmatisme, on va essayer d'être le plus concret possible et de donner des exemples pour voir à quoi ressemble cette nouvelle économie. Alors les trois initiales de courage, authenticité et pragmatisme, ça fait CAP. Alors Martin, CAP ou pas CAP ?

  • Martin

    CAP Eric.

  • Eric

    Alors on se lance. Tu es passé par les bancs d'HEC et de l'INSEAD. Tu as fait toute une partie de ta carrière dans le monde des comparateurs d'assurance et de produits financiers. Tu as connu le monde des créations de boîtes, de la forte croissance et de la transformation digitale. Tu as été notamment le fondateur et le DG de Le Linx. Tu as été aussi CEO d'un grand site de comparaison de produits financiers en Angleterre. Tu as basculé dans le monde de l'éducation en 2019 avec Wizzbe. Et tu as pris la direction générale du groupe AD Education en 2020. Il se trouve aussi que tu as fait le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires en 2024. Merci d'être avec nous, Martin. Alors pour démarrer, une petite question sur le lieu de nature où tu aimes te ressourcer.

  • Martin

    Merci Eric et merci de cette présentation. Moi le lieu de nature qui me touche particulièrement, il est en forêt de Fontainebleau, qui est une forêt que je trouve incroyable près de Paris. J'ai la chance d'habiter dans le sud de Paris, donc c'est vraiment très proche, et qui est un lieu où je me ressource assez régulièrement, parce que c'est vraiment une mer verte et un bois très beau et très diver, entre rochers, pins et sable. C'est un lieu où j'aime m'échapper de la ville et de ses tumultes.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous présenter ton groupe, AD Education, en quelques mots, en quelques chiffres ?

  • Martin

    AD Education, c'est un groupe d'enseignement supérieur, qui accueille des étudiants post-bac pour la majorité, et qui les forme à une multitude de métiers. On a 23 écoles dans le groupe, et on forme au total un peu plus de 42 000 étudiants. Donc on a à peu près 70 campus dans toute l'Europe et on forme des métiers très divers, à la fois des métiers créatifs que sont les métiers du design, de la communication, du digital, de la création de parfums par exemple également, mais aussi des métiers plus généralistes avec des écoles de commerce, d'ingénieurs aussi, donc très tournées sur l'innovation et la tech, et des écoles de start-up, de digital, d'éveil en développement digitaux. Donc une grande multitude de types d'enseignements, mais toujours avec des jeunes qu'on forme en les prenant pas forcément à la sortie du lycée, et puis qu'on va amener vers l'emploi, et vers l'emploi qui correspond à leur passion. C'est ce qu'on va essayer de faire tout au long de ces cursus. Le groupe existe depuis 2009, mais les écoles sont bien plus anciennes, on a des écoles qui sont centenaires, et qui sont toutes des références un peu dans leur domaine. Dans le domaine du son et de la musique par exemple, dans le domaine de la publicité, dans le domaine de l'ingénierie, c'est vraiment des références. Par exemple, dans la communication, c'est l'école supérieure de publicité qui est la plus vieille école de communication de France, dont on va bientôt fêter le centenaire. Dans le domaine du son et de la musique et du cinéma, par exemple, c'est la SAE. La SAE, c'est le plus grand nom de formation sur tous les métiers d'ingénieur du son, de sonorisation, musique. On a la chance d'avoir des... des diplômés qui ont reçu des Grammy Awards, des Tony Awards, des Emmy Awards, et c'est une grande fierté.

  • Eric

    Est-ce que le trait d'union, le fil rouge de AD Education, c'est justement d'essayer... d'être ceux qui font les passeurs entre la passion d'un jeune et son métier, en fait, sa vocation professionnelle.

  • Martin

    Il faut toujours trouver des traits d'union, d'expliquer pourquoi le groupe a une cohérence. Il l'a dans la notion de qualité, d'excellence académique que je mentionnais, dans l'importance des marques et des écoles qui ont leur stratégie de développement, leur positionnement. Mais il vient aussi de ces petites choses qui font que tous les étudiants des écoles du groupe AD Education reçoivent quand même certains éléments dans leur parcours, des éléments qui les mettent en responsabilité par rapport à tout ce qui est les changements du monde, les changements climatiques, les changements sociaux, et puis également comment on arrive à les former vraiment d'une manière très professionnelle pour qu'ils puissent s'insérer et être compétents, mais surtout heureux, dans leur carrière qui commence après l'école.

  • Eric

    On sent déjà la passion chez toi pour le monde de l'éducation. Est-ce que tu peux nous dire peut-être ce déclencheur de ta bascule dans ta carrière à toi, puisque tu déployais ton talent plutôt dans le monde de la finance ou de l'assurance ? Comment tu es tombé dans le monde de l'éducation ?

  • Martin

    C'est toujours des hasards et premièrement des passions. Alors familial, il se trouve que j'ai une famille où il y a beaucoup de professeurs, et de professeurs d'université ou d'école, mais au-delà de ça, c'est vrai que j'étais arrivé à un moment où, de ma carrière et de ma vie ou je me suis dit sur quoi on veut passer son énergie et son temps. Est-ce que c'est sur compter un taux de clic sur une publicité en ligne ? Est-ce que c'est de savoir combien de ventes ont été faites hier ? Ou est-ce que c'est aussi de réfléchir dans un projet plus large à quel impact on peut avoir ? Comment changer le monde et pas seulement le faire à titre personnel ? Il se trouve qu'à titre personnel, ça fait longtemps que je suis assez engagé sur des domaines liés à l'écologie, que j'essaie de faire attention, que j'ai tout le prototype du bon bobo parisien. Mais après, je me dis, comment on peut faire plus ? Et dans quel domaine ça peut vraiment avoir un sens ? Et transformer le monde et l'éducation en était un. Et on parlera du travail qui a été fait à la CEC, ou grâce au parcours de la CEC, qui nous a permis de réfléchir à ça aussi en tant que groupe, pour vraiment définir une stratégie qui est très liée au sens de notre activité, l'enseignement, à la responsabilité que ça donne pour transformer le monde, et notamment par l'intermédiaire de nos étudiants.

  • Eric

    Donc tu as eu cette responsabilité dans le groupe AD Éducation et tu t'es embarqué en 2024 dans le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires. Donc déjà peut-être nous dire pourquoi la CEC, cet appel, et tu étais prêt à donner de ton temps, consacrer de ton temps pour ce sujet. Et peut-être aussi la particularité du parcours des nouveaux imaginaires, aussi pourquoi ça t'a interpellé ?

  • Martin

    En fait, on a été contacté par la CEC par l'intermédiaire de notre école de publicité, l'ESP dont je parlais, en disant, oui, il y a un parcours CEC Nouveaux Imaginaires, voilà le rôle que peuvent avoir les écoles qui forment à ces métiers de la publicité et de la communication, venez contribuer et participer. Et puis, le sujet est remonté, parce que, est-ce qu'on peut, est-ce qu'on doit, etc. J'ai dit, c'est une très bonne opportunité, non pas pour le faire pour une école, mais pour vraiment engager le groupe dans cette démarche de la CEC. La majorité, aujourd'hui, du groupe est vraiment sur le domaine de la création au sens large, donc bâti des imaginaires. Que ce soit par le son ou la musique avec SAE, que ce soit par la communication avec l'ESP, que ce soit par des productions graphiques ou de produits avec Condé, etc., ou des films d'animation avec l'ECV, toutes nos écoles, quelque part, produisent du créatif et donc produisent de l'imaginaire. Et donc, on avait notre place. Et donc, moi, j'ai voulu vraiment que ça devienne ce trait d'union dont tu parlais entre tous les étudiants et les écoles du groupe pour se dire, bon ben voilà, on va trouver aussi quelque chose qui est vraiment très commun. Commun dans le sens qui nous lie entre toutes les écoles et tous les étudiants et on a utilisé quelque part la CEC pour nous aider à accoucher de cette stratégie avec le plus de détails possible. C'est pour ça que d'ailleurs à l'inverse de pas mal d'autres acteurs de la CEC où c'est souvent un dirigeant et un Planet Champion qui est plutôt quelqu'un qui va justement mettre en œuvre, j'ai fait la CEC avec Mélanie Vialla qui est la directrice générale adjointe. On était deux dirigeants dans ce parcours. Pour justement pouvoir avoir la force aussi en interne, de pouvoir emmener toute l'organisation et tendre vers ce nouveau cap qui est celui qu'on a vu dans la feuille de route de la CEC.

  • Eric

    On va en parler de ce nouveau cap. On va descendre, en prendre du temps, aller en profondeur pour parler de cette redirection ou du sens qui peut être donné sur ton groupe, AD éducations. Peut-être juste avant, une question un peu personnelle. Qu'est-ce que le parcours CEC a pu venir invoquer ? Ou peut-être faire bouger chez toi, à titre personnel ?

  • Martin

    Comme je le disais, moi j'ai été engagé depuis longtemps à essayer d'avoir des bons comportements, à peu prendre l'avion, à me déplacer à vélo, etc. Enfin, tous les stéréotypes. Et donc j'allais à la CEC assez confiant, presque, en me disant, moi, ça va. Et puis, en plus, en tant que dirigeant de groupe d'enseignement supérieur ou d'éducation, on se dit, bon, on ne produit pas beaucoup de CO2 non plus, donc on y est un peu serein. Et pour autant, la claque a été assez dure. Et en fait, il y a eu trois claques ou trois niveaux différents, et ça a été trois déclics très forts dans la CEC. La première claque, c'était la première session, et comme maintenant les auditeurs peut-être le savent, la première session, c'est celle qui fait le plus mal, parce qu'on se met en face de la réalité des faits. de manière indéniable. Il y a eu le docteur Saeb, je m'en souviens très bien, qui a eu cette phrase totalement naturelle pour elle, qui disait, les enfants aujourd'hui vivront moins bien et moins vieux que nos parents. C'est une certitude. Et c'est vrai qu'un coup ça fait réagir en disant la situation, en première claque, oui la situation est quand même très grave et donc qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est pas juste en allant faire son vélo qu'on va faire quelque chose, donc ça a touché quelque chose de très sensible et très émotionnel sur, on peut pas avoir ça, le savoir, et ne pas faire quelque chose au-delà de juste avoir des bons comportements soi même. Ce qui est néanmoins important. La deuxième claque, elle est venue un peu plus tard, quand on a fait un exercice sur justement les nouveaux imaginaires et les nouveaux récits, pour se dire, en fait, le secteur auquel on forme, la communication, les métiers créatifs, les créations... Ont une vraie responsabilité dans les imaginaires qui sont construits. Quand on a des écoles de cinéma, quel film va être produit ? Tous les imaginaires de la deuxième moitié du XXe siècle sont basés sur beaucoup de productions culturelles, des films, des séries qui ont montré l'American way of life, d'avoir une maison, deux voitures, et ça joue vraiment là-dessus et on pourrait se dire que ce rôle des imaginaires est important. Quand est-ce que demain il y a un Plus belle la vie en co-living ? Quand est-ce qu'on monte des habitudes qui sont différentes ? Donc ça c'est la deuxième claque. Donc c'est ok, en fait on doit faire quelque chose nous-mêmes. Et la troisième claque, elle est venue... On était donc avec des dirigeants du monde de la communication qui étaient quand même assez perturbés aussi parce que c'est des gens qui font des pubs, qui font des pubs pour des compagnies aériennes, qui sont quand même en train de se demander ce qu'on va faire. il se... tourner vers nous pour nous dire comment vous allez former demain, qu'est-ce que vous faites. Et là, ça a invoqué quelque chose qui nous a aussi, collectivement, avec Mélanie, c hamboulé, pour dire, ok, en fait, il faut qu'on mette ça au cœur de ce qu'on veut faire. Et donc, c'est là d'où est née cette feuille de route, de ces claques successives qu'on s'est prises et qui m'ont touché émotionnellement à plusieurs niveaux. On ne peut pas juste avoir la bonne conscience de dire, non, mais nous, on est dans un secteur qui ne produit pas beaucoup de CO2, donc ce n'est pas le problème. La réalité, c'est qu'on a 42 000 étudiants dans nos campus et qu'on a une responsabilité sur qu'est-ce qu'on leur apprend, dans quel monde on les prépare à vivre. On avait cette intuition que les métiers pouvaient vraiment avoir un impact sur les nouveaux imaginaires, mais on est passé d'un état de conscience à un état d'urgence. Maintenant, il faut qu'on soit dans l'action. Et depuis la CEC, beaucoup de chantiers se sont mis en œuvre en disant maintenant on ne peut plus juste... Faire comme si, il faut qu'il y ait des changements très tangibles dans comment on assume notre rôle d'éducation à des jeunes qui ont entre eux la plupart du temps 18 et 25 ans. Et qui ne sait pas seulement leur donner des compétences pour que demain ils soient des bons professionnels. Ça, on doit le faire évidemment, mais c'est leur donner un sens et s'assurer qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas seulement s'adapter au monde, mais qu'ils doivent transformer le monde.

  • Eric

    C'est intéressant parce que c'est vrai que souvent... dans le podcast Capregen, on entend parler de la claque, mais là, tu nous parles de la triple claque. Donc, ça va nous emmener encore plus loin. Est-ce que tu peux nous dire, peut-être, en grand résumé, puis ensuite on va descendre, on va zoomer, mais c'est quoi les idées fortes qu'il y a dans cette feuille de route ?

  • Martin

    L'idée forte sur laquelle on est arrivé, donc je vais essayer de la dire le plus naturellement possible, mais c'est évidemment le fruit de beaucoup d'itérations, de travaux et de challenges aussi que la CEC offre avec des pairs. Et donc, qui a été travaillé, c'est de dire en fait, quel est l'objectif qu'on poursuit dans l'enseignement supérieur ? Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? Aujourd'hui, la plupart des écoles cherchent à transmettre des savoirs ou des compétences professionnelles et quelque part à rendre les étudiants prêts à l'emploi. Je le mets entre guillemets. Et en fait, tout notre écosystème de l'enseignement supérieur est basé là-dessus. C'est-à-dire les critères pour savoir si une formation est de qualité, ça va être globalement quel est le salaire à la sortie, et quel est le type de contrat, en gros pour le faire simple. En sortant d'école, si après 5 ans d'études, les étudiants ont dans les 3 mois qui suivent, ou les 6 mois qui suivent le diplôme, un CDI à 40 000 euros par an, super, on a une bonne formation. Si après trois ans, ils ont un CDI à 30 000 euros, super. Et donc, c'est ça qu'on nomme, dans notre secteur, la réussite de nos étudiants. C'est une vision qui est quand même extrêmement étroite. Et c'est une vision qui ne correspond plus, je pense, aussi à la société d'aujourd'hui. J'ai trois enfants, je ne crois pas qu'ils soient motivés par le salaire à la sortie, de leur école, qu'est-ce qu'ils vont faire? quel métier? mais c'est pas ça qui les motive? Et moi, en tant que parent même, c'est pas ça vraiment qui me motive pour eux. Et puis, pardon, en tant que dirigeant d'un groupe d'enseignement, c'est pas non plus super exaltant de se dire, nous, on est là pour former des jeunes qui vont toucher 40 000 balles à la sortie de l'école. Et donc, ce qu'on cherche à faire, et c'est ça le cœur de notre feuille de route, c'est de réinventer la notion de réussite. Qu'au-delà de se dire, est-ce qu'ils sont engagés dans une carrière professionnelle, est-ce qu'ils sont conscients des réalités du monde, est-ce qu'ils sont engagés, est-ce qu'ils sont engagés dans des associations, dans des mouvements, est-ce qu'ils sont prêts pour le monde à venir, est-ce qu'ils sont prêts à changer le monde, est-ce qu'ils donnent leur sang, ou même globalement, est-ce qu'ils sont heureux ? Question qu'on leur pose quand même rarement. Nous, on passe notre temps à faire des sondages sur les étudiants, et je pense que toutes les écoles font ça, mais on ne leur pose jamais la question, mais est-ce que vous êtes heureux ? Et surtout en sortie de cursus. Et c'est des questions qui doivent motiver, à mon avis, les parents, les jeunes et toutes les écoles. Donc nous, ce qu'on cherche à faire, c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite... des étudiants se mesurent autant par leur employabilité, leur capacité à trouver un job à la fin de leurs études, que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et c'est ça qu'on a mis au cœur de notre feuille d'hôte.

  • Eric

    Est-ce que tu peux développer un peu cet imaginaire de réussite ?

