Speaker #0Bonjour, je m'appelle Grégoire Cochoir et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants, ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Bienvenue dans ce nouvel épisode qui vous permettra d'apprendre à parler le même langage que votre médecin. Qu'il soit médecin généraliste ou cardiologue, votre médecin apprend pendant dix ans, et même toute sa vie en réalité, à parler un langage qui vous paraît souvent inaccessible, et pourtant, c'est ce langage qui est le garant d'une bonne prise en charge médicale. Sous chaque terme médical, il y a un sens très particulier qui ne voudra absolument pas dire la même chose en fonction du contexte. Aujourd'hui, on va décoder ensemble les signes cardiologiques. Parce que oui, votre cœur parle et il est temps d'apprendre son langage. Par exemple, pour moi, en tant que cardiologue, un malaise, ça ne veut pas dire grand chose. Un malaise peut aussi bien relever d'un problème cardiaque, on parlera alors de syncope. ou de l'hypotémie que d'un problème vasculaire ou neurologique, par exemple une épilepsie ou un AVC. Enfin, il peut s'agir d'une hypoglycémie vraie ou relative. Je m'arrête là car la liste des causes de malaise est longue et vous voyez ici que chaque mot a son importance. On va diviser aujourd'hui l'épisode en deux car il serait très long et le but est que vous gardiez des idées claires. sur la façon dont votre médecin réfléchit quand vous ouvrez la porte de son cabinet. La partie 1 de l'épisode sera consacrée aux signes fonctionnels, c'est-à-dire à l'interrogatoire que votre médecin mène pour analyser vos symptômes et qui vous êtes en tant que personne dans votre globalité. La partie 2, qui sera dans 15 jours, concernera l'examen physique, c'est-à-dire la partie de l'examen clinique consacrée à l'inspection la palpation, l'auscultation et la percussion. Des mots qui vous paraissent un peu flous, mais que vous avez certainement déjà dû entendre et que je vais vous expliquer en détail. Alors c'est parti, et je vais vous dévoiler tous les mystères bien cachés du corps médical. Mais avant de commencer, si vous ne voulez rater aucun épisode et en recevoir une notification, je vous invite à vous abonner à l'émission, cela fera aussi grandir la communauté. Imaginez, vous arrivez aux urgences de l'hôpital, amené par une belle ambulancière et un bel ambulancier, et vous entendez le médecin qui les accompagne, qui vous a pris en charge, dire à l'infirmière de l'accueil Salut Jacqueline, je t'adresse Madame Michu, elle était super fatiguée, je sais pas trop, selon elle il y avait un espèce de truc bizarre, elle est pas comme d'habitude, en plus elle avait la tronche de travers, bon, pour la connaître ça m'a pas trop choqué, mais peut-être que c'est un problème de maquillage, je sais pas. Bon, faut dire quand même qu'elle a toujours la tronche enfarinée, mais ses proches ont trouvé quand même que c'était pas comme d'habitude. Alors voilà, son cœur bat, elle respire, bruit de glou glou normal dans le ventre, ça doit pas être bien grave tout de suite, mais bon, je sais pas trop, maintenant qu'elle est là, je te la laisse, bon courage. Eh bien. Heureusement, les soignants vont utiliser des mots techniques qui vont donner tout de suite une dimension pas uniquement professionnelle, mais aussi de gravité. On sait tout de suite dans quel sens les soins vont aller. Alors, je vous la refais avec ce que vous pourriez entendre aux urgences. Salut Jacqueline, je t'adresse Madame Michu, altération de l'état général, asthénie depuis un an, anorexie et amégrissement de 10 kg en 6 mois, maintien à domicile difficile, son aidant principal a noté une rupture avec son état antérieur depuis 2 semaines, et notamment ce matin, 8h30, où il est apparu une déviation de la bouche et un déficit de bras-cœur facial pendant 10 minutes. Alors voilà, elle n'est pas déficitaire actuellement, les constantes vitales