Speaker #0Aujourd'hui, en bref, le podcast du Céreq dévoile les toutes premières statistiques sur la formation dans les très petites entreprises. Alors qu'elles représentent 84% des employeurs du secteur privé et emploient près d'un quart des salariés français, les très petites entreprises, c'est-à-dire celles de moins de 10 salariés, ne regroupent pourtant que 10% des salariés formés en France. Une nouvelle étude du Céreq, basée sur l'enquête formation employeur, l'enquête EFE, apporte un éclairage inédit sur les pratiques de formation professionnelle de ces structures, jusqu'alors absentes des statistiques. Elle révèle les défis propres à ces entreprises dans l'organisation et le financement des actions de formation. Premier constat, selon la taille et le secteur, on observe de grandes disparités. En 2021, seuls 25% des très petites entreprises, les TPE, ont formé au moins un de leurs salariés via des cours ou stages, contre 97% des entreprises de 250 salariés et plus. Au sein même des TPE, les disparités sont importantes. Le taux passe de 16% pour les entreprises monosalarier à 46% pour celles comptant 6 à 9 salariés, suggérant un seuil critique autour de 6 employés. Les secteurs d'activité révèlent également des contrastes saisissants. Tandis que le taux de recours au cours et stage est de 43% pour les TPE de la finance et de 35% pour celle de l'immobilier, il n'est que de 18% pour les TPE de l'agriculture et de 14% pour celle du secteur hébergement-restauration. Au sein des TPE, les finalités de la formation et les contenus sont similaires aux grandes entreprises. En effet, comme dans les entreprises plus grandes, La formation vise principalement l'adaptation au poste de travail pour 56% des TPE formatrices et la réponse à des obligations réglementaires pour 33%, notamment dans les secteurs très normés comme les transports ou la construction. Les compétences techniques dominent, mais dans certains secteurs comme la construction ou l'enseignement, les TPE misent aussi sur des compétences transversales comme le travail en équipe. Autre point marquant, Quand elles forment, les TPE le font intensivement. Même si elles forment moins en moyenne, les TPE qui s'engagent dans la formation le font plus intensivement que les plus grandes entreprises. Elles forment en moyenne 59% de leurs salariés, contre 41% dans les entreprises de 10 à 49 salariés, et consacrent 40 heures de formation par stagiaire, contre 27 heures dans les entreprises de 50 salariés et plus. Cette intensité s'explique notamment par la nécessité de répondre aux obligations réglementaires pour 33% des TPE formatrices, et d'adapter les salariés à leur poste pour 56%, mais aussi par une volonté de fidéliser le personnel dans des secteurs en tension. Dernier point important, l'accompagnement externe reste un levier encore sous-exploité. L'étude met en lumière l'importance cruciale de la structuration interne et de l'accompagnement externe. Par exemple, les TPE du secteur financier qui disposent plus souvent d'une personne dédiée à la formation, 32% contre 15% en moyenne, et qui sollicitent davantage leur opérateur de compétences, 20% contre 11% en moyenne, présentent les meilleurs résultats en matière de formation. Face à ces constats, l'étude souligne l'intérêt de dispositifs comme la prestation de conseils en ressources humaines, dont le nombre de bénéficiaires a explosé de 1178 en 2020 à 6347 en 2021. Ces accompagnements personnalisés permettent aux TPE de structurer leurs pratiques RH et d'identifier leurs besoins en formation. En conclusion, comme il est écrit dans l'étude, l'absence de recours à la formation peut être interprétée comme le reflet d'un manque de structuration plutôt que d'un manque de besoin. Un accompagnement externe renforcé, notamment via les opérateurs de compétences, pourrait aider ces entreprises à identifier leurs besoins en compétences et mettre en œuvre des actions adaptées. Cette problématique revêt une importance particulière dans le contexte de tensions sur le marché de l'emploi et de transformations numériques, où la montée en compétences devient un enjeu pour la compétitivité des entreprises, quelle que soit leur taille.