- SG
Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoire, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzales, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, je reçois un invité qui n'a pas fait la CEC mais dont le projet résonne fort avec nos valeurs et avec franchement un parcours, disons-le, assez étonnant, mais aussi étonnant j'allais dire qu'inspirant quelque part. Arthur Braque de la Perrière, bonjour.
- ABP
Bonjour Stéphane.
- SG
Bon, Arthur, on se connaît très bien, donc on va se tutoyer, on va créer tout de suite la proximité entre nous. Alors, Arthur, tu es directeur général de Doremi, une entreprise d'économie sociale et solidaire qui a été créée en 2017, qui compte aujourd'hui une soixantaine de collaborateurs. Sa mission, c'est accélérer la rénovation globale et performante des maisons individuelles, en accompagnant les artisans sur les chantiers et en aidant les ménages à sortir de la précarité énergétique et en réduisant, donc il y a trois objectifs, en réduisant très concrètement nos consommations d'énergie et nos émissions de gaz à effet de serre. Je pense que là-dessus, on va en parler longuement. Mais Arthur, puisqu'on se connaît, c'est aussi un profil à part, diplômé d'HEC, le seul plaquiste de France qui a fait HEC, c'est toi, je l'ai déjà dit, qui a débuté chez Mondial Assistance, bref, chez Allianz, et puis tu as tout quitté pour te reconvertir dans le bâtiment. Donc t'es devenu ouvrier en plâtrerie-peinture, c'est là où je t'ai rencontré d'ailleurs. Tu reprends une petite entreprise de 4 salariés, que tu rebaptises Métista, qui est aujourd'hui une PME assez florissante, une quarantaine de collaborateurs. Et puis tu t'es engagé dans la CAPEB, et puis finalement tu découvres le réseau Dorémi. Bon je fais l'historique, j'espère que je ne me suis pas trompé. Et finalement tu plonges dedans, et aujourd'hui tu en deviens le directeur général. C'est vrai que t'as pas fait la CEC, mais bon moi je te connais bien, c'est que tu incarnes complètement l'esprit puisque tu es un dirigeant qui est un dirigeant humaniste, engagé. Et puis quand même, vraiment les mains dans le cambouis. J'allais dire, j'ai même mis, tu vois, capable de passer de la stratégie à la truelle. Donc sans jamais perdre le fil du sens. Donc moi, ce que je te propose déjà, c'est de nous refaire un petit focus sur ton parcours. C'est quand même intéressant.
- ABP
Alors, merci pour le résumé. En fait, tu as déjà tout dit. Sur le parcours, j'ai démarré par les grands groupes et par des missions plutôt en stratégie internationale, en Europe, Moyen-Orient, chez Mondial Assistance. Et clairement, j'avais envie de quelque chose qui réponde plus à mes aspirations. C'est pour ça que j'ai fait le changement. Je voulais un métier qui réponde à des aspirations écologiques, sociales. J'étais vraiment attiré par l'entrepreneuriat. Je voulais aussi créer ma boîte. Je voulais un impact local. Et je voulais savoir faire quelque chose de mes dix doigts, ce qui commençait à me frustrer sérieusement sur du tableur Excel. Donc voilà pourquoi j'ai fait le changement pour devenir artisan dans la plâtrerie peinture à Lyon.
- SG
D'accord.
- ABP
Tout simplement. Mais ça répondait à des aspirations un peu plus lointaines qui m'emmènent aujourd'hui chez Doremi, puisque l'une des aspirations premières, c'était de... participer, d'être plutôt, faire partie de la solution dans la transition énergétique, dans l'écologie en général, plutôt que de faire partie du problème, ce qui était clairement mon sentiment quand je bossais dans la banque d'assurance et que je me sentais un peu en camisole pour faire bouger les lignes. Là, aujourd'hui, sur des chantiers de réno énergétique, ça a beaucoup plus de sens.
- SG
D'accord, donc il y avait déjà cette idée quand même de transition énergétique parce qu'il y a dix ans, on en parlait, mais l'écologie c'était pas forcément un sujet pour d'autres générations, t'es un peu plus jeune que moi, mais...
- ABP
L'élément déclencheur, c'est que je bossais chez Mondial Assistance, qui était une expérience super riche. Je bossais globalement pour l'avion, puisque assurance voyage, et je bossais pour la bagnole, assistance automobile. Et le soir, j'allais écouter Jancovici en conférence, qui disait si vous voulez un boulot qui sert à quelque chose pour préparer l'avenir, c'est plutôt dans l'agriculture et dans le bâtiment que ça se passe. Je ne me sentais pas forcément des talents particuliers pour l'agriculture. Je me suis dit que je vais tenter le bâtiment pour essayer de me lever le matin et de faire quelque chose qui pourrait être plus utile. j'ai l'impression d'avoir de l'énergie. Et je me suis dit, tiens, dans quel projet je pourrais le mettre ? Et c'est comme ça que j'ai cherché un artisan qui accepterait de m'embaucher pour mettre le pied à l'étrier. À l'époque,
- SG
A l'époque c'était à Taluyers, Montagny ?
- ABP
C'était à Vaugneray.
- SG
Vaugneray, Vaugneray.
- ABP
Juste à côté.
