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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#13 - Virginie Valentin - Hospices Civils de Lyon

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37min |29/01/2025|

146

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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

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37min |29/01/2025|

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Description

Les Hospices Civils de Lyon sont le 2ème hôpital français. Avec 24 000 femmes et hommes, soignants et non-soignants, ils remplissent une triple mission : le soin, la recherche et l'enseignement. Engagée depuis longtemps sur ces questions, Virginie découvre à la CEC le concept de régénératif, qui résonne en elle avec la conviction qu’il faut s'occuper de préserver tout ce qui nous entoure et renouer le lien avec le vivant. Au-delà de la démarche d'engagement de l'ensemble de l'hôpital, ce sont aussi l’ensemble des parties prenantes (partenaires publics et économiques, territoire, patients, étudiants…) qui ont été considérées pour écrire une feuille de route ambitieuse. Avoir un cap, mettre en place des coopérations, transformer un service public et repenser son rôle social, oser expérimenter de nouvelles pratiques (avec des couches pour bébé par exemple… !), les HCL ont été et sont, le moteur de vrais changements sur leur territoire, et d’exemple au-delà.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors il faisait un peu froid, mais bon, je suis venu aux 3 Quai des Célestins à Lyon pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'une institution lyonnaise, deux siècles. Je fais un peu de teasing. Les Hospices Civils de Lyon, et cette dirigeante, c'est Virginie Valentin, directrice générale adjointe des HCL, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Virginie, bonjour. Bonjour Stéphane. Écoute, tu as une vue magnifique de ton bureau, c'est top. Je te propose qu'on suit toi, même si on s'est côtoyés plusieurs fois. Alors bon, aujourd'hui, on a quand même la chance d'avoir une consultante de luxe, alors je fais attention à ce que je vais dire, puisqu'on a Caroline avec nous. Caroline, bonjour. Bonjour.

  • VV

    Caroline, moi je suis copilote de la Convention des Entreprises pour le Climat sur le bassin lyonnais et les Alpes avec Marianne.

  • SG

    Voilà. Et Caroline, elle va nous accompagner tout au long de l'interview. Merci.

  • CD

    Oui, parce que j'ai eu la chance d'accompagner Virginie et les HCL l'année dernière dans mon collectif.

  • SG

    Alors, les Hospices Civils de Lyon, je l'ai dit, c'est deux siècles d'histoire. C'est le deuxième centre hospitalier universitaire français. C'est 13 sites. Alors, c'est des disciplines à la fois médicales, chirurgicales. C'est une triple mission. Le soin, la recherche et l'enseignement. Et surtout, c'est 23000 femmes et hommes, soignants, non-soignants. Là, on sent déjà la coopération en fait. Donc, j'ai pris une phrase pour l'introduction que j'ai trouvée dans votre feuille de route, qui est assez dense, intéressante. "Si l'action de transition écologique des HCL s'est accélérée depuis deux ans, il est aujourd'hui évident qu'il faut d'urgence aller plus loin, partager les connaissances scientifiques en interne, donner la possibilité à chacun d'agir concrètement, impliquer nos fournisseurs et partenaires, penser l'engagement des HCL plus profond et plus ouvert sur le territoire, pour déplacer les projets RSE déjà initiés, et obtenir plus de résultats et surtout plus d'impact sur le changement climatique." Ça nous donne le ton, donc Virginie, je te propose déjà de nous présenter les HCL.

  • VV

    Alors, je fais le choix de présenter les Hospices Civils de Lyon en décrivant ce qu'ils font chaque jour. Chaque jour, ils accueillent 3500 patients, ils assurent 5000 consultations, ils accueillent également 28 bébés qui naissent dans leurs trois maternités et environ 700 patients dans les services d'urgence, patients adultes et enfants qui sont pris en charge à l'hôpital Femmes Mères Enfants, c'est 23 000, même 24 000 collaborateurs. Et puis, parce qu'on a une mission de formation en partenariat avec l'université Claude Bernard Lyon 1, c'est aussi 6 000 étudiants qui sont en stage dans nos services. Étudiants en santé, c'est-à-dire des étudiants de médecine, de pharmacie, d'odontologie, étudiants sage-femme et aussi tous les étudiants des métiers du soin, ce qui est un lien très fort pour venir sur le sujet de la transition écologique et sociale, puisque... À la fois, on travaille avec les professionnels d'aujourd'hui, mais on prépare les professionnels de demain, ceux qui seront dans nos services, mais aussi ceux qui seront sur le territoire. Et donc, si on devait avoir une responsabilité, en fait, on pourrait la mettre au pluriel, pour dire qu'on est à la fois responsable de ce que l'on fait, de la façon dont on accompagne nos professionnels, et de la façon dont on prépare ceux qui prendront soin de nous demain.

  • SG

    Déjà une belle introduction, on démarre fort, Virginie. Toi, tu es qui alors, Virginie ? Quand même, ça nous intéresse de savoir.

  • VV

    Je suis une directrice d'hôpital formée dans la seule école nationale qui est à Rennes, qui forme tous les directeurs des hôpitaux publics. C'est un choix que j'ai fait étudiante, un choix de conviction, à la fois pour travailler dans un cadre d'intérêt général et puis pour être au service, au service des personnes quand elles ont des fragilités de santé, par le rôle qui est le mien en tant que directrice, mais aussi au service des professionnels. Ma conviction c'est que quand on est directeur ou directrice, dirigeant ou dirigeante d'une entreprise, on est aussi au service et on est en accompagnement de tous les professionnels qui travaillent dans son établissement. Donc j'ai commencé très jeune, j'ai une carrière, peut-être c'est la particularité plus que pour d'autres collègues, d'avoir travaillé dans de nombreux établissements, essentiellement des hôpitaux universitaires, dans plusieurs régions françaises. Je suis à Lyon depuis trois ans et demi. Avant d'arriver à Lyon, j'ai fait un petit détour par le Ministère de la Santé pour travailler pendant trois ans au service des Agences Régionales de Santé qui sont en Outre-mer. Ce qui m'a donné l'occasion de comprendre les sujets d'accès aux soins, d'égalité d'accès aux soins et de qualité de soins sur des territoires qui sont passionnants, les territoires d'Outre-mer, Antilles, Océan Indien, Guyane, de comprendre les enjeux, et ce que ça représente en termes de responsabilité. Et ce n'est pas anodin dans la vision aussi de ce qu'est un engagement de transition écologique et sociale pour un établissement. Evidemment, à Lyon, le terrain de jeu est assez extraordinaire, donc on a beaucoup de choses à faire, mais de toujours penser qu'en fait, on agit dans un sens qui est de permettre à tout un chacun d'accéder aux soins, quel que soit son besoin, quelle que soit sa situation personnelle, quels que soient ses choix. Et ça oblige d'autant en ayant vu... des enjeux évidemment beaucoup plus aigus sur des territoires qui ont notamment des difficultés à attirer des professionnels de santé pour répondre aux besoins de la population.

  • SG

    C'est clair. Alors là, on a parlé de l'accès aux soins. Maintenant, évidemment, ce qui va m'intéresser, c'est comment on accède au régénératif. Alors Virginie, comment tu tombes dans ce sujet ?

  • VV

    Alors en fait, je vais remonter un peu loin dans l'histoire. En 2008, à ce moment-là, je suis toute jeune maman. Je rentre de mon congé maternité, je travaille au CHU de Bordeaux et le directeur général me demande de prendre en charge un engagement de développement durable au sein de l'établissement, dans une dynamique territoriale très portée à l'époque par la ville de Bordeaux et par son maire qui est Alain Juppé. Et donc je sors de son bureau en me demandant ce qu'il m'avait demandé, quel était ce sujet de développement durable. Finalement quand on fait de la santé, on fait du soin, on a tellement... une évidence de mission, qu'il n'y a pas de raison de se questionner sur comment on l'a fait. Donc j'ai eu la chance de recruter un collaborateur qui m'a tout appris sur ce qu'est le développement durable. Et en fait, assez vite, j'ai trouvé qu'il y avait un sens très fort et très profond avec la santé. Donc, le CHU de Bordeaux a été le premier hôpital public et surtout le premier hôpital universitaire à s'inscrire dans cette démarche. Il est assez exemplaire dans les actions qu'il mène. J'ai porté le sujet pendant huit ans. Et ensuite, j'ai quitté Bordeaux et j'ai été directrice des ressources humaines dans un autre CHU à Montpellier. Et là, en fait, j'ai compris ce que c'était le développement durable décliné dans le champ social, ce qu'on commençait déjà à appeler la responsabilité sociale et environnementale sur toute la dimension qualité de vie, qualité de vie au travail, mais en fait qualité de vie aussi sur un territoire et donc ce que ça veut dire pour les patients. Et donc quand je suis arrivée à Lyon comme directrice générale adjointe, l'avantage c'est que c'est le cœur du réacteur de la décision et donc le directeur général a souhaité qu'on accélère le travail fait sur sur la transition sociale et environnementale, et donc m'a confié en responsabilité directe, comme directrice générale adjointe, le pilotage de toute la démarche, avec une chargée de mission qui est en appui de cette fonction. Ca a un avantage, c'est que tout ce qui est demandé, l'est par la direction générale, ce n'est pas anodin, on y reviendra peut-être sur la façon d'embarquer une dynamique d'entreprise ou d'établissement. Et donc, comme les hospices avaient déjà une action, en regardant ce qu'ils faisaient, on a fixé un cap interne. Et puis, je trouvais qu'il manquait sans doute quelque chose. Et donc, réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour aller un peu plus loin que s'occuper de la mobilité, s'occuper de l'énergie, s'occuper de l'eau. Tout ça, c'est très important, mais peut-être qu'il faut qu'on fasse un peu plus que ça pour être impactant. Et il y a à peu près deux ans, en écoutant la radio le matin, comme tous les matins, France Inter pour ne pas la citer, j'entends le témoignage des premiers dirigeants ou des premières dirigeantes qui présentaient leur expérience de la Convention des entreprises pour le climat national, disant en fait tout ce que ça amenait de vision élargie et de capacité à s'engager plus loin. Et donc je me dis, ça c'est intéressant, je ne l'avais pas remarqué, est-ce qu'un hôpital public pourrait s'inscrire dans la Convention ? nationale s'il y a une deuxième édition et là évidemment le monde est magique, c'est exactement en posant la question que je me rends compte qu'une première déclinaison régionale va se faire sur le bassin lyonnais et donc je suis rentrée dans le bureau du directeur général en lui disant je crois qu'en fait on a quelque chose à faire. Et c'est comme ça qu'en échangeant avec l'équipe de la CEC on a été convaincu qu'en fait c'était la manière de s'embarquer et là... nouvelles découvertes, développement durable d'abord, responsabilité sociale et environnementale, et l'engagement régénératif. Ça nous a beaucoup interrogé, moi ça m'a beaucoup questionné, qu'est-ce que ça veut dire ? Et finalement, est-ce que c'est ça aller plus loin ? Et aujourd'hui, deux ans plus tard, je vais dire oui, en fait, c'est ça aller plus loin, c'est-à-dire non seulement maîtriser ses impacts, réfléchir à comment faire mieux en ayant moins d'incidence sur l'environnement, et finalement se dire on peut vraiment aller plus loin et en fait faire encore mieux, et générer des impacts positifs et surtout renouer le lien avec le vivant. C'est-à-dire se rappeler que finalement, quand on est un hôpital, ce sont des hommes et des femmes qui travaillent pour des hommes et des femmes qui en ont besoin, qui utilisent beaucoup de ressources et notamment beaucoup de ressources naturelles. Et qu'en fait, quand on réfléchit à ce que l'on fait, finalement, il faut qu'on s'occupe de préserver aussi tout ce qui nous entoure parce que c'est la condition de la bonne santé ou en tout cas de la capacité à récupérer de pathologies, quand on est malade, on sait l'incidence que l'environnement, la nature peuvent avoir sur les parcours de soins et de santé des patients. Donc ça devient évident que le régénératif, en fait, c'est notre raison d'être, comme d'autres entreprises. Et c'est peut-être ça qui a été le plus impactant sur le parcours, c'est de comprendre que c'était évident pour nous, mais ça l'était pour beaucoup d'entreprises et qu'en fait, il y a beaucoup de synergies entre le monde politique, Évidemment, le monde citoyen, ce que nous sommes tout un chacun, le monde public et le monde économique. Et qu'en fait, si on se lie tous ensemble, on est capable de pousser beaucoup de sujets, de transformer le monde, même si l'urgence climatique peut avoir quelque chose d'un peu inquiétant.

  • SG

    Justement, c'est intéressant. Comment vous allez transformer le monde ? Finalement, votre feuille de route, elle est publique, on peut l'avoir. Mais peut-être que tu peux nous expliquer un petit peu le cap, les leviers,pour qu'on comprenne bien.

  • VV

    En fait, le premier alignement, c'est la CEC Bassin Lyonnais qui se déclenche au moment où je suis attirée par cette idée de convention des entreprises pour le climat au niveau national. Le deuxième alignement de planète, c'est qu'en fait, on était en train de réfléchir. à la façon de marquer notre engagement. Je suis profondément convaincue que pour porter une démarche efficace, il faut au moins trois ingrédients. Le premier, c'est avoir un cap clair. Le deuxième, c'est entrer en capacité de le faire partager par les équipes et donc avoir une dynamique d'établissement et pas une dynamique de dirigeant. C'est la première condition, mais elle n'est pas suffisante. Et la troisième, c'est qu'il faut être capable de rendre compte, être transparent y compris pour dire qu'on a porté des objectifs qu'on n'a pas atteints ou qu'on a tenté des projets qui n'ont pas eu l'impact que l'on voulait dire. Et donc, on était au moment où on se disait finalement, on a un cap très interne, mais grâce à la CEC, on devrait sans doute pouvoir aller plus loin. Et il faut qu'on soit en capacité de le démontrer et de dire comment on va rendre compte de ce que l'on fait. Donc, on s'était inscrit dans la définition de notre cadre d'engagement stratégique des Hospices Civils de Lyon, qui a été validé par le conseil de surveillance de l'établissement fin 2023. Et en fait, on a cheminé à trois niveaux. La feuille de route de la CEC, elle-même inscrite dans la réflexion sur le cadre d'engagement stratégique des hospices civils de Lyon. Et en parallèle, ou en même temps, on s'est engagé dans la démarche Lyon 2030 sur le programme européen de villes climatiquement neutres à horizon 2030. Et donc, on avait exprimé le souhait d'être un acteur parmi beaucoup d'autres, mais un acteur de cette démarche à l'échelle du territoire de Lyon. Et en fait, on a fait converger nos trois feuilles de route qu'on a éclairées de notre bilan carbone et de la stratégie de décarbonation pour se dire en fait, tout ça ne fait qu'une seule dynamique. Et donc, notre feuille de route de la CEC sera la traduction à la fois de notre cadre d'engagement stratégique, mais aussi de ce qu'on a appris de notre bilan carbone et de la façon dont on veut orienter notre trajectoire de décarbonation. Et donc, du coup, ça a tout de suite fait sens sur la manière de porter cette feuille de route, en se disant en fait que cette veille de route, elle devait couvrir à la fois un enjeu d'impact régénératif sur le territoire, donc d'interroger la façon dont nous consommons les ressources, qu'elle devait être orientée sur la nécessité de mobiliser. Et donc, on en a fait deux leviers de transformation, notre mobilisation interne avec nos professionnels, nos étudiants et notre lien avec les parties prenantes. Et je pourrais éventuellement revenir sur le lien notamment très important avec les patients et comment en fait on en fait un projet qui est un projet porté avec ceux pour lesquels nous travaillons au quotidien et de considérer que dans la façon de transformer les choses, il fallait aussi qu'on puisse contribuer à la connaissance, parce que la connaissance permet de mieux accompagner la mise en mouvement et l'action. Et donc on a également utilisé le levier de notre mission de recherche pour se dire qu'il fallait qu'on s'inscrive dans la mesure d'impact environnemental des activités de soins, la capacité à en faire des publications scientifiques et donc à faire savoir dans nos propres équipes, mais aussi à l'échelle nationale. Et c'est un sujet qu'on essaye de porter aussi aujourd'hui beaucoup. C'est comment, parce qu'on est le deuxième hôpital de France, et donc on est très visible.

  • SG

    Très regardé aussi.

  • VV

    On est très regardé. En fait, on a un effet à la fois d'exemplarité, évidemment, c'est très ambitieux de le dire comme ça, mais en tout cas, on montre que c'est possible. Mais aussi, on a des actions de lobbying et donc on agit à plein de niveaux, soit avec les collectivités locales, comme on est en train de le faire depuis quelques semaines, soit avec un certain nombre de sociétés savantes scientifiques, auprès du gouvernement du Ministère de la Santé.

  • CD

    Mais c'est vrai que ce sujet de lier les... Déjà, par votre pouvoir d'exemplarité, moi je trouve que c'est puissant de voir qu'un grand employeur de la région, comme vous, les HCL, et aussi le deuxième hôpital de France, s'engage dans la démarche. Je trouve qu'il y a quelque chose qui touche aussi aux citoyens, au personnel, de dire que le monde de la santé est le monde de... Comment on fait en sorte que les écosystèmes aillent bien, que tout ça se concilie ? Je trouve qu'il y a un message assez fort d'espoir sur le lien avec ces sujets. Et ça, ça marque quand on lit votre feuille de route, je trouve. Et d'entendre que malgré tous les chantiers de l'hôpital, on peut aussi s'engager dans ce chantier-là et faire sens. Et je trouve que votre démarche notamment d'engagement de l'ensemble de l'hôpital et de vos parties prenantes et particulièrement intéressantes, et notamment grâce à une rencontre peut-être qui a changé ta vision des choses à la session 1. Je parle d'Heïdi Sévestre, peut-être que tu peux nous en dire un peu plus de comment tu as embarqué tout le monde aussi dans cet enjeu et dans cette vision.

  • VV

    L'apport principal pour moi de la Convention des entreprises pour le climat, c'est la dimension d'ouverture sur le fait qu'on est acteur soi-même des changements qu'on veut impulser. Alors évidemment, on peut toujours se dire qu'il faut regarder une mise en mouvement générale, et qu'on attend que tous les autres s'activent pour s'activer soi-même. Moi, je suis assez convaincue qu'en fait, on est chacun responsable et acteur d'une part, et que finalement, quand on prend sa responsabilité d'avancer, et qu'on regarde comment l'écosystème avance à côté de soi, c'est une bonne manière de créer des synergies. Et la Convention des entreprises pour le climat, elle a ouvert cette porte, et c'est là que "le aller plus loin qu'est-ce que ça veut dire ? faire encore plus que travailler sur son propre périmètre, c'est de dire que finalement, l'impact positif, on peut l'avoir soi-même, mais en fait, on ne peut pas l'avoir tout seul si on n'est pas dans une mise en mouvement à l'échelle locale, à l'échelle du territoire, parce que c'est vraiment là que ça fait sens. Et la Convention des Entreprises pour le Climat, elle nous a donné la vision qu'en fait, en s'arrimant avec les dynamiques des autres partenaires, évidemment les partenaires publics, ceux-là, on les voyait assez bien. Je pense que ce qu'on... méconnaissait quand même assez largement, c'est la dynamique des partenaires économiques et ce qu'on est capable aussi de faire. Les Hospices Civils de Lyon, c'est 900 millions d'euros achetés tous les ans et donc avec quand même beaucoup de fournisseurs qui sont des fournisseurs locaux. Et donc comment en fait on comprend ce qui se passe pour intégrer ça dans nos propres exigences d'achat mais comment on comprend aussi, on fait comprendre ce que l'on a envie de transformer de nos propres consommations et de nos propres organisations pour créer une capacité d'acteur économique à y répondre. Et donc, la sève aussi, elle ouvre ça. Et en le ramenant à ce que nous sommes, 24 000 collaborateurs, c'est 24 000 citoyens. Les trois quarts de nos agents vivent sur le territoire de la métropole de Lyon. Ce qui veut dire qu'en fait, il y a un fil conducteur, moi je crois, beaucoup à la cohérence d'ensemble, de se dire qu'en fait, quand on est salarié des Hospices Civils de Lyon, mais comme on est salarié de n'importe quelle structure publique ou privée, on est aussi citoyen, on est souvent acteur, associatif ou autre. Et donc comment on crée en fait cet effet de rebond où dans son environnement professionnel, il y a une cohérence d'action qui permet de faire écho à une cohérence d'action comme citoyen, puis peut-être à une cohérence d'action comme acteur engagé dans une association, dans une dynamique, quelle qu'elle soit. Et ça permet de se dire que si on est capable de le faire avec nos professionnels, et si je rajoute les 6000 étudiants, ça fait encore une communauté plus grande, ça veut dire qu'on a un effet d'impact qui peut se démultiplier. on se mette en résonance avec ce qui se passe sur le territoire pour que l'effet déco que l'on veut créer, il s'organise bien avec les stratégies portées par les villes, par la métropole, par les autres entreprises. Et donc cet effet synergique, il est hyper puissant. Et donc on joue beaucoup sur le fait que la démarche aux Hospices civils de Lyon n'aura véritablement d'impact et donc elle ne sera vraiment régénérative qu'à partir du moment où on aura 24000 ambassadeurs de la démarche et 24000 acteurs qui la portent, et que ces 24000 acteurs qui portent des actions à l'intérieur de l'établissement, ils sauront aussi les prolonger, ou ils sauront les faire venir à l'hôpital depuis leur propre engagement de citoyens. Donc c'est une manière de se dire qu'on travaille tous à l'amélioration de la qualité de vie sur le territoire. C'est vraiment ça la philosophie, et je pense que la CEC a augmenté cette vision-là, qui était très centrée sur notre propre responsabilité d'établissement de santé, et aujourd'hui qu'on regarde comme une responsabilité d'un acteur parmi d'autres de l'engagement territorial et sans être excessivement flatteuse à l'égard des Hospices Civils de Lyon. Aujourd'hui, quand je regarde ce qui se passe dans les autres établissements hospitaliers, notamment les autres hôpitaux universitaires en France, on est sans doute l'établissement où le CHU ayant le plus travaillé son ancrage sur le territoire. Je suis convaincue que c'est comme ça qu'il faut qu'on continue d'avancer. C'est comme ça que nos professionnels disent qu'ils trouvent du sens à ce qu'on est en train de porter en matière de transition écologique et sociale.

