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#30 - Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle - Opticiens Krys J.Torrilhon cover
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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#30 - Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle - Opticiens Krys J.Torrilhon

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35min |27/11/2025|

6

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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

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35min |27/11/2025|

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Description

Dans cet épisode, Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle racontent comment une PME familiale peut devenir un moteur de transformation sur son territoire et plus largement dans la filière optique et audition. Entre prises de conscience, pédagogie auprès des équipes et exigences nouvelles envers les fournisseurs, ils montrent qu’avancer « pas à pas » peut faire bouger tous les acteurs d'une filière. Ils partagent aussi leurs défis, leurs doutes et leurs premières victoires — du recyclage d’eau aux gammes OFG, en passant par l’embarquement de 280 collaborateurs.


« On aura réussi si penser à la planète devient absolument naturel dans tous les actes de l’entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour. Bienvenue sur Échos de Territoire, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors je n'ai pas fait beaucoup de kilomètres, je me suis déplacé à Chaponnot, dans l'ouest lyonnais, à la rencontre de deux invités qui incarnent la transformation d'un métier qu'on associe. pas toujours à la transition écologique, soyons honnêtes, c'est celui d'opticiens. Et pourtant, et pourtant, on va voir que ce n'est pas le cas. J'ai le plaisir d'être accueilli par Vincent Torrilhon, qui est le dirigeant des opticiens Krys J.Torrilhon, et de Fabien Boitelle, qui est le directeur administratif et financier. Vincent, Fabien, bonjour.

  • VT

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, on va se tutoyer, on se connaît un peu quand même, voilà, et puis entre voisins. Alors ensemble, et puis avec vos équipes, vous faites évoluer une entreprise familiale qui a célébré il y a assez peu de temps, c'est 60 ans quand même, et donc vous la faites avancer vers une nouvelle vision, si je peux dire.J'ai repris votre feuille de route et vous dites, en 2035, notre entreprise, Torrilhon, est une véritable fabrique à bonheur. Je vais vous challenger là-dessus ! Portée par une mission claire, préserver et protéger la santé visuelle et auditive de tous, favoriser l'épanouissement et le bien-être de nos coéquipiers, et enfin, prendre soin du vivant. Et vous avez une question régénérative qui m'a beaucoup parlé: Comment réduire de manière efficiente... L'empreinte carbone et l'utilisation des ressources d'un produit de 50 grammes. Alors 50 grammes, j'ai bien compris que c'est les lunettes, mais c'est aussi la prothèse auditive, tout en garantissant son accessibilité à tous. Alors ce que je vous propose déjà pour démarrer, peut-être Vincent, c'est de nous présenter ton rayon.

  • VT

    Oui, merci Stéphane. Nous on est une entreprise familiale, mon père a commencé il y a 60 ans par la cuisine de ma grand-mère.

  • SG

    À Pierre-Bénite ?

  • VT

    Mes grands-parents étaient bouchers, ils habitaient à côté d'eux. de la boucherie et mon père, fraîchement diplômé d'optique, a ouvert le magasin dans la cuisine de ma grand-mère avec pour ambition de rendre la vue et la vie belle à tous les habitants de Pierre-Bénite. Et puis il a commencé à se développer sur un principe, j'allais dire un petit peu simple mais fort. Il s'est dit finalement je suis trop fragile, je ne suis pas robuste si je suis tout seul dans mon magasin. Donc il a ouvert un deuxième et puis un troisième et ce qui a créé l'essor de l'entreprise, c'est qu'il était un des tout premiers opticiens à croire aux centres commerciaux. En disant, moi, si je suis consommateur, c'est là que je vais venir. Et moi, en tant qu'opticien, je dois me rapprocher du consommateur et lui rendre l'accès facile. On retrouve des valeurs que l'on a depuis toujours dans l'entreprise. Aujourd'hui, on est 280, on fait à peu près 50% de notre activité sur le Bassin Lyonnais. On est présent aussi Mulhouse, Annecy, Sens et Saint-Etienne. Donc, on a un développement régulier, pas forcément extrêmement rapide, mais régulier. Ce qui fait qu'au bout de 60 ans, on a atteint une taille, on est aujourd'hui 280 collaborateurs et c'est ce qui nous intéresse, c'est d'être de plus en plus nombreux à partager ses valeurs avec un rythme qui est celui d'une entreprise familiale où on prend le temps d'intégrer chacun.

  • SG

    D'accord. Et toi, c'est évident que tu rentres dans cette entreprise ? Quand on s'appelle Torrilhon, on rentre forcément dans l'entreprise Torrilhon ?

  • VT

    Alors pas du tout. J'ai eu une carrière plutôt dans des grandes entreprises et notamment l'entreprise Essilor pendant 10 ans. Et puis, mon père et mon frère m'ont dit que ce serait bien qu'on fasse l'aventure à trois. Parce qu'entre le moment où mon père a fondé l'entreprise et le moment où je suis arrivé, il y a mon frère qui lui est opticien, avait déjà repris les rênes. Et donc nous sommes un trio depuis 20 ans.

  • SG

    C'est rassurant, la famille aussi, pour les collaborateurs. Parce que je vais passer ensuite la parole à Fabien.

  • VT

    Je ne sais pas, je laisserai Fabien donner son avis. En tout cas, ce qui est important, ce à quoi on tient dans une entreprise familiale, c'est d'incarner les valeurs. Effectivement, l'entreprise porte notre nom, donc ça nous donne une responsabilité supplémentaire. On est à la fois actionnaire, garant des valeurs et manager de l'entreprise. Donc ça nous permet d'être alignés peut-être plus facilement que dans certains autres modes de gouvernance.

  • SG

    Et puis j'allais dire, c'est aussi le temps long. Ça vous inscrivez dans un temps long, c'est ce qui peut être aussi rassurant.

  • VT

    Oui, dans un de nos choix fondamentaux, c'est garder cette liberté sur le temps long. Ne pas avoir de sujets de levier financier trop fort ou d'investisseurs qui doivent sortir. On a cette chance-là et on a fait ce choix-là. Ça coûte des fois en vitesse de développement. Mais la liberté et maintenir notre destin à long terme est primordial pour nous.

  • SG

    Ok, alors Fabien, je me tourne vers toi parce que je pensais que tu étais un petit jeune qui venait d'arriver. Non, a priori, toi, tu es là depuis un certain temps quand même.

  • FB

    Oui, exactement. Si je me présente rapidement, en fait, moi, j'étais en région parisienne. Je travaillais à l'époque pour un fabricant de terminaux de paiement. Et avec ma femme, on a décidé de quitter cette folie parisienne. Et on s'est retrouvés pour la région lyonnaise, et en fait j'ai un cabinet de recrutement avec qui j'étais en relation depuis 3-4 ans qui m'appelle et qui me dit Fabien ça y est j'ai trouvé le job pour toi, la structure pour toi. Tu vas rencontrer Vincent Torillon et je pense que ça va matcher et franchement tu vas prendre du plaisir. Et c'est pour ça que maintenant ça fait 15 ans que je suis là et que je participe en tant que directeur financier effectivement à cette très belle aventure humaine dans cette société familiale, effectivement avec les trois Torrilhon.

  • SG

    Alors c'est marrant parce que là on a fait le plus simple, vous avez raconté l'aventure. Maintenant c'est rare qu'on ait un directeur financier pour parler régénératif. Moi, j'ai envie de vous entendre maintenant sur la CEC, sur votre expérience. Alors déjà, comment vous tombez dans la CEC ? Qu'est-ce qui vous fait basculer ?

  • VT

    On a deux histoires complètement différentes et elles vont être intéressantes et complémentaires. Personnellement, j'ai eu des amis et mentors qui m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas rester à côté des changements et des bouleversements qui nous attendent. » Je vais les citer parce que c'est vraiment des gens qui me viennent à cœur. Olivier Passot, c'est ça ? Il y a Olivier Passt de Revol qui était le premier à m'en parler. Il y a François Duchâteau de chez SLAT qui a vraiment complètement orienté sur l'entreprise, sur limiter les impacts. Et puis Christophe Fargier du Ninkasi, qui est aussi une très, très belle équipe. Et comme c'est trois personnes que j'apprécie particulièrement et qui m'en ont tous parlé avec des étoiles dans les yeux, je me suis dit que je ne pouvais pas rester à côté de ça. Et j'y suis allé en disant, on verra ce qu'on peut faire, mais il faut avancer.

  • SG

    En confiance.

  • FB

    Et effectivement, si moi je viens compléter Vincent, on s'est retrouvé dans le bureau de Vincent et on s'est dit, oui, quand même, notamment l'élément le plus révélateur, c'est souvent le dérèglement climatique. On peut le vivre et c'est du concret au quotidien. Et on s'est dit, il y a quelque chose qui tourne pas rond et il faut qu'on fasse quelque chose. Et effectivement, on est une PME familiale, on a notre ambition. Mais c'est-à-dire par quoi on commence ? Et on s'est dit, effectivement, on fait déjà des petits trucs, mais on n'a pas de structure, on n'a pas de réflexion, on n'est pas forcément à l'aise avec le sujet. Et c'est là où Vincent m'a dit, écoute, je connais une organisation, un collectif et ceux qui l'ont fait en sont enchantés. Donc est-ce que tu veux m'accompagner dans cette aventure ? Et j'ai dit, go, on y va.

  • SG

    Alors justement, comment ressentez-vous des deux premiers jours qui sont quand même assez violents ?

  • VT

    Alors, tu m'imagines, c'est un parcours qui est extraordinaire, effectivement. Et moi, je voudrais remercier les organisateurs. Il y a Marianne qui nous a embarqués au début. Et puis, on a eu deux magnifiques coachs facilitateurs, Mathilde et Maxime, qui nous ont suivis. Moi, je trouve que ce parcours, c'est vraiment un parcours qui se vit sur 18 mois, la prise de conscience est violente. Les journées de prise de conscience, le soir, on ne rentre pas forcément avec la joie de vivre. On regarde sa femme et ses enfants peut-être différemment. En tout cas, ce qui est extrêmement intéressant, c'est qu'à la fin, on a une vraie prise de conscience, une compréhension de la complexité des défis, et puis on arrive avec des leviers pour agir. C'est au bout de 18 mois qu'on voit la puissance de la CEC. Il ne faut pas juste se dire que c'est les deux premiers jours qui font la prise de conscience qui sont les plus importants. Le plus important, c'est le parcours complet sur 18 mois qui nous a permis d'avancer.

  • SG

    C'était quoi, par exemple, Fabien, ta maturité, toi, par rapport à tous ces sujets ?

  • FB

    Moi, je n'avais jamais entendu de parler de régénératif. Et j'allais justement en ne connaissant pas grand-chose. Mes convictions étaient au ras des pâquerettes. Et de se dire, c'est juste que je constate qu'il faut faire quelque chose. Il faut au moins qu'on aille voir. Et s'il faut effectivement faire quelque chose, on le fera. Et effectivement, moi... Forcément, ces deux premiers jours de la CEC, on entend beaucoup parler comme quoi c'est une claque et tout. Moi, ça fait partie de mon sursaut. C'est de se dire effectivement, waouh, oui, effectivement, on est dans une situation qui n'est pas simple et il faut agir. Et moi, ça m'a plutôt donné l'envie d'agir par la suite. Et ça m'a dit, effectivement, là, j'ai plus le choix. Il faut qu'on agisse tous, collectivement, individuellement et avancer. Donc moi, ça fait partie de mon sursaut, puisqu'on parle souvent de sursaut ou de déclic. Et le deuxième, ça a été plutôt vers la fin de la CEC, quand nos magasins à Givors ont été inondés. Où là, on s'est dit, tout ce qu'on nous raconte depuis plusieurs mois à la CEC, par des experts imminents et reconnus mondialement, ça se produit là, quelques mois après. Et on est touché directement par ces événements climatiques, puisqu'on a eu deux magasins d'inondés dans la zone. Et de ce fait, c'est du concret. Et quand vous avez du concret, forcément, vous devez agir. vous ne pouvez pas rester les bras croisés.

  • SG

    Ok, alors si je vous pose la colle du régénératif, qu'est-ce que vous en avez retenu ? Si vous deviez me faire l'article sur le régénératif, vous me diriez quoi ? Il y a un grand blanc.

  • VT

    Je vais laisser la parole à Fabien.

  • SG

    Oh facile !

  • FB

    En fait, c'est un terme où moi je ne suis pas tout à fait à l'aise avec ce terme. Avant la CEC, pour être totalement transparent, j'en avais jamais entendu parler. Même après la CEC, même après le travail, c'est assez difficile à en parler. Je ne suis pas forcément à l'aise avec ce sujet. Et même quand je rencontre quelqu'un, à un moment donné, quand on en parle, peu de gens connaissent ce terme. Et effectivement, l'idée pour moi, c'est de se dire... C'est pas suffisant, finalement, de réduire notre empreinte sur le climat. Il faut qu'on aille beaucoup plus loin. Et ce régénératif, quelque part, c'est de se dire : je fais des choses positives pour la planète, pour l'environnement, pour le côté social.

  • SG

    C'est vrai que peut-être que le lien avec la biodiversité n'est pas toujours évident.

  • VT

    En fait, c'est cette ambition de régénératif qui dit qu'avec une activité économique, en la passant différemment, on peut recréer du vivant et la qualité de vie sur Terre. C'est un objectif qui est tellement ambitieux que nous, on n'aime pas trop en parler. On considère qu'aujourd'hui, notre positionnement, on va en parler, mais il est de commencer par des petits pas et mettre tout le monde en mouvement. Et quelque part, cet objectif, pour nous, il est magnifique, mais tellement loin qu'il peut être démotivant.

  • SG

    Donc nous,

  • VT

    notre pédagogie, elle est plus de dire, prenez conscience, faites des premiers pas. Et puis c'est en faisant des premiers pas et par les premiers succès qu'on commence à se motiver pour aller plus loin.

  • SG

    Oui, parce que justement, peut-être que la difficulté qu'on a quand on rentre de la CEC, c'est qu'on a du mal aussi à l'expliquer peut-être aux autres, c'est ça ?

  • FB

    Oui, sans vouloir les brusquer non plus, puisqu'on sait que sinon on va en perdre en cours de route. Donc effectivement, c'est de se dire que c'est des sujets où on a été entre guillemets informés par des experts. On n'a pas toutes les connaissances des experts, donc on est avec des sujets où on est aussi peu à l'aise. Et qu'à la fin, si on veut embarquer tout le monde, il faut y aller petit pas par petit pas. En tout cas, c'est notre première étape. Ça veut dire que les petits pas, parce qu'on entend parler souvent aussi du colibri, et se dire que chacun fait son effort. On sait que ce n'est pas suffisant que chacun fasse son effort. Mais pour embarquer, aujourd'hui, on considère que c'est le meilleur moyen d'embarquer le plus de monde dans un premier temps pour aller plus loin après.

  • SG

    Et du coup, votre feuille de route, elle a quatre leviers. Vous pouvez nous en parler un peu ?

  • FB

    Oui, bien sûr. Quatre leviers, c'est du classique dans une feuille de route CEC. C'est du classique,

  • SG

    mais ça existe. Il y a beaucoup d'entreprises qui n'ont pas de feuilles de route.

  • FB

    Exactement. Nous, le premier, c'est la société quand même répond à... Notre société répond à un besoin sociétal fort, qui est la santé, puisqu'on est professionnels de santé. Et aujourd'hui, en tant qu'opticiens ou audioprothésistes, on a une image de correction de la vue ou de l'audition. Et en fait, nous, on voulait quand même acter dans un geste fort dans cette feuille de route. C'est de se dire on doit aller plus loin. C'est-à-dire qu'on doit, en plus juste de corriger la vue ou l'audition, c'est d'aller préserver le capital visuel et auditif de nos clients. Et le client, tous les clients, quel que soit son profil, sa zone géographique, ses moyens, c'est de se dire qu'on doit, en tant que professionnel de santé, apporter un vrai service, quelle que soit la typologie de mon client, et surtout mettre l'accent sur de la prévention, par exemple. Oui, par exemple,

  • SG

    donnez-moi un exemple, parce que là, on est plutôt sur un côté social, qui a un impact forcément aussi sur le reste.

  • VT

    Oui, par exemple, la révolution qui arrive dans notre métier d'opticien, c'est cette capacité à non plus corriger, mais ralentir l'évolution des défauts visuels. Et notamment la myopie chez l'enfant. Aujourd'hui, on a des verres qui permettent à un enfant qui devient légèrement myope de voir sa myopie, surtout ne pas se dégrader. Et donc on est très engagé dans ce combat-là et c'est une nouveauté pour nous puisque quand on commence à préserver le capital d'un enfant, c'est beaucoup plus fort que juste simplement lui corriger un défaut qu'il a acquis pendant son enfance. Donc c'est un exemple de ce qu'on appelle préserver le capital visuel. Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui vous êtes exposé à des lumières qui sont potentiellement toxiques pour vos yeux, qu'elles soient le bleu, les ultraviolets, les infrarouges et qu'aujourd'hui on s'engage à avoir... Avoir des produits qui sont tous au plus haut niveau de protection sur ce capital. Et simplement à corriger la vue. Et sur notre feuille de route, Fabien a parlé du premier levier qui est celui de notre impact sociétal. Mais c'est aussi grâce à la SEC que nous sommes allés au-delà. C'est-à-dire qu'en fait, on pourrait se dire, nous on est opticiens, audioprothésistes, on a quand même un métier avec un sens et un impact social fort. Bon, finalement on est distributeurs et fournisseurs de prestations, parce que notre métier c'est quand même majoritairement des prestations et peu de produits. Donc voilà, on fait notre part. On pourrait se dire qu'on s'arrête là. Et justement, on a réfléchi, mais c'est un peu court d'être comme ça. On ne peut pas laisser simplement les enjeux aux gros industriels en disant comme il y a des gros industriels polluants, nous distributeurs qui avons une mission sociale forte, on n'a rien à faire. Et donc, notre engagement dans la CSE, c'était d'aller chercher au-delà de notre métier, qu'est-ce qu'on peut apporter ? Et on a trois axes qui nous sont apparus en travaillant. Le premier, c'est la pédagogie. C'est-à-dire qu'en tant que... Distributeur au contact du client final, on passe du temps qualifié avec beaucoup, beaucoup de personnes et beaucoup, beaucoup de personnes par territoire. Et donc c'est notre engagement de commencer à sensibiliser dans notre métier ce que c'est que l'impact négatif que peut avoir une lunette. Et notamment le fait qu'effectivement aujourd'hui pour un produit de 50 grammes, je pense qu'on a 4 à 5 fois le poids du produit en emballage. Chose comme ça. Et que le fait qu'aujourd'hui on soit livré tous les jours. Parce que c'est un produit de santé, donc il faut l'avoir tout de suite, ça a un impact de transport. Et donc, on est en train de mettre en place des programmes pour être pédagogique vis-à-vis de nos clients. Par exemple, ça veut dire rendre l'OFG accessible, l'OFG France Garantie, et d'avoir des montures qui sont fabriquées à 200 kilomètres de nos magasins, qui sont financièrement accessibles pour la majorité, ce qui aujourd'hui existe assez peu dans notre métier. Et cette pédagogie, elle est aussi pour nos collaborateurs. C'est-à-dire qu'on s'est aperçu du déficit d'informations. collaborateur. On a aujourd'hui une bonne expérience de fresque, de climat et d'atelier là-dessus. Et comme dans tout groupe humain, on a des climato-anxieux ou climato-sceptiques, à ceux qui ne veulent pas voir. Et donc, notre rôle d'entreprise aujourd'hui, c'est de s'engager pour amener un niveau d'information. Chaque citoyen est libre, mais au moins qu'il soit informé et qu'il puisse faire ses choix. Ce premier axe de pédagogie... Il est important et il est difficile parce qu'embarquer des gens, embarquer des collaborateurs...

  • SG

    C'est votre levier 2, c'est l'embarquement des collaborateurs. Exactement,

  • VT

    c'est pas facile et embarquer et pouvoir parler de ces sujets-là à des consommateurs, c'est encore plus difficile. Et évidemment, on a un autre levier qui est être moteur dans notre branche parce que nous sommes à la fin d'une filière qui est industrielle. Si nous, nous ne les exigeons pas des engagements vis-à-vis de nos fournisseurs, leur volonté d'agir sera plus faible. Donc on est parti sur qu'est-ce qu'on peut exiger de nos fournisseurs dans les 5 ans à 10 ans à venir et notamment créer des standards d'impact environnementaux pour tous nos produits et se dire écoutez chers fournisseurs dans 3 ans si vous n'êtes pas sur nos standards on ne pourra plus travailler ensemble. Et ça on veut le faire au niveau de notre entreprise, ça c'est notre choix, et aussi agir au niveau de la branche. C'est plus lent, plus lourd, mais on a des discussions pour être moteur au niveau des syndicats. Chaque fois qu'on rencontre de toute façon des fournisseurs, on leur dit, nous, il faut d'abord votre politique de réduction d'impact avant qu'on puisse parler.

  • SG

    Justement, par rapport au marché, est-ce que vous sentez que par rapport à tous les acteurs, est-ce que la maturité reste ? Des fois, on a l'impression qu'on revient en arrière, après on repart en avant. Comment vous sentez le truc ?

  • VT

    Alors, notre vision aujourd'hui, c'est que toute la filière optique et audition ne revient pas en arrière. Par contre, est-ce qu'elle avance vite ? Est-ce que c'est une préoccupation majeure ? Non. plutôt le sentiment qu'on est dans une... démarche à minima et lente. Donc notre ambition...

