Speaker #0Le site fait une fraîche mémoire dans Le Chevalier délibéré de Olivier Delamarche. Alors, pour Le Chevalier délibéré, c'est un roman achevé en 1483 par le chroniqueur et poète bourguignon Olivier Delamarche. Il fait entendre la voix d'un homme déjà âgé qui pense à sa mort prochaine. Le récit est construit sur le modèle des romans allégoriques à la mode pendant les siècles précédents. L'un de ces modèles, vous le savez, Les plus illustres est le roman de la Rose de Jean Demain au XIIIe siècle qui raconte les épreuves par lesquelles un amoureux doit passer pour réussir à pénétrer dans un verger symbolisant la femme aimée. Omniprésent au XIVe et XVe siècle, ce mode d'écriture sert aussi à traiter des sujets moraux ou politiques, comme dans le livre du chevalier errant de Thomas III de Salus, dans le Champion des Dames de Martin Lefranc, ou surtout dans le livre du cœur d'amour et peur. prix de René d'Anjou. En rédigeant Le Chevalier délibéré, Olivier de la Marche suit ses modèles, mais il s'éloigne de tout contexte courtois pour évoquer un domaine plus austère, celui du chemin qui mène l'homme vers la mort. Il choisit ainsi de mettre en scène un chevalier qui s'engage dans une aventure périlleuse consistant à combattre les deux serviteurs d'Atropos, la déesse de la mort. Ces serviteurs sont accidents, la mort violente et débiles. La mort par maladie, prêt à attaquer et vaincre tous les humains. Le chevalier délibéré participe ainsi à une littérature abondante qui au XVe siècle s'interroge de façon obsédante sur la fin de la vie, sur le sort inéluctable réservé aux hommes, sur la disparition de leur corps, mais surtout sur le devenir de leur âme. S'emparant donc de thématiques fréquentes dans la culture livresque de l'époque, Olivier Delamarche imagine la quête d'un chevalier vieillissant qui sait que la mort est l'issue imposée à tous les humains. Cependant, il espère trouver le moyen de repousser le moment fatidique. Est-ce la voix de l'auteur qui s'exprime ainsi ? Ce récit a parfois été considéré comme une mise en scène autobiographique dans laquelle il se donne le premier rôle. Il est à l'arrière-saison de sa vie, pour reprendre une expression qui ouvre le livre, Olivier Delamarche a alors 55 ans. Sa carrière militaire et diplomatique est déjà longue auprès des ducs de Bourgogne qui l'a fidèlement servi. Les dernières années ont été endeuillées par la mort violente de Charles Téméraire à Nancy en 1477, puis par celle de Marie de Bourgogne en 1482. Sentant que la vieillesse approche, que le moment de quitter les plaisirs de la vie est imminent, il demeure persuadé qu'il pourra différer cette épreuve. La peur de l'avenir est cependant bien présente. Comment se résigner au sort promis à tous ? Comment imaginer que son corps courira sous une pierre tombale ? L'itinéraire du chevalier, le héros de ce roman, est décrit tout au long des 338 huitains, soit 2780, qui composent le chevalier délibéré. Aucune aventure, aucun incident n'explique son départ. Il se lance de façon impulsive. par une soudaine hauquaisance dans cette quête solitaire et nostalgique, et, guidé par pensée, doit renoncer à sa jeunesse, se résigner aux premières manifestations de son vieillissement. Le constat est terrible. Plus tu vis et plus le temps approche. Il te convient, enchant, entrer. Il revêt ses armes et part, tel un chevalier errant, vers cette bataille mortelle qui l'attend. Est-ce la lecture du poème d'Amé de Montgesois, le pas de la mort qui lui a fourni... fournit son sujet, il le suggère en hommage à ce traité. qui pose la question essentielle pour les hommes, quel est le serviteur de la mort le plus redoutable, accident ou débile ? C'est donc au sein du Mont Bourguignon, si familier à Olivier de Lamarche, qu'est née l'idée de composer cette œuvre sur ce thème. Un long schéma narratif reposant sur une écriture allégorique constante, souvent difficile, voire toporifique pour des lecteurs modernes, permet de suivre le cheminement du héros. Monté par son cheval vouloir, armé de son écu bon espoir, De son glaive aventuré et de son épée courage, celui-ci part seul, comme le faisaient les chevaliers d'autrefois, aujourd'hui trépassés. Une première rencontre, dans une plaine nommée Plaisance mondaine, lui fait affronter