- SG
Ouais, Vaugneray.
- ABP
Et voilà comment ça a démarré. Puis le côté terrain était vraiment attirant. Quand on passe un peu de temps sur de la moquette épaisse des multinationales, on a envie d'aller voir ce qui se passe quand même concrètement sur le terrain.
- SG
Voilà, puisque l'aventure, une fois j'étais venu, puisque tu expliquais comment tu avais changé de banque. Et tu avais dit, l'aventure, elle est en bas de sa rue, en fait, et il n'y a pas besoin d'aller parcourir le monde pour vivre une aventure.
- ABP
On peut vivre des aventures incroyables à côté de chez soi ou au bout du monde, peu importe finalement. Ce qui compte, c'est d'avoir trouvé la flamme quelque part.
- SG
Alors justement, présente-nous Doremi, c'est aussi l'objectif.
- ABP
Alors pour présenter Doremi, déjà, quelle est l'origine du projet Doremi ? Parce que là, c'est un podcast de la Convention des entreprises pour le climat. Et moi, une des grandes inspirations que j'avais dans mon changement d'orientation professionnelle, et même quand j'ai créé mon entreprise pour me dire je l'oriente vers la réno énergétique, la transition énergétique, c'est Negawatt. Négawatt, le manifeste Négawatt, le scénario Négawatt, comment on peut être neutre carbone en 2050,
- SG
Oui, on rappelle que Doremi, c'est une filiale de Négawatt.
- ABP
Exactement, c'est Négawatt qui a créé Doremi en 2017, même qu'il l'a incubé un peu quelques années avant pour l'expérimenter, faire des preuves de concept et puis avoir aussi le référentiel technique, le référentiel technique sur la maison individuelle pour diviser les factures d'énergie par quatre et même au-delà. Pourquoi la maison individuelle ? C'est quand même le point de départ de Doremi. Quel est le lien entre Negawatt et Doremi ? Dans le scénario Negawatt, on regarde tous les leviers à activer pour être neutre en carbone en 2050. Ça touche les transports, l'agriculture, le bâtiment. Le bâtiment, en France, c'est 43% de la consommation d'énergie. Donc là, on a une problématique énorme sur le bâtiment. Et c'est principalement le chauffage, pour les maisons individuelles, pour le tertiaire, pour le collectif. Si on fait un zoom sur la maison individuelle, on a quasiment 10% de la consommation d'énergie en France. C'est monstrueux. On parle de 7-8 millions de logements qui, pour la plupart, sont mal isolés. Et on a là, pour le voir très positivement, un gisement d'économie d'énergie. Si on arrive à réduire, à diviser par 4 ces 10%, on a résolu une belle partie de l'équation. Et c'est comme ça que Doremi est né. C'est-à-dire comment on va faire, quel est le bouquet de solutions à apporter pour diviser cette consommation d'énergie par 4. Et d'où Doremi, avec aujourd'hui 4 métiers dans l'entreprise. Une entreprise qui s'est développée assez rapidement, on est une soixantaine aujourd'hui, et on repose sur 4 métiers. Le métier d'origine, c'est la formation. On est un organisme de formation, puisqu'avec notre super référentiel technique qui explique comment on peut transformer ces maisons en maisons quasiment passives, on va dire basse consommation, ça commence par la formation. Former les entreprises de travaux, les artisans, les poseurs, mais aussi former tous les maillons de la chaîne. La banque qui fait les prêts au zéro, l'agence immobilière, former les espaces France Rénov' dans les collectivités qui vont accompagner les ménages et les conseillers. Donc on a tout un bouquet de formations pour former, accompagner tous les maillons de la chaîne de la rénovation énergétique. Et c'est complexe. Ça c'est le premier métier. Le deuxième métier, assez naturellement, c'est d'aller faire le chantier. Parce qu'on a des milliers d'appels sur notre plateforme Doréémi chaque année et les gens veulent faire des travaux chez eux. Qu'est-ce qu'on fait ? On a des maîtres d'œuvres en interne et on emmène les entreprises qu'on a formées pour aller réaliser des chantiers. facteur 4. Alors quand je dis facteur 4, pour être très précis, on a mesuré sur nos 80 premiers chantiers les résultats. On arrive à 37 kWh par an et par mètre carré. Alors ça ne parle peut-être pas à ceux qui ne sont pas du bâtiment, mais aujourd'hui une maison basse consommation c'est 50 kWh par an par mètre carré. Nous sur la rénovation de maisons anciennes, on arrive à 37. Donc en fait ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est qu'on sait faire et on peut le faire.
- SG
En pensant au global finalement, on ne pense pas étape par étape.