sont bonnes, rien à signaler à l'examen clinique, notamment neurologique, les bruits du cœur sont réguliers. L'électrocardiogramme est normal, dextro parfait, aucun élément de gravité. La voilà entre de bonnes mains, bon courage. Ça fait plus pro, n'est-ce pas ? Eh bien la sémiologie, c'est ça. Utilisez les bons mots au bon moment, avec les bonnes personnes et au bon endroit pour parler d'une situation médicale. C'est parler un même langage qui permettra de reproduire les prises en charge, que vous soyez en France ou en plein milieu de la jungle brésilienne, parce que l'avantage, c'est que ces mots sont globalement internationaux. Maintenant, spécifiquement à la cardiologie, et si vous êtes déjà allé chez un cardiologue, vous entendrez parler d'inspection, d'auscultation cardiaque, avec les fameux souffles au cœur, la star des signes cliniques, et mes patients connaissent presque tout ce mot, sans toujours trop savoir de quoi il s'agit, je trouve ça assez dingue. De dyspnée, de douleurs thoraciques, donc si tout cet univers vous intéresse, suivez-moi, mettez les soins à fond et laissez-vous guider, vous allez apprendre plein de choses. Commençons par définir précisément de quoi on parle. La sémiologie. La sémiologie, c'est la science des signes et de leur signification dans la communication humaine. Elle englobe l'étude des systèmes de signes, comme le langage, les images, les gestes, les sons, qui sont utilisés pour communiquer et transmettre des messages. Ça, c'est le dictionnaire et c'est souvent trop large. Dans le domaine médical, La sémiologie, c'est l'étude des signes et des symptômes des maladies. C'est essentiel pour le diagnostic clinique et ça comprend l'identification, l'analyse et l'interprétation des manifestations cliniques présentées par un patient. Le Dr White disait en 1955, Le médecin qui ne peut se livrer à un bon interrogatoire et le patient qui ne peut en fournir les éléments, court un péril commun, celui de donner ou de recevoir une mauvaise thérapeutique. Les enjeux sont donc énormes. C'est bien le fait de poser les bonnes questions et de bien examiner le patient qui va vous donner les examens complémentaires à réaliser et pas l'inverse. Il est très tentant face à une situation et surtout dans la précipitation de dire je ne sais pas ce que vous avez, on part à la chasse, un peu à l'aveugle on va traquer le coupable, à savoir la maladie, et on va faire tout un tas d'examens. Mais j'en parlais il y a peu avec un copain Jérémy, votre médecin se trouve confronté à trois problèmes. Premièrement, son expérience. Elle lui donne une sacrée longueur d'avance sur le fait de savoir comment traquer la maladie. Et ça s'appelle le sens clinique. Ensuite, son humilité. Il ne sait pas tout et... il doit donc accepter de céder d'examens complémentaires et de consultations chez certains spécialistes. Enfin, son obligation de moyens. Le médecin doit tout mettre en œuvre pour analyser l'ensemble de la situation médicale du patient au risque d'engager sa responsabilité médicale. Ça nous fait malheureusement prendre des fois des décisions plus médico-légales que médicales pures pour aussi des fois nous couvrir car on a parfois des mauvaises surprises, tout laisser penser que les choses allaient bien se passer, et pourtant, le simple sens clinique ne suffit pas toujours, et heureusement. Un petit bonus donc qui découle de tout cela, c'est l'absence d'obligation de résultat de votre médecin. Car même en mettant tout en œuvre, il arrive que la maladie soit plus forte, et que les soins n'aillent pas dans le sens que l'on aurait voulu. C'est toujours très dur à vivre, mais chaque soignant fait du mieux qu'il peut avec les moyens qu'il a chaque jour. Vous avez donc compris, bien analyser une situation médicale nécessite de maîtriser avant tout l'élément de base du médecin, à savoir la communication. Allez, venez avec moi, on va plonger