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Le Bonhomme Misère, de la Bibliothèque bleue troyenne à la Bretagne par Marie-Dominique LECLERC cover
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DANSES MACABRES D'EUROPE

Le Bonhomme Misère, de la Bibliothèque bleue troyenne à la Bretagne par Marie-Dominique LECLERC

Le Bonhomme Misère, de la Bibliothèque bleue troyenne à la Bretagne par Marie-Dominique LECLERC

22min |02/02/2024|

31

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Description

Quel serait notre devenir si la Mort, coincée dans le haut d’un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa Danse macabre, vers l’Enfer ou le Paradis ?

Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l’écoute d’une légende, popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque bleue.


La communication de Marie-Dominique LECLERC, a tout pour nous plaire, surtout lorsque le « récit simple, met en scène un homme, pauvre, mais qui rusé, réussit à berner la Mort. »

« L’Histoire du Bonhomme Misère », fut appréciée par Champfleury qui considérait le conte comme « un contemporain de la Danse des Morts » par la « seule idée qui en ressort, l’égalité [de tous] devant la mort ».

 

Réfléchissons à deux fois, avant de grimper dans un poirier, pour y chaparder des fruits tentateurs !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Gardez votre oreille ouverte.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue. Chères auditrices et chers auditeurs, vous avez bien choisi d'écouter un balado des Dances Macabres d'Europe.

  • Speaker #0

    Dances Macabres d'Europe, le lieu de rencontre de la mort avec l'art, la littérature et l'histoire.

  • Speaker #1

    Quel serait notre devenir si la mort, coincée dans l'eau d'un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa danse macabre vers l'enfer ou le paradis ? Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l'écoute d'une légende popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque Bleue. La communication de Marie-Dominique Leclerc a tout pour nous plaire, surtout lorsque le récit simple met en scène un homme, un homme, un homme, mais qui rusait.

