- SG
Bonjour, bienvenue sur Échos de territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes, à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai gravi que 28 étages, mais j'ai quand même gravi 28 étages de la Tour InCity, qui se situe dans le quartier de la Part Dieu à Lyon. Et une fois n'est pas coutume, ce n'est pas un témoignage que nous allons partager, mais deux, puisqu'aujourd'hui nous allons parler d'une coopération qui est née, cocorico, grâce à la CEC, le projet Éclairer pour mieux respirer, un dispositif inédit pour informer les Lyonnais sur la qualité de l'air. Alors je vous explique quand même en quoi consiste ce dispositif. Chaque soir, à la tombée de la nuit, la Tour InCity, qui est aujourd'hui un bâtiment emblématique dans le paysage lyonnais, s'illumine aux couleurs de l'indice Atmo. Pendant 1h30, ce bâtiment phare diffuse une information visuelle sur la qualité de l'air attendue le lendemain, visible bien au-delà du centre de Lyon. Donc finalement, j'allais dire qu'on va en parler, mais c'est souvent au rouge quand même. Mais bon non, pas toujours. Et donc cette initiative est finalement un exemple concret d'une coopération, d'une rencontre entre deux organisations qui ont participé à la CEC Bassin Lyonnais 2023, donc la Caisse d'épargne Rhône-Alpes et Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Donc c'est l'Observatoire de la qualité de l'air. Et donc enfin mesdames, je vais vous donner quand même la parole parce que c'est un peu l'objectif. Et donc pour parler de cette coopération et puis plus largement de l'économie régénérative, j'ai la chance aujourd'hui de pouvoir échanger avec Marine Lattam, directrice générale de Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Marine, bonjour.
- ML
Bonjour Stéphane.
- SG
On va se tutoyer.
- ML
Tout à fait.
- SG
Très bien. Et puis de Fabienne Bochet, donc aussi une directrice générale, mais adjointe cette fois-ci de la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes. Fabienne, bonjour.
- FBP
Bonjour Stéphane.
- SG
Eh bien écoutez, je suis très heureux d'être là aujourd'hui. Donc ce que je vous propose avant de rentrer dans ce dispositif qui est plutôt assez intéressant, c'est déjà de nous parler un peu de vos organisations et puis de qui vous êtes vous, parce que c'est ça aussi qui nous intéresse.
- FBP
Alors je commence. Fabienne. Donc Fabienne Bochet, directrice générale adjointe de la Caisse d'épargne Rhône-Alpes. La Caisse d'épargne, c'est une banque. On est installée sur cinq départements, l'Isère, la Savoie, la Haute-Savoie, le Rhône et l'Ain. Il y a environ 3000 collaborateurs. Et donc ce qui est facile dans une Caisse d'épargne, c'est qu'on a une activité qui est à peu près connue de tout le monde. Donc, on collecte de l'argent et on prête l'argent. Voilà, c'est le métier traditionnel d'un banquier.
- SG
Avec un fort impact sur son territoire.
- FBP
Avec un fort impact sur son territoire puisqu'on est une banque régionale, coopérative. Des notions qui sont assez intéressantes dans le cadre de la CEC. On en parlera peut-être après.
- SG
Et toi, Fabienne, tu as toujours été dans la banque ?
- FBP
Alors, moi, j'ai toujours été dans la banque, en fait. J'ai commencé ma carrière dans la banque. Je suis de la région, déjà. 0Je suis née à Grenoble. Je suis une grenobloise. J'ai fait mes études à Lyon, j'habite en Haute-Savoie, je travaille sur Lyon, donc je suis vraiment implantée dans la région. Et j'ai fait toute ma carrière au sein du groupe BPCE, donc Banque Populaire Caisse d'Épargne, que ce soit dans la région ou dans d'autres régions, dans le nord de la France, dans l'Est de la France et également à l'étranger.
- SG
D'accord. Très bien. Marine, du coup, c'est à toi.
- ML
Oui, donc Marine, je dirige Atmo. Atmo, on est une association en charge de la qualité de l'air sur l'ensemble du territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes. On est une centaine de salariés, 12 millions de chiffres d'affaires. C'est juste pour poser un peu ce que vous dites, association, c'est souvent qu'on est plus petit que ça, mais voilà, on a quand même une taille correcte pour une association. Et on a plusieurs missions. La première, c'est une mission réglementaire, c'est de surveiller la qualité de l'air pour le compte notamment de l'État. Et on a un agrément de l'État pour faire cette mission-là, mais ce n'est qu'une partie de nos activités. Le reste de nos activités, ça consiste à accompagner les acteurs du territoire, donc les entreprises et les collectivités locales dans leurs actions pour qu'elles puissent mieux intégrer le sujet de la qualité de l'air dans les politiques publiques ou les politiques économiques qui sont décidées par ces acteurs-là. Et donc c'est vraiment un rôle de plus en plus, un rôle d'influence, on va en parler, qu'on essaye d'avoir vis-à-vis de ces acteurs du territoire.
- SG
Un rôle de scientifique qui devient un rôle d'influenceur, non ?
- ML
On utilise un peu les deux, oui. Et on essaye aussi en interne de transformer des ingénieurs en influenceurs. C'est un défi quelque part.