  • Martin

    Moi, j'aimerais qu'il regarde en tout cas ses études, en ayant vu qu'il avait développé sa curiosité, sa passion, qu'il avait appris évidemment des choses. En fait, c'est pour moi la base d'une école. C'est bien de pouvoir développer des compétences, des façons de faire, des techniques, mais aussi qu'il avait pu retrouver, ou en tout cas bien appréhender, cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir. C'est-à-dire cette conviction que lui-même doit être un élément de transformation du monde. Et qu'il soit dans une entreprise, qu'il soit à son compte, qu'il soit artiste, il a ce qu'il peut et qu'il doit en fait, utiliser cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir pour transformer le monde tel que lui le souhaite. À nous de donner, voilà comment est le monde et voilà comment on peut souhaiter qu'il soit. Il faut faire attention de ne pas être prescripteur. Mais il faut qu'il puisse se dire, OK, en fait, j'ai un rôle et je peux le faire. Et donc après, j'ai une responsabilité. À l'échelle du groupe, c'est ce qu'on a fait dans ce travail avec la CEC, c'est de se dire, oui, oui, on a une responsabilité. Maintenant, on sait qu'on peut le faire et on doit le faire. On doit le faire au maximum. C'est ça, je pense, qu'ils regardent. Et puis parfois, qu'ils soient aussi indulgents à mieux comprendre ça, parce que je trouve que les étudiants sont toujours très exigeants avec leur école. À juste titre, ou leurs professeurs, ou leurs enseignants, il faut les remettre au bon niveau.

  • Eric

    Peut-être une question un peu impertinente par rapport à ce qu'on est en train de se dire, pour challenger un petit peu ça. Est-ce que finalement, en disant qu'au-delà... De un salaire de sortie, il y a cette vocation pour le groupe AD Education de donner du pouvoir d'agir et de l'envie de s'engager pour transformer le monde, la société vers cette jeunesse. Est-ce que finalement on ne plaque pas notre projection, notre envie sur cette jeunesse ? Et est-ce que finalement l'aspiration profonde de beaucoup d'étudiants c'est d'accéder à un certain niveau de vie ? Et finalement, le salaire resterait leur premier objectif. Est-ce que là, on n'est pas en train de leur mettre sur le dos quelque part, quelque chose dont ils n'ont pas absolument envie ?

  • Martin

    Je comprends très bien et c'est une vraie question. Déjà, pour savoir où s'arrête notre responsabilité, ce n'est pas d'endoctriner des jeunes. Et la plupart des enseignants nous empêcheraient de le faire car ils ont une grande conscience de leur rôle et d'être comme ça des passeurs et pas des influenceurs. Et peut-être, en fait, le salaire de sortie va être ce qui va leur importer aux jeunes. Il faut juste leur montrer qu'il y a plus et qu'il y a au-delà. Et nous, on veut s'assurer qu'ils aient ces éléments. Après, ils peuvent choisir de dire, non mais en fait, je m'en fous. C'est une proposition. C'est une proposition qu'on doit leur faire. Mais nous, on va se fixer des objectifs, en fait, là-dessus. Et de se dire, comment on peut mesurer ? Et puis après suivre combien d'étudiants sont arrivés à être heureux, engagés, conscients, tout ce qu'on a dit épanoui au-delà de leurs compétences professionnelles. On n'a pas vocation à devenir des écoles de militants, on n'a pas vocation à créer un diplôme d'écolo, de militant, de zadiste ou que sais-je. On a là à leur dire voilà vos compétences professionnelles et c'est la base encore de notre mission. Voilà comment vous pouvez vous insérer dans la vie active avec toutes les armes, tout ce qu'il faut. Mais en plus, on va s'assurer que vous ayez eu accès à cette connaissance, vous avez pu vous mesurer, vous avez pu vous tester dans cet engagement, vous avez pu être inspiré. Et puis après, évidemment à chacun de faire son boulot. Nous, je pense qu'en faisant ça, on fera bien notre boulot d'école. Après, c'est bien sûr aux jeunes de faire son boulot et ça vie.

  • Eric

    Cette jeunesse. Elle est parfois désemparée, elle est parfois très engagée, elle est parfois en colère, elle est parfois en souffrance aussi. Est-ce que tu peux faire l'exercice de nous la décrire ? Quels seraient les adjectifs peut-être que tu emploierais ? Comment tu en parlerais de cette jeunesse ? C'est un exercice très difficile, mais ça nous permettra de mieux comprendre les leviers de la redirection.

  • Martin

    Évidemment, je dois à l'abord dire que c'est très difficile parce qu'il y a une grande diversité, que dire les jeunes... notamment quand on est un boomer, c'est toujours très généraliste et que chaque jeune a une individualité, une vie et nous on a beaucoup de gens qui sont dans le domaine artistique, dans nos étudiants et donc ils ont en plus leur singularité créative, donc leur vision du monde donc c'est probablement encore plus difficile de la décrire comme ça en quelques mots. Moi j'ai l'impression en tout cas, parce que je peux la voir mais je ne suis pas non plus sociologue dans le domaine mais c'est qu'elle est en attente, elle est en attente de quelque chose Elle est en train de quelque chose qui va la mobiliser, la faire réagir, la confronter, et qu'elle cherche, elle est curieuse, elle se déplace, elle dialogue, elle est dans la relation, et elle attend de mieux comprendre comment fonctionne le monde dans lequel on les projette, et puis eux de savoir ce qu'ils veulent en faire eux-mêmes, mais quelque part... C'est ça la jeunesse, et de tout temps, probablement les jeunes se sont interrogés sur comment s'insérer dans ce monde qu'ils ne comprennent pas forcément qui est le monde d'adultes ou le monde professionnel. Albert Camus disait que chaque génération a la vocation de changer le monde. Se croit vouée à changer le monde. Exactement. Donc je pense qu'elle se croit en tout cas vouée, attendue pour changer le monde, mais qu'elle ne sait pas trop par où commencer. Et c'est pour ça quand je dis elle est en attente elle est en attente de Pas forcément de réponse, je ne sais pas si c'est des conseils, mais des choses qui vont la décider. C'est un peu le sentiment que j'ai.

  • Eric

    Alors ce que disait Camus, c'est à la remise du prix Nobel, chaque génération se croit vouée à changer le monde ou à éviter qu'il ne se défasse. Peut-être, cette génération elle est particulièrement en attente, aussi parce que le monde actuel, on sait qu'il doit changer de paradigme et que le nouveau paradigme n'est pas encore apparu. donc ce que tu dis ça qualifierait chaque génération. Mais là, la jeunesse actuellement, en 2025, elle est peut-être au carré par rapport à ce sentiment-là.

  • Martin

    Mais en tout cas, moi, je ne la vois pas du tout défaitiste, résignée, je m'en foutiste ou quoi que ce soit. Je pense qu'elle est prête à un combat, quelque part. Elle veut savoir lequel, et pourquoi, et comment. Je pense que nous, chez AD éducation, on a beaucoup d'étudiants dans des domaines plus créatifs et donc plutôt un peu plus généralement en marge que... Peut-être des bataillons universitaires ou des écoles de commerce qui sont plus en ligne. C'est peut-être influencé par ça aussi que je réponds.

  • Eric

    Alors on va descendre peut-être justement dans ce qu'on appelle les leviers de redirection. Donc finalement, dans le concret, est-ce que tu peux nous décrire peut-être deux ou trois de ces leviers de redirection pour concrètement faire atterrir cette vision dans vos établissements ?

  • Martin

    Bien sûr, et c'est ça qui a animé aussi la feuille de route, qui n'est pas qu'une aspiration, mais qui se traduit par des exemples très concrets. Je vais les décrire rapidement, et puis peut-être faire un petit update de ce qu'on a mis en place concrètement depuis la CEC et depuis cette feuille de route. Le premier levier de redirection, il est au cœur de notre activité, il est de repenser les programmes pédagogiques. Et ça peut paraître simple de dire on va faire un programme, mais c'est un chantier titanesque, parce que ce n'est pas seulement dire "Si on mettait un cours de développement durable ou d'environnement ou de changement climatique", la plupart des écoles le font aujourd'hui, mais c'est de se dire comment on pense nos programmes pour qu'ils donnent leur juste place en tout cas à cette compréhension des enjeux du monde. Et ça passe par une multitude de cas concrets, de l'intitulé des formations, des volumes horaires et donc des enseignants pour les faire. Et dans tous les programmes, c'est pas juste de créer un programme engagement et environnement.

  • Eric

    Oui, d'ailleurs, et même dans l'éducation supérieure, c'est devenu une contrainte légale d'avoir un minimum de modules justement sur les enjeux climatiques. Mais c'est beaucoup plus que ça, en fait, la transformation que vous devez faire.

  • Martin

    Exactement, c'est vraiment d'aller dans chaque cours et d'interroger comment ils passent aussi ces messages-là. Et c'est pour ça que c'est long et c'est pour ça qu'on s'appuie beaucoup sur les enseignants, notamment, qui doivent être ces vecteurs-là. J'y reviendrai après, mais pour nous aider à ce travail, grâce à la CEC, on a lancé ce qu'on appelle un projet coopératif avec d'autres membres de la CEC pour essayer de travailler ensemble à ce travail-là. Et donc on crée ce qu'on appelle l'Académie des nouveaux récits, qui va être une plateforme à la fois documentaire, à la fois de formation, pour former les enseignants à ces problématiques-là, leur donner des cas concrets, des cas d'usage. leur montrer comment ils peuvent faire passer ces messages, et donc former nos enseignants pour qu'ils puissent former nos étudiants demain, et de la faire le plus ouverte possible.

  • Eric

    On va revenir sur cette Académie des Nouveaux Récits, aussi parce que ça fait partie de votre feuille de route, mais ça fait partie de la feuille de route d'autres participants de la CEC.

  • Martin

    Donc ça c'est le premier point, c'est dans nos programmes, comment on arrive à réintroduire ces sujets-là, presque matière par matière. Le deuxième, et il est très important aussi à mon avis pour embarquer tout le monde, ... C'est de dire, quand on veut réinventer des objectifs de réussite, de se donner des objectifs concrets. Donc, on s'est lancé dans la construction d'un système de mesure de la réussite, qui prend tous ces éléments, pas seulement professionnels, mais également d'engagement, d'intégration, et pour pouvoir interroger nos diplômés et de savoir comment ils se positionnent par rapport à ça. Et donc d'avoir une mesure, de fixer un objectif. d'avoir des plans d'action, tout ce qu'on fait dans l'entreprise pour pouvoir atteindre un objectif.

  • Eric

    Oui, c'est comme la comptabilité en triple capital dans une entreprise. On ne veut mesurer pas que le profit financier, mais aussi de l'extra financier. Et là, quelque part, ce n'est pas que le salaire de sortie, mais c'est de l'extra financier aussi à votre niveau.

  • Martin

    Exactement. Ce qu'on mesurait avant au niveau de la formation, pratiquement la satisfaction des étudiants, quelque chose qu'on mesure, mais on ne faisait plus ça sur nos diplômés pour savoir qu'est-ce qui se passait après. Or, l'impact qu'on a, il n'est pas immédiat, il est dans toute la carrière, ou en tout cas une partie, ou la première partie de la carrière de nos diplômés et de nos étudiants. Donc, on veut développer ce programme, et puis faire des sondages à nos diplômés régulièrement, pour pouvoir se mesurer par rapport à ça. C'est une obligation légale. Six mois après leur diplôme, pour savoir, est-ce qu'ils ont un emploi, combien ils gagnent, etc. C'est pour pouvoir satisfaire les obligations réglementaires. On pourrait très bien leur poser aussi d'autres questions à ce moment-là. s'intéresser à eux de manière plus précise que juste combien tu gagnes et où tu travailles. Et donc, c'est comme ça qu'on veut prendre ce point-là. Et ça me paraît très important parce que d'un coup, on va se dire, OK, on va être le premier groupe. Regardez, X% de nos diplômés sont épanouis après six mois ou après deux ans. Et donc, jouer la dessus. Mais ça me semblait en tout cas très important, après d'avoir réfléchi sur nos formations et nos programmes, d'avoir des mesures concrètes pour le mesurer et d'être encore plus dans le... dans le tangible. Le troisième point, c'est d'être levier de redirection. Il est sur l'exemplarité aussi qu'on doit montrer. Et les liens qu'on doit faire. En tant que groupe, on doit nous offrir à nos collaborateurs, à nos enseignants la possibilité de mécénat de compétences, de formation, d'engagement, pour en montrer par l'exemple aussi les choses. Et puis, pour que nos campus soient aussi des espaces régénératifs ou en tout cas des espaces qui soient exemplaires dans leur prise en compte de l'environnement. Pareil, ça s'est aussi assez compliqué. Chez l'éducation, on n'est pas propriétaire de nos campus, on peut faire des investissements, mais il y a plein de contraintes qui nous obligent et qui rendent les choses plus lentes. Et le dernier point, le levier de redirection que je voudrais aussi mentionner, si on veut promouvoir l'engagement des étudiants, leur capacité à changer le monde, leur capacité d'agir, il faut leur donner cette possibilité-là. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème, pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants, partout, de s'engager, de goûter, de le reconnaître dans leur parcours académique, et d'avoir des liens avec ça. Et là, très concrètement, on a créé, au cours de l'année 2024. La Fondation AD Education qui agrège comme ça tous ces liens, qui financent également aussi, mais tous ces liens avec des associations, non seulement en termes financiers, pour soutenir certains éléments du monde associatif, mais également pour créer des partenariats avec nos étudiants partout et leur donner la capacité d'avoir un impact aussi sur ce tissu-là.

  • Eric

    Donc une feuille de route... avec trois grands leviers, l'exemplarité sur vos campus, le corps professoral, donc là il y a un enjeu d'embarquement du corps professoral qui est majeur, et puis cette mesure justement et les questions qui sont posées après six mois ou deux ans de carrière. Peut-être pour revenir sur celui qui me semble peut-être le plus gros challenge, qui est celui d'embarquer le corps enseignant. Est-ce que cette remise en question, de proposer des cas qui sont différents, peut-être un paradigme qui est différent, est-ce qu'il y a de la résistance au changement ou est-ce que, vis-à-vis du corps enseignant, tu sens que il y a de l'engouement et que tu commences à avoir de l'attraction de ce côté-là ?

  • Martin

    Moi, j'aime bien voir les verres à moitié plein. On échange avec beaucoup d'enseignants qui nous disent, ah bah oui, ces sujets-là sont des sujets importants, mais dans ma matière, comment vous voulez que ça joue ? ou qui disent qu'on n'a pas vraiment d'éléments. Est-ce que vous connaissez des gens qui peuvent intervenir pour nous aider à former sur ces sujets ? Donc il y a une attente quand même du corps enseignant de moyens. Et c'est ça, l'académie des Nouveaux Récits, c'est une façon de leur donner accès à des choses pour les nourrir. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur a également mis une plateforme en place avec des ressources, une ressourcerie. C'est capital d'embarquer le corps enseignant et de leur donner des moyens. Ça passe par de la formation, ça passe par des ressourceries, etc. C'est capital parce que sinon, on n'arrivera pas à embarquer les étudiants. Et c'est un vrai talent de pouvoir construire des cours de cette façon-là. C'est assez facile de trouver des intervenants qui viennent parler une heure du sujet, partager leur expertise, leur vision, regardez... Mais ce n'est pas comme ça, l'enseignement. L'enseignement, c'est des choses qui sont. sont profondes, répétées, avec une méthode, une axe pédagogique. Et parler une heure d'un sujet, c'est quelque chose. Parler pendant 40 heures de sujet, en faisant une progression pédagogique pour que les étudiants s'en imprègnent, c'en est une autre. Et c'est pour ça que c'est nos enseignants qui doivent prendre en main ce sujet-là, et à nous de les aider là-dessus. Donc pas de résistance, en tout cas pas encore, on va voir comment ça prend, mais plutôt, je pense aussi, une attente, et le faire avec eux, en leur donnant des moyens, plutôt que leur... asséner soit des obligations sans les accompagner dans cette transformation.

  • Eric

    Est-ce que là, tu as un thermomètre pour sentir cet engouement ? Et finalement, ce qu'on rencontre beaucoup à la CEC, c'est des dirigeants qui parfois se sentent trop avancés par rapport à leurs équipes, parfois même en décalage, et qui trouvent de la solitude dans cette transformation.

  • Martin

    Alors on ne le mesure pas, mais l'enseignement n'est pas un secteur comme un autre et c'est un type de métier que les gens ont souvent choisi. Avec une vraie volonté d'avoir un impact positif sur le monde, sur les étudiants. Ils sont, je trouve, et j'ai travaillé comme tu l'as dit dans d'autres secteurs d'activité, très investis, très engagés dans leur mission. Alors, dans leur mission d'enseignement, dans leur mission de transmission, dans leur mission d'accompagnement des étudiants. Et donc, je ne mesure pas, je ne sais pas si c'est nécessaire, tellement moi je ne vois que des gens qui sont... tendue vers la responsabilité qu'elle a leur envers ses étudiants et le moyen qu'on veuut leur donner pour y arriver. Et donc je ne vois pas comment les enseignants pourraient ne pas accompagner ces changements du monde qu'ils perçoivent eux-mêmes très bien.

