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HERBERT - 16 ans - Partie 2 - Interné aux camps de Gurs et de Rivesaltes avec sa maman cover
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ENFANT DE LA SHOAH

HERBERT - 16 ans - Partie 2 - Interné aux camps de Gurs et de Rivesaltes avec sa maman

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09min |02/05/2024
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09min |02/05/2024
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Description

Herbert est né à Vienne, en Autriche le 15 juillet 1924.


HERBERT AURA 100 ANS DANS QUELQUES SEMAINES


Dans l’épisode précédent, herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, quelques mois après l’Anchluss, sombre nuit à laquelle il est l’un des derniers survivants, sinon le dernier survivant à avoir assisté ;


Herbert nous a également raconté l’internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble, puis sa fuite en Belgique avec sa sœur ou il seront rejoints quelques mois plus tard par la maman et le papa dès sa sortie du camp.

.

La famille réunie vivra plus ou moins paisblement, jusqu’au 10 mai 1940.

 

Voici la deuxième partie du témoignage d’Herbert, 16 ans, Enfant de la Shoah.

 --------

Merci de votre écoute… NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


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Catherine Benmaor - podcast ENFANT DE LA SHOAH


Enfant de la shoah est série documentaire sonore sur la Shoah, un podcast d'histoire orale de la seconde guerre mondiale. Cette mémoire de l'holocauste, via les souvenirs des survivants, anciens petits enfants juifs sous l'occupation, ces récits d'enfants cachés, emprisonnés, déportés, dénoncés, ces histoires familiales de survie, de résistance, d'évasions, de résilience, constituent notre patrimoine historique juif, notre culture. La transmission de cet héritage historique est un atout pour l'enseignement de l'holocauste aux enfants. Elle participe à l'éducation sur la mémoire juive.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Après que mon père a pu être libéré du camp de Daraa, avec ma mère, ils sont venus nous rejoindre en Belgique. Nous étions tranquilles jusqu'au 10 mai.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, Herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, sombre nuit à laquelle il est l'un des derniers survivants, sinon le dernier, à avoir assisté. Herbert nous a également raconté l'internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble. puis sa fuite en Belgique avec sa sœur, où ils seront rejoints quelques mois plus tard par sa maman et son papa tout juste sortis du camp. La famille réunie vivra plus ou moins paisiblement jusqu'au 10 mai 1940. Voici la deuxième partie du témoignage d'Herbert, 16 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Le 10 mai 1940 Oui, je dis bien. Les 10 mai 1940, les Allemands ont envahi la Belgique et les Pays-Bas sans déclaration de guerre et la Belgique n'était plus un pays neutre et nous avons fui la Belgique. Mon père a été interné à nouveau comme ressortissant d'un pays ennemi puisqu'il était Allemand. Donc il était arrêté comme tous les Allemands qui étaient en Belgique à l'époque. Et il s'était retrouvé dans un camp d'internement sur les bords de la Méditerranée à côté de Perpignan à Saint-Cyprien-sur-Mer. Il était interné en tant qu'Allemand. Ma soeur avait deux ans plus que moi. Or, quand nous étions en Belgique en 1939, on a su que les Anglais autorisaient l'immigration en Palestine d'enfants de moins de 17 ans. Donc ma sœur s'était portée volontaire, évidemment. Elle avait 16 ans et 9 mois, à la limite. Moi, je voulais m'inscrire. Moi, j'ai dit, toi, t'es trop jeune. On prend d'abord ceux qui sont à la limite d'âge. Toi, tu attendras. Donc ma sœur est partie en Palestine. Elle a quitté la Belgique, je ne sais quoi, en décembre 1939. Moi et ma mère, on est partis avec un train de réfugiés, surpeuplés évidemment. Il y avait beaucoup de Belges qui fichaient le camp parce qu'on se rappelait en Belgique des exactions que les soldats allemands avaient faites pendant le guerre de 1914-1918. Il y avait eu beaucoup de civils qui ont été tués, etc. Donc il y avait des Belges qui fichaient le camp et puis nous, les quelques amis juifs qu'on avait dans la Belgique, ils sont partis aussi. En France, on