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Cerveau en rodage

#3 Ce que tu crois de toi peut d’handicaper bien plus que tes échecs.

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43min |08/05/2025
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Description

Et si ce qui te freinait vraiment, ce n’était pas tes échecs… mais ce que tu crois de toi-même ?

Dans cet épisode 3 du podcast Cerveau en Rodage, je t’emmène explorer une idée simple : nos croyances sur nous-mêmes façonnent nos états d’esprit, et ces états d’esprit conditionnent profondément la manière dont on se positionne face aux difficultés, aux réussites, aux apprentissages.

On part d’une question envoyée par Nathalie, lassée qu’on lui répète qu’il « suffit d’avoir le bon état d’esprit ». Mais au fond, c’est quoi un bon état d’esprit ? Et surtout, comment ça se construit ?

On parle d’états d’esprit fixes, d’états d’esprit de développement, de ces moments où on se pense “nul” dans un domaine… alors qu’en réalité, on pourrait évoluer. On parle de Jade, 14 ans, qui tombe 40 fois en apprenant le monocycle mais se relève encore, convaincue qu’elle progresse. Et on parle aussi de toi, de ces zones de ta vie où tu te sens bloqué, figé, condamné à l’échec.

Petit à petit, on déconstruit. On questionne. On propose des repères pour changer de lunettes — comme on ajuste la teinte d’un masque de ski — et voir autrement ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu crois.

Pas pour tout chambouler d’un coup. Mais pour choisir, dans un contexte bien précis, de faire évoluer ta perception de toi.

Parce que non, tu n’es pas figé. Tu n’es pas “comme ça pour toujours”.

