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"En Plein Coeur", par un cardiologue

Le COVID, pire que la grippe ou le VRS ? De graves risques pour votre coeur…

Le COVID, pire que la grippe ou le VRS ? De graves risques pour votre coeur…

34min |02/11/2025|

114

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"En Plein Coeur", par un cardiologue

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Description

📌 COVID-19 vs GRIPPE : pourquoi ce virus attaque-t-il autant le cœur ? Je vous explique tout 💔🦠


👉 Le COVID-19 n'est pas un simple virus respiratoire. Dans cet épisode, je vous explique pourquoi il fait bien plus de dégâts cardiovasculaires que la grippe ou le VRS. Myocardites fulgurantes, infarctus sans antécédents, arythmies graves, embolies pulmonaires massives… le coronavirus a mis nos cœurs à rude épreuve.


🎙️ Je suis Grégoire Cauchois, cardiologue, et dans cette émission “En plein cœur”, je décrypte pour vous, avec clarté et bienveillance, les grandes questions autour de la santé cardiovasculaire.


❤️ Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • En quoi les complications cardiaques aiguës du COVID-19 sont plus fréquentes et plus graves que celles de la grippe ou du VRS.

  • Les 5 complications majeures : myocardites, infarctus, arythmies, insuffisances cardiaques et embolies.

  • Pourquoi les cardiologues ont été en première ligne dès les débuts de la pandémie.

  • Comment le COVID a changé notre compréhension des virus et du cœur.

📊 Tous les propos sont basés sur des études scientifiques publiées, issues de la vraie vie clinique (PubMed, JAMA, BMJ, etc.).


⚠️ Pas de jargon, mais des explications simples et basées sur des faits. Un épisode indispensable pour toute personne concernée par sa santé ou celle de ses proches.


💬 Vous avez une question sur le cœur ou le COVID ? Posez-la en commentaire, j’en sélectionnerai une pour la prochaine émission !


📅 Prochain épisode : le COVID long et ses séquelles sur le cœur ❤️‍🩹 À ne pas manquer !


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🗓️ SOURCES MEDICALES

1️⃣ Cardiovascular complications in COVID-19: A systematic review and meta-analysis. Kunutsor SK. Journal of Infection (2020) 