- SG
Je peux comprendre sur votre feuille de route, en effet. Ce que je vous propose, c'était simple de se présenter, c'était facile. Maintenant, je vais vous demander quelque chose de plus compliqué, c'est de me parler du régénératif, justement. Et donc, comment finalement, est-ce que ce mot-là, vous le connaissiez ? Qu'est-ce qui vous a poussé à faire la CEC ? Alors peut-être Marine, si on continue.
- ML
Régénératif, pour moi, c'est évoquer le prendre soin, la notion de soin en fait. Prendre soin de soi, prendre soin des autres et prendre soin de l'environnement. En tout cas, c'est comme ça que ça fait sens chez moi. Et ça nous rapproche du coup du sujet de la santé. Et quand on parle de la qualité de l'air, en fait, le lien avec la santé, il est très fort. Et c'est ce fil-là qu'on a conduit, en fait, dans le cadre de la CEC, dans le cadre de notre feuille de route. C'est plus prendre soin et faire du régénératif au travers de donner un environnement qui permette une meilleure santé aux habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes. C'est même notre cap 2030, que la région soit un endroit où il n'y a pas... de pollution qui viennent avoir un impact sur la santé des habitants de la région.
- SG
D'accord. Alors, la CEC, c'était une évidence pour vous ?
- ML
Alors, une évidence, oui et non, parce qu'en fait, on n'est pas une entreprise. Donc, on s'est surtout posé l'action de savoir si c'était fait pour nous. Donc, on a eu une hésitation par rapport à ça. Et puis, finalement, on s'est fait embarquer. Alors, moi, c'est par Serfim que ça s'est fait. J'ai rencontré Marie-Anne Gobert de chez Serfim. Et elle m'a dit, mais non, ça ne sera pas un problème. Ça ne sera pas un problème. Et puis, voilà, j'ai fait confiance. Et puis, on est parti sans trop savoir où on allait. Mais on est parti.
- FBP
Alors moi déjà le mot régénératif, je vais être tout à fait honnête, je ne savais même pas ce que c'était. Je l'ai vraiment découvert dans le cadre du parcours de la CEC. Quand j'ai commencé à mesurer un peu ce qu'il y avait derrière, pour moi c'est effectivement le fait d'être au-delà de limiter notre impact négatif, c'est d'aller beaucoup plus loin, d'être plus acteur et d'avoir un effet positif sur notre environnement. Donc jusque-là c'était à peu près clair. Après comment on le décline au niveau d'une banque ? Ça devenait un petit peu plus ambitieux comme réflexion. Et puis l'engagement dans la CEC, en fait, c'est arrivé un peu, très honnêtement aussi par hasard. Entre dirigeants, ils en ont parlé. Moi, mon président en avait entendu parler. On a été sollicité. Et on a tout de suite, par contre, tout de suite, ça nous a donné envie d'y aller. On s'est dit oui, il y a quelque chose à faire. Ça nous intéresse, ça nous parle. Mais c'était un peu... On ne mesurait pas vraiment ce qu'il y avait derrière l'engagement dans la CEC. On ne mesurait pas réellement... Tout ce qu'on allait apprendre, tout ce qu'on allait devoir faire. On était un peu des naïfs quand on a démarré.
- SG
D'accord, c'est-à-dire que vous avez pris la claque, comme tout le monde ?
- FBP
Voilà, j'ai pris la claque. Alors c'est vrai que ce n'est pas très vendeur pour donner envie aux gens de faire la CEC, parce que tout le monde dit, tu vas voir, la première fois, ça va être terrible, la première session. Mais oui, bien sûr, la première session a été perturbante, très perturbante. On n'est plus les mêmes. On n'est plus les mêmes. Je pense que si on fait cette démarche-là, c'est qu'on a au fond de nous quand même une sensibilité, on a quelque chose. On n'est pas climato-sceptique en arrivant à la CEC. J'imagine qu'il y a quand même assez peu de gens qui étaient sceptiques sur ce sujet-là. Par contre, ça devient extrêmement concret, factuel, scientifique. Et si on avait tendance à se mettre un petit peu des œillères en se disant « oui, bon, ce n'est pas si grave, ok, il y a un sujet, mais bon, ce n'est pas grave » , Là, les œillères, elles tombent. Donc, c'est ça qui est effectivement compliqué.
- SG
Ce qui fait que quand on ressort, parfois, on se sent peut-être un peu seul avec son entourage.
- FBP
Alors, on se sent seul. On se sent seul. Je pense qu'on a tous échangé au sein de la CEC sur la réaction de nos amis, la réaction de notre famille, la réaction de nos collègues de travail, de nos collaborateurs ou de nos collègues. Moi, je fais partie d'un comité de direction générale. Tous ces gens qui m'entourent et qui font mon quotidien. Eh bien, ils étaient comme moi, c'est-à-dire qu'ils avaient une sensibilité plus ou moins grande. Et il y en a, quand je suis sortie de cette première session, ils m'ont regardée en me disant « mais t'es rentrée dans une secte, qu'est-ce qui t'arrive ? » Ma famille ne comprenait pas pourquoi tout d'un coup, des sujets dont je ne parlais pas forcément, tout d'un coup, je n'arrêtais pas de leur en parler. On est perturbé, on prend une claque, mais on est aussi parfois un peu maladroit. En tout cas, on n'a pas forcément, au début, on n'a pas forcément la bonne approche pour essayer finalement de partager ce qu'on a ressenti et ce qu'on a compris avec notre entourage. Ça, ça vient.