était accueillis comme des réfugiés. Les personnes étant venues par le train ont été dispersées dans différentes localités qui étaient équipées pour héberger donc des réfugiés. Donc on s'était trouvé dans un petit village qui s'appelle Villeneuve de Bergue, dans l'Ardèche, comme réfugiés. Et on était tranquilles pendant tout l'été. Et après la prise des pouvoirs de Pétain, On me demande parfois pourquoi vous ne dites pas Marshall Pétain. Marshall Pétain ? Il n'y a pas de Marshall. Pétain a été destitué de sa dignité. Il n'est plus Marshall. Donc pour moi, Pétain, c'est Pétain. C'est Philippe Pétain si on veut. Enfin bref, ça c'est un intermède. Donc, après sa prise de pouvoir, nous, de réfugiés, on est devenus des indésirables. Et en tant qu'indésirable, on a été internés dans un camp d'internement à Gurs, où je suis resté avec ma mère quelques mois, du mois d'octobre jusqu'au mois d'avril. Un hiver froid, humide, de la boue jusqu'aux chevilles quand on devait aller aux latrines, c'était affreux. Ma pauvre mère commençait à être malade et on nous a transféré avec un petit convoi dans un autre camp, le camp des Rives-Altes, où les conditions d'hébergement étaient un peu meilleures. D'abord, il n'y avait pas de boue par terre. Ensuite, les baraques étaient en dur. Mais... Il y avait des puces, des punaises, des poux, c'était épouvantable. Des insectes, on ne pouvait pas se débrasser. Auguste n'en faisait rien, on était abandonnés à nous-mêmes. À Rivesailles, on avait trouvé une occupation pour les hommes. Donc là, j'avais déjà 16 ans, j'étais considéré adulte. On avait des corvées. Alors notre corvée consistait à extraire des clous de planches abandonnées, de planches de démolition, etc. et les redresser, redresser les clous pour pouvoir les réutiliser. Et nous avions comme chef de corvée un petit bonhomme qui devait être un sous-offre démobilisé français, et pour lui, redresser des clous, c'était participer au redressement de la France. Donc il nous exhortait pour redresser des clous, et plus on avait redressé des clous, plus il était content, il était félicité, mais nous on n'avait rien bien évidemment. Ça c'était notre occupation. Les matinées, c'était notre travail. À Gurs, nous étions séparés. Il y avait des îlots, hommes et des îlots femmes, et on ne pouvait pas communiquer. Or, à Rivesalte, il y avait des baraques hommes et des baraques femmes, et dans la journée, on pouvait se rencontrer, évidemment. Donc, l'après-midi, je pouvais voir ma mère, pas voir avec ma mère, l'aider, parce qu'il commençait à être très faible. Et la nuit, évidemment, chacun dans sa baraque. Et dans la baraque, on faisait quoi, nous les jeunes ? On avait donc des vêtements qui étaient infestés de poux des corps. Bon, les poux de corps, on lavait avec de l'eau froide, sans savon. Les poux, l'eau froide, sans savon. Quand on sortait les linges, ils étaient tous guéris, ils continuaient à transpirer. Alors, le soir, on faisait quoi ? Nous, les jeunes, on était assis sur les bas-flans, on prenait nos vêtements et puis on tuait les poux. On tuait les poux et on comptait. Un, deux, trois. Le premier qui est arrivé à 100, il avait gagné. C'était notre occupation de jeunes. Mais je raconte ça un petit peu pour ne pas dire que nous étions en permanence submergés par notre État. Nous, les jeunes, on pensait qu'il fallait vivre, évidemment. Au bout d'un mois, ma pauvre mère... est vraiment tombée malade, on l'a amenée à l'hôpital, et elle est décédée le lendemain. Donc ma mère est décédée au camp des Rives-Alpes. Là, pour moi, c'était l'effondrement total. Avoir perdu ma mère, qui à l'époque était jeune, elle avait 49 ans, enfin bref. Donc j'ai pu assister à ses obsèques, j'avais permission de sortir et je ne suis pas arrêté en Lyon.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup de courage, une bonne dose d'insouciance et aussi un peu de chance, Herbert se dirigera vers la gare où il sautera dans le premier train pour Marseille. Merci cher Herbert pour ce partage intime et précieux et merci à vous chers auditeurs pour votre fidélité. Dans le prochain épisode, Herbert nous racontera sa fuite, ainsi que sa rencontre providentielle avec les Quakers, aussi connus sous le nom de Société des Amis, qui joueront un rôle crucial dans son périple vers la liberté. Ne perdons pas l'histoire, racontons-la. Allez, salut !