Et ça, ça change tout.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si comme moi tu as été un champion du monde de l'entraînement, à qui on a souvent répété « fais attention » ou « concentre-toi » , mais que t'as jamais vraiment su ce que ça voulait dire de « se concentrer » ou de « faire attention » , ou si t'es un élève stressé à l'approche d'un examen qui en tant que souvent « ne stresse pas » ou « n'aie pas peur » , mais que tu ne sais pas vraiment ce que ça veut dire de ne pas être stressé ou de ne pas avoir peur, puisqu'après tout, ça a toujours fait partie de toi, alors tu l'auras remarqué, si on a tous été livrés avec le même cerveau, on n'est visiblement pas tous livrés avec le même tuto. Si tu te reconnais dans ce que je viens de dire, alors peut-être que ce podcast est fait pour toi. Cerveau en rodage, c'est un podcast dédié à la préparation mentale pour tous les curieux, désireux d'en connaître plus sur ce qu'il se passe entre nos deux oreilles. C'est un nouvel espace de discussion pour répondre à vos questions et aborder des outils simples pour qu'ensemble, nous puissions sortir du rodage. Je m'appelle Florian Gobot, je suis préparateur mental et je te souhaite la bienvenue dans Cerveau en rodage. Et bienvenue dans cet épisode 3 du podcast Cerveau Enrodage, épisode 3 dans lequel on va revenir sur un thème très intéressant comme tu as pu le lire dans le titre. Ce que tu crois de toi peut t'handicaper bien plus que tes échecs. Pourquoi ? Parce que ce que tu crois de toi, ça conditionne comment tu vas te positionner face aux événements de la vie. Et la manière avec laquelle tu vas te positionner face aux événements de la vie, on appelle ça un état d'esprit. Et oui, c'est quelque chose de relativement commun en fait. Et c'est un sujet qui m'a été amené par Nathalie. Nathalie, dans son premier mail, tu sens qu'elle est saoulée. Elle est saoulée de quoi ? Elle est saoulée du fait qu'on lui dit, systématiquement, qu'elle n'a pas le bon état d'esprit, qu'elle devrait être positive, qu'elle devrait être confiante, qu'elle devrait se faire plaisir. Et ça, ça la saoule profondément parce que Nathalie, elle, ce qu'elle dit, c'est qu'avoir un bon état d'esprit, ça ne se résume pas à être positive et confiante en toutes circonstances. Et en fait, Nathalie, tu as raison. elle va plus loin que ça, elle dit que même si ça se limitait à ça, admettons qu'un bon état d'esprit ça se limite à être positive et confiante, ben ça tombe pas du ciel en vrai, parce que si tu te sens profondément pas capable de faire quelque chose, ben tu as beau être aussi positive que tu veux, ça va pas changer grand chose au résultat. Et oui Nathalie, tu as encore une fois tout à fait raison, ça va pas changer grand chose au résultat. Du coup, ces questions c'est, c'est quoi un bon état d'esprit, et comment ça se construit ? Et ce qui est intéressant c'est que le point de départ, comme on l'a mis dans le thème, C'est ce que je crois de moi. Est-ce que je crois par exemple que je ne peux pas progresser ? Ou est-ce que je crois que je peux progresser ? Est-ce que je crois que je ne peux pas faire face à cette situation ? Ou est-ce que je crois que je peux faire face à cette situation ? Et là, il y a une psychologue américaine qui a construit, conçu des concepts intéressants. La psychologue en question, elle s'appelle Carol Dweck. C'est un professeur de Stanford qui s'est intéressé tout particulièrement au milieu de l'éducation. Et à celui du sport aussi un petit peu. Elle a quand même travaillé là-dessus pendant pas loin de 30 ans, puisqu'elle a commencé à travailler dessus en 70 de mémoire. Et le livre a été édité en 2003, donc ça fait quand même un peu de recherche dessus. Et ce qui l'a fasciné à la base, Dweck, c'est qu'elle observait que des enfants semblaient quasiment éternellement curieux, créatifs et persévérants, alors même que ce qu'on leur faisait faire, c'était parfois pas évident, mais ils étaient fascinés par le fait de faire face aux difficultés, alors que d'autres... abandonnait quand même relativement facilement. C'était son point de départ, sa réflexion de base. Qu'est-ce qui fait la différence entre ces deux-là ? Et c'est là-dessus qu'elle a fondé ces deux concepts, l'état d'esprit fixe et l'état d'esprit de développement. Pour faire très simple, tout est dans le titre. On est dans un état d'esprit fixe quand on part du principe que nos capacités et nos talents sont fixes. C'est-à-dire que je suis né avec un certain niveau d'intelligence, avec certaines capacités, et quoi que je fasse, ça ne va pas changer grand-chose. On est quand même là-dedans quand on est persuadé d'être mauvais dans quelque chose et que du coup, on n'écoute pas les corrections, on n'écoute pas les consignes, on n'écoute pas les critiques qu'on peut nous faire. On évite toute forme de difficulté, de comparaison, et on abandonne globalement rapidement. Quand tu es dans un contexte dans lequel tu te comportes comme ça, globalement, tu as un état d'esprit fixe. Tu vois. Mais ce qui est quand même... particulièrement intéressant dans cet état d'esprit fixe pour moi c'est que quand on est dans ce contexte là ce qu'on recherche à tout prix c'est se sentir compétent et se sentir reconnu Vous pourriez me dire, mais on cherche ça tout le temps. T'es bien gentil de dire ça, mais c'est quand même quelque chose de très important. Oui, c'est vrai, sauf que là, c'est particulièrement exacerbé parce qu'on recherche la validation de notre niveau de compétence tout le temps. Et on pense que le résultat que j'ai tout de suite là, il me définit moi. C'est-à-dire que si j'ai une bonne note, je vais me trouver bon. Si j'ai une mauvaise note, je vais me trouver mauvais. Et si je commence à faire quelque chose et que je suis bon tout de suite, Ça va être bon signe pour moi, ça veut dire que je suis bon dans ce truc-là. Alors que si je commence et que j'en chie tout de suite, je vais me dire, putain, je ne suis quand même pas franchement fait pour ça. Ce qui peut être vrai, mais ce qui peut ne pas être vrai, tu vois, non plus. Du coup, quand tu as un état d'esprit fixe, l'échec, c'est une preuve d'incompétence, quelque part. Les défis, l'adversité, c'est de vraies menaces. Ça va remettre en question mon niveau d'intelligence, mon niveau de compétence. C'est des choses dont je vais me méfier, quand même. ça peut impacter notre rapport à l'effort aussi Parce qu'en vrai, tu peux être fort dans quelque chose, par exemple, ne pas avoir eu besoin de beaucoup travailler pour obtenir un bon niveau de compétence, tu vas devoir te mettre à travailler pour passer un palier, sauf que toi tu considères que travailler, c'est pour ceux qui sont pas bons en fait. C'est pour ceux qui ont un peu de mal. Pourquoi moi je ferais des efforts dans un truc pour lequel je suis pas obligé d'en faire d'habitude ? Encore une fois, c'est quelque chose que, je pense, on a tous connu. C'est cette idée selon laquelle... Si je bosse et aussi fort que je bosse, de toute façon, ça ne changera rien. On juge tout sur le moment présent. Ce qui se passe là définit mes capacités et à aucun moment on a conscience qu'on peut progresser ou que les choses peuvent changer. Ça c'était pour l'état d'esprit fixe et malheureusement on l'oppose trop souvent à l'état d'esprit de développement. L'état d'esprit de développement, c'est quoi ? Encore une fois, tout est dans le titre. C'est quand on pense que tout se travaille et que tout se développe. L'idée, ce n'est pas de dire qu'on peut tous devenir champion du monde. L'idée, c'est de dire que chacun peut s'améliorer, peu importe son point de départ. La personne que j'ai rencontrée qui incarne le mieux cet état d'esprit, je pense que c'était une petite adolescente qui s'appelle Jade et que j'ai eu la chance d'encadrer pendant un atelier cirque à l'UCPA. Il y a quelques années, je pense que c'était il y a... 3 ou 4 ans en arrière, j'encadre un atelier cirque à l'UCPA, dans lequel tu proposes aux gens d'apprendre le jonglage, le diabolo, les assiettes chinoises et tout. Et on a Jade là-dedans qui sait tout faire globalement, les assiettes ça va, le diabolo ça va, le jonglage ça va, l'équilibre ça va. Elle, ce qu'elle veut faire c'est du monocycle, parce qu'elle a eu le malheur de voir qu'au fond du local on avait deux monocycles. Elle, elle vient de dire moi je veux faire ça, ça a l'air trop cool. Sauf que personne sait faire de monocycle, tu vois. dans l'ensemble de la colo. Il n'y en a pas un qui est capable de lui expliquer comment faire. Les lades, elles disent, ouais, mais c'est pas grave, je vais apprendre toute seule. Du coup, elle prend un tuto YouTube, elle se met dans un coin, pas trop loin, pour qu'on puisse observer ce qui se passe quand même et tomber dans des conditions un petit peu sécuritaires, tu vois. Et globalement, pendant 4 heures, elle va apprendre à faire du monocycle et pendant 4 heures, elle va se mettre au moins 35-40 chutes. Je pense qu'au moins 20 fois, ses potes sont venus lui dire Vas-y, arrête, ça ne sert à rien ce que tu fais. Vraiment, c'est inutile. Et elle, elle dit non. En fait, à chaque fois, j'apprends des petites choses. Tu vois, à chaque fois, je comprends un truc. Tout à l'heure, je ne tenais pas debout. Maintenant, je fais un demi-tour de manivelle. Ça montre bien que je progresse. Et Jade, au bout de 4 heures, elle arrive à faire 4 mètres sur son monocycle. Ce qui est vraiment énorme. Puisque je défie quiconque d'aller apprendre le monocycle en autonomie pour faire 4 mètres en 4 heures en tombant une quarantaine de fois. C'est quand même la seule personne que j'ai rencontrée à ce jour pour qui l'expression l'échec n'existe pas a fondamentalement du sens, tu vois. Pour elle, ça n'existait pas. Et pendant toute la fin de la semaine, elle est venue nous tanner pour avoir son monocycle. Dès qu'elle avait un temps libre ou dès qu'elle avait du temps pour elle, elle le prenait, elle allait dans un coin et elle s'entraînait à faire son truc. C'était assez remarquable. Et en fin de semaine, on a pu rencontrer les parents. Et là, j'ai appris des trucs encore plus incroyables. Petite Jade, en fait, elle était dyslexique. Elle a eu une scolarité vraiment très difficile au début, et que grâce aux ergothérapeutes, aux orthophonistes, à ses parents, à tout le soutien qu'elle a eu, elle a développé une confiance incroyable, si bien qu'à 14 ans, elle allait sauter une classe. Même quelque chose d'étonnant. Et quand tu parles avec le père, il m'a parlé d'une manière de fonctionner que j'ai jamais retrouvée chez personne d'autre, mais eux, c'était assez fascinant. Il me disait que depuis qu'elle est toute petite, les mauvaises notes n'existent pas. Elle peut rentrer, tu vois, quand elle rentrait des cours qu'elle était petite, elle rentrait avec des 0, des 2, des 3, des 4 sur 20. Elle pleurait, elle se trouvait nulle, elle se trouvait moins intelligente que les autres, elle se demandait pourquoi ça clochait ses ailes. Et elle se disait de toute façon ça, ça changera jamais, ça évoluera jamais. Et son père lui disait mais en fait viens, assis-toi là, explique-moi ce qui s'est passé aujourd'hui. Du coup il passait un temps pour discuter du contrôle, comment ça s'était passé, comment elle l'a vécu, etc. Elle dit, ça c'est très bien et c'est ce qui s'est passé aujourd'hui, maintenant tu vas m'expliquer ce que tu changerais demain pour avoir une meilleure note à ce contrôle-là et ce que tu vas changer demain pour avoir des meilleures notes que ça. Et pendant deux heures, elle devait chercher tout seul et démontrer tout seul ce qu'elle allait chercher, ce qu'elle allait mettre en place et son père ne lui a jamais soufflé une seule réponse. Son père ne lui a jamais imposé, ou sa mère d'ailleurs, et donc il ne lui a jamais soufflé aucune réponse, ne lui a jamais imposé aucune façon de travailler spécifique. La seule consigne qu'elle avait, c'est de pas se lever tant qu'elle avait pas trouvé de solution et tant qu'elle pouvait pas expliquer clairement ce qu'elle allait faire et qu'elle devait remettre en question régulièrement ce qu'elle croyait d'elle-même, ce qu'elle croyait vrai d'elle-même. Et ça, c'est la plus belle leçon de vie de ma vie que j'ai reçue Merci. pour définir ce que c'était qu'un état d'esprit. C'est-à-dire que comme vient de nous le démontrer le père de Jade, un état d'esprit, c'est une représentation durable que l'on a de nous-mêmes et de notre évolution. Ça veut dire qu'un état d'esprit, c'est voué à bouger, c'est voué à évoluer avec le temps. Carol Dweck, qui a conçu encore une fois ce concept d'état d'esprit, elle te le dit très bien. Dans le bouquin, elle te dit qu'on n'a pas un état d'esprit pour la vie. que ce qu'on a, c'est des réflexes mentaux qui correspondent à ce que l'on pense de nous dans la situation. Dans la situation. C'est-à-dire qu'un état d'esprit, une fois encore, c'est contextuel. Il faut voir ça comme un masque de ski. Pas si t'aimes bien le monde du ski, mais dans le monde du ski, les skieurs, ils ajustent la teinte de leur masque, leur carreau de masque, en fonction de la météo. Tu vois, des conditions météo. Eh bien nous, En fait, qu'on porte des lunettes ou pas, on a tous un masque qui influence notre manière de voir la situation en fonction de ce que l'on pense de nous et en fonction de ce que l'on croit que l'on est capable de faire. Maintenant, comment je fais pour construire un bon état d'esprit, du coup, si j'ai ce masque-là ? Si je reprends mon image du masque, du masque teinté, il nous suffirait entre guillemets de changer de masque ou de changer la teinte du masque. Seulement, ce n'est pas si facile. C'est pas si facile, pourquoi ? Parce que déjà, à la base, on n'a pas forcément choisi la teinte du masque que l'on va avoir. Parce qu'après tout, on est tous issus d'une histoire, on est tous issus d'un environnement, on est tous issus de croyances et d'injonctions qu'on a entendues tout au long de notre parcours et qui ont façonné cette teinte. Parce que oui, tu l'as compris que la teinte du masque, elle se construit sur notre passé qui lui-même conditionne une partie de nos comportements au présent. Tu le comprends ça. Et sans opportunité de prendre du recul, sans les bonnes personnes autour de soi, sans un environnement adapté, en vrai, ça peut être compliqué de faire évoluer ce que l'on croit de soi et de faire évoluer nos représentations. C'est pour ça que se faire accompagner, encore une fois, d'un professionnel, en hypnose, en psychologie, en ce que vous voulez, ça peut être une bonne chose. Ça peut être un temps dans lequel je prends un petit peu de recul là-dessus. La seule chose positive là-dedans, c'est qu'on est au centre de notre propre histoire. Et que toutes les petites prises de conscience que l'on peut avoir sur des croyances ou sur des représentations qu'on a de nous-mêmes, ça peut être le point de départ d'un changement qui peut nous amener très loin. Après tout, dans le fond, quand on parle d'état d'esprit, c'est comme quand on parle de mise à jour d'un téléphone ou d'un ordinateur, tu vois. Pour ne pas rester sur une vieille version de logiciel qui rame. Eh ben, on fait des mises à jour, des logiciels de nos ordinateurs et de nos téléphones. Ça arrive régulièrement, des fois même ça nous fait un peu chier. Mais nous... à l'échelle de notre vie de tous les jours et à l'échelle de nos contextes, on aurait des raisons de remettre en question nos logiciels. Parce qu'il y a des visions de nous-mêmes qui ne nous appartiennent pas, parce qu'il y a des choses qui nous freinent, parce qu'il y a des choses qui ne nous correspondent plus, et qui nous font nous sentir bloqués, contraints, alors qu'il y a d'autres représentations que le souhaitent conserver, parce que ça nous permet d'avancer encore aujourd'hui. Mais alors comment on fait bouger tout ça quand même ? Ben, tout comme je viens de le dire déjà, en faisant un vrai travail d'introspection, ou en prenant un petit peu de hauteur sur comment ça se passe chez nous et quelles représentations j'ai de moi. Et pour ça, on l'a dit, ou on arrive à le faire seul, à prendre de la hauteur, ce qui peut être complexe, soit on se fait accompagner d'un professionnel, d'un psychologue, de qui vous voulez, de qui vous en ressentez le besoin. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu'on peut mettre en place dans notre quotidien. Et c'est ce qui va nous intéresser plus particulièrement pour la suite de l'épisode, de savoir ce qu'on peut faire un tout petit peu tout seul. Et déjà, comme on l'a dit plus haut, un état d'esprit, c'est affaire de contexte. C'est quand même mieux, si on veut faire évoluer notre état d'esprit, de ne pas vouloir tout changer d'un coup. Notre rapport à tout, tout le temps. On va sélectionner un contexte. On va sélectionner un contexte dans lequel on a plutôt un état d'esprit fixe. En fait, je pense que je suis nul, je pense que jamais rien ne changera, jamais rien n'évoluera. C'est plutôt ce genre de contexte-là qui va nous intéresser. Nous, aujourd'hui, pour répondre à cette question, comment ça se construit qu'un état d'esprit ? Après, rien ne t'empêcherait de sélectionner un contexte dans lequel les choses ont commencé à bouger. Tu vois, il y a quelques temps, tu te disais que tu étais profondément nul et que ça ne changerait jamais. Et en fait, tu commences à te rendre compte que les choses bougent parfois. qu'il y a des moments dans lesquels tu arrives à faire des trucs. Et ça, c'est les contextes qui vont nous intéresser. Même si un contexte dans lequel tu es profondément déjà performant et tu fais preuve d'un excellent état d'esprit est super intéressant aussi. Mais nous, ce qui nous intéresse là, c'est de travailler, c'est de faire évoluer quelque chose. Donc partant de là, on va plutôt aller chercher un état d'esprit fixe, un truc dans lequel on trouve qu'on est nul et dans lequel on a une bonne marge de progression. Et ça peut même être intéressant de noter ce que tu penses de toi. Tu vois, tu prends un petit papier et tu te notes que tu te trouves nul, que de toute façon, lui, il est plus fort que toi, que de toute façon, ça, tu n'y arriveras jamais. Tu notes comment ça se matérialise, cet état d'esprit-là, dans ce que tu penses, dans ce que tu dis, dans ce que tu ressens. On va y revenir. Et en partant de ce point de départ-là, on peut commencer par réaliser un autre exercice tout simple, qui est le top 10. top 20 même peut-être, de ce que tu ne veux plus jamais revivre. Je ne veux plus me saboter, je ne veux plus me rendre malade, je veux arrêter de me sentir mal à propos de moi, de me trouver nul, je veux arrêter de douter de moi. Après avoir fait tout ça, il y a une autre question qu'on peut se poser par rapport à tout ce qu'on vient de noter sur notre papier, c'est, c'est quoi les avantages de tout ça ? Qu'est-ce que ces comportements, qu'est-ce que ces attitudes, elles racontent de moi ? C'est des questions qui sont pas faciles, c'est des questions qui bougent un peu. Tu vois, il peut être difficile d'avoir une vraie réponse tout de suite et pas d'aller se cacher derrière des excuses. C'est pour ça, encore une fois, qu'il est peut-être intéressant de s'entourer de gens pour répondre à des questions comme ça, mais c'est un exercice auquel on peut tout à fait se plier tout seul parce que c'est important d'accepter qu'on a eu des attitudes et des comportements qui n'étaient peut-être pas dingues, mais si on a agi comme on a agi, c'est peut-être... parce qu'à un moment donné, ces comportements-là, ils m'ont été utiles. Ils m'ont permis de faire quelque chose, ou de me protéger de quelque chose, et c'est quand même important d'essayer de comprendre tous les mécanismes qui façonnent nos représentations, que ce soit des mécanismes de défense, ou que ce soit des habitudes de fonctionnement, pour aller chercher ce que ça nous a apporté et comment ça s'est construit. On est toujours dans ce rapport de « qu'est-ce que je crois de moi dans ce contexte-là ? » Une fois qu'on a mis à jour notre représentation de nous-mêmes. Et de ce que l'on ne veut plus faire, il va être le moment de construire de nouvelles représentations. Parce que tu vois, là on en est simplement au stade où tu as pris une feuille, tu t'es dit par exemple moi je suis tennisman et je pense que sur les surfaces lentes, de toute façon, je suis mauvais. Voilà, c'est fait, c'est dit, j'arrive pas à adapter mon jeu, glisser je sais pas faire, bref, en plus de ça je trouve nul. franchement la terre battue je trouve ça nul seulement en fait ça me coûte cher parce que maintenant j'arrive à un niveau où je vais devoir jouer là dessus et rien ne va plus et je souhaite construire de nouvelles représentations donc comment on va faire c'est très simple on va utiliser la méthode Emilie Tieno, Emilie Tieno psychologue du sport qui a dû participer aux 5 dernières Olympiades je crois je mémoire et quand tu vois avec qui elle bosse tu te dis que globalement les méthodes tiennent la route on va construire une confiance en notre préparation on va construire une confiance en notre plan de jeu et on va comprendre et accepter que le résultat ne dépend pas de nous, en fait. Pas tant que ça de nous. Alors d'abord, commençons par la confiance en notre préparation. Rappelez-vous, on est dans un contexte dans lequel on vient juste d'établir que, comme avec mon exemple du tennisman, sur la terre battue, je suis mauvais, quoi qu'il arrive. Comment on va faire pour construire une nouvelle représentation de nous-mêmes ? En gagnant confiance en notre préparation, on va jouer sur trois plans différents. On va jouer d'abord sur notre définition d'objectif, on va jouer ensuite sur la grille d'analyse avec laquelle on se regarde, la grille de lecture, et on va jouer enfin sur ce qui se passe chez nous quand on vit ces moments-là. La première chose à définir donc, on l'a dit, c'est la définition d'objectif, c'est notre destination, c'est notre état final recherché, comme dirait l'autre. Je suis mauvais sur terre battue, je dois devenir bon sur terre battue. Déjà, ce type de réponse là, il est beaucoup trop flou. Tu vois, nous on veut être beaucoup plus spécifique que ça. Ce qu'on veut rechercher c'est où on veut aller, comment, combien de temps, pourquoi, qu'est-ce que ça implique pour moi, de quoi je dois me méfier et pourquoi faire, pourquoi je fais ça. La définition d'objectif ça sera toujours un passage obligatoire pendant lequel si je veux faire ce travail sérieusement, je vais devoir, pendant que je réfléchis à mon objectif, donc à froid, avant, me confronter à mes croyances et mes représentations de mes capacités, à faire ce que j'ai envie de faire, pour voir si ça match ou si ça match pas. Et si ça match pas, de quoi je vais me méfier chez moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je travaille chez moi ? Est-ce que je suis en accord avec tous les changements que ça implique ? Est-ce que c'est bon pour moi ou pas ? Une fois que ta... Conçu, crée un objectif qui te plaît, il va falloir que tu en crées une route qui mette en avant toutes les étapes qu'il y a à faire pour arriver à ta destination. En fait, tu fais un saucissonnage façon recette de cuisine sur un thermomix. Étape 1, farine. Étape 2, ajouter le sucre. Étape 3, ajouter le beurre. Et chaque étape t'amène à la suivante. Ça pourrait être, par exemple, dans le cas de notre tennisman, ben... Je suis mauvais sur terre battu, il faut que je m'améliore, du coup qu'est-ce que je vais faire ? Je vais augmenter peut-être le pourcentage d'entraînement sur cette surface. Je ne sais pas, je vais faire deux ou trois entraînements de plus dans la semaine. Des exemples encore une fois, mais je me définis un objectif ultra précis dans lequel j'ai fait le tour de tout, et derrière je me définis des petites étapes qui se suffisent à elles-mêmes, que je peux facilement identifier, que je peux facilement planifier, que je peux facilement réaliser. Dans le domaine de la gestion de projet, on appelle ça un diagramme de Gantt, ce qui définit l'étape 1, qui mène à l'étape 2, qui mène à l'étape 3, et tu définis là-dedans les ressources dont tu as besoin et le temps que ça va te prendre. Mais ça c'est que la première étape, la bonne définition d'objectif. Parce que si je veux continuer d'exercer une influence sur mes croyances et mes représentations personnelles, il va falloir que je me construise une grille de lecture de mes capacités, de mes qualités et de tout ce que je sais faire. Dans le milieu sportif aujourd'hui, tu as énormément d'applications qui te permettent de quantifier tes heures d'entraînement et ta progression. Si on parle de la course à pied, tu vois, Strava peut suffire à la limite. Mais il y a des milieux dans lesquels ces applications, elles ne te servent à rien. Et c'est à toi de construire ta propre grille de lecture. Par exemple, moi qui viens du monde du ski, et bien là-bas, le seul indicateur propre à première vue, c'est le chrono. Tu pourrais te dire, ce qui va juger mon évolution, ma progression. Mais capacité, c'est le chrono. Maintenant, est-ce que réaliser un bon chrono suffit pour qu'une personne ait une bonne représentation d'elle-même ? Ben non en fait, il y a peut-être un ensemble d'autres choses qui vont être super importants. Il faut qu'il se fabrique une autre grille de lecture qui va prendre en considération d'autres critères. La capacité à s'échauffer par exemple, la capacité à avoir de bonnes sensations tout de suite, la capacité à reconnaître un tracé, à se représenter dans un tracé. La capacité à rester concentré tout au long d'une manche, la capacité à rester concentré malgré des erreurs, la capacité à s'investir même quand c'est dur, c'est tout ça qu'il faudra prendre en compte. Le but de la grille de lecture, c'est de savoir d'où je pars, qu'est-ce que je crois de moi aujourd'hui, comment je vais voir que ça va changer et qu'est-ce que ça pourrait changer quand ça aura changé. Parce que trop souvent dans nos entraînements, on se concentre surtout sur le chemin qui nous reste à parcourir. On se comporte un peu comme un cheval, t'sais, avec des œillères, qui fait qu'il ne peut regarder que devant lui. Il s'en fout un peu de ce qu'il a fait avant, de ce qu'il a réussi à faire, il regarde que devant. Et du coup, on arrive à notre compétition et on porte souvent seulement notre attention sur ce qui nous manque. Ou sur ce qu'il ne faut pas qu'on fasse. Et c'est dommage. Parce que tu peux te retrouver comme ça avec des gens, moi j'ai pu le vivre longtemps dans le milieu du ski, avec des gens qui sont au sommet des championnats de France et qui ne savent se définir que... parce qu'ils ne savent pas faire, que parce qu'il ne faut pas qu'ils fassent. Parce que mettre des mots sur ce qu'ils savent faire, c'est compliqué. Partant de là, comment est-ce que tu veux avoir une bonne représentation de toi-même dans l'échéance que tu vas vivre, là tout de suite ? Ça paraît compliqué quand même. En fait, la confiance en notre préparation et construire un état d'esprit, ça se mesure pas seulement en regardant si j'ai le niveau le jour J. Avoir confiance en sa préparation, c'est aussi savoir se retourner sur ce que j'ai fait. Se rappeler de tous les moments difficiles, se rappeler de tous les échecs au-dessus desquels je suis passé. Se rappeler aussi de tous les moments où j'ai été parfait dans mon entraînement, où j'ai vraiment tout appliqué. Et c'est une démarche personnelle parce que bien souvent tu peux pas compter sur quelqu'un d'autre pour le faire ça. Sauf si t'as un entraîneur très prévenant qui le fait pour toi, qui te met en place des indicateurs comme ça et qui te force un peu parfois à regarder tout ça. Donc c'est une démarche quand même la majorité du temps qu'on... se doit de faire seul, mais pour laquelle il nous faut des infos. On se doit de se faire accompagner de nos entraîneurs pour nous aider à créer un petit peu cette grille-là de nos profs ou de gens qui évoluent un petit peu à côté de nous. L'idée, c'est de mettre en place un environnement dans lequel je me rends compte des capacités qui sont les miennes. Je vais vous donner un exemple pour vous rendre compte d'à quel point ça peut changer les choses. J'ai un petit frère qui est beaucoup plus petit que moi et lui, il aimait bien l'escalade. Pendant longtemps, il a fait de l'escalade. Un jour, on l'a emmené à un entraînement à Chamonix. Et ce jour-là, il y a un groupe qui joint à eux. Et cet autre groupe, il est ultra fier de ses médailles, en fait. C'est-à-dire qu'ils ont tous des médailles. Il y en a un qui dit, moi, j'ai l'étherlou 2. Je crois que c'est une médaille en escalade. Une médaille, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est comme les ceintures au judo, ou comme les étoiles à ski. c'est quelque chose qui valide un niveau Sauf que moi, le groupe de mon frère, jamais de leur vie, on leur a parlé de ça. Jamais de leur vie, on leur a parlé qu'ils devaient avoir une quelconque médaille. Et ce jour-là, donc, l'entraînement commence. Et ce qui va être super intéressant, c'est qu'ils sont dans un contexte dans lequel c'est un tout petit peu difficile, parce qu'il a plu la nuit et que la paroi, elle glisse. Et là, ce qui va être intéressant de constater, c'est qu'à partir du moment où ils vont commencer les voies, quand ils auront fini de s'échauffer et faire des petits jeux, et bien la team médaille entre guillemets, elle s'est mise quand même relativement vite à se décourager. Se décourager parce que c'était dur, parce qu'ils n'arrivaient pas à sortir la voie, et que sortir la voie, arriver en haut, c'était le seul truc par lequel ils identifiaient leur niveau de compétence. Pendant ce temps-là, le groupe de mon frangin, ils ne sortaient pas les voies non plus, sauf qu'ils ne se décourageaient pas. Ils réfléchissaient au passage où ils tombaient, comment il fallait qu'ils fassent. qu'est-ce qu'ils pouvaient essayer, du coup il y en a un qui essayait un truc, il y en a un autre qui essayait un autre truc, ils s'encourageaient entre eux, et ils avaient une grille de lecture totalement différente, qui a fait que sur la séance, ben eux ont réussi à sortir des voix, alors que l'autre groupe non, ils sont pas allés au bout parce qu'ils sont tout de suite rentrés dans de la frustration et dans des choses comme ça, et ils s'identifiaient... pas aux mêmes choses, tu vois. Donc t'as un groupe, encore une fois, qui s'identifie que par le succès tout de suite, l'autre s'identifie sur « mais t'as fait quoi en fait pour aller juste un tout petit peu plus haut que moi ? » Et là on parle encore une fois d'enfants qui avaient 8-10 ans à l'époque. Ça montre bien que ça peut se faire à tout âge. Et quand t'as une grille de lecture un tout petit peu différente, ben tu crois pas de toi les mêmes choses, ce qui fait que tu te positionnes un tout petit peu différemment face à la difficulté. Ça donne pas le même résultat. Donc il faut vraiment qu'on prenne le temps de choisir par quel outil, par quel prisme, par quel filtre on va se regarder pour construire ce que je vais croire de moi. Puisque comme dans l'exemple de mon frère, ce qu'il a cru et ce que le groupe a cru de ses capacités a influencé leurs filtres, leurs perceptions, leurs émotions, leurs attitudes et leurs comportements. Pour finir sur la confiance en notre préparation, après avoir parlé de la grille de lecture, après avoir parlé de l'objectif, Il est possible que tu aies une excellente définition d'objectif, il est possible que tu te construises une excellente grille de lecture et que tu tombes sur des représentations de toi-même qui sont moins évidentes à comprendre. Tu sais, je veux parler de ces moments dans lesquels tu veux faire un truc et tu agis à l'opposé de ce que tu veux faire. Tu veux dormir, tu cherches le sommeil mais tu trouves pas le sommeil. Tu veux faire attention à ce que tu manges mais quand même déboîter la tablette de chocolat c'est super intéressant. Et je vais culpabiliser d'avoir... déboîter la tablette alors que je voulais pas la manger mais que je l'ai mangé quand même. Tu sais, c'est tous ces moments dans lesquels on n'agit pas nécessairement en correspondance avec ce que l'on pense, avec ce que l'on croit qu'il faut faire, sans savoir vraiment pourquoi on a fait ça. Comme s'il y avait un décalage, un conflit à l'intérieur qui vient nous expliquer qu'il y a des parties de nous qui sont pas en accord avec ce qui se passe là tout de suite. Ça constitue notre dernier axe de travail pour construire un bon état d'esprit. à travers la confiance en notre préparation, c'est se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous. Sans rentrer dans le détail de ce que c'est qu'une émotion aujourd'hui, puisque quand on parle de se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous, c'est ça, c'est un rapport aux émotions. Une émotion, ça se compose de différentes parties, de différents éléments. Il y a tout d'abord l'évaluation de la situation. Je fais face à, j'évalue la situation. Ensuite, il y a une trace biologique. La trace biologique, en vrai, on s'en fout fondamentalement, parce que quand tu vis une situation, tu ne vas pas sentir tes neurones se connecter et les hormones ruisseler dans le corps. Même si ça pourrait être intéressant de savoir quel type d'hormones entre en jeu là-dedans. En revanche, ce qui va être intéressant, c'est comment tu te sens, toi. C'est la phénoménologie quelque part. Et comment tu en parles, tu vois. C'est les deux branches qui vont nous intéresser. Je vis un truc, comment je l'analyse, comment je me parle, comment je me sens, comment je le vis. Et pendant longtemps, on a opposé le ressenti à la pensée. Cette opposition, elle résume l'histoire de la recherche dans le champ des émotions à elle toute seule, tu vois. Est-ce qu'une émotion, ça vient plutôt du corps ? Ou est-ce que ça vient plutôt de la tête ? Qui a le plus d'influence sur l'autre ? C'est vraiment ce qu'on a recherché pendant des années. De la même façon, pendant des années, on nous a expliqué qu'il faut les ranger les émotions un petit peu au placard, et il faut les rationaliser. Et parfois on rationalise très bien et très objectivement, on est très au clair dans notre tête sur ce qu'il faudrait qu'on fasse. Seulement, on sent bien que le corps n'est pas tout à fait en accord avec ce qui se passe dans la tête. Et cette source de désaccord, elle peut être plus ou moins complexe à dénouer. Et c'est pour ça qu'elle est intéressante déjà à observer. C'est intéressant qu'on comprenne ce qui se passe dans la situation et comment je me sens dans la situation. Si je ressens un désaccord, comment ça se passe ? Donc la seule chose qu'il nous faut retenir ici, c'est que si on veut faire évoluer nos représentations de nous-mêmes, on ne peut pas exclure la dimension de comment je vis une situation. Comment je la ressens ? Parce que notre ressenti, c'est notre boussole interne qui va influencer ce que l'on pense et derrière, ce que l'on pense va influencer aussi ce que l'on ressent. Et donc, notre manière de nous positionner face aux événements. C'est pour ça que, quand on veut faire évoluer nos représentations, on se doit d'intégrer ce que l'on pense et ce que l'on ressent. Il faut voir ça comme un couple et pas comme une opposition. On peut travailler ça avec un modèle simple qui est issu des TCC. Le modèle il s'appelle ABC pour élément activateur, le A. Croyance, alors tu vois croyance c'est pas le C c'est le B parce que c'est un modèle anglais et que le modèle ABC, le B ça voulait dire believe. Et nous en français ça fait croyance. Et le C c'est conséquence, c'est conséquence. Concrètement je fais face à un événement et cet événement déclenche chez moi la croyance que je n'y arriverai pas. Je me sens paralysé, j'ai mal aux ventes, je suis inhibé, je suis dans le brouillard. Et plutôt que de remettre en question ma croyance, je vais aussi réfléchir à ce que je ressens et à ce que je voudrais ressentir à la place de ce que je ressens maintenant. Comment est-ce que ça va évoluer ce truc-là ? Maintenant, après avoir réalisé une super définition d'objectif, après avoir fait le point sur nos représentations, après avoir mis en place une grille de lecture qui nous permet de remettre en perspective notre vision de nous-mêmes, Après avoir intégré ce que l'on pense et ce que l'on ressent, après avoir fait tout ça, face à l'événement, on n'est déjà plus la même personne. On a déjà une représentation de nous-mêmes qui a changé. On a déjà un état d'esprit qui a changé. Tu ne peux pas ne pas avoir changé si tu as fait l'effort de travailler là-dessus. Du coup, ça nous permet d'aborder le deuxième point, le deuxième max important, rappelez-vous, notre confiance en notre plan de jeu. On va partir du postulat... qu'ici tu as déjà fait tout ce que l'on a déjà dit juste avant. Si on utilise la métaphore du masque de ski, c'est comme si tu avais pris le temps à l'entraînement de faire le point sur la teinte dont tu as besoin pour voir ce que tu as besoin de voir pour être dans les meilleures dispositions possibles. Mais parce que ce jour-là il y a de l'enjeu, parce que ce jour-là il y a le regard des autres, tu pourrais te mettre à douter un tout petit peu de cette teinte-là. Tu pourrais te dire en fait non, ça suffira peut-être pas. Et parce que tu doutes, tu pourrais te dire ben je vais pas utiliser celle-là. On a tous connu ce truc-là, tu t'entraînes, tu t'entraînes bien, t'as un plan d'entraînement, t'as un rythme, et t'es au départ de la course, et tu pars comme une balle. Tu pars à un rythme où tu sais qu'il ne faut pas que tu partes, parce que tu vas te griller tout de suite. Tous ceux qui ont fait du trail, la course à pied, un 10 km sur route, un 20 km, vous comprenez ce que je dis là. C'est exactement ce genre de situation. Tu t'es entraîné, tu sais que t'as une allure, et tu te tires une balle dans le pied entre le kilomètre 0 et le kilomètre... 3 parce que t'es parti comme un avion alors que non, c'est pas ça qu'il faut les faire c'est pour ça qu'encore une fois la préparation elle est ultra importante, c'est à dire que dans beaucoup de métiers, dans beaucoup de sports notre objectif ça va être de créer des drills ça va être de créer des habitudes des habitudes qui se répètent de façon réflexe Mais le but de créer des habitudes, c'est pas d'arriver le jour de l'examen, le jour de la compétition. Je peux y aller la fleur au fusil parce que de toute façon, je me suis bien entraîné et ça va bien se passer. J'ai plus rien à faire. En fait, si, tu as quelque chose à faire. La chose que tu as à faire, c'est de t'assurer justement que tu fais ce que tu fais d'habitude. Et t'essayes de faire ce truc-là du mieux que tu peux. T'essayes pas de faire plus, t'essayes pas de faire différemment. Tu t'appliques à bien faire ce que tu sais faire d'habitude. T'es pas là pour inventer des trucs, t'es pas là pour créer quelque chose ou pour essayer autre chose, t'es juste là pour faire ce que tu sais faire. Et la confiance en notre plan de jeu, elle se fait sur deux axes. Le premier axe, c'est de se constituer une somme d'habitudes mentales, physiques, psychologiques ou comportementales qui nous servent de gilet pare-balles face à l'événement que l'on vit. Cette somme d'habitudes, elle nous permet de générer les états internes dont on a besoin pour se sentir bien. On appelle ça des routines, on appelle ça des ancrages, on appelle ça plein d'autres choses. C'est le premier axe. Le deuxième axe, qui est en vrai finement imbriqué dans le premier, ça va être que nos habitudes de fonctionnement nous servent aussi à nous rappeler nos moteurs internes, nous nous rappeler qu'est-ce qu'on fait là et pourquoi c'est important pour nous de faire ce qu'on fait. Et oui, si demain tu demandes à un champion olympique pourquoi il s'inflige tout ce qu'il s'inflige, il ne va pas te dire parce qu'il fallait bien. Il va plutôt te dire, comme Charlie Dalin pendant le Vendée Globe, je crois, que ce qui lui plaît, lui, là-dedans, son moteur de compétition, c'est la recherche d'optimisation d'une situation et la résolution de problèmes. Et ça, ça lui permet de gagner des courses. Mais gagner la course, ce n'est pas une fin en soi. C'est-à-dire que le moteur quotidien, C'est l'optimisation, le moteur quotidien, c'est la résolution de problèmes. Fabien Olicard, un mentaliste et un auteur que j'adore, en parle très très bien aussi, dans une vidéo dans laquelle il explique ses motivations à écrire des livres. C'est-à-dire que le mec écrit presque un livre par an, ce qui est quand même un effort tout à fait remarquable. Et dans cette vidéo, il se questionne sur, en fait, en vrai, qu'est-ce qui me motive à écrire ce livre ? Ce qui me motive, c'est que j'ai envie de travailler un sujet, j'ai envie de creuser un sujet, le plus possible, et que mon livre y représente le meilleur travail que je puisse faire. Pourquoi c'est important pour moi de creuser ce sujet ? C'est important pour moi de creuser ce sujet parce que j'ai envie de me sentir utile. Pourquoi c'est important pour moi de me sentir utile ? Parce que c'est un sentiment d'exister, quelque part. Sous-entendu, ce qu'il nous dit, c'est que quand je cherche à écrire un livre, même si le but c'est qu'on en parle et qu'il soit lu, le livre me permet d'exister d'abord et avant tout, parce que je fais quelque chose d'utile. Du coup, si on résume cette partie-là, on aura parlé de routine, Mais on reviendra dans le détail sur ce que c'est qu'une routine plus tard. On aura parlé d'ancrage, on aura parlé de croyance, on aura parlé de comment je m'assure de faire ce que je sais faire quand je sais le faire. Comment je m'organise un petit peu pour faire ça ? C'est là-dessus que se crée la confiance en notre plan de jeu. Donc comment on fait maintenant pour rendre ça un tout petit peu plus concret ? Il faut faire différentes choses. Déjà, pour avoir confiance en son plan de jeu le jour J, ça implique qu'à l'entraînement, T'es observé tes points forts, t'es observé tes perceptions importantes, que t'es observé là où il fallait que tu portes ton regard, ce qui était important, ce qui n'était pas important. Ça implique qu'à l'entraînement t'aies fait le point des états physiologiques et corporels qu'il faut que tu trouves en compétition, que tu saches comment il faut que tu te sentes pour être performant, que tu réfléchisses aussi à pourquoi tu fais ce que tu fais, que ce que tu viens chercher là, c'est pas seulement le fait de gagner quelque chose. C'est pas seulement le fait d'avoir un résultat, c'est pas seulement le fait de changer de comportement. Mais je fais ce comportement-là, je fais ce changement-là pour obtenir quelque chose d'autre, qui constitue mon moteur interne. Et la finalité, c'est de condenser tout ça en une suite de petits gestes qui t'amènent tout ce dont tu as besoin le jour de la compétition. Pour vous faire une simple illustration de à quoi ça ressemble, cette série d'habitudes qui s'amènent ce dont tu as besoin. C'est un tout jeune retraité du tennis qui était très facile à observer, pour ça c'est Raphaël Nadal. C'est-à-dire que sa série d'habitudes qu'il avait partout, tout le temps, peut-être qu'elles étaient chiantes, peut-être qu'elles étaient déstabilisantes, mais pour lui, elles étaient profondément nécessaires. Ce qui nous permet d'entrer dans nos derniers points maintenant, comment est-ce que j'accepte l'enjeu ? Et même au-delà de ça, comment est-ce qu'on accepte de faire face à certains événements, aussi durs soient-ils ? Parce que quand on a envie de changer quelque chose, quand... Quand on a envie d'évoluer un petit peu, de changer notre état d'esprit, de changer nos représentations mentales, on va peut-être aller se confronter à des événements qui vont pas être nécessairement très agréables pour nous. Il y a un monsieur qui s'appelle Viktor Frankl. Viktor Frankl, c'est un psychiatre autrichien qui a été déporté pendant la Seconde Guerre mondiale et il a survécu à deux camps de concentration. Et dans cet environnement-là, qui est quand même l'un des plus extrêmes que l'être humain a pu connaître, je pense, il a observé une chose essentielle. Il disait que Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Et que dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Et que dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté. Cette phrase, elle est aussi bizarre qu'intéressante. Ce qu'il veut dire par là, c'est que c'est pas ce qui nous arrive qui nous détruit, c'est notre manière d'y répondre. Et surtout, ce qu'il nous manque parfois, c'est du sens. Mais Frankel, il ne te dit pas cherche un sens à ce que tu fais. Il ne te dit pas pose-toi pendant trois heures et demande-toi pourquoi tu fais ça. Non, lui, il te dit demande-toi ce que la situation elle attend de toi. Et ça, c'est une vraie clé. Parce qu'un état d'esprit, c'est aussi ça. C'est se demander dans ce moment-là, qu'est-ce que la situation attend de moi ? Est-ce que je dois garder la tête froide ? Est-ce que je dois être celui qui continue d'avancer même quand on a peur ? Est-ce que je dois être un animateur ? Est-ce que je dois être un capitaine ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui écoute ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui se met un tout petit peu en retrait ? C'est-à-dire que je prends le temps quand il m'arrive quelque chose, quand je fais face à une situation de compétition, de me dire ok, dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi en vrai ? C'est pas moi qui ai envie de faire quelque chose, c'est qu'est-ce que cette situation elle attend de moi ? Et là, tu mets de côté un tout petit peu tout ce qui... pourrait potentiellement arriver. Tu te concentres simplement sur c'est quoi mon rôle à moi ? Parce que l'acceptation de l'enjeu, souvent, il se fait en faisant un petit tri comme ça. De ce qui dépend de nous, de ce qui dépend pas de nous. Et de ce qui est important pour nous dans cette situation. Et je trouve intéressant de retourner un petit peu le point de vue pour non pas se demander pourquoi c'est important pour nous d'avoir cet examen, d'avoir ce truc, de mettre en place ce nouveau comportement. de changer d'état d'esprit, mais de se dire dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi ? Donc si on récapitule, notre état d'esprit, c'est pas juste une manière de penser, c'est une manière d'habiter le monde, en vrai. C'est ce qu'on croit possible et c'est ce qui détermine ce qu'on ose tenter. Et ce qui est beau là-dedans, c'est qu'on n'a pas nécessairement à choisir entre le talent et l'effort, si on reprend l'état d'esprit fixe ou l'état d'esprit de développement, parce qu'on peut tout à fait reconnaître nos limites. tout en refusant d'en faire des obstacles insurmontables. Et changer d'état d'esprit, c'est pas renier une partie de soi-même, c'est juste se donner le droit de faire différemment. Et cette évolution, elle commence par se rendre compte qu'on a une teinte, se rendre compte qu'on voit le monde d'une certaine manière et qu'après tout, on pourrait la voir autrement. C'est juste passer de « je ne suis pas capable » à « je ne suis pas encore capable » . Alors on va s'inviter, peut-être, chacun d'entre nous, à choisir un domaine, à choisir un défi, ou même à choisir une habitude qu'on peut considérer comme figée, et se demander si ce n'était pas vrai, et si j'étais en train d'apprendre quelque chose. C'est tout pour cet épisode, quant à moi je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Prenez soin de vous, hésitez, à la semaine prochaine, ciao ! Et c'est la fin de cet épisode de Cerveau Enrodage. Si tu souhaites devenir un acteur privilégié d'un des futurs épisodes, n'hésite pas à m'envoyer tes questions par mail à l'adresse cerveauenrodage.com. Et si après ça, tu ne sais toujours pas quoi faire, tu peux également me rejoindre sur ma page Instagram Cerveau Enrodage. C'est tout pour cette semaine. Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine. Prenez soin de vous. Ciao !