2️⃣ Cardiovascular implications of fatal outcomes of patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19). Guo T. JAMA Cardiology (2020)
3️⃣ Incidence of thrombotic complications in critically ill ICU patients with COVID-19. Klok FA. Thrombosis Research (2020)
4️⃣ Myocarditis in COVID-19: current understanding and perspectives. Sawalha K. Heart Failure Reviews (2021)
5️⃣ Arrhythmias and COVID-19: prevalence, mechanisms and clinical implications. Bhatla A. Heart Rhythm (2020)
6️⃣ Outcomes of cardiovascular complications related to COVID-19 compared with influenza. Xie Y. BMJ (2022)
7️⃣ Risk of stroke following influenza and COVID-19: a comparative retrospective cohort study. Merkler AE. JAMA Neurology (2020)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en mars 2020, une étrange pneumonie envahit les hôpitaux du monde entier avec l'arrivée d'un nouveau virus dénommé Covid-19, puis plus tard SARS-CoV-2. Très vite, les médecins constatent quelque chose de stupéfiant, ce virus respiratoire cause bien plus que de la toux et de la fièvre. Des patients développent des infarctus massifs sans antécédent, de jeunes adultes font des myocardites fulgurantes, d'autres... présente des arrhythmies cardiaques graves ou des embolies pulmonaires multiples. Jamais on n'avait vu une grippe ou un autre virus respiratoire provoquer autant de complications cardiovasculaires en si peu de temps. Face à cette nouvelle menace, les cardiologues du monde entier se sont immédiatement mobilisés aux côtés de leurs collègues réanimateurs et pneumologues. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Je m'appelle Grégoire Cauchois, je suis cardiologue. A travers cette chaîne, je vous partage mon univers professionnel afin de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. Mon objectif est de vous offrir des explications claires, des conseils pratiques, parfois des interviews de soignants ou des témoignages poignants de patients, tout cela pour vous toucher en plein cœur. Petit disclaimer aussi, Les sujets que j'aborde ici s'appuient sur les données validées de la science avec des sources à l'appui que vous pouvez retrouver dans le lien de l'épisode dans le but de vous aider à prendre soin de votre santé. Ces informations sont données à titre informatif et ne sauraient remplacer une consultation médicale. Par conséquent, en cas de doute sur votre santé, parlez-en avec votre médecin. Et pour une bonne transparence, Je précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les propos tenus dans cet épisode. Mais avant de commencer, si vous avez aimé ce contenu et que vous ne voulez pas rater les prochains épisodes, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera grandir aussi la communauté des curieux du cœur. N'hésitez pas non plus à laisser un pouce bleu ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste pour vous, mais d'une grande aide pour moi, et je vois d'ailleurs que vous êtes nombreux à écouter sans être abonné. Alors pensez-y, abonnez-vous, car vous pourriez manquer un sujet passionnant qui aidera votre cœur. Allez, je vous laisse quelques secondes pour vous abonner tout de suite, c'est bon, alors on y va, merci beaucoup. Aujourd'hui... Nous continuons la saga Covid et cœur en nous demandant si l'infection Covid est vraiment différente des autres virus en termes de complications cardiovasculaires pendant la phase aiguë de l'infection. Autrement dit, certains virus bien connus pour donner des infections respiratoires, ces fameuses pneumopathies virales parfois sévères voire fatales comme le virus de la grippe saisonnière ou le VRS pour... Virus respiratoire syncytial provoque-t-il aussi des dégâts sur le cœur et les vaisseaux ? Et si oui, dans quelles mesures ? Nous n'aborderons que la phase aiguë de l'infection, donc je ne vous parlerai pas encore ici de Covid long, c'est-à-dire des effets chroniques prolongés, car je vous le réserve pour un prochain épisode. Nous ne parlerons pas non plus des vaccins ou des traitements aujourd'hui. contre l'infection Covid. L'objectif aujourd'hui, c'est de comprendre pourquoi les cardiologues ont été et sont encore particulièrement mobilisés face à cette infection. Et je vais commencer par vous donner les points clés que nous allons aborder dans l'épisode. Tout d'abord, les différences dans les complications cardiovasculaires aiguës entre le Covid et des virus plus classiques comme la grippe ou le VRS. On verra concrètement si ces virus plus connus peuvent eux aussi provoquer des infarctus, des myocardites, des troubles du rythme ou des embolies, et à quelle fréquence. Vous allez voir que finalement, le Covid a vraiment cassé l'échelle de gravité habituelle. Ensuite, comment expliquer ces différences ? On évoquera les mécanismes en jeu de manière simple. Le Covid touche-t-il le cœur d'une façon particulière ? Est-ce que la réaction inflammatoire qu'il provoque est hors norme ? Pourquoi le sang coagule-t-il plus chez les patients Covid que chez ceux grippés par exemple ? Et en filigrane, je vous expliquerai pourquoi les cardiologues se sont retrouvés en première ligne. Vous comprendrez qu'avec un virus pareil, les spécialistes du cœur n'avaient pas le choix que de se retrousser les manches dès les premiers mois et encore aujourd'hui pour aider à sauver des vies. Vous allez voir, c'est à la fois effrayant et fascinant de constater à quel point un si petit virus respiratoire peut avoir des répercussions sur le cœur et les vaisseaux. Alors, rassurez-vous, pas de jargon incompréhensible, je vais tout vous expliquer de manière simple et concrète, avec des faits réels et des études scientifiques sérieuses à l'appui. Allez, c'est parti ! Commençons par un constat général, le Covid a touché le cœur plus fréquemment et plus sévèrement que la grippe ou le VRS. Certes, les autres virus respiratoires peuvent aussi affecter le système cardiovasculaire, ça n'est pas totalement nouveau. Par exemple, on sait que la grippe, que l'on appelle aussi influenza, va provoquer des inflammations du muscle cardiaque, que l'on appelle des myocardites, et augmenter le risque d'insuffisance cardiaque aiguë ou d'infarctus pendant l'infection. Et d'ailleurs... Attraper la grippe, ça multiplie le risque d'infarctus dans les jours qui suivent. Et des études ont montré que le fait d'avoir la grippe pouvait déclencher un infarctus chez des personnes fragiles en raison d'un stress inflammatoire important. De même, le VRS, pour virus respiratoire syncytial, qui est un virus finalement assez fréquent, notamment chez les nourrissons, et on le retrouve aussi à l'âge adulte, notamment en cas de baisse des défenses immunitaires. Il a été associé à des myocardites également ou à des troubles du rythme tels que des tachycardies ventriculaires ou des troubles de conduction cardiaque, c'est-à-dire des blocs de conduction électrique du cœur avec donc des pauses et des ralentissements importants du rythme cardiaque. Donc oui, même avant 2020, on savait qu'une infection respiratoire pouvait secouer un cœur fragile. Mais ce que le coronavirus a provoqué, c'est un... changement d'échelle. Très vite, les cardiologues ont été frappés par la variété et la fréquence des complications cardiovasculaires chez les patients Covid, y compris chez des patients plus jeunes ou sans antécédents notables. On a eu le sentiment que ce virus des poumons visait aussi le cœur de manière quasi systématique. Alors, quelles complications cardiaques et Plus que pour la grippe ou le VRS. Eh bien, quasiment toute la panoplie des urgences cardiologiques ont été observées pendant la phase aiguë d'une infection Covid en proportion bien supérieure à ce que l'on voit avec les autres infections virales. Et je vais les détailler maintenant. Tout d'abord, en ce qui concerne les myocardites, c'est-à-dire des inflammations qui peuvent être graves du muscle cardiaque. Eh bien, c'est l'une des atteintes emblématiques du Covid aigu. Des études ont mesuré précisément cela, et parmi des patients hospitalisés, environ 0,9% des cas Covid ont eu une myocardite, contre seulement 0,2% pour la grippe et 0,1% pour le VRS. Dit autrement, le Covid pouvait être associé à 4 à 5 fois plus de risques de myocardite que la grippe. Et ça paraît... Des petits chiffres, mais en réalité c'est énorme. On a vu des cas de myocardite sévère chez des sujets Covid et qui nécessitaient parfois des machines d'assistance circulatoire comme des ECMO. Ce qui est très rare d'ailleurs pour une grippe classique. Et dans la plupart des cas Covid, la myocardite semble due essentiellement à l'orage inflammatoire général et aux dégâts indirects du virus sur le cœur, plus qu'à une infection directe du muscle cardiaque. J'y reviendrai. La grippe peut elle aussi causer des myocardites, mais beaucoup plus rarement et le plus souvent chez des personnes déjà fragiles. Ensuite viennent les infarctus du myocarde, ces fameuses crises cardiaques. Là aussi, le Covid a surpris. Des patients atteints de Covid ont développé des infarctus aigus, parfois massifs, alors qu'ils n'avaient pas forcément de facteurs de risque cardiovasculaire connus. En temps normal, les infarctus surviennent plutôt chez des patients à risque, qui ont donc des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac, etc. ou alors des symptômes qui surviennent à l'effort. Mais en pleine infection Covid, on a vu des infarctus se déclencher, probablement précipités par l'infection elle-même. Et il faut dire que l'infection Covid crée un environnement propice à cela, avec une tension artérielle qui grimpe, un sang qui coagule davantage et un cœur qui peut s'emballer. Tout cela peut aussi déstabiliser ce que l'on appelle les fameuses plaques d'athérome au niveau d'une artère coronaire. et la faire se boucher. Ou bien, cela pouvait aussi causer ce que l'on appelle un infarctus de type 2, c'est-à-dire une faute d'oxygène suffisante pour que le cœur en souffre sans qu'une artère soit bouchée. Et la grippe peut, elle aussi, par le stress qu'elle induit, provoquer ce genre d'infarctus par accident. Mais on n'en voyait pas autant en si peu de temps. En fait, les données montrent que... le risque d'accident artériel, à savoir un infarctus du myocarde ou un AVC ischémique pendant une hospitalisation Covid, n'est pas radicalement plus élevé que pendant une hospitalisation pour une grippe. C'est à peu près du même ordre de grandeur. Mais par contre, ce qui change, c'est le profil des infarctus Covid. Ils peuvent survenir chez des patients plus jeunes ou sans facteur de risque du fait de la violence de l'infection. Et avec la grippe, un infarctus en pleine infection restent plus rares et touchent généralement des personnes qui avaient déjà des artères malades. Parlons ensuite des troubles du rythme cardiaque, ce que l'on appelle les arythmies. Là encore, le Covid a fait fort. Il va rendre le cœur capricieux et de nombreux malades ont présenté des arythmies pendant l'infection. En réanimation Covid, on rapportait qu'environ 1 patient sur 5 souffrait d'une arythmie significative. ça pouvait être une tachycardie ventriculaire, une fibrillation atriale et parfois des ralentissements importants, donc des bradycardies sévères. Et comparativement, une grippe en réanimation va causer moins souvent ce genre de problème de rythme que le Covid. Et pour appuyer cela, une étude a montré, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans le lien, que le risque de développer une nouvelle arythmie atriale était environ deux fois plus élevé chez les patients Covid que chez ceux grippés. Concrètement, cela veut dire que le coronavirus pousse plus fréquemment le cœur à battre la chamade de travers. On a vu des fibrillations atriales, donc une arythmie où le cœur va s'emballer de façon totalement irrégulière et anarchique, et cela peut entraîner des insuffisances cardiaques ou des caillots avec un risque d'AVC. Et bien, ces accès de fibrillations atriales pouvaient survenir chez des personnes qui n'en avaient jamais fait avant. On observait aussi parfois des pauses brutales du rythme et les fameux blocs qui pouvaient nécessiter aussi parfois un pacemaker temporaire. En ce qui concerne le VRS et la grippe quant à eux, ils peuvent aussi entraîner des troubles du rythme, mais là encore c'est plus occasionnel. Donc avec le Covid, c'était finalement presque routinier dans des formes sévères de voir des troubles du rythme. Parlons un peu... aussi de l'insuffisance cardiaque aiguë et des chocs cardiogéniques. En ce qui concerne les patients Covid, notamment ceux qui ont eu une myocardite ou un infarctus, ces patients-là ont vu leur cœur parfois s'épuiser au point de ne plus assurer ses fonctions. C'est ça l'insuffisance cardiaque et la conséquence, c'est une baisse dramatique du débit cardiaque, donc de la perfusion des organes, et ça peut être fatal. On a alors admis en soins intensifs des patients en choc cardiogénique. Le cœur n'arrive plus du tout à pomper suffisamment. La pression artérielle chute à cause du virus. Et les organes n'étant plus bien perfusés comme il se doit, eh bien cela est problématique, vous l'imaginez bien. Ça n'était pas la manifestation la plus fréquente, mais en tout cas, elle survenait dans les cas graves et elle nécessitait surtout parfois l'assistance de machines comme une ECMO, un ballon de contre-pulsion. parfois une grève du cœur. La grippe, de son côté, pouvait provoquer une décompensation chez un patient insuffisant cardiaque connu. Par exemple, une grippe peut aggraver un cœur déjà affaibli. Mais il est rarissime qu'elle cause directement un choc cardiogénique chez quelqu'un qui globalement allait bien avant. Donc, avec l'infection Covid, des cœurs sains se sont retrouvés en défaillance aiguë par la combinaison de tout le stress qu'on vient de citer. Terminons par les thromboses et les embolies. Et ça, c'est peut-être la signature la plus distincte du Covid. On a découvert au printemps 2020 que les patients Covid graves présentaient un sang anormalement coagulant et donc formaient des caillots un peu partout. Les chiffres d'ailleurs ont de quoi frapper les esprits. Chez des patients Covid hospitalisés, 20 à 30% avaient présenté une embolie pulmonaire, c'est-à-dire Un caillot qui bouche les artères des poumons. Et cela peut être très grave puisque, vous l'imaginez bien, le sang n'est plus oxygéné, mais aussi le cœur droit, notamment le ventricule droit peut en souffrir, ce qu'on appelle un cœur pulmonaire aigu qui peut aussi entraîner la mort. 20 à 30%, quand vous comparez cela à la grippe, dans les pneumonies grippales, les embolies pulmonaires existaient, mais elles restent plus rares. Et de même, des phlébites, à savoir des caillots au niveau des veines des jambes, étaient monnaie courante chez des patients Covid alités, beaucoup plus qu'avec d'autres infections respiratoires. Il y avait aussi des problèmes de caillots artériels qui pouvaient causer des AVC et qui ont été signalés en surnombre chez les Covid. Il y a des neurologues à New York qui ont rapporté que les Covid faisaient davantage d'AVC ischémique que les patients grippés, même quand on ajustait ça sur l'âge. et les facteurs de risque classiques cardiovasculaires. On estime donc que le COVID multipliait environ par 7 le risque d'AVC par rapport à la grippe dans certaines cohortes. Pareil, vous pouvez retrouver tous ces chiffres dans le lien de l'épisode. Tout ça, finalement, c'est assez énorme. Et en résumé, vous comprenez que là où la grippe ou le VRS causent très occasionnellement un caillot, Eh bien, le Covid. en a semé une véritable moisson chez les malades hospitalisés. Je pourrais continuer la liste des complications cardiovasculaires liées à l'infection Covid, mais vous voyez l'idée. Le Covid a déclenché pratiquement toutes les complications cardiovasculaires aiguës possibles et à une fréquence bien supérieure à celle observée avec d'autres virus respiratoires. Finalement, c'est pour cela que cette maladie a été qualifiée très tôt de multisystémique, car elle ne se contente pas d'attaquer un organe, à savoir les poumons, elle perturbe tout le corps, y compris le cœur et les vaisseaux. Et c'est précisément ce qui rend l'infection Covid si différent d'une grippe banale, en apparence en tout cas, malgré des symptômes respiratoires qui peuvent être parfois comparables, car les dégâts collatéraux ne sont pas du tout du même ordre. Essayons maintenant de comprendre pourquoi il y a eu de telles différences dans les complications cardiovasculaires entre Covid et autres virus respiratoires. On vient de voir le quoi, à savoir les manifestations cliniques. Parlons un peu maintenant du pourquoi. Qu'est-ce que ce coronavirus a de particulier qui explique qu'il secoue autant le système cardiovasculaire plus qu'un autre virus ? Alors, il y a plusieurs explications complémentaires. Je ne vais pas rentrer dans les détails biochimiques complexes, et d'ailleurs, je vous en ai déjà parlé dans des épisodes précédents sur le fameux récepteur ACE2, l'endothélite, l'orage cytokinique, et vous pouvez retrouver le lien de l'épisode par ici. Mais je vais quand même vous simplifier un peu les choses pour vous remettre un peu les idées au clair. Vous le savez maintenant, tout d'abord, le Covid touche une cible plus large dans l'organisme. Ce virus... à la capacité d'infecter non seulement les cellules pulmonaires, mais aussi potentiellement les cellules endothéliales qui tapissent à l'intérieur de nos vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du muscle cardiaque qui expriment le récepteur ACE2. En gros, ce virus a les clés via ACE2 pour entrer dans des cellules présentes dans tout le corps, et pas juste dans les bronches. La grippe, par contre, elle, va infecter principalement les voies respiratoires, et plus rarement les autres organes directement. Le résultat, c'est qu'avec le Covid, on a observé de véritables lésions des vaisseaux un peu partout. On parle d'endothélite pour décrire cette inflammation généralisée de la paroi des vaisseaux. Et cette atteinte diffuse de l'endothélium favorise énormément la formation des caillots, d'où les taux faramineux de thrombose. La grippe, elle, déclenche beaucoup moins ce type de réaction vasculaire systémique, d'où le fait que les complications thromboemboliques sont rarement vues, avec la grippe. Alors, quelles sont monnaies courantes avec le Covid ? Ensuite, le Covid entraîne une réaction inflammatoire disproportionnée. Ce virus provoque chez certains patients un orage cytokinique, c'est-à-dire une libération massive de substances pro-inflammatoires dans le sang. C'est en quelque sorte un embrasement du système immunitaire qui finit par endommager les organes. Cette inflammation extrême va pouvoir abîmer le cœur en le fatiguant, en le noyant sous les cytokines, il se trouve en quelque sorte sidéré. Et tout cela va aussi perturber la coagulation avec la formation des caillots. La grippe ou le VRS peuvent aussi déclencher cette forte inflammation, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais par contre, le niveau de dérèglement immunitaire semble souvent plus élevé avec le Covid, surtout avec des formes sévères comparées à la COVID. plupart des grippes saisonnières et beaucoup de patients Covid graves avaient des marqueurs inflammatoires comme la CRP, la féritine, mais aussi des marqueurs de coagulation comme les dédimères, le fibrinogène, à des taux stratosphériques qu'on voit rarement avec la grippe classique. Cette hyperinflammation explique en partie pourquoi le Covid tape plus fort sur le cœur. C'est un peu comme comparer un feu de camp avec une inflammation modérée que serait donc la grippe. avec un incendie généralisé, c'est-à-dire une inflammation, que donnerait le Covid sévère. Évidemment, ce second risque fort de provoquer des dégâts collatéraux, y compris cardiaques. Ensuite, il y a un stress physique intense pour le cœur. Avoir un Covid, ce n'est pas une petite affaire pour l'organisme, on l'a tous remarqué. Vous avez une forte fièvre, de la tachycardie avec un cœur qui s'accélère beaucoup. Une montée des hormones du stress, adrénaline, cortisol, tout cela va créer un état général délétère pour l'organisme. Et finalement, c'est un peu comme si vous faisiez faire de façon forcée un sprint à votre cœur, alors même que vos poumons, eux, sont en panne. Le cœur a besoin de plus d'oxygène parce qu'il bat plus vite et plus fort à un moment finalement où les poumons malades en apportent moins. C'est le scénario parfait pour... déclencher un infarctus de type 2, on en a parlé, vous savez, celui qui correspond à une souffrance importante des cellules cardiaques par manque d'oxygène relatif et non pas par une artère coronaire qui se bouche. Ou bien on peut voir une défaillance cardiaque chez quelqu'un qui a un cœur un peu fragile. Et même une personne sans antécédent peut souffrir de ce déséquilibre entre offre et demande en oxygène et voir donc son cœur réellement souffrir. D'où l'élévation de troponine constatée chez un grand nombre de patients Covid hospitalisés, ce qui est donc le signe d'une souffrance myocardique. La grippe va fatiguer aussi le cœur, bien sûr, mais rarement au point de provoquer des infarctus par déséquilibre ou des défaillances aiguës, sauf chez des patients qui étaient très vulnérables. Le Covid, lui, a mis tout le monde à rue d'épreuve, y compris des personnes d'âge moyen, sans gros problèmes auparavant, tellement l'agression physiologique était forte. et notamment dans des formes pulmonaires sévères avec la nécessité d'apporter de l'oxygène et une ventilation. Ensuite, il y a l'hypoxie sévère, c'est-à-dire le manque important d'oxygène. C'est lié au point précédent puisque dans les formes graves de Covid, les poumons sont tellement atteints que le taux d'oxygène dans le sang va chuter dangereusement. Cette hypoxie prolongée, on le sait, peut faire beaucoup de mal à... tous les organes et en particulier le coeur et le cerveau et chez un patient qui a des artères coronaires un peu bouchées même à son insu ou une fonction cardiaque limite ça peut le faire passer des heures avec peu d'oxygène dans le sang et donc déclencher un infarctus ou une insuffisance cardiaque aiguë et en réanimation covid on a ainsi eu des patients coronariens stables qui décompensaient brutalement à cause de l'hypoxémie. La grippe dans la majorité des cas par contre ne va pas provoquer une hypoxémie aussi profonde, sauf évidemment dans des pneumonies grippales très sévères, mais qui restent plus rares. Donc, là encore... Le Covid a coché toutes les cases défavorables en même temps. Un énorme besoin d'oxygène du cœur et des apports réduits par des poumons malades, en gros la double peine. Enfin, il y a la possible atteinte directe du cœur et c'est la question qui a beaucoup agité les scientifiques en 2020. Est-ce que le Covid infecte directement le muscle cardiaque ? Autrement dit... Le Covid provoque-t-il une myocardite virale au sens propre, comme le font certains virus classiques de la myocardite, par exemple les Coxsackie ? Eh bien, des traces de virus ont été retrouvées dans les cellules cardiaques de patients décédés du Covid, ce qui suggère qu'il peut y pénétrer. Mais par contre, à ce jour, les experts estiment que ce n'est pas le mécanisme principal. Le virus peut être présent dans le cœur, mais il ne semble pas... pas le détruire massivement comme le ferait un virus spécifiquement cardiotrope. En tout cas, aucune multiplication active franche n'a été prouvée dans le cœur, la plupart des dégâts observés sont dus aux mécanismes cités plus haut, comme je vous ai dit, inflammation, coagulation, hypoxémie, et d'ailleurs, on a constaté que les myocardites aigus étaient souvent plus sévères que les myocardites virales habituelles. justement parce qu'elle s'accompagnait d'une réaction inflammatoire généralisée et de perturbations multiviscérales qu'on ne voit pas dans une myocardite isolée classique. En résumé, le Covid déclenche une sorte de tempête intérieure qui finit par endommager le cœur, plus qu'il ne mange le cœur directement. La grippe, elle, peut causer de rares myocardites virales, on en voit chaque année quelques cas, Mais sans provoquer la fameuse avalanche de cytokines et de microtromboses que cause le Covid dans sa forme grave. Pour terminer cet épisode, je vais parler un peu du rôle des cardiologues lors de cette infection virale et pourquoi les cardiologues d'ailleurs se sont retrouvés dès le début en première ligne dans la lutte contre le Covid. On comprend maintenant mieux pourquoi les cardiologues ont été mobilisés pendant cette pandémie. Avec tous les mécanismes que je vous ai expliqués, on réalise que finalement le Covid cause plus d'infarctus, de myocardite et d'embolie et donc il est vite devenu évident que la prise en charge ne concernait pas que les pneumologues ou les spécialistes en maladies infectieuses et en réanimation. Dans les hôpitaux, dès qu'un patient Covid présentait des douleurs thoraciques, un électrocardiogramme anormal ou un marqueur cardiaque élevé comme la troponine, et bien... les cardiologues étaient appelés en renfort. Est-ce qu'il fallait emmener ce patient en salle de cathéterisme pour déboucher une artère coronaire ? S'agissait-il d'une myocardite qui nécessitait éventuellement des médicaments spécifiques ? Est-ce qu'il était en train de faire une arythmie maligne qui pouvait éventuellement aboutir à un choc électrique ? Autant de décisions qui relevaient de la cardiologie. Et en pleine pandémie, nos services de cardiologie interventionnelle sont restés opérationnels H24. Malgré le contexte difficile pour traiter les infarctus des patients Covid, mais pas que, avec toutes les précautions d'isolement que cela impliquait. On a dû intervenir chez des patients contagieux, parfois très instables, ce qui n'était évidemment pas simple mais indispensable pour leur survie. Les cardiologues ont aussi collaboré avec les réanimateurs pour gérer des cas de chocs cardiogéniques et d'insuffisance cardiaque aiguë liée au Covid. Par exemple, certains jeunes en myocardie de Covid ont dû être placés sous ECMO, une oxygénation par membrane extra-corporelle dont je vous ai parlé un peu avant, pour soutenir leur cœur et les poumons défaillants. Et ce type de prise en charge requiert évidemment une équipe de réanimateurs et de cardiologues très spécialisés. Par ailleurs, des recommandations internationales ont été rapidement émises pour guider les cardiologues face à la Covid. les sociétés savantes comme la Société Européenne de Cardiologie ou la Société Américaine de Cardiologie ont publié des bulletins d'alerte sur les complications thromboemboliques, sur la gestion de l'infarctus chez un patient Covid ou la surveillance des marqueurs cardiaques. Il fallait sensibiliser tous les médecins au fait que même un patient infecté et porteur du Covid sans symptômes respiratoires sévères pouvait faire un infarctus ou une embolie. Un autre rôle des cardiologues durant la pandémie a été aussi de rassurer et de conseiller le public. Beaucoup de patients cardiaques chroniques se demandaient s'ils devaient changer leur traitement à cause de l'infection Covid. Et peut-être vous vous rappelez ou pas la polémique qu'il y a eu sur certains médicaments, notamment dans l'hypertension artérielle au début, les fameux IEC ou ARA2 qui agissent donc sur ACE2. Et finalement, on a dit de les continuer. D'autres avaient peur d'attraper l'infection Covid en venant à l'hôpital, et ils tardaient à appeler le 15 même en cas de douleur dans la poitrine, ce qui a donc contribué à des infarctus négligés ou parfois pris en charge trop tard. Et donc, nous, en tant que cardiologues, on a dû marteler qu'en cas de signe d'infarctus, il fallait quand même venir s'entarder. Enfin, Les cardiologues ont été impliqués dans la recherche sur le Covid. Il y a eu des études qui ont été menées pour comprendre les mécanismes dont on vient de parler. On a cherché aussi à savoir si certains marqueurs pouvaient prédire la sévérité. Par exemple, la troponine élevée, est-ce qu'elle était un mauvais signe de pronostic ? Et plutôt oui. On a testé aussi des médicaments anti-inflammatoires ou des anticoagulants pour tenter de réduire le risque de complications thromboemboliques. Mais je ne vais pas détailler tous ces traitements ici, ça sera pour un prochain épisode. En somme, l'épidémie a rappelé que le cœur pouvait être une cible dans des maladies où on ne l'attendait pas. Les cardiologues ont dû s'adapter très vite, apprendre en même temps que tout le monde et contribuer activement à la prise en charge des malades atteints de Covid. Encore aujourd'hui, les cardiologues restent mobilisés. Le Covid circule toujours. il y a de nouveaux variants avec des noms tout aussi effrayants comme Frankenstein, qu'on ne sait pas très bien, où ce virus va nous toucher avec des nouveaux mutants qui vont nous abîmer. Mais même s'il est moins virulent qu'en 2020, il peut encore causer de sérieuses complications cardiovasculaires chez des personnes non vaccinées ou des personnes fragiles. Et dans nos hôpitaux, on continue de voir des embolies ou des myocardites qui sont liées au Covid. Elles sont plus rares qu'au début, heureusement. Mais elles sont toujours présentes, on reste donc vigilant. Voilà, nous arrivons à la fin de cet épisode. J'espère que ces explications vous auront permis de comprendre en quoi l'infection Covid a réellement quelque chose de spécial par rapport à la grippe ou au VRS en ce qui concerne le cœur. Ce n'est pas une petite infection respiratoire, vous l'avez maintenant compris. Et si on peut résumer tout ça en une phrase, oui, le Covid... est vraiment différent des autres virus respiratoires pour le cœur par l'ampleur des dégâts qu'il peut causer. Cela ne veut pas dire que la grippe est anodine. Il faut d'ailleurs continuer de la prendre au sérieux et de se faire vacciner chaque année, notamment les personnes les plus fragiles. Mais disons que le Covid a été un révélateur brutal de l'importance de protéger son système cardiovasculaire en cas d'infection grave. C'est aussi une... une piqûre de rappel sur le fait que notre cœur est un tout. C'est un virus qui va viser les poumons et il peut par ricochet toucher le cœur, le cerveau, mais aussi les reins, finalement tous les organes qui vont exprimer ACE2. On l'avait déjà observé, un peu avec d'autres maladies, mais le Covid a démontré de manière éclatante tout cela. Et en tout cas, si vous ou l'un de vos proches avait des soucis cardiaques, Et attrapez le Covid. Ne paniquez pas, mais soyez attentifs. Consultez rapidement si des symptômes comme une douleur dans la poitrine, un essoufflement anormal, des malaises, des palpitations surviennent. En cas d'urgence, pareil, je vous le rappelle, appelez le 15. Mais en tout cas, mieux vaut prévenir que guérir, surtout avec ce virus très sournois. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, TikTok ou YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, je vous proposerai un nouvel épisode dans la... continuité de celui-ci, on continue notre saga sur l'infection Covid et le cœur et on parlera cette fois de la phase chronique. Vous savez, ce fameux Covid long dont on entend beaucoup parler et donc des conséquences que le Covid long peut avoir sur le cœur. Autrement dit, que se passe-t-il des semaines ou des mois après l'infection au niveau cardiovasculaire ? Est-ce qu'il y a des séquelles cardiovasculaires à long terme ? et d'éventuels symptômes persistants. On fera le point sur ce que l'on sait du Covid long côté cœur, en tout cas à la lueur des connaissances d'octobre 2025. C'est donc un sujet qui risque d'intriguer beaucoup de monde, j'en suis certain. Et rappelez-vous, si les sujets sur la cardiologie vous intéressent, je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour continuer cette aventure ensemble. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine. Prenez soin de votre cœur.

