- SG
Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui,alors j'ai pas fait trop de kilomètres, ça va, je suis toujours en plein Lyon. J'ai la chance de vous partager le témoignage d'un acteur engagé de la transition énergétique sur le territoire lyonnais, Matthieu Guédon, qui est le directeur de l'ALEC Lyon. L'ALEC Lyon, c'est l'agence locale de l'énergie et du climat de la métropole. Mathieu, bonjour.
- MG
Bonjour Stéphane. Et bienvenue.
- SG
Merci. Je t'avoue qu'au tout début, je me suis posé la question, pourquoi une agence publique, experte de la transition depuis plus de 20 ans, a-t-elle choisi de participer à la Convention des entreprises pour le climat ? Et ça va faire un peu partie de notre sujet en disant mais pourquoi vous avez contribué ? Puisque vous, logiquement, vous êtes bien quand même dans le sujet. La COC, c'est un parcours que vous avez engagé en 2024-2025. Vous venez juste de sortir. J'imagine que vous avez peut-être une feuille de route qui se met tout juste en place. On va voir qu'en fait, finalement, il y a eu un vrai sursaut collectif. Donc, ce que je te propose déjà pour démarrer, c'est que tu nous présentes l'ALEC.
- MG
Eh bien, volontiers. Donc à nouveau, merci pour ce temps d'échange qu'on va avoir tous les deux. Et bienvenue dans nos locaux à Villeurbanne. Donc l'Agence Locale Énergie et du Climat est une association dont l'objet de contribuer depuis 25 ans, on a un peu plus de 20 ans d'existence, mais c'est 25 plus précisément, sur le territoire de la métropole de Lyon. Notre territoire d'action est bien celui de la métropole de Lyon, dont le but est de contribuer à différents axes d'action de sobriété énergétique et d'eau, d'efficacité énergétique, de recours aux énergies renouvelables. Le but étant de réduire globalement les émissions de gaz à effet de serre, de GES, et d'aller chercher aussi des actions d'adaptation aux effets du changement climatique, autre volet hyper important. Pour ça, on a différentes cibles d'actions, différents secteurs d'activité, les bâtiments, les comportements, mais aussi les politiques publiques. Et pour un certain nombre de publics, comme je l'évoquais, les publics professionnels, donc des collectivités locales, des bailleurs sociaux, des entreprises, etc. et aussi des publics non professionnels, non avertis en soi, que sont les particuliers. Et bon, pour mener tout ça, on développe, on déploie un certain nombre d'actions de façon très concrète, des actions de sensibilisation. Donc, on va chercher aussi les publics pour les sensibiliser sur ces sujets-là. Des actions aussi éducatives, en direct, notamment du public scolaire, notamment du cycle 3, les CM et puis les 6e-5e. Et aussi des actions en complément de conseils et d'accompagnement. Le but étant de faire émerger des décisions de travaux d'économie d'énergie, en particulier, mais pas que, et on a aussi quelques actions de formation pour mettre finalement, cranter un peu les compétences au sein d'organismes. Voilà globalement l'ALEC. Alors oui, on est une puissance publique, tu l'as dit, mais on est plutôt quand même, c'est une structure associative qui est représentée par un certain nombre de membres présents sur le territoire de la métropole de Lyon. Donc il y a à peu près 70 adhérents à l'heure actuelle, qui sont composés de différentes structures. Ce sont des représentants de structures morales, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de citoyens en tant que membre de l'association. Et puis on est une petite équipe d'un peu moins d'une quarantaine de personnes, 35, qui a pour objet de mettre en route en musique notre raison d'être. Nos fonds sont en grande partie publics. C'est pour ça que quand je dis public, il faut faire attention. On n'est pas une agence d'État, ni une agence d'une collectivité locale, même si on a été créé par la métropole à l'époque. On a différents fonds, même si les fonds publics restent majoritaires à l'heure actuelle.
- SG
D'accord. Alors, ça m'intéresse aussi d'avoir une petite idée du parcours du chef d'orchestre. Alors, tu as parlé de musique.