  • Eric

    Alors juste avant d'aller parler de ce projet incroyable, l'Académie des Nouveaux Récits, peut-être une question. Vous avez une feuille de route qui est vraiment de donner sa pleine puissance à AD Education pour la société. euh... Est-ce que dans ce contexte-là, l'IA peut être un vent porteur ou est-ce que c'est un vent perturbateur ? Ou même c'est game over pour tout ce qui est éducation, vous voyez ça comme un risque majeur. Vous en êtes où par rapport à cette évaluation ?

  • Martin

    Alors oui, c'est une question qui nous traverse beaucoup. C'est une discussion qu'il y a dans toutes les écoles, tous les campus, toutes les salles de profs, je pense. Comment ça fait évoluer les choses ou que ça les transforme ? Donc évidemment, nous on s'en empare également, on a beaucoup d'éléments, on teste beaucoup, on essaie de travailler avec les enseignants pour se dire comment s'approprier ces sujets. C'est très différent évidemment dans une école d'ingénieurs que dans une école créative, de design, mais ça a quand même des enjeux. des enjeux forts. Donc je ne pense pas qu'elle porte quelque part notre feuille de route parce qu'en fait ça donne encore un autre sujet sur lequel il y a vraiment un travail à faire. Il y a aussi essentiellement des leviers à actionner, il y a un plan à mettre en place il y a former les enseignants sur ces problématiques définir le cadre. Donc c'est un sujet qui se prend, mais l'enseignement, on a connu déjà d'autres de ce type, notamment l'arrivée du digital, la PAO dans le domaine du design. Moi je crois en tout cas que ça a des possibilités énormes dans l'enseignement, parce que ça permet de résoudre un problème qui est le problème fondamental depuis la création de l'école, qui est qu'il y a moins de professeurs que d'étudiants, donc on les met dans des classes avec un professeur, avec des étudiants. Parce que si l'IA permettrait, selon comment il utilisait, d'arriver pratiquement à une solution, on aurait un étudiant pour un professeur, et donc une adaptation pour améliorer le résultat. Et on lit beaucoup toutes les évolutions, tous les tests, toutes les expériences qui sont menées, et c'est vrai qu'il y en a qui ont des résultats très flagrants, de pouvoir aider les étudiants à mieux intégrer les notions, à mieux comprendre, de pouvoir redonner une place à l'enseignant qui est un peu différente, qui est aussi dans l'inspiration, le coaching, l'accompagnement.

  • Eric

    La supervision, l'accompagnement.

  • Martin

    Plus que dans la transition du savoir en tant que tel. Je trouve que ça a des possibilités énormes et potentiellement une révolution de l'école. Ensuite, c'est des révolutions qu'il faut prendre avec attention, précaution. Encore une fois, on a beaucoup de jeunes et beaucoup d'enseignants aussi. Il faut bien voir à quel rythme et comment on peut faire évoluer les choses.

  • Eric

    Même sur l'IA, tu es plutôt confiant sur les possibilités de levier, notamment pour s'adapter à chaque étudiant, en ayant cette capacité de s'adapter à chaque étudiant et donc de l'emmener, chaque étudiant, le plus haut possible. Alors on va parler de ce projet qui nous tient très à cœur dans la CEC, donc l'Académie des nouveaux récits, qui a été présentée en clôture du parcours des nouveaux imaginaires, qui embarque plusieurs... participants. Donc c'est un projet de coopération. Est-ce que tu peux nous décrire ce projet ?

  • Martin

    Donc, je vous mentionnais tout à l'heure, on a un immense défi de pouvoir repenser des programmes pour les rendre plus adaptés à l'évolution du monde. Et ça, ça va passer par un travail avec les enseignants. Or, on manque de moyens et de ressources. Donc, l'Académie des nouveaux récits, c'est donc ce projet coopératif issu de la CEC, et qui a permis comme ça de fédérer tous ces dirigeants, tous ces accueils de la CEC, nouveaux imaginaires qui ont dit « Moi, je veux bien contribuer. Vous donnez des cas d'usage. Vous donnez des exemples concrets qu'on a avec nos clients. De vous mettre à disposition tous ces éléments pour pouvoir former vos enseignants" et d'avoir comme ça une plateforme ouverte où on va pouvoir, peu à peu, changer, adapter les programmes et les contenus de chaque cours. Donc, ça prend les formes d'une formation, une sorte de mini-CEC pour les enseignants aussi, pour pouvoir les sensibiliser s'ils ne le sont pas. Et puis, par une sorte de rendez-vous où physiquement on pourra échanger ces pratiques-là entre des professionnels et des enseignants pour voir comment alimenter, nourrir ces projets. On a eu un très grand accueil et très positif justement des participants de la CEC qui veulent contribuer pour beaucoup.

  • Eric

    Par exemple des groupes de communication comme Publicis par exemple ?

  • Martin

    Exactement, Publicis, et on les remercie, c'est mis comme partenaire de cette académie des nouveaux récits et c'est formidable de pouvoir jouer sur le... la force du groupe Publicis aussi pour pouvoir alimenter en matériaux pour nos enseignants. Et puis au-delà, évidemment, et c'est l'une des ambitions qu'on a avec cette feuille de route, c'est d'être pionnier, de pouvoir inspirer au-delà des écoles, du groupe AD Education, le système d'enseignement supérieur. Et donc cette plateforme a la vocation après à pouvoir se diffuser pour que ce ne soit pas que la prérogative d'AD Education, mais qu'on puisse aussi l'ouvrir pour... donner la possibilité à d'autres écoles, d'autres groupes, d'avoir cette matière pour former les étudiants. Donc c'est à la fois, ça nourrit, c'est un projet très collaboratif et coopératif au sein de la CEC, Nouveaux imaginaires, on est ravis de continuer à faire vivre ce collectif. C'est un de nos leviers de redirection côté AD Education, et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur.

  • Eric

    En tout cas, nous, la CEC, on veut bien apporter à l'Académie des Nouveaux Récits, pour les écoles de management, tous les cas, les plus de 1000 feuilles de route d'entreprise qui ont fait la CEC, et tous les épisodes de Cap Regen aussi, où on décrit des transformations. Donc effectivement, il y a beaucoup de matière, et on sait que c'est par ces nouveaux récits qu'on va inspirer ceux qui ne sont pas encore embarqués pour aller vers ce nouveau paradigme et cette nouvelle notion de réussite que tu mentionnais tout à l'heure. On va doucement vers la fin de notre échange. Comment tu te sens, là, quelques mois après le parcours CEC, toi, très personnellement ?

  • Martin

    Je me sens enrichi de ces parcours et encore une fois... J'y allais en me disant, bon voilà, je sais à quoi m'attendre, et en fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Donc enrichi de ça, enrichi aussi des gens que j'ai pu rencontrer, avec lesquels on a créé un vrai groupe, et un groupe aussi de soutien, d'entraide. Je n'aime pas le mot aligner parce qu'il est beaucoup utilisé, mais je me sens assez serein maintenant par rapport à la mission qu'on a pu donner au groupe, et comment porter cette vision-là. Et ravi de pouvoir... Voilà, la partager, entraîner, pouvoir aider la CEC, pouvoir contribuer par ce podcast ou par d'autres choses à faire valoir un peu notre vision et à continuer de la porter. J'espère aussi que ça pourra donner envie, un nouveau parcours CEC se lance bientôt sur les mondes académiques, qui va réunir des écoles, des universités, des labos de recherche. Et je pense que c'est clé qu'on arrive à vraiment avoir cet impact sur la jeunesse collectivement aussi. Et donc très... Serein et content de pouvoir prendre ma part complètement, pleinement, comme tu l'as dit tout à l'heure.

  • Eric

    Et justement, peut-être une dernière question pour toi. Justement, tu as accepté de t'impliquer sur la réussite de ce parcours dédié au monde académique, donc la CEC du monde académique, où on invite toutes les institutions, les écoles, les labos de recherche à venir finalement procurer une bascule systémique du monde de l'éducation, un peu comme ce que tu incarnes. Finalement, quel serait ton message à quelqu'un, justement un ou une directeur générale d'établissement, pour se lancer dans ce parcours ?

  • Martin

    Premièrement, je les encouragerais à vivre cette expérience à titre personnel, qui est encore une fois riche, perturbante parfois, mais très féconde. Et puis, je leur dirais que c'est une opportunité de créer un lien différent avec leurs enseignants, leurs enseignants-chercheurs ou labos de recherche, et puis leurs étudiants. Et apporter un petit supplément d'âme à quelque chose qui parfois devient assez froid, qui est juste la transmission de savoir. Donc il y a ça à aller chercher, ce petit supplément d'âme, qui à mon avis peut faire la différence aussi pour les étudiants, mais pour tous les collaborateurs et les enseignants, et notamment enseignants-chercheurs.

  • Eric

    Alors on va rester sur cette idée du petit supplément d'âme, ce grand supplément d'âme. Merci pour l'avoir donné dans cette conversation. Moi aussi la phrase que j'ai notée, qui m'a marqué, c'est réinventer la notion de réussite. Merci pour tout ce que tu nous as partagé. Je voulais te remercier pour ton courage, le courage de t'être lancé dans le parcours, pour l'authenticité de ce qu'on vient de se dire, et aussi pour le pragmatisme, parce qu'il y a plein d'actions hyper concrètes que tu as lancées suite à la CEC. Donc voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen. Merci Martin.

  • Martin

    Merci Eric.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

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Description

Comment l'enseignement supérieur peut-il préparer la jeunesse au monde qui l’attend ?

Acquérir des compétences, obtenir un bon emploi et un bon salaire à la sortie restent importants, bien sûr, mais est-ce suffisant ?

Comment réussir ce moment charnière et transformer un jeune adulte en un citoyen conscient, responsable et engagé ?


Dans cet épisode, découvrez Martin Coriat, CEO France d’AD Education, qui nous partage sa vision : former uniquement à l’employabilité n’est plus suffisant ; la mission des écoles est aussi d’éveiller la conscience, le sens et la responsabilité de leurs étudiants.


AD Education souhaite réinventer la notion de réussite en y intégrant l’épanouissement, l’engagement et la contribution à un monde soutenable.


Selon Martin, la jeunesse n’est ni résignée ni cynique : elle est « en attente » et prête à agir dès lors qu’on lui offre compréhension, cadre et possibilités concrètes.
Un épisode éclairant sur les jeunes, leurs attentes et la manière de les outiller pour le monde de demain !




Courage, Authenticité, Pragmatisme... C'est le pacte que fait Eric Duverger, fondateur de la CEC, avec un dirigeant en chemin vers le régénératif ou un expert de l’écosystème régénération pour un échange éclairant et réjouissant autour de la transformation des entreprises. Un décryptage sans filtre des nouvelles approches à visée régénérative et un retour d’expérience sur les leviers et les freins à leur mise en œuvre. Compréhension profonde des enjeux environnementaux, transition intérieure du dirigeant, changement de leadership et de gouvernance, reconnexion au vivant de l'entreprise, évolution du modèle économique et de l'offre, monitoring de l’impact... un shoot d’inspiration qui régénèrera votre envie de transition !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Martin

    Donc nous ce qu'on cherche à faire c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite des étudiants se mesure autant par leur employabilité que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants partout de s'engager.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen, je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de CapRegen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires. Pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref, plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Martin. Bonjour. Alors Martin, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et pragmatisme, on va essayer d'être le plus concret possible et de donner des exemples pour voir à quoi ressemble cette nouvelle économie. Alors les trois initiales de courage, authenticité et pragmatisme, ça fait CAP. Alors Martin, CAP ou pas CAP ?

  • Martin

    CAP Eric.

  • Eric

    Alors on se lance. Tu es passé par les bancs d'HEC et de l'INSEAD. Tu as fait toute une partie de ta carrière dans le monde des comparateurs d'assurance et de produits financiers. Tu as connu le monde des créations de boîtes, de la forte croissance et de la transformation digitale. Tu as été notamment le fondateur et le DG de Le Linx. Tu as été aussi CEO d'un grand site de comparaison de produits financiers en Angleterre. Tu as basculé dans le monde de l'éducation en 2019 avec Wizzbe. Et tu as pris la direction générale du groupe AD Education en 2020. Il se trouve aussi que tu as fait le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires en 2024. Merci d'être avec nous, Martin. Alors pour démarrer, une petite question sur le lieu de nature où tu aimes te ressourcer.

  • Martin

    Merci Eric et merci de cette présentation. Moi le lieu de nature qui me touche particulièrement, il est en forêt de Fontainebleau, qui est une forêt que je trouve incroyable près de Paris. J'ai la chance d'habiter dans le sud de Paris, donc c'est vraiment très proche, et qui est un lieu où je me ressource assez régulièrement, parce que c'est vraiment une mer verte et un bois très beau et très diver, entre rochers, pins et sable. C'est un lieu où j'aime m'échapper de la ville et de ses tumultes.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous présenter ton groupe, AD Education, en quelques mots, en quelques chiffres ?

  • Martin

    AD Education, c'est un groupe d'enseignement supérieur, qui accueille des étudiants post-bac pour la majorité, et qui les forme à une multitude de métiers. On a 23 écoles dans le groupe, et on forme au total un peu plus de 42 000 étudiants. Donc on a à peu près 70 campus dans toute l'Europe et on forme des métiers très divers, à la fois des métiers créatifs que sont les métiers du design, de la communication, du digital, de la création de parfums par exemple également, mais aussi des métiers plus généralistes avec des écoles de commerce, d'ingénieurs aussi, donc très tournées sur l'innovation et la tech, et des écoles de start-up, de digital, d'éveil en développement digitaux. Donc une grande multitude de types d'enseignements, mais toujours avec des jeunes qu'on forme en les prenant pas forcément à la sortie du lycée, et puis qu'on va amener vers l'emploi, et vers l'emploi qui correspond à leur passion. C'est ce qu'on va essayer de faire tout au long de ces cursus. Le groupe existe depuis 2009, mais les écoles sont bien plus anciennes, on a des écoles qui sont centenaires, et qui sont toutes des références un peu dans leur domaine. Dans le domaine du son et de la musique par exemple, dans le domaine de la publicité, dans le domaine de l'ingénierie, c'est vraiment des références. Par exemple, dans la communication, c'est l'école supérieure de publicité qui est la plus vieille école de communication de France, dont on va bientôt fêter le centenaire. Dans le domaine du son et de la musique et du cinéma, par exemple, c'est la SAE. La SAE, c'est le plus grand nom de formation sur tous les métiers d'ingénieur du son, de sonorisation, musique. On a la chance d'avoir des... des diplômés qui ont reçu des Grammy Awards, des Tony Awards, des Emmy Awards, et c'est une grande fierté.

  • Eric

    Est-ce que le trait d'union, le fil rouge de AD Education, c'est justement d'essayer... d'être ceux qui font les passeurs entre la passion d'un jeune et son métier, en fait, sa vocation professionnelle.

  • Martin

    Il faut toujours trouver des traits d'union, d'expliquer pourquoi le groupe a une cohérence. Il l'a dans la notion de qualité, d'excellence académique que je mentionnais, dans l'importance des marques et des écoles qui ont leur stratégie de développement, leur positionnement. Mais il vient aussi de ces petites choses qui font que tous les étudiants des écoles du groupe AD Education reçoivent quand même certains éléments dans leur parcours, des éléments qui les mettent en responsabilité par rapport à tout ce qui est les changements du monde, les changements climatiques, les changements sociaux, et puis également comment on arrive à les former vraiment d'une manière très professionnelle pour qu'ils puissent s'insérer et être compétents, mais surtout heureux, dans leur carrière qui commence après l'école.

  • Eric

    On sent déjà la passion chez toi pour le monde de l'éducation. Est-ce que tu peux nous dire peut-être ce déclencheur de ta bascule dans ta carrière à toi, puisque tu déployais ton talent plutôt dans le monde de la finance ou de l'assurance ? Comment tu es tombé dans le monde de l'éducation ?

  • Martin

    C'est toujours des hasards et premièrement des passions. Alors familial, il se trouve que j'ai une famille où il y a beaucoup de professeurs, et de professeurs d'université ou d'école, mais au-delà de ça, c'est vrai que j'étais arrivé à un moment où, de ma carrière et de ma vie ou je me suis dit sur quoi on veut passer son énergie et son temps. Est-ce que c'est sur compter un taux de clic sur une publicité en ligne ? Est-ce que c'est de savoir combien de ventes ont été faites hier ? Ou est-ce que c'est aussi de réfléchir dans un projet plus large à quel impact on peut avoir ? Comment changer le monde et pas seulement le faire à titre personnel ? Il se trouve qu'à titre personnel, ça fait longtemps que je suis assez engagé sur des domaines liés à l'écologie, que j'essaie de faire attention, que j'ai tout le prototype du bon bobo parisien. Mais après, je me dis, comment on peut faire plus ? Et dans quel domaine ça peut vraiment avoir un sens ? Et transformer le monde et l'éducation en était un. Et on parlera du travail qui a été fait à la CEC, ou grâce au parcours de la CEC, qui nous a permis de réfléchir à ça aussi en tant que groupe, pour vraiment définir une stratégie qui est très liée au sens de notre activité, l'enseignement, à la responsabilité que ça donne pour transformer le monde, et notamment par l'intermédiaire de nos étudiants.

