Speaker #0Bonjour, je m'appelle Grégoire Cochoir et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. A travers des conseils pratiques, des interviews de soignants, ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Bienvenue dans cet épisode dédié aux édulcorants artificiels et à leur impact sur la santé cardiovasculaire. Vous avez certainement dû noter qu'avec la tendance croissante à remplacer le sucre par des alternatives sans calories, les édulcorants artificiels se sont retrouvés dans une grande variété de produits de notre quotidien. Qu'il s'agisse de boissons sans sucre, de yaourts allégés ou d'édulcorants de table, on les trouve partout. Mais la question que nous allons explorer aujourd'hui est la suivante. Sont-ils réellement bons pour notre cœur ? Tout a commencé avec la prise de conscience des effets néfastes du sucre sur la santé. J'enfonce probablement une porte ouverte, le sucre a été associé à des risques accrus et bien documentés dans la littérature scientifique d'obésité, de diabète de type 2 et, bien sûr, de maladies cardiovasculaires. Pour y remédier, l'industrie alimentaire a proposé des édulcorants artificiels comme une alternative supposée saine au sucre. Mais est-ce vraiment le cas ? Les édulcorants tels que l'aspartame, le sucralose, l'acésulfame potassium, vous le verrez souvent noté sur la liste des ingrédients écrits sur les produits du commerce comme acésulfame K, ces édulcorants artificiels sont devenus des ingrédients clés dans les produits allégés, plébiscités pour leur faible apport calorique. Cependant, une question cruciale demeure, vous l'avez compris, quels sont leurs effets réels sur notre santé, et plus particulièrement sur notre système cardiovasculaire. Mais avant de commencer, si vous ne voulez pas rater un épisode et en recevoir une notification, je vous invite à vous abonner à l'émission. Cela fera aussi grandir la communauté. Explosez également le bouton j'aime sur votre plateforme d'écoute préférée. Cela m'aidera énormément et récompensera également le travail que je fais. Avant d'entrer dans les détails, clarifions ce que sont ces fameux édulcorants artificiels. Ils sont créés en laboratoire pour offrir un goût sucré tout en ayant peu ou pas de calories. Contrairement au sucre naturel, les édulcorants ne sont pas absorbés de la même manière par notre corps. Ils passent souvent à travers notre système digestif sans être transformés en énergie. On en trouve plusieurs types dans nos aliments. On l'a vu, l'aspartame, qui est utilisé essentiellement dans les sodas light, le sucralose, connu pour sa grande stabilité à la chaleur, et l'acésulfame K, présent dans les boissons et les confiseries. Ces édulcorants sont extrêmement puissants. Certains d'entre eux sont des centaines de fois plus sucrés que le sucre traditionnel. Prenons l'exemple de l'aspartame qui est environ 200 fois plus sucré que le sucre. Cela signifie qu'une toute petite quantité suffit à sucrer un produit, réduisant ainsi les calories sans compromettre le goût. Et pourtant, ces édulcorants sont loin d'être sans controverse. Aujourd'hui, pour approfondir notre compréhension des effets des édulcorants, nous allons nous appuyer sur une étude particulièrement importante, l'étude NutriNet Santé qui a été menée en France. C'est l'une des plus grandes cohortes prospectives, c'est-à-dire qu'elle a suivi un peu plus de 100 000 participants pendant plus de 10 ans. L'objectif de cette étude était d'évaluer les habitudes alimentaires des participants y compris leur consommation d'édulcorants, et d'examiner les impacts sur leur santé. notamment en termes de risques cardiovasculaires. L'étude a permis de collecter des données alimentaires précises via des questionnaires détaillés sur les habitudes alimentaires et a également enregistré les événements cardiovasculaires survenus au cours de la période de suivi. Cela a donné lieu à une base de données extrêmement riche qui a permis d'analyser l'impact de la consommation d'édulcorants sur la santé du cœur. Entrons maintenant dans le vif du sujet. Quels ont été les résultats concrets de cette étude ? Eh bien, les chiffres sont éloquents et pour certains, surprenants. L'étude a révélé que la consommation totale d'édulcorants artificiels était associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. Mais parlons chiffres, car c'est ici que les résultats prennent toute leur importance. Tout d'abord, l'incidence des maladies cardiovasculaires, c'est-à-dire le nombre de nouvelles maladies qui apparaissent, chez les personnes qui consommaient des édulcorants artificiels au-dessus de la médiane de consommation, qu'on appellera alors les grands consommateurs, ce taux d'incidence des événements cardiovasculaires était de 346 pour 100 000 personnes années, contre 314 pour les non-consommateurs. La différence paraît faible, mais... elle reste significative. Consommer régulièrement des édulcorants artificiels représente une augmentation notable du risque de maladies cardiovasculaires. Parlons maintenant édulcorants et accidents vasculaires cérébrales. L'étude a particulièrement mis en lumière l'aspartame, qui est l'un des édulcorants les plus courants. Eh bien, les consommateurs réguliers d'aspartame avait un sur-risque accru de 17% d'accidents vasculaires cérébraux par rapport aux non-consommateurs. Concrètement, chez les consommateurs réguliers, l'incidence