undefined cover
undefined cover
Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga cover
Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga cover
Du Grand Art

Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga

Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga

10min |16/06/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga cover
Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga cover
Du Grand Art

Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga

Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand : l'influence artistique derrière la saga

10min |16/06/2025
Play

Description

À l’occasion des 20 ans de La Revanche des Sith, on ne dégaine pas le sabre laser : on remonte aux origines de l’univers Star Wars.
Et si je vous disais que C3PO descendait d’un robot viennois des années 1920 ? Que Dark Vador doit son look aux samouraïs japonais et aux pilotes de la Navy ?
Dans cet épisode, on plonge dans les coulisses créatives de la saga culte : entre dessins conceptuels, inspirations historiques et coups de génie visuels, découvrez comment une bande de jeunes artistes des années 70 a redéfini la science-fiction... en mixant expressionnisme allemand, théâtre japonais et fripes de Camden Town.
Un voyage fascinant au cœur de l’art derrière la pop culture.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on fête les 20 ans de Star Wars, la revanche des sites. Mais plutôt que de parler de Sabre Laser et de Dark Vador, j'ai eu envie de remonter plus loin. Dans le bureau de l'équipe projet, dans les années 1970, quand une poignée de jeunes créatifs griffonnaient des croquis dans tous les sens pour peaufiner leur présentation, avant d'aller chercher des investisseurs. Parce que oui, à l'origine de l'épopée, il y a un groupe de doux rêveurs qui essayent de marier leurs différentes passions. Les samouraïs, les cow-boys, l'expressionnisme allemand et les flippes britanniques. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand, l'influence artistique derrière la saga. Nous sommes au milieu des années 1970. Dans une galaxie pas si lointaine, aux USA, un jeune réalisateur planche sur le projet de sa vie. Un film de science-fiction qui relate le combat entre le bien et le mal à travers la quête d'un jeune héros dénommé Luke Skywalker. Et oui, il s'agit bien sûr de Star Wars. Un certain George Lucas, âgé d'une trentaine d'années, griffonne des notes assis à son bureau. Il ajuste son script de film pour la énième fois en incorporant des détails issus de ses dernières inspirations. George vient de revoir un vieux film japonais, La Fauteuresse cachée d'Akira Kurosawa, et c'est une véritable claque. Le film retrace une quête avec des paysans françards au centre de l'intrigué. Notre jeune réalisateur accroche complètement au fait que l'histoire soit racontée. je cite, du point de vue des personnages les plus modestes. Il se dit que ces fameux paysans seraient d'excellents robots. Ça y est, R2-D2 et C3PO viennent de naître. Bon, maintenant qu'il a l'idée de ces personnages, il faut bien les dessiner. Et ça, ce n'est pas une mince affaire. À une époque où toute la culture SF présente le robot comme l'adversaire numéro 1 des humains, comment rendre des machines humoristiques, voire même attachantes ? Pour l'humour ? George compte sur le comique de situation et sur les dialogues. Pour l'attachement, il va falloir humaniser ses robots. Ou pas. Parce qu'il sait que les studios ont besoin d'être rassurés pour accepter de financer son projet de film, George Lucas a réussi à convaincre Ralph McQuarrie, un artiste conceptuel renommé, de devenir illustrateur conceptuel du film. En gros, c'est lui qui est chargé de concevoir tout l'univers visuel de Star Wars. Qui êtes-vous ? Le tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'alpha et de l'oméga. Je suis Dieu. Et Ralph, ce n'est pas n'importe qui. Il a travaillé pour Boeing et illustré des missions spatiales pour CBS. Donc le ciel et les étoiles, ça le connaît. Et les robots, visiblement, ça l'inspire, puisque c'est le premier dessin concept qu'il peint pour le projet. Le pitch de George Lucas est très simple. Il veut deux robots. Un robot à forme humaine et un... que l'on pourrait qualifier de robots classiques. L'un doit être grand et l'autre petit. Le premier doit être habitué des relations publiques et l'autre plutôt standard. Pour ces trois PO, le robot doré, le designer adapte donc carrément le design de Maria, le robot féminin du film SF Metropolis de Fritz Lang, sorti en 1927, parce que George Lucas insiste clairement pour ne pas dire lourdement. Ouais, je peux respirer là où j'attends dimanche. Il paraît que l'être humain peut être sur un seul chantier en même temps. En fait, Il écrit même carrément dans le script à quoi doit ressembler C3PO. C'est tout un symbole puisque le personnage de Maria prône le dialogue et la réconciliation entre les hommes et les robots. Si l'on regarde les images de Maria et C3PO côte à côte, la ressemblance est frappante. Armure métallique, visage moulé, regard animé, on s'identifie rapidement à ce robot. plus que sympathique. C'est d'ailleurs son air faussement mélancolique qui aurait convaincu l'acteur Anthony Daniels d'auditionner pour le rôle. Pour R2D2, George Lucas propose une autre idée. Il montre à Ralph une photo des robots du film Silent Running sorti en 1971. On dirait de petits jukeboxes cubiques jonchés sur des pattes de canards robotiques, ce qui leur donne une allure plus méfiante. Cette inspiration aussi est pleine de sens, puisque Huey, Dewey et Louis, les trois robots de Silent Running, ont pour rôle de protéger l'écosystème de la planète Terre. Ralph entend la demande et propose un design plus arrondi