- MG
Alors, moi, j'ai toujours été inscrit dans des structures d'ingénierie territoriale. Donc, j'ai commencé mon activité pro à l'ADEME, ici d'ailleurs à Lyon, il y a un peu plus de 20 ans. J'ai aussi connu une autre ALE à l'époque, le C, n'existait pas encore, donc Agence Locale Energie et pas du Climage, du coup, en région parisienne, à Montreuil, où j'étais directeur aussi déjà d'une structure. Donc le secteur, on va dire, de l'ingénierie territoriale est plutôt un secteur que je connais bien, que j'apprécie pleinement, même si moi, ça fait longtemps que je suis à l'ALEC, je suis le directeur depuis deux ans. Et c'est un peu le mandat aussi de la structure qui m'a donné envie à la fois de rester dans cette structure-là et de prendre aussi les commandes d'une certaine manière. Donc son mandat, l'équipe qui compose cette belle structure, motivée, compétente, engagée, etc. mais aussi ceux qui la composent en tant qu'adhérents, avec notamment des élus hyper investis au sein du bureau. Donc c'est aussi cet intérêt que je trouve, et de fédérer aussi autour d'un objet, autour d'une problématique, différents acteurs d'horizons assez divers. Donc ce n'est pas forcément non plus l'objet immédiat de s'inscrire dans la transition écologique énergétique, même si en soi on pourrait considérer que c'est un peu des choses que tout le monde pourrait faire ou sur lesquelles tout le monde pourrait être attendu.
- SG
Ok, très bien. Alors quand même, moi, je me suis posé la question et on va démarrer par ça. Alors : pourquoi la CEC ?
- MG
C'est une bonne question. En fait, très franchement, moi, je l'ai découvert un peu sur le tard. Pourquoi ? Parce que finalement, ce milieu économique, ce tissu économique, il est un peu éloigné de l'ALEC. Historiquement, nos cibles sont plutôt les particuliers, plutôt des acteurs du logement, public ou parapublic. Donc, on va dire ce monde économique qui est assez loin de l'activité de l'ALEC. Et c'était aussi pour moi une façon de rentrer en contact d'une certaine manière, de découvrir aussi ce milieu-là, considérant qu'on peut avoir aussi une place à leur côté en termes de sensibilisation, de formation, d'accompagnement. Donc j'ai découvert un peu ça sur le tard. Et c'est plutôt aussi en ayant échangé et vu que mon président a participé...
- SG
Rappelle-nous ton président.
- MG
Philippe Guelpa-Bonaro, puisque la métropole est aussi assez engagée. tout court, mais aussi au sein de la CEC, et donc à participer au kick-off meeting de lancement du dernier bassin. Puis voilà, au fur et à mesure des discussions, des échanges, je me suis dit, en fait, on a peut-être quelque chose à faire là-dedans. Ça pourrait être intéressant pour nous, on pourrait rejouer aussi un petit peu notre engagement, notre implication. Initialement, c'était plutôt un jeu de départ de dire, ok, on est une structure posée sur le territoire, on est comme une équipe constituée, on n'a pas forcément de démarche RSE structurée, c'est peut-être l'occasion de. Donc c'est un peu comme ça, par ce biais-là, qu'on est rentrés. Et finalement, le régèn, moi j'avoue honnêtement...
- SG
Voilà ce que j'allais te demander, le régénératif.
- MG
J'avais entendu parler du régèn, je suis très franc là-dessus. Donc voilà, je l'ai découvert plus tôt, avec des webinaires qu'avait organisé la CEC pour embarquer un peu le parcours, et finalement, nous, on s'est inscrits presque, enfin pas presque, on s'est inscrits après le démarrage, le kick-off. On n'a pas loupé la première session de démarrage, mais on est venus un peu sur le tard et on est rentrés dans l'aventure, non pas comme étant des passagers clandestins, ce qu'on avait une vraie envie, mais voilà, ça arrivait un peu sur le tard.
- SG
Alors comment tu prends ces deux premiers jours qui sont une claque pour beaucoup de gens ? Est-ce que pour toi, ça n'a pas été une surprise ?
- MG
Oui et non, parce qu'il y a des sujets, notamment sur les limites planétaires, où clairement, nous, on est plutôt inscrit dans celles qui concernent le climat, pas forcément les autres. Donc oui, on a une forme de conscience collective, mais ça permet aussi de redonner un peu des éléments factuels, posés par des témoignages de renom, des gens hyper inspirants, mais qui posent un peu le cadre et qui nous mettent tous un petit coup de pied aux fesses, très clairement. Donc non, clairement, je n'y allais pas en sachant absolu. Ça remet en perspective un certain nombre de données, un certain nombre de constats. Mais j'ai pris ma claque comme finalement presque n'importe qui qui démarre le parcours. Donc, ça a été un peu une surprise, mais sans véritablement l'être malgré tout.
- SG
Alors du coup, si je te pose la colle : c'est quoi le régénératif ? Non, tu n'as pas de notes, donc vas-y.