Description

Et si ce qui te freinait vraiment, ce n’était pas tes échecs… mais ce que tu crois de toi-même ?

Dans cet épisode 3 du podcast Cerveau en Rodage, je t’emmène explorer une idée simple : nos croyances sur nous-mêmes façonnent nos états d’esprit, et ces états d’esprit conditionnent profondément la manière dont on se positionne face aux difficultés, aux réussites, aux apprentissages.

On part d’une question envoyée par Nathalie, lassée qu’on lui répète qu’il « suffit d’avoir le bon état d’esprit ». Mais au fond, c’est quoi un bon état d’esprit ? Et surtout, comment ça se construit ?

On parle d’états d’esprit fixes, d’états d’esprit de développement, de ces moments où on se pense “nul” dans un domaine… alors qu’en réalité, on pourrait évoluer. On parle de Jade, 14 ans, qui tombe 40 fois en apprenant le monocycle mais se relève encore, convaincue qu’elle progresse. Et on parle aussi de toi, de ces zones de ta vie où tu te sens bloqué, figé, condamné à l’échec.

Petit à petit, on déconstruit. On questionne. On propose des repères pour changer de lunettes — comme on ajuste la teinte d’un masque de ski — et voir autrement ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu crois.

Pas pour tout chambouler d’un coup. Mais pour choisir, dans un contexte bien précis, de faire évoluer ta perception de toi.

Parce que non, tu n’es pas figé. Tu n’es pas “comme ça pour toujours”.