- ABP
Alors par contre la rénovation il faut penser au global, au global technique, mais aussi au global des personnes qui interviennent, et qui vivent dans le logement. Ce n'est pas qu'une solution technique, c'est un écosystème qu'il faut animer. Et ça, c'est notre deuxième métier, c'est les travaux, c'est être capable de les faire aboutir et de les réaliser correctement. Après, on a une troisième activité qui est ce qu'on appelle le lab. C'est notre pôle R&D en interne. On veut rester pionnier, innovant, répondre à des appels à projets aussi pour faire les meilleurs guides de pose, du suivi consommation, réfléchir à la qualité de l'air. Là, on a une équipe de quatre personnes chez Doremi qui aujourd'hui fait ce travail de R&D et qui cherche aussi à diffuser pour nos pratiques chantier et pour nos pratiques formation évidemment. Et puis le quatrième métier pas des moindres c'est d'accompagner les ménages dans cette espèce de millefeuille administratif, technique pour comprendre comment faire pour avoir des financements, comment choisir la meilleure solution technique. Donc on a une équipe aujourd'hui qui est dans une filiale qui est indépendante aujourd'hui Doremi qui s'appelle Cléo renov, qui travaille de manière indépendante et qui fait des audits énergétiques et qui fait tous les mandats administratifs. Et en France, c'est quand même un vrai boulot technique pour optimiser les aides et les plans de financement. Parce qu'on parle de travaux qui peuvent être extrêmement chers. Il faut accompagner les ménages, en particulier les plus modestes, pour pouvoir les réaliser.
- SG
Oui, puis en fait, c'est un marché où on a l'impression qu'il y a une grosse part de gâteau et qui a parfois une image assez mauvaise. C'est vrai qu'il y a beaucoup de scandales. Je vais parler de ma prime rénov'. Du coup, c'est quoi aujourd'hui l'état des lieux de ce marché ?
- ABP
Je te confirme qu'il y a eu des scandales, ce qui donne une mauvaise image de marque à une filière qui a besoin pourtant des aides publiques pour décoller, pour fonctionner. Et encore une fois, c'est principalement pour les ménages modestes et très modestes. Quand on parle de travaux qui peuvent représenter 60 000, 80 000 euros, si on n'a pas un éco-prêt à taux zéro, si on n'a pas des aides type MaPrimeRénov', Un ménage... très modeste, qui n'a pas d'épargne, ne peut pas se lancer dans ce type de travaux. Donc c'est nécessaire en termes de politique publique. Par contre, malheureusement, on a vécu ces dernières années avec des acteurs peu scrupuleux qui ont clairement abusé de manière assez active et qui ont dégradé l'image de la filière. Je pense que ça s'est amélioré ces dernières années, notamment avec le dispositif l'année dernière du monde accompagnateur renov, qui a permis aussi de sécuriser les parcours, d'avoir un tiers de confiance là-dedans. Et je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de trou dans la raquette, il y en a toujours, mais je pense qu'aujourd'hui la filière est plutôt assainie et que les canards boiteux sont en partie sortis. Il ne faut pas baisser la garde, c'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement a suspendu les aides en juillet pour aller faire du nettoyage encore des dossiers qui étaient... pas forcément très technique et qui allait plutôt optimiser les aides que la qualité du chantier. Donc, ne pas baisser la garde, mais je considère aujourd'hui qu'on est dans une filière qui a plutôt tendance à s'assainir. Malheureusement, il y a un peu moins d'aides et on aimerait là-dessus pouvoir accompagner un peu mieux nos ménages.
- SG
Justement, tu dis que le gouvernement fait le ménage, c'est vrai, mais est-ce que ce n'est pas aussi un moyen de mettre moins de moyens ?
- ABP
Je pense que c'était aussi un prétexte parce qu'il n'y a plus beaucoup d'argent dans les caisses, il a fallu faire des coupes franches et c'était peut-être une manière plus facile de dire qu'on coupe parce qu'il y a de la fraude. En réalité, la fraude, ce n'est pas du tout... Un pourcentage élevé aujourd'hui dans une filière qui est plutôt assainie
- SG
Et pourquoi les gens viennent faire de la rénovation ? Parce que souvent, quand on parle enveloppe du bâtiment, on pense froid, mais on ne pense pas forcément chaud. Moi, je suis curieux de savoir comment les gens, quand ils vous appellent, pourquoi ils vous appellent en fait ? C'est pour le climat ? C'est pour l'énergie qu'on économise ?