et quand même plus moderne. Selon les termes de George Lucas lui-même, R2-D2, c'est carrément une forme de poubelle à l'envers sur roulette. Quant aux pieds, adieu les pattes palmées. Il prévoit trois jambes qui font office de béquilles. Le personnage se déplace en balancier, ce qui lui donne une allure assez penaude. C'est l'humour, Marie, de l'humour ! Je sais pas, tu veux que je t'explique le mot ? Non mais c'est bon, j'ai compris. Eh ben alors, il est où le problème ? C'est grave comme ça de ne pas pouvoir prendre des choses au second. Comme ça, même si le robot ne veut pas s'exprimer avec des mots, il reste attachant via son attitude. Bon, maintenant que les robots sont prêts, il faudrait préciser un peu le brief pour les héros. Là aussi, George Lucas s'inspire de l'art japonais, notamment d'un genre théâtral, le jidai-geki, littéralement les drames de l'époque. Des récits de samouraïs, de loyautés, de transmissions. Bref, c'est exactement la structure narrative de Star Wars. Du coup, le réalisateur est obligé d'y faire un clin d'œil et il décide de nommer ses héros des Jedi, en référence aux Jedi Geki. Pour les costumes, c'est un certain John Mollo, designer britannique, qui est appelé en renfort. John est le fils d'un immigré russe qui a fui le pays dans les années 1920. De cette histoire familiale, il a développé une passion pour pour l'histoire militaire russe. Il collectionne les insignes, les photos d'épées et a pris l'habitude de dessiner des costumes de l'armée depuis son plus jeune âge. Bref, le profil parfait pour designer des tenues de combattants de l'espace. Bon, par contre, John n'a pas l'air si emballé que ça par le projet de Ralph. À l'époque, quand un de ses amis lui demande quel est ce fameux projet sur lequel il vient d'être embauché, il répond qu'il s'agit, je cite, d'une sorte de western spatial dont l'un des héros est une poubelle. Et c'est justement cette naïveté et cette ignorance du monde de la SF qui plaît à George Lucas. Son brief pour les costumes ? Il ne veut pas des clichés habituels futuristes. Il veut de la sobriété et de l'authenticité. Bon, John va chercher ses tissus chez Bermans & Mattens à Camden Town. Pour que personne ne remarque les costumes, mais plutôt que l'attention soit portée sur la lumière contre l'obscurité, John Mollo mêle différentes sources pour concevoir les costumes. Pour les Stormtroopers, les méchants soldats qui travaillent pour l'Empire, il prend le parti de dessiner des costumes blancs pour aseptiser le rendu et avec des casques intégraux pour les déshumaniser. Si vous regardez bien, seules les articulations sont exposées pour une meilleure liberté de mouvement, puisque le script précise que les troopers ont pas mal de déplacements de prévu. Pour les officiers impériaux, John cherche dans ses notes et repart de l'uniforme des officiers nazis. C'est marrant que c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Brammer, on peut avoir une deuxième chance ? Merci. Regardez les pantalons par exemple. La coupe est élargie au niveau des quadriceps. Et pourtant, il y a peu de chances que les officiers de Star Wars montent à cheval dans l'espace. Pour les rebelles, le costumier opte pour un look un peu plus décontracté, moins solennel. On est à l'époque en pleine guerre du Vietnam. John choisit d'habiller ses héros avec des vêtements dont les coupes rappellent ceux des marines américains en mission. mais aussi des cow-boys du Far West. Des vestons sans manches, de larges chemises et des pantalons bouffants avec de grandes bottes. Un mix plutôt inattendu, je vous l'accorde, mais qui fonctionne très bien. Bon allez vous habiller là. Mais on est habillés. Non mais bien. Enfin, pour Dark Vador, John combine toutes ses inspirations à la fois. On retrouve l'armure inspirée des samouraïs et un casque intégral dont les croquis personnels de John montrent un mix entre un casque des U.S. Navy et un casque de pilote d'hélicoptère. Et puis il y a aussi une longue cape qui évoque les toges monastiques des Jedi. Peut-être que finalement, John avait caché des indices sur le passé de Dark Vador dans ses dessins. Mais notre ami costumier n'est pas le seul à croiser des inspirations artistiques très variées. Quand John Barry, le chef décorateur de Star Wars, regarde les croquis de Ralph McQuarrie, il décide que cette galaxie lointaine ne sera pas brillante et futuriste. mais usée, rouillée et pleine de cicatrices. Il s'inspire du streamline moderne, un mouvement design qui prône des formes aérodynamiques, épurées et futuristes, inspirées par la vitesse de l'industrie des années 1930, comme les trains, les paquebots ou les voitures. Mais il conjugue également avec l'expressionnisme allemand, un mouvement qui privilégie les formes anguleuses, les contrastes d'ombre et de lumière et les décors déformés pour exprimer l'angoisse, la folie ou le pouvoir. Un mouvement né en Allemagne dans les années 1920. Parfait pour les jeux d'ombre de l'étoile de la mort. Non, c'est moderne. C'est ça, c'est intéressant, mais il faut faire attention simplement que ce soit pas trop moderne. Ce mix est inédit et il aura même un nom, le style Used Future. Alors, que pouvons-nous retenir de cet épisode, cher Padawan ? Je veux que chacun de vous conçoit quelque chose de nouveau. Qu'un bon film, comme une bonne œuvre d'art, n'est souvent d'un mélange improbable d'inspiration. D'un robot viennois des années 1920 à un samouraï japonais en noir et blanc. Et, ça vit, il a regardé. vers l'avenir, vers l'horizon. Et vous ? Si vous deviez créer un univers entier, dans quelle époque ou culture puiseriez-vous votre inspiration ? Que la force soit avec vous, et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Description