Description

📌 COVID-19 vs GRIPPE : pourquoi ce virus attaque-t-il autant le cœur ? Je vous explique tout 💔🦠


👉 Le COVID-19 n'est pas un simple virus respiratoire. Dans cet épisode, je vous explique pourquoi il fait bien plus de dégâts cardiovasculaires que la grippe ou le VRS. Myocardites fulgurantes, infarctus sans antécédents, arythmies graves, embolies pulmonaires massives… le coronavirus a mis nos cœurs à rude épreuve.


🎙️ Je suis Grégoire Cauchois, cardiologue, et dans cette émission “En plein cœur”, je décrypte pour vous, avec clarté et bienveillance, les grandes questions autour de la santé cardiovasculaire.


❤️ Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • En quoi les complications cardiaques aiguës du COVID-19 sont plus fréquentes et plus graves que celles de la grippe ou du VRS.

  • Les 5 complications majeures : myocardites, infarctus, arythmies, insuffisances cardiaques et embolies.

  • Pourquoi les cardiologues ont été en première ligne dès les débuts de la pandémie.

  • Comment le COVID a changé notre compréhension des virus et du cœur.

📊 Tous les propos sont basés sur des études scientifiques publiées, issues de la vraie vie clinique (PubMed, JAMA, BMJ, etc.).


⚠️ Pas de jargon, mais des explications simples et basées sur des faits. Un épisode indispensable pour toute personne concernée par sa santé ou celle de ses proches.


💬 Vous avez une question sur le cœur ou le COVID ? Posez-la en commentaire, j’en sélectionnerai une pour la prochaine émission !


📅 Prochain épisode : le COVID long et ses séquelles sur le cœur ❤️‍🩹 À ne pas manquer !


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🗓️ SOURCES MEDICALES

1️⃣ Cardiovascular complications in COVID-19: A systematic review and meta-analysis. Kunutsor SK. Journal of Infection (2020) 