Et ça, ça change tout.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si comme moi tu as été un champion du monde de l'entraînement, à qui on a souvent répété « fais attention » ou « concentre-toi » , mais que t'as jamais vraiment su ce que ça voulait dire de « se concentrer » ou de « faire attention » , ou si t'es un élève stressé à l'approche d'un examen qui en tant que souvent « ne stresse pas » ou « n'aie pas peur » , mais que tu ne sais pas vraiment ce que ça veut dire de ne pas être stressé ou de ne pas avoir peur, puisqu'après tout, ça a toujours fait partie de toi, alors tu l'auras remarqué, si on a tous été livrés avec le même cerveau, on n'est visiblement pas tous livrés avec le même tuto. Si tu te reconnais dans ce que je viens de dire, alors peut-être que ce podcast est fait pour toi. Cerveau en rodage, c'est un podcast dédié à la préparation mentale pour tous les curieux, désireux d'en connaître plus sur ce qu'il se passe entre nos deux oreilles. C'est un nouvel espace de discussion pour répondre à vos questions et aborder des outils simples pour qu'ensemble, nous puissions sortir du rodage. Je m'appelle Florian Gobot, je suis préparateur mental et je te souhaite la bienvenue dans Cerveau en rodage. Et bienvenue dans cet épisode 3 du podcast Cerveau Enrodage, épisode 3 dans lequel on va revenir sur un thème très intéressant comme tu as pu le lire dans le titre. Ce que tu crois de toi peut t'handicaper bien plus que tes échecs. Pourquoi ? Parce que ce que tu crois de toi, ça conditionne comment tu vas te positionner face aux événements de la vie. Et la manière avec laquelle tu vas te positionner face aux événements de la vie, on appelle ça un état d'esprit. Et oui, c'est quelque chose de relativement commun en fait. Et c'est un sujet qui m'a été amené par Nathalie. Nathalie, dans son premier mail, tu sens qu'elle est saoulée. Elle est saoulée de quoi ? Elle est saoulée du fait qu'on lui dit, systématiquement, qu'elle n'a pas le bon état d'esprit, qu'elle devrait être positive, qu'elle devrait être confiante, qu'elle devrait se faire plaisir. Et ça, ça la saoule profondément parce que Nathalie, elle, ce qu'elle dit, c'est qu'avoir un bon état d'esprit, ça ne se résume pas à être positive et confiante en toutes circonstances. Et en fait, Nathalie, tu as raison. elle va plus loin que ça, elle dit que même si ça se limitait à ça, admettons qu'un bon état d'esprit ça se limite à être positive et confiante, ben ça tombe pas du ciel en vrai, parce que si tu te sens profondément pas capable de faire quelque chose, ben tu as beau être aussi positive que tu veux, ça va pas changer grand chose au résultat. Et oui Nathalie, tu as encore une fois tout à fait raison, ça va pas changer grand chose au résultat. Du coup, ces questions c'est, c'est quoi un bon état d'esprit, et comment ça se construit ? Et ce qui est intéressant c'est que le point de départ, comme on l'a mis dans le thème, C'est ce que je crois de moi. Est-ce que je crois par exemple que je ne peux pas progresser ? Ou est-ce que je crois que je peux progresser ? Est-ce que je crois que je ne peux pas faire face à cette situation ? Ou est-ce que je crois que je peux faire face à cette situation ? Et là, il y a une psychologue américaine qui a construit, conçu des concepts intéressants. La psychologue en question, elle s'appelle Carol Dweck. C'est un professeur de Stanford qui s'est intéressé tout particulièrement au milieu de l'éducation. Et à celui du sport aussi un petit peu. Elle a quand même travaillé là-dessus pendant pas loin de 30 ans, puisqu'elle a commencé à travailler dessus en 70 de mémoire. Et le livre a été édité en 2003, donc ça fait quand même un peu de recherche dessus. Et ce qui l'a fasciné à la base, Dweck, c'est qu'elle observait que des enfants semblaient quasiment éternellement curieux, créatifs et persévérants, alors même que ce qu'on leur faisait faire, c'était parfois pas évident, mais ils étaient fascinés par le fait de faire face aux difficultés, alors que d'autres... abandonnait quand même relativement facilement. C'était son point de départ, sa réflexion de base. Qu'est-ce qui fait la différence entre ces deux-là ? Et c'est là-dessus qu'elle a fondé ces deux concepts, l'état d'esprit fixe et l'état d'esprit de développement. Pour faire très simple, tout est dans le titre. On est dans un état d'esprit fixe quand on part du principe que nos capacités et nos talents sont fixes. C'est-à-dire que je suis né avec un certain niveau d'intelligence, avec certaines capacités, et quoi que je fasse, ça ne va pas changer grand-chose. On est quand même là-dedans quand on est persuadé d'être mauvais dans quelque chose et que du coup, on n'écoute pas les corrections, on n'écoute pas les consignes, on n'écoute pas les critiques qu'on peut nous faire. On évite toute forme de difficulté, de comparaison, et on abandonne globalement rapidement. Quand tu es dans un contexte dans lequel tu te comportes comme ça, globalement, tu as un état d'esprit fixe. Tu vois. Mais ce qui est quand même... particulièrement intéressant dans cet état d'esprit fixe pour moi c'est que quand on est dans ce contexte là ce qu'on recherche à tout prix c'est se sentir compétent et se sentir reconnu Vous pourriez me dire, mais on cherche ça tout le temps. T'es bien gentil de dire ça, mais c'est quand même quelque chose de très important. Oui, c'est vrai, sauf que là, c'est particulièrement exacerbé parce qu'on recherche la validation de notre niveau de compétence tout le temps. Et on pense que le résultat que j'ai tout de suite là, il me définit moi. C'est-à-dire que si j'ai une bonne note, je vais me trouver bon. Si j'ai une mauvaise note, je vais me trouver mauvais. Et si je commence à faire quelque chose et que je suis bon tout de suite, Ça va être bon signe pour moi, ça veut dire que je suis bon dans ce truc-là. Alors que si je commence et que j'en chie tout de suite, je vais me dire, putain, je ne suis quand même pas franchement fait pour ça. Ce qui peut être vrai, mais ce qui peut ne pas être vrai, tu vois, non plus. Du coup, quand tu as un état d'esprit fixe, l'échec, c'est une preuve d'incompétence, quelque part. Les défis, l'adversité, c'est de vraies menaces. Ça va remettre en question mon niveau d'intelligence, mon niveau de compétence. C'est des choses dont je vais me méfier, quand même. ça peut impacter notre rapport à l'effort aussi Parce qu'en vrai, tu peux être fort dans quelque chose, par exemple, ne pas avoir eu besoin de beaucoup travailler pour obtenir un bon niveau de compétence, tu vas devoir te mettre à travailler pour passer un palier, sauf que toi tu considères que travailler, c'est pour ceux qui sont pas bons en fait. C'est pour ceux qui ont un peu de mal. Pourquoi moi je ferais des efforts dans un truc pour lequel je suis pas obligé d'en faire d'habitude ? Encore une fois, c'est quelque chose que, je pense, on a tous connu. C'est cette idée selon laquelle... Si je bosse et aussi fort que je bosse, de toute façon, ça ne changera rien. On juge tout sur le moment présent. Ce qui se passe là définit mes capacités et à aucun moment on a conscience qu'on peut progresser ou que les choses peuvent changer. Ça c'était pour l'état d'esprit fixe et malheureusement on l'oppose trop souvent à l'état d'esprit de développement. L'état d'esprit de développement, c'est quoi ? Encore une fois, tout est dans le titre. C'est quand on pense que tout se travaille et que tout se développe. L'idée, ce n'est pas de dire qu'on peut tous devenir champion du monde. L'idée, c'est de dire que chacun peut s'améliorer, peu importe son point de départ. La personne que j'ai rencontrée qui incarne le mieux cet état d'esprit, je pense que c'était une petite adolescente qui s'appelle Jade et que j'ai eu la chance d'encadrer pendant un atelier cirque à l'UCPA. Il y a quelques années, je pense que c'était il y a... 3 ou 4 ans en arrière, j'encadre un atelier cirque à l'UCPA, dans lequel tu proposes aux gens d'apprendre le jonglage, le diabolo, les assiettes chinoises et tout. Et on a Jade là-dedans qui sait tout faire globalement, les assiettes ça va, le diabolo ça va, le jonglage ça va, l'équilibre ça va. Elle, ce qu'elle veut faire c'est du monocycle, parce qu'elle a eu le malheur de voir qu'au fond du local on avait deux monocycles. Elle, elle vient de dire moi je veux faire ça, ça a l'air trop cool. Sauf que personne sait faire de monocycle, tu vois. dans l'ensemble de la colo. Il n'y en a pas un qui est capable de lui expliquer comment faire. Les lades, elles disent, ouais, mais c'est pas grave, je vais apprendre toute seule. Du coup, elle prend un tuto YouTube, elle se met dans un coin, pas trop loin, pour qu'on puisse observer ce qui se passe quand même et tomber dans des conditions un petit peu sécuritaires, tu vois. Et globalement, pendant 4 heures, elle va apprendre à faire du monocycle et pendant 4 heures, elle va se mettre au moins 35-40 chutes. Je pense qu'au moins 20 fois, ses potes sont venus lui dire Vas-y, arrête, ça ne sert à rien ce que tu fais. Vraiment, c'est inutile. Et elle, elle dit non. En fait, à chaque fois, j'apprends des petites choses. Tu vois, à chaque fois, je comprends un truc. Tout à l'heure, je ne tenais pas debout. Maintenant, je fais un demi-tour de manivelle. Ça montre bien que je progresse. Et Jade, au bout de 4 heures, elle arrive à faire 4 mètres sur son monocycle. Ce qui est vraiment énorme. Puisque je défie quiconque d'aller apprendre le monocycle en autonomie pour faire 4 mètres en 4 heures en tombant une quarantaine de fois. C'est quand même la seule personne que j'ai rencontrée à ce jour pour qui l'expression l'échec n'existe pas a fondamentalement du sens, tu vois. Pour elle, ça n'existait pas. Et pendant toute la fin de la semaine, elle est venue nous tanner pour avoir son monocycle. Dès qu'elle avait un temps libre ou dès qu'elle avait du temps pour elle, elle le prenait, elle allait dans un coin et elle s'entraînait à faire son truc. C'était assez remarquable. Et en fin de semaine, on a pu rencontrer les parents. Et là, j'ai appris des trucs encore plus incroyables. Petite Jade, en fait, elle était dyslexique. Elle a eu une scolarité vraiment très difficile au début, et que grâce aux ergothérapeutes, aux orthophonistes, à ses parents, à tout le soutien qu'elle a eu, elle a développé une confiance incroyable, si bien qu'à 14 ans, elle allait sauter une classe. Même quelque chose d'étonnant. Et quand tu parles avec le père, il m'a parlé d'une manière de fonctionner que j'ai jamais retrouvée chez personne d'autre, mais eux, c'était assez fascinant. Il me disait que depuis qu'elle est toute petite, les mauvaises notes n'existent pas. Elle peut rentrer, tu vois, quand elle rentrait des cours qu'elle était petite, elle rentrait avec des 0, des 2, des 3, des 4 sur 20. Elle pleurait, elle se trouvait nulle, elle se trouvait moins intelligente que les autres, elle se demandait pourquoi ça clochait ses ailes. Et elle se disait de toute façon ça, ça changera jamais, ça évoluera jamais. Et son père lui disait mais en fait viens, assis-toi là, explique-moi ce qui s'est passé aujourd'hui. Du coup il passait un temps pour discuter du contrôle, comment ça s'était passé, comment elle l'a vécu, etc. Elle dit, ça c'est très bien et c'est ce qui s'est passé aujourd'hui, maintenant tu vas m'expliquer ce que tu changerais demain pour avoir une meilleure note à ce contrôle-là et ce que tu vas changer demain pour avoir des meilleures notes que ça. Et pendant deux heures, elle devait chercher tout seul et démontrer tout seul ce qu'elle allait chercher, ce qu'elle allait mettre en place et son père ne lui a jamais soufflé une seule réponse. Son père ne lui a jamais imposé, ou sa mère d'ailleurs, et donc il ne lui a jamais soufflé aucune réponse, ne lui a jamais imposé aucune façon de travailler spécifique. La seule consigne qu'elle avait, c'est de pas se lever tant qu'elle avait pas trouvé de solution et tant qu'elle pouvait pas expliquer clairement ce qu'elle allait faire et qu'elle devait remettre en question régulièrement ce qu'elle croyait d'elle-même, ce qu'elle croyait vrai d'elle-même. Et ça, c'est la plus belle leçon de vie de ma vie que j'ai reçue Merci. pour définir ce que c'était qu'un état d'esprit. C'est-à-dire que comme vient de nous le démontrer le père de Jade, un état d'esprit, c'est une représentation durable que l'on a de nous-mêmes et de notre évolution. Ça veut dire qu'un état d'esprit, c'est voué à bouger, c'est voué à évoluer avec le temps. Carol Dweck, qui a conçu encore une fois ce concept d'état d'esprit, elle te le dit très bien. Dans le bouquin, elle te dit qu'on n'a pas un état d'esprit pour la vie. que ce qu'on a, c'est des réflexes mentaux qui correspondent à ce que l'on pense de nous dans la situation. Dans la situation. C'est-à-dire qu'un état d'esprit, une fois encore, c'est contextuel. Il faut voir ça comme un masque de ski. Pas si t'aimes bien le monde du ski, mais dans le monde du ski, les skieurs, ils ajustent la teinte de leur masque, leur carreau de masque, en fonction de la météo. Tu vois, des conditions météo. Eh bien nous, En fait, qu'on porte des lunettes ou pas, on a tous un masque qui influence notre manière de voir la situation en fonction de ce que l'on pense de nous et en fonction de ce que l'on croit que l'on est capable de faire. Maintenant, comment je fais pour construire un bon état d'esprit, du coup, si j'ai ce masque-là ? Si je reprends mon image du masque, du masque teinté, il nous suffirait entre guillemets de changer de masque ou de changer la teinte du masque. Seulement, ce n'est pas si facile. C'est pas si facile, pourquoi ? Parce que déjà, à la base, on n'a pas forcément choisi la teinte du masque que l'on va avoir. Parce qu'après tout, on est tous issus d'une histoire, on est tous issus d'un environnement, on est tous issus de croyances et d'injonctions qu'on a entendues tout au long de notre parcours et qui ont façonné cette teinte. Parce que oui, tu l'as compris que la teinte du masque, elle se construit sur notre passé qui lui-même conditionne une partie de nos comportements au présent. Tu le comprends ça. Et sans opportunité de prendre du recul, sans les bonnes personnes autour de soi, sans un environnement adapté, en vrai, ça peut être compliqué de faire évoluer ce que l'on croit de soi et de faire évoluer nos représentations. C'est pour ça que se faire accompagner, encore une fois, d'un professionnel, en hypnose, en psychologie, en ce que vous voulez, ça peut être une bonne chose. Ça peut être un temps dans lequel je prends un petit peu de recul là-dessus. La seule chose positive là-dedans, c'est qu'on est au centre de notre propre histoire. Et que toutes les petites prises de conscience que l'on peut avoir sur des croyances ou sur des représentations qu'on a de nous-mêmes, ça peut être le point de départ d'un changement qui peut nous amener très loin. Après tout, dans le fond, quand on parle d'état d'esprit, c'est comme quand on parle de mise à jour d'un téléphone ou d'un ordinateur, tu vois. Pour ne pas rester sur une vieille version de logiciel qui rame. Eh ben, on fait des mises à jour, des logiciels de nos ordinateurs et de nos téléphones. Ça arrive régulièrement, des fois même ça nous fait un peu chier. Mais nous... à l'échelle de notre vie de tous les jours et à l'échelle de nos contextes, on aurait des raisons de remettre en question nos logiciels. Parce qu'il y a des visions de nous-mêmes qui ne nous appartiennent pas, parce qu'il y a des choses qui nous freinent, parce qu'il y a des choses qui ne nous correspondent plus, et qui nous font nous sentir bloqués, contraints, alors qu'il y a d'autres représentations que le souhaitent conserver, parce que ça nous permet d'avancer encore aujourd'hui. Mais alors comment on fait bouger tout ça quand même ? Ben, tout comme je viens de le dire déjà, en faisant un vrai travail d'introspection, ou en prenant un petit peu de hauteur sur comment ça se passe chez nous et quelles représentations j'ai de moi. Et pour ça, on l'a dit, ou on arrive à le faire seul, à prendre de la hauteur, ce qui peut être complexe, soit on se fait accompagner d'un professionnel, d'un psychologue, de qui vous voulez, de qui vous en ressentez le besoin. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu'on peut mettre en place dans notre quotidien. Et c'est ce qui va nous intéresser plus particulièrement pour la suite de l'épisode, de savoir ce qu'on peut faire un tout petit peu tout seul. Et déjà, comme on l'a dit plus haut, un état d'esprit, c'est affaire de contexte. C'est quand même mieux, si on veut faire évoluer notre état d'esprit, de ne pas vouloir tout changer d'un coup. Notre rapport à tout, tout le temps. On va sélectionner un contexte. On va sélectionner un contexte dans lequel on a plutôt un état d'esprit fixe. En fait, je pense que je suis nul, je pense que jamais rien ne changera, jamais rien n'évoluera. C'est plutôt ce genre de contexte-là qui va nous intéresser. Nous, aujourd'hui, pour répondre à cette question, comment ça se construit qu'un état d'esprit ? Après, rien ne t'empêcherait de sélectionner un contexte dans lequel les choses ont commencé à bouger. Tu vois, il y a quelques temps, tu te disais que tu étais profondément nul et que ça ne changerait jamais. Et en fait, tu commences à te rendre compte que les choses bougent parfois. qu'il y a des moments dans lesquels tu arrives à faire des trucs. Et ça, c'est les contextes qui vont nous intéresser. Même si un contexte dans lequel tu es profondément déjà performant et tu fais preuve d'un excellent état d'esprit est super intéressant aussi. Mais nous, ce qui nous intéresse là, c'est de travailler, c'est de faire évoluer quelque chose. Donc partant de là, on va plutôt aller chercher un état d'esprit fixe, un truc dans lequel on trouve qu'on est nul et dans lequel on a une bonne marge de progression. Et ça peut même être intéressant de noter ce que tu penses de toi. Tu vois, tu prends un petit papier et tu te notes que tu te trouves nul, que de toute façon, lui, il est plus fort que toi, que de toute façon, ça, tu n'y arriveras jamais. Tu notes comment ça se matérialise, cet état d'esprit-là, dans ce que tu penses, dans ce que tu dis, dans ce que tu ressens. On va y revenir. Et en partant de ce point de départ-là, on peut commencer par réaliser un autre exercice tout simple, qui est le top 10. top 20 même peut-être, de ce que tu ne veux plus jamais revivre. Je ne veux plus me saboter, je ne veux plus me rendre malade, je veux arrêter de me sentir mal à propos de moi, de me trouver nul, je veux arrêter de douter de moi. Après avoir fait tout ça, il y a une autre question qu'on peut se poser par rapport à tout ce qu'on vient de noter sur notre papier, c'est, c'est quoi les avantages de tout ça ? Qu'est-ce que ces comportements, qu'est-ce que ces attitudes, elles racontent de moi ? C'est des questions qui sont pas faciles, c'est des questions qui bougent un peu. Tu vois, il peut être difficile d'avoir une vraie réponse tout de suite et pas d'aller se cacher derrière des excuses. C'est pour ça, encore une fois, qu'il est peut-être intéressant de s'entourer de gens pour répondre à des questions comme ça, mais c'est un exercice auquel on peut tout à fait se plier tout seul parce que c'est important d'accepter qu'on a eu des attitudes et des comportements qui n'étaient peut-être pas dingues, mais si on a agi comme on a agi, c'est peut-être... parce qu'à un moment donné, ces comportements-là, ils m'ont été utiles. Ils m'ont permis de faire quelque chose, ou de me protéger de quelque chose, et c'est quand même important d'essayer de comprendre tous les mécanismes qui façonnent nos représentations, que ce soit des mécanismes de défense, ou que ce soit des habitudes de fonctionnement, pour aller chercher ce que ça nous a apporté et comment ça s'est construit. On est toujours dans ce rapport de « qu'est-ce que je crois de moi dans ce contexte-là ? » Une fois qu'on a mis à jour notre représentation de nous-mêmes. Et de ce que l'on ne veut plus faire, il va être le moment de construire de nouvelles représentations. Parce que tu vois, là on en est simplement au stade où tu as pris une feuille, tu t'es dit par exemple moi je suis tennisman et je pense que sur les surfaces lentes, de toute façon, je suis mauvais. Voilà, c'est fait, c'est dit, j'arrive pas à adapter mon jeu, glisser je sais pas faire, bref, en plus de ça je trouve nul. franchement la terre battue je trouve ça nul seulement en fait ça me coûte cher parce que maintenant j'arrive à un niveau où je vais devoir jouer là dessus et rien ne va plus et je souhaite construire de nouvelles représentations donc comment on va faire c'est très simple on va utiliser la méthode Emilie Tieno, Emilie Tieno psychologue du sport qui a dû participer aux 5 dernières Olympiades je crois je mémoire et quand tu vois avec qui elle bosse tu te dis que globalement les méthodes tiennent la route on va construire une confiance en notre préparation on va construire une confiance en notre plan de jeu et on va comprendre et accepter que le résultat ne dépend pas de nous, en fait. Pas tant que ça de nous. Alors d'abord, commençons par la confiance en notre préparation. Rappelez-vous, on est dans un contexte dans lequel on vient juste d'établir que, comme avec mon exemple du tennisman, sur la terre battue, je suis mauvais, quoi qu'il arrive. Comment on va faire pour construire une nouvelle représentation de nous-mêmes ? En gagnant confiance en notre préparation, on va jouer sur trois plans différents. On va jouer d'abord sur notre définition d'objectif, on va jouer ensuite sur la grille d'analyse avec laquelle on se regarde, la grille de lecture, et on va jouer enfin sur ce qui se passe chez nous quand on vit ces moments-là. La première chose à définir donc, on l'a dit, c'est la définition d'objectif, c'est notre destination, c'est notre état final recherché, comme dirait l'autre. Je suis mauvais sur terre battue, je dois devenir bon sur terre battue. Déjà, ce type de réponse là, il est beaucoup trop flou. Tu vois, nous on veut être beaucoup plus spécifique que ça. Ce qu'on veut rechercher c'est où on veut aller, comment, combien de temps, pourquoi, qu'est-ce que ça implique pour moi, de quoi je dois me méfier et pourquoi faire, pourquoi je fais ça. La définition d'objectif ça sera toujours un passage obligatoire pendant lequel si je veux faire ce travail sérieusement, je vais devoir, pendant que je réfléchis à mon objectif, donc à froid, avant, me confronter à mes croyances et mes représentations de mes capacités, à faire ce que j'ai envie de faire, pour voir si ça match ou si ça match pas. Et si ça match pas, de quoi je vais me méfier chez moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je travaille chez moi ? Est-ce que je suis en accord avec tous les changements que ça implique ? Est-ce que c'est bon pour moi ou pas ? Une fois que ta... Conçu, crée un objectif qui te plaît, il va falloir que tu en crées une route qui mette en avant toutes les étapes qu'il y a à faire pour arriver à ta destination. En fait, tu fais un saucissonnage façon recette de cuisine sur un thermomix. Étape 1, farine. Étape 2, ajouter le sucre. Étape 3, ajouter le beurre. Et chaque étape t'amène à la suivante. Ça pourrait être, par exemple, dans le cas de notre tennisman, ben... Je suis mauvais sur terre battu, il faut que je m'améliore, du coup qu'est-ce que je vais faire ? Je vais augmenter peut-être le pourcentage d'entraînement sur cette surface. Je ne sais pas, je vais faire deux ou trois entraînements de plus dans la semaine. Des exemples encore une fois, mais je me définis un objectif ultra précis dans lequel j'ai fait le tour de tout, et derrière je me définis des petites étapes qui se suffisent à elles-mêmes, que je peux facilement identifier, que je peux facilement planifier, que je peux facilement réaliser. Dans le domaine de la gestion de projet, on appelle ça un diagramme de Gantt, ce qui définit l'étape 1, qui mène à l'étape 2, qui mène à l'étape 3, et tu définis là-dedans les ressources dont tu as besoin et le temps que ça va te prendre. Mais ça c'est que la première étape, la bonne définition d'objectif. Parce que si je veux continuer d'exercer une influence sur mes croyances et mes représentations personnelles, il va falloir que je me construise une grille de lecture de mes capacités, de mes qualités et de tout ce que je sais faire. Dans le milieu sportif aujourd'hui, tu as énormément d'applications qui te permettent de quantifier tes heures d'entraînement et ta progression. Si on parle de la course à pied, tu vois, Strava peut suffire à la limite. Mais il y a des milieux dans lesquels ces applications, elles ne te servent à rien. Et c'est à toi de construire ta propre grille de lecture. Par exemple, moi qui viens du monde du ski, et bien là-bas, le seul indicateur propre à première vue, c'est le chrono. Tu pourrais te dire, ce qui va juger mon évolution, ma progression. Mais capacité, c'est le chrono. Maintenant, est-ce que réaliser un bon chrono suffit pour qu'une personne ait une bonne représentation d'elle-même ? Ben non en fait, il y a peut-être un ensemble d'autres choses qui vont être super importants. Il faut qu'il se fabrique une autre grille de lecture qui va prendre en considération d'autres critères. La capacité à s'échauffer par exemple, la capacité à avoir de bonnes sensations tout de suite, la capacité à reconnaître un tracé, à se représenter dans un tracé. La capacité à rester concentré tout au long d'une manche, la capacité à rester concentré malgré des erreurs, la capacité à s'investir même quand c'est dur, c'est tout ça qu'il faudra prendre en compte. Le but de la grille de lecture, c'est de savoir d'où je pars, qu'est-ce que je crois de moi aujourd'hui, comment je vais voir que ça va changer et qu'est-ce que ça pourrait changer quand ça aura changé. Parce que trop souvent dans nos entraînements, on se concentre surtout sur le chemin qui nous reste à parcourir. On se comporte un peu comme un cheval, t'sais, avec des œillères, qui fait qu'il ne peut regarder que devant lui. Il s'en fout un peu de ce qu'il a fait avant, de ce qu'il a réussi à faire, il regarde que devant. Et du coup, on arrive à notre compétition et on porte souvent seulement notre attention sur ce qui nous manque. Ou sur ce qu'il ne faut pas qu'on fasse. Et c'est dommage. Parce que tu peux te retrouver comme ça avec des gens, moi j'ai pu le vivre longtemps dans le milieu du ski, avec des gens qui sont au sommet des championnats de France et qui ne savent se définir que... parce qu'ils ne savent pas faire, que parce qu'il ne faut pas qu'ils fassent. Parce que mettre des mots sur ce qu'ils savent faire, c'est compliqué. Partant de là, comment est-ce que tu veux avoir une bonne représentation de toi-même dans l'échéance que tu vas vivre, là tout de suite ? Ça paraît compliqué quand même. En fait, la confiance en notre préparation et construire un état d'esprit, ça se mesure pas seulement en regardant si j'ai le niveau le jour J. Avoir confiance en sa préparation, c'est aussi savoir se retourner sur ce que j'ai fait. Se rappeler de tous les moments difficiles, se rappeler de tous les échecs au-dessus desquels je suis passé. Se rappeler aussi de tous les moments où j'ai été parfait dans mon entraînement, où j'ai vraiment tout appliqué. Et c'est une démarche personnelle parce que bien souvent tu peux pas compter sur quelqu'un d'autre pour le faire ça. Sauf si t'as un entraîneur très prévenant qui le fait pour toi, qui te met en place des indicateurs comme ça et qui te force un peu parfois à regarder tout ça. Donc c'est une démarche quand même la majorité du temps qu'on... se doit de faire seul, mais pour laquelle il nous faut des infos. On se doit de se faire accompagner de nos entraîneurs pour nous aider à créer un petit peu cette grille-là de nos profs ou de gens qui évoluent un petit peu à côté de nous. L'idée, c'est de mettre en place un environnement dans lequel je me rends compte des capacités qui sont les miennes. Je vais vous donner un exemple pour vous rendre compte d'à quel point ça peut changer les choses. J'ai un petit frère qui est beaucoup plus petit que moi et lui, il aimait bien l'escalade. Pendant longtemps, il a fait de l'escalade. Un jour, on l'a emmené à un entraînement à Chamonix. Et ce jour-là, il y a un groupe qui joint à eux. Et cet autre groupe, il est ultra fier de ses médailles, en fait. C'est-à-dire qu'ils ont tous des médailles. Il y en a un qui dit, moi, j'ai l'étherlou 2. Je crois que c'est une médaille en escalade. Une médaille, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est comme les ceintures au judo, ou comme les étoiles à ski. c'est quelque chose qui valide un niveau Sauf que moi, le groupe de mon frère, jamais de leur vie, on leur a parlé de ça. Jamais de leur vie, on leur a parlé qu'ils devaient avoir une quelconque médaille. Et ce jour-là, donc, l'entraînement commence. Et ce qui va être super intéressant, c'est qu'ils sont dans un contexte dans lequel c'est un tout petit peu difficile, parce qu'il a plu la nuit et que la paroi, elle glisse. Et là, ce qui va être intéressant de constater, c'est qu'à partir du moment où ils vont commencer les voies, quand ils auront fini de s'échauffer et faire des petits jeux, et bien la team médaille entre guillemets, elle s'est mise quand même relativement vite à se décourager. Se décourager parce que c'était dur, parce qu'ils n'arrivaient pas à sortir la voie, et que sortir la voie, arriver en haut, c'était le seul truc par lequel ils identifiaient leur niveau de compétence. Pendant ce temps-là, le groupe de mon frangin, ils ne sortaient pas les voies non plus, sauf qu'ils ne se décourageaient pas. Ils réfléchissaient au passage où ils tombaient, comment il fallait qu'ils fassent. qu'est-ce qu'ils pouvaient essayer, du coup il y en a un qui essayait un truc, il y en a un autre qui essayait un autre truc, ils s'encourageaient entre eux, et ils avaient une grille de lecture totalement différente, qui a fait que sur la séance, ben eux ont réussi à sortir des voix, alors que l'autre groupe non, ils sont pas allés au bout parce qu'ils sont tout de suite rentrés dans de la frustration et dans des choses comme ça, et ils s'identifiaient... pas aux mêmes choses, tu vois. Donc t'as un groupe, encore une fois, qui s'identifie que par le succès tout de suite, l'autre s'identifie sur « mais t'as fait quoi en fait pour aller juste un tout petit peu plus haut que moi ? » Et là on parle encore une fois d'enfants qui avaient 8-10 ans à l'époque. Ça montre bien que ça peut se faire à tout âge. Et quand t'as une grille de lecture un tout petit peu différente, ben tu crois pas de toi les mêmes choses, ce qui fait que tu te positionnes un tout petit peu différemment face à la difficulté. Ça donne pas le même résultat. Donc il faut vraiment qu'on prenne le temps de choisir par quel outil, par quel prisme, par quel filtre on va se regarder pour construire ce que je vais croire de moi. Puisque comme dans l'exemple de mon frère, ce qu'il a cru et ce que le groupe a cru de ses capacités a influencé leurs filtres, leurs perceptions, leurs émotions, leurs attitudes et leurs comportements. Pour finir sur la confiance en notre préparation, après avoir parlé de la grille de lecture, après avoir parlé de l'objectif, Il est possible que tu aies une excellente définition d'objectif, il est possible que tu te construises une excellente grille de lecture et que tu tombes sur des représentations de toi-même qui sont moins évidentes à comprendre. Tu sais, je veux parler de ces moments dans lesquels tu veux faire un truc et tu agis à l'opposé de ce que tu veux faire. Tu veux dormir, tu cherches le sommeil mais tu trouves pas le sommeil. Tu veux faire attention à ce que tu manges mais quand même déboîter la tablette de chocolat c'est super intéressant. Et je vais culpabiliser d'avoir... déboîter la tablette alors que je voulais pas la manger mais que je l'ai mangé quand même. Tu sais, c'est tous ces moments dans lesquels on n'agit pas nécessairement en correspondance avec ce que l'on pense, avec ce que l'on croit qu'il faut faire, sans savoir vraiment pourquoi on a fait ça. Comme s'il y avait un décalage, un conflit à l'intérieur qui vient nous expliquer qu'il y a des parties de nous qui sont pas en accord avec ce qui se passe là tout de suite. Ça constitue notre dernier axe de travail pour construire un bon état d'esprit. à travers la confiance en notre préparation, c'est se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous. Sans rentrer dans le détail de ce que c'est qu'une émotion aujourd'hui, puisque quand on parle de se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous, c'est ça, c'est un rapport aux émotions. Une émotion, ça se compose de différentes parties, de différents éléments. Il y a tout d'abord l'évaluation de la situation. Je fais face à, j'évalue la situation. Ensuite, il y a une trace biologique. La trace biologique, en vrai, on s'en fout fondamentalement, parce que quand tu vis une situation, tu ne vas pas sentir tes neurones se connecter et les hormones ruisseler dans le corps. Même si ça pourrait être intéressant de savoir quel type d'hormones entre en jeu là-dedans. En revanche, ce qui va être intéressant, c'est comment tu te sens, toi. C'est la phénoménologie quelque part. Et comment tu en parles, tu vois. C'est les deux branches qui vont nous intéresser. Je vis un truc, comment je l'analyse, comment je me parle, comment je me sens, comment je le vis. Et pendant longtemps, on a opposé le ressenti à la pensée. Cette opposition, elle résume l'histoire de la recherche dans le champ des émotions à elle toute seule, tu vois. Est-ce qu'une émotion, ça vient plutôt du corps ? Ou est-ce que ça vient plutôt de la tête ? Qui a le plus d'influence sur l'autre ? C'est vraiment ce qu'on a recherché pendant des années. De la même façon, pendant des années, on nous a expliqué qu'il faut les ranger les émotions un petit peu au placard, et il faut les rationaliser. Et parfois on rationalise très bien et très objectivement, on est très au clair dans notre tête sur ce qu'il faudrait qu'on fasse. Seulement, on sent bien que le corps n'est pas tout à fait en accord avec ce qui se passe dans la tête. Et cette source de désaccord, elle peut être plus ou moins complexe à dénouer. Et c'est pour ça qu'elle est intéressante déjà à observer. C'est intéressant qu'on comprenne ce qui se passe dans la situation et comment je me sens dans la situation. Si je ressens un désaccord, comment ça se passe ? Donc la seule chose qu'il nous faut retenir ici, c'est que si on veut faire évoluer nos représentations de nous-mêmes, on ne peut pas exclure la dimension de comment je vis une situation. Comment je la ressens ? Parce que notre ressenti, c'est notre boussole interne qui va influencer ce que l'on pense et derrière, ce que l'on pense va influencer aussi ce que l'on ressent. Et donc, notre manière de nous positionner face aux événements. C'est pour ça que, quand on veut faire évoluer nos représentations, on se doit d'intégrer ce que l'on pense et ce que l'on ressent. Il faut voir ça comme un couple et pas comme une opposition. On peut travailler ça avec un modèle simple qui est issu des TCC. Le modèle il s'appelle ABC pour élément activateur, le A. Croyance, alors tu vois croyance c'est pas le C c'est le B parce que c'est un modèle anglais et que le modèle ABC, le B ça voulait dire believe. Et nous en français ça fait croyance. Et le C c'est conséquence, c'est conséquence. Concrètement je fais face à un événement et cet événement déclenche chez moi la croyance que je n'y arriverai pas. Je me sens paralysé, j'ai mal aux ventes, je suis inhibé, je suis dans le brouillard. Et plutôt que de remettre en question ma croyance, je vais aussi réfléchir à ce que je ressens et à ce que je voudrais ressentir à la place de ce que je ressens maintenant. Comment est-ce que ça va évoluer ce truc-là ? Maintenant, après avoir réalisé une super définition d'objectif, après avoir fait le point sur nos représentations, après avoir mis en place une grille de lecture qui nous permet de remettre en perspective notre vision de nous-mêmes, Après avoir intégré ce que l'on pense et ce que l'on ressent, après avoir fait tout ça, face à l'événement, on n'est déjà plus la même personne. On a déjà une représentation de nous-mêmes qui a changé. On a déjà un état d'esprit qui a changé. Tu ne peux pas ne pas avoir changé si tu as fait l'effort de travailler là-dessus. Du coup, ça nous permet d'aborder le deuxième point, le deuxième max important, rappelez-vous, notre confiance en notre plan de jeu. On va partir du postulat... qu'ici tu as déjà fait tout ce que l'on a déjà dit juste avant. Si on utilise la métaphore du masque de ski, c'est comme si tu avais pris le temps à l'entraînement de faire le point sur la teinte dont tu as besoin pour voir ce que tu as besoin de voir pour être dans les meilleures dispositions possibles. Mais parce que ce jour-là il y a de l'enjeu, parce que ce jour-là il y a le regard des autres, tu pourrais te mettre à douter un tout petit peu de cette teinte-là. Tu pourrais te dire en fait non, ça suffira peut-être pas. Et parce que tu doutes, tu pourrais te dire ben je vais pas utiliser celle-là. On a tous connu ce truc-là, tu t'entraînes, tu t'entraînes bien, t'as un plan d'entraînement, t'as un rythme, et t'es au départ de la course, et tu pars comme une balle. Tu pars à un rythme où tu sais qu'il ne faut pas que tu partes, parce que tu vas te griller tout de suite. Tous ceux qui ont fait du trail, la course à pied, un 10 km sur route, un 20 km, vous comprenez ce que je dis là. C'est exactement ce genre de situation. Tu t'es entraîné, tu sais que t'as une allure, et tu te tires une balle dans le pied entre le kilomètre 0 et le kilomètre... 3 parce que t'es parti comme un avion alors que non, c'est pas ça qu'il faut les faire c'est pour ça qu'encore une fois la préparation elle est ultra importante, c'est à dire que dans beaucoup de métiers, dans beaucoup de sports notre objectif ça va être de créer des drills ça va être de créer des habitudes des habitudes qui se répètent de façon réflexe Mais le but de créer des habitudes, c'est pas d'arriver le jour de l'examen, le jour de la compétition. Je peux y aller la fleur au fusil parce que de toute façon, je me suis bien entraîné et ça va bien se passer. J'ai plus rien à faire. En fait, si, tu as quelque chose à faire. La chose que tu as à faire, c'est de t'assurer justement que tu fais ce que tu fais d'habitude. Et t'essayes de faire ce truc-là du mieux que tu peux. T'essayes pas de faire plus, t'essayes pas de faire différemment. Tu t'appliques à bien faire ce que tu sais faire d'habitude. T'es pas là pour inventer des trucs, t'es pas là pour créer quelque chose ou pour essayer autre chose, t'es juste là pour faire ce que tu sais faire. Et la confiance en notre plan de jeu, elle se fait sur deux axes. Le premier axe, c'est de se constituer une somme d'habitudes mentales, physiques, psychologiques ou comportementales qui nous servent de gilet pare-balles face à l'événement que l'on vit. Cette somme d'habitudes, elle nous permet de générer les états internes dont on a besoin pour se sentir bien. On appelle ça des routines, on appelle ça des ancrages, on appelle ça plein d'autres choses. C'est le premier axe. Le deuxième axe, qui est en vrai finement imbriqué dans le premier, ça va être que nos habitudes de fonctionnement nous servent aussi à nous rappeler nos moteurs internes, nous nous rappeler qu'est-ce qu'on fait là et pourquoi c'est important pour nous de faire ce qu'on fait. Et oui, si demain tu demandes à un champion olympique pourquoi il s'inflige tout ce qu'il s'inflige, il ne va pas te dire parce qu'il fallait bien. Il va plutôt te dire, comme Charlie Dalin pendant le Vendée Globe, je crois, que ce qui lui plaît, lui, là-dedans, son moteur de compétition, c'est la recherche d'optimisation d'une situation et la résolution de problèmes. Et ça, ça lui permet de gagner des courses. Mais gagner la course, ce n'est pas une fin en soi. C'est-à-dire que le moteur quotidien, C'est l'optimisation, le moteur quotidien, c'est la résolution de problèmes. Fabien Olicard, un mentaliste et un auteur que j'adore, en parle très très bien aussi, dans une vidéo dans laquelle il explique ses motivations à écrire des livres. C'est-à-dire que le mec écrit presque un livre par an, ce qui est quand même un effort tout à fait remarquable. Et dans cette vidéo, il se questionne sur, en fait, en vrai, qu'est-ce qui me motive à écrire ce livre ? Ce qui me motive, c'est que j'ai envie de travailler un sujet, j'ai envie de creuser un sujet, le plus possible, et que mon livre y représente le meilleur travail que je puisse faire. Pourquoi c'est important pour moi de creuser ce sujet ? C'est important pour moi de creuser ce sujet parce que j'ai envie de me sentir utile. Pourquoi c'est important pour moi de me sentir utile ? Parce que c'est un sentiment d'exister, quelque part. Sous-entendu, ce qu'il nous dit, c'est que quand je cherche à écrire un livre, même si le but c'est qu'on en parle et qu'il soit lu, le livre me permet d'exister d'abord et avant tout, parce que je fais quelque chose d'utile. Du coup, si on résume cette partie-là, on aura parlé de routine, Mais on reviendra dans le détail sur ce que c'est qu'une routine plus tard. On aura parlé d'ancrage, on aura parlé de croyance, on aura parlé de comment je m'assure de faire ce que je sais faire quand je sais le faire. Comment je m'organise un petit peu pour faire ça ? C'est là-dessus que se crée la confiance en notre plan de jeu. Donc comment on fait maintenant pour rendre ça un tout petit peu plus concret ? Il faut faire différentes choses. Déjà, pour avoir confiance en son plan de jeu le jour J, ça implique qu'à l'entraînement, T'es observé tes points forts, t'es observé tes perceptions importantes, que t'es observé là où il fallait que tu portes ton regard, ce qui était important, ce qui n'était pas important. Ça implique qu'à l'entraînement t'aies fait le point des états physiologiques et corporels qu'il faut que tu trouves en compétition, que tu saches comment il faut que tu te sentes pour être performant, que tu réfléchisses aussi à pourquoi tu fais ce que tu fais, que ce que tu viens chercher là, c'est pas seulement le fait de gagner quelque chose. C'est pas seulement le fait d'avoir un résultat, c'est pas seulement le fait de changer de comportement. Mais je fais ce comportement-là, je fais ce changement-là pour obtenir quelque chose d'autre, qui constitue mon moteur interne. Et la finalité, c'est de condenser tout ça en une suite de petits gestes qui t'amènent tout ce dont tu as besoin le jour de la compétition. Pour vous faire une simple illustration de à quoi ça ressemble, cette série d'habitudes qui s'amènent ce dont tu as besoin. C'est un tout jeune retraité du tennis qui était très facile à observer, pour ça c'est Raphaël Nadal. C'est-à-dire que sa série d'habitudes qu'il avait partout, tout le temps, peut-être qu'elles étaient chiantes, peut-être qu'elles étaient déstabilisantes, mais pour lui, elles étaient profondément nécessaires. Ce qui nous permet d'entrer dans nos derniers points maintenant, comment est-ce que j'accepte l'enjeu ? Et même au-delà de ça, comment est-ce qu'on accepte de faire face à certains événements, aussi durs soient-ils ? Parce que quand on a envie de changer quelque chose, quand... Quand on a envie d'évoluer un petit peu, de changer notre état d'esprit, de changer nos représentations mentales, on va peut-être aller se confronter à des événements qui vont pas être nécessairement très agréables pour nous. Il y a un monsieur qui s'appelle Viktor Frankl. Viktor Frankl, c'est un psychiatre autrichien qui a été déporté pendant la Seconde Guerre mondiale et il a survécu à deux camps de concentration. Et dans cet environnement-là, qui est quand même l'un des plus extrêmes que l'être humain a pu connaître, je pense, il a observé une chose essentielle. Il disait que Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Et que dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Et que dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté. Cette phrase, elle est aussi bizarre qu'intéressante. Ce qu'il veut dire par là, c'est que c'est pas ce qui nous arrive qui nous détruit, c'est notre manière d'y répondre. Et surtout, ce qu'il nous manque parfois, c'est du sens. Mais Frankel, il ne te dit pas cherche un sens à ce que tu fais. Il ne te dit pas pose-toi pendant trois heures et demande-toi pourquoi tu fais ça. Non, lui, il te dit demande-toi ce que la situation elle attend de toi. Et ça, c'est une vraie clé. Parce qu'un état d'esprit, c'est aussi ça. C'est se demander dans ce moment-là, qu'est-ce que la situation attend de moi ? Est-ce que je dois garder la tête froide ? Est-ce que je dois être celui qui continue d'avancer même quand on a peur ? Est-ce que je dois être un animateur ? Est-ce que je dois être un capitaine ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui écoute ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui se met un tout petit peu en retrait ? C'est-à-dire que je prends le temps quand il m'arrive quelque chose, quand je fais face à une situation de compétition, de me dire ok, dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi en vrai ? C'est pas moi qui ai envie de faire quelque chose, c'est qu'est-ce que cette situation elle attend de moi ? Et là, tu mets de côté un tout petit peu tout ce qui... pourrait potentiellement arriver. Tu te concentres simplement sur c'est quoi mon rôle à moi ? Parce que l'acceptation de l'enjeu, souvent, il se fait en faisant un petit tri comme ça. De ce qui dépend de nous, de ce qui dépend pas de nous. Et de ce qui est important pour nous dans cette situation. Et je trouve intéressant de retourner un petit peu le point de vue pour non pas se demander pourquoi c'est important pour nous d'avoir cet examen, d'avoir ce truc, de mettre en place ce nouveau comportement. de changer d'état d'esprit, mais de se dire dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi ? Donc si on récapitule, notre état d'esprit, c'est pas juste une manière de penser, c'est une manière d'habiter le monde, en vrai. C'est ce qu'on croit possible et c'est ce qui détermine ce qu'on ose tenter. Et ce qui est beau là-dedans, c'est qu'on n'a pas nécessairement à choisir entre le talent et l'effort, si on reprend l'état d'esprit fixe ou l'état d'esprit de développement, parce qu'on peut tout à fait reconnaître nos limites. tout en refusant d'en faire des obstacles insurmontables. Et changer d'état d'esprit, c'est pas renier une partie de soi-même, c'est juste se donner le droit de faire différemment. Et cette évolution, elle commence par se rendre compte qu'on a une teinte, se rendre compte qu'on voit le monde d'une certaine manière et qu'après tout, on pourrait la voir autrement. C'est juste passer de « je ne suis pas capable » à « je ne suis pas encore capable » . Alors on va s'inviter, peut-être, chacun d'entre nous, à choisir un domaine, à choisir un défi, ou même à choisir une habitude qu'on peut considérer comme figée, et se demander si ce n'était pas vrai, et si j'étais en train d'apprendre quelque chose. C'est tout pour cet épisode, quant à moi je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Prenez soin de vous, hésitez, à la semaine prochaine, ciao ! Et c'est la fin de cet épisode de Cerveau Enrodage. Si tu souhaites devenir un acteur privilégié d'un des futurs épisodes, n'hésite pas à m'envoyer tes questions par mail à l'adresse cerveauenrodage.com. Et si après ça, tu ne sais toujours pas quoi faire, tu peux également me rejoindre sur ma page Instagram Cerveau Enrodage. C'est tout pour cette semaine. Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine. Prenez soin de vous. Ciao !

