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Entre-Nous. Le management et le leadership pour tous.

9. Management intergénérationnel: Le monde pro vu par la Génération Z avec Charlotte Maillard

9. Management intergénérationnel: Le monde pro vu par la Génération Z avec Charlotte Maillard

47min |28/04/2025
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Description

Nous parlons beaucoup des jeunes générations, mais souvent à leur place.
Et si nous les écoutions vraiment ? Sincèrement ? Sans a priori ?


Dans cet épisode d’Entre-Nous, on parle management, rapport au travail, et fossé intergénérationnel, en donnant la parole à Charlotte Maillard, 28 ans, jeune professionnelle lucide et engagée, que j’ai eu la chance d’avoir comme étudiante à la Haute École de Gestion de Genève.


✨ Charlotte a un parcours déjà bien rempli : après son baccalauréat, elle part à l'université. 3 ans plus tard, elle s'oriente vers un cursus plus pratique et effectue un apprentissage. Après l'obtention de son Certificat Fédéral de Capacités, elle entreprend, en parallèle d'un emploi, des études en économie d’entreprise et obtient son Bachelor. Charlotte a travaillé dans différents environnements et domaines tels que bancaire et fiduciaire.


Tout au long de notre échange, elle s’interroge avec justesse sur le sens du travail, la posture managériale et les nouvelles attentes de sa génération.


Ce que j’ai aimé chez elle ? Son recul, son bon sens, sa capacité à dialoguer sans chercher à avoir raison.


🎯 Pourquoi les jeunes semblent remettre en question les codes traditionnels du travail et du leadership ?
Parce qu’ils aspirent à un management plus humain, à une gestion d’équipe basée sur la confiance, la flexibilité et le sens.


Dans cette conversation, nous explorons les tensions… mais aussi les ponts possibles entre générations :


✅ Ce que la nouvelle génération attend vraiment : du sens, du feedback, et du respect
Le management version Gen Z : clair, humain, responsabilisant
Boomers vs Millennials : et si on arrêtait la caricature pour parler vrai ?


"Malgré nos différences, toutes les générations peuvent très bien travailler ensemble. Il suffit de s’écouter, de faire un pas l’un vers l’autre, et de reconnaître la richesse de nos expériences. On a beaucoup à s’apporter mutuellement. Finalement, on avance tous vers le même objectif : un monde du travail plus humain et épanouissant."


💡 Vous êtes manager d’une équipe intergénérationnelle ? Vous accompagnez des jeunes dans leur prise de poste ? Cet épisode vous invite à changer de perspective et à mieux comprendre les dynamiques générationnelles dans l’entreprise.


Retrouvez Charlotte sur Linkedin


🎧 Très bonne écoute !


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Transcription

  • Speaker #0

    Manager aujourd'hui, c'est évoluer dans un monde en perpétuel changement, plus rapide, plus incertain, plus exigeant. Face à cette complexité, il n'y a pas de recette toute faite, mais une seule certitude. Un bon manager ne cherche pas la perfection, il apprend, il s'adapte et il ose. Je suis Magali Vanet, coach, consultante et formatrice en management et gestion d'équipe. Entre nous, c'est le podcast qui décrypte avec sincérité et pragmatisme les défis du management. Seul ou accompagné d'invités du terrain, je partage des stratégies, des expériences vécues et des conseils pratiques. Alors ici, pas de théorie abstraite, ni de solution toute faite, mais des clés concrètes et actionnables pour avancer, évoluer et prendre confiance dans son rôle. On parle souvent des jeunes au travail, mais est-ce qu'on prend vraiment le temps de les écouter ? Dans cet épisode, j'ai eu envie de donner la parole à Charlotte Maillard, qui a été l'une de mes étudiantes à la haute école de gestion de Genève. Dans les cours que je dispense, j'adore ces moments d'échange avec les étudiants. Ils me nourrissent. Ils me Ausha et me font voir les choses autrement. Avec Charlotte, on a parlé de ce fameux fossé entre générations. On a parlé du rapport au travail, du management, et surtout de ce qui change concrètement dans les attentes et les façons de vivre le monde professionnel. Aujourd'hui, l'idée de cet échange, ce n'était pas de débattre ou de chercher des vérités, mais simplement d'entendre son point de vue, sincère, nuancé et ancré dans son vécu. À 28 ans, Charlotte a déjà un joli parcours qu'elle questionne avec lucidité. Et j'ai beaucoup aimé son bon sens et sa manière d'aborder les choses avec recul et justesse. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cet échange inspirant. Bonne écoute ! Hello Charlotte, je suis contente de t'accueillir aujourd'hui pour ce nouvel épisode de podcast. Merci d'avoir accepté mon invitation. Ça me fait un petit peu bizarre parce qu'il y a encore une année, tu faisais partie de mes élèves à la HEG à Genève. Et puis, c'est vrai qu'on a eu dans ta classe toujours des discussions assez passionnantes par rapport aux générations. J'avais vraiment envie de t'inviter à partager finalement ta vision des choses. Comment, toi, tu vis dans le monde de l'entreprise la notion intergénérationnelle ? L'idée, ce n'est pas qu'on trouve des réponses toutes faites, mais j'avais envie d'avoir la vision d'une jeune personne active. Tu viens d'avoir 28 ans. Et comment tu le vis dans le monde du travail ? Je te propose de commencer par une question un petit peu provocatrice, si je peux l'exprimer ainsi. Finalement, il y a beaucoup d'idées reçues qu'on entend sur les générations. Alors, on dit que les jeunes, ils seraient moins engagés. qui sont trop exigeants, qui ne veulent plus bosser. Et puis, d'un autre côté, les générations plus anciennes, les boomers, par exemple, ou les X, eux, ils ont plutôt une conception du travail où c'était réussir sa vie passe d'abord par le travail. Alors toi, en fait, finalement, t'en penses quoi de tout ça ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, hello Magali et merci de me recevoir. C'est un plaisir d'être ici. On entre directement dans le vif du sujet. Alors pour moi, je dirais mythe. Je pense que c'est beaucoup plus nuancé que ça. Quand j'entends cette phrase, je ne m'identifie pas à cela. Je pense que ce n'est pas que les jeunes ne veulent plus travailler, mais c'est qu'ils ne veulent plus travailler dans certaines conditions et qu'ils remettent pas mal de choses en question. Et que ça peut un petit peu déranger, mais qu'ils ont toujours envie de faire des choses. En tout cas, c'est mon cas.

  • Speaker #0

    Et tu penses finalement que ces idées reçues, elles viennent d'où ? Parce qu'il y a quand même... Ou des stéréotypes, d'une part, et de l'autre. Après, ce sera aussi intéressant de t'entendre ce que les jeunes pensent sur les plus vieux. Mais tu penses que ça vient d'où, finalement, ces discussions qui sont très récurrentes sur ces aspects générationnels ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça a existé en tout temps. J'ai l'impression que toute génération dit des plus jeunes et des précédentes qu'elles sont un peu bêtes ou qu'elles n'ont rien compris ou qu'elles comprendront plus tard. Maintenant, je pense que par rapport à nous, ça vient peut-être de l'évolution technologique. Peut-être que les anciennes générations se disent que tout est plus facile maintenant, qu'on a plein d'outils qu'ils n'avaient pas avant. Et puis finalement, de quoi on se plaint ? Et puis, ils pensent que c'est peut-être un peu trop facile pour nous. C'est une question. Oui.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ton expérience, tu as ressenti déjà dans tes expériences professionnelles ces idées reçues entre les générations ? C'est quelque chose que tu n'as plutôt pas ressenti ?

