Speaker #0Il n'a plus de fièvre, son test Covid est négatif depuis belle lurette, et pourtant, six mois après sa guérison, son cœur s'emballe encore sans prévenir, et chaque effort le laisse à bout de souffle. Le virus a disparu, mais c'est comme si son corps n'avait pas reçu le mémo, il continue de se comporter comme en plein Covid, luttant contre un ennemi invisible. Comment un virus respiratoire en théorie vaincu, Peut-il laisser une empreinte aussi tenace sur le cœur et les vaisseaux sanguins ? C'est ce que nous allons voir dans cet épisode. Et est-ce que vous aussi, il vous est arrivé de dire ou d'entendre d'un proche « Docteur, j'ai fait tous les examens, l'échographie, le test d'effort, les prises de sang, tout est normal. Pourtant, je me sens essoufflé en montant trois marches et j'ai le cœur qui s'emballe quand je me lève. Alors si c'est le cas, dites-le-moi dans les commentaires. » Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode, je m'appelle Grégoire Cochois, je suis cardiologue. A travers cette chaîne, je vous partage mon univers professionnel afin de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. Mon objectif, c'est de vous offrir des explications claires, des conseils pratiques, parfois des interviews de soignants ou des témoignages poignants de patients, tout cela pour vous toucher en plein cœur. Petit disclaimer aussi, les sujets que j'aborde ici s'appuient sur les données validées de la science avec des sources à l'appui que vous pouvez retrouver dans le lien de l'épisode dans le but de vous aider à prendre soin de votre santé. Ces informations sont évidemment données à titre informatif et ne sauraient remplacer une consultation médicale. Donc, en cas de doute, parlez-en avec votre médecin. et pour être Tout à fait transparent, je précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les propos tenus dans cet épisode. Mais avant de commencer, si vous avez aimé ce contenu et que vous ne voulez pas rater les prochains épisodes, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera grandir aussi la communauté. N'hésitez pas non plus à laisser un pouce bleu ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée, c'est un... petit geste pour vous, mais d'une grande aide pour moi. Et je vois d'ailleurs que vous êtes nombreux à écouter sans être abonné, alors je vous laisse quelques secondes pour le faire tout de suite. Voilà qui est fait, je vous remercie infiniment et on peut commencer. Place maintenant à la minute réponse à vos questions. Aujourd'hui, je réponds à la question de... XC3675 qui me demande est-ce que le Covid peut provoquer des extrasystoles ? Alors, avant tout, on va définir ce qu'est une extrasystole. Une extrasystole, c'est tout simplement un battement du cœur qui arrive un peu trop tôt, comme une étincelle électrique anticipée. Cela donne souvent la sensation d'un saut ou d'un raté, d'un petit coup dans la poitrine. C'est en fait très fréquent. et le plus souvent sans gravité. Quant au Covid, eh bien, oui, le Covid peut provoquer des extracistoles. Cela arrive même assez souvent, surtout dans les semaines qui suivent l'infection. Le Covid déclenche une inflammation importante dans l'organisme, on l'a déjà vu, et le cœur peut alors en subir les effets. Cette inflammation modifie l'excitabilité électrique du muscle cardiaque, ce qui favorise alors l'apparition d'extracistoles, extra systole en particulier chez les personnes qui y sont déjà sensibles. A fortiori, la fatigue, le stress, les troubles du sommeil, la déshydratation qui accompagne parfois l'infection, vont participer également à ces palpitations. Mais la bonne nouvelle, c'est que dans la très grande majorité des cas, ces extra-systoles sont bénignes et vont disparaître progressivement avec la récupération. Elles peuvent nécessiter un avis médical si elles deviennent très fréquentes ou si elles s'accompagnent de symptômes qui la rendraient moins bien tolérée comme des malaises, des douleurs dans la poitrine ou encore un essoufflement anormal. Donc dans le doute, consultez votre médecin et rappelez-vous en cas d'urgence vitale, vous composez le 15 ou le 112. N'hésitez pas à me poser d'autres questions en commentaire ou sur les réseaux. J'en sélectionnerai une pour y répondre dans le prochain épisode. Est-ce que vous êtes bien installé ? Parce qu'aujourd'hui, on continue notre saga sur Covid et cœur, avec un sujet passionnant et encore plein de zones d'ombre que l'on va aborder aujourd'hui. Je vais vous parler de la phase chronique de l'infection, c'est-à-dire le fameux Covid long, et surtout