- SG
Et du coup, Marine, pour toi, c'était peut-être plus une évidence,non ?
- ML
Alors moi, je ne sais pas si j'ai pris une claque parce qu'en termes d'information, j'avais déjà cette information. Mais je pense que c'était une information que j'intellectualisais. C'était mon travail, c'était ma manière de penser, mais ce n'était pas forcément totalement incarné. Et en fait, c'est ça que j'ai trouvé intéressant dans la CEC, c'est la fois de toucher la tête, le cœur et le corps. Et c'est vrai qu'on ressort de là, on est obligé de l'incarner, sinon on passe complètement à côté. Donc moi, c'est cet aspect-là d'avoir fait descendre l'information de ma tête dans le reste de mon corps et d'essayer de le vivre vraiment plus personnellement. Moi, c'est vraiment ça, à titre personnel, la mutation que ça a généré. Et puis, il y a eu des aspects... typiquement, on nous fait écrire une lettre pour des proches, moi j'écris forcément à mes enfants, et ça, je pense que ce jour-là, ça m'a bouleversée en fait, et là je me suis dit, je parle de moi je parle de moi pour de vrai, je ne suis pas juste en train de parler pour le boulot, je parle pour de vrai et voilà, ça c'était fort très fort, ouais.
- SG
Pour tout le monde, je te rassure je vois que tu as les larmes aux yeux, mais je te rassure c'était très fort pour tout le monde. Du coup, peut-être que c'est l'occasion aussi de parler un peu de votre feuille de route, finalement ce que vous avez peut-être déjà mis en place ce... Ce dont vous êtes déjà fière, peut-être Fabienne ?
- FBP
Oui, alors sur notre feuille de route au niveau de la Caisse d'épargne, pour nous c'était, quand je dis nous, puisqu'on est deux à participer, donc moi j'ai été accompagnée par Sylvain Brissot, qui représente tous les travaux qu'on fait sur ce qu'on a appelé la transition climatique, qu'on aurait peut-être dû renommer transition environnementale. On était deux à partager à la fois les différentes sessions et le travail à réaliser. Et en fait, on a réussi à se mettre d'accord. et à proposer dans notre feuille de route, quatre leviers, c'est assez classique, je pense que toutes les entreprises qui ont participé sont allées à peu près là-dessus. Et nous, on a identifié un levier sur notre entreprise, sur nos collaborateurs, sur la sensibilisation de nos collaborateurs. Pour nous, c'est un axe extrêmement important. On est 3000, c'est quand même 3000 collaborateurs. Je dis, si on arrive à avoir le bon degré d'information et le bon degré de sensibilisation sur ces collaborateurs, ça sera déjà quelque chose dont on sera fiers. Ça, c'était le premier levier. Le deuxième levier, c'était sur notre business model. On est une banque, on gagne notre vie en prêtant de l'argent et en collectant de l'argent. Comment on fait en sorte que ce business model soit régénératif ? Donc là, on a identifié un certain nombre de pistes sur lesquelles on a déjà commencé à mettre des choses en œuvre, notamment le financement de la rénovation énergétique, le fait de revenir vers des clients qui ont des maisons qu'on a identifiées comme des passoires énergétiques, d'aller les voir en leur disant, on a identifié que votre maison qu'on a financée il y a 10 ans, c'est une passoire énergétique, est-ce que vous en avez conscience ? Est-ce que vous avez besoin de conseils, etc. ? Donc tous ces dispositifs qu'on est en train de mettre en place. Et puis pour les entreprises, bien sûr, on a mis en place ce qu'on appelle un dialogue stratégique, un dialogue stratégique ESG. Donc ces entreprises qui sont clientes, on va les voir, on leur dit, bon, est-ce que vous avez fait un bilan carbone ? Est-ce que vous êtes conscient des enjeux ? climatiques, environnementaux, par rapport à votre propre business model ? Si vous fournissez des matières premières à l'autre bout du monde et que, je ne sais pas, ces matières premières deviennent plus rares ou beaucoup plus chères ou beaucoup plus je ne sais quoi parce qu'il y a des taxes douanières, par exemple, est-ce que vous avez réfléchi à votre business model ? Comment vous pouvez faire en sorte que, à la fois, votre entreprise reste pérenne et, en même temps, que vous soyez le plus possible régénératif ? Il y a toutes ces questions qu'on a mises en place. Donc ça, c'est le deuxième levier.