Hutin, c'est-à-dire Querelle, qui fait partie des alliés d'Accident et de Débile. Mais le combat est interrompu par une jeune fille, appelée joliment relique de jeunesse Sans doute faut-il comprendre que malgré la brutalité de la joute, il reste au chevalier assez de force pour se défendre, avec autant d'efficacité que lorsqu'il était plus jeune, son heure n'est donc pas encore venue. Il est accueilli ensuite par un ermite, en tendement, qui prétend avoir été lui aussi chevalier errant, réputé parmi les meilleurs de la table ronde, avant de se réfugier dans sa demeure de raison. Dans le cloître de Souvenance, attenant à cette demeure, Il lui montre des reliques innombrables symbolisant la mort des héros d'autrefois. Le socle de la charrue avec lequel Cain tua Abel, le pilier lancé par Samson, la chemise enflammée de Déjanière qui brûle à Hercule, la boîte qui contint le poison qui fit périr Alexandre, la lance qui permit à Achille de tuer Hector, etc. D'autres aventures liées au monde breton sont également suggérées. le glaive par lequel le roi Marc de Cornouaille blessa Tristan, l'épée de Mordred qui ôta la vie à Arthur et à Gauvain. Toutes ces croyances, les récits qui définissent les connaissances d'un homme cultivé à cette époque sont ici sollicités. Les exemples choisis composent une liste interminable et des héros les plus célèbres qui de tout temps ne purent échapper à l'action de la mort. Et Olivier Lamarche use ici simultanément de procédés qui parcourent de façon récurrente et qui sont récurrentes. les textes de la fin du Moyen-Âge, énumération, accumulation d'exemples créant une illusion d'exhaustivité, recours à des anecdotes signifiantes et exemplaires, personnification, le pouvoir de la mort est confirmé par la liste des reliques conservées par l'ermite, aucune des victimes n'est oubliée depuis le début des temps. La détermination du chevalier n'est pour autant pas entamée. Reprenant sa quête, il traverse ensuite une lande, appelée Temps, Il affronte un nouvel adversaire, âge, qui le fait prisonnier, qui lui énonce des recommandations plus encourageantes. Il faut renoncer à l'amour, au mariage, à la fréquentation des cours et des grands, au tournoi, aux joutes, à tout ce qui fait le plaisir de vivre. La perspective est peu agréable, mais la leçon est renforcée par l'étape suivante. Il traverse le désert de vieillesse, il fuit rapidement, séjournant une dernière fois dans le palais d'amour. La... il voit dans le miroir des choses passées ce qu'il est devenu. Sa barbe est grisonnante, peinte de mêlure, des rides creusent son visage. Il doit renoncer au désir, se contenter de souvenirs, tournant ainsi définitivement le dos à l'amour. Progressivement, l'auteur-acteur accepte les renoncements imposés par le vieillissement, la décrépitude et la maladie, et comprend que la seule issue qui l'attend est d'être enterré. Plus de tels mystères et de remplir les cimetières. Je passe les citations que vous retrouverez dans Texte et Clé. Les débuts de la quête ont donc été longs, sans doute pour démontrer la gravité de sa démarche, et cherchant du réconfort, il rencontre un nouveau personnage, Prêche, mémoire, qui, dans son manoir de bonne aventure, l'apaise et le rassure. Animé d'un ultime espoir, il confie à la dame qu'il cherche des preuves que accident et débile n'ont pas toujours gagné leur bataille. Les livres et les écrits anciens lui paraissent les meilleures sources d'informations et il demande à la dame de consulter les ouvrages de valeur qu'elle garde chez elle. Histoire, légende, chronique. La première réponse qu'il reçoit est qu'il est trop tard pour étudier lorsque l'on vieillit. J'ai pris la leçon. La richesse des âmes âgées, des personnes âgées, est de se souvenir de ce qu'elles ont appris autrefois. Or, sermons, prêtais religieux, didactiques. miroir de mort vado mori les textes traitant de la mort sont nombreux au quinzième siècle innombrables même et peu connus malheureusement fraîche mémoire l'entraîne alors non pas dans une bibliothèque mais dans un lieu où il pourra constater par lui-même à l'oeil nous dit le texte l'action de la mort mieux que dans les livres Elle lui ouvre les portes d'un immense cimetière. Commence alors un très long développement dans lequel la vue des