Speaker #0Bonjour, je m'appelle Grégoire Cochois et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Bienvenue dans cet épisode passionnant consacré à une partie essentielle de la cardiologie, la fréquence cardiaque. Avant de commencer, si vous ne voulez pas rater un épisode et en recevoir une notification, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera aussi grandir la communauté. Ah non mais moi, tous les matins je me lève, c'est poids, tension, rythme cardiaque, et la journée peut commencer. Pourquoi tu penses que tu as un problème de cœur ? Tout va bien, regarde, moi j'ai un poids à 60 et je pète la forme. D'après vous, est-ce que la fréquence cardiaque est un bon indicateur de santé cardiovasculaire ? Et puis, la fréquence cardiaque et le rythme, est-ce que c'est la même chose ? C'est ça. A l'heure où nous sommes hyper connectés, montres, smartphones, applications de tous genres, comprendre l'outil qui mesure est primordial. Mesurer c'est bien, mais savoir ce que l'on mesure c'est mieux. Au fond, la question sous-jacente est peut-on être malade du cœur avec un pouls à 60 ? Et si mon pouls est lent, que je fais du sport, est-ce que je suis forcément en bonne santé A travers cet épisode, je tâcherai de répondre aux questions suivantes. Qu'est-ce qu'une fréquence cardiaque normale ? Comment la mesurer ? Et surtout, pourquoi il est important de le savoir ? Cet épisode est un peu plus technique, mais je suis certain que vous allez vous y plonger très facilement avec mes explications. Alors, suivez le guide et on y va ! Imaginez le cœur comme un moteur. Un moteur produit une action mécanique à partir d'énergie. Par exemple, le moteur de votre voiture permet de rouler en consommant de l'essence. De la même façon, le cœur consomme de l'énergie, à savoir de l'oxygène et des nutriments, pour pouvoir recevoir du sang et l'éjecter dans le corps humain. En gros, le faire circuler et vous faire vivre tout simplement. La fréquence cardiaque, c'est un paramètre important de la santé cardiovasculaire, mais un peu de physique assez simple pour vous expliquer ce dont il s'agit. La fréquence, c'est le nombre de répétitions d'un cycle par unité de temps. En l'occurrence, la fréquence cardiaque, c'est le nombre de battements de votre cœur par minute. Donc, si on assimile le cœur à un moteur, c'est la cadence à laquelle la pompe tourne. La fréquence cardiaque est différente du rythme stricto sensu. Par exemple, je peux avoir une fréquence cardiaque à 60 battements par minute, mais un rythme cardiaque irrégulier. En fait, par abus de langage, vous entendrez souvent j'ai un rythme à 60 ou un pouls à 60 ou bien encore une fréquence cardiaque à 60 battements par minute Mais le terme juste reste fréquence cardiaque Les anomalies de rythme, j'y reviendrai dans d'autres émissions. Maintenant, vous allez me dire mais comment est-ce que l'on mesure sa fréquence cardiaque ? Alors, vous avez deux solutions. Une qui est assez simple et presque trop facile, ça va être l'objet qui le fait pour vous comme une montre ou un tensiomètre qui vous afficheront simplement votre fréquence cardiaque. Ou bien, la bonne vieille mesure du pouls qui est très simple et vous pouvez le faire vous-même à la maison. Simplement, posez deux doigts sur votre poignet ou sur le côté de votre cou là où vous sentez votre carotide. Bon, pas trop fort non plus, n'allez pas vous décrocher une plaque d'athérome ou vous étrangler. Mais comptez le nombre de battements sur une minute, ou bien vous le faites pendant 15 secondes et vous multipliez le chiffre par 4. Et voilà, vous avez mesuré votre fréquence cardiaque. Petite anecdote, saviez-vous que les premiers stéthoscopes, ces petits appareils que les médecins utilisent et qui permettent d'écouter les battements de votre cœur, mais aussi de mesurer la fréquence cardiaque, ont été inventés par René Laennec en 1816, et à l'époque c'était de simples