- Speaker #0
Bienvenue sur Carrière de parent, le podcast qui décomplexe la parentalité dans le monde de l'entreprise. Je suis Delphine et j'accompagne au quotidien les services de ressources humaines et les dirigeants dans la réussite de leurs projets parentalité pour leurs salariés. Dans chaque épisode, nous explorerons comment profiter au mieux de votre vie familiale et de votre vie professionnelle. Nous verrons ensemble toutes les solutions qui s'offrent à vous pour faciliter votre quotidien et vous permettre d'atteindre vos objectifs pros et persos. Pour cela, un jeudi sur deux. Je vais partager avec vous des astuces et bonnes pratiques et vous présenter des personnalités ou parcours inspirants. Mais avant toute chose, mettez le podcast dans vos favoris pour ne rater aucun épisode. Je vous souhaite une belle écoute.
- Speaker #1
Bonjour à tous, bienvenue sur ce nouvel épisode de Carrière de Parent. Aujourd'hui, je retrouve de nouveau Charlotte Boujassi. Bonjour Charlotte.
- Speaker #2
Bonjour Delphine.
- Speaker #1
Ravi de te retrouver aujourd'hui on va parler d'un sujet qui intéresse particulièrement les jeunes parents qui est travailler son personal branding en entreprise quand on est parent parce qu'on sait que quand on est parent on commence déjà à avoir la pire réputation dans l'entreprise donc voilà je trouvais ça intéressant qu'on échange un petit peu à ce sujet là donc déjà dans un premier temps je vais juste te redemander de te représenter rapidement puisqu'on s'est déjà vu mais peut-être que pas tout le monde n'a écouté le premier épisode
- Speaker #2
Parfait. Alors, je suis Charlotte Bougeci. Je suis née et j'ai grandi à Strasbourg. Je vis maintenant depuis à peu près dix ans, un peu plus de dix ans à Munich avec mes deux filles et mes deux chats. Et je travaille dans une grande entreprise japonaise pharmaceutique où je suis en charge du talent et développement pour l'Europe.
- Speaker #1
Super, merci Charlotte. Charlotte, alors qu'est-ce que c'est le plus gros problème des parents en entreprise ? Pourquoi est-ce qu'on se pose cette question aujourd'hui ?
- Speaker #2
Je pense que c'est le temps, parce que tout simplement, quand on arrive à 8h30, 9h au travail, on a déjà une journée derrière soi, qu'on anticipe la journée qu'on aura après les tâches qu'on doit faire pour simplement gagner son salaire, on ne parle même pas de carrière à ce moment-là, et qu'arrive après le tunnel du soir, et que si tout se passe bien, qu'il n'y a aucun enfant qu'on doit chercher en urgence pour une raison que ce soit, et que tout se passe comme prévu au travail, comme on l'avait organisé la veille ou dimanche soir pour sa semaine, rien que comme ça, c'est quand même un peu compliqué, non ? Quel humain pourrait le faire ?
- Speaker #1
Oui, c'est vrai qu'entre le raz-de-marée du matin, les retards, les chaussures qui ne s'attachent pas assez vite alors qu'on est déjà en retard, la porte de l'école passée in extremis avant qu'on ne la claque sur le nez et derrière, on doit enchaîner avec les transports, la journée de travail. on revient, le bain, les devoirs, le repas, le coucher, les règles. Les parents sont un petit peu fatigués. Ils ne sont peut-être pas aussi productifs qu'avant. Enfin, c'est l'impression qu'ils en ont. Et ils passent leur temps à culpabiliser quand ils sont à la maison de ne pas assez travailler et quand ils travaillent de ne pas être assez avec leurs enfants. C'est quelque chose que tu as vécu, toi ?