de ses causes possibles au niveau cardiovasculaire. Autrement dit, pourquoi des semaines ou des mois après l'infection initiale par le Covid, certains patients présentent des symptômes persistants ... ou des complications qui touchent le cœur et les vaisseaux. Alors, l'épisode est dense et j'ai dû le séparer en deux parties pour qu'il soit plus digeste. La première partie aujourd'hui parlera de deux parmi les cinq mécanismes impliqués dans ce Covid long, à savoir le dérèglement du système immunitaire, la persistance virale, les microcaillots, la dysautonomie et les lésions d'organes. Les trois autres mécanismes seront abordés dans un autre épisode. Petit rappel aussi, je vais redéfinir ce que l'on a vu dans les épisodes précédents, que vous pouvez aussi retrouver sur la chaîne si vous voulez vous rafraîchir la mémoire, et le lien se trouve en haut, par ici. On avait donc parlé des complications aiguës du Covid sur le système cardiovasculaire, en les comparant notamment à celles de la grippe ou du VRS, le virus respiratoire syncytial. On avait notamment évoqué comment ce virus Covid nous contaminait via la fameuse protéine ACE2 et comment cette porte d'entrée virale entraîne une baisse d'ACE2 disponible, ce qui va alors déséquilibrer au passage notre système rénine-angiotensine-aldostérone et déclencher des cascades d'inflammations qui vont malmener le cœur et nos vaisseaux. Aujourd'hui encore, je ne parlerai pas des vaccins ni des traitements qui sont impliqués dans l'infection Covid, on garde tout ça pour un prochain épisode plutôt explosif. L'objectif du jour, c'est vraiment de comprendre ce que la science sait en cette fin 2025 sur les effets à long terme du Covid sur le cœur et nos vaisseaux. On va essayer de répondre à une question simple. Pourquoi et surtout comment le Covid peut-il laisser des traces durables sur le système cardiovasculaire ? Pour ça... Je vous présente ce que l'on va voir ensemble. D'abord, vous verrez que le Covid long n'a probablement pas une seule cause. C'est un syndrome complexe aux multiples visages. On passera en revue les principales hypothèses pour expliquer pourquoi certains symptômes cardiovasculaires persistent. Et donc, on parlera des cinq éléments, à savoir le dérèglement immunitaire, le virus qui traîne dans l'organisme, les microcaillots, la dysautonomie, ce fameux... pilote automatique du corps qui va buguer et donc aussi de possibles lésions durables sur le cœur ou les vaisseaux. Ensuite donc pour chaque mécanisme on verra concrètement comment il peut provoquer les symptômes que décrivent les patients à savoir des palpitations, un essoufflement, des douleurs dans la poitrine et je vous expliquerai tout ça avec des images simples accessibles à tout le monde même si vous n'avez jamais mis les pieds en fac de médecine. Enfin on prendra un peu de recul pour relier les points, parce que oui, c'est inquiétant par moment, mais c'est aussi rassurant de savoir que la science avance et que l'on commence à mieux comprendre ce phénomène si déroutant. Et vous le savez si bien que moi, mieux comprendre, c'est déjà mieux s'en protéger. Alors si tout ça vous intéresse, on y va, c'est parti. Commençons par une vision globale. Le Covid long, ce n'est probablement pas une maladie unique avec une cause unique. Au contraire, les chercheurs pensent désormais qu'il s'agit d'un syndrome multifactoriel. Les symptômes du Covid long sont tellement variés, passant par de la fatigue, un essoufflement important, une sorte de brouillard cérébral, des palpitations, des douleurs diffuses, etc. Certains scientifiques vont même jusqu'à dire que le Covid long pourrait regrouper plusieurs sous-types de maladies déclenchées par le même virus. Dit autrement, le Covid long peut ne pas avoir exactement la même cause que celui de votre voisin, même si au final, vous avez tous les deux une fatigue et des palpitations, c'est dire la complexité du problème. Cette idée est importante parce qu'elle signifie que les symptômes en eux-mêmes ne suffisent pas à identifier la cause. Par exemple, deux patients peuvent être essoufflés et épuisés après un Covid, mais chez l'un, ce sera peut-être dû à un... petit dérèglement immunitaire persistant, tandis que chez l'autre, ce sera causé par des micro-caillots, par exemple dans les poumons. Mais dans les deux cas, ça se manifeste par de la fatigue et un souffle coupé. Et les coulisses, évidemment, ne sont pas les mêmes. Plongeons donc dans la mécanique interne du Covid long. Première piste que l'on va voir aujourd'hui, celle du système immunitaire qui reste déréglé. Vous