- MG
Non, le régen, après, c'est vraiment sortir de ce modèle extractif qu'on connaît bien, dans lequel on tape dans les ressources. Si je reviens sur les limites, on sait qu'on en a déjà dépassé un certain nombre. Donc c'est vraiment se libérer un peu de ce système extractiviste pur pour aller justement chercher non pas à limiter un impact, mais à contribuer positivement.
- SG
C'était ça, vous étiez presque plus dans la limite que dans la contribution, c'est ça ?
- MG
Voilà c'est ça, c'est exactement ça, c'est notre objet, je l'ai un peu dit en présentant l'ALEC, notre ADN c'est de réduire les impacts, notamment les émissions de GES, tous confondus, d'aller chercher aussi des actions d'adaptation. Mais clairement, on n'est pas dans une visée régénérative.
- SG
Si on peut aborder votre feuille de route, c'est quoi les leviers, le cap ? C'est quoi votre feuille de route par rapport à ça ? Vous venez juste de sortir, donc j'imagine que vous n'avez pas tout mis en place.
- MG
Oui, c'est ça. Et puis, ce qui est aussi un peu le... Là, je partage, je ne vais pas aller trop loin sur les freins ou les limites. Ce sont des sujets qu'on abordera un peu plus tard. Mais c'est vrai que le parcours s'étend sur plusieurs mois. mais ça va assez vite d'une certaine manière on a des étapes régulières c'est hyper designé, le parcours est remarquable pour ça, donc on le conduit à deux en binôme avec ma planète champion Nathalie qui est RRH chez nous donc on a franchi toutes ces étapes. Finalement, c'est un peu sur la fin qu'on s'est dit sur quoi on va atterrir qu'est-ce qu'on veut faire, qu'est-ce qui nous parle qu'est-ce qui est suffisamment ambitieux pour nous, sans non plus envier aussi un peu cette trouille je le dis aussi comme ça Merci. de balancer une QG, une question régénérative, un peu bateau, un peu plan-plan, et finalement de se dire bon ok, on adoucit un peu, on agrémente un peu notre sujet, c'est peut-être pas suffisant. On est revenu un peu sur notre base, qui est finalement un peu celle du bâtiment, qui est un peu ce qui nous lie d'une certaine manière entre nous déjà au sein de l'ALEC, même si on a des sujets de sobriété au global, mais ils sont quand même liés plutôt aux usages des bâtiments, au logement y compris. Et donc on s'est dit voilà, on revient là-dessus et clairement notre QG, notre question générative, elle est vraiment là-dessus. C'est-à-dire qu'on centre le bâtiment pour que finalement nous, allez, qu'on soit un acteur, soit direct ou indirect, agrégateur, pour que sur le territoire de la métropole, il y ait vraiment des bâtiments qui sortent ou rénovés, qui soient à visée régénérative. Alors quand on se dit ça, c'est sympa. On ne sait pas encore vraiment ce que c'est tout ça. Parce que tout le monde, là aussi, peut avoir des échanges non pas musclés, mais un peu des débats d'experts. C'est-à-dire que soit il y a des gens qui s'auto-proclament parce que ça fait soit-disant 10 ans, 20 ans, 30 ans qu'ils font ça, mais on pourrait considérer que ça peut être vrai, mais pas tout à fait. Chacun peut se donner un cadre aussi de ce que c'est un bâtiment régéné. En tous les cas, nous, on a envie de travailler sur ce sujet-là avec des acteurs, ce qui revient un peu aussi à notre ADN, c'est-à-dire de faire de la coopération sur le territoire. Et clairement, la CEC, elle permet aussi ça. Et c'est pour moi aussi une façon très riche d'amener ça au sein de notre écosystème, qui n'est pas fini de toute façon, mais c'est un peu ça l'idée. Donc, c'est un peu le centre. Ça, c'est un peu la question de la QG : faire en sorte qu'il y ait des bâtiments visés génératifs qui arrivent sur le territoire. Et pour ça, on a plusieurs leviers. Même si on s'extrait un petit peu de ce point central du bâtiment, c'est aussi comment nous, structure, on emmène un peu à la fois notre équipe en tant qu'employeur, vers de l'engagement aussi citoyen. Moi, ce que je retiens aussi de la CEC, c'est ce côté justement coopération, ce côté solidarité. Et je trouve important qu'en tant qu'ALEC, on ait aussi ce rôle-là en tant qu'employeur, à ce que nos ressources actuelles, c'est-à-dire nos RH, nos équipes, puissent trouver un peu, libérer un peu de temps aussi pour aller chercher d'autres espaces à l'extérieur de l'ALEC, c'est-à-dire vers du bénévolat, vers comment on peut valoriser ça. Donc, c'est encore un peu flou parce qu'on va réfléchir aussi à ça avec les équipes. Et puis aussi, sur des futures ressources, on a un rôle aussi d'aller chercher des personnes qui sont peut-être un peu éloignées de l'emploi. Et donc, qu'on puisse nous aussi trouver un peu notre fonction au sein du territoire, comme un acteur aussi qui permet à des gens un peu éloignés de l'emploi. Et donc faire un peu notre part aussi. Donc là, on est plutôt sur du régénératif du vivant humain. Donc c'est un peu notre premier levier. En espérant avoir été clair. Et ensuite, on va rentrer plutôt dans le...