- Speaker #2
Oui et non. Alors, je pense que la culpabilité, on l'a tous un peu. Après, vraiment, j'ai appris à la gérer assez tôt parce que j'ai eu mes enfants, comme je le disais dans le premier épisode, assez jeunes pour aujourd'hui, à 26 et 30 ans. Donc en fait, moi, j'ai toujours dû gérer le travail et les enfants. Et en fait, je pense que c'est souvent dans la tête et certainement dans l'attitude de manager assez peu bienveillant. Mais je crois que dans les quelques parents managers que j'ai autour de moi, ils ne sont pas nombreux parce qu'en Allemagne, malheureusement, il y a beaucoup de gens qui... arrêtent de travailler, ou de femmes qui arrêtent de travailler après avoir des enfants, ou qui font le choix de ne pas avoir d'enfants, alors quand c'est un vrai choix, ce n'est pas du tout un problème. Mais c'est vrai qu'il y a très peu de parents qui travaillent autour de moi. Ceux qui le sont savent très bien qu'au contraire, on est beaucoup plus productif.
- Speaker #1
Je suis bien d'accord avec toi.
- Speaker #2
Mais je crois qu'en tant que parent, on anticipe le fait qu'on va être jugé.
- Speaker #1
Oui, je pense qu'il y a beaucoup de jugements, de stéréotypes. Justement, comment est-ce qu'on peut contrebalancer ces stéréotypes-là ? Ça va être tout... l'objet de notre échange. Finalement, est-ce que c'est cette mauvaise réputation ou est-ce que c'est les parents qui bloquent eux-mêmes leur évolution ?
- Speaker #2
Je pense que c'est un mélange. Je crois qu'on a tendance à s'auto-limiter, effectivement. Mais je crois qu'on s'auto-limite plus par rapport aux réalités de la vie, en fait. Il y avait un moment, en fait, au début de la trentaine, quand j'avais deux enfants, que je reprenais le travail. Et Dieu sait que j'ai eu ce luxe de pouvoir rester un an et demi à la maison en Allemagne. que moi j'ai énormément apprécié. Quand j'ai repris avec deux enfants à chercher à deux endroits différents, franchement ça a été l'enfer. Enfin c'était l'enfer, non j'étais quand même heureuse, je ne vais pas non plus peindre un portrait trop noir, mais j'avais juste le temps de faire ce pour quoi j'étais payée. Je n'avais pas le temps de... penser à l'étape d'après, j'avais beaucoup moins le temps de faire du réseau, beaucoup moins le temps de participer à des événements de networking. Et ça c'est un peu plus difficile. Après, oui, on peut être dans un environnement plus ou moins bienveillant. Je crois que sur l'ensemble de ma carrière, j'ai eu plutôt de la chance.
- Speaker #1
D'accord, donc avoir un environnement bienveillant, quelque part, c'est un bon terrain pour se dire que finalement le parent va être tenté de se recentrer, d'être productif. Finalement, de faire ce qu'il a à faire, tout en sachant que ça nous apprend aussi à aller à l'essentiel, et finalement c'est une sorte de productivité.
- Speaker #2
Voilà, après moi je pense aussi que quelqu'un qui n'est pas performant et pas organisé avant les enfants, ça sera encore pire après. C'est le problème, c'est les problèmes qu'on n'a pas gérés avant. Maintenant quelqu'un qui arrive à gérer la parentalité, et on voit de plus en plus de papas hyper investis, oui c'est challenging, évidemment. Mais une fois qu'on a réussi à passer, on va dire, le cap des deux, trois premières années, je crois qu'on a appris tellement qu'en fait, on devient un atout. Et je ne veux pas du tout, en disant ça, dire que quand on a des enfants, on est mieux que quand on n'a pas d'enfants. Ce n'est pas du tout le sujet. Mais je vois quand même qu'en termes de gestion du temps et des priorités, j'ai développé une capacité en fait à séparer l'important du non-important à une vitesse que beaucoup d'autres n'ont pas. Et ça, si je n'avais pas eu mes enfants aussi tôt dans ma carrière, je pense que je l'aurais appris sur le tard en faisant beaucoup d'hors-sup. Et là, maintenant, c'est simple. En fait, moi, je veux donner le bain à mon enfant. Alors, c'est sûr qu'il y a beaucoup de personnes, surtout en France, quelques-unes en Allemagne. Mais pourquoi tu n'as pas d'opère ? Pourquoi tu n'as pas de nounou ? Alors, ça se fait beaucoup moins en Allemagne déjà. Même quand on veut en trouver une, on n'en trouve pas. Mais en fait, moi, j'ai toujours voulu donner le bain à mes enfants.
