- SG
Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalèz, alumni de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai la chance de vous partager le témoignage de la directrice générale de la filiale lyonnaise d'une entreprise spécialiste dans l'environnement, et au service des Grands Lyonnais depuis 120 ans. Et cette dirigeante, je vous rassure, elle n'a pas l'âge de l'entreprise, elle est beaucoup plus jeune, c'est Aurélie Pavageau, qui est la dirigeante de la filiale lyonnaise de Suez, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Aurélie, bonjour.
- AP
Bonjour Stéphane.
- SG
Bon écoute, je te propose qu'on se tutoie, on a déjà bien échangé. Alors moi, quand j'ai préparé, évidemment, j'ai quand même un peu travaillé, préparé cet entretien, je me suis plongé dans l'histoire de Suez, plus particulièrement sur le Rhône-Alpes. J'ai constaté quand même que vous aviez une activité qui était très large. Ça allait de l'eau, ça allait à la terre, ça allait à l'air. Enfin bref, c'était aussi bien l'épuration du biogaz issu des eaux usées des stations d'épuration d'Annecy, Grenoble, Lyon, centres de pilotage intelligents des services de l'eau et des déchets. J'ai trouvé des collectes durables par voie fluviale. Bon bref, je me suis dit là, il y a un sujet intéressant pour l'économie circulaire. Voilà, donc ce que je te propose finalement pour introduire ce podcast, et ça sera notre fil rouge. C'est de présenter votre question générative et tu vas y répondre au fil de l'eau, si je peux me permettre ce jeu de mots. Donc, comment Suez, par sa filiale lyonnaise de service aux collectivités, promeut et met en œuvre, en coopération avec ses parties prenantes, des solutions régénératives, inclusives et circulaires, visant à accompagner la transition du territoire lyonnais vers le zéro déchet, 100 % ressources. Sacré programme, à toi de jouer !
- AP
Sacré programme en effet ! Merci Stéphane pour l'invitation.
- SG
Écoute, je te propose déjà de nous présenter finalement SUEZ et sa filiale lyonnaise.
- AP
Allez go ! Comme tu l'as dit, SUEZ, c'est deux piliers forts qui sont le déchet et la valorisation des déchets et l'eau. Et moi, je suis plutôt spécialisée dans le déchet et dans le service aux collectivités. Et là, aujourd'hui, on vous parle du territoire et spécialement de la métropole de Lyon. Donc en effet, en gros, sur la métropole de Lyon, on ne se contente pas de collecter ou... traiter les déchets. Mais on cherche vraiment à réinventer notre modèle. On cherche vraiment à trouver des alternatives et à faire différemment pour construire un avenir plus durable pour le territoire de la Métropole de Lyon, qui est un territoire super dynamique.
- SG
C'est clair. Du coup, vous êtes combien de collaborateurs ?
- AP
La filiale Lyonnaise, c'est 130 collaborateurs. Et on opère sur tous les marchés de collecte, exploitation des déchetteries, propreté urbaine, prévention aussi, on a un gros service de prévention du déchet : Comment on ne fait pas du déchet justement ? Le traitement des déchets, valorisation.
- SG
Un petit mot sur ton parcours quand même : Comment tu arrives chez Suez et c'est quoi ta vie d'avant et pourquoi tu es là ?