tombes apporte au chevalier les réponses qu'il cherche. L'architecture funèbre remplace ici la richesse des bibliothèques. Cimetière répartie en trois espaces, la première est située dans un lieu vaste, plat, rempli de sépultures ornées d'épitaphes et de sculptures. Le chevalier les contemple l'une après l'autre. et peut, grâce à ces renseignements dans la pierre, reconnaître et identifier les morts qui y sont enterrés. On retrouve ici un usage bien attesté à la fin du Moyen-Âge pour les hommes et les femmes d'un statut social relativement élevé, pour eux pas de fausses communes, mais des monuments permettant de garder leur mémoire, d'où la multiplication des gisants et des dalles funéraires. Mais depuis le début de l'humanité, la liste des trés passés est longue et chaque mort ne peut être évoquée. L'auteur recourt alors à nouveau au procédé des listes et regroupe longuement les héros de la Bible, ceux qui sont cités par Homer, Valère, Horose, ceux de Babylone, les Grecs d'Athènes, les Troyens, les Amazones, les héros de l'Ancien Testament. À nouveau, l'usage de l'énumération permet de traverser le temps. La description des tombes est estompée pour laisser place à la réalité. Tous sont devenus charognes, pourris et sont engloutis par la terre. Dans une seconde partie du cimetière apparaissent des sépultures qui sont celles des hommes du temps présent d'Olivier de Lamarche, mais morts depuis 1435. La date est choisie avec soin. C'est celle du traité d'Arras, signé entre le roi de France Charles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon, qui met fin à la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons. Commence alors pour la Bourgogne une période de prospérité qui donne au duché une extension géographique et politique remarquable. C'est d'ailleurs à la même date, à partir de 1435, que Olivier Delamarche écrit et consigne dans ses mémoires, un énorme ouvrage, les chroniques de la maison de Bourgogne qu'il prolonge jusqu'à la date de 1488. L'architecture des nouvelles tombes alors présentes permet de constater que les décès sont récents, concernent les plus grands, les plus valeureux seigneurs bourguignons. Il en a connu certains et la description des pierres tombales favorise une réelle proximité, voire même de l'émotion, avec ceux qui sont ensevelis et qui l'a bien connu. L'usage de conserver les dépouilles des grands est relativement ancien, mais prend une ampleur remarquable au XVe siècle, et ce cimetière de fraîche mémoire s'en fait l'écho. Olivier de Lamarche ne propose pas une description systématique, mais pour chaque pierre tombale, il choisit des détails précis. Un cercueil de pierre dure, un cercueil en laiton, un cercueil en marbre pour le roi de Sicile. Parfois il signale la taille du tombeau, c'est le cas pour Jacques de Lalins, qui gît sous ses pulcres hauts, où complexe la tombe du chancelier Rollin et de grands artifices, c'est-à-dire avec virtuosité. Il arrive que les armoiries ou boutillers soient représentées, c'est le cas pour un bâtard de Bourgogne, Cornille, qu'il reconnaît à son écu qui fut barré parmi lions et fleurs de lys. ou pour Varvik avec des armes ornées de rouge croix. Et enfin, la représentation du mort est parfois soulignée par les vêtements sculptés à la mode de leur pays, comme les seigneurs de Prusse ou de Rhodes. L'auteur recourt à ces détails avec parcimonie et souvent de façon désordonnée. La comparaison avec d'autres textes contemporains s'impose car Olivier Delamarche s'inspire sans aucun doute d'œuvres antérieures, en partie peu connues d'ailleurs de nous. même des spécialistes, l'Hôpital d'amour d'Achille Gaulier, texte fondateur en 1430, où le héros, habité par un chagrin d'amour, ne pense qu'à mourir, et dans le cimetière, décrit les épitaphes gravés sur les tombes, permettent d'évoquer le sort des amants célèbres qui émergent jusqu'à la mort, Tristan, Lancelot du Lac, Jean de Verchin, Alain Chartier. Sans doute connaissait-il aussi le livre du cœur d'amour épris de René Danjou. qui fait de la visite du cimetière le décor essentiel de la quête amoureuse de son héros. Le chœur accompagné de désirs, il découvre les corps de mains léos amoureux, mais surtout de ceux qui ont chanté l'amour. Ovid, Guillaume de Machaut, Bocas, Chant de