- Speaker #1
Ça, je te comprends parfaitement.
- Speaker #2
C'est juste un exemple. Ce que je veux dire, c'est qu'on me dit, Ah, mais je pourrais payer quelqu'un pour faire les devoirs. Mais moi, en fait, j'ai une limite très simple. Ma fille qui est rentrée, René, qui est rentrée au collège, mon niveau d'allemand a arrêté d'être suffisant. Donc là, je dois déléguer parce que je suis nulle. Non, je ne suis pas nulle, je ne suis pas assez bonne, on va dire. Mais le primaire, je peux le faire et je tiens à le faire parce que j'estime qu'en ayant été moi-même plutôt une bonne élève, je suis mieux à même de voir et de comprendre le système, ce qu'on lui demande et de la suivre pour la préparer au collège avant que mes limites soient atteintes. Après, oui, on peut toujours déléguer, mais moi, c'est... pas le genre de maman que je voulais.
- Speaker #1
Mais c'est marrant parce que quand tu me dis qu'on t'a donné comme conseil de déléguer, quelque part, ça me donne l'impression qu'il faut faire un choix, c'est-à-dire soit je choisis de travailler à 100%, soit je choisis d'élever mes enfants à 100%. Mais j'ai le droit de partir à 16, 17 heures un jour pour aller chercher mon enfant et passer une bonne soirée avec lui, avec elle.
- Speaker #2
Tout à fait. Alors moi, je pense que là où il faut vraiment faire une différence, et moi j'étais très jeune et donc j'avais un niveau de salaire qui était très bas. Je n'avais pas les moyens en fait de payer des aides en plus. Mais moi ce que je dis aux parents qui ont un peu plus de moyens, si vous pouvez payer des aides, payez des aides. Mais réfléchissez à ce pourquoi vous voulez payer des aides. Oui. Pour le repassage, pour faire le ménage, si vous pouvez. Pour peut-être aider à préparer un repas. pour par exemple je sais pas faire le rangement tout ce qui prend du temps sur le temps de qualité qu'on peut passer avec ses enfants si on peut se le permettre mais faites le en fait, c'est génial et c'est un moment qui va vous permettre de rentrer du travail sans être en stress en vous disant maintenant je fais un pause avec mon enfant je lui donne le bain, on le regarde en danger en jouant avec en étant concentré déléguer ce temps où... où en fait on passe du temps de qualité, on crée une relation avec son enfant, mais jamais de la vie. Et c'est vrai qu'avec mon mari, à un moment, on était encore mariés, la question était de savoir est-ce qu'on rentre en France ou pas, parce que lui en tant qu'avocat, ça aurait peut-être été un peu plus facile pour lui de vraiment démarrer une carrière à Paris. Bon, aujourd'hui, ça se débrouille très bien, on a fait les choses autrement, mais à l'époque, je lui disais, fais attention, quand tu étais à Paris, tu rentrais tous les soirs à 8h, 9h, quand tu prenais ton enfant avant de se coucher. Tu avais de la chance. Alors que là, quand même, tous les soirs, tu as au moins une heure, une heure et demie, deux heures avec ton enfant. Tu arrives le week-end, tu n'es pas non plus complètement au bout du rouleau. Qu'est-ce qui est le plus important en fait ? Voilà. Et je pense que ça, chacun doit déterminer. C'est-à-dire qu'il y a des parents qui vont être dans un événement, ils aiment tellement leur travail et ils n'aiment pas finalement ce tunnel du soir qui est quand même un tunnel. Eh bien, il n'y a pas de jugement ni dans un sens ni dans l'autre. Mais pour moi, ce n'était pas une option. Le bain, j'ai toujours voulu le donner, par exemple.