le savez, quand le Covid nous infecte, notre système immunitaire monte au front pour l'éliminer. Chez certains patients, cette réaction de défense pourrait mal se décrocher une fois l'infection terminée. C'est un peu comme si les pompiers continuaient à arroser un feu éteint. A la fin, ce ne sont plus les flammes qui abîment la maison, mais l'eau à trop fort niveau. Et de la même façon, un état inflammatoire persistant peut endommager nos tissus sur le long terme. Des études montrent que chez des patients Covid longs, On retrouve encore des marqueurs d'inflammation anormalement élevés plusieurs mois après l'infection. Par exemple, des niveaux élevés de certaines cytokines, ces fameuses molécules de signalisation immunitaire, vont être détectées alors même que le virus n'est plus là. Mais la question que vous vous posez, c'est pourquoi cette inflammation traîne-t-elle ? Eh bien, plusieurs raisons possibles à cela. D'une part, l'infection initiale du Covid a pu complètement dérégler les commandes de l'immunité, on parle de dysrégulation immunitaire. Le système immunitaire qui est épuisé ou désorienté par l'attaque virale ne retrouve pas tout à fait son équilibre normal. Il peut rester en sur-régime, un peu comme un moteur que l'on n'arriverait plus à éteindre. Toutefois, cette activation prolongée peut continuer à libérer des substances inflammatoires qui vont agresser l'organisme un peu à l'aveugle. Et puis, il y a une autre piste que l'on ne peut pas ignorer, celle de l'auto-immunité. Le Covid, chez certaines personnes, semble tellement désorganiser le système immunitaire qu'il en vient à fabriquer des anticorps qui se retournent contre nos propres cellules. C'est un peu comme si l'armée, après la bataille, ne reconnaissait plus ses alliés et tirait sur ses propres troupes en pensant éliminer l'ennemi. On commence à avoir pas mal de preuves de ce phénomène dans le Covid long. Et par exemple, on a identifié chez certains patients des auto-anticorps dirigés contre des récepteurs très sensibles qui sont présents sur le cœur et les vaisseaux. Ces récepteurs, ce sont en quelque sorte les interrupteurs de régulation. Ils vont dire au cœur d'accélérer ou de ralentir au vaisseau. aussi de se contracter ou de se dilater. Et là, avec le Covid, le corps va fabriquer des anticorps qui viennent brouiller ou bloquer ses récepteurs. Concrètement, on va retrouver des anticorps anti-bêta-adrénalgiques qui vont dérégler les récepteurs sensibles à l'adrénaline. Résultat de tout ça, le cœur s'emballe sans raison, même au repos. Ensuite, il y a... Parfois des anticorps anti-muscariniques qui eux viennent désactiver le frein naturel du cœur, celui qui passe par le nerf vague. Et il y a aussi même des anticorps anti-angiotensine 2 qui vont alors perturber le système de régulation de la pression artérielle et on en a déjà parlé dans un épisode, le lien se trouve par ici. Tout ça, on l'a observé notamment chez des patients qui étaient à Saint- atteint du syndrome de POTS, cette fameuse dysautonomie post-Covid, le syndrome de tachycardie orthostatique positionnelle et posturale dont on a parlé, et qui va toucher surtout les femmes jeunes sans antécédent. Les conséquences de ce problème d'immunité peuvent être en réalité multiples. Cette inflammation peut toucher le muscle cardiaque, et on va alors retrouver des myocardites microscopiques qui sont difficiles à détecter, mais qui peuvent donner de la fatigue et des douleurs. Mais il y a également des mécanismes de fibrose avec des cicatrices au niveau du cœur qui vont pouvoir troubler son fonctionnement électrique, d'où des extrasystoles avec des palpitations. Et aussi, il peut y avoir l'apparition ou l'aggravation de facteurs de risque cardiovasculaires du fait de cette inflammation chronique qui peut elle-même favoriser l'athérosclérose dans les artères et donc entraîner des dépôts qui peuvent boucher nos vaisseaux sanguins. En fait, cette... Hyperactivité immunitaire, elle expliquerait aussi en partie le fameux brouillard cérébral et la fatigue chronique des patients atteints de Covid long. Mais on va quand même essayer de se concentrer sur le cœur. Retenez que si votre cœur continue à s'emballer ou à vous faire mal après une infection Covid, c'est peut-être parce qu'il est un dégât collatéral, une victime de cette inflammation persistante dans notre corps. Un autre indice d'ailleurs en faveur d'un mécanisme immunitaire, c'est le profil des patients atteints de Covid long. On observe que ce sont plus souvent des femmes d'âge moyen. Et on sait que les maladies auto-immunes