  • SG

    Ça, c'est le message. Mais souvent, je parle de barque. Là, je vais parler de paquebot, parce que c'est quand même un paquebot. Je veux dire, il faut être honnête. Pour mettre en mouvement un paquebot, c'est quand même compliqué. Du coup, comment tu fais pour embarquer concrètement les équipes ?

  • CD

    Alors, on travaille sur trois niveaux. Le premier, c'est le cap. J'y reviens toujours, parce qu'en fait, c'est important de dire ce qu'on veut faire et d'avoir de la crédibilité et de la sincérité dans la façon dont on dit ce que l'on veut faire. En fait, c'est le premier déclic de l'engagement. Le deuxième, c'est de considérer qu'en fait, beaucoup de nos transformations, si on prend les questions de la mobilité, les questions de l'énergie, les questions de l'eau, les questions des déchets, les questions des achats, correspondent à la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs qui sont en responsabilité. Les acheteurs, les techniciens, les ingénieurs. Et donc, comment on fait que les directions qui ont en responsabilité ces sujets, elles se mettent en mouvement, elles aient leur propre feuille de route déclinée de la stratégie environnementale des hospices ? Et ensuite ? Et c'est le troisième niveau et de mon point de vue c'est le plus important, c'est comment on fait pour que les professionnels, chacun des 24 000 collaborateurs, se sentent en capacité d'être acteurs à son niveau de la démarche de transition écologique. Donc on l'a fait de plusieurs façons. D'abord on a fait le choix d'avoir un partenariat avec la Fresque du Climat pour former des professionnels. D'ailleurs on a formé des professionnels à être formateurs pour la Fresque du Climat, de façon à faire cette sensibilisation large. qui permet de comprendre, et donc d'avoir envie d'agir et ensuite de donner la possibilité d'agir. Et donc pour ça, au-delà d'avoir un cap clair, il faut donner des moyens, et donc depuis quatre ans, tous les ans, on ouvre un appel à projets internes sur la transition écologique et sociale en proposant aux équipes qui le souhaitent de porter des projets à leur échelle, généralement dans leur périmètre de service, pour accompagner la transition écologique et sociale. Et depuis deux ans, on a orienté en fait... le financement de ces projets - donc l'appel à projets, c'est 200 000 euros chaque année - Donc on a orienté les projets sur ce qu'on appelle l'éco-conception des soins, c'est-à-dire la façon dont les services soignants ou les services supports qui accompagnent les services soignants repensent les pratiques de soins, repensent la prise en charge des patients pour être plus vertueux d'un point de vue environnemental et social. Et ça marche très bien. Et pour que ça marche encore mieux, il faut faire savoir, il faut valoriser, c'est très important de valoriser le travail des équipes. Et donc depuis deux ans, on a installé chaque année un rendez-vous annuel qui s'appelle le colloque de transition écologique et sociale des Hospices Civils de Lyon. Et on vient faire pitcher des équipes qui viennent rapporter leur expérience. Et on l'a fait il y a deux semaines pour l'année 2024, et en fait, ce qui était vraiment extraordinaire à voir. comme directrice générale adjointe des hospices, c'est d'entendre pendant une heure et demie une dizaine d'équipes venir pitcher sur des projets avec à chaque fois à la fin, une impression de très grande fierté de la démonstration faite qu'à son échelle c'est possible d'agir, qu'il y a une fierté d'être aux HCL parce que les HCL le rendent possible pour les équipes. Et donc si j'avais une vision idyllique, ça serait de dire dans quelques années il faudrait qu'en fait dans tous les services des hospices civils de Lyon, à l'échelle de toutes les équipes, chacune vit en fait cette expérience de porter son projet, d'avoir été accompagnée par l'institution et d'avoir transformé en fait le quotidien dans un sens qui est plus vertueux pour l'environnement et pour la dynamique sociale. Et cette journée d'il y a deux semaines, elle avait une saveur du coup particulière, c'est ça ce que tu nous disais tout à l'heure ? Elle avait une saveur particulière puisqu'on a invité Heïdi Sevestre à venir témoigner sur les enjeux de la transition écologique et l'impact que ça a notamment sur les glaciers comme c'est la spécialiste scientifique de cette question. Et elle a, avec l'énergie qui est la sienne, mais surtout avec un témoignage extrêmement crédible et des informations faciles à suivre et à comprendre, dit les enjeux du changement climatique et dit surtout les possibilités qu'on a encore de se dire qu'on peut construire un monde qui soit désirable. Et donc ça a donné encore plus envie aux équipes d'agir en prenant conscience qu'en fait on n'agit jamais que dans le périmètre qui est le sien avec les moyens, la capacité que l'on a mais rien qu'à faire ça c'est déjà beau. J'avais deux questions pour toi par rapport à ce que tu disais tout à l'heure déjà une question sur tu parlais des achats et de liens avec le monde économique, je sais que vous avez travaillé notamment sur le marché des couches de l'hôpital, est-ce que tu pourrais juste nous donner une indication, un chiffre ça m'avait marqué, c'est pour ça que je parle avant de parler coopération.

  • VV

    C'est une belle histoire qui est en train de s'écrire avec un deuxième épisode que nous n'avions pas forcément anticipé. Il y a deux ans, les équipes des maternités et les équipes des achats ont souhaité travailler sur un nouveau marché pour les couches bébés - on en consomme un million par an, avec l'objectif que pour notamment lutter contre l'exposition perturbateur en gros d'Ocrénien des nouveaux-nés, on aille sur le choix de couches faites en produits naturels, sans aucune exposition chimique. Et donc, on a lancé un marché en pensant, à l'époque, qu'on n'aurait sans doute pas beaucoup de réponses et probablement pas la maille des HCL, c'est-à-dire ce volume à nous livrer tous les ans. Et la très belle surprise, donc la première belle histoire sur ce sujet, c'est que non seulement on a eu une réponse, mais en fait, on a même eu deux entreprises qui ont répondu, des entreprises françaises. Et donc, on a fait le choix de l'une plutôt que l'autre, en regardant l'impact environnemental du transport, pour essayer d'aller jusqu'au bout et se dire qu'en fait, on faisait le choix du produit et du fournisseur le plus vertueux rapporté aux engagements de transition écologique. Donc, ça fait deux ans qu'on utilise ces couches. Les professionnels sont très contents. Il y a une forte sensibilisation qui est permise de ce fait auprès des parents pour lutter contre l'exposition perturbateur endocrinien, en général, quand on est à la maison. Et il y a six mois maintenant, la ville de Lyon, la métropole, ont tapé à notre porte en disant, si vous alliez plus loin, et si vous participiez à l'expérimentation de compostage des couches bébés pour pouvoir produire du compost à destination des agriculteurs qui sont sur le territoire de la métropole. Donc ça nous a évidemment interpellé, on s'est dit comment est-ce qu'on peut attraper ce sujet-là, comment est-ce qu'on peut le traiter. On ne pourra le traiter que si on a des professionnels qui ont envie. Donc on s'est tourné vers nos maternités avec l'idée qu'on expérimente d'abord avec une maternité parce que c'est vraiment, là c'est des circuits très atypiques à mettre en œuvre et c'est vraiment une transformation de nos organisations. Donc il y a une maternité qui a dit banco, mobilisation très forte de l'équipe médicale, de l'équipe de sage-femmes, et de l'équipe soignante. Et donc, on va démarrer le 1er janvier une expérimentation, sur un périmètre évidemment plus réduit que le million de couches, mais avec l'idée qu'en fait, on touche a minima toutes nos maternités, c'est-à-dire à peu près 350 000 couches consommées chaque année. Et donc, ce qui nous vaut cette deuxième belle histoire, c'est que maintenant, on peut en plus expliquer aux professionnels que le compostage permet de se connecter directement aux vivants. Et donc on est dans l'esprit régénératif et on a accepté d'accompagner le plaidoyer des collectivités publiques sur la responsabilité étendue des producteurs, puisque sur ce type de consommation, de produits à usage unique, il n'y a pas de REP. Et donc on est en train de poser notre plaidoyer sur l'intérêt aussi que la réglementation accompagne toute la capacité à mettre en œuvre des nouveaux circuits et une nouvelle responsabilité pour s'assurer qu'en fait les déchets sont bien maîtrisés.

  • SG

    Juste remercier Caro parce que je ne pensais pas du tout qu'on allait parler des couches. Oui, bien sûr. En plus, je suis sur moi, tu trépignes. Alors bon, je pense qu'on va passer toute la matinée. Je pensais qu'Eric Petrotto était le plus bavard. Mais là, à mon avis, entre toutes les deux, on en a pour la journée. Mais en tous les cas, merci parce que c'est vrai que c'est un exemple assez concret que tu parles. Donc, je sais qu'on sera résilient en couches. Donc ça, c'est génial. Bah oui. Allez Caro, à toi.

  • CD

    Allez, ma dernière. Après, je te laisse Stéphane, promis. Mais tu parlais aussi de coopération et une des choses qu'on met en avant à la CEC, c'est de travailler en sous-collectif avec des entreprises. qui n'ont pas du secteur pour faire naître peut-être des coopérations, des façons de travailler différemment. Et je sais que vous avez mis en place une coopération notamment avec l'Opéra Lyon, qui est un peu née de la CEC, et je voulais savoir si tu pouvais nous en parler un peu.

  • VV

    On a plein de projets de partenariats avec des acteurs de la Convention des entreprises pour le climat. Ça aussi peut-être, pour faire une parenthèse sur cette question. C'est un sujet qu'on met beaucoup en avant avec la métropole de Lyon. On a un accord cadre avec la métropole dont un des axes est la transition écologique. C'est de dire qu'en fait, des entreprises, quelles qu'elles soient, y compris des établissements publics, quand on est dans un mouvement de transformation pour être sur une approche plus vertueuse en matière de transition écologique, même d'aller sur un modèle régénératif, quand on dialogue les uns avec les autres, on va très vite à se comprendre. Parce qu'en fait, on court tous après le même objectif dans des façons de faire différentes. Une entreprise produit des biens ou des services, l'hôpital les consomme quand même essentiellement, mais en fait on converge vers des enjeux qui vont au-delà de la production de biens et de services ou de consommation de ressources, qui est en fait de réfléchir à la façon dont on consomme et à la façon dont on peut mieux consommer, finalement pour mieux réaliser la mission qui est la sienne. Et donc ça c'est un levier très puissant de transformation économique du territoire, et donc on le dit beaucoup, et on voit en fait que ça peut être très efficace dans les coopérations. Donc, on le fait avec quelques acteurs économiques avec lesquels on échange, y compris pour expérimenter peut-être des choses qui n'existent pas aujourd'hui dans la façon de produire, de vendre des services, de les consommer à l'échelle d'un acteur. L'hôpital est une forme de preuve de concept. Si ça fonctionne chez nous avec notre taille, c'est que ça doit pouvoir fonctionner ailleurs. Et effectivement, on a ouvert d'autres partenariats, entre autres avec le monde culturel. Donc, l'Opéra est un excellent exemple de ça pour faire converger à la voix nos réflexions, qu'est-ce que ça veut dire la transformation d'un service public en termes de transition écologique et sociale. On a des défis à relever ensemble, mais on a aussi une forme de responsabilité sociale forte. D'être service public, ça facilite sa raison d'être, mais en même temps ça oblige, et ça oblige notamment à penser le rôle que l'on a dans le lien social à l'échelle d'un territoire et en fait comment on contribue à faire société tous ensemble. Donc l'Opéra par sa mission culturelle, les Hospices Civils de Lyon par leur mission de santé. Et donc, on fait venir l'Opéra dans nos services pour faire le lien avec les patients. C'est des animations, des représentations qui sont toujours des expériences extraordinaires pour nos patients, mais aussi pour nos professionnels. Et puis, on crée aussi des liens entre professionnels, les artistes à l'Opéra, les acteurs du soin et de la prise en charge hospitalière aux Hospices Civils de Lyon. Effectivement, on a eu quelques belles rencontres à la fois sur des enjeux de métier, mais aussi parfois sur des choses peut-être plus ludiques, mais qui créent aussi du sens d'appartenance aux institutions et qui donnent de la valeur à la mission de service public qu'on assume tous, agents de l'Opéra ou agents des Hospices Civils de Lyon. Et on a effectivement eu la possibilité pour le cœur des Hospices Civils de Lyon de chanter sur une représentation de l'opéra aux Nuits de Fourvière, il y a un an et demi.

  • CD

    Ah oui, c'était aussi aux Nuits de Fourvière.

  • VV

    C'était extraordinaire. Et en fait, je pense que le plus extraordinaire, c'était de voir le sourire des membres du chœur des Hospices Civils de Lyon sur scène et de voir en fait ce que ça représentait à la fois de bonheur, de conscience que c'était une expérience exceptionnelle et qu'elle était permise parce que de grandes institutions publiques se parlent et construisent des projets ensemble.

  • SG

    Encore un bon exemple qui prouve la joie, la coopération, faire le pas de côté, penser autrement. C'est toute la CEC, en fait. C'est bien résumé. Alors, vous êtes très, très bavardes, toutes les deux. Ce que je propose, c'est peut-être de nous projeter dans l'avenir, c'est-à-dire dans dix ans, finalement, les Hospices Civils de Lyon. C'est quoi ?

  • CD

    Dans dix ans, l'exercice est à la fois une projection qu'on peut imaginer très futuriste, et en même temps, pour nous, c'est une réalité du moment, puisqu'on est en train de construire notre projet stratégique. On a fait le choix de le penser à horizon 2035, donc un peu plus loin que la feuille de route de la CEC et d'autres feuilles de route que l'on a souvent sur des horizons de 5 ans, pour essayer d'imaginer ce que seront les Hospices Civils de Lyon dans 10 ans, à la fois ce qu'ils seront dans leurs activités de soins, mais ce qu'ils seront aussi comme institutions, et donc de façon assez convergente, même si on est au milieu de la réflexion. On voit ce qui ressort des Hospices Civils de Lyon, c'est qu'ils seront un lieu de la grande technologie du soin, sans doute avec beaucoup d'environnements techniques, technologiques, numériques, qui permettront des prises en charge très poussées, très personnalisées, adaptées à la situation de chaque patient, avec des traitements qui permettront d'aller encore plus loin que ce qu'on arrive à faire aujourd'hui, mais avec la conscience très fortement portée par nos professionnels, par les étudiants qui nous accompagnent dans la réflexion, par les patients que l'on a mobilisés également, nombreux, des patients partenaires, des représentants des usagers, des représentants d'associations, que l'hôpital n'aura de sens que s'il reste fondamentalement humain, fondamentalement centré sur la relation à l'autre, et s'il a réussi à faire sa transformation environnementale et sociale. Donc ce qui nous donne la confirmation que ce sur quoi on s'est engagé ces dernières années, c'est ce qu'il faut continuer de poursuivre. Je le dis de temps en temps aux équipes autour de moi, l'image rêvée des Hospices Civils de Lyon en 2035, ça pourrait être un hôpital 100 % transformé, complètement recyclable, en capacité de dire qu'il s'est inscrit par exemple dans une dynamique d'économie circulaire et que finalement, plutôt que d'être dans une logique qui est beaucoup la nôtre, y compris pour des questions d'hygiène et de sécurité des soins, d'acheter, de consommer, de jeter, qu'on ait complètement repensé nos façons de faire. Il y a des hôpitaux qui ont déjà pris ce virage-là dans d'autres pays que la France, donc c'est possible. Et qu'on ait une forme de fierté à se dire qu'à la fois, on sera très puissant dans les soins, très fort dans la construction de la relation à l'autre, que ce soit avec les patients ou entre les professionnels au sein de nos équipes et qu'en plus on aura un effet de synergie avec l'environnement qui garantira qu'on continue à penser le bien-être sur le territoire et la présentation de ce qui est l'essentiel, c'est-à-dire le lien avec le vivant.

  • SG

    Virginie, on pourrait terminer là-dessus, mais quand même, je vais poser une dernière question. Parce qu'il y a beaucoup de questions que je n'ai pas pu poser, mais ce sera l'occasion d'une deuxième version. Tu as le sourire, qu'est-ce qui te rend confiante pour l'avenir ? Confiante, plutôt.

  • VV

    Je suis d'un naturel optimiste, donc j'essaye toujours de voir ce qui donne envie d'avancer, de se dire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, même si, évidemment, le contexte du moment, de temps en temps amène à quelques questions. En fait, on dit souvent qu'avec l'urgence climatique, soit on n'a plus le choix parce que c'est trop tard, soit on a encore le choix parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut transformer si en fait on agit tous avec les capacités qui sont les nôtres. Et quand je vois l'énergie des professionnels aujourd'hui, la fierté qu'ils peuvent avoir de s'engager sur des démarches de transition écologique et sociale et de dire que ça fait sens dans le quotidien, ça fait sens dans leur relation avec les patients. On a trouvé la bonne manière d'avancer pour s'assurer que demain, on aura un hôpital plus vertueux qui continuera à soigner aussi bien qu'il le fait aujourd'hui. On peut même poser l'hypothèse qu'il le fera mieux avec des agents, les 24 000 collaborateurs des hospices qui auront le sentiment que ce qu'ils font, c'est juste. C'est adapté et c'est efficace pour la planète. Donc, avec cette conviction-là, on peut continuer de pousser des montagnes, même si parfois les montagnes ne sont pas très hautes. Mais en se disant qu'avec ce qui se passe sur le territoire, les relations très fructueuses qu'on a avec beaucoup d'acteurs du territoire, on a une capacité de faire qui est réelle.

  • SG

    Écoute Virginie, je te remercie. Caro, non, c'est bon, tu n'as plus d'autres questions ?

  • CD

    Non, merci Virginie pour tous ces exemples. Voilà, moi, je retiens cette image de l'ancrage dans le territoire et ce lien au vivant, au-delà de juste les hommes et les femmes, même le territoire, la biodiversité. Je sais que vous en avez beaucoup parlé. Donc, je trouve que ça rejoint cette idée du régénératif qu'on fera forcément via le territoire et dans le territoire ensemble.

  • SG

    Merci. Je terminerai par une citation qui est finalement assez adaptée de tout ce que tu viens de nous dire. C'est une citation de Kofi Annan, qui était le 24 septembre 2001, qui a dit La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat. Donc encore merci Virginie et merci Caro. Avec plaisir. A bientôt.