- AP
Alors moi ça fait 20 ans que je suis chez Suez ; ça existe donc les gens qui restent vont attendre l'entreprise. Mais j'ai beaucoup bougé parce que j'ai fait des... J'ai beaucoup bougé. J'ai fait beaucoup de terrain. J'étais chef d'équipe avec les gars. Et puis, à la base, je suis qualité sécurité environnement. Donc moi, j'ai vraiment une appétence pour la santé, la sécurité des collaborateurs et l'excellence opérationnelle. J'ai eu l'opportunité de partir à La Réunion, pareil, en tant que responsable QSE. Et en fait, j'ai découvert le métier opérationnel. et de dirigeant à Mayotte. J'ai vécu six ans et demi à Mayotte. Mes filles sont nées à Mayotte. Et Mayotte, c'est très riche. On en parle beaucoup en ce moment parce qu'il y a eu le cyclone. C'est très riche et j'étais profondément attachée aux équipes locales. Et puis, j'ai fait de la croissance externe, croissance organique, création de société. Et puis ensuite, un peu moins drôle, mais très sexy, j'étais à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Là, j'ai fait une session d'entreprise complexe. Donc voilà, professionnellement, c'était très dur. Mais personnellement, c'était très enrichissant. Et depuis cinq ans, j'ai posé mes bagages à Lyon. Donc mon périmètre, comme je t'ai dit, c'est un peu plus de... Mon périmètre en tout, c'est 200 collaborateurs. Et sur Lyon, c'est 130 collaborateurs. Et voilà, c'est des clients hyper dynamiques et qui veulent vraiment changer les lignes. Donc je suis ravie d'être à Lyon depuis 5 ans.
- SG
Oui, je confirme que tu n'es pas hors sol et que tu viens du terrain parce que quand même tu es venue avec ton gilet orange. Je me suis dit tiens, est-ce que c'est la bonne personne ? Donc voilà, je confirme, parce que personne ne peut te voir là. Tu as ton gilet orange posé à côté de toi, marqué Suez. Et du coup, tout de suite, ça pose en fait.
- AP
Exactement, et mon casque aussi.
- SG
Et ton casque aussi, c'est ça. Bon, alors là, c'était le plus simple, finalement. Alors toi, comment tu rencontres le régénératif ?
- AP
Pour tout te dire, en fait, Stéphane, c'est ma planet champion, Amélie, qui était avec moi sur le parcours, qui m'a dit, tu sais Aurélie, Lyon, ça bouge. Je pense que ce serait bien que tu le fasses. Tu peux t'amuser. Ça peut être sympa. Et en fait, j'avais toutes les raisons de dire que je ne peux pas y aller. Parce que beaucoup de job. Ça faisait pas très longtemps qu'on était à Lyon. Je me suis lancée dans l'aventure de faire un exécutif MBA à l'EM Lyon. Donc très énergivore, ça me demandait beaucoup de temps. Et puis je me suis renseignée, j'ai regardé un peu sur Internet ce qui se faisait, la première session. Et je me suis dit, allez, on va les aligner les planètes et on va y aller. De toute façon, c'est maintenant ou jamais. Et même si je ne le fais pas pour moi, je le ferai pour mes enfants. Et donc, c'est comme ça que je me suis lancée dans l'aventure de la CEC et du régénératif.
- SG
D'accord. Donc, comme tout le monde, tu as pris la claque du début.
- AP
Non, mais clairement, la première session, je suis tombée par KO, en fait. À la base, j'ai fait beaucoup de boxe française. Donc, c'était vraiment le bon mot. Je suis tombée knock-out en me disant mais comment c'est possible ? Comment on peut continuer de vivre comme ça, sans se prendre en main et sans changer les choses ?
- SG
Pourtant, j'imagine qu'avec ton parcours, l'environnement, c'était déjà ton sujet, non ?
- AP
J'étais déjà sensibilisée, surtout dans mon expérience en milieu insulaire. On vit dans des pays comme Mayotte ou la Nouvelle-Calédonie. Mais en fait, c'est les gens, la population qui se met une visière devant. Et on se dit non, mais il faut que nous, on change les choses. On ne peut pas continuer de vivre sur de l'effet volume. Il faut sortir du business as usual. Et comment ? Et en fait, mais quand j'ai fini cette première session, j'avais tellement de questions en me disant, mais comment on peut faire ? Et puis après, il y a eu les autres sessions et puis c'était génial.
- SG
Justement, c'est le bon enchaînement. Un petit mot sur ta feuille de route quand même, c'est ce qui nous intéresse, sur tes différents piliers, sur quoi vous avez décidé de faire levier finalement.