À l’occasion des 20 ans de La Revanche des Sith, on ne dégaine pas le sabre laser : on remonte aux origines de l’univers Star Wars.
Et si je vous disais que C3PO descendait d’un robot viennois des années 1920 ? Que Dark Vador doit son look aux samouraïs japonais et aux pilotes de la Navy ?
Dans cet épisode, on plonge dans les coulisses créatives de la saga culte : entre dessins conceptuels, inspirations historiques et coups de génie visuels, découvrez comment une bande de jeunes artistes des années 70 a redéfini la science-fiction... en mixant expressionnisme allemand, théâtre japonais et fripes de Camden Town.
Un voyage fascinant au cœur de l’art derrière la pop culture.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on fête les 20 ans de Star Wars, la revanche des sites. Mais plutôt que de parler de Sabre Laser et de Dark Vador, j'ai eu envie de remonter plus loin. Dans le bureau de l'équipe projet, dans les années 1970, quand une poignée de jeunes créatifs griffonnaient des croquis dans tous les sens pour peaufiner leur présentation, avant d'aller chercher des investisseurs. Parce que oui, à l'origine de l'épopée, il y a un groupe de doux rêveurs qui essayent de marier leurs différentes passions. Les samouraïs, les cow-boys, l'expressionnisme allemand et les flippes britanniques. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand, l'influence artistique derrière la saga. Nous sommes au milieu des années 1970. Dans une galaxie pas si lointaine, aux USA, un jeune réalisateur planche sur le projet de sa vie. Un film de science-fiction qui relate le combat entre le bien et le mal à travers la quête d'un jeune héros dénommé Luke Skywalker. Et oui, il s'agit bien sûr de Star Wars. Un certain George Lucas, âgé d'une trentaine d'années, griffonne des notes assis à son bureau. Il ajuste son script de film pour la énième fois en incorporant des détails issus de ses dernières inspirations. George vient de revoir un vieux film japonais, La Fauteuresse cachée d'Akira Kurosawa, et c'est une véritable claque. Le film retrace une quête avec des paysans françards au centre de l'intrigué. Notre jeune réalisateur accroche complètement au fait que l'histoire soit racontée. je cite, du point de vue des personnages les plus modestes. Il se dit que ces fameux paysans seraient d'excellents robots. Ça y est, R2-D2 et C3PO viennent de naître. Bon, maintenant qu'il a l'idée de ces personnages, il faut bien les dessiner. Et ça, ce n'est pas une mince affaire. À une époque où toute la culture SF présente le robot comme l'adversaire numéro 1 des humains, comment rendre des machines humoristiques, voire même attachantes ? Pour l'humour ? George compte sur le comique de situation et sur les dialogues. Pour l'attachement, il va falloir humaniser ses robots. Ou pas. Parce qu'il sait que les studios ont besoin d'être rassurés pour accepter de financer son projet de film, George Lucas a réussi à convaincre Ralph McQuarrie, un artiste conceptuel renommé, de devenir illustrateur conceptuel du film. En gros, c'est lui qui est chargé de concevoir tout l'univers visuel de Star Wars. Qui êtes-vous ? Le tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'alpha et de l'oméga. Je suis Dieu. Et Ralph, ce n'est pas n'importe qui. Il a travaillé pour Boeing et illustré des missions spatiales pour CBS. Donc le ciel et les étoiles, ça le connaît. Et les robots, visiblement, ça l'inspire, puisque c'est le premier dessin concept qu'il peint pour le projet. Le pitch de George Lucas est très simple. Il veut deux robots. Un robot à forme humaine et un... que l'on pourrait qualifier de robots classiques. L'un doit être grand et l'autre petit. Le premier doit être habitué des relations publiques et l'autre plutôt standard. Pour ces trois PO, le robot doré, le designer adapte donc carrément le design de Maria, le robot féminin du film SF Metropolis de Fritz Lang, sorti en 1927, parce que George Lucas insiste clairement pour ne pas dire lourdement. Ouais, je peux respirer là où j'attends dimanche. Il paraît que l'être humain peut être sur un seul chantier en même temps. En fait, Il écrit même carrément dans le script à quoi doit ressembler C3PO. C'est tout un symbole puisque le personnage de Maria prône le dialogue et la réconciliation entre les hommes et les robots. Si l'on regarde les images de Maria et C3PO côte à côte, la ressemblance est frappante. Armure métallique, visage moulé, regard animé, on s'identifie rapidement à ce robot. plus que sympathique. C'est d'ailleurs son air faussement mélancolique qui aurait convaincu l'acteur Anthony Daniels d'auditionner pour le rôle. Pour R2D2, George Lucas propose une autre idée. Il montre à Ralph une photo des robots du film Silent Running sorti en 1971. On dirait de petits jukeboxes cubiques jonchés sur des pattes de canards robotiques, ce qui leur donne une allure plus méfiante. Cette inspiration aussi est pleine de sens, puisque Huey, Dewey et Louis, les trois robots de Silent Running, ont pour rôle de protéger l'écosystème de la planète Terre. Ralph entend la demande et propose un design plus arrondi et quand même plus moderne. Selon les termes de George Lucas lui-même, R2-D2, c'est carrément une forme de poubelle à l'envers sur roulette. Quant aux pieds, adieu les pattes palmées. Il prévoit trois jambes qui font office de béquilles. Le personnage se déplace en balancier, ce qui lui donne une allure assez