- SG
C'est un levier pas simple, honnêtement, pour connaître beaucoup de dirigeants qui souvent ont l'impression qu'on leur donne des leçons. « La banque, ma banque m'a demandé mon rapport à ESG,tu te rends compte ? »
- FBP
C'est toute la difficulté. Nous, on n'est pas des donneurs de leçons, on est aussi une entreprise. Nous, on n'est pas des scientifiques. On est comme les autres entreprises. Nous, on prend en compte ce que les scientifiques nous disent. On prend en compte à titre personnel et à titre de citoyen les impacts de demain et quel va être notre rôle là-dedans. Notre business model, c'est d'avoir des clients. Et donc, ces clients... Comment on fait vis-à-vis de ces clients pour pouvoir les accompagner ? Parce que c'est ça le rôle d'une banque, c'est d'être capable d'accompagner les clients dans leur transition. Il y a la transition numérique, il y a la transition environnementale, il y a d'autres transitions qui existent. Et la banque, elle est là pour permettre à ses clients d'arriver à faire ces transitions. Et donc, on n'est pas donneurs de leçons, on n'est pas des scientifiques. Par contre, on a les finances. Donc, comment on fait pour être au bon niveau dans notre dialogue avec les clients ? Et c'est ça, effectivement, qui n'est pas simple. Nos collaborateurs ont été formés, nos collaborateurs, depuis un an, mettent en œuvre ce dialogue ESG et en tout cas, on a des très bons retours des entreprises avec lesquelles on a cette démarche-là. Après, les entreprises, elles peuvent nous dire « Moi, aujourd'hui, j'ai conscience de ça, mais je ne suis pas prêt, ce n'est pas le moment. » L'entreprise, elle est souveraine. Mais en tout cas, on aura au moins engagé le dialogue là-dessus.
- SG
Par contre, vous avez un levier fort sur la coopération, quand même.
- FBP
C'est le troisième levier. Bravo pour la transition. C'est notre troisième levier, c'est-à-dire que on est une entreprise qui est régionale, coopérative. C'est-à-dire qu'on n'a pas d'actionnaire. Notre capital, il appartient à nos sociétaires. Donc, on maîtrise ce qu'on veut faire. Et on est en lien, bien sûr, avec les collectivités locales, avec le monde associatif, avec le monde de l'ESS, l'économie sociale et solidaire, avec les citoyens, les particuliers. Et donc, au-delà de notre rôle de banquier, on a aussi accès à tout un tas de partenariats avec toutes les parties prenantes d'une région. Et donc... Là aussi, en étant sensibilisés, et ce qu'on a fait avec Atmo, c'est un exemple. Pour nous, il est emblématique parce que c'est le premier, mais c'est un exemple de ce qu'on peut faire. On peut arriver à mettre en place plein de choses en coordination avec des collectivités. Je pense aux centrales villageoises, par exemple. Elles existent sur le territoire de la région Rhône-Alpes. Un certain nombre de centrales villageoises. Et les centrales villageoises, ce sont des parties prenantes au niveau d'un territoire délimité: une collectivité, ça peut être des professionnels, ça peut être des particuliers qui se regroupent pour créer des centrales qui produisent de l'énergie. Donc ça peut être du photovoltaïque, ça peut être de la biomasse, ça peut être différentes solutions. Et donc ces centrales villageoises disent « moi je vais mettre du capital, je vais emprunter éventuellement, pour produire l'électricité pour notre consommation, c'est-à-dire pour l'agriculteur, pour le professionnel, pour la collectivité locale. » Et là, c'est vraiment déjà un partenariat où nous on peut arriver et dire « si vous avez besoin de financement, on est là, si vous avez besoin de conseils, on a aussi des outils qui peuvent vous aider. Et puis aussi, on peut vous mettre en relation avec d'autres organismes qu'on connaît sur la région et qui vont pouvoir vous amener de la connaissance et de l'efficacité. Il y a plein de choses à faire.
- SG
Voilà, du coup, la coopération, je pense que c'est un mot fort. C'est clair. Du coup, maintenant, je me tourne vers toi, Marine. Vous aussi, qu'est-ce que vous avez mis en place ? On pourrait imaginer que finalement, vous étiez déjà dedans, votre mission, elle est déjà...
- ML
Oui, sauf que la manière dont on se voyait avant, on se voyait plus comme un observatoire, donc plus en train de décrire les choses de manière très scientifique et très factuelle, mais sans forcément se mouiller beaucoup plus que ça. Et en fait, moi, le déclic de la CEC, ça a été de dire mais en fait, il faut qu'on soit beaucoup plus engagé. Et donc, de vivre notre métier comme un métier d'engagement, de manière beaucoup plus forte. Et quand on travaille du coup avec les entreprises ou avec les collectivités locales, d'aller plus loin que juste poser des constats, aller plus loin dans le conseil, aller plus loin dans l'ouverture du sujet, non seulement la qualité de l'air, mais être capable de l'élargir à la santé et au climat, et de montrer que tout ça, ça fait du sens et que tout ça, c'est cohérent.
- SG
Exemple, par exemple, d'action ?