- ABP
Alors, on a une petite histoire chez Doremi. Quand on était pionnier il y a 7 ans, Les clients qu'on avait, puis j'étais artisan dDoremi à l'époque, donc moi j'allais faire les chantiers avec le groupement d'artisans. Les premiers, c'était clairement des clients, des ménages qui étaient engagés pour le climat, qui voulaient une maison neutre en carbone. Mais c'est pas... Ça ne reflète pas le marché. Et aujourd'hui, les personnes qui nous appellent, c'est d'abord, avant tout, pour les économies d'énergie. L'électricité, l'année dernière, ça a pris 18%. Le gaz, ça prend 13%. Et malheureusement, je pense que c'est que le début. On sait que l'inflation de l'énergie, est plutôt devant nous que derrière nous. Donc aujourd'hui, il y a vraiment besoin de se protéger de l'inflation, de faire des économies d'énergie. J'ajouterais aussi de valoriser le bien. On voit qu'il y a un écart qui peut être, alors il faut regarder les études des notaires, mais selon les régions, 15-20% d'écart de valeur d'un bien immobilier entre une étiquette F et G, une étiquette B ou C. Donc on valorise son bien. Et puis, comme tu le soulignais, aujourd'hui, il y a des nouveaux enjeux. C'est vrai qu'il y a quelques années, on ne parlait quasiment que du confort d'hiver, faire les économies d'énergie et être confortable chez soi l'hiver. Aujourd'hui de plus en plus et je dirais même systématiquement, on intègre le confort d'été. C'est inenvisageable aujourd'hui de faire une rénovation sans considérer le confort d'été. On a plusieurs solutions qu'on peut mettre à disposition, des occultations extérieures. Chez Doremi, on pousse assez largement la ventilation double flux, qui à mi-saison est une solution extrêmement simple pour améliorer le confort d'été et réguler la température dans la maison sans consommer beaucoup d'énergie, sans avoir besoin d'ajouter une clim. Et puis évidemment on réfléchit aussi sur les types de matériaux qu'on va utiliser pour être prêts à un confort d'été qui est problématique aujourd'hui, qu'il le sera encore plus demain. Et puis j'ajoute un dernier point parce qu'on est quand même dans la transformation climatique qu'on est en train de ressentir aujourd'hui. Le confort d'été c'est un gros sujet, mais là il y a un autre sujet qui arrive en tout cas dans notre région, sur Lyon, sur Valence depuis 2-3 ans, c'est les moustiques tigres. Aujourd'hui quand on change les fenêtres, la moustiquaire elle est intégrée maintenant. Ça fait partie aujourd'hui des solutions qui sont alors c'est plus un détail dans une rénovation énergétique mais aujourd'hui la moustiquaire fait partie de la solution.
- SG
Ça veut dire qu'en fait, quand tu renoves, il faut penser plus large. En fait, on pense souvent technique, mais finalement, il y a aussi récupération d'eau. On va parler de l'économie régénérative, mais il y a aussi des façons de vivre, finalement.
- ABP
Alors oui, on peut aller hyper loin sur la maison générative, régénérative. Je dirais que déjà, un projet de rénovation énergétique, quand on veut faire du facteur 4, c'est déjà une belle complexité avec le nombre de lots de travaux à intégrer, à combiner, les interfaces à penser. On parle des murs, de la toiture... des fenêtres, du plancher, de la ventilation, du système de chauffage. Déjà, quand on a réussi à traiter tous ces lots-là, c'est déjà assez fantastique de ramener une maison à un niveau passif. Si après, le ménage est encore dans les starting blocks pour aller plus loin, il y a encore plein de choses à faire. On peut parler de... du photovoltaïque, d'être producteur d'énergie. Même dernièrement, on était contacté par la LPO, la ligue protectrice des oiseaux, pour installer des nichoirs à oiseaux, par exemple, quand on fait une isolation thermique par l'extérieur. Aujourd'hui, les oiseaux dans les villes manquent d'espace pour la nidification. Rénover une maison, si on veut penser très loin sur l'impact sur l'écosystème, on peut penser nichoirs à oiseaux quand on rénove une maison. On peut aller très loin, mais je dirais que chez Doremi, notre métier, c'est la réunion énergétique et on se rend compte que c'est une telle complexité qu'on a déjà un enjeu à réussir à le faire parfaitement. Après, si on peut aller plus loin sur la maison régénérative, mais génial, il y a encore plein de choses à faire.
- SG
C'est vrai que cette histoire de temps long qu'on a perdue, je pense que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, quand ils faisaient une maison, c'était pour leurs petits... Ils pensaient peut-être petits-enfants. C'était une maison sur le long terme. Aujourd'hui, on est dans les années 70, 80. Je ne sais pas aujourd'hui comment ça se passe, parce qu'on construit sur du court terme.
- ABP
Oui, alors je n'ai pas connu la période d'avant. Depuis que je suis entrepreneur du bâtiment, on raisonne déjà avec une assurance décennale. On fait des travaux pour 10 ans, ce qui n'est pas très adapté à la durée de vie d'une maison, qui est plutôt sur plusieurs générations. Mais c'est vrai qu'on est ramené à un espace-temps qui est assez réduit, finalement, assez restreint. On raisonne 10 ans sur une maison, alors qu'on devrait faire... On fait des travaux, j'espère, pour beaucoup, beaucoup plus que 10 ans, surtout en rénovation énergétique. Et puis, on se rend compte que les ménages raisonnent beaucoup retour sur investissement, mais ce qui est normal et je pense que tout le monde raisonne retour sur investissement, à part peut-être les quelques militants engagés pour le climat qui veulent vraiment travailler leur empreinte carbone. Aujourd'hui, je considère que tous les clients ont besoin d'un retour sur investissement parce que dans 10 ans, ils ne seront probablement plus dans la même maison, ils vont devoir la revendre. Et les travaux qu'ils font aujourd'hui, en tout cas dans cette maison-là, ce n'est pas forcément pour leurs enfants ou pour leurs petits-enfants, mais peut-être pour pouvoir la revendre dans 10 ans et repartir sur un appartement ou dans une autre ville. Donc l'échelle retour sur investissement est hyper importante pour les travaux et sur la rénovation énergétique. C'est du coup un levier déterminant. Si on arrive à mobiliser des aides, un éco-prêt à taux zéro, on peut tout à fait partir sur des travaux performants. Si on n'arrive à mobiliser aucune aide et que le client ne s'y retrouve pas sur sa facture, ça va être compliqué d'embarquer les meilleurs travaux possibles. Et c'est là le travail de Doremi, c'est de réussir à aligner toutes ces planètes.