tubes en bois. Aujourd'hui, heureusement, nous avons des outils bien plus sophistiqués pour mesurer notre fréquence cardiaque. Le cœur est donc une pompe et c'est sa fonction principale. Je vais vous donner donc quelques chiffres clés sur la fréquence cardiaque. Au repos, le cœur tourne à 60 éjections par minute environ. C'est à peu près un battement toutes les secondes. Mais sachez que cette fréquence cardiaque dépend de manière physiologique de l'âge. et la fréquence cardiaque est plus élevée à la naissance, puis elle va diminuer avec l'âge au rythme de sa croissance jusqu'à l'âge adulte. Ne soyez donc pas surpris de voir la fréquence cardiaque d'un nouveau-né aux alentours de 120 battements par minute, quand elle sera d'environ 80 battements par minute chez l'enfant, et environ 60 battements par minute chez l'adulte. Mais en tout cas, ce chiffre n'est pas à prendre pour argent comptant. Et là vous allez me dire, mais c'est quoi alors une fréquence cardiaque normale ? En moyenne, chez l'adulte, le cœur au repos se contracte entre 60 et 90 fois par minute. Et là on arrive à des termes un peu techniques que vous pourrez rencontrer en cardiologie. On s'accorde à dire qu'en dessous de 60 battements par minute, le cœur est trop lent et on dit que la personne est bradycard. Au-dessus de 100 battements par minute au repos, le cœur est trop rapide et on parle de tachycardie. Et non pas tachycardie, comme je l'entends assez régulièrement, à moins que votre grande tente vous épuise. Et là, la tachycardie, ça peut être sérieux. Au-delà de ces chiffres au repos, on considère donc que c'est anormal. Mais ce qui est anormal pour quelqu'un ne l'est pas forcément pour un autre. Et pour ça, je suis obligé de monter d'un cran dans la physiologie. Rassurez-vous, rien de trop compliqué. La fréquence cardiaque, c'est un paramètre important comme vous avez pu le comprendre, mais ce qui est plus pertinent, c'est le débit. Bon, évidemment, vous vous attendiez pas à entendre ça et pour cause. Le débit c'est un volume multiplié par une fréquence. C'est pas plus compliqué que ça et on parle de litres par minute. Comme toute pompe, le cœur assure un débit. Donc le cœur envoie une certaine quantité de litres de sang par minute et en moyenne, pour une personne en bonne santé, le cœur va éjecter entre 3,5 litres et 5 litres de sang par minute et c'est assez impressionnant pour un petit organe qui mesure 9 cm sur 12 environ et pèse à peu près 300 grammes. Soyons honnêtes, je suis sûr que vous n'imaginiez pas le cœur aussi petit. Et quand mes patients voient leur cœur pour la première fois lors d'une échographie cardiaque, ils sont tout autant surpris de ces valeurs que de voir leur cœur battre pour de vrai. Donc, si vous comprenez que le débit cardiaque est justement le volume de sang éjecté multiplié par la fréquence cardiaque, alors on peut conclure que le paramètre fréquence cardiaque n'est qu'un des déterminants de la bonne santé de cette pompe, et que l'autre paramètre de l'équation c'est le volume que le cœur est capable de recevoir puis d'envoyer dans la circulation générale. Pour rendre l'explication un peu plus concrète, je vais comparer ça à une voiture. Petit aparté, la cardiologie répond aux mêmes lois de la physique que la mécanique générale. Le cœur, c'est presque simplement un moteur, il est un peu particulier, mais ça reste un moteur, et on peut lui alléguer un certain nombre d'analogies. Donc pour parler mécanique, si votre moteur tourne à 3000 tours par minute, mais que la cylindrée ou plutôt le volume global du moteur est de 2 litres, la production d'énergie pour faire avancer la voiture sera forcément plus importante que si le moteur fait 1 litre. Et bien c'est pareil pour le cœur. De façon un peu simplifiée, si le volume du cœur est plus grand, il sera capable de produire plus d'énergie. Et c'est exactement ce qu'il se passe en faisant du sport. De façon