- SG
Non, mais c'est clair. Mais moi, c'est ce que je te dis, j'ai retenu dans la feuille de route, c'était l'embarquer. Comment on embarque ? Parce que finalement, toi, tu as un écosystème qui est très large. Donc on découvre les gens qui sont finalement, on va dire, dans le bureau, dans l'association, les collaborateurs, les collectivités, etc.
- MG
Et après, les deux autres leviers sont plus opérationnels, eux, donc ils cherchent vraiment à revisiter ou visiter tout court notre offre de services pour justement faire en sorte que l'ALEC soit un acteur, accompagnateur ou facilitateur pour faire sortir, comme je disais tout à l'heure, des bâtiments à visée régen. Ça, ça va passer par plusieurs types de plans d'action, des actions de formation, des actions aussi d'un peu de benchmark de ce qui se passe aussi, parce qu'on n'est pas les seuls à se préoccuper ou se positionner sur ce sujet-là. Donc, il y a sans doute des choses qui existent déjà aussi à l'extérieur de la métropole, sachant que notre but, puisqu'on est sur le territoire métropolitain, c'est évidemment qu'on se focalise quand même sur ce territoire-là. Ça va de soi. Donc, c'est quand même bien notre objet de rester et donc de faire sortir des projets sur ce territoire-là. Donc, ça, c'est les leviers 2 et 3, sachant que dans le 2, il est aussi question de jouer avec notre fédération. Enfin, jouer, ce n'est pas vraiment le mot, mais on a une fédération FLAM, qui est nationale, qui fédère la quarantaine d'ALEC présentes sur le territoire métropolitain. On a des échanges hyper réguliers avec eux. On est la seule ALEC à avoir fait le parcours CEC, même si elle existe dans beaucoup d'autres régions. Donc, c'est à la fois pour moi une force et c'est aussi une façon d'amener un peu le sujet du régen, du bâtiment regen au sein de... au sein de la fédération. Donc, on a aussi ce souci de l'ancrage territorial, mais aussi de quel rôle on peut avoir pour qu'ils viennent finalement un peu alimenter, un peu irriguer aussi le national, au moins en passant par notre fédération. Donc, ça, c'est un peu un objet aussi qu'on se donne pour finalement, on ne se centre pas exclusivement sur notre territoire, même si on a un rôle à jouer et que moi, j'y attache une importance. C'est de se dire, voilà, qu'est-ce qui peut se passer aussi et comment ça peut donner aussi envie à d'autres territoires ou d'autres acteurs ou d'autres ALEC en passant par notre FEDE. Et puis le levier 4, tu l'as dit, donc là on est en phase de, pas de restructuration, mais de revisiter notamment les statuts de l'association pour qu'ils soient aussi plus en ligne avec le tissu métropolitain. Il y aura une Assemblée Générale extraordinaire qu'on aura eu la semaine prochaine, le même jour que nos 25 ans, donc c'est un petit symbole aussi. Donc il est question aussi de poursuivre cette dynamique associative. On a un projet d'établissement qui a été approuvé en 2023 et qui évidemment de fait à l'époque ne parlait pas de ces questions régènes. Donc il ne s'agit pas de le remettre tout à plat, mais par contre peut-être de l'enrichir, y compris avec notre raison d'être, y compris sur les différents axes qu'on avait évoqués aussi, pour que finalement, cette question régène soit intégrée.
- SG
Juste concrètement, quand tu dis régen pour un bâtiment, ça peut être quoi par exemple ?