  • SG

    La RSA obligatoire. Exactement,

  • VT

    parce que c'est obligatoire, parce qu'il faut le faire, on va le faire. Et aujourd'hui, on voudrait accélérer là-dessus. Et puis, notre troisième axe, enfin le quatrième axe, qui est, j'allais dire, l'axe non négociable chez tout le monde, c'est comment allons-nous pouvoir limiter notre impact ? Donc là, on est sur des choses qui sont extrêmement classiques, qui vont du bilan carbone à la consommation d'eau. Et quand on cherche, on trouve, puisque la consommation d'eau pour... Tailler deux verres de lunettes, il faut 15 litres d'eau par verre. Et nous, on a investi dans tous nos magasins sur des systèmes de recyclage d'eau. Donc, on est passé de 15 litres d'eau par lunette à un litre par semaine.

  • SG

    D'accord.

  • VT

    Voilà. Et c'est simple, mais il faut juste s'y pencher. Et on travaille sur des filières de recyclage qualifiées pour l'ensemble de nos déchets. Mais qualifiées, ce n'est pas juste j'ai trié et puis je ferme les yeux. Je suis sûr que quand je recycle, voilà. On a des sujets techniques qui s'appellent des calipes de présentation. Malheureusement, on utilise beaucoup de cartons et de papiers. On a signé sur des filières, on est sûr que ce soit du recyclage qui fonctionne.

  • FB

    Et pour compléter sur cette partie, effectivement, déchets et filières dont Vincent vient de parler, c'est qu'effectivement, on est livré aujourd'hui de tous les jours, de nuit, donc à un moment donné, et avec des emballages beaucoup plus importants que les 50 grammes de nos produits. Et là, il y a besoin d'un travail aussi avec la filière, de se dire à un moment donné, est-ce que finalement, quand je passe des commandes, notamment en EDI, est-ce que j'ai besoin d'être livré tous les jours pour tous les produits ? Ce n'est pas forcément le cas, donc c'est aussi avec eux de travailler. Et sur les emballages, même plus loin, par exemple, aujourd'hui, on a beaucoup de marques, entre guillemets, dans nos magasins. Donc ça veut dire que chaque marque nous envoie des PLV, donc des promotions sur le lieu de vente, en carton, non réutilisables pour une courte durée, et ils envoient ça à tous les opticiens de la planète. Et à un moment donné, même si vous ne le mettez pas en avant, ils vous l'envoient. Et donc, à un moment donné, c'est aussi avec eux de travailler pour se dire, les emballages, on ne prend que les emballages, puisqu'aujourd'hui, c'est bien de recycler les emballages, mais si on n'en a pas eu l'utilité avant, il n'y a pas besoin d'emballage. Donc, c'est aussi de réduire le nombre d'emballages, le nombre de transports, puisque c'est quand même des effets de levier importants pour nous.

  • SG

    D'accord. moi j'aimerais qu'on revienne juste sur l'embarquement des collaborateurs parce que du coup c'est vrai que des fois, votre discours peut faire un peu peur en se disant « Mince, ils vont toucher au modèle économique, on va perdre pour gagner des choses » . Mais voilà, comment vous percevez les gens dans votre entreprise et comment vous les embarquez ?

  • FB

    Alors, il y a deux choses, c'est que nous, déjà, à un certain niveau, on a décidé de parler du sujet environnemental et sociétal à chaque réunion collective, réunion plénière annuelle, réunion des managers. On a fait la fresque du climat pour 45 personnes. Donc, désormais, c'est systématiquement, dès qu'il y a une réunion collective, le sujet est intégré. On l'a intégré aussi dans le parcours d'intégration de nos nouveaux. Donc là, on est toujours sur l'éduquer, informer. Et le deuxième point, c'est sur l'embarquement, c'est plutôt la méthode qu'on a employée. C'est à la fin de la CEC, une fois qu'on a rédigé notre feuille de route, c'est de créer un groupe de travail. Donc on a fait appel à volontaire. Et en fait, aujourd'hui, on a un groupe de travail qu'on a appelé en interne "Prenons soin du vivant", composé de huit collaborateurs de différents horizons, de différents sites, puisqu'on en a même un à Mulhouse. Quand je dis différents horizons c'est que par exemple Notre collaborateur à Mulhouse est fresqueur officiel du climat.

  • SG

    D'accord.

  • FB

    Et inversement, on a quelqu'un qui nous a dit, moi, je n'y connais pas grand-chose. À la maison, je n'arrive pas à faire bouger ma famille. Si mon employeur m'offre cette possibilité finalement de faire quelque chose et de participer au bien-être de la planète, je veux bien en faire partie. Et effectivement, c'est là où on a différents profils. Et donc, on est dans cette phase de groupe de travail sur les idées et sur les éléments, puisqu'en plus, nous, on est multisite. Et quand on est multisite, la communication peut être un peu plus compliquée, ou en tout cas l'embarquement, l'animation peut être plus compliquée. Donc là, on vient de lancer les élections des ambassadeurs. Il nous faut un ambassadeur par site qui va être le relais, "les boîtes à idées vertes" en local et l'animation de ce qu'on pourrait mettre, nous, au niveau de l'entreprise en place.

  • SG

    D'accord. Et du coup, concrètement, est-ce que vous avez déjà mis des choses en place ? On voit quand même que vous avez lancé la machine. Et dans cinq ans, qu'est-ce que vous aurez fait concrètement, par exemple ? Est-ce que vous avez déjà des idées, sans trop déflorer ?

  • FB

    Pas forcément. On a des idées. On ne veut pas forcément que ça vienne de nous, mais plutôt du groupe de travail. Après, on sent que ça frétille. Si on veut être ambitieux, de toute façon, on ne doit pas avoir la réponse. C'est ce qu'on nous dit, notamment à la CEC. Si on connaît la réponse, pourquoi attendre cinq ans pour le faire ? Voilà, donc on y va. Ce qu'on avait commencé à dire au début, c'est de se dire step by step. Ce qu'on aimerait, c'est qu'aujourd'hui, on est en cours de réalisation d'un bilan carbone détaillé, très détaillé. On se fait accompagner. Et l'idée, c'est de se dire, sur la partie notamment déplacement, puisqu'on sait que c'est quelque chose de fort, on doit avoir des engagements forts d'indices, d'indicateurs sur la mobilité douce, sur les transports en commun. C'est des choses que nous, on commence à intégrer, mais on va aller beaucoup plus loin. Par exemple, on a fait le défi mobilité, le challenge mobilité au mois de juin sur la région lyonnaise, qui a plutôt bien marché, puisque je crois que sur les PME de notre taille, on est arrivé sur la région 9 ou 10e. Donc pour un premier événement, c'est plutôt bien. Et on sent qu'en magasin, vous avez toujours quand même un, deux, trois collaborateurs qui disent "On veut faire quelque chose et moi, s'il faut que j'entraîne l'équipe, j'entraînerai l'équipe." Donc voilà, on pense que ça va bouger. Quand même, vis-à-vis des collaborateurs, ce qu'on aimerait, c'est de se dire à un moment donné, nos collaborateurs doivent être à l'aise avec ce sujet à titre personnel, mais aussi professionnel parce que dans notre métier, on a la chance de passer du temps et une relation de confiance avec nos clients. Donc en fait, l'idée, c'est de se dire, je passe une heure, une heure et demie avec mon client quand il vient faire le choix de ses lunettes ou de son appareil auditif. Donc il faut aussi profiter de ce moment-là pour faire passer des messages environnementaux avec nos clients et d'être à l'aise avec les montures Origine France Garantie, être à l'aise avec, je dis n'importe quoi, mais l'exemple d'esprit rechargeable et de se dire, ben voilà, il faut... Donc il y a cette notion de se dire, l'objectif quand même, c'est que nous informons nos collaborateurs et qu'ensuite, ils soient à l'aise avec le déploiement de toutes ces solutions vertueuses vis-à-vis de nos clients.

  • SG

    OK. Et Vincent, par rapport aux fournisseurs ? Oui,

  • VT

    Fabien a vraiment résumé. On a deux philosophies qui sont un peu différentes. Tout ce qui est de la pédagogie pour embarquer les équipes, le principe, c'est de la co-construction de l'initiative pour que ça diffuse. Et surtout pas aller imposer de dire maintenant, cher collaborateur, il faudra faire ça, ça et ça. et après tout ce qui concerne l'entreprise et ses choix. Là, on est beaucoup plus volontariste. Donc, dans les initiatives qui vont aboutir en 2026, on va créer des gammes de produits OFG accessibles avec des entreprises qu'on a choisies qui seront... On est en train de finaliser, les gens ne le savent pas encore, mais qui vont être à proximité de chez nous. Et en fait, on a une réflexion, on va faire deux choses. C'est-à-dire qu'on va faire nos propres produits en collaboration avec des gens qui font de l'OFG, avec une traçabilité et une qualité environnementale des produits qui sont au maximum, et créer un label pour dire maintenant, on va privilégier des fournisseurs qui répondent à nos critères. Donc ça, c'est 2026. Ça sera fait mi-2026. Le sujet qu'on a de pédagogie vis-à-vis du consommateur, c'est qu'aujourd'hui, on donne le spray de nettoyage pour les lunettes, qui a un impact environnemental fort, parce que c'est beaucoup d'emballage pour peu de fonctions, c'est juste pour nettoyer les lunettes. Donc on va dire à nos clients, bon maintenant ça devient payant, mais c'est pas pour notre entreprise. 100% de ce que vous allez payer pour ce petit spray, ces quelques euros, on va les mettre à disposition des projets qui ont un impact positif sur l'entreprise. Donc on est dans une logique de compensation, ce n'est pas idéal, mais au moins on commence à éduquer le consommateur. Puisque lui, il va falloir qu'il paye un petit peu, et ça ne sera pas pour nous, ça sera pour la planète. Donc ça va pouvoir amorcer le dialogue de l'impact que l'on a, donc ça, ça sera 2026 aussi. Et à plus long terme, je dis, c'est qu'on est en train de travailler sur des critères, et quels fournisseurs pourraient être référencés dans l'entreprise, il y aura une obligation assez élevée de limitation d'impact.

  • SG

    Et dans votre filière, puisque vous êtes très loco, est-ce qu'on peut imaginer que vous travaillez avec des fournisseurs en région Rhône-Alpes, c'est jouable dans votre filière ?

  • VT

    Oui, tout à fait. On a la chance que le bassin de la lunetterie française, enfin un des plus gros bassins de la lunetterie française, se situe entre L'Ain et le Jura. Donc on s'oriente un petit peu vers ces distances-là, parce que l'avantage pour le coup, c'est qu'on est à l'échelle d'un territoire.

  • SG

    Du coup, si on se projette dans 10 ans, à quoi vous aurez mesuré finalement que votre démarche a fonctionné ? Prospective à 10 ans, c'est dur dans une PME, mais bon. À 5 ans ?

  • VT

    À court terme, une phrase qui est un petit peu interne, c'est qu'on aimerait bien être l'entreprise exemplaire parmi les entreprises non exemplaires. C'est de dire qu'on ne va pas casser notre modèle et on ne va pas devenir une entreprise qui n'a pas d'impact, qui va être complètement régénérative. Donc on enlève le côté de culpabilité. Par contre, tout ce qu'on peut faire, on le fait. C'est ça le changement de culture qu'on veut faire. Et à moyen terme, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'in fine, on aura réussi si on n'a plus de démarches RSE séparées. C'est-à-dire que c'est un critère de décision permanent et que tout le monde dans l'entreprise, pour chacun de ses décisions, il a toujours en tête l'impact.

  • SG

    C'est ça. Vous avez passé un niveau vraiment super. Exactement.

  • VT

    On aura réussi si ça devient absolument naturel sur tous les actes de l'entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. Systématiquement, on va dans le sens de minimiser l'impact. Et on s'est écrit qu'à partir de maintenant, on ne prend aucune décision qui aurait un impact négatif ou augmenterait notre impact sur les éléments planétaires.

  • SG

    De toute façon, on sait très bien qu'avec la matière, il va falloir s'adapter au plus vite. Donc, en effet, parce que vous avez parlé, pour finir, "Fabrique à Bonheur". Moi, j'aurais envie de savoir un peu plus, parce que vous m'avez fait rêver avec "Fabrique à Bonheur".

  • VT

    Pour le coup, c'est un projet ambitieux, celui-ci. Mais nous y tenons ! Non, notre vision... vraiment de l'entreprise, c'est que l'entreprise, c'est un centre d'épanouissement. C'est-à-dire que vous travaillez 35 ou 39 heures par semaine, si vous êtes malheureux dans votre job, ça ne peut être que compliqué ailleurs. Donc, notre ambition et notre responsabilité, c'est que travailler dans l'entreprise soit source d'épanouissement. Alors, qu'est-ce que l'épanouissement ? L'épanouissement, ce n'est pas juste mettre un baby-foot et avoir un frigo avec de la nourriture pour tout le monde. C'est permettre à chacun de se réaliser.

  • SG

    Clin d'oeil à Google, c'est ça ?

  • VT

    Non, je ne fais pas de commentaires Stéphane, je te remercie. C'est ton interprétation.

  • SG

    OK, d'accord.

  • VT

    Je te remercie. Non, l'épanouissement, c'est est-ce que dans mon travail, on m'a donné la chance de me réaliser ? Est-ce qu'on m'a poussé à faire des efforts ? Est-ce que je suis fier de ce que j'ai fait ? Et donc, la "Fabrique à bonheur", c'est être fier de l'entreprise dans laquelle on travaille et d'être fier de ce qu'on y réalise. Donc, fier dans l'entreprise dans laquelle on travaille. Aujourd'hui ne pas parler de l'impact sociétal de l'entreprise, ça serait absolument incohérent avec vouloir être une entreprise de bonheur et permettre à chacun de se réaliser en lui donnant des défis. On pense que le bonheur, ça passe par l'estime de soi, l'estime de soi, ça passe par réaliser quelque chose dont on ne pensait pas être capable de faire. Donc voilà ce que l'on met derrière bonheur et qui est une valeur fondamentale dans l'entreprise.

  • SG

    Avec le sourire. Alors, on va terminer ce podcast. Moi, je voulais aussi vous poser une colle un peu, si vous pouviez changer une règle du jeu, économique. Je n'allais pas vous dire politique, mais j'aurais pu. Qu'est-ce que vous changeriez l'un et l'autre ou l'un après l'autre ?

  • FB

    Alors moi, je peux commencer, Stéphane. Moi, je dirais, et c'est quelque chose que j'ai appris aussi avec la CEC, et je m'en suis rendu compte et ça m'a sauté aux yeux, c'est, entre guillemets, d'obliger les différents acteurs du territoire à échanger ensemble. En fait, il y a quand même derrière toutes nos problématiques individuelles, notre activité, on a toute une activité différente. On se rend compte qu'on a des problématiques communes, qu'elles soient environnementales ou pas, d'ailleurs. Mais en tout cas, on se rend compte aussi qu'une fois qu'on commence à échanger, on se rend compte qu'il y a une force du collectif qui est impressionnante. Et comme on parle de plus en plus de territoires, c'est ce côté-là. Et se dire « j'ai foi en l'Homme avec un grand H de se dire que s'il échange avec ses voisins, ça sera forcément bénéfique et bonéfique pour la planète » .

  • SG

    Oui, à l'époque de l'IA, c'est vrai que de créer du lien, c'est quand même notre point fort. Donc faire le pas de côté, la coopération. OK, ça me va. Bonne réponse.

  • VT

    Oui, dans la continuité de ce que dit Fabien. Mon rêve, c'est qu'on puisse rendre l'impact objectif. C'est-à-dire que je pense qu'on avancera quand on rendra les Français informés et conscients de ce qu'ils font. Aujourd'hui, c'est impalpable. Est-ce que ma consommation, elle est positive ou négative sur la planète ? Comment je peux la manier ? C'est impalpable. J'aimerais qu'on puisse informer tous nos concitoyens de leur impact, pour qu'ils puissent faire des choix éclairés. Aujourd'hui, ça reste massivement impalpable l'impact que l'on a sur la planète.

  • SG

    Après, c'est une prise de conscience aussi. C'est-à-dire qu'on peut dire que c'est impalpable, mais on peut prendre conscience quand même.

  • VT

    Oui, mais pardon, la prise de conscience sera d'autant plus facile pour la majorité de nos concitoyens que s'ils ont une vision claire de comment est fait leur produit, comment il a été sourcé, quel impact il a sur le territoire et sur les ressources planétaires.

  • SG

    C'est pour ça que c'est important que l'économie montre... Après, la difficulté aussi, même pour un dirigeant de PME, c'est le fameux greenwashing. C'est-à-dire, en fait, est-ce que je fais du marketing ou est-ce que je raconte vraiment quelque chose d'aligné ? C'est ça qui est intéressant avec une PME territoriale, familiale, c'est qu'on peut imaginer quand même que le dirigeant, il est motivé pour.

  • VT

    Oui, tout à fait. Et quand on parle quand même de la complexité, pour revenir à notre magnifique monde de l'optique, les lunettes qui sont en plastique, ce n'est pas du tout du plastique, c'est de l'acétate de cellulose. Donc à la base, c'est du coton et plus ou moins de solvants. Et en fait, la complexité, pour savoir quels vont être les critères, il faut que je connaisse dans quel pays le coton a été produit, quelle a été sa consommation d'eau, est-ce que c'est raisonnable ? quel est le niveau de solvant, quels sont les solvants, comment ils sont retraités. Et en fait, on est face à un mur de la complexité. Et nous, notre ambition, justement, c'est d'aller chercher des critères qui soient réellement objectifs pour être très loin du greenwashing et très loin de la bonne conscience en disant j'ai fait quelque chose parce que mes lunettes ont vaguement un label que je ne comprends pas.

  • SG

    D'accord. C'est vrai que les fabrications, moi, j'ai acheté des lunettes en bois, d'ailleurs, par exemple. Je ne sais pas si c'était de Savoie. Je ne sais pas si ça marche. Mais est-ce que c'est ça ? Alors, pour finir, qu'est-ce qui vous rend confiant pour terminer ce podcast ? Pour la suite ? Messieurs, vous avez mon âge. On est des cinquantenaires. Voilà. Donc on compte sur vous.

  • FB

    Alors moi, je dirais... Là où je suis confiant, c'est qu'avec la CEC, on est sortis de là en se disant « Il est urgent d'agir » . Mais aujourd'hui, j'ai pris conscience de se dire « En fait, c'est un temps long » . Et effectivement, moi, je commence à discuter entre guillemets avec mes voisins. Et on se rend compte que ça frétille et ça commence à bouger, et qu'il y a des collectifs qui se mettent en place. Et donc, je pense qu'on est dans la bonne voie. Effectivement, il faut savoir gérer sa frustration parce qu'on voudrait tout mettre en place dès demain. Mais ça ne marche pas comme ça. Rome ne s'est pas fait en un jour. Donc, en fait, l'idée, c'est d'assimiler ce temps long. Et moi, je suis très confiant parce que j'ai confiance en l'homme. Et on a de plus en plus d'éléments qui nous prouvent qu'on n'a pas le choix de bouger. Et on a de plus en plus de personnes qui sont ralliées. Sans avoir de notion d'écolo, puisque c'est quelque chose qui peut être galvaudé de mettre des personnes dans des cases. Mais voilà, c'est petit à petit. Et moi, je suis très confiant sur le fait que ça va se faire.

  • SG

    C'est vrai que si on utilise régénératif, peut-être c'est qu'on a peur d'utiliser écologie, parce qu'en fait, tout de suite, écologie égale politique. Et on met les gens les uns contre les autres. Alors après, je suis assez d'accord. Je pense qu'il y a un mouvement de fond. Même si l'actualité nous dit l'inverse, on se rend compte quand on s'intéresse au sujet quand même qu'il y a beaucoup de gens et dans l'économie. beaucoup de gens et beaucoup de dirigeants qui ont pris les choses en main. Du coup, Vincent, toi, la confiance ?

  • VT

    Oui, mon axe d'optimisme, c'est le même que Fabien, c'est qu'en fait, c'est de ne pas regarder où on est aujourd'hui, mais comment on a évolué en cinq ans. Et je trouve que finalement, la société, elle évolue assez vite, même si c'est peut-être trop lent par rapport à ce qu'on voudrait. Quand on regarde les changements, ils sont quand même, dans les comportements, les mentalités, les prises de conscience, ils sont très forts par rapport à ce qui s'est passé il y a cinq ans et de concentrer sur le temps long et se dire « est-ce qu'on peut être dans 5 ans ? » C'est plus important, c'est sûr que si on suit l'actualité, on a l'impression que chaque jour, il y a autant de retours arrière que de points d'avancement. En revanche, je trouve que l'accélération de la prise de conscience, elle est forte en France. J'espère qu'on va contribuer à faire accélérer encore cette prise de conscience.

  • SG

    C'est l'idée aussi de ce podcast. En tous les cas, je vous remercie, Vincent, Fabien, pour ce partage qui est authentique, inspirant, de terrain. Alors, je finis toujours par une citation. J'ai pris une citation de Saint-Exupéry qui a dit, vous avez quatre heures après pour y réfléchir, "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." Et donc, vous avez bien prouvé qu'en fait, l'idée, ce n'est pas de changer de lunettes. Ça ne suffit pas de changer de lunettes. L'idée, c'est surtout de changer de regard pour trouver de nouvelles solutions. En tous les cas, merci. A bientôt ! Merci Stéphane !