penaude. C'est l'humour, Marie, de l'humour ! Je sais pas, tu veux que je t'explique le mot ? Non mais c'est bon, j'ai compris. Eh ben alors, il est où le problème ? C'est grave comme ça de ne pas pouvoir prendre des choses au second. Comme ça, même si le robot ne veut pas s'exprimer avec des mots, il reste attachant via son attitude. Bon, maintenant que les robots sont prêts, il faudrait préciser un peu le brief pour les héros. Là aussi, George Lucas s'inspire de l'art japonais, notamment d'un genre théâtral, le jidai-geki, littéralement les drames de l'époque. Des récits de samouraïs, de loyautés, de transmissions. Bref, c'est exactement la structure narrative de Star Wars. Du coup, le réalisateur est obligé d'y faire un clin d'œil et il décide de nommer ses héros des Jedi, en référence aux Jedi Geki. Pour les costumes, c'est un certain John Mollo, designer britannique, qui est appelé en renfort. John est le fils d'un immigré russe qui a fui le pays dans les années 1920. De cette histoire familiale, il a développé une passion pour pour l'histoire militaire russe. Il collectionne les insignes, les photos d'épées et a pris l'habitude de dessiner des costumes de l'armée depuis son plus jeune âge. Bref, le profil parfait pour designer des tenues de combattants de l'espace. Bon, par contre, John n'a pas l'air si emballé que ça par le projet de Ralph. À l'époque, quand un de ses amis lui demande quel est ce fameux projet sur lequel il vient d'être embauché, il répond qu'il s'agit, je cite, d'une sorte de western spatial dont l'un des héros est une poubelle. Et c'est justement cette naïveté et cette ignorance du monde de la SF qui plaît à George Lucas. Son brief pour les costumes ? Il ne veut pas des clichés habituels futuristes. Il veut de la sobriété et de l'authenticité. Bon, John va chercher ses tissus chez Bermans & Mattens à Camden Town. Pour que personne ne remarque les costumes, mais plutôt que l'attention soit portée sur la lumière contre l'obscurité, John Mollo mêle différentes sources pour concevoir les costumes. Pour les Stormtroopers, les méchants soldats qui travaillent pour l'Empire, il prend le parti de dessiner des costumes blancs pour aseptiser le rendu et avec des casques intégraux pour les déshumaniser. Si vous regardez bien, seules les articulations sont exposées pour une meilleure liberté de mouvement, puisque le script précise que les troopers ont pas mal de déplacements de prévu. Pour les officiers impériaux, John cherche dans ses notes et repart de l'uniforme des officiers nazis. C'est marrant que c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Brammer, on peut avoir une deuxième chance ? Merci. Regardez les pantalons par exemple. La coupe est élargie au niveau des quadriceps. Et pourtant, il y a peu de chances que les officiers de Star Wars montent à cheval dans l'espace. Pour les rebelles, le costumier opte pour un look un peu plus décontracté, moins solennel. On est à l'époque en pleine guerre du Vietnam. John choisit d'habiller ses héros avec des vêtements dont les coupes rappellent ceux des marines américains en mission. mais aussi des cow-boys du Far West. Des vestons sans manches, de larges chemises et des pantalons bouffants avec de grandes bottes. Un mix plutôt inattendu, je vous l'accorde, mais qui fonctionne très bien. Bon allez vous habiller là. Mais on est habillés. Non mais bien. Enfin, pour Dark Vador, John combine toutes ses inspirations à la fois. On retrouve l'armure inspirée des samouraïs et un casque intégral dont les croquis personnels de John montrent un mix entre un casque des U.S. Navy et un casque de pilote d'hélicoptère. Et puis il y a aussi une longue cape qui évoque les toges monastiques des Jedi. Peut-être que finalement, John avait caché des indices sur le passé de Dark Vador dans ses dessins. Mais notre ami costumier n'est pas le seul à croiser des inspirations artistiques très variées. Quand John Barry, le chef décorateur de Star Wars, regarde les croquis de Ralph McQuarrie, il décide que cette galaxie lointaine ne sera pas brillante et futuriste. mais usée, rouillée et pleine de cicatrices. Il s'inspire du streamline moderne, un mouvement design qui prône des formes aérodynamiques, épurées et futuristes, inspirées par la vitesse de l'industrie des années 1930, comme les trains, les paquebots ou les voitures. Mais il conjugue également avec l'expressionnisme allemand, un mouvement qui privilégie les formes anguleuses, les contrastes d'ombre et de lumière et les décors déformés pour exprimer l'angoisse, la folie ou le pouvoir. Un mouvement né en Allemagne dans les années 1920. Parfait pour les jeux d'ombre de l'étoile de la mort. Non, c'est moderne. C'est ça, c'est intéressant, mais il faut faire attention simplement que ce soit pas trop moderne. Ce mix est inédit et il aura même un nom, le style Used Future. Alors, que pouvons-nous retenir de cet épisode, cher Padawan ? Je veux que chacun de vous conçoit quelque chose de nouveau. Qu'un bon film, comme une bonne œuvre d'art, n'est souvent d'un mélange improbable d'inspiration. D'un robot viennois des années 1920 à un samouraï japonais en noir et blanc. Et, ça vit, il a regardé. vers l'avenir, vers l'horizon. Et vous ? Si vous deviez créer un univers entier, dans quelle époque ou culture puiseriez-vous votre inspiration ? Que la force soit avec vous, et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Share