maintenant un peu plus dans les arcanes de la médecine. L'objectif aujourd'hui, c'est que vous ayez des idées simples et claires sur la sémiologie cardiaque. Si tout cela vous intéresse, je peux évidemment vous conseiller d'excellents ouvrages sur le sujet. Je vais structurer l'épisode de la façon suivante. On va imaginer simplement que vous vous rendez chez votre cardiologue et je vais reprendre les lignes directrices d'une consultation avec les questions qui resteront globalement toujours les mêmes. Comme on l'a vu, l'objectif est de comprendre qui vous êtes, pourquoi vous venez, comment votre médecin peut vous aider. En réalité, c'est comme faire une enquête policière qui impliquerait trois protagonistes. Une victime, c'est-à-dire vous. Mais le problème, c'est que souvent, vous êtes une victime qui se fait attaquer par surprise. Un criminel, à savoir la maladie éventuelle, quand il y en a une. Et le détective-investigateur qui sera votre médecin. Votre médecin a dans sa mallette des outils plus ou moins sophistiqués pour confondre le coupable. Interrogatoire policier, examen clinique approfondi, prise de sang, analyse au microscope, radiologie. etc. Le médecin part d'une hypothèse et voit si chaque élément ressort pour dire à la fin le coupable était bien le colonel Moutard dans la cuisine avec le chandelier Eh bien le médecin, il fait exactement la même chose. C'est la fameuse réflexion hypothético-déductive. Je formule une hypothèse, par exemple je pense que madame Michu a la grippe et je vais tester cette hypothèse en utilisant des outils pour voir si cela confirme bien mon hypothèse. Si ça ne colle pas... J'évoque une autre piste, et ainsi de suite. On va approfondir maintenant la trame du détective. Tout d'abord, on vous demandera votre âge. Ça paraît évident, mais les maladies ne sont évidemment pas les mêmes selon l'âge du patient. Un infarctus du myocarde sera très rare à 25 ans, et encore, mon plus jeune patient victime d'un infarctus l'a eu à 24 ans. Par contre, les infections du cœur, que l'on appelle des myopéricardites, seront plus probables en cas de douleur thoracique chez un sujet jeune. Ensuite, votre poids et votre taille. Cela permet de calculer l'indice de masse corporelle, qui est très corrélé au risque de développer des maladies cardiovasculaires, notamment en cas de surpoids, c'est-à-dire un IMC supérieur à 25 et davantage au-delà de 30 qui est la définition de l'obésité. A cet égard, le mot obésité n'est pas une insulte. C'est un terme médical uniquement défini par votre rapport entre votre poids et votre taille. Dans ce poids, on tient compte de la masse grasse. Cela serait donc moins vrai en cas de masse musculaire très importante comme un bodybuilder. par exemple. Donc, pas de grossophobie ici, comme j'ai déjà pu l'entendre. Certaines personnes me disent je ne le définis pas comme obèse mais arrêtons l'hypocrisie, c'est extrêmement stigmatisant et cela est rentré dans le langage commun. Le mot doit servir la cause que l'on dise d'une personne qu'elle est obèse, c'est un adjectif évidemment dégradant, nous sommes d'accord. Mais on peut aussi dire que cette personne souffre d'obésité. ça n'est pas mal. Joue sur les mots, l'obésité ne définit pas la personne, mais elle est quand même victime quand son IMC est supérieur à 30, c'est tout. Donc évidemment, là, je marche un peu sur des œufs quand je dois évoquer ces problématiques de santé. Mais quand même, l'obésité est associée à beaucoup de maladies, y compris cardiovasculaires, et c'est un fléau dans nos sociétés actuelles malheureusement. On arrive ensuite aux facteurs de risque cardiovasculaire. Ce sont les situations de santé qui, de manière indépendante, sont associées à un risque de développer une maladie cardiovasculaire, à savoir un accident vasculaire cérébral, un infarctus du myocarde ou un arrêt cardio-respiratoire. On fera une émission spécifiquement