Speaker #0Aujourd'hui, en bref, le podcast du Céreq évoque le sort des jeunes ruraux sans diplôme. Être jeune sans diplôme en milieu rural de nos jours est souvent synonyme de petits boulots et de grandes galères. C'est ce qu'il ressort d'une étude du Céreq réalisée en région Nouvelle-Aquitaine. Celle-ci analyse de manière approfondie les dynamiques de l'insertion professionnelle des jeunes sans diplôme en milieu rural, et met en lumière les défis auxquels sont confrontés ces jeunes dans un contexte de précarité accrue et de marché du travail instable. Il existe un paradoxe au cœur de l'insertion professionnelle. Selon l'enquête Génération 2017, les jeunes ruraux qui sortent sans diplôme du système éducatif accèdent en moyenne plus rapidement à l'emploi que les jeunes urbains, 11 mois contre 13 mois, et ont ensuite moins de chances de connaître une trajectoire de chômage récurrent. En revanche, ils mettent trois mois de plus à trouver un contrat à durée indéterminée que les jeunes urbains non diplômés. C'est ce paradoxe de plus grande employabilité et de plus forte précarité que pointe l'étude du Céreq à partir d'une centaine d'entretiens avec des jeunes ruraux non diplômés de la région Nouvelle-Aquitaine. Ces jeunes enquêtés, souvent exclus des parcours scolaires valorisés et dépourvus des diplômes nécessaires à une insertion stable, s'efforcent de maintenir un lien avec l'emploi. Ce lien les inscrit paradoxalement dans une spirale de précarité et de dépendance, car ils se heurtent à des opportunités professionnelles limitées, marquées par la multiplication des contrats précaires et des petits boulots. En effet, l'emploi rural peu qualifié accessible repose en grande partie sur des besoins ponctuels ou saisonniers, notamment dans les secteurs agricoles. Rejeter l'assistanat, c'est préserver sa dignité. Pour ces jeunes, le travail constitue un enjeu identitaire majeur. Rejetant l'assistanat par crainte de la stigmatisation, ils préfèrent multiplier les petits boulots plutôt que de bénéficier des dispositifs sociaux tels que le RSA. Cette logique, bien que valorisante pour eux, les enferme dans un cycle de précarité, les employeurs pouvant parfois exploiter leur disponibilité et leur flexibilité. Au final, ce rejet de l'assistanat les cantonne dans un cercle vicieux où la précarité devient une organisation du quotidien. Ils acceptent des conditions de travail souvent dégradées, dans des secteurs où l'instabilité est la norme, par peur d'être assimilés à une figure sociale qu'ils rejettent. En conclusion, l'étude appelle à une réflexion sur les mécanismes d'insertion et de formation, en particulier dans le cadre des politiques éducatives. Les politiques de raccrochage scolaire doivent être pensées à l'aune des besoins spécifiques des territoires ruraux. proximité géographique, prise en compte des aspirations locales et développement de formations adaptées aux réalités économiques de ces espaces. C'est à travers ces dispositifs qu'il sera possible d'offrir à ces jeunes des alternatives viables à la précarité et de répondre aux tensions identitaires qu'ils vivent.