- SG
Tu parles retour pour investissement pour les clients, et moi maintenant je parle du côté des artisans. C'est vrai que c'est pareil. Quand on est un client, parfois on demande des produits biosourcés qui sont plus chers. Les artisans, tu vas me parler un peu de la coopération, je pense qu'ils ont envie de s'engager, mais quelque part il faut aussi qu'ils fassent rentrer de l'argent rapidement. Comment vous gérez ça ? Comment vous faites de la pédagogie aussi auprès de vos artisans ?
- ABP
C'est vrai que pour les artisans, je dois reconnaître que ce n'est pas forcément le projet économique le plus accessible tout de suite, la rénovation énergétique, parce que ce sont des projets plus complexes et qui demandent plus de temps. Alors je parle de la rénovation performante. Évidemment, aller souffler de l'isolant dans les combles, changer des fenêtres, c'est facile, on fait le devis demain, on peut signer après-demain, et le temps que les fenêtres arrivent, dans deux mois, c'est posé. Ça, c'est des gestes de travaux assez simples, et ça a toujours existé, ça existe toujours, et c'est assez facile à mettre en œuvre. Il y a des règles techniques professionnelles qui sont complexes, mais un artisan qui connaît bien son métier, ça roule. Quand on rentre dans une rénovation complète d'une maison et performante, là, il y a un travail de conception qui est beaucoup plus fort, qui demande du temps, de se poser des questions. Chez Doremi, par exemple, le temps pour faire les devis, qu'on appelle l'état des lieux architectural et technique, on vient avec un groupement d'artisans, plus un accompagnateur Doremi. Là, on peut passer 3h, 4h, parfois, à se poser toutes les questions. Comment on va gérer l'étanchéité à l'air ? Comment on va se faire la migration de vapeur d'eau ? Et l'interface entre tous les corps de métier ? Est-ce qu'on est sûr qu'on n'a rien oublié ? Est-ce qu'on est sûr qu'on n'a pas de doublon ? Relecture des devis, donc on a un temps sur place. Ensuite, on a un temps de relecture des devis. Donc ça, pour l'artisan, ça prend du temps, c'est engageant. Et puis derrière, on va rentrer dans le financement du projet qui lui aussi prend du temps. Changer des fenêtres, il n'y a pas 36 000 solutions de financement, ça va vite. Quand on engage 80 000 euros de travaux pour rénover toute sa maison, il faut mobiliser un éco-prêt au zéro. La banque n'est pas toujours très volontaire pour pousser là-dessus. Il y a des banques plus ou moins volontaires sur le sujet. Mobiliser les aides auprès de l'ANA, ça peut prendre plusieurs mois. Ces derniers temps, ça prenait parfois plus de six mois. Donc pour les artisans, c'est un projet qui peut prendre du temps pour sortir de la complexité et puis également du temps pour être payé. Donc une fois que j'ai dit ça, je crois que tous les artisans sont partis en courant. Mais maintenant je vais te dire pourquoi moi, en tant qu'artisan, j'ai foncé sur les solutions Doremi, pourquoi ça m'a passionné et pourquoi j'y suis même allé finalement. Déjà quand on est artisan dans le bâtiment, il y a un truc qui est premier, c'est qu'on aime le métier, on aime le travail bien fait et on aime les règles de l'art. Et on aime faire quelque chose qui tire vers le haut. Et moi clairement, quand j'étais artisan... Quand je bossais sur les projets Doremi, c'était mes plus beaux chantiers. Et pourquoi c'était mes plus beaux chantiers ? Parce que je vais te donner un exemple. Une fois, on a fait une maison, on s'était pris la tête, c'était compliqué. Mais l'année d'après, j'ai recroisé la cliente, elle est venue me voir pour m'apporter sa facture. Elle m'a dit « Regardez, j'ai divisé par 4 la facture » . Et ça, c'est magique quand le client te rappelle pour dire « Je vis bien dans ma maison et j'ai réussi mon objectif » . Et puis techniquement, on a fait un truc assez exceptionnel. Une vieille baraque toute pourrie, c'est devenu une maison passive. Donc c'est des projets passionnants techniquement, ça nous pousse dans la mise en œuvre, dans ce qu'on fait. Dans notre travail au quotidien, ça nous pousse à aller beaucoup plus loin. Quand j'ai démarré, l'isolation c'était placo laine de verre, bim boum, ça fait 20 ans qu'on fait ça, c'est pas très compliqué, tout le monde sait faire. Là maintenant, faire des travaux avec le choix de l'isolant, le bon frein vapeur, une mise en œuvre assez logique avec une double sature pour faire passer les réseaux, on se pose des questions, les plaquistes eux-mêmes sont obligés de monter en compétence, travaillent d'autres techniques qu'ils n'avaient pas avant. Je trouve qu'on fait monter en compétence, en responsabilité des équipes. En tant que chef d'entreprise, j'ai trouvé ça assez passionnant de pouvoir emmener les équipes sur quelque chose qui faisait que leur métier avait plus d'impact, était plus loin. Et puis la cerise sur le gâteau, c'est qu'avant, on a tendance à, dans le bâtiment, on a tendance à travailler en silo, on travaille, le plaquiste pense à son placo, l'électricien à son élec, le plombier à sa salle de bain. Mais là, sur un chantier Doremi, ou plus largement un chantier de rénovation énergétique performante, il faut être collaboratif du début à la fin. S'il y en a un qui fait n'importe quoi, ça plante le boulot de tout le monde. Et donc là, c'est l'apprentissage de travailler ensemble. Et hier, par exemple, il y avait une réunion de chefs d'entreprise du bâtiment, j'ai retrouvé le plombier, Sabéco pour ne pas le nommer, le charpentier, Rhône Toiture pour ne pas le nommer. Et puis moi, ex-métista, on s'est retrouvés, ça fait dix ans qu'on bosse ensemble et qu'on fait des chantiers Doremi. On ne s'était pas vus depuis trois, quatre ans. C'était magique de se retrouver. Le nombre de chantiers qu'on a fait ensemble, on a appris à travailler ensemble, à se poser les mêmes questions et à la fin, à partager aussi un langage commun vis-à-vis du client sur où est-ce qu'on avait envie d'amener sa maison. Je trouve qu'en termes de travail, de métier, d'artisan, c'est ce qu'on peut espérer de mieux.