- AP
La CEC, c'est fait vraiment pour tête-re-alignée, tête-coeur-corps. C'est très itératif. On avance step by step, petit pas par petit pas. Et quand on arrive avec Amélie à écrire déjà le Cap 2030, à mettre des mots sur ce qu'on veut pour notre filiale sur le territoire de la métropole de Lyon. Et bien là déjà c'est un grand pas pour moi, pour nous, pour la société. Donc voilà, on commence à mettre des mots, on se dit bah tiens on va créer des boucles, parce qu'il faut que ce soit circulaire, on va créer les boucles du recyclage. Donc voilà, plutôt que de jeter, on va récupérer, on va recycler les matières, pour donner une seconde vie, on va créer la boucle de l'énergie, parce qu'on transforme les déchets en électricité. Ou en biogaz, comme tu l'as dit.
- SG
Mais ça, vous le faisiez déjà, non ?
- AP
On le faisait déjà, mais ce n'était pas une conviction.
- SG
D'accord.
- AP
Et en fait, ça permet au moins de faire une conviction et de dire, je suis prête à dire non à certains marchés parce que ça ne va pas dans cette politique.
- SG
Mais c'est vrai, ça ?
- AP
Mais bien sûr que c'est vrai. Oui, c'est super dur. C'est encore plus dur quand tu l'exprimes à tes patrons. Mais en fait, tu sais que cette décision, c'est la bonne. Et que de toute façon, on ne peut pas te le reprocher.
- SG
Tu peux nous donner un exemple ?
- AP
Donner un exemple ? Oui, ce serait par exemple sur un marché sur lequel on n'aurait pas de valeur ajoutée. C'est de dire non, je ne réponds pas à ce contrat-là. Je suis sélective dans mes choix. Ou parce qu'un client me demande d'évacuer ses déchets. 500 kilomètres de là, non, en fait, ça ne va pas contre...
- SG
Pourtant, le modèle économique, c'est quand même le transport des déchets aussi.
- AP
Comment on peut faire différemment ? Mon objectif, ce n'est pas de mettre des camions sur la route. Mon objectif, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus de déchets et que justement, on n'ait pas à transporter ces déchets-là. Je vais te donner un exemple. La métropole de Lyon nous missionne de collecter les déchets sur la presqu'île. Mais je ne vais pas faire rentrer un camion à vide. pour ramasser des déchets sur la presqu'île. Je me dis, on a le fleuve, il y a tout ce qu'il faut, et bien soyons fous, faisons repartir les déchets par bateau. Et ça, c'est possible. Et aujourd'hui, c'est ce qui est fait. Donc, les premiers kilomètres sont faits en vélo avec des partenaires parce qu'on travaille dans un écosystème. On a des partenaires qui nous apportent les déchets à proximité des berges. Et ensuite, les déchets repartent en bateau. Et donc, c'est trois camions qui sont évités pratiquement tous les jours et qui ne rentrent pas sur le territoire de la métropole de Lyon. C'est énorme, en fait. D'accord. Donc, c'est juste, tu te dis... Oui. Voilà, c'est pas « et si j'avais une alternative ? » « Et si dans dix ans, j'avais une alternative ? » Non, c'est maintenant, quelle est l'alternative pour faire autrement et différemment ? Alors au début, oui, on te regarde avec des yeux, l'air de dire « mais la chef, elle a fumé, qu'est-ce qui se passe ? » Mais au final, voilà, et ça, c'est des actions concrètes. Et quand après, tu dis à tes équipes « eh bien, on est, on va... » on va continuer d'être une entreprise à impact positif sur le territoire, eh bien, t'es plus écoutée.
- SG
Justement, la chef, comment elle embarque les équipes ? Alors, franchement, elle incarne. Quand on la voit, elle incarne. Mais comment tu les embarques, toi ?
- AP
Alors, au début, tu vois, je ne suis pas arrivée, après la CEC, en disant on va régénérer, on va faire une entreprise régénérative. Non, je dis, on va utiliser des mots simples. On va être une entreprise à impact positif. Parce que c'est impact positif pour l'environnement. pour la biodiversité, pour l'air et pour les humains surtout. Donc voilà, comment on va le valoriser ? On fait déjà des actions, plein de belles actions, mais on va les valoriser. On va le mettre en avant, on va mieux l'exprimer et il faut qu'on soit fier de tout ce qu'on fait et tout ce qu'on veut faire. Et donc voilà, c'est ces petites actions-là qui font que, eh bien ouais, finalement, on est une entreprise à impact positif sur le territoire. Ça, c'est chouette.