- ML
C'est peut-être un truc tout bête, mais maintenant, quand on cite des moyennes de pollution ou de qualité de l'air dans le cadre de l'évaluation d'un projet, on se situe non seulement par rapport au seuil réglementaire, ce qu'on a toujours fait, ce qui est ce qu'on nous demande, Mais maintenant, systématiquement, on cite les seuils de l'Organisation Mondiale de la Santé. Donc on dit, OK, on est en dessous des seuils réglementaires, donc c'est OK. Pour autant, on n'a pas atteint les objectifs de l'Organisation mondiale de la santé. Donc on se donne une ambition plus grande. Et notre ambition, c'est d'être un peu des influenceurs et donc de pousser plus loin dans leur retranchement à la fois les collectivités et les entreprises. Et c'est ce pas de côté qui, pour moi, est très important, de passer d'observateur à influenceur, si je peux dire entre guillemets. Et donc, du coup, de profiter de l'effet de levier qu'on a pour avoir un impact sur le territoire. Ce n'est pas nous, Atmo, avec nos 100 salariés, qui allons avoir un effet de levier direct sur le territoire. Par contre, on est en lien avec plus de 250 entreprises et collectivités. Et si on se sert de nos membres comme d'un levier, comme d'un bras de levier, là, on deviendra efficace. Donc, la notion de territoire, elle est très forte pour nous et avec tout type d'acteurs. Et ça rejoint aussi notre composition, puisqu'en fait, on est une association où on a quatre collèges. Et dans nos collèges, on a l'État, les collectivités, les associations et les entreprises. Et on essaye de faire une politique commune ensemble. Je peux prendre un autre exemple sur lequel on arrive à faire vivre ce territoire. C'est le sujet des perfluorés, les PFAS dans le Sud-lyonnais, gros sujet d'actualité. Et en fait, on arrive sur le sujet des PFAS dans l'air, ce qui n'a pas marché d'ailleurs sur le sujet des PFAS dans l'eau, où là, les différents acteurs sont plutôt rentrés dans des relations conflictuelles. Sur les PFAS dans l'air, on est la table ronde, on est la table de négociation pour définir une politique publique ensemble. Et donc là, on fait territoire. Donc on a des gens qui ont des enjeux différents, qui arrivent à se mettre autour de la même table et qui arrivent à dire oui, il y a un intérêt général à mieux connaître le sujet des PFAS dans l'air. Oui, on va mettre de l'argent. Oui, on va partager les résultats. Et même si ça frotte un peu et que ce n'est pas facile, au moins on essaye. Et voilà, et ça, cette notion-là d'emmener le territoire, d'emmener tous les acteurs des territoires, de les engager plus, c'est vraiment notre vocation et notre ADN.
- SG
Ce qui fait que oui, c'est aussi d'embarquer vos collaborateurs finalement, pas dans la compréhension du changement climatique, parce que je pense qu'ils l'avaient déjà, peut-être à l'inverse. d'une banque ou là, il faut... Voilà. Vous, c'est changer presque de façon, de posture.
- ML
Oui, vis-à-vis de... Pour aller vendre quelque chose.
- SG
Et ça me permet de revenir sur votre modèle économique.
- ML
Tout à fait.
- SG
Parce que dans votre feuille de route, vous avez aussi...
- ML
Parce qu'on est très ambitieux et il faut être très ambitieux. Mais pour ça, faut-il encore avoir un modèle économique qui tienne la route ? Et c'est vrai que là, notre modèle économique, il est un peu mis à mal. Alors, il n'y a pas que nous en ce moment, pour ceux qui suivent l'actualité. L'absence de budget de l'État a entraîné que les collectivités soient plus frileuses dans leurs subventions. Et comme nous, on dépend entre autres de subventions de l'État et des collectivités, ça fait deux financeurs sur trois qui sont aujourd'hui dans une situation d'incertitude et donc forcément qui ont un impact sur nous. Et donc ce qu'on se dit, c'est qu'on a effectivement un modèle économique plus ambitieux et plus pérenne à développer. Et ce modèle économique, en fait, on voudrait notamment le développer avec les entreprises. Et on est en train de développer une offre de services pour les entreprises, pour les accompagner. Alors à la fois sur des sujets de sensibilisation, par exemple prêter des micro-capteurs, par exemple une quinzaine ou une vingtaine de micro-capteurs à une entreprise qui fait, qui expérimente, qui donne la possibilité à ses collaborateurs d'expérimenter dans leur vie quotidienne ce que c'est que la qualité de l'air et du coup ce qu'ils peuvent changer, et d'animer un débat pour voir comment on peut faire changer les choses. On a aussi développé une fresque de l'air, un petit peu sous le modèle de la fresque du climat, mais plus ludique et qui tourne plus vers l'action. qu'on peut animer au sein d'entreprises pour apporter cette brique-là supplémentaire à une politique RSE, par exemple. Et après, on peut aller sur des actions beaucoup plus en lien avec l'activité de l'entreprise, c'est-à-dire toucher à la flotte de véhicules, toucher aux émissions de CO2 et faire un bilan à la fois des émissions de carbone, mais des autres émissions de polluants atmosphériques. Et donc faire un bilan de ce qu'on appelle carbone air, par exemple. Là, on est plus après dans nos compétences métiers, qui est d'apporter de l'expertise sur l'air. Donc, il y a un peu deux volets dans ce qu'on peut apporter aux entreprises et qu'on veut associer, qu'on veut arriver à... Voilà. En fait, la CEC, si je puis dire, ça nous a permis de démystifier un peu le monde de l'entreprise. Ce n'est pas que des grands méchants, en fait. Et il y a des gens sensibles.
- SG
Tu as raison. Et en même temps, on veut faire du bien, mais il faut être pérenne. Il faut que ça marche.
- ML
Donc, on s'est dit qu'il y avait tout un champ des possibles avec les entreprises. C'était un moyen pour nous de pérenniser notre business model et d'être encore plus influents. Donc, on s'est dit, allons-y.
- SG
Alors du coup, moi ce que je propose maintenant, on a bien compris, vous êtes tellement enthousiastes, à mon avis on pourrait passer toute l'après-midi, mais le chocolat est bon et le café aussi, donc ça va. On va parler un peu du projet "Éclairer pour mieux respirer". Alors comment ça naît ce projet-là ?