- MG
Justement, c'est ça qu'on ne sait pas encore trop. On parle souvent de la biodive ou de la clé au biomatériau, etc. Mais je pense à au-delà de ça, c'est-à-dire qu'y compris sur les usagers, y compris les gens qui les occupent, ces bâtiments, comment eux peuvent être aussi, je ne sais pas comment le dire, mais d'abord au sens de, moi, je suis être vivant, donc moi, je génère un peu de la chaleur d'une certaine manière, je suis aussi actif. Qu'est-ce que je peux faire aussi, moi, en tant que vivant dans ce bâtiment-là, donc quand j'y habite ou quand j'y travaille tous les jours, mais éventuellement aussi avec tous ceux qui peuvent être amenés à intervenir dans ces bâtiments-là, donc les exploitants de chaufferie, par exemple, etc. Donc on voit bien qu'il y a une chaîne de valeur qui est finalement complexe. Et quand on parle de bâtiment en régen ou de bâtiment tout court, on pense souvent exclusivement à son enveloppe ou à ses systèmes. Donc l'idée, c'est aussi d'avoir des lunettes un peu plus larges sur la question de l'eau, sur la question des déchets, etc. Si je prends l'exemple d'un humain... Ça peut paraître un peu étonnant, mais c'est un projet qui est en train d'arriver sur Lyon, qui s'appelle Urivalion, où l'idée, c'est de récupérer nos urines comme étant du coup un produit valorisable. Donc, ça peut être ça aussi, c'est-à-dire régénérer aussi avec nos propres dix déchets. Et voilà, c'est des exemples qui ne sont pas encore hyper installés, mais ça pourrait être ça, par exemple.
- SG
Finalement, le régénératif, c'est la systémie. Parce qu'en fait, c'est vrai que souvent, dans les appels à projets, alors on se connait dans une autre vie parce que voilà... Dans des appels à projets, moi, j'ai vu de collectivités, par exemple, c'est vrai que souvent, c'est très en silo. Il y a le bâtiment, puis le reste. Et c'est surprenant. Et pour l'instant, c'est vrai que ce n'est pas encore en place.
- MG
Oui, clairement. Donc, tu as raison, il y a le bâtiment et puis, il y a son environnement aussi très immédiat, c'est-à-dire un peu la parcelle dans laquelle il se trouve. Quel impact il peut y avoir ? Et puis, si je reviens sur ces questions du vivant, et c'est aussi le cas pour l'équipe, Si on veut les embarquer, ça ne va pas forcément se faire à l'échelle du bâtiment dans lequel on se trouve actuellement, mais peut-être à côté. Donc, ça veut dire qu'il faut élargir aussi un petit peu son périmètre d'action, probablement.
- SG
Justement, tu parles de l'équipe. Comment tu leur as amené la CEC ? Parce qu'on sait très bien que quand on fait la CEC, on est dedans, on en ressort, c'est difficile d'expliquer parce qu'on a côtoyé des experts incroyables. Parce que voilà, comment vous avez fait ?
- MG
C'est vrai que c'était un peu un gros point d'interrogation quand on est parti là-dedans. Les gens se posaient, les équipes, les collègues se posaient la question. Mais qu'est-ce qu'ils font tous les deux ? On revenait, on était soit terrassés, soit hyper contents ou un petit mélange des deux. Donc, ça a amené pas mal de questionnements. Tout comme nous, on en avait aussi largement. Donc, c'est un peu à la fois hyper enthousiasmant de répondre à des questions, mais c'est un peu aussi étonnant de ne pas avoir les réponses à toutes les questions, y compris quand nous-mêmes, on est encore beaucoup questionnés. Donc, quasiment à mi-parcours, la CEC avait proposé aussi d'embarquer d'autres collègues. Donc, on l'a fait en décembre l'année dernière. Donc, c'était aussi une façon d'amener deux autres collègues dans l'esprit, en tout cas, de la CEC. C'était vu aussi comme des facilitants, que c'était un collègue sur les questions RH, puis une autre sur les questions de communication. Donc c'était aussi une façon de les amener, parce que demain, ils auront clairement un rôle, même si à l'heure actuelle, il n'est pas encore hyper identifié. Et puis, en général, on fait plutôt une journée ou deux journées d'équipe à l'extérieur, un peu au vert, justement. Et là, cette année, on l'a fait en décembre. On est partis en Ardèche, deux jours, dans un super lieu pédagogique, etc. Et donc, outre le fait de se retrouver. Donc, on revient un peu sur le vivant et l'écosystème interne. Il y avait aussi des ateliers l'après-midi, vraiment très en lien avec le vivant. Donc, il y a un atelier de fabrication de pain avec un paysan et boulanger local. Il y avait une découverte des plantes et baies comestibles. On était en fin d'année, donc il y avait un peu moins, mais en tous les cas, des plantes quand même. Puis l'autre, c'était plutôt découvert de la nature sur la forêt, construction d'un abri, etc. Donc, il y avait vraiment, de ma volonté, une envie forte de faire interagir l'équipe avec le vivant. Donc c'était aussi une façon de les amener, de façon peut-être un peu moins théorique aussi qu'on peut se trouver dans un parcours CEC classique. Et puis le lendemain, on avait fait aussi une fresque de la biodive. Alors les fresques, il y en a, je ne sais pas combien il y en a. Il y en a peut-être 30.