  • Speaker #0

    réussi à berner la main sur s'intitule de bonhomme misère de la bibliothèque bleue troyenne à la bretagne légende répandue dans bien des provinces france l'histoire du bonhomme misère a été popularisée d'abord par les innombrables impressions de la bibliothèque bleue portée sur le territoire avant de se répandre dans le folklore orale breton il est vrai qu'il y avait là tous les ingrédients pour séduire le peuple, un récit simple mettant en scène un homme pauvre, mais qui, rusé, réussit à berner la mort. Les nombreuses variantes de l'histoire attestent de son succès, tout comme la récupération du thème par la gravure, l'imagerie, le théâtre et l'opéra. Belle longévité pour ce conte parvenu jusqu'à nous en intégrant la littérature enfantine. Alors commençons avec la Bibliothèque bleue. Selon la légende, l'histoire se déroule en Italie. Deux voyageurs, Pierre et Paul, trempés par une pluie battante, cherchent refuge pour la nuit. Ils sont d'abord éconduits par Richard, un riche bourgeois, avant d'être accueillis par le bonhomme misère qui leur offre l'hospitalité, malgré ses très modestes ressources. Les deux visiteurs apprennent que le seul bien dont dispose leur hôte est un poirier, malheureusement régulièrement pillé de ses fruits. Les deux hommes entrent en prière et demandent au bonhomme quel vœu il souhaite formuler. Ce dernier ne demande rien d'autre que, je cite, « tous ceux qui montraient dans son poirier y restassent, tant qu'il lui plairait et n'en puisse jamais descendre que par sa volonté. » Les voyageurs partis misèrent à la surprise de trouver son voleur de poire perché dans l'arbre et dans l'incapacité d'en descendre. Il en est de même pour tous ceux qui tentent de l'aider. Ils sont tous soumis à sa bonne volonté. Le bonhomme les libère, moyennant promesse qu'on ne lui vole plus jamais ses fruits. Ils coulent dès lors des jours heureux, se contentant du peu qu'ils possèdent. Mais un jour, on frappe à sa porte. La mort vient le chercher. Nullement impressionné, il demande une dernière faveur, que la mort aille lui cueillir la plus belle poire de son âme. Évidemment, elle reste prisonnière du poirier et s'écrit, je cite, Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Contre la promesse de ne plus jamais venir le chercher, misère accepte de délivrer la mort qui s'enfuit dans les airs avec sa faux. Et depuis ce temps-là, misère continue de vivre et, je cite, il restera sur la terre tant que le monde sera monde. Jean Fleury appréciait particulièrement cette histoire et il émet l'hypothèse que le récit se déroule bien avant sa parution dans la Bibliothèque Bleue, car selon lui, l'histoire se réfère à l'esthétique des danses macabres. La mort personnifiée porte une faux et rappelle la nécessité de quitter la vie, la vie terrestre, et s'adressant à Misère qu'elle vient chercher, je cite, « Quoi ? » lui dit-elle, « tu ne me crains point, moi qui fais trembler d'un seul regard. » tout ce qu'il y a de plus puissant sur la terre, depuis le berger jusqu'au monarque. Et plus loin, je cite, une reine m'attend à 500 lieues d'ici pour me dire. Ces discrètes allusions à l'égalité de tous devant la mort ne sont effectivement pas, sans rappeler, la principale caractéristique des danses macabres. Aussi peut-on supposer que l'auteur de ce récit connaissait le texte, voire des représentations des danses macabres. Ce récit se double ici d'une allégorie de la misère qui semble inciter le lecteur à la résignation et à l'acceptation de l'ordre social. L'argent. corrompt les âmes et l'attitude du bourgeois Richard, à l'onomastique révélatrice, en est le parfait exemple. Dans la danse macabre, la mort interpelle rudement le bourgeois. Je cite « Bourgeois, hâtez-vous sans tarder, il faut quitter votre richesse. Si vous n'avez point à faire la richesse, votre regret ne sert de rien. C'est la condamnation morale de l'enrichissement personnel qui rend égoïste et indifférent au malheur des autres. » L'histoire du bonhomme misère semble apparaître dans la bibliothèque bleu-troyenne au début du XVIIIe siècle. On ne connaît pas de permission d'imprimer avant 1716. Et l'ouvrage fit le tour des officines troyennes, tant chez les Houdots que chez les Garniers. Leurs collègues rouennais firent de même, suivis en cela par ceux de Limoges, puis au XIXe siècle ceux de Tours, Orléans, Toulouse, Campes, Falaise, Epinal, Montpellier. Bruyères et enfin Paris. Grand succès donc pour ce titre facile à vendre et à imprimer puisqu'il n'occupait pas plus d'une trentaine de pages, souvent moins. L'histoire comme archétype de toutes les misères fut jointe en 1783 à celle des métiers et en était même l'ouverture. Les impressions troyennes donnent comme auteur le sieur de la rivière, dramaturge, journaliste et chansonnier français. C'est possible. mais pas totalement avérée. Il pourrait être alors, autre supposition, l'auteur de La musique du diable, ouvrage anonyme publié en 1711 sous l'adresse fantaisiste de Robert le Turc, libraire à Paris, rue d'Enfer, et en fait titre paru en Hollande. L'histoire du monome misère y est enchassée avec d'autres dans un récit cadre. D'autres imprimeurs de livrets bleus préfèrent la touche facétieuse. en attribuant la légende au, je cite, « nommé cours d'argent » . Comme l'écrit Pierre Brochon, je cite, « On ne peut que rendre hommage aux flaires admirables des éditeurs qui ont su découvrir cette petite œuvre anonyme qui, maintes fois reproduite, eut un succès prodigieux et devint un vivant symbole populaire. » Venons-en au succès de la légende au XIXe siècle. En 1833, Prosper Mérimée publie un conte d'origine napolitaine intitulé « Fédérico » . On ne retiendra ici que les points communs avec notre bonhomme misère. Fédérico, joueur invétéré, offre l'hospitalité à Jésus-Christ et ses apôtres. Pour le récompenser, le Christ lui accorde trois grâces. Fédérico demande à gagner toujours aux cartes, que quiconque montera dans son orangé n'en puisse descendre sans sa permission, et enfin que quiconque s'assiera sur son escabeau près de la cheminée, ne puisse s'en relever sans sa volonté. Comme dans Le bonhomme misère, quand la mort vient le chercher, Fédérico demande un fruit de son arbre, et elle reste coincée sur l'arbre. Elle ne peut en descendre qu'en échange de l'octroi de cent années de vie supplémentaire à Fédérico. Quand la mort revient cent ans plus tard, Fédérico la fait asseoir sur l'escabeau, dont elle reste prisonnière. Pour sa libération, Fédérico demande encore cinquante ans. terme au bout duquel le héros est admis au paradis grâce à de nouvelles ruses. Jean Fleury préférait l'histoire du bonhomme misère à celle de Federico. Entre autres, il trouvait la mort quelque peu naïve de se laisser berner deux fois et par un moyen presque identique au premier. Dans plusieurs autres contes populaires à l'étranger, on trouve des ressemblances avec notre légende du bonhomme misère. Mais ici, nous nous intéressons uniquement aux variantes françaises les plus remarquables de cette histoire. Dans le courant du XIXe siècle, Boutroux de Montargis publia un bonhomme misère, « Conte en verre » , pour lequel l'auteur a manifestement puisé son inspiration dans la bibliothèque bleue. Mais il y a aussi quelques inventions de son cru, comme celle de l'identité du voleur, un marquis aussi chiche que riche. Piégée dans le poirier, la mort jure comme une furie. Et misère ce moque d'air, je cite « Ô mort, ton courroux me fait rire, puisqu'il ne m'inspire d'effroi. Ah, tremble plutôt pour toi-même ! » Car puisque personne ne t'aime, qui diantre viendra te chercher et de cet arbre t'arracher ? Bref, si de ton sort je suis maître, pour toi n'est-ce pas cesser d'être ? Autre version en vers, celle de Charles Fournel en 1862 dans ses Légendes dorées. Le bonhomme misère y formule deux vœux, mais l'on retiendra surtout les descriptions de la faucheuse. Je cite. Je t'enlace à faux, la voilà sur l'arbre en deux seaux. tant son corps fut léger n'y revient rien que des autres elle demande alors ce qu'il lui faut faire réponse je cite restez là dit le reuil à joie qui dès lors présente trouve dame mort beaucoup plus plaisante Libérée, elle revient 500 ans plus tard. Notre bonhomme résonne et, je cite, « à ce rire hideux, à ce long manteau noir, surtout à cette faux, il connut la personne » . Dans deux versions retenues pour le Nord de la France, misère est affublée d'un compagnon. Henri Carnoy, dans « Littérature orale de la Picardie » , lui attribue un chien nommé Pauvreté, ce qui, avec misère, en fait un couple particulièrement éloquent. Le conte peut se résumer ainsi. Misère, pauvre forgeron, ne fait pas payer Saint-Pierre pour ferrer son âne. Dieu lui propose alors d'accomplir trois souhaits. Et voilà ce que Miserre demande. Que celui qui s'assied sur son fauteuil ne puisse se lever sans sa permission. Que celui qui monte sur son noyer ne puisse en descendre sans sa permission. Que celui qui entre dans sa bourse ne puisse en sortir sans sa permission. Dans cette version, c'est le diable qui est berné par trois fois, mais il n'est jamais qu'un alter ego de la mort. Le thème du diable suppôt de la mort, trompé par trois fois, est présent dans plusieurs légendaires provinciaux. Dans le Poirier de Misère, parmi les contes d'un buveur de bière, Charles Delain met en scène non pas un pauvre air, mais une pauvresse flanquée de son chien, Pharaon. La mère Misère possède bien peu de choses, si ce n'est, en plus de son chien, un poirier. Un jour d'hiver, un mendiant demande l'hospitalité. Et Misère l'accueille avec le peu qu'elle a. En fait, il s'agit de Saint Vanou qui lui offre un vœu pour la remercier. Elle souhaite que tous ceux qui montent dans son poirier soient pris jusqu'à ce qu'elle les libère. Un jour, on frappe à sa porte. Je sais. Elle se retourne et vit un homme long, maigre, jaune et vieux. Vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux, aussi longue qu'une perche à houblon. Misère reconnut la mort. Comme précédemment, pour son dernier souhait, avant de partir, elle lui demande d'aller lui chercher des poires dans l'arbre. Et la mort y est prise. C'est l'éternité sur terre, plus personne ne meurt. Mais c'est aussi la décadence et l'anarchie, car on ne sait où est passée la mort. En Gascogne, Jean-François Bladé introduit dans ses contes populaires de la Gascogne une plaisante version du diable et le forgeron. Ce dernier a vendu son âme au diable pour échapper à la pauvreté et a reçu en échange une bourse pleine de louis d'or. Au terme de cette année, Le diable vient chercher son dû et se fait piéger par trois fois. D'abord en montant dans un loyer, puis en s'insayant sur une enclume, et enfin en se faisant enfermer dans une fosse d'aisance dont le forgeron bouche le trou avec de la chaux et du sable. Finalement, il paraît probable que les différentes versions se sont contaminées. En témoigne cette ultime version en 1903, un poème en vers rédigé par Maurice Bouchard. Forgeron vivant dans l'indigence, misère n'a dans la vie que deux trésors, un cerisier et un plat d'argent. Il rend service à Éloi, son saint patron, en lui ferrant son cheval après avoir sacrifié son plat. La mort qui vient le chercher y est décrite comme, je cite, « une personne osseuse à faire peur, aux vêtements flottants comme des ombres et dont les yeux semblaient de grands trous sombres » . Un moment comique intervient lorsqu'elle monte dans le cerisier et se gave de fruits. Comme elle ne peut en descendre, le forgeron se moque d'elle. Je cite « Eh bien, tu ne lui as pas dansé avec l'ancien ? Hop, saute donc, saute donc, vieux squelette ! » Pour ce syncrétisme de différentes versions régionales antérieures, Maurice Bouchor ajoute, après le titre de son poème, je cite « d'après la tradition populaire » . Nous terminons sur le cas de la Bretagne, le meilleur. Toutefois, c'est en Bretagne que les variantes sont les plus nombreuses avec une originalité dans les cuirciaux. Luzel rappelle plusieurs versions d'une gouerce intitulée « Dialogue entre le juif errant et le bonhomme misère » , texte parfois en français mais le plus souvent en breton. Le prétexte de cette chanson de tradition orale est une dispute entre le juif errant et le bonhomme misère qui se rencontrent sur la route de Guingamp. Voici un extrait de leur dialogue. Je suis condamné par Dieu à marcher jusqu'au jugement dernier. Mais pourquoi ris-tu ? Je croyais être le plus vieux en ce monde et je trouve mon pareil. Réponse. Hélas, tu es jeune par rapport à moi. Je suis la pauvreté. Mon plaisir est de tourmenter le monde. Réponse. Elien, éloigne-toi de moi. Je suis sur terre puni par Dieu. Toi, tu en es le bourreau. Alors, quel est leur point commun ? La mort ne peut pas les atteindre. Le juif errant à la suite d'une punition exemplaire Le bonhomme misère à la suite d'un pacte. La mort s'écrit, je cite, « Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Le ciel m'ordonne que de ton consentement je te quitte et ne revienne jamais te voir au jour du jugement dernier, après que j'aurai achevé mon grand ouvrage qui sera la destruction générale de tout le genre humain. » Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'histoire du bonhomme misère fut donnée à voir par le truchement d'estambles et de spectacles. C'est une image d'épinal chez Pellerin qui établit le lien avec la voix bretonne. Bonhomme Misère devient le surnom d'un campagnard débauché, amateur de vin et de jeux, et qui, en peu de temps, perd ses biens et ses amis. Tout comme dans le conte, il ne lui reste que son poirier, dévalisé la nuit par un voleur. Mais le génie du bien veut l'éprouver, et comme Misère lui réserve un bon accueil, Le bonhomme, qui a compris la leçon, ne demande qu'une chose, que tous ceux qui toucheront à ces poires demeurent prisonniers sur l'arbre. La vignette suivante de l'image, qui en compte 20, montre un voleur suspendu par les pieds dans le poirier, représentation cocasse qui devait plaire aux enfants, puisque l'estample leur était destinée. La suite de l'histoire est une réinterprétation à destination du jeune public, bien attrapé à sa porte le temps. terme édulcoré pour désigner la mort, avec sa faux et ses deux grandes ailes, représentation classique de Kronos. Évidemment, le bonhomme fait monter le temps dans l'arbre, d'où il ne peut descendre. En 1877, le graveur Alphonse Legros donne une version iconographique de la légende en une suite de ciseaux forts publiés à Londres. La plus célèbre parce que la plus spectaculaire est cette dernière où l'on voit la mort avec sa tête de squelette et sa faux, perpétrés dans l'arbre au-dessous duquel se tient misère, décharnée et perplexe. La même année paraît le texte d'Hermès d'Hervilly et Alfred Lirin, qui fut joué le 11 décembre 1877 à l'Odéon de Paris. C'est une pièce en verre qui est déclinée en trois tableaux et qui suit d'assez près la version originale. L'apparition de la mort donne lieu à une didascalie particulière. montrant comment les auteurs se l'imaginent. Tous les traits d'une belle et noble jeune femme aux longs cheveux épars sur sa robe blanche et tenant une faux d'argent à la main, la mort apparaît doucement dans le jardin de misère. D'un pas léger, elle s'avance. Dans le fond, Paul Willems, on trouve encore un projet d'opéra pour son théâtre de verdure. S'intitulant Le père misère ou la mort dans le poirier, il date de 1948. et l'auteur en est Oscar Espla. Ce musicien espagnol reprend, en y associant une galerie de personnages secondaires, les principales données du conte populaire. En conclusion, s'agit-il d'une belle légende. Donc, la mort est vaincue, mais à quel prix ? Ainsi que le dit le juif errant dans la Gouesse, je cite, « Je suis sur terre puni par Dieu, toi tu en es le bourreau. » Car une misère sans fin est-elle préférable à une vie sans fin ? Avec ce dialogue entre le juif Ferrand et le bonhomme misère, la Bretagne a donné une dimension sociale et philosophique au conte qui lui s'efface dans les réparties de la dispute. Toutefois, la légende était bien vivace en Bretagne avec plusieurs variantes, notamment celle du diable et du maréchal Ferrand qui était sans doute la plus répandue. Cette histoire fut ainsi diminuée dans plusieurs régions où elle appartient au folklore oral et écrit. Mais la version la plus pure demeure celle de la bibliothèque de l'art. Et qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'histoire continue sporadiquement d'être réimprimée ou jouée, y compris dans des versions pour enfants. Une des dernières en date est celle de Christelle Le Gouen. Elle raconte en texte et en image comment, pour un bol de soupe consenti à une vieille, le bonhomme misère se voit offrir un vœu. Son pommier retient alors prisonniers ceux qui y grimpent jusqu'à ce qu'il décide de les libérer. Et bien évidemment, cette réinterprétation est l'œuvre d'une bretonne. Merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Déline Leclerc. Nous y réfléchirons à deux fois avant de grimper dans un poirier où échapparder les fruits tentateurs. Chères auditrices et auditeurs, merci pour votre écoute et à bientôt pour un prochain épisode. Dans ce cadre de rompre, et une association de l'homme national, et si vous êtes intéressé par notre activité, une adhésion, nos publications, notamment ce colloque, Vous avez besoin de ces aînés sur notre site web www.dance-macabre-europe.org

  • Speaker #0

    Danse Macabre d'Europe est également présente sur Facebook, Twitter, Instagram et Google Play.

