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Élégance et Ambition

32. Les transformations invisibles de l'ascension sociale : réseau, nouveaux codes et identité

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42min |08/12/2025
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Description

Découvrez les coulisses invisibles de l’ascension sociale : comment le réseau, l’habitus de classe et l’identité personnelle se transforment lorsque l’on change de milieu.


Dans cet épisode intime et analytique, je partage des clés profondes — relationnelles, psychologiques, identitaires — issues de mon propre parcours, pour vous aider à comprendre les mécanismes réels de la réussite sociale, de l’ambition assumée et de la progression personnelle.

Vous y trouverez des éléments de réflexion que vous pourrez appliquer à votre propre trajectoire, que vous cherchiez à développer votre leadership, renforcer votre confiance en soi, construire un réseau influent ou dépasser vos croyances limitantes.


Retrouvez-moi sur :

Instagram : Ascension Sociale

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Liens cités dans l’épisode :
Épisode 31 - Comment ma vie a changé après mon ascension sociale

Épisode 25 - 7 leçons de philosophie pour éclairer votre ascension sociale (Partie 2)

Épisode 23 - Comment construire son réseau en partant de zéro en 2025

Épisode 3 - Comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité

Épisode 15 - Intelligence relationnel : la clé méconnue pour créer des connexions fluides

Épisode 1 - Élégance et Ambition : un podcast pour comprendre les clés de la réussite sociale

Épisode 26 - Pourquoi vous n’avez pas confiance en vous (6 raisons et comment les dépasser)