Description

Herbert est né à Vienne, en Autriche le 15 juillet 1924.


HERBERT AURA 100 ANS DANS QUELQUES SEMAINES


Dans l’épisode précédent, herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, quelques mois après l’Anchluss, sombre nuit à laquelle il est l’un des derniers survivants, sinon le dernier survivant à avoir assisté ;


Herbert nous a également raconté l’internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble, puis sa fuite en Belgique avec sa sœur ou il seront rejoints quelques mois plus tard par la maman et le papa dès sa sortie du camp.

.

La famille réunie vivra plus ou moins paisblement, jusqu’au 10 mai 1940.

 

Voici la deuxième partie du témoignage d’Herbert, 16 ans, Enfant de la Shoah.

 --------

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Enfant de la shoah est série documentaire sonore sur la Shoah, un podcast d'histoire orale de la seconde guerre mondiale. Cette mémoire de l'holocauste, via les souvenirs des survivants, anciens petits enfants juifs sous l'occupation, ces récits d'enfants cachés, emprisonnés, déportés, dénoncés, ces histoires familiales de survie, de résistance, d'évasions, de résilience, constituent notre patrimoine historique juif, notre culture. La transmission de cet héritage historique est un atout pour l'enseignement de l'holocauste aux enfants. Elle participe à l'éducation sur la mémoire juive.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Après que mon père a pu être libéré du camp de Daraa, avec ma mère, ils sont venus nous rejoindre en Belgique. Nous étions tranquilles jusqu'au 10 mai.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, Herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, sombre nuit à laquelle il est l'un des derniers survivants, sinon le dernier, à avoir assisté. Herbert nous a également raconté l'internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble. puis sa fuite en Belgique avec sa sœur, où ils seront rejoints quelques mois plus tard par sa maman et son papa tout juste sortis du camp. La famille réunie vivra plus ou moins paisiblement jusqu'au 10 mai 1940. Voici la deuxième partie du témoignage d'Herbert, 16 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Le 10 mai 1940 Oui, je dis bien. Les 10 mai 1940, les Allemands ont envahi la Belgique et les Pays-Bas sans déclaration de guerre et la Belgique n'était plus un pays neutre et nous avons fui la Belgique. Mon père a été interné à nouveau comme ressortissant d'un pays ennemi puisqu'il était Allemand. Donc il était arrêté comme tous les Allemands qui étaient en Belgique à l'époque. Et il s'était retrouvé dans un camp d'internement sur les bords de la Méditerranée à côté de Perpignan à Saint-Cyprien-sur-Mer. Il était interné en tant qu'Allemand. Ma soeur avait deux ans plus que moi. Or, quand nous étions en Belgique en 1939, on a su que les Anglais autorisaient l'immigration en Palestine d'enfants de moins de 17 ans. Donc ma sœur s'était portée volontaire, évidemment. Elle avait 16 ans et 9 mois, à la limite. Moi, je voulais m'inscrire. Moi, j'ai dit, toi, t'es trop jeune. On prend d'abord ceux qui sont à la limite d'âge. Toi, tu attendras. Donc ma sœur est partie en Palestine. Elle a quitté la Belgique, je ne sais quoi, en décembre 1939. Moi et ma mère, on est partis avec un train de réfugiés, surpeuplés évidemment. Il y avait beaucoup de Belges qui fichaient le camp parce qu'on se rappelait en Belgique des exactions que les soldats allemands avaient faites pendant le guerre de 1914-1918. Il y avait eu beaucoup de civils qui ont été tués, etc. Donc il y avait des Belges qui fichaient le camp et puis nous, les quelques amis juifs qu'on avait dans la Belgique, ils sont partis aussi. En France, on était accueillis comme des réfugiés. Les personnes étant venues par le train ont été dispersées dans différentes localités qui étaient équipées pour héberger donc des réfugiés. Donc on s'était trouvé dans un petit village qui s'appelle Villeneuve de Bergue, dans l'Ardèche, comme réfugiés. Et on était tranquilles