Description

Les Hospices Civils de Lyon sont le 2ème hôpital français. Avec 24 000 femmes et hommes, soignants et non-soignants, ils remplissent une triple mission : le soin, la recherche et l'enseignement. Engagée depuis longtemps sur ces questions, Virginie découvre à la CEC le concept de régénératif, qui résonne en elle avec la conviction qu’il faut s'occuper de préserver tout ce qui nous entoure et renouer le lien avec le vivant. Au-delà de la démarche d'engagement de l'ensemble de l'hôpital, ce sont aussi l’ensemble des parties prenantes (partenaires publics et économiques, territoire, patients, étudiants…) qui ont été considérées pour écrire une feuille de route ambitieuse. Avoir un cap, mettre en place des coopérations, transformer un service public et repenser son rôle social, oser expérimenter de nouvelles pratiques (avec des couches pour bébé par exemple… !), les HCL ont été et sont, le moteur de vrais changements sur leur territoire, et d’exemple au-delà.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors il faisait un peu froid, mais bon, je suis venu aux 3 Quai des Célestins à Lyon pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'une institution lyonnaise, deux siècles. Je fais un peu de teasing. Les Hospices Civils de Lyon, et cette dirigeante, c'est Virginie Valentin, directrice générale adjointe des HCL, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Virginie, bonjour. Bonjour Stéphane. Écoute, tu as une vue magnifique de ton bureau, c'est top. Je te propose qu'on suit toi, même si on s'est côtoyés plusieurs fois. Alors bon, aujourd'hui, on a quand même la chance d'avoir une consultante de luxe, alors je fais attention à ce que je vais dire, puisqu'on a Caroline avec nous. Caroline, bonjour. Bonjour.

  • VV

    Caroline, moi je suis copilote de la Convention des Entreprises pour le Climat sur le bassin lyonnais et les Alpes avec Marianne.

  • SG

    Voilà. Et Caroline, elle va nous accompagner tout au long de l'interview. Merci.

  • CD

    Oui, parce que j'ai eu la chance d'accompagner Virginie et les HCL l'année dernière dans mon collectif.

  • SG

    Alors, les Hospices Civils de Lyon, je l'ai dit, c'est deux siècles d'histoire. C'est le deuxième centre hospitalier universitaire français. C'est 13 sites. Alors, c'est des disciplines à la fois médicales, chirurgicales. C'est une triple mission. Le soin, la recherche et l'enseignement. Et surtout, c'est 23000 femmes et hommes, soignants, non-soignants. Là, on sent déjà la coopération en fait. Donc, j'ai pris une phrase pour l'introduction que j'ai trouvée dans votre feuille de route, qui est assez dense, intéressante. "Si l'action de transition écologique des HCL s'est accélérée depuis deux ans, il est aujourd'hui évident qu'il faut d'urgence aller plus loin, partager les connaissances scientifiques en interne, donner la possibilité à chacun d'agir concrètement, impliquer nos fournisseurs et partenaires, penser l'engagement des HCL plus profond et plus ouvert sur le territoire, pour déplacer les projets RSE déjà initiés, et obtenir plus de résultats et surtout plus d'impact sur le changement climatique." Ça nous donne le ton, donc Virginie, je te propose déjà de nous présenter les HCL.

  • VV

    Alors, je fais le choix de présenter les Hospices Civils de Lyon en décrivant ce qu'ils font chaque jour. Chaque jour, ils accueillent 3500 patients, ils assurent 5000 consultations, ils accueillent également 28 bébés qui naissent dans leurs trois maternités et environ 700 patients dans les services d'urgence, patients adultes et enfants qui sont pris en charge à l'hôpital Femmes Mères Enfants, c'est 23 000, même 24 000 collaborateurs. Et puis, parce qu'on a une mission de formation en partenariat avec l'université Claude Bernard Lyon 1, c'est aussi 6 000 étudiants qui sont en stage dans nos services. Étudiants en santé, c'est-à-dire des étudiants de médecine, de pharmacie, d'odontologie, étudiants sage-femme et aussi tous les étudiants des métiers du soin, ce qui est un lien très fort pour venir sur le sujet de la transition écologique et sociale, puisque... À la fois, on travaille avec les professionnels d'aujourd'hui, mais on prépare les professionnels de demain, ceux qui seront dans nos services, mais aussi ceux qui seront sur le territoire. Et donc, si on devait avoir une responsabilité, en fait, on pourrait la mettre au pluriel, pour dire qu'on est à la fois responsable de ce que l'on fait, de la façon dont on accompagne nos professionnels, et de la façon dont on prépare ceux qui prendront soin de nous demain.

  • SG

    Déjà une belle introduction, on démarre fort, Virginie. Toi, tu es qui alors, Virginie ? Quand même, ça nous intéresse de savoir.

  • VV

    Je suis une directrice d'hôpital formée dans la seule école nationale qui est à Rennes, qui forme tous les directeurs des hôpitaux publics. C'est un choix que j'ai fait étudiante, un choix de conviction, à la fois pour travailler dans un cadre d'intérêt général et puis pour être au service, au service des personnes quand elles ont des fragilités de santé, par le rôle qui est le mien en tant que directrice, mais aussi au service des professionnels. Ma conviction c'est que quand on est directeur ou directrice, dirigeant ou dirigeante d'une entreprise, on est aussi au service et on est en accompagnement de tous les professionnels qui travaillent dans son établissement. Donc j'ai commencé très jeune, j'ai une carrière, peut-être c'est la particularité plus que pour d'autres collègues, d'avoir travaillé dans de nombreux établissements, essentiellement des hôpitaux universitaires, dans plusieurs régions françaises. Je suis à Lyon depuis trois ans et demi. Avant d'arriver à Lyon, j'ai fait un petit détour par le Ministère de la Santé pour travailler pendant trois ans au service des Agences Régionales de Santé qui sont en Outre-mer. Ce qui m'a donné l'occasion de comprendre les sujets d'accès aux soins, d'égalité d'accès aux soins et de qualité de soins sur des territoires qui sont passionnants, les territoires d'Outre-mer, Antilles, Océan Indien, Guyane, de comprendre les enjeux, et ce que ça représente en termes de responsabilité. Et ce n'est pas anodin dans la vision aussi de ce qu'est un engagement de transition écologique et sociale pour un établissement. Evidemment, à Lyon, le terrain de jeu est assez extraordinaire, donc on a beaucoup de choses à faire, mais de toujours penser qu'en fait, on agit dans un sens qui est de permettre à tout un chacun d'accéder aux soins, quel que soit son besoin, quelle que soit sa situation personnelle, quels que soient ses choix. Et ça oblige d'autant en ayant vu... des enjeux évidemment beaucoup plus aigus sur des territoires qui ont notamment des difficultés à attirer des professionnels de santé pour répondre aux besoins de la population.

  • SG

    C'est clair. Alors là, on a parlé de l'accès aux soins. Maintenant, évidemment, ce qui va m'intéresser, c'est comment on accède au régénératif. Alors Virginie, comment tu tombes dans ce sujet ?

  • VV

    Alors en fait, je vais remonter un peu loin dans l'histoire. En 2008, à ce moment-là, je suis toute jeune maman. Je rentre de mon congé maternité, je travaille au CHU de Bordeaux et le directeur général me demande de prendre en charge un engagement de développement durable au sein de l'établissement, dans une dynamique territoriale très portée à l'époque par la ville de Bordeaux et par son maire qui est Alain Juppé. Et donc je sors de son bureau en me demandant ce qu'il m'avait demandé, quel était ce sujet de développement durable. Finalement quand on fait de la santé, on fait du soin, on a tellement... une évidence de mission, qu'il n'y a pas de raison de se questionner sur comment on l'a fait. Donc j'ai eu la chance de recruter un collaborateur qui m'a tout appris sur ce qu'est le développement durable. Et en fait, assez vite, j'ai trouvé qu'il y avait un sens très fort et très profond avec la santé. Donc, le CHU de Bordeaux a été le premier hôpital public et surtout le premier hôpital universitaire à s'inscrire dans cette démarche. Il est assez exemplaire dans les actions qu'il mène. J'ai porté le sujet pendant huit ans. Et ensuite, j'ai quitté Bordeaux et j'ai été directrice des ressources humaines dans un autre CHU à Montpellier. Et là, en fait, j'ai compris ce que c'était le développement durable décliné dans le champ social, ce qu'on commençait déjà à appeler la responsabilité sociale et environnementale sur toute la dimension qualité de vie, qualité de vie au travail, mais en fait qualité de vie aussi sur un territoire et donc ce que ça veut dire pour les patients. Et donc quand je suis arrivée à Lyon comme directrice générale adjointe, l'avantage c'est que c'est le cœur du réacteur de la décision et donc le directeur général a souhaité qu'on accélère le travail fait sur sur la transition sociale et environnementale, et donc m'a confié en responsabilité directe, comme directrice générale adjointe, le pilotage de toute la démarche, avec une chargée de mission qui est en appui de cette fonction. Ca a un avantage, c'est que tout ce qui est demandé, l'est par la direction générale, ce n'est pas anodin, on y reviendra peut-être sur la façon d'embarquer une dynamique d'entreprise ou d'établissement. Et donc, comme les hospices avaient déjà une action, en regardant ce qu'ils faisaient, on a fixé un cap interne. Et puis, je trouvais qu'il manquait sans doute quelque chose. Et donc, réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour aller un peu plus loin que s'occuper de la mobilité, s'occuper de l'énergie, s'occuper de l'eau. Tout ça, c'est très important, mais peut-être qu'il faut qu'on fasse un peu plus que ça pour être impactant. Et il y a à peu près deux ans, en écoutant la radio le matin, comme tous les matins, France Inter pour ne pas la citer, j'entends le témoignage des premiers dirigeants ou des premières dirigeantes qui présentaient leur expérience de la Convention des entreprises pour le climat national, disant en fait tout ce que ça amenait de vision élargie et de capacité à s'engager plus loin. Et donc je me dis, ça c'est intéressant, je ne l'avais pas remarqué, est-ce qu'un hôpital public pourrait s'inscrire dans la Convention ? nationale s'il y a une deuxième édition et là évidemment le monde est magique, c'est exactement en posant la question que je me rends compte qu'une première déclinaison régionale va se faire sur le bassin lyonnais et donc je suis rentrée dans le bureau du directeur général en lui disant je crois qu'en fait on a quelque chose à faire. Et c'est comme ça qu'en échangeant avec l'équipe de la CEC on a été convaincu qu'en fait c'était la manière de s'embarquer et là... nouvelles découvertes, développement durable d'abord, responsabilité sociale et environnementale, et l'engagement régénératif. Ça nous a beaucoup interrogé, moi ça m'a beaucoup questionné, qu'est-ce que ça veut dire ? Et finalement, est-ce que c'est ça aller plus loin ? Et aujourd'hui, deux ans plus tard, je vais dire oui, en fait, c'est ça aller plus loin, c'est-à-dire non seulement maîtriser ses impacts, réfléchir à comment faire mieux en ayant moins d'incidence sur l'environnement, et finalement se dire on peut vraiment aller plus loin et en fait faire encore mieux, et générer des impacts positifs et surtout renouer le lien avec le vivant. C'est-à-dire se rappeler que finalement, quand on est un hôpital, ce sont des hommes et des femmes qui travaillent pour des hommes et des femmes qui en ont besoin, qui utilisent beaucoup de ressources et notamment beaucoup de ressources naturelles. Et qu'en fait, quand on réfléchit à ce que l'on fait, finalement, il faut qu'on s'occupe de préserver aussi tout ce qui nous entoure parce que c'est la condition de la bonne santé ou en tout cas de la capacité à récupérer de pathologies, quand on est malade, on sait l'incidence que l'environnement, la nature peuvent avoir sur les parcours de soins et de santé des patients. Donc ça devient évident que le régénératif, en fait, c'est notre raison d'être, comme d'autres entreprises. Et c'est peut-être ça qui a été le plus impactant sur le parcours, c'est de comprendre que c'était évident pour nous, mais ça l'était pour beaucoup d'entreprises et qu'en fait, il y a beaucoup de synergies entre le monde politique, Évidemment, le monde citoyen, ce que nous sommes tout un chacun, le monde public et le monde économique. Et qu'en fait, si on se lie tous ensemble, on est capable de pousser beaucoup de sujets, de transformer le monde, même si l'urgence climatique peut avoir quelque chose d'un peu inquiétant.

  • SG

    Justement, c'est intéressant. Comment vous allez transformer le monde ? Finalement, votre feuille de route, elle est publique, on peut l'avoir. Mais peut-être que tu peux nous expliquer un petit peu le cap, les leviers,pour qu'on comprenne bien.

  • VV

    En fait, le premier alignement, c'est la CEC Bassin Lyonnais qui se déclenche au moment où je suis attirée par cette idée de convention des entreprises pour le climat au niveau national. Le deuxième alignement de planète, c'est qu'en fait, on était en train de réfléchir. à la façon de marquer notre engagement. Je suis profondément convaincue que pour porter une démarche efficace, il faut au moins trois ingrédients. Le premier, c'est avoir un cap clair. Le deuxième, c'est entrer en capacité de le faire partager par les équipes et donc avoir une dynamique d'établissement et pas une dynamique de dirigeant. C'est la première condition, mais elle n'est pas suffisante. Et la troisième, c'est qu'il faut être capable de rendre compte, être transparent y compris pour dire qu'on a porté des objectifs qu'on n'a pas atteints ou qu'on a tenté des projets qui n'ont pas eu l'impact que l'on voulait dire. Et donc, on était au moment où on se disait finalement, on a un cap très interne, mais grâce à la CEC, on devrait sans doute pouvoir aller plus loin. Et il faut qu'on soit en capacité de le démontrer et de dire comment on va rendre compte de ce que l'on fait. Donc, on s'était inscrit dans la définition de notre cadre d'engagement stratégique des Hospices Civils de Lyon, qui a été validé par le conseil de surveillance de l'établissement fin 2023. Et en fait, on a cheminé à trois niveaux. La feuille de route de la CEC, elle-même inscrite dans la réflexion sur le cadre d'engagement stratégique des hospices civils de Lyon. Et en parallèle, ou en même temps, on s'est engagé dans la démarche Lyon 2030 sur le programme européen de villes climatiquement neutres à horizon 2030. Et donc, on avait exprimé le souhait d'être un acteur parmi beaucoup d'autres, mais un acteur de cette démarche à l'échelle du territoire de Lyon. Et en fait, on a fait converger nos trois feuilles de route qu'on a éclairées de notre bilan carbone et de la stratégie de décarbonation pour se dire en fait, tout ça ne fait qu'une seule dynamique. Et donc, notre feuille de route de la CEC sera la traduction à la fois de notre cadre d'engagement stratégique, mais aussi de ce qu'on a appris de notre bilan carbone et de la façon dont on veut orienter notre trajectoire de décarbonation. Et donc, du coup, ça a tout de suite fait sens sur la manière de porter cette feuille de route, en se disant en fait que cette veille de route, elle devait couvrir à la fois un enjeu d'impact régénératif sur le territoire, donc d'interroger la façon dont nous consommons les ressources, qu'elle devait être orientée sur la nécessité de mobiliser. Et donc, on en a fait deux leviers de transformation, notre mobilisation interne avec nos professionnels, nos étudiants et notre lien avec les parties prenantes. Et je pourrais éventuellement revenir sur le lien notamment très important avec les patients et comment en fait on en fait un projet qui est un projet porté avec ceux pour lesquels nous travaillons au quotidien et de considérer que dans la façon de transformer les choses, il fallait aussi qu'on puisse contribuer à la connaissance, parce que la connaissance permet de mieux accompagner la mise en mouvement et l'action. Et donc on a également utilisé le levier de notre mission de recherche pour se dire qu'il fallait qu'on s'inscrive dans la mesure d'impact environnemental des activités de soins, la capacité à en faire des publications scientifiques et donc à faire savoir dans nos propres équipes, mais aussi à l'échelle nationale. Et c'est un sujet qu'on essaye de porter aussi aujourd'hui beaucoup. C'est comment, parce qu'on est le deuxième hôpital de France, et donc on est très visible.

  • SG

    Très regardé aussi.

  • VV

    On est très regardé. En fait, on a un effet à la fois d'exemplarité, évidemment, c'est très ambitieux de le dire comme ça, mais en tout cas, on montre que c'est possible. Mais aussi, on a des actions de lobbying et donc on agit à plein de niveaux, soit avec les collectivités locales, comme on est en train de le faire depuis quelques semaines, soit avec un certain nombre de sociétés savantes scientifiques, auprès du gouvernement du Ministère de la Santé.

  • CD

    Mais c'est vrai que ce sujet de lier les... Déjà, par votre pouvoir d'exemplarité, moi je trouve que c'est puissant de voir qu'un grand employeur de la région, comme vous, les HCL, et aussi le deuxième hôpital de France, s'engage dans la démarche. Je trouve qu'il y a quelque chose qui touche aussi aux citoyens, au personnel, de dire que le monde de la santé est le monde de... Comment on fait en sorte que les écosystèmes aillent bien, que tout ça se concilie ? Je trouve qu'il y a un message assez fort d'espoir sur le lien avec ces sujets. Et ça, ça marque quand on lit votre feuille de route, je trouve. Et d'entendre que malgré tous les chantiers de l'hôpital, on peut aussi s'engager dans ce chantier-là et faire sens. Et je trouve que votre démarche notamment d'engagement de l'ensemble de l'hôpital et de vos parties prenantes et particulièrement intéressantes, et notamment grâce à une rencontre peut-être qui a changé ta vision des choses à la session 1. Je parle d'Heïdi Sévestre, peut-être que tu peux nous en dire un peu plus de comment tu as embarqué tout le monde aussi dans cet enjeu et dans cette vision.

  • VV

    L'apport principal pour moi de la Convention des entreprises pour le climat, c'est la dimension d'ouverture sur le fait qu'on est acteur soi-même des changements qu'on veut impulser. Alors évidemment, on peut toujours se dire qu'il faut regarder une mise en mouvement générale, et qu'on attend que tous les autres s'activent pour s'activer soi-même. Moi, je suis assez convaincue qu'en fait, on est chacun responsable et acteur d'une part, et que finalement, quand on prend sa responsabilité d'avancer, et qu'on regarde comment l'écosystème avance à côté de soi, c'est une bonne manière de créer des synergies. Et la Convention des entreprises pour le climat, elle a ouvert cette porte, et c'est là que "le aller plus loin qu'est-ce que ça veut dire ? faire encore plus que travailler sur son propre périmètre, c'est de dire que finalement, l'impact positif, on peut l'avoir soi-même, mais en fait, on ne peut pas l'avoir tout seul si on n'est pas dans une mise en mouvement à l'échelle locale, à l'échelle du territoire, parce que c'est vraiment là que ça fait sens. Et la Convention des Entreprises pour le Climat, elle nous a donné la vision qu'en fait, en s'arrimant avec les dynamiques des autres partenaires, évidemment les partenaires publics, ceux-là, on les voyait assez bien. Je pense que ce qu'on... méconnaissait quand même assez largement, c'est la dynamique des partenaires économiques et ce qu'on est capable aussi de faire. Les Hospices Civils de Lyon, c'est 900 millions d'euros achetés tous les ans et donc avec quand même beaucoup de fournisseurs qui sont des fournisseurs locaux. Et donc comment en fait on comprend ce qui se passe pour intégrer ça dans nos propres exigences d'achat mais comment on comprend aussi, on fait comprendre ce que l'on a envie de transformer de nos propres consommations et de nos propres organisations pour créer une capacité d'acteur économique à y répondre. Et donc, la sève aussi, elle ouvre ça. Et en le ramenant à ce que nous sommes, 24 000 collaborateurs, c'est 24 000 citoyens. Les trois quarts de nos agents vivent sur le territoire de la métropole de Lyon. Ce qui veut dire qu'en fait, il y a un fil conducteur, moi je crois, beaucoup à la cohérence d'ensemble, de se dire qu'en fait, quand on est salarié des Hospices Civils de Lyon, mais comme on est salarié de n'importe quelle structure publique ou privée, on est aussi citoyen, on est souvent acteur, associatif ou autre. Et donc comment on crée en fait cet effet de rebond où dans son environnement professionnel, il y a une cohérence d'action qui permet de faire écho à une cohérence d'action comme citoyen, puis peut-être à une cohérence d'action comme acteur engagé dans une association, dans une dynamique, quelle qu'elle soit. Et ça permet de se dire que si on est capable de le faire avec nos professionnels, et si je rajoute les 6000 étudiants, ça fait encore une communauté plus grande, ça veut dire qu'on a un effet d'impact qui peut se démultiplier. on se mette en résonance avec ce qui se passe sur le territoire pour que l'effet déco que l'on veut créer, il s'organise bien avec les stratégies portées par les villes, par la métropole, par les autres entreprises. Et donc cet effet synergique, il est hyper puissant. Et donc on joue beaucoup sur le fait que la démarche aux Hospices civils de Lyon n'aura véritablement d'impact et donc elle ne sera vraiment régénérative qu'à partir du moment où on aura 24000 ambassadeurs de la démarche et 24000 acteurs qui la portent, et que ces 24000 acteurs qui portent des actions à l'intérieur de l'établissement, ils sauront aussi les prolonger, ou ils sauront les faire venir à l'hôpital depuis leur propre engagement de citoyens. Donc c'est une manière de se dire qu'on travaille tous à l'amélioration de la qualité de vie sur le territoire. C'est vraiment ça la philosophie, et je pense que la CEC a augmenté cette vision-là, qui était très centrée sur notre propre responsabilité d'établissement de santé, et aujourd'hui qu'on regarde comme une responsabilité d'un acteur parmi d'autres de l'engagement territorial et sans être excessivement flatteuse à l'égard des Hospices Civils de Lyon. Aujourd'hui, quand je regarde ce qui se passe dans les autres établissements hospitaliers, notamment les autres hôpitaux universitaires en France, on est sans doute l'établissement où le CHU ayant le plus travaillé son ancrage sur le territoire. Je suis convaincue que c'est comme ça qu'il faut qu'on continue d'avancer. C'est comme ça que nos professionnels disent qu'ils trouvent du sens à ce qu'on est en train de porter en matière de transition écologique et sociale.