Description

Dans cet épisode, Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle racontent comment une PME familiale peut devenir un moteur de transformation sur son territoire et plus largement dans la filière optique et audition. Entre prises de conscience, pédagogie auprès des équipes et exigences nouvelles envers les fournisseurs, ils montrent qu’avancer « pas à pas » peut faire bouger tous les acteurs d'une filière. Ils partagent aussi leurs défis, leurs doutes et leurs premières victoires — du recyclage d’eau aux gammes OFG, en passant par l’embarquement de 280 collaborateurs.


« On aura réussi si penser à la planète devient absolument naturel dans tous les actes de l’entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour. Bienvenue sur Échos de Territoire, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors je n'ai pas fait beaucoup de kilomètres, je me suis déplacé à Chaponnot, dans l'ouest lyonnais, à la rencontre de deux invités qui incarnent la transformation d'un métier qu'on associe. pas toujours à la transition écologique, soyons honnêtes, c'est celui d'opticiens. Et pourtant, et pourtant, on va voir que ce n'est pas le cas. J'ai le plaisir d'être accueilli par Vincent Torrilhon, qui est le dirigeant des opticiens Krys J.Torrilhon, et de Fabien Boitelle, qui est le directeur administratif et financier. Vincent, Fabien, bonjour.

  • VT

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, on va se tutoyer, on se connaît un peu quand même, voilà, et puis entre voisins. Alors ensemble, et puis avec vos équipes, vous faites évoluer une entreprise familiale qui a célébré il y a assez peu de temps, c'est 60 ans quand même, et donc vous la faites avancer vers une nouvelle vision, si je peux dire.J'ai repris votre feuille de route et vous dites, en 2035, notre entreprise, Torrilhon, est une véritable fabrique à bonheur. Je vais vous challenger là-dessus ! Portée par une mission claire, préserver et protéger la santé visuelle et auditive de tous, favoriser l'épanouissement et le bien-être de nos coéquipiers, et enfin, prendre soin du vivant. Et vous avez une question régénérative qui m'a beaucoup parlé: Comment réduire de manière efficiente... L'empreinte carbone et l'utilisation des ressources d'un produit de 50 grammes. Alors 50 grammes, j'ai bien compris que c'est les lunettes, mais c'est aussi la prothèse auditive, tout en garantissant son accessibilité à tous. Alors ce que je vous propose déjà pour démarrer, peut-être Vincent, c'est de nous présenter ton rayon.

  • VT

    Oui, merci Stéphane. Nous on est une entreprise familiale, mon père a commencé il y a 60 ans par la cuisine de ma grand-mère.

  • SG

    À Pierre-Bénite ?

  • VT

    Mes grands-parents étaient bouchers, ils habitaient à côté d'eux. de la boucherie et mon père, fraîchement diplômé d'optique, a ouvert le magasin dans la cuisine de ma grand-mère avec pour ambition de rendre la vue et la vie belle à tous les habitants de Pierre-Bénite. Et puis il a commencé à se développer sur un principe, j'allais dire un petit peu simple mais fort. Il s'est dit finalement je suis trop fragile, je ne suis pas robuste si je suis tout seul dans mon magasin. Donc il a ouvert un deuxième et puis un troisième et ce qui a créé l'essor de l'entreprise, c'est qu'il était un des tout premiers opticiens à croire aux centres commerciaux. En disant, moi, si je suis consommateur, c'est là que je vais venir. Et moi, en tant qu'opticien, je dois me rapprocher du consommateur et lui rendre l'accès facile. On retrouve des valeurs que l'on a depuis toujours dans l'entreprise. Aujourd'hui, on est 280, on fait à peu près 50% de notre activité sur le Bassin Lyonnais. On est présent aussi Mulhouse, Annecy, Sens et Saint-Etienne. Donc, on a un développement régulier, pas forcément extrêmement rapide, mais régulier. Ce qui fait qu'au bout de 60 ans, on a atteint une taille, on est aujourd'hui 280 collaborateurs et c'est ce qui nous intéresse, c'est d'être de plus en plus nombreux à partager ses valeurs avec un rythme qui est celui d'une entreprise familiale où on prend le temps d'intégrer chacun.

  • SG

    D'accord. Et toi, c'est évident que tu rentres dans cette entreprise ? Quand on s'appelle Torrilhon, on rentre forcément dans l'entreprise Torrilhon ?

  • VT

    Alors pas du tout. J'ai eu une carrière plutôt dans des grandes entreprises et notamment l'entreprise Essilor pendant 10 ans. Et puis, mon père et mon frère m'ont dit que ce serait bien qu'on fasse l'aventure à trois. Parce qu'entre le moment où mon père a fondé l'entreprise et le moment où je suis arrivé, il y a mon frère qui lui est opticien, avait déjà repris les rênes. Et donc nous sommes un trio depuis 20 ans.

  • SG

    C'est rassurant, la famille aussi, pour les collaborateurs. Parce que je vais passer ensuite la parole à Fabien.

  • VT

    Je ne sais pas, je laisserai Fabien donner son avis. En tout cas, ce qui est important, ce à quoi on tient dans une entreprise familiale, c'est d'incarner les valeurs. Effectivement, l'entreprise porte notre nom, donc ça nous donne une responsabilité supplémentaire. On est à la fois actionnaire, garant des valeurs et manager de l'entreprise. Donc ça nous permet d'être alignés peut-être plus facilement que dans certains autres modes de gouvernance.

  • SG

    Et puis j'allais dire, c'est aussi le temps long. Ça vous inscrivez dans un temps long, c'est ce qui peut être aussi rassurant.

  • VT

    Oui, dans un de nos choix fondamentaux, c'est garder cette liberté sur le temps long. Ne pas avoir de sujets de levier financier trop fort ou d'investisseurs qui doivent sortir. On a cette chance-là et on a fait ce choix-là. Ça coûte des fois en vitesse de développement. Mais la liberté et maintenir notre destin à long terme est primordial pour nous.

  • SG

    Ok, alors Fabien, je me tourne vers toi parce que je pensais que tu étais un petit jeune qui venait d'arriver. Non, a priori, toi, tu es là depuis un certain temps quand même.

  • FB

    Oui, exactement. Si je me présente rapidement, en fait, moi, j'étais en région parisienne. Je travaillais à l'époque pour un fabricant de terminaux de paiement. Et avec ma femme, on a décidé de quitter cette folie parisienne. Et on s'est retrouvés pour la région lyonnaise, et en fait j'ai un cabinet de recrutement avec qui j'étais en relation depuis 3-4 ans qui m'appelle et qui me dit Fabien ça y est j'ai trouvé le job pour toi, la structure pour toi. Tu vas rencontrer Vincent Torillon et je pense que ça va matcher et franchement tu vas prendre du plaisir. Et c'est pour ça que maintenant ça fait 15 ans que je suis là et que je participe en tant que directeur financier effectivement à cette très belle aventure humaine dans cette société familiale, effectivement avec les trois Torrilhon.

  • SG

    Alors c'est marrant parce que là on a fait le plus simple, vous avez raconté l'aventure. Maintenant c'est rare qu'on ait un directeur financier pour parler régénératif. Moi, j'ai envie de vous entendre maintenant sur la CEC, sur votre expérience. Alors déjà, comment vous tombez dans la CEC ? Qu'est-ce qui vous fait basculer ?

  • VT

    On a deux histoires complètement différentes et elles vont être intéressantes et complémentaires. Personnellement, j'ai eu des amis et mentors qui m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas rester à côté des changements et des bouleversements qui nous attendent. » Je vais les citer parce que c'est vraiment des gens qui me viennent à cœur. Olivier Passot, c'est ça ? Il y a Olivier Passt de Revol qui était le premier à m'en parler. Il y a François Duchâteau de chez SLAT qui a vraiment complètement orienté sur l'entreprise, sur limiter les impacts. Et puis Christophe Fargier du Ninkasi, qui est aussi une très, très belle équipe. Et comme c'est trois personnes que j'apprécie particulièrement et qui m'en ont tous parlé avec des étoiles dans les yeux, je me suis dit que je ne pouvais pas rester à côté de ça. Et j'y suis allé en disant, on verra ce qu'on peut faire, mais il faut avancer.

  • SG

    En confiance.

  • FB

    Et effectivement, si moi je viens compléter Vincent, on s'est retrouvé dans le bureau de Vincent et on s'est dit, oui, quand même, notamment l'élément le plus révélateur, c'est souvent le dérèglement climatique. On peut le vivre et c'est du concret au quotidien. Et on s'est dit, il y a quelque chose qui tourne pas rond et il faut qu'on fasse quelque chose. Et effectivement, on est une PME familiale, on a notre ambition. Mais c'est-à-dire par quoi on commence ? Et on s'est dit, effectivement, on fait déjà des petits trucs, mais on n'a pas de structure, on n'a pas de réflexion, on n'est pas forcément à l'aise avec le sujet. Et c'est là où Vincent m'a dit, écoute, je connais une organisation, un collectif et ceux qui l'ont fait en sont enchantés. Donc est-ce que tu veux m'accompagner dans cette aventure ? Et j'ai dit, go, on y va.

  • SG

    Alors justement, comment ressentez-vous des deux premiers jours qui sont quand même assez violents ?

  • VT

    Alors, tu m'imagines, c'est un parcours qui est extraordinaire, effectivement. Et moi, je voudrais remercier les organisateurs. Il y a Marianne qui nous a embarqués au début. Et puis, on a eu deux magnifiques coachs facilitateurs, Mathilde et Maxime, qui nous ont suivis. Moi, je trouve que ce parcours, c'est vraiment un parcours qui se vit sur 18 mois, la prise de conscience est violente. Les journées de prise de conscience, le soir, on ne rentre pas forcément avec la joie de vivre. On regarde sa femme et ses enfants peut-être différemment. En tout cas, ce qui est extrêmement intéressant, c'est qu'à la fin, on a une vraie prise de conscience, une compréhension de la complexité des défis, et puis on arrive avec des leviers pour agir. C'est au bout de 18 mois qu'on voit la puissance de la CEC. Il ne faut pas juste se dire que c'est les deux premiers jours qui font la prise de conscience qui sont les plus importants. Le plus important, c'est le parcours complet sur 18 mois qui nous a permis d'avancer.

  • SG

    C'était quoi, par exemple, Fabien, ta maturité, toi, par rapport à tous ces sujets ?

  • FB

    Moi, je n'avais jamais entendu de parler de régénératif. Et j'allais justement en ne connaissant pas grand-chose. Mes convictions étaient au ras des pâquerettes. Et de se dire, c'est juste que je constate qu'il faut faire quelque chose. Il faut au moins qu'on aille voir. Et s'il faut effectivement faire quelque chose, on le fera. Et effectivement, moi... Forcément, ces deux premiers jours de la CEC, on entend beaucoup parler comme quoi c'est une claque et tout. Moi, ça fait partie de mon sursaut. C'est de se dire effectivement, waouh, oui, effectivement, on est dans une situation qui n'est pas simple et il faut agir. Et moi, ça m'a plutôt donné l'envie d'agir par la suite. Et ça m'a dit, effectivement, là, j'ai plus le choix. Il faut qu'on agisse tous, collectivement, individuellement et avancer. Donc moi, ça fait partie de mon sursaut, puisqu'on parle souvent de sursaut ou de déclic. Et le deuxième, ça a été plutôt vers la fin de la CEC, quand nos magasins à Givors ont été inondés. Où là, on s'est dit, tout ce qu'on nous raconte depuis plusieurs mois à la CEC, par des experts imminents et reconnus mondialement, ça se produit là, quelques mois après. Et on est touché directement par ces événements climatiques, puisqu'on a eu deux magasins d'inondés dans la zone. Et de ce fait, c'est du concret. Et quand vous avez du concret, forcément, vous devez agir. vous ne pouvez pas rester les bras croisés.

  • SG

    Ok, alors si je vous pose la colle du régénératif, qu'est-ce que vous en avez retenu ? Si vous deviez me faire l'article sur le régénératif, vous me diriez quoi ? Il y a un grand blanc.

  • VT

    Je vais laisser la parole à Fabien.

  • SG

    Oh facile !

  • FB

    En fait, c'est un terme où moi je ne suis pas tout à fait à l'aise avec ce terme. Avant la CEC, pour être totalement transparent, j'en avais jamais entendu parler. Même après la CEC, même après le travail, c'est assez difficile à en parler. Je ne suis pas forcément à l'aise avec ce sujet. Et même quand je rencontre quelqu'un, à un moment donné, quand on en parle, peu de gens connaissent ce terme. Et effectivement, l'idée pour moi, c'est de se dire... C'est pas suffisant, finalement, de réduire notre empreinte sur le climat. Il faut qu'on aille beaucoup plus loin. Et ce régénératif, quelque part, c'est de se dire : je fais des choses positives pour la planète, pour l'environnement, pour le côté social.

  • SG

    C'est vrai que peut-être que le lien avec la biodiversité n'est pas toujours évident.

  • VT

    En fait, c'est cette ambition de régénératif qui dit qu'avec une activité économique, en la passant différemment, on peut recréer du vivant et la qualité de vie sur Terre. C'est un objectif qui est tellement ambitieux que nous, on n'aime pas trop en parler. On considère qu'aujourd'hui, notre positionnement, on va en parler, mais il est de commencer par des petits pas et mettre tout le monde en mouvement. Et quelque part, cet objectif, pour nous, il est magnifique, mais tellement loin qu'il peut être démotivant.

  • SG

    Donc nous,

  • VT

    notre pédagogie, elle est plus de dire, prenez conscience, faites des premiers pas. Et puis c'est en faisant des premiers pas et par les premiers succès qu'on commence à se motiver pour aller plus loin.

  • SG

    Oui, parce que justement, peut-être que la difficulté qu'on a quand on rentre de la CEC, c'est qu'on a du mal aussi à l'expliquer peut-être aux autres, c'est ça ?

  • FB

    Oui, sans vouloir les brusquer non plus, puisqu'on sait que sinon on va en perdre en cours de route. Donc effectivement, c'est de se dire que c'est des sujets où on a été entre guillemets informés par des experts. On n'a pas toutes les connaissances des experts, donc on est avec des sujets où on est aussi peu à l'aise. Et qu'à la fin, si on veut embarquer tout le monde, il faut y aller petit pas par petit pas. En tout cas, c'est notre première étape. Ça veut dire que les petits pas, parce qu'on entend parler souvent aussi du colibri, et se dire que chacun fait son effort. On sait que ce n'est pas suffisant que chacun fasse son effort. Mais pour embarquer, aujourd'hui, on considère que c'est le meilleur moyen d'embarquer le plus de monde dans un premier temps pour aller plus loin après.

  • SG

    Et du coup, votre feuille de route, elle a quatre leviers. Vous pouvez nous en parler un peu ?

  • FB

    Oui, bien sûr. Quatre leviers, c'est du classique dans une feuille de route CEC. C'est du classique,

  • SG

    mais ça existe. Il y a beaucoup d'entreprises qui n'ont pas de feuilles de route.

  • FB

    Exactement. Nous, le premier, c'est la société quand même répond à... Notre société répond à un besoin sociétal fort, qui est la santé, puisqu'on est professionnels de santé. Et aujourd'hui, en tant qu'opticiens ou audioprothésistes, on a une image de correction de la vue ou de l'audition. Et en fait, nous, on voulait quand même acter dans un geste fort dans cette feuille de route. C'est de se dire on doit aller plus loin. C'est-à-dire qu'on doit, en plus juste de corriger la vue ou l'audition, c'est d'aller préserver le capital visuel et auditif de nos clients. Et le client, tous les clients, quel que soit son profil, sa zone géographique, ses moyens, c'est de se dire qu'on doit, en tant que professionnel de santé, apporter un vrai service, quelle que soit la typologie de mon client, et surtout mettre l'accent sur de la prévention, par exemple. Oui, par exemple,

  • SG

    donnez-moi un exemple, parce que là, on est plutôt sur un côté social, qui a un impact forcément aussi sur le reste.

  • VT

    Oui, par exemple, la révolution qui arrive dans notre métier d'opticien, c'est cette capacité à non plus corriger, mais ralentir l'évolution des défauts visuels. Et notamment la myopie chez l'enfant. Aujourd'hui, on a des verres qui permettent à un enfant qui devient légèrement myope de voir sa myopie, surtout ne pas se dégrader. Et donc on est très engagé dans ce combat-là et c'est une nouveauté pour nous puisque quand on commence à préserver le capital d'un enfant, c'est beaucoup plus fort que juste simplement lui corriger un défaut qu'il a acquis pendant son enfance. Donc c'est un exemple de ce qu'on appelle préserver le capital visuel. Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui vous êtes exposé à des lumières qui sont potentiellement toxiques pour vos yeux, qu'elles soient le bleu, les ultraviolets, les infrarouges et qu'aujourd'hui on s'engage à avoir... Avoir des produits qui sont tous au plus haut niveau de protection sur ce capital. Et simplement à corriger la vue. Et sur notre feuille de route, Fabien a parlé du premier levier qui est celui de notre impact sociétal. Mais c'est aussi grâce à la SEC que nous sommes allés au-delà. C'est-à-dire qu'en fait, on pourrait se dire, nous on est opticiens, audioprothésistes, on a quand même un métier avec un sens et un impact social fort. Bon, finalement on est distributeurs et fournisseurs de prestations, parce que notre métier c'est quand même majoritairement des prestations et peu de produits. Donc voilà, on fait notre part. On pourrait se dire qu'on s'arrête là. Et justement, on a réfléchi, mais c'est un peu court d'être comme ça. On ne peut pas laisser simplement les enjeux aux gros industriels en disant comme il y a des gros industriels polluants, nous distributeurs qui avons une mission sociale forte, on n'a rien à faire. Et donc, notre engagement dans la CSE, c'était d'aller chercher au-delà de notre métier, qu'est-ce qu'on peut apporter ? Et on a trois axes qui nous sont apparus en travaillant. Le premier, c'est la pédagogie. C'est-à-dire qu'en tant que... Distributeur au contact du client final, on passe du temps qualifié avec beaucoup, beaucoup de personnes et beaucoup, beaucoup de personnes par territoire. Et donc c'est notre engagement de commencer à sensibiliser dans notre métier ce que c'est que l'impact négatif que peut avoir une lunette. Et notamment le fait qu'effectivement aujourd'hui pour un produit de 50 grammes, je pense qu'on a 4 à 5 fois le poids du produit en emballage. Chose comme ça. Et que le fait qu'aujourd'hui on soit livré tous les jours. Parce que c'est un produit de santé, donc il faut l'avoir tout de suite, ça a un impact de transport. Et donc, on est en train de mettre en place des programmes pour être pédagogique vis-à-vis de nos clients. Par exemple, ça veut dire rendre l'OFG accessible, l'OFG France Garantie, et d'avoir des montures qui sont fabriquées à 200 kilomètres de nos magasins, qui sont financièrement accessibles pour la majorité, ce qui aujourd'hui existe assez peu dans notre métier. Et cette pédagogie, elle est aussi pour nos collaborateurs. C'est-à-dire qu'on s'est aperçu du déficit d'informations. collaborateur. On a aujourd'hui une bonne expérience de fresque, de climat et d'atelier là-dessus. Et comme dans tout groupe humain, on a des climato-anxieux ou climato-sceptiques, à ceux qui ne veulent pas voir. Et donc, notre rôle d'entreprise aujourd'hui, c'est de s'engager pour amener un niveau d'information. Chaque citoyen est libre, mais au moins qu'il soit informé et qu'il puisse faire ses choix. Ce premier axe de pédagogie... Il est important et il est difficile parce qu'embarquer des gens, embarquer des collaborateurs...

  • SG

    C'est votre levier 2, c'est l'embarquement des collaborateurs. Exactement,

  • VT

    c'est pas facile et embarquer et pouvoir parler de ces sujets-là à des consommateurs, c'est encore plus difficile. Et évidemment, on a un autre levier qui est être moteur dans notre branche parce que nous sommes à la fin d'une filière qui est industrielle. Si nous, nous ne les exigeons pas des engagements vis-à-vis de nos fournisseurs, leur volonté d'agir sera plus faible. Donc on est parti sur qu'est-ce qu'on peut exiger de nos fournisseurs dans les 5 ans à 10 ans à venir et notamment créer des standards d'impact environnementaux pour tous nos produits et se dire écoutez chers fournisseurs dans 3 ans si vous n'êtes pas sur nos standards on ne pourra plus travailler ensemble. Et ça on veut le faire au niveau de notre entreprise, ça c'est notre choix, et aussi agir au niveau de la branche. C'est plus lent, plus lourd, mais on a des discussions pour être moteur au niveau des syndicats. Chaque fois qu'on rencontre de toute façon des fournisseurs, on leur dit, nous, il faut d'abord votre politique de réduction d'impact avant qu'on puisse parler.

  • SG

    Justement, par rapport au marché, est-ce que vous sentez que par rapport à tous les acteurs, est-ce que la maturité reste ? Des fois, on a l'impression qu'on revient en arrière, après on repart en avant. Comment vous sentez le truc ?

  • VT

    Alors, notre vision aujourd'hui, c'est que toute la filière optique et audition ne revient pas en arrière. Par contre, est-ce qu'elle avance vite ? Est-ce que c'est une préoccupation majeure ? Non. plutôt le sentiment qu'on est dans une... démarche à minima et lente. Donc notre ambition...