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Quel serait notre devenir si la Mort, coincée dans le haut d’un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa Danse macabre, vers l’Enfer ou le Paradis ?

Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l’écoute d’une légende, popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque bleue.


La communication de Marie-Dominique LECLERC, a tout pour nous plaire, surtout lorsque le « récit simple, met en scène un homme, pauvre, mais qui rusé, réussit à berner la Mort. »

« L’Histoire du Bonhomme Misère », fut appréciée par Champfleury qui considérait le conte comme « un contemporain de la Danse des Morts » par la « seule idée qui en ressort, l’égalité [de tous] devant la mort ».

 

Réfléchissons à deux fois, avant de grimper dans un poirier, pour y chaparder des fruits tentateurs !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Gardez votre oreille ouverte.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue. Chères auditrices et chers auditeurs, vous avez bien choisi d'écouter un balado des Dances Macabres d'Europe.

  • Speaker #0

    Dances Macabres d'Europe, le lieu de rencontre de la mort avec l'art, la littérature et l'histoire.

  • Speaker #1

    Quel serait notre devenir si la mort, coincée dans l'eau d'un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa danse macabre vers l'enfer ou le paradis ? Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l'écoute d'une légende popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque Bleue. La communication de Marie-Dominique Leclerc a tout pour nous plaire, surtout lorsque le récit simple met en scène un homme, un homme, un homme, mais qui rusait.