2️⃣ Cardiovascular implications of fatal outcomes of patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19). Guo T. JAMA Cardiology (2020)
3️⃣ Incidence of thrombotic complications in critically ill ICU patients with COVID-19. Klok FA. Thrombosis Research (2020)
4️⃣ Myocarditis in COVID-19: current understanding and perspectives. Sawalha K. Heart Failure Reviews (2021)
5️⃣ Arrhythmias and COVID-19: prevalence, mechanisms and clinical implications. Bhatla A. Heart Rhythm (2020)
6️⃣ Outcomes of cardiovascular complications related to COVID-19 compared with influenza. Xie Y. BMJ (2022)
7️⃣ Risk of stroke following influenza and COVID-19: a comparative retrospective cohort study. Merkler AE. JAMA Neurology (2020)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en mars 2020, une étrange pneumonie envahit les hôpitaux du monde entier avec l'arrivée d'un nouveau virus dénommé Covid-19, puis plus tard SARS-CoV-2. Très vite, les médecins constatent quelque chose de stupéfiant, ce virus respiratoire cause bien plus que de la toux et de la fièvre. Des patients développent des infarctus massifs sans antécédent, de jeunes adultes font des myocardites fulgurantes, d'autres... présente des arrhythmies cardiaques graves ou des embolies pulmonaires multiples. Jamais on n'avait vu une grippe ou un autre virus respiratoire provoquer autant de complications cardiovasculaires en si peu de temps. Face à cette nouvelle menace, les cardiologues du monde entier se sont immédiatement mobilisés aux côtés de leurs collègues réanimateurs et pneumologues. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Je m'appelle Grégoire Cauchois, je suis cardiologue. A travers cette chaîne, je vous partage mon univers professionnel afin de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. Mon objectif est de vous offrir des explications claires, des conseils pratiques, parfois des interviews de soignants ou des témoignages poignants de patients, tout cela pour vous toucher en plein cœur. Petit disclaimer aussi, Les sujets que j'aborde ici s'appuient sur les données validées de la science avec des sources à l'appui que vous pouvez retrouver dans le lien de l'épisode dans le but de vous aider à prendre soin de votre santé. Ces informations sont données à titre informatif et ne sauraient remplacer une consultation médicale. Par conséquent, en cas de doute sur votre santé, parlez-en avec votre médecin. Et pour une bonne transparence, Je précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les propos tenus dans cet épisode. Mais avant de commencer, si vous avez aimé ce contenu et que vous ne voulez pas rater les prochains épisodes, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera grandir aussi la communauté des curieux du cœur. N'hésitez pas non plus à laisser un pouce bleu ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste pour vous, mais d'une grande aide pour moi, et je vois d'ailleurs que vous êtes nombreux à écouter sans être abonné. Alors pensez-y, abonnez-vous, car vous pourriez manquer un sujet passionnant qui aidera votre cœur. Allez, je vous laisse quelques secondes pour vous abonner tout de suite, c'est bon, alors on y va, merci beaucoup. Aujourd'hui... Nous continuons la saga Covid et cœur en nous demandant si l'infection Covid est vraiment différente des autres virus en termes de complications cardiovasculaires pendant la phase aiguë de l'infection. Autrement dit, certains virus bien connus pour donner des infections respiratoires, ces fameuses pneumopathies virales parfois sévères voire fatales comme le virus de la grippe saisonnière ou le VRS pour... Virus respiratoire syncytial provoque-t-il aussi des dégâts sur le cœur et les vaisseaux ? Et si oui, dans quelles mesures ? Nous n'aborderons que la phase aiguë de l'infection, donc je ne vous parlerai pas encore ici de Covid long, c'est-à-dire des effets chroniques prolongés, car je vous le réserve pour un prochain épisode. Nous ne parlerons pas non plus des vaccins ou des traitements aujourd'hui. contre l'infection Covid. L'objectif aujourd'hui, c'est de comprendre pourquoi les cardiologues ont été et sont encore particulièrement mobilisés face à cette infection. Et je vais commencer par vous donner les points clés que nous allons aborder dans l'épisode. Tout d'abord, les différences dans les complications cardiovasculaires aiguës entre le Covid et des virus plus classiques comme la grippe ou le VRS. On verra concrètement si ces virus plus connus peuvent eux aussi provoquer des infarctus, des myocardites, des troubles du rythme ou des embolies, et à quelle fréquence. Vous allez voir que finalement, le Covid a vraiment cassé l'échelle de gravité habituelle. Ensuite, comment expliquer ces différences ? On évoquera les mécanismes en jeu de manière simple. Le Covid touche-t-il le cœur d'une façon particulière ? Est-ce que la réaction inflammatoire qu'il provoque est hors norme ? Pourquoi le sang coagule-t-il plus chez les patients Covid que chez ceux grippés par exemple ? Et en filigrane, je vous expliquerai pourquoi les cardiologues se sont retrouvés en première ligne. Vous comprendrez qu'avec un virus pareil, les spécialistes du cœur n'avaient pas le choix que de se retrousser les manches dès les premiers mois et encore aujourd'hui pour aider à sauver des vies. Vous allez voir, c'est à la fois effrayant et fascinant de constater à quel point un si petit virus respiratoire peut avoir des répercussions sur le cœur et les vaisseaux. Alors, rassurez-vous, pas de jargon incompréhensible, je vais tout vous expliquer de manière simple et concrète, avec des faits réels et des études scientifiques sérieuses à l'appui. Allez, c'est parti ! Commençons par un constat général, le Covid a touché le cœur plus fréquemment et plus sévèrement que la grippe ou le VRS. Certes, les autres virus respiratoires peuvent aussi affecter le système cardiovasculaire, ça n'est pas totalement nouveau. Par exemple, on sait que la grippe, que l'on appelle aussi influenza, va provoquer des inflammations du muscle cardiaque, que l'on appelle des myocardites, et augmenter le risque d'insuffisance cardiaque aiguë ou d'infarctus pendant l'infection. Et d'ailleurs... Attraper la grippe, ça multiplie le risque d'infarctus dans les jours qui suivent. Et des études ont montré que le fait d'avoir la grippe pouvait déclencher un infarctus chez des personnes fragiles en raison d'un stress inflammatoire important. De même, le VRS, pour virus respiratoire syncytial, qui est un virus finalement assez fréquent, notamment chez les nourrissons, et on le retrouve aussi à l'âge adulte, notamment en cas de baisse des défenses immunitaires. Il a été associé à des myocardites également ou à des troubles du rythme tels que des tachycardies ventriculaires ou des troubles de conduction cardiaque, c'est-à-dire des blocs de conduction électrique du cœur avec donc des pauses et des ralentissements importants du rythme cardiaque. Donc oui, même avant 2020, on savait qu'une infection respiratoire pouvait secouer un cœur fragile. Mais ce que le coronavirus a provoqué, c'est un... changement d'échelle. Très vite, les cardiologues ont été frappés par la variété et la fréquence des complications cardiovasculaires chez les patients Covid, y compris chez des patients plus jeunes ou sans antécédents notables. On a eu le sentiment que ce virus des poumons visait aussi le cœur de manière quasi systématique. Alors, quelles complications cardiaques et Plus que pour la grippe ou le VRS. Eh bien, quasiment toute la panoplie des urgences cardiologiques ont été observées pendant la phase aiguë d'une infection Covid en proportion bien supérieure à ce que l'on voit avec les autres infections virales. Et je vais les détailler maintenant. Tout d'abord, en ce qui concerne les myocardites, c'est-à-dire des inflammations qui peuvent être graves du muscle cardiaque. Eh bien, c'est l'une des atteintes emblématiques du Covid aigu. Des études ont mesuré précisément cela, et parmi des patients hospitalisés, environ 0,9% des cas Covid ont eu une myocardite, contre seulement 0,2% pour la grippe et 0,1% pour le VRS. Dit autrement, le Covid pouvait être associé à 4 à 5 fois plus de risques de myocardite que la grippe. Et ça paraît... Des petits chiffres, mais en réalité c'est énorme. On a vu des cas de myocardite sévère chez des sujets Covid et qui nécessitaient parfois des machines d'assistance circulatoire comme des ECMO. Ce qui est très rare d'ailleurs pour une grippe classique. Et dans la plupart des cas Covid, la myocardite semble due essentiellement à l'orage inflammatoire général et aux dégâts indirects du virus sur le cœur, plus qu'à une infection directe du muscle cardiaque. J'y reviendrai. La grippe peut elle aussi causer des myocardites, mais beaucoup plus rarement et le plus souvent chez des personnes déjà fragiles. Ensuite viennent les infarctus du myocarde, ces fameuses crises cardiaques. Là aussi, le Covid a surpris. Des patients atteints de Covid ont développé des infarctus aigus, parfois massifs, alors qu'ils n'avaient pas forcément de facteurs de risque cardiovasculaire connus. En temps normal, les infarctus surviennent plutôt chez des patients à risque, qui ont donc des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac, etc. ou alors des symptômes qui surviennent à l'effort. Mais en pleine infection Covid, on a vu des infarctus se déclencher, probablement précipités par l'infection elle-même. Et il faut dire que l'infection Covid crée un environnement propice à cela, avec une tension artérielle qui grimpe, un sang qui coagule davantage et un cœur qui peut s'emballer. Tout cela peut aussi déstabiliser ce que l'on appelle les fameuses plaques d'athérome au niveau d'une artère coronaire. et la faire se boucher. Ou bien, cela pouvait aussi causer ce que l'on appelle un infarctus de type 2, c'est-à-dire une faute d'oxygène suffisante pour que le cœur en souffre sans qu'une artère soit bouchée. Et la grippe peut, elle aussi, par le stress qu'elle induit, provoquer ce genre d'infarctus par accident. Mais on n'en voyait pas autant en si peu de temps. En fait, les données montrent que... le risque d'accident artériel, à savoir un infarctus du myocarde ou un AVC ischémique pendant une hospitalisation Covid, n'est pas radicalement plus élevé que pendant une hospitalisation pour une grippe. C'est à peu près du même ordre de grandeur. Mais par contre, ce qui change, c'est le profil des infarctus Covid. Ils peuvent survenir chez des patients plus jeunes ou sans facteur de risque du fait de la violence de l'infection. Et avec la grippe, un infarctus en pleine infection restent plus rares et touchent généralement des personnes qui avaient déjà des artères malades. Parlons ensuite des troubles du rythme cardiaque, ce que l'on appelle les arythmies. Là encore, le Covid a fait fort. Il va rendre le cœur capricieux et de nombreux malades ont présenté des arythmies pendant l'infection. En réanimation Covid, on rapportait qu'environ 1 patient sur 5 souffrait d'une arythmie significative. ça pouvait être une tachycardie ventriculaire, une fibrillation atriale et parfois des ralentissements importants, donc des bradycardies sévères. Et comparativement, une grippe en réanimation va causer moins souvent ce genre de problème de rythme que le Covid. Et pour appuyer cela, une étude a montré, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans le lien, que le risque de développer une nouvelle arythmie atriale était environ deux fois plus élevé chez les patients Covid que chez ceux grippés. Concrètement, cela veut dire que le coronavirus pousse plus fréquemment le cœur à battre la chamade de travers. On a vu des fibrillations atriales, donc une arythmie où le cœur va s'emballer de façon totalement irrégulière et anarchique, et cela peut entraîner des insuffisances cardiaques ou des caillots avec un risque d'AVC. Et bien, ces accès de fibrillations atriales pouvaient survenir chez des personnes qui n'en avaient jamais fait avant. On observait aussi parfois des pauses brutales du rythme et les fameux blocs qui pouvaient nécessiter aussi parfois un pacemaker temporaire. En ce qui concerne le VRS et la grippe quant à eux, ils peuvent aussi entraîner des troubles du rythme, mais là encore c'est plus occasionnel. Donc avec le Covid, c'était finalement presque routinier dans des formes sévères de voir des troubles du rythme. Parlons un peu... aussi de l'insuffisance cardiaque aiguë et des chocs cardiogéniques. En ce qui concerne les patients Covid, notamment ceux qui ont eu une myocardite ou un infarctus, ces patients-là ont vu leur cœur parfois s'épuiser au point de ne plus assurer ses fonctions. C'est ça l'insuffisance cardiaque et la conséquence, c'est une baisse dramatique du débit cardiaque, donc de la perfusion des organes, et ça peut être fatal. On a alors admis en soins intensifs des patients en choc cardiogénique. Le cœur n'arrive plus du tout à pomper suffisamment. La pression artérielle chute à cause du virus. Et les organes n'étant plus bien perfusés comme il se doit, eh bien cela est problématique, vous l'imaginez bien. Ça n'était pas la manifestation la plus fréquente, mais en tout cas, elle survenait dans les cas graves et elle nécessitait surtout parfois l'assistance de machines comme une ECMO, un ballon de contre-pulsion. parfois une grève du cœur. La grippe, de son côté, pouvait provoquer une décompensation chez un patient insuffisant cardiaque connu. Par exemple, une grippe peut aggraver un cœur déjà affaibli. Mais il est rarissime qu'elle cause directement un choc cardiogénique chez quelqu'un qui globalement allait bien avant. Donc, avec l'infection Covid, des cœurs sains se sont retrouvés en défaillance aiguë par la combinaison de tout le stress qu'on vient de citer. Terminons par les thromboses et les embolies. Et ça, c'est peut-être la signature la plus distincte du Covid. On a découvert au printemps 2020 que les patients Covid graves présentaient un sang anormalement coagulant et donc formaient des caillots un peu partout. Les chiffres d'ailleurs ont de quoi frapper les esprits. Chez des patients Covid hospitalisés, 20 à 30% avaient présenté une embolie pulmonaire, c'est-à-dire Un caillot qui bouche les artères des poumons. Et cela peut être très grave puisque, vous l'imaginez bien, le sang n'est plus oxygéné, mais aussi le cœur droit, notamment le ventricule droit peut en souffrir, ce qu'on appelle un cœur pulmonaire aigu qui peut aussi entraîner la mort. 20 à 30%, quand vous comparez cela à la grippe, dans les pneumonies grippales, les embolies pulmonaires existaient, mais elles restent plus rares. Et de même, des phlébites, à savoir des caillots au niveau des veines des jambes, étaient monnaie courante chez des patients Covid alités, beaucoup plus qu'avec d'autres infections respiratoires. Il y avait aussi des problèmes de caillots artériels qui pouvaient causer des AVC et qui ont été signalés en surnombre chez les Covid. Il y a des neurologues à New York qui ont rapporté que les Covid faisaient davantage d'AVC ischémique que les patients grippés, même quand on ajustait ça sur l'âge. et les facteurs de risque classiques cardiovasculaires. On estime donc que le COVID multipliait environ par 7 le risque d'AVC par rapport à la grippe dans certaines cohortes. Pareil, vous pouvez retrouver tous ces chiffres dans le lien de l'épisode. Tout ça, finalement, c'est assez énorme. Et en résumé, vous comprenez que là où la grippe ou le VRS causent très occasionnellement un caillot, Eh bien, le Covid. en a semé une véritable moisson chez les malades hospitalisés. Je pourrais continuer la liste des complications cardiovasculaires liées à l'infection Covid, mais vous voyez l'idée. Le Covid a déclenché pratiquement toutes les complications cardiovasculaires aiguës possibles et à une fréquence bien supérieure à celle observée avec d'autres virus respiratoires. Finalement, c'est pour cela que cette maladie a été qualifiée très tôt de multisystémique, car elle ne se contente pas d'attaquer un organe, à savoir les poumons, elle perturbe tout le corps, y compris le cœur et les vaisseaux. Et c'est précisément ce qui rend l'infection Covid si différent d'une grippe banale, en apparence en tout cas, malgré des symptômes respiratoires qui peuvent être parfois comparables, car les dégâts collatéraux ne sont pas du tout du même ordre. Essayons maintenant de comprendre pourquoi il y a eu de telles différences dans les complications cardiovasculaires entre Covid et autres virus respiratoires. On vient de voir le quoi, à savoir les manifestations cliniques. Parlons un peu maintenant du pourquoi. Qu'est-ce que ce coronavirus a de particulier qui explique qu'il secoue autant le système cardiovasculaire plus qu'un autre virus ? Alors, il y a plusieurs explications complémentaires. Je ne vais pas rentrer dans les détails biochimiques complexes, et d'ailleurs, je vous en ai déjà parlé dans des épisodes précédents sur le fameux récepteur ACE2, l'endothélite, l'orage cytokinique, et vous pouvez retrouver le lien de l'épisode par ici. Mais je vais quand même vous simplifier un peu les choses pour vous remettre un peu les idées au clair. Vous le savez maintenant, tout d'abord, le Covid touche une cible plus large dans l'organisme. Ce virus... à la capacité d'infecter non seulement les cellules pulmonaires, mais aussi potentiellement les cellules endothéliales qui tapissent à l'intérieur de nos vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du muscle cardiaque qui expriment le récepteur ACE2. En gros, ce virus a les clés via ACE2 pour entrer dans des cellules présentes dans tout le corps, et pas juste dans les bronches. La grippe, par contre, elle, va infecter principalement les voies respiratoires, et plus rarement les autres organes directement. Le résultat, c'est qu'avec le Covid, on a observé de véritables lésions des vaisseaux un peu partout. On parle d'endothélite pour décrire cette inflammation généralisée de la paroi des vaisseaux. Et cette atteinte diffuse de l'endothélium favorise énormément la formation des caillots, d'où les taux faramineux de thrombose. La grippe, elle, déclenche beaucoup moins ce type de réaction vasculaire systémique, d'où le fait que les complications thromboemboliques sont rarement vues, avec la grippe. Alors, quelles sont monnaies courantes avec le Covid ? Ensuite, le Covid entraîne une réaction inflammatoire disproportionnée. Ce virus provoque chez certains patients un orage cytokinique, c'est-à-dire une libération massive de substances pro-inflammatoires dans le sang. C'est en quelque sorte un embrasement du système immunitaire qui finit par endommager les organes. Cette inflammation extrême va pouvoir abîmer le cœur en le fatiguant, en le noyant sous les cytokines, il se trouve en quelque sorte sidéré. Et tout cela va aussi perturber la coagulation avec la formation des caillots. La grippe ou le VRS peuvent aussi déclencher cette forte inflammation, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais par contre, le niveau de dérèglement immunitaire semble souvent plus élevé avec le Covid, surtout avec des formes sévères comparées à la COVID. plupart des grippes saisonnières et beaucoup de patients Covid graves avaient des marqueurs inflammatoires comme la CRP, la féritine, mais aussi des marqueurs de coagulation comme les dédimères, le fibrinogène, à des taux stratosphériques qu'on voit rarement avec la grippe classique. Cette hyperinflammation explique en partie pourquoi le Covid tape plus fort sur le cœur. C'est un peu comme comparer un feu de camp avec une inflammation modérée que serait donc la grippe. avec un incendie généralisé, c'est-à-dire une inflammation, que donnerait le Covid sévère. Évidemment, ce second risque fort de provoquer des dégâts collatéraux, y compris cardiaques. Ensuite, il y a un stress physique intense pour le cœur. Avoir un Covid, ce n'est pas une petite affaire pour l'organisme, on l'a tous remarqué. Vous avez une forte fièvre, de la tachycardie avec un cœur qui s'accélère beaucoup. Une montée des hormones du stress, adrénaline, cortisol, tout cela va créer un état général délétère pour l'organisme. Et finalement, c'est un peu comme si vous faisiez faire de façon forcée un sprint à votre cœur, alors même que vos poumons, eux, sont en panne. Le cœur a besoin de plus d'oxygène parce qu'il bat plus vite et plus fort à un moment finalement où les poumons malades en apportent moins. C'est le scénario parfait pour... déclencher un infarctus de type 2, on en a parlé, vous savez, celui qui correspond à une souffrance importante des cellules cardiaques par manque d'oxygène relatif et non pas par une artère coronaire qui se bouche. Ou bien on peut voir une défaillance cardiaque chez quelqu'un qui a un cœur un peu fragile. Et même une personne sans antécédent peut souffrir de ce déséquilibre entre offre et demande en oxygène et voir donc son cœur réellement souffrir. D'où l'élévation de troponine constatée chez un grand nombre de patients Covid hospitalisés, ce qui est donc le signe d'une souffrance myocardique. La grippe va fatiguer aussi le cœur, bien sûr, mais rarement au point de provoquer des infarctus par déséquilibre ou des défaillances aiguës, sauf chez des patients qui étaient très vulnérables. Le Covid, lui, a mis tout le monde à rue d'épreuve, y compris des personnes d'âge moyen, sans gros problèmes auparavant, tellement l'agression physiologique était forte. et notamment dans des formes pulmonaires sévères avec la nécessité d'apporter de l'oxygène et une ventilation. Ensuite, il y a l'hypoxie sévère, c'est-à-dire le manque important d'oxygène. C'est lié au point précédent puisque dans les formes graves de Covid, les poumons sont tellement atteints que le taux d'oxygène dans le sang va chuter dangereusement. Cette hypoxie prolongée, on le sait, peut faire beaucoup de mal à... tous les organes et en particulier le coeur et le cerveau et chez un patient qui a des artères coronaires un peu bouchées même à son insu ou une fonction cardiaque limite ça peut le faire passer des heures avec peu d'oxygène dans le sang et donc déclencher un infarctus ou une insuffisance cardiaque aiguë et en réanimation covid on a ainsi eu des patients coronariens stables qui décompensaient brutalement à cause de l'hypoxémie. La grippe dans la majorité des cas par contre ne va pas provoquer une hypoxémie aussi profonde, sauf évidemment dans des pneumonies grippales très sévères, mais qui restent plus rares. Donc, là encore... Le Covid a coché toutes les cases défavorables en même temps. Un énorme besoin d'oxygène du cœur et des apports réduits par des poumons malades, en gros la double peine. Enfin, il y a la possible atteinte directe du cœur et c'est la question qui a beaucoup agité les scientifiques en 2020. Est-ce que le Covid infecte directement le muscle cardiaque ? Autrement dit... Le Covid provoque-t-il une myocardite virale au sens propre, comme le font certains virus classiques de la myocardite, par exemple les Coxsackie ? Eh bien, des traces de virus ont été retrouvées dans les cellules cardiaques de patients décédés du Covid, ce qui suggère qu'il peut y pénétrer. Mais par contre, à ce jour, les experts estiment que ce n'est pas le mécanisme principal. Le virus peut être présent dans le cœur, mais il ne semble pas... pas le détruire massivement comme le ferait un virus spécifiquement cardiotrope. En tout cas, aucune multiplication active franche n'a été prouvée dans le cœur, la plupart des dégâts observés sont dus aux mécanismes cités plus haut, comme je vous ai dit, inflammation, coagulation, hypoxémie, et d'ailleurs, on a constaté que les myocardites aigus étaient souvent plus sévères que les myocardites virales habituelles. justement parce qu'elle s'accompagnait d'une réaction inflammatoire généralisée et de perturbations multiviscérales qu'on ne voit pas dans une myocardite isolée classique. En résumé, le Covid déclenche une sorte de tempête intérieure qui finit par endommager le cœur, plus qu'il ne mange le cœur directement. La grippe, elle, peut causer de rares myocardites virales, on en voit chaque année quelques cas, Mais sans provoquer la fameuse avalanche de cytokines et de microtromboses que cause le Covid dans sa forme grave. Pour terminer cet épisode, je vais parler un peu du rôle des cardiologues lors de cette infection virale et pourquoi les cardiologues d'ailleurs se sont retrouvés dès le début en première ligne dans la lutte contre le Covid. On comprend maintenant mieux pourquoi les cardiologues ont été mobilisés pendant cette pandémie. Avec tous les mécanismes que je vous ai expliqués, on réalise que finalement le Covid cause plus d'infarctus, de myocardite et d'embolie et donc il est vite devenu évident que la prise en charge ne concernait pas que les pneumologues ou les spécialistes en maladies infectieuses et en réanimation. Dans les hôpitaux, dès qu'un patient Covid présentait des douleurs thoraciques, un électrocardiogramme anormal ou un marqueur cardiaque élevé comme la troponine, et bien... les cardiologues étaient appelés en renfort. Est-ce qu'il fallait emmener ce patient en salle de cathéterisme pour déboucher une artère coronaire ? S'agissait-il d'une myocardite qui nécessitait éventuellement des médicaments spécifiques ? Est-ce qu'il était en train de faire une arythmie maligne qui pouvait éventuellement aboutir à un choc électrique ? Autant de décisions qui relevaient de la cardiologie. Et en pleine pandémie, nos services de cardiologie interventionnelle sont restés opérationnels H24. Malgré le contexte difficile pour traiter les infarctus des patients Covid, mais pas que, avec toutes les précautions d'isolement que cela impliquait. On a dû intervenir chez des patients contagieux, parfois très instables, ce qui n'était évidemment pas simple mais indispensable pour leur survie. Les cardiologues ont aussi collaboré avec les réanimateurs pour gérer des cas de chocs cardiogéniques et d'insuffisance cardiaque aiguë liée au Covid. Par exemple, certains jeunes en myocardie de Covid ont dû être placés sous ECMO, une oxygénation par membrane extra-corporelle dont je vous ai parlé un peu avant, pour soutenir leur cœur et les poumons défaillants. Et ce type de prise en charge requiert évidemment une équipe de réanimateurs et de cardiologues très spécialisés. Par ailleurs, des recommandations internationales ont été rapidement émises pour guider les cardiologues face à la Covid. les sociétés savantes comme la Société Européenne de Cardiologie ou la Société Américaine de Cardiologie ont publié des bulletins d'alerte sur les complications thromboemboliques, sur la gestion de l'infarctus chez un patient Covid ou la surveillance des marqueurs cardiaques. Il fallait sensibiliser tous les médecins au fait que même un patient infecté et porteur du Covid sans symptômes respiratoires sévères pouvait faire un infarctus ou une embolie. Un autre rôle des cardiologues durant la pandémie a été aussi de rassurer et de conseiller le public. Beaucoup de patients cardiaques chroniques se demandaient s'ils devaient changer leur traitement à cause de l'infection Covid. Et peut-être vous vous rappelez ou pas la polémique qu'il y a eu sur certains médicaments, notamment dans l'hypertension artérielle au début, les fameux IEC ou ARA2 qui agissent donc sur ACE2. Et finalement, on a dit de les continuer. D'autres avaient peur d'attraper l'infection Covid en venant à l'hôpital, et ils tardaient à appeler le 15 même en cas de douleur dans la poitrine, ce qui a donc contribué à des infarctus négligés ou parfois pris en charge trop tard. Et donc, nous, en tant que cardiologues, on a dû marteler qu'en cas de signe d'infarctus, il fallait quand même venir s'entarder. Enfin, Les cardiologues ont été impliqués dans la recherche sur le Covid. Il y a eu des études qui ont été menées pour comprendre les mécanismes dont on vient de parler. On a cherché aussi à savoir si certains marqueurs pouvaient prédire la sévérité. Par exemple, la troponine élevée, est-ce qu'elle était un mauvais signe de pronostic ? Et plutôt oui. On a testé aussi des médicaments anti-inflammatoires ou des anticoagulants pour tenter de réduire le risque de complications thromboemboliques. Mais je ne vais pas détailler tous ces traitements ici, ça sera pour un prochain épisode. En somme, l'épidémie a rappelé que le cœur pouvait être une cible dans des maladies où on ne l'attendait pas. Les cardiologues ont dû s'adapter très vite, apprendre en même temps que tout le monde et contribuer activement à la prise en charge des malades atteints de Covid. Encore aujourd'hui, les cardiologues restent mobilisés. Le Covid circule toujours. il y a de nouveaux variants avec des noms tout aussi effrayants comme Frankenstein, qu'on ne sait pas très bien, où ce virus va nous toucher avec des nouveaux mutants qui vont nous abîmer. Mais même s'il est moins virulent qu'en 2020, il peut encore causer de sérieuses complications cardiovasculaires chez des personnes non vaccinées ou des personnes fragiles. Et dans nos hôpitaux, on continue de voir des embolies ou des myocardites qui sont liées au Covid. Elles sont plus rares qu'au début, heureusement. Mais elles sont toujours présentes, on reste donc vigilant. Voilà, nous arrivons à la fin de cet épisode. J'espère que ces explications vous auront permis de comprendre en quoi l'infection Covid a réellement quelque chose de spécial par rapport à la grippe ou au VRS en ce qui concerne le cœur. Ce n'est pas une petite infection respiratoire, vous l'avez maintenant compris. Et si on peut résumer tout ça en une phrase, oui, le Covid... est vraiment différent des autres virus respiratoires pour le cœur par l'ampleur des dégâts qu'il peut causer. Cela ne veut pas dire que la grippe est anodine. Il faut d'ailleurs continuer de la prendre au sérieux et de se faire vacciner chaque année, notamment les personnes les plus fragiles. Mais disons que le Covid a été un révélateur brutal de l'importance de protéger son système cardiovasculaire en cas d'infection grave. C'est aussi une... une piqûre de rappel sur le fait que notre cœur est un tout. C'est un virus qui va viser les poumons et il peut par ricochet toucher le cœur, le cerveau, mais aussi les reins, finalement tous les organes qui vont exprimer ACE2. On l'avait déjà observé, un peu avec d'autres maladies, mais le Covid a démontré de manière éclatante tout cela. Et en tout cas, si vous ou l'un de vos proches avait des soucis cardiaques, Et attrapez le Covid. Ne paniquez pas, mais soyez attentifs. Consultez rapidement si des symptômes comme une douleur dans la poitrine, un essoufflement anormal, des malaises, des palpitations surviennent. En cas d'urgence, pareil, je vous le rappelle, appelez le 15. Mais en tout cas, mieux vaut prévenir que guérir, surtout avec ce virus très sournois. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, TikTok ou YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, je vous proposerai un nouvel épisode dans la... continuité de celui-ci, on continue notre saga sur l'infection Covid et le cœur et on parlera cette fois de la phase chronique. Vous savez, ce fameux Covid long dont on entend beaucoup parler et donc des conséquences que le Covid long peut avoir sur le cœur. Autrement dit, que se passe-t-il des semaines ou des mois après l'infection au niveau cardiovasculaire ? Est-ce qu'il y a des séquelles cardiovasculaires à long terme ? et d'éventuels symptômes persistants. On fera le point sur ce que l'on sait du Covid long côté cœur, en tout cas à la lueur des connaissances d'octobre 2025. C'est donc un sujet qui risque d'intriguer beaucoup de monde, j'en suis certain. Et rappelez-vous, si les sujets sur la cardiologie vous intéressent, je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour continuer cette aventure ensemble. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine. Prenez soin de votre cœur.