- Speaker #1
Ça, je te comprends parfaitement. Et ce que tu dis, je suis complètement d'accord avec toi. En fait, ce qu'il faut déléguer, c'est les tâches à faible valeur ajoutée. Les temps de qualité avec ton enfant, tu les as si tu as libéré toute ta bande passante pour tout ce qui n'est pas agréable, finalement. Et si tu veux passer du temps de qualité avec tes enfants et être serein et être paisible et oublier cette fameuse culpabilité, En fait, je trouve que c'est un excellent conseil, ce que tu viens de nous dire.
- Speaker #2
Si c'est possible, moi ça n'a pas été possible à l'époque. Par contre, l'avantage, c'est que comme j'avais un travail avec moins de responsabilités, je n'arrivais pas avec la tête chargée comme je l'ai aujourd'hui. Donc, je pense qu'il y a beaucoup de manières de bien faire. Et je pense que quand on fait les choses avec attention, enfin intention, voilà, et en accord avec soi-même, c'est super bien, quelle que soit finalement la solution qu'on trouve, pour peu qu'on ait un employeur un peu compréhensif. Et c'est marrant parce que voilà, sur le côté de faible valeur ajoutée, je pense qu'on y reviendra après, sur comment justement repenser sa carrière et sa manière de gérer son travail si l'on souhaite poursuivre et avoir plus de responsabilités. Et je pense que finalement tout est lié. Je crois que les compétences qu'on acquiert en devenant parent, c'est des compétences finalement qu'on peut vraiment utiliser après dans sa vie professionnelle et pour poursuivre la carrière et pour prendre plus de responsabilités.
- Speaker #1
Alors justement, rentrons vraiment dans le vif du sujet. Justement, rentrons vivement dans le vif du sujet. Charlotte, qu'est-ce que c'est pour toi les trois plus grands conseils que tu peux donner pour contourner ça ?
- Speaker #2
Je pense fondamentalement, et je fais beaucoup de talent management, talent development, j'ai pas mal de... talent programme sur sur notamment pour les jeunes managers ou les contributeurs individuels qui veulent devenir manager ou en fait on les aide à réfléchir sur qu'est ce qui va faire qu'on va les choisir pour un certain poste est en fait une des choses qu'on leur dit et ça s'il faut vraiment l'avoir en tête quand en plus quand les parents et qu'on a un temps de présence en entreprise moindre c'est en fait c'est le relationnel. Il ne s'agit pas de dire c'est de la politique. Et je crois vraiment qu'il faut faire la différence entre la politique qui a une connotation très négative et le management des parties prenantes. Stakeholder management en anglais. J'ai vu la description avant de rentrer dans ce papier parce que c'est un de mes gros sujets. En fait, les gens vont vous promouvoir parce qu'ils voient, ils perçoivent votre valeur ajoutée. Et comment est-ce qu'on perçoit la valeur ajoutée d'une personne ? Ce n'est pas parce que cette personne va faire 120% des tâches qu'on lui demande. C'est parce que cette personne, en plus de faire l'essentiel des tâches qu'on lui demande, je dis bien l'essentiel, pas 120%, pas la good girl, vraiment éviter ce traconnard de la bonne fille du premier rang qui va tout faire comme on lui demande. Non, il faut toujours garder un espace pour la communication. Et la communication, ce n'est pas vendre quelque chose qu'on n'est pas, mais être sûr que les personnes sont au courant de ce qu'on fait de bien et de la valeur que ça apporte. Donc c'est vraiment, premier conseil, privilégier le relationnel aux tâches. Attention, je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut plus faire ses tâches. Mais je dis juste que plutôt que de faire 120% de tâches et 0% de relationnel, puisqu'on finit par abandonner tout ce qui est networking, on finit par diminuer sa pause café, on finit par diminuer son lunch, on finit par ne plus du tout aller aux after work, parfois, il vaut mieux continuer à faire un peu de ça et faire un peu moins de tâches. Donc ça, c'est le premier conseil. Trouver un meilleur équilibre entre tâches et relationnel. Et le deuxième qui est directement lié, C'est apprendre à très vite identifier les tâches qui apportent de la valeur ajoutée, comme quand on est à la maison et qu'on veut déléguer, de celles qui n'apportent pas de