  • Speaker #1

    Alors personnellement, je m'entends bien avec toutes les générations et j'ai très souvent été la plus jeune dans toutes les équipes. Et j'ai dû m'habituer à travailler avec des personnes plus âgées allant de 30 ans à 60 ans et même plus en moyenne 50 ans. Donc, je me suis très bien entendue avec eux.

  • Speaker #0

    Et eux avec toi ?

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est mutuel. Par contre, c'est vrai qu'on entend quand même souvent des commentaires, mais même plus dans le cadre familial, ou même à la radio, dans la presse, des choses comme ça. Des petits commentaires où les jeunes, ils pensent qu'aux vacances, ce genre de choses. Ils sont plus fragiles, plus sensibles. Juste un peu, pas mal de commentaires comme ça, des petites piques, un peu sous le ton de la rigolade comme ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu dis, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de l'humour qui est fait et pas forcément quelque chose qui est fortement ancré ?

  • Speaker #1

    Je pense que sous couvert du mot, il y a quand même une part de vérité en général. Je pense qu'il y a un fossé, mais qu'il n'est pas aussi grand qu'on le pense. Et que si on communique tous un petit peu plus, on verra qu'on peut tout à fait très bien s'entendre.

  • Speaker #0

    Et ça, on va y venir. Comment aussi les entreprises, qu'est-ce qu'elles peuvent faire ? Et puis, quels sont les moyens finalement de rapprocher ? Tu parles de fossé, je pense qu'effectivement, il y a quelque chose de l'ordre d'un écart entre les générations. Alors moi, je suis aussi un peu de ton avis. qu'on est plutôt dans quelque chose de l'ordre du mythe que de la réalité. Je te propose de peut-être te présenter en quelques mots avant qu'on continue la discussion. Qu'est-ce que tu aurais envie de nous dire pour te présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlotte, j'ai 28 ans. Un hobby que j'aime beaucoup est la lecture. J'ai donc terminé mes études, mon bachelor en économie d'entreprise, il y a quelques mois maintenant. Et je suis actuellement en transition professionnelle. Et tu noteras et vous noterez que j'ai... J'ai mis un point d'honneur à essayer de ne pas me présenter immédiatement par mon métier, parce que je trouve que c'est une habitude qu'on a un peu tous, toutes générations confondues d'ailleurs. Je ne m'identifie pas par mon métier, du moins peut-être qu'en une toute petite partie. Donc j'essaie de faire attention à ça et de me définir autrement.

  • Speaker #0

    Et tu as complètement raison. D'ailleurs, on en parlait un peu avant de commencer l'enregistrement de cet épisode. Et moi, je suis la première. Des fois, je me dis mais c'est horrible. La première chose que j'ai envie de savoir de quelqu'un, c'est finalement son métier. Là, ça nous renvoie à quelque chose aussi, je pense, culturel. En côtoyant des jeunes comme toi, on se rend compte finalement que c'est un peu des biais qu'on a. Qu'est-ce qui te caractérise le mieux aujourd'hui ? Qu'est-ce qui caractérise le mieux Charlotte ?

  • Speaker #1

    Je dirais justement mes hobbies, ce que j'aime faire et les gens dans ma vie que j'apprécie, avec qui j'ai envie de passer du temps, les activités que j'aime faire, plutôt ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Oui, d'accord. Par rapport à ton parcours, alors, comme tu l'as très justement dit, c'est pas ça qui te caractérise le plus, mais ce qui va peut-être nous amener aussi un petit peu à comprendre les aspects générationnels, enfin, ce dont on va aussi échanger ensemble. Peut-être que tu nous dises en quelques mots, finalement, les grandes étapes de ton parcours jusqu'à maintenant, jusqu'à 28 ans.

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai un parcours, je ne sais pas si on peut dire atypique, il est quand même relativement classique, mais c'est un peu comme si j'avais fait les choses pas dans le bon ordre, on va dire. Donc tout d'abord j'ai fait des études gymnasiales, ce qui correspond au collège pour les jeunes voix qui nous écoutent et le lycée pour les français qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Oui parce que c'est un podcast international, enfin dans la francophonie en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc j'étais plutôt littéraire et dans mes options principales c'était plutôt les langues etc. Je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui, mais à l'époque quand on était dans ce genre de parcours, c'est comme si la seule voix à suivre et la seule chose dont on nous parlait c'était l'université. Il fallait juste choisir la faculté dans laquelle on allait s'inscrire. Mais c'est un peu comme si tout le reste n'existait pas. Et je n'étais pas sûre de ce que je voulais faire, mais je n'osais pas trop sortir du cadre, donc c'était à peu près certain pour moi que j'allais m'inscrire à l'université. Je sais qu'à l'époque, j'avais déjà un petit peu entendu parler des hautes écoles, des bachelors qui peuvent être un petit peu similaires, mais plus pratiques. Je pense que ça devait être des amis d'amis qui faisaient ça, parce que sinon, je n'aurais pas du tout entendu parler. Donc j'avais déjà un petit peu cette idée en tête, mais je n'osais pas trop et je me disais, non, il faudrait quand même aller à l'université. Donc j'hésitais principalement entre droit et HEC. Mais comme j'étais moins mathématique, je me suis plutôt lancée dans le droit. Plusieurs personnes de ma famille d'ailleurs ont fait des études dans le droit. Et d'ailleurs, en allant à un rendez-vous pour l'orientation, on m'avait conseillé le droit. Donc je me suis dit, bon, essayons. Et j'ai fait un semestre, mais je me suis rendue compte assez rapidement que ce n'était pas ce que je voulais faire. J'aime bien ça, mais je me suis rendue compte que je voulais que ce soit intégré dans ce que je fais et pas uniquement ce que je fais. Je me souviens que c'est un cours de droit pénal qui m'a définitivement donné l'envie de partir en courant. Les étudiants en droit reconnaîtront de quoi je parle. Donc, je ne m'étais pas lancée immédiatement en HEC, justement, un peu par la peur d'échouer, la peur d'un échec, vu qu'il y avait un peu tout ce côté mathématiques, statistiques, qui ne sont pas ce que je préfère. Mais j'ai quand même décidé de m'inscrire à la rentrée suivante en HEC, parce que je ne voulais pas avoir le regret de ne pas avoir au moins essayé. Bon, il s'avère que du coup, je n'ai pas réussi, mais je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. C'est d'ailleurs ça qui m'a amenée dans la suite de mon parcours, parce que j'avais un enseignant en comptabilité. qui a, je trouve, su nous transmettre, en tout cas me transmettre, la passion pour son métier. C'était en comptabilité, c'était quelque chose qui ne plaît pas forcément aux gens, mais moi j'ai trouvé un intérêt et je trouvais qu'il rendait ça un petit peu plus marrant que l'idée qu'on peut en avoir de base. C'est comme ça que j'ai décidé ensuite de vraiment m'inscrire à la HEG pour le coup. Et ce qui m'attirait, c'était justement ce côté... D'avoir des plus petites classes, d'être plus proche.