pendant tout l'été. Et après la prise des pouvoirs de Pétain, On me demande parfois pourquoi vous ne dites pas Marshall Pétain. Marshall Pétain ? Il n'y a pas de Marshall. Pétain a été destitué de sa dignité. Il n'est plus Marshall. Donc pour moi, Pétain, c'est Pétain. C'est Philippe Pétain si on veut. Enfin bref, ça c'est un intermède. Donc, après sa prise de pouvoir, nous, de réfugiés, on est devenus des indésirables. Et en tant qu'indésirable, on a été internés dans un camp d'internement à Gurs, où je suis resté avec ma mère quelques mois, du mois d'octobre jusqu'au mois d'avril. Un hiver froid, humide, de la boue jusqu'aux chevilles quand on devait aller aux latrines, c'était affreux. Ma pauvre mère commençait à être malade et on nous a transféré avec un petit convoi dans un autre camp, le camp des Rives-Altes, où les conditions d'hébergement étaient un peu meilleures. D'abord, il n'y avait pas de boue par terre. Ensuite, les baraques étaient en dur. Mais... Il y avait des puces, des punaises, des poux, c'était épouvantable. Des insectes, on ne pouvait pas se débrasser. Auguste n'en faisait rien, on était abandonnés à nous-mêmes. À Rivesailles, on avait trouvé une occupation pour les hommes. Donc là, j'avais déjà 16 ans, j'étais considéré adulte. On avait des corvées. Alors notre corvée consistait à extraire des clous de planches abandonnées, de planches de démolition, etc. et les redresser, redresser les clous pour pouvoir les réutiliser. Et nous avions comme chef de corvée un petit bonhomme qui devait être un sous-offre démobilisé français, et pour lui, redresser des clous, c'était participer au redressement de la France. Donc il nous exhortait pour redresser des clous, et plus on avait redressé des clous, plus il était content, il était félicité, mais nous on n'avait rien bien évidemment. Ça c'était notre occupation. Les matinées, c'était notre travail. À Gurs, nous étions séparés. Il y avait des îlots, hommes et des îlots femmes, et on ne pouvait pas communiquer. Or, à Rivesalte, il y avait des baraques hommes et des baraques femmes, et dans la journée, on pouvait se rencontrer, évidemment. Donc, l'après-midi, je pouvais voir ma mère, pas voir avec ma mère, l'aider, parce qu'il commençait à être très faible. Et la nuit, évidemment, chacun dans sa baraque. Et dans la baraque, on faisait quoi, nous les jeunes ? On avait donc des vêtements qui étaient infestés de poux des corps. Bon, les poux de corps, on lavait avec de l'eau froide, sans savon. Les poux, l'eau froide, sans savon. Quand on sortait les linges, ils étaient tous guéris, ils continuaient à transpirer. Alors, le soir, on faisait quoi ? Nous, les jeunes, on était assis sur les bas-flans, on prenait nos vêtements et puis on tuait les poux. On tuait les poux et on comptait. Un, deux, trois. Le premier qui est arrivé à 100, il avait gagné. C'était notre occupation de jeunes. Mais je raconte ça un petit peu pour ne pas dire que nous étions en permanence submergés par notre État. Nous, les jeunes, on pensait qu'il fallait vivre, évidemment. Au bout d'un mois, ma pauvre mère... est vraiment tombée malade, on l'a amenée à l'hôpital, et elle est décédée le lendemain. Donc ma mère est décédée au camp des Rives-Alpes. Là, pour moi, c'était l'effondrement total. Avoir perdu ma mère, qui à l'époque était jeune, elle avait 49 ans, enfin bref. Donc j'ai pu assister à ses obsèques, j'avais permission de sortir et je ne suis pas arrêté en Lyon.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup de courage, une bonne dose d'insouciance et aussi un peu de chance, Herbert se dirigera vers la gare où il sautera dans le premier train pour Marseille. Merci cher Herbert pour ce partage intime et précieux et merci à vous chers auditeurs pour votre fidélité. Dans le prochain épisode, Herbert nous racontera sa fuite, ainsi que sa rencontre providentielle avec les Quakers, aussi connus sous le nom de Société des Amis, qui joueront un rôle crucial dans son périple vers la liberté. Ne perdons pas l'histoire, racontons-la. Allez, salut !

