Speaker #0Aujourd'hui, en bref, le podcast du Céreq interroge l'utilisation du compte personnel de formation par les entreprises, car moins de 3% d'entre elles l'alimentent volontairement. Depuis septembre 2020, les employeurs peuvent verser une dotation volontaire sur le compte personnel de formation de leurs salariés. Cette possibilité vise à co-financer des projets de formation dans une logique de co-construction entre employeurs et salariés. Pourtant, ce levier reste encore marginal. Entre 2020 et 2023, seuls moins de 3% des entreprises de plus de 10 salariés y ont eu recours et à peine un salarié sur 1000 en a bénéficié. En partenariat avec la Caisse des dépôts, le Céreq a conduit une étude inédite afin de mieux comprendre les logiques d'appropriation du dispositif, les freins à son développement et formule des pistes pour étendre son utilisation. Première observation, il y a une corrélation étroite entre dotation volontaire des entreprises, taille et secteur. En effet, les grandes entreprises, c'est-à-dire celles de plus de 1000 salariés, sont beaucoup plus nombreuses à l'utiliser, avec une part de 47,5%. Concernant les secteurs les plus actifs dans l'utilisation de la dotation volontaire, il s'agit des secteurs des activités financières et d'assurance, ainsi que de l'industrie. Ces entreprises dotatrices se distinguent par un investissement global plus important dans la formation, et par une implication plus forte des représentants du personnel dans sa gestion. L'étude distingue quatre usages des dotations volontaires liées à la stratégie RH. Premier usage, la gestion proactive et locale des compétences, qui concerne 21% des entreprises dotatrices. C'est le cas des PME du médico-social ou éducatif, qui utilisent le dispositif pour répondre à des besoins opérationnels non couverts par leur plan de développement. Ces initiatives sont souvent portées par les responsables locaux lors des entretiens professionnels. Deuxième usage, la réponse à des demandes individuelles ponctuelles. 25% des entreprises n'utilisent le dispositif qu'à l'initiative des salariés et pour des profils qualifiés, principalement des cadres. Ce mode est caractéristique des petites structures et traduit un manque d'informations du côté des employeurs. Troisième usage, l'intégration dans une politique structurée et collective. Cela concerne 29% des entreprises, généralement de grande taille, qui incluent la dotation volontaire dans une politique planifiée de gestion des compétences, avec une forte implication des représentants du personnel et des opérateurs de compétences. L'usage est régulier et touche divers salariés, comme les cadres ou les ouvriers. Enfin, l'usage informel est limité en contexte contraint, concerne 25% des entreprises qui attribuent des dotations volontaires. Ces dernières le font dans un contexte peu structuré, souvent lorsqu'un salarié souhaite évoluer en externe ou suivre une formation utilitaire, comme par exemple le permis de conduire, en réponse à des problématiques individuelles et non aux besoins d'entreprise. Néanmoins, des freins encore nombreux demeurent. D'une part, le manque d'information. En effet, 71% des entreprises déclarent ne pas connaître le dispositif, en particulier les plus petites structures. D'autre part, la contrainte budgétaire et organisationnelle en raison de coûts jugés trop élevés, de difficultés à libérer du temps pour la formation ou de la faible marge de manœuvre financière dans certains secteurs comme la santé, l'éducation ou la culture. Enfin, dernier frein identifié, la difficulté d'appropriation. à cause de la complexité de la plateforme CPF, notamment pour les salariés peu qualifiés et le manque d'initiative de leur part dans certains cas. Malgré tout, il existe des pistes pour encourager l'usage des dotations volontaires. Par exemple, mieux informer et accompagner les employeurs, notamment grâce aux opérateurs de compétences qui jouent un rôle de relais essentiel. Autre piste, capitaliser sur des dispositifs existants tels que le bilan de compétences ou la validation des acquis par l'expérience, pour encourager le recours aux comptes personnels de formation dotés. Et enfin, développer des espaces de co-construction des projets professionnels, notamment via les entretiens professionnels. En conclusion, malgré une utilisation encore ponctuelle, car 8 entreprises dotatrices sur 10 n'ont employé le dispositif qu'une fois, la marge de progression est réelle. 17% des entreprises dotatrices souhaitent renouveler le recours et jusqu'à 31% dans les entreprises de plus de 1000 salariés. à condition de lever les principaux freins et d'inscrire la pratique dans une démarche collective de gestion des compétences.