- FBP
Alors c'est vraiment emblématique je trouve de la CEC, puisque quand on fait la CEC, on est réparti en... plusieurs camps de base, des groupes de travail, en fait, où on se retrouve régulièrement.
- SG
C'est quoi votre camp de base ?
- FBP
Les libellules. C'est mignon, hein ?
- ML
Et les azurées.
- SG
C'est les castors, c'est moins beau.
- FBP
C'est sympa, les castors. Et donc, on n'était pas dans les mêmes camps de base, Marine et moi. Par contre, on a eu un élément...
- ML
Un entremetteur.
- FBP
Un entremetteur, c'est exactement ça. Qui se reconnaîtra. Quelqu'un qui connaît bien la tour puisqu'il a participé à la construction de cette tour.
- SG
C'est Marc Balay, on peut le dire.
- FBP
C'est Marc Balay et qui a entendu Marine. Marine le racontera. Marine qui exprimait un besoin et qui lui a dit mais... La tour InCity, ça serait peut-être une bonne idée.
- ML
Voilà. Parce qu'en fait, oui, dans un petit groupe thématique où on parlait justement des actions territoriales, j'expliquais à un petit groupe qu'on avait cherché à éclairer une tour dans Lyon, que ça n'avait pas fonctionné, qu'on avait un peu laissé tomber, mais qu'on cherchait un autre moyen de rendre plus visible le sujet de la qualité de l'air. Et là, voilà, Marc m'a dit, mais attends, il faut que je te présente quelqu'un tout de suite. Tout de suite, tout de suite. Donc, à la pause, on a foncé, on a été voir Fabienne. Je lui ai dit, ben voilà, on cherche une tour. Elle me dit, moi j'ai une tour. Et ben voilà, c'est réglé.
- FBP
J'ai pas une tour. Mais,
- SG
on a bien compris. Et du coup, le projet, si vous pouvez le redécrire un petit peu.
- FBP
La tour InCity, elle a l'avantage d'être très grande et de se voir de loin. Et elle était déjà équipée de systèmes d'éclairage qu'on pouvait utiliser pour différents événements. Donc on peut moduler les couleurs, le système existait. Et l'idée, c'est que Atmo nous transmette tous les soirs ses prévisions de qualité de l'air pour le lendemain. Sachant que les prévisions de qualité de l'air se traduisent par une couleur. Il y a un éventail,
- ML
une couleur,
- FBP
un indice. Voilà, c'est l'indice Atmo. Donc ça va du, si je ne me trompe pas, du vert jusqu'au violet foncé foncé, selon la qualité plus ou moins bonne de l'air. Et donc cet indice est transmis tous les soirs et on éclaire pendant une heure et demie le haut de la tour pour que ça puisse se voir le plus loin possible en fonction de cet indice. Donc ça permet à l'ensemble des citoyens et des parties prenantes qui sont sur la zone de se renseigner, de savoir ce qui va se passer le lendemain en terme de qualité de l'air et si possible d'adapter leur comportement. Voilà.
- ML
Et du coup on a doublé ce système d'éclairage d'une campagne de communication pour expliquer pourquoi est-ce qu'on éclairait, ce que ça voulait dire et comment les gens pouvaient du coup changer leurs comportements. Parce que l'idée, ce n'était pas de les laisser non plus seuls face au constat. On ne voulait pas être anxiogènes, on voulait pousser à l'action. Et donc, du coup, il y a une campagne de communication assez importante qu'on a développée, donc à la fois dans les transports en commun, dans le réseau TCL, sur les écrans qui sont dans les trams et dans les métros. À la fois sur des panneaux en ville, et là on a bénéficié de la Métropole de Lyon qui nous a mis à disposition des créneaux qu'ils ont sur ces panneaux pour pouvoir faire des campagnes de pub, et puis d'autres relais, presse notamment, assez important, pour expliquer et pousser au changement. C'est vraiment ça notre vocation. Et puis cet éclairage, donc on est très très contents de l'éclairage de la Tour. On avait un peu peur qu'il y ait forcément quelques réactions négatives, parce qu'on avait anticipé qu'il y en aurait forcément, et en fait on en a quasiment pas eu.
- FBP
Moi j'en n'ai pas vu effectivement on se disait bon on est on est on est une banque voilà on sait que c'est assez facile quand même de critiquer les banques. Il y a des métiers qui sont un peu plus exposés en tout cas ça nous on n'a rien vu ça n'a pas à priori ça n'a pas eu lieu on est très content parce que pour nous c'était vraiment, ça nous avait on est vraiment fier d'avoir réussi à faire ça parce que c'est vraiment un exemple de coopération mais de coopération qui s'est faite extrêmement facilement. Ce n'était pas une coopération où il y avait trois ans de travaux, des millions de dollars à mettre sur la table pour y arriver. Ce n'était absolument pas le sujet. La tour, elle était là. L'éclairage, il était là. Il y avait un peu de coordination, un peu de validation des deux côtés.
- ML
Mais la Caisse d'Épargne a quand même été hyper réactive, parce que ça s'est fait en deux, trois mois. À partir du moment où on a dit top, ça a été réglé en deux, trois mois.