- SG
D'accord. Et c'est quoi ces petites actions ? Comment tu... Conclutement, en fait, comment tu arrives à emmener ces équipes-là ?
- AP
Donc, le fluvial, j'en ai parlé. Bien sûr, les véhicules. Enfin, on remplace 100 % de notre flotte et on passe sur des énergies vertes. Donc, 100 % véhicules électriques ou gaz naturel. J'ai même mon collaborateur, Mohamed, qui a fait la mini CEC, l'embarquement des équipes. Il a fini la CEC, il a dit Aurélie, je vire la station gasoil qu'on a sur le site. Et j'ai dit, mais waouh, je suis trop contente. Et en fait, c'est ça, par exemple. C'est une action qui ne vient même pas de moi, qui vient d'eux, qui vient de mes collaborateurs. Quoi d'autre comme action ? Par exemple, les cadeaux de fin d'année. On a l'habitude de faire des goodies et tout. Cette année, on a offert des sacs de compost.
- SG
C'est ce que j'ai l'air de dire, c'est jusqu'au boutiste, parce que bientôt, l'objectif, c'est zéro déchet, Finalement. Vous n'allez plus avoir de travail, alors ?
- AP
Eh bien, c'est mon rêve, en fait. Mais tu sais, c'est comme en santé-sécurité. J'ai toujours dit, mon objectif, c'est de ne plus avoir de travail. Parce que, je ne veux pas que vous vous blessiez au travail. C'est, voilà.
- SG
Alors, j'imagine qu'il y a d'autres leviers. Quels sont peut-être les quatre leviers qu'on pourrait donner ?
- AP
Les quatre leviers ? Alors, oui, on en a parlé, de travailler sur toute la partie transport, de faire les boucles du recyclage, les boucles de la valorisation de l'énergie. Et on a surtout le levier qui est pour moi le plus important, c'est la gouvernance. Comment on va travailler sur cette gouvernance ? Parce que je veux vraiment rendre immuable. tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on fait. Et j'aimerais beaucoup qu'on franchisse le cap et de passer entreprise à mission. D'accord. Pour, ben voilà, ancrer les statuts et notre question générative dans les statuts, quoi.
- SG
Et la filiale lyonnaise, c'est un peu le pilote du grand groupe ? Comment ça marche ?
- AP
En tout cas, ça inspire. Ça inspire beaucoup parce que je sais qu'on a nos collègues de l'Ouest aussi, qui ont fait de l'Ouest de la France, qui ont fait la CEC 2024. Mais en fait, moi, ce que j'aimerais beaucoup, c'est pouvoir juste inspirer dans notre écosystème. Et tu vois, par exemple, on a des partenaires comme Racine qui ont fait la CEC cette année. Et j'ai d'autres partenaires dans les Alpes aussi, Géolithe, la Fondation Georges Boissel. Enfin voilà, je les ai inspirés et je suis contente. qu'ils aient franchi le pas et qu'ils fassent la CEC cette année.
- SG
Oui, parce que du coup, votre impact sur le territoire est quand même fort. C'est vrai que vous avez ce rôle d'ambassadeur et, comme tu dis, d'inspiration qui peut être en effet un vrai moteur. Tout à fait, c'est clair.
- AP
Travailler dans son écosystème avec des parties prenantes et accompagner des startups, accompagner des ESS, accompagner des jeunes entreprises, plus que de dire, nous, on sait faire. Ça, c'est une fierté, de dire on vous accompagne et on aide à vous développer. On est incubateur un peu, tu vois. J'aime bien ce rôle-là.
- SG
T'as un exemple concret ?
- AP
Oui, on en a plusieurs. On est partenaire de H7 aussi. sur ce sujet avec les boucles. Ronalpia aussi, on accompagne des jeunes entrepreneurs, des startups. Et puis après, oui, WeCompost, ou encore les alchimistes, ou tout en vélo. Enfin, voilà, on en a plusieurs, des entreprises qu'on accompagne, qui sont chères à nos yeux et qu'on aime travailler, enfin, on apprécie à travailler avec.