  • Speaker #0

    réussi à berner la main sur s'intitule de bonhomme misère de la bibliothèque bleue troyenne à la bretagne légende répandue dans bien des provinces france l'histoire du bonhomme misère a été popularisée d'abord par les innombrables impressions de la bibliothèque bleue portée sur le territoire avant de se répandre dans le folklore orale breton il est vrai qu'il y avait là tous les ingrédients pour séduire le peuple, un récit simple mettant en scène un homme pauvre, mais qui, rusé, réussit à berner la mort. Les nombreuses variantes de l'histoire attestent de son succès, tout comme la récupération du thème par la gravure, l'imagerie, le théâtre et l'opéra. Belle longévité pour ce conte parvenu jusqu'à nous en intégrant la littérature enfantine. Alors commençons avec la Bibliothèque bleue. Selon la légende, l'histoire se déroule en Italie. Deux voyageurs, Pierre et Paul, trempés par une pluie battante, cherchent refuge pour la nuit. Ils sont d'abord éconduits par Richard, un riche bourgeois, avant d'être accueillis par le bonhomme misère qui leur offre l'hospitalité, malgré ses très modestes ressources. Les deux visiteurs apprennent que le seul bien dont dispose leur hôte est un poirier, malheureusement régulièrement pillé de ses fruits. Les deux hommes entrent en prière et demandent au bonhomme quel vœu il souhaite formuler. Ce dernier ne demande rien d'autre que, je cite, « tous ceux qui montraient dans son poirier y restassent, tant qu'il lui plairait et n'en puisse jamais descendre que par sa volonté. » Les voyageurs partis misèrent à la surprise de trouver son voleur de poire perché dans l'arbre et dans l'incapacité d'en descendre. Il en est de même pour tous ceux qui tentent de l'aider. Ils sont tous soumis à sa bonne volonté. Le bonhomme les libère, moyennant promesse qu'on ne lui vole plus jamais ses fruits. Ils coulent dès lors des jours heureux, se contentant du peu qu'ils possèdent. Mais un jour, on frappe à sa porte. La mort vient le chercher. Nullement impressionné, il demande une dernière faveur, que la mort aille lui cueillir la plus belle poire de son âme. Évidemment, elle reste prisonnière du poirier et s'écrit, je cite, Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Contre la promesse de ne plus jamais venir le chercher, misère accepte de délivrer la mort qui s'enfuit dans les airs avec sa faux. Et depuis ce temps-là, misère continue de vivre et, je cite, il restera sur la terre tant que le monde sera monde. Jean Fleury appréciait particulièrement cette histoire et il émet l'hypothèse que le récit se déroule bien avant sa parution dans la Bibliothèque Bleue, car selon lui, l'histoire se réfère à l'esthétique des danses macabres. La mort personnifiée porte une faux et rappelle la nécessité de quitter la vie, la vie terrestre, et s'adressant à Misère qu'elle vient chercher, je cite, « Quoi ? » lui dit-elle, « tu ne me crains point, moi qui fais trembler d'un seul regard. » tout ce qu'il y a de plus puissant sur la terre, depuis le berger jusqu'au monarque. Et plus loin, je cite, une reine m'attend à 500 lieues d'ici pour me dire. Ces discrètes allusions à l'égalité de tous devant la mort ne sont effectivement pas, sans rappeler, la principale caractéristique des danses macabres. Aussi peut-on supposer que l'auteur de ce récit connaissait le texte, voire des représentations des danses macabres. Ce récit se double ici d'une allégorie de la misère qui semble inciter le lecteur à la résignation et à l'acceptation de l'ordre social. L'argent. corrompt les âmes et l'attitude du bourgeois Richard, à l'onomastique révélatrice, en est le parfait exemple. Dans la danse macabre, la mort interpelle rudement le bourgeois. Je cite « Bourgeois, hâtez-vous sans tarder, il faut quitter votre richesse. Si vous n'avez point à faire la richesse, votre regret ne sert de rien. C'est la condamnation morale de l'enrichissement personnel qui rend égoïste et indifférent au malheur des autres. » L'histoire du bonhomme misère semble apparaître dans la bibliothèque bleu-troyenne au début du XVIIIe siècle. On ne connaît pas de permission d'imprimer avant 1716. Et l'ouvrage fit le tour des officines troyennes, tant chez les Houdots que chez les Garniers. Leurs collègues rouennais firent de même, suivis en cela par ceux de Limoges, puis au XIXe siècle ceux de Tours, Orléans, Toulouse, Campes, Falaise, Epinal, Montpellier. Bruyères et enfin Paris. Grand succès donc pour ce titre facile à vendre et à imprimer puisqu'il n'occupait pas plus d'une trentaine de pages, souvent moins. L'histoire comme archétype de toutes les misères fut jointe en 1783 à celle des métiers et en était même l'ouverture. Les impressions troyennes donnent comme auteur le sieur de la rivière, dramaturge, journaliste et chansonnier français. C'est possible. mais pas totalement avérée. Il pourrait être alors, autre supposition, l'auteur de La musique du diable, ouvrage anonyme publié en 1711 sous l'adresse fantaisiste de Robert le Turc, libraire à Paris, rue d'Enfer, et en fait titre paru en Hollande. L'histoire du monome misère y est enchassée avec d'autres dans un récit cadre. D'autres imprimeurs de livrets bleus préfèrent la touche facétieuse. en attribuant la légende au, je cite, « nommé cours d'argent » . Comme l'écrit Pierre Brochon, je cite, « On ne peut que rendre hommage aux flaires admirables des éditeurs qui ont su découvrir cette petite œuvre anonyme qui, maintes fois reproduite, eut un succès prodigieux et devint un vivant symbole populaire. » Venons-en au succès de la légende au XIXe siècle. En 1833, Prosper Mérimée publie un conte d'origine napolitaine intitulé « Fédérico » . On ne retiendra ici que les points communs avec notre bonhomme misère. Fédérico, joueur invétéré, offre l'hospitalité à Jésus-Christ et ses apôtres. Pour le récompenser, le Christ lui accorde trois grâces. Fédérico demande à gagner toujours aux cartes, que quiconque montera dans son orangé n'en puisse descendre sans sa permission, et enfin que quiconque s'assiera sur son escabeau près de la cheminée, ne puisse s'en relever sans sa volonté. Comme dans Le bonhomme misère, quand la mort vient le chercher, Fédérico demande un fruit de son arbre, et elle reste coincée sur l'arbre. Elle ne peut en descendre qu'en échange de l'octroi de cent années de vie supplémentaire à Fédérico. Quand la mort revient cent ans plus tard, Fédérico la fait asseoir sur l'escabeau, dont elle reste prisonnière. Pour sa libération, Fédérico demande encore cinquante ans. terme au bout duquel le héros est admis au paradis grâce à de nouvelles ruses. Jean Fleury préférait l'histoire du bonhomme misère à celle de Federico. Entre autres, il trouvait la mort quelque peu naïve de se laisser berner deux fois et par un moyen presque identique au premier. Dans plusieurs autres contes populaires à l'étranger, on trouve des ressemblances avec notre légende du bonhomme misère. Mais ici, nous nous intéressons uniquement aux variantes françaises les plus remarquables de cette histoire. Dans le courant du XIXe siècle, Boutroux de Montargis publia un bonhomme misère, « Conte en verre » , pour lequel l'auteur a manifestement puisé son inspiration dans la bibliothèque bleue. Mais il y a aussi quelques inventions de son cru, comme celle de l'identité du voleur, un marquis aussi chiche que riche. Piégée dans le poirier, la mort jure comme une furie. Et misère ce moque d'air, je cite « Ô mort, ton courroux me fait rire, puisqu'il ne m'inspire d'effroi. Ah, tremble plutôt pour toi-même ! » Car puisque personne ne t'aime, qui diantre viendra te chercher et de cet arbre t'arracher ? Bref, si de ton sort je suis maître, pour toi n'est-ce pas cesser d'être ? Autre version en vers, celle de Charles Fournel en 1862 dans ses Légendes dorées. Le bonhomme misère y formule deux vœux, mais l'on retiendra surtout les descriptions de la faucheuse. Je cite. Je t'enlace à faux, la voilà sur l'arbre en deux seaux. tant son corps fut léger n'y revient rien que des autres elle demande alors ce qu'il lui faut faire réponse je cite restez là dit le reuil à joie qui dès lors présente trouve dame mort beaucoup plus plaisante Libérée, elle revient 500 ans plus tard. Notre bonhomme résonne et, je cite, « à ce rire hideux, à ce long manteau noir, surtout à cette faux, il connut la personne » . Dans deux versions retenues pour le Nord de la France, misère est affublée d'un compagnon. Henri Carnoy, dans « Littérature orale de la Picardie » , lui attribue un chien nommé Pauvreté, ce qui, avec misère, en fait un couple particulièrement éloquent. Le conte peut se résumer ainsi. Misère, pauvre forgeron, ne fait pas payer Saint-Pierre pour ferrer son âne. Dieu lui propose alors d'accomplir trois souhaits. Et voilà ce que Miserre demande. Que celui qui s'assied sur son fauteuil ne puisse se lever sans sa permission. Que celui qui monte sur son noyer ne puisse en descendre sans sa permission. Que celui qui entre dans sa bourse ne puisse en sortir sans sa permission. Dans cette version, c'est le diable qui est berné par trois fois, mais il n'est jamais qu'un alter ego de la mort. Le thème du diable suppôt de la mort, trompé par trois fois, est présent dans plusieurs légendaires provinciaux. Dans le Poirier de Misère, parmi les contes d'un buveur de bière, Charles Delain met en scène non pas un pauvre air, mais une pauvresse flanquée de son chien, Pharaon. La mère Misère possède bien peu de choses, si ce n'est, en plus de son chien, un poirier. Un jour d'hiver, un mendiant demande l'hospitalité. Et Misère l'accueille avec le peu qu'elle a. En fait, il s'agit de Saint Vanou qui lui offre un vœu pour la remercier. Elle souhaite que tous ceux qui montent dans son poirier soient pris jusqu'à ce qu'elle les libère. Un jour, on frappe à sa porte. Je sais. Elle se retourne et vit un homme long, maigre, jaune et vieux. Vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux, aussi longue qu'une perche à houblon. Misère reconnut la mort. Comme précédemment, pour son dernier souhait, avant de partir, elle lui demande d'aller lui chercher des poires dans l'arbre. Et la mort y est prise. C'est l'éternité sur terre, plus personne ne meurt. Mais c'est aussi la décadence et l'anarchie, car on ne sait où est passée la mort. En Gascogne, Jean-François Bladé introduit dans ses contes populaires de la Gascogne une plaisante version du diable et le forgeron. Ce dernier a vendu son âme au diable pour échapper à la pauvreté et a reçu en échange une bourse pleine de louis d'or. Au terme de cette année, Le diable vient chercher son dû et se fait piéger par trois fois. D'abord en montant dans un loyer, puis en s'insayant sur une enclume, et enfin en se faisant enfermer dans une fosse d'aisance dont le forgeron bouche le trou avec de la chaux et du sable. Finalement, il paraît probable que les différentes versions se sont contaminées. En témoigne cette ultime version en 1903, un poème en vers rédigé par Maurice Bouchard. Forgeron vivant dans l'indigence, misère n'a dans la vie que deux trésors, un cerisier et un plat d'argent. Il rend service à Éloi, son saint patron, en lui ferrant son cheval après avoir sacrifié son plat. La mort qui vient le chercher y est décrite comme, je cite, « une personne osseuse à faire peur, aux vêtements flottants comme des ombres et dont les yeux semblaient de grands trous sombres » . Un moment comique intervient lorsqu'elle monte dans le cerisier et se gave de fruits. Comme elle ne peut en descendre, le forgeron se moque d'elle. Je cite « Eh bien, tu ne lui as pas dansé avec l'ancien ? Hop, saute donc, saute donc, vieux squelette ! » Pour ce syncrétisme de différentes versions régionales antérieures, Maurice Bouchor ajoute, après le titre de son poème, je cite « d'après la tradition populaire » . Nous terminons sur le cas de la Bretagne, le meilleur. Toutefois, c'est en Bretagne que les variantes sont les plus nombreuses avec une originalité dans les cuirciaux. Luzel rappelle plusieurs versions d'une gouerce intitulée « Dialogue entre le juif errant et le bonhomme misère » , texte parfois en français mais le plus souvent en breton. Le prétexte de cette chanson de tradition orale est une dispute entre le juif errant et le bonhomme misère qui se rencontrent sur la route de Guingamp. Voici un extrait de leur dialogue. Je suis condamné par Dieu à marcher jusqu'au jugement dernier. Mais pourquoi ris-tu ? Je croyais être le plus vieux en ce monde et je trouve mon pareil. Réponse. Hélas, tu es jeune par rapport à moi. Je suis la pauvreté. Mon plaisir est de tourmenter le monde. Réponse. Elien, éloigne-toi de moi. Je suis sur terre puni par Dieu. Toi, tu en es le bourreau. Alors, quel est leur point commun ? La mort ne peut pas les atteindre. Le juif errant à la suite d'une punition exemplaire Le bonhomme misère à la suite d'un pacte. La mort s'écrit, je cite, « Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Le ciel m'ordonne que de ton consentement je te quitte et ne revienne jamais te voir au jour du jugement dernier, après que j'aurai achevé mon grand ouvrage qui sera la destruction générale de tout le genre humain. » Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'histoire du bonhomme misère fut donnée à voir par le truchement d'estambles et de spectacles. C'est une image d'épinal chez Pellerin qui établit le lien avec la voix bretonne. Bonhomme Misère devient le surnom d'un campagnard débauché, amateur de vin et de jeux, et qui, en peu de temps, perd ses biens et ses amis. Tout comme dans le conte, il ne lui reste que son poirier, dévalisé la nuit par un voleur. Mais le génie du bien veut l'éprouver, et comme Misère lui réserve un bon accueil, Le bonhomme, qui a compris la leçon, ne demande qu'une chose, que tous ceux qui toucheront à ces poires demeurent prisonniers sur l'arbre. La vignette suivante de l'image, qui en compte 20, montre un voleur suspendu par les pieds dans le poirier, représentation cocasse qui devait plaire aux enfants, puisque l'estample leur était destinée. La suite de l'histoire est une réinterprétation à destination du jeune public, bien attrapé à sa porte le temps. terme édulcoré pour désigner la mort, avec sa faux et ses deux grandes ailes, représentation classique de Kronos. Évidemment, le bonhomme fait monter le temps dans l'arbre, d'où il ne peut descendre. En 1877, le graveur Alphonse Legros donne une version iconographique de la légende en une suite de ciseaux forts publiés à Londres. La plus célèbre parce que la plus spectaculaire est cette dernière où l'on voit la mort avec sa tête de squelette et sa faux, perpétrés dans l'arbre au-dessous duquel se tient misère, décharnée et perplexe. La même année paraît le texte d'Hermès d'Hervilly et Alfred Lirin, qui fut joué le 11 décembre 1877 à l'Odéon de Paris. C'est une pièce en verre qui est déclinée en trois tableaux et qui suit d'assez près la version originale. L'apparition de la mort donne lieu à une didascalie particulière. montrant comment les auteurs se l'imaginent. Tous les traits d'une belle et noble jeune femme aux longs cheveux épars sur sa robe blanche et tenant une faux d'argent à la main, la mort apparaît doucement dans le jardin de misère. D'un pas léger, elle s'avance. Dans le fond, Paul Willems, on trouve encore un projet d'opéra pour son théâtre de verdure. S'intitulant Le père misère ou la mort dans le poirier, il date de 1948. et l'auteur en est Oscar Espla. Ce musicien espagnol reprend, en y associant une galerie de personnages secondaires, les principales données du conte populaire. En conclusion, s'agit-il d'une belle légende. Donc, la mort est vaincue, mais à quel prix ? Ainsi que le dit le juif errant dans la Gouesse, je cite, « Je suis sur terre puni par Dieu, toi tu en es le bourreau. » Car une misère sans fin est-elle préférable à une vie sans fin ? Avec ce dialogue entre le juif Ferrand et le bonhomme misère, la Bretagne a donné une dimension sociale et philosophique au conte qui lui s'efface dans les réparties de la dispute. Toutefois, la légende était bien vivace en Bretagne avec plusieurs variantes, notamment celle du diable et du maréchal Ferrand qui était sans doute la plus répandue. Cette histoire fut ainsi diminuée dans plusieurs régions où elle appartient au folklore oral et écrit. Mais la version la plus pure demeure celle de la bibliothèque de l'art. Et qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'histoire continue sporadiquement d'être réimprimée ou jouée, y compris dans des versions pour enfants. Une des dernières en date est celle de Christelle Le Gouen. Elle raconte en texte et en image comment, pour un bol de soupe consenti à une vieille, le bonhomme misère se voit offrir un vœu. Son pommier retient alors prisonniers ceux qui y grimpent jusqu'à ce qu'il décide de les libérer. Et bien évidemment, cette réinterprétation est l'œuvre d'une bretonne. Merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Déline Leclerc. Nous y réfléchirons à deux fois avant de grimper dans un poirier où échapparder les fruits tentateurs. Chères auditrices et auditeurs, merci pour votre écoute et à bientôt pour un prochain épisode. Dans ce cadre de rompre, et une association de l'homme national, et si vous êtes intéressé par notre activité, une adhésion, nos publications, notamment ce colloque, Vous avez besoin de ces aînés sur notre site web www.dance-macabre-europe.org

  • Speaker #0

    Danse Macabre d'Europe est également présente sur Facebook, Twitter, Instagram et Google Play.