Main, Pétrarque, Alain Chartier. Le luxe des monuments funéraires évoqués alors, sert à dire l'immensité du talent de ces poètes et la gloire qu'ils méritent. et qui survit à leur mort. La description de cimetière devient dans la littérature du XVe siècle un motif mnémonique et encomiastique à la gloire de héros littéraires ou contemporains illustres. Je passe sur certaines citations, mais là, cette citation, je la dois à Florence Boucher. Quittant ses prestigieux modèles, Olivier de Lamarche, dans Le Chevalier délibéré, se tourne vers les chevaliers et seigneurs qui ont vécu tout au long du XVe siècle. Il dresse un tableau terrible de tous les acteurs qui ont participé à la gloire du bûcher de Bourgogne. Posant les yeux sur chaque pierre tombale, il dénombre et énumère 73 personnages historiques, suivant un ordre chronologique parfois approximatif, mêlant les personnages de sang royal aux combattants valeureux de plus basse extraction. Il effectue ainsi un véritable travail d'historien, citant le plus souvent des personnages dont il évoque également le souvenir dans son travail de chroniqueur dans les mémoires. La poésie d'Olivier Lamarche fixe ainsi pour l'éternité l'histoire de ces vies passées, jouant ainsi le même rôle que les ornements des pierres tombales. Les vers dressent une série de panégyriques destinées à vanter la gloire des trépassés et à commémorer leur haut fait chevaleresque politique. Le cimetière montré par fraîche mémoire apporte aux chevaliers délibérés non seulement les réponses qu'ils cherchent sur le pouvoir de la mort, mais aussi l'occasion de célébrer la renommée durable des personnages disparus. Le spectacle offert par la multitude des sépultures élevées dans le cimetière est infini. L'auteur pose son regard sur ses traces ultimes, sans s'attarder cependant sur la dégradation des corps enterrés. Conscient de l'immensité de la tâche qui s'offre à lui s'il poursuit la visite de ce cimetière, il renonce à l'énumération sur laquelle il construisait alors son récit. Et c'est la thématique de la danse macabre qui s'impose alors au poète. En quatre strophes, danse très forte, au moment d'achever sa promenade sépulcrale. Il y fait défiler les catégories humaines qui embrassent symboliquement toute la société. Depuis plusieurs décennies, les murs des églises et des cimetières, puis les manuscrits et les imprimés, sornent de défilés où, du plus puissant au plus faible, les vivants sont entraînés par les morts dans une danse ultime. et fatale. Olivier de la Marche, comme d'autres auteurs du XVe siècle, de François Villon à Georges Châtelain, est nourri par ces scènes qui hantent la société de la fin du Moyen-Âge. N'oublions pas que c'est à l'époque où il termine la rédaction du Chevalier délibéré que Guy Marchand publie, deux ans après, en 1485, sa première édition du texte de la danse macabre qu'il avait pu lire et voir sur les murs du cimetière des Saints-Innocents. Olivier de Lamarche reprend ici, mais avec une certaine liberté, le procédé de la Revue des États du Monde, qui est à la base de la composition de la table, l'énumération n'est pas complète, et convoque séparément les hommes et les femmes, les laïcs et les religieux. Il commence par les femmes dont ni la beauté, ni la puissance, ni la vertu n'ont pu vaincre la mort, duchesse, comtesse, entre autres. Il énumère ensuite les hommes. mêlant à nouveau laïcs et gens d'église pour aboutir au constat éplouvantable que tous sont condamnés au même sort par la mort. Les évêques, les bonhommes, les papes, les simples converts, les mendiants, les cardinaux, les patriarches, les pieds des chaux, tous sont là gisant à l'envers. L'astrophe suivante poursuit l'évocation des hommes qui étaient de leur vivant de conditions diverses, tous, quelle que soit leur place dans la société, leur occupation, leur qualité. leurs défauts ont été également victimes de la mort. Les empereurs, les coquins, les mécaniques, les rois, comtes, ducs, galopins, les bedots et les échevins, pauvres, riches, sots et adroits. Les numérations reviennent dernière fois sur le monde des femmes. Toutes connaissent, après leur décès, le même sort, les converses et les prieuses, les abbesses et les novices, les damoiselles dévotieuses, les mondaines et religieuses, possessant