Chapitres :
00:00 - Générique

00:39 - Introduction

03:37 - 1. La construction de mon réseau

15:35 - 2. L’évolution de l'habitus de classe

29:33 - 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

39:11 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :
ambition authentique, construire son réseau, stratégie de réussite, estime de soi, syndrome de l’imposteur, choc culturel, relations sociales, relations influentes, réseau puissant, clés de la réussite, excellence, image personnelle, oser assumer son ambition, réussite authentique, intelligence relationnelle, audace et ambition, succès, développement personnel, discipline et motivation.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans « Élégance et ambition » . Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement, et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'élégance et ambition. Toutes mes excuses pour l'absence d'épisode la semaine dernière. J'ai eu la bonne ou la mauvaise idée de vouloir enregistrer mon épisode le dimanche pour le lundi et il se trouve que j'ai eu un contre-temps qui m'a empêché d'enregistrer l'épisode. Donc l'épisode du lundi 1er décembre est passé à la trappe. Donc pour tous les fidèles auditeurs et auditrices du podcast qui m'écoutaient de semaine en semaine, encore toutes mes plus. plate d'excuses. Et puis, pour ceux qui m'écoutent depuis le futur, c'est transparent pour vous, puisque peut-être que vous n'aurez pas vu cette absence d'épisodes si vous les écoutez les uns à la suite des autres, après m'avoir découvert par la suite. Ce mea culpa étant fait, je vous propose aujourd'hui un épisode qui constitue un prolongement de ma réflexion, de mon partage de, j'allais dire, de la semaine dernière, mais non, du précédent épisode. sur l'ascension sociale et ses effets sur la vie personnelle. Et dans ce nouvel épisode, alors je ne sais pas encore comment je vais l'intituler, est-ce que ce sera une partie 2 ou est-ce que ce sera un épisode à part entière, mais j'aimerais prolonger cette réflexion à travers le prisme du réseau, de l'habitus de classe et de l'identité. Dans la première partie, dans le précédent épisode, j'avais surtout abordé les aspects matériels de l'ascension sociale. Et si vous m'écoutez depuis un certain temps, vous savez peut-être que je suis matérialiste, alors non pas matérialiste selon l'acception vulgaire, c'est-à-dire superficielle, mais matérialiste philosophiquement parlant, c'est-à-dire que je pense que l'être humain est défini par les conditions matérielles de son existence. Je parle plus en détail de ce courant philosophique dans l'épisode 24 ou 25, que je ne sais plus parce que... Il y a deux épisodes sur les leçons sur la philosophie, puisque l'épisode est en deux parties, comme celui-ci. Mais dans tous les cas, les aspects matériels sont prépondérants dans l'existence de tout à chacun, et c'est naturellement que j'ai développé tout un épisode sur ces aspects-là. Dans tous les cas, si vous n'avez pas écouté la première partie, pas de panique, cet épisode-ci peut tout à fait s'écouter indépendamment, même s'il s'inscrit dans la continuité du précédent. Et donc aujourd'hui, j'aimerais aller plus loin en explorant les dimensions psychologiques, identitaires et bien sûr la question du réseau personnel, que j'avais déjà commencé à aborder dans l'épisode précédent. Au programme de cet épisode, on va aborder trois aspects essentiels de l'ascension sociale qui touchent cette fois davantage à l'identité sociale et personnelle. à la psychologie et dans tous les cas on va aller plus loin que dans certains aspects matériels et j'espère avec cet épisode vous donner un peu plus de clés sur ce qui change en termes d'état d'esprit, ce qui change profondément intérieurement quand on change de classe sociale. Premier sujet donc, le réseau. Quand on parle de réseau, on imagine souvent une démarche très stratégique, presque calculée, où on cherche à rencontrer des personnes influentes pour avancer dans sa carrière ou sa vie sociale. Pourtant, dans mon cas, la construction de mon réseau s'est faite de manière plutôt organique, disons, presque involontaire. Je n'ai jamais cherché à développer mon réseau pour le réseau en lui-même. Alors je sais que je vous ai enregistré des épisodes sur comment construire son réseau en partant de zéro. C'était l'épisode 23, ainsi que l'épisode 3, comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité. Alors d'une part parce que c'était une demande récurrente de la part de plusieurs d'entre vous, mais également parce que c'est la méthode que j'ai utilisée un peu de manière inconsciente. C'est-à-dire que j'ai rassemblé toutes les choses que j'ai pu faire pour développer mon réseau sans que ce soit vraiment conscient, sans avoir conscientisé le fait que ça pouvait être une stratégie. Mais il y a une autre manière. par laquelle j'ai développé mon réseau qui n'était pas du tout méthodique et que je n'ai pas pu vous transmettre jusque-là parce que je n'en avais pas fait une stratégie et que c'est presque une anti-stratégie. En réalité, à chaque fois que j'ai élargi mon cercle de connaissances, C'était avant tout par intérêt pour une activité, pour une passion ou pour un engagement. J'étais beaucoup plus intéressée à l'idée de faire quelque chose plutôt qu'à l'idée de rencontrer des gens en soi. Par exemple, il y a deux ou trois ans, j'ai commencé à faire du bénévolat pour une association caritative, notamment dans le domaine du secourisme. Ça m'a permis de rencontrer plein de personnes de tous milieux sociaux. Et ça m'a permis mécaniquement d'élargir mon réseau. Et ce choix, il n'était pas motivé par l'idée de rencontrer du monde. Alors, il y avait des personnes parmi celles que j'ai rencontrées qui faisaient du bénévolat pour rencontrer du monde. Mais ce n'était pas tant dans l'idée de faire du réseau, c'était plus par intérêt authentique, on va dire, de nouer des nouvelles relations. Par intérêt authentique pour socialiser. Mais en ce qui me concerne, ce n'était pas du tout dans cette optique que je me suis engagée. c'était plus par euh en fait c'était une expérience personnelle qui a été marquante pour moi j'ai été témoin d'un quelqu'un qui a été en arrêt cardiaque et ça m'a poussé à vouloir devenir secouriste et donc j'ai adhéré à cette association je me suis formée au secourisme j'ai commencé à prendre des gardes des missions de secourisme et c'est en m'engageant dans cette activité en prenant des missions en changeant d'équipage à chaque mission que naturellement j'ai rencontré des nouvelles personnes et que mon réseau s'est élargi ensuite tout. Toujours pour continuer sur la construction du réseau, la manière dont j'aborde les choses, c'est que je préfère largement la qualité des relations à la quantité. Je ne ressens pas le besoin d'avoir un réseau tentaculaire. Pour moi, quelques relations solides, authentiques me suffisent largement. D'ailleurs, je ne suis pas particulièrement à l'aise dans les interactions multiples, ni dans les relations superficielles ou celles dans des grands groupes. et je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. D'ailleurs, c'est drôle, je repense à une scène qui s'est déroulée il y a peu. J'étais à un événement réseau récemment et j'ai enchaîné deux discussions avec des personnes et chacune de ces personnes m'a donné sa carte de visite. Et donc, on alternait des moments de réseautage et des conférences dans une grande salle et en revenant dans la grande salle avec... les cartes de visite en main, j'ai quelqu'un qui m'a dit « Ah bah ça y est, ça commence les collections de cartes de visite ! » Alors que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement. Moi, j'ai discuté avec ces personnes, j'ai cherché à savoir si on avait des intérêts mutuels et il se trouve que c'était le cas et que ces personnes m'ont donné leurs cartes. Mais je n'en fais pas un jeu ni un objectif de collectionner les cartes. Tout ça pour vous dire que je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. Comme je vous le disais, mon réseau s'est construit autour d'activités qui me passionnaient, donc le secourisme, mais aussi le théâtre, mes études à Sciences Po, ou encore des groupes d'intérêt. Par exemple, pendant une année, j'ai adhéré à l'association Jeunes IHEDN. Alors pour le coup, c'est une association dont tout le monde sait qu'elle existe pour le réseau. Mais pour le coup, quand j'ai adhéré, c'était plus pour le fait d'échanger autour de sujets axés défense et sécurité nationale. Et ce qui est intéressant, c'est que ce désintérêt pour les relations humaines en tant que telles, ça a paradoxalement rendu mes relations plus naturelles, plus sincères. Et par conséquent, les liens se sont tissés plus facilement autour d'intérêts communs, d'expériences partagées et pas autour d'un calcul social. Et je pense que ça s'est fait parce que quand on n'est justement pas intéressé par le réseau en tant que tel, ça enlève la pression sur la relation sociale. Et ça permet d'être plus authentique, d'être plus soi-même et d'avoir cette idée d'authenticité et de sincérité dans la relation. Alors il y a quand même un point qui m'a aidée. grandement pour le réseau, c'est le fait que j'ai fait mes études à Sciences Po. Intégrer une grande école, c'est indéniable. Ça m'a beaucoup aidée pour un certain nombre de choses, parce que dès lors que vous intégrez une grande école, c'est comme si vous étiez frappé d'un sceau, donc un sceau S-C-E-A-U, et en l'occurrence celui de l'élite, parce que dans l'imaginaire collectif... certains noms d'écoles sont marqués de certaines représentations. Et cela a eu un impact considérable sur mon réseau. Alors, sur le moment, et quand je dis sur le moment, c'était quand j'étais étudiante à Sciences Po. Ça ne m'a pas forcément aidée et je ne comprenais pas pourquoi le fait d'avoir fait une grande école ne me permettait pas de trouver, de m'insérer professionnellement parlant. Et j'ai trouvé la réponse, d'ailleurs, en lisant le livre de Didier Eribon-Rotio. retour à Reims et il dit alors je vais retrouver le passage On voit bien ici que la valeur des diplômes est étroitement liée à la position sociale. Et il ajoute un peu plus loin, un tel diplôme, en parlant d'un DEA, qui est l'ancienne appellation d'un master, il dit « Un tel diplôme ne revêt pas la même valeur et n'offre pas les mêmes possibilités selon le capital social dont on dispose et selon le volume d'informations nécessaires aux stratégies de reconversion du titre en un débouché professionnel. » Fin de citation. Et effectivement, les diplômes universitaires, ça ne vaut rien. Je le dis et je le redis. Tant que vous n'avez pas le capital social qui va avec, et force est de constater que la logique s'étend aux grandes écoles, même si pour les grandes écoles, il y a encore ce capital symbolique qui entoure le nom de l'école et qui permet un peu de s'affranchir de ce piège-là. En tout cas, ce que je voulais dire, c'est que mon diplôme de Sciences Po, il prend de la valeur à mesure que je développe mon réseau en parallèle. Et ce, plus de dix ans après avoir terminé ma scolarité. En fait, les effets deviennent vraiment tangibles qu'à partir du moment où j'ai fait ma propre expérience professionnelle et j'ai constitué mon propre capital de mon côté. Et quand je vous dis que le fait d'avoir fait une grande école, ça a eu un impact considérable sur mon réseau, mais bien plus tard, c'est que dix ans après... Il m'arrive de rencontrer des personnes de ma propre promotion, que je n'avais jamais croisées, que je n'avais jamais rencontrées à l'époque quand j'étais dans les murs de l'école, et avec qui il existe une forme de connivence, en tout cas avec qui il se forme une sorte de connivence immédiate, une facilité à rentrer en contact, à échanger. Quand bien même on ne s'était jamais rencontrés auparavant, on a partagé une expérience commune, des lieux, des souvenirs. des références et c'est d'autant plus drôle qu'au final on ne s'était jamais rencontrés ou du moins je pense qu'on s'était croisés sans se voir. Et ce phénomène de connivence n'est pas propre à Sciences Po, il se retrouve dans toutes les grandes écoles, c'est-à-dire entre élèves de grandes écoles entre eux, au sein de chaque école, mais aussi de manière plus large entre anciens de grandes écoles tout court. Qu'il s'agisse de Polytechnique, HEC, l'ENS, les mines. D'ailleurs, il y a un esprit de corps très fort entre les anciens élèves de grandes écoles. Celui où cet esprit de corps, il est le plus fort, c'est Polytechnique. Il faut savoir que les anciens de Polytechnique se tutoient tous. Et ce, quel que soit leur âge. C'est-à-dire qu'un jeune de 23-24 ans qui sort de Polytechnique, s'il croise Bernard Arnault ou Patrick Pouyanné, le PDG de Total, ils vont se tutoyer réciproquement. Bon, ça ne marche qu'entre polytechniciens. Mais le simple fait d'avoir ce diplôme, en tout cas, ça crée une reconnaissance implicite, une appartenance à un groupe, et ça facilite les relations, et ça ouvre certaines portes. Si je devais résumer la méthode que j'ai utilisée, même si je n'aime pas ce terme, parce que je n'ai pas utilisé de méthode, mais si je devais résumer ce que j'ai fait... Sans trop me rendre compte pour développer mon réseau, ce serait le processus suivant, à savoir rejoindre des groupes, des associations, des institutions, non pas pour le réseau, mais pour l'activité en elle-même. C'est en suivant mes intérêts, en m'investissant dans des projets qui me tenaient à cœur que j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai tissé des liens durables. Et encore aujourd'hui, et à l'avenir, je resterai fidèle à ce mode de fonctionnement. En ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'un réseau excessivement développé. Je privilégie la profondeur des relations à leur nombre et c'est en m'engageant sincèrement dans des activités qui me passionnent que j'ai construit sans le vouloir un réseau solide et authentique. Pour le dire autrement, le développement de mon réseau a été une conséquence et non pas une cause de mon ascension sociale. Le développement de mon réseau a... accompagné, a suivi mon ascension sociale mais pas l'inverse. Je sais qu'il y a des personnes pour qui, effectivement, c'est le processus inverse, c'est-à-dire qu'elles appuient leur progression sociale sur la construction de leur réseau. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire, ça dépend vraiment de votre personnalité. C'est-à-dire que si... Si vous êtes plutôt du type social, sociable, extraverti, taux des profils, si on s'en réfère à la matrice disque, des profils vert ou jaune, effectivement le réseau est un bon préalable à votre ascension sociale, mais si vous êtes plutôt un profil analytique, comme le mien, ce sera plutôt une conséquence. Si vous ne savez pas à quoi je fais référence avec mes couleurs, je vous invite à écouter l'épisode 15. intelligence relationnelle, la clé méconnue pour créer des connexions fluides dans lesquelles je parle de ces différentes personnalités. Sans transition, passons maintenant à la deuxième partie sur l'habitus de classe. Alors, l'habitus de classe, qu'est-ce que c'est ? C'est un concept sociologique qui désigne l'ensemble des dispositions, des manières de penser, d'agir, de se comporter, de se tenir, de s'exprimer qui sont acquises au sein d'un milieu social donné. Ces habitudes, ces réflexes, ils sont tellement ancrés qu'on ne les remet pas en question ou rarement. Et l'habitus de classe, comme son nom l'indique, il est propre à chaque classe sociale. C'est-à-dire que vous n'aurez pas la même manière de penser, d'agir, de vous comporter en fonction de votre classe sociale d'origine et de la manière dont vous avez appris, dont vous avez acquis cet habitus. Pourtant, quand on change de milieu social, il devient nécessaire de... transformer son habitus pour s'adapter à de nouveaux codes, à de nouvelles attentes. Et pour moi, la transformation de l'habitus de classe, elle s'est faite en plusieurs étapes, à travers notamment des moments clés de mon parcours. Pour commencer, il y a eu mon milieu social d'origine et l'habitus qui en découlait, justement, qui a été un moteur puissant. Dans ce milieu social, je ressentais une forme de honte, d'injustice et surtout une volonté profonde de ne pas reproduire le schéma familial. C'est une sorte de rejet de l'habitus, de mon habitus d'origine qui m'a poussée en quelque sorte à entamer une ascension sociale. Par exemple, mes parents occupaient professionnellement en parlant des positions d'exécutant mais moi je savais instinctivement que je ne voulais pas faire ça, que je voulais autre chose. Je ne savais pas Quoi exactement ? En réalité, j'avais mille idées, mais la constante, c'était plutôt l'autonomie, la liberté, le leadership. Ensuite, le deuxième moment marquant, ça a été l'entrée à Sciences Po, qui a été un choc culturel. J'en ai parlé dans le tout premier épisode du podcast. J'ai été confrontée à un environnement, déjà l'environnement parisien de Saint-Germain-des-Prés, qui est un milieu social... très différent de celui où j'avais grandi quand bien même j'avais grandi en banlieue parisienne et que j'étais à peine à une heure de Paris en transport, ça m'était j'avais l'impression d'être téléportée dans un autre monde et puis les personnes qui composent ce milieu qui étaient très différentes de ce que j'étais avec leurs codes, leurs références leurs habitudes qui m'étaient totalement étrangères et ce passage à Sciences Po, il a profondément transformé mon capital culturel et mon capital social j'en ai parlé sur le... de la partie sur le réseau. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à intégrer progressivement, sans m'en rendre compte mais par immersion, les codes de ce nouveau milieu, quand bien même il m'était totalement étranger. Et le troisième moment clé, le troisième moment charnière, c'est l'armée, puisque j'ai été officier de l'armée de l'air et de l'espace pendant neuf ans. Et là encore, comme pour les grandes écoles, il y a beaucoup de représentations dans l'imaginaire collectif sur ce que représente, sur ce que signifie être militaire. Mais pour moi, l'essentiel, ce n'était pas tant dans la spécialité ou le prestige que dans le sens des responsabilités que cela m'a apporté. L'armée, ça m'a permis précisément de passer de cette posture d'exécutante que je vous décrivais à celle de leader. Quand vous êtes... officier dans l'armée, très tôt, dès les premiers mois, les premières semaines, voire même les premiers jours d'école, on y apprend très tôt à donner des ordres, encadrer, organiser, prendre des décisions. Et cette bascule mentale, ça paraît très simple, comme ça, de dire, on apprend à donner des ordres, mais non, ça va beaucoup plus loin que juste jouer au petit chef. Et cette bascule mentale, elle est difficile à opérer quand on vient dans le milieu où on a Pas de modèle de leadership autour de soi. C'est-à-dire que les enfants issus de classes favorisées, ils ont l'habitude de voir leurs parents en position de donneurs d'ordre, ne serait-ce qu'à la maison. Quand on voit ses parents employer quelqu'un, donner des ordres à une employée de maison, souvent c'est à une femme. de ménage, et bien les enfants qui voient ça, ils arrivent dans la vie et à l'âge adulte avec une certaine perception de leur position sociale, et ils se placent beaucoup plus naturellement dans une position de décideur versus les enfants dont les parents sont justement ces femmes de ménage, ces ouvriers, tous ces exécutants et qui ont tendance à reproduire les comportements et les positions professionnelles de leurs parents. Et donc l'avantage de l'armée, c'est que ça remet tout. et tout le monde à plat, c'est-à-dire que peu importe votre origine sociale, tout le monde est remis au même niveau. D'ailleurs, on donne à tout le monde le même uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Et ça permet à des enfants aussi bien de milieux favorisés que de milieux modestes d'acquérir ces réflexes propres au leadership. Dans l'armée, cette transformation, elle passe aussi par le corps, par la discipline, par la posture, par la synchronisation des mouvements. tout cela, ça façonne une... un nouvel habitus, finalement, puisque, je le rappelle, l'habitus, c'est les manières d'agir, de se tenir, et le fait que la transformation passe par cette posture, par le corps, par le fait d'incarner, le terme incarner, c'est l'origine étymologique, d'incarner, c'est la chair, et bien tout cela concorde à enraciner beaucoup plus profondément et beaucoup plus durablement cette nouvelle identité et ce nouvel habitus. Alors changer d'habitus de classe, c'est un processus qui est long, qui est complexe et qui est souvent inconfortable. Ça demande de se remettre en question, de remettre en question ses réflexes, ses manières de penser, d'agir. En tout cas, beaucoup de choses qui semblent naturelles ou qui semblaient naturelles. Et on se retrouve à s'interroger en permanence. Quand on change d'habitus, quand on passe d'une rive à l'autre de la rivière, on se retrouve à s'interroger en permanence. Est-ce que je me comporte comme il faut ? Est-ce que je parle suffisamment bien ? Est-ce que je suis habillée de manière appropriée ? Finalement, est-ce que j'ai réussi à masquer mon ancien habitus ? Est-ce que j'ai réussi à le masquer ? Et en plus, est-ce que j'ai réussi à le dépasser ? Cette transformation, elle demande au début une grande charge mentale. parce qu'on doit identifier ses angles morts, on doit repérer ses automatismes hérités de son milieu d'origine et les remplacer progressivement par de nouveaux codes. L'habitus étant quelque chose d'acquis et donc d'appris, cela signifie que l'on peut le désapprendre ou du moins parvenir à le mettre de côté pour réapprendre. Changer d'habitus, c'est comme changer de logiciel. D'ailleurs, pour être plus précise, on voulait vraiment prendre une métaphore. parlante, ce n'est pas tant un changement de logiciel, mais une succession de mises à jour. Si on prend la version sur iPhone, désolé pour les utilisateurs d'Android, mais là on en est à iOS 26.1, la dernière version d'iOS, la version actuelle, elle n'a plus rien à voir avec la toute première version qui était sur le tout premier iPhone. Mais c'est bien parce qu'il y a eu une succession de mises à jour qui font que le logiciel se perfectionne sans cesse. Alors, est-ce qu'on peut vraiment changer d'habitude ? Alors, la question se pose parce que, effectivement, certains vous diront chasser le naturel et il revient en galop. Certains sociologues, comme Didier Ribon, dont je vous ai déjà parlé dans cet épisode, estiment que l'on ne se débarrasse jamais totalement de son passé. Les traces de notre socialisation initiale, elles restent présentes en nous et autour de nous. Et on peut se transformer, se recréer selon ces termes, mais jamais totalement effacer ce que l'on a été. Alors je comprends cette position, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Ou plutôt, je suis d'accord, mais je ne suis pas d'accord. Effectivement, on ne peut pas effacer le passé, on ne peut pas recréer un univers parallèle dans lequel on serait né dans un milieu favorisé. Mais je pense aussi qu'il est possible de changer profondément. en étant au contact de nouveaux milieux, en s'immergeant dans de nouveaux environnements, sur le plan social et sur le plan matériel. Mais cela reste un processus progressif, continu, qui est fait de petits pas, de petits gestes, de petites transformations. Et certes, on ne devient jamais totalement autre, mais on peut s'éloigner suffisamment de son point de départ pour se sentir transformé. d'ailleurs à ce sujet pour vous illustrer cela et pour vous illustrer le... Le changement personnel en termes d'habitus, très rapidement, après peut-être quelques mois de scolarité à Sciences Po, j'ai ressenti un décalage très fort avec mes parents au fur et à mesure que je passais du temps dans cette école, au contact des autres élèves, au contact des professeurs, au contact... de toutes les personnes qui pouvaient fréquenter cette institution. Il y a un fossé qui s'est creusé avec mes parents. On n'avait plus les mêmes discussions, on n'avait plus les mêmes centres d'intérêt. Alors déjà que j'en avais pas tant que cela, mais on n'avait pas les mêmes avis, pas les mêmes opinions sur certains sujets. Ça donnait lieu souvent à des interactions conflictuelles. pour le dire de manière très euphémistique. Et c'est une tendance qui s'est poursuivie de mois en mois, et puis d'année en année, de telle sorte qu'aujourd'hui, ça fait dix ans que je ne vis plus chez mes parents, mais j'ai très peu de liens avec mes parents, et le seul lien que je maintiens, il est maintenu de manière artificielle, un peu par... sentiment d'obligation, c'est-à-dire que je leur téléphone une fois de temps en temps pour prendre des nouvelles, mais en soi, le coup de fil ne dure que quelques minutes, et la conversation ne va pas plus loin que « Comment ça va ? Quelles sont les nouvelles depuis la dernière fois ? » « Très bien, à la prochaine. » Mais parce qu'on n'a plus rien à se raconter. C'est comme ça. Le seul lien qu'on a en commun, c'est le lien de filiation, mais on n'est plus culturellement parlant, je n'ai plus rien en commun avec mes parents. Et je réalise à cette occasion que je me suis totalement détachée de mon milieu d'origine, c'est-à-dire que je vous parlais de traverser de la rivière, d'être entre les deux rives de la rivière, et là j'ai le sentiment d'être sur l'autre rive, d'avoir fait ma traversée. Même si on pourrait dire qu'il y a encore des traversées à faire. Mais globalement, hormis le souvenir de mon passé, je n'ai plus de lien avec mon ancien milieu social. Pour illustrer cette transformation, j'aime bien également utiliser la métaphore du bateau de Thésée dont je vous ai parlé dans l'épisode 25, dans lequel je déroule cette leçon de philosophie pour... éclairer le phénomène d'ascension sociale. Et le bateau de Thésée, je le rappelle, c'est dans l'Antiquité grecque, il y a un bateau qui a servi à des exploits militaires et pour célébrer cela, on a décidé de mettre ce bateau en exposition, en cale sèche. Sauf qu'au fil du temps, les planches qui constituent le bateau s'abîment et on décide de les remplacer pour préserver le bateau. Tant et si bien qu'à force de toutes les remplacer, le bateau n'a plus du tout les mêmes planches qu'à l'origine. Et donc cette situation a donné lieu à moult débats parmi les philosophes grecs quant à savoir si le bateau de Thésée était toujours le bateau de Thésée malgré toutes ses réparations et tous ses changements successifs. Et cette question, elle va bien au-delà d'un simple bateau en bois. Elle pose la question de la... continuité de l'identité malgré les changements. Et je pense en l'occurrence que oui, on peut rester la même personne, même en changeant, même en changeant profondément. De la même manière, mon identité, elle s'est construite à travers une série de changements successifs. Ce n'est pas tant l'identité de la personne à un instant T, mais c'est aussi le processus de transformation qui constitue l'identité. Donc pour celles et ceux qui auraient peur de se perdre... de perdre leur identité, leur authenticité. Ils se diraient, mais moi je ne veux pas changer, ou j'ai peur de changer, j'ai peur de ne plus être la même ou le même. Vous resterez toujours la même personne, vous n'allez pas vous transformer, vous n'allez pas perdre votre âme, voilà. Mais il faut accepter de changer. Si vous voulez avoir un autre quotidien, si vous voulez avoir une autre existence, si vous voulez avoir, ne serait-ce que sur le plan matériel, il va falloir changer votre identité. Vous ne pouvez pas vous dire que vous aurez un quotidien différent en restant la même personne. Parce que si vous restez la même personne, vous allez continuer à faire les mêmes choses, vous allez continuer à faire les mêmes actions et vous allez continuer à avoir le même quotidien. Donc si vous voulez avoir cette transformation matérielle dont j'ai parlé dans le premier épisode, il va falloir commencer par transformer votre manière de faire et par ricochet, il va falloir transformer votre manière d'être. Et ça m'amène, c'est une transition parfaite et pas du tout préparée vers mon troisième point sur l'identité personnelle, dans laquelle j'aimerais parler de plusieurs points. Le premier étant la confiance en soi et l'estime de soi. Alors j'ai expliqué dans l'épisode 26 pourquoi vous n'avez pas confiance en vous, que ce sont deux notions bien distinctes. Mais dans tous les cas, l'un des aspects les plus marquants de mon ascension sociale, ça concerne cette question de confiance en soi et d'estime de soi, qui sont des notions. que l'on confond souvent mais qui sont en réalité très différentes. J'ai longtemps cru manquer de confiance en moi alors qu'en réalité c'était mon estime de moi-même qui faisait défaut. Je le rappelle, la confiance en soi c'est la capacité à agir, à oser, à se lancer. C'est la confiance qu'on a dans sa capacité à effectuer des choses, à accomplir des choses. L'estime de soi, à l'inverse, c'est la valeur que l'on s'accorde indépendamment des circonstances. que l'on réussisse ou que l'on soit en situation d'échec, quand on a une bonne estime de soi, on considère toujours qu'on a de la valeur. Et pendant longtemps, mon estime de moi, elle a été très basse, ce qui a contribué à nourrir un certain syndrome de l'imposteur plutôt tenace. Pour vous donner un exemple, après avoir intégré Sciences Po, j'avais tellement le syndrome de l'imposteur, je me sentais tellement illégitime que j'ai longtemps cru, ou je m'étais imaginé ce scénario, que mon admission, elle était due à une erreur administrative qu'on avait inversé mon dossier avec celui d'un autre candidat. Et ce sentiment d'imposture, qui va très loin, parce que là, je me suis montée en tête un scénario improbable, mais ce sentiment d'imposture, en réalité, il était alimenté par une faible estime de moi et par le choc culturel du changement de milieu social. Un autre piège dans lequel je suis tombée, justement euh à cause de cette estime de moi faible, c'était de corréler ma valeur à ma performance. En fait, je compensais mon manque d'estime avec mes performances. C'est-à-dire que quand je réussissais, je me sentais être quelqu'un, mais au moindre échec, mon estime s'effondrait. Et comme j'ai longtemps été une performeuse, que ce soit à l'école où j'étais première de la classe ou dans le sport, Mon estime, elle était artificiellement maintenue à un niveau élevé, mais de façon fragile. Et avec le temps, j'ai compris que la clé, ce n'était pas la confiance en soi, puisque sans le savoir, je l'avais, cette confiance, mais c'était plutôt l'estime de soi. En l'occurrence, j'ai compris que c'était plus important de s'accorder de la valeur indépendamment de ses réussites ou de ses échecs. que de lier son identité à sa performance. Alors, quel est le rapport avec l'ascension sociale ? Eh bien, le fait d'avoir osé faire des choses, tenter des épreuves difficiles, ça m'a permis de vivre des réussites, mais aussi des échecs qui ont occasionné des remises en question importantes. Et c'est à ces moments-là, justement, sur ces moments d'échecs, qui souvent... en tout cas qui dans mon cas m'ont invité à des formes d'introspection très poussées, m'ont permis de faire ce travail, de comprendre que le problème ce n'était pas la confiance mais l'estime, et par conséquent de la renforcer. Mais je pense que ça n'aurait pas été possible si je n'avais pas pris le parti d'essayer de faire des choses un tant soit peu ambitieuses. Alors l'ascension sociale ça a eu un impact profond aussi sur mon identité personnelle. Je l'ai dit, ça m'a permis de développer, j'allais dire, une plus grande confiance en moi, maintenant une plus grande estime, mais surtout une meilleure maîtrise émotionnelle, parce que, justement, j'ai vécu des choses qui n'étaient pas forcément très agréables. J'en ai parlé, le syndrome de l'imposteur, le sentiment d'illégitimité, ainsi que la nécessité de s'adapter en permanence à de nouveaux codes, du fait d'être plongée dans un nouveau milieu. Et ça, la maîtrise émotionnelle, c'est un aspect qui est extrêmement important. La maîtrise émotionnelle, à mon sens, c'est une des compétences les plus sous-estimées dans la vie de manière générale et dans l'ascension sociale. Et la maîtrise émotionnelle, le renforcement émotionnel, ça vient avec le fait d'être confronté à des épreuves. Et il y a beaucoup de gens, à mon sens, beaucoup trop de gens qui ne développent pas cette maîtrise émotionnelle parce qu'ils ne se... confrontent pas parce qu'ils ne se mettent pas en position de vulnérabilité. Le renforcement émotionnel, c'est un peu comme un muscle. Quand vous faites de la musculation, par exemple, votre muscle se construit comment ? Vous allez à la salle de sport, vous soulevez des poids et votre muscle se déchire. Il y a des micros, on ne le voit pas, il y a des micro-déchirures qui se forment. C'est imperceptible, ce n'est pas pathologique, c'est normal, c'est comme ça qu'un muscle se construit. Et ensuite, vous allez rentrer chez vous, vous allez récupérer, vous allez manger, vous allez dormir. Et pendant cette phase de récupération, le muscle doit construire des nouvelles cellules dans ses déchirures, parce qu'il a été mis dans une situation d'adversité. Et bien, pour la maîtrise émotionnelle, c'est la... Même chose, si vous voulez développer cette compétence, il faut vous mettre dans des situations où, émotionnellement, ça risque un peu de vous... Pas de vous chambouler, mais de vous bousculer. Si vous vous mettez dans des situations où vous êtes un peu bousculé, antagonisé, si vous êtes un peu défié sur le terme émotionnel, c'est là que vous allez... Ça va peut-être créer des failles. Et dans ces failles, vous allez pouvoir réfléchir à vos angles morts. Et c'est à ce moment-là que vous allez développer votre résistance émotionnelle. Et plus vous allez vous confronter... Alors évidemment, c'est comme... Je reprends ma métaphore du muscle. Mais il faut y aller progressivement. C'est-à-dire que si vous vous confrontez trop vite, trop fort à une charge émotionnelle trop lourde, vous allez craquer de la même manière qu'un muscle se déchire quand il est soumis à une charge trop forte. Mais le problème, c'est que la plupart des gens n'osent même pas se confronter à la moindre difficulté émotionnelle, de la même manière que la plupart des gens ne font pas l'effort d'aller à la salle de sport pour se muscler. Mais c'est un aspect important de l'ascension sociale parce que c'est ça qui permet, et plus vous allez vous confronter, plus vous allez développer cette résistance émotionnelle et plus vous allez pouvoir faire face à des défis plus grands. Ça a des effets exponentiels, cette résistance, cette maîtrise émotionnelle. Parce que l'ascension sociale, ça suscite des émotions contrastées. Ce n'est pas que tout beau, tout rose. Il y a bien sûr la fierté d'avoir réussi, d'avoir accompli des choses, d'avoir coché des cases, mais il y a aussi une forme de... Parfois, il y a une forme de nostalgie, de perte. Et pas, on pourrait croire, de nostalgie vis-à-vis de son passé, mais... En tout cas, moi, ce n'est pas du tout le cas, vous l'aurez compris. Moi, c'est plutôt une nostalgie, une perte, une fois que j'ai atteint un objectif. Parce que ce qui m'anime, ce n'est pas tant d'atteindre le sommet, ce n'est pas tant d'accomplir des objectifs, mais c'est plutôt le fait de progresser, d'être en chemin. J'ai réalisé que j'ai besoin toujours d'avoir un objectif, d'avoir une quête, pour me sentir accomplie. Et une fois que j'ai atteint mon objectif, il faut que j'en trouve un autre, sinon je m'ennuie. Je vais prendre une métaphore pour que vous compreniez, mais c'est les alpinistes qui font des ascensions de montagne, pour le coup. Beaucoup vous diront que ce n'est pas tant le fait d'avoir atteint le sommet qui leur procure de la satisfaction, mais c'est plutôt la montée. C'est l'effort en lui-même. Et c'est exactement comme ça que je raisonne, c'est-à-dire que pour moi, ce qui compte, c'est... C'est l'effort, c'est la progression, c'est le voyage bien plus que la destination en elle-même. Forcément, on a toujours un sentiment de satisfaction quand on a accompli quelque chose. On a toujours un sentiment de fierté, ça procure des émotions positives. Mais ce ne sont pas des sensations qui sont durables. C'est très dur à expliquer, bien évidemment qu'on fait des choses pour les réussir, mais si on ne prend pas plaisir dans la quête si on ne prend pas plaisir dans l'ascension, dans l'effort, finalement, c'est presque impossible de réussir. D'ailleurs, c'est un conseil pour vous, si vous voulez réussir socialement, si vous voulez faire une ascension sociale, je vous invite à prendre plaisir à l'effort que vous faites, à aimer ce processus de montée, ce processus de progression et à aimer, à apprécier à apprécier les efforts qui vont vous mener vers votre objectif. Parce que sans ça, si ce n'est que de la souffrance, ce serait impossible, à moins d'être un masochiste ou un moine soldat. Mais si vous voulez réussir, je pense que la clé, elle est là, c'est de prendre plaisir à ce que vous faites en chemin, à avoir ce goût de l'effort. Et donc, si je devais synthétiser tout ce que j'ai dit, et ce sera ma conclusion pour cet épisode, pour ce long épisode, encore une fois, Le premier, ce serait privilégier la qualité des relations. Privilégier la qualité à la quantité. Dans votre réseau, dans la construction du réseau, engagez-vous dans des activités qui vous passionnent, investissez-vous-y sincèrement et laissez les relations se tisser naturellement. C'est de cette manière que vous construirez un réseau solide, authentique et porteur de sens pour vous. Le deuxième enseignement, c'est... d'accepter la transformation continue. Changer d'habitus, d'identité, de réseau, c'est un processus continu qui est fait de petits pas, de remise en question, d'ajustement successif. Et il ne s'agit pas de renier votre passé, mais plutôt de l'in... intégrer et de vous en servir comme tremplin pour aller plus loin. La transformation, elle n'est jamais totale, mais elle peut être suffisamment profonde pour vous ouvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. Et enfin, l'un des enseignements majeurs que je veux vous transmettre, c'est que l'accomplissement, l'ascension sociale, elle ne réside pas tant dans l'atteinte d'un objectif mais dans le chemin parcouru et que c'est C'est essentiel de trouver du plaisir dans l'effort, dans la progression, dans la difficulté. Et c'est cette dynamique qui va vous permettre de surmonter les obstacles, de persévérer et de vous transformer en profondeur. Au final, l'ascension sociale, c'est un chemin complexe qui est fait de transformations matérielles, psychologiques, identitaires et relationnelles. Cela demande du courage, de la persévérance et une capacité à se remettre en question en permanence. mais cela vous offre aussi la possibilité de vous réinventer, de vous accomplir et de construire une vie à la hauteur de vos aspirations. J'espère que ce partage d'expérience vous aura inspiré. Vous l'avez vu, on est allé cette fois dans des considérations beaucoup plus profondes, psychologiques, identitaires. Et j'espère que toutes ces réflexions vous donneront des pistes pour avancer sur votre propre chemin intérieur. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous aimez ce type de réflexion, c'est typiquement ce que je partage dans ma newsletter. Vous pourrez vous y inscrire à travers le lien que je vous mettrai dans la description. Et si cet épisode vous a plu ou vous a inspiré, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. merci à celles et ceux qui ont pris le temps et la peine de le faire et merci par avance à tous ceux qui le feront et quant à moi il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:40

  • 1. La construction de mon réseau

    03:36

  • 2. L’évolution de l’habitus de classe

    15:37

  • 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

    29:33

  • Conclusion

    39:12

Description

Découvrez les coulisses invisibles de l’ascension sociale : comment le réseau, l’habitus de classe et l’identité personnelle se transforment lorsque l’on change de milieu.