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Herbert est né à Vienne, en Autriche le 15 juillet 1924.


HERBERT AURA 100 ANS DANS QUELQUES SEMAINES


Dans l’épisode précédent, herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, quelques mois après l’Anchluss, sombre nuit à laquelle il est l’un des derniers survivants, sinon le dernier survivant à avoir assisté ;


Herbert nous a également raconté l’internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble, puis sa fuite en Belgique avec sa sœur ou il seront rejoints quelques mois plus tard par la maman et le papa dès sa sortie du camp.

.

La famille réunie vivra plus ou moins paisblement, jusqu’au 10 mai 1940.

 

Voici la deuxième partie du témoignage d’Herbert, 16 ans, Enfant de la Shoah.

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Transcription

  • Speaker #0

    Après que mon père a pu être libéré du camp de Daraa, avec ma mère, ils sont venus nous rejoindre en Belgique. Nous étions tranquilles jusqu'au 10 mai.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, Herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, sombre nuit à laquelle il est l'un des derniers survivants, sinon le dernier, à avoir assisté. Herbert nous a également raconté l'internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble. puis sa fuite en Belgique avec sa sœur, où ils seront rejoints quelques mois plus tard par sa maman et son papa tout juste sortis du camp. La famille réunie vivra plus ou moins paisiblement jusqu'au 10 mai 1940. Voici la deuxième partie du témoignage d'Herbert, 16 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Le 10 mai 1940 Oui, je dis bien. Les 10 mai 1940, les Allemands ont envahi la Belgique et les Pays-Bas sans déclaration de guerre et la Belgique n'était plus un pays neutre et nous avons fui la Belgique. Mon père a été interné à nouveau comme ressortissant d'un pays ennemi puisqu'il était Allemand. Donc il était arrêté comme tous les Allemands qui étaient en Belgique à l'époque. Et il s'était retrouvé dans un camp d'internement sur les bords de la Méditerranée à côté de Perpignan à Saint-Cyprien-sur-Mer. Il était interné en tant qu'Allemand. Ma soeur avait deux ans plus que moi. Or, quand nous étions en Belgique en 1939, on a su que les Anglais autorisaient l'immigration en Palestine d'enfants de moins de 17 ans. Donc ma sœur s'était portée volontaire, évidemment. Elle avait 16 ans et 9 mois, à la limite. Moi, je voulais m'inscrire. Moi, j'ai dit, toi, t'es trop jeune. On prend d'abord ceux qui sont à la limite d'âge. Toi, tu attendras. Donc ma sœur est partie en Palestine. Elle a quitté la Belgique, je ne sais quoi, en décembre 1939. Moi et ma mère, on est partis avec un train de réfugiés, surpeuplés évidemment. Il y avait beaucoup de Belges qui fichaient le camp parce qu'on se rappelait en Belgique des exactions que les soldats allemands avaient faites pendant le guerre de 1914-1918. Il y avait eu beaucoup de civils qui ont été tués, etc. Donc il y avait des Belges qui fichaient le camp et puis nous, les quelques amis juifs qu'on avait dans la Belgique, ils sont partis aussi. En France, on était accueillis comme des réfugiés. Les personnes étant venues par le train ont été dispersées dans différentes localités qui étaient équipées pour héberger donc des réfugiés. Donc on s'était trouvé dans un petit village qui s'appelle Villeneuve de Bergue, dans l'Ardèche, comme réfugiés. Et on était tranquilles pendant tout l'été. Et après la prise des pouvoirs de Pétain, On me demande parfois pourquoi vous ne dites pas Marshall Pétain. Marshall Pétain ? Il n'y a pas de Marshall. Pétain a été destitué de sa dignité. Il n'est plus Marshall. Donc pour moi, Pétain, c'est Pétain. C'est Philippe Pétain