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Description

Quel serait notre devenir si la Mort, coincée dans le haut d’un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa Danse macabre, vers l’Enfer ou le Paradis ?

Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l’écoute d’une légende, popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque bleue.


La communication de Marie-Dominique LECLERC, a tout pour nous plaire, surtout lorsque le « récit simple, met en scène un homme, pauvre, mais qui rusé, réussit à berner la Mort. »

« L’Histoire du Bonhomme Misère », fut appréciée par Champfleury qui considérait le conte comme « un contemporain de la Danse des Morts » par la « seule idée qui en ressort, l’égalité [de tous] devant la mort ».

 

Réfléchissons à deux fois, avant de grimper dans un poirier, pour y chaparder des fruits tentateurs !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Gardez votre oreille ouverte.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue. Chères auditrices et chers auditeurs, vous avez bien choisi d'écouter un balado des Dances Macabres d'Europe.

  • Speaker #0

    Dances Macabres d'Europe, le lieu de rencontre de la mort avec l'art, la littérature et l'histoire.

  • Speaker #1

    Quel serait notre devenir si la mort, coincée dans l'eau d'un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa danse macabre vers l'enfer ou le paradis ? Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l'écoute d'une légende popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque Bleue. La communication de Marie-Dominique Leclerc a tout pour nous plaire, surtout lorsque le récit simple met en scène un homme, un homme, un homme, mais qui rusait.