et les dysrégulations immunitaires touchent justement plus fréquemment les femmes. Ça n'est donc sans doute pas une coïncidence. Passons maintenant à la deuxième piste de cet épisode, celle du virus qui jouerait les prolongations, un peu comme il serait en mode furtif, autrement appelé la persistance virale. Pendant longtemps... On a cru que le Covid c'était comme la grippe. On l'attrape, on l'élimine et c'est fini. Mais les études de 2025 montrent une réalité bien différente. Normalement, lorsque vous guérissez d'une infection, le virus est éliminé ou mis en dormance dans notre organisme. Mais avec le Covid, il y a l'hypothèse qu'il puisse persister sous une forme ou une autre dans certains réservoirs du corps, pas nécessairement... Le virus entier est actif, ça peut être des fragments de virus comme des morceaux de protéines Spike ou du matériel génétique viral qui va traîner dans nos tissus et continuer d'activer le système immunitaire. Imaginez un peu ça comme une braise dans une forêt. Le grand incendie est fini, les pompiers sont partis, mais au pied d'un arbre, il va rester une braise rougeoyante. Elle ne fait évidemment pas de grandes flammes, mais elle dégage de la chaleur et une fumée en permanence. qui va évidemment gêner. Et donc, quel est l'impact de tout cela pour le cœur ? Eh bien, si ces fragments viraux persistent, ils peuvent provoquer une inflammation chronique localisée. Par exemple, des chercheurs ont retrouvé de l'ARN viral du Covid dans l'intestin de certains patients de longs mois après l'infection initiale. D'autres ont même détecté la protéine Spike circulant dans le sang de patients atteints de COVID. de Covid long alors qu'ils n'ont plus de virus détectables par des tests classiques. Et bien ces morceaux de virus peuvent constamment stimuler le système immunitaire, un peu comme une écharde aussi qu'on aurait mal retirée et qui va entretenir des douleurs au niveau d'une plaie. Du coup, cela rejoint en partie la première piste, à savoir on a une inflammation persistante qui est entretenue par la présence de ces débris viraux. Et qui dit inflammation persistante dit potentiel retentissement sur le cœur, même raisonnement que précédemment, une inflammation est un terrain favorable aux douleurs, aux palpitations, aux mauvais réglages de la pression artérielle, etc. Et une cicatrice même de quelques millimètres comme de la fibrose ne vous donnera pas un infarctus, mais elle peut suffire à déclencher quelques extra-systoles ou à rendre le cœur un peu plus raide, d'où une moindre tolérance à l'effort. De même, un virus planqué dans l'endothélium pourrait favoriser des micro-thromboses locales. Ce n'est pas de la science-fiction, on sait que d'autres virus ont cette capacité de persister ainsi. Par exemple, le virus Epstein-Barr, EBV, reste toute la vie dans notre organisme et peut parfois se réactiver. Mais il y a pire. On soupçonne que, chez certains, le virus... pourrait rester nichée dans certains organes à bas bruit, y compris potentiellement dans le muscle cardiaque ou les parois des vaisseaux. On aurait découvert dans des autopsies ou des biopsies de patients atteints de Covid long des traces de virus dans les tissus des mois après l'infection. Et si le virus ou ses restes demeurent dans l'endothélium, à savoir la couche interne de nos vaisseaux sanguins, et bien il peut provoquer une inflammation locale continue et de petits dégâts structurels. L'endothélium, rappelez-vous, c'est un peu comme le revêtement anti-adhésif de nos artères. S'il est abîmé, le sang va accrocher plus et cela peut favoriser de petits caillots ou rigidifier nos vaisseaux. En fin de compte, cette inflammation de l'endothélium, que l'on appelle une endothélite, c'est un concept qu'on a beaucoup vu dans le Covid aigu et qui pourrait bien se prolonger dans le Covid long, même après la phase aiguë. Certains patients vont garder des signes de dysfonction endothéliale. Leurs vaisseaux réagissent moins bien, leur tension artérielle est plus labile. On a même constaté que le Covid peut laisser une empreinte sur la régulation de la pression artérielle. Et une étude de 2023 a montré une augmentation significative de nouveaux cas d'hypertension dans l'année qui suit un Covid, y compris après des formes légères. Cela suggère que le virus a pu se débrouiller. pu altérer de façon durable les mécanismes de contrôle de la pression artérielle, peut-être via l'endothélium justement, ou via le système hormonal des reins et du cœur qui gère la pression artérielle, ce fameux système réunit en jetant synaldostérone. Le