Embed

You may also like

Description

À l’occasion des 20 ans de La Revanche des Sith, on ne dégaine pas le sabre laser : on remonte aux origines de l’univers Star Wars.
Et si je vous disais que C3PO descendait d’un robot viennois des années 1920 ? Que Dark Vador doit son look aux samouraïs japonais et aux pilotes de la Navy ?
Dans cet épisode, on plonge dans les coulisses créatives de la saga culte : entre dessins conceptuels, inspirations historiques et coups de génie visuels, découvrez comment une bande de jeunes artistes des années 70 a redéfini la science-fiction... en mixant expressionnisme allemand, théâtre japonais et fripes de Camden Town.
Un voyage fascinant au cœur de l’art derrière la pop culture.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on fête les 20 ans de Star Wars, la revanche des sites. Mais plutôt que de parler de Sabre Laser et de Dark Vador, j'ai eu envie de remonter plus loin. Dans le bureau de l'équipe projet, dans les années 1970, quand une poignée de jeunes créatifs griffonnaient des croquis dans tous les sens pour peaufiner leur présentation, avant d'aller chercher des investisseurs. Parce que oui, à l'origine de l'épopée, il y a un groupe de doux rêveurs qui essayent de marier leurs différentes passions. Les samouraïs, les cow-boys, l'expressionnisme allemand et les flippes britanniques. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand, l'influence artistique derrière la saga. Nous sommes au milieu des années 1970. Dans une galaxie pas si lointaine, aux USA, un jeune réalisateur planche sur le projet de sa vie. Un film de science-fiction qui relate le combat entre le bien et le mal à travers la quête d'un jeune héros dénommé Luke Skywalker. Et oui, il s'agit bien sûr de Star Wars. Un certain George Lucas, âgé d'une trentaine d'années, griffonne des notes assis à son bureau. Il ajuste son script de film pour la énième fois en incorporant des détails issus de ses dernières inspirations. George vient de revoir un vieux film japonais, La Fauteuresse cachée d'Akira Kurosawa, et c'est une véritable claque. Le film retrace une quête avec des paysans françards au centre de l'intrigué. Notre jeune réalisateur accroche complètement au fait que l'histoire soit racontée. je cite, du point de vue des personnages les plus modestes. Il se dit que ces fameux paysans seraient d'excellents robots. Ça y est, R2-D2 et C3PO viennent de naître. Bon, maintenant qu'il a l'idée de ces personnages, il faut bien les dessiner. Et ça, ce n'est pas une mince affaire. À une époque où toute la culture SF présente le robot comme l'adversaire numéro 1 des humains, comment rendre des machines humoristiques, voire même attachantes ? Pour l'humour ? George compte sur le comique de situation et sur les dialogues. Pour l'attachement, il va falloir humaniser ses robots. Ou pas. Parce qu'il sait que les studios ont besoin d'être rassurés pour accepter de financer son projet de film, George Lucas a réussi à convaincre Ralph McQuarrie, un artiste conceptuel renommé, de devenir illustrateur conceptuel du film. En gros, c'est lui qui est chargé de concevoir tout l'univers visuel de Star Wars. Qui êtes-vous ? Le tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'alpha et de l'oméga. Je suis Dieu. Et Ralph, ce n'est pas n'importe qui. Il a travaillé pour Boeing et illustré des missions spatiales pour CBS. Donc le ciel et les étoiles, ça le connaît. Et les robots, visiblement, ça l'inspire, puisque c'est le premier dessin concept qu'il peint pour le projet. Le pitch de George Lucas est très simple. Il veut deux robots. Un robot à forme humaine et un... que l'on pourrait qualifier de robots classiques. L'un doit être grand et l'autre petit. Le premier doit être habitué des relations publiques et l'autre plutôt standard. Pour ces trois PO, le robot doré, le designer adapte donc carrément le design de Maria, le robot féminin du film SF Metropolis de Fritz Lang, sorti en 1927, parce que George Lucas insiste clairement pour ne pas dire lourdement. Ouais, je peux respirer là où j'attends dimanche. Il paraît que l'être humain peut être sur un seul chantier en même temps. En fait, Il écrit même carrément dans le script à quoi doit ressembler C3PO. C'est tout un symbole puisque le personnage de Maria prône le dialogue et la réconciliation entre les hommes et les robots. Si l'on regarde les images de Maria et C3PO côte à côte, la ressemblance est frappante. Armure métallique, visage moulé, regard animé, on s'identifie rapidement à ce robot. plus que sympathique. C'est d'ailleurs son air faussement mélancolique qui aurait convaincu l'acteur Anthony Daniels d'auditionner pour le rôle. Pour R2D2, George Lucas propose une autre idée. Il montre à Ralph une photo des robots du film Silent Running sorti en 1971. On dirait de petits jukeboxes cubiques jonchés sur des pattes de canards robotiques, ce qui leur donne une allure plus méfiante. Cette inspiration aussi est pleine de sens, puisque Huey, Dewey et Louis, les trois robots de Silent Running, ont pour rôle de protéger l'écosystème de la planète Terre. Ralph entend la demande et propose un design plus arrondi et quand même plus moderne. Selon les termes de George Lucas lui-même, R2-D2, c'est carrément une forme de poubelle à l'envers sur roulette. Quant aux pieds, adieu les pattes palmées. Il prévoit trois jambes qui font office de béquilles. Le personnage se déplace en balancier, ce qui lui donne