  • Speaker #0

    Par rapport à ce que tu as connu à l'université ? Oui,

  • Speaker #1

    en fait, j'avais de la peine à trouver ma place et je n'aimais pas trop ce côté amphi. On était des centaines d'élèves ensemble et même au regard des professeurs, c'était un peu moins facile d'avoir une discussion. Vraiment, on avait juste un petit temps pour poser des questions. Mais pour entrer à la HEJ, il me fallait plus d'expérience professionnelle. Et donc, au lieu de simplement juste travailler avant de m'inscrire, j'ai eu la possibilité de faire un apprentissage raccourci en deux ans au lieu de trois. avec une partie des cours que je n'avais pas besoin de suivre étant donné mon cursus précédent. Et c'est ce que j'ai décidé de faire. Du coup, on allait en travailler dans une fille d'hier. Et c'est ce que j'ai fait. Et ensuite, je me suis inscrite à la Haute École de Gestion de Genève en économie d'entreprise, en emploi, où j'ai travaillé dans une banque privée. Voilà un peu le parcours.

  • Speaker #0

    Juste peut-être pour préciser, en emploi, c'est un cursus où tu fais tes études durant quatre ans. Tout à fait. Et en même temps, tu travailles presque entre 60 et 80 %, voire des fois plus.

  • Speaker #1

    Oui, en l'occurrence, je travaillais à 80%, 8 ans pour les Vaudois.

  • Speaker #0

    8 ans pour les Vaudois, tu as raison de préciser. Et c'est vrai que c'est un parcours, le cursus haute école de gestion en emploi, c'est un parcours hyper exigeant puisque pendant 4 ans, tu as allié professionnel, un poste dans une entreprise et des études. Donc ça aussi, j'imagine, développer ta résilience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et de l'organisation, c'était quand même... Deux à trois soirs par semaine, après une journée complète de travail, de cours jusqu'à 21h30, et puis encore une journée complète dans les semaines, ce qui n'est pas rien.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup quand tu as commencé à présenter ton parcours, tu as dit, est-ce que c'est quelque chose d'atypique ? Alors une nouvelle fois, aujourd'hui c'est quoi un parcours atypique ? Alors peut-être qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes... Comme toi, on retrouve des parcours finalement. Est-ce qu'il y a une logique dans le parcours ? Tu disais, bon, j'ai peut-être fait les choses à l'envers. Alors ça, c'est peut-être des discours un petit peu ou un regard qui serait porté par les plus anciennes générations. Et c'est vrai, moi, qui ai aussi, quand je recrutais du monde dans mes équipes, on avait des fois tendance à regarder, j'étais la première à avoir tendance à regarder est-ce que c'est un parcours typique, traditionnel ou atypique ? Et ça, je trouve, finalement, aujourd'hui, chaque personne a un parcours. Et qu'est-ce qui fait qu'il est plus atypique que quelqu'un d'autre ? Telle est la question.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus la norme des parcours atypiques. Dans toutes les études que j'ai pu faire, j'ai croisé des personnes de différents âges qui faisaient des reconversions. C'est beaucoup moins linéaire qu'avant, je trouve.

  • Speaker #0

    Et durant ce parcours que tu as fait jusqu'à maintenant, qu'est-ce qui t'a le plus driveé ou bien qu'est-ce qui t'anime le plus jusqu'à aujourd'hui ? Que ce soit dans ton parcours de formation, mais ton parcours professionnel, puisque tu as déjà un certain nombre d'années d'expérience.

  • Speaker #1

    Ce qui a toujours été important pour moi, comme je le présentais au tout début, c'est vraiment d'aimer ce que je fais. J'ai vraiment besoin d'être stimulée et passionnée par ce que je fais, sinon j'ai tendance à m'ennuyer. Donc j'ai toujours un petit peu recherché ça. Et je me suis tournée aussi vers le cursus en économie d'entreprise parce que ça m'intéressait d'avoir une connaissance un peu globale de plein de choses différentes. Je n'avais pas trop envie de me spécialiser. J'avais l'impression d'avoir un peu des lacunes dans trop de choses. Alors que là, maintenant, j'aime beaucoup. On voit quand même des choses très différentes. Autant plus un peu branche dure versus branche plus humaine. J'avais envie d'avoir un peu un profil plus complet comme ça.

  • Speaker #0

    Et quand tu regardes ton parcours, tu regardes un petit peu dans le rétroviseur, de quoi tu es le plus fière ?

  • Speaker #1

    Des rencontres que j'ai faites. C'est ce qui me fait dire que je ne regrette pas du tout, même les échecs ou d'avoir fait, comme je disais, un petit peu peut-être dans le mauvais ordre, entre guillemets, parce que j'ai toujours rencontré des gens super et comme je disais, qui m'ont amenée aux étapes suivantes et c'est le plus important pour moi.

  • Speaker #0

    Je te remercie pour cette présentation et puis qui nous amène, on va maintenant un petit peu zoomer parce que quand on parle de parcours, de parcours professionnel, on parle du travail et je pense que... Aujourd'hui, quand on parle des aspects intergénérationnels, on parle surtout de notre rapport au travail. Et c'est peut-être ça qui nous questionne le plus et qui fait qu'on peut avoir, on parlait d'idées reçues tout à l'heure. Et c'est aussi quelque chose qui m'a passionné, enfin qui me passionne encore, puisque je donne des cours à l'HEG à Genève et que je suis au contact de beaucoup d'étudiants. Et ça me questionne moi-même sur mon propre rapport au travail, sur mon parcours, sur aussi les écarts qu'il y a aujourd'hui entre les attentes des jeunes et les entreprises, comment elles le vivent. Alors, je te propose qu'on zoome un petit peu là-dessus maintenant et puis qu'on essaye de décortiquer un petit peu cette relation au travail. Je pense que les codes aussi changent beaucoup. Alors, qu'est-ce que peut-être tu observes, ce que tu as observé jusqu'à maintenant dans la relation au travail qu'on a avec notre travail ? Comment toi tu le vis et qu'est-ce que tu en observes ?

  • Speaker #1

    Pour ma propre relation, et je pense ma génération, même si c'est toujours dur de généraliser, je reconnais que c'est quelque chose d'important parce qu'on y passe quand même beaucoup de temps par semaine. Mais pour moi, ce n'est pas le but de la vie et ce n'est pas ce par quoi je me définis. Et je pense que c'est quelque chose qui nous permet de grandir et d'évoluer, d'apprendre sur soi et les autres, et sur comment... On se positionne par rapport aux autres et comment on vit avec les autres. Mais c'est qu'un aspect de ma vie et le reste est tout aussi important, en fait, si ce n'est plus, selon les personnes.

  • Speaker #0

    Et ça, tu as pu le vivre, cet écart par rapport peut-être aux générations un peu plus anciennes. Tu dis, c'est un aspect de ma vie, mais pas le but. Et ça, je pense que c'est hyper fort, ce que tu nous dis là. Est-ce que... tu as l'impression que d'autres vont plutôt le vivre complètement à l'inverse ? Ou ils vont le positionner comme un but en soi ?

  • Speaker #1

    De ce que j'ai pu observer, j'ai l'impression que pour des plus anciennes générations, effectivement, ça joue un rôle vraiment plus central et même de valorisation dans leur image qu'ils ont d'eux-mêmes, ça joue un rôle vraiment très important et si ça ne se passe pas bien de ce côté-là, ça peut vite complètement bouleverser toute leur identité. Je pense que c'est moins vrai pour ma génération, par exemple.