Dans cet épisode intime et analytique, je partage des clés profondes — relationnelles, psychologiques, identitaires — issues de mon propre parcours, pour vous aider à comprendre les mécanismes réels de la réussite sociale, de l’ambition assumée et de la progression personnelle.

Vous y trouverez des éléments de réflexion que vous pourrez appliquer à votre propre trajectoire, que vous cherchiez à développer votre leadership, renforcer votre confiance en soi, construire un réseau influent ou dépasser vos croyances limitantes.


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Liens cités dans l’épisode :
Épisode 31 - Comment ma vie a changé après mon ascension sociale

Épisode 25 - 7 leçons de philosophie pour éclairer votre ascension sociale (Partie 2)

Épisode 23 - Comment construire son réseau en partant de zéro en 2025

Épisode 3 - Comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité

Épisode 15 - Intelligence relationnel : la clé méconnue pour créer des connexions fluides

Épisode 1 - Élégance et Ambition : un podcast pour comprendre les clés de la réussite sociale

Épisode 26 - Pourquoi vous n’avez pas confiance en vous (6 raisons et comment les dépasser)


Chapitres :
00:00 - Générique

00:39 - Introduction

03:37 - 1. La construction de mon réseau

15:35 - 2. L’évolution de l'habitus de classe

29:33 - 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

39:11 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :
ambition authentique, construire son réseau, stratégie de réussite, estime de soi, syndrome de l’imposteur, choc culturel, relations sociales, relations influentes, réseau puissant, clés de la réussite, excellence, image personnelle, oser assumer son ambition, réussite authentique, intelligence relationnelle, audace et ambition, succès, développement personnel, discipline et motivation.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans « Élégance et ambition » . Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement, et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'élégance et ambition. Toutes mes excuses pour l'absence d'épisode la semaine dernière. J'ai eu la bonne ou la mauvaise idée de vouloir enregistrer mon épisode le dimanche pour le lundi et il se trouve que j'ai eu un contre-temps qui m'a empêché d'enregistrer l'épisode. Donc l'épisode du lundi 1er décembre est passé à la trappe. Donc pour tous les fidèles auditeurs et auditrices du podcast qui m'écoutaient de semaine en semaine, encore toutes mes plus. plate d'excuses. Et puis, pour ceux qui m'écoutent depuis le futur, c'est transparent pour vous, puisque peut-être que vous n'aurez pas vu cette absence d'épisodes si vous les écoutez les uns à la suite des autres, après m'avoir découvert par la suite. Ce mea culpa étant fait, je vous propose aujourd'hui un épisode qui constitue un prolongement de ma réflexion, de mon partage de, j'allais dire, de la semaine dernière, mais non, du précédent épisode. sur l'ascension sociale et ses effets sur la vie personnelle. Et dans ce nouvel épisode, alors je ne sais pas encore comment je vais l'intituler, est-ce que ce sera une partie 2 ou est-ce que ce sera un épisode à part entière, mais j'aimerais prolonger cette réflexion à travers le prisme du réseau, de l'habitus de classe et de l'identité. Dans la première partie, dans le précédent épisode, j'avais surtout abordé les aspects matériels de l'ascension sociale. Et si vous m'écoutez depuis un certain temps, vous savez peut-être que je suis matérialiste, alors non pas matérialiste selon l'acception vulgaire, c'est-à-dire superficielle, mais matérialiste philosophiquement parlant, c'est-à-dire que je pense que l'être humain est défini par les conditions matérielles de son existence. Je parle plus en détail de ce courant philosophique dans l'épisode 24 ou 25, que je ne sais plus parce que... Il y a deux épisodes sur les leçons sur la philosophie, puisque l'épisode est en deux parties, comme celui-ci. Mais dans tous les cas, les aspects matériels sont prépondérants dans l'existence de tout à chacun, et c'est naturellement que j'ai développé tout un épisode sur ces aspects-là. Dans tous les cas, si vous n'avez pas écouté la première partie, pas de panique, cet épisode-ci peut tout à fait s'écouter indépendamment, même s'il s'inscrit dans la continuité du précédent. Et donc aujourd'hui, j'aimerais aller plus loin en explorant les dimensions psychologiques, identitaires et bien sûr la question du réseau personnel, que j'avais déjà commencé à aborder dans l'épisode précédent. Au programme de cet épisode, on va aborder trois aspects essentiels de l'ascension sociale qui touchent cette fois davantage à l'identité sociale et personnelle. à la psychologie et dans tous les cas on va aller plus loin que dans certains aspects matériels et j'espère avec cet épisode vous donner un peu plus de clés sur ce qui change en termes d'état d'esprit, ce qui change profondément intérieurement quand on change de classe sociale. Premier sujet donc, le réseau. Quand on parle de réseau, on imagine souvent une démarche très stratégique, presque calculée, où on cherche à rencontrer des personnes influentes pour avancer dans sa carrière ou sa vie sociale. Pourtant, dans mon cas, la construction de mon réseau s'est faite de manière plutôt organique, disons, presque involontaire. Je n'ai jamais cherché à développer mon réseau pour le réseau en lui-même. Alors je sais que je vous ai enregistré des épisodes sur comment construire son réseau en partant de zéro. C'était l'épisode 23, ainsi que l'épisode 3, comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité. Alors d'une part parce que c'était une demande récurrente de la part de plusieurs d'entre vous, mais également parce que c'est la méthode que j'ai utilisée un peu de manière inconsciente. C'est-à-dire que j'ai rassemblé toutes les choses que j'ai pu faire pour développer mon réseau sans que ce soit vraiment conscient, sans avoir conscientisé le fait que ça pouvait être une stratégie. Mais il y a une autre manière. par laquelle j'ai développé mon réseau qui n'était pas du tout méthodique et que je n'ai pas pu vous transmettre jusque-là parce que je n'en avais pas fait une stratégie et que c'est presque une anti-stratégie. En réalité, à chaque fois que j'ai élargi mon cercle de connaissances, C'était avant tout par intérêt pour une activité, pour une passion ou pour un engagement. J'étais beaucoup plus intéressée à l'idée de faire quelque chose plutôt qu'à l'idée de rencontrer des gens en soi. Par exemple, il y a deux ou trois ans, j'ai commencé à faire du bénévolat pour une association caritative, notamment dans le domaine du secourisme. Ça m'a permis de rencontrer plein de personnes de tous milieux sociaux. Et ça m'a permis mécaniquement d'élargir mon réseau. Et ce choix, il n'était pas motivé par l'idée de rencontrer du monde. Alors, il y avait des personnes parmi celles que j'ai rencontrées qui faisaient du bénévolat pour rencontrer du monde. Mais ce n'était pas tant dans l'idée de faire du réseau, c'était plus par intérêt authentique, on va dire, de nouer des nouvelles relations. Par intérêt authentique pour socialiser. Mais en ce qui me concerne, ce n'était pas du tout dans cette optique que je me suis engagée. c'était plus par euh en fait c'était une expérience personnelle qui a été marquante pour moi j'ai été témoin d'un quelqu'un qui a été en arrêt cardiaque et ça m'a poussé à vouloir devenir secouriste et donc j'ai adhéré à cette association je me suis formée au secourisme j'ai commencé à prendre des gardes des missions de secourisme et c'est en m'engageant dans cette activité en prenant des missions en changeant d'équipage à chaque mission que naturellement j'ai rencontré des nouvelles personnes et que mon réseau s'est élargi ensuite tout. Toujours pour continuer sur la construction du réseau, la manière dont j'aborde les choses, c'est que je préfère largement la qualité des relations à la quantité. Je ne ressens pas le besoin d'avoir un réseau tentaculaire. Pour moi, quelques relations solides, authentiques me suffisent largement. D'ailleurs, je ne suis pas particulièrement à l'aise dans les interactions multiples, ni dans les relations superficielles ou celles dans des grands groupes. et je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. D'ailleurs, c'est drôle, je repense à une scène qui s'est déroulée il y a peu. J'étais à un événement réseau récemment et j'ai enchaîné deux discussions avec des personnes et chacune de ces personnes m'a donné sa carte de visite. Et donc, on alternait des moments de réseautage et des conférences dans une grande salle et en revenant dans la grande salle avec... les cartes de visite en main, j'ai quelqu'un qui m'a dit « Ah bah ça y est, ça commence les collections de cartes de visite ! » Alors que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement. Moi, j'ai discuté avec ces personnes, j'ai cherché à savoir si on avait des intérêts mutuels et il se trouve que c'était le cas et que ces personnes m'ont donné leurs cartes. Mais je n'en fais pas un jeu ni un objectif de collectionner les cartes. Tout ça pour vous dire que je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. Comme je vous le disais, mon réseau s'est construit autour d'activités qui me passionnaient, donc le secourisme, mais aussi le théâtre, mes études à Sciences Po, ou encore des groupes d'intérêt. Par exemple, pendant une année, j'ai adhéré à l'association Jeunes IHEDN. Alors pour le coup, c'est une association dont tout le monde sait qu'elle existe pour le réseau. Mais pour le coup, quand j'ai adhéré, c'était plus pour le fait d'échanger autour de sujets axés défense et sécurité nationale. Et ce qui est intéressant, c'est que ce désintérêt pour les relations humaines en tant que telles, ça a paradoxalement rendu mes relations plus naturelles, plus sincères. Et par conséquent, les liens se sont tissés plus facilement autour d'intérêts communs, d'expériences partagées et pas autour d'un calcul social. Et je pense que ça s'est fait parce que quand on n'est justement pas intéressé par le réseau en tant que tel, ça enlève la pression sur la relation sociale. Et ça permet d'être plus authentique, d'être plus soi-même et d'avoir cette idée d'authenticité et de sincérité dans la relation. Alors il y a quand même un point qui m'a aidée. grandement pour le réseau, c'est le fait que j'ai fait mes études à Sciences Po. Intégrer une grande école, c'est indéniable. Ça m'a beaucoup aidée pour un certain nombre de choses, parce que dès lors que vous intégrez une grande école, c'est comme si vous étiez frappé d'un sceau, donc un sceau S-C-E-A-U, et en l'occurrence celui de l'élite, parce que dans l'imaginaire collectif... certains noms d'écoles sont marqués de certaines représentations. Et cela a eu un impact considérable sur mon réseau. Alors, sur le moment, et quand je dis sur le moment, c'était quand j'étais étudiante à Sciences Po. Ça ne m'a pas forcément aidée et je ne comprenais pas pourquoi le fait d'avoir fait une grande école ne me permettait pas de trouver, de m'insérer professionnellement parlant. Et j'ai trouvé la réponse, d'ailleurs, en lisant le livre de Didier Eribon-Rotio. retour à Reims et il dit alors je vais retrouver le passage On voit bien ici que la valeur des diplômes est étroitement liée à la position sociale. Et il ajoute un peu plus loin, un tel diplôme, en parlant d'un DEA, qui est l'ancienne appellation d'un master, il dit « Un tel diplôme ne revêt pas la même valeur et n'offre pas les mêmes possibilités selon le capital social dont on dispose et selon le volume d'informations nécessaires aux stratégies de reconversion du titre en un débouché professionnel. » Fin de citation. Et effectivement, les diplômes universitaires, ça ne vaut rien. Je le dis et je le redis. Tant que vous n'avez pas le capital social qui va avec, et force est de constater que la logique s'étend aux grandes écoles, même si pour les grandes écoles, il y a encore ce capital symbolique qui entoure le nom de l'école et qui permet un peu de s'affranchir de ce piège-là. En tout cas, ce que je voulais dire, c'est que mon diplôme de Sciences Po, il prend de la valeur à mesure que je développe mon réseau en parallèle. Et ce, plus de dix ans après avoir terminé ma scolarité. En fait, les effets deviennent vraiment tangibles qu'à partir du moment où j'ai fait ma propre expérience professionnelle et j'ai constitué mon propre capital de mon côté. Et quand je vous dis que le fait d'avoir fait une grande école, ça a eu un impact considérable sur mon réseau, mais bien plus tard, c'est que dix ans après... Il m'arrive de rencontrer des personnes de ma propre promotion, que je n'avais jamais croisées, que je n'avais jamais rencontrées à l'époque quand j'étais dans les murs de l'école, et avec qui il existe une forme de connivence, en tout cas avec qui il se forme une sorte de connivence immédiate, une facilité à rentrer en contact, à échanger. Quand bien même on ne s'était jamais rencontrés auparavant, on a partagé une expérience commune, des lieux, des souvenirs. des références et c'est d'autant plus drôle qu'au final on ne s'était jamais rencontrés ou du moins je pense qu'on s'était croisés sans se voir. Et ce phénomène de connivence n'est pas propre à Sciences Po, il se retrouve dans toutes les grandes écoles, c'est-à-dire entre élèves de grandes écoles entre eux, au sein de chaque école, mais aussi de manière plus large entre anciens de grandes écoles tout court. Qu'il s'agisse de Polytechnique, HEC, l'ENS, les mines. D'ailleurs, il y a un esprit de corps très fort entre les anciens élèves de grandes écoles. Celui où cet esprit de corps, il est le plus fort, c'est Polytechnique. Il faut savoir que les anciens de Polytechnique se tutoient tous. Et ce, quel que soit leur âge. C'est-à-dire qu'un jeune de 23-24 ans qui sort de Polytechnique, s'il croise Bernard Arnault ou Patrick Pouyanné, le PDG de Total, ils vont se tutoyer réciproquement. Bon, ça ne marche qu'entre polytechniciens. Mais le simple fait d'avoir ce diplôme, en tout cas, ça crée une reconnaissance implicite, une appartenance à un groupe, et ça facilite les relations, et ça ouvre certaines portes. Si je devais résumer la méthode que j'ai utilisée, même si je n'aime pas ce terme, parce que je n'ai pas utilisé de méthode, mais si je devais résumer ce que j'ai fait... Sans trop me rendre compte pour développer mon réseau, ce serait le processus suivant, à savoir rejoindre des groupes, des associations, des institutions, non pas pour le réseau, mais pour l'activité en elle-même. C'est en suivant mes intérêts, en m'investissant dans des projets qui me tenaient à cœur que j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai tissé des liens durables. Et encore aujourd'hui, et à l'avenir, je resterai fidèle à ce mode de fonctionnement. En ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'un réseau excessivement développé. Je privilégie la profondeur des relations à leur nombre et c'est en m'engageant sincèrement dans des activités qui me passionnent que j'ai construit sans le vouloir un réseau solide et authentique. Pour le dire autrement, le développement de mon réseau a été une conséquence et non pas une cause de mon ascension sociale. Le développement de mon réseau a... accompagné, a suivi mon ascension sociale mais pas l'inverse. Je sais qu'il y a des personnes pour qui, effectivement, c'est le processus inverse, c'est-à-dire qu'elles appuient leur progression sociale sur la construction de leur réseau. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire, ça dépend vraiment de votre personnalité. C'est-à-dire que si... Si vous êtes plutôt du type social, sociable, extraverti, taux des profils, si on s'en réfère à la matrice disque, des profils vert ou jaune, effectivement le réseau est un bon préalable à votre ascension sociale, mais si vous êtes plutôt un profil analytique, comme le mien, ce sera plutôt une conséquence. Si vous ne savez pas à quoi je fais référence avec mes couleurs, je vous invite à écouter l'épisode 15. intelligence relationnelle, la clé méconnue pour créer des connexions fluides dans lesquelles je parle de ces différentes personnalités. Sans transition, passons maintenant à la deuxième partie sur l'habitus de classe. Alors, l'habitus de classe, qu'est-ce que c'est ? C'est un concept sociologique qui désigne l'ensemble des dispositions, des manières de penser, d'agir, de se comporter, de se tenir, de s'exprimer qui sont acquises au sein d'un milieu social donné. Ces habitudes, ces réflexes, ils sont tellement ancrés qu'on ne les remet pas en question ou rarement. Et l'habitus de classe, comme son nom l'indique, il est propre à chaque classe sociale. C'est-à-dire que vous n'aurez pas la même manière de penser, d'agir, de vous comporter en fonction de votre classe sociale d'origine et de la manière dont vous avez appris, dont vous avez acquis cet habitus. Pourtant, quand on change de milieu social, il devient nécessaire de... transformer son habitus pour s'adapter à de nouveaux codes, à de nouvelles attentes. Et pour moi, la transformation de l'habitus de classe, elle s'est faite en plusieurs étapes, à travers notamment des moments clés de mon parcours. Pour commencer, il y a eu mon milieu social d'origine et l'habitus qui en découlait, justement, qui a été un moteur puissant. Dans ce milieu social, je ressentais une forme de honte, d'injustice et surtout une volonté profonde de ne pas reproduire le schéma familial. C'est une sorte de rejet de l'habitus, de mon habitus d'origine qui m'a poussée en quelque sorte à entamer une ascension sociale. Par exemple, mes parents occupaient professionnellement en parlant des positions d'exécutant mais moi je savais instinctivement que je ne voulais pas faire ça, que je voulais autre chose. Je ne savais pas Quoi exactement ? En réalité, j'avais mille idées, mais la constante, c'était plutôt l'autonomie, la liberté, le leadership. Ensuite, le deuxième moment marquant, ça a été l'entrée à Sciences Po, qui a été un choc culturel. J'en ai parlé dans le tout premier épisode du podcast. J'ai été confrontée à un environnement, déjà l'environnement parisien de Saint-Germain-des-Prés, qui est un milieu social... très différent de celui où j'avais grandi quand bien même j'avais grandi en banlieue parisienne et que j'étais à peine à une heure de Paris en transport, ça m'était j'avais l'impression d'être téléportée dans un autre monde et puis les personnes qui composent ce milieu qui étaient très différentes de ce que j'étais avec leurs codes, leurs références leurs habitudes qui m'étaient totalement étrangères et ce passage à Sciences Po, il a profondément transformé mon capital culturel et mon capital social j'en ai parlé sur le... de la partie sur le réseau. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à intégrer progressivement, sans m'en rendre compte mais par immersion, les codes de ce nouveau milieu, quand bien même il m'était totalement étranger. Et le troisième moment clé, le troisième moment charnière, c'est l'armée, puisque j'ai été officier de l'armée de l'air et de l'espace pendant neuf ans. Et là encore, comme pour les grandes écoles, il y a beaucoup de représentations dans l'imaginaire collectif sur ce que représente, sur ce que signifie être militaire. Mais pour moi, l'essentiel, ce n'était pas tant dans la spécialité ou le prestige que dans le sens des responsabilités que cela m'a apporté. L'armée, ça m'a permis précisément de passer de cette posture d'exécutante que je vous décrivais à celle de leader. Quand vous êtes... officier dans l'armée, très tôt, dès les premiers mois, les premières semaines, voire même les premiers jours d'école, on y apprend très tôt à donner des ordres, encadrer, organiser, prendre des décisions. Et cette bascule mentale, ça paraît très simple, comme ça, de dire, on apprend à donner des ordres, mais non, ça va beaucoup plus loin que juste jouer au petit chef. Et cette bascule mentale, elle est difficile à opérer quand on vient dans le milieu où on a Pas de modèle de leadership autour de soi. C'est-à-dire que les enfants issus de classes favorisées, ils ont l'habitude de voir leurs parents en position de donneurs d'ordre, ne serait-ce qu'à la maison. Quand on voit ses parents employer quelqu'un, donner des ordres à une employée de maison, souvent c'est à une femme. de ménage, et bien les enfants qui voient ça, ils arrivent dans la vie et à l'âge adulte avec une certaine perception de leur position sociale, et ils se placent beaucoup plus naturellement dans une position de décideur versus les enfants dont les parents sont justement ces femmes de ménage, ces ouvriers, tous ces exécutants et qui ont tendance à reproduire les comportements et les positions professionnelles de leurs parents. Et donc l'avantage de l'armée, c'est que ça remet tout. et tout le monde à plat, c'est-à-dire que peu importe votre origine sociale, tout le monde est remis au même niveau. D'ailleurs, on donne à tout le monde le même uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Et ça permet à des enfants aussi bien de milieux favorisés que de milieux modestes d'acquérir ces réflexes propres au leadership. Dans l'armée, cette transformation, elle passe aussi par le corps, par la discipline, par la posture, par la synchronisation des mouvements. tout cela, ça façonne une... un nouvel habitus, finalement, puisque, je le rappelle, l'habitus, c'est les manières d'agir, de se tenir, et le fait que la transformation passe par cette posture, par le corps, par le fait d'incarner, le terme incarner, c'est l'origine étymologique, d'incarner, c'est la chair, et bien tout cela concorde à enraciner beaucoup plus profondément et beaucoup plus durablement cette nouvelle identité et ce nouvel habitus. Alors changer d'habitus de classe, c'est un processus qui est long, qui est complexe et qui est souvent inconfortable. Ça demande de se remettre en question, de remettre en question ses réflexes, ses manières de penser, d'agir. En tout cas, beaucoup de choses qui semblent naturelles ou qui semblaient naturelles. Et on se retrouve à s'interroger en permanence. Quand on change d'habitus, quand on passe d'une rive à l'autre de la rivière, on se retrouve à s'interroger en permanence. Est-ce que je me comporte comme il faut ? Est-ce que je parle suffisamment bien ? Est-ce que je suis habillée de manière appropriée ? Finalement, est-ce que j'ai réussi à masquer mon ancien habitus ? Est-ce que j'ai réussi à le masquer ? Et en plus, est-ce que j'ai réussi à le dépasser ? Cette transformation, elle demande au début une grande charge mentale. parce qu'on doit identifier ses angles morts, on doit repérer ses automatismes hérités de son milieu d'origine et les remplacer progressivement par de nouveaux codes. L'habitus étant quelque chose d'acquis et donc d'appris, cela signifie que l'on peut le désapprendre ou du moins parvenir à le mettre de côté pour réapprendre. Changer d'habitus, c'est comme changer de logiciel. D'ailleurs, pour être plus précise, on voulait vraiment prendre une métaphore. parlante, ce n'est pas tant un changement de logiciel, mais une succession de mises à jour. Si on prend la version sur iPhone, désolé pour les utilisateurs d'Android, mais là on en est à iOS 26.1, la dernière version d'iOS, la version actuelle, elle n'a plus rien à voir avec la toute première version qui était sur le tout premier iPhone. Mais c'est bien parce qu'il y a eu une succession de mises à jour qui font que le logiciel se perfectionne sans cesse. Alors, est-ce qu'on peut vraiment changer d'habitude ? Alors, la question se pose parce que, effectivement, certains vous diront chasser le naturel et il revient en galop. Certains sociologues, comme Didier Ribon, dont je vous ai déjà parlé dans cet épisode, estiment que l'on ne se débarrasse jamais totalement de son passé. Les traces de notre socialisation initiale, elles restent présentes en nous et autour de nous. Et on peut se transformer, se recréer selon ces termes, mais jamais totalement effacer ce que l'on a été. Alors je comprends cette position, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Ou plutôt, je suis d'accord, mais je ne suis pas d'accord. Effectivement, on ne peut pas effacer le passé, on ne peut pas recréer un univers parallèle dans lequel on serait né dans un milieu favorisé. Mais je pense aussi qu'il est possible de changer profondément. en étant au contact de nouveaux milieux, en s'immergeant dans de nouveaux environnements, sur le plan social et sur le plan matériel. Mais cela reste un processus progressif, continu, qui est fait de petits pas, de petits gestes, de petites transformations. Et certes, on ne devient jamais totalement autre, mais on peut s'éloigner suffisamment de son point de départ pour se sentir transformé. d'ailleurs à ce sujet pour vous illustrer cela et pour vous illustrer le... Le changement personnel en termes d'habitus, très rapidement, après peut-être quelques mois de scolarité à Sciences Po, j'ai ressenti un décalage très fort avec mes parents au fur et à mesure que je passais du temps dans cette école, au contact des autres élèves, au contact des professeurs, au contact... de toutes les personnes qui pouvaient fréquenter cette institution. Il y a un fossé qui s'est creusé avec mes parents. On n'avait plus les mêmes discussions, on n'avait plus les mêmes centres d'intérêt. Alors déjà que j'en avais pas tant que cela, mais on n'avait pas les mêmes avis, pas les mêmes opinions sur certains sujets. Ça donnait lieu souvent à des interactions conflictuelles. pour le dire de manière très euphémistique. Et c'est une tendance qui s'est poursuivie de mois en mois, et puis d'année en année, de telle sorte qu'aujourd'hui, ça fait dix ans que je ne vis plus chez mes parents, mais j'ai très peu de liens avec mes parents, et le seul lien que je maintiens, il est maintenu de manière artificielle, un peu par... sentiment d'obligation, c'est-à-dire que je leur téléphone une fois de temps en temps pour prendre des nouvelles, mais en soi, le coup de fil ne dure que quelques minutes, et la conversation ne va pas plus loin que « Comment ça va ? Quelles sont les nouvelles depuis la dernière fois ? » « Très bien, à la prochaine. » Mais parce qu'on n'a plus rien à se raconter. C'est comme ça. Le seul lien qu'on a en commun, c'est le lien de filiation, mais on n'est plus culturellement parlant, je n'ai plus rien en commun avec mes parents. Et je réalise à cette occasion que je me suis totalement détachée de mon milieu d'origine, c'est-à-dire que je vous parlais de traverser de la rivière, d'être entre les deux rives de la rivière, et là j'ai le sentiment d'être sur l'autre rive, d'avoir fait ma traversée. Même si on pourrait dire qu'il y a encore des traversées à faire. Mais globalement, hormis le souvenir de mon passé, je n'ai plus de lien avec mon ancien milieu social. Pour illustrer cette transformation, j'aime bien également utiliser la métaphore du bateau de Thésée dont je vous ai parlé dans l'épisode 25, dans lequel je déroule cette leçon de philosophie pour... éclairer le phénomène d'ascension sociale. Et le bateau de Thésée, je le rappelle, c'est dans l'Antiquité grecque, il y a un bateau qui a servi à des exploits militaires et pour célébrer cela, on a décidé de mettre ce bateau en exposition, en cale sèche. Sauf qu'au fil du temps, les planches qui constituent le bateau s'abîment et on décide de les remplacer pour préserver le bateau. Tant et si bien qu'à force de toutes les remplacer, le bateau n'a plus du tout les mêmes planches qu'à l'origine. Et donc cette situation a donné lieu à moult débats parmi les philosophes grecs quant à savoir si le bateau de Thésée était toujours le bateau de Thésée malgré toutes ses réparations et tous ses changements successifs. Et cette question, elle va bien au-delà d'un simple bateau en bois. Elle pose la question de la... continuité de l'identité malgré les changements. Et je pense en l'occurrence que oui, on peut rester la même personne, même en changeant, même en changeant profondément. De la même manière, mon identité, elle s'est construite à travers une série de changements successifs. Ce n'est pas tant l'identité de la personne à un instant T, mais c'est aussi le processus de transformation qui constitue l'identité. Donc pour celles et ceux qui auraient peur de se perdre... de perdre leur identité, leur authenticité. Ils se diraient, mais moi je ne veux pas changer, ou j'ai peur de changer, j'ai peur de ne plus être la même ou le même. Vous resterez toujours la même personne, vous n'allez pas vous transformer, vous n'allez pas perdre votre âme, voilà. Mais il faut accepter de changer. Si vous voulez avoir un autre quotidien, si vous voulez avoir une autre existence, si vous voulez avoir, ne serait-ce que sur le plan matériel, il va falloir changer votre identité. Vous ne pouvez pas vous dire que vous aurez un quotidien différent en restant la même personne. Parce que si vous restez la même personne, vous allez continuer à faire les mêmes choses, vous allez continuer à faire les mêmes actions et vous allez continuer à avoir le même quotidien. Donc si vous voulez avoir cette transformation matérielle dont j'ai parlé dans le premier épisode, il va falloir commencer par transformer votre manière de faire et par ricochet, il va falloir transformer votre manière d'être. Et ça m'amène, c'est une transition parfaite et pas du tout préparée vers mon troisième point sur l'identité personnelle, dans laquelle j'aimerais parler de plusieurs points. Le premier étant la confiance en soi et l'estime de soi. Alors j'ai expliqué dans l'épisode 26 pourquoi vous n'avez pas confiance en vous, que ce sont deux notions bien distinctes. Mais dans tous les cas, l'un des aspects les plus marquants de mon ascension sociale, ça concerne cette question de confiance en soi et d'estime de soi, qui sont des notions. que l'on confond souvent mais qui sont en réalité très différentes. J'ai longtemps cru manquer de confiance en moi alors qu'en réalité c'était mon estime de moi-même qui faisait défaut. Je le rappelle, la confiance en soi c'est la capacité à agir, à oser, à se lancer. C'est la confiance qu'on a dans sa capacité à effectuer des choses, à accomplir des choses. L'estime de soi, à l'inverse, c'est la valeur que l'on s'accorde indépendamment des circonstances. que l'on réussisse ou que l'on soit en situation d'échec, quand on a une bonne estime de soi, on considère toujours qu'on a de la valeur. Et pendant longtemps, mon estime de moi, elle a été très basse, ce qui a contribué à nourrir un certain syndrome de l'imposteur plutôt tenace. Pour vous donner un exemple, après avoir intégré Sciences Po, j'avais tellement le syndrome de l'imposteur, je me sentais tellement illégitime que j'ai longtemps cru, ou je m'étais imaginé ce scénario, que mon admission, elle était due à une erreur administrative qu'on avait inversé mon dossier avec celui d'un autre candidat. Et ce sentiment d'imposture, qui va très loin, parce que là, je me suis montée en tête un scénario improbable, mais ce sentiment d'imposture, en réalité, il était alimenté par une faible estime de moi et par le choc culturel du changement de milieu social. Un autre piège dans lequel je suis tombée, justement euh à cause de cette estime de moi faible, c'était de corréler ma valeur à ma performance. En fait, je compensais mon manque d'estime avec mes performances. C'est-à-dire que quand je réussissais, je me sentais être quelqu'un, mais au moindre échec, mon estime s'effondrait. Et comme j'ai longtemps été une performeuse, que ce soit à l'école où j'étais première de la classe ou dans le sport, Mon estime, elle était artificiellement maintenue à un niveau élevé, mais de façon fragile. Et avec le temps, j'ai compris que la clé, ce n'était pas la confiance en soi, puisque sans le savoir, je l'avais, cette confiance, mais c'était plutôt l'estime de soi. En l'occurrence, j'ai compris que c'était plus important de s'accorder de la valeur indépendamment de ses réussites ou de ses échecs. que de lier son identité à sa performance. Alors, quel est le rapport avec l'ascension sociale ? Eh bien, le fait d'avoir osé faire des choses, tenter des épreuves difficiles, ça m'a permis de vivre des réussites, mais aussi des échecs qui ont occasionné des remises en question importantes. Et c'est à ces moments-là, justement, sur ces moments d'échecs, qui souvent... en tout cas qui dans mon cas m'ont invité à des formes d'introspection très poussées, m'ont permis de faire ce travail, de comprendre que le problème ce n'était pas la confiance mais l'estime, et par conséquent de la renforcer. Mais je pense que ça n'aurait pas été possible si je n'avais pas pris le parti d'essayer de faire des choses un tant soit peu ambitieuses. Alors l'ascension sociale ça a eu un impact profond aussi sur mon identité personnelle. Je l'ai dit, ça m'a permis de développer, j'allais dire, une plus grande confiance en moi, maintenant une plus grande estime, mais surtout une meilleure maîtrise émotionnelle, parce que, justement, j'ai vécu des choses qui n'étaient pas forcément très agréables. J'en ai parlé, le syndrome de l'imposteur, le sentiment d'illégitimité, ainsi que la nécessité de s'adapter en permanence à de nouveaux codes, du fait d'être plongée dans un nouveau milieu. Et ça, la maîtrise émotionnelle, c'est un aspect qui est extrêmement important. La maîtrise émotionnelle, à mon sens, c'est une des compétences les plus sous-estimées dans la vie de manière générale et dans l'ascension sociale. Et la maîtrise émotionnelle, le renforcement émotionnel, ça vient avec le fait d'être confronté à des épreuves. Et il y a beaucoup de gens, à mon sens, beaucoup trop de gens qui ne développent pas cette maîtrise émotionnelle parce qu'ils ne se... confrontent pas parce qu'ils ne se mettent pas en position de vulnérabilité. Le renforcement émotionnel, c'est un peu comme un muscle. Quand vous faites de la musculation, par exemple, votre muscle se construit comment ? Vous allez à la salle de sport, vous soulevez des poids et votre muscle se déchire. Il y a des micros, on ne le voit pas, il y a des micro-déchirures qui se forment. C'est imperceptible, ce n'est pas pathologique, c'est normal, c'est comme ça qu'un muscle se construit. Et ensuite, vous allez rentrer chez vous, vous allez récupérer, vous allez manger, vous allez dormir. Et pendant cette phase de récupération, le muscle doit construire des nouvelles cellules dans ses déchirures, parce qu'il a été mis dans une situation d'adversité. Et bien, pour la maîtrise émotionnelle, c'est la... Même chose, si vous voulez développer cette compétence, il faut vous mettre dans des situations où, émotionnellement, ça risque un peu de vous... Pas de vous chambouler, mais de vous bousculer. Si vous vous mettez dans des situations où vous êtes un peu bousculé, antagonisé, si vous êtes un peu défié sur le terme émotionnel, c'est là que vous allez... Ça va peut-être créer des failles. Et dans ces failles, vous allez pouvoir réfléchir à vos angles morts. Et c'est à ce moment-là que vous allez développer votre résistance émotionnelle. Et plus vous allez vous confronter... Alors évidemment, c'est comme... Je reprends ma métaphore du muscle. Mais il faut y aller progressivement. C'est-à-dire que si vous vous confrontez trop vite, trop fort à une charge émotionnelle trop lourde, vous allez craquer de la même manière qu'un muscle se déchire quand il est soumis à une charge trop forte. Mais le problème, c'est que la plupart des gens n'osent même pas se confronter à la moindre difficulté émotionnelle, de la même manière que la plupart des gens ne font pas l'effort d'aller à la salle de sport pour se muscler. Mais c'est un aspect important de l'ascension sociale parce que c'est ça qui permet, et plus vous allez vous confronter, plus vous allez développer cette résistance émotionnelle et plus vous allez pouvoir faire face à des défis plus grands. Ça a des effets exponentiels, cette résistance, cette maîtrise émotionnelle. Parce que l'ascension sociale, ça suscite des émotions contrastées. Ce n'est pas que tout beau, tout rose. Il y a bien sûr la fierté d'avoir réussi, d'avoir accompli des choses, d'avoir coché des cases, mais il y a aussi une forme de... Parfois, il y a une forme de nostalgie, de perte. Et pas, on pourrait croire, de nostalgie vis-à-vis de son passé, mais... En tout cas, moi, ce n'est pas du tout le cas, vous l'aurez compris. Moi, c'est plutôt une nostalgie, une perte, une fois que j'ai atteint un objectif. Parce que ce qui m'anime, ce n'est pas tant d'atteindre le sommet, ce n'est pas tant d'accomplir des objectifs, mais c'est plutôt le fait de progresser, d'être en chemin. J'ai réalisé que j'ai besoin toujours d'avoir un objectif, d'avoir une quête, pour me sentir accomplie. Et une fois que j'ai atteint mon objectif, il faut que j'en trouve un autre, sinon je m'ennuie. Je vais prendre une métaphore pour que vous compreniez, mais c'est les alpinistes qui font des ascensions de montagne, pour le coup. Beaucoup vous diront que ce n'est pas tant le fait d'avoir atteint le sommet qui leur procure de la satisfaction, mais c'est plutôt la montée. C'est l'effort en lui-même. Et c'est exactement comme ça que je raisonne, c'est-à-dire que pour moi, ce qui compte, c'est... C'est l'effort, c'est la progression, c'est le voyage bien plus que la destination en elle-même. Forcément, on a toujours un sentiment de satisfaction quand on a accompli quelque chose. On a toujours un sentiment de fierté, ça procure des émotions positives. Mais ce ne sont pas des sensations qui sont durables. C'est très dur à expliquer, bien évidemment qu'on fait des choses pour les réussir, mais si on ne prend pas plaisir dans la quête si on ne prend pas plaisir dans l'ascension, dans l'effort, finalement, c'est presque impossible de réussir. D'ailleurs, c'est un conseil pour vous, si vous voulez réussir socialement, si vous voulez faire une ascension sociale, je vous invite à prendre plaisir à l'effort que vous faites, à aimer ce processus de montée, ce processus de progression et à aimer, à apprécier à apprécier les efforts qui vont vous mener vers votre objectif. Parce que sans ça, si ce n'est que de la souffrance, ce serait impossible, à moins d'être un masochiste ou un moine soldat. Mais si vous voulez réussir, je pense que la clé, elle est là, c'est de prendre plaisir à ce que vous faites en chemin, à avoir ce goût de l'effort. Et donc, si je devais synthétiser tout ce que j'ai dit, et ce sera ma conclusion pour cet épisode, pour ce long épisode, encore une fois, Le premier, ce serait privilégier la qualité des relations. Privilégier la qualité à la quantité. Dans votre réseau, dans la construction du réseau, engagez-vous dans des activités qui vous passionnent, investissez-vous-y sincèrement et laissez les relations se tisser naturellement. C'est de cette manière que vous construirez un réseau solide, authentique et porteur de sens pour vous. Le deuxième enseignement, c'est... d'accepter la transformation continue. Changer d'habitus, d'identité, de réseau, c'est un processus continu qui est fait de petits pas, de remise en question, d'ajustement successif. Et il ne s'agit pas de renier votre passé, mais plutôt de l'in... intégrer et de vous en servir comme tremplin pour aller plus loin. La transformation, elle n'est jamais totale, mais elle peut être suffisamment profonde pour vous ouvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. Et enfin, l'un des enseignements majeurs que je veux vous transmettre, c'est que l'accomplissement, l'ascension sociale, elle ne réside pas tant dans l'atteinte d'un objectif mais dans le chemin parcouru et que c'est C'est essentiel de trouver du plaisir dans l'effort, dans la progression, dans la difficulté. Et c'est cette dynamique qui va vous permettre de surmonter les obstacles, de persévérer et de vous transformer en profondeur. Au final, l'ascension sociale, c'est un chemin complexe qui est fait de transformations matérielles, psychologiques, identitaires et relationnelles. Cela demande du courage, de la persévérance et une capacité à se remettre en question en permanence. mais cela vous offre aussi la possibilité de vous réinventer, de vous accomplir et de construire une vie à la hauteur de vos aspirations. J'espère que ce partage d'expérience vous aura inspiré. Vous l'avez vu, on est allé cette fois dans des considérations beaucoup plus profondes, psychologiques, identitaires. Et j'espère que toutes ces réflexions vous donneront des pistes pour avancer sur votre propre chemin intérieur. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous aimez ce type de réflexion, c'est typiquement ce que je partage dans ma newsletter. Vous pourrez vous y inscrire à travers le lien que je vous mettrai dans la description. Et si cet épisode vous a plu ou vous a inspiré, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. merci à celles et ceux qui ont pris le temps et la peine de le faire et merci par avance à tous ceux qui le feront et quant à moi il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:40

  • 1. La construction de mon réseau

    03:36

  • 2. L’évolution de l’habitus de classe

    15:37

  • 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

    29:33

  • Conclusion

    39:12

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You may also like

Description

Découvrez les coulisses invisibles de l’ascension sociale : comment le réseau, l’habitus de classe et l’identité personnelle se transforment lorsque l’on change de milieu.