- SG
C'est marrant parce que tu parles de Rhône Toiture. Jean-François Dubray justement qui lance là une cordée avec la CEC sur l'habitat individuel. C'est rigolo, j'imagine qu'il va t'embarquer dans le truc.
- ABP
C'est ça. C'est déjà fait.
- SG
Alors, la coopération, elle est aussi plus large aujourd'hui. Les collectivités, elles ont un enjeu aussi sur le climat. Comment vous travaillez-vous avec les collectivités ?
- ABP
Alors, ça fait partie des piliers de Doremi. Quand Doremi s'est lancé en 2017, un des piliers, c'était justement de travailler avec les collectivités. D'une part, parce que les collectivités sont parties prenantes de l'écosystème et de la réussite d'un projet de rénovation énergétique sur un territoire. Quand la collectivité est moteur, soit déjà pour apporter des aides, mais surtout pour communiquer, émettre des incitations et apporter du conseil, déjà on peut créer un écosystème qui est assez favorable à la rénovation énergétique. Avec Doremi, on signe des partenariats avec les collectivités pour partager de la compétence. On a formé en France plusieurs collectivités, plusieurs espaces France Rénov' pour apporter un max d'informations techniques pour qu'ils soient plus capables de conseiller. Et puis nous, de notre côté, on mobilise aussi avec eux des aides sur la rénovation énergétique. On a les aides de la banque avec l'éco-prêt à taux zéro, on a les aides publiques avec l'ANA, on a des aides privées avec les C2E et on a aussi des aides des collectivités locales. Et quand on arrive à se mettre ce bouquet d'accompagnement, on arrive à déplacer des montagnes. Donc les collectivités, on en a besoin pour le financement, pour le conseil et on a des territoires qui sont supers actifs. Je vois sur Lyon par exemple, l'agence de Lyon chez Doremi, c'est une agence qui fonctionne bien et depuis plusieurs années. Lyon est une ville qui est plutôt avant-gardiste, précurseur sur le sujet, avec une agence locale de l'énergie qui donne du conseil, qui rayonne et qui fait que toute la filière avance.
- SG
D'accord. Du coup, le politique a aussi un poids important.
- ABP
Il y a un poids important. Clairement, là où il y a un volontarisme politique, on arrive à déplacer les montagnes.
- SG
Bon, je suis sympa tu as vu, je ne t'ai pas parlé tout de suite d'économie régénérative. Je t'ai laissé le temps. Je t'ai maturé un peu. Bon, alors, l'économie régénérative pour toi. C'est quoi ? Et moi je sais que tu es sincère, donc tu vas nous dire la vérité. Et en quoi Doremi s'en rapproche ?