  • Speaker #0

    Et comment ta génération, comment toi tu fais justement pour te détacher que le travail, ce n'est pas qu'une question identitaire ? Parce que ce que tu dis, effectivement, je pense qu'on se traduit. Et une nouvelle fois, si je prends mon propre exemple, je me suis pendant très, très longtemps identifiée à mon travail d'abord, avant de m'identifier à ma propre personne, à qui est Magali. C'est aussi à mon... parcours professionnel, une période de chômage que j'ai eue durant mon parcours, qui m'a fait beaucoup me réquestionner, remettre un petit peu de l'ordre dans la place du travail. Mais comment, toi, t'arrives à séparer ou à te dissocier que le travail n'est pas ton identité ?

  • Speaker #1

    Je pense déjà en apprenant à se connaître et en investissant dans les autres parties de sa vie. Et justement, en se rendant compte que si on met tous les œufs dans le même panier, du moment qu'il y a, comme tu en parlais, un coup dur, un... Du chômage ou quelque chose comme ça, il y a tout qui va complètement s'effondrer. Donc, c'est plutôt un peu une recherche d'équilibre. Je pense qu'un bon équilibre entre le personnel et le professionnel et en mettant des limites dans le professionnel que peut-être les anciennes générations n'ont pas réussi ou n'ont pas voulu mettre.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu as pu déjà observer ça, justement, ces différences concrètement en entreprise, avec tes collègues, des personnes qui arrivaient peut-être moins à mettre cette limite. Tu as des exemples ? sans nous donner des noms, bien évidemment, mais ce que toi, tu as pu observer assez concrètement.

  • Speaker #1

    Ce qui me vient à l'esprit, j'ai l'impression que ma génération, on parle souvent, par exemple, des heures supplémentaires. Ça doit être vraiment occasionnel. Alors que j'ai l'impression que pour tes plus anciennes générations, c'était presque plus la norme d'en faire et finalement, sans trop ronchonner et remettre en question. Et c'est comme ça et on le fait. Un peu ce genre de choses dans mon travail.

  • Speaker #0

    Ça me parle, ce que tu dis, effectivement, les heures supplémentaires. Et tu penses que ça vient de quoi, finalement, que c'est devenu, pour les plus anciennes générations, une norme ? Alors que ça devrait rester quelque chose d'exceptionnel ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression peut-être, justement, pour les personnes qui ont eu tendance à trop s'identifier par rapport au travail, et donc qui ont envie de bien faire, en fait, c'est une question du regard des autres ou de soi-même. J'ai l'impression que c'était surtout pour bien faire les choses et faire progresser sa carrière et avancer, et que c'était la meilleure façon d'y arriver dans l'esprit de...

  • Speaker #0

    Le souci, comme tu disais, de le regarder aux autres, donc d'être bien vu, d'avoir de la reconnaissance en disant si je fais des heures sup, si je travaille à fond, je vais avoir peut-être plus de reconnaissance, sans forcément parler de salaire. Mais déjà, la reconnaissance par rapport à comment l'autre nous regarde, comment son chef, sa hiérarchie perçoit.

  • Speaker #1

    Et je crois que nous, les plus jeunes, on s'est rendu compte que ce n'était pas forcément synonyme de meilleur succès, de promotion. En tout cas, que ce n'était pas une garantie. J'ai l'impression qu'on a pu observer un peu des déconvenus. dans des générations précédentes, des déceptions par rapport au monde professionnel. Et on s'est dit, peut-être que finalement, ce n'est pas la clé ou qu'il faut faire un peu différemment.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi ce que tu as observé justement comme des contenus où tu te dis, jamais moi, j'essaierai jamais d'être dans cette dynamique-là ?

  • Speaker #1

    D'avoir vu des personnes un peu qui ont justement tout donné, peut-être trop donné, et qui, même après des années et des années dans une même entreprise, ont été licenciées du jour au lendemain, un peu de façon même brute, où elles ne s'y attendaient pas du tout. ou cette promotion pour laquelle ils travaillaient depuis très très longtemps et puis qu'ils n'ont pas vraiment obtenu ou très tardivement et puis qu'ils se demandaient si vraiment ça en valait la peine ou des regrets exprimés aussi de personnes qui disaient finalement j'aurais peut-être dû passer plus de temps avec mes enfants, ma famille, ce genre de choses. Je trouve qu'on a beaucoup aussi entendu les regrets les plus exprimés des personnes juste avant de mourir, pas pour être glauque mais... Et concrètement personne ne dit jamais... Ah, j'aurais plus dû travailler et tout le monde regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec les gens qu'ils aimaient ou à faire des activités qu'ils aimaient.

  • Speaker #0

    C'est des discussions que tu as eu l'occasion d'avoir avec des collègues plus âgés ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on en parle plus avec les gens de mon âge entre nous qu'entre générations, même si on en parle un petit peu aussi avec des collègues plus âgés. Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que vous vous dites ? Ça m'intéresse. Entre vous, les générations, sur les autres générations, c'est quoi vos discussions par rapport à ça, par rapport au rapport au travail ? Qu'est-ce que vous discutez ensemble que les plus anciens n'entendent pas ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai pu observer des personnes que je connais depuis très longtemps, qu'il y a une évolution dans notre perception, que quand on était plus jeune, on avait quand même un peu ce côté... En tout cas, pour certains, de vouloir une grande carrière, etc., de monter en grade et d'avoir changé de discours et de se dire finalement, « Ah non, maintenant que je travaille depuis quelques années, les responsabilités, bof, non merci, ou alors je ne suis pas pressée. » Et puis finalement, je n'ai pas tant envie que ça, d'avoir une carrière au sens classique du terme et de continuer à faire ce que je fais, d'évoluer un peu, mais pas tant que ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est de re-questionner aussi la notion de carrière, parce que tu dis la carrière classique. Et c'est vrai qu'on garde encore beaucoup, même si les choses évoluent, je pense. Les entreprises ont aussi un gros, gros travail pour ouvrir et diversifier cette notion de carrière. Mais c'est vrai, dans ce nouveau rapport au travail, dans ces changements de code, la notion de carrière, finalement, elle est très différente par rapport à ce que vous, vous pensez, je dis les jeunes, par rapport aux plus anciens. Tu parlais tout à l'heure, ce que les plus anciens, enfin ton regard, en disant des fois de tout donner, peut-être même de trop donner. Comment toi tu vois les choses ? Comment t'imagines toi ton futur dans les cinq, ton rapport au travail dans les cinq à dix prochaines années ?

  • Speaker #1

    Je m'imaginais faire un métier qui n'existe pas encore aujourd'hui. Je l'espère presque. Il y a quelque chose d'un peu d'excitant par rapport à ça. Flexible en fait et à cheval, je dirais, entre différents domaines. et compétences, j'ai l'impression qu'on s'oriente de plus en plus vers des métiers un peu diversifiés, d'être sur plusieurs métiers en même temps et d'avoir des compétences de métiers très proches et d'avoir une évolution comme ça un petit peu plus horizontale.

  • Speaker #0

    Tu dis ce métier, tu ne sais pas encore à quoi il ressemble, mais si tu avais une image, quelques mots pour nous le décrire, par rapport à ce qui te motive le plus, à quoi il devrait ressembler ? Ce métier ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est difficile de se projeter, mais il est clair que notamment l'intelligence artificielle va probablement changer beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Elle est en train déjà de changer beaucoup de choses, mais ça va s'accélérer encore ?