une allure assez penaude. C'est l'humour, Marie, de l'humour ! Je sais pas, tu veux que je t'explique le mot ? Non mais c'est bon, j'ai compris. Eh ben alors, il est où le problème ? C'est grave comme ça de ne pas pouvoir prendre des choses au second. Comme ça, même si le robot ne veut pas s'exprimer avec des mots, il reste attachant via son attitude. Bon, maintenant que les robots sont prêts, il faudrait préciser un peu le brief pour les héros. Là aussi, George Lucas s'inspire de l'art japonais, notamment d'un genre théâtral, le jidai-geki, littéralement les drames de l'époque. Des récits de samouraïs, de loyautés, de transmissions. Bref, c'est exactement la structure narrative de Star Wars. Du coup, le réalisateur est obligé d'y faire un clin d'œil et il décide de nommer ses héros des Jedi, en référence aux Jedi Geki. Pour les costumes, c'est un certain John Mollo, designer britannique, qui est appelé en renfort. John est le fils d'un immigré russe qui a fui le pays dans les années 1920. De cette histoire familiale, il a développé une passion pour pour l'histoire militaire russe. Il collectionne les insignes, les photos d'épées et a pris l'habitude de dessiner des costumes de l'armée depuis son plus jeune âge. Bref, le profil parfait pour designer des tenues de combattants de l'espace. Bon, par contre, John n'a pas l'air si emballé que ça par le projet de Ralph. À l'époque, quand un de ses amis lui demande quel est ce fameux projet sur lequel il vient d'être embauché, il répond qu'il s'agit, je cite, d'une sorte de western spatial dont l'un des héros est une poubelle. Et c'est justement cette naïveté et cette ignorance du monde de la SF qui plaît à George Lucas. Son brief pour les costumes ? Il ne veut pas des clichés habituels futuristes. Il veut de la sobriété et de l'authenticité. Bon, John va chercher ses tissus chez Bermans & Mattens à Camden Town. Pour que personne ne remarque les costumes, mais plutôt que l'attention soit portée sur la lumière contre l'obscurité, John Mollo mêle différentes sources pour concevoir les costumes. Pour les Stormtroopers, les méchants soldats qui travaillent pour l'Empire, il prend le parti de dessiner des costumes blancs pour aseptiser le rendu et avec des casques intégraux pour les déshumaniser. Si vous regardez bien, seules les articulations sont exposées pour une meilleure liberté de mouvement, puisque le script précise que les troopers ont pas mal de déplacements de prévu. Pour les officiers impériaux, John cherche dans ses notes et repart de l'uniforme des officiers nazis. C'est marrant que c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Brammer, on peut avoir une deuxième chance ? Merci. Regardez les pantalons par exemple. La coupe est élargie au niveau des quadriceps. Et pourtant, il y a peu de chances que les officiers de Star Wars montent à cheval dans l'espace. Pour les rebelles, le costumier opte pour un look un peu plus décontracté, moins solennel. On est à l'époque en pleine guerre du Vietnam. John choisit d'habiller ses héros avec des vêtements dont les coupes rappellent ceux des marines américains en mission. mais aussi des cow-boys du Far West. Des vestons sans manches, de larges chemises et des pantalons bouffants avec de grandes bottes. Un mix plutôt inattendu, je vous l'accorde, mais qui fonctionne très bien. Bon allez vous habiller là. Mais on est habillés. Non mais bien. Enfin, pour Dark Vador, John combine toutes ses inspirations à la fois. On retrouve l'armure inspirée des samouraïs et un casque intégral dont les croquis personnels de John montrent un mix entre un casque des U.S. Navy et un casque de pilote d'hélicoptère. Et puis il y a aussi une longue cape qui évoque les toges monastiques des Jedi. Peut-être que finalement, John avait caché des indices sur le passé de Dark Vador dans ses dessins. Mais notre ami costumier n'est pas le seul à croiser des inspirations artistiques très variées. Quand John Barry, le chef décorateur de Star Wars, regarde les croquis de Ralph McQuarrie, il décide que cette galaxie lointaine ne sera pas brillante et futuriste. mais usée, rouillée et pleine de cicatrices. Il s'inspire du streamline moderne, un mouvement design qui prône des formes aérodynamiques, épurées et futuristes, inspirées par la vitesse de l'industrie des années 1930, comme les trains, les paquebots ou les voitures. Mais il conjugue également avec l'expressionnisme allemand, un mouvement qui privilégie les formes anguleuses, les contrastes d'ombre et de lumière et les décors déformés pour exprimer l'angoisse, la folie ou le pouvoir. Un mouvement né en Allemagne dans les années 1920. Parfait pour les jeux d'ombre de l'étoile de la mort. Non, c'est moderne. C'est ça, c'est intéressant, mais il faut faire attention simplement que ce soit pas trop moderne. Ce mix est inédit et il aura même un nom, le style Used Future. Alors, que pouvons-nous retenir de cet épisode, cher Padawan ? Je veux que chacun de vous conçoit quelque chose de nouveau. Qu'un bon film, comme une bonne œuvre d'art, n'est souvent d'un mélange improbable d'inspiration. D'un robot viennois des années 1920 à un samouraï japonais en noir et blanc. Et, ça vit, il a regardé. vers l'avenir, vers l'horizon. Et vous ? Si vous deviez créer un univers entier, dans quelle époque ou culture puiseriez-vous votre inspiration ? Que la force soit avec vous, et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Description