  • SG

    La RSA obligatoire. Exactement,

  • VT

    parce que c'est obligatoire, parce qu'il faut le faire, on va le faire. Et aujourd'hui, on voudrait accélérer là-dessus. Et puis, notre troisième axe, enfin le quatrième axe, qui est, j'allais dire, l'axe non négociable chez tout le monde, c'est comment allons-nous pouvoir limiter notre impact ? Donc là, on est sur des choses qui sont extrêmement classiques, qui vont du bilan carbone à la consommation d'eau. Et quand on cherche, on trouve, puisque la consommation d'eau pour... Tailler deux verres de lunettes, il faut 15 litres d'eau par verre. Et nous, on a investi dans tous nos magasins sur des systèmes de recyclage d'eau. Donc, on est passé de 15 litres d'eau par lunette à un litre par semaine.

  • SG

    D'accord.

  • VT

    Voilà. Et c'est simple, mais il faut juste s'y pencher. Et on travaille sur des filières de recyclage qualifiées pour l'ensemble de nos déchets. Mais qualifiées, ce n'est pas juste j'ai trié et puis je ferme les yeux. Je suis sûr que quand je recycle, voilà. On a des sujets techniques qui s'appellent des calipes de présentation. Malheureusement, on utilise beaucoup de cartons et de papiers. On a signé sur des filières, on est sûr que ce soit du recyclage qui fonctionne.

  • FB

    Et pour compléter sur cette partie, effectivement, déchets et filières dont Vincent vient de parler, c'est qu'effectivement, on est livré aujourd'hui de tous les jours, de nuit, donc à un moment donné, et avec des emballages beaucoup plus importants que les 50 grammes de nos produits. Et là, il y a besoin d'un travail aussi avec la filière, de se dire à un moment donné, est-ce que finalement, quand je passe des commandes, notamment en EDI, est-ce que j'ai besoin d'être livré tous les jours pour tous les produits ? Ce n'est pas forcément le cas, donc c'est aussi avec eux de travailler. Et sur les emballages, même plus loin, par exemple, aujourd'hui, on a beaucoup de marques, entre guillemets, dans nos magasins. Donc ça veut dire que chaque marque nous envoie des PLV, donc des promotions sur le lieu de vente, en carton, non réutilisables pour une courte durée, et ils envoient ça à tous les opticiens de la planète. Et à un moment donné, même si vous ne le mettez pas en avant, ils vous l'envoient. Et donc, à un moment donné, c'est aussi avec eux de travailler pour se dire, les emballages, on ne prend que les emballages, puisqu'aujourd'hui, c'est bien de recycler les emballages, mais si on n'en a pas eu l'utilité avant, il n'y a pas besoin d'emballage. Donc, c'est aussi de réduire le nombre d'emballages, le nombre de transports, puisque c'est quand même des effets de levier importants pour nous.

  • SG

    D'accord. moi j'aimerais qu'on revienne juste sur l'embarquement des collaborateurs parce que du coup c'est vrai que des fois, votre discours peut faire un peu peur en se disant « Mince, ils vont toucher au modèle économique, on va perdre pour gagner des choses » . Mais voilà, comment vous percevez les gens dans votre entreprise et comment vous les embarquez ?

  • FB

    Alors, il y a deux choses, c'est que nous, déjà, à un certain niveau, on a décidé de parler du sujet environnemental et sociétal à chaque réunion collective, réunion plénière annuelle, réunion des managers. On a fait la fresque du climat pour 45 personnes. Donc, désormais, c'est systématiquement, dès qu'il y a une réunion collective, le sujet est intégré. On l'a intégré aussi dans le parcours d'intégration de nos nouveaux. Donc là, on est toujours sur l'éduquer, informer. Et le deuxième point, c'est sur l'embarquement, c'est plutôt la méthode qu'on a employée. C'est à la fin de la CEC, une fois qu'on a rédigé notre feuille de route, c'est de créer un groupe de travail. Donc on a fait appel à volontaire. Et en fait, aujourd'hui, on a un groupe de travail qu'on a appelé en interne "Prenons soin du vivant", composé de huit collaborateurs de différents horizons, de différents sites, puisqu'on en a même un à Mulhouse. Quand je dis différents horizons c'est que par exemple Notre collaborateur à Mulhouse est fresqueur officiel du climat.

  • SG

    D'accord.

  • FB

    Et inversement, on a quelqu'un qui nous a dit, moi, je n'y connais pas grand-chose. À la maison, je n'arrive pas à faire bouger ma famille. Si mon employeur m'offre cette possibilité finalement de faire quelque chose et de participer au bien-être de la planète, je veux bien en faire partie. Et effectivement, c'est là où on a différents profils. Et donc, on est dans cette phase de groupe de travail sur les idées et sur les éléments, puisqu'en plus, nous, on est multisite. Et quand on est multisite, la communication peut être un peu plus compliquée, ou en tout cas l'embarquement, l'animation peut être plus compliquée. Donc là, on vient de lancer les élections des ambassadeurs. Il nous faut un ambassadeur par site qui va être le relais, "les boîtes à idées vertes" en local et l'animation de ce qu'on pourrait mettre, nous, au niveau de l'entreprise en place.

  • SG

    D'accord. Et du coup, concrètement, est-ce que vous avez déjà mis des choses en place ? On voit quand même que vous avez lancé la machine. Et dans cinq ans, qu'est-ce que vous aurez fait concrètement, par exemple ? Est-ce que vous avez déjà des idées, sans trop déflorer ?

  • FB

    Pas forcément. On a des idées. On ne veut pas forcément que ça vienne de nous, mais plutôt du groupe de travail. Après, on sent que ça frétille. Si on veut être ambitieux, de toute façon, on ne doit pas avoir la réponse. C'est ce qu'on nous dit, notamment à la CEC. Si on connaît la réponse, pourquoi attendre cinq ans pour le faire ? Voilà, donc on y va. Ce qu'on avait commencé à dire au début, c'est de se dire step by step. Ce qu'on aimerait, c'est qu'aujourd'hui, on est en cours de réalisation d'un bilan carbone détaillé, très détaillé. On se fait accompagner. Et l'idée, c'est de se dire, sur la partie notamment déplacement, puisqu'on sait que c'est quelque chose de fort, on doit avoir des engagements forts d'indices, d'indicateurs sur la mobilité douce, sur les transports en commun. C'est des choses que nous, on commence à intégrer, mais on va aller beaucoup plus loin. Par exemple, on a fait le défi mobilité, le challenge mobilité au mois de juin sur la région lyonnaise, qui a plutôt bien marché, puisque je crois que sur les PME de notre taille, on est arrivé sur la région 9 ou 10e. Donc pour un premier événement, c'est plutôt bien. Et on sent qu'en magasin, vous avez toujours quand même un, deux, trois collaborateurs qui disent "On veut faire quelque chose et moi, s'il faut que j'entraîne l'équipe, j'entraînerai l'équipe." Donc voilà, on pense que ça va bouger. Quand même, vis-à-vis des collaborateurs, ce qu'on aimerait, c'est de se dire à un moment donné, nos collaborateurs doivent être à l'aise avec ce sujet à titre personnel, mais aussi professionnel parce que dans notre métier, on a la chance de passer du temps et une relation de confiance avec nos clients. Donc en fait, l'idée, c'est de se dire, je passe une heure, une heure et demie avec mon client quand il vient faire le choix de ses lunettes ou de son appareil auditif. Donc il faut aussi profiter de ce moment-là pour faire passer des messages environnementaux avec nos clients et d'être à l'aise avec les montures Origine France Garantie, être à l'aise avec, je dis n'importe quoi, mais l'exemple d'esprit rechargeable et de se dire, ben voilà, il faut... Donc il y a cette notion de se dire, l'objectif quand même, c'est que nous informons nos collaborateurs et qu'ensuite, ils soient à l'aise avec le déploiement de toutes ces solutions vertueuses vis-à-vis de nos clients.

  • SG

    OK. Et Vincent, par rapport aux fournisseurs ? Oui,

  • VT

    Fabien a vraiment résumé. On a deux philosophies qui sont un peu différentes. Tout ce qui est de la pédagogie pour embarquer les équipes, le principe, c'est de la co-construction de l'initiative pour que ça diffuse. Et surtout pas aller imposer de dire maintenant, cher collaborateur, il faudra faire ça, ça et ça. et après tout ce qui concerne l'entreprise et ses choix. Là, on est beaucoup plus volontariste. Donc, dans les initiatives qui vont aboutir en 2026, on va créer des gammes de produits OFG accessibles avec des entreprises qu'on a choisies qui seront... On est en train de finaliser, les gens ne le savent pas encore, mais qui vont être à proximité de chez nous. Et en fait, on a une réflexion, on va faire deux choses. C'est-à-dire qu'on va faire nos propres produits en collaboration avec des gens qui font de l'OFG, avec une traçabilité et une qualité environnementale des produits qui sont au maximum, et créer un label pour dire maintenant, on va privilégier des fournisseurs qui répondent à nos critères. Donc ça, c'est 2026. Ça sera fait mi-2026. Le sujet qu'on a de pédagogie vis-à-vis du consommateur, c'est qu'aujourd'hui, on donne le spray de nettoyage pour les lunettes, qui a un impact environnemental fort, parce que c'est beaucoup d'emballage pour peu de fonctions, c'est juste pour nettoyer les lunettes. Donc on va dire à nos clients, bon maintenant ça devient payant, mais c'est pas pour notre entreprise. 100% de ce que vous allez payer pour ce petit spray, ces quelques euros, on va les mettre à disposition des projets qui ont un impact positif sur l'entreprise. Donc on est dans une logique de compensation, ce n'est pas idéal, mais au moins on commence à éduquer le consommateur. Puisque lui, il va falloir qu'il paye un petit peu, et ça ne sera pas pour nous, ça sera pour la planète. Donc ça va pouvoir amorcer le dialogue de l'impact que l'on a, donc ça, ça sera 2026 aussi. Et à plus long terme, je dis, c'est qu'on est en train de travailler sur des critères, et quels fournisseurs pourraient être référencés dans l'entreprise, il y aura une obligation assez élevée de limitation d'impact.

  • SG

    Et dans votre filière, puisque vous êtes très loco, est-ce qu'on peut imaginer que vous travaillez avec des fournisseurs en région Rhône-Alpes, c'est jouable dans votre filière ?

  • VT

    Oui, tout à fait. On a la chance que le bassin de la lunetterie française, enfin un des plus gros bassins de la lunetterie française, se situe entre L'Ain et le Jura. Donc on s'oriente un petit peu vers ces distances-là, parce que l'avantage pour le coup, c'est qu'on est à l'échelle d'un territoire.

  • SG

    Du coup, si on se projette dans 10 ans, à quoi vous aurez mesuré finalement que votre démarche a fonctionné ? Prospective à 10 ans, c'est dur dans une PME, mais bon. À 5 ans ?

  • VT

    À court terme, une phrase qui est un petit peu interne, c'est qu'on aimerait bien être l'entreprise exemplaire parmi les entreprises non exemplaires. C'est de dire qu'on ne va pas casser notre modèle et on ne va pas devenir une entreprise qui n'a pas d'impact, qui va être complètement régénérative. Donc on enlève le côté de culpabilité. Par contre, tout ce qu'on peut faire, on le fait. C'est ça le changement de culture qu'on veut faire. Et à moyen terme, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'in fine, on aura réussi si on n'a plus de démarches RSE séparées. C'est-à-dire que c'est un critère de décision permanent et que tout le monde dans l'entreprise, pour chacun de ses décisions, il a toujours en tête l'impact.

  • SG

    C'est ça. Vous avez passé un niveau vraiment super. Exactement.

  • VT

    On aura réussi si ça devient absolument naturel sur tous les actes de l'entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. Systématiquement, on va dans le sens de minimiser l'impact. Et on s'est écrit qu'à partir de maintenant, on ne prend aucune décision qui aurait un impact négatif ou augmenterait notre impact sur les éléments planétaires.

  • SG

    De toute façon, on sait très bien qu'avec la matière, il va falloir s'adapter au plus vite. Donc, en effet, parce que vous avez parlé, pour finir, "Fabrique à Bonheur". Moi, j'aurais envie de savoir un peu plus, parce que vous m'avez fait rêver avec "Fabrique à Bonheur".

  • VT

    Pour le coup, c'est un projet ambitieux, celui-ci. Mais nous y tenons ! Non, notre vision... vraiment de l'entreprise, c'est que l'entreprise, c'est un centre d'épanouissement. C'est-à-dire que vous travaillez 35 ou 39 heures par semaine, si vous êtes malheureux dans votre job, ça ne peut être que compliqué ailleurs. Donc, notre ambition et notre responsabilité, c'est que travailler dans l'entreprise soit source d'épanouissement. Alors, qu'est-ce que l'épanouissement ? L'épanouissement, ce n'est pas juste mettre un baby-foot et avoir un frigo avec de la nourriture pour tout le monde. C'est permettre à chacun de se réaliser.

  • SG

    Clin d'oeil à Google, c'est ça ?

  • VT

    Non, je ne fais pas de commentaires Stéphane, je te remercie. C'est ton interprétation.

  • SG

    OK, d'accord.

  • VT

    Je te remercie. Non, l'épanouissement, c'est est-ce que dans mon travail, on m'a donné la chance de me réaliser ? Est-ce qu'on m'a poussé à faire des efforts ? Est-ce que je suis fier de ce que j'ai fait ? Et donc, la "Fabrique à bonheur", c'est être fier de l'entreprise dans laquelle on travaille et d'être fier de ce qu'on y réalise. Donc, fier dans l'entreprise dans laquelle on travaille. Aujourd'hui ne pas parler de l'impact sociétal de l'entreprise, ça serait absolument incohérent avec vouloir être une entreprise de bonheur et permettre à chacun de se réaliser en lui donnant des défis. On pense que le bonheur, ça passe par l'estime de soi, l'estime de soi, ça passe par réaliser quelque chose dont on ne pensait pas être capable de faire. Donc voilà ce que l'on met derrière bonheur et qui est une valeur fondamentale dans l'entreprise.

  • SG

    Avec le sourire. Alors, on va terminer ce podcast. Moi, je voulais aussi vous poser une colle un peu, si vous pouviez changer une règle du jeu, économique. Je n'allais pas vous dire politique, mais j'aurais pu. Qu'est-ce que vous changeriez l'un et l'autre ou l'un après l'autre ?

  • FB

    Alors moi, je peux commencer, Stéphane. Moi, je dirais, et c'est quelque chose que j'ai appris aussi avec la CEC, et je m'en suis rendu compte et ça m'a sauté aux yeux, c'est, entre guillemets, d'obliger les différents acteurs du territoire à échanger ensemble. En fait, il y a quand même derrière toutes nos problématiques individuelles, notre activité, on a toute une activité différente. On se rend compte qu'on a des problématiques communes, qu'elles soient environnementales ou pas, d'ailleurs. Mais en tout cas, on se rend compte aussi qu'une fois qu'on commence à échanger, on se rend compte qu'il y a une force du collectif qui est impressionnante. Et comme on parle de plus en plus de territoires, c'est ce côté-là. Et se dire « j'ai foi en l'Homme avec un grand H de se dire que s'il échange avec ses voisins, ça sera forcément bénéfique et bonéfique pour la planète » .

  • SG

    Oui, à l'époque de l'IA, c'est vrai que de créer du lien, c'est quand même notre point fort. Donc faire le pas de côté, la coopération. OK, ça me va. Bonne réponse.

  • VT

    Oui, dans la continuité de ce que dit Fabien. Mon rêve, c'est qu'on puisse rendre l'impact objectif. C'est-à-dire que je pense qu'on avancera quand on rendra les Français informés et conscients de ce qu'ils font. Aujourd'hui, c'est impalpable. Est-ce que ma consommation, elle est positive ou négative sur la planète ? Comment je peux la manier ? C'est impalpable. J'aimerais qu'on puisse informer tous nos concitoyens de leur impact, pour qu'ils puissent faire des choix éclairés. Aujourd'hui, ça reste massivement impalpable l'impact que l'on a sur la planète.

  • SG

    Après, c'est une prise de conscience aussi. C'est-à-dire qu'on peut dire que c'est impalpable, mais on peut prendre conscience quand même.

  • VT

    Oui, mais pardon, la prise de conscience sera d'autant plus facile pour la majorité de nos concitoyens que s'ils ont une vision claire de comment est fait leur produit, comment il a été sourcé, quel impact il a sur le territoire et sur les ressources planétaires.

  • SG

    C'est pour ça que c'est important que l'économie montre... Après, la difficulté aussi, même pour un dirigeant de PME, c'est le fameux greenwashing. C'est-à-dire, en fait, est-ce que je fais du marketing ou est-ce que je raconte vraiment quelque chose d'aligné ? C'est ça qui est intéressant avec une PME territoriale, familiale, c'est qu'on peut imaginer quand même que le dirigeant, il est motivé pour.

  • VT

    Oui, tout à fait. Et quand on parle quand même de la complexité, pour revenir à notre magnifique monde de l'optique, les lunettes qui sont en plastique, ce n'est pas du tout du plastique, c'est de l'acétate de cellulose. Donc à la base, c'est du coton et plus ou moins de solvants. Et en fait, la complexité, pour savoir quels vont être les critères, il faut que je connaisse dans quel pays le coton a été produit, quelle a été sa consommation d'eau, est-ce que c'est raisonnable ? quel est le niveau de solvant, quels sont les solvants, comment ils sont retraités. Et en fait, on est face à un mur de la complexité. Et nous, notre ambition, justement, c'est d'aller chercher des critères qui soient réellement objectifs pour être très loin du greenwashing et très loin de la bonne conscience en disant j'ai fait quelque chose parce que mes lunettes ont vaguement un label que je ne comprends pas.

  • SG

    D'accord. C'est vrai que les fabrications, moi, j'ai acheté des lunettes en bois, d'ailleurs, par exemple. Je ne sais pas si c'était de Savoie. Je ne sais pas si ça marche. Mais est-ce que c'est ça ? Alors, pour finir, qu'est-ce qui vous rend confiant pour terminer ce podcast ? Pour la suite ? Messieurs, vous avez mon âge. On est des cinquantenaires. Voilà. Donc on compte sur vous.

  • FB

    Alors moi, je dirais... Là où je suis confiant, c'est qu'avec la CEC, on est sortis de là en se disant « Il est urgent d'agir » . Mais aujourd'hui, j'ai pris conscience de se dire « En fait, c'est un temps long » . Et effectivement, moi, je commence à discuter entre guillemets avec mes voisins. Et on se rend compte que ça frétille et ça commence à bouger, et qu'il y a des collectifs qui se mettent en place. Et donc, je pense qu'on est dans la bonne voie. Effectivement, il faut savoir gérer sa frustration parce qu'on voudrait tout mettre en place dès demain. Mais ça ne marche pas comme ça. Rome ne s'est pas fait en un jour. Donc, en fait, l'idée, c'est d'assimiler ce temps long. Et moi, je suis très confiant parce que j'ai confiance en l'homme. Et on a de plus en plus d'éléments qui nous prouvent qu'on n'a pas le choix de bouger. Et on a de plus en plus de personnes qui sont ralliées. Sans avoir de notion d'écolo, puisque c'est quelque chose qui peut être galvaudé de mettre des personnes dans des cases. Mais voilà, c'est petit à petit. Et moi, je suis très confiant sur le fait que ça va se faire.

  • SG

    C'est vrai que si on utilise régénératif, peut-être c'est qu'on a peur d'utiliser écologie, parce qu'en fait, tout de suite, écologie égale politique. Et on met les gens les uns contre les autres. Alors après, je suis assez d'accord. Je pense qu'il y a un mouvement de fond. Même si l'actualité nous dit l'inverse, on se rend compte quand on s'intéresse au sujet quand même qu'il y a beaucoup de gens et dans l'économie. beaucoup de gens et beaucoup de dirigeants qui ont pris les choses en main. Du coup, Vincent, toi, la confiance ?

  • VT

    Oui, mon axe d'optimisme, c'est le même que Fabien, c'est qu'en fait, c'est de ne pas regarder où on est aujourd'hui, mais comment on a évolué en cinq ans. Et je trouve que finalement, la société, elle évolue assez vite, même si c'est peut-être trop lent par rapport à ce qu'on voudrait. Quand on regarde les changements, ils sont quand même, dans les comportements, les mentalités, les prises de conscience, ils sont très forts par rapport à ce qui s'est passé il y a cinq ans et de concentrer sur le temps long et se dire « est-ce qu'on peut être dans 5 ans ? » C'est plus important, c'est sûr que si on suit l'actualité, on a l'impression que chaque jour, il y a autant de retours arrière que de points d'avancement. En revanche, je trouve que l'accélération de la prise de conscience, elle est forte en France. J'espère qu'on va contribuer à faire accélérer encore cette prise de conscience.

  • SG

    C'est l'idée aussi de ce podcast. En tous les cas, je vous remercie, Vincent, Fabien, pour ce partage qui est authentique, inspirant, de terrain. Alors, je finis toujours par une citation. J'ai pris une citation de Saint-Exupéry qui a dit, vous avez quatre heures après pour y réfléchir, "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." Et donc, vous avez bien prouvé qu'en fait, l'idée, ce n'est pas de changer de lunettes. Ça ne suffit pas de changer de lunettes. L'idée, c'est surtout de changer de regard pour trouver de nouvelles solutions. En tous les cas, merci. A bientôt ! Merci Stéphane !