  • SG

    Ça, c'est le message. Mais souvent, je parle de barque. Là, je vais parler de paquebot, parce que c'est quand même un paquebot. Je veux dire, il faut être honnête. Pour mettre en mouvement un paquebot, c'est quand même compliqué. Du coup, comment tu fais pour embarquer concrètement les équipes ?

  • CD

    Alors, on travaille sur trois niveaux. Le premier, c'est le cap. J'y reviens toujours, parce qu'en fait, c'est important de dire ce qu'on veut faire et d'avoir de la crédibilité et de la sincérité dans la façon dont on dit ce que l'on veut faire. En fait, c'est le premier déclic de l'engagement. Le deuxième, c'est de considérer qu'en fait, beaucoup de nos transformations, si on prend les questions de la mobilité, les questions de l'énergie, les questions de l'eau, les questions des déchets, les questions des achats, correspondent à la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs qui sont en responsabilité. Les acheteurs, les techniciens, les ingénieurs. Et donc, comment on fait que les directions qui ont en responsabilité ces sujets, elles se mettent en mouvement, elles aient leur propre feuille de route déclinée de la stratégie environnementale des hospices ? Et ensuite ? Et c'est le troisième niveau et de mon point de vue c'est le plus important, c'est comment on fait pour que les professionnels, chacun des 24 000 collaborateurs, se sentent en capacité d'être acteurs à son niveau de la démarche de transition écologique. Donc on l'a fait de plusieurs façons. D'abord on a fait le choix d'avoir un partenariat avec la Fresque du Climat pour former des professionnels. D'ailleurs on a formé des professionnels à être formateurs pour la Fresque du Climat, de façon à faire cette sensibilisation large. qui permet de comprendre, et donc d'avoir envie d'agir et ensuite de donner la possibilité d'agir. Et donc pour ça, au-delà d'avoir un cap clair, il faut donner des moyens, et donc depuis quatre ans, tous les ans, on ouvre un appel à projets internes sur la transition écologique et sociale en proposant aux équipes qui le souhaitent de porter des projets à leur échelle, généralement dans leur périmètre de service, pour accompagner la transition écologique et sociale. Et depuis deux ans, on a orienté en fait... le financement de ces projets - donc l'appel à projets, c'est 200 000 euros chaque année - Donc on a orienté les projets sur ce qu'on appelle l'éco-conception des soins, c'est-à-dire la façon dont les services soignants ou les services supports qui accompagnent les services soignants repensent les pratiques de soins, repensent la prise en charge des patients pour être plus vertueux d'un point de vue environnemental et social. Et ça marche très bien. Et pour que ça marche encore mieux, il faut faire savoir, il faut valoriser, c'est très important de valoriser le travail des équipes. Et donc depuis deux ans, on a installé chaque année un rendez-vous annuel qui s'appelle le colloque de transition écologique et sociale des Hospices Civils de Lyon. Et on vient faire pitcher des équipes qui viennent rapporter leur expérience. Et on l'a fait il y a deux semaines pour l'année 2024, et en fait, ce qui était vraiment extraordinaire à voir. comme directrice générale adjointe des hospices, c'est d'entendre pendant une heure et demie une dizaine d'équipes venir pitcher sur des projets avec à chaque fois à la fin, une impression de très grande fierté de la démonstration faite qu'à son échelle c'est possible d'agir, qu'il y a une fierté d'être aux HCL parce que les HCL le rendent possible pour les équipes. Et donc si j'avais une vision idyllique, ça serait de dire dans quelques années il faudrait qu'en fait dans tous les services des hospices civils de Lyon, à l'échelle de toutes les équipes, chacune vit en fait cette expérience de porter son projet, d'avoir été accompagnée par l'institution et d'avoir transformé en fait le quotidien dans un sens qui est plus vertueux pour l'environnement et pour la dynamique sociale. Et cette journée d'il y a deux semaines, elle avait une saveur du coup particulière, c'est ça ce que tu nous disais tout à l'heure ? Elle avait une saveur particulière puisqu'on a invité Heïdi Sevestre à venir témoigner sur les enjeux de la transition écologique et l'impact que ça a notamment sur les glaciers comme c'est la spécialiste scientifique de cette question. Et elle a, avec l'énergie qui est la sienne, mais surtout avec un témoignage extrêmement crédible et des informations faciles à suivre et à comprendre, dit les enjeux du changement climatique et dit surtout les possibilités qu'on a encore de se dire qu'on peut construire un monde qui soit désirable. Et donc ça a donné encore plus envie aux équipes d'agir en prenant conscience qu'en fait on n'agit jamais que dans le périmètre qui est le sien avec les moyens, la capacité que l'on a mais rien qu'à faire ça c'est déjà beau. J'avais deux questions pour toi par rapport à ce que tu disais tout à l'heure déjà une question sur tu parlais des achats et de liens avec le monde économique, je sais que vous avez travaillé notamment sur le marché des couches de l'hôpital, est-ce que tu pourrais juste nous donner une indication, un chiffre ça m'avait marqué, c'est pour ça que je parle avant de parler coopération.

  • VV

    C'est une belle histoire qui est en train de s'écrire avec un deuxième épisode que nous n'avions pas forcément anticipé. Il y a deux ans, les équipes des maternités et les équipes des achats ont souhaité travailler sur un nouveau marché pour les couches bébés - on en consomme un million par an, avec l'objectif que pour notamment lutter contre l'exposition perturbateur en gros d'Ocrénien des nouveaux-nés, on aille sur le choix de couches faites en produits naturels, sans aucune exposition chimique. Et donc, on a lancé un marché en pensant, à l'époque, qu'on n'aurait sans doute pas beaucoup de réponses et probablement pas la maille des HCL, c'est-à-dire ce volume à nous livrer tous les ans. Et la très belle surprise, donc la première belle histoire sur ce sujet, c'est que non seulement on a eu une réponse, mais en fait, on a même eu deux entreprises qui ont répondu, des entreprises françaises. Et donc, on a fait le choix de l'une plutôt que l'autre, en regardant l'impact environnemental du transport, pour essayer d'aller jusqu'au bout et se dire qu'en fait, on faisait le choix du produit et du fournisseur le plus vertueux rapporté aux engagements de transition écologique. Donc, ça fait deux ans qu'on utilise ces couches. Les professionnels sont très contents. Il y a une forte sensibilisation qui est permise de ce fait auprès des parents pour lutter contre l'exposition perturbateur endocrinien, en général, quand on est à la maison. Et il y a six mois maintenant, la ville de Lyon, la métropole, ont tapé à notre porte en disant, si vous alliez plus loin, et si vous participiez à l'expérimentation de compostage des couches bébés pour pouvoir produire du compost à destination des agriculteurs qui sont sur le territoire de la métropole. Donc ça nous a évidemment interpellé, on s'est dit comment est-ce qu'on peut attraper ce sujet-là, comment est-ce qu'on peut le traiter. On ne pourra le traiter que si on a des professionnels qui ont envie. Donc on s'est tourné vers nos maternités avec l'idée qu'on expérimente d'abord avec une maternité parce que c'est vraiment, là c'est des circuits très atypiques à mettre en œuvre et c'est vraiment une transformation de nos organisations. Donc il y a une maternité qui a dit banco, mobilisation très forte de l'équipe médicale, de l'équipe de sage-femmes, et de l'équipe soignante. Et donc, on va démarrer le 1er janvier une expérimentation, sur un périmètre évidemment plus réduit que le million de couches, mais avec l'idée qu'en fait, on touche a minima toutes nos maternités, c'est-à-dire à peu près 350 000 couches consommées chaque année. Et donc, ce qui nous vaut cette deuxième belle histoire, c'est que maintenant, on peut en plus expliquer aux professionnels que le compostage permet de se connecter directement aux vivants. Et donc on est dans l'esprit régénératif et on a accepté d'accompagner le plaidoyer des collectivités publiques sur la responsabilité étendue des producteurs, puisque sur ce type de consommation, de produits à usage unique, il n'y a pas de REP. Et donc on est en train de poser notre plaidoyer sur l'intérêt aussi que la réglementation accompagne toute la capacité à mettre en œuvre des nouveaux circuits et une nouvelle responsabilité pour s'assurer qu'en fait les déchets sont bien maîtrisés.

  • SG

    Juste remercier Caro parce que je ne pensais pas du tout qu'on allait parler des couches. Oui, bien sûr. En plus, je suis sur moi, tu trépignes. Alors bon, je pense qu'on va passer toute la matinée. Je pensais qu'Eric Petrotto était le plus bavard. Mais là, à mon avis, entre toutes les deux, on en a pour la journée. Mais en tous les cas, merci parce que c'est vrai que c'est un exemple assez concret que tu parles. Donc, je sais qu'on sera résilient en couches. Donc ça, c'est génial. Bah oui. Allez Caro, à toi.

  • CD

    Allez, ma dernière. Après, je te laisse Stéphane, promis. Mais tu parlais aussi de coopération et une des choses qu'on met en avant à la CEC, c'est de travailler en sous-collectif avec des entreprises. qui n'ont pas du secteur pour faire naître peut-être des coopérations, des façons de travailler différemment. Et je sais que vous avez mis en place une coopération notamment avec l'Opéra Lyon, qui est un peu née de la CEC, et je voulais savoir si tu pouvais nous en parler un peu.

  • VV

    On a plein de projets de partenariats avec des acteurs de la Convention des entreprises pour le climat. Ça aussi peut-être, pour faire une parenthèse sur cette question. C'est un sujet qu'on met beaucoup en avant avec la métropole de Lyon. On a un accord cadre avec la métropole dont un des axes est la transition écologique. C'est de dire qu'en fait, des entreprises, quelles qu'elles soient, y compris des établissements publics, quand on est dans un mouvement de transformation pour être sur une approche plus vertueuse en matière de transition écologique, même d'aller sur un modèle régénératif, quand on dialogue les uns avec les autres, on va très vite à se comprendre. Parce qu'en fait, on court tous après le même objectif dans des façons de faire différentes. Une entreprise produit des biens ou des services, l'hôpital les consomme quand même essentiellement, mais en fait on converge vers des enjeux qui vont au-delà de la production de biens et de services ou de consommation de ressources, qui est en fait de réfléchir à la façon dont on consomme et à la façon dont on peut mieux consommer, finalement pour mieux réaliser la mission qui est la sienne. Et donc ça c'est un levier très puissant de transformation économique du territoire, et donc on le dit beaucoup, et on voit en fait que ça peut être très efficace dans les coopérations. Donc, on le fait avec quelques acteurs économiques avec lesquels on échange, y compris pour expérimenter peut-être des choses qui n'existent pas aujourd'hui dans la façon de produire, de vendre des services, de les consommer à l'échelle d'un acteur. L'hôpital est une forme de preuve de concept. Si ça fonctionne chez nous avec notre taille, c'est que ça doit pouvoir fonctionner ailleurs. Et effectivement, on a ouvert d'autres partenariats, entre autres avec le monde culturel. Donc, l'Opéra est un excellent exemple de ça pour faire converger à la voix nos réflexions, qu'est-ce que ça veut dire la transformation d'un service public en termes de transition écologique et sociale. On a des défis à relever ensemble, mais on a aussi une forme de responsabilité sociale forte. D'être service public, ça facilite sa raison d'être, mais en même temps ça oblige, et ça oblige notamment à penser le rôle que l'on a dans le lien social à l'échelle d'un territoire et en fait comment on contribue à faire société tous ensemble. Donc l'Opéra par sa mission culturelle, les Hospices Civils de Lyon par leur mission de santé. Et donc, on fait venir l'Opéra dans nos services pour faire le lien avec les patients. C'est des animations, des représentations qui sont toujours des expériences extraordinaires pour nos patients, mais aussi pour nos professionnels. Et puis, on crée aussi des liens entre professionnels, les artistes à l'Opéra, les acteurs du soin et de la prise en charge hospitalière aux Hospices Civils de Lyon. Effectivement, on a eu quelques belles rencontres à la fois sur des enjeux de métier, mais aussi parfois sur des choses peut-être plus ludiques, mais qui créent aussi du sens d'appartenance aux institutions et qui donnent de la valeur à la mission de service public qu'on assume tous, agents de l'Opéra ou agents des Hospices Civils de Lyon. Et on a effectivement eu la possibilité pour le cœur des Hospices Civils de Lyon de chanter sur une représentation de l'opéra aux Nuits de Fourvière, il y a un an et demi.

  • CD

    Ah oui, c'était aussi aux Nuits de Fourvière.

  • VV

    C'était extraordinaire. Et en fait, je pense que le plus extraordinaire, c'était de voir le sourire des membres du chœur des Hospices Civils de Lyon sur scène et de voir en fait ce que ça représentait à la fois de bonheur, de conscience que c'était une expérience exceptionnelle et qu'elle était permise parce que de grandes institutions publiques se parlent et construisent des projets ensemble.

  • SG

    Encore un bon exemple qui prouve la joie, la coopération, faire le pas de côté, penser autrement. C'est toute la CEC, en fait. C'est bien résumé. Alors, vous êtes très, très bavardes, toutes les deux. Ce que je propose, c'est peut-être de nous projeter dans l'avenir, c'est-à-dire dans dix ans, finalement, les Hospices Civils de Lyon. C'est quoi ?

  • CD

    Dans dix ans, l'exercice est à la fois une projection qu'on peut imaginer très futuriste, et en même temps, pour nous, c'est une réalité du moment, puisqu'on est en train de construire notre projet stratégique. On a fait le choix de le penser à horizon 2035, donc un peu plus loin que la feuille de route de la CEC et d'autres feuilles de route que l'on a souvent sur des horizons de 5 ans, pour essayer d'imaginer ce que seront les Hospices Civils de Lyon dans 10 ans, à la fois ce qu'ils seront dans leurs activités de soins, mais ce qu'ils seront aussi comme institutions, et donc de façon assez convergente, même si on est au milieu de la réflexion. On voit ce qui ressort des Hospices Civils de Lyon, c'est qu'ils seront un lieu de la grande technologie du soin, sans doute avec beaucoup d'environnements techniques, technologiques, numériques, qui permettront des prises en charge très poussées, très personnalisées, adaptées à la situation de chaque patient, avec des traitements qui permettront d'aller encore plus loin que ce qu'on arrive à faire aujourd'hui, mais avec la conscience très fortement portée par nos professionnels, par les étudiants qui nous accompagnent dans la réflexion, par les patients que l'on a mobilisés également, nombreux, des patients partenaires, des représentants des usagers, des représentants d'associations, que l'hôpital n'aura de sens que s'il reste fondamentalement humain, fondamentalement centré sur la relation à l'autre, et s'il a réussi à faire sa transformation environnementale et sociale. Donc ce qui nous donne la confirmation que ce sur quoi on s'est engagé ces dernières années, c'est ce qu'il faut continuer de poursuivre. Je le dis de temps en temps aux équipes autour de moi, l'image rêvée des Hospices Civils de Lyon en 2035, ça pourrait être un hôpital 100 % transformé, complètement recyclable, en capacité de dire qu'il s'est inscrit par exemple dans une dynamique d'économie circulaire et que finalement, plutôt que d'être dans une logique qui est beaucoup la nôtre, y compris pour des questions d'hygiène et de sécurité des soins, d'acheter, de consommer, de jeter, qu'on ait complètement repensé nos façons de faire. Il y a des hôpitaux qui ont déjà pris ce virage-là dans d'autres pays que la France, donc c'est possible. Et qu'on ait une forme de fierté à se dire qu'à la fois, on sera très puissant dans les soins, très fort dans la construction de la relation à l'autre, que ce soit avec les patients ou entre les professionnels au sein de nos équipes et qu'en plus on aura un effet de synergie avec l'environnement qui garantira qu'on continue à penser le bien-être sur le territoire et la présentation de ce qui est l'essentiel, c'est-à-dire le lien avec le vivant.

  • SG

    Virginie, on pourrait terminer là-dessus, mais quand même, je vais poser une dernière question. Parce qu'il y a beaucoup de questions que je n'ai pas pu poser, mais ce sera l'occasion d'une deuxième version. Tu as le sourire, qu'est-ce qui te rend confiante pour l'avenir ? Confiante, plutôt.

  • VV

    Je suis d'un naturel optimiste, donc j'essaye toujours de voir ce qui donne envie d'avancer, de se dire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, même si, évidemment, le contexte du moment, de temps en temps amène à quelques questions. En fait, on dit souvent qu'avec l'urgence climatique, soit on n'a plus le choix parce que c'est trop tard, soit on a encore le choix parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut transformer si en fait on agit tous avec les capacités qui sont les nôtres. Et quand je vois l'énergie des professionnels aujourd'hui, la fierté qu'ils peuvent avoir de s'engager sur des démarches de transition écologique et sociale et de dire que ça fait sens dans le quotidien, ça fait sens dans leur relation avec les patients. On a trouvé la bonne manière d'avancer pour s'assurer que demain, on aura un hôpital plus vertueux qui continuera à soigner aussi bien qu'il le fait aujourd'hui. On peut même poser l'hypothèse qu'il le fera mieux avec des agents, les 24 000 collaborateurs des hospices qui auront le sentiment que ce qu'ils font, c'est juste. C'est adapté et c'est efficace pour la planète. Donc, avec cette conviction-là, on peut continuer de pousser des montagnes, même si parfois les montagnes ne sont pas très hautes. Mais en se disant qu'avec ce qui se passe sur le territoire, les relations très fructueuses qu'on a avec beaucoup d'acteurs du territoire, on a une capacité de faire qui est réelle.

  • SG

    Écoute Virginie, je te remercie. Caro, non, c'est bon, tu n'as plus d'autres questions ?

  • CD

    Non, merci Virginie pour tous ces exemples. Voilà, moi, je retiens cette image de l'ancrage dans le territoire et ce lien au vivant, au-delà de juste les hommes et les femmes, même le territoire, la biodiversité. Je sais que vous en avez beaucoup parlé. Donc, je trouve que ça rejoint cette idée du régénératif qu'on fera forcément via le territoire et dans le territoire ensemble.

  • SG

    Merci. Je terminerai par une citation qui est finalement assez adaptée de tout ce que tu viens de nous dire. C'est une citation de Kofi Annan, qui était le 24 septembre 2001, qui a dit La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat. Donc encore merci Virginie et merci Caro. Avec plaisir. A bientôt.