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Et si ce qui te freinait vraiment, ce n’était pas tes échecs… mais ce que tu crois de toi-même ?

Dans cet épisode 3 du podcast Cerveau en Rodage, je t’emmène explorer une idée simple : nos croyances sur nous-mêmes façonnent nos états d’esprit, et ces états d’esprit conditionnent profondément la manière dont on se positionne face aux difficultés, aux réussites, aux apprentissages.

On part d’une question envoyée par Nathalie, lassée qu’on lui répète qu’il « suffit d’avoir le bon état d’esprit ». Mais au fond, c’est quoi un bon état d’esprit ? Et surtout, comment ça se construit ?

On parle d’états d’esprit fixes, d’états d’esprit de développement, de ces moments où on se pense “nul” dans un domaine… alors qu’en réalité, on pourrait évoluer. On parle de Jade, 14 ans, qui tombe 40 fois en apprenant le monocycle mais se relève encore, convaincue qu’elle progresse. Et on parle aussi de toi, de ces zones de ta vie où tu te sens bloqué, figé, condamné à l’échec.

Petit à petit, on déconstruit. On questionne. On propose des repères pour changer de lunettes — comme on ajuste la teinte d’un masque de ski — et voir autrement ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu crois.

Pas pour tout chambouler d’un coup. Mais pour choisir, dans un contexte bien précis, de faire évoluer ta perception de toi.

Parce que non, tu n’es pas figé. Tu n’es pas “comme ça pour toujours”.