  • Speaker #0

    réussi à berner la main sur s'intitule de bonhomme misère de la bibliothèque bleue troyenne à la bretagne légende répandue dans bien des provinces france l'histoire du bonhomme misère a été popularisée d'abord par les innombrables impressions de la bibliothèque bleue portée sur le territoire avant de se répandre dans le folklore orale breton il est vrai qu'il y avait là tous les ingrédients pour séduire le peuple, un récit simple mettant en scène un homme pauvre, mais qui, rusé, réussit à berner la mort. Les nombreuses variantes de l'histoire attestent de son succès, tout comme la récupération du thème par la gravure, l'imagerie, le théâtre et l'opéra. Belle longévité pour ce conte parvenu jusqu'à nous en intégrant la littérature enfantine. Alors commençons avec la Bibliothèque bleue. Selon la légende, l'histoire se déroule en Italie. Deux voyageurs, Pierre et Paul, trempés par une pluie battante, cherchent refuge pour la nuit. Ils sont d'abord éconduits par Richard, un riche bourgeois, avant d'être accueillis par le bonhomme misère qui leur offre l'hospitalité, malgré ses très modestes ressources. Les deux visiteurs apprennent que le seul bien dont dispose leur hôte est un poirier, malheureusement régulièrement pillé de ses fruits. Les deux hommes entrent en prière et demandent au bonhomme quel vœu il souhaite formuler. Ce dernier ne demande rien d'autre que, je cite, « tous ceux qui montraient dans son poirier y restassent, tant qu'il lui plairait et n'en puisse jamais descendre que par sa volonté. » Les voyageurs partis misèrent à la surprise de trouver son voleur de poire perché dans l'arbre et dans l'incapacité d'en descendre. Il en est de même pour tous ceux qui tentent de l'aider. Ils sont tous soumis à sa bonne volonté. Le bonhomme les libère, moyennant promesse qu'on ne lui vole plus jamais ses fruits. Ils coulent dès lors des jours heureux, se contentant du peu qu'ils possèdent. Mais un jour, on frappe à sa porte. La mort vient le chercher. Nullement impressionné, il demande une dernière faveur, que la mort aille lui cueillir la plus belle poire de son âme. Évidemment, elle reste prisonnière du poirier et s'écrit, je cite, Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Contre la promesse de ne plus jamais venir le chercher, misère accepte de délivrer la mort qui s'enfuit dans les airs avec sa faux. Et depuis ce temps-là, misère continue de vivre et, je cite, il restera sur la terre tant que le monde sera monde. Jean Fleury appréciait particulièrement cette histoire et il émet l'hypothèse que le récit se déroule bien avant sa parution dans la Bibliothèque Bleue, car selon lui, l'histoire se réfère à l'esthétique des danses macabres. La mort personnifiée porte une faux et rappelle la nécessité de quitter la vie, la vie terrestre, et s'adressant à Misère qu'elle vient chercher, je cite, « Quoi ? » lui dit-elle, « tu ne me crains point, moi qui fais trembler d'un seul regard. » tout ce qu'il y a de plus puissant sur la terre, depuis le berger jusqu'au monarque. Et plus loin, je cite, une reine m'attend à 500 lieues d'ici pour me dire. Ces discrètes allusions à l'égalité de tous devant la mort ne sont effectivement pas, sans rappeler, la principale caractéristique des danses macabres. Aussi peut-on supposer que l'auteur de ce récit connaissait le texte, voire des représentations des danses macabres. Ce récit se double ici d'une allégorie de la misère qui semble inciter le lecteur à la résignation et à l'acceptation de l'ordre social. L'argent. corrompt les âmes et l'attitude du bourgeois Richard, à l'onomastique révélatrice, en est le parfait exemple. Dans la danse macabre, la mort interpelle rudement le bourgeois. Je cite « Bourgeois, hâtez-vous sans tarder, il faut quitter votre richesse. Si vous n'avez point à faire la richesse, votre regret ne sert de rien. C'est la condamnation morale de l'enrichissement personnel qui rend égoïste et indifférent au malheur des autres. » L'histoire du bonhomme misère semble apparaître dans la bibliothèque bleu-troyenne au début du XVIIIe siècle. On ne connaît pas de permission d'imprimer avant 1716. Et l'ouvrage fit le tour des officines troyennes, tant chez les Houdots que chez les Garniers. Leurs collègues rouennais firent de même, suivis en cela par ceux de Limoges, puis au XIXe siècle ceux de Tours, Orléans, Toulouse, Campes, Falaise, Epinal, Montpellier. Bruyères et enfin Paris. Grand succès donc pour ce titre facile à vendre et à imprimer puisqu'il n'occupait pas plus d'une trentaine de pages, souvent moins. L'histoire comme archétype de toutes les misères fut jointe en 1783 à celle des métiers et en était même l'ouverture. Les impressions troyennes donnent comme auteur le sieur de la rivière, dramaturge, journaliste et chansonnier français. C'est possible. mais pas totalement avérée. Il pourrait être alors, autre supposition, l'auteur de La musique du diable, ouvrage anonyme publié en 1711 sous l'adresse fantaisiste de Robert le Turc, libraire à Paris, rue d'Enfer, et en fait titre paru en Hollande. L'histoire du monome misère y est enchassée avec d'autres dans un récit cadre. D'autres imprimeurs de livrets bleus préfèrent la touche facétieuse. en attribuant la légende au, je cite, « nommé cours d'argent » . Comme l'écrit Pierre Brochon, je cite, « On ne peut que rendre hommage aux flaires admirables des éditeurs qui ont su découvrir cette petite œuvre anonyme qui, maintes fois reproduite, eut un succès prodigieux et devint un vivant symbole populaire. » Venons-en au succès de la légende au XIXe siècle. En 1833, Prosper Mérimée publie un conte d'origine napolitaine intitulé « Fédérico » . On ne retiendra ici que les points communs avec notre bonhomme misère. Fédérico, joueur invétéré, offre l'hospitalité à Jésus-Christ et ses apôtres. Pour le récompenser, le Christ lui accorde trois grâces. Fédérico demande à gagner toujours aux cartes, que quiconque montera dans son orangé n'en puisse descendre sans sa permission, et enfin que quiconque s'assiera sur son escabeau près de la cheminée, ne puisse s'en relever sans sa volonté. Comme dans Le bonhomme misère, quand la mort vient le chercher, Fédérico demande un fruit de son arbre, et elle reste coincée sur l'arbre. Elle ne peut en descendre qu'en échange de l'octroi de cent années de vie supplémentaire à Fédérico. Quand la mort revient cent ans plus tard, Fédérico la fait asseoir sur l'escabeau, dont elle reste prisonnière. Pour sa libération, Fédérico demande encore cinquante ans. terme au bout duquel le héros est admis au paradis grâce à de nouvelles ruses. Jean Fleury préférait l'histoire du bonhomme misère à celle de Federico. Entre autres, il trouvait la mort quelque peu naïve de se laisser berner deux fois et par un moyen presque identique au premier. Dans plusieurs autres contes populaires à l'étranger, on trouve des ressemblances avec notre légende du bonhomme misère. Mais ici, nous nous intéressons uniquement aux variantes françaises les plus remarquables de cette histoire. Dans le courant du XIXe siècle, Boutroux de Montargis publia un bonhomme misère, « Conte en verre » , pour lequel l'auteur a manifestement puisé son inspiration dans la bibliothèque bleue. Mais il y a aussi quelques inventions de son cru, comme celle de l'identité du voleur, un marquis aussi chiche que riche. Piégée dans le poirier, la mort jure comme une furie. Et misère ce moque d'air, je cite « Ô mort, ton courroux me fait rire, puisqu'il ne m'inspire d'effroi. Ah, tremble plutôt pour toi-même ! » Car puisque personne ne t'aime, qui diantre viendra te chercher et de cet arbre t'arracher ? Bref, si de ton sort je suis maître, pour toi n'est-ce pas cesser d'être ? Autre version en vers, celle de Charles Fournel en 1862 dans ses Légendes dorées. Le bonhomme misère y formule deux vœux, mais l'on retiendra surtout les descriptions de la faucheuse. Je cite. Je t'enlace à faux, la voilà sur l'arbre en deux seaux. tant son corps fut léger n'y revient rien que des autres elle demande alors ce qu'il lui faut faire réponse je cite restez là dit le reuil à joie qui dès lors présente trouve dame mort beaucoup plus plaisante Libérée, elle revient 500 ans plus tard. Notre bonhomme résonne et, je cite, « à ce rire hideux, à ce long manteau noir, surtout à cette faux, il connut la personne » . Dans deux versions retenues pour le Nord de la France, misère est affublée d'un compagnon. Henri Carnoy, dans « Littérature orale de la Picardie » , lui attribue un chien nommé Pauvreté, ce qui, avec misère, en fait un couple particulièrement éloquent. Le conte peut se résumer ainsi. Misère, pauvre forgeron, ne fait pas payer Saint-Pierre pour ferrer son âne. Dieu lui propose alors d'accomplir trois souhaits. Et voilà ce que Miserre demande. Que celui qui s'assied sur son fauteuil ne puisse se lever sans sa permission. Que celui qui monte sur son noyer ne puisse en descendre sans sa permission. Que celui qui entre dans sa bourse ne puisse en sortir sans sa permission. Dans cette version, c'est le diable qui est berné par trois fois, mais il n'est jamais qu'un alter ego de la mort. Le thème du diable suppôt de la mort, trompé par trois fois, est présent dans plusieurs légendaires provinciaux. Dans le Poirier de Misère, parmi les contes d'un buveur de bière, Charles Delain met en scène non pas un pauvre air, mais une pauvresse flanquée de son chien, Pharaon. La mère Misère possède bien peu de choses, si ce n'est, en plus de son chien, un poirier. Un jour d'hiver, un mendiant demande l'hospitalité. Et Misère l'accueille avec le peu qu'elle a. En fait, il s'agit de Saint Vanou qui lui offre un vœu pour la remercier. Elle souhaite que tous ceux qui montent dans son poirier soient pris jusqu'à ce qu'elle les libère. Un jour, on frappe à sa porte. Je sais. Elle se retourne et vit un homme long, maigre, jaune et vieux. Vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux, aussi longue qu'une perche à houblon. Misère reconnut la mort. Comme précédemment, pour son dernier souhait, avant de partir, elle lui demande d'aller lui chercher des poires dans l'arbre. Et la mort y est prise. C'est l'éternité sur terre, plus personne ne meurt. Mais c'est aussi la décadence et l'anarchie, car on ne sait où est passée la mort. En Gascogne, Jean-François Bladé introduit dans ses contes populaires de la Gascogne une plaisante version du diable et le forgeron. Ce dernier a vendu son âme au diable pour échapper à la pauvreté et a reçu en échange une bourse pleine de louis d'or. Au terme de cette année, Le diable vient chercher son dû et se fait piéger par trois fois. D'abord en montant dans un loyer, puis en s'insayant sur une enclume, et enfin en se faisant enfermer dans une fosse d'aisance dont le forgeron bouche le trou avec de la chaux et du sable. Finalement, il paraît probable que les différentes versions se sont contaminées. En témoigne cette ultime version en 1903, un poème en vers rédigé par Maurice Bouchard. Forgeron vivant dans l'indigence, misère n'a dans la vie que deux trésors, un cerisier et un plat d'argent. Il rend service à Éloi, son saint patron, en lui ferrant son cheval après avoir sacrifié son plat. La mort qui vient le chercher y est décrite comme, je cite, « une personne osseuse à faire peur, aux vêtements flottants comme des ombres et dont les yeux semblaient de grands trous sombres » . Un moment comique intervient lorsqu'elle monte dans le cerisier et se gave de fruits. Comme elle ne peut en descendre, le forgeron se moque d'elle. Je cite « Eh bien, tu ne lui as pas dansé avec l'ancien ? Hop, saute donc, saute donc, vieux squelette ! » Pour ce syncrétisme de différentes versions régionales antérieures, Maurice Bouchor ajoute, après le titre de son poème, je cite « d'après la tradition populaire » . Nous terminons sur le cas de la Bretagne, le meilleur. Toutefois, c'est en Bretagne que les variantes sont les plus nombreuses avec une originalité dans les cuirciaux. Luzel rappelle plusieurs versions d'une gouerce intitulée « Dialogue entre le juif errant et le bonhomme misère » , texte parfois en français mais le plus souvent en breton. Le prétexte de cette chanson de tradition orale est une dispute entre le juif errant et le bonhomme misère qui se rencontrent sur la route de Guingamp. Voici un extrait de leur dialogue. Je suis condamné par Dieu à marcher jusqu'au jugement dernier. Mais pourquoi ris-tu ? Je croyais être le plus vieux en ce monde et je trouve mon pareil. Réponse. Hélas, tu es jeune par rapport à moi. Je suis la pauvreté. Mon plaisir est de tourmenter le monde. Réponse. Elien, éloigne-toi de moi. Je suis sur terre puni par Dieu. Toi, tu en es le bourreau. Alors, quel est leur point commun ? La mort ne peut pas les atteindre. Le juif errant à la suite d'une punition exemplaire Le bonhomme misère à la suite d'un pacte. La mort s'écrit, je cite, « Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Le ciel m'ordonne que de ton consentement je te quitte et ne revienne jamais te voir au jour du jugement dernier, après que j'aurai achevé mon grand ouvrage qui sera la destruction générale de tout le genre humain. » Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'histoire du bonhomme misère fut donnée à voir par le truchement d'estambles et de spectacles. C'est une image d'épinal chez Pellerin qui établit le lien avec la voix bretonne. Bonhomme Misère devient le surnom d'un campagnard débauché, amateur de vin et de jeux, et qui, en peu de temps, perd ses biens et ses amis. Tout comme dans le conte, il ne lui reste que son poirier, dévalisé la nuit par un voleur. Mais le génie du bien veut l'éprouver, et comme Misère lui réserve un bon accueil, Le bonhomme, qui a compris la leçon, ne demande qu'une chose, que tous ceux qui toucheront à ces poires demeurent prisonniers sur l'arbre. La vignette suivante de l'image, qui en compte 20, montre un voleur suspendu par les pieds dans le poirier, représentation cocasse qui devait plaire aux enfants, puisque l'estample leur était destinée. La suite de l'histoire est une réinterprétation à destination du jeune public, bien attrapé à sa porte le temps. terme édulcoré pour désigner la mort, avec sa faux et ses deux grandes ailes, représentation classique de Kronos. Évidemment, le bonhomme fait monter le temps dans l'arbre, d'où il ne peut descendre. En 1877, le graveur Alphonse Legros donne une version iconographique de la légende en une suite de ciseaux forts publiés à Londres. La plus célèbre parce que la plus spectaculaire est cette dernière où l'on voit la mort avec sa tête de squelette et sa faux, perpétrés dans l'arbre au-dessous duquel se tient misère, décharnée et perplexe. La même année paraît le texte d'Hermès d'Hervilly et Alfred Lirin, qui fut joué le 11 décembre 1877 à l'Odéon de Paris. C'est une pièce en verre qui est déclinée en trois tableaux et qui suit d'assez près la version originale. L'apparition de la mort donne lieu à une didascalie particulière. montrant comment les auteurs se l'imaginent. Tous les traits d'une belle et noble jeune femme aux longs cheveux épars sur sa robe blanche et tenant une faux d'argent à la main, la mort apparaît doucement dans le jardin de misère. D'un pas léger, elle s'avance. Dans le fond, Paul Willems, on trouve encore un projet d'opéra pour son théâtre de verdure. S'intitulant Le père misère ou la mort dans le poirier, il date de 1948. et l'auteur en est Oscar Espla. Ce musicien espagnol reprend, en y associant une galerie de personnages secondaires, les principales données du conte populaire. En conclusion, s'agit-il d'une belle légende. Donc, la mort est vaincue, mais à quel prix ? Ainsi que le dit le juif errant dans la Gouesse, je cite, « Je suis sur terre puni par Dieu, toi tu en es le bourreau. » Car une misère sans fin est-elle préférable à une vie sans fin ? Avec ce dialogue entre le juif Ferrand et le bonhomme misère, la Bretagne a donné une dimension sociale et philosophique au conte qui lui s'efface dans les réparties de la dispute. Toutefois, la légende était bien vivace en Bretagne avec plusieurs variantes, notamment celle du diable et du maréchal Ferrand qui était sans doute la plus répandue. Cette histoire fut ainsi diminuée dans plusieurs régions où elle appartient au folklore oral et écrit. Mais la version la plus pure demeure celle de la bibliothèque de l'art. Et qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'histoire continue sporadiquement d'être réimprimée ou jouée, y compris dans des versions pour enfants. Une des dernières en date est celle de Christelle Le Gouen. Elle raconte en texte et en image comment, pour un bol de soupe consenti à une vieille, le bonhomme misère se voit offrir un vœu. Son pommier retient alors prisonniers ceux qui y grimpent jusqu'à ce qu'il décide de les libérer. Et bien évidemment, cette réinterprétation est l'œuvre d'une bretonne. Merci.

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    Merci Marie-Déline Leclerc. Nous y réfléchirons à deux fois avant de grimper dans un poirier où échapparder les fruits tentateurs. Chères auditrices et auditeurs, merci pour votre écoute et à bientôt pour un prochain épisode. Dans ce cadre de rompre, et une association de l'homme national, et si vous êtes intéressé par notre activité, une adhésion, nos publications, notamment ce colloque, Vous avez besoin de ces aînés sur notre site web www.dance-macabre-europe.org

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    Danse Macabre d'Europe est également présente sur Facebook, Twitter, Instagram et Google Play.