- FBP
Oui, assez vite, parce qu'on a tous vu l'intérêt de faire ça. On dit qu'on a un engagement en tant qu'entreprise. La Caisse d'épargne, elle est vraiment impliquée dans ce qui se passe au niveau de son territoire et dans les enjeux environnementaux. On a cet outil qui est à notre main, mais pourquoi s'en priver ? Donc, on était tous très fiers de pouvoir le faire. Alors, on avait nous aussi cette petite inquiétude de se dire, bon, alors, on est une banque, est-ce que ça ne va pas un peu cristalliser le débat ? Ça n'a pas du tout été le cas. Puis, la deuxième inquiétude, c'était de se dire, bon, si jamais la qualité de l'air est... mauvaise
- SG
C'était la question de suivante, oui.
- FBP
Et que finalement, on affiche toujours des mauvaises nouvelles. Est-ce qu'on ne va pas... En fait, ce n'est pas le thermomètre qu'il va falloir casser. Je veux dire, ce n'est pas le sujet. Donc, on a eu des débats, mais qui ont duré à peu près 5 minutes, montre en main. Et on s'est tous dit que c'était génial si on pouvait le faire.
- SG
Et du coup, justement, Marine, par rapport à la qualité de l'air, qu'est-ce qu'on peut dire sur la métropole de Lyon ?
- ML
Ce qu'on peut quand même dire, c'est que sur la métropole de Lyon, la qualité de l'air s'améliore globalement depuis une vingtaine d'années. Sur ce qu'on appelle les polluants réglementés, donc les particules fines et les oxydes d'azote et l'ozone principalement. C'est lié à des changements de voiture, enfin de motorisation, très clairement sur le sujet de la circulation. Après, il reste des enjeux sur lesquels on doit encore progresser, c'est le chauffage, et notamment le chauffage individuel au bois non performant. Et ça, il faut le dire, parce qu'on a toujours du mal à imaginer que dans une métropole, le sujet du chauffage au bois puisse être la principale source de pollution l'hiver, et c'est le cas. Donc on a un gros travail encore là de faire comprendre ce message.
- SG
Chauffage au bois, foyers ouverts ?
- ML
C'est-à-dire foyers ouverts, soit des vieux poêles, soit des systèmes qui ne sont pas étanches. Mais ce qui reste encore, en fait ils sont très polluants. relativement peu pour être une source de pollution très importante.
- SG
Parce qu'on focalise quand même, on a focalisé il n'y a pas si longtemps que ça, sur on était douzième ville la plus polluante.
- ML
Oui, on a passé quelques records il n'y a pas longtemps, mais il y a eu des circonstances. On était en épisodes de pollution, donc ça veut dire qu'il y avait une sorte d'effet de soucoupe qui maintenait des hautes pressions, qui maintenait les polluants au sol. J'imagine que de cette tour, on voit très bien cet effet d'inversion. Et donc du coup, effectivement, quand on a un épisode de pollution, c'est une situation très stable où les émissions stagnent. Et puis, comme tous les jours, il y a des émissions sur le territoire, ça finit à des taux relativement élevés, jusqu'à ce que la météo soit plus favorable et qu'il y ait une évacuation de ces polluants. Et effectivement, là, on a eu un gros épisode de pollution qui a été en plus... Enfin, il y a eu un incendie en même temps, donc il y a eu deux facteurs qui ont fait que Lyon est monté très très haut dans la liste des villes les plus polluées du monde, mais c'était très ponctuel, c'est un épiphénomène. Et puis on parle beaucoup des pics de pollution, mais le sujet de la pollution, c'est aussi un sujet chronique, en fait. C'est les niveaux d'exposition quotidiens qui comptent plus que les pics. Et il y a une enquête de Santé Publique France qui est sortie la semaine dernière et qui montre en fait tout l'étendue des maladies qui sont liées à la pollution de l'air et qui sont beaucoup plus larges que simplement les maladies respiratoires qui sont celles auxquelles on pense initialement. Mais en fait, il y a des maladies cardiovasculaires, il y a des cancers, il y a plein d'autres maladies en lien avec... avec la qualité de l'air. Et juste un chiffre qui est sorti la semaine dernière qui dit qu'il y a 3000 enfants par an qui sont concernés par l'asthme, des nouveaux patients de l'asthme, si vous voulez, 3 000 par an pour non-respect, en fait, des recommandations de l'OMS en termes de particules fines. Donc, si on retrouvait les recommandations de l'OMS, on éviterait 3 000 enfants par an qui deviennent des personnes asthmatiques. Voilà, c'est ça les enjeux en fait.
- SG
C'est vrai que votre projet, c'est un projet de transparence. Et finalement, tu l'as dit, ça pourrait être anxiogène, mais si on le prend du bon côté en se disant, je suis au courant, qu'est-ce que je peux faire ? On peut imaginer, en effet, que ça peut être un levier.
- ML
Et puis ce n'est pas en mettant les choses sous le tapis qu'on les fait pousser.
- SG
Ce n'est pas l'air, c'est la poussière, mais c'est vrai, tu as raison.
- ML
Donc voilà, rendre le sujet visible, pour nous, c'était la première étape. C'était notre premier levier, c'était de rendre ce sujet-là beaucoup plus visible et que les gens s'approprient le sujet. De manière à après créer ce qu'on appelle de la demande sociale, c'est-à-dire qu'en fait, quand les gens ont pris conscience qu'il y avait un sujet, ça influence leur manière de voter, leur manière d'agir, leur manière de faire société et que ce sujet-là puisse remonter un peu plus.