adaptative, le cœur va grossir, il va augmenter de volume et la femme et l'homme supersportifs ont de base le même cœur que madame et monsieur tout le monde, juste qu'ils tournent de façon un peu plus efficace en étant un peu plus gros. mais pour le cœur, en tout cas, jusqu'à une certaine mesure, la dilatation est bonne, mais ni trop, ni trop peu, et j'aurai le plaisir de vous en reparler dans d'autres émissions. Bon, j'espère jusque-là ne pas vous avoir perdu. Revenons un peu à la pratique. Une question que beaucoup de mes patients me posent quand ils viennent me consulter, c'est... Je comprends pas, j'ai un pot à 60 au repos et il monte à 170 au maximum de l'effort et vous me dites qu'il a un problème. Bah je comprends pas, pour moi il ne peut qu'aller bien, non ? En plus, docteur, je me connais, je sais très bien quand ça ne va pas. Eh bien, quand j'entends cette phrase, au risque de vous décevoir, n'en soyez pas si sûr. Demandez à quelqu'un qui a fait une mort subite son avis là-dessus. Malheureusement parfois, avant d'être malade, les gens allaient bien. Et en matière de cardiologie, la prévention est certainement plus qu'essentielle. Sans vivre dans l'hypocondrie, les maladies n'ont pas toujours leur signe avant-coureur et il s'agit des fois de faire un petit tour du propriétaire pour vérifier que tout va bien. C'est un peu comme votre voiture. Vous rouliez tranquille ou milou jusqu'au jour où votre moteur est monté en mayonnaise à cause d'un joint de culasse et ça c'était pas prévisible. Et bien, pourquoi ça serait différent pour votre cœur ? Désolé de plomber l'ambiance, mais vraiment, je lutte tous les jours pour raisonner certaines personnes qui se pensent invincibles ou en parfaite santé sous prétexte qu'elles disent se connaître. Ce sont des croyances et ça peut vous coûter cher. Pour répondre à la question de cette dernière patiente, je vais vous apporter une explication claire. Je viens de vous dire précédemment que le volume de votre cœur était aussi déterminant que la fréquence cardiaque. Si votre cœur est trop gros ou trop petit, il se peut donc que le débit cardiaque ne soit pas bon. En vérité, c'est un peu plus technique que ça et j'aurai le plaisir de vous l'expliquer lors de prochains épisodes, mais retenez ces éléments précédents pour vous rendre l'exercice plus facile à comprendre. Maintenant, qu'est-ce qui fait qu'un sportif aura de meilleures capacités physiques ? Du point de vue du cœur, c'est pour une grande partie lié au fait que, comme tout muscle, votre cœur va s'adapter. Avec l'effort, il va grossir de manière normale, c'est-à-dire physiologique. Par exemple, quand vous faites des biceps curls au poids libre, votre biceps, avec le temps, va tout simplement grossir. Et bien c'est pareil pour le cœur. Avec l'exercice physique, surtout en endurance, son volume va augmenter si bien qu'il assurera un même débit au repos de 5 litres par minute, parce que oui le débit au repos ne change pas beaucoup entre les différentes personnes, mais il aura besoin de se contracter moins vite. Je vous rappelle, le débit, c'est un volume multiplié par une fréquence. Donc si j'ai un cœur deux fois plus gros, il aura besoin de se contracter deux fois moins souvent pour un même débit. Et c'est donc pas surprenant que la fréquence cardiaque d'un sportif soit basse aux alentours, assez souvent des 40 battements par minute. Ça peut même descendre sans que le cœur ne soit forcément malade. Pour comparer avec la voiture, c'est comme si pour une même carlingue, vous échangez le moteur d'une 2 chevaux contre celui d'une Ferrari. Question que vous vous posez certainement maintenant, que je vous ai expliqué un peu plus les éléments techniques du moteur. Et si mon cœur est malade, quelle sera ma fréquence cardiaque ? Eh bien, c'est difficile de vous répondre comme ça, car tout dépend de la pièce du moteur qui pose problème. Est-ce que c'est l'extérieur