- SG
Bon, alors, du coup, je parle du Suez, mais on va dire la filiale lyonnaise, vous êtes où dans dix ans ? C'est quoi votre métier dans dix ans ?
- AP
Eh bien, moi, question difficile, mais dans dix ans, moi, j'aimerais beaucoup qu'on soit forcément sur du zéro déchet, qu'on soit 100% réemploi, qu'on arrive à travailler... aussi en créant du business. C'est-à-dire qu'il faut arriver à faire converger business et impact positif. C'est obligé. Donc voilà, et puis oui, qu'on soit une entreprise à mission et qu'on continue de travailler dans l'écosystème de façon encore plus importante.
- SG
Peut-être sur d'autres métiers, finalement.
- AP
Et sur d'autres métiers, exactement. Parce que notre métier va évoluer. Et en tout cas, on sera là, on est prêts à accompagner les collectivités dans ce sens-là, vers un nouveau métier.
- SG
Alors quand on fait la CEC, c'est un impact sur soi-même aussi, les vécus aussi. Quand on rentre chez soi, on a envie de tout expliquer, on ne sait pas comment l'expliquer. On est à 200 à l'heure, les autres n'ont pas encore démarré. Ça, c'est quelque chose qu'on ressent tous. Personnellement, qu'est-ce que tu as changé ? Comment ça t'a fait changer ?
- AP
Alors, comment ça m'a fait changer ? Ça m'a surtout permis de me dire, voilà, il faut être plus cohérente. Plus cohérente, surtout, sur les modes de transport, sur l'alimentation, la consommation et l'éducation. L'éducation et l'accompagnement envers l'éducation de nos enfants et l'accompagnement des citoyens, des administrés. Voilà, pour justement aller vers ce zéro déchet. Comment on peut faire différemment ?
- SG
Du coup, c'est une histoire de récits aussi. C'est ce qu'on disait en préambule. Comment on raconte les histoires pour que les gens, finalement, aient envie et désirent de basculer.
- AP
Exactement. Non, mais tout à fait, c'est ça. C'est aussi trouver, nous, des outils attractifs. Je pense, par exemple, à la cible de la population plutôt adolescente. 12-16 ans, là, qui est quand même assez difficile à faire bouger. Et bien voilà, mes équipes ont développé des jeux interactifs, des tablettes, une table. Et on a même développé la réalité virtuelle. Donc voilà, c'est aussi ça notre job. c'est de dire comment on peut sensibiliser et améliorer le changement du geste.
- SG
Et toi, est-ce que dans ton management, ça t'a fait changer des choses ou pas ?
- AP
Alors, est-ce que dans mon management, ça m'a fait changer des choses ? Tu sais, surtout avec mon expérience à Mayotte, j'ai toujours été très résiliente, très dans l'écoute. Et à me dire, on peut aussi manager les collaborateurs de façon très simple et humble. Donc voilà, en tout cas, ça m'a permis d'être encore plus confortée dans mes convictions et dans mon style de manager. Ça, c'est sûr.
- SG
En restant empathique et en ayant bien conscience que tout le monde n'a pas encore une maturité. Donc, c'est ça la conduite du changement aussi.
- AP
C'est ça, exactement. Il faut arriver à faire avec tout le monde. Et c'est à nous de nous adapter.
- SG
Justement, c'est la question, sans donner de leçons, mais qu'est-ce que tu pourrais dire à un dirigeant ou une dirigeante qui a envie de se lancer dans cette démarche, qui est quand même ambitieuse, qui est engageante ?
- AP
Moi, je pense que surtout... Et c'est ce que nous apprend la CEC, c'est qu'il faut être aligné. Il faut être aligné tête-coeur-corps. Et en fait, quand t'es aligné tête-coeur-corps, et ben tout de suite tu te sens mieux, et t'es prêt... prêts à affronter les défis, les challenges et la confrontation avec les actionnaires, avec la population, avec les clients. Enfin voilà, quand t'es aligné, eh ben t'as forcément raison en fait.