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📌 COVID-19 vs GRIPPE : pourquoi ce virus attaque-t-il autant le cœur ? Je vous explique tout 💔🦠


👉 Le COVID-19 n'est pas un simple virus respiratoire. Dans cet épisode, je vous explique pourquoi il fait bien plus de dégâts cardiovasculaires que la grippe ou le VRS. Myocardites fulgurantes, infarctus sans antécédents, arythmies graves, embolies pulmonaires massives… le coronavirus a mis nos cœurs à rude épreuve.


🎙️ Je suis Grégoire Cauchois, cardiologue, et dans cette émission “En plein cœur”, je décrypte pour vous, avec clarté et bienveillance, les grandes questions autour de la santé cardiovasculaire.


❤️ Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • En quoi les complications cardiaques aiguës du COVID-19 sont plus fréquentes et plus graves que celles de la grippe ou du VRS.

  • Les 5 complications majeures : myocardites, infarctus, arythmies, insuffisances cardiaques et embolies.

  • Pourquoi les cardiologues ont été en première ligne dès les débuts de la pandémie.

  • Comment le COVID a changé notre compréhension des virus et du cœur.

📊 Tous les propos sont basés sur des études scientifiques publiées, issues de la vraie vie clinique (PubMed, JAMA, BMJ, etc.).


⚠️ Pas de jargon, mais des explications simples et basées sur des faits. Un épisode indispensable pour toute personne concernée par sa santé ou celle de ses proches.


💬 Vous avez une question sur le cœur ou le COVID ? Posez-la en commentaire, j’en sélectionnerai une pour la prochaine émission !


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🗓️ SOURCES MEDICALES

1️⃣ Cardiovascular complications in COVID-19: A systematic review and meta-analysis. Kunutsor SK. Journal of Infection (2020) 