valeur ajoutée. Est-ce que revoir une présentation pour la 15e fois, tant que les chiffres sont bons, pour être sûr que tout est absolument aligné et que c'est le bon rouge ou le bon rose du accord pour être communication qu'on utilise dans chaque slide sur 120 slides, c'est utile ? Peut-être pas forcément. Être sûr que les chiffres s'ajoutent, que... Les maths vont bien sur tout ce qu'on veut présenter, oui. Maintenant, le degré de détail, on peut soi-même le déterminer. Et le troisième, le premier, c'est meilleur équilibre entre tâches et relationnels, au profit du relationnel. Deuxième, c'est prioriser les tâches qui ont de la valeur ajoutée, ne pas se perdre dans des détails administratifs. Et troisième, qui apparaît relativement récemment, mais ne pas avoir honte d'utiliser ChatGPT. ou n'importe quel autre outil. Non, mais quel autre outil ? Parce qu'en fait... Les gens se disent Ah, ça va remplacer notre travail. Non, ça va remplacer certaines tâches. Et si tout ce que l'on doit faire en tant que tâche peut être supporté par un outil qui nous aide, il ne s'agit pas de déléguer, attention, tout ce qui est stratégie, tout ce qui est développement de concept. Mais par exemple, écrire un email, y passer une demi-heure pour l'écrire mieux, ou le déléguer à ChangeGPT, c'est ça qui va nous permettre de partir un quart d'heure de plus le soir, c'est ça qui va nous permettre de… prolonger notre lunch d'un quart d'heure ou de passer un peu plus de temps à la pause café parce que c'est dans ces moments qu'on crée du lien, on crée de la confiance et qu'on va donner aux managers qui recrutent l'envie de travailler avec nous. Une fois de plus, essayez pas de vendre une image ou un produit qu'on n'est pas. On n'a pas envie d'être ce vendeur de dictionnaires en porte-à-porte qui vend des choses que les gens n'ont pas envie d'acheter ou n'ont pas besoin d'acheter. Mais on veut être sûr que les managers qui recrutent sachent ce qu'on peut apporter. et ce qu'ils peuvent avoir, ce qu'ils peuvent gagner à nous recruter. Et c'est ça un relationnel efficace et stratégique.
- Speaker #1
Du coup, ce qui me fait penser qu'il y a peut-être un quatrième conseil dans ton troisième conseil, qui est de dire ce qu'on fait bien.
- Speaker #2
Oui, apprendre à communiquer. Et ça, c'est vraiment quelque chose, dans les talent programmes qu'on a, un des modules que les participants apprécient énormément, c'est un module sur le personal branding. Et c'est en fait, c'est identifier finalement les stakeholders, les parties prenantes stratégiques. apprendre à communiquer, apprendre à vraiment se stratégiser. Qu'est-ce que je veux communiquer ? Comment est-ce que je veux que les gens me perçoivent ? Et après, mettre en place des actions en alignement, mais en alignement par rapport à soi même une fois de plus.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #2
Il ne s'agit pas de prétendre que vous êtes le plus grand extraverti du monde si vous êtes totalement introverti. Mais qu'on soit introverti ou qu'on soit extraverti, on a chacun des points positifs. Et il ne faudrait pas finalement laisser la place à celui qui parle le plus fort. Et c'est ce qu'on a tendance à faire, d'autant plus quand on est parent, et qu'on doit choisir ses batailles en fait. Et souvent, la bataille du relationnel et la bataille de la carrière se jouent à ce moment-là. Mais je pense, et je crois que c'était dans les questions dont on avait discuté, en tant que manager, en tant que RH, on a une grosse irresponsabilité ici, parce qu'on sait que c'est à ce moment-là que surtout les femmes décrochent. Les statistiques sont assez terribles. On a vraiment une perte de femmes dans... surtout des femmes, dans ces populations, entre le moment où elles sont senior individual contributeurs et le moment où elles deviennent senior managers exécutifs. Parce qu'en fait, entre la période, on va dire, je caricature, mais entre 25, 35, 38 ans, c'est là où on a tendance à identifier les futurs managers, et c'est juste à ce moment-là que les femmes ont tendance à être absentes pour leur congé maternité. Donc si on ne veut pas perdre ces femmes à ce moment-là, il faut qu'on devienne sacrément plus proactif que ce qu'on est maintenant.