du cœur qui pose problème ? Est-ce que c'est son circuit électrique ? La tuyauterie ? Parce qu'en fait, il y a une centaine de pièces qui peuvent buguer. on a en fait un ensemble de pièces même qui sont imbriquées les unes aux autres dans le corps humain. Et c'est ce qui est passionnant quand on est médecin, c'est d'aller trouver l'élément qui pose souci. Juste que pour ce qui est de la fréquence cardiaque et des problèmes de cœur, ça sera le boulot de votre cardiologue de mettre les mains dans le cambouis. Mais pour vous donner une ébauche de réponses qui seraient certainement imparfaites, Ce n'est pas tant la fréquence cardiaque qui va être utile, mais plus l'évolution de la fréquence cardiaque à l'effort en l'occurrence, qui sera pertinente pour dire si la fréquence cardiaque est normale ou pas, si on ne gardait que ce chiffre pour savoir si tout allait bien. Je vous ai parlé du sportif qui peut avoir une fréquence cardiaque basse, mais votre fréquence cardiaque va aussi baisser quand vous êtes au repos. Et c'est ce qui se passe la nuit. Le corps humain va consommer moins d'énergie, il est donc logique que le débit cardiaque soit plus bas. Et donc que le moteur tourne moins vite, un peu comme votre voiture quand vous êtes au point mort. De la même façon, quand vous dormez, la fréquence cardiaque va baisser. Et on peut donc naturellement descendre en dessous de 45 battements par minute, voire plus bas la nuit, alors que tout va bien. Je vais même vous avouer quelque chose. On peut même faire des pauses cardiaques nocturnes, en tout cas dans votre sommeil, de plusieurs secondes, et ça peut aller jusqu'à 6 secondes sans pour autant s'affoler, et tout ça tient compte évidemment du contexte de la personne, et ça c'est le rôle de votre cardiologue de vous dire si c'est normal ou pas. Petit disclaimer, ne vous amusez pas à tirer des conclusions trop hâtives sur d'éventuelles anomalies que vous constateriez, et consultez toujours un médecin en cas d'interrogation sur votre santé. Un dernier exemple est si vous êtes stressé ou angoissé. Vous allez produire des hormones liées au stress car votre cerveau envoie une information à votre corps qu'il est en danger. Ces hormones du stress, elles ont pour but de vous rendre plus alerte pour vous permettre de vous échapper d'une situation que votre cerveau jugerait menaçante. Ça tient à notre cerveau reptilien qui assurait notre survie. À notre époque préhistorique, un danger induisait une réaction d'attaque, de fuite ou de stupeur, à savoir vous étiez pétrifié. À ce moment-là, la fréquence cardiaque était en folie. mais heureusement ensuite il y a eu le cerveau limbique ou émotionnel qui nous a permis de nous raisonner un peu plus et au final le cortex cérébral un peu plus abouti encore pour prévoir et anticiper d'éventuelles réactions Donc quand vous êtes stressé ou angoissé, schématiquement c'est votre cerveau qui ressent le danger alors qu'il n'y en a pas réellement. Votre vie n'en dépend pas mais par contre votre cœur cogne dans votre poitrine, il se débat et c'est très inconfortable. Mais rassurez-vous, vous n'en mourrez probablement jamais.
Speaker #0C'est une réponse assez naturelle du corps, mais rappelez-vous, votre raison et vos émotions ne sont pas toujours en harmonie et votre cœur, dans ce cas-là, réagit fortement. Le danger ne sera pas réel, mais pourtant, vous le vivez réellement à l'intérieur. La fréquence cardiaque va augmenter alors que votre cœur va bien. Il répond donc à une situation. Au final, il y a plein de situations où le cœur réagit à une situation. Ça peut être par exemple quand vous avez de la fièvre ou quand vous êtes déshydraté. Vous allez avoir des variations de votre rythme cardiaque qui ne sont pas nécessairement des anomalies. Si je devais conclure à la question, y a-t-il une fréquence cardiaque normale ? Vous comprenez que la réponse est normande. Un peu oui et un peu