  • Eric

    Donc tu as eu cette responsabilité dans le groupe AD Éducation et tu t'es embarqué en 2024 dans le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires. Donc déjà peut-être nous dire pourquoi la CEC, cet appel, et tu étais prêt à donner de ton temps, consacrer de ton temps pour ce sujet. Et peut-être aussi la particularité du parcours des nouveaux imaginaires, aussi pourquoi ça t'a interpellé ?

  • Martin

    En fait, on a été contacté par la CEC par l'intermédiaire de notre école de publicité, l'ESP dont je parlais, en disant, oui, il y a un parcours CEC Nouveaux Imaginaires, voilà le rôle que peuvent avoir les écoles qui forment à ces métiers de la publicité et de la communication, venez contribuer et participer. Et puis, le sujet est remonté, parce que, est-ce qu'on peut, est-ce qu'on doit, etc. J'ai dit, c'est une très bonne opportunité, non pas pour le faire pour une école, mais pour vraiment engager le groupe dans cette démarche de la CEC. La majorité, aujourd'hui, du groupe est vraiment sur le domaine de la création au sens large, donc bâti des imaginaires. Que ce soit par le son ou la musique avec SAE, que ce soit par la communication avec l'ESP, que ce soit par des productions graphiques ou de produits avec Condé, etc., ou des films d'animation avec l'ECV, toutes nos écoles, quelque part, produisent du créatif et donc produisent de l'imaginaire. Et donc, on avait notre place. Et donc, moi, j'ai voulu vraiment que ça devienne ce trait d'union dont tu parlais entre tous les étudiants et les écoles du groupe pour se dire, bon ben voilà, on va trouver aussi quelque chose qui est vraiment très commun. Commun dans le sens qui nous lie entre toutes les écoles et tous les étudiants et on a utilisé quelque part la CEC pour nous aider à accoucher de cette stratégie avec le plus de détails possible. C'est pour ça que d'ailleurs à l'inverse de pas mal d'autres acteurs de la CEC où c'est souvent un dirigeant et un Planet Champion qui est plutôt quelqu'un qui va justement mettre en œuvre, j'ai fait la CEC avec Mélanie Vialla qui est la directrice générale adjointe. On était deux dirigeants dans ce parcours. Pour justement pouvoir avoir la force aussi en interne, de pouvoir emmener toute l'organisation et tendre vers ce nouveau cap qui est celui qu'on a vu dans la feuille de route de la CEC.

  • Eric

    On va en parler de ce nouveau cap. On va descendre, en prendre du temps, aller en profondeur pour parler de cette redirection ou du sens qui peut être donné sur ton groupe, AD éducations. Peut-être juste avant, une question un peu personnelle. Qu'est-ce que le parcours CEC a pu venir invoquer ? Ou peut-être faire bouger chez toi, à titre personnel ?

  • Martin

    Comme je le disais, moi j'ai été engagé depuis longtemps à essayer d'avoir des bons comportements, à peu prendre l'avion, à me déplacer à vélo, etc. Enfin, tous les stéréotypes. Et donc j'allais à la CEC assez confiant, presque, en me disant, moi, ça va. Et puis, en plus, en tant que dirigeant de groupe d'enseignement supérieur ou d'éducation, on se dit, bon, on ne produit pas beaucoup de CO2 non plus, donc on y est un peu serein. Et pour autant, la claque a été assez dure. Et en fait, il y a eu trois claques ou trois niveaux différents, et ça a été trois déclics très forts dans la CEC. La première claque, c'était la première session, et comme maintenant les auditeurs peut-être le savent, la première session, c'est celle qui fait le plus mal, parce qu'on se met en face de la réalité des faits. de manière indéniable. Il y a eu le docteur Saeb, je m'en souviens très bien, qui a eu cette phrase totalement naturelle pour elle, qui disait, les enfants aujourd'hui vivront moins bien et moins vieux que nos parents. C'est une certitude. Et c'est vrai qu'un coup ça fait réagir en disant la situation, en première claque, oui la situation est quand même très grave et donc qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est pas juste en allant faire son vélo qu'on va faire quelque chose, donc ça a touché quelque chose de très sensible et très émotionnel sur, on peut pas avoir ça, le savoir, et ne pas faire quelque chose au-delà de juste avoir des bons comportements soi même. Ce qui est néanmoins important. La deuxième claque, elle est venue un peu plus tard, quand on a fait un exercice sur justement les nouveaux imaginaires et les nouveaux récits, pour se dire, en fait, le secteur auquel on forme, la communication, les métiers créatifs, les créations... Ont une vraie responsabilité dans les imaginaires qui sont construits. Quand on a des écoles de cinéma, quel film va être produit ? Tous les imaginaires de la deuxième moitié du XXe siècle sont basés sur beaucoup de productions culturelles, des films, des séries qui ont montré l'American way of life, d'avoir une maison, deux voitures, et ça joue vraiment là-dessus et on pourrait se dire que ce rôle des imaginaires est important. Quand est-ce que demain il y a un Plus belle la vie en co-living ? Quand est-ce qu'on monte des habitudes qui sont différentes ? Donc ça c'est la deuxième claque. Donc c'est ok, en fait on doit faire quelque chose nous-mêmes. Et la troisième claque, elle est venue... On était donc avec des dirigeants du monde de la communication qui étaient quand même assez perturbés aussi parce que c'est des gens qui font des pubs, qui font des pubs pour des compagnies aériennes, qui sont quand même en train de se demander ce qu'on va faire. il se... tourner vers nous pour nous dire comment vous allez former demain, qu'est-ce que vous faites. Et là, ça a invoqué quelque chose qui nous a aussi, collectivement, avec Mélanie, c hamboulé, pour dire, ok, en fait, il faut qu'on mette ça au cœur de ce qu'on veut faire. Et donc, c'est là d'où est née cette feuille de route, de ces claques successives qu'on s'est prises et qui m'ont touché émotionnellement à plusieurs niveaux. On ne peut pas juste avoir la bonne conscience de dire, non, mais nous, on est dans un secteur qui ne produit pas beaucoup de CO2, donc ce n'est pas le problème. La réalité, c'est qu'on a 42 000 étudiants dans nos campus et qu'on a une responsabilité sur qu'est-ce qu'on leur apprend, dans quel monde on les prépare à vivre. On avait cette intuition que les métiers pouvaient vraiment avoir un impact sur les nouveaux imaginaires, mais on est passé d'un état de conscience à un état d'urgence. Maintenant, il faut qu'on soit dans l'action. Et depuis la CEC, beaucoup de chantiers se sont mis en œuvre en disant maintenant on ne peut plus juste... Faire comme si, il faut qu'il y ait des changements très tangibles dans comment on assume notre rôle d'éducation à des jeunes qui ont entre eux la plupart du temps 18 et 25 ans. Et qui ne sait pas seulement leur donner des compétences pour que demain ils soient des bons professionnels. Ça, on doit le faire évidemment, mais c'est leur donner un sens et s'assurer qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas seulement s'adapter au monde, mais qu'ils doivent transformer le monde.

  • Eric

    C'est intéressant parce que c'est vrai que souvent... dans le podcast Capregen, on entend parler de la claque, mais là, tu nous parles de la triple claque. Donc, ça va nous emmener encore plus loin. Est-ce que tu peux nous dire, peut-être, en grand résumé, puis ensuite on va descendre, on va zoomer, mais c'est quoi les idées fortes qu'il y a dans cette feuille de route ?

  • Martin

    L'idée forte sur laquelle on est arrivé, donc je vais essayer de la dire le plus naturellement possible, mais c'est évidemment le fruit de beaucoup d'itérations, de travaux et de challenges aussi que la CEC offre avec des pairs. Et donc, qui a été travaillé, c'est de dire en fait, quel est l'objectif qu'on poursuit dans l'enseignement supérieur ? Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? Aujourd'hui, la plupart des écoles cherchent à transmettre des savoirs ou des compétences professionnelles et quelque part à rendre les étudiants prêts à l'emploi. Je le mets entre guillemets. Et en fait, tout notre écosystème de l'enseignement supérieur est basé là-dessus. C'est-à-dire les critères pour savoir si une formation est de qualité, ça va être globalement quel est le salaire à la sortie, et quel est le type de contrat, en gros pour le faire simple. En sortant d'école, si après 5 ans d'études, les étudiants ont dans les 3 mois qui suivent, ou les 6 mois qui suivent le diplôme, un CDI à 40 000 euros par an, super, on a une bonne formation. Si après trois ans, ils ont un CDI à 30 000 euros, super. Et donc, c'est ça qu'on nomme, dans notre secteur, la réussite de nos étudiants. C'est une vision qui est quand même extrêmement étroite. Et c'est une vision qui ne correspond plus, je pense, aussi à la société d'aujourd'hui. J'ai trois enfants, je ne crois pas qu'ils soient motivés par le salaire à la sortie, de leur école, qu'est-ce qu'ils vont faire? quel métier? mais c'est pas ça qui les motive? Et moi, en tant que parent même, c'est pas ça vraiment qui me motive pour eux. Et puis, pardon, en tant que dirigeant d'un groupe d'enseignement, c'est pas non plus super exaltant de se dire, nous, on est là pour former des jeunes qui vont toucher 40 000 balles à la sortie de l'école. Et donc, ce qu'on cherche à faire, et c'est ça le cœur de notre feuille de route, c'est de réinventer la notion de réussite. Qu'au-delà de se dire, est-ce qu'ils sont engagés dans une carrière professionnelle, est-ce qu'ils sont conscients des réalités du monde, est-ce qu'ils sont engagés, est-ce qu'ils sont engagés dans des associations, dans des mouvements, est-ce qu'ils sont prêts pour le monde à venir, est-ce qu'ils sont prêts à changer le monde, est-ce qu'ils donnent leur sang, ou même globalement, est-ce qu'ils sont heureux ? Question qu'on leur pose quand même rarement. Nous, on passe notre temps à faire des sondages sur les étudiants, et je pense que toutes les écoles font ça, mais on ne leur pose jamais la question, mais est-ce que vous êtes heureux ? Et surtout en sortie de cursus. Et c'est des questions qui doivent motiver, à mon avis, les parents, les jeunes et toutes les écoles. Donc nous, ce qu'on cherche à faire, c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite... des étudiants se mesurent autant par leur employabilité, leur capacité à trouver un job à la fin de leurs études, que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et c'est ça qu'on a mis au cœur de notre feuille d'hôte.

  • Eric

    Est-ce que tu peux développer un peu cet imaginaire de réussite ?

  • Martin

    Moi, j'aimerais qu'il regarde en tout cas ses études, en ayant vu qu'il avait développé sa curiosité, sa passion, qu'il avait appris évidemment des choses. En fait, c'est pour moi la base d'une école. C'est bien de pouvoir développer des compétences, des façons de faire, des techniques, mais aussi qu'il avait pu retrouver, ou en tout cas bien appréhender, cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir. C'est-à-dire cette conviction que lui-même doit être un élément de transformation du monde. Et qu'il soit dans une entreprise, qu'il soit à son compte, qu'il soit artiste, il a ce qu'il peut et qu'il doit en fait, utiliser cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir pour transformer le monde tel que lui le souhaite. À nous de donner, voilà comment est le monde et voilà comment on peut souhaiter qu'il soit. Il faut faire attention de ne pas être prescripteur. Mais il faut qu'il puisse se dire, OK, en fait, j'ai un rôle et je peux le faire. Et donc après, j'ai une responsabilité. À l'échelle du groupe, c'est ce qu'on a fait dans ce travail avec la CEC, c'est de se dire, oui, oui, on a une responsabilité. Maintenant, on sait qu'on peut le faire et on doit le faire. On doit le faire au maximum. C'est ça, je pense, qu'ils regardent. Et puis parfois, qu'ils soient aussi indulgents à mieux comprendre ça, parce que je trouve que les étudiants sont toujours très exigeants avec leur école. À juste titre, ou leurs professeurs, ou leurs enseignants, il faut les remettre au bon niveau.

  • Eric

    Peut-être une question un peu impertinente par rapport à ce qu'on est en train de se dire, pour challenger un petit peu ça. Est-ce que finalement, en disant qu'au-delà... De un salaire de sortie, il y a cette vocation pour le groupe AD Education de donner du pouvoir d'agir et de l'envie de s'engager pour transformer le monde, la société vers cette jeunesse. Est-ce que finalement on ne plaque pas notre projection, notre envie sur cette jeunesse ? Et est-ce que finalement l'aspiration profonde de beaucoup d'étudiants c'est d'accéder à un certain niveau de vie ? Et finalement, le salaire resterait leur premier objectif. Est-ce que là, on n'est pas en train de leur mettre sur le dos quelque part, quelque chose dont ils n'ont pas absolument envie ?

  • Martin

    Je comprends très bien et c'est une vraie question. Déjà, pour savoir où s'arrête notre responsabilité, ce n'est pas d'endoctriner des jeunes. Et la plupart des enseignants nous empêcheraient de le faire car ils ont une grande conscience de leur rôle et d'être comme ça des passeurs et pas des influenceurs. Et peut-être, en fait, le salaire de sortie va être ce qui va leur importer aux jeunes. Il faut juste leur montrer qu'il y a plus et qu'il y a au-delà. Et nous, on veut s'assurer qu'ils aient ces éléments. Après, ils peuvent choisir de dire, non mais en fait, je m'en fous. C'est une proposition. C'est une proposition qu'on doit leur faire. Mais nous, on va se fixer des objectifs, en fait, là-dessus. Et de se dire, comment on peut mesurer ? Et puis après suivre combien d'étudiants sont arrivés à être heureux, engagés, conscients, tout ce qu'on a dit épanoui au-delà de leurs compétences professionnelles. On n'a pas vocation à devenir des écoles de militants, on n'a pas vocation à créer un diplôme d'écolo, de militant, de zadiste ou que sais-je. On a là à leur dire voilà vos compétences professionnelles et c'est la base encore de notre mission. Voilà comment vous pouvez vous insérer dans la vie active avec toutes les armes, tout ce qu'il faut. Mais en plus, on va s'assurer que vous ayez eu accès à cette connaissance, vous avez pu vous mesurer, vous avez pu vous tester dans cet engagement, vous avez pu être inspiré. Et puis après, évidemment à chacun de faire son boulot. Nous, je pense qu'en faisant ça, on fera bien notre boulot d'école. Après, c'est bien sûr aux jeunes de faire son boulot et ça vie.

  • Eric

    Cette jeunesse. Elle est parfois désemparée, elle est parfois très engagée, elle est parfois en colère, elle est parfois en souffrance aussi. Est-ce que tu peux faire l'exercice de nous la décrire ? Quels seraient les adjectifs peut-être que tu emploierais ? Comment tu en parlerais de cette jeunesse ? C'est un exercice très difficile, mais ça nous permettra de mieux comprendre les leviers de la redirection.

  • Martin

    Évidemment, je dois à l'abord dire que c'est très difficile parce qu'il y a une grande diversité, que dire les jeunes... notamment quand on est un boomer, c'est toujours très généraliste et que chaque jeune a une individualité, une vie et nous on a beaucoup de gens qui sont dans le domaine artistique, dans nos étudiants et donc ils ont en plus leur singularité créative, donc leur vision du monde donc c'est probablement encore plus difficile de la décrire comme ça en quelques mots. Moi j'ai l'impression en tout cas, parce que je peux la voir mais je ne suis pas non plus sociologue dans le domaine mais c'est qu'elle est en attente, elle est en attente de quelque chose Elle est en train de quelque chose qui va la mobiliser, la faire réagir, la confronter, et qu'elle cherche, elle est curieuse, elle se déplace, elle dialogue, elle est dans la relation, et elle attend de mieux comprendre comment fonctionne le monde dans lequel on les projette, et puis eux de savoir ce qu'ils veulent en faire eux-mêmes, mais quelque part... C'est ça la jeunesse, et de tout temps, probablement les jeunes se sont interrogés sur comment s'insérer dans ce monde qu'ils ne comprennent pas forcément qui est le monde d'adultes ou le monde professionnel. Albert Camus disait que chaque génération a la vocation de changer le monde. Se croit vouée à changer le monde. Exactement. Donc je pense qu'elle se croit en tout cas vouée, attendue pour changer le monde, mais qu'elle ne sait pas trop par où commencer. Et c'est pour ça quand je dis elle est en attente elle est en attente de Pas forcément de réponse, je ne sais pas si c'est des conseils, mais des choses qui vont la décider. C'est un peu le sentiment que j'ai.