- Speaker #1
Oui, complètement. Ce que tu dis en fait, c'est qu'à partir du moment où un parent est tellement impliqué dans sa parentalité, qu'il est tenté d'abandonner, alors pour tout un ensemble de raisons, il peut y avoir les clichés, les stéréotypes, mais aussi la difficulté qu'on voit à allier le côté pro et le côté perso, et c'est surtout les femmes qui sont touchées. Parce qu'elles abandonnent à ce moment-là, en fait. Quand elles ont leurs compétences, elles ont leur expérience, elles ont des enfants, finalement, la société leur donne l'impression qu'il faut qu'elles fassent un pas de côté. Et en fait, elles abandonnent, elles ne reviennent pas.
- Speaker #2
Mais parce que je pense qu'elles choisissent leur bataille et que leur bataille, à un moment où les enfants sont petits, et je l'ai connu ce moment où moi, j'avais l'impression que ma vie professionnelle était terminée, en fait. Et je l'ai connu ce côté de, bon, en fait, il y a un moment, j'ai un... J'ai un travail qui me convient tout à fait. Ce n'est pas ma passion, mais ça me permet de payer les factures et c'est assez intéressant. J'ai mes enfants qui sont relativement petits. Moi, je parle d'un temps avant Covid. J'ai dû me battre pour avoir un jour de home office à la maison à l'époque. Aujourd'hui, c'est quand même beaucoup plus facile. Mais on parle d'un temps où en fait, on n'avait pas de flexibilité ou très peu de flexibilité. Donc, il y a un moment en fait, face à la fatigue physique de la petite enfance. Je ne sais pas si on abandonne, mais en fait, il y a un moment, on se met en pause parce qu'il faut juste qu'on gère ce tunnel.
- Speaker #1
Oui, complètement.
- Speaker #2
C'est tout.
- Speaker #1
Et ça fait penser aussi qu'il y a aussi un gros travail à faire du côté des stéréotypes qui sont liés aux hommes. Parce que si on permet aux hommes de s'impliquer dans leur parentalité, les femmes auront un peu plus de bande passante et un peu plus d'énergie pour revenir et pour se dire que c'est possible.