Il y en a même 1000, je pense. Oui, peut-être, je ne sais pas.
- SG
Tout est fresque maintenant.
- MG
Oui, tout est fresque. Donc nous, on anime un certain nombre, préga, climat, etc. Et cette fresque de la biodive, on l'a tous un peu découvert. Et ça, pareil, ça nous a permis aussi de nous familiariser à nouveau et puis de refaire le lien aussi avec nos impacts sur la biodiv et aussi la biodive comme étant potentiellement une solution à nos problématiques. Donc voilà, sachant qu'entre-temps, il y a eu aussi pas mal d'échanges avec les membres du CSE, les représentants du personnel, au sein de l'équipe avec des infos régulières, au sein du Codir, on a pitché avec ma Planète Champion. On est plutôt sur le biais d'échanges et d'informations. Là, l'étape suivante, ça va être plutôt de revenir un peu sur la feuille de route, la consolider, la rendre plus opérationnelle. Moi, clairement, ce n'est pas un de mes forts non plus. Je l'avoue très franchement. J'oriente, je guide. Après, il faut rentrer dedans. Il y a des gens qui savent très bien le faire. Donc, je vais aussi m'appuyer sur eux pour que finalement, ça soit jalonné et compris.
- SG
Et toi, ça t'a changé après ? Entre guillemets "ton leadership" ou pas ?
- MG
Oui, d'une certaine manière. Parce que moi, j'ai déjà une fibre un peu d'ouverture vers les autres. Ça l'a confirmé d'une certaine manière. Et moi, je vois un peu le leadership, en tous les cas le mien, comme étant un leadership de coopération. C'est facile à dire en interne, parce que c'est un peu abstrait dans certains cas. Mais là, clairement, ça se densifie, et c'est encore plus vrai à l'échelle de l'association et des membres qui la composent. Là, j'ai plutôt parlé de l'interne et un peu de l'embarquement, des équipes. On parle de quoi ? Il y a aussi tout le Codire. Les membres ont été aussi embarqués sur la dernière session de juin à Aix-les-Bains. Donc c'est un complément aussi, qui a donné aussi beaucoup d'envie, clairement, c'était chouette aussi. Et puis après, sur l'association en tant que telle, pour reprendre mon fil, on a travaillé en bureau. Donc l'association, c'est trois instances : l'Assemblée Générale, le Conseil d'administration et le bureau. Le bureau, c'est moins de dix personnes, donc c'est plus resserré. Et parmi les membres de l'ALEC, de l'association, on avait la chance d'avoir aussi des alumnis des CEC précédentes. donc j'ai un peu surfé sur cette présence-là. Donc on a fait venir Alliade Habitat qui avait fait un parcours précédent en bureau pour témoigner aussi de son parcours et commencer aussi à créer des échanges avec les membres du bureau sachant qu'on arrivait un peu aussi sur la fin du parcours nous et puis donc avec cette volonté que j'avais quand même de diffuser, de publier notre feuille de route même si en soi dans un temps aussi un peu accéléré sur la fin, c lairement, elle a été partagée, mais elle n'a pas été co-construite, à la fois avec l'équipe et aussi avec les membres de l'association. Donc ça, ça a été une première étape intéressante avec les membres du bureau. Et puis on l'a un peu renouvelée d'une certaine manière lors de l'Assemblée générale d'avril. Outre les aspects statutaires un peu classiques d'approbation des votes, etc., il y avait un petit zoom aussi sur la CEC. Et de la même manière, on a fait venir... Enfin, ils étaient là, ils s'étaient invités, ce que c'est nos membres, évidemment. D'autres alumnis, il y avait Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, la CERA, et on a tous en tête la coopération qui a découlé aussi avec l'éclairage de la tour de la Caisse d'Épargne sur l'indice de qualité de l'air. Ils ont témoigné de ça aussi. Alliade a repris la parole. L'INSA n'avait pas pu être malheureusement présente. Mais c'est intéressant aussi de savoir qu'il y a des alumnis qui sont membres. Il y en a aussi des nouveaux. qui ont été accueillis il n'y a pas très longtemps, qui ont fait le parcours avec nous, Diagonal Concept et puis Walter.