2️⃣ Cardiovascular implications of fatal outcomes of patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19). Guo T. JAMA Cardiology (2020)
3️⃣ Incidence of thrombotic complications in critically ill ICU patients with COVID-19. Klok FA. Thrombosis Research (2020)
4️⃣ Myocarditis in COVID-19: current understanding and perspectives. Sawalha K. Heart Failure Reviews (2021)
5️⃣ Arrhythmias and COVID-19: prevalence, mechanisms and clinical implications. Bhatla A. Heart Rhythm (2020)
6️⃣ Outcomes of cardiovascular complications related to COVID-19 compared with influenza. Xie Y. BMJ (2022)
7️⃣ Risk of stroke following influenza and COVID-19: a comparative retrospective cohort study. Merkler AE. JAMA Neurology (2020)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en mars 2020, une étrange pneumonie envahit les hôpitaux du monde entier avec l'arrivée d'un nouveau virus dénommé Covid-19, puis plus tard SARS-CoV-2. Très vite, les médecins constatent quelque chose de stupéfiant, ce virus respiratoire cause bien plus que de la toux et de la fièvre. Des patients développent des infarctus massifs sans antécédent, de jeunes adultes font des myocardites fulgurantes, d'autres... présente des arrhythmies cardiaques graves ou des embolies pulmonaires multiples. Jamais on n'avait vu une grippe ou un autre virus respiratoire provoquer autant de complications cardiovasculaires en si peu de temps. Face à cette nouvelle menace, les cardiologues du monde entier se sont immédiatement mobilisés aux côtés de leurs collègues réanimateurs et pneumologues. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Je m'appelle Grégoire Cauchois, je suis cardiologue. A travers cette chaîne, je vous partage mon univers professionnel afin de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. Mon objectif est de vous offrir des explications claires, des conseils pratiques, parfois des interviews de soignants ou des témoignages poignants de patients, tout cela pour vous toucher en plein cœur. Petit disclaimer aussi, Les sujets que j'aborde ici s'appuient sur les données validées de la science avec des sources à l'appui que vous pouvez retrouver dans le lien de l'épisode dans le but de vous aider à prendre soin de votre santé. Ces informations sont données à titre informatif et ne sauraient remplacer une consultation médicale. Par conséquent, en cas de doute sur votre santé, parlez-en avec votre médecin. Et pour une bonne transparence, Je précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les propos tenus dans cet épisode. Mais avant de commencer, si vous avez aimé ce contenu et que vous ne voulez pas rater les prochains épisodes, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera grandir aussi la communauté des curieux du cœur. N'hésitez pas non plus à laisser un pouce bleu ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste pour vous, mais d'une grande aide pour moi, et je vois d'ailleurs que vous êtes nombreux à écouter sans être abonné. Alors pensez-y, abonnez-vous, car vous pourriez manquer un sujet passionnant qui aidera votre cœur. Allez, je vous laisse quelques secondes pour vous abonner tout de suite, c'est bon, alors on y va, merci beaucoup. Aujourd'hui... Nous continuons la saga Covid et cœur en nous demandant si l'infection Covid est vraiment différente des autres virus en termes de complications cardiovasculaires pendant la phase aiguë de l'infection. Autrement dit, certains virus bien connus pour donner des infections respiratoires, ces fameuses pneumopathies virales parfois sévères voire fatales comme le virus de la grippe saisonnière ou le VRS pour... Virus respiratoire syncytial provoque-t-il aussi des dégâts sur le cœur et les vaisseaux ? Et si oui, dans quelles mesures ? Nous n'aborderons que la phase aiguë de l'infection, donc je ne vous parlerai pas encore ici de Covid long, c'est-à-dire des effets chroniques prolongés, car je vous le réserve pour un prochain épisode. Nous ne parlerons pas non plus des vaccins ou des traitements aujourd'hui. contre l'infection Covid. L'objectif aujourd'hui, c'est de comprendre pourquoi les cardiologues ont été et sont encore particulièrement mobilisés face à cette infection. Et je vais commencer par vous donner les points clés que nous allons aborder dans l'épisode. Tout d'abord, les différences dans les complications cardiovasculaires aiguës entre le Covid et des virus plus classiques comme la grippe ou le VRS. On verra concrètement si ces virus plus connus peuvent eux aussi provoquer des infarctus, des myocardites, des troubles du rythme ou des embolies, et à quelle fréquence. Vous allez voir que finalement, le Covid a vraiment cassé l'échelle de gravité habituelle. Ensuite, comment expliquer ces différences ? On évoquera les mécanismes en jeu de manière simple. Le Covid touche-t-il le cœur d'une façon particulière ? Est-ce que la réaction inflammatoire qu'il provoque est hors norme ? Pourquoi le sang coagule-t-il plus chez les patients Covid que chez ceux grippés par exemple ? Et en filigrane, je vous expliquerai pourquoi les cardiologues se sont retrouvés en première ligne. Vous comprendrez qu'avec un virus pareil, les spécialistes du cœur n'avaient pas le choix que de se retrousser les manches dès les premiers mois et encore aujourd'hui pour aider à sauver des vies. Vous allez voir, c'est à la fois effrayant et fascinant de constater à quel point un si petit virus respiratoire peut avoir des répercussions sur le cœur et les vaisseaux. Alors, rassurez-vous, pas de jargon incompréhensible, je vais tout vous expliquer de manière simple et concrète, avec des faits réels et des études scientifiques sérieuses à l'appui. Allez, c'est parti ! Commençons par un constat général, le Covid a touché le cœur plus fréquemment et plus sévèrement que la grippe ou le VRS. Certes, les autres virus respiratoires peuvent aussi affecter le système cardiovasculaire, ça n'est pas totalement nouveau. Par exemple, on sait que la grippe, que l'on appelle aussi influenza, va provoquer des inflammations du muscle cardiaque, que l'on appelle des myocardites, et augmenter le risque d'insuffisance cardiaque aiguë ou d'infarctus pendant l'infection. Et d'ailleurs... Attraper la grippe, ça multiplie le risque d'infarctus dans les jours qui suivent. Et des études ont montré que le fait d'avoir la grippe pouvait déclencher un infarctus chez des personnes fragiles en raison d'un stress inflammatoire important. De même, le VRS, pour virus respiratoire syncytial, qui est un virus finalement assez fréquent, notamment chez les nourrissons, et on le retrouve aussi à l'âge adulte, notamment en cas de baisse des défenses immunitaires. Il a été associé à des myocardites également ou à des troubles du rythme tels que des tachycardies ventriculaires ou des troubles de conduction cardiaque, c'est-à-dire des blocs de conduction électrique du cœur avec donc des pauses et des ralentissements importants du rythme cardiaque. Donc oui, même avant 2020, on savait qu'une infection respiratoire pouvait secouer un cœur fragile. Mais ce que le coronavirus a provoqué, c'est un... changement d'échelle. Très vite, les cardiologues ont été frappés par la variété et la fréquence des complications cardiovasculaires chez les patients Covid, y compris chez des patients plus jeunes ou sans antécédents notables. On a eu le sentiment que ce virus des poumons visait aussi le cœur de manière quasi systématique. Alors, quelles complications cardiaques et Plus que pour la grippe ou le VRS. Eh bien, quasiment toute la panoplie des urgences cardiologiques ont été observées pendant la phase aiguë d'une infection Covid en proportion bien supérieure à ce que l'on voit avec les autres infections virales. Et je vais les détailler maintenant. Tout d'abord, en ce qui concerne les myocardites, c'est-à-dire des inflammations qui peuvent être graves du muscle cardiaque. Eh bien, c'est l'une des atteintes emblématiques du Covid aigu. Des études ont mesuré précisément cela, et parmi des patients hospitalisés, environ 0,9% des cas Covid ont eu une myocardite, contre seulement 0,2% pour la grippe et 0,1% pour le VRS. Dit autrement, le Covid pouvait être associé à 4 à 5 fois plus de risques de myocardite que la grippe. Et ça paraît... Des petits chiffres, mais en réalité c'est énorme. On a vu des cas de myocardite sévère chez des sujets Covid et qui nécessitaient parfois des machines d'assistance circulatoire comme des ECMO. Ce qui est très rare d'ailleurs pour une grippe classique. Et dans la plupart des cas Covid, la myocardite semble due essentiellement à l'orage inflammatoire général et aux dégâts indirects du virus sur le cœur, plus qu'à une infection directe du muscle cardiaque. J'y reviendrai. La grippe peut elle aussi causer des myocardites, mais beaucoup plus rarement et le plus souvent chez des personnes déjà fragiles. Ensuite viennent les infarctus du myocarde, ces fameuses crises cardiaques. Là aussi, le Covid a surpris. Des patients atteints de Covid ont développé des infarctus aigus, parfois massifs, alors qu'ils n'avaient pas forcément de facteurs de risque cardiovasculaire connus. En temps normal, les infarctus surviennent plutôt chez des patients à risque, qui ont donc des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac, etc. ou alors des symptômes qui surviennent à l'effort. Mais en pleine infection Covid, on a vu des infarctus se déclencher, probablement précipités par l'infection elle-même. Et il faut dire que l'infection Covid crée un environnement propice à cela, avec une tension artérielle qui grimpe, un sang qui coagule davantage et un cœur qui peut s'emballer. Tout cela peut aussi déstabiliser ce que l'on appelle les fameuses plaques d'athérome au niveau d'une artère coronaire. et la faire se boucher. Ou bien, cela pouvait aussi causer ce que l'on appelle un infarctus de type 2, c'est-à-dire une faute d'oxygène suffisante pour que le cœur en souffre sans qu'une artère soit bouchée. Et la grippe peut, elle aussi, par le stress qu'elle induit, provoquer ce genre d'infarctus par accident. Mais on n'en voyait pas autant en si peu de temps. En fait, les données montrent que... le risque d'accident artériel, à savoir un infarctus du myocarde ou un AVC ischémique pendant une hospitalisation Covid, n'est pas radicalement plus élevé que pendant une hospitalisation pour une grippe. C'est à peu près du même ordre de grandeur. Mais par contre, ce qui change, c'est le profil des infarctus Covid. Ils peuvent survenir chez des patients plus jeunes ou sans facteur de risque du fait de la violence de l'infection. Et avec la grippe, un infarctus en pleine infection restent plus rares et touchent généralement des personnes qui avaient déjà des artères malades. Parlons ensuite des troubles du rythme cardiaque, ce que l'on appelle les arythmies. Là encore, le Covid a fait fort. Il va rendre le cœur capricieux et de nombreux malades ont présenté des arythmies pendant l'infection. En réanimation Covid, on rapportait qu'environ 1 patient sur 5 souffrait d'une arythmie significative. ça pouvait être une tachycardie ventriculaire, une fibrillation atriale et parfois des ralentissements importants, donc des bradycardies sévères. Et comparativement, une grippe en réanimation va causer moins souvent ce genre de problème de rythme que le Covid. Et pour appuyer cela, une étude a montré, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans le lien, que le risque de développer une nouvelle arythmie atriale était environ deux fois plus élevé chez les patients Covid que chez ceux grippés. Concrètement, cela veut dire que le coronavirus pousse plus fréquemment le cœur à battre la chamade de travers. On a vu des fibrillations atriales, donc une arythmie où le cœur va s'emballer de façon totalement irrégulière et anarchique, et cela peut entraîner des insuffisances cardiaques ou des caillots avec un risque d'AVC. Et bien, ces accès de fibrillations atriales pouvaient survenir chez des personnes qui n'en avaient jamais fait avant. On observait aussi parfois des pauses brutales du rythme et les fameux blocs qui pouvaient nécessiter aussi parfois un pacemaker temporaire. En ce qui concerne le VRS et la grippe quant à eux, ils peuvent aussi entraîner des troubles du rythme, mais là encore c'est plus occasionnel. Donc avec le Covid, c'était finalement presque routinier dans des formes sévères de voir des troubles du rythme. Parlons un peu... aussi de l'insuffisance cardiaque aiguë et des chocs cardiogéniques. En ce qui concerne les patients Covid, notamment ceux qui ont eu une myocardite ou un infarctus, ces patients-là ont vu leur cœur parfois s'épuiser au point de ne plus assurer ses fonctions. C'est ça l'insuffisance cardiaque et la conséquence, c'est une baisse dramatique du débit cardiaque, donc de la perfusion des organes, et ça peut être fatal. On a alors admis en soins intensifs des patients en choc cardiogénique. Le cœur n'arrive plus du tout à pomper suffisamment. La pression artérielle chute à cause du virus. Et les organes n'étant plus bien perfusés comme il se doit, eh bien cela est problématique, vous l'imaginez bien. Ça n'était pas la manifestation la plus fréquente, mais en tout cas, elle survenait dans les cas graves et elle nécessitait surtout parfois l'assistance de machines comme une ECMO, un ballon de contre-pulsion. parfois une grève du cœur. La grippe, de son côté, pouvait provoquer une décompensation chez un patient insuffisant cardiaque connu. Par exemple, une grippe peut aggraver un cœur déjà affaibli. Mais il est rarissime qu'elle cause directement un choc cardiogénique chez quelqu'un qui globalement allait bien avant. Donc, avec l'infection Covid, des cœurs sains se sont retrouvés en défaillance aiguë par la combinaison de tout le stress qu'on vient de citer. Terminons par les thromboses et les embolies. Et ça, c'est peut-être la signature la plus distincte du Covid. On a découvert au printemps 2020 que les patients Covid graves présentaient un sang anormalement coagulant et donc formaient des caillots un peu partout. Les chiffres d'ailleurs ont de quoi frapper les esprits. Chez des patients Covid hospitalisés, 20 à 30% avaient présenté une embolie pulmonaire, c'est-à-dire Un caillot qui bouche les artères des poumons. Et cela peut être très grave puisque, vous l'imaginez bien, le sang n'est plus oxygéné, mais aussi le cœur droit, notamment le ventricule droit peut en souffrir, ce qu'on appelle un cœur pulmonaire aigu qui peut aussi entraîner la mort. 20 à 30%, quand vous comparez cela à la grippe, dans les pneumonies grippales, les embolies pulmonaires existaient, mais elles restent plus rares. Et de même, des phlébites, à savoir des caillots au niveau des veines des jambes, étaient monnaie courante chez des patients Covid alités, beaucoup plus qu'avec d'autres infections respiratoires. Il y avait aussi des problèmes de caillots artériels qui pouvaient causer des AVC et qui ont été signalés en surnombre chez les Covid. Il y a des neurologues à New York qui ont rapporté que les Covid faisaient davantage d'AVC ischémique que les patients grippés, même quand on ajustait ça sur l'âge. et les facteurs de risque classiques cardiovasculaires. On estime donc que le COVID multipliait environ par 7 le risque d'AVC par rapport à la grippe dans certaines cohortes. Pareil, vous pouvez retrouver tous ces chiffres dans le lien de l'épisode. Tout ça, finalement, c'est assez énorme. Et en résumé, vous comprenez que là où la grippe ou le VRS causent très occasionnellement un caillot, Eh bien, le Covid. en a semé une véritable moisson chez les malades hospitalisés. Je pourrais continuer la liste des complications cardiovasculaires liées à l'infection Covid, mais vous voyez l'idée. Le Covid a déclenché pratiquement toutes les complications cardiovasculaires aiguës possibles et à une fréquence bien supérieure à celle observée avec d'autres virus respiratoires. Finalement, c'est pour cela que cette maladie a été qualifiée très tôt de multisystémique, car elle ne se contente pas d'attaquer un organe, à savoir les poumons, elle perturbe tout le corps, y compris le cœur et les vaisseaux. Et c'est précisément ce qui rend l'infection Covid si différent d'une grippe banale, en apparence en tout cas, malgré des symptômes respiratoires qui peuvent être parfois comparables, car les dégâts collatéraux ne sont pas du tout du même ordre. Essayons maintenant de comprendre pourquoi il y a eu de telles différences dans les complications cardiovasculaires entre Covid et autres virus respiratoires. On vient de voir le quoi, à savoir les manifestations cliniques. Parlons un peu maintenant du pourquoi. Qu'est-ce que ce coronavirus a de particulier qui explique qu'il secoue autant le système cardiovasculaire plus qu'un autre virus ? Alors, il y a plusieurs explications complémentaires. Je ne vais pas rentrer dans les détails biochimiques complexes, et d'ailleurs, je vous en ai déjà parlé dans des épisodes précédents sur le fameux récepteur ACE2, l'endothélite, l'orage cytokinique, et vous pouvez retrouver le lien de l'épisode par ici. Mais je vais quand même vous simplifier un peu les choses pour vous remettre un peu les idées au clair. Vous le savez maintenant, tout d'abord, le Covid touche une cible plus large dans l'organisme. Ce virus... à la capacité d'infecter non seulement les cellules pulmonaires, mais aussi potentiellement les cellules endothéliales qui tapissent à l'intérieur de nos vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du muscle cardiaque qui expriment le récepteur ACE2. En gros, ce virus a les clés via ACE2 pour entrer dans des cellules présentes dans tout le corps, et pas juste dans les bronches. La grippe, par contre, elle, va infecter principalement les voies respiratoires, et plus rarement les autres organes directement. Le résultat, c'est qu'avec le Covid, on a observé de véritables lésions des vaisseaux un peu partout. On parle d'endothélite pour décrire cette inflammation généralisée de la paroi des vaisseaux. Et cette atteinte diffuse de l'endothélium favorise énormément la formation des caillots, d'où les taux faramineux de thrombose. La grippe, elle, déclenche beaucoup moins ce type de réaction vasculaire systémique, d'où le fait que les complications thromboemboliques sont rarement vues, avec la grippe. Alors, quelles sont monnaies courantes avec le Covid ? Ensuite, le Covid entraîne une réaction inflammatoire disproportionnée. Ce virus provoque chez certains patients un orage cytokinique, c'est-à-dire une libération massive de substances pro-inflammatoires dans le sang. C'est en quelque sorte un embrasement du système immunitaire qui finit par endommager les organes. Cette inflammation extrême va pouvoir abîmer le cœur en le fatiguant, en le noyant sous les cytokines, il se trouve en quelque sorte sidéré. Et tout cela va aussi perturber la coagulation avec la formation des caillots. La grippe ou le VRS peuvent aussi déclencher cette forte inflammation, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais par contre, le niveau de dérèglement immunitaire semble souvent plus élevé avec le Covid, surtout avec des formes sévères comparées à la COVID. plupart des grippes saisonnières et beaucoup de patients Covid graves avaient des marqueurs inflammatoires comme la CRP, la féritine, mais aussi des marqueurs de coagulation comme les dédimères, le fibrinogène, à des taux stratosphériques qu'on voit rarement avec la grippe classique. Cette hyperinflammation explique en partie pourquoi le Covid tape plus fort sur le cœur. C'est un peu comme comparer un feu de camp avec une inflammation modérée que serait donc la grippe. avec un incendie généralisé, c'est-à-dire une inflammation, que donnerait le Covid sévère. Évidemment, ce second risque fort de provoquer des dégâts collatéraux, y compris cardiaques. Ensuite, il y a un stress physique intense pour le cœur. Avoir un Covid, ce n'est pas une petite affaire pour l'organisme, on l'a tous remarqué. Vous avez une forte fièvre, de la tachycardie avec un cœur qui s'accélère beaucoup. Une montée des hormones du stress, adrénaline, cortisol, tout cela va créer un état général délétère pour l'organisme. Et finalement, c'est un peu comme si vous faisiez faire de façon forcée un sprint à votre cœur, alors même que vos poumons, eux, sont en panne. Le cœur a besoin de plus d'oxygène parce qu'il bat plus vite et plus fort à un moment finalement où les poumons malades en apportent moins. C'est le scénario parfait pour... déclencher un infarctus de type 2, on en a parlé, vous savez, celui qui correspond à une souffrance importante des cellules cardiaques par manque d'oxygène relatif et non pas par une artère coronaire qui se bouche. Ou bien on peut voir une défaillance cardiaque chez quelqu'un qui a un cœur un peu fragile. Et même une personne sans antécédent peut souffrir de ce déséquilibre entre offre et demande en oxygène et voir donc son cœur réellement souffrir. D'où l'élévation de troponine constatée chez un grand nombre de patients Covid hospitalisés, ce qui est donc le signe d'une souffrance myocardique. La grippe va fatiguer aussi le cœur, bien sûr, mais rarement au point de provoquer des infarctus par déséquilibre ou des défaillances aiguës, sauf chez des patients qui étaient très vulnérables. Le Covid, lui, a mis tout le monde à rue d'épreuve, y compris des personnes d'âge moyen, sans gros problèmes auparavant, tellement l'agression physiologique était forte. et notamment dans des formes pulmonaires sévères avec la nécessité d'apporter de l'oxygène et une ventilation. Ensuite, il y a l'hypoxie sévère, c'est-à-dire le manque important d'oxygène. C'est lié au point précédent puisque dans les formes graves de Covid, les poumons sont tellement atteints que le taux d'oxygène dans le sang va chuter dangereusement. Cette hypoxie prolongée, on le sait, peut faire beaucoup de mal à... tous les organes et en particulier le coeur et le cerveau et chez un patient qui a des artères coronaires un peu bouchées même à son insu ou une fonction cardiaque limite ça peut le faire passer des heures avec peu d'oxygène dans le sang et donc déclencher un infarctus ou une insuffisance cardiaque aiguë et en réanimation covid on a ainsi eu des patients coronariens stables qui décompensaient brutalement à cause de l'hypoxémie. La grippe dans la majorité des cas par contre ne va pas provoquer une hypoxémie aussi profonde, sauf évidemment dans des pneumonies grippales très sévères, mais qui restent plus rares. Donc, là encore... Le Covid a coché toutes les cases défavorables en même temps. Un énorme besoin d'oxygène du cœur et des apports réduits par des poumons malades, en gros la double peine. Enfin, il y a la possible atteinte directe du cœur et c'est la question qui a beaucoup agité les scientifiques en 2020. Est-ce que le Covid infecte directement le muscle cardiaque ? Autrement dit... Le Covid provoque-t-il une myocardite virale au sens propre, comme le font certains virus classiques de la myocardite, par exemple les Coxsackie ? Eh bien, des traces de virus ont été retrouvées dans les cellules cardiaques de patients décédés du Covid, ce qui suggère qu'il peut y pénétrer. Mais par contre, à ce jour, les experts estiment que ce n'est pas le mécanisme principal. Le virus peut être présent dans le cœur, mais il ne semble pas... pas le détruire massivement comme le ferait un virus spécifiquement cardiotrope. En tout cas, aucune multiplication active franche n'a été prouvée dans le cœur, la plupart des dégâts observés sont dus aux mécanismes cités plus haut, comme je vous ai dit, inflammation, coagulation, hypoxémie, et d'ailleurs, on a constaté que les myocardites aigus étaient souvent plus sévères que les myocardites virales habituelles. justement parce qu'elle s'accompagnait d'une réaction inflammatoire généralisée et de perturbations multiviscérales qu'on ne voit pas dans une myocardite isolée classique. En résumé, le Covid déclenche une sorte de tempête intérieure qui finit par endommager le cœur, plus qu'il ne mange le cœur directement. La grippe, elle, peut causer de rares myocardites virales, on en voit chaque année quelques cas, Mais sans provoquer la fameuse avalanche de cytokines et de microtromboses que cause le Covid dans sa forme grave. Pour terminer cet épisode, je vais parler un peu du rôle des cardiologues lors de cette infection virale et pourquoi les cardiologues d'ailleurs se sont retrouvés dès le début en première ligne dans la lutte contre le Covid. On comprend maintenant mieux pourquoi les cardiologues ont été mobilisés pendant cette pandémie. Avec tous les mécanismes que je vous ai expliqués, on réalise que finalement le Covid cause plus d'infarctus, de myocardite et d'embolie et donc il est vite devenu évident que la prise en charge ne concernait pas que les pneumologues ou les spécialistes en maladies infectieuses et en réanimation. Dans les hôpitaux, dès qu'un patient Covid présentait des douleurs thoraciques, un électrocardiogramme anormal ou un marqueur cardiaque élevé comme la troponine, et bien... les cardiologues étaient appelés en renfort. Est-ce qu'il fallait emmener ce patient en salle de cathéterisme pour déboucher une artère coronaire ? S'agissait-il d'une myocardite qui nécessitait éventuellement des médicaments spécifiques ? Est-ce qu'il était en train de faire une arythmie maligne qui pouvait éventuellement aboutir à un choc électrique ? Autant de décisions qui relevaient de la cardiologie. Et en pleine pandémie, nos services de cardiologie interventionnelle sont restés opérationnels H24. Malgré le contexte difficile pour traiter les infarctus des patients Covid, mais pas que, avec toutes les précautions d'isolement que cela impliquait. On a dû intervenir chez des patients contagieux, parfois très instables, ce qui n'était évidemment pas simple mais indispensable pour leur survie. Les cardiologues ont aussi collaboré avec les réanimateurs pour gérer des cas de chocs cardiogéniques et d'insuffisance cardiaque aiguë liée au Covid. Par exemple, certains jeunes en myocardie de Covid ont dû être placés sous ECMO, une oxygénation par membrane extra-corporelle dont je vous ai parlé un peu avant, pour soutenir leur cœur et les poumons défaillants. Et ce type de prise en charge requiert évidemment une équipe de réanimateurs et de cardiologues très spécialisés. Par ailleurs, des recommandations internationales ont été rapidement émises pour guider les cardiologues face à la Covid. les sociétés savantes comme la Société Européenne de Cardiologie ou la Société Américaine de Cardiologie ont publié des bulletins d'alerte sur les complications thromboemboliques, sur la gestion de l'infarctus chez un patient Covid ou la surveillance des marqueurs cardiaques. Il fallait sensibiliser tous les médecins au fait que même un patient infecté et porteur du Covid sans symptômes respiratoires sévères pouvait faire un infarctus ou une embolie. Un autre rôle des cardiologues durant la pandémie a été aussi de rassurer et de conseiller le public. Beaucoup de patients cardiaques chroniques se demandaient s'ils devaient changer leur traitement à cause de l'infection Covid. Et peut-être vous vous rappelez ou pas la polémique qu'il y a eu sur certains médicaments, notamment dans l'hypertension artérielle au début, les fameux IEC ou ARA2 qui agissent donc sur ACE2. Et finalement, on a dit de les continuer. D'autres avaient peur d'attraper l'infection Covid en venant à l'hôpital, et ils tardaient à appeler le 15 même en cas de douleur dans la poitrine, ce qui a donc contribué à des infarctus négligés ou parfois pris en charge trop tard. Et donc, nous, en tant que cardiologues, on a dû marteler qu'en cas de signe d'infarctus, il fallait quand même venir s'entarder. Enfin, Les cardiologues ont été impliqués dans la recherche sur le Covid. Il y a eu des études qui ont été menées pour comprendre les mécanismes dont on vient de parler. On a cherché aussi à savoir si certains marqueurs pouvaient prédire la sévérité. Par exemple, la troponine élevée, est-ce qu'elle était un mauvais signe de pronostic ? Et plutôt oui. On a testé aussi des médicaments anti-inflammatoires ou des anticoagulants pour tenter de réduire le risque de complications thromboemboliques. Mais je ne vais pas détailler tous ces traitements ici, ça sera pour un prochain épisode. En somme, l'épidémie a rappelé que le cœur pouvait être une cible dans des maladies où on ne l'attendait pas. Les cardiologues ont dû s'adapter très vite, apprendre en même temps que tout le monde et contribuer activement à la prise en charge des malades atteints de Covid. Encore aujourd'hui, les cardiologues restent mobilisés. Le Covid circule toujours. il y a de nouveaux variants avec des noms tout aussi effrayants comme Frankenstein, qu'on ne sait pas très bien, où ce virus va nous toucher avec des nouveaux mutants qui vont nous abîmer. Mais même s'il est moins virulent qu'en 2020, il peut encore causer de sérieuses complications cardiovasculaires chez des personnes non vaccinées ou des personnes fragiles. Et dans nos hôpitaux, on continue de voir des embolies ou des myocardites qui sont liées au Covid. Elles sont plus rares qu'au début, heureusement. Mais elles sont toujours présentes, on reste donc vigilant. Voilà, nous arrivons à la fin de cet épisode. J'espère que ces explications vous auront permis de comprendre en quoi l'infection Covid a réellement quelque chose de spécial par rapport à la grippe ou au VRS en ce qui concerne le cœur. Ce n'est pas une petite infection respiratoire, vous l'avez maintenant compris. Et si on peut résumer tout ça en une phrase, oui, le Covid... est vraiment différent des autres virus respiratoires pour le cœur par l'ampleur des dégâts qu'il peut causer. Cela ne veut pas dire que la grippe est anodine. Il faut d'ailleurs continuer de la prendre au sérieux et de se faire vacciner chaque année, notamment les personnes les plus fragiles. Mais disons que le Covid a été un révélateur brutal de l'importance de protéger son système cardiovasculaire en cas d'infection grave. C'est aussi une... une piqûre de rappel sur le fait que notre cœur est un tout. C'est un virus qui va viser les poumons et il peut par ricochet toucher le cœur, le cerveau, mais aussi les reins, finalement tous les organes qui vont exprimer ACE2. On l'avait déjà observé, un peu avec d'autres maladies, mais le Covid a démontré de manière éclatante tout cela. Et en tout cas, si vous ou l'un de vos proches avait des soucis cardiaques, Et attrapez le Covid. Ne paniquez pas, mais soyez attentifs. Consultez rapidement si des symptômes comme une douleur dans la poitrine, un essoufflement anormal, des malaises, des palpitations surviennent. En cas d'urgence, pareil, je vous le rappelle, appelez le 15. Mais en tout cas, mieux vaut prévenir que guérir, surtout avec ce virus très sournois. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, TikTok ou YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, je vous proposerai un nouvel épisode dans la... continuité de celui-ci, on continue notre saga sur l'infection Covid et le cœur et on parlera cette fois de la phase chronique. Vous savez, ce fameux Covid long dont on entend beaucoup parler et donc des conséquences que le Covid long peut avoir sur le cœur. Autrement dit, que se passe-t-il des semaines ou des mois après l'infection au niveau cardiovasculaire ? Est-ce qu'il y a des séquelles cardiovasculaires à long terme ? et d'éventuels symptômes persistants. On fera le point sur ce que l'on sait du Covid long côté cœur, en tout cas à la lueur des connaissances d'octobre 2025. C'est donc un sujet qui risque d'intriguer beaucoup de monde, j'en suis certain. Et rappelez-vous, si les sujets sur la cardiologie vous intéressent, je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour continuer cette aventure ensemble. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine. Prenez soin de votre cœur.