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Description

Les Hospices Civils de Lyon sont le 2ème hôpital français. Avec 24 000 femmes et hommes, soignants et non-soignants, ils remplissent une triple mission : le soin, la recherche et l'enseignement. Engagée depuis longtemps sur ces questions, Virginie découvre à la CEC le concept de régénératif, qui résonne en elle avec la conviction qu’il faut s'occuper de préserver tout ce qui nous entoure et renouer le lien avec le vivant. Au-delà de la démarche d'engagement de l'ensemble de l'hôpital, ce sont aussi l’ensemble des parties prenantes (partenaires publics et économiques, territoire, patients, étudiants…) qui ont été considérées pour écrire une feuille de route ambitieuse. Avoir un cap, mettre en place des coopérations, transformer un service public et repenser son rôle social, oser expérimenter de nouvelles pratiques (avec des couches pour bébé par exemple… !), les HCL ont été et sont, le moteur de vrais changements sur leur territoire, et d’exemple au-delà.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors il faisait un peu froid, mais bon, je suis venu aux 3 Quai des Célestins à Lyon pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'une institution lyonnaise, deux siècles. Je fais un peu de teasing. Les Hospices Civils de Lyon, et cette dirigeante, c'est Virginie Valentin, directrice générale adjointe des HCL, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Virginie, bonjour. Bonjour Stéphane. Écoute, tu as une vue magnifique de ton bureau, c'est top. Je te propose qu'on suit toi, même si on s'est côtoyés plusieurs fois. Alors bon, aujourd'hui, on a quand même la chance d'avoir une consultante de luxe, alors je fais attention à ce que je vais dire, puisqu'on a Caroline avec nous. Caroline, bonjour. Bonjour.

  • VV

    Caroline, moi je suis copilote de la Convention des Entreprises pour le Climat sur le bassin lyonnais et les Alpes avec Marianne.

  • SG

    Voilà. Et Caroline, elle va nous accompagner tout au long de l'interview. Merci.

  • CD

    Oui, parce que j'ai eu la chance d'accompagner Virginie et les HCL l'année dernière dans mon collectif.

  • SG

    Alors, les Hospices Civils de Lyon, je l'ai dit, c'est deux siècles d'histoire. C'est le deuxième centre hospitalier universitaire français. C'est 13 sites. Alors, c'est des disciplines à la fois médicales, chirurgicales. C'est une triple mission. Le soin, la recherche et l'enseignement. Et surtout, c'est 23000 femmes et hommes, soignants, non-soignants. Là, on sent déjà la coopération en fait. Donc, j'ai pris une phrase pour l'introduction que j'ai trouvée dans votre feuille de route, qui est assez dense, intéressante. "Si l'action de transition écologique des HCL s'est accélérée depuis deux ans, il est aujourd'hui évident qu'il faut d'urgence aller plus loin, partager les connaissances scientifiques en interne, donner la possibilité à chacun d'agir concrètement, impliquer nos fournisseurs et partenaires, penser l'engagement des HCL plus profond et plus ouvert sur le territoire, pour déplacer les projets RSE déjà initiés, et obtenir plus de résultats et surtout plus d'impact sur le changement climatique." Ça nous donne le ton, donc Virginie, je te propose déjà de nous présenter les HCL.

  • VV

    Alors, je fais le choix de présenter les Hospices Civils de Lyon en décrivant ce qu'ils font chaque jour. Chaque jour, ils accueillent 3500 patients, ils assurent 5000 consultations, ils accueillent également 28 bébés qui naissent dans leurs trois maternités et environ 700 patients dans les services d'urgence, patients adultes et enfants qui sont pris en charge à l'hôpital Femmes Mères Enfants, c'est 23 000, même 24 000 collaborateurs. Et puis, parce qu'on a une mission de formation en partenariat avec l'université Claude Bernard Lyon 1, c'est aussi 6 000 étudiants qui sont en stage dans nos services. Étudiants en santé, c'est-à-dire des étudiants de médecine, de pharmacie, d'odontologie, étudiants sage-femme et aussi tous les étudiants des métiers du soin, ce qui est un lien très fort pour venir sur le sujet de la transition écologique et sociale, puisque... À la fois, on travaille avec les professionnels d'aujourd'hui, mais on prépare les professionnels de demain, ceux qui seront dans nos services, mais aussi ceux qui seront sur le territoire. Et donc, si on devait avoir une responsabilité, en fait, on pourrait la mettre au pluriel, pour dire qu'on est à la fois responsable de ce que l'on fait, de la façon dont on accompagne nos professionnels, et de la façon dont on prépare ceux qui prendront soin de nous demain.

  • SG

    Déjà une belle introduction, on démarre fort, Virginie. Toi, tu es qui alors, Virginie ? Quand même, ça nous intéresse de savoir.

  • VV

    Je suis une directrice d'hôpital formée dans la seule école nationale qui est à Rennes, qui forme tous les directeurs des hôpitaux publics. C'est un choix que j'ai fait étudiante, un choix de conviction, à la fois pour travailler dans un cadre d'intérêt général et puis pour être au service, au service des personnes quand elles ont des fragilités de santé, par le rôle qui est le mien en tant que directrice, mais aussi au service des professionnels. Ma conviction c'est que quand on est directeur ou directrice, dirigeant ou dirigeante d'une entreprise, on est aussi au service et on est en accompagnement de tous les professionnels qui travaillent dans son établissement. Donc j'ai commencé très jeune, j'ai une carrière, peut-être c'est la particularité plus que pour d'autres collègues, d'avoir travaillé dans de nombreux établissements, essentiellement des hôpitaux universitaires, dans plusieurs régions françaises. Je suis à Lyon depuis trois ans et demi. Avant d'arriver à Lyon, j'ai fait un petit détour par le Ministère de la Santé pour travailler pendant trois ans au service des Agences Régionales de Santé qui sont en Outre-mer. Ce qui m'a donné l'occasion de comprendre les sujets d'accès aux soins, d'égalité d'accès aux soins et de qualité de soins sur des territoires qui sont passionnants, les territoires d'Outre-mer, Antilles, Océan Indien, Guyane, de comprendre les enjeux, et ce que ça représente en termes de responsabilité. Et ce n'est pas anodin dans la vision aussi de ce qu'est un engagement de transition écologique et sociale pour un établissement. Evidemment, à Lyon, le terrain de jeu est assez extraordinaire, donc on a beaucoup de choses à faire, mais de toujours penser qu'en fait, on agit dans un sens qui est de permettre à tout un chacun d'accéder aux soins, quel que soit son besoin, quelle que soit sa situation personnelle, quels que soient ses choix. Et ça oblige d'autant en ayant vu... des enjeux évidemment beaucoup plus aigus sur des territoires qui ont notamment des difficultés à attirer des professionnels de santé pour répondre aux besoins de la population.

  • SG

    C'est clair. Alors là, on a parlé de l'accès aux soins. Maintenant, évidemment, ce qui va m'intéresser, c'est comment on accède au régénératif. Alors Virginie, comment tu tombes dans ce sujet ?

  • VV

    Alors en fait, je vais remonter un peu loin dans l'histoire. En 2008, à ce moment-là, je suis toute jeune maman. Je rentre de mon congé maternité, je travaille au CHU de Bordeaux et le directeur général me demande de prendre en charge un engagement de développement durable au sein de l'établissement, dans une dynamique territoriale très portée à l'époque par la ville de Bordeaux et par son maire qui est Alain Juppé. Et donc je sors de son bureau en me demandant ce qu'il m'avait demandé, quel était ce sujet de développement durable. Finalement quand on fait de la santé, on fait du soin, on a tellement... une évidence de mission, qu'il n'y a pas de raison de se questionner sur comment on l'a fait. Donc j'ai eu la chance de recruter un collaborateur qui m'a tout appris sur ce qu'est le développement durable. Et en fait, assez vite, j'ai trouvé qu'il y avait un sens très fort et très profond avec la santé. Donc, le CHU de Bordeaux a été le premier hôpital public et surtout le premier hôpital universitaire à s'inscrire dans cette démarche. Il est assez exemplaire dans les actions qu'il mène. J'ai porté le sujet pendant huit ans. Et ensuite, j'ai quitté Bordeaux et j'ai été directrice des ressources humaines dans un autre CHU à Montpellier. Et là, en fait, j'ai compris ce que c'était le développement durable décliné dans le champ social, ce qu'on commençait déjà à appeler la responsabilité sociale et environnementale sur toute la dimension qualité de vie, qualité de vie au travail, mais en fait qualité de vie aussi sur un territoire et donc ce que ça veut dire pour les patients. Et donc quand je suis arrivée à Lyon comme directrice générale adjointe, l'avantage c'est que c'est le cœur du réacteur de la décision et donc le directeur général a souhaité qu'on accélère le travail fait sur sur la transition sociale et environnementale, et donc m'a confié en responsabilité directe, comme directrice générale adjointe, le pilotage de toute la démarche, avec une chargée de mission qui est en appui de cette fonction. Ca a un avantage, c'est que tout ce qui est demandé, l'est par la direction générale, ce n'est pas anodin, on y reviendra peut-être sur la façon d'embarquer une dynamique d'entreprise ou d'établissement. Et donc, comme les hospices avaient déjà une action, en regardant ce qu'ils faisaient, on a fixé un cap interne. Et puis, je trouvais qu'il manquait sans doute quelque chose. Et donc, réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour aller un peu plus loin que s'occuper de la mobilité, s'occuper de l'énergie, s'occuper de l'eau. Tout ça, c'est très important, mais peut-être qu'il faut qu'on fasse un peu plus que ça pour être impactant. Et il y a à peu près deux ans, en écoutant la radio le matin, comme tous les matins, France Inter pour ne pas la citer, j'entends le témoignage des premiers dirigeants ou des premières dirigeantes qui présentaient leur expérience de la Convention des entreprises pour le climat national, disant en fait tout ce que ça amenait de vision élargie et de capacité à s'engager plus loin. Et donc je me dis, ça c'est intéressant, je ne l'avais pas remarqué, est-ce qu'un hôpital public pourrait s'inscrire dans la Convention ? nationale s'il y a une deuxième édition et là évidemment le monde est magique, c'est exactement en posant la question que je me rends compte qu'une première déclinaison régionale va se faire sur le bassin lyonnais et donc je suis rentrée dans le bureau du directeur général en lui disant je crois qu'en fait on a quelque chose à faire. Et c'est comme ça qu'en échangeant avec l'équipe de la CEC on a été convaincu qu'en fait c'était la manière de s'embarquer et là... nouvelles découvertes, développement durable d'abord, responsabilité sociale et environnementale, et l'engagement régénératif. Ça nous a beaucoup interrogé, moi ça m'a beaucoup questionné, qu'est-ce que ça veut dire ? Et finalement, est-ce que c'est ça aller plus loin ? Et aujourd'hui, deux ans plus tard, je vais dire oui, en fait, c'est ça aller plus loin, c'est-à-dire non seulement maîtriser ses impacts, réfléchir à comment faire mieux en ayant moins d'incidence sur l'environnement, et finalement se dire on peut vraiment aller plus loin et en fait faire encore mieux, et générer des impacts positifs et surtout renouer le lien avec le vivant. C'est-à-dire se rappeler que finalement, quand on est un hôpital, ce sont des hommes et des femmes qui travaillent pour des hommes et des femmes qui en ont besoin, qui utilisent beaucoup de ressources et notamment beaucoup de ressources naturelles. Et qu'en fait, quand on réfléchit à ce que l'on fait, finalement, il faut qu'on s'occupe de préserver aussi tout ce qui nous entoure parce que c'est la condition de la bonne santé ou en tout cas de la capacité à récupérer de pathologies, quand on est malade, on sait l'incidence que l'environnement, la nature peuvent avoir sur les parcours de soins et de santé des patients. Donc ça devient évident que le régénératif, en fait, c'est notre raison d'être, comme d'autres entreprises. Et c'est peut-être ça qui a été le plus impactant sur le parcours, c'est de comprendre que c'était évident pour nous, mais ça l'était pour beaucoup d'entreprises et qu'en fait, il y a beaucoup de synergies entre le monde politique, Évidemment, le monde citoyen, ce que nous sommes tout un chacun, le monde public et le monde économique. Et qu'en fait, si on se lie tous ensemble, on est capable de pousser beaucoup de sujets, de transformer le monde, même si l'urgence climatique peut avoir quelque chose d'un peu inquiétant.

  • SG

    Justement, c'est intéressant. Comment vous allez transformer le monde ? Finalement, votre feuille de route, elle est publique, on peut l'avoir. Mais peut-être que tu peux nous expliquer un petit peu le cap, les leviers,pour qu'on comprenne bien.

  • VV

    En fait, le premier alignement, c'est la CEC Bassin Lyonnais qui se déclenche au moment où je suis attirée par cette idée de convention des entreprises pour le climat au niveau national. Le deuxième alignement de planète, c'est qu'en fait, on était en train de réfléchir. à la façon de marquer notre engagement. Je suis profondément convaincue que pour porter une démarche efficace, il faut au moins trois ingrédients. Le premier, c'est avoir un cap clair. Le deuxième, c'est entrer en capacité de le faire partager par les équipes et donc avoir une dynamique d'établissement et pas une dynamique de dirigeant. C'est la première condition, mais elle n'est pas suffisante. Et la troisième, c'est qu'il faut être capable de rendre compte, être transparent y compris pour dire qu'on a porté des objectifs qu'on n'a pas atteints ou qu'on a tenté des projets qui n'ont pas eu l'impact que l'on voulait dire. Et donc, on était au moment où on se disait finalement, on a un cap très interne, mais grâce à la CEC, on devrait sans doute pouvoir aller plus loin. Et il faut qu'on soit en capacité de le démontrer et de dire comment on va rendre compte de ce que l'on fait. Donc, on s'était inscrit dans la définition de notre cadre d'engagement stratégique des Hospices Civils de Lyon, qui a été validé par le conseil de surveillance de l'établissement fin 2023. Et en fait, on a cheminé à trois niveaux. La feuille de route de la CEC, elle-même inscrite dans la réflexion sur le cadre d'engagement stratégique des hospices civils de Lyon. Et en parallèle, ou en même temps, on s'est engagé dans la démarche Lyon 2030 sur le programme européen de villes climatiquement neutres à horizon 2030. Et donc, on avait exprimé le souhait d'être un acteur parmi beaucoup d'autres, mais un acteur de cette démarche à l'échelle du territoire de Lyon. Et en fait, on a fait converger nos trois feuilles de route qu'on a éclairées de notre bilan carbone et de la stratégie de décarbonation pour se dire en fait, tout ça ne fait qu'une seule dynamique. Et donc, notre feuille de route de la CEC sera la traduction à la fois de notre cadre d'engagement stratégique, mais aussi de ce qu'on a appris de notre bilan carbone et de la façon dont on veut orienter notre trajectoire de décarbonation. Et donc, du coup, ça a tout de suite fait sens sur la manière de porter cette feuille de route, en se disant en fait que cette veille de route, elle devait couvrir à la fois un enjeu d'impact régénératif sur le territoire, donc d'interroger la façon dont nous consommons les ressources, qu'elle devait être orientée sur la nécessité de mobiliser. Et donc, on en a fait deux leviers de transformation, notre mobilisation interne avec nos professionnels, nos étudiants et notre lien avec les parties prenantes. Et je pourrais éventuellement revenir sur le lien notamment très important avec les patients et comment en fait on en fait un projet qui est un projet porté avec ceux pour lesquels nous travaillons au quotidien et de considérer que dans la façon de transformer les choses, il fallait aussi qu'on puisse contribuer à la connaissance, parce que la connaissance permet de mieux accompagner la mise en mouvement et l'action. Et donc on a également utilisé le levier de notre mission de recherche pour se dire qu'il fallait qu'on s'inscrive dans la mesure d'impact environnemental des activités de soins, la capacité à en faire des publications scientifiques et donc à faire savoir dans nos propres équipes, mais aussi à l'échelle nationale. Et c'est un sujet qu'on essaye de porter aussi aujourd'hui beaucoup. C'est comment, parce qu'on est le deuxième hôpital de France, et donc on est très visible.

  • SG

    Très regardé aussi.

  • VV

    On est très regardé. En fait, on a un effet à la fois d'exemplarité, évidemment, c'est très ambitieux de le dire comme ça, mais en tout cas, on montre que c'est possible. Mais aussi, on a des actions de lobbying et donc on agit à plein de niveaux, soit avec les collectivités locales, comme on est en train de le faire depuis quelques semaines, soit avec un certain nombre de sociétés savantes scientifiques, auprès du gouvernement du Ministère de la Santé.

  • CD

    Mais c'est vrai que ce sujet de lier les... Déjà, par votre pouvoir d'exemplarité, moi je trouve que c'est puissant de voir qu'un grand employeur de la région, comme vous, les HCL, et aussi le deuxième hôpital de France, s'engage dans la démarche. Je trouve qu'il y a quelque chose qui touche aussi aux citoyens, au personnel, de dire que le monde de la santé est le monde de... Comment on fait en sorte que les écosystèmes aillent bien, que tout ça se concilie ? Je trouve qu'il y a un message assez fort d'espoir sur le lien avec ces sujets. Et ça, ça marque quand on lit votre feuille de route, je trouve. Et d'entendre que malgré tous les chantiers de l'hôpital, on peut aussi s'engager dans ce chantier-là et faire sens. Et je trouve que votre démarche notamment d'engagement de l'ensemble de l'hôpital et de vos parties prenantes et particulièrement intéressantes, et notamment grâce à une rencontre peut-être qui a changé ta vision des choses à la session 1. Je parle d'Heïdi Sévestre, peut-être que tu peux nous en dire un peu plus de comment tu as embarqué tout le monde aussi dans cet enjeu et dans cette vision.

  • VV

    L'apport principal pour moi de la Convention des entreprises pour le climat, c'est la dimension d'ouverture sur le fait qu'on est acteur soi-même des changements qu'on veut impulser. Alors évidemment, on peut toujours se dire qu'il faut regarder une mise en mouvement générale, et qu'on attend que tous les autres s'activent pour s'activer soi-même. Moi, je suis assez convaincue qu'en fait, on est chacun responsable et acteur d'une part, et que finalement, quand on prend sa responsabilité d'avancer, et qu'on regarde comment l'écosystème avance à côté de soi, c'est une bonne manière de créer des synergies. Et la Convention des entreprises pour le climat, elle a ouvert cette porte, et c'est là que "le aller plus loin qu'est-ce que ça veut dire ? faire encore plus que travailler sur son propre périmètre, c'est de dire que finalement, l'impact positif, on peut l'avoir soi-même, mais en fait, on ne peut pas l'avoir tout seul si on n'est pas dans une mise en mouvement à l'échelle locale, à l'échelle du territoire, parce que c'est vraiment là que ça fait sens. Et la Convention des Entreprises pour le Climat, elle nous a donné la vision qu'en fait, en s'arrimant avec les dynamiques des autres partenaires, évidemment les partenaires publics, ceux-là, on les voyait assez bien. Je pense que ce qu'on... méconnaissait quand même assez largement, c'est la dynamique des partenaires économiques et ce qu'on est capable aussi de faire. Les Hospices Civils de Lyon, c'est 900 millions d'euros achetés tous les ans et donc avec quand même beaucoup de fournisseurs qui sont des fournisseurs locaux. Et donc comment en fait on comprend ce qui se passe pour intégrer ça dans nos propres exigences d'achat mais comment on comprend aussi, on fait comprendre ce que l'on a envie de transformer de nos propres consommations et de nos propres organisations pour créer une capacité d'acteur économique à y répondre. Et donc, la sève aussi, elle ouvre ça. Et en le ramenant à ce que nous sommes, 24 000 collaborateurs, c'est 24 000 citoyens. Les trois quarts de nos agents vivent sur le territoire de la métropole de Lyon. Ce qui veut dire qu'en fait, il y a un fil conducteur, moi je crois, beaucoup à la cohérence d'ensemble, de se dire qu'en fait, quand on est salarié des Hospices Civils de Lyon, mais comme on est salarié de n'importe quelle structure publique ou privée, on est aussi citoyen, on est souvent acteur, associatif ou autre. Et donc comment on crée en fait cet effet de rebond où dans son environnement professionnel, il y a une cohérence d'action qui permet de faire écho à une cohérence d'action comme citoyen, puis peut-être à une cohérence d'action comme acteur engagé dans une association, dans une dynamique, quelle qu'elle soit. Et ça permet de se dire que si on est capable de le faire avec nos professionnels, et si je rajoute les 6000 étudiants, ça fait encore une communauté plus grande, ça veut dire qu'on a un effet d'impact qui peut se démultiplier. on se mette en résonance avec ce qui se passe sur le territoire pour que l'effet déco que l'on veut créer, il s'organise bien avec les stratégies portées par les villes, par la métropole, par les autres entreprises. Et donc cet effet synergique, il est hyper puissant. Et donc on joue beaucoup sur le fait que la démarche aux Hospices civils de Lyon n'aura véritablement d'impact et donc elle ne sera vraiment régénérative qu'à partir du moment où on aura 24000 ambassadeurs de la démarche et 24000 acteurs qui la portent, et que ces 24000 acteurs qui portent des actions à l'intérieur de l'établissement, ils sauront aussi les prolonger, ou ils sauront les faire venir à l'hôpital depuis leur propre engagement de citoyens. Donc c'est une manière de se dire qu'on travaille tous à l'amélioration de la qualité de vie sur le territoire. C'est vraiment ça la philosophie, et je pense que la CEC a augmenté cette vision-là, qui était très centrée sur notre propre responsabilité d'établissement de santé, et aujourd'hui qu'on regarde comme une responsabilité d'un acteur parmi d'autres de l'engagement territorial et sans être excessivement flatteuse à l'égard des Hospices Civils de Lyon. Aujourd'hui, quand je regarde ce qui se passe dans les autres établissements hospitaliers, notamment les autres hôpitaux universitaires en France, on est sans doute l'établissement où le CHU ayant le plus travaillé son ancrage sur le territoire. Je suis convaincue que c'est comme ça qu'il faut qu'on continue d'avancer. C'est comme ça que nos professionnels disent qu'ils trouvent du sens à ce qu'on est en train de porter en matière de transition écologique et sociale.