Dans cet épisode intime et analytique, je partage des clés profondes — relationnelles, psychologiques, identitaires — issues de mon propre parcours, pour vous aider à comprendre les mécanismes réels de la réussite sociale, de l’ambition assumée et de la progression personnelle.

Vous y trouverez des éléments de réflexion que vous pourrez appliquer à votre propre trajectoire, que vous cherchiez à développer votre leadership, renforcer votre confiance en soi, construire un réseau influent ou dépasser vos croyances limitantes.


Retrouvez-moi sur :

Instagram : Ascension Sociale

la newsletter Ascension Sociale


Liens cités dans l’épisode :
Épisode 31 - Comment ma vie a changé après mon ascension sociale

Épisode 25 - 7 leçons de philosophie pour éclairer votre ascension sociale (Partie 2)

Épisode 23 - Comment construire son réseau en partant de zéro en 2025

Épisode 3 - Comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité

Épisode 15 - Intelligence relationnel : la clé méconnue pour créer des connexions fluides

Épisode 1 - Élégance et Ambition : un podcast pour comprendre les clés de la réussite sociale

Épisode 26 - Pourquoi vous n’avez pas confiance en vous (6 raisons et comment les dépasser)


Chapitres :
00:00 - Générique

00:39 - Introduction

03:37 - 1. La construction de mon réseau

15:35 - 2. L’évolution de l'habitus de classe

29:33 - 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

39:11 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :
ambition authentique, construire son réseau, stratégie de réussite, estime de soi, syndrome de l’imposteur, choc culturel, relations sociales, relations influentes, réseau puissant, clés de la réussite, excellence, image personnelle, oser assumer son ambition, réussite authentique, intelligence relationnelle, audace et ambition, succès, développement personnel, discipline et motivation.