- Speaker #2
Moi, je suis. tout à fait en accord avec toi. Alors, je n'ai jamais eu dans mon équipe d'hommes, mais j'ai eu quand même des... quelques collègues hommes qui se font rares en ressources humaines. Mais c'est vrai que de par mon travail, je suis quand même en contact avec différents niveaux de management et différentes fonctions. Et c'est vrai que j'aborde le sujet assez ouvertement, notamment pendant le Covid, où je voyais au bureau pas mal de papas de jeunes enfants. Et je leur dis ça va la maison, l'homeschooling ? Oui, c'est difficile, c'est difficile. Et je les tensais un peu en disant bon, n'oublie pas quelque chose. Quand tu rentres à la maison, ta femme, elle va te donner le bébé. Ne lui dis pas que tu as besoin de 10 minutes pour décompenser. Parce que toi, c'est ton commuting qui t'a permis de décompenser. Donc, à ce moment-là, et dans 10 ans, tu me remercieras parce que vous serez toujours ensemble. Et donc, je l'aborde un peu sur la question de l'humour, mais je pense que c'est quelque chose aussi qu'il faut aborder parce que ce qu'on voit, ça c'est encore un autre sujet, ce que je vois chez mes amis, hommes, trentaine, fin de trentaine, début de quarantaine, C'est aussi une forme d'épuisement parce qu'on a une génération d'hommes qui veulent beaucoup mieux faire, qui n'ont pas de modèle au-dessus d'eux, qui en entreprise, on attend qu'ils fassent la même chose qu'avant. On attend, mais pourquoi finalement tu dois partir plus tôt, tu n'as pas une femme pour s'occuper des enfants. Et eux aussi sont tiraillés en fait. Oui,
- Speaker #1
complètement.
- Speaker #2
C'est pour ça que moi, je focalise sur les parents qui travaillent, tout en étant bien conscient, parce que je l'ai vécu moi-même, de la difficulté. de vivre une grossesse en entreprise quand on est extrêmement fatigué. Moi, j'avais des baisses de tension à répétition. Bon, ce n'était pas très grave, c'était un peu pénible, mais je sais ce que c'est que cet épuisement où j'allais aux toilettes pour pouvoir dormir cinq minutes. Je sais ce que c'est que de se remettre très difficilement dans l'accouchement. Je sais ce que c'est que des nuits pas ouf. Donc, je crois qu'il y a quand même un aspect spécifique à la femme, mais je crois qu'une fois passé les premiers mois, C'est quelque chose qu'il faut aborder dans son ensemble et pas se dire que les hommes, finalement, parce qu'ils ne sont pas enceintes, parce qu'ils ne donnent pas la vie, parce qu'ils n'allèvent pas, pour eux, tout est facile. Non, ça ne l'est pas. Et en fait, moi, j'adore cette nouvelle génération de papa. J'ai notamment mon beau-frère qui est hyper impliqué. Et je crois qu'il faut valoriser les hommes comme les femmes et leur laisser l'espace. Au final, c'est la génération d'après qu'on prépare.
- Speaker #1
Oui, complètement. Et donc, Charlotte ? toi en tant que directrice talent et développement, comment est-ce que tu joues ton rôle pour faire évoluer les talents qui sont parents ?
- Speaker #2
Je crois qu'il faut vraiment qu'on soit plus proactif dans la manière d'identifier et parfois d'aller même chercher les talents. Parce que ça c'est quelque chose que je disais encore récemment, mais que je commence à remettre en cause. On disait toujours, vous êtes, en anglais ils disent dans le driver's seat, c'est vous. les maîtres de votre carrière. Ce qui est vrai, on attend des gens qui veulent prendre des responsabilités, qui prennent des décisions, qui sachent se vendre. Et ce n'est pas faux. Par contre, dans ce moment tellement crucial de la petite enfant, surtout de la petite enfant, de l'arrivée d'un enfant, de l'expansion de la famille, on risque de perdre des parents qui finalement ont choisi leur bataille et sont tellement épuisés que finalement, ils disparaissent du pipeline. Et après, on se dit Ah ben mince, on n'a pas assez de femmes Oui, on n'a pas assez de femmes parce qu'on les a laissées partir. Et ce n'est pas parce qu'il y a eu de la discrimination. Et ça, c'est vraiment quelque chose sur lequel je suis revenue. Je pensais qu'il y avait beaucoup de discrimination. Et il y en a sûrement, la discrimination. Je ne veux pas la nier. Mais je crois qu'il y a un manque d'énergie et d'intentionnalité. Parce qu'on se dit toujours, les gens doivent le faire savoir. Mais si à ce moment-là, où ce jeune papa ou cette jeune maman finalement lâchent l'affaire, et si quelqu'un vient les chercher en disant voilà, on a ce poste peut-on réfléchir ensemble à comment le rendre faisable en considérant ta vie de famille ? Je pense qu'on aura moins de déperdition. Et finalement, notamment concernant les femmes, mais aussi les jeunes papas, un pool de talents et de futurs managers beaucoup plus solides et remplis.