  • Eric

    Alors ce que disait Camus, c'est à la remise du prix Nobel, chaque génération se croit vouée à changer le monde ou à éviter qu'il ne se défasse. Peut-être, cette génération elle est particulièrement en attente, aussi parce que le monde actuel, on sait qu'il doit changer de paradigme et que le nouveau paradigme n'est pas encore apparu. donc ce que tu dis ça qualifierait chaque génération. Mais là, la jeunesse actuellement, en 2025, elle est peut-être au carré par rapport à ce sentiment-là.

  • Martin

    Mais en tout cas, moi, je ne la vois pas du tout défaitiste, résignée, je m'en foutiste ou quoi que ce soit. Je pense qu'elle est prête à un combat, quelque part. Elle veut savoir lequel, et pourquoi, et comment. Je pense que nous, chez AD éducation, on a beaucoup d'étudiants dans des domaines plus créatifs et donc plutôt un peu plus généralement en marge que... Peut-être des bataillons universitaires ou des écoles de commerce qui sont plus en ligne. C'est peut-être influencé par ça aussi que je réponds.

  • Eric

    Alors on va descendre peut-être justement dans ce qu'on appelle les leviers de redirection. Donc finalement, dans le concret, est-ce que tu peux nous décrire peut-être deux ou trois de ces leviers de redirection pour concrètement faire atterrir cette vision dans vos établissements ?

  • Martin

    Bien sûr, et c'est ça qui a animé aussi la feuille de route, qui n'est pas qu'une aspiration, mais qui se traduit par des exemples très concrets. Je vais les décrire rapidement, et puis peut-être faire un petit update de ce qu'on a mis en place concrètement depuis la CEC et depuis cette feuille de route. Le premier levier de redirection, il est au cœur de notre activité, il est de repenser les programmes pédagogiques. Et ça peut paraître simple de dire on va faire un programme, mais c'est un chantier titanesque, parce que ce n'est pas seulement dire "Si on mettait un cours de développement durable ou d'environnement ou de changement climatique", la plupart des écoles le font aujourd'hui, mais c'est de se dire comment on pense nos programmes pour qu'ils donnent leur juste place en tout cas à cette compréhension des enjeux du monde. Et ça passe par une multitude de cas concrets, de l'intitulé des formations, des volumes horaires et donc des enseignants pour les faire. Et dans tous les programmes, c'est pas juste de créer un programme engagement et environnement.

  • Eric

    Oui, d'ailleurs, et même dans l'éducation supérieure, c'est devenu une contrainte légale d'avoir un minimum de modules justement sur les enjeux climatiques. Mais c'est beaucoup plus que ça, en fait, la transformation que vous devez faire.

  • Martin

    Exactement, c'est vraiment d'aller dans chaque cours et d'interroger comment ils passent aussi ces messages-là. Et c'est pour ça que c'est long et c'est pour ça qu'on s'appuie beaucoup sur les enseignants, notamment, qui doivent être ces vecteurs-là. J'y reviendrai après, mais pour nous aider à ce travail, grâce à la CEC, on a lancé ce qu'on appelle un projet coopératif avec d'autres membres de la CEC pour essayer de travailler ensemble à ce travail-là. Et donc on crée ce qu'on appelle l'Académie des nouveaux récits, qui va être une plateforme à la fois documentaire, à la fois de formation, pour former les enseignants à ces problématiques-là, leur donner des cas concrets, des cas d'usage. leur montrer comment ils peuvent faire passer ces messages, et donc former nos enseignants pour qu'ils puissent former nos étudiants demain, et de la faire le plus ouverte possible.

  • Eric

    On va revenir sur cette Académie des Nouveaux Récits, aussi parce que ça fait partie de votre feuille de route, mais ça fait partie de la feuille de route d'autres participants de la CEC.

  • Martin

    Donc ça c'est le premier point, c'est dans nos programmes, comment on arrive à réintroduire ces sujets-là, presque matière par matière. Le deuxième, et il est très important aussi à mon avis pour embarquer tout le monde, ... C'est de dire, quand on veut réinventer des objectifs de réussite, de se donner des objectifs concrets. Donc, on s'est lancé dans la construction d'un système de mesure de la réussite, qui prend tous ces éléments, pas seulement professionnels, mais également d'engagement, d'intégration, et pour pouvoir interroger nos diplômés et de savoir comment ils se positionnent par rapport à ça. Et donc d'avoir une mesure, de fixer un objectif. d'avoir des plans d'action, tout ce qu'on fait dans l'entreprise pour pouvoir atteindre un objectif.

  • Eric

    Oui, c'est comme la comptabilité en triple capital dans une entreprise. On ne veut mesurer pas que le profit financier, mais aussi de l'extra financier. Et là, quelque part, ce n'est pas que le salaire de sortie, mais c'est de l'extra financier aussi à votre niveau.

  • Martin

    Exactement. Ce qu'on mesurait avant au niveau de la formation, pratiquement la satisfaction des étudiants, quelque chose qu'on mesure, mais on ne faisait plus ça sur nos diplômés pour savoir qu'est-ce qui se passait après. Or, l'impact qu'on a, il n'est pas immédiat, il est dans toute la carrière, ou en tout cas une partie, ou la première partie de la carrière de nos diplômés et de nos étudiants. Donc, on veut développer ce programme, et puis faire des sondages à nos diplômés régulièrement, pour pouvoir se mesurer par rapport à ça. C'est une obligation légale. Six mois après leur diplôme, pour savoir, est-ce qu'ils ont un emploi, combien ils gagnent, etc. C'est pour pouvoir satisfaire les obligations réglementaires. On pourrait très bien leur poser aussi d'autres questions à ce moment-là. s'intéresser à eux de manière plus précise que juste combien tu gagnes et où tu travailles. Et donc, c'est comme ça qu'on veut prendre ce point-là. Et ça me paraît très important parce que d'un coup, on va se dire, OK, on va être le premier groupe. Regardez, X% de nos diplômés sont épanouis après six mois ou après deux ans. Et donc, jouer la dessus. Mais ça me semblait en tout cas très important, après d'avoir réfléchi sur nos formations et nos programmes, d'avoir des mesures concrètes pour le mesurer et d'être encore plus dans le... dans le tangible. Le troisième point, c'est d'être levier de redirection. Il est sur l'exemplarité aussi qu'on doit montrer. Et les liens qu'on doit faire. En tant que groupe, on doit nous offrir à nos collaborateurs, à nos enseignants la possibilité de mécénat de compétences, de formation, d'engagement, pour en montrer par l'exemple aussi les choses. Et puis, pour que nos campus soient aussi des espaces régénératifs ou en tout cas des espaces qui soient exemplaires dans leur prise en compte de l'environnement. Pareil, ça s'est aussi assez compliqué. Chez l'éducation, on n'est pas propriétaire de nos campus, on peut faire des investissements, mais il y a plein de contraintes qui nous obligent et qui rendent les choses plus lentes. Et le dernier point, le levier de redirection que je voudrais aussi mentionner, si on veut promouvoir l'engagement des étudiants, leur capacité à changer le monde, leur capacité d'agir, il faut leur donner cette possibilité-là. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème, pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants, partout, de s'engager, de goûter, de le reconnaître dans leur parcours académique, et d'avoir des liens avec ça. Et là, très concrètement, on a créé, au cours de l'année 2024. La Fondation AD Education qui agrège comme ça tous ces liens, qui financent également aussi, mais tous ces liens avec des associations, non seulement en termes financiers, pour soutenir certains éléments du monde associatif, mais également pour créer des partenariats avec nos étudiants partout et leur donner la capacité d'avoir un impact aussi sur ce tissu-là.

  • Eric

    Donc une feuille de route... avec trois grands leviers, l'exemplarité sur vos campus, le corps professoral, donc là il y a un enjeu d'embarquement du corps professoral qui est majeur, et puis cette mesure justement et les questions qui sont posées après six mois ou deux ans de carrière. Peut-être pour revenir sur celui qui me semble peut-être le plus gros challenge, qui est celui d'embarquer le corps enseignant. Est-ce que cette remise en question, de proposer des cas qui sont différents, peut-être un paradigme qui est différent, est-ce qu'il y a de la résistance au changement ou est-ce que, vis-à-vis du corps enseignant, tu sens que il y a de l'engouement et que tu commences à avoir de l'attraction de ce côté-là ?

  • Martin

    Moi, j'aime bien voir les verres à moitié plein. On échange avec beaucoup d'enseignants qui nous disent, ah bah oui, ces sujets-là sont des sujets importants, mais dans ma matière, comment vous voulez que ça joue ? ou qui disent qu'on n'a pas vraiment d'éléments. Est-ce que vous connaissez des gens qui peuvent intervenir pour nous aider à former sur ces sujets ? Donc il y a une attente quand même du corps enseignant de moyens. Et c'est ça, l'académie des Nouveaux Récits, c'est une façon de leur donner accès à des choses pour les nourrir. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur a également mis une plateforme en place avec des ressources, une ressourcerie. C'est capital d'embarquer le corps enseignant et de leur donner des moyens. Ça passe par de la formation, ça passe par des ressourceries, etc. C'est capital parce que sinon, on n'arrivera pas à embarquer les étudiants. Et c'est un vrai talent de pouvoir construire des cours de cette façon-là. C'est assez facile de trouver des intervenants qui viennent parler une heure du sujet, partager leur expertise, leur vision, regardez... Mais ce n'est pas comme ça, l'enseignement. L'enseignement, c'est des choses qui sont. sont profondes, répétées, avec une méthode, une axe pédagogique. Et parler une heure d'un sujet, c'est quelque chose. Parler pendant 40 heures de sujet, en faisant une progression pédagogique pour que les étudiants s'en imprègnent, c'en est une autre. Et c'est pour ça que c'est nos enseignants qui doivent prendre en main ce sujet-là, et à nous de les aider là-dessus. Donc pas de résistance, en tout cas pas encore, on va voir comment ça prend, mais plutôt, je pense aussi, une attente, et le faire avec eux, en leur donnant des moyens, plutôt que leur... asséner soit des obligations sans les accompagner dans cette transformation.

  • Eric

    Est-ce que là, tu as un thermomètre pour sentir cet engouement ? Et finalement, ce qu'on rencontre beaucoup à la CEC, c'est des dirigeants qui parfois se sentent trop avancés par rapport à leurs équipes, parfois même en décalage, et qui trouvent de la solitude dans cette transformation.

  • Martin

    Alors on ne le mesure pas, mais l'enseignement n'est pas un secteur comme un autre et c'est un type de métier que les gens ont souvent choisi. Avec une vraie volonté d'avoir un impact positif sur le monde, sur les étudiants. Ils sont, je trouve, et j'ai travaillé comme tu l'as dit dans d'autres secteurs d'activité, très investis, très engagés dans leur mission. Alors, dans leur mission d'enseignement, dans leur mission de transmission, dans leur mission d'accompagnement des étudiants. Et donc, je ne mesure pas, je ne sais pas si c'est nécessaire, tellement moi je ne vois que des gens qui sont... tendue vers la responsabilité qu'elle a leur envers ses étudiants et le moyen qu'on veuut leur donner pour y arriver. Et donc je ne vois pas comment les enseignants pourraient ne pas accompagner ces changements du monde qu'ils perçoivent eux-mêmes très bien.

  • Eric

    Alors juste avant d'aller parler de ce projet incroyable, l'Académie des Nouveaux Récits, peut-être une question. Vous avez une feuille de route qui est vraiment de donner sa pleine puissance à AD Education pour la société. euh... Est-ce que dans ce contexte-là, l'IA peut être un vent porteur ou est-ce que c'est un vent perturbateur ? Ou même c'est game over pour tout ce qui est éducation, vous voyez ça comme un risque majeur. Vous en êtes où par rapport à cette évaluation ?

  • Martin

    Alors oui, c'est une question qui nous traverse beaucoup. C'est une discussion qu'il y a dans toutes les écoles, tous les campus, toutes les salles de profs, je pense. Comment ça fait évoluer les choses ou que ça les transforme ? Donc évidemment, nous on s'en empare également, on a beaucoup d'éléments, on teste beaucoup, on essaie de travailler avec les enseignants pour se dire comment s'approprier ces sujets. C'est très différent évidemment dans une école d'ingénieurs que dans une école créative, de design, mais ça a quand même des enjeux. des enjeux forts. Donc je ne pense pas qu'elle porte quelque part notre feuille de route parce qu'en fait ça donne encore un autre sujet sur lequel il y a vraiment un travail à faire. Il y a aussi essentiellement des leviers à actionner, il y a un plan à mettre en place il y a former les enseignants sur ces problématiques définir le cadre. Donc c'est un sujet qui se prend, mais l'enseignement, on a connu déjà d'autres de ce type, notamment l'arrivée du digital, la PAO dans le domaine du design. Moi je crois en tout cas que ça a des possibilités énormes dans l'enseignement, parce que ça permet de résoudre un problème qui est le problème fondamental depuis la création de l'école, qui est qu'il y a moins de professeurs que d'étudiants, donc on les met dans des classes avec un professeur, avec des étudiants. Parce que si l'IA permettrait, selon comment il utilisait, d'arriver pratiquement à une solution, on aurait un étudiant pour un professeur, et donc une adaptation pour améliorer le résultat. Et on lit beaucoup toutes les évolutions, tous les tests, toutes les expériences qui sont menées, et c'est vrai qu'il y en a qui ont des résultats très flagrants, de pouvoir aider les étudiants à mieux intégrer les notions, à mieux comprendre, de pouvoir redonner une place à l'enseignant qui est un peu différente, qui est aussi dans l'inspiration, le coaching, l'accompagnement.

  • Eric

    La supervision, l'accompagnement.

  • Martin

    Plus que dans la transition du savoir en tant que tel. Je trouve que ça a des possibilités énormes et potentiellement une révolution de l'école. Ensuite, c'est des révolutions qu'il faut prendre avec attention, précaution. Encore une fois, on a beaucoup de jeunes et beaucoup d'enseignants aussi. Il faut bien voir à quel rythme et comment on peut faire évoluer les choses.

  • Eric

    Même sur l'IA, tu es plutôt confiant sur les possibilités de levier, notamment pour s'adapter à chaque étudiant, en ayant cette capacité de s'adapter à chaque étudiant et donc de l'emmener, chaque étudiant, le plus haut possible. Alors on va parler de ce projet qui nous tient très à cœur dans la CEC, donc l'Académie des nouveaux récits, qui a été présentée en clôture du parcours des nouveaux imaginaires, qui embarque plusieurs... participants. Donc c'est un projet de coopération. Est-ce que tu peux nous décrire ce projet ?

  • Martin

    Donc, je vous mentionnais tout à l'heure, on a un immense défi de pouvoir repenser des programmes pour les rendre plus adaptés à l'évolution du monde. Et ça, ça va passer par un travail avec les enseignants. Or, on manque de moyens et de ressources. Donc, l'Académie des nouveaux récits, c'est donc ce projet coopératif issu de la CEC, et qui a permis comme ça de fédérer tous ces dirigeants, tous ces accueils de la CEC, nouveaux imaginaires qui ont dit « Moi, je veux bien contribuer. Vous donnez des cas d'usage. Vous donnez des exemples concrets qu'on a avec nos clients. De vous mettre à disposition tous ces éléments pour pouvoir former vos enseignants" et d'avoir comme ça une plateforme ouverte où on va pouvoir, peu à peu, changer, adapter les programmes et les contenus de chaque cours. Donc, ça prend les formes d'une formation, une sorte de mini-CEC pour les enseignants aussi, pour pouvoir les sensibiliser s'ils ne le sont pas. Et puis, par une sorte de rendez-vous où physiquement on pourra échanger ces pratiques-là entre des professionnels et des enseignants pour voir comment alimenter, nourrir ces projets. On a eu un très grand accueil et très positif justement des participants de la CEC qui veulent contribuer pour beaucoup.

  • Eric

    Par exemple des groupes de communication comme Publicis par exemple ?

  • Martin

    Exactement, Publicis, et on les remercie, c'est mis comme partenaire de cette académie des nouveaux récits et c'est formidable de pouvoir jouer sur le... la force du groupe Publicis aussi pour pouvoir alimenter en matériaux pour nos enseignants. Et puis au-delà, évidemment, et c'est l'une des ambitions qu'on a avec cette feuille de route, c'est d'être pionnier, de pouvoir inspirer au-delà des écoles, du groupe AD Education, le système d'enseignement supérieur. Et donc cette plateforme a la vocation après à pouvoir se diffuser pour que ce ne soit pas que la prérogative d'AD Education, mais qu'on puisse aussi l'ouvrir pour... donner la possibilité à d'autres écoles, d'autres groupes, d'avoir cette matière pour former les étudiants. Donc c'est à la fois, ça nourrit, c'est un projet très collaboratif et coopératif au sein de la CEC, Nouveaux imaginaires, on est ravis de continuer à faire vivre ce collectif. C'est un de nos leviers de redirection côté AD Education, et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur.