si on veut. Enfin bref, ça c'est un intermède. Donc, après sa prise de pouvoir, nous, de réfugiés, on est devenus des indésirables. Et en tant qu'indésirable, on a été internés dans un camp d'internement à Gurs, où je suis resté avec ma mère quelques mois, du mois d'octobre jusqu'au mois d'avril. Un hiver froid, humide, de la boue jusqu'aux chevilles quand on devait aller aux latrines, c'était affreux. Ma pauvre mère commençait à être malade et on nous a transféré avec un petit convoi dans un autre camp, le camp des Rives-Altes, où les conditions d'hébergement étaient un peu meilleures. D'abord, il n'y avait pas de boue par terre. Ensuite, les baraques étaient en dur. Mais... Il y avait des puces, des punaises, des poux, c'était épouvantable. Des insectes, on ne pouvait pas se débrasser. Auguste n'en faisait rien, on était abandonnés à nous-mêmes. À Rivesailles, on avait trouvé une occupation pour les hommes. Donc là, j'avais déjà 16 ans, j'étais considéré adulte. On avait des corvées. Alors notre corvée consistait à extraire des clous de planches abandonnées, de planches de démolition, etc. et les redresser, redresser les clous pour pouvoir les réutiliser. Et nous avions comme chef de corvée un petit bonhomme qui devait être un sous-offre démobilisé français, et pour lui, redresser des clous, c'était participer au redressement de la France. Donc il nous exhortait pour redresser des clous, et plus on avait redressé des clous, plus il était content, il était félicité, mais nous on n'avait rien bien évidemment. Ça c'était notre occupation. Les matinées, c'était notre travail. À Gurs, nous étions séparés. Il y avait des îlots, hommes et des îlots femmes, et on ne pouvait pas communiquer. Or, à Rivesalte, il y avait des baraques hommes et des baraques femmes, et dans la journée, on pouvait se rencontrer, évidemment. Donc, l'après-midi, je pouvais voir ma mère, pas voir avec ma mère, l'aider, parce qu'il commençait à être très faible. Et la nuit, évidemment, chacun dans sa baraque. Et dans la baraque, on faisait quoi, nous les jeunes ? On avait donc des vêtements qui étaient infestés de poux des corps. Bon, les poux de corps, on lavait avec de l'eau froide, sans savon. Les poux, l'eau froide, sans savon. Quand on sortait les linges, ils étaient tous guéris, ils continuaient à transpirer. Alors, le soir, on faisait quoi ? Nous, les jeunes, on était assis sur les bas-flans, on prenait nos vêtements et puis on tuait les poux. On tuait les poux et on comptait. Un, deux, trois. Le premier qui est arrivé à 100, il avait gagné. C'était notre occupation de jeunes. Mais je raconte ça un petit peu pour ne pas dire que nous étions en permanence submergés par notre État. Nous, les jeunes, on pensait qu'il fallait vivre, évidemment. Au bout d'un mois, ma pauvre mère... est vraiment tombée malade, on l'a amenée à l'hôpital, et elle est décédée le lendemain. Donc ma mère est décédée au camp des Rives-Alpes. Là, pour moi, c'était l'effondrement total. Avoir perdu ma mère, qui à l'époque était jeune, elle avait 49 ans, enfin bref. Donc j'ai pu assister à ses obsèques, j'avais permission de sortir et je ne suis pas arrêté en Lyon.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup de courage, une bonne dose d'insouciance et aussi un peu de chance, Herbert se dirigera vers la gare où il sautera dans le premier train pour Marseille. Merci cher Herbert pour ce partage intime et précieux et merci à vous chers auditeurs pour votre fidélité. Dans le prochain épisode, Herbert nous racontera sa fuite, ainsi que sa rencontre providentielle avec les Quakers, aussi connus sous le nom de Société des Amis, qui joueront un rôle crucial dans son périple vers la liberté. Ne perdons pas l'histoire, racontons-la. Allez, salut !