  • SG

    Ça, c'est le message. Mais souvent, je parle de barque. Là, je vais parler de paquebot, parce que c'est quand même un paquebot. Je veux dire, il faut être honnête. Pour mettre en mouvement un paquebot, c'est quand même compliqué. Du coup, comment tu fais pour embarquer concrètement les équipes ?

  • CD

    Alors, on travaille sur trois niveaux. Le premier, c'est le cap. J'y reviens toujours, parce qu'en fait, c'est important de dire ce qu'on veut faire et d'avoir de la crédibilité et de la sincérité dans la façon dont on dit ce que l'on veut faire. En fait, c'est le premier déclic de l'engagement. Le deuxième, c'est de considérer qu'en fait, beaucoup de nos transformations, si on prend les questions de la mobilité, les questions de l'énergie, les questions de l'eau, les questions des déchets, les questions des achats, correspondent à la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs qui sont en responsabilité. Les acheteurs, les techniciens, les ingénieurs. Et donc, comment on fait que les directions qui ont en responsabilité ces sujets, elles se mettent en mouvement, elles aient leur propre feuille de route déclinée de la stratégie environnementale des hospices ? Et ensuite ? Et c'est le troisième niveau et de mon point de vue c'est le plus important, c'est comment on fait pour que les professionnels, chacun des 24 000 collaborateurs, se sentent en capacité d'être acteurs à son niveau de la démarche de transition écologique. Donc on l'a fait de plusieurs façons. D'abord on a fait le choix d'avoir un partenariat avec la Fresque du Climat pour former des professionnels. D'ailleurs on a formé des professionnels à être formateurs pour la Fresque du Climat, de façon à faire cette sensibilisation large. qui permet de comprendre, et donc d'avoir envie d'agir et ensuite de donner la possibilité d'agir. Et donc pour ça, au-delà d'avoir un cap clair, il faut donner des moyens, et donc depuis quatre ans, tous les ans, on ouvre un appel à projets internes sur la transition écologique et sociale en proposant aux équipes qui le souhaitent de porter des projets à leur échelle, généralement dans leur périmètre de service, pour accompagner la transition écologique et sociale. Et depuis deux ans, on a orienté en fait... le financement de ces projets - donc l'appel à projets, c'est 200 000 euros chaque année - Donc on a orienté les projets sur ce qu'on appelle l'éco-conception des soins, c'est-à-dire la façon dont les services soignants ou les services supports qui accompagnent les services soignants repensent les pratiques de soins, repensent la prise en charge des patients pour être plus vertueux d'un point de vue environnemental et social. Et ça marche très bien. Et pour que ça marche encore mieux, il faut faire savoir, il faut valoriser, c'est très important de valoriser le travail des équipes. Et donc depuis deux ans, on a installé chaque année un rendez-vous annuel qui s'appelle le colloque de transition écologique et sociale des Hospices Civils de Lyon. Et on vient faire pitcher des équipes qui viennent rapporter leur expérience. Et on l'a fait il y a deux semaines pour l'année 2024, et en fait, ce qui était vraiment extraordinaire à voir. comme directrice générale adjointe des hospices, c'est d'entendre pendant une heure et demie une dizaine d'équipes venir pitcher sur des projets avec à chaque fois à la fin, une impression de très grande fierté de la démonstration faite qu'à son échelle c'est possible d'agir, qu'il y a une fierté d'être aux HCL parce que les HCL le rendent possible pour les équipes. Et donc si j'avais une vision idyllique, ça serait de dire dans quelques années il faudrait qu'en fait dans tous les services des hospices civils de Lyon, à l'échelle de toutes les équipes, chacune vit en fait cette expérience de porter son projet, d'avoir été accompagnée par l'institution et d'avoir transformé en fait le quotidien dans un sens qui est plus vertueux pour l'environnement et pour la dynamique sociale. Et cette journée d'il y a deux semaines, elle avait une saveur du coup particulière, c'est ça ce que tu nous disais tout à l'heure ? Elle avait une saveur particulière puisqu'on a invité Heïdi Sevestre à venir témoigner sur les enjeux de la transition écologique et l'impact que ça a notamment sur les glaciers comme c'est la spécialiste scientifique de cette question. Et elle a, avec l'énergie qui est la sienne, mais surtout avec un témoignage extrêmement crédible et des informations faciles à suivre et à comprendre, dit les enjeux du changement climatique et dit surtout les possibilités qu'on a encore de se dire qu'on peut construire un monde qui soit désirable. Et donc ça a donné encore plus envie aux équipes d'agir en prenant conscience qu'en fait on n'agit jamais que dans le périmètre qui est le sien avec les moyens, la capacité que l'on a mais rien qu'à faire ça c'est déjà beau. J'avais deux questions pour toi par rapport à ce que tu disais tout à l'heure déjà une question sur tu parlais des achats et de liens avec le monde économique, je sais que vous avez travaillé notamment sur le marché des couches de l'hôpital, est-ce que tu pourrais juste nous donner une indication, un chiffre ça m'avait marqué, c'est pour ça que je parle avant de parler coopération.

  • VV

    C'est une belle histoire qui est en train de s'écrire avec un deuxième épisode que nous n'avions pas forcément anticipé. Il y a deux ans, les équipes des maternités et les équipes des achats ont souhaité travailler sur un nouveau marché pour les couches bébés - on en consomme un million par an, avec l'objectif que pour notamment lutter contre l'exposition perturbateur en gros d'Ocrénien des nouveaux-nés, on aille sur le choix de couches faites en produits naturels, sans aucune exposition chimique. Et donc, on a lancé un marché en pensant, à l'époque, qu'on n'aurait sans doute pas beaucoup de réponses et probablement pas la maille des HCL, c'est-à-dire ce volume à nous livrer tous les ans. Et la très belle surprise, donc la première belle histoire sur ce sujet, c'est que non seulement on a eu une réponse, mais en fait, on a même eu deux entreprises qui ont répondu, des entreprises françaises. Et donc, on a fait le choix de l'une plutôt que l'autre, en regardant l'impact environnemental du transport, pour essayer d'aller jusqu'au bout et se dire qu'en fait, on faisait le choix du produit et du fournisseur le plus vertueux rapporté aux engagements de transition écologique. Donc, ça fait deux ans qu'on utilise ces couches. Les professionnels sont très contents. Il y a une forte sensibilisation qui est permise de ce fait auprès des parents pour lutter contre l'exposition perturbateur endocrinien, en général, quand on est à la maison. Et il y a six mois maintenant, la ville de Lyon, la métropole, ont tapé à notre porte en disant, si vous alliez plus loin, et si vous participiez à l'expérimentation de compostage des couches bébés pour pouvoir produire du compost à destination des agriculteurs qui sont sur le territoire de la métropole. Donc ça nous a évidemment interpellé, on s'est dit comment est-ce qu'on peut attraper ce sujet-là, comment est-ce qu'on peut le traiter. On ne pourra le traiter que si on a des professionnels qui ont envie. Donc on s'est tourné vers nos maternités avec l'idée qu'on expérimente d'abord avec une maternité parce que c'est vraiment, là c'est des circuits très atypiques à mettre en œuvre et c'est vraiment une transformation de nos organisations. Donc il y a une maternité qui a dit banco, mobilisation très forte de l'équipe médicale, de l'équipe de sage-femmes, et de l'équipe soignante. Et donc, on va démarrer le 1er janvier une expérimentation, sur un périmètre évidemment plus réduit que le million de couches, mais avec l'idée qu'en fait, on touche a minima toutes nos maternités, c'est-à-dire à peu près 350 000 couches consommées chaque année. Et donc, ce qui nous vaut cette deuxième belle histoire, c'est que maintenant, on peut en plus expliquer aux professionnels que le compostage permet de se connecter directement aux vivants. Et donc on est dans l'esprit régénératif et on a accepté d'accompagner le plaidoyer des collectivités publiques sur la responsabilité étendue des producteurs, puisque sur ce type de consommation, de produits à usage unique, il n'y a pas de REP. Et donc on est en train de poser notre plaidoyer sur l'intérêt aussi que la réglementation accompagne toute la capacité à mettre en œuvre des nouveaux circuits et une nouvelle responsabilité pour s'assurer qu'en fait les déchets sont bien maîtrisés.

  • SG

    Juste remercier Caro parce que je ne pensais pas du tout qu'on allait parler des couches. Oui, bien sûr. En plus, je suis sur moi, tu trépignes. Alors bon, je pense qu'on va passer toute la matinée. Je pensais qu'Eric Petrotto était le plus bavard. Mais là, à mon avis, entre toutes les deux, on en a pour la journée. Mais en tous les cas, merci parce que c'est vrai que c'est un exemple assez concret que tu parles. Donc, je sais qu'on sera résilient en couches. Donc ça, c'est génial. Bah oui. Allez Caro, à toi.

  • CD

    Allez, ma dernière. Après, je te laisse Stéphane, promis. Mais tu parlais aussi de coopération et une des choses qu'on met en avant à la CEC, c'est de travailler en sous-collectif avec des entreprises. qui n'ont pas du secteur pour faire naître peut-être des coopérations, des façons de travailler différemment. Et je sais que vous avez mis en place une coopération notamment avec l'Opéra Lyon, qui est un peu née de la CEC, et je voulais savoir si tu pouvais nous en parler un peu.

  • VV

    On a plein de projets de partenariats avec des acteurs de la Convention des entreprises pour le climat. Ça aussi peut-être, pour faire une parenthèse sur cette question. C'est un sujet qu'on met beaucoup en avant avec la métropole de Lyon. On a un accord cadre avec la métropole dont un des axes est la transition écologique. C'est de dire qu'en fait, des entreprises, quelles qu'elles soient, y compris des établissements publics, quand on est dans un mouvement de transformation pour être sur une approche plus vertueuse en matière de transition écologique, même d'aller sur un modèle régénératif, quand on dialogue les uns avec les autres, on va très vite à se comprendre. Parce qu'en fait, on court tous après le même objectif dans des façons de faire différentes. Une entreprise produit des biens ou des services, l'hôpital les consomme quand même essentiellement, mais en fait on converge vers des enjeux qui vont au-delà de la production de biens et de services ou de consommation de ressources, qui est en fait de réfléchir à la façon dont on consomme et à la façon dont on peut mieux consommer, finalement pour mieux réaliser la mission qui est la sienne. Et donc ça c'est un levier très puissant de transformation économique du territoire, et donc on le dit beaucoup, et on voit en fait que ça peut être très efficace dans les coopérations. Donc, on le fait avec quelques acteurs économiques avec lesquels on échange, y compris pour expérimenter peut-être des choses qui n'existent pas aujourd'hui dans la façon de produire, de vendre des services, de les consommer à l'échelle d'un acteur. L'hôpital est une forme de preuve de concept. Si ça fonctionne chez nous avec notre taille, c'est que ça doit pouvoir fonctionner ailleurs. Et effectivement, on a ouvert d'autres partenariats, entre autres avec le monde culturel. Donc, l'Opéra est un excellent exemple de ça pour faire converger à la voix nos réflexions, qu'est-ce que ça veut dire la transformation d'un service public en termes de transition écologique et sociale. On a des défis à relever ensemble, mais on a aussi une forme de responsabilité sociale forte. D'être service public, ça facilite sa raison d'être, mais en même temps ça oblige, et ça oblige notamment à penser le rôle que l'on a dans le lien social à l'échelle d'un territoire et en fait comment on contribue à faire société tous ensemble. Donc l'Opéra par sa mission culturelle, les Hospices Civils de Lyon par leur mission de santé. Et donc, on fait venir l'Opéra dans nos services pour faire le lien avec les patients. C'est des animations, des représentations qui sont toujours des expériences extraordinaires pour nos patients, mais aussi pour nos professionnels. Et puis, on crée aussi des liens entre professionnels, les artistes à l'Opéra, les acteurs du soin et de la prise en charge hospitalière aux Hospices Civils de Lyon. Effectivement, on a eu quelques belles rencontres à la fois sur des enjeux de métier, mais aussi parfois sur des choses peut-être plus ludiques, mais qui créent aussi du sens d'appartenance aux institutions et qui donnent de la valeur à la mission de service public qu'on assume tous, agents de l'Opéra ou agents des Hospices Civils de Lyon. Et on a effectivement eu la possibilité pour le cœur des Hospices Civils de Lyon de chanter sur une représentation de l'opéra aux Nuits de Fourvière, il y a un an et demi.

  • CD

    Ah oui, c'était aussi aux Nuits de Fourvière.

  • VV

    C'était extraordinaire. Et en fait, je pense que le plus extraordinaire, c'était de voir le sourire des membres du chœur des Hospices Civils de Lyon sur scène et de voir en fait ce que ça représentait à la fois de bonheur, de conscience que c'était une expérience exceptionnelle et qu'elle était permise parce que de grandes institutions publiques se parlent et construisent des projets ensemble.

  • SG

    Encore un bon exemple qui prouve la joie, la coopération, faire le pas de côté, penser autrement. C'est toute la CEC, en fait. C'est bien résumé. Alors, vous êtes très, très bavardes, toutes les deux. Ce que je propose, c'est peut-être de nous projeter dans l'avenir, c'est-à-dire dans dix ans, finalement, les Hospices Civils de Lyon. C'est quoi ?

  • CD

    Dans dix ans, l'exercice est à la fois une projection qu'on peut imaginer très futuriste, et en même temps, pour nous, c'est une réalité du moment, puisqu'on est en train de construire notre projet stratégique. On a fait le choix de le penser à horizon 2035, donc un peu plus loin que la feuille de route de la CEC et d'autres feuilles de route que l'on a souvent sur des horizons de 5 ans, pour essayer d'imaginer ce que seront les Hospices Civils de Lyon dans 10 ans, à la fois ce qu'ils seront dans leurs activités de soins, mais ce qu'ils seront aussi comme institutions, et donc de façon assez convergente, même si on est au milieu de la réflexion. On voit ce qui ressort des Hospices Civils de Lyon, c'est qu'ils seront un lieu de la grande technologie du soin, sans doute avec beaucoup d'environnements techniques, technologiques, numériques, qui permettront des prises en charge très poussées, très personnalisées, adaptées à la situation de chaque patient, avec des traitements qui permettront d'aller encore plus loin que ce qu'on arrive à faire aujourd'hui, mais avec la conscience très fortement portée par nos professionnels, par les étudiants qui nous accompagnent dans la réflexion, par les patients que l'on a mobilisés également, nombreux, des patients partenaires, des représentants des usagers, des représentants d'associations, que l'hôpital n'aura de sens que s'il reste fondamentalement humain, fondamentalement centré sur la relation à l'autre, et s'il a réussi à faire sa transformation environnementale et sociale. Donc ce qui nous donne la confirmation que ce sur quoi on s'est engagé ces dernières années, c'est ce qu'il faut continuer de poursuivre. Je le dis de temps en temps aux équipes autour de moi, l'image rêvée des Hospices Civils de Lyon en 2035, ça pourrait être un hôpital 100 % transformé, complètement recyclable, en capacité de dire qu'il s'est inscrit par exemple dans une dynamique d'économie circulaire et que finalement, plutôt que d'être dans une logique qui est beaucoup la nôtre, y compris pour des questions d'hygiène et de sécurité des soins, d'acheter, de consommer, de jeter, qu'on ait complètement repensé nos façons de faire. Il y a des hôpitaux qui ont déjà pris ce virage-là dans d'autres pays que la France, donc c'est possible. Et qu'on ait une forme de fierté à se dire qu'à la fois, on sera très puissant dans les soins, très fort dans la construction de la relation à l'autre, que ce soit avec les patients ou entre les professionnels au sein de nos équipes et qu'en plus on aura un effet de synergie avec l'environnement qui garantira qu'on continue à penser le bien-être sur le territoire et la présentation de ce qui est l'essentiel, c'est-à-dire le lien avec le vivant.

  • SG

    Virginie, on pourrait terminer là-dessus, mais quand même, je vais poser une dernière question. Parce qu'il y a beaucoup de questions que je n'ai pas pu poser, mais ce sera l'occasion d'une deuxième version. Tu as le sourire, qu'est-ce qui te rend confiante pour l'avenir ? Confiante, plutôt.

  • VV

    Je suis d'un naturel optimiste, donc j'essaye toujours de voir ce qui donne envie d'avancer, de se dire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, même si, évidemment, le contexte du moment, de temps en temps amène à quelques questions. En fait, on dit souvent qu'avec l'urgence climatique, soit on n'a plus le choix parce que c'est trop tard, soit on a encore le choix parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut transformer si en fait on agit tous avec les capacités qui sont les nôtres. Et quand je vois l'énergie des professionnels aujourd'hui, la fierté qu'ils peuvent avoir de s'engager sur des démarches de transition écologique et sociale et de dire que ça fait sens dans le quotidien, ça fait sens dans leur relation avec les patients. On a trouvé la bonne manière d'avancer pour s'assurer que demain, on aura un hôpital plus vertueux qui continuera à soigner aussi bien qu'il le fait aujourd'hui. On peut même poser l'hypothèse qu'il le fera mieux avec des agents, les 24 000 collaborateurs des hospices qui auront le sentiment que ce qu'ils font, c'est juste. C'est adapté et c'est efficace pour la planète. Donc, avec cette conviction-là, on peut continuer de pousser des montagnes, même si parfois les montagnes ne sont pas très hautes. Mais en se disant qu'avec ce qui se passe sur le territoire, les relations très fructueuses qu'on a avec beaucoup d'acteurs du territoire, on a une capacité de faire qui est réelle.

  • SG

    Écoute Virginie, je te remercie. Caro, non, c'est bon, tu n'as plus d'autres questions ?

  • CD

    Non, merci Virginie pour tous ces exemples. Voilà, moi, je retiens cette image de l'ancrage dans le territoire et ce lien au vivant, au-delà de juste les hommes et les femmes, même le territoire, la biodiversité. Je sais que vous en avez beaucoup parlé. Donc, je trouve que ça rejoint cette idée du régénératif qu'on fera forcément via le territoire et dans le territoire ensemble.

  • SG

    Merci. Je terminerai par une citation qui est finalement assez adaptée de tout ce que tu viens de nous dire. C'est une citation de Kofi Annan, qui était le 24 septembre 2001, qui a dit La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat. Donc encore merci Virginie et merci Caro. Avec plaisir. A bientôt.