- ABP
Bon, je n'ai pas de définition d'économie générative. C'est un mot qu'on entend tellement de partout que je serais bien incapable de définir le concept. Je peux peut-être te dire comment ça résonne chez moi, chez Doremi, en tout cas quand on parle d'économie régénérative. Pour moi, ça résonne déjà dans le côté autonomie. On rend les maisons sobres. C'est une démarche de sobriété. On est dans la démarche négawatt. Dans ce côté régénératif, c'est que la maison a une certaine sobriété et on pourrait même aller jusqu'à une maison à énergie positive. Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais si on rajoute du photovoltaïque, du solaire thermique, on pourrait aller jusque-là. Donc cette notion d'autonomie, elle est vraiment forte. Ça intègre aussi le notion de, pas qu'une notion technique, mais aussi une notion de habiter. Qu'est-ce que ça veut dire habiter ? Une notion de confort des habitants, d'habiter chez soi, de se projeter aussi dans une maison avec... avec une échelle de temps, d'habiter longtemps chez soi, de ne pas être soumis à des pressions d'inflation, de précarité. Ce qui me paraîtrait, là où j'identifie Doremi à de l'économie régénérative, c'est aussi de faire travailler tout un écosystème. Doremi travaille sur tous les maillons de la chaîne. La formation, évidemment, c'est énorme chez Doremi. On forme tous ceux qu'on peut former sur le sujet. Mais on travaille aussi les sujets de financement, de R&D, les sujets techniques. Dans la réflexion, on intègre les fournisseurs, les distributeurs. Et puis évidemment les artisans, les entreprises de travaux. Chez Doremi, on arrive à toucher tout l'écosystème, tous ceux qui de près ou de loin vont pouvoir travailler sur le sujet. Et c'est une des clés de la réussite. Après, on pourrait aller encore plus loin dans le régénératif. Et je pense que c'est là où Jean-François, avec sa cordée de la Convention des entreprises pour le climat, il va vouloir nous embarquer à juste titre. Qu'est-ce qu'on peut faire en plus pour être encore plus génératif ? Comme on est sur la maison individuelle, on va pouvoir raisonner sur l'eau. L'eau, c'est un sujet qui est énorme, qui est encore très peu adressé en France, beaucoup trop peu. Et on a des problématiques d'eau qui sont extrêmement fortes. On va pouvoir intégrer le potager. Je parlais des nichoirs à oiseaux. C'est important si on veut travailler sur l'écosystème, la végétation, etc. Là, je te parle de plein de sujets que je ne connais pas, mais évidemment qui auraient beaucoup de sens pour travailler la maison à 360°.
- SG
Avant de terminer, tu nous as parlé de la neutralité carbone. J'ai lu un article j'sais pas dans quel canard où tu dis que c'est possible. Mais c'était il y a deux ans, je crois. Tu en penses quoi, toi, de clairement ?
- ABP
Oui, c'est possible, techniquement. Techniquement, c'est possible. Si on regarde des trajectoires avec un tableur Excel, je te la fais, la neutralité carbone en 2050. On sait faire, théoriquement on sait faire, il y a les techniques qui existent et puis ça passe par, je vais reprendre un peu le triptyque négaWatt, des enjeux de sobriété assez fort, des enjeux d'efficacité et puis après travailler le renouvelable. Là on est sur un sujet macro, donc techniquement c'est possible. Après je te vois venir, tu vas me dire mais est-ce que t'y crois qu'on sera neutre en 2050 ? Bon, ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'en 2025, on aurait autant de renoncements sur le bio, le photovoltaïque, la transition énergétique et beaucoup de sujets de transition. En 2025, c'est vrai qu'on a pris une claque un peu trumpiste dans le monde, mais y compris en France assez fortement. En plus, on construit des autoroutes encore cette année. Donc on se dit mais en fait, il faut partir à droite. On est parti de l'autre côté. Enfin ou à gauche et on est parti de l'autre côté.
- SG
Attention à ce que tu vas dire !
- ABP
On devait partir devant et on a fait marcher arrière. C'est pas grave, je ne veux pas dire de conneries non plus.
- SG
Allez, c'est politiquement correct, c'est bon.
- ABP
Exactement. Donc, cette année, je ne vais pas dire qu'on a pris la super trajectoire 2050, mais j'ai envie de rester optimiste. Cette année, on a fait pas mal de chicanes et on va dire collectivement, on sent que ce n'est pas une année qui était très constructive. Peut-être qu'on a même perdu 2-3 ans cette année avec tous les renoncements. Après, pour voir les choses positivement, je pense qu'il y a une lame de fond qui existe. Là, il y a trois semaines, on était au salon Renoday sur la rénovation énergétique, un secteur qui est profondément sinistré par les dernières décisions gouvernementales. Mais les acteurs, les entrepreneurs du secteur, ils étaient tous à 200%. La filière est mobilisée et tout le monde y va. Donc oui, c'est une année qui est compliquée. Mais si on regarde loin, à 10 ans, 20 ans, 30 ans, on y va. Alors après, est-ce qu'on y sera, la neutralité carbone 2050 ? Aujourd'hui, il faut peut-être se poser la question de où on va atterrir. où est-ce qu'on va atterrir, peut-être pas à la neutralité mais il s'agit de faire le mieux possible et puis peut-être d'ajouter un nouveau paramètre c'est comme on ne sera pas forcément neutre en 2050 en tout cas on peut le redouter c'est aussi maintenant de réfléchir à des stratégies d'adaptation.
c'est ça, c'est ma question suivante pour l'adaptation c'est ça qui devient de plus en plus important et le confort d'été les moustiquaires à moustiques-tigres ça fait partie des adaptations parce qu'on sent que la trajectoire, même s'il y a une lame de fond pour prendre la bonne direction, ce ne sera pas forcément 2050. Ça risque de se décaler un peu dans le temps. Et surtout, on ne sait pas quand et où on va atterrir. Donc, il faut aussi travailler des scénarios un peu plus agiles, pour dire encore un mot à la mode.
- SG
Oui, l'important, ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage. On peut en faire comme ça, des lieux communs. Et donc, pour terminer, si tu pouvais changer une règle du jeu, on a commencé à parler politique, mais si tu voulais changer une règle du jeu économique ou politique, ça serait quoi, toi ?