N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans « Élégance et ambition » . Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement, et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'élégance et ambition. Toutes mes excuses pour l'absence d'épisode la semaine dernière. J'ai eu la bonne ou la mauvaise idée de vouloir enregistrer mon épisode le dimanche pour le lundi et il se trouve que j'ai eu un contre-temps qui m'a empêché d'enregistrer l'épisode. Donc l'épisode du lundi 1er décembre est passé à la trappe. Donc pour tous les fidèles auditeurs et auditrices du podcast qui m'écoutaient de semaine en semaine, encore toutes mes plus. plate d'excuses. Et puis, pour ceux qui m'écoutent depuis le futur, c'est transparent pour vous, puisque peut-être que vous n'aurez pas vu cette absence d'épisodes si vous les écoutez les uns à la suite des autres, après m'avoir découvert par la suite. Ce mea culpa étant fait, je vous propose aujourd'hui un épisode qui constitue un prolongement de ma réflexion, de mon partage de, j'allais dire, de la semaine dernière, mais non, du précédent épisode. sur l'ascension sociale et ses effets sur la vie personnelle. Et dans ce nouvel épisode, alors je ne sais pas encore comment je vais l'intituler, est-ce que ce sera une partie 2 ou est-ce que ce sera un épisode à part entière, mais j'aimerais prolonger cette réflexion à travers le prisme du réseau, de l'habitus de classe et de l'identité. Dans la première partie, dans le précédent épisode, j'avais surtout abordé les aspects matériels de l'ascension sociale. Et si vous m'écoutez depuis un certain temps, vous savez peut-être que je suis matérialiste, alors non pas matérialiste selon l'acception vulgaire, c'est-à-dire superficielle, mais matérialiste philosophiquement parlant, c'est-à-dire que je pense que l'être humain est défini par les conditions matérielles de son existence. Je parle plus en détail de ce courant philosophique dans l'épisode 24 ou 25, que je ne sais plus parce que... Il y a deux épisodes sur les leçons sur la philosophie, puisque l'épisode est en deux parties, comme celui-ci. Mais dans tous les cas, les aspects matériels sont prépondérants dans l'existence de tout à chacun, et c'est naturellement que j'ai développé tout un épisode sur ces aspects-là. Dans tous les cas, si vous n'avez pas écouté la première partie, pas de panique, cet épisode-ci peut tout à fait s'écouter indépendamment, même s'il s'inscrit dans la continuité du précédent. Et donc aujourd'hui, j'aimerais aller plus loin en explorant les dimensions psychologiques, identitaires et bien sûr la question du réseau personnel, que j'avais déjà commencé à aborder dans l'épisode précédent. Au programme de cet épisode, on va aborder trois aspects essentiels de l'ascension sociale qui touchent cette fois davantage à l'identité sociale et personnelle. à la psychologie et dans tous les cas on va aller plus loin que dans certains aspects matériels et j'espère avec cet épisode vous donner un peu plus de clés sur ce qui change en termes d'état d'esprit, ce qui change profondément intérieurement quand on change de classe sociale. Premier sujet donc, le réseau. Quand on parle de réseau, on imagine souvent une démarche très stratégique, presque calculée, où on cherche à rencontrer des personnes influentes pour avancer dans sa carrière ou sa vie sociale. Pourtant, dans mon cas, la construction de mon réseau s'est faite de manière plutôt organique, disons, presque involontaire. Je n'ai jamais cherché à développer mon réseau pour le réseau en lui-même. Alors je sais que je vous ai enregistré des épisodes sur comment construire son réseau en partant de zéro. C'était l'épisode 23, ainsi que l'épisode 3, comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité. Alors d'une part parce que c'était une demande récurrente de la part de plusieurs d'entre vous, mais également parce que c'est la méthode que j'ai utilisée un peu de manière inconsciente. C'est-à-dire que j'ai rassemblé toutes les choses que j'ai pu faire pour développer mon réseau sans que ce soit vraiment conscient, sans avoir conscientisé le fait que ça pouvait être une stratégie. Mais il y a une autre manière. par laquelle j'ai développé mon réseau qui n'était pas du tout méthodique et que je n'ai pas pu vous transmettre jusque-là parce que je n'en avais pas fait une stratégie et que c'est presque une anti-stratégie. En réalité, à chaque fois que j'ai élargi mon cercle de connaissances, C'était avant tout par intérêt pour une activité, pour une passion ou pour un engagement. J'étais beaucoup plus intéressée à l'idée de faire quelque chose plutôt qu'à l'idée de rencontrer des gens en soi. Par exemple, il y a deux ou trois ans, j'ai commencé à faire du bénévolat pour une association caritative, notamment dans le domaine du secourisme. Ça m'a permis de rencontrer plein de personnes de tous milieux sociaux. Et ça m'a permis mécaniquement d'élargir mon réseau. Et ce choix, il n'était pas motivé par l'idée de rencontrer du monde. Alors, il y avait des personnes parmi celles que j'ai rencontrées qui faisaient du bénévolat pour rencontrer du monde. Mais ce n'était pas tant dans l'idée de faire du réseau, c'était plus par intérêt authentique, on va dire, de nouer des nouvelles relations. Par intérêt authentique pour socialiser. Mais en ce qui me concerne, ce n'était pas du tout dans cette optique que je me suis engagée. c'était plus par euh en fait c'était une expérience personnelle qui a été marquante pour moi j'ai été témoin d'un quelqu'un qui a été en arrêt cardiaque et ça m'a poussé à vouloir devenir secouriste et donc j'ai adhéré à cette association je me suis formée au secourisme j'ai commencé à prendre des gardes des missions de secourisme et c'est en m'engageant dans cette activité en prenant des missions en changeant d'équipage à chaque mission que naturellement j'ai rencontré des nouvelles personnes et que mon réseau s'est élargi ensuite tout. Toujours pour continuer sur la construction du réseau, la manière dont j'aborde les choses, c'est que je préfère largement la qualité des relations à la quantité. Je ne ressens pas le besoin d'avoir un réseau tentaculaire. Pour moi, quelques relations solides, authentiques me suffisent largement. D'ailleurs, je ne suis pas particulièrement à l'aise dans les interactions multiples, ni dans les relations superficielles ou celles dans des grands groupes. et je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. D'ailleurs, c'est drôle, je repense à une scène qui s'est déroulée il y a peu. J'étais à un événement réseau récemment et j'ai enchaîné deux discussions avec des personnes et chacune de ces personnes m'a donné sa carte de visite. Et donc, on alternait des moments de réseautage et des conférences dans une grande salle et en revenant dans la grande salle avec... les cartes de visite en main, j'ai quelqu'un qui m'a dit « Ah bah ça y est, ça commence les collections de cartes de visite ! » Alors que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement. Moi, j'ai discuté avec ces personnes, j'ai cherché à savoir si on avait des intérêts mutuels et il se trouve que c'était le cas et que ces personnes m'ont donné leurs cartes. Mais je n'en fais pas un jeu ni un objectif de collectionner les cartes. Tout ça pour vous dire que je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. Comme je vous le disais, mon réseau s'est construit autour d'activités qui me passionnaient, donc le secourisme, mais aussi le théâtre, mes études à Sciences Po, ou encore des groupes d'intérêt. Par exemple, pendant une année, j'ai adhéré à l'association Jeunes IHEDN. Alors pour le coup, c'est une association dont tout le monde sait qu'elle existe pour le réseau. Mais pour le coup, quand j'ai adhéré, c'était plus pour le fait d'échanger autour de sujets axés défense et sécurité nationale. Et ce qui est intéressant, c'est que ce désintérêt pour les relations humaines en tant que telles, ça a paradoxalement rendu mes relations plus naturelles, plus sincères. Et par conséquent, les liens se sont tissés plus facilement autour d'intérêts communs, d'expériences partagées et pas autour d'un calcul social. Et je pense que ça s'est fait parce que quand on n'est justement pas intéressé par le réseau en tant que tel, ça enlève la pression sur la relation sociale. Et ça permet d'être plus authentique, d'être plus soi-même et d'avoir cette idée d'authenticité et de sincérité dans la relation. Alors il y a quand même un point qui m'a aidée. grandement pour le réseau, c'est le fait que j'ai fait mes études à Sciences Po. Intégrer une grande école, c'est indéniable. Ça m'a beaucoup aidée pour un certain nombre de choses, parce que dès lors que vous intégrez une grande école, c'est comme si vous étiez frappé d'un sceau, donc un sceau S-C-E-A-U, et en l'occurrence celui de l'élite, parce que dans l'imaginaire collectif... certains noms d'écoles sont marqués de certaines représentations. Et cela a eu un impact considérable sur mon réseau. Alors, sur le moment, et quand je dis sur le moment, c'était quand j'étais étudiante à Sciences Po. Ça ne m'a pas forcément aidée et je ne comprenais pas pourquoi le fait d'avoir fait une grande école ne me permettait pas de trouver, de m'insérer professionnellement parlant. Et j'ai trouvé la réponse, d'ailleurs, en lisant le livre de Didier Eribon-Rotio. retour à Reims et il dit alors je vais retrouver le passage On voit bien ici que la valeur des diplômes est étroitement liée à la position sociale. Et il ajoute un peu plus loin, un tel diplôme, en parlant d'un DEA, qui est l'ancienne appellation d'un master, il dit « Un tel diplôme ne revêt pas la même valeur et n'offre pas les mêmes possibilités selon le capital social dont on dispose et selon le volume d'informations nécessaires aux stratégies de reconversion du titre en un débouché professionnel. » Fin de citation. Et effectivement, les diplômes universitaires, ça ne vaut rien. Je le dis et je le redis. Tant que vous n'avez pas le capital social qui va avec, et force est de constater que la logique s'étend aux grandes écoles, même si pour les grandes écoles, il y a encore ce capital symbolique qui entoure le nom de l'école et qui permet un peu de s'affranchir de ce piège-là. En tout cas, ce que je voulais dire, c'est que mon diplôme de Sciences Po, il prend de la valeur à mesure que je développe mon réseau en parallèle. Et ce, plus de dix ans après avoir terminé ma scolarité. En fait, les effets deviennent vraiment tangibles qu'à partir du moment où j'ai fait ma propre expérience professionnelle et j'ai constitué mon propre capital de mon côté. Et quand je vous dis que le fait d'avoir fait une grande école, ça a eu un impact considérable sur mon réseau, mais bien plus tard, c'est que dix ans après... Il m'arrive de rencontrer des personnes de ma propre promotion, que je n'avais jamais croisées, que je n'avais jamais rencontrées à l'époque quand j'étais dans les murs de l'école, et avec qui il existe une forme de connivence, en tout cas avec qui il se forme une sorte de connivence immédiate, une facilité à rentrer en contact, à échanger. Quand bien même on ne s'était jamais rencontrés auparavant, on a partagé une expérience commune, des lieux, des souvenirs. des références et c'est d'autant plus drôle qu'au final on ne s'était jamais rencontrés ou du moins je pense qu'on s'était croisés sans se voir. Et ce phénomène de connivence n'est pas propre à Sciences Po, il se retrouve dans toutes les grandes écoles, c'est-à-dire entre élèves de grandes écoles entre eux, au sein de chaque école, mais aussi de manière plus large entre anciens de grandes écoles tout court. Qu'il s'agisse de Polytechnique, HEC, l'ENS, les mines. D'ailleurs, il y a un esprit de corps très fort entre les anciens élèves de grandes écoles. Celui où cet esprit de corps, il est le plus fort, c'est Polytechnique. Il faut savoir que les anciens de Polytechnique se tutoient tous. Et ce, quel que soit leur âge. C'est-à-dire qu'un jeune de 23-24 ans qui sort de Polytechnique, s'il croise Bernard Arnault ou Patrick Pouyanné, le PDG de Total, ils vont se tutoyer réciproquement. Bon, ça ne marche qu'entre polytechniciens. Mais le simple fait d'avoir ce diplôme, en tout cas, ça crée une reconnaissance implicite, une appartenance à un groupe, et ça facilite les relations, et ça ouvre certaines portes. Si je devais résumer la méthode que j'ai utilisée, même si je n'aime pas ce terme, parce que je n'ai pas utilisé de méthode, mais si je devais résumer ce que j'ai fait... Sans trop me rendre compte pour développer mon réseau, ce serait le processus suivant, à savoir rejoindre des groupes, des associations, des institutions, non pas pour le réseau, mais pour l'activité en elle-même. C'est en suivant mes intérêts, en m'investissant dans des projets qui me tenaient à cœur que j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai tissé des liens durables. Et encore aujourd'hui, et à l'avenir, je resterai fidèle à ce mode de fonctionnement. En ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'un réseau excessivement développé. Je privilégie la profondeur des relations à leur nombre et c'est en m'engageant sincèrement dans des activités qui me passionnent que j'ai construit sans le vouloir un réseau solide et authentique. Pour le dire autrement, le développement de mon réseau a été une conséquence et non pas une cause de mon ascension sociale. Le développement de mon réseau a... accompagné, a suivi mon ascension sociale mais pas l'inverse. Je sais qu'il y a des personnes pour qui, effectivement, c'est le processus inverse, c'est-à-dire qu'elles appuient leur progression sociale sur la construction de leur réseau. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire, ça dépend vraiment de votre personnalité. C'est-à-dire que si... Si vous êtes plutôt du type social, sociable, extraverti, taux des profils, si on s'en réfère à la matrice disque, des profils vert ou jaune, effectivement le réseau est un bon préalable à votre ascension sociale, mais si vous êtes plutôt un profil analytique, comme le mien, ce sera plutôt une conséquence. Si vous ne savez pas à quoi je fais référence avec mes couleurs, je vous invite à écouter l'épisode 15. intelligence relationnelle, la clé méconnue pour créer des connexions fluides dans lesquelles je parle de ces différentes personnalités. Sans transition, passons maintenant à la deuxième partie sur l'habitus de classe. Alors, l'habitus de classe, qu'est-ce que c'est ? C'est un concept sociologique qui désigne l'ensemble des dispositions, des manières de penser, d'agir, de se comporter, de se tenir, de s'exprimer qui sont acquises au sein d'un milieu social donné. Ces habitudes, ces réflexes, ils sont tellement ancrés qu'on ne les remet pas en question ou rarement. Et l'habitus de classe, comme son nom l'indique, il est propre à chaque classe sociale. C'est-à-dire que vous n'aurez pas la même manière de penser, d'agir, de vous comporter en fonction de votre classe sociale d'origine et de la manière dont vous avez appris, dont vous avez acquis cet habitus. Pourtant, quand on change de milieu social, il devient nécessaire de... transformer son habitus pour s'adapter à de nouveaux codes, à de nouvelles attentes. Et pour moi, la transformation de l'habitus de classe, elle s'est faite en plusieurs étapes, à travers notamment des moments clés de mon parcours. Pour commencer, il y a eu mon milieu social d'origine et l'habitus qui en découlait, justement, qui a été un moteur puissant. Dans ce milieu social, je ressentais une forme de honte, d'injustice et surtout une volonté profonde de ne pas reproduire le schéma familial. C'est une sorte de rejet de l'habitus, de mon habitus d'origine qui m'a poussée en quelque sorte à entamer une ascension sociale. Par exemple, mes parents occupaient professionnellement en parlant des positions d'exécutant mais moi je savais instinctivement que je ne voulais pas faire ça, que je voulais autre chose. Je ne savais pas Quoi exactement ? En réalité, j'avais mille idées, mais la constante, c'était plutôt l'autonomie, la liberté, le leadership. Ensuite, le deuxième moment marquant, ça a été l'entrée à Sciences Po, qui a été un choc culturel. J'en ai parlé dans le tout premier épisode du podcast. J'ai été confrontée à un environnement, déjà l'environnement parisien de Saint-Germain-des-Prés, qui est un milieu social... très différent de celui où j'avais grandi quand bien même j'avais grandi en banlieue parisienne et que j'étais à peine à une heure de Paris en transport, ça m'était j'avais l'impression d'être téléportée dans un autre monde et puis les personnes qui composent ce milieu qui étaient très différentes de ce que j'étais avec leurs codes, leurs références leurs habitudes qui m'étaient totalement étrangères et ce passage à Sciences Po, il a profondément transformé mon capital culturel et mon capital social j'en ai parlé sur le... de la partie sur le réseau. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à intégrer progressivement, sans m'en rendre compte mais par immersion, les codes de ce nouveau milieu, quand bien même il m'était totalement étranger. Et le troisième moment clé, le troisième moment charnière, c'est l'armée, puisque j'ai été officier de l'armée de l'air et de l'espace pendant neuf ans. Et là encore, comme pour les grandes écoles, il y a beaucoup de représentations dans l'imaginaire collectif sur ce que représente, sur ce que signifie être militaire. Mais pour moi, l'essentiel, ce n'était pas tant dans la spécialité ou le prestige que dans le sens des responsabilités que cela m'a apporté. L'armée, ça m'a permis précisément de passer de cette posture d'exécutante que je vous décrivais à celle de leader. Quand vous êtes... officier dans l'armée, très tôt, dès les premiers mois, les premières semaines, voire même les premiers jours d'école, on y apprend très tôt à donner des ordres, encadrer, organiser, prendre des décisions. Et cette bascule mentale, ça paraît très simple, comme ça, de dire, on apprend à donner des ordres, mais non, ça va beaucoup plus loin que juste jouer au petit chef. Et cette bascule mentale, elle est difficile à opérer quand on vient dans le milieu où on a Pas de modèle de leadership autour de soi. C'est-à-dire que les enfants issus de classes favorisées, ils ont l'habitude de voir leurs parents en position de donneurs d'ordre, ne serait-ce qu'à la maison. Quand on voit ses parents employer quelqu'un, donner des ordres à une employée de maison, souvent c'est à une femme. de ménage, et bien les enfants qui voient ça, ils arrivent dans la vie et à l'âge adulte avec une certaine perception de leur position sociale, et ils se placent beaucoup plus naturellement dans une position de décideur versus les enfants dont les parents sont justement ces femmes de ménage, ces ouvriers, tous ces exécutants et qui ont tendance à reproduire les comportements et les positions professionnelles de leurs parents. Et donc l'avantage de l'armée, c'est que ça remet tout. et tout le monde à plat, c'est-à-dire que peu importe votre origine sociale, tout le monde est remis au même niveau. D'ailleurs, on donne à tout le monde le même uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Et ça permet à des enfants aussi bien de milieux favorisés que de milieux modestes d'acquérir ces réflexes propres au leadership. Dans l'armée, cette transformation, elle passe aussi par le corps, par la discipline, par la posture, par la synchronisation des mouvements. tout cela, ça façonne une... un nouvel habitus, finalement, puisque, je le rappelle, l'habitus, c'est les manières d'agir, de se tenir, et le fait que la transformation passe par cette posture, par le corps, par le fait d'incarner, le terme incarner, c'est l'origine étymologique, d'incarner, c'est la chair, et bien tout cela concorde à enraciner beaucoup plus profondément et beaucoup plus durablement cette nouvelle identité et ce nouvel habitus. Alors changer d'habitus de classe, c'est un processus qui est long, qui est complexe et qui est souvent inconfortable. Ça demande de se remettre en question, de remettre en question ses réflexes, ses manières de penser, d'agir. En tout cas, beaucoup de choses qui semblent naturelles ou qui semblaient naturelles. Et on se retrouve à s'interroger en permanence. Quand on change d'habitus, quand on passe d'une rive à l'autre de la rivière, on se retrouve à s'interroger en permanence. Est-ce que je me comporte comme il faut ? Est-ce que je parle suffisamment bien ? Est-ce que je suis habillée de manière appropriée ? Finalement, est-ce que j'ai réussi à masquer mon ancien habitus ? Est-ce que j'ai réussi à le masquer ? Et en plus, est-ce que j'ai réussi à le dépasser ? Cette transformation, elle demande au début une grande charge mentale. parce qu'on doit identifier ses angles morts, on doit repérer ses automatismes hérités de son milieu d'origine et les remplacer progressivement par de nouveaux codes. L'habitus étant quelque chose d'acquis et donc d'appris, cela signifie que l'on peut le désapprendre ou du moins parvenir à le mettre de côté pour réapprendre. Changer d'habitus, c'est comme changer de logiciel. D'ailleurs, pour être plus précise, on voulait vraiment prendre une métaphore. parlante, ce n'est pas tant un changement de logiciel, mais une succession de mises à jour. Si on prend la version sur iPhone, désolé pour les utilisateurs d'Android, mais là on en est à iOS 26.1, la dernière version d'iOS, la version actuelle, elle n'a plus rien à voir avec la toute première version qui était sur le tout premier iPhone. Mais c'est bien parce qu'il y a eu une succession de mises à jour qui font que le logiciel se perfectionne sans cesse. Alors, est-ce qu'on peut vraiment changer d'habitude ? Alors, la question se pose parce que, effectivement, certains vous diront chasser le naturel et il revient en galop. Certains sociologues, comme Didier Ribon, dont je vous ai déjà parlé dans cet épisode, estiment que l'on ne se débarrasse jamais totalement de son passé. Les traces de notre socialisation initiale, elles restent présentes en nous et autour de nous. Et on peut se transformer, se recréer selon ces termes, mais jamais totalement effacer ce que l'on a été. Alors je comprends cette position, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Ou plutôt, je suis d'accord, mais je ne suis pas d'accord. Effectivement, on ne peut pas effacer le passé, on ne peut pas recréer un univers parallèle dans lequel on serait né dans un milieu favorisé. Mais je pense aussi qu'il est possible de changer profondément. en étant au contact de nouveaux milieux, en s'immergeant dans de nouveaux environnements, sur le plan social et sur le plan matériel. Mais cela reste un processus progressif, continu, qui est fait de petits pas, de petits gestes, de petites transformations. Et certes, on ne devient jamais totalement autre, mais on peut s'éloigner suffisamment de son point de départ pour se sentir transformé. d'ailleurs à ce sujet pour vous illustrer cela et pour vous illustrer le... Le changement personnel en termes d'habitus, très rapidement, après peut-être quelques mois de scolarité à Sciences Po, j'ai ressenti un décalage très fort avec mes parents au fur et à mesure que je passais du temps dans cette école, au contact des autres élèves, au contact des professeurs, au contact... de toutes les personnes qui pouvaient fréquenter cette institution. Il y a un fossé qui s'est creusé avec mes parents. On n'avait plus les mêmes discussions, on n'avait plus les mêmes centres d'intérêt. Alors déjà que j'en avais pas tant que cela, mais on n'avait pas les mêmes avis, pas les mêmes opinions sur certains sujets. Ça donnait lieu souvent à des interactions conflictuelles. pour le dire de manière très euphémistique. Et c'est une tendance qui s'est poursuivie de mois en mois, et puis d'année en année, de telle sorte qu'aujourd'hui, ça fait dix ans que je ne vis plus chez mes parents, mais j'ai très peu de liens avec mes parents, et le seul lien que je maintiens, il est maintenu de manière artificielle, un peu par... sentiment d'obligation, c'est-à-dire que je leur téléphone une fois de temps en temps pour prendre des nouvelles, mais en soi, le coup de fil ne dure que quelques minutes, et la conversation ne va pas plus loin que « Comment ça va ? Quelles sont les nouvelles depuis la dernière fois ? » « Très bien, à la prochaine. » Mais parce qu'on n'a plus rien à se raconter. C'est comme ça. Le seul lien qu'on a en commun, c'est le lien de filiation, mais on n'est plus culturellement parlant, je n'ai plus rien en commun avec mes parents. Et je réalise à cette occasion que je me suis totalement détachée de mon milieu d'origine, c'est-à-dire que je vous parlais de traverser de la rivière, d'être entre les deux rives de la rivière, et là j'ai le sentiment d'être sur l'autre rive, d'avoir fait ma traversée. Même si on pourrait dire qu'il y a encore des traversées à faire. Mais globalement, hormis le souvenir de mon passé, je n'ai plus de lien avec mon ancien milieu social. Pour illustrer cette transformation, j'aime bien également utiliser la métaphore du bateau de Thésée dont je vous ai parlé dans l'épisode 25, dans lequel je déroule cette leçon de philosophie pour... éclairer le phénomène d'ascension sociale. Et le bateau de Thésée, je le rappelle, c'est dans l'Antiquité grecque, il y a un bateau qui a servi à des exploits militaires et pour célébrer cela, on a décidé de mettre ce bateau en exposition, en cale sèche. Sauf qu'au fil du temps, les planches qui constituent le bateau s'abîment et on décide de les remplacer pour préserver le bateau. Tant et si bien qu'à force de toutes les remplacer, le bateau n'a plus du tout les mêmes planches qu'à l'origine. Et donc cette situation a donné lieu à moult débats parmi les philosophes grecs quant à savoir si le bateau de Thésée était toujours le bateau de Thésée malgré toutes ses réparations et tous ses changements successifs. Et cette question, elle va bien au-delà d'un simple bateau en bois. Elle pose la question de la... continuité de l'identité malgré les changements. Et je pense en l'occurrence que oui, on peut rester la même personne, même en changeant, même en changeant profondément. De la même manière, mon identité, elle s'est construite à travers une série de changements successifs. Ce n'est pas tant l'identité de la personne à un instant T, mais c'est aussi le processus de transformation qui constitue l'identité. Donc pour celles et ceux qui auraient peur de se perdre... de perdre leur identité, leur authenticité. Ils se diraient, mais moi je ne veux pas changer, ou j'ai peur de changer, j'ai peur de ne plus être la même ou le même. Vous resterez toujours la même personne, vous n'allez pas vous transformer, vous n'allez pas perdre votre âme, voilà. Mais il faut accepter de changer. Si vous voulez avoir un autre quotidien, si vous voulez avoir une autre existence, si vous voulez avoir, ne serait-ce que sur le plan matériel, il va falloir changer votre identité. Vous ne pouvez pas vous dire que vous aurez un quotidien différent en restant la même personne. Parce que si vous restez la même personne, vous allez continuer à faire les mêmes choses, vous allez continuer à faire les mêmes actions et vous allez continuer à avoir le même quotidien. Donc si vous voulez avoir cette transformation matérielle dont j'ai parlé dans le premier épisode, il va falloir commencer par transformer votre manière de faire et par ricochet, il va falloir transformer votre manière d'être. Et ça m'amène, c'est une transition parfaite et pas du tout préparée vers mon troisième point sur l'identité personnelle, dans laquelle j'aimerais parler de plusieurs points. Le premier étant la confiance en soi et l'estime de soi. Alors j'ai expliqué dans l'épisode 26 pourquoi vous n'avez pas confiance en vous, que ce sont deux notions bien distinctes. Mais dans tous les cas, l'un des aspects les plus marquants de mon ascension sociale, ça concerne cette question de confiance en soi et d'estime de soi, qui sont des notions. que l'on confond souvent mais qui sont en réalité très différentes. J'ai longtemps cru manquer de confiance en moi alors qu'en réalité c'était mon estime de moi-même qui faisait défaut. Je le rappelle, la confiance en soi c'est la capacité à agir, à oser, à se lancer. C'est la confiance qu'on a dans sa capacité à effectuer des choses, à accomplir des choses. L'estime de soi, à l'inverse, c'est la valeur que l'on s'accorde indépendamment des circonstances. que l'on réussisse ou que l'on soit en situation d'échec, quand on a une bonne estime de soi, on considère toujours qu'on a de la valeur. Et pendant longtemps, mon estime de moi, elle a été très basse, ce qui a contribué à nourrir un certain syndrome de l'imposteur plutôt tenace. Pour vous donner un exemple, après avoir intégré Sciences Po, j'avais tellement le syndrome de l'imposteur, je me sentais tellement illégitime que j'ai longtemps cru, ou je m'étais imaginé ce scénario, que mon admission, elle était due à une erreur administrative qu'on avait inversé mon dossier avec celui d'un autre candidat. Et ce sentiment d'imposture, qui va très loin, parce que là, je me suis montée en tête un scénario improbable, mais ce sentiment d'imposture, en réalité, il était alimenté par une faible estime de moi et par le choc culturel du changement de milieu social. Un autre piège dans lequel je suis tombée, justement euh à cause de cette estime de moi faible, c'était de corréler ma valeur à ma performance. En fait, je compensais mon manque d'estime avec mes performances. C'est-à-dire que quand je réussissais, je me sentais être quelqu'un, mais au moindre échec, mon estime s'effondrait. Et comme j'ai longtemps été une performeuse, que ce soit à l'école où j'étais première de la classe ou dans le sport, Mon estime, elle était artificiellement maintenue à un niveau élevé, mais de façon fragile. Et avec le temps, j'ai compris que la clé, ce n'était pas la confiance en soi, puisque sans le savoir, je l'avais, cette confiance, mais c'était plutôt l'estime de soi. En l'occurrence, j'ai compris que c'était plus important de s'accorder de la valeur indépendamment de ses réussites ou de ses échecs. que de lier son identité à sa performance. Alors, quel est le rapport avec l'ascension sociale ? Eh bien, le fait d'avoir osé faire des choses, tenter des épreuves difficiles, ça m'a permis de vivre des réussites, mais aussi des échecs qui ont occasionné des remises en question importantes. Et c'est à ces moments-là, justement, sur ces moments d'échecs, qui souvent... en tout cas qui dans mon cas m'ont invité à des formes d'introspection très poussées, m'ont permis de faire ce travail, de comprendre que le problème ce n'était pas la confiance mais l'estime, et par conséquent de la renforcer. Mais je pense que ça n'aurait pas été possible si je n'avais pas pris le parti d'essayer de faire des choses un tant soit peu ambitieuses. Alors l'ascension sociale ça a eu un impact profond aussi sur mon identité personnelle. Je l'ai dit, ça m'a permis de développer, j'allais dire, une plus grande confiance en moi, maintenant une plus grande estime, mais surtout une meilleure maîtrise émotionnelle, parce que, justement, j'ai vécu des choses qui n'étaient pas forcément très agréables. J'en ai parlé, le syndrome de l'imposteur, le sentiment d'illégitimité, ainsi que la nécessité de s'adapter en permanence à de nouveaux codes, du fait d'être plongée dans un nouveau milieu. Et ça, la maîtrise émotionnelle, c'est un aspect qui est extrêmement important. La maîtrise émotionnelle, à mon sens, c'est une des compétences les plus sous-estimées dans la vie de manière générale et dans l'ascension sociale. Et la maîtrise émotionnelle, le renforcement émotionnel, ça vient avec le fait d'être confronté à des épreuves. Et il y a beaucoup de gens, à mon sens, beaucoup trop de gens qui ne développent pas cette maîtrise émotionnelle parce qu'ils ne se... confrontent pas parce qu'ils ne se mettent pas en position de vulnérabilité. Le renforcement émotionnel, c'est un peu comme un muscle. Quand vous faites de la musculation, par exemple, votre muscle se construit comment ? Vous allez à la salle de sport, vous soulevez des poids et votre muscle se déchire. Il y a des micros, on ne le voit pas, il y a des micro-déchirures qui se forment. C'est imperceptible, ce n'est pas pathologique, c'est normal, c'est comme ça qu'un muscle se construit. Et ensuite, vous allez rentrer chez vous, vous allez récupérer, vous allez manger, vous allez dormir. Et pendant cette phase de récupération, le muscle doit construire des nouvelles cellules dans ses déchirures, parce qu'il a été mis dans une situation d'adversité. Et bien, pour la maîtrise émotionnelle, c'est la... Même chose, si vous voulez développer cette compétence, il faut vous mettre dans des situations où, émotionnellement, ça risque un peu de vous... Pas de vous chambouler, mais de vous bousculer. Si vous vous mettez dans des situations où vous êtes un peu bousculé, antagonisé, si vous êtes un peu défié sur le terme émotionnel, c'est là que vous allez... Ça va peut-être créer des failles. Et dans ces failles, vous allez pouvoir réfléchir à vos angles morts. Et c'est à ce moment-là que vous allez développer votre résistance émotionnelle. Et plus vous allez vous confronter... Alors évidemment, c'est comme... Je reprends ma métaphore du muscle. Mais il faut y aller progressivement. C'est-à-dire que si vous vous confrontez trop vite, trop fort à une charge émotionnelle trop lourde, vous allez craquer de la même manière qu'un muscle se déchire quand il est soumis à une charge trop forte. Mais le problème, c'est que la plupart des gens n'osent même pas se confronter à la moindre difficulté émotionnelle, de la même manière que la plupart des gens ne font pas l'effort d'aller à la salle de sport pour se muscler. Mais c'est un aspect important de l'ascension sociale parce que c'est ça qui permet, et plus vous allez vous confronter, plus vous allez développer cette résistance émotionnelle et plus vous allez pouvoir faire face à des défis plus grands. Ça a des effets exponentiels, cette résistance, cette maîtrise émotionnelle. Parce que l'ascension sociale, ça suscite des émotions contrastées. Ce n'est pas que tout beau, tout rose. Il y a bien sûr la fierté d'avoir réussi, d'avoir accompli des choses, d'avoir coché des cases, mais il y a aussi une forme de... Parfois, il y a une forme de nostalgie, de perte. Et pas, on pourrait croire, de nostalgie vis-à-vis de son passé, mais... En tout cas, moi, ce n'est pas du tout le cas, vous l'aurez compris. Moi, c'est plutôt une nostalgie, une perte, une fois que j'ai atteint un objectif. Parce que ce qui m'anime, ce n'est pas tant d'atteindre le sommet, ce n'est pas tant d'accomplir des objectifs, mais c'est plutôt le fait de progresser, d'être en chemin. J'ai réalisé que j'ai besoin toujours d'avoir un objectif, d'avoir une quête, pour me sentir accomplie. Et une fois que j'ai atteint mon objectif, il faut que j'en trouve un autre, sinon je m'ennuie. Je vais prendre une métaphore pour que vous compreniez, mais c'est les alpinistes qui font des ascensions de montagne, pour le coup. Beaucoup vous diront que ce n'est pas tant le fait d'avoir atteint le sommet qui leur procure de la satisfaction, mais c'est plutôt la montée. C'est l'effort en lui-même. Et c'est exactement comme ça que je raisonne, c'est-à-dire que pour moi, ce qui compte, c'est... C'est l'effort, c'est la progression, c'est le voyage bien plus que la destination en elle-même. Forcément, on a toujours un sentiment de satisfaction quand on a accompli quelque chose. On a toujours un sentiment de fierté, ça procure des émotions positives. Mais ce ne sont pas des sensations qui sont durables. C'est très dur à expliquer, bien évidemment qu'on fait des choses pour les réussir, mais si on ne prend pas plaisir dans la quête si on ne prend pas plaisir dans l'ascension, dans l'effort, finalement, c'est presque impossible de réussir. D'ailleurs, c'est un conseil pour vous, si vous voulez réussir socialement, si vous voulez faire une ascension sociale, je vous invite à prendre plaisir à l'effort que vous faites, à aimer ce processus de montée, ce processus de progression et à aimer, à apprécier à apprécier les efforts qui vont vous mener vers votre objectif. Parce que sans ça, si ce n'est que de la souffrance, ce serait impossible, à moins d'être un masochiste ou un moine soldat. Mais si vous voulez réussir, je pense que la clé, elle est là, c'est de prendre plaisir à ce que vous faites en chemin, à avoir ce goût de l'effort. Et donc, si je devais synthétiser tout ce que j'ai dit, et ce sera ma conclusion pour cet épisode, pour ce long épisode, encore une fois, Le premier, ce serait privilégier la qualité des relations. Privilégier la qualité à la quantité. Dans votre réseau, dans la construction du réseau, engagez-vous dans des activités qui vous passionnent, investissez-vous-y sincèrement et laissez les relations se tisser naturellement. C'est de cette manière que vous construirez un réseau solide, authentique et porteur de sens pour vous. Le deuxième enseignement, c'est... d'accepter la transformation continue. Changer d'habitus, d'identité, de réseau, c'est un processus continu qui est fait de petits pas, de remise en question, d'ajustement successif. Et il ne s'agit pas de renier votre passé, mais plutôt de l'in... intégrer et de vous en servir comme tremplin pour aller plus loin. La transformation, elle n'est jamais totale, mais elle peut être suffisamment profonde pour vous ouvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. Et enfin, l'un des enseignements majeurs que je veux vous transmettre, c'est que l'accomplissement, l'ascension sociale, elle ne réside pas tant dans l'atteinte d'un objectif mais dans le chemin parcouru et que c'est C'est essentiel de trouver du plaisir dans l'effort, dans la progression, dans la difficulté. Et c'est cette dynamique qui va vous permettre de surmonter les obstacles, de persévérer et de vous transformer en profondeur. Au final, l'ascension sociale, c'est un chemin complexe qui est fait de transformations matérielles, psychologiques, identitaires et relationnelles. Cela demande du courage, de la persévérance et une capacité à se remettre en question en permanence. mais cela vous offre aussi la possibilité de vous réinventer, de vous accomplir et de construire une vie à la hauteur de vos aspirations. J'espère que ce partage d'expérience vous aura inspiré. Vous l'avez vu, on est allé cette fois dans des considérations beaucoup plus profondes, psychologiques, identitaires. Et j'espère que toutes ces réflexions vous donneront des pistes pour avancer sur votre propre chemin intérieur. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous aimez ce type de réflexion, c'est typiquement ce que je partage dans ma newsletter. Vous pourrez vous y inscrire à travers le lien que je vous mettrai dans la description. Et si cet épisode vous a plu ou vous a inspiré, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. merci à celles et ceux qui ont pris le temps et la peine de le faire et merci par avance à tous ceux qui le feront et quant à moi il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:40

  • 1. La construction de mon réseau

    03:36

  • 2. L’évolution de l’habitus de classe

    15:37

  • 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

    29:33

  • Conclusion

    39:12

Description

Découvrez les coulisses invisibles de l’ascension sociale : comment le réseau, l’habitus de classe et l’identité personnelle se transforment lorsque l’on change de milieu.