Description

Les Hospices Civils de Lyon sont le 2ème hôpital français. Avec 24 000 femmes et hommes, soignants et non-soignants, ils remplissent une triple mission : le soin, la recherche et l'enseignement. Engagée depuis longtemps sur ces questions, Virginie découvre à la CEC le concept de régénératif, qui résonne en elle avec la conviction qu’il faut s'occuper de préserver tout ce qui nous entoure et renouer le lien avec le vivant. Au-delà de la démarche d'engagement de l'ensemble de l'hôpital, ce sont aussi l’ensemble des parties prenantes (partenaires publics et économiques, territoire, patients, étudiants…) qui ont été considérées pour écrire une feuille de route ambitieuse. Avoir un cap, mettre en place des coopérations, transformer un service public et repenser son rôle social, oser expérimenter de nouvelles pratiques (avec des couches pour bébé par exemple… !), les HCL ont été et sont, le moteur de vrais changements sur leur territoire, et d’exemple au-delà.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors il faisait un peu froid, mais bon, je suis venu aux 3 Quai des Célestins à Lyon pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'une institution lyonnaise, deux siècles. Je fais un peu de teasing. Les Hospices Civils de Lyon, et cette dirigeante, c'est Virginie Valentin, directrice générale adjointe des HCL, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Virginie, bonjour. Bonjour Stéphane. Écoute, tu as une vue magnifique de ton bureau, c'est top. Je te propose qu'on suit toi, même si on s'est côtoyés plusieurs fois. Alors bon, aujourd'hui, on a quand même la chance d'avoir une consultante de luxe, alors je fais attention à ce que je vais dire, puisqu'on a Caroline avec nous. Caroline, bonjour. Bonjour.

  • VV

    Caroline, moi je suis copilote de la Convention des Entreprises pour le Climat sur le bassin lyonnais et les Alpes avec Marianne.

  • SG

    Voilà. Et Caroline, elle va nous accompagner tout au long de l'interview. Merci.

  • CD

    Oui, parce que j'ai eu la chance d'accompagner Virginie et les HCL l'année dernière dans mon collectif.

  • SG

    Alors, les Hospices Civils de Lyon, je l'ai dit, c'est deux siècles d'histoire. C'est le deuxième centre hospitalier universitaire français. C'est 13 sites. Alors, c'est des disciplines à la fois médicales, chirurgicales. C'est une triple mission. Le soin, la recherche et l'enseignement. Et surtout, c'est 23000 femmes et hommes, soignants, non-soignants. Là, on sent déjà la coopération en fait. Donc, j'ai pris une phrase pour l'introduction que j'ai trouvée dans votre feuille de route, qui est assez dense, intéressante. "Si l'action de transition écologique des HCL s'est accélérée depuis deux ans, il est aujourd'hui évident qu'il faut d'urgence aller plus loin, partager les connaissances scientifiques en interne, donner la possibilité à chacun d'agir concrètement, impliquer nos fournisseurs et partenaires, penser l'engagement des HCL plus profond et plus ouvert sur le territoire, pour déplacer les projets RSE déjà initiés, et obtenir plus de résultats et surtout plus d'impact sur le changement climatique." Ça nous donne le ton, donc Virginie, je te propose déjà de nous présenter les HCL.

  • VV

    Alors, je fais le choix de présenter les Hospices Civils de Lyon en décrivant ce qu'ils font chaque jour. Chaque jour, ils accueillent 3500 patients, ils assurent 5000 consultations, ils accueillent également 28 bébés qui naissent dans leurs trois maternités et environ 700 patients dans les services d'urgence, patients adultes et enfants qui sont pris en charge à l'hôpital Femmes Mères Enfants, c'est 23 000, même 24 000 collaborateurs. Et puis, parce qu'on a une mission de formation en partenariat avec l'université Claude Bernard Lyon 1, c'est aussi 6 000 étudiants qui sont en stage dans nos services. Étudiants en santé, c'est-à-dire des étudiants de médecine, de pharmacie, d'odontologie, étudiants sage-femme et aussi tous les étudiants des métiers du soin, ce qui est un lien très fort pour venir sur le sujet de la transition écologique et sociale, puisque... À la fois, on travaille avec les professionnels d'aujourd'hui, mais on prépare les professionnels de demain, ceux qui seront dans nos services, mais aussi ceux qui seront sur le territoire. Et donc, si on devait avoir une responsabilité, en fait, on pourrait la mettre au pluriel, pour dire qu'on est à la fois responsable de ce que l'on fait, de la façon dont on accompagne nos professionnels, et de la façon dont on prépare ceux qui prendront soin de nous demain.

  • SG

    Déjà une belle introduction, on démarre fort, Virginie. Toi, tu es qui alors, Virginie ? Quand même, ça nous intéresse de savoir.

  • VV

    Je suis une directrice d'hôpital formée dans la seule école nationale qui est à Rennes, qui forme tous les directeurs des hôpitaux publics. C'est un choix que j'ai fait étudiante, un choix de conviction, à la fois pour travailler dans un cadre d'intérêt général et puis pour être au service, au service des personnes quand elles ont des fragilités de santé, par le rôle qui est le mien en tant que directrice, mais aussi au service des professionnels. Ma conviction c'est que quand on est directeur ou directrice, dirigeant ou dirigeante d'une entreprise, on est aussi au service et on est en accompagnement de tous les professionnels qui travaillent dans son établissement. Donc j'ai commencé très jeune, j'ai une carrière, peut-être c'est la particularité plus que pour d'autres collègues, d'avoir travaillé dans de nombreux établissements, essentiellement des hôpitaux universitaires, dans plusieurs régions françaises. Je suis à Lyon depuis trois ans et demi. Avant d'arriver à Lyon, j'ai fait un petit détour par le Ministère de la Santé pour travailler pendant trois ans au service des Agences Régionales de Santé qui sont en Outre-mer. Ce qui m'a donné l'occasion de comprendre les sujets d'accès aux soins, d'égalité d'accès aux soins et de qualité de soins sur des territoires qui sont passionnants, les territoires d'Outre-mer, Antilles, Océan Indien, Guyane, de comprendre les enjeux, et ce que ça représente en termes de responsabilité. Et ce n'est pas anodin dans la vision aussi de ce qu'est un engagement de transition écologique et sociale pour un établissement. Evidemment, à Lyon, le terrain de jeu est assez extraordinaire, donc on a beaucoup de choses à faire, mais de toujours penser qu'en fait, on agit dans un sens qui est de permettre à tout un chacun d'accéder aux soins, quel que soit son besoin, quelle que soit sa situation personnelle, quels que soient ses choix. Et ça oblige d'autant en ayant vu... des enjeux évidemment beaucoup plus aigus sur des territoires qui ont notamment des difficultés à attirer des professionnels de santé pour répondre aux besoins de la population.

  • SG

    C'est clair. Alors là, on a parlé de l'accès aux soins. Maintenant, évidemment, ce qui va m'intéresser, c'est comment on accède au régénératif. Alors Virginie, comment tu tombes dans ce sujet ?

  • VV

    Alors en fait, je vais remonter un peu loin dans l'histoire. En 2008, à ce moment-là, je suis toute jeune maman. Je rentre de mon congé maternité, je travaille au CHU de Bordeaux et le directeur général me demande de prendre en charge un engagement de développement durable au sein de l'établissement, dans une dynamique territoriale très portée à l'époque par la ville de Bordeaux et par son maire qui est Alain Juppé. Et donc je sors de son bureau en me demandant ce qu'il m'avait demandé, quel était ce sujet de développement durable. Finalement quand on fait de la santé, on fait du soin, on a tellement... une évidence de mission, qu'il n'y a pas de raison de se questionner sur comment on l'a fait. Donc j'ai eu la chance de recruter un collaborateur qui m'a tout appris sur ce qu'est le développement durable. Et en fait, assez vite, j'ai trouvé qu'il y avait un sens très fort et très profond avec la santé. Donc, le CHU de Bordeaux a été le premier hôpital public et surtout le premier hôpital universitaire à s'inscrire dans cette démarche. Il est assez exemplaire dans les actions qu'il mène. J'ai porté le sujet pendant huit ans. Et ensuite, j'ai quitté Bordeaux et j'ai été directrice des ressources humaines dans un autre CHU à Montpellier. Et là, en fait, j'ai compris ce que c'était le développement durable décliné dans le champ social, ce qu'on commençait déjà à appeler la responsabilité sociale et environnementale sur toute la dimension qualité de vie, qualité de vie au travail, mais en fait qualité de vie aussi sur un territoire et donc ce que ça veut dire pour les patients. Et donc quand je suis arrivée à Lyon comme directrice générale adjointe, l'avantage c'est que c'est le cœur du réacteur de la décision et donc le directeur général a souhaité qu'on accélère le travail fait sur sur la transition sociale et environnementale, et donc m'a confié en responsabilité directe, comme directrice générale adjointe, le pilotage de toute la démarche, avec une chargée de mission qui est en appui de cette fonction. Ca a un avantage, c'est que tout ce qui est demandé, l'est par la direction générale, ce n'est pas anodin, on y reviendra peut-être sur la façon d'embarquer une dynamique d'entreprise ou d'établissement. Et donc, comme les hospices avaient déjà une action, en regardant ce qu'ils faisaient, on a fixé un cap interne. Et puis, je trouvais qu'il manquait sans doute quelque chose. Et donc, réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour aller un peu plus loin que s'occuper de la mobilité, s'occuper de l'énergie, s'occuper de l'eau. Tout ça, c'est très important, mais peut-être qu'il faut qu'on fasse un peu plus que ça pour être impactant. Et il y a à peu près deux ans, en écoutant la radio le matin, comme tous les matins, France Inter pour ne pas la citer, j'entends le témoignage des premiers dirigeants ou des premières dirigeantes qui présentaient leur expérience de la Convention des entreprises pour le climat national, disant en fait tout ce que ça amenait de vision élargie et de capacité à s'engager plus loin. Et donc je me dis, ça c'est intéressant, je ne l'avais pas remarqué, est-ce qu'un hôpital public pourrait s'inscrire dans la Convention ? nationale s'il y a une deuxième édition et là évidemment le monde est magique, c'est exactement en posant la question que je me rends compte qu'une première déclinaison régionale va se faire sur le bassin lyonnais et donc je suis rentrée dans le bureau du directeur général en lui disant je crois qu'en fait on a quelque chose à faire. Et c'est comme ça qu'en échangeant avec l'équipe de la CEC on a été convaincu qu'en fait c'était la manière de s'embarquer et là... nouvelles découvertes, développement durable d'abord, responsabilité sociale et environnementale, et l'engagement régénératif. Ça nous a beaucoup interrogé, moi ça m'a beaucoup questionné, qu'est-ce que ça veut dire ? Et finalement, est-ce que c'est ça aller plus loin ? Et aujourd'hui, deux ans plus tard, je vais dire oui, en fait, c'est ça aller plus loin, c'est-à-dire non seulement maîtriser ses impacts, réfléchir à comment faire mieux en ayant moins d'incidence sur l'environnement, et finalement se dire on peut vraiment aller plus loin et en fait faire encore mieux, et générer des impacts positifs et surtout renouer le lien avec le vivant. C'est-à-dire se rappeler que finalement, quand on est un hôpital, ce sont des hommes et des femmes qui travaillent pour des hommes et des femmes qui en ont besoin, qui utilisent beaucoup de ressources et notamment beaucoup de ressources naturelles. Et qu'en fait, quand on réfléchit à ce que l'on fait, finalement, il faut qu'on s'occupe de préserver aussi tout ce qui nous entoure parce que c'est la condition de la bonne santé ou en tout cas de la capacité à récupérer de pathologies, quand on est malade, on sait l'incidence que l'environnement, la nature peuvent avoir sur les parcours de soins et de santé des patients. Donc ça devient évident que le régénératif, en fait, c'est notre raison d'être, comme d'autres entreprises. Et c'est peut-être ça qui a été le plus impactant sur le parcours, c'est de comprendre que c'était évident pour nous, mais ça l'était pour beaucoup d'entreprises et qu'en fait, il y a beaucoup de synergies entre le monde politique, Évidemment, le monde citoyen, ce que nous sommes tout un chacun, le monde public et le monde économique. Et qu'en fait, si on se lie tous ensemble, on est capable de pousser beaucoup de sujets, de transformer le monde, même si l'urgence climatique peut avoir quelque chose d'un peu inquiétant.

  • SG

    Justement, c'est intéressant. Comment vous allez transformer le monde ? Finalement, votre feuille de route, elle est publique, on peut l'avoir. Mais peut-être que tu peux nous expliquer un petit peu le cap, les leviers,pour qu'on comprenne bien.

  • VV

    En fait, le premier alignement, c'est la CEC Bassin Lyonnais qui se déclenche au moment où je suis attirée par cette idée de convention des entreprises pour le climat au niveau national. Le deuxième alignement de planète, c'est qu'en fait, on était en train de réfléchir. à la façon de marquer notre engagement. Je suis profondément convaincue que pour porter une démarche efficace, il faut au moins trois ingrédients. Le premier, c'est avoir un cap clair. Le deuxième, c'est entrer en capacité de le faire partager par les équipes et donc avoir une dynamique d'établissement et pas une dynamique de dirigeant. C'est la première condition, mais elle n'est pas suffisante. Et la troisième, c'est qu'il faut être capable de rendre compte, être transparent y compris pour dire qu'on a porté des objectifs qu'on n'a pas atteints ou qu'on a tenté des projets qui n'ont pas eu l'impact que l'on voulait dire. Et donc, on était au moment où on se disait finalement, on a un cap très interne, mais grâce à la CEC, on devrait sans doute pouvoir aller plus loin. Et il faut qu'on soit en capacité de le démontrer et de dire comment on va rendre compte de ce que l'on fait. Donc, on s'était inscrit dans la définition de notre cadre d'engagement stratégique des Hospices Civils de Lyon, qui a été validé par le conseil de surveillance de l'établissement fin 2023. Et en fait, on a cheminé à trois niveaux. La feuille de route de la CEC, elle-même inscrite dans la réflexion sur le cadre d'engagement stratégique des hospices civils de Lyon. Et en parallèle, ou en même temps, on s'est engagé dans la démarche Lyon 2030 sur le programme européen de villes climatiquement neutres à horizon 2030. Et donc, on avait exprimé le souhait d'être un acteur parmi beaucoup d'autres, mais un acteur de cette démarche à l'échelle du territoire de Lyon. Et en fait, on a fait converger nos trois feuilles de route qu'on a éclairées de notre bilan carbone et de la stratégie de décarbonation pour se dire en fait, tout ça ne fait qu'une seule dynamique. Et donc, notre feuille de route de la CEC sera la traduction à la fois de notre cadre d'engagement stratégique, mais aussi de ce qu'on a appris de notre bilan carbone et de la façon dont on veut orienter notre trajectoire de décarbonation. Et donc, du coup, ça a tout de suite fait sens sur la manière de porter cette feuille de route, en se disant en fait que cette veille de route, elle devait couvrir à la fois un enjeu d'impact régénératif sur le territoire, donc d'interroger la façon dont nous consommons les ressources, qu'elle devait être orientée sur la nécessité de mobiliser. Et donc, on en a fait deux leviers de transformation, notre mobilisation interne avec nos professionnels, nos étudiants et notre lien avec les parties prenantes. Et je pourrais éventuellement revenir sur le lien notamment très important avec les patients et comment en fait on en fait un projet qui est un projet porté avec ceux pour lesquels nous travaillons au quotidien et de considérer que dans la façon de transformer les choses, il fallait aussi qu'on puisse contribuer à la connaissance, parce que la connaissance permet de mieux accompagner la mise en mouvement et l'action. Et donc on a également utilisé le levier de notre mission de recherche pour se dire qu'il fallait qu'on s'inscrive dans la mesure d'impact environnemental des activités de soins, la capacité à en faire des publications scientifiques et donc à faire savoir dans nos propres équipes, mais aussi à l'échelle nationale. Et c'est un sujet qu'on essaye de porter aussi aujourd'hui beaucoup. C'est comment, parce qu'on est le deuxième hôpital de France, et donc on est très visible.

  • SG

    Très regardé aussi.

  • VV

    On est très regardé. En fait, on a un effet à la fois d'exemplarité, évidemment, c'est très ambitieux de le dire comme ça, mais en tout cas, on montre que c'est possible. Mais aussi, on a des actions de lobbying et donc on agit à plein de niveaux, soit avec les collectivités locales, comme on est en train de le faire depuis quelques semaines, soit avec un certain nombre de sociétés savantes scientifiques, auprès du gouvernement du Ministère de la Santé.

  • CD

    Mais c'est vrai que ce sujet de lier les... Déjà, par votre pouvoir d'exemplarité, moi je trouve que c'est puissant de voir qu'un grand employeur de la région, comme vous, les HCL, et aussi le deuxième hôpital de France, s'engage dans la démarche. Je trouve qu'il y a quelque chose qui touche aussi aux citoyens, au personnel, de dire que le monde de la santé est le monde de... Comment on fait en sorte que les écosystèmes aillent bien, que tout ça se concilie ? Je trouve qu'il y a un message assez fort d'espoir sur le lien avec ces sujets. Et ça, ça marque quand on lit votre feuille de route, je trouve. Et d'entendre que malgré tous les chantiers de l'hôpital, on peut aussi s'engager dans ce chantier-là et faire sens. Et je trouve que votre démarche notamment d'engagement de l'ensemble de l'hôpital et de vos parties prenantes et particulièrement intéressantes, et notamment grâce à une rencontre peut-être qui a changé ta vision des choses à la session 1. Je parle d'Heïdi Sévestre, peut-être que tu peux nous en dire un peu plus de comment tu as embarqué tout le monde aussi dans cet enjeu et dans cette vision.

  • VV

    L'apport principal pour moi de la Convention des entreprises pour le climat, c'est la dimension d'ouverture sur le fait qu'on est acteur soi-même des changements qu'on veut impulser. Alors évidemment, on peut toujours se dire qu'il faut regarder une mise en mouvement générale, et qu'on attend que tous les autres s'activent pour s'activer soi-même. Moi, je suis assez convaincue qu'en fait, on est chacun responsable et acteur d'une part, et que finalement, quand on prend sa responsabilité d'avancer, et qu'on regarde comment l'écosystème avance à côté de soi, c'est une bonne manière de créer des synergies. Et la Convention des entreprises pour le climat, elle a ouvert cette porte, et c'est là que "le aller plus loin qu'est-ce que ça veut dire ? faire encore plus que travailler sur son propre périmètre, c'est de dire que finalement, l'impact positif, on peut l'avoir soi-même, mais en fait, on ne peut pas l'avoir tout seul si on n'est pas dans une mise en mouvement à l'échelle locale, à l'échelle du territoire, parce que c'est vraiment là que ça fait sens. Et la Convention des Entreprises pour le Climat, elle nous a donné la vision qu'en fait, en s'arrimant avec les dynamiques des autres partenaires, évidemment les partenaires publics, ceux-là, on les voyait assez bien. Je pense que ce qu'on... méconnaissait quand même assez largement, c'est la dynamique des partenaires économiques et ce qu'on est capable aussi de faire. Les Hospices Civils de Lyon, c'est 900 millions d'euros achetés tous les ans et donc avec quand même beaucoup de fournisseurs qui sont des fournisseurs locaux. Et donc comment en fait on comprend ce qui se passe pour intégrer ça dans nos propres exigences d'achat mais comment on comprend aussi, on fait comprendre ce que l'on a envie de transformer de nos propres consommations et de nos propres organisations pour créer une capacité d'acteur économique à y répondre. Et donc, la sève aussi, elle ouvre ça. Et en le ramenant à ce que nous sommes, 24 000 collaborateurs, c'est 24 000 citoyens. Les trois quarts de nos agents vivent sur le territoire de la métropole de Lyon. Ce qui veut dire qu'en fait, il y a un fil conducteur, moi je crois, beaucoup à la cohérence d'ensemble, de se dire qu'en fait, quand on est salarié des Hospices Civils de Lyon, mais comme on est salarié de n'importe quelle structure publique ou privée, on est aussi citoyen, on est souvent acteur, associatif ou autre. Et donc comment on crée en fait cet effet de rebond où dans son environnement professionnel, il y a une cohérence d'action qui permet de faire écho à une cohérence d'action comme citoyen, puis peut-être à une cohérence d'action comme acteur engagé dans une association, dans une dynamique, quelle qu'elle soit. Et ça permet de se dire que si on est capable de le faire avec nos professionnels, et si je rajoute les 6000 étudiants, ça fait encore une communauté plus grande, ça veut dire qu'on a un effet d'impact qui peut se démultiplier. on se mette en résonance avec ce qui se passe sur le territoire pour que l'effet déco que l'on veut créer, il s'organise bien avec les stratégies portées par les villes, par la métropole, par les autres entreprises. Et donc cet effet synergique, il est hyper puissant. Et donc on joue beaucoup sur le fait que la démarche aux Hospices civils de Lyon n'aura véritablement d'impact et donc elle ne sera vraiment régénérative qu'à partir du moment où on aura 24000 ambassadeurs de la démarche et 24000 acteurs qui la portent, et que ces 24000 acteurs qui portent des actions à l'intérieur de l'établissement, ils sauront aussi les prolonger, ou ils sauront les faire venir à l'hôpital depuis leur propre engagement de citoyens. Donc c'est une manière de se dire qu'on travaille tous à l'amélioration de la qualité de vie sur le territoire. C'est vraiment ça la philosophie, et je pense que la CEC a augmenté cette vision-là, qui était très centrée sur notre propre responsabilité d'établissement de santé, et aujourd'hui qu'on regarde comme une responsabilité d'un acteur parmi d'autres de l'engagement territorial et sans être excessivement flatteuse à l'égard des Hospices Civils de Lyon. Aujourd'hui, quand je regarde ce qui se passe dans les autres établissements hospitaliers, notamment les autres hôpitaux universitaires en France, on est sans doute l'établissement où le CHU ayant le plus travaillé son ancrage sur le territoire. Je suis convaincue que c'est comme ça qu'il faut qu'on continue d'avancer. C'est comme ça que nos professionnels disent qu'ils trouvent du sens à ce qu'on est en train de porter en matière de transition écologique et sociale.