non. La norme, c'est une valeur statistique qui comprend dans une population supposée saine 95% des valeurs les plus fréquemment retrouvées, à savoir 60 à 90 battements par minute. On utilise ça en médecine pour définir ce qui est normal de ce qui ne l'est pas, car la plupart des lois mathématiques utilisées en médecine suivent une répartition que l'on appelle gaussienne. Pour revenir à la fréquence cardiaque, Tout dépendra de l'anatomie de votre cœur, à savoir sa taille, des situations externes au corps humain comme la température, le niveau de stress, l'adaptation du cœur à l'effort physique, etc. Un dernier élément qu'il faut considérer et qui est plus pertinent, on l'a vu un peu tout à l'heure, c'est l'évolution de la fréquence cardiaque au cours de la journée et de la nuit. Le cœur, c'est un métronome et il reste assez régulier au repos aux alentours de 60 battements par minute pour une grande majorité des individus, comme je vous l'ai dit. mais je vous rappelle aussi que chez le sportif ou le sujet stressé, cela peut être très différent. Le cœur va donc s'accélérer à l'effort pour répondre aux besoins en oxygène et en nutriments du corps humain. Mais cette évolution de la fréquence cardiaque est assez souple. Les variations ne doivent pas être brutales et doivent répondre à une certaine norme également. Donc... Plus qu'un chiffre, c'est sa variation au cours de la journée qui peut alerter, et on pourra rencontrer ainsi d'éventuels problèmes de rythme cardiaque. Le cœur n'est plus régulier, et c'est des fois la montre connectée que vous aurez au poignet qui vous donnera cette alerte, parfois en excès, mais il vaut mieux que ce soit dans ce sens là. On a vu jusqu'à maintenant que le cœur avait une limite basse et une limite haute au repos. Et donc, qu'en est-il de la fréquence cardiaque maximale ? Eh bien, je vais vous dire une chose, il n'y a pas de fréquence cardiaque vraiment maximale. Si je vous disais qu'en cas d'arythmie, comme de la fibrillation atriale, et je vous expliquerai ce que c'est dans d'autres émissions, les oreillettes se contractaient à plus de 600 battements par minute. Fort heureusement, les ventricules ne vont pas suivre la même cadence, sinon ça s'appelle tout simplement une fibrillation ventriculaire et ça conduit à un arrêt cardiaque. Il y a un régulateur, une sorte de gendarme entre les oreillettes et les ventricules qui va éviter que le cœur s'emballe trop vite et cette structure s'appelle le noeud auriculo-ventriculaire. Dans le cas de la fibrillation atriale, c'est une situation qui relève d'une maladie, et elle n'est évidemment pas physiologique. Mais pour répondre plus sérieusement à la question de la fréquence cardiaque maximale théorique, on va utiliser une formule qui est la plus couramment utilisée parmi de nombreuses, elle est aussi très décriée, c'est celle de 220 moins l'âge. La formule date de 1970 et elle a été développée par Askel et Fox. Elle a beaucoup d'inconvénients dans la vraie vie, notamment en cas d'activité physique, mais elle a l'avantage d'être assez simple, reproductible lors des examens de cardiologie et donc on l'utilise quand même assez souvent en pratique courante. Pour être maintenant plus juste sur la fréquence cardiaque maximale théorique, en fait, la relation n'est pas linéaire comme dans l'équation précédente, mais plutôt curvilinéaire, c'est-à-dire qu'elle varie en fonction de l'âge, comme vous avez pu le comprendre, mais sous une forme un peu de courbe. Certains scientifiques par exemple ont développé des formules comme celle de Gelich en 2007 qui vous permet avec un peu moins de marge d'erreur, c'est-à-dire des quart-types, d'avoir une fréquence cardiaque maximale théorique qui serait égale à... Alors attention, accrochez-vous bien, ça risque de vous griller quelques neurones si vous le faites de tête. 192 moins 0,007 fois l'âge au carré. Bon, vous comprenez que la formule de 