Et ça, ça change tout.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si comme moi tu as été un champion du monde de l'entraînement, à qui on a souvent répété « fais attention » ou « concentre-toi » , mais que t'as jamais vraiment su ce que ça voulait dire de « se concentrer » ou de « faire attention » , ou si t'es un élève stressé à l'approche d'un examen qui en tant que souvent « ne stresse pas » ou « n'aie pas peur » , mais que tu ne sais pas vraiment ce que ça veut dire de ne pas être stressé ou de ne pas avoir peur, puisqu'après tout, ça a toujours fait partie de toi, alors tu l'auras remarqué, si on a tous été livrés avec le même cerveau, on n'est visiblement pas tous livrés avec le même tuto. Si tu te reconnais dans ce que je viens de dire, alors peut-être que ce podcast est fait pour toi. Cerveau en rodage, c'est un podcast dédié à la préparation mentale pour tous les curieux, désireux d'en connaître plus sur ce qu'il se passe entre nos deux oreilles. C'est un nouvel espace de discussion pour répondre à vos questions et aborder des outils simples pour qu'ensemble, nous puissions sortir du rodage. Je m'appelle Florian Gobot, je suis préparateur mental et je te souhaite la bienvenue dans Cerveau en rodage. Et bienvenue dans cet épisode 3 du podcast Cerveau Enrodage, épisode 3 dans lequel on va revenir sur un thème très intéressant comme tu as pu le lire dans le titre. Ce que tu crois de toi peut t'handicaper bien plus que tes échecs. Pourquoi ? Parce que ce que tu crois de toi, ça conditionne comment tu vas te positionner face aux événements de la vie. Et la manière avec laquelle tu vas te positionner face aux événements de la vie, on appelle ça un état d'esprit. Et oui, c'est quelque chose de relativement commun en fait. Et c'est un sujet qui m'a été amené par Nathalie. Nathalie, dans son premier mail, tu sens qu'elle est saoulée. Elle est saoulée de quoi ? Elle est saoulée du fait qu'on lui dit, systématiquement, qu'elle n'a pas le bon état d'esprit, qu'elle devrait être positive, qu'elle devrait être confiante, qu'elle devrait se faire plaisir. Et ça, ça la saoule profondément parce que Nathalie, elle, ce qu'elle dit, c'est qu'avoir un bon état d'esprit, ça ne se résume pas à être positive et confiante en toutes circonstances. Et en fait, Nathalie, tu as raison. elle va plus loin que ça, elle dit que même si ça se limitait à ça, admettons qu'un bon état d'esprit ça se limite à être positive et confiante, ben ça tombe pas du ciel en vrai, parce que si tu te sens profondément pas capable de faire quelque chose, ben tu as beau être aussi positive que tu veux, ça va pas changer grand chose au résultat. Et oui Nathalie, tu as encore une fois tout à fait raison, ça va pas changer grand chose au résultat. Du coup, ces questions c'est, c'est quoi un bon état d'esprit, et comment ça se construit ? Et ce qui est intéressant c'est que le point de départ, comme on l'a mis dans le thème, C'est ce que je crois de moi. Est-ce que je crois par exemple que je ne peux pas progresser ? Ou est-ce que je crois que je peux progresser ? Est-ce que je crois que je ne peux pas faire face à cette situation ? Ou est-ce que je crois que je peux faire face à cette situation ? Et là, il y a une psychologue américaine qui a construit, conçu des concepts intéressants. La psychologue en question, elle s'appelle Carol Dweck. C'est un professeur de Stanford qui s'est intéressé tout particulièrement au milieu de l'éducation. Et à celui du sport aussi un petit peu. Elle a quand même travaillé là-dessus pendant pas loin de 30 ans, puisqu'elle a commencé à travailler dessus en 70 de mémoire. Et le livre a été édité en 2003, donc ça fait quand même un peu de recherche dessus. Et ce qui l'a fasciné à la base, Dweck, c'est qu'elle observait que des enfants semblaient quasiment éternellement curieux, créatifs et persévérants, alors même que ce qu'on leur faisait faire, c'était parfois pas évident, mais ils étaient fascinés par le fait de faire face aux difficultés, alors que d'autres... abandonnait quand même relativement facilement. C'était son point de départ, sa réflexion de base. Qu'est-ce qui fait la différence entre ces deux-là ? Et c'est là-dessus qu'elle a fondé ces deux concepts, l'état d'esprit fixe et l'état d'esprit de développement. Pour faire très simple, tout est dans le titre. On est dans un état d'esprit fixe quand on part du principe que nos capacités et nos talents sont fixes. C'est-à-dire que je suis né avec un certain niveau d'intelligence, avec certaines capacités, et quoi que je fasse, ça ne va pas changer grand-chose. On est quand même là-dedans quand on est persuadé d'être mauvais dans quelque chose et que du coup, on n'écoute pas les corrections, on n'écoute pas les consignes, on n'écoute pas les critiques qu'on peut nous faire. On évite toute forme de difficulté, de comparaison, et on abandonne globalement rapidement. Quand tu es dans un contexte dans lequel tu te comportes comme ça, globalement, tu as un état d'esprit fixe. Tu vois. Mais ce qui est quand même... particulièrement intéressant dans cet état d'esprit fixe pour moi c'est que quand on est dans ce contexte là ce qu'on recherche à tout prix c'est se sentir compétent et se sentir reconnu Vous pourriez me dire, mais on cherche ça tout le temps. T'es bien gentil de dire ça, mais c'est quand même quelque chose de très important. Oui, c'est vrai, sauf que là, c'est particulièrement exacerbé parce qu'on recherche la validation de notre niveau de compétence tout le temps. Et on pense que le résultat que j'ai tout de suite là, il me définit moi. C'est-à-dire que si j'ai une bonne note, je vais me trouver bon. Si j'ai une mauvaise note, je vais me trouver mauvais. Et si je commence à faire quelque chose et que je suis bon tout de suite, Ça va être bon signe pour moi, ça veut dire que je suis bon dans ce truc-là. Alors que si je commence et que j'en chie tout de suite, je vais me dire, putain, je ne suis quand même pas franchement fait pour ça. Ce qui peut être vrai, mais ce qui peut ne pas être vrai, tu vois, non plus. Du coup, quand tu as un état d'esprit fixe, l'échec, c'est une preuve d'incompétence, quelque part. Les défis, l'adversité, c'est de vraies menaces. Ça va remettre en question mon niveau d'intelligence, mon niveau de compétence. C'est des choses dont je vais me méfier, quand même. ça peut impacter notre rapport à l'effort aussi Parce qu'en vrai, tu peux être fort dans quelque chose, par exemple, ne pas avoir eu besoin de beaucoup travailler pour obtenir un bon niveau de compétence, tu vas devoir te mettre à travailler pour passer un palier, sauf que toi tu considères que travailler, c'est pour ceux qui sont pas bons en fait. C'est pour ceux qui ont un peu de mal. Pourquoi moi je ferais des efforts dans un truc pour lequel je suis pas obligé d'en faire d'habitude ? Encore une fois, c'est quelque chose que, je pense, on a tous connu. C'est cette idée selon laquelle... Si je bosse et aussi fort que je bosse, de toute façon, ça ne changera rien. On juge tout sur le moment présent. Ce qui se passe là définit mes capacités et à aucun moment on a conscience qu'on peut progresser ou que les choses peuvent changer. Ça c'était pour l'état d'esprit fixe et malheureusement on l'oppose trop souvent à l'état d'esprit de développement. L'état d'esprit de développement, c'est quoi ? Encore une fois, tout est dans le titre. C'est quand on pense que tout se travaille et que tout se développe. L'idée, ce n'est pas de dire qu'on peut tous devenir champion du monde. L'idée, c'est de dire que chacun peut s'améliorer, peu importe son point de départ. La personne que j'ai rencontrée qui incarne le mieux cet état d'esprit, je pense que c'était une petite adolescente qui s'appelle Jade et que j'ai eu la chance d'encadrer pendant un atelier cirque à l'UCPA. Il y a quelques années, je pense que c'était il y a... 3 ou 4 ans en arrière, j'encadre un atelier cirque à l'UCPA, dans lequel tu proposes aux gens d'apprendre le jonglage, le diabolo, les assiettes chinoises et tout. Et on a Jade là-dedans qui sait tout faire globalement, les assiettes ça va, le diabolo ça va, le jonglage ça va, l'équilibre ça va. Elle, ce qu'elle veut faire c'est du monocycle, parce qu'elle a eu le malheur de voir qu'au fond du local on avait deux monocycles. Elle, elle vient de dire moi je veux faire ça, ça a l'air trop cool. Sauf que personne sait faire de monocycle, tu vois. dans l'ensemble de la colo. Il n'y en a pas un qui est capable de lui expliquer comment faire. Les lades, elles disent, ouais, mais c'est pas grave, je vais apprendre toute seule. Du coup, elle prend un tuto YouTube, elle se met dans un coin, pas trop loin, pour qu'on puisse observer ce qui se passe quand même et tomber dans des conditions un petit peu sécuritaires, tu vois. Et globalement, pendant 4 heures, elle va apprendre à faire du monocycle et pendant 4 heures, elle va se mettre au moins 35-40 chutes. Je pense qu'au moins 20 fois, ses potes sont venus lui dire Vas-y, arrête, ça ne sert à rien ce que tu fais. Vraiment, c'est inutile. Et elle, elle dit non. En fait, à chaque fois, j'apprends des petites choses. Tu vois, à chaque fois, je comprends un truc. Tout à l'heure, je ne tenais pas debout. Maintenant, je fais un demi-tour de manivelle. Ça montre bien que je progresse. Et Jade, au bout de 4 heures, elle arrive à faire 4 mètres sur son monocycle. Ce qui est vraiment énorme. Puisque je défie quiconque d'aller apprendre le monocycle en autonomie pour faire 4 mètres en 4 heures en tombant une quarantaine de fois. C'est quand même la seule personne que j'ai rencontrée à ce jour pour qui l'expression l'échec n'existe pas a fondamentalement du sens, tu vois. Pour elle, ça n'existait pas. Et pendant toute la fin de la semaine, elle est venue nous tanner pour avoir son monocycle. Dès qu'elle avait un temps libre ou dès qu'elle avait du temps pour elle, elle le prenait, elle allait dans un coin et elle s'entraînait à faire son truc. C'était assez remarquable. Et en fin de semaine, on a pu rencontrer les parents. Et là, j'ai appris des trucs encore plus incroyables. Petite Jade, en fait, elle était dyslexique. Elle a eu une scolarité vraiment très difficile au début, et que grâce aux ergothérapeutes, aux orthophonistes, à ses parents, à tout le soutien qu'elle a eu, elle a développé une confiance incroyable, si bien qu'à 14 ans, elle allait sauter une classe. Même quelque chose d'étonnant. Et quand tu parles avec le père, il m'a parlé d'une manière de fonctionner que j'ai jamais retrouvée chez personne d'autre, mais eux, c'était assez fascinant. Il me disait que depuis qu'elle est toute petite, les mauvaises notes n'existent pas. Elle peut rentrer, tu vois, quand elle rentrait des cours qu'elle était petite, elle rentrait avec des 0, des 2, des 3, des 4 sur 20. Elle pleurait, elle se trouvait nulle, elle se trouvait moins intelligente que les autres, elle se demandait pourquoi ça clochait ses ailes. Et elle se disait de toute façon ça, ça changera jamais, ça évoluera jamais. Et son père lui disait mais en fait viens, assis-toi là, explique-moi ce qui s'est passé aujourd'hui. Du coup il passait un temps pour discuter du contrôle, comment ça s'était passé, comment elle l'a vécu, etc. Elle dit, ça c'est très bien et c'est ce qui s'est passé aujourd'hui, maintenant tu vas m'expliquer ce que tu changerais demain pour avoir une meilleure note à ce contrôle-là et ce que tu vas changer demain pour avoir des meilleures notes que ça. Et pendant deux heures, elle devait chercher tout seul et démontrer tout seul ce qu'elle allait chercher, ce qu'elle allait mettre en place et son père ne lui a jamais soufflé une seule réponse. Son père ne lui a jamais imposé, ou sa mère d'ailleurs, et donc il ne lui a jamais soufflé aucune réponse, ne lui a jamais imposé aucune façon de travailler spécifique. La seule consigne qu'elle avait, c'est de pas se lever tant qu'elle avait pas trouvé de solution et tant qu'elle pouvait pas expliquer clairement ce qu'elle allait faire et qu'elle devait remettre en question régulièrement ce qu'elle croyait d'elle-même, ce qu'elle croyait vrai d'elle-même. Et ça, c'est la plus belle leçon de vie de ma vie que j'ai reçue Merci. pour définir ce que c'était qu'un état d'esprit. C'est-à-dire que comme vient de nous le démontrer le père de Jade, un état d'esprit, c'est une représentation durable que l'on a de nous-mêmes et de notre évolution. Ça veut dire qu'un état d'esprit, c'est voué à bouger, c'est voué à évoluer avec le temps. Carol Dweck, qui a conçu encore une fois ce concept d'état d'esprit, elle te le dit très bien. Dans le bouquin, elle te dit qu'on n'a pas un état d'esprit pour la vie. que ce qu'on a, c'est des réflexes mentaux qui correspondent à ce que l'on pense de nous dans la situation. Dans la situation. C'est-à-dire qu'un état d'esprit, une fois encore, c'est contextuel. Il faut voir ça comme un masque de ski. Pas si t'aimes bien le monde du ski, mais dans le monde du ski, les skieurs, ils ajustent la teinte de leur masque, leur carreau de masque, en fonction de la météo. Tu vois, des conditions météo. Eh bien nous, En fait, qu'on porte des lunettes ou pas, on a tous un masque qui influence notre manière de voir la situation en fonction de ce que l'on pense de nous et en fonction de ce que l'on croit que l'on est capable de faire. Maintenant, comment je fais pour construire un bon état d'esprit, du coup, si j'ai ce masque-là ? Si je reprends mon image du masque, du masque teinté, il nous suffirait entre guillemets de changer de masque ou de changer la teinte du masque. Seulement, ce n'est pas si facile. C'est pas si facile, pourquoi ? Parce que déjà, à la base, on n'a pas forcément choisi la teinte du masque que l'on va avoir. Parce qu'après tout, on est tous issus d'une histoire, on est tous issus d'un environnement, on est tous issus de croyances et d'injonctions qu'on a entendues tout au long de notre parcours et qui ont façonné cette teinte. Parce que oui, tu l'as compris que la teinte du masque, elle se construit sur notre passé qui lui-même conditionne une partie de nos comportements au présent. Tu le comprends ça. Et sans opportunité de prendre du recul, sans les bonnes personnes autour de soi, sans un environnement adapté, en vrai, ça peut être compliqué de faire évoluer ce que l'on croit de soi et de faire évoluer nos représentations. C'est pour ça que se faire accompagner, encore une fois, d'un professionnel, en hypnose, en psychologie, en ce que vous voulez, ça peut être une bonne chose. Ça peut être un temps dans lequel je prends un petit peu de recul là-dessus. La seule chose positive là-dedans, c'est qu'on est au centre de notre propre histoire. Et que toutes les petites prises de conscience que l'on peut avoir sur des croyances ou sur des représentations qu'on a de nous-mêmes, ça peut être le point de départ d'un changement qui peut nous amener très loin. Après tout, dans le fond, quand on parle d'état d'esprit, c'est comme quand on parle de mise à jour d'un téléphone ou d'un ordinateur, tu vois. Pour ne pas rester sur une vieille version de logiciel qui rame. Eh ben, on fait des mises à jour, des logiciels de nos ordinateurs et de nos téléphones. Ça arrive régulièrement, des fois même ça nous fait un peu chier. Mais nous... à l'échelle de notre vie de tous les jours et à l'échelle de nos contextes, on aurait des raisons de remettre en question nos logiciels. Parce qu'il y a des visions de nous-mêmes qui ne nous appartiennent pas, parce qu'il y a des choses qui nous freinent, parce qu'il y a des choses qui ne nous correspondent plus, et qui nous font nous sentir bloqués, contraints, alors qu'il y a d'autres représentations que le souhaitent conserver, parce que ça nous permet d'avancer encore aujourd'hui. Mais alors comment on fait bouger tout ça quand même ? Ben, tout comme je viens de le dire déjà, en faisant un vrai travail d'introspection, ou en prenant un petit peu de hauteur sur comment ça se passe chez nous et quelles représentations j'ai de moi. Et pour ça, on l'a dit, ou on arrive à le faire seul, à prendre de la hauteur, ce qui peut être complexe, soit on se fait accompagner d'un professionnel, d'un psychologue, de qui vous voulez, de qui vous en ressentez le besoin. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu'on peut mettre en place dans notre quotidien. Et c'est ce qui va nous intéresser plus particulièrement pour la suite de l'épisode, de savoir ce qu'on peut faire un tout petit peu tout seul. Et déjà, comme on l'a dit plus haut, un état d'esprit, c'est affaire de contexte. C'est quand même mieux, si on veut faire évoluer notre état d'esprit, de ne pas vouloir tout changer d'un coup. Notre rapport à tout, tout le temps. On va sélectionner un contexte. On va sélectionner un contexte dans lequel on a plutôt un état d'esprit fixe. En fait, je pense que je suis nul, je pense que jamais rien ne changera, jamais rien n'évoluera. C'est plutôt ce genre de contexte-là qui va nous intéresser. Nous, aujourd'hui, pour répondre à cette question, comment ça se construit qu'un état d'esprit ? Après, rien ne t'empêcherait de sélectionner un contexte dans lequel les choses ont commencé à bouger. Tu vois, il y a quelques temps, tu te disais que tu étais profondément nul et que ça ne changerait jamais. Et en fait, tu commences à te rendre compte que les choses bougent parfois. qu'il y a des moments dans lesquels tu arrives à faire des trucs. Et ça, c'est les contextes qui vont nous intéresser. Même si un contexte dans lequel tu es profondément déjà performant et tu fais preuve d'un excellent état d'esprit est super intéressant aussi. Mais nous, ce qui nous intéresse là, c'est de travailler, c'est de faire évoluer quelque chose. Donc partant de là, on va plutôt aller chercher un état d'esprit fixe, un truc dans lequel on trouve qu'on est nul et dans lequel on a une bonne marge de progression. Et ça peut même être intéressant de noter ce que tu penses de toi. Tu vois, tu prends un petit papier et tu te notes que tu te trouves nul, que de toute façon, lui, il est plus fort que toi, que de toute façon, ça, tu n'y arriveras jamais. Tu notes comment ça se matérialise, cet état d'esprit-là, dans ce que tu penses, dans ce que tu dis, dans ce que tu ressens. On va y revenir. Et en partant de ce point de départ-là, on peut commencer par réaliser un autre exercice tout simple, qui est le top 10. top 20 même peut-être, de ce que tu ne veux plus jamais revivre. Je ne veux plus me saboter, je ne veux plus me rendre malade, je veux arrêter de me sentir mal à propos de moi, de me trouver nul, je veux arrêter de douter de moi. Après avoir fait tout ça, il y a une autre question qu'on peut se poser par rapport à tout ce qu'on vient de noter sur notre papier, c'est, c'est quoi les avantages de tout ça ? Qu'est-ce que ces comportements, qu'est-ce que ces attitudes, elles racontent de moi ? C'est des questions qui sont pas faciles, c'est des questions qui bougent un peu. Tu vois, il peut être difficile d'avoir une vraie réponse tout de suite et pas d'aller se cacher derrière des excuses. C'est pour ça, encore une fois, qu'il est peut-être intéressant de s'entourer de gens pour répondre à des questions comme ça, mais c'est un exercice auquel on peut tout à fait se plier tout seul parce que c'est important d'accepter qu'on a eu des attitudes et des comportements qui n'étaient peut-être pas dingues, mais si on a agi comme on a agi, c'est peut-être... parce qu'à un moment donné, ces comportements-là, ils m'ont été utiles. Ils m'ont permis de faire quelque chose, ou de me protéger de quelque chose, et c'est quand même important d'essayer de comprendre tous les mécanismes qui façonnent nos représentations, que ce soit des mécanismes de défense, ou que ce soit des habitudes de fonctionnement, pour aller chercher ce que ça nous a apporté et comment ça s'est construit. On est toujours dans ce rapport de « qu'est-ce que je crois de moi dans ce contexte-là ? » Une fois qu'on a mis à jour notre représentation de nous-mêmes. Et de ce que l'on ne veut plus faire, il va être le moment de construire de nouvelles représentations. Parce que tu vois, là on en est simplement au stade où tu as pris une feuille, tu t'es dit par exemple moi je suis tennisman et je pense que sur les surfaces lentes, de toute façon, je suis mauvais. Voilà, c'est fait, c'est dit, j'arrive pas à adapter mon jeu, glisser je sais pas faire, bref, en plus de ça je trouve nul. franchement la terre battue je trouve ça nul seulement en fait ça me coûte cher parce que maintenant j'arrive à un niveau où je vais devoir jouer là dessus et rien ne va plus et je souhaite construire de nouvelles représentations donc comment on va faire c'est très simple on va utiliser la méthode Emilie Tieno, Emilie Tieno psychologue du sport qui a dû participer aux 5 dernières Olympiades je crois je mémoire et quand tu vois avec qui elle bosse tu te dis que globalement les méthodes tiennent la route on va construire une confiance en notre préparation on va construire une confiance en notre plan de jeu et on va comprendre et accepter que le résultat ne dépend pas de nous, en fait. Pas tant que ça de nous. Alors d'abord, commençons par la confiance en notre préparation. Rappelez-vous, on est dans un contexte dans lequel on vient juste d'établir que, comme avec mon exemple du tennisman, sur la terre battue, je suis mauvais, quoi qu'il arrive. Comment on va faire pour construire une nouvelle représentation de nous-mêmes ? En gagnant confiance en notre préparation, on va jouer sur trois plans différents. On va jouer d'abord sur notre définition d'objectif, on va jouer ensuite sur la grille d'analyse avec laquelle on se regarde, la grille de lecture, et on va jouer enfin sur ce qui se passe chez nous quand on vit ces moments-là. La première chose à définir donc, on l'a dit, c'est la définition d'objectif, c'est notre destination, c'est notre état final recherché, comme dirait l'autre. Je suis mauvais sur terre battue, je dois devenir bon sur terre battue. Déjà, ce type de réponse là, il est beaucoup trop flou. Tu vois, nous on veut être beaucoup plus spécifique que ça. Ce qu'on veut rechercher c'est où on veut aller, comment, combien de temps, pourquoi, qu'est-ce que ça implique pour moi, de quoi je dois me méfier et pourquoi faire, pourquoi je fais ça. La définition d'objectif ça sera toujours un passage obligatoire pendant lequel si je veux faire ce travail sérieusement, je vais devoir, pendant que je réfléchis à mon objectif, donc à froid, avant, me confronter à mes croyances et mes représentations de mes capacités, à faire ce que j'ai envie de faire, pour voir si ça match ou si ça match pas. Et si ça match pas, de quoi je vais me méfier chez moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je travaille chez moi ? Est-ce que je suis en accord avec tous les changements que ça implique ? Est-ce que c'est bon pour moi ou pas ? Une fois que ta... Conçu, crée un objectif qui te plaît, il va falloir que tu en crées une route qui mette en avant toutes les étapes qu'il y a à faire pour arriver à ta destination. En fait, tu fais un saucissonnage façon recette de cuisine sur un thermomix. Étape 1, farine. Étape 2, ajouter le sucre. Étape 3, ajouter le beurre. Et chaque étape t'amène à la suivante. Ça pourrait être, par exemple, dans le cas de notre tennisman, ben... Je suis mauvais sur terre battu, il faut que je m'améliore, du coup qu'est-ce que je vais faire ? Je vais augmenter peut-être le pourcentage d'entraînement sur cette surface. Je ne sais pas, je vais faire deux ou trois entraînements de plus dans la semaine. Des exemples encore une fois, mais je me définis un objectif ultra précis dans lequel j'ai fait le tour de tout, et derrière je me définis des petites étapes qui se suffisent à elles-mêmes, que je peux facilement identifier, que je peux facilement planifier, que je peux facilement réaliser. Dans le domaine de la gestion de projet, on appelle ça un diagramme de Gantt, ce qui définit l'étape 1, qui mène à l'étape 2, qui mène à l'étape 3, et tu définis là-dedans les ressources dont tu as besoin et le temps que ça va te prendre. Mais ça c'est que la première étape, la bonne définition d'objectif. Parce que si je veux continuer d'exercer une influence sur mes croyances et mes représentations personnelles, il va falloir que je me construise une grille de lecture de mes capacités, de mes qualités et de tout ce que je sais faire. Dans le milieu sportif aujourd'hui, tu as énormément d'applications qui te permettent de quantifier tes heures d'entraînement et ta progression. Si on parle de la course à pied, tu vois, Strava peut suffire à la limite. Mais il y a des milieux dans lesquels ces applications, elles ne te servent à rien. Et c'est à toi de construire ta propre grille de lecture. Par exemple, moi qui viens du monde du ski, et bien là-bas, le seul indicateur propre à première vue, c'est le chrono. Tu pourrais te dire, ce qui va juger mon évolution, ma progression. Mais capacité, c'est le chrono. Maintenant, est-ce que réaliser un bon chrono suffit pour qu'une personne ait une bonne représentation d'elle-même ? Ben non en fait, il y a peut-être un ensemble d'autres choses qui vont être super importants. Il faut qu'il se fabrique une autre grille de lecture qui va prendre en considération d'autres critères. La capacité à s'échauffer par exemple, la capacité à avoir de bonnes sensations tout de suite, la capacité à reconnaître un tracé, à se représenter dans un tracé. La capacité à rester concentré tout au long d'une manche, la capacité à rester concentré malgré des erreurs, la capacité à s'investir même quand c'est dur, c'est tout ça qu'il faudra prendre en compte. Le but de la grille de lecture, c'est de savoir d'où je pars, qu'est-ce que je crois de moi aujourd'hui, comment je vais voir que ça va changer et qu'est-ce que ça pourrait changer quand ça aura changé. Parce que trop souvent dans nos entraînements, on se concentre surtout sur le chemin qui nous reste à parcourir. On se comporte un peu comme un cheval, t'sais, avec des œillères, qui fait qu'il ne peut regarder que devant lui. Il s'en fout un peu de ce qu'il a fait avant, de ce qu'il a réussi à faire, il regarde que devant. Et du coup, on arrive à notre compétition et on porte souvent seulement notre attention sur ce qui nous manque. Ou sur ce qu'il ne faut pas qu'on fasse. Et c'est dommage. Parce que tu peux te retrouver comme ça avec des gens, moi j'ai pu le vivre longtemps dans le milieu du ski, avec des gens qui sont au sommet des championnats de France et qui ne savent se définir que... parce qu'ils ne savent pas faire, que parce qu'il ne faut pas qu'ils fassent. Parce que mettre des mots sur ce qu'ils savent faire, c'est compliqué. Partant de là, comment est-ce que tu veux avoir une bonne représentation de toi-même dans l'échéance que tu vas vivre, là tout de suite ? Ça paraît compliqué quand même. En fait, la confiance en notre préparation et construire un état d'esprit, ça se mesure pas seulement en regardant si j'ai le niveau le jour J. Avoir confiance en sa préparation, c'est aussi savoir se retourner sur ce que j'ai fait. Se rappeler de tous les moments difficiles, se rappeler de tous les échecs au-dessus desquels je suis passé. Se rappeler aussi de tous les moments où j'ai été parfait dans mon entraînement, où j'ai vraiment tout appliqué. Et c'est une démarche personnelle parce que bien souvent tu peux pas compter sur quelqu'un d'autre pour le faire ça. Sauf si t'as un entraîneur très prévenant qui le fait pour toi, qui te met en place des indicateurs comme ça et qui te force un peu parfois à regarder tout ça. Donc c'est une démarche quand même la majorité du temps qu'on... se doit de faire seul, mais pour laquelle il nous faut des infos. On se doit de se faire accompagner de nos entraîneurs pour nous aider à créer un petit peu cette grille-là de nos profs ou de gens qui évoluent un petit peu à côté de nous. L'idée, c'est de mettre en place un environnement dans lequel je me rends compte des capacités qui sont les miennes. Je vais vous donner un exemple pour vous rendre compte d'à quel point ça peut changer les choses. J'ai un petit frère qui est beaucoup plus petit que moi et lui, il aimait bien l'escalade. Pendant longtemps, il a fait de l'escalade. Un jour, on l'a emmené à un entraînement à Chamonix. Et ce jour-là, il y a un groupe qui joint à eux. Et cet autre groupe, il est ultra fier de ses médailles, en fait. C'est-à-dire qu'ils ont tous des médailles. Il y en a un qui dit, moi, j'ai l'étherlou 2. Je crois que c'est une médaille en escalade. Une médaille, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est comme les ceintures au judo, ou comme les étoiles à ski. c'est quelque chose qui valide un niveau Sauf que moi, le groupe de mon frère, jamais de leur vie, on leur a parlé de ça. Jamais de leur vie, on leur a parlé qu'ils devaient avoir une quelconque médaille. Et ce jour-là, donc, l'entraînement commence. Et ce qui va être super intéressant, c'est qu'ils sont dans un contexte dans lequel c'est un tout petit peu difficile, parce qu'il a plu la nuit et que la paroi, elle glisse. Et là, ce qui va être intéressant de constater, c'est qu'à partir du moment où ils vont commencer les voies, quand ils auront fini de s'échauffer et faire des petits jeux, et bien la team médaille entre guillemets, elle s'est mise quand même relativement vite à se décourager. Se décourager parce que c'était dur, parce qu'ils n'arrivaient pas à sortir la voie, et que sortir la voie, arriver en haut, c'était le seul truc par lequel ils identifiaient leur niveau de compétence. Pendant ce temps-là, le groupe de mon frangin, ils ne sortaient pas les voies non plus, sauf qu'ils ne se décourageaient pas. Ils réfléchissaient au passage où ils tombaient, comment il fallait qu'ils fassent. qu'est-ce qu'ils pouvaient essayer, du coup il y en a un qui essayait un truc, il y en a un autre qui essayait un autre truc, ils s'encourageaient entre eux, et ils avaient une grille de lecture totalement différente, qui a fait que sur la séance, ben eux ont réussi à sortir des voix, alors que l'autre groupe non, ils sont pas allés au bout parce qu'ils sont tout de suite rentrés dans de la frustration et dans des choses comme ça, et ils s'identifiaient... pas aux mêmes choses, tu vois. Donc t'as un groupe, encore une fois, qui s'identifie que par le succès tout de suite, l'autre s'identifie sur « mais t'as fait quoi en fait pour aller juste un tout petit peu plus haut que moi ? » Et là on parle encore une fois d'enfants qui avaient 8-10 ans à l'époque. Ça montre bien que ça peut se faire à tout âge. Et quand t'as une grille de lecture un tout petit peu différente, ben tu crois pas de toi les mêmes choses, ce qui fait que tu te positionnes un tout petit peu différemment face à la difficulté. Ça donne pas le même résultat. Donc il faut vraiment qu'on prenne le temps de choisir par quel outil, par quel prisme, par quel filtre on va se regarder pour construire ce que je vais croire de moi. Puisque comme dans l'exemple de mon frère, ce qu'il a cru et ce que le groupe a cru de ses capacités a influencé leurs filtres, leurs perceptions, leurs émotions, leurs attitudes et leurs comportements. Pour finir sur la confiance en notre préparation, après avoir parlé de la grille de lecture, après avoir parlé de l'objectif, Il est possible que tu aies une excellente définition d'objectif, il est possible que tu te construises une excellente grille de lecture et que tu tombes sur des représentations de toi-même qui sont moins évidentes à comprendre. Tu sais, je veux parler de ces moments dans lesquels tu veux faire un truc et tu agis à l'opposé de ce que tu veux faire. Tu veux dormir, tu cherches le sommeil mais tu trouves pas le sommeil. Tu veux faire attention à ce que tu manges mais quand même déboîter la tablette de chocolat c'est super intéressant. Et je vais culpabiliser d'avoir... déboîter la tablette alors que je voulais pas la manger mais que je l'ai mangé quand même. Tu sais, c'est tous ces moments dans lesquels on n'agit pas nécessairement en correspondance avec ce que l'on pense, avec ce que l'on croit qu'il faut faire, sans savoir vraiment pourquoi on a fait ça. Comme s'il y avait un décalage, un conflit à l'intérieur qui vient nous expliquer qu'il y a des parties de nous qui sont pas en accord avec ce qui se passe là tout de suite. Ça constitue notre dernier axe de travail pour construire un bon état d'esprit. à travers la confiance en notre préparation, c'est se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous. Sans rentrer dans le détail de ce que c'est qu'une émotion aujourd'hui, puisque quand on parle de se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous, c'est ça, c'est un rapport aux émotions. Une émotion, ça se compose de différentes parties, de différents éléments. Il y a tout d'abord l'évaluation de la situation. Je fais face à, j'évalue la situation. Ensuite, il y a une trace biologique. La trace biologique, en vrai, on s'en fout fondamentalement, parce que quand tu vis une situation, tu ne vas pas sentir tes neurones se connecter et les hormones ruisseler dans le corps. Même si ça pourrait être intéressant de savoir quel type d'hormones entre en jeu là-dedans. En revanche, ce qui va être intéressant, c'est comment tu te sens, toi. C'est la phénoménologie quelque part. Et comment tu en parles, tu vois. C'est les deux branches qui vont nous intéresser. Je vis un truc, comment je l'analyse, comment je me parle, comment je me sens, comment je le vis. Et pendant longtemps, on a opposé le ressenti à la pensée. Cette opposition, elle résume l'histoire de la recherche dans le champ des émotions à elle toute seule, tu vois. Est-ce qu'une émotion, ça vient plutôt du corps ? Ou est-ce que ça vient plutôt de la tête ? Qui a le plus d'influence sur l'autre ? C'est vraiment ce qu'on a recherché pendant des années. De la même façon, pendant des années, on nous a expliqué qu'il faut les ranger les émotions un petit peu au placard, et il faut les rationaliser. Et parfois on rationalise très bien et très objectivement, on est très au clair dans notre tête sur ce qu'il faudrait qu'on fasse. Seulement, on sent bien que le corps n'est pas tout à fait en accord avec ce qui se passe dans la tête. Et cette source de désaccord, elle peut être plus ou moins complexe à dénouer. Et c'est pour ça qu'elle est intéressante déjà à observer. C'est intéressant qu'on comprenne ce qui se passe dans la situation et comment je me sens dans la situation. Si je ressens un désaccord, comment ça se passe ? Donc la seule chose qu'il nous faut retenir ici, c'est que si on veut faire évoluer nos représentations de nous-mêmes, on ne peut pas exclure la dimension de comment je vis une situation. Comment je la ressens ? Parce que notre ressenti, c'est notre boussole interne qui va influencer ce que l'on pense et derrière, ce que l'on pense va influencer aussi ce que l'on ressent. Et donc, notre manière de nous positionner face aux événements. C'est pour ça que, quand on veut faire évoluer nos représentations, on se doit d'intégrer ce que l'on pense et ce que l'on ressent. Il faut voir ça comme un couple et pas comme une opposition. On peut travailler ça avec un modèle simple qui est issu des TCC. Le modèle il s'appelle ABC pour élément activateur, le A. Croyance, alors tu vois croyance c'est pas le C c'est le B parce que c'est un modèle anglais et que le modèle ABC, le B ça voulait dire believe. Et nous en français ça fait croyance. Et le C c'est conséquence, c'est conséquence. Concrètement je fais face à un événement et cet événement déclenche chez moi la croyance que je n'y arriverai pas. Je me sens paralysé, j'ai mal aux ventes, je suis inhibé, je suis dans le brouillard. Et plutôt que de remettre en question ma croyance, je vais aussi réfléchir à ce que je ressens et à ce que je voudrais ressentir à la place de ce que je ressens maintenant. Comment est-ce que ça va évoluer ce truc-là ? Maintenant, après avoir réalisé une super définition d'objectif, après avoir fait le point sur nos représentations, après avoir mis en place une grille de lecture qui nous permet de remettre en perspective notre vision de nous-mêmes, Après avoir intégré ce que l'on pense et ce que l'on ressent, après avoir fait tout ça, face à l'événement, on n'est déjà plus la même personne. On a déjà une représentation de nous-mêmes qui a changé. On a déjà un état d'esprit qui a changé. Tu ne peux pas ne pas avoir changé si tu as fait l'effort de travailler là-dessus. Du coup, ça nous permet d'aborder le deuxième point, le deuxième max important, rappelez-vous, notre confiance en notre plan de jeu. On va partir du postulat... qu'ici tu as déjà fait tout ce que l'on a déjà dit juste avant. Si on utilise la métaphore du masque de ski, c'est comme si tu avais pris le temps à l'entraînement de faire le point sur la teinte dont tu as besoin pour voir ce que tu as besoin de voir pour être dans les meilleures dispositions possibles. Mais parce que ce jour-là il y a de l'enjeu, parce que ce jour-là il y a le regard des autres, tu pourrais te mettre à douter un tout petit peu de cette teinte-là. Tu pourrais te dire en fait non, ça suffira peut-être pas. Et parce que tu doutes, tu pourrais te dire ben je vais pas utiliser celle-là. On a tous connu ce truc-là, tu t'entraînes, tu t'entraînes bien, t'as un plan d'entraînement, t'as un rythme, et t'es au départ de la course, et tu pars comme une balle. Tu pars à un rythme où tu sais qu'il ne faut pas que tu partes, parce que tu vas te griller tout de suite. Tous ceux qui ont fait du trail, la course à pied, un 10 km sur route, un 20 km, vous comprenez ce que je dis là. C'est exactement ce genre de situation. Tu t'es entraîné, tu sais que t'as une allure, et tu te tires une balle dans le pied entre le kilomètre 0 et le kilomètre... 3 parce que t'es parti comme un avion alors que non, c'est pas ça qu'il faut les faire c'est pour ça qu'encore une fois la préparation elle est ultra importante, c'est à dire que dans beaucoup de métiers, dans beaucoup de sports notre objectif ça va être de créer des drills ça va être de créer des habitudes des habitudes qui se répètent de façon réflexe Mais le but de créer des habitudes, c'est pas d'arriver le jour de l'examen, le jour de la compétition. Je peux y aller la fleur au fusil parce que de toute façon, je me suis bien entraîné et ça va bien se passer. J'ai plus rien à faire. En fait, si, tu as quelque chose à faire. La chose que tu as à faire, c'est de t'assurer justement que tu fais ce que tu fais d'habitude. Et t'essayes de faire ce truc-là du mieux que tu peux. T'essayes pas de faire plus, t'essayes pas de faire différemment. Tu t'appliques à bien faire ce que tu sais faire d'habitude. T'es pas là pour inventer des trucs, t'es pas là pour créer quelque chose ou pour essayer autre chose, t'es juste là pour faire ce que tu sais faire. Et la confiance en notre plan de jeu, elle se fait sur deux axes. Le premier axe, c'est de se constituer une somme d'habitudes mentales, physiques, psychologiques ou comportementales qui nous servent de gilet pare-balles face à l'événement que l'on vit. Cette somme d'habitudes, elle nous permet de générer les états internes dont on a besoin pour se sentir bien. On appelle ça des routines, on appelle ça des ancrages, on appelle ça plein d'autres choses. C'est le premier axe. Le deuxième axe, qui est en vrai finement imbriqué dans le premier, ça va être que nos habitudes de fonctionnement nous servent aussi à nous rappeler nos moteurs internes, nous nous rappeler qu'est-ce qu'on fait là et pourquoi c'est important pour nous de faire ce qu'on fait. Et oui, si demain tu demandes à un champion olympique pourquoi il s'inflige tout ce qu'il s'inflige, il ne va pas te dire parce qu'il fallait bien. Il va plutôt te dire, comme Charlie Dalin pendant le Vendée Globe, je crois, que ce qui lui plaît, lui, là-dedans, son moteur de compétition, c'est la recherche d'optimisation d'une situation et la résolution de problèmes. Et ça, ça lui permet de gagner des courses. Mais gagner la course, ce n'est pas une fin en soi. C'est-à-dire que le moteur quotidien, C'est l'optimisation, le moteur quotidien, c'est la résolution de problèmes. Fabien Olicard, un mentaliste et un auteur que j'adore, en parle très très bien aussi, dans une vidéo dans laquelle il explique ses motivations à écrire des livres. C'est-à-dire que le mec écrit presque un livre par an, ce qui est quand même un effort tout à fait remarquable. Et dans cette vidéo, il se questionne sur, en fait, en vrai, qu'est-ce qui me motive à écrire ce livre ? Ce qui me motive, c'est que j'ai envie de travailler un sujet, j'ai envie de creuser un sujet, le plus possible, et que mon livre y représente le meilleur travail que je puisse faire. Pourquoi c'est important pour moi de creuser ce sujet ? C'est important pour moi de creuser ce sujet parce que j'ai envie de me sentir utile. Pourquoi c'est important pour moi de me sentir utile ? Parce que c'est un sentiment d'exister, quelque part. Sous-entendu, ce qu'il nous dit, c'est que quand je cherche à écrire un livre, même si le but c'est qu'on en parle et qu'il soit lu, le livre me permet d'exister d'abord et avant tout, parce que je fais quelque chose d'utile. Du coup, si on résume cette partie-là, on aura parlé de routine, Mais on reviendra dans le détail sur ce que c'est qu'une routine plus tard. On aura parlé d'ancrage, on aura parlé de croyance, on aura parlé de comment je m'assure de faire ce que je sais faire quand je sais le faire. Comment je m'organise un petit peu pour faire ça ? C'est là-dessus que se crée la confiance en notre plan de jeu. Donc comment on fait maintenant pour rendre ça un tout petit peu plus concret ? Il faut faire différentes choses. Déjà, pour avoir confiance en son plan de jeu le jour J, ça implique qu'à l'entraînement, T'es observé tes points forts, t'es observé tes perceptions importantes, que t'es observé là où il fallait que tu portes ton regard, ce qui était important, ce qui n'était pas important. Ça implique qu'à l'entraînement t'aies fait le point des états physiologiques et corporels qu'il faut que tu trouves en compétition, que tu saches comment il faut que tu te sentes pour être performant, que tu réfléchisses aussi à pourquoi tu fais ce que tu fais, que ce que tu viens chercher là, c'est pas seulement le fait de gagner quelque chose. C'est pas seulement le fait d'avoir un résultat, c'est pas seulement le fait de changer de comportement. Mais je fais ce comportement-là, je fais ce changement-là pour obtenir quelque chose d'autre, qui constitue mon moteur interne. Et la finalité, c'est de condenser tout ça en une suite de petits gestes qui t'amènent tout ce dont tu as besoin le jour de la compétition. Pour vous faire une simple illustration de à quoi ça ressemble, cette série d'habitudes qui s'amènent ce dont tu as besoin. C'est un tout jeune retraité du tennis qui était très facile à observer, pour ça c'est Raphaël Nadal. C'est-à-dire que sa série d'habitudes qu'il avait partout, tout le temps, peut-être qu'elles étaient chiantes, peut-être qu'elles étaient déstabilisantes, mais pour lui, elles étaient profondément nécessaires. Ce qui nous permet d'entrer dans nos derniers points maintenant, comment est-ce que j'accepte l'enjeu ? Et même au-delà de ça, comment est-ce qu'on accepte de faire face à certains événements, aussi durs soient-ils ? Parce que quand on a envie de changer quelque chose, quand... Quand on a envie d'évoluer un petit peu, de changer notre état d'esprit, de changer nos représentations mentales, on va peut-être aller se confronter à des événements qui vont pas être nécessairement très agréables pour nous. Il y a un monsieur qui s'appelle Viktor Frankl. Viktor Frankl, c'est un psychiatre autrichien qui a été déporté pendant la Seconde Guerre mondiale et il a survécu à deux camps de concentration. Et dans cet environnement-là, qui est quand même l'un des plus extrêmes que l'être humain a pu connaître, je pense, il a observé une chose essentielle. Il disait que Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Et que dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Et que dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté. Cette phrase, elle est aussi bizarre qu'intéressante. Ce qu'il veut dire par là, c'est que c'est pas ce qui nous arrive qui nous détruit, c'est notre manière d'y répondre. Et surtout, ce qu'il nous manque parfois, c'est du sens. Mais Frankel, il ne te dit pas cherche un sens à ce que tu fais. Il ne te dit pas pose-toi pendant trois heures et demande-toi pourquoi tu fais ça. Non, lui, il te dit demande-toi ce que la situation elle attend de toi. Et ça, c'est une vraie clé. Parce qu'un état d'esprit, c'est aussi ça. C'est se demander dans ce moment-là, qu'est-ce que la situation attend de moi ? Est-ce que je dois garder la tête froide ? Est-ce que je dois être celui qui continue d'avancer même quand on a peur ? Est-ce que je dois être un animateur ? Est-ce que je dois être un capitaine ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui écoute ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui se met un tout petit peu en retrait ? C'est-à-dire que je prends le temps quand il m'arrive quelque chose, quand je fais face à une situation de compétition, de me dire ok, dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi en vrai ? C'est pas moi qui ai envie de faire quelque chose, c'est qu'est-ce que cette situation elle attend de moi ? Et là, tu mets de côté un tout petit peu tout ce qui... pourrait potentiellement arriver. Tu te concentres simplement sur c'est quoi mon rôle à moi ? Parce que l'acceptation de l'enjeu, souvent, il se fait en faisant un petit tri comme ça. De ce qui dépend de nous, de ce qui dépend pas de nous. Et de ce qui est important pour nous dans cette situation. Et je trouve intéressant de retourner un petit peu le point de vue pour non pas se demander pourquoi c'est important pour nous d'avoir cet examen, d'avoir ce truc, de mettre en place ce nouveau comportement. de changer d'état d'esprit, mais de se dire dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi ? Donc si on récapitule, notre état d'esprit, c'est pas juste une manière de penser, c'est une manière d'habiter le monde, en vrai. C'est ce qu'on croit possible et c'est ce qui détermine ce qu'on ose tenter. Et ce qui est beau là-dedans, c'est qu'on n'a pas nécessairement à choisir entre le talent et l'effort, si on reprend l'état d'esprit fixe ou l'état d'esprit de développement, parce qu'on peut tout à fait reconnaître nos limites. tout en refusant d'en faire des obstacles insurmontables. Et changer d'état d'esprit, c'est pas renier une partie de soi-même, c'est juste se donner le droit de faire différemment. Et cette évolution, elle commence par se rendre compte qu'on a une teinte, se rendre compte qu'on voit le monde d'une certaine manière et qu'après tout, on pourrait la voir autrement. C'est juste passer de « je ne suis pas capable » à « je ne suis pas encore capable » . Alors on va s'inviter, peut-être, chacun d'entre nous, à choisir un domaine, à choisir un défi, ou même à choisir une habitude qu'on peut considérer comme figée, et se demander si ce n'était pas vrai, et si j'étais en train d'apprendre quelque chose. C'est tout pour cet épisode, quant à moi je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Prenez soin de vous, hésitez, à la semaine prochaine, ciao ! Et c'est la fin de cet épisode de Cerveau Enrodage. Si tu souhaites devenir un acteur privilégié d'un des futurs épisodes, n'hésite pas à m'envoyer tes questions par mail à l'adresse cerveauenrodage.com. Et si après ça, tu ne sais toujours pas quoi faire, tu peux également me rejoindre sur ma page Instagram Cerveau Enrodage. C'est tout pour cette semaine. Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine. Prenez soin de vous. Ciao !

Description

Et si ce qui te freinait vraiment, ce n’était pas tes échecs… mais ce que tu crois de toi-même ?