  • SG

    Ça, c'est le message. Mais souvent, je parle de barque. Là, je vais parler de paquebot, parce que c'est quand même un paquebot. Je veux dire, il faut être honnête. Pour mettre en mouvement un paquebot, c'est quand même compliqué. Du coup, comment tu fais pour embarquer concrètement les équipes ?

  • CD

    Alors, on travaille sur trois niveaux. Le premier, c'est le cap. J'y reviens toujours, parce qu'en fait, c'est important de dire ce qu'on veut faire et d'avoir de la crédibilité et de la sincérité dans la façon dont on dit ce que l'on veut faire. En fait, c'est le premier déclic de l'engagement. Le deuxième, c'est de considérer qu'en fait, beaucoup de nos transformations, si on prend les questions de la mobilité, les questions de l'énergie, les questions de l'eau, les questions des déchets, les questions des achats, correspondent à la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs qui sont en responsabilité. Les acheteurs, les techniciens, les ingénieurs. Et donc, comment on fait que les directions qui ont en responsabilité ces sujets, elles se mettent en mouvement, elles aient leur propre feuille de route déclinée de la stratégie environnementale des hospices ? Et ensuite ? Et c'est le troisième niveau et de mon point de vue c'est le plus important, c'est comment on fait pour que les professionnels, chacun des 24 000 collaborateurs, se sentent en capacité d'être acteurs à son niveau de la démarche de transition écologique. Donc on l'a fait de plusieurs façons. D'abord on a fait le choix d'avoir un partenariat avec la Fresque du Climat pour former des professionnels. D'ailleurs on a formé des professionnels à être formateurs pour la Fresque du Climat, de façon à faire cette sensibilisation large. qui permet de comprendre, et donc d'avoir envie d'agir et ensuite de donner la possibilité d'agir. Et donc pour ça, au-delà d'avoir un cap clair, il faut donner des moyens, et donc depuis quatre ans, tous les ans, on ouvre un appel à projets internes sur la transition écologique et sociale en proposant aux équipes qui le souhaitent de porter des projets à leur échelle, généralement dans leur périmètre de service, pour accompagner la transition écologique et sociale. Et depuis deux ans, on a orienté en fait... le financement de ces projets - donc l'appel à projets, c'est 200 000 euros chaque année - Donc on a orienté les projets sur ce qu'on appelle l'éco-conception des soins, c'est-à-dire la façon dont les services soignants ou les services supports qui accompagnent les services soignants repensent les pratiques de soins, repensent la prise en charge des patients pour être plus vertueux d'un point de vue environnemental et social. Et ça marche très bien. Et pour que ça marche encore mieux, il faut faire savoir, il faut valoriser, c'est très important de valoriser le travail des équipes. Et donc depuis deux ans, on a installé chaque année un rendez-vous annuel qui s'appelle le colloque de transition écologique et sociale des Hospices Civils de Lyon. Et on vient faire pitcher des équipes qui viennent rapporter leur expérience. Et on l'a fait il y a deux semaines pour l'année 2024, et en fait, ce qui était vraiment extraordinaire à voir. comme directrice générale adjointe des hospices, c'est d'entendre pendant une heure et demie une dizaine d'équipes venir pitcher sur des projets avec à chaque fois à la fin, une impression de très grande fierté de la démonstration faite qu'à son échelle c'est possible d'agir, qu'il y a une fierté d'être aux HCL parce que les HCL le rendent possible pour les équipes. Et donc si j'avais une vision idyllique, ça serait de dire dans quelques années il faudrait qu'en fait dans tous les services des hospices civils de Lyon, à l'échelle de toutes les équipes, chacune vit en fait cette expérience de porter son projet, d'avoir été accompagnée par l'institution et d'avoir transformé en fait le quotidien dans un sens qui est plus vertueux pour l'environnement et pour la dynamique sociale. Et cette journée d'il y a deux semaines, elle avait une saveur du coup particulière, c'est ça ce que tu nous disais tout à l'heure ? Elle avait une saveur particulière puisqu'on a invité Heïdi Sevestre à venir témoigner sur les enjeux de la transition écologique et l'impact que ça a notamment sur les glaciers comme c'est la spécialiste scientifique de cette question. Et elle a, avec l'énergie qui est la sienne, mais surtout avec un témoignage extrêmement crédible et des informations faciles à suivre et à comprendre, dit les enjeux du changement climatique et dit surtout les possibilités qu'on a encore de se dire qu'on peut construire un monde qui soit désirable. Et donc ça a donné encore plus envie aux équipes d'agir en prenant conscience qu'en fait on n'agit jamais que dans le périmètre qui est le sien avec les moyens, la capacité que l'on a mais rien qu'à faire ça c'est déjà beau. J'avais deux questions pour toi par rapport à ce que tu disais tout à l'heure déjà une question sur tu parlais des achats et de liens avec le monde économique, je sais que vous avez travaillé notamment sur le marché des couches de l'hôpital, est-ce que tu pourrais juste nous donner une indication, un chiffre ça m'avait marqué, c'est pour ça que je parle avant de parler coopération.

  • VV

    C'est une belle histoire qui est en train de s'écrire avec un deuxième épisode que nous n'avions pas forcément anticipé. Il y a deux ans, les équipes des maternités et les équipes des achats ont souhaité travailler sur un nouveau marché pour les couches bébés - on en consomme un million par an, avec l'objectif que pour notamment lutter contre l'exposition perturbateur en gros d'Ocrénien des nouveaux-nés, on aille sur le choix de couches faites en produits naturels, sans aucune exposition chimique. Et donc, on a lancé un marché en pensant, à l'époque, qu'on n'aurait sans doute pas beaucoup de réponses et probablement pas la maille des HCL, c'est-à-dire ce volume à nous livrer tous les ans. Et la très belle surprise, donc la première belle histoire sur ce sujet, c'est que non seulement on a eu une réponse, mais en fait, on a même eu deux entreprises qui ont répondu, des entreprises françaises. Et donc, on a fait le choix de l'une plutôt que l'autre, en regardant l'impact environnemental du transport, pour essayer d'aller jusqu'au bout et se dire qu'en fait, on faisait le choix du produit et du fournisseur le plus vertueux rapporté aux engagements de transition écologique. Donc, ça fait deux ans qu'on utilise ces couches. Les professionnels sont très contents. Il y a une forte sensibilisation qui est permise de ce fait auprès des parents pour lutter contre l'exposition perturbateur endocrinien, en général, quand on est à la maison. Et il y a six mois maintenant, la ville de Lyon, la métropole, ont tapé à notre porte en disant, si vous alliez plus loin, et si vous participiez à l'expérimentation de compostage des couches bébés pour pouvoir produire du compost à destination des agriculteurs qui sont sur le territoire de la métropole. Donc ça nous a évidemment interpellé, on s'est dit comment est-ce qu'on peut attraper ce sujet-là, comment est-ce qu'on peut le traiter. On ne pourra le traiter que si on a des professionnels qui ont envie. Donc on s'est tourné vers nos maternités avec l'idée qu'on expérimente d'abord avec une maternité parce que c'est vraiment, là c'est des circuits très atypiques à mettre en œuvre et c'est vraiment une transformation de nos organisations. Donc il y a une maternité qui a dit banco, mobilisation très forte de l'équipe médicale, de l'équipe de sage-femmes, et de l'équipe soignante. Et donc, on va démarrer le 1er janvier une expérimentation, sur un périmètre évidemment plus réduit que le million de couches, mais avec l'idée qu'en fait, on touche a minima toutes nos maternités, c'est-à-dire à peu près 350 000 couches consommées chaque année. Et donc, ce qui nous vaut cette deuxième belle histoire, c'est que maintenant, on peut en plus expliquer aux professionnels que le compostage permet de se connecter directement aux vivants. Et donc on est dans l'esprit régénératif et on a accepté d'accompagner le plaidoyer des collectivités publiques sur la responsabilité étendue des producteurs, puisque sur ce type de consommation, de produits à usage unique, il n'y a pas de REP. Et donc on est en train de poser notre plaidoyer sur l'intérêt aussi que la réglementation accompagne toute la capacité à mettre en œuvre des nouveaux circuits et une nouvelle responsabilité pour s'assurer qu'en fait les déchets sont bien maîtrisés.

  • SG

    Juste remercier Caro parce que je ne pensais pas du tout qu'on allait parler des couches. Oui, bien sûr. En plus, je suis sur moi, tu trépignes. Alors bon, je pense qu'on va passer toute la matinée. Je pensais qu'Eric Petrotto était le plus bavard. Mais là, à mon avis, entre toutes les deux, on en a pour la journée. Mais en tous les cas, merci parce que c'est vrai que c'est un exemple assez concret que tu parles. Donc, je sais qu'on sera résilient en couches. Donc ça, c'est génial. Bah oui. Allez Caro, à toi.

  • CD

    Allez, ma dernière. Après, je te laisse Stéphane, promis. Mais tu parlais aussi de coopération et une des choses qu'on met en avant à la CEC, c'est de travailler en sous-collectif avec des entreprises. qui n'ont pas du secteur pour faire naître peut-être des coopérations, des façons de travailler différemment. Et je sais que vous avez mis en place une coopération notamment avec l'Opéra Lyon, qui est un peu née de la CEC, et je voulais savoir si tu pouvais nous en parler un peu.

  • VV

    On a plein de projets de partenariats avec des acteurs de la Convention des entreprises pour le climat. Ça aussi peut-être, pour faire une parenthèse sur cette question. C'est un sujet qu'on met beaucoup en avant avec la métropole de Lyon. On a un accord cadre avec la métropole dont un des axes est la transition écologique. C'est de dire qu'en fait, des entreprises, quelles qu'elles soient, y compris des établissements publics, quand on est dans un mouvement de transformation pour être sur une approche plus vertueuse en matière de transition écologique, même d'aller sur un modèle régénératif, quand on dialogue les uns avec les autres, on va très vite à se comprendre. Parce qu'en fait, on court tous après le même objectif dans des façons de faire différentes. Une entreprise produit des biens ou des services, l'hôpital les consomme quand même essentiellement, mais en fait on converge vers des enjeux qui vont au-delà de la production de biens et de services ou de consommation de ressources, qui est en fait de réfléchir à la façon dont on consomme et à la façon dont on peut mieux consommer, finalement pour mieux réaliser la mission qui est la sienne. Et donc ça c'est un levier très puissant de transformation économique du territoire, et donc on le dit beaucoup, et on voit en fait que ça peut être très efficace dans les coopérations. Donc, on le fait avec quelques acteurs économiques avec lesquels on échange, y compris pour expérimenter peut-être des choses qui n'existent pas aujourd'hui dans la façon de produire, de vendre des services, de les consommer à l'échelle d'un acteur. L'hôpital est une forme de preuve de concept. Si ça fonctionne chez nous avec notre taille, c'est que ça doit pouvoir fonctionner ailleurs. Et effectivement, on a ouvert d'autres partenariats, entre autres avec le monde culturel. Donc, l'Opéra est un excellent exemple de ça pour faire converger à la voix nos réflexions, qu'est-ce que ça veut dire la transformation d'un service public en termes de transition écologique et sociale. On a des défis à relever ensemble, mais on a aussi une forme de responsabilité sociale forte. D'être service public, ça facilite sa raison d'être, mais en même temps ça oblige, et ça oblige notamment à penser le rôle que l'on a dans le lien social à l'échelle d'un territoire et en fait comment on contribue à faire société tous ensemble. Donc l'Opéra par sa mission culturelle, les Hospices Civils de Lyon par leur mission de santé. Et donc, on fait venir l'Opéra dans nos services pour faire le lien avec les patients. C'est des animations, des représentations qui sont toujours des expériences extraordinaires pour nos patients, mais aussi pour nos professionnels. Et puis, on crée aussi des liens entre professionnels, les artistes à l'Opéra, les acteurs du soin et de la prise en charge hospitalière aux Hospices Civils de Lyon. Effectivement, on a eu quelques belles rencontres à la fois sur des enjeux de métier, mais aussi parfois sur des choses peut-être plus ludiques, mais qui créent aussi du sens d'appartenance aux institutions et qui donnent de la valeur à la mission de service public qu'on assume tous, agents de l'Opéra ou agents des Hospices Civils de Lyon. Et on a effectivement eu la possibilité pour le cœur des Hospices Civils de Lyon de chanter sur une représentation de l'opéra aux Nuits de Fourvière, il y a un an et demi.

  • CD

    Ah oui, c'était aussi aux Nuits de Fourvière.

  • VV

    C'était extraordinaire. Et en fait, je pense que le plus extraordinaire, c'était de voir le sourire des membres du chœur des Hospices Civils de Lyon sur scène et de voir en fait ce que ça représentait à la fois de bonheur, de conscience que c'était une expérience exceptionnelle et qu'elle était permise parce que de grandes institutions publiques se parlent et construisent des projets ensemble.

  • SG

    Encore un bon exemple qui prouve la joie, la coopération, faire le pas de côté, penser autrement. C'est toute la CEC, en fait. C'est bien résumé. Alors, vous êtes très, très bavardes, toutes les deux. Ce que je propose, c'est peut-être de nous projeter dans l'avenir, c'est-à-dire dans dix ans, finalement, les Hospices Civils de Lyon. C'est quoi ?

  • CD

    Dans dix ans, l'exercice est à la fois une projection qu'on peut imaginer très futuriste, et en même temps, pour nous, c'est une réalité du moment, puisqu'on est en train de construire notre projet stratégique. On a fait le choix de le penser à horizon 2035, donc un peu plus loin que la feuille de route de la CEC et d'autres feuilles de route que l'on a souvent sur des horizons de 5 ans, pour essayer d'imaginer ce que seront les Hospices Civils de Lyon dans 10 ans, à la fois ce qu'ils seront dans leurs activités de soins, mais ce qu'ils seront aussi comme institutions, et donc de façon assez convergente, même si on est au milieu de la réflexion. On voit ce qui ressort des Hospices Civils de Lyon, c'est qu'ils seront un lieu de la grande technologie du soin, sans doute avec beaucoup d'environnements techniques, technologiques, numériques, qui permettront des prises en charge très poussées, très personnalisées, adaptées à la situation de chaque patient, avec des traitements qui permettront d'aller encore plus loin que ce qu'on arrive à faire aujourd'hui, mais avec la conscience très fortement portée par nos professionnels, par les étudiants qui nous accompagnent dans la réflexion, par les patients que l'on a mobilisés également, nombreux, des patients partenaires, des représentants des usagers, des représentants d'associations, que l'hôpital n'aura de sens que s'il reste fondamentalement humain, fondamentalement centré sur la relation à l'autre, et s'il a réussi à faire sa transformation environnementale et sociale. Donc ce qui nous donne la confirmation que ce sur quoi on s'est engagé ces dernières années, c'est ce qu'il faut continuer de poursuivre. Je le dis de temps en temps aux équipes autour de moi, l'image rêvée des Hospices Civils de Lyon en 2035, ça pourrait être un hôpital 100 % transformé, complètement recyclable, en capacité de dire qu'il s'est inscrit par exemple dans une dynamique d'économie circulaire et que finalement, plutôt que d'être dans une logique qui est beaucoup la nôtre, y compris pour des questions d'hygiène et de sécurité des soins, d'acheter, de consommer, de jeter, qu'on ait complètement repensé nos façons de faire. Il y a des hôpitaux qui ont déjà pris ce virage-là dans d'autres pays que la France, donc c'est possible. Et qu'on ait une forme de fierté à se dire qu'à la fois, on sera très puissant dans les soins, très fort dans la construction de la relation à l'autre, que ce soit avec les patients ou entre les professionnels au sein de nos équipes et qu'en plus on aura un effet de synergie avec l'environnement qui garantira qu'on continue à penser le bien-être sur le territoire et la présentation de ce qui est l'essentiel, c'est-à-dire le lien avec le vivant.

  • SG

    Virginie, on pourrait terminer là-dessus, mais quand même, je vais poser une dernière question. Parce qu'il y a beaucoup de questions que je n'ai pas pu poser, mais ce sera l'occasion d'une deuxième version. Tu as le sourire, qu'est-ce qui te rend confiante pour l'avenir ? Confiante, plutôt.

  • VV

    Je suis d'un naturel optimiste, donc j'essaye toujours de voir ce qui donne envie d'avancer, de se dire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, même si, évidemment, le contexte du moment, de temps en temps amène à quelques questions. En fait, on dit souvent qu'avec l'urgence climatique, soit on n'a plus le choix parce que c'est trop tard, soit on a encore le choix parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut transformer si en fait on agit tous avec les capacités qui sont les nôtres. Et quand je vois l'énergie des professionnels aujourd'hui, la fierté qu'ils peuvent avoir de s'engager sur des démarches de transition écologique et sociale et de dire que ça fait sens dans le quotidien, ça fait sens dans leur relation avec les patients. On a trouvé la bonne manière d'avancer pour s'assurer que demain, on aura un hôpital plus vertueux qui continuera à soigner aussi bien qu'il le fait aujourd'hui. On peut même poser l'hypothèse qu'il le fera mieux avec des agents, les 24 000 collaborateurs des hospices qui auront le sentiment que ce qu'ils font, c'est juste. C'est adapté et c'est efficace pour la planète. Donc, avec cette conviction-là, on peut continuer de pousser des montagnes, même si parfois les montagnes ne sont pas très hautes. Mais en se disant qu'avec ce qui se passe sur le territoire, les relations très fructueuses qu'on a avec beaucoup d'acteurs du territoire, on a une capacité de faire qui est réelle.

  • SG

    Écoute Virginie, je te remercie. Caro, non, c'est bon, tu n'as plus d'autres questions ?

  • CD

    Non, merci Virginie pour tous ces exemples. Voilà, moi, je retiens cette image de l'ancrage dans le territoire et ce lien au vivant, au-delà de juste les hommes et les femmes, même le territoire, la biodiversité. Je sais que vous en avez beaucoup parlé. Donc, je trouve que ça rejoint cette idée du régénératif qu'on fera forcément via le territoire et dans le territoire ensemble.

  • SG

    Merci. Je terminerai par une citation qui est finalement assez adaptée de tout ce que tu viens de nous dire. C'est une citation de Kofi Annan, qui était le 24 septembre 2001, qui a dit La seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute l'humanité est celle de la coopération et du partenariat. Donc encore merci Virginie et merci Caro. Avec plaisir. A bientôt.

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