dessus. On parle donc ici d'hypertension artérielle, de diabète sucré, d'hypercholestérolémie, de tabagisme, des antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires précoces, de votre degré d'activité physique et de sédentarité éventuelle, d'insuffisance rénale chronique et de syndrome d'apnée du sommeil. Tous ces éléments-là sont les facteurs de risque cardiovasculaire. Ensuite, on précisera les antécédents personnels, qu'ils soient médicaux ou chirurgicaux, et notamment cardiovasculaires évidemment. Les allergies médicamenteuses connues, les antécédents de phlébite ou d'embolie pulmonaire, et ensuite les traitements que vous prendriez. A cet égard, ramenez toujours vos ordonnances ou à défaut, notez la liste. de vos traitements ou même prenez-les en photo. Car non, votre cardiologue n'est pas Madame Irma, il ne peut pas deviner ce que vous prenez. Donc, s'il vous plaît, ramenez à chaque fois votre dossier médical et vos ordonnances. Les patients me disent assez souvent dans ces situations Ah, on ne m'avait pas dit Alors, on ne vous rappelle pas de prendre les papiers de votre véhicule quand vous allez faire le contrôle technique chez le garagiste. Et bien, rien de différent avec le contrôle technique de votre cœur. Quand vous allez chez votre médecin spécialiste pour faire une révision, c'est pareil, vous prenez vos papiers. On part ensuite sur l'interrogatoire plus précis autour du cœur. On parle des signes fonctionnels du patient, c'est-à-dire les symptômes qui vous amènent à consulter votre médecin. Les symptômes au niveau cardiovasculaire s'évaluent toujours au repos et à l'effort. Il s'agira donc des douleurs thoraciques et la douleur sera suspecte d'un infarctus. On parle alors d'angine de poitrine et rien à voir avec votre gorge, n'est-ce pas ? si elle se situe au milieu de la poitrine ou la mâchoire, le bras, l'épaule ou tout le membre supérieur. Que cette douleur augmente à l'effort, mais ça n'est pas toujours typique, notamment chez la femme. Je ferai un épisode spécifique sur les douleurs d'infarctus du myocarde, chez la femme notamment. Il y a aussi d'autres maladies qui peuvent donner des douleurs dans la poitrine. Citons la péricardite, qui est une inflammation du péricarde. un sac qui entoure le cœur, souvent suite à une infection virale. La dissection de la horte, qui est une rupture de la paroi de la horte, qui est le plus gros vaisseau du corps humain, qui va donc se déchirer rapidement et qui peut conduire au décès si ça n'est pas traité à temps. Le rôle de votre cardiologue est de trouver rapidement la cause de ces douleurs. Vous l'avez compris, il y a beaucoup d'organes dans le thorax. Ça peut toucher le cœur, les muscles, les os, les articulations, les nerfs. C'est donc de l'orfèvrerie d'aller trouver la petite pièce qui pose problème. Électrocardiogramme, échographie cardiaque, test d'effort, radiographie du poumon, prise de sang, scanner, scintigraphie, IRM cardiaque, toute une mallette à outils sophistiquée pour aller confondre le coupable. Autre signe fonctionnel, la dyspnée. C'est un mot qui chiffre pas mal au scrabble et qui veut juste dire essoufflement. On le cote selon l'intensité de la gêne en fonction de l'effort, selon une classification reprise de la NYHA pour New York Heart Association. Vous entendrez parler de NYHA 1. quand la personne n'a pas de gêne, 2. si la gêne est pour des efforts importants, 3. si la gêne se manifeste lors d'efforts du quotidien, et 4. quand elle est présente dès le repos. Votre cardiologue va donc chercher à explorer la cause de votre essoufflement, ça peut être le cœur évidemment, mais aussi vos poumons, vos muscles, ou le manque d'activité physique. C'est ce que je dis parfois à certains de mes patients quand tout le bilan est normal et qu'ils ne sont pas assez actifs. Vous ne bougez tellement pas assez au quotidien que c'est le quotidien qui devient un