Dans cet épisode intime et analytique, je partage des clés profondes — relationnelles, psychologiques, identitaires — issues de mon propre parcours, pour vous aider à comprendre les mécanismes réels de la réussite sociale, de l’ambition assumée et de la progression personnelle.

Vous y trouverez des éléments de réflexion que vous pourrez appliquer à votre propre trajectoire, que vous cherchiez à développer votre leadership, renforcer votre confiance en soi, construire un réseau influent ou dépasser vos croyances limitantes.


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Liens cités dans l’épisode :
Épisode 31 - Comment ma vie a changé après mon ascension sociale

Épisode 25 - 7 leçons de philosophie pour éclairer votre ascension sociale (Partie 2)

Épisode 23 - Comment construire son réseau en partant de zéro en 2025

Épisode 3 - Comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité

Épisode 15 - Intelligence relationnel : la clé méconnue pour créer des connexions fluides

Épisode 1 - Élégance et Ambition : un podcast pour comprendre les clés de la réussite sociale

Épisode 26 - Pourquoi vous n’avez pas confiance en vous (6 raisons et comment les dépasser)


Chapitres :
00:00 - Générique

00:39 - Introduction

03:37 - 1. La construction de mon réseau

15:35 - 2. L’évolution de l'habitus de classe

29:33 - 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

39:11 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :
ambition authentique, construire son réseau, stratégie de réussite, estime de soi, syndrome de l’imposteur, choc culturel, relations sociales, relations influentes, réseau puissant, clés de la réussite, excellence, image personnelle, oser assumer son ambition, réussite authentique, intelligence relationnelle, audace et ambition, succès, développement personnel, discipline et motivation.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans « Élégance et ambition » . Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement, et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'élégance et ambition. Toutes mes excuses pour l'absence d'épisode la semaine dernière. J'ai eu la bonne ou la mauvaise idée de vouloir enregistrer mon épisode le dimanche pour le lundi et il se trouve que j'ai eu un contre-temps qui m'a empêché d'enregistrer l'épisode. Donc l'épisode du lundi 1er décembre est passé à la trappe. Donc pour tous les fidèles auditeurs et auditrices du podcast qui m'écoutaient de semaine en semaine, encore toutes mes plus. plate d'excuses. Et puis, pour ceux qui m'écoutent depuis le futur, c'est transparent pour vous, puisque peut-être que vous n'aurez pas vu cette absence d'épisodes si vous les écoutez les uns à la suite des autres, après m'avoir découvert par la suite. Ce mea culpa étant fait, je vous propose aujourd'hui un épisode qui constitue un prolongement de ma réflexion, de mon partage de, j'allais dire, de la semaine dernière, mais non, du précédent épisode. sur l'ascension sociale et ses effets sur la vie personnelle. Et dans ce nouvel épisode, alors je ne sais pas encore comment je vais l'intituler, est-ce que ce sera une partie 2 ou est-ce que ce sera un épisode à part entière, mais j'aimerais prolonger cette réflexion à travers le prisme du réseau, de l'habitus de classe et de l'identité. Dans la première partie, dans le précédent épisode, j'avais surtout abordé les aspects matériels de l'ascension sociale. Et si vous m'écoutez depuis un certain temps, vous savez peut-être que je suis matérialiste, alors non pas matérialiste selon l'acception vulgaire, c'est-à-dire superficielle, mais matérialiste philosophiquement parlant, c'est-à-dire que je pense que l'être humain est défini par les conditions matérielles de son existence. Je parle plus en détail de ce courant philosophique dans l'épisode 24 ou 25, que je ne sais plus parce que... Il y a deux épisodes sur les leçons sur la philosophie, puisque l'épisode est en deux parties, comme celui-ci. Mais dans tous les cas, les aspects matériels sont prépondérants dans l'existence de tout à chacun, et c'est naturellement que j'ai développé tout un épisode sur ces aspects-là. Dans tous les cas, si vous n'avez pas écouté la première partie, pas de panique, cet épisode-ci peut tout à fait s'écouter indépendamment, même s'il s'inscrit dans la continuité du précédent. Et donc aujourd'hui, j'aimerais aller plus loin en explorant les dimensions psychologiques, identitaires et bien sûr la question du réseau personnel, que j'avais déjà commencé à aborder dans l'épisode précédent. Au programme de cet épisode, on va aborder trois aspects essentiels de l'ascension sociale qui touchent cette fois davantage à l'identité sociale et personnelle. à la psychologie et dans tous les cas on va aller plus loin que dans certains aspects matériels et j'espère avec cet épisode vous donner un peu plus de clés sur ce qui change en termes d'état d'esprit, ce qui change profondément intérieurement quand on change de classe sociale. Premier sujet donc, le réseau. Quand on parle de réseau, on imagine souvent une démarche très stratégique, presque calculée, où on cherche à rencontrer des personnes influentes pour avancer dans sa carrière ou sa vie sociale. Pourtant, dans mon cas, la construction de mon réseau s'est faite de manière plutôt organique, disons, presque involontaire. Je n'ai jamais cherché à développer mon réseau pour le réseau en lui-même. Alors je sais que je vous ai enregistré des épisodes sur comment construire son réseau en partant de zéro. C'était l'épisode 23, ainsi que l'épisode 3, comment bâtir son réseau avec stratégie, intention et authenticité. Alors d'une part parce que c'était une demande récurrente de la part de plusieurs d'entre vous, mais également parce que c'est la méthode que j'ai utilisée un peu de manière inconsciente. C'est-à-dire que j'ai rassemblé toutes les choses que j'ai pu faire pour développer mon réseau sans que ce soit vraiment conscient, sans avoir conscientisé le fait que ça pouvait être une stratégie. Mais il y a une autre manière. par laquelle j'ai développé mon réseau qui n'était pas du tout méthodique et que je n'ai pas pu vous transmettre jusque-là parce que je n'en avais pas fait une stratégie et que c'est presque une anti-stratégie. En réalité, à chaque fois que j'ai élargi mon cercle de connaissances, C'était avant tout par intérêt pour une activité, pour une passion ou pour un engagement. J'étais beaucoup plus intéressée à l'idée de faire quelque chose plutôt qu'à l'idée de rencontrer des gens en soi. Par exemple, il y a deux ou trois ans, j'ai commencé à faire du bénévolat pour une association caritative, notamment dans le domaine du secourisme. Ça m'a permis de rencontrer plein de personnes de tous milieux sociaux. Et ça m'a permis mécaniquement d'élargir mon réseau. Et ce choix, il n'était pas motivé par l'idée de rencontrer du monde. Alors, il y avait des personnes parmi celles que j'ai rencontrées qui faisaient du bénévolat pour rencontrer du monde. Mais ce n'était pas tant dans l'idée de faire du réseau, c'était plus par intérêt authentique, on va dire, de nouer des nouvelles relations. Par intérêt authentique pour socialiser. Mais en ce qui me concerne, ce n'était pas du tout dans cette optique que je me suis engagée. c'était plus par euh en fait c'était une expérience personnelle qui a été marquante pour moi j'ai été témoin d'un quelqu'un qui a été en arrêt cardiaque et ça m'a poussé à vouloir devenir secouriste et donc j'ai adhéré à cette association je me suis formée au secourisme j'ai commencé à prendre des gardes des missions de secourisme et c'est en m'engageant dans cette activité en prenant des missions en changeant d'équipage à chaque mission que naturellement j'ai rencontré des nouvelles personnes et que mon réseau s'est élargi ensuite tout. Toujours pour continuer sur la construction du réseau, la manière dont j'aborde les choses, c'est que je préfère largement la qualité des relations à la quantité. Je ne ressens pas le besoin d'avoir un réseau tentaculaire. Pour moi, quelques relations solides, authentiques me suffisent largement. D'ailleurs, je ne suis pas particulièrement à l'aise dans les interactions multiples, ni dans les relations superficielles ou celles dans des grands groupes. et je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. D'ailleurs, c'est drôle, je repense à une scène qui s'est déroulée il y a peu. J'étais à un événement réseau récemment et j'ai enchaîné deux discussions avec des personnes et chacune de ces personnes m'a donné sa carte de visite. Et donc, on alternait des moments de réseautage et des conférences dans une grande salle et en revenant dans la grande salle avec... les cartes de visite en main, j'ai quelqu'un qui m'a dit « Ah bah ça y est, ça commence les collections de cartes de visite ! » Alors que ce n'est pas du tout mon mode de fonctionnement. Moi, j'ai discuté avec ces personnes, j'ai cherché à savoir si on avait des intérêts mutuels et il se trouve que c'était le cas et que ces personnes m'ont donné leurs cartes. Mais je n'en fais pas un jeu ni un objectif de collectionner les cartes. Tout ça pour vous dire que je n'ai jamais cherché à multiplier les contacts pour le principe. Comme je vous le disais, mon réseau s'est construit autour d'activités qui me passionnaient, donc le secourisme, mais aussi le théâtre, mes études à Sciences Po, ou encore des groupes d'intérêt. Par exemple, pendant une année, j'ai adhéré à l'association Jeunes IHEDN. Alors pour le coup, c'est une association dont tout le monde sait qu'elle existe pour le réseau. Mais pour le coup, quand j'ai adhéré, c'était plus pour le fait d'échanger autour de sujets axés défense et sécurité nationale. Et ce qui est intéressant, c'est que ce désintérêt pour les relations humaines en tant que telles, ça a paradoxalement rendu mes relations plus naturelles, plus sincères. Et par conséquent, les liens se sont tissés plus facilement autour d'intérêts communs, d'expériences partagées et pas autour d'un calcul social. Et je pense que ça s'est fait parce que quand on n'est justement pas intéressé par le réseau en tant que tel, ça enlève la pression sur la relation sociale. Et ça permet d'être plus authentique, d'être plus soi-même et d'avoir cette idée d'authenticité et de sincérité dans la relation. Alors il y a quand même un point qui m'a aidée. grandement pour le réseau, c'est le fait que j'ai fait mes études à Sciences Po. Intégrer une grande école, c'est indéniable. Ça m'a beaucoup aidée pour un certain nombre de choses, parce que dès lors que vous intégrez une grande école, c'est comme si vous étiez frappé d'un sceau, donc un sceau S-C-E-A-U, et en l'occurrence celui de l'élite, parce que dans l'imaginaire collectif... certains noms d'écoles sont marqués de certaines représentations. Et cela a eu un impact considérable sur mon réseau. Alors, sur le moment, et quand je dis sur le moment, c'était quand j'étais étudiante à Sciences Po. Ça ne m'a pas forcément aidée et je ne comprenais pas pourquoi le fait d'avoir fait une grande école ne me permettait pas de trouver, de m'insérer professionnellement parlant. Et j'ai trouvé la réponse, d'ailleurs, en lisant le livre de Didier Eribon-Rotio. retour à Reims et il dit alors je vais retrouver le passage On voit bien ici que la valeur des diplômes est étroitement liée à la position sociale. Et il ajoute un peu plus loin, un tel diplôme, en parlant d'un DEA, qui est l'ancienne appellation d'un master, il dit « Un tel diplôme ne revêt pas la même valeur et n'offre pas les mêmes possibilités selon le capital social dont on dispose et selon le volume d'informations nécessaires aux stratégies de reconversion du titre en un débouché professionnel. » Fin de citation. Et effectivement, les diplômes universitaires, ça ne vaut rien. Je le dis et je le redis. Tant que vous n'avez pas le capital social qui va avec, et force est de constater que la logique s'étend aux grandes écoles, même si pour les grandes écoles, il y a encore ce capital symbolique qui entoure le nom de l'école et qui permet un peu de s'affranchir de ce piège-là. En tout cas, ce que je voulais dire, c'est que mon diplôme de Sciences Po, il prend de la valeur à mesure que je développe mon réseau en parallèle. Et ce, plus de dix ans après avoir terminé ma scolarité. En fait, les effets deviennent vraiment tangibles qu'à partir du moment où j'ai fait ma propre expérience professionnelle et j'ai constitué mon propre capital de mon côté. Et quand je vous dis que le fait d'avoir fait une grande école, ça a eu un impact considérable sur mon réseau, mais bien plus tard, c'est que dix ans après... Il m'arrive de rencontrer des personnes de ma propre promotion, que je n'avais jamais croisées, que je n'avais jamais rencontrées à l'époque quand j'étais dans les murs de l'école, et avec qui il existe une forme de connivence, en tout cas avec qui il se forme une sorte de connivence immédiate, une facilité à rentrer en contact, à échanger. Quand bien même on ne s'était jamais rencontrés auparavant, on a partagé une expérience commune, des lieux, des souvenirs. des références et c'est d'autant plus drôle qu'au final on ne s'était jamais rencontrés ou du moins je pense qu'on s'était croisés sans se voir. Et ce phénomène de connivence n'est pas propre à Sciences Po, il se retrouve dans toutes les grandes écoles, c'est-à-dire entre élèves de grandes écoles entre eux, au sein de chaque école, mais aussi de manière plus large entre anciens de grandes écoles tout court. Qu'il s'agisse de Polytechnique, HEC, l'ENS, les mines. D'ailleurs, il y a un esprit de corps très fort entre les anciens élèves de grandes écoles. Celui où cet esprit de corps, il est le plus fort, c'est Polytechnique. Il faut savoir que les anciens de Polytechnique se tutoient tous. Et ce, quel que soit leur âge. C'est-à-dire qu'un jeune de 23-24 ans qui sort de Polytechnique, s'il croise Bernard Arnault ou Patrick Pouyanné, le PDG de Total, ils vont se tutoyer réciproquement. Bon, ça ne marche qu'entre polytechniciens. Mais le simple fait d'avoir ce diplôme, en tout cas, ça crée une reconnaissance implicite, une appartenance à un groupe, et ça facilite les relations, et ça ouvre certaines portes. Si je devais résumer la méthode que j'ai utilisée, même si je n'aime pas ce terme, parce que je n'ai pas utilisé de méthode, mais si je devais résumer ce que j'ai fait... Sans trop me rendre compte pour développer mon réseau, ce serait le processus suivant, à savoir rejoindre des groupes, des associations, des institutions, non pas pour le réseau, mais pour l'activité en elle-même. C'est en suivant mes intérêts, en m'investissant dans des projets qui me tenaient à cœur que j'ai rencontré des personnes avec qui j'ai tissé des liens durables. Et encore aujourd'hui, et à l'avenir, je resterai fidèle à ce mode de fonctionnement. En ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'un réseau excessivement développé. Je privilégie la profondeur des relations à leur nombre et c'est en m'engageant sincèrement dans des activités qui me passionnent que j'ai construit sans le vouloir un réseau solide et authentique. Pour le dire autrement, le développement de mon réseau a été une conséquence et non pas une cause de mon ascension sociale. Le développement de mon réseau a... accompagné, a suivi mon ascension sociale mais pas l'inverse. Je sais qu'il y a des personnes pour qui, effectivement, c'est le processus inverse, c'est-à-dire qu'elles appuient leur progression sociale sur la construction de leur réseau. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire, ça dépend vraiment de votre personnalité. C'est-à-dire que si... Si vous êtes plutôt du type social, sociable, extraverti, taux des profils, si on s'en réfère à la matrice disque, des profils vert ou jaune, effectivement le réseau est un bon préalable à votre ascension sociale, mais si vous êtes plutôt un profil analytique, comme le mien, ce sera plutôt une conséquence. Si vous ne savez pas à quoi je fais référence avec mes couleurs, je vous invite à écouter l'épisode 15. intelligence relationnelle, la clé méconnue pour créer des connexions fluides dans lesquelles je parle de ces différentes personnalités. Sans transition, passons maintenant à la deuxième partie sur l'habitus de classe. Alors, l'habitus de classe, qu'est-ce que c'est ? C'est un concept sociologique qui désigne l'ensemble des dispositions, des manières de penser, d'agir, de se comporter, de se tenir, de s'exprimer qui sont acquises au sein d'un milieu social donné. Ces habitudes, ces réflexes, ils sont tellement ancrés qu'on ne les remet pas en question ou rarement. Et l'habitus de classe, comme son nom l'indique, il est propre à chaque classe sociale. C'est-à-dire que vous n'aurez pas la même manière de penser, d'agir, de vous comporter en fonction de votre classe sociale d'origine et de la manière dont vous avez appris, dont vous avez acquis cet habitus. Pourtant, quand on change de milieu social, il devient nécessaire de... transformer son habitus pour s'adapter à de nouveaux codes, à de nouvelles attentes. Et pour moi, la transformation de l'habitus de classe, elle s'est faite en plusieurs étapes, à travers notamment des moments clés de mon parcours. Pour commencer, il y a eu mon milieu social d'origine et l'habitus qui en découlait, justement, qui a été un moteur puissant. Dans ce milieu social, je ressentais une forme de honte, d'injustice et surtout une volonté profonde de ne pas reproduire le schéma familial. C'est une sorte de rejet de l'habitus, de mon habitus d'origine qui m'a poussée en quelque sorte à entamer une ascension sociale. Par exemple, mes parents occupaient professionnellement en parlant des positions d'exécutant mais moi je savais instinctivement que je ne voulais pas faire ça, que je voulais autre chose. Je ne savais pas Quoi exactement ? En réalité, j'avais mille idées, mais la constante, c'était plutôt l'autonomie, la liberté, le leadership. Ensuite, le deuxième moment marquant, ça a été l'entrée à Sciences Po, qui a été un choc culturel. J'en ai parlé dans le tout premier épisode du podcast. J'ai été confrontée à un environnement, déjà l'environnement parisien de Saint-Germain-des-Prés, qui est un milieu social... très différent de celui où j'avais grandi quand bien même j'avais grandi en banlieue parisienne et que j'étais à peine à une heure de Paris en transport, ça m'était j'avais l'impression d'être téléportée dans un autre monde et puis les personnes qui composent ce milieu qui étaient très différentes de ce que j'étais avec leurs codes, leurs références leurs habitudes qui m'étaient totalement étrangères et ce passage à Sciences Po, il a profondément transformé mon capital culturel et mon capital social j'en ai parlé sur le... de la partie sur le réseau. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à intégrer progressivement, sans m'en rendre compte mais par immersion, les codes de ce nouveau milieu, quand bien même il m'était totalement étranger. Et le troisième moment clé, le troisième moment charnière, c'est l'armée, puisque j'ai été officier de l'armée de l'air et de l'espace pendant neuf ans. Et là encore, comme pour les grandes écoles, il y a beaucoup de représentations dans l'imaginaire collectif sur ce que représente, sur ce que signifie être militaire. Mais pour moi, l'essentiel, ce n'était pas tant dans la spécialité ou le prestige que dans le sens des responsabilités que cela m'a apporté. L'armée, ça m'a permis précisément de passer de cette posture d'exécutante que je vous décrivais à celle de leader. Quand vous êtes... officier dans l'armée, très tôt, dès les premiers mois, les premières semaines, voire même les premiers jours d'école, on y apprend très tôt à donner des ordres, encadrer, organiser, prendre des décisions. Et cette bascule mentale, ça paraît très simple, comme ça, de dire, on apprend à donner des ordres, mais non, ça va beaucoup plus loin que juste jouer au petit chef. Et cette bascule mentale, elle est difficile à opérer quand on vient dans le milieu où on a Pas de modèle de leadership autour de soi. C'est-à-dire que les enfants issus de classes favorisées, ils ont l'habitude de voir leurs parents en position de donneurs d'ordre, ne serait-ce qu'à la maison. Quand on voit ses parents employer quelqu'un, donner des ordres à une employée de maison, souvent c'est à une femme. de ménage, et bien les enfants qui voient ça, ils arrivent dans la vie et à l'âge adulte avec une certaine perception de leur position sociale, et ils se placent beaucoup plus naturellement dans une position de décideur versus les enfants dont les parents sont justement ces femmes de ménage, ces ouvriers, tous ces exécutants et qui ont tendance à reproduire les comportements et les positions professionnelles de leurs parents. Et donc l'avantage de l'armée, c'est que ça remet tout. et tout le monde à plat, c'est-à-dire que peu importe votre origine sociale, tout le monde est remis au même niveau. D'ailleurs, on donne à tout le monde le même uniforme pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Et ça permet à des enfants aussi bien de milieux favorisés que de milieux modestes d'acquérir ces réflexes propres au leadership. Dans l'armée, cette transformation, elle passe aussi par le corps, par la discipline, par la posture, par la synchronisation des mouvements. tout cela, ça façonne une... un nouvel habitus, finalement, puisque, je le rappelle, l'habitus, c'est les manières d'agir, de se tenir, et le fait que la transformation passe par cette posture, par le corps, par le fait d'incarner, le terme incarner, c'est l'origine étymologique, d'incarner, c'est la chair, et bien tout cela concorde à enraciner beaucoup plus profondément et beaucoup plus durablement cette nouvelle identité et ce nouvel habitus. Alors changer d'habitus de classe, c'est un processus qui est long, qui est complexe et qui est souvent inconfortable. Ça demande de se remettre en question, de remettre en question ses réflexes, ses manières de penser, d'agir. En tout cas, beaucoup de choses qui semblent naturelles ou qui semblaient naturelles. Et on se retrouve à s'interroger en permanence. Quand on change d'habitus, quand on passe d'une rive à l'autre de la rivière, on se retrouve à s'interroger en permanence. Est-ce que je me comporte comme il faut ? Est-ce que je parle suffisamment bien ? Est-ce que je suis habillée de manière appropriée ? Finalement, est-ce que j'ai réussi à masquer mon ancien habitus ? Est-ce que j'ai réussi à le masquer ? Et en plus, est-ce que j'ai réussi à le dépasser ? Cette transformation, elle demande au début une grande charge mentale. parce qu'on doit identifier ses angles morts, on doit repérer ses automatismes hérités de son milieu d'origine et les remplacer progressivement par de nouveaux codes. L'habitus étant quelque chose d'acquis et donc d'appris, cela signifie que l'on peut le désapprendre ou du moins parvenir à le mettre de côté pour réapprendre. Changer d'habitus, c'est comme changer de logiciel. D'ailleurs, pour être plus précise, on voulait vraiment prendre une métaphore. parlante, ce n'est pas tant un changement de logiciel, mais une succession de mises à jour. Si on prend la version sur iPhone, désolé pour les utilisateurs d'Android, mais là on en est à iOS 26.1, la dernière version d'iOS, la version actuelle, elle n'a plus rien à voir avec la toute première version qui était sur le tout premier iPhone. Mais c'est bien parce qu'il y a eu une succession de mises à jour qui font que le logiciel se perfectionne sans cesse. Alors, est-ce qu'on peut vraiment changer d'habitude ? Alors, la question se pose parce que, effectivement, certains vous diront chasser le naturel et il revient en galop. Certains sociologues, comme Didier Ribon, dont je vous ai déjà parlé dans cet épisode, estiment que l'on ne se débarrasse jamais totalement de son passé. Les traces de notre socialisation initiale, elles restent présentes en nous et autour de nous. Et on peut se transformer, se recréer selon ces termes, mais jamais totalement effacer ce que l'on a été. Alors je comprends cette position, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Ou plutôt, je suis d'accord, mais je ne suis pas d'accord. Effectivement, on ne peut pas effacer le passé, on ne peut pas recréer un univers parallèle dans lequel on serait né dans un milieu favorisé. Mais je pense aussi qu'il est possible de changer profondément. en étant au contact de nouveaux milieux, en s'immergeant dans de nouveaux environnements, sur le plan social et sur le plan matériel. Mais cela reste un processus progressif, continu, qui est fait de petits pas, de petits gestes, de petites transformations. Et certes, on ne devient jamais totalement autre, mais on peut s'éloigner suffisamment de son point de départ pour se sentir transformé. d'ailleurs à ce sujet pour vous illustrer cela et pour vous illustrer le... Le changement personnel en termes d'habitus, très rapidement, après peut-être quelques mois de scolarité à Sciences Po, j'ai ressenti un décalage très fort avec mes parents au fur et à mesure que je passais du temps dans cette école, au contact des autres élèves, au contact des professeurs, au contact... de toutes les personnes qui pouvaient fréquenter cette institution. Il y a un fossé qui s'est creusé avec mes parents. On n'avait plus les mêmes discussions, on n'avait plus les mêmes centres d'intérêt. Alors déjà que j'en avais pas tant que cela, mais on n'avait pas les mêmes avis, pas les mêmes opinions sur certains sujets. Ça donnait lieu souvent à des interactions conflictuelles. pour le dire de manière très euphémistique. Et c'est une tendance qui s'est poursuivie de mois en mois, et puis d'année en année, de telle sorte qu'aujourd'hui, ça fait dix ans que je ne vis plus chez mes parents, mais j'ai très peu de liens avec mes parents, et le seul lien que je maintiens, il est maintenu de manière artificielle, un peu par... sentiment d'obligation, c'est-à-dire que je leur téléphone une fois de temps en temps pour prendre des nouvelles, mais en soi, le coup de fil ne dure que quelques minutes, et la conversation ne va pas plus loin que « Comment ça va ? Quelles sont les nouvelles depuis la dernière fois ? » « Très bien, à la prochaine. » Mais parce qu'on n'a plus rien à se raconter. C'est comme ça. Le seul lien qu'on a en commun, c'est le lien de filiation, mais on n'est plus culturellement parlant, je n'ai plus rien en commun avec mes parents. Et je réalise à cette occasion que je me suis totalement détachée de mon milieu d'origine, c'est-à-dire que je vous parlais de traverser de la rivière, d'être entre les deux rives de la rivière, et là j'ai le sentiment d'être sur l'autre rive, d'avoir fait ma traversée. Même si on pourrait dire qu'il y a encore des traversées à faire. Mais globalement, hormis le souvenir de mon passé, je n'ai plus de lien avec mon ancien milieu social. Pour illustrer cette transformation, j'aime bien également utiliser la métaphore du bateau de Thésée dont je vous ai parlé dans l'épisode 25, dans lequel je déroule cette leçon de philosophie pour... éclairer le phénomène d'ascension sociale. Et le bateau de Thésée, je le rappelle, c'est dans l'Antiquité grecque, il y a un bateau qui a servi à des exploits militaires et pour célébrer cela, on a décidé de mettre ce bateau en exposition, en cale sèche. Sauf qu'au fil du temps, les planches qui constituent le bateau s'abîment et on décide de les remplacer pour préserver le bateau. Tant et si bien qu'à force de toutes les remplacer, le bateau n'a plus du tout les mêmes planches qu'à l'origine. Et donc cette situation a donné lieu à moult débats parmi les philosophes grecs quant à savoir si le bateau de Thésée était toujours le bateau de Thésée malgré toutes ses réparations et tous ses changements successifs. Et cette question, elle va bien au-delà d'un simple bateau en bois. Elle pose la question de la... continuité de l'identité malgré les changements. Et je pense en l'occurrence que oui, on peut rester la même personne, même en changeant, même en changeant profondément. De la même manière, mon identité, elle s'est construite à travers une série de changements successifs. Ce n'est pas tant l'identité de la personne à un instant T, mais c'est aussi le processus de transformation qui constitue l'identité. Donc pour celles et ceux qui auraient peur de se perdre... de perdre leur identité, leur authenticité. Ils se diraient, mais moi je ne veux pas changer, ou j'ai peur de changer, j'ai peur de ne plus être la même ou le même. Vous resterez toujours la même personne, vous n'allez pas vous transformer, vous n'allez pas perdre votre âme, voilà. Mais il faut accepter de changer. Si vous voulez avoir un autre quotidien, si vous voulez avoir une autre existence, si vous voulez avoir, ne serait-ce que sur le plan matériel, il va falloir changer votre identité. Vous ne pouvez pas vous dire que vous aurez un quotidien différent en restant la même personne. Parce que si vous restez la même personne, vous allez continuer à faire les mêmes choses, vous allez continuer à faire les mêmes actions et vous allez continuer à avoir le même quotidien. Donc si vous voulez avoir cette transformation matérielle dont j'ai parlé dans le premier épisode, il va falloir commencer par transformer votre manière de faire et par ricochet, il va falloir transformer votre manière d'être. Et ça m'amène, c'est une transition parfaite et pas du tout préparée vers mon troisième point sur l'identité personnelle, dans laquelle j'aimerais parler de plusieurs points. Le premier étant la confiance en soi et l'estime de soi. Alors j'ai expliqué dans l'épisode 26 pourquoi vous n'avez pas confiance en vous, que ce sont deux notions bien distinctes. Mais dans tous les cas, l'un des aspects les plus marquants de mon ascension sociale, ça concerne cette question de confiance en soi et d'estime de soi, qui sont des notions. que l'on confond souvent mais qui sont en réalité très différentes. J'ai longtemps cru manquer de confiance en moi alors qu'en réalité c'était mon estime de moi-même qui faisait défaut. Je le rappelle, la confiance en soi c'est la capacité à agir, à oser, à se lancer. C'est la confiance qu'on a dans sa capacité à effectuer des choses, à accomplir des choses. L'estime de soi, à l'inverse, c'est la valeur que l'on s'accorde indépendamment des circonstances. que l'on réussisse ou que l'on soit en situation d'échec, quand on a une bonne estime de soi, on considère toujours qu'on a de la valeur. Et pendant longtemps, mon estime de moi, elle a été très basse, ce qui a contribué à nourrir un certain syndrome de l'imposteur plutôt tenace. Pour vous donner un exemple, après avoir intégré Sciences Po, j'avais tellement le syndrome de l'imposteur, je me sentais tellement illégitime que j'ai longtemps cru, ou je m'étais imaginé ce scénario, que mon admission, elle était due à une erreur administrative qu'on avait inversé mon dossier avec celui d'un autre candidat. Et ce sentiment d'imposture, qui va très loin, parce que là, je me suis montée en tête un scénario improbable, mais ce sentiment d'imposture, en réalité, il était alimenté par une faible estime de moi et par le choc culturel du changement de milieu social. Un autre piège dans lequel je suis tombée, justement euh à cause de cette estime de moi faible, c'était de corréler ma valeur à ma performance. En fait, je compensais mon manque d'estime avec mes performances. C'est-à-dire que quand je réussissais, je me sentais être quelqu'un, mais au moindre échec, mon estime s'effondrait. Et comme j'ai longtemps été une performeuse, que ce soit à l'école où j'étais première de la classe ou dans le sport, Mon estime, elle était artificiellement maintenue à un niveau élevé, mais de façon fragile. Et avec le temps, j'ai compris que la clé, ce n'était pas la confiance en soi, puisque sans le savoir, je l'avais, cette confiance, mais c'était plutôt l'estime de soi. En l'occurrence, j'ai compris que c'était plus important de s'accorder de la valeur indépendamment de ses réussites ou de ses échecs. que de lier son identité à sa performance. Alors, quel est le rapport avec l'ascension sociale ? Eh bien, le fait d'avoir osé faire des choses, tenter des épreuves difficiles, ça m'a permis de vivre des réussites, mais aussi des échecs qui ont occasionné des remises en question importantes. Et c'est à ces moments-là, justement, sur ces moments d'échecs, qui souvent... en tout cas qui dans mon cas m'ont invité à des formes d'introspection très poussées, m'ont permis de faire ce travail, de comprendre que le problème ce n'était pas la confiance mais l'estime, et par conséquent de la renforcer. Mais je pense que ça n'aurait pas été possible si je n'avais pas pris le parti d'essayer de faire des choses un tant soit peu ambitieuses. Alors l'ascension sociale ça a eu un impact profond aussi sur mon identité personnelle. Je l'ai dit, ça m'a permis de développer, j'allais dire, une plus grande confiance en moi, maintenant une plus grande estime, mais surtout une meilleure maîtrise émotionnelle, parce que, justement, j'ai vécu des choses qui n'étaient pas forcément très agréables. J'en ai parlé, le syndrome de l'imposteur, le sentiment d'illégitimité, ainsi que la nécessité de s'adapter en permanence à de nouveaux codes, du fait d'être plongée dans un nouveau milieu. Et ça, la maîtrise émotionnelle, c'est un aspect qui est extrêmement important. La maîtrise émotionnelle, à mon sens, c'est une des compétences les plus sous-estimées dans la vie de manière générale et dans l'ascension sociale. Et la maîtrise émotionnelle, le renforcement émotionnel, ça vient avec le fait d'être confronté à des épreuves. Et il y a beaucoup de gens, à mon sens, beaucoup trop de gens qui ne développent pas cette maîtrise émotionnelle parce qu'ils ne se... confrontent pas parce qu'ils ne se mettent pas en position de vulnérabilité. Le renforcement émotionnel, c'est un peu comme un muscle. Quand vous faites de la musculation, par exemple, votre muscle se construit comment ? Vous allez à la salle de sport, vous soulevez des poids et votre muscle se déchire. Il y a des micros, on ne le voit pas, il y a des micro-déchirures qui se forment. C'est imperceptible, ce n'est pas pathologique, c'est normal, c'est comme ça qu'un muscle se construit. Et ensuite, vous allez rentrer chez vous, vous allez récupérer, vous allez manger, vous allez dormir. Et pendant cette phase de récupération, le muscle doit construire des nouvelles cellules dans ses déchirures, parce qu'il a été mis dans une situation d'adversité. Et bien, pour la maîtrise émotionnelle, c'est la... Même chose, si vous voulez développer cette compétence, il faut vous mettre dans des situations où, émotionnellement, ça risque un peu de vous... Pas de vous chambouler, mais de vous bousculer. Si vous vous mettez dans des situations où vous êtes un peu bousculé, antagonisé, si vous êtes un peu défié sur le terme émotionnel, c'est là que vous allez... Ça va peut-être créer des failles. Et dans ces failles, vous allez pouvoir réfléchir à vos angles morts. Et c'est à ce moment-là que vous allez développer votre résistance émotionnelle. Et plus vous allez vous confronter... Alors évidemment, c'est comme... Je reprends ma métaphore du muscle. Mais il faut y aller progressivement. C'est-à-dire que si vous vous confrontez trop vite, trop fort à une charge émotionnelle trop lourde, vous allez craquer de la même manière qu'un muscle se déchire quand il est soumis à une charge trop forte. Mais le problème, c'est que la plupart des gens n'osent même pas se confronter à la moindre difficulté émotionnelle, de la même manière que la plupart des gens ne font pas l'effort d'aller à la salle de sport pour se muscler. Mais c'est un aspect important de l'ascension sociale parce que c'est ça qui permet, et plus vous allez vous confronter, plus vous allez développer cette résistance émotionnelle et plus vous allez pouvoir faire face à des défis plus grands. Ça a des effets exponentiels, cette résistance, cette maîtrise émotionnelle. Parce que l'ascension sociale, ça suscite des émotions contrastées. Ce n'est pas que tout beau, tout rose. Il y a bien sûr la fierté d'avoir réussi, d'avoir accompli des choses, d'avoir coché des cases, mais il y a aussi une forme de... Parfois, il y a une forme de nostalgie, de perte. Et pas, on pourrait croire, de nostalgie vis-à-vis de son passé, mais... En tout cas, moi, ce n'est pas du tout le cas, vous l'aurez compris. Moi, c'est plutôt une nostalgie, une perte, une fois que j'ai atteint un objectif. Parce que ce qui m'anime, ce n'est pas tant d'atteindre le sommet, ce n'est pas tant d'accomplir des objectifs, mais c'est plutôt le fait de progresser, d'être en chemin. J'ai réalisé que j'ai besoin toujours d'avoir un objectif, d'avoir une quête, pour me sentir accomplie. Et une fois que j'ai atteint mon objectif, il faut que j'en trouve un autre, sinon je m'ennuie. Je vais prendre une métaphore pour que vous compreniez, mais c'est les alpinistes qui font des ascensions de montagne, pour le coup. Beaucoup vous diront que ce n'est pas tant le fait d'avoir atteint le sommet qui leur procure de la satisfaction, mais c'est plutôt la montée. C'est l'effort en lui-même. Et c'est exactement comme ça que je raisonne, c'est-à-dire que pour moi, ce qui compte, c'est... C'est l'effort, c'est la progression, c'est le voyage bien plus que la destination en elle-même. Forcément, on a toujours un sentiment de satisfaction quand on a accompli quelque chose. On a toujours un sentiment de fierté, ça procure des émotions positives. Mais ce ne sont pas des sensations qui sont durables. C'est très dur à expliquer, bien évidemment qu'on fait des choses pour les réussir, mais si on ne prend pas plaisir dans la quête si on ne prend pas plaisir dans l'ascension, dans l'effort, finalement, c'est presque impossible de réussir. D'ailleurs, c'est un conseil pour vous, si vous voulez réussir socialement, si vous voulez faire une ascension sociale, je vous invite à prendre plaisir à l'effort que vous faites, à aimer ce processus de montée, ce processus de progression et à aimer, à apprécier à apprécier les efforts qui vont vous mener vers votre objectif. Parce que sans ça, si ce n'est que de la souffrance, ce serait impossible, à moins d'être un masochiste ou un moine soldat. Mais si vous voulez réussir, je pense que la clé, elle est là, c'est de prendre plaisir à ce que vous faites en chemin, à avoir ce goût de l'effort. Et donc, si je devais synthétiser tout ce que j'ai dit, et ce sera ma conclusion pour cet épisode, pour ce long épisode, encore une fois, Le premier, ce serait privilégier la qualité des relations. Privilégier la qualité à la quantité. Dans votre réseau, dans la construction du réseau, engagez-vous dans des activités qui vous passionnent, investissez-vous-y sincèrement et laissez les relations se tisser naturellement. C'est de cette manière que vous construirez un réseau solide, authentique et porteur de sens pour vous. Le deuxième enseignement, c'est... d'accepter la transformation continue. Changer d'habitus, d'identité, de réseau, c'est un processus continu qui est fait de petits pas, de remise en question, d'ajustement successif. Et il ne s'agit pas de renier votre passé, mais plutôt de l'in... intégrer et de vous en servir comme tremplin pour aller plus loin. La transformation, elle n'est jamais totale, mais elle peut être suffisamment profonde pour vous ouvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. Et enfin, l'un des enseignements majeurs que je veux vous transmettre, c'est que l'accomplissement, l'ascension sociale, elle ne réside pas tant dans l'atteinte d'un objectif mais dans le chemin parcouru et que c'est C'est essentiel de trouver du plaisir dans l'effort, dans la progression, dans la difficulté. Et c'est cette dynamique qui va vous permettre de surmonter les obstacles, de persévérer et de vous transformer en profondeur. Au final, l'ascension sociale, c'est un chemin complexe qui est fait de transformations matérielles, psychologiques, identitaires et relationnelles. Cela demande du courage, de la persévérance et une capacité à se remettre en question en permanence. mais cela vous offre aussi la possibilité de vous réinventer, de vous accomplir et de construire une vie à la hauteur de vos aspirations. J'espère que ce partage d'expérience vous aura inspiré. Vous l'avez vu, on est allé cette fois dans des considérations beaucoup plus profondes, psychologiques, identitaires. Et j'espère que toutes ces réflexions vous donneront des pistes pour avancer sur votre propre chemin intérieur. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous aimez ce type de réflexion, c'est typiquement ce que je partage dans ma newsletter. Vous pourrez vous y inscrire à travers le lien que je vous mettrai dans la description. Et si cet épisode vous a plu ou vous a inspiré, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. merci à celles et ceux qui ont pris le temps et la peine de le faire et merci par avance à tous ceux qui le feront et quant à moi il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:40

  • 1. La construction de mon réseau

    03:36

  • 2. L’évolution de l’habitus de classe

    15:37

  • 3. L’identité personnelle : estime de soi, confiance et clés psychologiques

    29:33

  • Conclusion

    39:12

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