Description

📌 COVID-19 vs GRIPPE : pourquoi ce virus attaque-t-il autant le cœur ? Je vous explique tout 💔🦠


👉 Le COVID-19 n'est pas un simple virus respiratoire. Dans cet épisode, je vous explique pourquoi il fait bien plus de dégâts cardiovasculaires que la grippe ou le VRS. Myocardites fulgurantes, infarctus sans antécédents, arythmies graves, embolies pulmonaires massives… le coronavirus a mis nos cœurs à rude épreuve.


🎙️ Je suis Grégoire Cauchois, cardiologue, et dans cette émission “En plein cœur”, je décrypte pour vous, avec clarté et bienveillance, les grandes questions autour de la santé cardiovasculaire.


❤️ Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • En quoi les complications cardiaques aiguës du COVID-19 sont plus fréquentes et plus graves que celles de la grippe ou du VRS.

  • Les 5 complications majeures : myocardites, infarctus, arythmies, insuffisances cardiaques et embolies.

  • Pourquoi les cardiologues ont été en première ligne dès les débuts de la pandémie.

  • Comment le COVID a changé notre compréhension des virus et du cœur.

📊 Tous les propos sont basés sur des études scientifiques publiées, issues de la vraie vie clinique (PubMed, JAMA, BMJ, etc.).


⚠️ Pas de jargon, mais des explications simples et basées sur des faits. Un épisode indispensable pour toute personne concernée par sa santé ou celle de ses proches.


💬 Vous avez une question sur le cœur ou le COVID ? Posez-la en commentaire, j’en sélectionnerai une pour la prochaine émission !


📅 Prochain épisode : le COVID long et ses séquelles sur le cœur ❤️‍🩹 À ne pas manquer !


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🗓️ SOURCES MEDICALES

1️⃣ Cardiovascular complications in COVID-19: A systematic review and meta-analysis. Kunutsor SK. Journal of Infection (2020) 