Dans cet épisode 3 du podcast Cerveau en Rodage, je t’emmène explorer une idée simple : nos croyances sur nous-mêmes façonnent nos états d’esprit, et ces états d’esprit conditionnent profondément la manière dont on se positionne face aux difficultés, aux réussites, aux apprentissages.

On part d’une question envoyée par Nathalie, lassée qu’on lui répète qu’il « suffit d’avoir le bon état d’esprit ». Mais au fond, c’est quoi un bon état d’esprit ? Et surtout, comment ça se construit ?

On parle d’états d’esprit fixes, d’états d’esprit de développement, de ces moments où on se pense “nul” dans un domaine… alors qu’en réalité, on pourrait évoluer. On parle de Jade, 14 ans, qui tombe 40 fois en apprenant le monocycle mais se relève encore, convaincue qu’elle progresse. Et on parle aussi de toi, de ces zones de ta vie où tu te sens bloqué, figé, condamné à l’échec.

Petit à petit, on déconstruit. On questionne. On propose des repères pour changer de lunettes — comme on ajuste la teinte d’un masque de ski — et voir autrement ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu crois.

Pas pour tout chambouler d’un coup. Mais pour choisir, dans un contexte bien précis, de faire évoluer ta perception de toi.

Parce que non, tu n’es pas figé. Tu n’es pas “comme ça pour toujours”.