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Quel serait notre devenir si la Mort, coincée dans le haut d’un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa Danse macabre, vers l’Enfer ou le Paradis ?

Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l’écoute d’une légende, popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque bleue.


La communication de Marie-Dominique LECLERC, a tout pour nous plaire, surtout lorsque le « récit simple, met en scène un homme, pauvre, mais qui rusé, réussit à berner la Mort. »

« L’Histoire du Bonhomme Misère », fut appréciée par Champfleury qui considérait le conte comme « un contemporain de la Danse des Morts » par la « seule idée qui en ressort, l’égalité [de tous] devant la mort ».

 

Réfléchissons à deux fois, avant de grimper dans un poirier, pour y chaparder des fruits tentateurs !


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    Quel serait notre devenir si la mort, coincée dans l'eau d'un poirier, ne pourrait plus, de ce fait, nous entraîner dans sa danse macabre vers l'enfer ou le paradis ? Une invitation à nous balader dans les vergers des provinces de France, à l'écoute d'une légende popularisée par les innombrables impressions de la Bibliothèque Bleue. La communication de Marie-Dominique Leclerc a tout pour nous plaire, surtout lorsque le récit simple met en scène un homme, un homme, un homme, mais qui rusait.

  • Speaker #0

    réussi à berner la main sur s'intitule de bonhomme misère de la bibliothèque bleue troyenne à la bretagne légende répandue dans bien des provinces france l'histoire du bonhomme misère a été popularisée d'abord par les innombrables impressions de la bibliothèque bleue portée sur le territoire avant de se répandre dans le folklore orale breton il est vrai qu'il y avait là tous les ingrédients pour séduire le peuple, un récit simple mettant en scène un homme pauvre, mais qui, rusé, réussit à berner la mort. Les nombreuses variantes de l'histoire attestent de son succès, tout comme la récupération du thème par la gravure, l'imagerie, le théâtre et l'opéra. Belle longévité pour ce conte parvenu jusqu'à nous en intégrant la littérature enfantine. Alors commençons avec la Bibliothèque bleue. Selon la légende, l'histoire se déroule en Italie. Deux voyageurs, Pierre et Paul, trempés par une pluie battante, cherchent refuge pour la nuit. Ils sont d'abord éconduits par Richard, un riche bourgeois, avant d'être accueillis par le bonhomme misère qui leur offre l'hospitalité, malgré ses très modestes ressources. Les deux visiteurs apprennent que le seul bien dont dispose leur hôte est un poirier, malheureusement régulièrement pillé de ses fruits. Les deux hommes entrent en prière et demandent au bonhomme quel vœu il souhaite formuler. Ce dernier ne demande rien d'autre que, je cite, « tous ceux qui montraient dans son poirier y restassent, tant qu'il lui plairait et n'en puisse jamais descendre que par sa volonté. » Les voyageurs partis misèrent à la surprise de trouver son voleur de poire perché dans l'arbre et dans l'incapacité d'en descendre. Il en est de même pour tous ceux qui tentent de l'aider. Ils sont tous soumis à sa bonne volonté. Le bonhomme les libère, moyennant promesse qu'on ne lui vole plus jamais ses fruits. Ils coulent dès lors des jours heureux, se contentant du peu qu'ils possèdent. Mais un jour, on frappe à sa porte. La mort vient le chercher. Nullement impressionné, il demande une dernière faveur, que la mort aille lui cueillir la plus belle poire de son âme. Évidemment, elle reste prisonnière du poirier et s'écrit, je cite, Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Contre la promesse de ne plus jamais venir le chercher, misère accepte de délivrer la mort qui s'enfuit dans les airs avec sa faux. Et depuis ce temps-là, misère continue de vivre et, je cite, il restera sur la terre tant que le monde sera monde. Jean Fleury appréciait particulièrement cette histoire et il émet l'hypothèse que le récit se déroule bien avant sa parution dans la Bibliothèque Bleue, car selon lui, l'histoire se réfère à l'esthétique des danses macabres. La mort personnifiée porte une faux et rappelle la nécessité de quitter la vie, la vie terrestre, et s'adressant à Misère qu'elle vient chercher, je cite, « Quoi ? » lui dit-elle, « tu ne me crains point, moi qui fais trembler d'un seul regard. » tout ce qu'il y a de plus puissant sur la terre, depuis le berger jusqu'au monarque. Et plus loin, je cite, une reine m'attend à 500 lieues d'ici pour me dire. Ces discrètes allusions à l'égalité de tous devant la mort ne sont effectivement pas, sans rappeler, la principale caractéristique des danses macabres. Aussi peut-on supposer que l'auteur de ce récit connaissait le texte, voire des représentations des danses macabres. Ce récit se double ici d'une allégorie de la misère qui semble inciter le lecteur à la résignation et à l'acceptation de l'ordre social. L'argent. corrompt les âmes et l'attitude du bourgeois Richard, à l'onomastique révélatrice, en est le parfait exemple. Dans la danse macabre, la mort interpelle rudement le bourgeois. Je cite « Bourgeois, hâtez-vous sans tarder, il faut quitter votre richesse. Si vous n'avez point à faire la richesse, votre regret ne sert de rien. C'est la condamnation morale de l'enrichissement personnel qui rend égoïste et indifférent au malheur des autres. » L'histoire du bonhomme misère semble apparaître dans la bibliothèque bleu-troyenne au début du XVIIIe siècle. On ne connaît pas de permission d'imprimer avant 1716. Et l'ouvrage fit le tour des officines troyennes, tant chez les Houdots que chez les Garniers. Leurs collègues rouennais firent de même, suivis en cela par ceux de Limoges, puis au XIXe siècle ceux de Tours, Orléans, Toulouse, Campes, Falaise, Epinal, Montpellier. Bruyères et enfin Paris. Grand succès donc pour ce titre facile à vendre et à imprimer puisqu'il n'occupait pas plus d'une trentaine de pages, souvent moins. L'histoire comme archétype de toutes les misères fut jointe en 1783 à celle des métiers et en était même l'ouverture. Les impressions troyennes donnent comme auteur le sieur de la rivière, dramaturge, journaliste et chansonnier français. C'est possible. mais pas totalement avérée. Il pourrait être alors, autre supposition, l'auteur de La musique du diable, ouvrage anonyme publié en 1711 sous l'adresse fantaisiste de Robert le Turc, libraire à Paris, rue d'Enfer, et en fait titre paru en Hollande. L'histoire du monome misère y est enchassée avec d'autres dans un récit cadre. D'autres imprimeurs de livrets bleus préfèrent la touche facétieuse. en attribuant la légende au, je cite, « nommé cours d'argent » . Comme l'écrit Pierre Brochon, je cite, « On ne peut que rendre hommage aux flaires admirables des éditeurs qui ont su découvrir cette petite œuvre anonyme qui, maintes fois reproduite, eut un succès prodigieux et devint un vivant symbole populaire. » Venons-en au succès de la légende au XIXe siècle. En 1833, Prosper Mérimée publie un conte d'origine napolitaine intitulé « Fédérico » . On ne retiendra ici que les points communs avec notre bonhomme misère. Fédérico, joueur invétéré, offre l'hospitalité à Jésus-Christ et ses apôtres. Pour le récompenser, le Christ lui accorde trois grâces. Fédérico demande à gagner toujours aux cartes, que quiconque montera dans son orangé n'en puisse descendre sans sa permission, et enfin que quiconque s'assiera sur son escabeau près de la cheminée, ne puisse s'en relever sans sa volonté. Comme dans Le bonhomme misère, quand la mort vient le chercher, Fédérico demande un fruit de son arbre, et elle reste coincée sur l'arbre. Elle ne peut en descendre qu'en échange de l'octroi de cent années de vie supplémentaire à Fédérico. Quand la mort revient cent ans plus tard, Fédérico la fait asseoir sur l'escabeau, dont elle reste prisonnière. Pour sa libération, Fédérico demande encore cinquante ans. terme au bout duquel le héros est admis au paradis grâce à de nouvelles ruses. Jean Fleury préférait l'histoire du bonhomme misère à celle de Federico. Entre autres, il trouvait la mort quelque peu naïve de se laisser berner deux fois et par un moyen presque identique au premier. Dans plusieurs autres contes populaires à l'étranger, on trouve des ressemblances avec notre légende du bonhomme misère. Mais ici, nous nous intéressons uniquement aux variantes françaises les plus remarquables de cette histoire. Dans le courant du XIXe siècle, Boutroux de Montargis publia un bonhomme misère, « Conte en verre » , pour lequel l'auteur a manifestement puisé son inspiration dans la bibliothèque bleue. Mais il y a aussi quelques inventions de son cru, comme celle de l'identité du voleur, un marquis aussi chiche que riche. Piégée dans le poirier, la mort jure comme une furie. Et misère ce moque d'air, je cite « Ô mort, ton courroux me fait rire, puisqu'il ne m'inspire d'effroi. Ah, tremble plutôt pour toi-même ! » Car puisque personne ne t'aime, qui diantre viendra te chercher et de cet arbre t'arracher ? Bref, si de ton sort je suis maître, pour toi n'est-ce pas cesser d'être ? Autre version en vers, celle de Charles Fournel en 1862 dans ses Légendes dorées. Le bonhomme misère y formule deux vœux, mais l'on retiendra surtout les descriptions de la faucheuse. Je cite. Je t'enlace à faux, la voilà sur l'arbre en deux seaux. tant son corps fut léger n'y revient rien que des autres elle