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Description

Dans cet épisode, Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle racontent comment une PME familiale peut devenir un moteur de transformation sur son territoire et plus largement dans la filière optique et audition. Entre prises de conscience, pédagogie auprès des équipes et exigences nouvelles envers les fournisseurs, ils montrent qu’avancer « pas à pas » peut faire bouger tous les acteurs d'une filière. Ils partagent aussi leurs défis, leurs doutes et leurs premières victoires — du recyclage d’eau aux gammes OFG, en passant par l’embarquement de 280 collaborateurs.


« On aura réussi si penser à la planète devient absolument naturel dans tous les actes de l’entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour. Bienvenue sur Échos de Territoire, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors je n'ai pas fait beaucoup de kilomètres, je me suis déplacé à Chaponnot, dans l'ouest lyonnais, à la rencontre de deux invités qui incarnent la transformation d'un métier qu'on associe. pas toujours à la transition écologique, soyons honnêtes, c'est celui d'opticiens. Et pourtant, et pourtant, on va voir que ce n'est pas le cas. J'ai le plaisir d'être accueilli par Vincent Torrilhon, qui est le dirigeant des opticiens Krys J.Torrilhon, et de Fabien Boitelle, qui est le directeur administratif et financier. Vincent, Fabien, bonjour.

  • VT

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, on va se tutoyer, on se connaît un peu quand même, voilà, et puis entre voisins. Alors ensemble, et puis avec vos équipes, vous faites évoluer une entreprise familiale qui a célébré il y a assez peu de temps, c'est 60 ans quand même, et donc vous la faites avancer vers une nouvelle vision, si je peux dire.J'ai repris votre feuille de route et vous dites, en 2035, notre entreprise, Torrilhon, est une véritable fabrique à bonheur. Je vais vous challenger là-dessus ! Portée par une mission claire, préserver et protéger la santé visuelle et auditive de tous, favoriser l'épanouissement et le bien-être de nos coéquipiers, et enfin, prendre soin du vivant. Et vous avez une question régénérative qui m'a beaucoup parlé: Comment réduire de manière efficiente... L'empreinte carbone et l'utilisation des ressources d'un produit de 50 grammes. Alors 50 grammes, j'ai bien compris que c'est les lunettes, mais c'est aussi la prothèse auditive, tout en garantissant son accessibilité à tous. Alors ce que je vous propose déjà pour démarrer, peut-être Vincent, c'est de nous présenter ton rayon.

  • VT

    Oui, merci Stéphane. Nous on est une entreprise familiale, mon père a commencé il y a 60 ans par la cuisine de ma grand-mère.

  • SG

    À Pierre-Bénite ?

  • VT

    Mes grands-parents étaient bouchers, ils habitaient à côté d'eux. de la boucherie et mon père, fraîchement diplômé d'optique, a ouvert le magasin dans la cuisine de ma grand-mère avec pour ambition de rendre la vue et la vie belle à tous les habitants de Pierre-Bénite. Et puis il a commencé à se développer sur un principe, j'allais dire un petit peu simple mais fort. Il s'est dit finalement je suis trop fragile, je ne suis pas robuste si je suis tout seul dans mon magasin. Donc il a ouvert un deuxième et puis un troisième et ce qui a créé l'essor de l'entreprise, c'est qu'il était un des tout premiers opticiens à croire aux centres commerciaux. En disant, moi, si je suis consommateur, c'est là que je vais venir. Et moi, en tant qu'opticien, je dois me rapprocher du consommateur et lui rendre l'accès facile. On retrouve des valeurs que l'on a depuis toujours dans l'entreprise. Aujourd'hui, on est 280, on fait à peu près 50% de notre activité sur le Bassin Lyonnais. On est présent aussi Mulhouse, Annecy, Sens et Saint-Etienne. Donc, on a un développement régulier, pas forcément extrêmement rapide, mais régulier. Ce qui fait qu'au bout de 60 ans, on a atteint une taille, on est aujourd'hui 280 collaborateurs et c'est ce qui nous intéresse, c'est d'être de plus en plus nombreux à partager ses valeurs avec un rythme qui est celui d'une entreprise familiale où on prend le temps d'intégrer chacun.

  • SG

    D'accord. Et toi, c'est évident que tu rentres dans cette entreprise ? Quand on s'appelle Torrilhon, on rentre forcément dans l'entreprise Torrilhon ?

  • VT

    Alors pas du tout. J'ai eu une carrière plutôt dans des grandes entreprises et notamment l'entreprise Essilor pendant 10 ans. Et puis, mon père et mon frère m'ont dit que ce serait bien qu'on fasse l'aventure à trois. Parce qu'entre le moment où mon père a fondé l'entreprise et le moment où je suis arrivé, il y a mon frère qui lui est opticien, avait déjà repris les rênes. Et donc nous sommes un trio depuis 20 ans.

  • SG

    C'est rassurant, la famille aussi, pour les collaborateurs. Parce que je vais passer ensuite la parole à Fabien.

  • VT

    Je ne sais pas, je laisserai Fabien donner son avis. En tout cas, ce qui est important, ce à quoi on tient dans une entreprise familiale, c'est d'incarner les valeurs. Effectivement, l'entreprise porte notre nom, donc ça nous donne une responsabilité supplémentaire. On est à la fois actionnaire, garant des valeurs et manager de l'entreprise. Donc ça nous permet d'être alignés peut-être plus facilement que dans certains autres modes de gouvernance.

  • SG

    Et puis j'allais dire, c'est aussi le temps long. Ça vous inscrivez dans un temps long, c'est ce qui peut être aussi rassurant.

  • VT

    Oui, dans un de nos choix fondamentaux, c'est garder cette liberté sur le temps long. Ne pas avoir de sujets de levier financier trop fort ou d'investisseurs qui doivent sortir. On a cette chance-là et on a fait ce choix-là. Ça coûte des fois en vitesse de développement. Mais la liberté et maintenir notre destin à long terme est primordial pour nous.

  • SG

    Ok, alors Fabien, je me tourne vers toi parce que je pensais que tu étais un petit jeune qui venait d'arriver. Non, a priori, toi, tu es là depuis un certain temps quand même.

  • FB

    Oui, exactement. Si je me présente rapidement, en fait, moi, j'étais en région parisienne. Je travaillais à l'époque pour un fabricant de terminaux de paiement. Et avec ma femme, on a décidé de quitter cette folie parisienne. Et on s'est retrouvés pour la région lyonnaise, et en fait j'ai un cabinet de recrutement avec qui j'étais en relation depuis 3-4 ans qui m'appelle et qui me dit Fabien ça y est j'ai trouvé le job pour toi, la structure pour toi. Tu vas rencontrer Vincent Torillon et je pense que ça va matcher et franchement tu vas prendre du plaisir. Et c'est pour ça que maintenant ça fait 15 ans que je suis là et que je participe en tant que directeur financier effectivement à cette très belle aventure humaine dans cette société familiale, effectivement avec les trois Torrilhon.

  • SG

    Alors c'est marrant parce que là on a fait le plus simple, vous avez raconté l'aventure. Maintenant c'est rare qu'on ait un directeur financier pour parler régénératif. Moi, j'ai envie de vous entendre maintenant sur la CEC, sur votre expérience. Alors déjà, comment vous tombez dans la CEC ? Qu'est-ce qui vous fait basculer ?

  • VT

    On a deux histoires complètement différentes et elles vont être intéressantes et complémentaires. Personnellement, j'ai eu des amis et mentors qui m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas rester à côté des changements et des bouleversements qui nous attendent. » Je vais les citer parce que c'est vraiment des gens qui me viennent à cœur. Olivier Passot, c'est ça ? Il y a Olivier Passt de Revol qui était le premier à m'en parler. Il y a François Duchâteau de chez SLAT qui a vraiment complètement orienté sur l'entreprise, sur limiter les impacts. Et puis Christophe Fargier du Ninkasi, qui est aussi une très, très belle équipe. Et comme c'est trois personnes que j'apprécie particulièrement et qui m'en ont tous parlé avec des étoiles dans les yeux, je me suis dit que je ne pouvais pas rester à côté de ça. Et j'y suis allé en disant, on verra ce qu'on peut faire, mais il faut avancer.

  • SG

    En confiance.

  • FB

    Et effectivement, si moi je viens compléter Vincent, on s'est retrouvé dans le bureau de Vincent et on s'est dit, oui, quand même, notamment l'élément le plus révélateur, c'est souvent le dérèglement climatique. On peut le vivre et c'est du concret au quotidien. Et on s'est dit, il y a quelque chose qui tourne pas rond et il faut qu'on fasse quelque chose. Et effectivement, on est une PME familiale, on a notre ambition. Mais c'est-à-dire par quoi on commence ? Et on s'est dit, effectivement, on fait déjà des petits trucs, mais on n'a pas de structure, on n'a pas de réflexion, on n'est pas forcément à l'aise avec le sujet. Et c'est là où Vincent m'a dit, écoute, je connais une organisation, un collectif et ceux qui l'ont fait en sont enchantés. Donc est-ce que tu veux m'accompagner dans cette aventure ? Et j'ai dit, go, on y va.

  • SG

    Alors justement, comment ressentez-vous des deux premiers jours qui sont quand même assez violents ?

  • VT

    Alors, tu m'imagines, c'est un parcours qui est extraordinaire, effectivement. Et moi, je voudrais remercier les organisateurs. Il y a Marianne qui nous a embarqués au début. Et puis, on a eu deux magnifiques coachs facilitateurs, Mathilde et Maxime, qui nous ont suivis. Moi, je trouve que ce parcours, c'est vraiment un parcours qui se vit sur 18 mois, la prise de conscience est violente. Les journées de prise de conscience, le soir, on ne rentre pas forcément avec la joie de vivre. On regarde sa femme et ses enfants peut-être différemment. En tout cas, ce qui est extrêmement intéressant, c'est qu'à la fin, on a une vraie prise de conscience, une compréhension de la complexité des défis, et puis on arrive avec des leviers pour agir. C'est au bout de 18 mois qu'on voit la puissance de la CEC. Il ne faut pas juste se dire que c'est les deux premiers jours qui font la prise de conscience qui sont les plus importants. Le plus important, c'est le parcours complet sur 18 mois qui nous a permis d'avancer.

  • SG

    C'était quoi, par exemple, Fabien, ta maturité, toi, par rapport à tous ces sujets ?

  • FB

    Moi, je n'avais jamais entendu de parler de régénératif. Et j'allais justement en ne connaissant pas grand-chose. Mes convictions étaient au ras des pâquerettes. Et de se dire, c'est juste que je constate qu'il faut faire quelque chose. Il faut au moins qu'on aille voir. Et s'il faut effectivement faire quelque chose, on le fera. Et effectivement, moi... Forcément, ces deux premiers jours de la CEC, on entend beaucoup parler comme quoi c'est une claque et tout. Moi, ça fait partie de mon sursaut. C'est de se dire effectivement, waouh, oui, effectivement, on est dans une situation qui n'est pas simple et il faut agir. Et moi, ça m'a plutôt donné l'envie d'agir par la suite. Et ça m'a dit, effectivement, là, j'ai plus le choix. Il faut qu'on agisse tous, collectivement, individuellement et avancer. Donc moi, ça fait partie de mon sursaut, puisqu'on parle souvent de sursaut ou de déclic. Et le deuxième, ça a été plutôt vers la fin de la CEC, quand nos magasins à Givors ont été inondés. Où là, on s'est dit, tout ce qu'on nous raconte depuis plusieurs mois à la CEC, par des experts imminents et reconnus mondialement, ça se produit là, quelques mois après. Et on est touché directement par ces événements climatiques, puisqu'on a eu deux magasins d'inondés dans la zone. Et de ce fait, c'est du concret. Et quand vous avez du concret, forcément, vous devez agir. vous ne pouvez pas rester les bras croisés.

  • SG

    Ok, alors si je vous pose la colle du régénératif, qu'est-ce que vous en avez retenu ? Si vous deviez me faire l'article sur le régénératif, vous me diriez quoi ? Il y a un grand blanc.

  • VT

    Je vais laisser la parole à Fabien.

  • SG

    Oh facile !

  • FB

    En fait, c'est un terme où moi je ne suis pas tout à fait à l'aise avec ce terme. Avant la CEC, pour être totalement transparent, j'en avais jamais entendu parler. Même après la CEC, même après le travail, c'est assez difficile à en parler. Je ne suis pas forcément à l'aise avec ce sujet. Et même quand je rencontre quelqu'un, à un moment donné, quand on en parle, peu de gens connaissent ce terme. Et effectivement, l'idée pour moi, c'est de se dire... C'est pas suffisant, finalement, de réduire notre empreinte sur le climat. Il faut qu'on aille beaucoup plus loin. Et ce régénératif, quelque part, c'est de se dire : je fais des choses positives pour la planète, pour l'environnement, pour le côté social.

  • SG

    C'est vrai que peut-être que le lien avec la biodiversité n'est pas toujours évident.

  • VT

    En fait, c'est cette ambition de régénératif qui dit qu'avec une activité économique, en la passant différemment, on peut recréer du vivant et la qualité de vie sur Terre. C'est un objectif qui est tellement ambitieux que nous, on n'aime pas trop en parler. On considère qu'aujourd'hui, notre positionnement, on va en parler, mais il est de commencer par des petits pas et mettre tout le monde en mouvement. Et quelque part, cet objectif, pour nous, il est magnifique, mais tellement loin qu'il peut être démotivant.

  • SG

    Donc nous,

  • VT

    notre pédagogie, elle est plus de dire, prenez conscience, faites des premiers pas. Et puis c'est en faisant des premiers pas et par les premiers succès qu'on commence à se motiver pour aller plus loin.

  • SG

    Oui, parce que justement, peut-être que la difficulté qu'on a quand on rentre de la CEC, c'est qu'on a du mal aussi à l'expliquer peut-être aux autres, c'est ça ?

  • FB

    Oui, sans vouloir les brusquer non plus, puisqu'on sait que sinon on va en perdre en cours de route. Donc effectivement, c'est de se dire que c'est des sujets où on a été entre guillemets informés par des experts. On n'a pas toutes les connaissances des experts, donc on est avec des sujets où on est aussi peu à l'aise. Et qu'à la fin, si on veut embarquer tout le monde, il faut y aller petit pas par petit pas. En tout cas, c'est notre première étape. Ça veut dire que les petits pas, parce qu'on entend parler souvent aussi du colibri, et se dire que chacun fait son effort. On sait que ce n'est pas suffisant que chacun fasse son effort. Mais pour embarquer, aujourd'hui, on considère que c'est le meilleur moyen d'embarquer le plus de monde dans un premier temps pour aller plus loin après.

  • SG

    Et du coup, votre feuille de route, elle a quatre leviers. Vous pouvez nous en parler un peu ?

  • FB

    Oui, bien sûr. Quatre leviers, c'est du classique dans une feuille de route CEC. C'est du classique,

  • SG

    mais ça existe. Il y a beaucoup d'entreprises qui n'ont pas de feuilles de route.

  • FB

    Exactement. Nous, le premier, c'est la société quand même répond à... Notre société répond à un besoin sociétal fort, qui est la santé, puisqu'on est professionnels de santé. Et aujourd'hui, en tant qu'opticiens ou audioprothésistes, on a une image de correction de la vue ou de l'audition. Et en fait, nous, on voulait quand même acter dans un geste fort dans cette feuille de route. C'est de se dire on doit aller plus loin. C'est-à-dire qu'on doit, en plus juste de corriger la vue ou l'audition, c'est d'aller préserver le capital visuel et auditif de nos clients. Et le client, tous les clients, quel que soit son profil, sa zone géographique, ses moyens, c'est de se dire qu'on doit, en tant que professionnel de santé, apporter un vrai service, quelle que soit la typologie de mon client, et surtout mettre l'accent sur de la prévention, par exemple. Oui, par exemple,

  • SG

    donnez-moi un exemple, parce que là, on est plutôt sur un côté social, qui a un impact forcément aussi sur le reste.

  • VT

    Oui, par exemple, la révolution qui arrive dans notre métier d'opticien, c'est cette capacité à non plus corriger, mais ralentir l'évolution des défauts visuels. Et notamment la myopie chez l'enfant. Aujourd'hui, on a des verres qui permettent à un enfant qui devient légèrement myope de voir sa myopie, surtout ne pas se dégrader. Et donc on est très engagé dans ce combat-là et c'est une nouveauté pour nous puisque quand on commence à préserver le capital d'un enfant, c'est beaucoup plus fort que juste simplement lui corriger un défaut qu'il a acquis pendant son enfance. Donc c'est un exemple de ce qu'on appelle préserver le capital visuel. Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui vous êtes exposé à des lumières qui sont potentiellement toxiques pour vos yeux, qu'elles soient le bleu, les ultraviolets, les infrarouges et qu'aujourd'hui on s'engage à avoir... Avoir des produits qui sont tous au plus haut niveau de protection sur ce capital. Et simplement à corriger la vue. Et sur notre feuille de route, Fabien a parlé du premier levier qui est celui de notre impact sociétal. Mais c'est aussi grâce à la SEC que nous sommes allés au-delà. C'est-à-dire qu'en fait, on pourrait se dire, nous on est opticiens, audioprothésistes, on a quand même un métier avec un sens et un impact social fort. Bon, finalement on est distributeurs et fournisseurs de prestations, parce que notre métier c'est quand même majoritairement des prestations et peu de produits. Donc voilà, on fait notre part. On pourrait se dire qu'on s'arrête là. Et justement, on a réfléchi, mais c'est un peu court d'être comme ça. On ne peut pas laisser simplement les enjeux aux gros industriels en disant comme il y a des gros industriels polluants, nous distributeurs qui avons une mission sociale forte, on n'a rien à faire. Et donc, notre engagement dans la CSE, c'était d'aller chercher au-delà de notre métier, qu'est-ce qu'on peut apporter ? Et on a trois axes qui nous sont apparus en travaillant. Le premier, c'est la pédagogie. C'est-à-dire qu'en tant que... Distributeur au contact du client final, on passe du temps qualifié avec beaucoup, beaucoup de personnes et beaucoup, beaucoup de personnes par territoire. Et donc c'est notre engagement de commencer à sensibiliser dans notre métier ce que c'est que l'impact négatif que peut avoir une lunette. Et notamment le fait qu'effectivement aujourd'hui pour un produit de 50 grammes, je pense qu'on a 4 à 5 fois le poids du produit en emballage. Chose comme ça. Et que le fait qu'aujourd'hui on soit livré tous les jours. Parce que c'est un produit de santé, donc il faut l'avoir tout de suite, ça a un impact de transport. Et donc, on est en train de mettre en place des programmes pour être pédagogique vis-à-vis de nos clients. Par exemple, ça veut dire rendre l'OFG accessible, l'OFG France Garantie, et d'avoir des montures qui sont fabriquées à 200 kilomètres de nos magasins, qui sont financièrement accessibles pour la majorité, ce qui aujourd'hui existe assez peu dans notre métier. Et cette pédagogie, elle est aussi pour nos collaborateurs. C'est-à-dire qu'on s'est aperçu du déficit d'informations. collaborateur. On a aujourd'hui une bonne expérience de fresque, de climat et d'atelier là-dessus. Et comme dans tout groupe humain, on a des climato-anxieux ou climato-sceptiques, à ceux qui ne veulent pas voir. Et donc, notre rôle d'entreprise aujourd'hui, c'est de s'engager pour amener un niveau d'information. Chaque citoyen est libre, mais au moins qu'il soit informé et qu'il puisse faire ses choix. Ce premier axe de pédagogie... Il est important et il est difficile parce qu'embarquer des gens, embarquer des collaborateurs...

  • SG

    C'est votre levier 2, c'est l'embarquement des collaborateurs. Exactement,

  • VT

    c'est pas facile et embarquer et pouvoir parler de ces sujets-là à des consommateurs, c'est encore plus difficile. Et évidemment, on a un autre levier qui est être moteur dans notre branche parce que nous sommes à la fin d'une filière qui est industrielle. Si nous, nous ne les exigeons pas des engagements vis-à-vis de nos fournisseurs, leur volonté d'agir sera plus faible. Donc on est parti sur qu'est-ce qu'on peut exiger de nos fournisseurs dans les 5 ans à 10 ans à venir et notamment créer des standards d'impact environnementaux pour tous nos produits et se dire écoutez chers fournisseurs dans 3 ans si vous n'êtes pas sur nos standards on ne pourra plus travailler ensemble. Et ça on veut le faire au niveau de notre entreprise, ça c'est notre choix, et aussi agir au niveau de la branche. C'est plus lent, plus lourd, mais on a des discussions pour être moteur au niveau des syndicats. Chaque fois qu'on rencontre de toute façon des fournisseurs, on leur dit, nous, il faut d'abord votre politique de réduction d'impact avant qu'on puisse parler.

  • SG

    Justement, par rapport au marché, est-ce que vous sentez que par rapport à tous les acteurs, est-ce que la maturité reste ? Des fois, on a l'impression qu'on revient en arrière, après on repart en avant. Comment vous sentez le truc ?

  • VT

    Alors, notre vision aujourd'hui, c'est que toute la filière optique et audition ne revient pas en arrière. Par contre, est-ce qu'elle avance vite ? Est-ce que c'est une préoccupation majeure ? Non. plutôt le sentiment qu'on est dans une... démarche à minima et lente. Donc notre ambition...