effort. Parfois, aucune cause n'est retrouvée et il peut s'agir d'anxiété. Votre cardiologue va donc s'aider en plus des examens précédents, de tests d'effort, notamment avec analyse des échanges gazeux, que l'on appelle une épreuve d'effort cardio-respiratoire, ou EFX, ou encore VO2max. Ensuite, il y a les palpitations. Des palpitations, c'est le fait de ressentir les battements de votre cœur. En temps normal, vous ne les ressentez pas et fort heureusement, ça deviendrait invivable. Pour certains, ils l'expriment. Ils vont alors avoir l'impression que le cœur bat. fort, comme s'il allait exploser, et on peut parler d'hérétisme cardiovasculaire, ou bien qu'il bat de manière irrégulière, soit trop vite, soit trop lentement, soit que les espaces entre chaque battement ne sont pas les mêmes. Il s'agira alors de d'arythmie. En fin de compte, votre cardiologue va essayer de faire coïncider un élément subjectif, à savoir les symptômes de palpitations qui ne sont pas mesurables, avec un outil qui sera lui objectif comme un boîtier qui va enregistrer vos battements du coeur et cela s'appelle un halter ECG. Les montres capables d'enregistrer un tracé ECG aujourd'hui sont maintenant de bons outils dans ces situations pour éclaircir un problème de palpitations notamment. Votre cardiologue vous demandera aussi si vous avez présenté un malaise syncopal ou lipotimique, c'est-à-dire avec ou sans perte de connaissance. La caractéristique du malaise cardiaque est que la syncope correspond à un arrêt transitoire du cœur. Soit une accélération, soit un ralentissement brutal du cœur qui va occasionner une baisse de la pression artérielle et donc de la perfusion du cerveau tellement puissante que c'est le blackout total pendant quelques secondes. La plupart du temps, le cœur se remet à battre, sinon ça s'appelle un arrêt cardio-respiratoire, fort heureusement. Mais dans tous les cas... C'est un symptôme qui est très grave et qui ne doit pas être négligé. Il est d'autant plus intriguant d'être d'origine cardiaque que la personne a chuté de sa hauteur du fait de sa perte de connaissances brutales et qu'elle retrouve ses esprits quasi instantanément comme si de rien n'était. Pour la petite anecdote, je me souviens de cette personne en soins intensifs de cardiologie hospitalisée pour des syncopes à répétition et qui était scopée, c'est-à-dire que l'on monitorait, on surveillait avec des électrodes son rythme cardiaque. J'occupais donc d'elle et cette personne me parlait. D'un coup, alarme du moniteur, le rythme ralentit, et je savais à ce moment-là qu'elle allait perdre connaissance. Bim, pause cardiaque de 10 secondes, la personne perd connaissance, mais elle est dans son lit, donc rien de vraiment trop grave, et son cœur repart comme si de rien n'était. Et ensuite, la personne reprend la conversation où elle s'était arrêtée. L'effet est assez troublant. Ce patient aura eu un pacemaker et tout sera rentré dans l'ordre. De manière moins brutale, les lipotimiques. Ce sont des malaises un peu syncopaux, avortés on va dire. C'est-à-dire que la personne est presque à perdre connaissance. Elle est au bord du malaise de perte de connaissance. Elle décrit une impression de perte de connaissance par une chute de la pression artérielle, mais qui ne va pas aller jusqu'à la syncope. Vous l'avez compris. Les malaises d'origine cardiaque ont pour conséquence in fine des variations de pression artérielle assez brutales qui vont entraîner une baisse de la perfusion du cerveau. Votre cardiologue... On utilisera alors des outils, ce précédent, mais aussi souvent une mesure de pression artérielle sur 24 heures que l'on appelle une MAPA, qui est un acronyme et qui signifie mesure ambulatoire, c'est-à-dire qui ne se fait pas à l'hôpital mais à domicile, de pression artérielle. Les œdèmes des membres inférieurs. Ces gonflements des jambes et des chevilles, c'est fréquent, mais ce que votre