  • Eric

    En tout cas, nous, la CEC, on veut bien apporter à l'Académie des Nouveaux Récits, pour les écoles de management, tous les cas, les plus de 1000 feuilles de route d'entreprise qui ont fait la CEC, et tous les épisodes de Cap Regen aussi, où on décrit des transformations. Donc effectivement, il y a beaucoup de matière, et on sait que c'est par ces nouveaux récits qu'on va inspirer ceux qui ne sont pas encore embarqués pour aller vers ce nouveau paradigme et cette nouvelle notion de réussite que tu mentionnais tout à l'heure. On va doucement vers la fin de notre échange. Comment tu te sens, là, quelques mois après le parcours CEC, toi, très personnellement ?

  • Martin

    Je me sens enrichi de ces parcours et encore une fois... J'y allais en me disant, bon voilà, je sais à quoi m'attendre, et en fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Donc enrichi de ça, enrichi aussi des gens que j'ai pu rencontrer, avec lesquels on a créé un vrai groupe, et un groupe aussi de soutien, d'entraide. Je n'aime pas le mot aligner parce qu'il est beaucoup utilisé, mais je me sens assez serein maintenant par rapport à la mission qu'on a pu donner au groupe, et comment porter cette vision-là. Et ravi de pouvoir... Voilà, la partager, entraîner, pouvoir aider la CEC, pouvoir contribuer par ce podcast ou par d'autres choses à faire valoir un peu notre vision et à continuer de la porter. J'espère aussi que ça pourra donner envie, un nouveau parcours CEC se lance bientôt sur les mondes académiques, qui va réunir des écoles, des universités, des labos de recherche. Et je pense que c'est clé qu'on arrive à vraiment avoir cet impact sur la jeunesse collectivement aussi. Et donc très... Serein et content de pouvoir prendre ma part complètement, pleinement, comme tu l'as dit tout à l'heure.

  • Eric

    Et justement, peut-être une dernière question pour toi. Justement, tu as accepté de t'impliquer sur la réussite de ce parcours dédié au monde académique, donc la CEC du monde académique, où on invite toutes les institutions, les écoles, les labos de recherche à venir finalement procurer une bascule systémique du monde de l'éducation, un peu comme ce que tu incarnes. Finalement, quel serait ton message à quelqu'un, justement un ou une directeur générale d'établissement, pour se lancer dans ce parcours ?

  • Martin

    Premièrement, je les encouragerais à vivre cette expérience à titre personnel, qui est encore une fois riche, perturbante parfois, mais très féconde. Et puis, je leur dirais que c'est une opportunité de créer un lien différent avec leurs enseignants, leurs enseignants-chercheurs ou labos de recherche, et puis leurs étudiants. Et apporter un petit supplément d'âme à quelque chose qui parfois devient assez froid, qui est juste la transmission de savoir. Donc il y a ça à aller chercher, ce petit supplément d'âme, qui à mon avis peut faire la différence aussi pour les étudiants, mais pour tous les collaborateurs et les enseignants, et notamment enseignants-chercheurs.

  • Eric

    Alors on va rester sur cette idée du petit supplément d'âme, ce grand supplément d'âme. Merci pour l'avoir donné dans cette conversation. Moi aussi la phrase que j'ai notée, qui m'a marqué, c'est réinventer la notion de réussite. Merci pour tout ce que tu nous as partagé. Je voulais te remercier pour ton courage, le courage de t'être lancé dans le parcours, pour l'authenticité de ce qu'on vient de se dire, et aussi pour le pragmatisme, parce qu'il y a plein d'actions hyper concrètes que tu as lancées suite à la CEC. Donc voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen. Merci Martin.

  • Martin

    Merci Eric.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

Description

Comment l'enseignement supérieur peut-il préparer la jeunesse au monde qui l’attend ?

Acquérir des compétences, obtenir un bon emploi et un bon salaire à la sortie restent importants, bien sûr, mais est-ce suffisant ?

Comment réussir ce moment charnière et transformer un jeune adulte en un citoyen conscient, responsable et engagé ?


Dans cet épisode, découvrez Martin Coriat, CEO France d’AD Education, qui nous partage sa vision : former uniquement à l’employabilité n’est plus suffisant ; la mission des écoles est aussi d’éveiller la conscience, le sens et la responsabilité de leurs étudiants.


AD Education souhaite réinventer la notion de réussite en y intégrant l’épanouissement, l’engagement et la contribution à un monde soutenable.


Selon Martin, la jeunesse n’est ni résignée ni cynique : elle est « en attente » et prête à agir dès lors qu’on lui offre compréhension, cadre et possibilités concrètes.
Un épisode éclairant sur les jeunes, leurs attentes et la manière de les outiller pour le monde de demain !




Courage, Authenticité, Pragmatisme... C'est le pacte que fait Eric Duverger, fondateur de la CEC, avec un dirigeant en chemin vers le régénératif ou un expert de l’écosystème régénération pour un échange éclairant et réjouissant autour de la transformation des entreprises. Un décryptage sans filtre des nouvelles approches à visée régénérative et un retour d’expérience sur les leviers et les freins à leur mise en œuvre. Compréhension profonde des enjeux environnementaux, transition intérieure du dirigeant, changement de leadership et de gouvernance, reconnexion au vivant de l'entreprise, évolution du modèle économique et de l'offre, monitoring de l’impact... un shoot d’inspiration qui régénèrera votre envie de transition !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Martin

    Donc nous ce qu'on cherche à faire c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite des étudiants se mesure autant par leur employabilité que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants partout de s'engager.

  • Eric

    Bienvenue dans CapRegen, je suis Eric Duverger, le fondateur de la CEC, une association qui existe pour rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Tout le monde en parle de cette nouvelle économie, qui régénère au lieu d'extraire, mais le défi est immense. Dans cette saison 2 de CapRegen, on va élargir les récits pour aborder de nouveaux modèles d'affaires. Pour approfondir sur le social et sur la biodiversité. Bref, plus de régénération. Avec CapRegen, nous donnons la parole à des dirigeants engagés au cœur de l'action. Bonjour Martin. Bonjour. Alors Martin, je te propose de faire un pacte. Ce pacte, il tient en trois mots. Courage, parce qu'il en faut du courage pour s'embarquer dans l'aventure de la régénération. Authenticité, l'authenticité de notre échange. Et pragmatisme, on va essayer d'être le plus concret possible et de donner des exemples pour voir à quoi ressemble cette nouvelle économie. Alors les trois initiales de courage, authenticité et pragmatisme, ça fait CAP. Alors Martin, CAP ou pas CAP ?

  • Martin

    CAP Eric.

  • Eric

    Alors on se lance. Tu es passé par les bancs d'HEC et de l'INSEAD. Tu as fait toute une partie de ta carrière dans le monde des comparateurs d'assurance et de produits financiers. Tu as connu le monde des créations de boîtes, de la forte croissance et de la transformation digitale. Tu as été notamment le fondateur et le DG de Le Linx. Tu as été aussi CEO d'un grand site de comparaison de produits financiers en Angleterre. Tu as basculé dans le monde de l'éducation en 2019 avec Wizzbe. Et tu as pris la direction générale du groupe AD Education en 2020. Il se trouve aussi que tu as fait le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires en 2024. Merci d'être avec nous, Martin. Alors pour démarrer, une petite question sur le lieu de nature où tu aimes te ressourcer.

  • Martin

    Merci Eric et merci de cette présentation. Moi le lieu de nature qui me touche particulièrement, il est en forêt de Fontainebleau, qui est une forêt que je trouve incroyable près de Paris. J'ai la chance d'habiter dans le sud de Paris, donc c'est vraiment très proche, et qui est un lieu où je me ressource assez régulièrement, parce que c'est vraiment une mer verte et un bois très beau et très diver, entre rochers, pins et sable. C'est un lieu où j'aime m'échapper de la ville et de ses tumultes.

  • Eric

    Est-ce que tu peux nous présenter ton groupe, AD Education, en quelques mots, en quelques chiffres ?

  • Martin

    AD Education, c'est un groupe d'enseignement supérieur, qui accueille des étudiants post-bac pour la majorité, et qui les forme à une multitude de métiers. On a 23 écoles dans le groupe, et on forme au total un peu plus de 42 000 étudiants. Donc on a à peu près 70 campus dans toute l'Europe et on forme des métiers très divers, à la fois des métiers créatifs que sont les métiers du design, de la communication, du digital, de la création de parfums par exemple également, mais aussi des métiers plus généralistes avec des écoles de commerce, d'ingénieurs aussi, donc très tournées sur l'innovation et la tech, et des écoles de start-up, de digital, d'éveil en développement digitaux. Donc une grande multitude de types d'enseignements, mais toujours avec des jeunes qu'on forme en les prenant pas forcément à la sortie du lycée, et puis qu'on va amener vers l'emploi, et vers l'emploi qui correspond à leur passion. C'est ce qu'on va essayer de faire tout au long de ces cursus. Le groupe existe depuis 2009, mais les écoles sont bien plus anciennes, on a des écoles qui sont centenaires, et qui sont toutes des références un peu dans leur domaine. Dans le domaine du son et de la musique par exemple, dans le domaine de la publicité, dans le domaine de l'ingénierie, c'est vraiment des références. Par exemple, dans la communication, c'est l'école supérieure de publicité qui est la plus vieille école de communication de France, dont on va bientôt fêter le centenaire. Dans le domaine du son et de la musique et du cinéma, par exemple, c'est la SAE. La SAE, c'est le plus grand nom de formation sur tous les métiers d'ingénieur du son, de sonorisation, musique. On a la chance d'avoir des... des diplômés qui ont reçu des Grammy Awards, des Tony Awards, des Emmy Awards, et c'est une grande fierté.

  • Eric

    Est-ce que le trait d'union, le fil rouge de AD Education, c'est justement d'essayer... d'être ceux qui font les passeurs entre la passion d'un jeune et son métier, en fait, sa vocation professionnelle.

  • Martin

    Il faut toujours trouver des traits d'union, d'expliquer pourquoi le groupe a une cohérence. Il l'a dans la notion de qualité, d'excellence académique que je mentionnais, dans l'importance des marques et des écoles qui ont leur stratégie de développement, leur positionnement. Mais il vient aussi de ces petites choses qui font que tous les étudiants des écoles du groupe AD Education reçoivent quand même certains éléments dans leur parcours, des éléments qui les mettent en responsabilité par rapport à tout ce qui est les changements du monde, les changements climatiques, les changements sociaux, et puis également comment on arrive à les former vraiment d'une manière très professionnelle pour qu'ils puissent s'insérer et être compétents, mais surtout heureux, dans leur carrière qui commence après l'école.

  • Eric

    On sent déjà la passion chez toi pour le monde de l'éducation. Est-ce que tu peux nous dire peut-être ce déclencheur de ta bascule dans ta carrière à toi, puisque tu déployais ton talent plutôt dans le monde de la finance ou de l'assurance ? Comment tu es tombé dans le monde de l'éducation ?

  • Martin

    C'est toujours des hasards et premièrement des passions. Alors familial, il se trouve que j'ai une famille où il y a beaucoup de professeurs, et de professeurs d'université ou d'école, mais au-delà de ça, c'est vrai que j'étais arrivé à un moment où, de ma carrière et de ma vie ou je me suis dit sur quoi on veut passer son énergie et son temps. Est-ce que c'est sur compter un taux de clic sur une publicité en ligne ? Est-ce que c'est de savoir combien de ventes ont été faites hier ? Ou est-ce que c'est aussi de réfléchir dans un projet plus large à quel impact on peut avoir ? Comment changer le monde et pas seulement le faire à titre personnel ? Il se trouve qu'à titre personnel, ça fait longtemps que je suis assez engagé sur des domaines liés à l'écologie, que j'essaie de faire attention, que j'ai tout le prototype du bon bobo parisien. Mais après, je me dis, comment on peut faire plus ? Et dans quel domaine ça peut vraiment avoir un sens ? Et transformer le monde et l'éducation en était un. Et on parlera du travail qui a été fait à la CEC, ou grâce au parcours de la CEC, qui nous a permis de réfléchir à ça aussi en tant que groupe, pour vraiment définir une stratégie qui est très liée au sens de notre activité, l'enseignement, à la responsabilité que ça donne pour transformer le monde, et notamment par l'intermédiaire de nos étudiants.

  • Eric

    Donc tu as eu cette responsabilité dans le groupe AD Éducation et tu t'es embarqué en 2024 dans le parcours de la CEC des nouveaux imaginaires. Donc déjà peut-être nous dire pourquoi la CEC, cet appel, et tu étais prêt à donner de ton temps, consacrer de ton temps pour ce sujet. Et peut-être aussi la particularité du parcours des nouveaux imaginaires, aussi pourquoi ça t'a interpellé ?

  • Martin

    En fait, on a été contacté par la CEC par l'intermédiaire de notre école de publicité, l'ESP dont je parlais, en disant, oui, il y a un parcours CEC Nouveaux Imaginaires, voilà le rôle que peuvent avoir les écoles qui forment à ces métiers de la publicité et de la communication, venez contribuer et participer. Et puis, le sujet est remonté, parce que, est-ce qu'on peut, est-ce qu'on doit, etc. J'ai dit, c'est une très bonne opportunité, non pas pour le faire pour une école, mais pour vraiment engager le groupe dans cette démarche de la CEC. La majorité, aujourd'hui, du groupe est vraiment sur le domaine de la création au sens large, donc bâti des imaginaires. Que ce soit par le son ou la musique avec SAE, que ce soit par la communication avec l'ESP, que ce soit par des productions graphiques ou de produits avec Condé, etc., ou des films d'animation avec l'ECV, toutes nos écoles, quelque part, produisent du créatif et donc produisent de l'imaginaire. Et donc, on avait notre place. Et donc, moi, j'ai voulu vraiment que ça devienne ce trait d'union dont tu parlais entre tous les étudiants et les écoles du groupe pour se dire, bon ben voilà, on va trouver aussi quelque chose qui est vraiment très commun. Commun dans le sens qui nous lie entre toutes les écoles et tous les étudiants et on a utilisé quelque part la CEC pour nous aider à accoucher de cette stratégie avec le plus de détails possible. C'est pour ça que d'ailleurs à l'inverse de pas mal d'autres acteurs de la CEC où c'est souvent un dirigeant et un Planet Champion qui est plutôt quelqu'un qui va justement mettre en œuvre, j'ai fait la CEC avec Mélanie Vialla qui est la directrice générale adjointe. On était deux dirigeants dans ce parcours. Pour justement pouvoir avoir la force aussi en interne, de pouvoir emmener toute l'organisation et tendre vers ce nouveau cap qui est celui qu'on a vu dans la feuille de route de la CEC.

  • Eric

    On va en parler de ce nouveau cap. On va descendre, en prendre du temps, aller en profondeur pour parler de cette redirection ou du sens qui peut être donné sur ton groupe, AD éducations. Peut-être juste avant, une question un peu personnelle. Qu'est-ce que le parcours CEC a pu venir invoquer ? Ou peut-être faire bouger chez toi, à titre personnel ?