  • Speaker #1

    Sans aucun doute. Et je trouve que ces 5-10 dernières années, plus 10 dernières années, ça m'a beaucoup marquée de voir cette évolution justement de nouveaux métiers, notamment avec les réseaux sociaux, qui se sont créés d'eux-mêmes, qui n'existaient pas du tout avant. Et j'aime bien cette idée, en fait, de se créer un peu son propre métier, très individuel, qu'on va tous avoir des carrières de plus en plus moins classiques et diversifiées. Mais c'est ça qui va faire notre richesse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Et puis d'avoir des choses, finalement, qu'on construit nous-mêmes et d'avoir cette forte créativité. Je pense que ça, votre génération a cette capacité à amener cette créativité, cette innovation. Est-ce que tu penses que c'est... plus fort la jeune génération que l'ancienne ? Ou là aussi, c'est de nouveau peut-être une idée reçue que j'ai ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression aussi, je pense qu'on est plus ouvert à ces questions et qu'on a justement envie de s'éloigner un petit peu du trop traditionnel, classique. Ça ne veut pas dire qu'il y a quelque chose de mal, et je pense que des personnes de mon âge vont totalement aussi avoir des parcours plus classiques, mais j'ai l'impression qu'on est plus ouvert à changer plus souvent ou tester plus de nouvelles choses.

  • Speaker #0

    Ce que tu nous dis, ta vision et de ton propre rapport au travail aujourd'hui, est-ce que c'est quelque chose que... qui est partagée par tes proches qui ont un peu le même âge que toi ?

  • Speaker #1

    Globalement, je dirais plutôt oui. Après, on a tendance à s'entourer de gens qui nous ressemblent un petit peu, donc ce n'est pas forcément représentatif. Mais oui, on partage toute cette idée que ça ne prenne pas toute la place dans notre vie et de faire des choses qui nous plaisent et puis d'explorer un peu.

  • Speaker #0

    J'aimerais te poser une question aussi par rapport à cette notion du rapport au travail, parce que quand on parle de ça, il y a une terminologie qui revient souvent dans les discussions, c'est la notion du sens. Le besoin de trouver du sens. Si tu devais nous le décrire pour toi, le sens du travail, c'est quoi ta propre définition qui te correspond le plus ?

  • Speaker #1

    Le sens du travail pour moi, c'est de faire quelque chose qui m'épanouit et pour lequel je vois une utilité pour la société de manière générale. D'avoir vraiment l'impression de faire quelque chose qui sert à quelque chose. C'est vraiment important. Je trouve que sinon, on est moins motivé. À quoi bon, finalement ?

  • Speaker #0

    Et on parle beaucoup de cette notion du sens, justement, par rapport aux jeunes générations. Mais finalement, je suis persuadée que tout le monde recherche du sens dans son travail.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi. Je trouve que ça me questionne, justement. J'ai l'impression qu'on nous le reproche un peu trop. Oui, on parlait toujours du sens, etc. Mais ça me paraît assez normal et sain. Et je pense, comme tu dis, que tout le monde recherche ça et que ce n'est pas une mauvaise chose.

  • Speaker #0

    Tu dis, tu as l'impression qu'il y a des reproches, des fois, plutôt des plus anciens. Mais est-ce que... le sens, cette quête de sens, mais une nouvelle fois, je pense que tout le monde en la cherche, j'ose espérer. Est-ce que c'est parce qu'on idéalise peut-être trop le... On pense que les jeunes idéalisent le monde du travail.

  • Speaker #1

    Oui et non.

  • Speaker #0

    Une nouvelle fois, je n'ai pas la réponse, mais je te la pose comme ça.

  • Speaker #1

    Je dirais là encore que c'est important de trouver du sens, mais... Par exemple, je ne pense pas qu'il faut trouver tout le sens de sa vie, de sa mission et de sa grande destinée là-dedans. Parce que c'est un peu illusoire,

  • Speaker #0

    je pense. Et là, quel rôle les entreprises ont à jouer pour justement apporter ? Il n'y a pas que elles qui sont responsables de cette notion du sens, mais quel rôle elles ont à jouer dans cette quête de sens ?

  • Speaker #1

    Je pense de faire preuve de beaucoup de transparence, c'est quelque chose qu'on recherche beaucoup. Et de clarifier vraiment. leur mission, on va dire de manière générale de l'entreprise, mais à tous les niveaux, en fait, au niveau de nos tâches, de comprendre pourquoi on fait ce qu'on fait. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours besoin quand je me lance dans une nouvelle tâche ou un nouveau projet, j'ai besoin de comprendre un peu les tenants et les aboutissants et de voir où on va et de pourquoi on fait ça.

  • Speaker #0

    Et c'est pas parce que t'as besoin de comprendre les tenants et les aboutissants que tu veux pas faire le job.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais ça peut souvent être perçu par justement les plus anciens en disant, s'ils questionnent ça, c'est que euh... c'est qu'est-ce qu'ils ont vraiment envie de le faire ? Et aussi, ce que j'ai déjà eu entendu, ou même ressenti moi-même en tant que responsable d'équipe, finalement, de devoir peut-être se justifier. Et quand tu dis besoin de transparence et de clarifier, c'est aussi tout simplement de communiquer, et pas simplement de dire, de donner une injonction ou un ordre, et puis d'attendre que ça soit fait, et que c'est important d'instaurer un dialogue.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression qu'on recherche beaucoup plus cette communication qui n'est pas... facile et qui n'est pas inné chez tout le monde. Et je pense qu'il ne faut pas l'interpréter comme devoir se justifier. C'est vraiment juste... Le plus on comprend le sens et le but de ce qu'on fait, le mieux on va le faire. Et le mieux on sera dans la direction dans laquelle on va. Ça devient de plus en plus difficile de recevoir entre guillemets un ordre et qu'on nous dise juste... Je ne vois pas l'utilité de remplir des cases dans un tableau Excel pour remplir des cases dans un tableau Excel. Ça ne m'intéresse pas beaucoup. C'est occasionnel, mais si ça devient la tâche principale, c'est pas très stimulant et épanouissant.

  • Speaker #0

    Justement, tu as fait face à cette situation et comment tu l'as gérée ? Ça nous amènera après à parler management, justement.

  • Speaker #1

    Oui, je parle d'expérience. Je me suis très souvent trouvée dans cette situation de ne pas vraiment voir l'utilité de devoir remplir ce tableau Excel. Et comme je disais, si c'est occasionnel, ça nous arrive toujours de faire des tâches plus réparatives, c'est tout à fait normal. Mais quand ça devient la normalité, c'est pesant à terme. Et je trouve que si on doit se juste... Si on ressent le... les plus anciennes générations ressentent trop ce besoin de se justifier, c'est peut-être du coup que ça n'a pas lieu d'être ou qu'il faudrait se remettre en question. S'il y a tant besoin que ça de se justifier, ça devrait tomber sous le sens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est plutôt le fait de se remettre en question et puis peut-être se dire, mais alors on n'a peut-être pas fait bien jusqu'à maintenant. Et ce n'est pas le but de dire c'était bien ou ce n'était pas bien. C'est juste de dire, de requestionner les choses. Et ça, effectivement, je pense que... Et moi, je le rencontre souvent. Et c'est ça que je trouve hyper nourrissant aussi de la part des jeunes. Il y a aussi des anciens qui requestionnent les choses, et c'est très bien. Une nouvelle fois, on ne va pas créer de généralité. Mais c'est ce nouveau regard qui est porté sur les choses, et ça nous oblige à réfléchir, à ne pas simplement faire les choses comme on les a faites pendant X années. Mais ça peut être déstabilisant.