2️⃣ Cardiovascular implications of fatal outcomes of patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19). Guo T. JAMA Cardiology (2020)
3️⃣ Incidence of thrombotic complications in critically ill ICU patients with COVID-19. Klok FA. Thrombosis Research (2020)
4️⃣ Myocarditis in COVID-19: current understanding and perspectives. Sawalha K. Heart Failure Reviews (2021)
5️⃣ Arrhythmias and COVID-19: prevalence, mechanisms and clinical implications. Bhatla A. Heart Rhythm (2020)
6️⃣ Outcomes of cardiovascular complications related to COVID-19 compared with influenza. Xie Y. BMJ (2022)
7️⃣ Risk of stroke following influenza and COVID-19: a comparative retrospective cohort study. Merkler AE. JAMA Neurology (2020)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en mars 2020, une étrange pneumonie envahit les hôpitaux du monde entier avec l'arrivée d'un nouveau virus dénommé Covid-19, puis plus tard SARS-CoV-2. Très vite, les médecins constatent quelque chose de stupéfiant, ce virus respiratoire cause bien plus que de la toux et de la fièvre. Des patients développent des infarctus massifs sans antécédent, de jeunes adultes font des myocardites fulgurantes, d'autres... présente des arrhythmies cardiaques graves ou des embolies pulmonaires multiples. Jamais on n'avait vu une grippe ou un autre virus respiratoire provoquer autant de complications cardiovasculaires en si peu de temps. Face à cette nouvelle menace, les cardiologues du monde entier se sont immédiatement mobilisés aux côtés de leurs collègues réanimateurs et pneumologues. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Je m'appelle Grégoire Cauchois, je suis cardiologue. A travers cette chaîne, je vous partage mon univers professionnel afin de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. Mon objectif est de vous offrir des explications claires, des conseils pratiques, parfois des interviews de soignants ou des témoignages poignants de patients, tout cela pour vous toucher en plein cœur. Petit disclaimer aussi, Les sujets que j'aborde ici s'appuient sur les données validées de la science avec des sources à l'appui que vous pouvez retrouver dans le lien de l'épisode dans le but de vous aider à prendre soin de votre santé. Ces informations sont données à titre informatif et ne sauraient remplacer une consultation médicale. Par conséquent, en cas de doute sur votre santé, parlez-en avec votre médecin. Et pour une bonne transparence, Je précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les propos tenus dans cet épisode. Mais avant de commencer, si vous avez aimé ce contenu et que vous ne voulez pas rater les prochains épisodes, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera grandir aussi la communauté des curieux du cœur. N'hésitez pas non plus à laisser un pouce bleu ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste pour vous, mais d'une grande aide pour moi, et je vois d'ailleurs que vous êtes nombreux à écouter sans être abonné. Alors pensez-y, abonnez-vous, car vous pourriez manquer un sujet passionnant qui aidera votre cœur. Allez, je vous laisse quelques secondes pour vous abonner tout de suite, c'est bon, alors on y va, merci beaucoup. Aujourd'hui... Nous continuons la saga Covid et cœur en nous demandant si l'infection Covid est vraiment différente des autres virus en termes de complications cardiovasculaires pendant la phase aiguë de l'infection. Autrement dit, certains virus bien connus pour donner des infections respiratoires, ces fameuses pneumopathies virales parfois sévères voire fatales comme le virus de la grippe saisonnière ou le VRS pour... Virus respiratoire syncytial provoque-t-il aussi des dégâts sur le cœur et les vaisseaux ? Et si oui, dans quelles mesures ? Nous n'aborderons que la phase aiguë de l'infection, donc je ne vous parlerai pas encore ici de Covid long, c'est-à-dire des effets chroniques prolongés, car je vous le réserve pour un prochain épisode. Nous ne parlerons pas non plus des vaccins ou des traitements aujourd'hui. contre l'infection Covid. L'objectif aujourd'hui, c'est de comprendre pourquoi les cardiologues ont été et sont encore particulièrement mobilisés face à cette infection. Et je vais commencer par vous donner les points clés que nous allons aborder dans l'épisode. Tout d'abord, les différences dans les complications cardiovasculaires aiguës entre le Covid et des virus plus classiques comme la grippe ou le VRS. On verra concrètement si ces virus plus connus peuvent eux aussi provoquer des infarctus, des myocardites, des troubles du rythme ou des embolies, et à quelle fréquence. Vous allez voir que finalement, le Covid a vraiment cassé l'échelle de gravité habituelle. Ensuite, comment expliquer ces différences ? On évoquera les mécanismes en jeu de manière simple. Le Covid touche-t-il le cœur d'une façon particulière ? Est-ce que la réaction inflammatoire qu'il provoque est hors norme ? Pourquoi le sang coagule-t-il plus chez les patients Covid que chez ceux grippés par exemple ? Et en filigrane, je vous expliquerai pourquoi les cardiologues se sont retrouvés en première ligne. Vous comprendrez qu'avec un virus pareil, les spécialistes du cœur n'avaient pas le choix que de se retrousser les manches dès les premiers mois et encore aujourd'hui pour aider à sauver des vies. Vous allez voir, c'est à la fois effrayant et fascinant de constater à quel point un si petit virus respiratoire peut avoir des répercussions sur le cœur et les vaisseaux. Alors, rassurez-vous, pas de jargon incompréhensible, je vais tout vous expliquer de manière simple et concrète, avec des faits réels et des études scientifiques sérieuses à l'appui. Allez, c'est parti ! Commençons par un constat général, le Covid a touché le cœur plus fréquemment et plus sévèrement que la grippe ou le VRS. Certes, les autres virus respiratoires peuvent aussi affecter le système cardiovasculaire, ça n'est pas totalement nouveau. Par exemple, on sait que la grippe, que l'on appelle aussi influenza, va provoquer des inflammations du muscle cardiaque, que l'on appelle des myocardites, et augmenter le risque d'insuffisance cardiaque aiguë ou d'infarctus pendant l'infection. Et d'ailleurs... Attraper la grippe, ça multiplie le risque d'infarctus dans les jours qui suivent. Et des études ont montré que le fait d'avoir la grippe pouvait déclencher un infarctus chez des personnes fragiles en raison d'un stress inflammatoire important. De même, le VRS, pour virus respiratoire syncytial, qui est un virus finalement assez fréquent, notamment chez les nourrissons, et on le retrouve aussi à l'âge adulte, notamment en cas de baisse des défenses immunitaires. Il a été associé à des myocardites également ou à des troubles du rythme tels que des tachycardies ventriculaires ou des troubles de conduction cardiaque, c'est-à-dire des blocs de conduction électrique du cœur avec donc des pauses et des ralentissements importants du rythme cardiaque. Donc oui, même avant 2020, on savait qu'une infection respiratoire pouvait secouer un cœur fragile. Mais ce que le coronavirus a provoqué, c'est un... changement d'échelle. Très vite, les cardiologues ont été frappés par la variété et la fréquence des complications cardiovasculaires chez les patients Covid, y compris chez des patients plus jeunes ou sans antécédents notables. On a eu le sentiment que ce virus des poumons visait aussi le cœur de manière quasi systématique. Alors, quelles complications cardiaques et Plus que pour la grippe ou le VRS. Eh bien, quasiment toute la panoplie des urgences cardiologiques ont été observées pendant la phase aiguë d'une infection Covid en proportion bien supérieure à ce que l'on voit avec les autres infections virales. Et je vais les détailler maintenant. Tout d'abord, en ce qui concerne les myocardites, c'est-à-dire des inflammations qui peuvent être graves du muscle cardiaque. Eh bien, c'est l'une des atteintes emblématiques du Covid aigu. Des études ont mesuré précisément cela, et parmi des patients hospitalisés, environ 0,9% des cas Covid ont eu une myocardite, contre seulement 0,2% pour la grippe et 0,1% pour le VRS. Dit autrement, le Covid pouvait être associé à 4 à 5 fois plus de risques de myocardite que la grippe. Et ça paraît... Des petits chiffres, mais en réalité c'est énorme. On a vu des cas de myocardite sévère chez des sujets Covid et qui nécessitaient parfois des machines d'assistance circulatoire comme des ECMO. Ce qui est très rare d'ailleurs pour une grippe classique. Et dans la plupart des cas Covid, la myocardite semble due essentiellement à l'orage inflammatoire général et aux dégâts indirects du virus sur le cœur, plus qu'à une infection directe du muscle cardiaque. J'y reviendrai. La grippe peut elle aussi causer des myocardites, mais beaucoup plus rarement et le plus souvent chez des personnes déjà fragiles. Ensuite viennent les infarctus du myocarde, ces fameuses crises cardiaques. Là aussi, le Covid a surpris. Des patients atteints de Covid ont développé des infarctus aigus, parfois massifs, alors qu'ils n'avaient pas forcément de facteurs de risque cardiovasculaire connus. En temps normal, les infarctus surviennent plutôt chez des patients à risque, qui ont donc des facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac, etc. ou alors des symptômes qui surviennent à l'effort. Mais en pleine infection Covid, on a vu des infarctus se déclencher, probablement précipités par l'infection elle-même. Et il faut dire que l'infection Covid crée un environnement propice à cela, avec une tension artérielle qui grimpe, un sang qui coagule davantage et un cœur qui peut s'emballer. Tout cela peut aussi déstabiliser ce que l'on appelle les fameuses plaques d'athérome au niveau d'une artère coronaire. et la faire se boucher. Ou bien, cela pouvait aussi causer ce que l'on appelle un infarctus de type 2, c'est-à-dire une faute d'oxygène suffisante pour que le cœur en souffre sans qu'une artère soit bouchée. Et la grippe peut, elle aussi, par le stress qu'elle induit, provoquer ce genre d'infarctus par accident. Mais on n'en voyait pas autant en si peu de temps. En fait, les données montrent que... le risque d'accident artériel, à savoir un infarctus du myocarde ou un AVC ischémique pendant une hospitalisation Covid, n'est pas radicalement plus élevé que pendant une hospitalisation pour une grippe. C'est à peu près du même ordre de grandeur. Mais par contre, ce qui change, c'est le profil des infarctus Covid. Ils peuvent survenir chez des patients plus jeunes ou sans facteur de risque du fait de la violence de l'infection. Et avec la grippe, un infarctus en pleine infection restent plus rares et touchent généralement des personnes qui avaient déjà des artères malades. Parlons ensuite des troubles du rythme cardiaque, ce que l'on appelle les arythmies. Là encore, le Covid a fait fort. Il va rendre le cœur capricieux et de nombreux malades ont présenté des arythmies pendant l'infection. En réanimation Covid, on rapportait qu'environ 1 patient sur 5 souffrait d'une arythmie significative. ça pouvait être une tachycardie ventriculaire, une fibrillation atriale et parfois des ralentissements importants, donc des bradycardies sévères. Et comparativement, une grippe en réanimation va causer moins souvent ce genre de problème de rythme que le Covid. Et pour appuyer cela, une étude a montré, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans le lien, que le risque de développer une nouvelle arythmie atriale était environ deux fois plus élevé chez les patients Covid que chez ceux grippés. Concrètement, cela veut dire que le coronavirus pousse plus fréquemment le cœur à battre la chamade de travers. On a vu des fibrillations atriales, donc une arythmie où le cœur va s'emballer de façon totalement irrégulière et anarchique, et cela peut entraîner des insuffisances cardiaques ou des caillots avec un risque d'AVC. Et bien, ces accès de fibrillations atriales pouvaient survenir chez des personnes qui n'en avaient jamais fait avant. On observait aussi parfois des pauses brutales du rythme et les fameux blocs qui pouvaient nécessiter aussi parfois un pacemaker temporaire. En ce qui concerne le VRS et la grippe quant à eux, ils peuvent aussi entraîner des troubles du rythme, mais là encore c'est plus occasionnel. Donc avec le Covid, c'était finalement presque routinier dans des formes sévères de voir des troubles du rythme. Parlons un peu... aussi de l'insuffisance cardiaque aiguë et des chocs cardiogéniques. En ce qui concerne les patients Covid, notamment ceux qui ont eu une myocardite ou un infarctus, ces patients-là ont vu leur cœur parfois s'épuiser au point de ne plus assurer ses fonctions. C'est ça l'insuffisance cardiaque et la conséquence, c'est une baisse dramatique du débit cardiaque, donc de la perfusion des organes, et ça peut être fatal. On a alors admis en soins intensifs des patients en choc cardiogénique. Le cœur n'arrive plus du tout à pomper suffisamment. La pression artérielle chute à cause du virus. Et les organes n'étant plus bien perfusés comme il se doit, eh bien cela est problématique, vous l'imaginez bien. Ça n'était pas la manifestation la plus fréquente, mais en tout cas, elle survenait dans les cas graves et elle nécessitait surtout parfois l'assistance de machines comme une ECMO, un ballon de contre-pulsion. parfois une grève du cœur. La grippe, de son côté, pouvait provoquer une décompensation chez un patient insuffisant cardiaque connu. Par exemple, une grippe peut aggraver un cœur déjà affaibli. Mais il est rarissime qu'elle cause directement un choc cardiogénique chez quelqu'un qui globalement allait bien avant. Donc, avec l'infection Covid, des cœurs sains se sont retrouvés en défaillance aiguë par la combinaison de tout le stress qu'on vient de citer. Terminons par les thromboses et les embolies. Et ça, c'est peut-être la signature la plus distincte du Covid. On a découvert au printemps 2020 que les patients Covid graves présentaient un sang anormalement coagulant et donc formaient des caillots un peu partout. Les chiffres d'ailleurs ont de quoi frapper les esprits. Chez des patients Covid hospitalisés, 20 à 30% avaient présenté une embolie pulmonaire, c'est-à-dire Un caillot qui bouche les artères des poumons. Et cela peut être très grave puisque, vous l'imaginez bien, le sang n'est plus oxygéné, mais aussi le cœur droit, notamment le ventricule droit peut en souffrir, ce qu'on appelle un cœur pulmonaire aigu qui peut aussi entraîner la mort. 20 à 30%, quand vous comparez cela à la grippe, dans les pneumonies grippales, les embolies pulmonaires existaient, mais elles restent plus rares. Et de même, des phlébites, à savoir des caillots au niveau des veines des jambes, étaient monnaie courante chez des patients Covid alités, beaucoup plus qu'avec d'autres infections respiratoires. Il y avait aussi des problèmes de caillots artériels qui pouvaient causer des AVC et qui ont été signalés en surnombre chez les Covid. Il y a des neurologues à New York qui ont rapporté que les Covid faisaient davantage d'AVC ischémique que les patients grippés, même quand on ajustait ça sur l'âge. et les facteurs de risque classiques cardiovasculaires. On estime donc que le COVID multipliait environ par 7 le risque d'AVC par rapport à la grippe dans certaines cohortes. Pareil, vous pouvez retrouver tous ces chiffres dans le lien de l'épisode. Tout ça, finalement, c'est assez énorme. Et en résumé, vous comprenez que là où la grippe ou le VRS causent très occasionnellement un caillot, Eh bien, le Covid. en a semé une véritable moisson chez les malades hospitalisés. Je pourrais continuer la liste des complications cardiovasculaires liées à l'infection Covid, mais vous voyez l'idée. Le Covid a déclenché pratiquement toutes les complications cardiovasculaires aiguës possibles et à une fréquence bien supérieure à celle observée avec d'autres virus respiratoires. Finalement, c'est pour cela que cette maladie a été qualifiée très tôt de multisystémique, car elle ne se contente pas d'attaquer un organe, à savoir les poumons, elle perturbe tout le corps, y compris le cœur et les vaisseaux. Et c'est précisément ce qui rend l'infection Covid si différent d'une grippe banale, en apparence en tout cas, malgré des symptômes respiratoires qui peuvent être parfois comparables, car les dégâts collatéraux ne sont pas du tout du même ordre. Essayons maintenant de comprendre pourquoi il y a eu de telles différences dans les complications cardiovasculaires entre Covid et autres virus respiratoires. On vient de voir le quoi, à savoir les manifestations cliniques. Parlons un peu maintenant du pourquoi. Qu'est-ce que ce coronavirus a de particulier qui explique qu'il secoue autant le système cardiovasculaire plus qu'un autre virus ? Alors, il y a plusieurs explications complémentaires. Je ne vais pas rentrer dans les détails biochimiques complexes, et d'ailleurs, je vous en ai déjà parlé dans des épisodes précédents sur le fameux récepteur ACE2, l'endothélite, l'orage cytokinique, et vous pouvez retrouver le lien de l'épisode par ici. Mais je vais quand même vous simplifier un peu les choses pour vous remettre un peu les idées au clair. Vous le savez maintenant, tout d'abord, le Covid touche une cible plus large dans l'organisme. Ce virus... à la capacité d'infecter non seulement les cellules pulmonaires, mais aussi potentiellement les cellules endothéliales qui tapissent à l'intérieur de nos vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du muscle cardiaque qui expriment le récepteur ACE2. En gros, ce virus a les clés via ACE2 pour entrer dans des cellules présentes dans tout le corps, et pas juste dans les bronches. La grippe, par contre, elle, va infecter principalement les voies respiratoires, et plus rarement les autres organes directement. Le résultat, c'est qu'avec le Covid, on a observé de véritables lésions des vaisseaux un peu partout. On parle d'endothélite pour décrire cette inflammation généralisée de la paroi des vaisseaux. Et cette atteinte diffuse de l'endothélium favorise énormément la formation des caillots, d'où les taux faramineux de thrombose. La grippe, elle, déclenche beaucoup moins ce type de réaction vasculaire systémique, d'où le fait que les complications thromboemboliques sont rarement vues, avec la grippe. Alors, quelles sont monnaies courantes avec le Covid ? Ensuite, le Covid entraîne une réaction inflammatoire disproportionnée. Ce virus provoque chez certains patients un orage cytokinique, c'est-à-dire une libération massive de substances pro-inflammatoires dans le sang. C'est en quelque sorte un embrasement du système immunitaire qui finit par endommager les organes. Cette inflammation extrême va pouvoir abîmer le cœur en le fatiguant, en le noyant sous les cytokines, il se trouve en quelque sorte sidéré. Et tout cela va aussi perturber la coagulation avec la formation des caillots. La grippe ou le VRS peuvent aussi déclencher cette forte inflammation, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais par contre, le niveau de dérèglement immunitaire semble souvent plus élevé avec le Covid, surtout avec des formes sévères comparées à la COVID. plupart des grippes saisonnières et beaucoup de patients Covid graves avaient des marqueurs inflammatoires comme la CRP, la féritine, mais aussi des marqueurs de coagulation comme les dédimères, le fibrinogène, à des taux stratosphériques qu'on voit rarement avec la grippe classique. Cette hyperinflammation explique en partie pourquoi le Covid tape plus fort sur le cœur. C'est un peu comme comparer un feu de camp avec une inflammation modérée que serait donc la grippe. avec un incendie généralisé, c'est-à-dire une inflammation, que donnerait le Covid sévère. Évidemment, ce second risque fort de provoquer des dégâts collatéraux, y compris cardiaques. Ensuite, il y a un stress physique intense pour le cœur. Avoir un Covid, ce n'est pas une petite affaire pour l'organisme, on l'a tous remarqué. Vous avez une forte fièvre, de la tachycardie avec un cœur qui s'accélère beaucoup. Une montée des hormones du stress, adrénaline, cortisol, tout cela va créer un état général délétère pour l'organisme. Et finalement, c'est un peu comme si vous faisiez faire de façon forcée un sprint à votre cœur, alors même que vos poumons, eux, sont en panne. Le cœur a besoin de plus d'oxygène parce qu'il bat plus vite et plus fort à un moment finalement où les poumons malades en apportent moins. C'est le scénario parfait pour... déclencher un infarctus de type 2, on en a parlé, vous savez, celui qui correspond à une souffrance importante des cellules cardiaques par manque d'oxygène relatif et non pas par une artère coronaire qui se bouche. Ou bien on peut voir une défaillance cardiaque chez quelqu'un qui a un cœur un peu fragile. Et même une personne sans antécédent peut souffrir de ce déséquilibre entre offre et demande en oxygène et voir donc son cœur réellement souffrir. D'où l'élévation de troponine constatée chez un grand nombre de patients Covid hospitalisés, ce qui est donc le signe d'une souffrance myocardique. La grippe va fatiguer aussi le cœur, bien sûr, mais rarement au point de provoquer des infarctus par déséquilibre ou des défaillances aiguës, sauf chez des patients qui étaient très vulnérables. Le Covid, lui, a mis tout le monde à rue d'épreuve, y compris des personnes d'âge moyen, sans gros problèmes auparavant, tellement l'agression physiologique était forte. et notamment dans des formes pulmonaires sévères avec la nécessité d'apporter de l'oxygène et une ventilation. Ensuite, il y a l'hypoxie sévère, c'est-à-dire le manque important d'oxygène. C'est lié au point précédent puisque dans les formes graves de Covid, les poumons sont tellement atteints que le taux d'oxygène dans le sang va chuter dangereusement. Cette hypoxie prolongée, on le sait, peut faire beaucoup de mal à... tous les organes et en particulier le coeur et le cerveau et chez un patient qui a des artères coronaires un peu bouchées même à son insu ou une fonction cardiaque limite ça peut le faire passer des heures avec peu d'oxygène dans le sang et donc déclencher un infarctus ou une insuffisance cardiaque aiguë et en réanimation covid on a ainsi eu des patients coronariens stables qui décompensaient brutalement à cause de l'hypoxémie. La grippe dans la majorité des cas par contre ne va pas provoquer une hypoxémie aussi profonde, sauf évidemment dans des pneumonies grippales très sévères, mais qui restent plus rares. Donc, là encore... Le Covid a coché toutes les cases défavorables en même temps. Un énorme besoin d'oxygène du cœur et des apports réduits par des poumons malades, en gros la double peine. Enfin, il y a la possible atteinte directe du cœur et c'est la question qui a beaucoup agité les scientifiques en 2020. Est-ce que le Covid infecte directement le muscle cardiaque ? Autrement dit... Le Covid provoque-t-il une myocardite virale au sens propre, comme le font certains virus classiques de la myocardite, par exemple les Coxsackie ? Eh bien, des traces de virus ont été retrouvées dans les cellules cardiaques de patients décédés du Covid, ce qui suggère qu'il peut y pénétrer. Mais par contre, à ce jour, les experts estiment que ce n'est pas le mécanisme principal. Le virus peut être présent dans le cœur, mais il ne semble pas... pas le détruire massivement comme le ferait un virus spécifiquement cardiotrope. En tout cas, aucune multiplication active franche n'a été prouvée dans le cœur, la plupart des dégâts observés sont dus aux mécanismes cités plus haut, comme je vous ai dit, inflammation, coagulation, hypoxémie, et d'ailleurs, on a constaté que les myocardites aigus étaient souvent plus sévères que les myocardites virales habituelles. justement parce qu'elle s'accompagnait d'une réaction inflammatoire généralisée et de perturbations multiviscérales qu'on ne voit pas dans une myocardite isolée classique. En résumé, le Covid déclenche une sorte de tempête intérieure qui finit par endommager le cœur, plus qu'il ne mange le cœur directement. La grippe, elle, peut causer de rares myocardites virales, on en voit chaque année quelques cas, Mais sans provoquer la fameuse avalanche de cytokines et de microtromboses que cause le Covid dans sa forme grave. Pour terminer cet épisode, je vais parler un peu du rôle des cardiologues lors de cette infection virale et pourquoi les cardiologues d'ailleurs se sont retrouvés dès le début en première ligne dans la lutte contre le Covid. On comprend maintenant mieux pourquoi les cardiologues ont été mobilisés pendant cette pandémie. Avec tous les mécanismes que je vous ai expliqués, on réalise que finalement le Covid cause plus d'infarctus, de myocardite et d'embolie et donc il est vite devenu évident que la prise en charge ne concernait pas que les pneumologues ou les spécialistes en maladies infectieuses et en réanimation. Dans les hôpitaux, dès qu'un patient Covid présentait des douleurs thoraciques, un électrocardiogramme anormal ou un marqueur cardiaque élevé comme la troponine, et bien... les cardiologues étaient appelés en renfort. Est-ce qu'il fallait emmener ce patient en salle de cathéterisme pour déboucher une artère coronaire ? S'agissait-il d'une myocardite qui nécessitait éventuellement des médicaments spécifiques ? Est-ce qu'il était en train de faire une arythmie maligne qui pouvait éventuellement aboutir à un choc électrique ? Autant de décisions qui relevaient de la cardiologie. Et en pleine pandémie, nos services de cardiologie interventionnelle sont restés opérationnels H24. Malgré le contexte difficile pour traiter les infarctus des patients Covid, mais pas que, avec toutes les précautions d'isolement que cela impliquait. On a dû intervenir chez des patients contagieux, parfois très instables, ce qui n'était évidemment pas simple mais indispensable pour leur survie. Les cardiologues ont aussi collaboré avec les réanimateurs pour gérer des cas de chocs cardiogéniques et d'insuffisance cardiaque aiguë liée au Covid. Par exemple, certains jeunes en myocardie de Covid ont dû être placés sous ECMO, une oxygénation par membrane extra-corporelle dont je vous ai parlé un peu avant, pour soutenir leur cœur et les poumons défaillants. Et ce type de prise en charge requiert évidemment une équipe de réanimateurs et de cardiologues très spécialisés. Par ailleurs, des recommandations internationales ont été rapidement émises pour guider les cardiologues face à la Covid. les sociétés savantes comme la Société Européenne de Cardiologie ou la Société Américaine de Cardiologie ont publié des bulletins d'alerte sur les complications thromboemboliques, sur la gestion de l'infarctus chez un patient Covid ou la surveillance des marqueurs cardiaques. Il fallait sensibiliser tous les médecins au fait que même un patient infecté et porteur du Covid sans symptômes respiratoires sévères pouvait faire un infarctus ou une embolie. Un autre rôle des cardiologues durant la pandémie a été aussi de rassurer et de conseiller le public. Beaucoup de patients cardiaques chroniques se demandaient s'ils devaient changer leur traitement à cause de l'infection Covid. Et peut-être vous vous rappelez ou pas la polémique qu'il y a eu sur certains médicaments, notamment dans l'hypertension artérielle au début, les fameux IEC ou ARA2 qui agissent donc sur ACE2. Et finalement, on a dit de les continuer. D'autres avaient peur d'attraper l'infection Covid en venant à l'hôpital, et ils tardaient à appeler le 15 même en cas de douleur dans la poitrine, ce qui a donc contribué à des infarctus négligés ou parfois pris en charge trop tard. Et donc, nous, en tant que cardiologues, on a dû marteler qu'en cas de signe d'infarctus, il fallait quand même venir s'entarder. Enfin, Les cardiologues ont été impliqués dans la recherche sur le Covid. Il y a eu des études qui ont été menées pour comprendre les mécanismes dont on vient de parler. On a cherché aussi à savoir si certains marqueurs pouvaient prédire la sévérité. Par exemple, la troponine élevée, est-ce qu'elle était un mauvais signe de pronostic ? Et plutôt oui. On a testé aussi des médicaments anti-inflammatoires ou des anticoagulants pour tenter de réduire le risque de complications thromboemboliques. Mais je ne vais pas détailler tous ces traitements ici, ça sera pour un prochain épisode. En somme, l'épidémie a rappelé que le cœur pouvait être une cible dans des maladies où on ne l'attendait pas. Les cardiologues ont dû s'adapter très vite, apprendre en même temps que tout le monde et contribuer activement à la prise en charge des malades atteints de Covid. Encore aujourd'hui, les cardiologues restent mobilisés. Le Covid circule toujours. il y a de nouveaux variants avec des noms tout aussi effrayants comme Frankenstein, qu'on ne sait pas très bien, où ce virus va nous toucher avec des nouveaux mutants qui vont nous abîmer. Mais même s'il est moins virulent qu'en 2020, il peut encore causer de sérieuses complications cardiovasculaires chez des personnes non vaccinées ou des personnes fragiles. Et dans nos hôpitaux, on continue de voir des embolies ou des myocardites qui sont liées au Covid. Elles sont plus rares qu'au début, heureusement. Mais elles sont toujours présentes, on reste donc vigilant. Voilà, nous arrivons à la fin de cet épisode. J'espère que ces explications vous auront permis de comprendre en quoi l'infection Covid a réellement quelque chose de spécial par rapport à la grippe ou au VRS en ce qui concerne le cœur. Ce n'est pas une petite infection respiratoire, vous l'avez maintenant compris. Et si on peut résumer tout ça en une phrase, oui, le Covid... est vraiment différent des autres virus respiratoires pour le cœur par l'ampleur des dégâts qu'il peut causer. Cela ne veut pas dire que la grippe est anodine. Il faut d'ailleurs continuer de la prendre au sérieux et de se faire vacciner chaque année, notamment les personnes les plus fragiles. Mais disons que le Covid a été un révélateur brutal de l'importance de protéger son système cardiovasculaire en cas d'infection grave. C'est aussi une... une piqûre de rappel sur le fait que notre cœur est un tout. C'est un virus qui va viser les poumons et il peut par ricochet toucher le cœur, le cerveau, mais aussi les reins, finalement tous les organes qui vont exprimer ACE2. On l'avait déjà observé, un peu avec d'autres maladies, mais le Covid a démontré de manière éclatante tout cela. Et en tout cas, si vous ou l'un de vos proches avait des soucis cardiaques, Et attrapez le Covid. Ne paniquez pas, mais soyez attentifs. Consultez rapidement si des symptômes comme une douleur dans la poitrine, un essoufflement anormal, des malaises, des palpitations surviennent. En cas d'urgence, pareil, je vous le rappelle, appelez le 15. Mais en tout cas, mieux vaut prévenir que guérir, surtout avec ce virus très sournois. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, TikTok ou YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, je vous proposerai un nouvel épisode dans la... continuité de celui-ci, on continue notre saga sur l'infection Covid et le cœur et on parlera cette fois de la phase chronique. Vous savez, ce fameux Covid long dont on entend beaucoup parler et donc des conséquences que le Covid long peut avoir sur le cœur. Autrement dit, que se passe-t-il des semaines ou des mois après l'infection au niveau cardiovasculaire ? Est-ce qu'il y a des séquelles cardiovasculaires à long terme ? et d'éventuels symptômes persistants. On fera le point sur ce que l'on sait du Covid long côté cœur, en tout cas à la lueur des connaissances d'octobre 2025. C'est donc un sujet qui risque d'intriguer beaucoup de monde, j'en suis certain. Et rappelez-vous, si les sujets sur la cardiologie vous intéressent, je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour continuer cette aventure ensemble. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine. Prenez soin de votre cœur.

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