demande alors ce qu'il lui faut faire réponse je cite restez là dit le reuil à joie qui dès lors présente trouve dame mort beaucoup plus plaisante Libérée, elle revient 500 ans plus tard. Notre bonhomme résonne et, je cite, « à ce rire hideux, à ce long manteau noir, surtout à cette faux, il connut la personne » . Dans deux versions retenues pour le Nord de la France, misère est affublée d'un compagnon. Henri Carnoy, dans « Littérature orale de la Picardie » , lui attribue un chien nommé Pauvreté, ce qui, avec misère, en fait un couple particulièrement éloquent. Le conte peut se résumer ainsi. Misère, pauvre forgeron, ne fait pas payer Saint-Pierre pour ferrer son âne. Dieu lui propose alors d'accomplir trois souhaits. Et voilà ce que Miserre demande. Que celui qui s'assied sur son fauteuil ne puisse se lever sans sa permission. Que celui qui monte sur son noyer ne puisse en descendre sans sa permission. Que celui qui entre dans sa bourse ne puisse en sortir sans sa permission. Dans cette version, c'est le diable qui est berné par trois fois, mais il n'est jamais qu'un alter ego de la mort. Le thème du diable suppôt de la mort, trompé par trois fois, est présent dans plusieurs légendaires provinciaux. Dans le Poirier de Misère, parmi les contes d'un buveur de bière, Charles Delain met en scène non pas un pauvre air, mais une pauvresse flanquée de son chien, Pharaon. La mère Misère possède bien peu de choses, si ce n'est, en plus de son chien, un poirier. Un jour d'hiver, un mendiant demande l'hospitalité. Et Misère l'accueille avec le peu qu'elle a. En fait, il s'agit de Saint Vanou qui lui offre un vœu pour la remercier. Elle souhaite que tous ceux qui montent dans son poirier soient pris jusqu'à ce qu'elle les libère. Un jour, on frappe à sa porte. Je sais. Elle se retourne et vit un homme long, maigre, jaune et vieux. Vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux, aussi longue qu'une perche à houblon. Misère reconnut la mort. Comme précédemment, pour son dernier souhait, avant de partir, elle lui demande d'aller lui chercher des poires dans l'arbre. Et la mort y est prise. C'est l'éternité sur terre, plus personne ne meurt. Mais c'est aussi la décadence et l'anarchie, car on ne sait où est passée la mort. En Gascogne, Jean-François Bladé introduit dans ses contes populaires de la Gascogne une plaisante version du diable et le forgeron. Ce dernier a vendu son âme au diable pour échapper à la pauvreté et a reçu en échange une bourse pleine de louis d'or. Au terme de cette année, Le diable vient chercher son dû et se fait piéger par trois fois. D'abord en montant dans un loyer, puis en s'insayant sur une enclume, et enfin en se faisant enfermer dans une fosse d'aisance dont le forgeron bouche le trou avec de la chaux et du sable. Finalement, il paraît probable que les différentes versions se sont contaminées. En témoigne cette ultime version en 1903, un poème en vers rédigé par Maurice Bouchard. Forgeron vivant dans l'indigence, misère n'a dans la vie que deux trésors, un cerisier et un plat d'argent. Il rend service à Éloi, son saint patron, en lui ferrant son cheval après avoir sacrifié son plat. La mort qui vient le chercher y est décrite comme, je cite, « une personne osseuse à faire peur, aux vêtements flottants comme des ombres et dont les yeux semblaient de grands trous sombres » . Un moment comique intervient lorsqu'elle monte dans le cerisier et se gave de fruits. Comme elle ne peut en descendre, le forgeron se moque d'elle. Je cite « Eh bien, tu ne lui as pas dansé avec l'ancien ? Hop, saute donc, saute donc, vieux squelette ! » Pour ce syncrétisme de différentes versions régionales antérieures, Maurice Bouchor ajoute, après le titre de son poème, je cite « d'après la tradition populaire » . Nous terminons sur le cas de la Bretagne, le meilleur. Toutefois, c'est en Bretagne que les variantes sont les plus nombreuses avec une originalité dans les cuirciaux. Luzel rappelle plusieurs versions d'une gouerce intitulée « Dialogue entre le juif errant et le bonhomme misère » , texte parfois en français mais le plus souvent en breton. Le prétexte de cette chanson de tradition orale est une dispute entre le juif errant et le bonhomme misère qui se rencontrent sur la route de Guingamp. Voici un extrait de leur dialogue. Je suis condamné par Dieu à marcher jusqu'au jugement dernier. Mais pourquoi ris-tu ? Je croyais être le plus vieux en ce monde et je trouve mon pareil. Réponse. Hélas, tu es jeune par rapport à moi. Je suis la pauvreté. Mon plaisir est de tourmenter le monde. Réponse. Elien, éloigne-toi de moi. Je suis sur terre puni par Dieu. Toi, tu en es le bourreau. Alors, quel est leur point commun ? La mort ne peut pas les atteindre. Le juif errant à la suite d'une punition exemplaire Le bonhomme misère à la suite d'un pacte. La mort s'écrit, je cite, « Tu peux te vanter, bonhomme, d'être le premier dans la vie qui ait vaincu la mort. Le ciel m'ordonne que de ton consentement je te quitte et ne revienne jamais te voir au jour du jugement dernier, après que j'aurai achevé mon grand ouvrage qui sera la destruction générale de tout le genre humain. » Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'histoire du bonhomme misère fut donnée à voir par le truchement d'estambles et de spectacles. C'est une image d'épinal chez Pellerin qui établit le lien avec la voix bretonne. Bonhomme Misère devient le surnom d'un campagnard débauché, amateur de vin et de jeux, et qui, en peu de temps, perd ses biens et ses amis. Tout comme dans le conte, il ne lui reste que son poirier, dévalisé la nuit par un voleur. Mais le génie du bien veut l'éprouver, et comme Misère lui réserve un bon accueil, Le bonhomme, qui a compris la leçon, ne demande qu'une chose, que tous ceux qui toucheront à ces poires demeurent prisonniers sur l'arbre. La vignette suivante de l'image, qui en compte 20, montre un voleur suspendu par les pieds dans le poirier, représentation cocasse qui devait plaire aux enfants, puisque l'estample leur était destinée. La suite de l'histoire est une réinterprétation à destination du jeune public, bien attrapé à sa porte le temps. terme édulcoré pour désigner la mort, avec sa faux et ses deux grandes ailes, représentation classique de Kronos. Évidemment, le bonhomme fait monter le temps dans l'arbre, d'où il ne peut descendre. En 1877, le graveur Alphonse Legros donne une version iconographique de la légende en une suite de ciseaux forts publiés à Londres. La plus célèbre parce que la plus spectaculaire est cette dernière où l'on voit la mort avec sa tête de squelette et sa faux, perpétrés dans l'arbre au-dessous duquel se tient misère, décharnée et perplexe. La même année paraît le texte d'Hermès d'Hervilly et Alfred Lirin, qui fut joué le 11 décembre 1877 à l'Odéon de Paris. C'est une pièce en verre qui est déclinée en trois tableaux et qui suit d'assez près la version originale. L'apparition de la mort donne lieu à une didascalie particulière. montrant comment les auteurs se l'imaginent. Tous les traits d'une belle et noble jeune femme aux longs cheveux épars sur sa robe blanche et tenant une faux d'argent à la main, la mort apparaît doucement dans le jardin de misère. D'un pas léger, elle s'avance. Dans le fond, Paul Willems, on trouve encore un projet d'opéra pour son théâtre de verdure. S'intitulant Le père misère ou la mort dans le poirier, il date de 1948. et l'auteur en est Oscar Espla. Ce musicien espagnol reprend, en y associant une galerie de personnages secondaires, les principales données du conte populaire. En conclusion, s'agit-il d'une belle légende. Donc, la mort est vaincue, mais à quel prix ? Ainsi que le dit le juif errant dans la Gouesse, je cite, « Je suis sur terre puni par Dieu, toi tu en es le bourreau. » Car une misère sans fin est-elle préférable à une vie sans fin ? Avec ce dialogue entre le juif Ferrand et le bonhomme misère, la Bretagne a donné une dimension sociale et philosophique au conte qui lui s'efface dans les réparties de la dispute. Toutefois, la légende était bien vivace en Bretagne avec plusieurs variantes, notamment celle du diable et du maréchal Ferrand qui était sans doute la plus répandue. Cette histoire fut ainsi diminuée dans plusieurs régions où elle appartient au folklore oral et écrit. Mais la version la plus pure demeure celle de la bibliothèque de l'art. Et qu'en reste-t-il aujourd'hui ? L'histoire continue sporadiquement d'être réimprimée ou jouée, y compris dans des versions pour enfants. Une des dernières en date est celle de Christelle Le Gouen. Elle raconte en texte et en image comment, pour un bol de soupe consenti à une vieille, le bonhomme misère se voit offrir un vœu. Son pommier retient alors prisonniers ceux qui y grimpent jusqu'à ce qu'il décide de les libérer. Et bien évidemment, cette réinterprétation est l'œuvre d'une bretonne. Merci.

  • Speaker #1

    Merci Marie-Déline Leclerc. Nous y réfléchirons à deux fois avant de grimper dans un poirier où échapparder les fruits tentateurs. Chères auditrices et auditeurs, merci pour votre écoute et à bientôt pour un prochain épisode. Dans ce cadre de rompre, et une association de l'homme national, et si vous êtes intéressé par notre activité, une adhésion, nos publications, notamment ce colloque, Vous avez besoin de ces aînés sur notre site web www.dance-macabre-europe.org

  • Speaker #0

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