  • Martin

    Comme je le disais, moi j'ai été engagé depuis longtemps à essayer d'avoir des bons comportements, à peu prendre l'avion, à me déplacer à vélo, etc. Enfin, tous les stéréotypes. Et donc j'allais à la CEC assez confiant, presque, en me disant, moi, ça va. Et puis, en plus, en tant que dirigeant de groupe d'enseignement supérieur ou d'éducation, on se dit, bon, on ne produit pas beaucoup de CO2 non plus, donc on y est un peu serein. Et pour autant, la claque a été assez dure. Et en fait, il y a eu trois claques ou trois niveaux différents, et ça a été trois déclics très forts dans la CEC. La première claque, c'était la première session, et comme maintenant les auditeurs peut-être le savent, la première session, c'est celle qui fait le plus mal, parce qu'on se met en face de la réalité des faits. de manière indéniable. Il y a eu le docteur Saeb, je m'en souviens très bien, qui a eu cette phrase totalement naturelle pour elle, qui disait, les enfants aujourd'hui vivront moins bien et moins vieux que nos parents. C'est une certitude. Et c'est vrai qu'un coup ça fait réagir en disant la situation, en première claque, oui la situation est quand même très grave et donc qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est pas juste en allant faire son vélo qu'on va faire quelque chose, donc ça a touché quelque chose de très sensible et très émotionnel sur, on peut pas avoir ça, le savoir, et ne pas faire quelque chose au-delà de juste avoir des bons comportements soi même. Ce qui est néanmoins important. La deuxième claque, elle est venue un peu plus tard, quand on a fait un exercice sur justement les nouveaux imaginaires et les nouveaux récits, pour se dire, en fait, le secteur auquel on forme, la communication, les métiers créatifs, les créations... Ont une vraie responsabilité dans les imaginaires qui sont construits. Quand on a des écoles de cinéma, quel film va être produit ? Tous les imaginaires de la deuxième moitié du XXe siècle sont basés sur beaucoup de productions culturelles, des films, des séries qui ont montré l'American way of life, d'avoir une maison, deux voitures, et ça joue vraiment là-dessus et on pourrait se dire que ce rôle des imaginaires est important. Quand est-ce que demain il y a un Plus belle la vie en co-living ? Quand est-ce qu'on monte des habitudes qui sont différentes ? Donc ça c'est la deuxième claque. Donc c'est ok, en fait on doit faire quelque chose nous-mêmes. Et la troisième claque, elle est venue... On était donc avec des dirigeants du monde de la communication qui étaient quand même assez perturbés aussi parce que c'est des gens qui font des pubs, qui font des pubs pour des compagnies aériennes, qui sont quand même en train de se demander ce qu'on va faire. il se... tourner vers nous pour nous dire comment vous allez former demain, qu'est-ce que vous faites. Et là, ça a invoqué quelque chose qui nous a aussi, collectivement, avec Mélanie, c hamboulé, pour dire, ok, en fait, il faut qu'on mette ça au cœur de ce qu'on veut faire. Et donc, c'est là d'où est née cette feuille de route, de ces claques successives qu'on s'est prises et qui m'ont touché émotionnellement à plusieurs niveaux. On ne peut pas juste avoir la bonne conscience de dire, non, mais nous, on est dans un secteur qui ne produit pas beaucoup de CO2, donc ce n'est pas le problème. La réalité, c'est qu'on a 42 000 étudiants dans nos campus et qu'on a une responsabilité sur qu'est-ce qu'on leur apprend, dans quel monde on les prépare à vivre. On avait cette intuition que les métiers pouvaient vraiment avoir un impact sur les nouveaux imaginaires, mais on est passé d'un état de conscience à un état d'urgence. Maintenant, il faut qu'on soit dans l'action. Et depuis la CEC, beaucoup de chantiers se sont mis en œuvre en disant maintenant on ne peut plus juste... Faire comme si, il faut qu'il y ait des changements très tangibles dans comment on assume notre rôle d'éducation à des jeunes qui ont entre eux la plupart du temps 18 et 25 ans. Et qui ne sait pas seulement leur donner des compétences pour que demain ils soient des bons professionnels. Ça, on doit le faire évidemment, mais c'est leur donner un sens et s'assurer qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas seulement s'adapter au monde, mais qu'ils doivent transformer le monde.

  • Eric

    C'est intéressant parce que c'est vrai que souvent... dans le podcast Capregen, on entend parler de la claque, mais là, tu nous parles de la triple claque. Donc, ça va nous emmener encore plus loin. Est-ce que tu peux nous dire, peut-être, en grand résumé, puis ensuite on va descendre, on va zoomer, mais c'est quoi les idées fortes qu'il y a dans cette feuille de route ?

  • Martin

    L'idée forte sur laquelle on est arrivé, donc je vais essayer de la dire le plus naturellement possible, mais c'est évidemment le fruit de beaucoup d'itérations, de travaux et de challenges aussi que la CEC offre avec des pairs. Et donc, qui a été travaillé, c'est de dire en fait, quel est l'objectif qu'on poursuit dans l'enseignement supérieur ? Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? Aujourd'hui, la plupart des écoles cherchent à transmettre des savoirs ou des compétences professionnelles et quelque part à rendre les étudiants prêts à l'emploi. Je le mets entre guillemets. Et en fait, tout notre écosystème de l'enseignement supérieur est basé là-dessus. C'est-à-dire les critères pour savoir si une formation est de qualité, ça va être globalement quel est le salaire à la sortie, et quel est le type de contrat, en gros pour le faire simple. En sortant d'école, si après 5 ans d'études, les étudiants ont dans les 3 mois qui suivent, ou les 6 mois qui suivent le diplôme, un CDI à 40 000 euros par an, super, on a une bonne formation. Si après trois ans, ils ont un CDI à 30 000 euros, super. Et donc, c'est ça qu'on nomme, dans notre secteur, la réussite de nos étudiants. C'est une vision qui est quand même extrêmement étroite. Et c'est une vision qui ne correspond plus, je pense, aussi à la société d'aujourd'hui. J'ai trois enfants, je ne crois pas qu'ils soient motivés par le salaire à la sortie, de leur école, qu'est-ce qu'ils vont faire? quel métier? mais c'est pas ça qui les motive? Et moi, en tant que parent même, c'est pas ça vraiment qui me motive pour eux. Et puis, pardon, en tant que dirigeant d'un groupe d'enseignement, c'est pas non plus super exaltant de se dire, nous, on est là pour former des jeunes qui vont toucher 40 000 balles à la sortie de l'école. Et donc, ce qu'on cherche à faire, et c'est ça le cœur de notre feuille de route, c'est de réinventer la notion de réussite. Qu'au-delà de se dire, est-ce qu'ils sont engagés dans une carrière professionnelle, est-ce qu'ils sont conscients des réalités du monde, est-ce qu'ils sont engagés, est-ce qu'ils sont engagés dans des associations, dans des mouvements, est-ce qu'ils sont prêts pour le monde à venir, est-ce qu'ils sont prêts à changer le monde, est-ce qu'ils donnent leur sang, ou même globalement, est-ce qu'ils sont heureux ? Question qu'on leur pose quand même rarement. Nous, on passe notre temps à faire des sondages sur les étudiants, et je pense que toutes les écoles font ça, mais on ne leur pose jamais la question, mais est-ce que vous êtes heureux ? Et surtout en sortie de cursus. Et c'est des questions qui doivent motiver, à mon avis, les parents, les jeunes et toutes les écoles. Donc nous, ce qu'on cherche à faire, c'est de devenir le premier groupe européen d'enseignement supérieur qui considère que la réussite... des étudiants se mesurent autant par leur employabilité, leur capacité à trouver un job à la fin de leurs études, que par leur épanouissement, leur contribution à un monde soutenable et désirable. Et c'est ça qu'on a mis au cœur de notre feuille d'hôte.

  • Eric

    Est-ce que tu peux développer un peu cet imaginaire de réussite ?

  • Martin

    Moi, j'aimerais qu'il regarde en tout cas ses études, en ayant vu qu'il avait développé sa curiosité, sa passion, qu'il avait appris évidemment des choses. En fait, c'est pour moi la base d'une école. C'est bien de pouvoir développer des compétences, des façons de faire, des techniques, mais aussi qu'il avait pu retrouver, ou en tout cas bien appréhender, cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir. C'est-à-dire cette conviction que lui-même doit être un élément de transformation du monde. Et qu'il soit dans une entreprise, qu'il soit à son compte, qu'il soit artiste, il a ce qu'il peut et qu'il doit en fait, utiliser cette capacité d'agir, ce pouvoir d'agir pour transformer le monde tel que lui le souhaite. À nous de donner, voilà comment est le monde et voilà comment on peut souhaiter qu'il soit. Il faut faire attention de ne pas être prescripteur. Mais il faut qu'il puisse se dire, OK, en fait, j'ai un rôle et je peux le faire. Et donc après, j'ai une responsabilité. À l'échelle du groupe, c'est ce qu'on a fait dans ce travail avec la CEC, c'est de se dire, oui, oui, on a une responsabilité. Maintenant, on sait qu'on peut le faire et on doit le faire. On doit le faire au maximum. C'est ça, je pense, qu'ils regardent. Et puis parfois, qu'ils soient aussi indulgents à mieux comprendre ça, parce que je trouve que les étudiants sont toujours très exigeants avec leur école. À juste titre, ou leurs professeurs, ou leurs enseignants, il faut les remettre au bon niveau.

  • Eric

    Peut-être une question un peu impertinente par rapport à ce qu'on est en train de se dire, pour challenger un petit peu ça. Est-ce que finalement, en disant qu'au-delà... De un salaire de sortie, il y a cette vocation pour le groupe AD Education de donner du pouvoir d'agir et de l'envie de s'engager pour transformer le monde, la société vers cette jeunesse. Est-ce que finalement on ne plaque pas notre projection, notre envie sur cette jeunesse ? Et est-ce que finalement l'aspiration profonde de beaucoup d'étudiants c'est d'accéder à un certain niveau de vie ? Et finalement, le salaire resterait leur premier objectif. Est-ce que là, on n'est pas en train de leur mettre sur le dos quelque part, quelque chose dont ils n'ont pas absolument envie ?

  • Martin

    Je comprends très bien et c'est une vraie question. Déjà, pour savoir où s'arrête notre responsabilité, ce n'est pas d'endoctriner des jeunes. Et la plupart des enseignants nous empêcheraient de le faire car ils ont une grande conscience de leur rôle et d'être comme ça des passeurs et pas des influenceurs. Et peut-être, en fait, le salaire de sortie va être ce qui va leur importer aux jeunes. Il faut juste leur montrer qu'il y a plus et qu'il y a au-delà. Et nous, on veut s'assurer qu'ils aient ces éléments. Après, ils peuvent choisir de dire, non mais en fait, je m'en fous. C'est une proposition. C'est une proposition qu'on doit leur faire. Mais nous, on va se fixer des objectifs, en fait, là-dessus. Et de se dire, comment on peut mesurer ? Et puis après suivre combien d'étudiants sont arrivés à être heureux, engagés, conscients, tout ce qu'on a dit épanoui au-delà de leurs compétences professionnelles. On n'a pas vocation à devenir des écoles de militants, on n'a pas vocation à créer un diplôme d'écolo, de militant, de zadiste ou que sais-je. On a là à leur dire voilà vos compétences professionnelles et c'est la base encore de notre mission. Voilà comment vous pouvez vous insérer dans la vie active avec toutes les armes, tout ce qu'il faut. Mais en plus, on va s'assurer que vous ayez eu accès à cette connaissance, vous avez pu vous mesurer, vous avez pu vous tester dans cet engagement, vous avez pu être inspiré. Et puis après, évidemment à chacun de faire son boulot. Nous, je pense qu'en faisant ça, on fera bien notre boulot d'école. Après, c'est bien sûr aux jeunes de faire son boulot et ça vie.

  • Eric

    Cette jeunesse. Elle est parfois désemparée, elle est parfois très engagée, elle est parfois en colère, elle est parfois en souffrance aussi. Est-ce que tu peux faire l'exercice de nous la décrire ? Quels seraient les adjectifs peut-être que tu emploierais ? Comment tu en parlerais de cette jeunesse ? C'est un exercice très difficile, mais ça nous permettra de mieux comprendre les leviers de la redirection.

  • Martin

    Évidemment, je dois à l'abord dire que c'est très difficile parce qu'il y a une grande diversité, que dire les jeunes... notamment quand on est un boomer, c'est toujours très généraliste et que chaque jeune a une individualité, une vie et nous on a beaucoup de gens qui sont dans le domaine artistique, dans nos étudiants et donc ils ont en plus leur singularité créative, donc leur vision du monde donc c'est probablement encore plus difficile de la décrire comme ça en quelques mots. Moi j'ai l'impression en tout cas, parce que je peux la voir mais je ne suis pas non plus sociologue dans le domaine mais c'est qu'elle est en attente, elle est en attente de quelque chose Elle est en train de quelque chose qui va la mobiliser, la faire réagir, la confronter, et qu'elle cherche, elle est curieuse, elle se déplace, elle dialogue, elle est dans la relation, et elle attend de mieux comprendre comment fonctionne le monde dans lequel on les projette, et puis eux de savoir ce qu'ils veulent en faire eux-mêmes, mais quelque part... C'est ça la jeunesse, et de tout temps, probablement les jeunes se sont interrogés sur comment s'insérer dans ce monde qu'ils ne comprennent pas forcément qui est le monde d'adultes ou le monde professionnel. Albert Camus disait que chaque génération a la vocation de changer le monde. Se croit vouée à changer le monde. Exactement. Donc je pense qu'elle se croit en tout cas vouée, attendue pour changer le monde, mais qu'elle ne sait pas trop par où commencer. Et c'est pour ça quand je dis elle est en attente elle est en attente de Pas forcément de réponse, je ne sais pas si c'est des conseils, mais des choses qui vont la décider. C'est un peu le sentiment que j'ai.

  • Eric

    Alors ce que disait Camus, c'est à la remise du prix Nobel, chaque génération se croit vouée à changer le monde ou à éviter qu'il ne se défasse. Peut-être, cette génération elle est particulièrement en attente, aussi parce que le monde actuel, on sait qu'il doit changer de paradigme et que le nouveau paradigme n'est pas encore apparu. donc ce que tu dis ça qualifierait chaque génération. Mais là, la jeunesse actuellement, en 2025, elle est peut-être au carré par rapport à ce sentiment-là.

  • Martin

    Mais en tout cas, moi, je ne la vois pas du tout défaitiste, résignée, je m'en foutiste ou quoi que ce soit. Je pense qu'elle est prête à un combat, quelque part. Elle veut savoir lequel, et pourquoi, et comment. Je pense que nous, chez AD éducation, on a beaucoup d'étudiants dans des domaines plus créatifs et donc plutôt un peu plus généralement en marge que... Peut-être des bataillons universitaires ou des écoles de commerce qui sont plus en ligne. C'est peut-être influencé par ça aussi que je réponds.

  • Eric

    Alors on va descendre peut-être justement dans ce qu'on appelle les leviers de redirection. Donc finalement, dans le concret, est-ce que tu peux nous décrire peut-être deux ou trois de ces leviers de redirection pour concrètement faire atterrir cette vision dans vos établissements ?

  • Martin

    Bien sûr, et c'est ça qui a animé aussi la feuille de route, qui n'est pas qu'une aspiration, mais qui se traduit par des exemples très concrets. Je vais les décrire rapidement, et puis peut-être faire un petit update de ce qu'on a mis en place concrètement depuis la CEC et depuis cette feuille de route. Le premier levier de redirection, il est au cœur de notre activité, il est de repenser les programmes pédagogiques. Et ça peut paraître simple de dire on va faire un programme, mais c'est un chantier titanesque, parce que ce n'est pas seulement dire "Si on mettait un cours de développement durable ou d'environnement ou de changement climatique", la plupart des écoles le font aujourd'hui, mais c'est de se dire comment on pense nos programmes pour qu'ils donnent leur juste place en tout cas à cette compréhension des enjeux du monde. Et ça passe par une multitude de cas concrets, de l'intitulé des formations, des volumes horaires et donc des enseignants pour les faire. Et dans tous les programmes, c'est pas juste de créer un programme engagement et environnement.

  • Eric

    Oui, d'ailleurs, et même dans l'éducation supérieure, c'est devenu une contrainte légale d'avoir un minimum de modules justement sur les enjeux climatiques. Mais c'est beaucoup plus que ça, en fait, la transformation que vous devez faire.

  • Martin

    Exactement, c'est vraiment d'aller dans chaque cours et d'interroger comment ils passent aussi ces messages-là. Et c'est pour ça que c'est long et c'est pour ça qu'on s'appuie beaucoup sur les enseignants, notamment, qui doivent être ces vecteurs-là. J'y reviendrai après, mais pour nous aider à ce travail, grâce à la CEC, on a lancé ce qu'on appelle un projet coopératif avec d'autres membres de la CEC pour essayer de travailler ensemble à ce travail-là. Et donc on crée ce qu'on appelle l'Académie des nouveaux récits, qui va être une plateforme à la fois documentaire, à la fois de formation, pour former les enseignants à ces problématiques-là, leur donner des cas concrets, des cas d'usage. leur montrer comment ils peuvent faire passer ces messages, et donc former nos enseignants pour qu'ils puissent former nos étudiants demain, et de la faire le plus ouverte possible.

  • Eric

    On va revenir sur cette Académie des Nouveaux Récits, aussi parce que ça fait partie de votre feuille de route, mais ça fait partie de la feuille de route d'autres participants de la CEC.

  • Martin

    Donc ça c'est le premier point, c'est dans nos programmes, comment on arrive à réintroduire ces sujets-là, presque matière par matière. Le deuxième, et il est très important aussi à mon avis pour embarquer tout le monde, ... C'est de dire, quand on veut réinventer des objectifs de réussite, de se donner des objectifs concrets. Donc, on s'est lancé dans la construction d'un système de mesure de la réussite, qui prend tous ces éléments, pas seulement professionnels, mais également d'engagement, d'intégration, et pour pouvoir interroger nos diplômés et de savoir comment ils se positionnent par rapport à ça. Et donc d'avoir une mesure, de fixer un objectif. d'avoir des plans d'action, tout ce qu'on fait dans l'entreprise pour pouvoir atteindre un objectif.