  • Speaker #1

    Je trouve qu'il y a des injonctions paradoxales, parce que quand on est une nouvelle personne qui rejoint une entreprise, on a tendance à nous demander justement d'avoir un regard neuf, frais, encore plus si on est jeune. Finalement, est-ce vraiment écouté ? On fait des suggestions qui ne sont pas forcément entendues, voire ça nous a un peu reproché de trop tout vouloir évolutionner. Donc, il y a un petit peu un paradoxe par rapport à ça.

  • Speaker #0

    T'as l'impression, par rapport à tes expériences, que ça va dans le bon sens, que ça bouge ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Que les lignes, elles bougent ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus normal et que les entreprises se rendent compte de toute façon qu'elles vont être un peu par la force des choses face à nos générations, être obligées de plus faire ça pour...

  • Speaker #0

    Pour qu'on continue à avancer tout simplement et travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es optimiste.

  • Speaker #0

    Oui, toujours.

  • Speaker #1

    Je te propose qu'on évoque les aspects plus... On a décortiqué ces aspects plus relations au travail. Et puis maintenant, d'aller un petit peu sur ces aspects de management. Parce que dans la majorité des entreprises encore, on trouve des managers. Alors, ça peut être les dirigeants, les managers intermédiaires de proximité. Et puis ça, c'est aussi un thème assez central quand on parle de génération, parce qu'on parle aussi beaucoup de management intergénérationnel. Alors, c'est une composante, une nouvelle fois, du rôle du responsable d'équipe. Oui, dans son équipe, il va trouver des personnes qui ont des personnalités différentes. Ce n'est pas uniquement le fait qu'ils sont dans telle ou telle génération qui fait leur différence, mais c'est leur personnalité, c'est leur manière de fonctionner, etc. Et puis, c'est vrai que c'est un rôle qui a toujours été difficile, mais qui est quand même, avec ces dernières années, s'est complexifié encore. le manager surtout intermédiaire qui a des exigences qui a des exigences ou en tout cas des exigences pour répondre aux besoins de ses collaborateurs donc il se situe un peu vraiment au milieu, j'ai un peu tendance toujours à dire cette position un peu sandwich on voit aussi que de moins en moins de jeunes veulent manager, tu disais d'ailleurs tout à l'heure que ce côté classique de prendre des responsabilités, toi c'est pas forcément tu nous diras aussi ta vision des choses mais ... que beaucoup de jeunes se questionnent sur, finalement, est-ce que je veux vraiment des responsabilités ? C'est quoi les responsabilités ? Comment je veux construire ma carrière ? D'ailleurs, il y a eu un sondage en courant 2024 qui a montré que ce sondage sur des managers au Royaume-Uni, que 52% des jeunes actifs de moins de 30 ans, dont tu fais partie d'ailleurs, ne veulent pas devenir manager. Donc, ça questionne là aussi notre rapport au travail, d'une part, mais aussi aux responsabilités. Qu'est-ce que, quand tu entends ce chiffre, que... Ce 52% des jeunes de ta catégorie d'âge ne veulent pas manager. Ça te fait quoi d'entendre ça ?

  • Speaker #0

    Ça ne me surprend pas. Et j'ai l'impression que c'est aussi vrai en Suisse. Et quand je parle avec les gens de mon âge, c'est un petit peu globalement le discours qui ressort. Et je le comprends. Je trouve que souvent, le rôle de manager, il nous est présenté comme un peu ingrat. Et que là encore, on a vu pas mal les générations précédentes un petit peu souffrir. Oui, beaucoup. Vous parlez de leur souffrance à ce poste et je comprends totalement la réticence. J'ai l'impression que les jeunes de mon âge, on se demande est-ce que ça vaut vraiment la peine ? On va dire ce nouveau titre peut-être éventuellement, l'augmentation de salaire qui vient avec, mais est-ce que ça suffit et ça compense la nouvelle charge mentale, tout ce qu'il faut gérer, l'humain ? Et tout le monde ne peut pas et ne veut pas devenir manager selon moi et ce n'est pas une mauvaise chose. Je pense qu'il faut changer le regard qu'on a du rôle du manager et d'arrêter justement de considérer ça comme une promotion, une fin ultime de promotion. Je trouve d'ailleurs que c'est un peu dégradé ce rôle parce que ça laisse sous-entendre qu'une fois qu'on a atteint un certain niveau technique, c'est la suite logique et que comme si tout le monde pouvait avoir ce rôle, et finalement ce n'est pas vrai. Je pense que ça demande des compétences que tout le monde n'a pas. Ça s'apprend bien sûr, mais je pense qu'il y a des personnes qui sont plus faites pour ça que d'autres et sont plus attirées par ce rôle que d'autres. Et qu'il faut un peu donner une nouvelle place à ce rôle.

  • Speaker #1

    Oui, tu mets le doigt finalement aussi sur quelque chose d'important. C'est que tu parlais de carrière tout à l'heure, carrière classique. Effectivement, on est encore très dans cette promotion verticale des responsabilités, où on gravit les échelons et puis que c'est un peu le graal de devenir responsable d'équipe, de manager une équipe. Mais comme tu le dis aussi très justement. C'est pas fait pour tout le monde, même si beaucoup de choses s'apprennent. Mais après, c'est aussi une question d'état d'esprit et puis d'avoir quand même un certain nombre de prérequis. Et d'avoir surtout aussi envie, parce qu'il y en a aussi beaucoup, des fois, qui accèdent à ces postes bien malgré eux.

  • Speaker #0

    Oui, et ça se ressent totalement. En tant qu'employé, on peut immédiatement voir la différence. Et c'est une mauvaise chose des deux côtés, en fait, autant pour le manager que les employés. Finalement, les deux vont souffrir. Donc, c'est un petit peu dommage.

  • Speaker #1

    Quelles sont, toi, tes expériences ? Alors, une nouvelle fois, sans nous. nous donner de noms, mais tes bonnes et tes mauvaises expériences que tu as eues en termes de management, en tant que personne managée ?

  • Speaker #0

    Je suis curieuse de savoir si les expériences un petit peu moyennes, globales existent. Parce que j'ai l'impression que j'ai eu un petit peu beaucoup les deux extrêmes, des très bons managers et d'autres où c'était beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #1

    Pourtant, à bons managers, ou en tout cas, si tu projettes par rapport à, tu dis, j'ai eu des bons managers, qu'est-ce qu'ils avaient de différent ou de particulier qui t'ont... et qu'ils ont réussi à t'embarquer, parce que c'est aussi ça, finalement, un bon manager, c'est celui qui arrive à embarquer ses équipes.

  • Speaker #0

    Une particulièrement bonne expérience que j'ai eue, c'était une manager qui m'a fait confiance dès le début. J'ai envie de dire au fond, autant sur le fond que la forme, qui me laissait être autonome. On a tous des profils différents, mais pour moi, c'est quelque chose d'important. Je savais que je pouvais compter sur elle si j'avais besoin d'aller plus loin, des choses qui dépassaient mes compétences. Mais globalement, elle me laissait faire mon travail. On avait aussi des... Ça, c'est une question d'affinité et ça dépend des rôles hiérarchiques, mais on avait aussi des discussions plus personnelles sur plein de sujets qui allaient au-delà du travail et on s'entendait très bien, donc j'appréciais beaucoup. C'était plein de petites actions qu'elle faisait. Elle me remerciait pour mon travail, elle me félicitait, que ce soit en privé ou même publiquement par rapport à d'autres gens. Je savais que je pouvais me tourner vers elle et lui faire confiance si j'avais besoin d'aide ou qu'elle allait me défendre en cas de besoin ou me soutenir dans les grandes entreprises. C'est parfois quand on a affaire... à d'autres équipes et puis qu'on est dans des boucles infinies de mails qui n'avancent pas. Et on a envie de pouvoir mettre son manager en copie et de se dire, il va prendre les choses en main, il va m'aider et il va intervenir.