Description

Herbert est né à Vienne, en Autriche le 15 juillet 1924.


HERBERT AURA 100 ANS DANS QUELQUES SEMAINES


Dans l’épisode précédent, herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, quelques mois après l’Anchluss, sombre nuit à laquelle il est l’un des derniers survivants, sinon le dernier survivant à avoir assisté ;


Herbert nous a également raconté l’internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble, puis sa fuite en Belgique avec sa sœur ou il seront rejoints quelques mois plus tard par la maman et le papa dès sa sortie du camp.

.

La famille réunie vivra plus ou moins paisblement, jusqu’au 10 mai 1940.

 

Voici la deuxième partie du témoignage d’Herbert, 16 ans, Enfant de la Shoah.

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Transcription

  • Speaker #0

    Après que mon père a pu être libéré du camp de Daraa, avec ma mère, ils sont venus nous rejoindre en Belgique. Nous étions tranquilles jusqu'au 10 mai.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, Herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal, sombre nuit à laquelle il est l'un des derniers survivants, sinon le dernier, à avoir assisté. Herbert nous a également raconté l'internement de son papa à Dachau, suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble. puis sa fuite en Belgique avec sa sœur, où ils seront rejoints quelques mois plus tard par sa maman et son papa tout juste sortis du camp. La famille réunie vivra plus ou moins paisiblement jusqu'au 10 mai 1940. Voici la deuxième partie du témoignage d'Herbert, 16 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Le 10 mai 1940 Oui, je dis bien. Les 10 mai 1940, les Allemands ont envahi la Belgique et les Pays-Bas sans déclaration de guerre et la Belgique n'était plus un pays neutre et nous avons fui la Belgique. Mon père a été interné à nouveau comme ressortissant d'un pays ennemi puisqu'il était Allemand. Donc il était arrêté comme tous les Allemands qui étaient en Belgique à l'époque. Et il s'était retrouvé dans un camp d'internement sur les bords de la Méditerranée à côté de Perpignan à Saint-Cyprien-sur-Mer. Il était interné en tant qu'Allemand. Ma soeur avait deux ans plus que moi. Or, quand nous étions en Belgique en 1939, on a su que les Anglais autorisaient l'immigration en Palestine d'enfants de moins de 17 ans. Donc ma sœur s'était portée volontaire, évidemment. Elle avait 16 ans et 9 mois, à la limite. Moi, je voulais m'inscrire. Moi, j'ai dit, toi, t'es trop jeune. On prend d'abord ceux qui sont à la limite d'âge. Toi, tu attendras. Donc ma sœur est partie en Palestine. Elle a quitté la Belgique, je ne sais quoi, en décembre 1939. Moi et ma mère, on est partis avec un train de réfugiés, surpeuplés évidemment. Il y avait beaucoup de Belges qui fichaient le camp parce qu'on se rappelait en Belgique des exactions que les soldats allemands avaient faites pendant le guerre de 1914-1918. Il y avait eu beaucoup de civils qui ont été tués, etc. Donc il y avait des Belges qui fichaient le camp et puis nous, les quelques amis juifs qu'on avait dans la Belgique, ils sont partis aussi. En France, on était accueillis comme des réfugiés. Les personnes étant venues par le train ont été dispersées dans différentes localités qui étaient équipées pour héberger donc des réfugiés. Donc on s'était trouvé dans un petit village qui s'appelle Villeneuve de Bergue, dans l'Ardèche, comme réfugiés. Et on était tranquilles pendant tout l'été. Et après la prise des pouvoirs de Pétain, On me demande parfois pourquoi vous ne dites pas Marshall Pétain. Marshall Pétain ? Il n'y a pas de Marshall. Pétain a été destitué de sa dignité. Il n'est plus Marshall. Donc pour moi, Pétain, c'est Pétain. C'est Philippe Pétain si on veut. Enfin