À l’occasion des 20 ans de La Revanche des Sith, on ne dégaine pas le sabre laser : on remonte aux origines de l’univers Star Wars.
Et si je vous disais que C3PO descendait d’un robot viennois des années 1920 ? Que Dark Vador doit son look aux samouraïs japonais et aux pilotes de la Navy ?
Dans cet épisode, on plonge dans les coulisses créatives de la saga culte : entre dessins conceptuels, inspirations historiques et coups de génie visuels, découvrez comment une bande de jeunes artistes des années 70 a redéfini la science-fiction... en mixant expressionnisme allemand, théâtre japonais et fripes de Camden Town.
Un voyage fascinant au cœur de l’art derrière la pop culture.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on fête les 20 ans de Star Wars, la revanche des sites. Mais plutôt que de parler de Sabre Laser et de Dark Vador, j'ai eu envie de remonter plus loin. Dans le bureau de l'équipe projet, dans les années 1970, quand une poignée de jeunes créatifs griffonnaient des croquis dans tous les sens pour peaufiner leur présentation, avant d'aller chercher des investisseurs. Parce que oui, à l'origine de l'épopée, il y a un groupe de doux rêveurs qui essayent de marier leurs différentes passions. Les samouraïs, les cow-boys, l'expressionnisme allemand et les flippes britanniques. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Star Wars, samouraïs et expressionnisme allemand, l'influence artistique derrière la saga. Nous sommes au milieu des années 1970. Dans une galaxie pas si lointaine, aux USA, un jeune réalisateur planche sur le projet de sa vie. Un film de science-fiction qui relate le combat entre le bien et le mal à travers la quête d'un jeune héros dénommé Luke Skywalker. Et oui, il s'agit bien sûr de Star Wars. Un certain George Lucas, âgé d'une trentaine d'années, griffonne des notes assis à son bureau. Il ajuste son script de film pour la énième fois en incorporant des détails issus de ses dernières inspirations. George vient de revoir un vieux film japonais, La Fauteuresse cachée d'Akira Kurosawa, et c'est une véritable claque. Le film retrace une quête avec des paysans françards au centre de l'intrigué. Notre jeune réalisateur accroche complètement au fait que l'histoire soit racontée. je cite, du point de vue des personnages les plus modestes. Il se dit que ces fameux paysans seraient d'excellents robots. Ça y est, R2-D2 et C3PO viennent de naître. Bon, maintenant qu'il a l'idée de ces personnages, il faut bien les dessiner. Et ça, ce n'est pas une mince affaire. À une époque où toute la culture SF présente le robot comme l'adversaire numéro 1 des humains, comment rendre des machines humoristiques, voire même attachantes ? Pour l'humour ? George compte sur le comique de situation et sur les dialogues. Pour l'attachement, il va falloir humaniser ses robots. Ou pas. Parce qu'il sait que les studios ont besoin d'être rassurés pour accepter de financer son projet de film, George Lucas a réussi à convaincre Ralph McQuarrie, un artiste conceptuel renommé, de devenir illustrateur conceptuel du film. En gros, c'est lui qui est chargé de concevoir tout l'univers visuel de Star Wars. Qui êtes-vous ? Le tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'alpha et de l'oméga. Je suis Dieu. Et Ralph, ce n'est pas n'importe qui. Il a travaillé pour Boeing et illustré des missions spatiales pour CBS. Donc le ciel et les étoiles, ça le connaît. Et les robots, visiblement, ça l'inspire, puisque c'est le premier dessin concept qu'il peint pour le projet. Le pitch de George Lucas est très simple. Il veut deux robots. Un robot à forme humaine et un... que l'on pourrait qualifier de robots classiques. L'un doit être grand et l'autre petit. Le premier doit être habitué des relations publiques et l'autre plutôt standard. Pour ces trois PO, le robot doré, le designer adapte donc carrément le design de Maria, le robot féminin du film SF Metropolis de Fritz Lang, sorti en 1927, parce que George Lucas insiste clairement pour ne pas dire lourdement. Ouais, je peux respirer là où j'attends dimanche. Il paraît que l'être humain peut être sur un seul chantier en même temps. En fait, Il écrit même carrément dans le script à quoi doit ressembler C3PO. C'est tout un symbole puisque le personnage de Maria prône le dialogue et la réconciliation entre les hommes et les robots. Si l'on regarde les images de Maria et C3PO côte à côte, la ressemblance est frappante. Armure métallique, visage moulé, regard animé, on s'identifie rapidement à ce robot. plus que sympathique. C'est d'ailleurs son air faussement mélancolique qui aurait convaincu l'acteur Anthony Daniels d'auditionner pour le rôle. Pour R2D2, George Lucas propose une autre idée. Il montre à Ralph une photo des robots du film Silent Running sorti en 1971. On dirait de petits jukeboxes cubiques jonchés sur des pattes de canards robotiques, ce qui leur donne une allure plus méfiante. Cette inspiration aussi est pleine de sens, puisque Huey, Dewey et Louis, les trois robots de Silent Running, ont pour rôle de protéger l'écosystème de la planète Terre. Ralph entend la demande et propose un design plus arrondi et quand même plus moderne. Selon les termes de George Lucas lui-même, R2-D2, c'est carrément une forme de poubelle à l'envers sur roulette. Quant aux pieds, adieu les pattes palmées. Il prévoit trois jambes qui font office de béquilles. Le personnage se déplace en balancier, ce qui lui donne une