- SG
Et puis quand t'es aligné, honnêtement ça s'entend dans ta voix.
- AP
Oui, aussi, c'est vrai.
- SG
Et je sens l'énergie, on sent l'enthousiasme. On se dit bon, faut y aller. On n'a pas trop le choix en même temps. Si tu... Bon, on est presque à la fin de ce podcast. Si tu avais trois mots pour définir l'économie régénérative ? Pas toujours évidente à expliquer.
- AP
C'est vrai, c'est pas facile. Alors, trois mots. Alors moi, en fait, je vais te partager. Dans mon cursus du MBA, j'ai eu une prof, Docteur Tessa Melkonian, qui est passionnante et qui a beaucoup travaillé sur les trois écologies de Félix Gattari, qui sont l'écologie planétaire, qu'on connaît, on est sensibilisés, et il y a l'écologie sociale et organisationnelle, donc ça va être l'entreprise, la justice sociale, et l'écologie personnelle. Et donc... Parce que toi aussi, dans ton écologie, tu as tes limites, comme il y a les limites planétaires et les limites sociales et organisationnelles. Donc, je pense que faire le lien avec ces trois écologies, et dont l'écologie personnelle, c'est super important. Si toi, tu es bien, le reste, ça sera bien. Donc, si toi, tu es aligné. Donc, voilà, les trois mots, c'est peut-être ça : écologie planétaire, écologie sociale et écologie personnelle.
- SG
Écoute, tu m'as fait mon vendredi. C'est la première fois que je le prends. Mais c'est très bien. Ça va me faire réfléchir tout le week-end. Et si tu avais une baguette magique, là ? Changer les règles du jeu économique. Je pense que c'est un peu compliqué, d'ailleurs. Mais bon.
- AP
Si j'avais une baguette magique, je pense que j'aimerais beaucoup que les entreprises régénératives, ce soit une norme et pas une exception. J'aimerais beaucoup que ça soit normal. de régénérer, se régénérer soi-même, de régénérer le vivant, de régénérer les hommes, et que ça ne soit pas une exception.
- SG
On peut espérer, c'est tout l'intérêt de la Convention des Entreprises pour le Climat et tout ce qu'on est en train de faire, que ça devienne une norme et que finalement, dans 10 ans, 15 ans, voire moins, ça soit une évidence.
- AP
C'est clair. C'est sûr.
- SG
On le perd tous. Alors, qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ?
- AP
Qu'est-ce qui me rend confiant dans l'avenir ? Eh bien, c'est vraiment... le dynamisme aussi des nouvelles générations. Ces jeunes comme Amélie, ma planète champion, ou mes collaborateurs, ou les clients, les élus de la métropole de Lyon. Moi, je suis hyper confiante en l'avenir quand je vois cette dynamique-là et toute l'énergie qu'on passe pour... Pour nos enfants, en fait.
- SG
C'est clair. Voilà. Eh bien, merci Aurélie. Alors, d'habitude, je finis par une citation, mais tu m'as donné ta citation en intro tout à l'heure, avant de démarrer. Donc, je te laisse donner ta citation en premier et puis je donnerai la mienne après.
- AP
Moi, j'aime beaucoup la citation d'Antoine de Saint-Exupéry, en effet, qui... qui dit que nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres et nous l'empruntons à nos enfants. Et ça, c'est un mantra qu'il faut vraiment garder en tête.
- SG
Merci en tous les cas. Alors, je suis désolé, ma citation, elle est beaucoup plus basique. Elle va te rappeler tes cours de chimie du collège. Moi, je n'étais pas très bon. Ce n'est pas forcément un bon souvenir, une maxime célèbre de notre ami Lavoisier, qui dit que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Voilà, c'est ça ma citation pour finir. Elle est moins belle que la tienne. En tous les cas, Aurélie, merci.
- AP
Merci à toi, Stéphane, et merci à tous les auditeurs qui nous auront écoutés.
- SG
A bientôt. Salut.