fait que le SARS-CoV-2 utilise le récepteur ACE2 pour entrer dans les cellules n'est sans doute pas anodin. ACE2, rappelez-vous, c'est une enzyme clé pour équilibrer notre pression et protéger nos vaisseaux. et son déficit lors de l'infection pourrait laisser des séquelles à ce niveau-là aussi. Je vous invite d'ailleurs à réécouter l'épisode si ça vous intéresse, le lien est par ici. Ce que nous apprend la recherche en 2025, c'est que l'intestin particulièrement joue un rôle central dans certains cas de Covid long. Pourquoi ? Parce que l'intestin est bourré de récepteurs à CE2, cela même que le... virus va utiliser pour entrer dans nos cellules. Et chez certains patients, il semble que le virus s'y installe durablement, comme dans un petit refuge discret, on parle alors d'un réservoir digestif. Des études ont retrouvé de l'ARN viral dans les biopsies intestinales des mois après l'infection, et souvent, on observe aussi un déséquilibre important de la flore intestinale, ce que l'on appelle une dysbiose. Au final, ce virus qui persiste, il n'est Merci. pas forcément actif, mais en tout cas, il peut perturber la barrière intestinale, la rendant plus perméable, c'est ce qu'on appelle en anglais le « leaky gut » . Résultat, des protéines virales et même des toxines issues des bactéries intestinales passent dans le sang, et c'est là que ça devient intéressant pour nos cardiologues, c'est que ces substances circulantes viennent irriter l'endothélium, c'est-à-dire la paroi interne des vaisseaux. Ce qui favorise encore une fois une inflammation chronique. Mais ce n'est pas tout. Cette inflammation dans l'intestin va stimuler aussi le nerf vague qui relie directement l'intestin au cerveau et au cœur. Ce n'est plus une surprise, beaucoup d'articles sont sortis là-dessus. Et quand ce nerf vague surréagit, eh bien cela peut entraîner des troubles du rythme, des palpitations, une variabilité anormale de la fréquence cardiaque, qui sont donc des symptômes. qu'on retrouve très souvent dans le Covid long. Donc là encore, ce qui semble être un souci cardiaque peut parfois venir de l'intestin. C'est l'illustration parfaite de cette complexité du Covid long. Petit aparté aussi intriguant, l'infection par le Covid peut aussi réveiller d'autres virus dormants en nous comme l'Epstein-Barr virus qui est responsable de la mononucléose infectieuse, des études... ont montré que chez certains patients Covid long, des marqueurs de réactivation de BV sont présents, corrélés à la sévérité des symptômes. Ça ajoute une couche. Ce ne serait plus seulement le Covid qui persiste, mais ce virus pourrait jouer un véritable chef d'orchestre toxique en réactivant d'autres pathogènes latents, ce qui évidemment va entretenir l'inflammation encore une fois. Pour le cœur, cela revient au même effet final. un environnement inflammatoire et immunologique qui va continuer à être agressif. Voilà, il est temps maintenant de synthétiser ce que l'on a vu sur ces deux premiers mécanismes, parmi les cinq, à savoir que le virus Covid peut être parti depuis longtemps, et pourtant, chez certains, le cœur continue à s'emballer, et l'essoufflement persiste sans rien d'anormal aux examens. Pourquoi ? Et bien on a exploré deux pistes aujourd'hui. D'abord un système immunitaire qui reste en alerte, voire qui se retourne contre le corps lui-même. Ensuite, un virus qui laisse derrière lui des fragments, planqués dans l'intestin notamment ou les tissus de l'organisme, et qui entretiennent une inflammation silencieuse. Au final, ce n'est pas toujours le cœur qui est malade. Mais ce cœur et ses vaisseaux subissent les conséquences de ce déséquilibre invisible. Et j'espère maintenant que vous compreniez mieux pourquoi, chez les personnes qui ont un Covid long, que l'ensemble des examens classiques sont normaux. Parce que la maladie se passe à une échelle que ces examens ne voient pas. Le bon côté, c'est qu'on commence à comprendre tout cela. Et comprendre, c'est déjà commencer à mieux prendre soin de vous. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube ou TikTok. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, on parlera ensemble des trois derniers mécanismes responsables de ce Covid long, à savoir de micro-caillots, de dysautonomie et de lésions d'organes causées par le Covid. Vous verrez, c'est passionnant. Et rappelez-vous, si les sujets sur la cardiologie vous intéressent, je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour continuer cette aventure ensemble. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine, prenez soin de votre cœur.