allure assez penaude. C'est l'humour, Marie, de l'humour ! Je sais pas, tu veux que je t'explique le mot ? Non mais c'est bon, j'ai compris. Eh ben alors, il est où le problème ? C'est grave comme ça de ne pas pouvoir prendre des choses au second. Comme ça, même si le robot ne veut pas s'exprimer avec des mots, il reste attachant via son attitude. Bon, maintenant que les robots sont prêts, il faudrait préciser un peu le brief pour les héros. Là aussi, George Lucas s'inspire de l'art japonais, notamment d'un genre théâtral, le jidai-geki, littéralement les drames de l'époque. Des récits de samouraïs, de loyautés, de transmissions. Bref, c'est exactement la structure narrative de Star Wars. Du coup, le réalisateur est obligé d'y faire un clin d'œil et il décide de nommer ses héros des Jedi, en référence aux Jedi Geki. Pour les costumes, c'est un certain John Mollo, designer britannique, qui est appelé en renfort. John est le fils d'un immigré russe qui a fui le pays dans les années 1920. De cette histoire familiale, il a développé une passion pour pour l'histoire militaire russe. Il collectionne les insignes, les photos d'épées et a pris l'habitude de dessiner des costumes de l'armée depuis son plus jeune âge. Bref, le profil parfait pour designer des tenues de combattants de l'espace. Bon, par contre, John n'a pas l'air si emballé que ça par le projet de Ralph. À l'époque, quand un de ses amis lui demande quel est ce fameux projet sur lequel il vient d'être embauché, il répond qu'il s'agit, je cite, d'une sorte de western spatial dont l'un des héros est une poubelle. Et c'est justement cette naïveté et cette ignorance du monde de la SF qui plaît à George Lucas. Son brief pour les costumes ? Il ne veut pas des clichés habituels futuristes. Il veut de la sobriété et de l'authenticité. Bon, John va chercher ses tissus chez Bermans & Mattens à Camden Town. Pour que personne ne remarque les costumes, mais plutôt que l'attention soit portée sur la lumière contre l'obscurité, John Mollo mêle différentes sources pour concevoir les costumes. Pour les Stormtroopers, les méchants soldats qui travaillent pour l'Empire, il prend le parti de dessiner des costumes blancs pour aseptiser le rendu et avec des casques intégraux pour les déshumaniser. Si vous regardez bien, seules les articulations sont exposées pour une meilleure liberté de mouvement, puisque le script précise que les troopers ont pas mal de déplacements de prévu. Pour les officiers impériaux, John cherche dans ses notes et repart de l'uniforme des officiers nazis. C'est marrant que c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Brammer, on peut avoir une deuxième chance ? Merci. Regardez les pantalons par exemple. La coupe est élargie au niveau des quadriceps. Et pourtant, il y a peu de chances que les officiers de Star Wars montent à cheval dans l'espace. Pour les rebelles, le costumier opte pour un look un peu plus décontracté, moins solennel. On est à l'époque en pleine guerre du Vietnam. John choisit d'habiller ses héros avec des vêtements dont les coupes rappellent ceux des marines américains en mission. mais aussi des cow-boys du Far West. Des vestons sans manches, de larges chemises et des pantalons bouffants avec de grandes bottes. Un mix plutôt inattendu, je vous l'accorde, mais qui fonctionne très bien. Bon allez vous habiller là. Mais on est habillés. Non mais bien. Enfin, pour Dark Vador, John combine toutes ses inspirations à la fois. On retrouve l'armure inspirée des samouraïs et un casque intégral dont les croquis personnels de John montrent un mix entre un casque des U.S. Navy et un casque de pilote d'hélicoptère. Et puis il y a aussi une longue cape qui évoque les toges monastiques des Jedi. Peut-être que finalement, John avait caché des indices sur le passé de Dark Vador dans ses dessins. Mais notre ami costumier n'est pas le seul à croiser des inspirations artistiques très variées. Quand John Barry, le chef décorateur de Star Wars, regarde les croquis de Ralph McQuarrie, il décide que cette galaxie lointaine ne sera pas brillante et futuriste. mais usée, rouillée et pleine de cicatrices. Il s'inspire du streamline moderne, un mouvement design qui prône des formes aérodynamiques, épurées et futuristes, inspirées par la vitesse de l'industrie des années 1930, comme les trains, les paquebots ou les voitures. Mais il conjugue également avec l'expressionnisme allemand, un mouvement qui privilégie les formes anguleuses, les contrastes d'ombre et de lumière et les décors déformés pour exprimer l'angoisse, la folie ou le pouvoir. Un mouvement né en Allemagne dans les années 1920. Parfait pour les jeux d'ombre de l'étoile de la mort. Non, c'est moderne. C'est ça, c'est intéressant, mais il faut faire attention simplement que ce soit pas trop moderne. Ce mix est inédit et il aura même un nom, le style Used Future. Alors, que pouvons-nous retenir de cet épisode, cher Padawan ? Je veux que chacun de vous conçoit quelque chose de nouveau. Qu'un bon film, comme une bonne œuvre d'art, n'est souvent d'un mélange improbable d'inspiration. D'un robot viennois des années 1920 à un samouraï japonais en noir et blanc. Et, ça vit, il a regardé. vers l'avenir, vers l'horizon. Et vous ? Si vous deviez créer un univers entier, dans quelle époque ou culture puiseriez-vous votre inspiration ? Que la force soit avec vous, et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Share

Embed

You may also like