  • Speaker #1

    C'est fait que cette question de confiance, qu'elle se traduise vraiment, comme tu dis, dans les petites actions du quotidien, ça c'est hyper important. Et puis, plutôt une moins bonne expérience ou quelque chose qui t'a laissé un peu plus perplexe par rapport au management ?

  • Speaker #0

    Je dirais... deux types de managers qui, j'apprécie pas trop en tout cas, qui ne me conviennent pas. C'est le manager absent qu'on ne voit jamais, c'est-à-dire physiquement mais ni par mail ou quoi que ce soit, qui ne s'intéresse pas à ce qu'on fait, qui n'essaye pas de nous aider à avancer et qui nous explique pas trop et qui nous balance un petit peu comme ça. Le manque de respect aussi. Je me rappelle d'une expérience que j'ai eue où j'étais stagiaire et pendant tout long, la manager que j'avais m'appelait la stagiaire. C'est pas vraiment très agréable, on ne s'en peut pas vraiment respecter. Et il y avait aussi un autre type de manager, c'est ceux qui font le micromanagement. Je trouve ça très difficile à vivre. Et c'est là qu'on voit justement l'absence de confiance dont je parlais avant, c'est l'extrême opposée.

  • Speaker #1

    Et ça se traduisait comment ? Une nouvelle fois sans tomber dans des détails, mais pour peut-être bien comprendre, parce qu'on parle souvent de micromanagement, mais ça se traduisait comment dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Je dirais par exemple que...

  • Speaker #1

    Duh !

  • Speaker #0

    Il faut reformuler des mails parce qu'il faut l'écrire absolument de la même façon que cette personne, alors que selon moi, il y a différentes façons de faire. Ou telle tâche, on la fait de telle façon, en suivant telle chose et on ne peut pas le faire autrement. C'est un peu de devoir tout faire exactement comme cette personne fait et qu'elle ait de la peine à déléguer. C'est un peu déléguer sans déléguer vraiment. On n'a jamais l'impression qu'on peut prendre des choses en main et te mettre d'un projet parce que finalement, la personne est tout le temps là. Elle est quand même toujours là, comme si elle s'en occupait elle-même finalement.

  • Speaker #1

    Et selon toi, c'est quoi aujourd'hui les enjeux ou les défis des entreprises au niveau management ? Mais si on prend le lien avec notre discussion d'aujourd'hui, justement de ces aspects intergénérationnels, est-ce que tu arrives à détecter quels sont les plus gros défis pour les entreprises et les managers en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense justement que c'est une des plus grandes différences qu'on a en génération, c'est notre relation au manager. Et donc, les entreprises et les managers doivent s'adapter. à nos différentes générations et savoir avoir un style différent selon l'âge et la personnalité des employés dans leurs équipes.

  • Speaker #1

    Alors, ça peut être une question d'âge, mais aussi une question de personnalité, de comportement, ce qui est très important par rapport à ce que tu dis, c'est cette faculté d'adaptation aux personnes, et pas est-ce que c'est une personne parce qu'elle est plus jeune. Alors bien sûr, il y a des différences dans la manière de vivre les choses, mais c'est simplement de devoir s'adapter aux personnes.

  • Speaker #0

    Oui, et encore une fois, comme on en parlait tout à l'heure, une des meilleures clés pour ça, c'est la communication. Finalement, d'essayer de ne pas avoir trop de préjugés au jugement. Par exemple, entre notre manager et nous, il peut y avoir une grande différence d'âge ou d'expérience, plutôt que d'avoir des a priori ou des jugements où on se dit qu'on ne comprend pas forcément une façon de travailler ou un comportement, plutôt de demander et d'essayer de comprendre, plutôt que directement dire que ça ne va pas ou porter un jugement négatif.

  • Speaker #1

    Ici, par rapport à ce que j'évoquais tout à l'heure par rapport au sondage, c'est 52% de jeunes actifs de moins de 30 ans qui ne veulent pas du tout prendre de poste à responsabilité, en particulier de manager. Moi, je reste assez convaincue que des managers, il en faut dans les entreprises. Alors, on voit aussi des modèles avec des hiérarchies un petit peu plus plates où il y a moins de managers intermédiaires. Moi, je reste assez persuadée qu'il faut quand même des personnes qui... qui est ce rôle, après effectivement c'est la manière dont il l'occupe ce rôle qui fait toute la différence, mais je reste persuadée du bien fondé d'avoir des managers dans une organisation de travail. Qu'est-ce que les entreprises, parce que si on se fie aux chiffres, et ce n'est pas la seule étude qui montre quand même moins d'attrait pour la fonction de manager, En sachant ça, qu'est-ce que tu conseilleras à une entreprise de faire pour faire regagner un petit peu de positivité à cette fonction ?

  • Speaker #0

    Par exemple, si c'est dans le cadre d'employés qui sont déjà à l'interne et de leur offrir, de leur proposer, de leur demander s'ils veulent être managers ou non, de vraiment s'assurer s'ils en ont envie ou non et si ce n'est pas le cas, de demander pourquoi. Est-ce que c'est vraiment une personne qui est allergique à ça ou peut-être qu'elle a juste peur parce que c'est une chose à laquelle on peut remédier ?

  • Speaker #1

    Ou elle a fait de mauvaises expériences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    En tant que manager.

  • Speaker #0

    De former, parce que j'ai l'impression, depuis toujours ça d'ailleurs, d'entendre les managers qui se plaignent de ne pas être suffisamment formés, d'être dépassés, fatigués, à bout. Je pense également de proposer un accompagnement, que ça soit un peu comme tu fais, du coaching finalement. peut-être d'intégrer ça même plus à l'intérieur des entreprises. J'ai l'impression que les managers se sentent souvent très seuls. Faudrait qu'ils en parlent, qu'ils aillent quelqu'un à qui parler, que ce soit un autre manager, une autre fonction spécialisée, un coach, même un psy, un thérapeute. Mais je pense qu'ils ont besoin d'extérioriser des mesures comme ça et de peut-être leur laisser un peu plus de liberté parce que je trouve que dans les grandes entreprises, c'est très vertical. J'ai vu de très nombreuses fois des managers, comme tu disais, pris en sandwich, et qui, même s'ils n'étaient pas d'accord avec les ordres de plus haut, et qu'ils avaient tendance à rejoindre plus l'avis de leur équipe ou des employés, mais on leur disait non, et puis un peu sans vraie justification, c'est comme ça, et puis voilà, on ne peut rien faire. Et de les voir comme ça, avoir un avis ou une approche différente, mais de ne pas pouvoir la mettre en œuvre, c'est très frustrant, et ça ne donne pas forcément envie.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins. Si on regarde un petit peu, on fait quelques steps en avant et puis qu'on regarde l'avenir. Alors aujourd'hui, c'est déjà demain. J'ai toujours tendance à dire ça. On parlait de comment les lignes bougent, comment les entreprises peuvent faire. Tu parlais aussi de l'optimisme. Il y a quand même des choses qui bougent vraiment dans le bon sens, même s'il y a beaucoup aussi de... On est dans un contexte pour les entreprises qui est très difficile et très complexe. C'est tout. Toi, tu pouvais changer une chose dans le monde du travail, aujourd'hui et demain. Ça serait quoi, avec ton regard de 28 ans ?