- SG
En plus, c'est des gens qui sont convaincus. Maintenant, l'idée, ça va être d'aller chercher ceux qui peuvent vous voir comme des illumminés un peu.
- MG
Oui, clairement. Mais c'est aussi la force de l'ALEC de pouvoir se dire « On l'a fait, il reste à faire. » On sait que c'est un sujet complexe et qu'il n'est pas évident, parce que c'est aussi des notions qui peuvent être parfois... Il y a peut-être des travers aussi dans un monde du bâtiment qui est très archi, très ingé, très économiste. C'est des chiffres, c'est des chiffres. On veut tout voir sous les chiffres.
- SG
En faisant l'avocat du diable, ils peuvent voir qu'une association, ils sont un peu hors-sol.
- MG
Oui, ça peut, mais après, on a une assoc. Ce n'est pas péjoratif vis-à-vis des assoc citoyennes, mais de professionnels avec un cap, une feuille de route, un projet d'établissement, etc., des administrateurs derrière nous. Donc oui, après, chacun dans sa sphère perso peut ou pas être engagé. Mais en tous les cas, on est avant tout des professionnels aussi.
- SG
Et en même temps, c'est quand même votre rôle d'aller agiter les coopérations et tout ça.
- MG
Oui, clairement, de faire susciter les envies, de faire bouger un peu les lignes, clairement. Et c'est aussi pour ça que moi, ça m'intéressait de rentrer dans ce parcours-là, y compris pour se re-questionner nous, parce que c'est aussi beaucoup de questions, re-questionner aussi... notre raison d'être, en tous les cas l'enrichir, comme je l'évoquais tout à l'heure. Le but, c'est aussi de sortir un peu de notre zone de confort, très clairement. Donc, c'est aussi ça. Porter aussi ce sujet-là au sein de l'association, avec, pourquoi pas, des possibles relais. Alors, ça s'est fait un peu naturellement aussi avec BTP, qui ont créé leur propre parcours de lien, qui est aussi un membre chez nous. Donc, ça, c'est des super exemples aussi. Et j'ai bon espoir aussi que potentiellement d'autres puissent s'en saisir, parce qu'on a aussi des formes de Fédé enfin pas des formes, des Fédé, comme c'est le cas de BTP que je citais, je ne vais pas citer les autres parce que je ne veux pas m'engager pour eux, mais je pense que ça peut permettre aussi une réflexion de ces organismes qui fédèrent aussi d'autres acteurs de façon plus sectorielle ou plus spécifique, mais pour lequel je pense clairement qu'il peut y avoir des effets démultiplicateurs.
- SG
Vous êtes un bon pollinisateur même, on peut dire, parce que du coup, tu peux trouver dans chaque association, chaque entreprise, quelqu'un qui peut être un ambassadeur. C'est ça l'idée.
- MG
Exactement. Il y a cette distinction entre l'interne de ce qu'on fait nous et notre rôle, aux côtés des maîtres d'ouvrage, qu'ils soient pros ou non pros, donc des particuliers ou des autres, et tout ce que peut faire aussi l'association au sens de, comme son nom l'indique, d'associer des gens autour d'un objet et qui s'en emparent directement, sans forcément que nous, l'équipe salariée, on soit forcément systématiquement à leur côté. C'est notre intérêt.
- SG
Ok, on est presque à la fin de ce podcast. Alors maintenant, vu qu'on a vu que tu étais très compétent sur tous les sujets, je vais te poser une colle quand même. Alors si tu me devais me définir en trois mots le régénératif, parce que tu m'en as fait l'article, mais bon.