- SG
Ok, j'imagine, on est bientôt sur la fin de ce podcast, qu'il va y avoir plein d'autres coopérations, parce que quand on vous entend et que vous avez le sourire aux lèvres, ça fait plaisir, on se dit que tout ça avance plutôt bien. Du coup, je vais finir par trois petites questions. Je vous pose la même toutes les deux, si vous aviez une baguette magique et que vous pouviez changer les règles du jeu économique, vous changeriez quoi ?
- FBP
Il faut choisir. Si j'avais une baguette magique, il faudrait aller assez vite et plus loin sur la mesure de la richesse et de la bonne santé d'une entreprise. C'est pas seulement en faisant du résultat et en faisant du chiffre d'affaires, mais quel est son impact sur son environnement. Donc c'est aussi un des thèmes de la CEC, c'est d'avoir cette double comptabilité et d'être capable de dire, voilà, moi, mon activité en tant qu'entreprise, elle génère tant de pollution, elle génère tant de régénération, elle a abîmé ou préservé tant de biodiversité. Et finalement, ça devrait être aussi important que de dire j'ai fait tant d'euros à la fin de l'année. Alors ça, bien sûr, c'est une baguette magique et ça peut paraître très naïf, je le sais. Mais bon, je pense qu'il faut un petit peu de naïveté pour se battre sur ces sujets.
- ML
Un peu d'utopie aussi, parfois.
- FBP
Oui, un peu fou aussi. Non, moi, je reviendrai dans la même idée, c'est-à-dire d'arriver à donner de la valeur aux sujets qui sont des sujets qui sont difficilement palpables et qui pourtant font... sont beaucoup plus importants dans la société qu'on l'imagine. Donc, les sujets climatiques, les sujets santé. Aujourd'hui, on a l'impression que c'est à côté, quelquefois, des modèles économiques. Et pourtant, ça a une valeur. Alors, ce n'est pas forcément une valeur sonnante et trébuchante, mais ça a une vraie valeur. Et la valeur de cette qualité de vie, je pense qu'elle n'est pas encore assez valorisée par nos modèles.
- ML
Pourtant, tout ça, on le sait, mais on attend, on attend, on attend. Et alors, qu'est-ce qui vous rend confiante pour l'avenir, Marine ?
- FBP
Alors, à très court terme, je suis pas super contente pour être honnête, les circonstances internationales et nationales sont pas les plus favorables, on va dire. Par contre, je pense que c'est des cycles et j'ai bon espoir qu'on sorte de ce cycle rapidement. Ce qui me donne espoir c'est un peu la découverte de la CEC c'est de se dire, en fait, des gens motivés des gens sincères, des gens qui ont envie que ça bouge et bien il y en a partout. Il faut juste arriver à se fédérer, à se rencontrer, à faire qu'on fasse territoire, c'est-à-dire faire les bonnes connexions. Et là, l'exemple typiquement de la Tour, c'est qu'une fois qu'on est aligné et qu'on a compris les enjeux, ça pulse. Donc c'est ça qui manque, je trouve. Et ces petites étincelles, elles viendraient beaucoup plus facilement si on se frottait un peu plus souvent les uns aux autres. Donc, faire territoire et découvrir que quelle que soit son activité ou son étiquette, entre guillemets, dans la société, on a des intérêts communs à porter.
- SG
C'est beau, hein ?
- FBP
Je ne sais pas si je vais arriver à dire aussi bien que Marine. Comme Marine, je ne suis pas forcément très confiante. Je suis partagée, ça dépend des moments de la journée, ça dépend des jours. Mais ce qui peut me rendre confiante, c'est effectivement de se rendre compte qu'il y a des gens autour de nous. Et moi, je vois dans mon entreprise, à la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes, ou parmi ceux que j'ai rencontrés à la CEC, effectivement, où il y a cette sincérité, cette envie. que ça bouge. Et le fait de rencontrer d'autres personnes, et ce ne sont pas des cas isolés, on en a rencontré pas mal. Moi, à l'intérieur de l'entreprise, j'ai bien senti qu'au niveau de l'ensemble des collaborateurs, il y avait une vraie sensibilité sur ce sujet. Quelque part, je me dis, bon, voilà, il y a quelque chose quand même. Alors, on n'est peut-être pas encore assez passé à l'action, on ne va peut-être pas assez vite. Enfin, quand je dis peut-être, c'est sûr qu'on ne va pas assez vite. Mais il y a quand même des êtres humains un peu partout qui se sentent concernés et qui sont... perturbés par tous ces enjeux qui ne sont pas hors sol et qui sont dans la vraie économie aussi.
- ML
Il faut le dire. Écoutez, mesdames, c'était vraiment passionnant pour y passer toute l'après-midi. D'habitude, je finis par une citation. Je suis désolé, là, c'est une citation. Je ne sais pas pourquoi j'ai pris cette citation. Elle est complètement pourrie, mais ce n'est pas grave. C'est une citation d'Aimé Jacquet. Alors bon, moi, je n'ai rien contre les Stéphanois. Au contraire, "Le travail individuel permet de gagner un match. Mais c'est l'esprit d'équipe et l'intelligence collective qui permet de gagner la Coupe du Monde !" Voilà, je trouve qu'elle peut coller quand même. Elle peut coller avec ce premier. Dernier, en tout cas, merci. Merci beaucoup.
- FBP
Au revoir.