- Speaker #1
Oui, je suis parfaitement alignée avec ce que tu dis. Super ! Dernière question, Charlotte, pour clôturer ces échanges. Si tu devais donner un conseil à la personne que tu étais avant d'avoir tes enfants, qu'est-ce que tu lui dirais ?
- Speaker #2
C'est une question qu'on pose souvent, je la trouve très difficile, parce que... Je pensais m'être énormément informée avant d'avoir des enfants assez tôt. J'ai découvert la vie. Donc ça a été un peu différent. Et je me suis pris quelques murs auxquels je ne m'attendais pas du tout. Je pense que ce que je dirais à cette toute jeune mignonnette de 25 ans qui se lance dans la maternité avec toute l'innocence du monde, je lui dirais qu'elle est beaucoup plus forte que ce qu'elle croit. et que ça va aller. Oui. Ça va le faire. Voilà. Parce que parfois quand même, on doit trouver des ressources en nous. Moi, je n'ai pas rien que de se remettre de l'accouchement, retourner au travail et faire comme si tout allait bien parce qu'on a ce mythe en France de on revient après dix semaines et tout va bien. Peut-être qu'il y en a pour qui tout va bien. Enfin, moi, je peux vous dire, tout n'allait pas du tout bien. Donc, voilà. Et pourtant, ça l'a fait. Et ça l'a fait parce que J'ai continué à chercher des solutions, j'ai jamais lâché l'affaire, mais je comprends que certains lâchent l'affaire. Et j'ai rencontré des gens extraordinaires sur mon parcours. Donc vraiment, on a les ressources parfois qu'on ignore, et après il faut aussi proactivement contacter des gens et identifier les gens qui pourront servir de soutien. Et parfois c'est le manager et parfois c'est pas le manager. Parfois c'est le manager de l'équipe d'à côté, parfois c'est un collègue, parfois c'est un parent, parfois c'est un mentor. mais personne n'est réussi seul. Il faut savoir bien s'entourer et quand ce n'est pas naturellement le cas, aller chercher des soutiens parce qu'il y a finalement beaucoup plus de gens qui sont prêts à aider que ce qu'on croit. Mais les gens parfois pensent que c'est tellement un team qu'ils ne vont pas aller oser demander. Mais si nous, on les approche et qu'on dit Voilà, j'ai des questions. Comment tu as fait ? Comment ça s'est passé pour toi ? En fait, les gens vont répondre la plupart du temps. Enfin, moi, je ne sais pas. Je n'ai jamais eu quelqu'un qui m'a fermé la porte au nez quand j'ai demandé un peu d'aide. Oui,
- Speaker #1
complètement.
- Speaker #2
Mais parfois, on ne sait pas bien demander de l'aide. Je crois que c'est parfois… Ça vient aussi de nous. On peut travailler là-dessus.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Charlotte. Où est-ce qu'on peut te retrouver si on a besoin d'échanger avec toi, justement ?
- Speaker #2
Tout simplement sur LinkedIn. Charlotte Boujassi, il n'y en a qu'une. Et si quelqu'un en trouve une autre, je veux bien que son conseil nous mette en contact.
- Speaker #1
Ce sera le grand mystère de notre série. Merci beaucoup Charlotte, à très bientôt.
- Speaker #2
Merci Delphine. Au revoir.
- Speaker #0
Merci à tous pour votre écoute.
- Speaker #1
Si cet épisode vous a plu,
- Speaker #0
je vous invite à en parler autour de vous, à lui mettre une bonne note sur votre plateforme d'écoute préférée et à suivre le compte Instagram de Carrière de parents. Je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode.
- Speaker #1
Au revoir.