- ABP
Moi, je ne suis pas politique. Je vais peut-être dire des trucs à côté de la plaque. Moi j'ai plusieurs points qui me gratouillent assez souvent. Les enjeux de fiscalité. Fiscalité verte, je trouve que ce qui pollue, ce qui pue, coûte pas cher. Et ce qui est vertueux et ce dont on a besoin coûte trop cher. Il y a vraiment un enjeu dingue de fiscalité. C'est un sujet dont on entend souvent parler, de fiscalité verte, taxonomie. Mais je pense qu'on est extrêmement loin du compte. Une fois que j'ai dit ça, j'ai dit que c'était la partie la plus facile. Mais rien que le prix de l'énergie. L'énergie, c'est un bien commun et c'est pas cher et c'est un impact redoutable. C'est quelque chose à travailler. Aujourd'hui, d'avoir investi autant de milliards dans un bouclier énergétique plutôt que des milliards dans la sobriété énergétique, ça m'interpelle fortement. Et je pense qu'on perd du temps, on perd de l'argent et même on travaille à reculons. Donc cette notion de fiscalité et de prix de l'énergie, pour moi, est vraiment essentielle. et ça permettrait aussi probablement de débloquer plus rapidement que de mettre des systèmes complexes d'aides, de subventions qui font des stop and go permanents et qui ne permettent pas à la filière de s'organiser. Une fois que j'ai dit ça, ce n'est pas hyper politiquement correct parce que faire monter le prix de l'énergie, c'est très bien pour les écolos. Par contre, pour les ménages modestes et très modestes, c'est une catastrophe. Donc évidemment, ça s'accompagne. Et un point qu'il ne faut jamais perdre de vue, c'est la précarité énergétique dans toutes les politiques qui peuvent être faites.
- SG
Heureusement, il y a des initiatives très fortes qui existent aujourd'hui. Mais je pense que c'est des dispositifs essentiels à renforcer. Parce que, quels que soient demain les politiques, soit d'inflation d'énergie, qui entraîneront des inflations de l'énergie qui paraissent inéluctables, ou de sobriété énergétique, il y a un travail de fond à faire sur la précarité. Aujourd'hui, il y a déjà beaucoup trop de ménages, on parle de 20-30%, qui n'arrivent pas à payer leur facture d'énergie pour se chauffer correctement l'hiver. Et ça, c'est un sujet dramatique.
- ABP
Tu vois, je t'ai pas posé la question et en plus on a fini, mais il y en aurait tellement des questions. Doremi, c'est une entreprise d'économie sociale et solidaire.
- SG
Tout à fait. Ça veut dire quoi ? Alors, déjà, on a un label ESUS, entreprise solidaire d'utilité sociale. Ça veut dire quoi ? On rentre dans ce qu'on appelle l'ESS, économie sociale et solidaire. C'est-à-dire qu'on a un objet social avant tout, une raison d'être, qui est orientée vers un impact social et environnemental. Nous, l'enjeu, c'est la massification. de la rénovation énergétique performante et de la rendre également accessible. Je tiens à dire qu'il ne faut jamais perdre de vue l'impact social, notamment dans la précarité énergétique. C'est ça la raison d'être de l'entreprise. D'ailleurs, aujourd'hui, encore, notre actionnaire majoritaire, c'est l'Institut Négawatt, qui est un acteur incontenable de la transition énergétique.
- ABP
Ok, pour terminer, la question classique, qu'est-ce qui te rend confiant, quand même, pour la suite, même si tu nous parles avec le sourire ?
- SG
Moi, il y a plein de trucs qui me rendent confiant. Déjà, au quotidien, je bosse dans une équipe d'Eurémi qui est géniale. Toute l'équipe d'Eurémi, malgré tous les soubresauts économiques, je travaille avec des personnes qui sont engagées dans leur travail, qui mettent beaucoup d'énergie et beaucoup de talent. Et les personnes avec qui je travaille au quotidien, c'est un super niveau, une super énergie. Et ça, de se lever le matin, ça rend déjà confiant directement. après l'autre truc qui me rend confiance c'est les entrepreneurs qu'on trouve dans ce domaine là je te parlais du salon Rénaudèze c'est plein d'entreprises, d'initiatives d'entrepreneurs qui... qui bouge les lignes, qui cherche des solutions, des innovations, résoutent des problèmes. Il y a un écosystème qui est très riche et qui fonctionne. Et puis après, on a parlé de plein de mauvaises nouvelles sur le climat et sur les politiques, mais le pire n'est jamais certain.
- ABP
Merci, on va finir là-dessus. Comme toi, en même temps, tu ne l'as pas dit, mais tu es un écrivain, tu es aussi un philosophe. Même si tu restes humble, tu dis que c'est ta passion et que ce n'est pas ton métier. je me suis dit comme je finis toujours par les citations je me suis dit il faut que je trouve une citation et du coup j'ai trouvé une citation de Confucius après tu vas avoir 4 heures pour travailler dessus qui a dit il vaut mieux allumer une bougie que maudire l'obscurité parce que je me suis dit en fait que vous vous allumez des petites bougies à chaque fois une maison l'une après l'autre et ça permet d'éclairer le chemin de la transition alors je fais de la poésie plus que de la philo. En tous les cas, merci Arthur. Merci à toi, salut. Salut.