Et ça, ça change tout.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si comme moi tu as été un champion du monde de l'entraînement, à qui on a souvent répété « fais attention » ou « concentre-toi » , mais que t'as jamais vraiment su ce que ça voulait dire de « se concentrer » ou de « faire attention » , ou si t'es un élève stressé à l'approche d'un examen qui en tant que souvent « ne stresse pas » ou « n'aie pas peur » , mais que tu ne sais pas vraiment ce que ça veut dire de ne pas être stressé ou de ne pas avoir peur, puisqu'après tout, ça a toujours fait partie de toi, alors tu l'auras remarqué, si on a tous été livrés avec le même cerveau, on n'est visiblement pas tous livrés avec le même tuto. Si tu te reconnais dans ce que je viens de dire, alors peut-être que ce podcast est fait pour toi. Cerveau en rodage, c'est un podcast dédié à la préparation mentale pour tous les curieux, désireux d'en connaître plus sur ce qu'il se passe entre nos deux oreilles. C'est un nouvel espace de discussion pour répondre à vos questions et aborder des outils simples pour qu'ensemble, nous puissions sortir du rodage. Je m'appelle Florian Gobot, je suis préparateur mental et je te souhaite la bienvenue dans Cerveau en rodage. Et bienvenue dans cet épisode 3 du podcast Cerveau Enrodage, épisode 3 dans lequel on va revenir sur un thème très intéressant comme tu as pu le lire dans le titre. Ce que tu crois de toi peut t'handicaper bien plus que tes échecs. Pourquoi ? Parce que ce que tu crois de toi, ça conditionne comment tu vas te positionner face aux événements de la vie. Et la manière avec laquelle tu vas te positionner face aux événements de la vie, on appelle ça un état d'esprit. Et oui, c'est quelque chose de relativement commun en fait. Et c'est un sujet qui m'a été amené par Nathalie. Nathalie, dans son premier mail, tu sens qu'elle est saoulée. Elle est saoulée de quoi ? Elle est saoulée du fait qu'on lui dit, systématiquement, qu'elle n'a pas le bon état d'esprit, qu'elle devrait être positive, qu'elle devrait être confiante, qu'elle devrait se faire plaisir. Et ça, ça la saoule profondément parce que Nathalie, elle, ce qu'elle dit, c'est qu'avoir un bon état d'esprit, ça ne se résume pas à être positive et confiante en toutes circonstances. Et en fait, Nathalie, tu as raison. elle va plus loin que ça, elle dit que même si ça se limitait à ça, admettons qu'un bon état d'esprit ça se limite à être positive et confiante, ben ça tombe pas du ciel en vrai, parce que si tu te sens profondément pas capable de faire quelque chose, ben tu as beau être aussi positive que tu veux, ça va pas changer grand chose au résultat. Et oui Nathalie, tu as encore une fois tout à fait raison, ça va pas changer grand chose au résultat. Du coup, ces questions c'est, c'est quoi un bon état d'esprit, et comment ça se construit ? Et ce qui est intéressant c'est que le point de départ, comme on l'a mis dans le thème, C'est ce que je crois de moi. Est-ce que je crois par exemple que je ne peux pas progresser ? Ou est-ce que je crois que je peux progresser ? Est-ce que je crois que je ne peux pas faire face à cette situation ? Ou est-ce que je crois que je peux faire face à cette situation ? Et là, il y a une psychologue américaine qui a construit, conçu des concepts intéressants. La psychologue en question, elle s'appelle Carol Dweck. C'est un professeur de Stanford qui s'est intéressé tout particulièrement au milieu de l'éducation. Et à celui du sport aussi un petit peu. Elle a quand même travaillé là-dessus pendant pas loin de 30 ans, puisqu'elle a commencé à travailler dessus en 70 de mémoire. Et le livre a été édité en 2003, donc ça fait quand même un peu de recherche dessus. Et ce qui l'a fasciné à la base, Dweck, c'est qu'elle observait que des enfants semblaient quasiment éternellement curieux, créatifs et persévérants, alors même que ce qu'on leur faisait faire, c'était parfois pas évident, mais ils étaient fascinés par le fait de faire face aux difficultés, alors que d'autres... abandonnait quand même relativement facilement. C'était son point de départ, sa réflexion de base. Qu'est-ce qui fait la différence entre ces deux-là ? Et c'est là-dessus qu'elle a fondé ces deux concepts, l'état d'esprit fixe et l'état d'esprit de développement. Pour faire très simple, tout est dans le titre. On est dans un état d'esprit fixe quand on part du principe que nos capacités et nos talents sont fixes. C'est-à-dire que je suis né avec un certain niveau d'intelligence, avec certaines capacités, et quoi que je fasse, ça ne va pas changer grand-chose. On est quand même là-dedans quand on est persuadé d'être mauvais dans quelque chose et que du coup, on n'écoute pas les corrections, on n'écoute pas les consignes, on n'écoute pas les critiques qu'on peut nous faire. On évite toute forme de difficulté, de comparaison, et on abandonne globalement rapidement. Quand tu es dans un contexte dans lequel tu te comportes comme ça, globalement, tu as un état d'esprit fixe. Tu vois. Mais ce qui est quand même... particulièrement intéressant dans cet état d'esprit fixe pour moi c'est que quand on est dans ce contexte là ce qu'on recherche à tout prix c'est se sentir compétent et se sentir reconnu Vous pourriez me dire, mais on cherche ça tout le temps. T'es bien gentil de dire ça, mais c'est quand même quelque chose de très important. Oui, c'est vrai, sauf que là, c'est particulièrement exacerbé parce qu'on recherche la validation de notre niveau de compétence tout le temps. Et on pense que le résultat que j'ai tout de suite là, il me définit moi. C'est-à-dire que si j'ai une bonne note, je vais me trouver bon. Si j'ai une mauvaise note, je vais me trouver mauvais. Et si je commence à faire quelque chose et que je suis bon tout de suite, Ça va être bon signe pour moi, ça veut dire que je suis bon dans ce truc-là. Alors que si je commence et que j'en chie tout de suite, je vais me dire, putain, je ne suis quand même pas franchement fait pour ça. Ce qui peut être vrai, mais ce qui peut ne pas être vrai, tu vois, non plus. Du coup, quand tu as un état d'esprit fixe, l'échec, c'est une preuve d'incompétence, quelque part. Les défis, l'adversité, c'est de vraies menaces. Ça va remettre en question mon niveau d'intelligence, mon niveau de compétence. C'est des choses dont je vais me méfier, quand même. ça peut impacter notre rapport à l'effort aussi Parce qu'en vrai, tu peux être fort dans quelque chose, par exemple, ne pas avoir eu besoin de beaucoup travailler pour obtenir un bon niveau de compétence, tu vas devoir te mettre à travailler pour passer un palier, sauf que toi tu considères que travailler, c'est pour ceux qui sont pas bons en fait. C'est pour ceux qui ont un peu de mal. Pourquoi moi je ferais des efforts dans un truc pour lequel je suis pas obligé d'en faire d'habitude ? Encore une fois, c'est quelque chose que, je pense, on a tous connu. C'est cette idée selon laquelle... Si je bosse et aussi fort que je bosse, de toute façon, ça ne changera rien. On juge tout sur le moment présent. Ce qui se passe là définit mes capacités et à aucun moment on a conscience qu'on peut progresser ou que les choses peuvent changer. Ça c'était pour l'état d'esprit fixe et malheureusement on l'oppose trop souvent à l'état d'esprit de développement. L'état d'esprit de développement, c'est quoi ? Encore une fois, tout est dans le titre. C'est quand on pense que tout se travaille et que tout se développe. L'idée, ce n'est pas de dire qu'on peut tous devenir champion du monde. L'idée, c'est de dire que chacun peut s'améliorer, peu importe son point de départ. La personne que j'ai rencontrée qui incarne le mieux cet état d'esprit, je pense que c'était une petite adolescente qui s'appelle Jade et que j'ai eu la chance d'encadrer pendant un atelier cirque à l'UCPA. Il y a quelques années, je pense que c'était il y a... 3 ou 4 ans en arrière, j'encadre un atelier cirque à l'UCPA, dans lequel tu proposes aux gens d'apprendre le jonglage, le diabolo, les assiettes chinoises et tout. Et on a Jade là-dedans qui sait tout faire globalement, les assiettes ça va, le diabolo ça va, le jonglage ça va, l'équilibre ça va. Elle, ce qu'elle veut faire c'est du monocycle, parce qu'elle a eu le malheur de voir qu'au fond du local on avait deux monocycles. Elle, elle vient de dire moi je veux faire ça, ça a l'air trop cool. Sauf que personne sait faire de monocycle, tu vois. dans l'ensemble de la colo. Il n'y en a pas un qui est capable de lui expliquer comment faire. Les lades, elles disent, ouais, mais c'est pas grave, je vais apprendre toute seule. Du coup, elle prend un tuto YouTube, elle se met dans un coin, pas trop loin, pour qu'on puisse observer ce qui se passe quand même et tomber dans des conditions un petit peu sécuritaires, tu vois. Et globalement, pendant 4 heures, elle va apprendre à faire du monocycle et pendant 4 heures, elle va se mettre au moins 35-40 chutes. Je pense qu'au moins 20 fois, ses potes sont venus lui dire Vas-y, arrête, ça ne sert à rien ce que tu fais. Vraiment, c'est inutile. Et elle, elle dit non. En fait, à chaque fois, j'apprends des petites choses. Tu vois, à chaque fois, je comprends un truc. Tout à l'heure, je ne tenais pas debout. Maintenant, je fais un demi-tour de manivelle. Ça montre bien que je progresse. Et Jade, au bout de 4 heures, elle arrive à faire 4 mètres sur son monocycle. Ce qui est vraiment énorme. Puisque je défie quiconque d'aller apprendre le monocycle en autonomie pour faire 4 mètres en 4 heures en tombant une quarantaine de fois. C'est quand même la seule personne que j'ai rencontrée à ce jour pour qui l'expression l'échec n'existe pas a fondamentalement du sens, tu vois. Pour elle, ça n'existait pas. Et pendant toute la fin de la semaine, elle est venue nous tanner pour avoir son monocycle. Dès qu'elle avait un temps libre ou dès qu'elle avait du temps pour elle, elle le prenait, elle allait dans un coin et elle s'entraînait à faire son truc. C'était assez remarquable. Et en fin de semaine, on a pu rencontrer les parents. Et là, j'ai appris des trucs encore plus incroyables. Petite Jade, en fait, elle était dyslexique. Elle a eu une scolarité vraiment très difficile au début, et que grâce aux ergothérapeutes, aux orthophonistes, à ses parents, à tout le soutien qu'elle a eu, elle a développé une confiance incroyable, si bien qu'à 14 ans, elle allait sauter une classe. Même quelque chose d'étonnant. Et quand tu parles avec le père, il m'a parlé d'une manière de fonctionner que j'ai jamais retrouvée chez personne d'autre, mais eux, c'était assez fascinant. Il me disait que depuis qu'elle est toute petite, les mauvaises notes n'existent pas. Elle peut rentrer, tu vois, quand elle rentrait des cours qu'elle était petite, elle rentrait avec des 0, des 2, des 3, des 4 sur 20. Elle pleurait, elle se trouvait nulle, elle se trouvait moins intelligente que les autres, elle se demandait pourquoi ça clochait ses ailes. Et elle se disait de toute façon ça, ça changera jamais, ça évoluera jamais. Et son père lui disait mais en fait viens, assis-toi là, explique-moi ce qui s'est passé aujourd'hui. Du coup il passait un temps pour discuter du contrôle, comment ça s'était passé, comment elle l'a vécu, etc. Elle dit, ça c'est très bien et c'est ce qui s'est passé aujourd'hui, maintenant tu vas m'expliquer ce que tu changerais demain pour avoir une meilleure note à ce contrôle-là et ce que tu vas changer demain pour avoir des meilleures notes que ça. Et pendant deux heures, elle devait chercher tout seul et démontrer tout seul ce qu'elle allait chercher, ce qu'elle allait mettre en place et son père ne lui a jamais soufflé une seule réponse. Son père ne lui a jamais imposé, ou sa mère d'ailleurs, et donc il ne lui a jamais soufflé aucune réponse, ne lui a jamais imposé aucune façon de travailler spécifique. La seule consigne qu'elle avait, c'est de pas se lever tant qu'elle avait pas trouvé de solution et tant qu'elle pouvait pas expliquer clairement ce qu'elle allait faire et qu'elle devait remettre en question régulièrement ce qu'elle croyait d'elle-même, ce qu'elle croyait vrai d'elle-même. Et ça, c'est la plus belle leçon de vie de ma vie que j'ai reçue Merci. pour définir ce que c'était qu'un état d'esprit. C'est-à-dire que comme vient de nous le démontrer le père de Jade, un état d'esprit, c'est une représentation durable que l'on a de nous-mêmes et de notre évolution. Ça veut dire qu'un état d'esprit, c'est voué à bouger, c'est voué à évoluer avec le temps. Carol Dweck, qui a conçu encore une fois ce concept d'état d'esprit, elle te le dit très bien. Dans le bouquin, elle te dit qu'on n'a pas un état d'esprit pour la vie. que ce qu'on a, c'est des réflexes mentaux qui correspondent à ce que l'on pense de nous dans la situation. Dans la situation. C'est-à-dire qu'un état d'esprit, une fois encore, c'est contextuel. Il faut voir ça comme un masque de ski. Pas si t'aimes bien le monde du ski, mais dans le monde du ski, les skieurs, ils ajustent la teinte de leur masque, leur carreau de masque, en fonction de la météo. Tu vois, des conditions météo. Eh bien nous, En fait, qu'on porte des lunettes ou pas, on a tous un masque qui influence notre manière de voir la situation en fonction de ce que l'on pense de nous et en fonction de ce que l'on croit que l'on est capable de faire. Maintenant, comment je fais pour construire un bon état d'esprit, du coup, si j'ai ce masque-là ? Si je reprends mon image du masque, du masque teinté, il nous suffirait entre guillemets de changer de masque ou de changer la teinte du masque. Seulement, ce n'est pas si facile. C'est pas si facile, pourquoi ? Parce que déjà, à la base, on n'a pas forcément choisi la teinte du masque que l'on va avoir. Parce qu'après tout, on est tous issus d'une histoire, on est tous issus d'un environnement, on est tous issus de croyances et d'injonctions qu'on a entendues tout au long de notre parcours et qui ont façonné cette teinte. Parce que oui, tu l'as compris que la teinte du masque, elle se construit sur notre passé qui lui-même conditionne une partie de nos comportements au présent. Tu le comprends ça. Et sans opportunité de prendre du recul, sans les bonnes personnes autour de soi, sans un environnement adapté, en vrai, ça peut être compliqué de faire évoluer ce que l'on croit de soi et de faire évoluer nos représentations. C'est pour ça que se faire accompagner, encore une fois, d'un professionnel, en hypnose, en psychologie, en ce que vous voulez, ça peut être une bonne chose. Ça peut être un temps dans lequel je prends un petit peu de recul là-dessus. La seule chose positive là-dedans, c'est qu'on est au centre de notre propre histoire. Et que toutes les petites prises de conscience que l'on peut avoir sur des croyances ou sur des représentations qu'on a de nous-mêmes, ça peut être le point de départ d'un changement qui peut nous amener très loin. Après tout, dans le fond, quand on parle d'état d'esprit, c'est comme quand on parle de mise à jour d'un téléphone ou d'un ordinateur, tu vois. Pour ne pas rester sur une vieille version de logiciel qui rame. Eh ben, on fait des mises à jour, des logiciels de nos ordinateurs et de nos téléphones. Ça arrive régulièrement, des fois même ça nous fait un peu chier. Mais nous... à l'échelle de notre vie de tous les jours et à l'échelle de nos contextes, on aurait des raisons de remettre en question nos logiciels. Parce qu'il y a des visions de nous-mêmes qui ne nous appartiennent pas, parce qu'il y a des choses qui nous freinent, parce qu'il y a des choses qui ne nous correspondent plus, et qui nous font nous sentir bloqués, contraints, alors qu'il y a d'autres représentations que le souhaitent conserver, parce que ça nous permet d'avancer encore aujourd'hui. Mais alors comment on fait bouger tout ça quand même ? Ben, tout comme je viens de le dire déjà, en faisant un vrai travail d'introspection, ou en prenant un petit peu de hauteur sur comment ça se passe chez nous et quelles représentations j'ai de moi. Et pour ça, on l'a dit, ou on arrive à le faire seul, à prendre de la hauteur, ce qui peut être complexe, soit on se fait accompagner d'un professionnel, d'un psychologue, de qui vous voulez, de qui vous en ressentez le besoin. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu'on peut mettre en place dans notre quotidien. Et c'est ce qui va nous intéresser plus particulièrement pour la suite de l'épisode, de savoir ce qu'on peut faire un tout petit peu tout seul. Et déjà, comme on l'a dit plus haut, un état d'esprit, c'est affaire de contexte. C'est quand même mieux, si on veut faire évoluer notre état d'esprit, de ne pas vouloir tout changer d'un coup. Notre rapport à tout, tout le temps. On va sélectionner un contexte. On va sélectionner un contexte dans lequel on a plutôt un état d'esprit fixe. En fait, je pense que je suis nul, je pense que jamais rien ne changera, jamais rien n'évoluera. C'est plutôt ce genre de contexte-là qui va nous intéresser. Nous, aujourd'hui, pour répondre à cette question, comment ça se construit qu'un état d'esprit ? Après, rien ne t'empêcherait de sélectionner un contexte dans lequel les choses ont commencé à bouger. Tu vois, il y a quelques temps, tu te disais que tu étais profondément nul et que ça ne changerait jamais. Et en fait, tu commences à te rendre compte que les choses bougent parfois. qu'il y a des moments dans lesquels tu arrives à faire des trucs. Et ça, c'est les contextes qui vont nous intéresser. Même si un contexte dans lequel tu es profondément déjà performant et tu fais preuve d'un excellent état d'esprit est super intéressant aussi. Mais nous, ce qui nous intéresse là, c'est de travailler, c'est de faire évoluer quelque chose. Donc partant de là, on va plutôt aller chercher un état d'esprit fixe, un truc dans lequel on trouve qu'on est nul et dans lequel on a une bonne marge de progression. Et ça peut même être intéressant de noter ce que tu penses de toi. Tu vois, tu prends un petit papier et tu te notes que tu te trouves nul, que de toute façon, lui, il est plus fort que toi, que de toute façon, ça, tu n'y arriveras jamais. Tu notes comment ça se matérialise, cet état d'esprit-là, dans ce que tu penses, dans ce que tu dis, dans ce que tu ressens. On va y revenir. Et en partant de ce point de départ-là, on peut commencer par réaliser un autre exercice tout simple, qui est le top 10. top 20 même peut-être, de ce que tu ne veux plus jamais revivre. Je ne veux plus me saboter, je ne veux plus me rendre malade, je veux arrêter de me sentir mal à propos de moi, de me trouver nul, je veux arrêter de douter de moi. Après avoir fait tout ça, il y a une autre question qu'on peut se poser par rapport à tout ce qu'on vient de noter sur notre papier, c'est, c'est quoi les avantages de tout ça ? Qu'est-ce que ces comportements, qu'est-ce que ces attitudes, elles racontent de moi ? C'est des questions qui sont pas faciles, c'est des questions qui bougent un peu. Tu vois, il peut être difficile d'avoir une vraie réponse tout de suite et pas d'aller se cacher derrière des excuses. C'est pour ça, encore une fois, qu'il est peut-être intéressant de s'entourer de gens pour répondre à des questions comme ça, mais c'est un exercice auquel on peut tout à fait se plier tout seul parce que c'est important d'accepter qu'on a eu des attitudes et des comportements qui n'étaient peut-être pas dingues, mais si on a agi comme on a agi, c'est peut-être... parce qu'à un moment donné, ces comportements-là, ils m'ont été utiles. Ils m'ont permis de faire quelque chose, ou de me protéger de quelque chose, et c'est quand même important d'essayer de comprendre tous les mécanismes qui façonnent nos représentations, que ce soit des mécanismes de défense, ou que ce soit des habitudes de fonctionnement, pour aller chercher ce que ça nous a apporté et comment ça s'est construit. On est toujours dans ce rapport de « qu'est-ce que je crois de moi dans ce contexte-là ? » Une fois qu'on a mis à jour notre représentation de nous-mêmes. Et de ce que l'on ne veut plus faire, il va être le moment de construire de nouvelles représentations. Parce que tu vois, là on en est simplement au stade où tu as pris une feuille, tu t'es dit par exemple moi je suis tennisman et je pense que sur les surfaces lentes, de toute façon, je suis mauvais. Voilà, c'est fait, c'est dit, j'arrive pas à adapter mon jeu, glisser je sais pas faire, bref, en plus de ça je trouve nul. franchement la terre battue je trouve ça nul seulement en fait ça me coûte cher parce que maintenant j'arrive à un niveau où je vais devoir jouer là dessus et rien ne va plus et je souhaite construire de nouvelles représentations donc comment on va faire c'est très simple on va utiliser la méthode Emilie Tieno, Emilie Tieno psychologue du sport qui a dû participer aux 5 dernières Olympiades je crois je mémoire et quand tu vois avec qui elle bosse tu te dis que globalement les méthodes tiennent la route on va construire une confiance en notre préparation on va construire une confiance en notre plan de jeu et on va comprendre et accepter que le résultat ne dépend pas de nous, en fait. Pas tant que ça de nous. Alors d'abord, commençons par la confiance en notre préparation. Rappelez-vous, on est dans un contexte dans lequel on vient juste d'établir que, comme avec mon exemple du tennisman, sur la terre battue, je suis mauvais, quoi qu'il arrive. Comment on va faire pour construire une nouvelle représentation de nous-mêmes ? En gagnant confiance en notre préparation, on va jouer sur trois plans différents. On va jouer d'abord sur notre définition d'objectif, on va jouer ensuite sur la grille d'analyse avec laquelle on se regarde, la grille de lecture, et on va jouer enfin sur ce qui se passe chez nous quand on vit ces moments-là. La première chose à définir donc, on l'a dit, c'est la définition d'objectif, c'est notre destination, c'est notre état final recherché, comme dirait l'autre. Je suis mauvais sur terre battue, je dois devenir bon sur terre battue. Déjà, ce type de réponse là, il est beaucoup trop flou. Tu vois, nous on veut être beaucoup plus spécifique que ça. Ce qu'on veut rechercher c'est où on veut aller, comment, combien de temps, pourquoi, qu'est-ce que ça implique pour moi, de quoi je dois me méfier et pourquoi faire, pourquoi je fais ça. La définition d'objectif ça sera toujours un passage obligatoire pendant lequel si je veux faire ce travail sérieusement, je vais devoir, pendant que je réfléchis à mon objectif, donc à froid, avant, me confronter à mes croyances et mes représentations de mes capacités, à faire ce que j'ai envie de faire, pour voir si ça match ou si ça match pas. Et si ça match pas, de quoi je vais me méfier chez moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je travaille chez moi ? Est-ce que je suis en accord avec tous les changements que ça implique ? Est-ce que c'est bon pour moi ou pas ? Une fois que ta... Conçu, crée un objectif qui te plaît, il va falloir que tu en crées une route qui mette en avant toutes les étapes qu'il y a à faire pour arriver à ta destination. En fait, tu fais un saucissonnage façon recette de cuisine sur un thermomix. Étape 1, farine. Étape 2, ajouter le sucre. Étape 3, ajouter le beurre. Et chaque étape t'amène à la suivante. Ça pourrait être, par exemple, dans le cas de notre tennisman, ben... Je suis mauvais sur terre battu, il faut que je m'améliore, du coup qu'est-ce que je vais faire ? Je vais augmenter peut-être le pourcentage d'entraînement sur cette surface. Je ne sais pas, je vais faire deux ou trois entraînements de plus dans la semaine. Des exemples encore une fois, mais je me définis un objectif ultra précis dans lequel j'ai fait le tour de tout, et derrière je me définis des petites étapes qui se suffisent à elles-mêmes, que je peux facilement identifier, que je peux facilement planifier, que je peux facilement réaliser. Dans le domaine de la gestion de projet, on appelle ça un diagramme de Gantt, ce qui définit l'étape 1, qui mène à l'étape 2, qui mène à l'étape 3, et tu définis là-dedans les ressources dont tu as besoin et le temps que ça va te prendre. Mais ça c'est que la première étape, la bonne définition d'objectif. Parce que si je veux continuer d'exercer une influence sur mes croyances et mes représentations personnelles, il va falloir que je me construise une grille de lecture de mes capacités, de mes qualités et de tout ce que je sais faire. Dans le milieu sportif aujourd'hui, tu as énormément d'applications qui te permettent de quantifier tes heures d'entraînement et ta progression. Si on parle de la course à pied, tu vois, Strava peut suffire à la limite. Mais il y a des milieux dans lesquels ces applications, elles ne te servent à rien. Et c'est à toi de construire ta propre grille de lecture. Par exemple, moi qui viens du monde du ski, et bien là-bas, le seul indicateur propre à première vue, c'est le chrono. Tu pourrais te dire, ce qui va juger mon évolution, ma progression. Mais capacité, c'est le chrono. Maintenant, est-ce que réaliser un bon chrono suffit pour qu'une personne ait une bonne représentation d'elle-même ? Ben non en fait, il y a peut-être un ensemble d'autres choses qui vont être super importants. Il faut qu'il se fabrique une autre grille de lecture qui va prendre en considération d'autres critères. La capacité à s'échauffer par exemple, la capacité à avoir de bonnes sensations tout de suite, la capacité à reconnaître un tracé, à se représenter dans un tracé. La capacité à rester concentré tout au long d'une manche, la capacité à rester concentré malgré des erreurs, la capacité à s'investir même quand c'est dur, c'est tout ça qu'il faudra prendre en compte. Le but de la grille de lecture, c'est de savoir d'où je pars, qu'est-ce que je crois de moi aujourd'hui, comment je vais voir que ça va changer et qu'est-ce que ça pourrait changer quand ça aura changé. Parce que trop souvent dans nos entraînements, on se concentre surtout sur le chemin qui nous reste à parcourir. On se comporte un peu comme un cheval, t'sais, avec des œillères, qui fait qu'il ne peut regarder que devant lui. Il s'en fout un peu de ce qu'il a fait avant, de ce qu'il a réussi à faire, il regarde que devant. Et du coup, on arrive à notre compétition et on porte souvent seulement notre attention sur ce qui nous manque. Ou sur ce qu'il ne faut pas qu'on fasse. Et c'est dommage. Parce que tu peux te retrouver comme ça avec des gens, moi j'ai pu le vivre longtemps dans le milieu du ski, avec des gens qui sont au sommet des championnats de France et qui ne savent se définir que... parce qu'ils ne savent pas faire, que parce qu'il ne faut pas qu'ils fassent. Parce que mettre des mots sur ce qu'ils savent faire, c'est compliqué. Partant de là, comment est-ce que tu veux avoir une bonne représentation de toi-même dans l'échéance que tu vas vivre, là tout de suite ? Ça paraît compliqué quand même. En fait, la confiance en notre préparation et construire un état d'esprit, ça se mesure pas seulement en regardant si j'ai le niveau le jour J. Avoir confiance en sa préparation, c'est aussi savoir se retourner sur ce que j'ai fait. Se rappeler de tous les moments difficiles, se rappeler de tous les échecs au-dessus desquels je suis passé. Se rappeler aussi de tous les moments où j'ai été parfait dans mon entraînement, où j'ai vraiment tout appliqué. Et c'est une démarche personnelle parce que bien souvent tu peux pas compter sur quelqu'un d'autre pour le faire ça. Sauf si t'as un entraîneur très prévenant qui le fait pour toi, qui te met en place des indicateurs comme ça et qui te force un peu parfois à regarder tout ça. Donc c'est une démarche quand même la majorité du temps qu'on... se doit de faire seul, mais pour laquelle il nous faut des infos. On se doit de se faire accompagner de nos entraîneurs pour nous aider à créer un petit peu cette grille-là de nos profs ou de gens qui évoluent un petit peu à côté de nous. L'idée, c'est de mettre en place un environnement dans lequel je me rends compte des capacités qui sont les miennes. Je vais vous donner un exemple pour vous rendre compte d'à quel point ça peut changer les choses. J'ai un petit frère qui est beaucoup plus petit que moi et lui, il aimait bien l'escalade. Pendant longtemps, il a fait de l'escalade. Un jour, on l'a emmené à un entraînement à Chamonix. Et ce jour-là, il y a un groupe qui joint à eux. Et cet autre groupe, il est ultra fier de ses médailles, en fait. C'est-à-dire qu'ils ont tous des médailles. Il y en a un qui dit, moi, j'ai l'étherlou 2. Je crois que c'est une médaille en escalade. Une médaille, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est comme les ceintures au judo, ou comme les étoiles à ski. c'est quelque chose qui valide un niveau Sauf que moi, le groupe de mon frère, jamais de leur vie, on leur a parlé de ça. Jamais de leur vie, on leur a parlé qu'ils devaient avoir une quelconque médaille. Et ce jour-là, donc, l'entraînement commence. Et ce qui va être super intéressant, c'est qu'ils sont dans un contexte dans lequel c'est un tout petit peu difficile, parce qu'il a plu la nuit et que la paroi, elle glisse. Et là, ce qui va être intéressant de constater, c'est qu'à partir du moment où ils vont commencer les voies, quand ils auront fini de s'échauffer et faire des petits jeux, et bien la team médaille entre guillemets, elle s'est mise quand même relativement vite à se décourager. Se décourager parce que c'était dur, parce qu'ils n'arrivaient pas à sortir la voie, et que sortir la voie, arriver en haut, c'était le seul truc par lequel ils identifiaient leur niveau de compétence. Pendant ce temps-là, le groupe de mon frangin, ils ne sortaient pas les voies non plus, sauf qu'ils ne se décourageaient pas. Ils réfléchissaient au passage où ils tombaient, comment il fallait qu'ils fassent. qu'est-ce qu'ils pouvaient essayer, du coup il y en a un qui essayait un truc, il y en a un autre qui essayait un autre truc, ils s'encourageaient entre eux, et ils avaient une grille de lecture totalement différente, qui a fait que sur la séance, ben eux ont réussi à sortir des voix, alors que l'autre groupe non, ils sont pas allés au bout parce qu'ils sont tout de suite rentrés dans de la frustration et dans des choses comme ça, et ils s'identifiaient... pas aux mêmes choses, tu vois. Donc t'as un groupe, encore une fois, qui s'identifie que par le succès tout de suite, l'autre s'identifie sur « mais t'as fait quoi en fait pour aller juste un tout petit peu plus haut que moi ? » Et là on parle encore une fois d'enfants qui avaient 8-10 ans à l'époque. Ça montre bien que ça peut se faire à tout âge. Et quand t'as une grille de lecture un tout petit peu différente, ben tu crois pas de toi les mêmes choses, ce qui fait que tu te positionnes un tout petit peu différemment face à la difficulté. Ça donne pas le même résultat. Donc il faut vraiment qu'on prenne le temps de choisir par quel outil, par quel prisme, par quel filtre on va se regarder pour construire ce que je vais croire de moi. Puisque comme dans l'exemple de mon frère, ce qu'il a cru et ce que le groupe a cru de ses capacités a influencé leurs filtres, leurs perceptions, leurs émotions, leurs attitudes et leurs comportements. Pour finir sur la confiance en notre préparation, après avoir parlé de la grille de lecture, après avoir parlé de l'objectif, Il est possible que tu aies une excellente définition d'objectif, il est possible que tu te construises une excellente grille de lecture et que tu tombes sur des représentations de toi-même qui sont moins évidentes à comprendre. Tu sais, je veux parler de ces moments dans lesquels tu veux faire un truc et tu agis à l'opposé de ce que tu veux faire. Tu veux dormir, tu cherches le sommeil mais tu trouves pas le sommeil. Tu veux faire attention à ce que tu manges mais quand même déboîter la tablette de chocolat c'est super intéressant. Et je vais culpabiliser d'avoir... déboîter la tablette alors que je voulais pas la manger mais que je l'ai mangé quand même. Tu sais, c'est tous ces moments dans lesquels on n'agit pas nécessairement en correspondance avec ce que l'on pense, avec ce que l'on croit qu'il faut faire, sans savoir vraiment pourquoi on a fait ça. Comme s'il y avait un décalage, un conflit à l'intérieur qui vient nous expliquer qu'il y a des parties de nous qui sont pas en accord avec ce qui se passe là tout de suite. Ça constitue notre dernier axe de travail pour construire un bon état d'esprit. à travers la confiance en notre préparation, c'est se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous. Sans rentrer dans le détail de ce que c'est qu'une émotion aujourd'hui, puisque quand on parle de se réconcilier avec ce qui se passe à l'intérieur de nous, c'est ça, c'est un rapport aux émotions. Une émotion, ça se compose de différentes parties, de différents éléments. Il y a tout d'abord l'évaluation de la situation. Je fais face à, j'évalue la situation. Ensuite, il y a une trace biologique. La trace biologique, en vrai, on s'en fout fondamentalement, parce que quand tu vis une situation, tu ne vas pas sentir tes neurones se connecter et les hormones ruisseler dans le corps. Même si ça pourrait être intéressant de savoir quel type d'hormones entre en jeu là-dedans. En revanche, ce qui va être intéressant, c'est comment tu te sens, toi. C'est la phénoménologie quelque part. Et comment tu en parles, tu vois. C'est les deux branches qui vont nous intéresser. Je vis un truc, comment je l'analyse, comment je me parle, comment je me sens, comment je le vis. Et pendant longtemps, on a opposé le ressenti à la pensée. Cette opposition, elle résume l'histoire de la recherche dans le champ des émotions à elle toute seule, tu vois. Est-ce qu'une émotion, ça vient plutôt du corps ? Ou est-ce que ça vient plutôt de la tête ? Qui a le plus d'influence sur l'autre ? C'est vraiment ce qu'on a recherché pendant des années. De la même façon, pendant des années, on nous a expliqué qu'il faut les ranger les émotions un petit peu au placard, et il faut les rationaliser. Et parfois on rationalise très bien et très objectivement, on est très au clair dans notre tête sur ce qu'il faudrait qu'on fasse. Seulement, on sent bien que le corps n'est pas tout à fait en accord avec ce qui se passe dans la tête. Et cette source de désaccord, elle peut être plus ou moins complexe à dénouer. Et c'est pour ça qu'elle est intéressante déjà à observer. C'est intéressant qu'on comprenne ce qui se passe dans la situation et comment je me sens dans la situation. Si je ressens un désaccord, comment ça se passe ? Donc la seule chose qu'il nous faut retenir ici, c'est que si on veut faire évoluer nos représentations de nous-mêmes, on ne peut pas exclure la dimension de comment je vis une situation. Comment je la ressens ? Parce que notre ressenti, c'est notre boussole interne qui va influencer ce que l'on pense et derrière, ce que l'on pense va influencer aussi ce que l'on ressent. Et donc, notre manière de nous positionner face aux événements. C'est pour ça que, quand on veut faire évoluer nos représentations, on se doit d'intégrer ce que l'on pense et ce que l'on ressent. Il faut voir ça comme un couple et pas comme une opposition. On peut travailler ça avec un modèle simple qui est issu des TCC. Le modèle il s'appelle ABC pour élément activateur, le A. Croyance, alors tu vois croyance c'est pas le C c'est le B parce que c'est un modèle anglais et que le modèle ABC, le B ça voulait dire believe. Et nous en français ça fait croyance. Et le C c'est conséquence, c'est conséquence. Concrètement je fais face à un événement et cet événement déclenche chez moi la croyance que je n'y arriverai pas. Je me sens paralysé, j'ai mal aux ventes, je suis inhibé, je suis dans le brouillard. Et plutôt que de remettre en question ma croyance, je vais aussi réfléchir à ce que je ressens et à ce que je voudrais ressentir à la place de ce que je ressens maintenant. Comment est-ce que ça va évoluer ce truc-là ? Maintenant, après avoir réalisé une super définition d'objectif, après avoir fait le point sur nos représentations, après avoir mis en place une grille de lecture qui nous permet de remettre en perspective notre vision de nous-mêmes, Après avoir intégré ce que l'on pense et ce que l'on ressent, après avoir fait tout ça, face à l'événement, on n'est déjà plus la même personne. On a déjà une représentation de nous-mêmes qui a changé. On a déjà un état d'esprit qui a changé. Tu ne peux pas ne pas avoir changé si tu as fait l'effort de travailler là-dessus. Du coup, ça nous permet d'aborder le deuxième point, le deuxième max important, rappelez-vous, notre confiance en notre plan de jeu. On va partir du postulat... qu'ici tu as déjà fait tout ce que l'on a déjà dit juste avant. Si on utilise la métaphore du masque de ski, c'est comme si tu avais pris le temps à l'entraînement de faire le point sur la teinte dont tu as besoin pour voir ce que tu as besoin de voir pour être dans les meilleures dispositions possibles. Mais parce que ce jour-là il y a de l'enjeu, parce que ce jour-là il y a le regard des autres, tu pourrais te mettre à douter un tout petit peu de cette teinte-là. Tu pourrais te dire en fait non, ça suffira peut-être pas. Et parce que tu doutes, tu pourrais te dire ben je vais pas utiliser celle-là. On a tous connu ce truc-là, tu t'entraînes, tu t'entraînes bien, t'as un plan d'entraînement, t'as un rythme, et t'es au départ de la course, et tu pars comme une balle. Tu pars à un rythme où tu sais qu'il ne faut pas que tu partes, parce que tu vas te griller tout de suite. Tous ceux qui ont fait du trail, la course à pied, un 10 km sur route, un 20 km, vous comprenez ce que je dis là. C'est exactement ce genre de situation. Tu t'es entraîné, tu sais que t'as une allure, et tu te tires une balle dans le pied entre le kilomètre 0 et le kilomètre... 3 parce que t'es parti comme un avion alors que non, c'est pas ça qu'il faut les faire c'est pour ça qu'encore une fois la préparation elle est ultra importante, c'est à dire que dans beaucoup de métiers, dans beaucoup de sports notre objectif ça va être de créer des drills ça va être de créer des habitudes des habitudes qui se répètent de façon réflexe Mais le but de créer des habitudes, c'est pas d'arriver le jour de l'examen, le jour de la compétition. Je peux y aller la fleur au fusil parce que de toute façon, je me suis bien entraîné et ça va bien se passer. J'ai plus rien à faire. En fait, si, tu as quelque chose à faire. La chose que tu as à faire, c'est de t'assurer justement que tu fais ce que tu fais d'habitude. Et t'essayes de faire ce truc-là du mieux que tu peux. T'essayes pas de faire plus, t'essayes pas de faire différemment. Tu t'appliques à bien faire ce que tu sais faire d'habitude. T'es pas là pour inventer des trucs, t'es pas là pour créer quelque chose ou pour essayer autre chose, t'es juste là pour faire ce que tu sais faire. Et la confiance en notre plan de jeu, elle se fait sur deux axes. Le premier axe, c'est de se constituer une somme d'habitudes mentales, physiques, psychologiques ou comportementales qui nous servent de gilet pare-balles face à l'événement que l'on vit. Cette somme d'habitudes, elle nous permet de générer les états internes dont on a besoin pour se sentir bien. On appelle ça des routines, on appelle ça des ancrages, on appelle ça plein d'autres choses. C'est le premier axe. Le deuxième axe, qui est en vrai finement imbriqué dans le premier, ça va être que nos habitudes de fonctionnement nous servent aussi à nous rappeler nos moteurs internes, nous nous rappeler qu'est-ce qu'on fait là et pourquoi c'est important pour nous de faire ce qu'on fait. Et oui, si demain tu demandes à un champion olympique pourquoi il s'inflige tout ce qu'il s'inflige, il ne va pas te dire parce qu'il fallait bien. Il va plutôt te dire, comme Charlie Dalin pendant le Vendée Globe, je crois, que ce qui lui plaît, lui, là-dedans, son moteur de compétition, c'est la recherche d'optimisation d'une situation et la résolution de problèmes. Et ça, ça lui permet de gagner des courses. Mais gagner la course, ce n'est pas une fin en soi. C'est-à-dire que le moteur quotidien, C'est l'optimisation, le moteur quotidien, c'est la résolution de problèmes. Fabien Olicard, un mentaliste et un auteur que j'adore, en parle très très bien aussi, dans une vidéo dans laquelle il explique ses motivations à écrire des livres. C'est-à-dire que le mec écrit presque un livre par an, ce qui est quand même un effort tout à fait remarquable. Et dans cette vidéo, il se questionne sur, en fait, en vrai, qu'est-ce qui me motive à écrire ce livre ? Ce qui me motive, c'est que j'ai envie de travailler un sujet, j'ai envie de creuser un sujet, le plus possible, et que mon livre y représente le meilleur travail que je puisse faire. Pourquoi c'est important pour moi de creuser ce sujet ? C'est important pour moi de creuser ce sujet parce que j'ai envie de me sentir utile. Pourquoi c'est important pour moi de me sentir utile ? Parce que c'est un sentiment d'exister, quelque part. Sous-entendu, ce qu'il nous dit, c'est que quand je cherche à écrire un livre, même si le but c'est qu'on en parle et qu'il soit lu, le livre me permet d'exister d'abord et avant tout, parce que je fais quelque chose d'utile. Du coup, si on résume cette partie-là, on aura parlé de routine, Mais on reviendra dans le détail sur ce que c'est qu'une routine plus tard. On aura parlé d'ancrage, on aura parlé de croyance, on aura parlé de comment je m'assure de faire ce que je sais faire quand je sais le faire. Comment je m'organise un petit peu pour faire ça ? C'est là-dessus que se crée la confiance en notre plan de jeu. Donc comment on fait maintenant pour rendre ça un tout petit peu plus concret ? Il faut faire différentes choses. Déjà, pour avoir confiance en son plan de jeu le jour J, ça implique qu'à l'entraînement, T'es observé tes points forts, t'es observé tes perceptions importantes, que t'es observé là où il fallait que tu portes ton regard, ce qui était important, ce qui n'était pas important. Ça implique qu'à l'entraînement t'aies fait le point des états physiologiques et corporels qu'il faut que tu trouves en compétition, que tu saches comment il faut que tu te sentes pour être performant, que tu réfléchisses aussi à pourquoi tu fais ce que tu fais, que ce que tu viens chercher là, c'est pas seulement le fait de gagner quelque chose. C'est pas seulement le fait d'avoir un résultat, c'est pas seulement le fait de changer de comportement. Mais je fais ce comportement-là, je fais ce changement-là pour obtenir quelque chose d'autre, qui constitue mon moteur interne. Et la finalité, c'est de condenser tout ça en une suite de petits gestes qui t'amènent tout ce dont tu as besoin le jour de la compétition. Pour vous faire une simple illustration de à quoi ça ressemble, cette série d'habitudes qui s'amènent ce dont tu as besoin. C'est un tout jeune retraité du tennis qui était très facile à observer, pour ça c'est Raphaël Nadal. C'est-à-dire que sa série d'habitudes qu'il avait partout, tout le temps, peut-être qu'elles étaient chiantes, peut-être qu'elles étaient déstabilisantes, mais pour lui, elles étaient profondément nécessaires. Ce qui nous permet d'entrer dans nos derniers points maintenant, comment est-ce que j'accepte l'enjeu ? Et même au-delà de ça, comment est-ce qu'on accepte de faire face à certains événements, aussi durs soient-ils ? Parce que quand on a envie de changer quelque chose, quand... Quand on a envie d'évoluer un petit peu, de changer notre état d'esprit, de changer nos représentations mentales, on va peut-être aller se confronter à des événements qui vont pas être nécessairement très agréables pour nous. Il y a un monsieur qui s'appelle Viktor Frankl. Viktor Frankl, c'est un psychiatre autrichien qui a été déporté pendant la Seconde Guerre mondiale et il a survécu à deux camps de concentration. Et dans cet environnement-là, qui est quand même l'un des plus extrêmes que l'être humain a pu connaître, je pense, il a observé une chose essentielle. Il disait que Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Et que dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Et que dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté. Cette phrase, elle est aussi bizarre qu'intéressante. Ce qu'il veut dire par là, c'est que c'est pas ce qui nous arrive qui nous détruit, c'est notre manière d'y répondre. Et surtout, ce qu'il nous manque parfois, c'est du sens. Mais Frankel, il ne te dit pas cherche un sens à ce que tu fais. Il ne te dit pas pose-toi pendant trois heures et demande-toi pourquoi tu fais ça. Non, lui, il te dit demande-toi ce que la situation elle attend de toi. Et ça, c'est une vraie clé. Parce qu'un état d'esprit, c'est aussi ça. C'est se demander dans ce moment-là, qu'est-ce que la situation attend de moi ? Est-ce que je dois garder la tête froide ? Est-ce que je dois être celui qui continue d'avancer même quand on a peur ? Est-ce que je dois être un animateur ? Est-ce que je dois être un capitaine ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui écoute ? Est-ce que je dois être quelqu'un qui se met un tout petit peu en retrait ? C'est-à-dire que je prends le temps quand il m'arrive quelque chose, quand je fais face à une situation de compétition, de me dire ok, dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi en vrai ? C'est pas moi qui ai envie de faire quelque chose, c'est qu'est-ce que cette situation elle attend de moi ? Et là, tu mets de côté un tout petit peu tout ce qui... pourrait potentiellement arriver. Tu te concentres simplement sur c'est quoi mon rôle à moi ? Parce que l'acceptation de l'enjeu, souvent, il se fait en faisant un petit tri comme ça. De ce qui dépend de nous, de ce qui dépend pas de nous. Et de ce qui est important pour nous dans cette situation. Et je trouve intéressant de retourner un petit peu le point de vue pour non pas se demander pourquoi c'est important pour nous d'avoir cet examen, d'avoir ce truc, de mettre en place ce nouveau comportement. de changer d'état d'esprit, mais de se dire dans cette situation-là, qu'est-ce qu'on attend de moi ? Donc si on récapitule, notre état d'esprit, c'est pas juste une manière de penser, c'est une manière d'habiter le monde, en vrai. C'est ce qu'on croit possible et c'est ce qui détermine ce qu'on ose tenter. Et ce qui est beau là-dedans, c'est qu'on n'a pas nécessairement à choisir entre le talent et l'effort, si on reprend l'état d'esprit fixe ou l'état d'esprit de développement, parce qu'on peut tout à fait reconnaître nos limites. tout en refusant d'en faire des obstacles insurmontables. Et changer d'état d'esprit, c'est pas renier une partie de soi-même, c'est juste se donner le droit de faire différemment. Et cette évolution, elle commence par se rendre compte qu'on a une teinte, se rendre compte qu'on voit le monde d'une certaine manière et qu'après tout, on pourrait la voir autrement. C'est juste passer de « je ne suis pas capable » à « je ne suis pas encore capable » . Alors on va s'inviter, peut-être, chacun d'entre nous, à choisir un domaine, à choisir un défi, ou même à choisir une habitude qu'on peut considérer comme figée, et se demander si ce n'était pas vrai, et si j'étais en train d'apprendre quelque chose. C'est tout pour cet épisode, quant à moi je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Prenez soin de vous, hésitez, à la semaine prochaine, ciao ! Et c'est la fin de cet épisode de Cerveau Enrodage. Si tu souhaites devenir un acteur privilégié d'un des futurs épisodes, n'hésite pas à m'envoyer tes questions par mail à l'adresse cerveauenrodage.com. Et si après ça, tu ne sais toujours pas quoi faire, tu peux également me rejoindre sur ma page Instagram Cerveau Enrodage. C'est tout pour cette semaine. Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine. Prenez soin de vous. Ciao !

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