  • Eric

    Oui, c'est comme la comptabilité en triple capital dans une entreprise. On ne veut mesurer pas que le profit financier, mais aussi de l'extra financier. Et là, quelque part, ce n'est pas que le salaire de sortie, mais c'est de l'extra financier aussi à votre niveau.

  • Martin

    Exactement. Ce qu'on mesurait avant au niveau de la formation, pratiquement la satisfaction des étudiants, quelque chose qu'on mesure, mais on ne faisait plus ça sur nos diplômés pour savoir qu'est-ce qui se passait après. Or, l'impact qu'on a, il n'est pas immédiat, il est dans toute la carrière, ou en tout cas une partie, ou la première partie de la carrière de nos diplômés et de nos étudiants. Donc, on veut développer ce programme, et puis faire des sondages à nos diplômés régulièrement, pour pouvoir se mesurer par rapport à ça. C'est une obligation légale. Six mois après leur diplôme, pour savoir, est-ce qu'ils ont un emploi, combien ils gagnent, etc. C'est pour pouvoir satisfaire les obligations réglementaires. On pourrait très bien leur poser aussi d'autres questions à ce moment-là. s'intéresser à eux de manière plus précise que juste combien tu gagnes et où tu travailles. Et donc, c'est comme ça qu'on veut prendre ce point-là. Et ça me paraît très important parce que d'un coup, on va se dire, OK, on va être le premier groupe. Regardez, X% de nos diplômés sont épanouis après six mois ou après deux ans. Et donc, jouer la dessus. Mais ça me semblait en tout cas très important, après d'avoir réfléchi sur nos formations et nos programmes, d'avoir des mesures concrètes pour le mesurer et d'être encore plus dans le... dans le tangible. Le troisième point, c'est d'être levier de redirection. Il est sur l'exemplarité aussi qu'on doit montrer. Et les liens qu'on doit faire. En tant que groupe, on doit nous offrir à nos collaborateurs, à nos enseignants la possibilité de mécénat de compétences, de formation, d'engagement, pour en montrer par l'exemple aussi les choses. Et puis, pour que nos campus soient aussi des espaces régénératifs ou en tout cas des espaces qui soient exemplaires dans leur prise en compte de l'environnement. Pareil, ça s'est aussi assez compliqué. Chez l'éducation, on n'est pas propriétaire de nos campus, on peut faire des investissements, mais il y a plein de contraintes qui nous obligent et qui rendent les choses plus lentes. Et le dernier point, le levier de redirection que je voudrais aussi mentionner, si on veut promouvoir l'engagement des étudiants, leur capacité à changer le monde, leur capacité d'agir, il faut leur donner cette possibilité-là. Donc il y a tout un travail à faire avec le tissu associatif, le tissu écologique, le tissu de tous ces acteurs de l'écosystème, pour pouvoir faire des partenariats avec eux, pour donner la possibilité à nos étudiants, partout, de s'engager, de goûter, de le reconnaître dans leur parcours académique, et d'avoir des liens avec ça. Et là, très concrètement, on a créé, au cours de l'année 2024. La Fondation AD Education qui agrège comme ça tous ces liens, qui financent également aussi, mais tous ces liens avec des associations, non seulement en termes financiers, pour soutenir certains éléments du monde associatif, mais également pour créer des partenariats avec nos étudiants partout et leur donner la capacité d'avoir un impact aussi sur ce tissu-là.

  • Eric

    Donc une feuille de route... avec trois grands leviers, l'exemplarité sur vos campus, le corps professoral, donc là il y a un enjeu d'embarquement du corps professoral qui est majeur, et puis cette mesure justement et les questions qui sont posées après six mois ou deux ans de carrière. Peut-être pour revenir sur celui qui me semble peut-être le plus gros challenge, qui est celui d'embarquer le corps enseignant. Est-ce que cette remise en question, de proposer des cas qui sont différents, peut-être un paradigme qui est différent, est-ce qu'il y a de la résistance au changement ou est-ce que, vis-à-vis du corps enseignant, tu sens que il y a de l'engouement et que tu commences à avoir de l'attraction de ce côté-là ?

  • Martin

    Moi, j'aime bien voir les verres à moitié plein. On échange avec beaucoup d'enseignants qui nous disent, ah bah oui, ces sujets-là sont des sujets importants, mais dans ma matière, comment vous voulez que ça joue ? ou qui disent qu'on n'a pas vraiment d'éléments. Est-ce que vous connaissez des gens qui peuvent intervenir pour nous aider à former sur ces sujets ? Donc il y a une attente quand même du corps enseignant de moyens. Et c'est ça, l'académie des Nouveaux Récits, c'est une façon de leur donner accès à des choses pour les nourrir. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur a également mis une plateforme en place avec des ressources, une ressourcerie. C'est capital d'embarquer le corps enseignant et de leur donner des moyens. Ça passe par de la formation, ça passe par des ressourceries, etc. C'est capital parce que sinon, on n'arrivera pas à embarquer les étudiants. Et c'est un vrai talent de pouvoir construire des cours de cette façon-là. C'est assez facile de trouver des intervenants qui viennent parler une heure du sujet, partager leur expertise, leur vision, regardez... Mais ce n'est pas comme ça, l'enseignement. L'enseignement, c'est des choses qui sont. sont profondes, répétées, avec une méthode, une axe pédagogique. Et parler une heure d'un sujet, c'est quelque chose. Parler pendant 40 heures de sujet, en faisant une progression pédagogique pour que les étudiants s'en imprègnent, c'en est une autre. Et c'est pour ça que c'est nos enseignants qui doivent prendre en main ce sujet-là, et à nous de les aider là-dessus. Donc pas de résistance, en tout cas pas encore, on va voir comment ça prend, mais plutôt, je pense aussi, une attente, et le faire avec eux, en leur donnant des moyens, plutôt que leur... asséner soit des obligations sans les accompagner dans cette transformation.

  • Eric

    Est-ce que là, tu as un thermomètre pour sentir cet engouement ? Et finalement, ce qu'on rencontre beaucoup à la CEC, c'est des dirigeants qui parfois se sentent trop avancés par rapport à leurs équipes, parfois même en décalage, et qui trouvent de la solitude dans cette transformation.

  • Martin

    Alors on ne le mesure pas, mais l'enseignement n'est pas un secteur comme un autre et c'est un type de métier que les gens ont souvent choisi. Avec une vraie volonté d'avoir un impact positif sur le monde, sur les étudiants. Ils sont, je trouve, et j'ai travaillé comme tu l'as dit dans d'autres secteurs d'activité, très investis, très engagés dans leur mission. Alors, dans leur mission d'enseignement, dans leur mission de transmission, dans leur mission d'accompagnement des étudiants. Et donc, je ne mesure pas, je ne sais pas si c'est nécessaire, tellement moi je ne vois que des gens qui sont... tendue vers la responsabilité qu'elle a leur envers ses étudiants et le moyen qu'on veuut leur donner pour y arriver. Et donc je ne vois pas comment les enseignants pourraient ne pas accompagner ces changements du monde qu'ils perçoivent eux-mêmes très bien.

  • Eric

    Alors juste avant d'aller parler de ce projet incroyable, l'Académie des Nouveaux Récits, peut-être une question. Vous avez une feuille de route qui est vraiment de donner sa pleine puissance à AD Education pour la société. euh... Est-ce que dans ce contexte-là, l'IA peut être un vent porteur ou est-ce que c'est un vent perturbateur ? Ou même c'est game over pour tout ce qui est éducation, vous voyez ça comme un risque majeur. Vous en êtes où par rapport à cette évaluation ?

  • Martin

    Alors oui, c'est une question qui nous traverse beaucoup. C'est une discussion qu'il y a dans toutes les écoles, tous les campus, toutes les salles de profs, je pense. Comment ça fait évoluer les choses ou que ça les transforme ? Donc évidemment, nous on s'en empare également, on a beaucoup d'éléments, on teste beaucoup, on essaie de travailler avec les enseignants pour se dire comment s'approprier ces sujets. C'est très différent évidemment dans une école d'ingénieurs que dans une école créative, de design, mais ça a quand même des enjeux. des enjeux forts. Donc je ne pense pas qu'elle porte quelque part notre feuille de route parce qu'en fait ça donne encore un autre sujet sur lequel il y a vraiment un travail à faire. Il y a aussi essentiellement des leviers à actionner, il y a un plan à mettre en place il y a former les enseignants sur ces problématiques définir le cadre. Donc c'est un sujet qui se prend, mais l'enseignement, on a connu déjà d'autres de ce type, notamment l'arrivée du digital, la PAO dans le domaine du design. Moi je crois en tout cas que ça a des possibilités énormes dans l'enseignement, parce que ça permet de résoudre un problème qui est le problème fondamental depuis la création de l'école, qui est qu'il y a moins de professeurs que d'étudiants, donc on les met dans des classes avec un professeur, avec des étudiants. Parce que si l'IA permettrait, selon comment il utilisait, d'arriver pratiquement à une solution, on aurait un étudiant pour un professeur, et donc une adaptation pour améliorer le résultat. Et on lit beaucoup toutes les évolutions, tous les tests, toutes les expériences qui sont menées, et c'est vrai qu'il y en a qui ont des résultats très flagrants, de pouvoir aider les étudiants à mieux intégrer les notions, à mieux comprendre, de pouvoir redonner une place à l'enseignant qui est un peu différente, qui est aussi dans l'inspiration, le coaching, l'accompagnement.

  • Eric

    La supervision, l'accompagnement.

  • Martin

    Plus que dans la transition du savoir en tant que tel. Je trouve que ça a des possibilités énormes et potentiellement une révolution de l'école. Ensuite, c'est des révolutions qu'il faut prendre avec attention, précaution. Encore une fois, on a beaucoup de jeunes et beaucoup d'enseignants aussi. Il faut bien voir à quel rythme et comment on peut faire évoluer les choses.

  • Eric

    Même sur l'IA, tu es plutôt confiant sur les possibilités de levier, notamment pour s'adapter à chaque étudiant, en ayant cette capacité de s'adapter à chaque étudiant et donc de l'emmener, chaque étudiant, le plus haut possible. Alors on va parler de ce projet qui nous tient très à cœur dans la CEC, donc l'Académie des nouveaux récits, qui a été présentée en clôture du parcours des nouveaux imaginaires, qui embarque plusieurs... participants. Donc c'est un projet de coopération. Est-ce que tu peux nous décrire ce projet ?

  • Martin

    Donc, je vous mentionnais tout à l'heure, on a un immense défi de pouvoir repenser des programmes pour les rendre plus adaptés à l'évolution du monde. Et ça, ça va passer par un travail avec les enseignants. Or, on manque de moyens et de ressources. Donc, l'Académie des nouveaux récits, c'est donc ce projet coopératif issu de la CEC, et qui a permis comme ça de fédérer tous ces dirigeants, tous ces accueils de la CEC, nouveaux imaginaires qui ont dit « Moi, je veux bien contribuer. Vous donnez des cas d'usage. Vous donnez des exemples concrets qu'on a avec nos clients. De vous mettre à disposition tous ces éléments pour pouvoir former vos enseignants" et d'avoir comme ça une plateforme ouverte où on va pouvoir, peu à peu, changer, adapter les programmes et les contenus de chaque cours. Donc, ça prend les formes d'une formation, une sorte de mini-CEC pour les enseignants aussi, pour pouvoir les sensibiliser s'ils ne le sont pas. Et puis, par une sorte de rendez-vous où physiquement on pourra échanger ces pratiques-là entre des professionnels et des enseignants pour voir comment alimenter, nourrir ces projets. On a eu un très grand accueil et très positif justement des participants de la CEC qui veulent contribuer pour beaucoup.

  • Eric

    Par exemple des groupes de communication comme Publicis par exemple ?

  • Martin

    Exactement, Publicis, et on les remercie, c'est mis comme partenaire de cette académie des nouveaux récits et c'est formidable de pouvoir jouer sur le... la force du groupe Publicis aussi pour pouvoir alimenter en matériaux pour nos enseignants. Et puis au-delà, évidemment, et c'est l'une des ambitions qu'on a avec cette feuille de route, c'est d'être pionnier, de pouvoir inspirer au-delà des écoles, du groupe AD Education, le système d'enseignement supérieur. Et donc cette plateforme a la vocation après à pouvoir se diffuser pour que ce ne soit pas que la prérogative d'AD Education, mais qu'on puisse aussi l'ouvrir pour... donner la possibilité à d'autres écoles, d'autres groupes, d'avoir cette matière pour former les étudiants. Donc c'est à la fois, ça nourrit, c'est un projet très collaboratif et coopératif au sein de la CEC, Nouveaux imaginaires, on est ravis de continuer à faire vivre ce collectif. C'est un de nos leviers de redirection côté AD Education, et puis c'est aussi notre effort de mobilisation de l'écosystème pour essayer de faire advenir ce monde plus désirable avec tous les acteurs de l'enseignement supérieur.

  • Eric

    En tout cas, nous, la CEC, on veut bien apporter à l'Académie des Nouveaux Récits, pour les écoles de management, tous les cas, les plus de 1000 feuilles de route d'entreprise qui ont fait la CEC, et tous les épisodes de Cap Regen aussi, où on décrit des transformations. Donc effectivement, il y a beaucoup de matière, et on sait que c'est par ces nouveaux récits qu'on va inspirer ceux qui ne sont pas encore embarqués pour aller vers ce nouveau paradigme et cette nouvelle notion de réussite que tu mentionnais tout à l'heure. On va doucement vers la fin de notre échange. Comment tu te sens, là, quelques mois après le parcours CEC, toi, très personnellement ?

  • Martin

    Je me sens enrichi de ces parcours et encore une fois... J'y allais en me disant, bon voilà, je sais à quoi m'attendre, et en fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Donc enrichi de ça, enrichi aussi des gens que j'ai pu rencontrer, avec lesquels on a créé un vrai groupe, et un groupe aussi de soutien, d'entraide. Je n'aime pas le mot aligner parce qu'il est beaucoup utilisé, mais je me sens assez serein maintenant par rapport à la mission qu'on a pu donner au groupe, et comment porter cette vision-là. Et ravi de pouvoir... Voilà, la partager, entraîner, pouvoir aider la CEC, pouvoir contribuer par ce podcast ou par d'autres choses à faire valoir un peu notre vision et à continuer de la porter. J'espère aussi que ça pourra donner envie, un nouveau parcours CEC se lance bientôt sur les mondes académiques, qui va réunir des écoles, des universités, des labos de recherche. Et je pense que c'est clé qu'on arrive à vraiment avoir cet impact sur la jeunesse collectivement aussi. Et donc très... Serein et content de pouvoir prendre ma part complètement, pleinement, comme tu l'as dit tout à l'heure.

  • Eric

    Et justement, peut-être une dernière question pour toi. Justement, tu as accepté de t'impliquer sur la réussite de ce parcours dédié au monde académique, donc la CEC du monde académique, où on invite toutes les institutions, les écoles, les labos de recherche à venir finalement procurer une bascule systémique du monde de l'éducation, un peu comme ce que tu incarnes. Finalement, quel serait ton message à quelqu'un, justement un ou une directeur générale d'établissement, pour se lancer dans ce parcours ?

  • Martin

    Premièrement, je les encouragerais à vivre cette expérience à titre personnel, qui est encore une fois riche, perturbante parfois, mais très féconde. Et puis, je leur dirais que c'est une opportunité de créer un lien différent avec leurs enseignants, leurs enseignants-chercheurs ou labos de recherche, et puis leurs étudiants. Et apporter un petit supplément d'âme à quelque chose qui parfois devient assez froid, qui est juste la transmission de savoir. Donc il y a ça à aller chercher, ce petit supplément d'âme, qui à mon avis peut faire la différence aussi pour les étudiants, mais pour tous les collaborateurs et les enseignants, et notamment enseignants-chercheurs.

  • Eric

    Alors on va rester sur cette idée du petit supplément d'âme, ce grand supplément d'âme. Merci pour l'avoir donné dans cette conversation. Moi aussi la phrase que j'ai notée, qui m'a marqué, c'est réinventer la notion de réussite. Merci pour tout ce que tu nous as partagé. Je voulais te remercier pour ton courage, le courage de t'être lancé dans le parcours, pour l'authenticité de ce qu'on vient de se dire, et aussi pour le pragmatisme, parce qu'il y a plein d'actions hyper concrètes que tu as lancées suite à la CEC. Donc voilà, courage, authenticité, pragmatisme, en route pour le Cap Regen. Merci Martin.

  • Martin

    Merci Eric.

  • Eric

    J'espère que cet épisode vous a inspiré. Si c'est le cas, vous pouvez nous aider en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute et en partageant l'épisode autour de vous. Vous contribuerez ainsi à rendre irrésistible la bascule vers l'économie régénérative. Merci.

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