et sans bénéfice, la mort. en a fait sacrifice. Cette fois, chaque évocation sociale s'accompagne de propos réalistes, évoquant la transformation des corps devenus la proie des vers et de la pourriture. Ces traits macabres sont rares dans l'ensemble du récit et modulent la conclusion de cette longue promenade dans le cimetière de fraîche mémoire. La dernière vision offerte au chevalier global et ne permet plus, comme dans l'estrofe précédente, d'identifier les morts, ils ne sont plus qu'une foule sans nom, être devenus méconnaissables et... tous semblables. La mort, les filles mangées au verre, et sont leurs os aussi très semblables qu'ils ne sont point reconnaissables. La mort en a fait sacrifice, tout a pris, tout prendra, tout est pourri et pourrira. Tous les thèmes du mémento mori sont ici rassemblés, le pouvoir égalisateur de la mort, la déchéance des corps, la fragilité de l'existence, la vanité des plaisirs de la vie. En parcourant ce cimetière, le chevalier a davantage appris que s'il avait lu tous les livres d'une bibliothèque et a compris la leçon démontrée par l'infinité des tombes. Il n'est pas possible d'éviter la volonté de la mort. Rien ne permet de se soustraire à ces assauts et Fraîche Mémoire répète à son visiteur que la seule solution est de s'y préparer moralement et d'agir en bon chrétien. Plus que le fait de mourir, les hommes de cette époque redoutent la mort subite qui les emporterait et entraînerait leur âme vers l'enfer. La fin du récit laisse à l'acteur le temps de se préparer à cette possibilité. La vision d'Atropos et de ses deux champions, Accident et Débile, renforce sa peur. Il recourt alors à un décours chevaleresque des familiers, la joute qui attend les prochaines victimes, dans les lisses conformes aux usages de l'époque, les pavillons, les héros, les bannières, les armes. Il évoque ainsi les combats éventuels par lesquels la mort vient à bout des trois derniers maîtres du duché de Bourgogne, Philippe le Bon, Charles Téméraire, la jeune Marie de Bourgogne, la déploration funèbre et rapide, les détails historiques parfois sordides. sont passés sous silence, Olivier de la Marche ne songe qu'à redire son attachement à ses princes et programme l'injustice de leur disparition. Est-ce le moyen de dire que les vrais les suivent, le chevalier toujours partagé entre l'acceptation de la mort et l'espoir qu'elle retardera le moment d'agir ? Dans la dernière partie, l'ermite se transforme en prédicateur et expose au chevalier la conduite qu'il doit désormais adopter pour sauver son âme. convoquant sous forme de personnages allégoriques tous les comportements, repentir, mesure, magnanimité, volonté charitable, bonne labeur, diligence de bienfaire, il faut mener une vie simple, austère, faire pénitence, se confesser, mourir en chrétien sincère. Commencer comme une quête chevaleresque, le récit se transforme en une méditation ascétique proche des traités de spiritualité et de dévotion, Miroir de mort ou Arthès-Mouriendi, qui s'accumulent dans les bibliothèques des hommes cultivés d'alors. la leçon de l'ermite est explicite que la mort envoie au chevalier débile ou accident il lui conseille de se préparer afin d'être tout prêt et à toute heure au delà d'une recherche morale personnelle et surtout de la peur de la mort olivier de la marche choisit ici de rendre hommage à ceux qui sont disparus et de nier l'oubli qui pourrait accompagner l'autre et passer les corps sont dissimulés dans les sépultures et sans ignorer leur dégradation L'auteur ne s'attarde pas sur des images effrayantes et macabres. Le salut des âmes de ceux qui sont morts n'est pas non plus invoqué de façon péremptoire. Après le temps de l'agonie qu'on vient de penser à échapper aux peines infernales, cette dimension religieuse est seulement suggérée. L'originalité de l'auteur est d'avoir donné à la description des monuments funéraires et des cimetières un rôle poétique qui imite les effets des écrits d'ivresse. et fait du chevalier délibéré une méditation sur le temps et la mémoire. Le roman débouche sur une dimension rassurante et de façon paradoxale, tout en affirmant le pouvoir de la mort, promet aux hommes que leur renommée et leur gloire resteront dans la mémoire de ceux qui vivent après eux. Je vous remercie.