120 mois l'âge, c'est un repère un peu plus simple, et donc pour quelqu'un qui aurait 50 ans, la fréquence cardiaque maximale théorique, elle serait d'environ 170 battements par minute. Comme son nom l'indique, la fréquence cardiaque maximale théorique est une mesure théorique. Et la personne peut donc aller très bien à 185 battements par minute, tout comme être malade à 150 battements par minute. Chaque situation est particulière, mais ça donne une certaine idée de ce que l'on devrait s'attendre à obtenir lors d'examens médicaux. En réalité, la fréquence cardiaque maximale la plus fiable, c'est celle que vous obtiendrez sur le terrain après un effort physique très intense si vous êtes considéré comme étant en bonne santé, ou lors d'un test d'effort avec votre cardiologue préféré. Par contre, une fois certains examens médicaux réalisés en cas de maladie cardiaque, il se peut que votre cardiologue vous préconise une certaine fréquence cardiaque maximale à ne pas dépasser, et ce sera une fréquence cette fois mesurée, et non pas une fréquence théorique. Vous comprenez donc que le chiffre de fréquence cardiaque en tant que tel n'est pas à prendre au pied de la lettre. En tant que cardiologue, la fréquence cardiaque n'est pas pour moi un très bon indicateur de manière indépendante du bon fonctionnement du cœur. Vous avez pu appréhender le fait qu'elle doit se ranger dans une gamme allant de 60 à 100 battements par minute au repos, mais qu'il faut intégrer cette information dans un ensemble. Son évolution, notamment à l'effort, est des éléments extérieurs. Ça sera pour moi l'âge de la personne qui vient me consulter, son sexe, son poids, son niveau d'activité physique, d'éventuels symptômes associés qui le gêneraient comme une douleur dans la poitrine, des malaises, des essoufflements à l'effort ou au repos. Aussi si la personne est gênée par ses battements cardiaques, c'est ce qu'on appelle des palpitations, d'éventuels traitements qu'il prend, s'il a une maladie, etc. J'associe tout ça au fait qu'éventuellement sa tension artérielle peut être mauvaise, si à l'examen il y a une anomalie comme un souffle cardiaque, sa température, d'éventuels résultats anormaux de prise de sang ou de radiologie, etc. Et voilà, toute cette réflexion s'appelle la médecine, et c'est pour ça que c'est tout un art. J'espère ainsi vous rallier à ma cause et vous prouver que parler à votre médecin, votre pharmacien, votre infirmière d'un problème de santé que vous rencontrez est mille fois plus pertinent que de faire vos propres recherches sur internet. Vous vous tromperez assez souvent et vous vous ferez peur la plupart du temps. Pour conclure, vous savez maintenant tout ce que représente la fréquence cardiaque. Et si à l'occasion d'une conversation en famille ou entre amis, comme lors de votre prochain footing ou dans votre club de sport avec votre petit coach préféré Alejandro, que vous abordez ce sujet, vous saurez que la fréquence cardiaque est 1 parmi de nombreux paramètres de bonne santé, mais qu'il n'est pas très robuste pris isolément. Et puis, de façon générale, la norme, ce n'est pas quelque chose de pertinent. Pensez-y quand vous direz d'une situation qu'elle est normale. Je nuancerai plutôt les choses en disant que cette situation est habituelle, car après tout, comme pour toute chose, on peut être en dehors de la norme sans être anormal. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, Youtube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir d'aborder avec vous un sujet moins spécialisé mais tout aussi utile à votre santé cardiovasculaire. Je parlerai de la cohérence cardiaque. Parce que cette technique de respiration vous permet de contrôler votre rythme cardiaque assez simplement, je vous expliquerai ce qu'il se passe à l'intérieur de votre cœur quand vous faites cela. Encore une fois, merci pour votre écoute et à très bientôt pour ce nouvel épisode.