- MG
En trois mots le régen ? Peut-être pas le régen en tant que tel, j'avoue, je ne vais peut-être pas répondre à tes questions, donc ce n'est pas bien. Mais ce que j'ai retenu aussi du parcours CEC et c'est le design qu'ils ont mis et moi qui m'a beaucoup marqué c'est vraiment ce sujet tête, cœur, corps. Et donc je réponds un peu à ça en trois mots, parce que je trouve que c'est vraiment hyper intéressant parce que ça agite tous les leviers finalement. La tête, c'est un peu la tête, c'est celle à laquelle on pense un peu immédiatement parce qu'on est des structures d'ingénierie sans forcément parler d'ingénieur en tant que tel mais voilà, c'est très tête globalement et puis le cœur, finalement, on le laisse peut-être un petit peu de côté, sans forcément le vouloir ou le manipuler. Mais c'est ça qui guide aussi, en tous les cas, pour moi, à titre perso aussi, mon action, c'est celle qui te fait vibrer, qui te crée des émotions, positives comme négatives, parce que des fois, ça peut être un peu stressant, ça peut être un petit peu... Quand on parle d'anxiogène, c'est vraiment ça, quoi. Le climat, enfin, tout ce qui plus est en ce moment, on voit quand même un peu ce Black Clash qui est en cours, c'est anxiogène tout ça pour la suite quand même. Donc voilà, ça crée des émotions, mais ça peut être aussi un bon guide. Évidemment, après le corps, là on est plus dans l'action, on est plus dans la réalité, et ce triptyque, je le trouve, moi j'avoue, c'est un peu une découverte. je trouve hyper puissant et je pense qu'il n'est pas non plus inné. Il n'est pas forcément immédiat, il n'est pas forcément instinctif. Et donc voilà, c'est un peu ça quand même les trois mots...
- SG
Ok, alors tu as parlé d'oxygène, mais bon, moi je sais que tu es quelqu'un d'optimiste. Alors justement, ma dernière question, c'est qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? Même si en ce moment, c'est vrai qu'il faut faire...
- MG
C'est vrai, il faut rester accroché quand même, il faut rester clairement accroché. Mais si justement, la chance quand même d'être sur un territoire, alors je parle du territoire localement, la métropole de Lyon au sens du territoire, pas forcément au sens de l'institution, même si c'est intimement lié. Cette envie à la fois politique, mais aussi des acteurs qui sont fédérés aussi en partie grâce à la métropole de Lyon, qui a vraiment ce rôle d'ambassadrice, évidemment, et puis d'aiguillon, de fer de lance, on peut trouver plein de mots. C'est scientifique aussi qui reste quand même fort et qui tienne parce qu'il pourrait y avoir un risque, c'est que tout le monde tombe les bras, lâche tout. Et c'est cette force de scientifiques qui tiennent encore la barre, d'acteurs aussi engagés quels qu'ils soient, que ce soit des citoyens, que ce soit des entreprises. Et moi, je trouve aussi que c'est cette force de la CEC qui peut s'étendre presque à l'infini, mais voilà pour avoir découvert des entreprises qui franchement partent de loin, j'avoue. On fait des renoncements forts. Et ça, je trouve que c'est un vrai gage de confiance. Alors, c'est peut-être pas suffisant, c'est peut-être plein de trucs, on peut y mettre plein de choses. Mais voilà, c'est vraiment ça qui me donne confiance, un état d'engagement et un état d'esprit que je trouve positif. Après, il y a aussi d'autres sujets sur la question des récits qui sont en train de revenir. Et clairement, c'est trouver des axes positifs dans tout ça, parce qu'on sait que ce n'est pas évident. On sait déjà que le 1,5 degré, il est cuit.
- SG
Oui, c'est cuit, mais sinon, je ne vais pas le faire. Tu l'as fait ?
Cuit, déjà fait. C'est ça. Mais ça ne veut pas dire que là aussi, il faut laisser les bras. Et puis, l'engagement aussi de l'équipe, la joie et le bonheur. de diriger, d'animer au quotidien, en m'appuyant aussi sur des personnes solides au sein du Codir. Donc voilà, c'est un ensemble de choses qui fait que oui, on sait que ce n'est pas simple, on sait que ce ne sera pas simple, on sait qu'on est mis à mal quand même globalement, nos structures associatives plus globalement, les finances publiques ne sont pas au top, etc. Mais voilà, on a quand même une forte envie, beaucoup de témoignages qui font aussi que ça reste possible. Merci Mathieu. En tous les cas, je pense que tu as prouvé de l'importance qu'ont des structures comme les vôtres, qu'elles soient publiques ou parapubliques, parce qu'en fait, vous êtes des catalyseurs quand même. C'était important aussi de l'entendre. Donc merci, c'était sincère, c'était honnête. Alors je finis toujours par une citation. Je pense qu'elle va coller. C'est une citation de Margaret Mead, qui dit « Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes engagées puisse changer le monde. En réalité, c'est toujours ainsi que cela s'est passé. » Alors merci Mathieu.
Merci beaucoup à toi Stéphane, À bientôt, au revoir.