bref, ça c'est un intermède. Donc, après sa prise de pouvoir, nous, de réfugiés, on est devenus des indésirables. Et en tant qu'indésirable, on a été internés dans un camp d'internement à Gurs, où je suis resté avec ma mère quelques mois, du mois d'octobre jusqu'au mois d'avril. Un hiver froid, humide, de la boue jusqu'aux chevilles quand on devait aller aux latrines, c'était affreux. Ma pauvre mère commençait à être malade et on nous a transféré avec un petit convoi dans un autre camp, le camp des Rives-Altes, où les conditions d'hébergement étaient un peu meilleures. D'abord, il n'y avait pas de boue par terre. Ensuite, les baraques étaient en dur. Mais... Il y avait des puces, des punaises, des poux, c'était épouvantable. Des insectes, on ne pouvait pas se débrasser. Auguste n'en faisait rien, on était abandonnés à nous-mêmes. À Rivesailles, on avait trouvé une occupation pour les hommes. Donc là, j'avais déjà 16 ans, j'étais considéré adulte. On avait des corvées. Alors notre corvée consistait à extraire des clous de planches abandonnées, de planches de démolition, etc. et les redresser, redresser les clous pour pouvoir les réutiliser. Et nous avions comme chef de corvée un petit bonhomme qui devait être un sous-offre démobilisé français, et pour lui, redresser des clous, c'était participer au redressement de la France. Donc il nous exhortait pour redresser des clous, et plus on avait redressé des clous, plus il était content, il était félicité, mais nous on n'avait rien bien évidemment. Ça c'était notre occupation. Les matinées, c'était notre travail. À Gurs, nous étions séparés. Il y avait des îlots, hommes et des îlots femmes, et on ne pouvait pas communiquer. Or, à Rivesalte, il y avait des baraques hommes et des baraques femmes, et dans la journée, on pouvait se rencontrer, évidemment. Donc, l'après-midi, je pouvais voir ma mère, pas voir avec ma mère, l'aider, parce qu'il commençait à être très faible. Et la nuit, évidemment, chacun dans sa baraque. Et dans la baraque, on faisait quoi, nous les jeunes ? On avait donc des vêtements qui étaient infestés de poux des corps. Bon, les poux de corps, on lavait avec de l'eau froide, sans savon. Les poux, l'eau froide, sans savon. Quand on sortait les linges, ils étaient tous guéris, ils continuaient à transpirer. Alors, le soir, on faisait quoi ? Nous, les jeunes, on était assis sur les bas-flans, on prenait nos vêtements et puis on tuait les poux. On tuait les poux et on comptait. Un, deux, trois. Le premier qui est arrivé à 100, il avait gagné. C'était notre occupation de jeunes. Mais je raconte ça un petit peu pour ne pas dire que nous étions en permanence submergés par notre État. Nous, les jeunes, on pensait qu'il fallait vivre, évidemment. Au bout d'un mois, ma pauvre mère... est vraiment tombée malade, on l'a amenée à l'hôpital, et elle est décédée le lendemain. Donc ma mère est décédée au camp des Rives-Alpes. Là, pour moi, c'était l'effondrement total. Avoir perdu ma mère, qui à l'époque était jeune, elle avait 49 ans, enfin bref. Donc j'ai pu assister à ses obsèques, j'avais permission de sortir et je ne suis pas arrêté en Lyon.

  • Speaker #1

    Avec beaucoup de courage, une bonne dose d'insouciance et aussi un peu de chance, Herbert se dirigera vers la gare où il sautera dans le premier train pour Marseille. Merci cher Herbert pour ce partage intime et précieux et merci à vous chers auditeurs pour votre fidélité. Dans le prochain épisode, Herbert nous racontera sa fuite, ainsi que sa rencontre providentielle avec les Quakers, aussi connus sous le nom de Société des Amis, qui joueront un rôle crucial dans son périple vers la liberté. Ne perdons pas l'histoire, racontons-la. Allez, salut !

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