  • SG

    La RSA obligatoire. Exactement,

  • VT

    parce que c'est obligatoire, parce qu'il faut le faire, on va le faire. Et aujourd'hui, on voudrait accélérer là-dessus. Et puis, notre troisième axe, enfin le quatrième axe, qui est, j'allais dire, l'axe non négociable chez tout le monde, c'est comment allons-nous pouvoir limiter notre impact ? Donc là, on est sur des choses qui sont extrêmement classiques, qui vont du bilan carbone à la consommation d'eau. Et quand on cherche, on trouve, puisque la consommation d'eau pour... Tailler deux verres de lunettes, il faut 15 litres d'eau par verre. Et nous, on a investi dans tous nos magasins sur des systèmes de recyclage d'eau. Donc, on est passé de 15 litres d'eau par lunette à un litre par semaine.

  • SG

    D'accord.

  • VT

    Voilà. Et c'est simple, mais il faut juste s'y pencher. Et on travaille sur des filières de recyclage qualifiées pour l'ensemble de nos déchets. Mais qualifiées, ce n'est pas juste j'ai trié et puis je ferme les yeux. Je suis sûr que quand je recycle, voilà. On a des sujets techniques qui s'appellent des calipes de présentation. Malheureusement, on utilise beaucoup de cartons et de papiers. On a signé sur des filières, on est sûr que ce soit du recyclage qui fonctionne.

  • FB

    Et pour compléter sur cette partie, effectivement, déchets et filières dont Vincent vient de parler, c'est qu'effectivement, on est livré aujourd'hui de tous les jours, de nuit, donc à un moment donné, et avec des emballages beaucoup plus importants que les 50 grammes de nos produits. Et là, il y a besoin d'un travail aussi avec la filière, de se dire à un moment donné, est-ce que finalement, quand je passe des commandes, notamment en EDI, est-ce que j'ai besoin d'être livré tous les jours pour tous les produits ? Ce n'est pas forcément le cas, donc c'est aussi avec eux de travailler. Et sur les emballages, même plus loin, par exemple, aujourd'hui, on a beaucoup de marques, entre guillemets, dans nos magasins. Donc ça veut dire que chaque marque nous envoie des PLV, donc des promotions sur le lieu de vente, en carton, non réutilisables pour une courte durée, et ils envoient ça à tous les opticiens de la planète. Et à un moment donné, même si vous ne le mettez pas en avant, ils vous l'envoient. Et donc, à un moment donné, c'est aussi avec eux de travailler pour se dire, les emballages, on ne prend que les emballages, puisqu'aujourd'hui, c'est bien de recycler les emballages, mais si on n'en a pas eu l'utilité avant, il n'y a pas besoin d'emballage. Donc, c'est aussi de réduire le nombre d'emballages, le nombre de transports, puisque c'est quand même des effets de levier importants pour nous.

  • SG

    D'accord. moi j'aimerais qu'on revienne juste sur l'embarquement des collaborateurs parce que du coup c'est vrai que des fois, votre discours peut faire un peu peur en se disant « Mince, ils vont toucher au modèle économique, on va perdre pour gagner des choses » . Mais voilà, comment vous percevez les gens dans votre entreprise et comment vous les embarquez ?

  • FB

    Alors, il y a deux choses, c'est que nous, déjà, à un certain niveau, on a décidé de parler du sujet environnemental et sociétal à chaque réunion collective, réunion plénière annuelle, réunion des managers. On a fait la fresque du climat pour 45 personnes. Donc, désormais, c'est systématiquement, dès qu'il y a une réunion collective, le sujet est intégré. On l'a intégré aussi dans le parcours d'intégration de nos nouveaux. Donc là, on est toujours sur l'éduquer, informer. Et le deuxième point, c'est sur l'embarquement, c'est plutôt la méthode qu'on a employée. C'est à la fin de la CEC, une fois qu'on a rédigé notre feuille de route, c'est de créer un groupe de travail. Donc on a fait appel à volontaire. Et en fait, aujourd'hui, on a un groupe de travail qu'on a appelé en interne "Prenons soin du vivant", composé de huit collaborateurs de différents horizons, de différents sites, puisqu'on en a même un à Mulhouse. Quand je dis différents horizons c'est que par exemple Notre collaborateur à Mulhouse est fresqueur officiel du climat.

  • SG

    D'accord.

  • FB

    Et inversement, on a quelqu'un qui nous a dit, moi, je n'y connais pas grand-chose. À la maison, je n'arrive pas à faire bouger ma famille. Si mon employeur m'offre cette possibilité finalement de faire quelque chose et de participer au bien-être de la planète, je veux bien en faire partie. Et effectivement, c'est là où on a différents profils. Et donc, on est dans cette phase de groupe de travail sur les idées et sur les éléments, puisqu'en plus, nous, on est multisite. Et quand on est multisite, la communication peut être un peu plus compliquée, ou en tout cas l'embarquement, l'animation peut être plus compliquée. Donc là, on vient de lancer les élections des ambassadeurs. Il nous faut un ambassadeur par site qui va être le relais, "les boîtes à idées vertes" en local et l'animation de ce qu'on pourrait mettre, nous, au niveau de l'entreprise en place.

  • SG

    D'accord. Et du coup, concrètement, est-ce que vous avez déjà mis des choses en place ? On voit quand même que vous avez lancé la machine. Et dans cinq ans, qu'est-ce que vous aurez fait concrètement, par exemple ? Est-ce que vous avez déjà des idées, sans trop déflorer ?

  • FB

    Pas forcément. On a des idées. On ne veut pas forcément que ça vienne de nous, mais plutôt du groupe de travail. Après, on sent que ça frétille. Si on veut être ambitieux, de toute façon, on ne doit pas avoir la réponse. C'est ce qu'on nous dit, notamment à la CEC. Si on connaît la réponse, pourquoi attendre cinq ans pour le faire ? Voilà, donc on y va. Ce qu'on avait commencé à dire au début, c'est de se dire step by step. Ce qu'on aimerait, c'est qu'aujourd'hui, on est en cours de réalisation d'un bilan carbone détaillé, très détaillé. On se fait accompagner. Et l'idée, c'est de se dire, sur la partie notamment déplacement, puisqu'on sait que c'est quelque chose de fort, on doit avoir des engagements forts d'indices, d'indicateurs sur la mobilité douce, sur les transports en commun. C'est des choses que nous, on commence à intégrer, mais on va aller beaucoup plus loin. Par exemple, on a fait le défi mobilité, le challenge mobilité au mois de juin sur la région lyonnaise, qui a plutôt bien marché, puisque je crois que sur les PME de notre taille, on est arrivé sur la région 9 ou 10e. Donc pour un premier événement, c'est plutôt bien. Et on sent qu'en magasin, vous avez toujours quand même un, deux, trois collaborateurs qui disent "On veut faire quelque chose et moi, s'il faut que j'entraîne l'équipe, j'entraînerai l'équipe." Donc voilà, on pense que ça va bouger. Quand même, vis-à-vis des collaborateurs, ce qu'on aimerait, c'est de se dire à un moment donné, nos collaborateurs doivent être à l'aise avec ce sujet à titre personnel, mais aussi professionnel parce que dans notre métier, on a la chance de passer du temps et une relation de confiance avec nos clients. Donc en fait, l'idée, c'est de se dire, je passe une heure, une heure et demie avec mon client quand il vient faire le choix de ses lunettes ou de son appareil auditif. Donc il faut aussi profiter de ce moment-là pour faire passer des messages environnementaux avec nos clients et d'être à l'aise avec les montures Origine France Garantie, être à l'aise avec, je dis n'importe quoi, mais l'exemple d'esprit rechargeable et de se dire, ben voilà, il faut... Donc il y a cette notion de se dire, l'objectif quand même, c'est que nous informons nos collaborateurs et qu'ensuite, ils soient à l'aise avec le déploiement de toutes ces solutions vertueuses vis-à-vis de nos clients.

  • SG

    OK. Et Vincent, par rapport aux fournisseurs ? Oui,

  • VT

    Fabien a vraiment résumé. On a deux philosophies qui sont un peu différentes. Tout ce qui est de la pédagogie pour embarquer les équipes, le principe, c'est de la co-construction de l'initiative pour que ça diffuse. Et surtout pas aller imposer de dire maintenant, cher collaborateur, il faudra faire ça, ça et ça. et après tout ce qui concerne l'entreprise et ses choix. Là, on est beaucoup plus volontariste. Donc, dans les initiatives qui vont aboutir en 2026, on va créer des gammes de produits OFG accessibles avec des entreprises qu'on a choisies qui seront... On est en train de finaliser, les gens ne le savent pas encore, mais qui vont être à proximité de chez nous. Et en fait, on a une réflexion, on va faire deux choses. C'est-à-dire qu'on va faire nos propres produits en collaboration avec des gens qui font de l'OFG, avec une traçabilité et une qualité environnementale des produits qui sont au maximum, et créer un label pour dire maintenant, on va privilégier des fournisseurs qui répondent à nos critères. Donc ça, c'est 2026. Ça sera fait mi-2026. Le sujet qu'on a de pédagogie vis-à-vis du consommateur, c'est qu'aujourd'hui, on donne le spray de nettoyage pour les lunettes, qui a un impact environnemental fort, parce que c'est beaucoup d'emballage pour peu de fonctions, c'est juste pour nettoyer les lunettes. Donc on va dire à nos clients, bon maintenant ça devient payant, mais c'est pas pour notre entreprise. 100% de ce que vous allez payer pour ce petit spray, ces quelques euros, on va les mettre à disposition des projets qui ont un impact positif sur l'entreprise. Donc on est dans une logique de compensation, ce n'est pas idéal, mais au moins on commence à éduquer le consommateur. Puisque lui, il va falloir qu'il paye un petit peu, et ça ne sera pas pour nous, ça sera pour la planète. Donc ça va pouvoir amorcer le dialogue de l'impact que l'on a, donc ça, ça sera 2026 aussi. Et à plus long terme, je dis, c'est qu'on est en train de travailler sur des critères, et quels fournisseurs pourraient être référencés dans l'entreprise, il y aura une obligation assez élevée de limitation d'impact.

  • SG

    Et dans votre filière, puisque vous êtes très loco, est-ce qu'on peut imaginer que vous travaillez avec des fournisseurs en région Rhône-Alpes, c'est jouable dans votre filière ?

  • VT

    Oui, tout à fait. On a la chance que le bassin de la lunetterie française, enfin un des plus gros bassins de la lunetterie française, se situe entre L'Ain et le Jura. Donc on s'oriente un petit peu vers ces distances-là, parce que l'avantage pour le coup, c'est qu'on est à l'échelle d'un territoire.

  • SG

    Du coup, si on se projette dans 10 ans, à quoi vous aurez mesuré finalement que votre démarche a fonctionné ? Prospective à 10 ans, c'est dur dans une PME, mais bon. À 5 ans ?

  • VT

    À court terme, une phrase qui est un petit peu interne, c'est qu'on aimerait bien être l'entreprise exemplaire parmi les entreprises non exemplaires. C'est de dire qu'on ne va pas casser notre modèle et on ne va pas devenir une entreprise qui n'a pas d'impact, qui va être complètement régénérative. Donc on enlève le côté de culpabilité. Par contre, tout ce qu'on peut faire, on le fait. C'est ça le changement de culture qu'on veut faire. Et à moyen terme, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'in fine, on aura réussi si on n'a plus de démarches RSE séparées. C'est-à-dire que c'est un critère de décision permanent et que tout le monde dans l'entreprise, pour chacun de ses décisions, il a toujours en tête l'impact.

  • SG

    C'est ça. Vous avez passé un niveau vraiment super. Exactement.

  • VT

    On aura réussi si ça devient absolument naturel sur tous les actes de l'entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. Systématiquement, on va dans le sens de minimiser l'impact. Et on s'est écrit qu'à partir de maintenant, on ne prend aucune décision qui aurait un impact négatif ou augmenterait notre impact sur les éléments planétaires.

  • SG

    De toute façon, on sait très bien qu'avec la matière, il va falloir s'adapter au plus vite. Donc, en effet, parce que vous avez parlé, pour finir, "Fabrique à Bonheur". Moi, j'aurais envie de savoir un peu plus, parce que vous m'avez fait rêver avec "Fabrique à Bonheur".

  • VT

    Pour le coup, c'est un projet ambitieux, celui-ci. Mais nous y tenons ! Non, notre vision... vraiment de l'entreprise, c'est que l'entreprise, c'est un centre d'épanouissement. C'est-à-dire que vous travaillez 35 ou 39 heures par semaine, si vous êtes malheureux dans votre job, ça ne peut être que compliqué ailleurs. Donc, notre ambition et notre responsabilité, c'est que travailler dans l'entreprise soit source d'épanouissement. Alors, qu'est-ce que l'épanouissement ? L'épanouissement, ce n'est pas juste mettre un baby-foot et avoir un frigo avec de la nourriture pour tout le monde. C'est permettre à chacun de se réaliser.

  • SG

    Clin d'oeil à Google, c'est ça ?

  • VT

    Non, je ne fais pas de commentaires Stéphane, je te remercie. C'est ton interprétation.

  • SG

    OK, d'accord.

  • VT

    Je te remercie. Non, l'épanouissement, c'est est-ce que dans mon travail, on m'a donné la chance de me réaliser ? Est-ce qu'on m'a poussé à faire des efforts ? Est-ce que je suis fier de ce que j'ai fait ? Et donc, la "Fabrique à bonheur", c'est être fier de l'entreprise dans laquelle on travaille et d'être fier de ce qu'on y réalise. Donc, fier dans l'entreprise dans laquelle on travaille. Aujourd'hui ne pas parler de l'impact sociétal de l'entreprise, ça serait absolument incohérent avec vouloir être une entreprise de bonheur et permettre à chacun de se réaliser en lui donnant des défis. On pense que le bonheur, ça passe par l'estime de soi, l'estime de soi, ça passe par réaliser quelque chose dont on ne pensait pas être capable de faire. Donc voilà ce que l'on met derrière bonheur et qui est une valeur fondamentale dans l'entreprise.

  • SG

    Avec le sourire. Alors, on va terminer ce podcast. Moi, je voulais aussi vous poser une colle un peu, si vous pouviez changer une règle du jeu, économique. Je n'allais pas vous dire politique, mais j'aurais pu. Qu'est-ce que vous changeriez l'un et l'autre ou l'un après l'autre ?

  • FB

    Alors moi, je peux commencer, Stéphane. Moi, je dirais, et c'est quelque chose que j'ai appris aussi avec la CEC, et je m'en suis rendu compte et ça m'a sauté aux yeux, c'est, entre guillemets, d'obliger les différents acteurs du territoire à échanger ensemble. En fait, il y a quand même derrière toutes nos problématiques individuelles, notre activité, on a toute une activité différente. On se rend compte qu'on a des problématiques communes, qu'elles soient environnementales ou pas, d'ailleurs. Mais en tout cas, on se rend compte aussi qu'une fois qu'on commence à échanger, on se rend compte qu'il y a une force du collectif qui est impressionnante. Et comme on parle de plus en plus de territoires, c'est ce côté-là. Et se dire « j'ai foi en l'Homme avec un grand H de se dire que s'il échange avec ses voisins, ça sera forcément bénéfique et bonéfique pour la planète » .

  • SG

    Oui, à l'époque de l'IA, c'est vrai que de créer du lien, c'est quand même notre point fort. Donc faire le pas de côté, la coopération. OK, ça me va. Bonne réponse.

  • VT

    Oui, dans la continuité de ce que dit Fabien. Mon rêve, c'est qu'on puisse rendre l'impact objectif. C'est-à-dire que je pense qu'on avancera quand on rendra les Français informés et conscients de ce qu'ils font. Aujourd'hui, c'est impalpable. Est-ce que ma consommation, elle est positive ou négative sur la planète ? Comment je peux la manier ? C'est impalpable. J'aimerais qu'on puisse informer tous nos concitoyens de leur impact, pour qu'ils puissent faire des choix éclairés. Aujourd'hui, ça reste massivement impalpable l'impact que l'on a sur la planète.

  • SG

    Après, c'est une prise de conscience aussi. C'est-à-dire qu'on peut dire que c'est impalpable, mais on peut prendre conscience quand même.

  • VT

    Oui, mais pardon, la prise de conscience sera d'autant plus facile pour la majorité de nos concitoyens que s'ils ont une vision claire de comment est fait leur produit, comment il a été sourcé, quel impact il a sur le territoire et sur les ressources planétaires.

  • SG

    C'est pour ça que c'est important que l'économie montre... Après, la difficulté aussi, même pour un dirigeant de PME, c'est le fameux greenwashing. C'est-à-dire, en fait, est-ce que je fais du marketing ou est-ce que je raconte vraiment quelque chose d'aligné ? C'est ça qui est intéressant avec une PME territoriale, familiale, c'est qu'on peut imaginer quand même que le dirigeant, il est motivé pour.

  • VT

    Oui, tout à fait. Et quand on parle quand même de la complexité, pour revenir à notre magnifique monde de l'optique, les lunettes qui sont en plastique, ce n'est pas du tout du plastique, c'est de l'acétate de cellulose. Donc à la base, c'est du coton et plus ou moins de solvants. Et en fait, la complexité, pour savoir quels vont être les critères, il faut que je connaisse dans quel pays le coton a été produit, quelle a été sa consommation d'eau, est-ce que c'est raisonnable ? quel est le niveau de solvant, quels sont les solvants, comment ils sont retraités. Et en fait, on est face à un mur de la complexité. Et nous, notre ambition, justement, c'est d'aller chercher des critères qui soient réellement objectifs pour être très loin du greenwashing et très loin de la bonne conscience en disant j'ai fait quelque chose parce que mes lunettes ont vaguement un label que je ne comprends pas.

  • SG

    D'accord. C'est vrai que les fabrications, moi, j'ai acheté des lunettes en bois, d'ailleurs, par exemple. Je ne sais pas si c'était de Savoie. Je ne sais pas si ça marche. Mais est-ce que c'est ça ? Alors, pour finir, qu'est-ce qui vous rend confiant pour terminer ce podcast ? Pour la suite ? Messieurs, vous avez mon âge. On est des cinquantenaires. Voilà. Donc on compte sur vous.

  • FB

    Alors moi, je dirais... Là où je suis confiant, c'est qu'avec la CEC, on est sortis de là en se disant « Il est urgent d'agir » . Mais aujourd'hui, j'ai pris conscience de se dire « En fait, c'est un temps long » . Et effectivement, moi, je commence à discuter entre guillemets avec mes voisins. Et on se rend compte que ça frétille et ça commence à bouger, et qu'il y a des collectifs qui se mettent en place. Et donc, je pense qu'on est dans la bonne voie. Effectivement, il faut savoir gérer sa frustration parce qu'on voudrait tout mettre en place dès demain. Mais ça ne marche pas comme ça. Rome ne s'est pas fait en un jour. Donc, en fait, l'idée, c'est d'assimiler ce temps long. Et moi, je suis très confiant parce que j'ai confiance en l'homme. Et on a de plus en plus d'éléments qui nous prouvent qu'on n'a pas le choix de bouger. Et on a de plus en plus de personnes qui sont ralliées. Sans avoir de notion d'écolo, puisque c'est quelque chose qui peut être galvaudé de mettre des personnes dans des cases. Mais voilà, c'est petit à petit. Et moi, je suis très confiant sur le fait que ça va se faire.

  • SG

    C'est vrai que si on utilise régénératif, peut-être c'est qu'on a peur d'utiliser écologie, parce qu'en fait, tout de suite, écologie égale politique. Et on met les gens les uns contre les autres. Alors après, je suis assez d'accord. Je pense qu'il y a un mouvement de fond. Même si l'actualité nous dit l'inverse, on se rend compte quand on s'intéresse au sujet quand même qu'il y a beaucoup de gens et dans l'économie. beaucoup de gens et beaucoup de dirigeants qui ont pris les choses en main. Du coup, Vincent, toi, la confiance ?

  • VT

    Oui, mon axe d'optimisme, c'est le même que Fabien, c'est qu'en fait, c'est de ne pas regarder où on est aujourd'hui, mais comment on a évolué en cinq ans. Et je trouve que finalement, la société, elle évolue assez vite, même si c'est peut-être trop lent par rapport à ce qu'on voudrait. Quand on regarde les changements, ils sont quand même, dans les comportements, les mentalités, les prises de conscience, ils sont très forts par rapport à ce qui s'est passé il y a cinq ans et de concentrer sur le temps long et se dire « est-ce qu'on peut être dans 5 ans ? » C'est plus important, c'est sûr que si on suit l'actualité, on a l'impression que chaque jour, il y a autant de retours arrière que de points d'avancement. En revanche, je trouve que l'accélération de la prise de conscience, elle est forte en France. J'espère qu'on va contribuer à faire accélérer encore cette prise de conscience.

  • SG

    C'est l'idée aussi de ce podcast. En tous les cas, je vous remercie, Vincent, Fabien, pour ce partage qui est authentique, inspirant, de terrain. Alors, je finis toujours par une citation. J'ai pris une citation de Saint-Exupéry qui a dit, vous avez quatre heures après pour y réfléchir, "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." Et donc, vous avez bien prouvé qu'en fait, l'idée, ce n'est pas de changer de lunettes. Ça ne suffit pas de changer de lunettes. L'idée, c'est surtout de changer de regard pour trouver de nouvelles solutions. En tous les cas, merci. A bientôt ! Merci Stéphane !

