Speaker #0Imaginez un équipage en pleine mer. Le ciel se couvre, le vent se lève et soudain la tempête. À cet instant, vous n'avez pas besoin de savoir si la voile est parfaitement orientée ou si le cap est optimal au degré près. Vous avez besoin d'une seule certitude, que chacun sur ce bateau est là pour les autres. C'est ça la confiance. Pourquoi la confiance est-elle un sujet central ? On a tendance à penser que la confiance, c'est une valeur sympa. Un truc pour les slides de consultants. Ici, nous valorisons la confiance. Mais en réalité, la confiance, c'est un moteur économique, social, un moteur humain. Quand elle est là , tout va plus vite. Les décisions se prennent, les initiatives fleurissent, les risques sont assumés. Et quand elle manque, chaque mail devient un contrat, chaque réunion un tribunal, chaque décision un combat. Sans confiance, on perd du temps. Avec confiance, on gagne de l'énergie. C'est comme marcher avec un sac de sable ou avec un sac à dos vide. Les bases psychologiques de la confiance ou Maslow et la sécurité. Donc rappelez-vous Maslow et sa pyramide. Tout en bas, manger, boire, dormir. et juste après la sécurité. Et la sécurité, ce n'est pas seulement avoir un toit. C'est savoir qu'on ne sera pas humilié, trahi ou exposé. Amy Aymonson appelle ça la sécurité psychologique. Sans elle, impossible d'avoir de la créativité, de l'innovation ou même un peu de sérénité au travail. C'est comme demander à quelqu'un de chanter en public, mais en le menaçant de se moquer de lui. Résultat, personne ne chante. Comment la confiance se construit-elle ? La confiance, ce n'est pas un grand discours, c'est une collection de petites preuves. Brené Brown utilise une métaphore que j'adore, le bocal de billes. Chaque fois que quelqu'un tient sa promesse, écoute sans juger, encourage sincèrement, hop, une bille dans le bocal. Et parfois, une seule trahison, une seule promesse non tenue, et crash, le bocal se renverse. Construire la confiance, c'est lent, et la détruire, c'est rapide. Ça vous rappelle une relation ? Un couple ? Un boss ? Un projet ? Moi, oui, plusieurs même. Des exemples concrets. En entreprise, chez Patagonia, le fondateur Yvon Chouinard a délégué son entreprise à une fondation pour la planète. Confiance extrême envers ses équipes pour poursuivre la mission. Résultat, un engagement qui dépasse l'imaginable. Dans le sport, au JO de Paris 2024, Cédric Riner a raconté que sa médaille d'or, c'était aussi grâce à la confiance entre lui, son staff, ses proches, la force du lien invisible. Et dans la vie quotidienne, après le Derecho en Corse en 2022, ou l'orage de juin 2025 en Normandie, ce sont les voisins qui ont rétabli l'essentiel, la confiance dans l'entraide locale. On croit souvent que la confiance vient d'en haut, En réalité, elles se tissent à l'horizontale. Les phases de la confiance que je vais associer aux phases de maturation des équipes. Roderick Montbras explique bien que la construction des équipes se passe en étapes et avec elles, la construction de la confiance. Vous allez comprendre pourquoi. La première étape, c'est la rencontre. On cherche ceux qui nous ressemblent chez l'autre ou chez les autres. La deuxième étape, c'est l'idéalisation. C'est génial, tout le monde est parfait. La troisième étape, ce sont les divergences. Amens, ils ne pensent pas comme moi. Et la quatrième étape, c'est l'acceptation ou la rupture. Alors déjà , dans la phase d'idéalisation, il peut aussi y avoir un clash à ce moment-là . Mais la moralité, c'est qu'une équipe qui n'a jamais traversé de conflit, jamais traversé de dissension, elle n'a pas vraiment construit de confiance. C'est comme un couple sans dispute. Soit ils sont des saints, soit quelqu'un ment. Le leadership et la confiance, voici quelques points clés. La confiance se nourrit d'un leadership délégué. Pas du chef qui sait tout, mais de celui qui dit « Je n'ai pas toutes les réponses, aidez-moi à les chercher, vos idées comptent. » C'est exactement ce que racontaient Hélène Chahine et Sybille Donis dans leurs épisodes. La transformation s'accélère quand on fait circuler le pouvoir au lieu de le concentrer. Le leader devient jardinier, il crée les conditions pour que les autres grandissent. Un exercice pour vous, demandez-vous, dans votre équipe, votre famille, votre collectif, quel est le niveau du bocal de billes aujourd'hui ? Est-il à moitié plein ? Est-il presque vide ? Et surtout, quelles billes pourriez-vous ajouter demain ? Pour finir, la confiance, ce n'est pas un « nice to have » , c'est la condition de tout. Alors à la rentrée, souvenons-nous, ce qui fera la différence dans la transformation, ce n'est pas seulement la stratégie ni la technologie, c'est ce lien invisible, la confiance. Parce que dans la tempête, ce qu'on veut, ce n'est pas un plan parfait, c'est un équipage uni. Merci d'avoir écouté Dino Sapiens, c'était le dernier épisode de la mini-série de l'été. On se retrouve la semaine prochaine avec une invitée de Marc en interview. Restons attentifs, restons vivants. Évitons l'extinction !