cardiologue va rechercher, c'est de savoir si cet œdème prend le godet, c'est-à-dire que le doigt s'enfonce sur l'os de votre cheville ou de votre tibia quand on appuie dessus avec un doigt. Les patients vont parler souvent de rétention d'eau et vont vouloir prendre des solutions drainantes, mais non. Ne jouez pas à l'apprenti sorcier, allez consulter car les œdèmes, quand ils sont notamment associés à une fatigue, une pénibilité à la marche avec un essoufflement, sont les symptômes typiques de l'insuffisance cardiaque qui est une maladie grave trop souvent banalisée et dont les traitements aujourd'hui sont très bien codifiés et efficaces. Donc parlez-en à votre médecin si vous... ou vos proches semblent essoufflés, notamment quand vous les avez au téléphone. Je crois que c'est ce qui revient le plus souvent de l'entourage de mes patients qui souffrent d'insuffisance cardiaque, le fameux Ah, t'as l'air essoufflé au téléphone, est-ce que tu viens de refaire un effort physique ? La personne va répondre Non, je viens juste de prendre le téléphone et pourtant elle est vraiment essoufflée. Les patients vont tolérer et compenser leur handicap jusqu'au jour où littéralement c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ils sont remplis d'œdèmes, remplis d'eau au niveau des jambes, du ventre, des poumons, et vous risquez de faire un œdème pulmonaire qui peut être fatal puisqu'il entraîne une asphyxie. Ensuite, les douleurs des membres inférieurs qui évoquent une claudication intermittente, c'est dans le prolongement de la maladie athéromateuse. Vous savez, ces dépôts qui se mettent dans nos artères et qui les bouchent. Elles conduisent à une ischémie. autrement dit la réduction significative des apports en oxygène et en nutriments au niveau des organes en aval de ces dépôts. Eh bien, ça touche le cœur, mais aussi les carotides, la horte et les jambes. Quand les patients ont des douleurs comme des crampes dans les mollets à la marche, c'est un symptôme qui doit interroger sur la possibilité de ces fameux dépôts au niveau des artères. Votre cardiologue demandera alors de faire un échodoplaire des artères. Voilà. C'est la fin de cette première partie de l'épisode. Qu'avons-nous vu ? Nous avons vu que notre système de langage est très complexe et qu'en prenant le temps d'harmoniser nos codes entre êtres humains et notre façon de regarder le monde, le médecin arrive à percevoir l'âme et les sentiments de son patient. Il ne s'agit pas juste d'écouter les presque simples symptômes qu'il aurait à nous communiquer, mais bien aussi l'ambiance dans laquelle évolue la personne qui vient consulter. Sous chaque mot se cache une myriade d'émotions, de la peur, de la tristesse, de la colère, et c'est avec ces émotions que l'on arrive à cibler le motif de consultation, puis ensuite à poser les questions qui seront ici plus techniques, et qui vont permettre ensuite d'examiner la personne, de lui prescrire éventuellement des examens complémentaires, pour au final poser un diagnostic. Et les mots apaisent, les mots guérissent. Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez ! Partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans deux semaines, j'aurai le plaisir de vous dévoiler comment votre cardiologue utilise ces cinq sens pour aller examiner plus en détail le patient qui viendrait le consulter. On parlera donc d'examen clinique, d'inspection, de palpation, de percussion, d'auscultation. Des mots qui ne vous disent peut-être pas grand chose, et c'est normal, mais vous verrez, on va percer ensemble un peu les mystères de l'art médical. Alors, je vous donne rendez-vous dans 15 jours, et d'ici là, je vous souhaite de passer de bonnes vacances d'été. C'est l'occasion parfaite pour faire un peu le bilan de cette année écoulée, et de se remettre aussi en forme pour la rentrée. Encore une fois, merci pour votre écoute et prenez soin de votre cœur.