Description

Dans cet épisode, Vincent Torrilhon et Fabien Boitelle racontent comment une PME familiale peut devenir un moteur de transformation sur son territoire et plus largement dans la filière optique et audition. Entre prises de conscience, pédagogie auprès des équipes et exigences nouvelles envers les fournisseurs, ils montrent qu’avancer « pas à pas » peut faire bouger tous les acteurs d'une filière. Ils partagent aussi leurs défis, leurs doutes et leurs premières victoires — du recyclage d’eau aux gammes OFG, en passant par l’embarquement de 280 collaborateurs.


« On aura réussi si penser à la planète devient absolument naturel dans tous les actes de l’entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour. Bienvenue sur Échos de Territoire, le podcast inspirant de la Convention des Entreprises pour le Climat qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalès, alumni de la promotion 2023 et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, alors je n'ai pas fait beaucoup de kilomètres, je me suis déplacé à Chaponnot, dans l'ouest lyonnais, à la rencontre de deux invités qui incarnent la transformation d'un métier qu'on associe. pas toujours à la transition écologique, soyons honnêtes, c'est celui d'opticiens. Et pourtant, et pourtant, on va voir que ce n'est pas le cas. J'ai le plaisir d'être accueilli par Vincent Torrilhon, qui est le dirigeant des opticiens Krys J.Torrilhon, et de Fabien Boitelle, qui est le directeur administratif et financier. Vincent, Fabien, bonjour.

  • VT

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, on va se tutoyer, on se connaît un peu quand même, voilà, et puis entre voisins. Alors ensemble, et puis avec vos équipes, vous faites évoluer une entreprise familiale qui a célébré il y a assez peu de temps, c'est 60 ans quand même, et donc vous la faites avancer vers une nouvelle vision, si je peux dire.J'ai repris votre feuille de route et vous dites, en 2035, notre entreprise, Torrilhon, est une véritable fabrique à bonheur. Je vais vous challenger là-dessus ! Portée par une mission claire, préserver et protéger la santé visuelle et auditive de tous, favoriser l'épanouissement et le bien-être de nos coéquipiers, et enfin, prendre soin du vivant. Et vous avez une question régénérative qui m'a beaucoup parlé: Comment réduire de manière efficiente... L'empreinte carbone et l'utilisation des ressources d'un produit de 50 grammes. Alors 50 grammes, j'ai bien compris que c'est les lunettes, mais c'est aussi la prothèse auditive, tout en garantissant son accessibilité à tous. Alors ce que je vous propose déjà pour démarrer, peut-être Vincent, c'est de nous présenter ton rayon.

  • VT

    Oui, merci Stéphane. Nous on est une entreprise familiale, mon père a commencé il y a 60 ans par la cuisine de ma grand-mère.

  • SG

    À Pierre-Bénite ?

  • VT

    Mes grands-parents étaient bouchers, ils habitaient à côté d'eux. de la boucherie et mon père, fraîchement diplômé d'optique, a ouvert le magasin dans la cuisine de ma grand-mère avec pour ambition de rendre la vue et la vie belle à tous les habitants de Pierre-Bénite. Et puis il a commencé à se développer sur un principe, j'allais dire un petit peu simple mais fort. Il s'est dit finalement je suis trop fragile, je ne suis pas robuste si je suis tout seul dans mon magasin. Donc il a ouvert un deuxième et puis un troisième et ce qui a créé l'essor de l'entreprise, c'est qu'il était un des tout premiers opticiens à croire aux centres commerciaux. En disant, moi, si je suis consommateur, c'est là que je vais venir. Et moi, en tant qu'opticien, je dois me rapprocher du consommateur et lui rendre l'accès facile. On retrouve des valeurs que l'on a depuis toujours dans l'entreprise. Aujourd'hui, on est 280, on fait à peu près 50% de notre activité sur le Bassin Lyonnais. On est présent aussi Mulhouse, Annecy, Sens et Saint-Etienne. Donc, on a un développement régulier, pas forcément extrêmement rapide, mais régulier. Ce qui fait qu'au bout de 60 ans, on a atteint une taille, on est aujourd'hui 280 collaborateurs et c'est ce qui nous intéresse, c'est d'être de plus en plus nombreux à partager ses valeurs avec un rythme qui est celui d'une entreprise familiale où on prend le temps d'intégrer chacun.

  • SG

    D'accord. Et toi, c'est évident que tu rentres dans cette entreprise ? Quand on s'appelle Torrilhon, on rentre forcément dans l'entreprise Torrilhon ?

  • VT

    Alors pas du tout. J'ai eu une carrière plutôt dans des grandes entreprises et notamment l'entreprise Essilor pendant 10 ans. Et puis, mon père et mon frère m'ont dit que ce serait bien qu'on fasse l'aventure à trois. Parce qu'entre le moment où mon père a fondé l'entreprise et le moment où je suis arrivé, il y a mon frère qui lui est opticien, avait déjà repris les rênes. Et donc nous sommes un trio depuis 20 ans.

  • SG

    C'est rassurant, la famille aussi, pour les collaborateurs. Parce que je vais passer ensuite la parole à Fabien.

  • VT

    Je ne sais pas, je laisserai Fabien donner son avis. En tout cas, ce qui est important, ce à quoi on tient dans une entreprise familiale, c'est d'incarner les valeurs. Effectivement, l'entreprise porte notre nom, donc ça nous donne une responsabilité supplémentaire. On est à la fois actionnaire, garant des valeurs et manager de l'entreprise. Donc ça nous permet d'être alignés peut-être plus facilement que dans certains autres modes de gouvernance.

  • SG

    Et puis j'allais dire, c'est aussi le temps long. Ça vous inscrivez dans un temps long, c'est ce qui peut être aussi rassurant.

  • VT

    Oui, dans un de nos choix fondamentaux, c'est garder cette liberté sur le temps long. Ne pas avoir de sujets de levier financier trop fort ou d'investisseurs qui doivent sortir. On a cette chance-là et on a fait ce choix-là. Ça coûte des fois en vitesse de développement. Mais la liberté et maintenir notre destin à long terme est primordial pour nous.

  • SG

    Ok, alors Fabien, je me tourne vers toi parce que je pensais que tu étais un petit jeune qui venait d'arriver. Non, a priori, toi, tu es là depuis un certain temps quand même.

  • FB

    Oui, exactement. Si je me présente rapidement, en fait, moi, j'étais en région parisienne. Je travaillais à l'époque pour un fabricant de terminaux de paiement. Et avec ma femme, on a décidé de quitter cette folie parisienne. Et on s'est retrouvés pour la région lyonnaise, et en fait j'ai un cabinet de recrutement avec qui j'étais en relation depuis 3-4 ans qui m'appelle et qui me dit Fabien ça y est j'ai trouvé le job pour toi, la structure pour toi. Tu vas rencontrer Vincent Torillon et je pense que ça va matcher et franchement tu vas prendre du plaisir. Et c'est pour ça que maintenant ça fait 15 ans que je suis là et que je participe en tant que directeur financier effectivement à cette très belle aventure humaine dans cette société familiale, effectivement avec les trois Torrilhon.

  • SG

    Alors c'est marrant parce que là on a fait le plus simple, vous avez raconté l'aventure. Maintenant c'est rare qu'on ait un directeur financier pour parler régénératif. Moi, j'ai envie de vous entendre maintenant sur la CEC, sur votre expérience. Alors déjà, comment vous tombez dans la CEC ? Qu'est-ce qui vous fait basculer ?

  • VT

    On a deux histoires complètement différentes et elles vont être intéressantes et complémentaires. Personnellement, j'ai eu des amis et mentors qui m'ont dit « Non, mais tu ne peux pas rester à côté des changements et des bouleversements qui nous attendent. » Je vais les citer parce que c'est vraiment des gens qui me viennent à cœur. Olivier Passot, c'est ça ? Il y a Olivier Passt de Revol qui était le premier à m'en parler. Il y a François Duchâteau de chez SLAT qui a vraiment complètement orienté sur l'entreprise, sur limiter les impacts. Et puis Christophe Fargier du Ninkasi, qui est aussi une très, très belle équipe. Et comme c'est trois personnes que j'apprécie particulièrement et qui m'en ont tous parlé avec des étoiles dans les yeux, je me suis dit que je ne pouvais pas rester à côté de ça. Et j'y suis allé en disant, on verra ce qu'on peut faire, mais il faut avancer.

  • SG

    En confiance.

  • FB

    Et effectivement, si moi je viens compléter Vincent, on s'est retrouvé dans le bureau de Vincent et on s'est dit, oui, quand même, notamment l'élément le plus révélateur, c'est souvent le dérèglement climatique. On peut le vivre et c'est du concret au quotidien. Et on s'est dit, il y a quelque chose qui tourne pas rond et il faut qu'on fasse quelque chose. Et effectivement, on est une PME familiale, on a notre ambition. Mais c'est-à-dire par quoi on commence ? Et on s'est dit, effectivement, on fait déjà des petits trucs, mais on n'a pas de structure, on n'a pas de réflexion, on n'est pas forcément à l'aise avec le sujet. Et c'est là où Vincent m'a dit, écoute, je connais une organisation, un collectif et ceux qui l'ont fait en sont enchantés. Donc est-ce que tu veux m'accompagner dans cette aventure ? Et j'ai dit, go, on y va.

  • SG

    Alors justement, comment ressentez-vous des deux premiers jours qui sont quand même assez violents ?

  • VT

    Alors, tu m'imagines, c'est un parcours qui est extraordinaire, effectivement. Et moi, je voudrais remercier les organisateurs. Il y a Marianne qui nous a embarqués au début. Et puis, on a eu deux magnifiques coachs facilitateurs, Mathilde et Maxime, qui nous ont suivis. Moi, je trouve que ce parcours, c'est vraiment un parcours qui se vit sur 18 mois, la prise de conscience est violente. Les journées de prise de conscience, le soir, on ne rentre pas forcément avec la joie de vivre. On regarde sa femme et ses enfants peut-être différemment. En tout cas, ce qui est extrêmement intéressant, c'est qu'à la fin, on a une vraie prise de conscience, une compréhension de la complexité des défis, et puis on arrive avec des leviers pour agir. C'est au bout de 18 mois qu'on voit la puissance de la CEC. Il ne faut pas juste se dire que c'est les deux premiers jours qui font la prise de conscience qui sont les plus importants. Le plus important, c'est le parcours complet sur 18 mois qui nous a permis d'avancer.

  • SG

    C'était quoi, par exemple, Fabien, ta maturité, toi, par rapport à tous ces sujets ?

  • FB

    Moi, je n'avais jamais entendu de parler de régénératif. Et j'allais justement en ne connaissant pas grand-chose. Mes convictions étaient au ras des pâquerettes. Et de se dire, c'est juste que je constate qu'il faut faire quelque chose. Il faut au moins qu'on aille voir. Et s'il faut effectivement faire quelque chose, on le fera. Et effectivement, moi... Forcément, ces deux premiers jours de la CEC, on entend beaucoup parler comme quoi c'est une claque et tout. Moi, ça fait partie de mon sursaut. C'est de se dire effectivement, waouh, oui, effectivement, on est dans une situation qui n'est pas simple et il faut agir. Et moi, ça m'a plutôt donné l'envie d'agir par la suite. Et ça m'a dit, effectivement, là, j'ai plus le choix. Il faut qu'on agisse tous, collectivement, individuellement et avancer. Donc moi, ça fait partie de mon sursaut, puisqu'on parle souvent de sursaut ou de déclic. Et le deuxième, ça a été plutôt vers la fin de la CEC, quand nos magasins à Givors ont été inondés. Où là, on s'est dit, tout ce qu'on nous raconte depuis plusieurs mois à la CEC, par des experts imminents et reconnus mondialement, ça se produit là, quelques mois après. Et on est touché directement par ces événements climatiques, puisqu'on a eu deux magasins d'inondés dans la zone. Et de ce fait, c'est du concret. Et quand vous avez du concret, forcément, vous devez agir. vous ne pouvez pas rester les bras croisés.

  • SG

    Ok, alors si je vous pose la colle du régénératif, qu'est-ce que vous en avez retenu ? Si vous deviez me faire l'article sur le régénératif, vous me diriez quoi ? Il y a un grand blanc.

  • VT

    Je vais laisser la parole à Fabien.

  • SG

    Oh facile !

  • FB

    En fait, c'est un terme où moi je ne suis pas tout à fait à l'aise avec ce terme. Avant la CEC, pour être totalement transparent, j'en avais jamais entendu parler. Même après la CEC, même après le travail, c'est assez difficile à en parler. Je ne suis pas forcément à l'aise avec ce sujet. Et même quand je rencontre quelqu'un, à un moment donné, quand on en parle, peu de gens connaissent ce terme. Et effectivement, l'idée pour moi, c'est de se dire... C'est pas suffisant, finalement, de réduire notre empreinte sur le climat. Il faut qu'on aille beaucoup plus loin. Et ce régénératif, quelque part, c'est de se dire : je fais des choses positives pour la planète, pour l'environnement, pour le côté social.

  • SG

    C'est vrai que peut-être que le lien avec la biodiversité n'est pas toujours évident.

  • VT

    En fait, c'est cette ambition de régénératif qui dit qu'avec une activité économique, en la passant différemment, on peut recréer du vivant et la qualité de vie sur Terre. C'est un objectif qui est tellement ambitieux que nous, on n'aime pas trop en parler. On considère qu'aujourd'hui, notre positionnement, on va en parler, mais il est de commencer par des petits pas et mettre tout le monde en mouvement. Et quelque part, cet objectif, pour nous, il est magnifique, mais tellement loin qu'il peut être démotivant.

  • SG

    Donc nous,

  • VT

    notre pédagogie, elle est plus de dire, prenez conscience, faites des premiers pas. Et puis c'est en faisant des premiers pas et par les premiers succès qu'on commence à se motiver pour aller plus loin.

  • SG

    Oui, parce que justement, peut-être que la difficulté qu'on a quand on rentre de la CEC, c'est qu'on a du mal aussi à l'expliquer peut-être aux autres, c'est ça ?

  • FB

    Oui, sans vouloir les brusquer non plus, puisqu'on sait que sinon on va en perdre en cours de route. Donc effectivement, c'est de se dire que c'est des sujets où on a été entre guillemets informés par des experts. On n'a pas toutes les connaissances des experts, donc on est avec des sujets où on est aussi peu à l'aise. Et qu'à la fin, si on veut embarquer tout le monde, il faut y aller petit pas par petit pas. En tout cas, c'est notre première étape. Ça veut dire que les petits pas, parce qu'on entend parler souvent aussi du colibri, et se dire que chacun fait son effort. On sait que ce n'est pas suffisant que chacun fasse son effort. Mais pour embarquer, aujourd'hui, on considère que c'est le meilleur moyen d'embarquer le plus de monde dans un premier temps pour aller plus loin après.

  • SG

    Et du coup, votre feuille de route, elle a quatre leviers. Vous pouvez nous en parler un peu ?

  • FB

    Oui, bien sûr. Quatre leviers, c'est du classique dans une feuille de route CEC. C'est du classique,

  • SG

    mais ça existe. Il y a beaucoup d'entreprises qui n'ont pas de feuilles de route.

  • FB

    Exactement. Nous, le premier, c'est la société quand même répond à... Notre société répond à un besoin sociétal fort, qui est la santé, puisqu'on est professionnels de santé. Et aujourd'hui, en tant qu'opticiens ou audioprothésistes, on a une image de correction de la vue ou de l'audition. Et en fait, nous, on voulait quand même acter dans un geste fort dans cette feuille de route. C'est de se dire on doit aller plus loin. C'est-à-dire qu'on doit, en plus juste de corriger la vue ou l'audition, c'est d'aller préserver le capital visuel et auditif de nos clients. Et le client, tous les clients, quel que soit son profil, sa zone géographique, ses moyens, c'est de se dire qu'on doit, en tant que professionnel de santé, apporter un vrai service, quelle que soit la typologie de mon client, et surtout mettre l'accent sur de la prévention, par exemple. Oui, par exemple,

  • SG

    donnez-moi un exemple, parce que là, on est plutôt sur un côté social, qui a un impact forcément aussi sur le reste.

  • VT

    Oui, par exemple, la révolution qui arrive dans notre métier d'opticien, c'est cette capacité à non plus corriger, mais ralentir l'évolution des défauts visuels. Et notamment la myopie chez l'enfant. Aujourd'hui, on a des verres qui permettent à un enfant qui devient légèrement myope de voir sa myopie, surtout ne pas se dégrader. Et donc on est très engagé dans ce combat-là et c'est une nouveauté pour nous puisque quand on commence à préserver le capital d'un enfant, c'est beaucoup plus fort que juste simplement lui corriger un défaut qu'il a acquis pendant son enfance. Donc c'est un exemple de ce qu'on appelle préserver le capital visuel. Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui vous êtes exposé à des lumières qui sont potentiellement toxiques pour vos yeux, qu'elles soient le bleu, les ultraviolets, les infrarouges et qu'aujourd'hui on s'engage à avoir... Avoir des produits qui sont tous au plus haut niveau de protection sur ce capital. Et simplement à corriger la vue. Et sur notre feuille de route, Fabien a parlé du premier levier qui est celui de notre impact sociétal. Mais c'est aussi grâce à la SEC que nous sommes allés au-delà. C'est-à-dire qu'en fait, on pourrait se dire, nous on est opticiens, audioprothésistes, on a quand même un métier avec un sens et un impact social fort. Bon, finalement on est distributeurs et fournisseurs de prestations, parce que notre métier c'est quand même majoritairement des prestations et peu de produits. Donc voilà, on fait notre part. On pourrait se dire qu'on s'arrête là. Et justement, on a réfléchi, mais c'est un peu court d'être comme ça. On ne peut pas laisser simplement les enjeux aux gros industriels en disant comme il y a des gros industriels polluants, nous distributeurs qui avons une mission sociale forte, on n'a rien à faire. Et donc, notre engagement dans la CSE, c'était d'aller chercher au-delà de notre métier, qu'est-ce qu'on peut apporter ? Et on a trois axes qui nous sont apparus en travaillant. Le premier, c'est la pédagogie. C'est-à-dire qu'en tant que... Distributeur au contact du client final, on passe du temps qualifié avec beaucoup, beaucoup de personnes et beaucoup, beaucoup de personnes par territoire. Et donc c'est notre engagement de commencer à sensibiliser dans notre métier ce que c'est que l'impact négatif que peut avoir une lunette. Et notamment le fait qu'effectivement aujourd'hui pour un produit de 50 grammes, je pense qu'on a 4 à 5 fois le poids du produit en emballage. Chose comme ça. Et que le fait qu'aujourd'hui on soit livré tous les jours. Parce que c'est un produit de santé, donc il faut l'avoir tout de suite, ça a un impact de transport. Et donc, on est en train de mettre en place des programmes pour être pédagogique vis-à-vis de nos clients. Par exemple, ça veut dire rendre l'OFG accessible, l'OFG France Garantie, et d'avoir des montures qui sont fabriquées à 200 kilomètres de nos magasins, qui sont financièrement accessibles pour la majorité, ce qui aujourd'hui existe assez peu dans notre métier. Et cette pédagogie, elle est aussi pour nos collaborateurs. C'est-à-dire qu'on s'est aperçu du déficit d'informations. collaborateur. On a aujourd'hui une bonne expérience de fresque, de climat et d'atelier là-dessus. Et comme dans tout groupe humain, on a des climato-anxieux ou climato-sceptiques, à ceux qui ne veulent pas voir. Et donc, notre rôle d'entreprise aujourd'hui, c'est de s'engager pour amener un niveau d'information. Chaque citoyen est libre, mais au moins qu'il soit informé et qu'il puisse faire ses choix. Ce premier axe de pédagogie... Il est important et il est difficile parce qu'embarquer des gens, embarquer des collaborateurs...

  • SG

    C'est votre levier 2, c'est l'embarquement des collaborateurs. Exactement,

  • VT

    c'est pas facile et embarquer et pouvoir parler de ces sujets-là à des consommateurs, c'est encore plus difficile. Et évidemment, on a un autre levier qui est être moteur dans notre branche parce que nous sommes à la fin d'une filière qui est industrielle. Si nous, nous ne les exigeons pas des engagements vis-à-vis de nos fournisseurs, leur volonté d'agir sera plus faible. Donc on est parti sur qu'est-ce qu'on peut exiger de nos fournisseurs dans les 5 ans à 10 ans à venir et notamment créer des standards d'impact environnementaux pour tous nos produits et se dire écoutez chers fournisseurs dans 3 ans si vous n'êtes pas sur nos standards on ne pourra plus travailler ensemble. Et ça on veut le faire au niveau de notre entreprise, ça c'est notre choix, et aussi agir au niveau de la branche. C'est plus lent, plus lourd, mais on a des discussions pour être moteur au niveau des syndicats. Chaque fois qu'on rencontre de toute façon des fournisseurs, on leur dit, nous, il faut d'abord votre politique de réduction d'impact avant qu'on puisse parler.

  • SG

    Justement, par rapport au marché, est-ce que vous sentez que par rapport à tous les acteurs, est-ce que la maturité reste ? Des fois, on a l'impression qu'on revient en arrière, après on repart en avant. Comment vous sentez le truc ?

  • VT

    Alors, notre vision aujourd'hui, c'est que toute la filière optique et audition ne revient pas en arrière. Par contre, est-ce qu'elle avance vite ? Est-ce que c'est une préoccupation majeure ? Non. plutôt le sentiment qu'on est dans une... démarche à minima et lente. Donc notre ambition...