des événements cérébro-vasculaires atteignait 195 pour 100 000 personnes années contre 150 chez les non-consommateurs. Enfin, évoquons les maladies coronariennes et autres édulcorants, le sucralose, et l'acéciulfame K n'étaient pas en reste. Ces deux composés ont été associés à une augmentation du risque de maladies coronariennes. Pour le sucralose, par exemple, l'incidence des maladies coronariennes était de 271 événements pour 100 000 personnes l'année chez les gros consommateurs contre 161 chez les non consommateurs. Vous l'avez compris, les édulcorants artificiels représentent un risque. réel pour la santé cardiovasculaire. Alors, maintenant que vous savez tout cela, et personnellement ces résultats me font plutôt froid dans le dos, comment essayer d'expliquer ces éléments ? Pourquoi les édulcorants, qui sont censés nous aider à réduire notre consommation de sucre, augmentent-ils le risque de maladies cardiovasculaires ? Eh bien... Les mécanismes sont évidemment encore en cours d'études, mais plusieurs hypothèses sont avancées. Premièrement, il a été observé que les édulcorants pouvaient perturber la flore intestinale. Des études ont montré en effet que certains édulcorants modifiaient la composition de notre microbiote, ce qui pourrait entraîner une moins bonne régulation du métabolisme du glucose, ce qui augmenterait le risque de diabète. et de maladies métaboliques qui sont des facteurs de risque majeurs pour les maladies cardiovasculaires. Deuxièmement, certains édulcorants comme le sucralose pourraient interagir avec les récepteurs du goût sucré dans l'intestin, ce qui va altérer ainsi la sécrétion d'insuline et les mécanismes de régulation de la glycémie. Ces perturbations peuvent conduire à des pics de glycémie ce qui favorise à long terme des complications cardiovasculaires. Enfin, il y a aussi des indices suggérant que les édulcorants pourraient jouer un rôle dans l'inflammation et la dysfonction endothéliale, autrement dit l'altération des vaisseaux sanguins, qui sont deux processus clés dans le développement des maladies cardiovasculaires. Alors, faut-il abandonner les édulcorants ? Face à ces résultats, la question que beaucoup se posent est faut-il totalement bannir les édulcorants de notre alimentation ? Ça n'est évidemment pas une question facile, car les édulcorants artificiels sont partout. Toutefois, ces résultats incitent à la prudence. Les édulcorants peuvent être utiles pour certaines personnes, en particulier celles qui ont besoin de contrôler leur glycémie ou leur poids quand nécessairement le sucre ne veut pas être exclu par les patients, mais il est crucial de les consommer avec modération et en... connaissance des risques potentiels. L'étude Nutrinet Santé suggère que les édulcorants ne sont peut-être pas une alternative sans risque au sucre. Les organismes de santé publique comme l'Organisation Mondiale de la Santé, l'OMS, recommandent d'ailleurs d'en limiter la consommation, en particulier pour les personnes qui sont les plus à risque cardiovasculaire. Que pouvons-nous donc faire à la place ? Quelles sont les alternatives ? Pour ceux qui cherchent à réduire leur consommation de sucre sans se tourner vers les édulcorants artificiels, il existe plusieurs options plus naturelles comme les édulcorants à base de stevia ou encore le sucre de coco qui ont un indice glycémique plus bas. Mais évidemment, le meilleur conseil reste de limiter la consommation globale de sucre et de produits sucrés qu'ils contiennent du sucre ou des édulcorants artificiels, cela est difficile, mais cela s'apprend aussi. Nous arrivons à la conclusion de cet épisode. Retenons quelques points clés. Les édulcorants artificiels, bien qu'utiles pour réduire les calories, ne sont pas sans risque pour la santé cardiovasculaire. que l'étude NutriNet Santé montre une association entre une consommation élevée d'édulcorants et un risque accru de maladies cardiovasculaires, notamment les AVC et les maladies coronariennes. Enfin, bien que des mécanismes exacts sont encore à clarifier, les premières pistes suggèrent des impacts sur le microbiote, la régulation de la glycémie et l'inflammation. La modération est donc de mise et la meilleure stratégie reste de limiter l'usage du sucre et des édulcorants dans notre alimentation quotidienne. En fait, comme toujours, tout est question de dosage. Et Jean-Jacques Rousseau le disait déjà très bien, les vrais besoins n'ont jamais d'excès. Le sucre est en effet un besoin naturel pour notre corps, mais... son excès est souvent lié à un désir. Apprenons donc peut-être à modérer naturellement nos besoins, car en apprenant à écouter nos besoins authentiques, nous évitons ainsi souvent naturellement les excès. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux. Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir de vous parler de sexualité en cardiologie. Je ne vais pas vous spoiler le sujet. je sais déjà que ça plaira à beaucoup d'entre vous. Mais c'est un sujet qui est trop souvent négligé en matière de santé, ce que je trouve bien trop dommage, car la sexualité peut être évidemment une réelle source de plaisir, mais aussi de souffrance pour beaucoup de personnes, et notamment en cardiologie. Alors, si ce sujet vous intéresse, je vous donne rendez-vous dans deux semaines. D'ici là, je vous souhaite une bonne semaine. Et prenez soin de votre cœur.