  • SG

    La RSA obligatoire. Exactement,

  • VT

    parce que c'est obligatoire, parce qu'il faut le faire, on va le faire. Et aujourd'hui, on voudrait accélérer là-dessus. Et puis, notre troisième axe, enfin le quatrième axe, qui est, j'allais dire, l'axe non négociable chez tout le monde, c'est comment allons-nous pouvoir limiter notre impact ? Donc là, on est sur des choses qui sont extrêmement classiques, qui vont du bilan carbone à la consommation d'eau. Et quand on cherche, on trouve, puisque la consommation d'eau pour... Tailler deux verres de lunettes, il faut 15 litres d'eau par verre. Et nous, on a investi dans tous nos magasins sur des systèmes de recyclage d'eau. Donc, on est passé de 15 litres d'eau par lunette à un litre par semaine.

  • SG

    D'accord.

  • VT

    Voilà. Et c'est simple, mais il faut juste s'y pencher. Et on travaille sur des filières de recyclage qualifiées pour l'ensemble de nos déchets. Mais qualifiées, ce n'est pas juste j'ai trié et puis je ferme les yeux. Je suis sûr que quand je recycle, voilà. On a des sujets techniques qui s'appellent des calipes de présentation. Malheureusement, on utilise beaucoup de cartons et de papiers. On a signé sur des filières, on est sûr que ce soit du recyclage qui fonctionne.

  • FB

    Et pour compléter sur cette partie, effectivement, déchets et filières dont Vincent vient de parler, c'est qu'effectivement, on est livré aujourd'hui de tous les jours, de nuit, donc à un moment donné, et avec des emballages beaucoup plus importants que les 50 grammes de nos produits. Et là, il y a besoin d'un travail aussi avec la filière, de se dire à un moment donné, est-ce que finalement, quand je passe des commandes, notamment en EDI, est-ce que j'ai besoin d'être livré tous les jours pour tous les produits ? Ce n'est pas forcément le cas, donc c'est aussi avec eux de travailler. Et sur les emballages, même plus loin, par exemple, aujourd'hui, on a beaucoup de marques, entre guillemets, dans nos magasins. Donc ça veut dire que chaque marque nous envoie des PLV, donc des promotions sur le lieu de vente, en carton, non réutilisables pour une courte durée, et ils envoient ça à tous les opticiens de la planète. Et à un moment donné, même si vous ne le mettez pas en avant, ils vous l'envoient. Et donc, à un moment donné, c'est aussi avec eux de travailler pour se dire, les emballages, on ne prend que les emballages, puisqu'aujourd'hui, c'est bien de recycler les emballages, mais si on n'en a pas eu l'utilité avant, il n'y a pas besoin d'emballage. Donc, c'est aussi de réduire le nombre d'emballages, le nombre de transports, puisque c'est quand même des effets de levier importants pour nous.

  • SG

    D'accord. moi j'aimerais qu'on revienne juste sur l'embarquement des collaborateurs parce que du coup c'est vrai que des fois, votre discours peut faire un peu peur en se disant « Mince, ils vont toucher au modèle économique, on va perdre pour gagner des choses » . Mais voilà, comment vous percevez les gens dans votre entreprise et comment vous les embarquez ?

  • FB

    Alors, il y a deux choses, c'est que nous, déjà, à un certain niveau, on a décidé de parler du sujet environnemental et sociétal à chaque réunion collective, réunion plénière annuelle, réunion des managers. On a fait la fresque du climat pour 45 personnes. Donc, désormais, c'est systématiquement, dès qu'il y a une réunion collective, le sujet est intégré. On l'a intégré aussi dans le parcours d'intégration de nos nouveaux. Donc là, on est toujours sur l'éduquer, informer. Et le deuxième point, c'est sur l'embarquement, c'est plutôt la méthode qu'on a employée. C'est à la fin de la CEC, une fois qu'on a rédigé notre feuille de route, c'est de créer un groupe de travail. Donc on a fait appel à volontaire. Et en fait, aujourd'hui, on a un groupe de travail qu'on a appelé en interne "Prenons soin du vivant", composé de huit collaborateurs de différents horizons, de différents sites, puisqu'on en a même un à Mulhouse. Quand je dis différents horizons c'est que par exemple Notre collaborateur à Mulhouse est fresqueur officiel du climat.

  • SG

    D'accord.

  • FB

    Et inversement, on a quelqu'un qui nous a dit, moi, je n'y connais pas grand-chose. À la maison, je n'arrive pas à faire bouger ma famille. Si mon employeur m'offre cette possibilité finalement de faire quelque chose et de participer au bien-être de la planète, je veux bien en faire partie. Et effectivement, c'est là où on a différents profils. Et donc, on est dans cette phase de groupe de travail sur les idées et sur les éléments, puisqu'en plus, nous, on est multisite. Et quand on est multisite, la communication peut être un peu plus compliquée, ou en tout cas l'embarquement, l'animation peut être plus compliquée. Donc là, on vient de lancer les élections des ambassadeurs. Il nous faut un ambassadeur par site qui va être le relais, "les boîtes à idées vertes" en local et l'animation de ce qu'on pourrait mettre, nous, au niveau de l'entreprise en place.

  • SG

    D'accord. Et du coup, concrètement, est-ce que vous avez déjà mis des choses en place ? On voit quand même que vous avez lancé la machine. Et dans cinq ans, qu'est-ce que vous aurez fait concrètement, par exemple ? Est-ce que vous avez déjà des idées, sans trop déflorer ?

  • FB

    Pas forcément. On a des idées. On ne veut pas forcément que ça vienne de nous, mais plutôt du groupe de travail. Après, on sent que ça frétille. Si on veut être ambitieux, de toute façon, on ne doit pas avoir la réponse. C'est ce qu'on nous dit, notamment à la CEC. Si on connaît la réponse, pourquoi attendre cinq ans pour le faire ? Voilà, donc on y va. Ce qu'on avait commencé à dire au début, c'est de se dire step by step. Ce qu'on aimerait, c'est qu'aujourd'hui, on est en cours de réalisation d'un bilan carbone détaillé, très détaillé. On se fait accompagner. Et l'idée, c'est de se dire, sur la partie notamment déplacement, puisqu'on sait que c'est quelque chose de fort, on doit avoir des engagements forts d'indices, d'indicateurs sur la mobilité douce, sur les transports en commun. C'est des choses que nous, on commence à intégrer, mais on va aller beaucoup plus loin. Par exemple, on a fait le défi mobilité, le challenge mobilité au mois de juin sur la région lyonnaise, qui a plutôt bien marché, puisque je crois que sur les PME de notre taille, on est arrivé sur la région 9 ou 10e. Donc pour un premier événement, c'est plutôt bien. Et on sent qu'en magasin, vous avez toujours quand même un, deux, trois collaborateurs qui disent "On veut faire quelque chose et moi, s'il faut que j'entraîne l'équipe, j'entraînerai l'équipe." Donc voilà, on pense que ça va bouger. Quand même, vis-à-vis des collaborateurs, ce qu'on aimerait, c'est de se dire à un moment donné, nos collaborateurs doivent être à l'aise avec ce sujet à titre personnel, mais aussi professionnel parce que dans notre métier, on a la chance de passer du temps et une relation de confiance avec nos clients. Donc en fait, l'idée, c'est de se dire, je passe une heure, une heure et demie avec mon client quand il vient faire le choix de ses lunettes ou de son appareil auditif. Donc il faut aussi profiter de ce moment-là pour faire passer des messages environnementaux avec nos clients et d'être à l'aise avec les montures Origine France Garantie, être à l'aise avec, je dis n'importe quoi, mais l'exemple d'esprit rechargeable et de se dire, ben voilà, il faut... Donc il y a cette notion de se dire, l'objectif quand même, c'est que nous informons nos collaborateurs et qu'ensuite, ils soient à l'aise avec le déploiement de toutes ces solutions vertueuses vis-à-vis de nos clients.

  • SG

    OK. Et Vincent, par rapport aux fournisseurs ? Oui,

  • VT

    Fabien a vraiment résumé. On a deux philosophies qui sont un peu différentes. Tout ce qui est de la pédagogie pour embarquer les équipes, le principe, c'est de la co-construction de l'initiative pour que ça diffuse. Et surtout pas aller imposer de dire maintenant, cher collaborateur, il faudra faire ça, ça et ça. et après tout ce qui concerne l'entreprise et ses choix. Là, on est beaucoup plus volontariste. Donc, dans les initiatives qui vont aboutir en 2026, on va créer des gammes de produits OFG accessibles avec des entreprises qu'on a choisies qui seront... On est en train de finaliser, les gens ne le savent pas encore, mais qui vont être à proximité de chez nous. Et en fait, on a une réflexion, on va faire deux choses. C'est-à-dire qu'on va faire nos propres produits en collaboration avec des gens qui font de l'OFG, avec une traçabilité et une qualité environnementale des produits qui sont au maximum, et créer un label pour dire maintenant, on va privilégier des fournisseurs qui répondent à nos critères. Donc ça, c'est 2026. Ça sera fait mi-2026. Le sujet qu'on a de pédagogie vis-à-vis du consommateur, c'est qu'aujourd'hui, on donne le spray de nettoyage pour les lunettes, qui a un impact environnemental fort, parce que c'est beaucoup d'emballage pour peu de fonctions, c'est juste pour nettoyer les lunettes. Donc on va dire à nos clients, bon maintenant ça devient payant, mais c'est pas pour notre entreprise. 100% de ce que vous allez payer pour ce petit spray, ces quelques euros, on va les mettre à disposition des projets qui ont un impact positif sur l'entreprise. Donc on est dans une logique de compensation, ce n'est pas idéal, mais au moins on commence à éduquer le consommateur. Puisque lui, il va falloir qu'il paye un petit peu, et ça ne sera pas pour nous, ça sera pour la planète. Donc ça va pouvoir amorcer le dialogue de l'impact que l'on a, donc ça, ça sera 2026 aussi. Et à plus long terme, je dis, c'est qu'on est en train de travailler sur des critères, et quels fournisseurs pourraient être référencés dans l'entreprise, il y aura une obligation assez élevée de limitation d'impact.

  • SG

    Et dans votre filière, puisque vous êtes très loco, est-ce qu'on peut imaginer que vous travaillez avec des fournisseurs en région Rhône-Alpes, c'est jouable dans votre filière ?

  • VT

    Oui, tout à fait. On a la chance que le bassin de la lunetterie française, enfin un des plus gros bassins de la lunetterie française, se situe entre L'Ain et le Jura. Donc on s'oriente un petit peu vers ces distances-là, parce que l'avantage pour le coup, c'est qu'on est à l'échelle d'un territoire.

  • SG

    Du coup, si on se projette dans 10 ans, à quoi vous aurez mesuré finalement que votre démarche a fonctionné ? Prospective à 10 ans, c'est dur dans une PME, mais bon. À 5 ans ?

  • VT

    À court terme, une phrase qui est un petit peu interne, c'est qu'on aimerait bien être l'entreprise exemplaire parmi les entreprises non exemplaires. C'est de dire qu'on ne va pas casser notre modèle et on ne va pas devenir une entreprise qui n'a pas d'impact, qui va être complètement régénérative. Donc on enlève le côté de culpabilité. Par contre, tout ce qu'on peut faire, on le fait. C'est ça le changement de culture qu'on veut faire. Et à moyen terme, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'in fine, on aura réussi si on n'a plus de démarches RSE séparées. C'est-à-dire que c'est un critère de décision permanent et que tout le monde dans l'entreprise, pour chacun de ses décisions, il a toujours en tête l'impact.

  • SG

    C'est ça. Vous avez passé un niveau vraiment super. Exactement.

  • VT

    On aura réussi si ça devient absolument naturel sur tous les actes de l'entreprise, du collaborateur face au client à nos décisions stratégiques. Systématiquement, on va dans le sens de minimiser l'impact. Et on s'est écrit qu'à partir de maintenant, on ne prend aucune décision qui aurait un impact négatif ou augmenterait notre impact sur les éléments planétaires.

  • SG

    De toute façon, on sait très bien qu'avec la matière, il va falloir s'adapter au plus vite. Donc, en effet, parce que vous avez parlé, pour finir, "Fabrique à Bonheur". Moi, j'aurais envie de savoir un peu plus, parce que vous m'avez fait rêver avec "Fabrique à Bonheur".

  • VT

    Pour le coup, c'est un projet ambitieux, celui-ci. Mais nous y tenons ! Non, notre vision... vraiment de l'entreprise, c'est que l'entreprise, c'est un centre d'épanouissement. C'est-à-dire que vous travaillez 35 ou 39 heures par semaine, si vous êtes malheureux dans votre job, ça ne peut être que compliqué ailleurs. Donc, notre ambition et notre responsabilité, c'est que travailler dans l'entreprise soit source d'épanouissement. Alors, qu'est-ce que l'épanouissement ? L'épanouissement, ce n'est pas juste mettre un baby-foot et avoir un frigo avec de la nourriture pour tout le monde. C'est permettre à chacun de se réaliser.

  • SG

    Clin d'oeil à Google, c'est ça ?

  • VT

    Non, je ne fais pas de commentaires Stéphane, je te remercie. C'est ton interprétation.

  • SG

    OK, d'accord.

  • VT

    Je te remercie. Non, l'épanouissement, c'est est-ce que dans mon travail, on m'a donné la chance de me réaliser ? Est-ce qu'on m'a poussé à faire des efforts ? Est-ce que je suis fier de ce que j'ai fait ? Et donc, la "Fabrique à bonheur", c'est être fier de l'entreprise dans laquelle on travaille et d'être fier de ce qu'on y réalise. Donc, fier dans l'entreprise dans laquelle on travaille. Aujourd'hui ne pas parler de l'impact sociétal de l'entreprise, ça serait absolument incohérent avec vouloir être une entreprise de bonheur et permettre à chacun de se réaliser en lui donnant des défis. On pense que le bonheur, ça passe par l'estime de soi, l'estime de soi, ça passe par réaliser quelque chose dont on ne pensait pas être capable de faire. Donc voilà ce que l'on met derrière bonheur et qui est une valeur fondamentale dans l'entreprise.

  • SG

    Avec le sourire. Alors, on va terminer ce podcast. Moi, je voulais aussi vous poser une colle un peu, si vous pouviez changer une règle du jeu, économique. Je n'allais pas vous dire politique, mais j'aurais pu. Qu'est-ce que vous changeriez l'un et l'autre ou l'un après l'autre ?

  • FB

    Alors moi, je peux commencer, Stéphane. Moi, je dirais, et c'est quelque chose que j'ai appris aussi avec la CEC, et je m'en suis rendu compte et ça m'a sauté aux yeux, c'est, entre guillemets, d'obliger les différents acteurs du territoire à échanger ensemble. En fait, il y a quand même derrière toutes nos problématiques individuelles, notre activité, on a toute une activité différente. On se rend compte qu'on a des problématiques communes, qu'elles soient environnementales ou pas, d'ailleurs. Mais en tout cas, on se rend compte aussi qu'une fois qu'on commence à échanger, on se rend compte qu'il y a une force du collectif qui est impressionnante. Et comme on parle de plus en plus de territoires, c'est ce côté-là. Et se dire « j'ai foi en l'Homme avec un grand H de se dire que s'il échange avec ses voisins, ça sera forcément bénéfique et bonéfique pour la planète » .

  • SG

    Oui, à l'époque de l'IA, c'est vrai que de créer du lien, c'est quand même notre point fort. Donc faire le pas de côté, la coopération. OK, ça me va. Bonne réponse.

  • VT

    Oui, dans la continuité de ce que dit Fabien. Mon rêve, c'est qu'on puisse rendre l'impact objectif. C'est-à-dire que je pense qu'on avancera quand on rendra les Français informés et conscients de ce qu'ils font. Aujourd'hui, c'est impalpable. Est-ce que ma consommation, elle est positive ou négative sur la planète ? Comment je peux la manier ? C'est impalpable. J'aimerais qu'on puisse informer tous nos concitoyens de leur impact, pour qu'ils puissent faire des choix éclairés. Aujourd'hui, ça reste massivement impalpable l'impact que l'on a sur la planète.

  • SG

    Après, c'est une prise de conscience aussi. C'est-à-dire qu'on peut dire que c'est impalpable, mais on peut prendre conscience quand même.

  • VT

    Oui, mais pardon, la prise de conscience sera d'autant plus facile pour la majorité de nos concitoyens que s'ils ont une vision claire de comment est fait leur produit, comment il a été sourcé, quel impact il a sur le territoire et sur les ressources planétaires.

  • SG

    C'est pour ça que c'est important que l'économie montre... Après, la difficulté aussi, même pour un dirigeant de PME, c'est le fameux greenwashing. C'est-à-dire, en fait, est-ce que je fais du marketing ou est-ce que je raconte vraiment quelque chose d'aligné ? C'est ça qui est intéressant avec une PME territoriale, familiale, c'est qu'on peut imaginer quand même que le dirigeant, il est motivé pour.

  • VT

    Oui, tout à fait. Et quand on parle quand même de la complexité, pour revenir à notre magnifique monde de l'optique, les lunettes qui sont en plastique, ce n'est pas du tout du plastique, c'est de l'acétate de cellulose. Donc à la base, c'est du coton et plus ou moins de solvants. Et en fait, la complexité, pour savoir quels vont être les critères, il faut que je connaisse dans quel pays le coton a été produit, quelle a été sa consommation d'eau, est-ce que c'est raisonnable ? quel est le niveau de solvant, quels sont les solvants, comment ils sont retraités. Et en fait, on est face à un mur de la complexité. Et nous, notre ambition, justement, c'est d'aller chercher des critères qui soient réellement objectifs pour être très loin du greenwashing et très loin de la bonne conscience en disant j'ai fait quelque chose parce que mes lunettes ont vaguement un label que je ne comprends pas.

  • SG

    D'accord. C'est vrai que les fabrications, moi, j'ai acheté des lunettes en bois, d'ailleurs, par exemple. Je ne sais pas si c'était de Savoie. Je ne sais pas si ça marche. Mais est-ce que c'est ça ? Alors, pour finir, qu'est-ce qui vous rend confiant pour terminer ce podcast ? Pour la suite ? Messieurs, vous avez mon âge. On est des cinquantenaires. Voilà. Donc on compte sur vous.

  • FB

    Alors moi, je dirais... Là où je suis confiant, c'est qu'avec la CEC, on est sortis de là en se disant « Il est urgent d'agir » . Mais aujourd'hui, j'ai pris conscience de se dire « En fait, c'est un temps long » . Et effectivement, moi, je commence à discuter entre guillemets avec mes voisins. Et on se rend compte que ça frétille et ça commence à bouger, et qu'il y a des collectifs qui se mettent en place. Et donc, je pense qu'on est dans la bonne voie. Effectivement, il faut savoir gérer sa frustration parce qu'on voudrait tout mettre en place dès demain. Mais ça ne marche pas comme ça. Rome ne s'est pas fait en un jour. Donc, en fait, l'idée, c'est d'assimiler ce temps long. Et moi, je suis très confiant parce que j'ai confiance en l'homme. Et on a de plus en plus d'éléments qui nous prouvent qu'on n'a pas le choix de bouger. Et on a de plus en plus de personnes qui sont ralliées. Sans avoir de notion d'écolo, puisque c'est quelque chose qui peut être galvaudé de mettre des personnes dans des cases. Mais voilà, c'est petit à petit. Et moi, je suis très confiant sur le fait que ça va se faire.

  • SG

    C'est vrai que si on utilise régénératif, peut-être c'est qu'on a peur d'utiliser écologie, parce qu'en fait, tout de suite, écologie égale politique. Et on met les gens les uns contre les autres. Alors après, je suis assez d'accord. Je pense qu'il y a un mouvement de fond. Même si l'actualité nous dit l'inverse, on se rend compte quand on s'intéresse au sujet quand même qu'il y a beaucoup de gens et dans l'économie. beaucoup de gens et beaucoup de dirigeants qui ont pris les choses en main. Du coup, Vincent, toi, la confiance ?

  • VT

    Oui, mon axe d'optimisme, c'est le même que Fabien, c'est qu'en fait, c'est de ne pas regarder où on est aujourd'hui, mais comment on a évolué en cinq ans. Et je trouve que finalement, la société, elle évolue assez vite, même si c'est peut-être trop lent par rapport à ce qu'on voudrait. Quand on regarde les changements, ils sont quand même, dans les comportements, les mentalités, les prises de conscience, ils sont très forts par rapport à ce qui s'est passé il y a cinq ans et de concentrer sur le temps long et se dire « est-ce qu'on peut être dans 5 ans ? » C'est plus important, c'est sûr que si on suit l'actualité, on a l'impression que chaque jour, il y a autant de retours arrière que de points d'avancement. En revanche, je trouve que l'accélération de la prise de conscience, elle est forte en France. J'espère qu'on va contribuer à faire accélérer encore cette prise de conscience.

  • SG

    C'est l'idée aussi de ce podcast. En tous les cas, je vous remercie, Vincent, Fabien, pour ce partage qui est authentique, inspirant, de terrain. Alors, je finis toujours par une citation. J'ai pris une citation de Saint-Exupéry qui a dit, vous avez quatre heures après pour y réfléchir, "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." Et donc, vous avez bien prouvé qu'en fait, l'idée, ce n'est pas de changer de lunettes. Ça ne suffit pas de changer de lunettes. L'idée, c'est surtout de changer de regard pour trouver de nouvelles solutions. En tous les cas, merci. A bientôt ! Merci Stéphane !

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