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est difficile de choisir une seule chose. Peut-être, je dirais deux choses. Il faut qu'on sorte de cette mentalité, selon moi, de la productivité à tout prix. Il faut absolument qu'on sorte de ça, parce que j'ai l'impression que c'est délétère pour tout le monde. Et que, peu importe notre âge... Tout le monde en souffre et que le travail ne se résume pas juste à ça. Je pense que ce serait la plus grosse, un nouveau paradigme à adopter. Et également un petit peu tous les a priori un peu rapides qu'on a, je ne sais pas, un peu toutes les remarques des personnes qui viennent tôt le matin et du coup qui vont partir plus tôt. Mais on va quand même leur dire, tu prends ton après-midi ou des petites remarques comme ça un petit peu. Ou l'idée de, si on est productif, naturellement, sans trop en faire. et qu'on a fini son travail en 6 heures, est-ce qu'on est vraiment obligé de faire 2 heures de présentéisme ? Pour moi, ça n'a pas de sens. Un peu des espèces de règles tacites comme ça, qui existent depuis longtemps, qui n'ont pas forcément de sens, et que je trouve d'anciennes générations ont moins questionné, ont plus suivi, et que nous, on remet en question. De bousculer un petit peu ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Et si tu avais une minute, d'ailleurs à la HEG, vous avez souvent appris, d'ailleurs moi j'admire toujours vos pitches, Si tu avais une minute pour parler à un directeur d'entreprise, un CEO, qui veut vraiment comprendre ta génération, qu'est-ce que tu lui dirais en une minute ? Alors, tu n'as pas besoin de me le faire en une minute, mais qu'est-ce que tu lui dirais vraiment de manière, voilà, pour le musculer ?

  • Speaker #0

    Je peux faire ça en moins d'une minute même. Je dirais plus de concret et moins de belles paroles, parce que c'est ce qui nous parle le plus à nos générations. On en a marre un petit peu des... J'ai l'impression qu'il y a encore beaucoup d'entreprises qui ont des discours un peu pour faire joli. peut-être pour nous appâter un peu, un peu comme le greenwashing, mais un peu version entreprise. Et on se rend assez vite compte de si c'est vrai ou pas. Et ça peut être souvent une assez grande déception quand même de voir que c'était un petit peu juste des belles paroles. Donc, ce serait plus ça.

  • Speaker #1

    Un exemple de belles paroles que tu as pu voir une nouvelle fois sans trahir de nom, bien évidemment, mais des paroles que... Arrêtez de nous parler de ça, mais agissez comme ça.

  • Speaker #0

    Je dirais... Par exemple, dans la flexibilité, oui, il y aurait des possibilités de télétravail ou de s'organiser comme on veut. Puis en fait, on se retrouve avec un manager qui nous dit non, tu viens à telle heure exactement à tel jour. Et puis le télétravail, pas trop, c'est pas trop mon truc. Moi, je préfère que les gens soient là. Des choses comme ça. En fait, je trouve que c'est mon avis, mais je préfère savoir que j'ai la possibilité de. Et je ne vais même pas forcément l'utiliser. Si je prends par exemple le télétravail, je pense que ça peut être une très bonne chose. Quelques jours par semaine. Je ne l'ai pas toujours eu, mais des fois, c'est une question d'accès de données sensibles, etc. Mais de savoir que je peux avoir l'option, je ne vais même pas forcément l'utiliser, mais je me sens tout de suite mieux. On respire un peu mieux et on a l'impression d'avoir un petit peu plus de contrôle sur comment on s'organise son travail, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et aussi, ce dont on parlait avant, bien sûr, la question du sens, de pourquoi on fait les choses. L'utilité.

  • Speaker #1

    Et puis tout ça avec cohérence, de donner de la cohérence aux choses. Et puis, si tu devais t'adresser, alors en moins d'une minute, puisque tu fais ça très bien en moins d'une minute, je t'admire, à un jeune qui débute sa carrière, quelqu'un de beaucoup plus jeune que toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je dirais justement d'oser apporter ses connaissances et son regard neuf sur les choses, parce que c'est important. même si on n'a pas l'impression que c'est toujours entendu, ça vaut quand même la peine, ne serait-ce que pour gagner en confiance en soi et s'affirmer. Mais je dirais aussi quand même de rester humble. Je pense surtout à des personnes qui ont fait des études et n'ont pas encore travaillé. J'ai eu un peu des retours comme ça de collègues plus âgés qui n'appréciaient pas trop, ou la personne voulait vraiment penser mieux savoir, et voulait vraiment tout révolutionner alors qu'elle n'avait encore jamais travaillé. Je pense qu'il faut quand même Oser un petit peu, mais rester humble et ne pas se dire qu'on sait mieux que tout le monde, c'est un peu plus nuancé. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment une recherche. Oui, c'est nuancé, c'est trouver ce juste équilibre intéressant. Dis donc, tu nous as partagé énormément de choses, Charlotte. Merci infiniment. Et puis, j'ai une dernière question, ou en tout cas pour boucler la boucle de notre échange d'aujourd'hui. S'il y a un seul message, alors une nouvelle fois, c'est très restrictif ce que je demande là, mais que tu aimerais que les personnes qui nous ont écoutées jusqu'au bout, elles... retiennent de cet échange, de ce que tu nous as partagé aujourd'hui ? Ça serait quoi qui te tient le plus à cœur qu'elles retiennent ?

  • Speaker #0

    Que malgré nos différences, on peut très bien travailler tous ensemble, toutes les générations, et qu'il faut continuer à s'écouter, faire un pas l'un vers l'autre et à discuter, et que nos différents âges et cultures sont une richesse et qu'on a beaucoup à s'apporter mutuellement, et que finalement, on travaille ensemble et qu'on a tous envie d'un monde du travail plus idéal et épanouissant. Et donc, en fait, on va tous ensemble vers ce même but. On n'est pas les uns contre les autres. On est dans la même équipe, finalement.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Je te remercie vraiment infiniment pour cet échange. Et je te souhaite vraiment tout le plein de bonheur et d'amour, comme tu l'as partagé en début d'échange, pour la suite.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Et au plaisir de te revoir tout bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a apporté des clés et des inspirations pour avancer dans votre rôle de manager. Si cet épisode vous a plu, pensez à vous abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, venez me retrouver sur LinkedIn pour continuer la discussion. J'adorerais connaître votre point de vue et échanger avec vous. À très vite pour un nouvel épisode d'Entre nous.

Description

Nous parlons beaucoup des jeunes générations, mais souvent à leur place.
Et si nous les écoutions vraiment ? Sincèrement ? Sans a priori ?


Dans cet épisode d’Entre-Nous, on parle management, rapport au travail, et fossé intergénérationnel, en donnant la parole à Charlotte Maillard, 28 ans, jeune professionnelle lucide et engagée, que j’ai eu la chance d’avoir comme étudiante à la Haute École de Gestion de Genève.


✨ Charlotte a un parcours déjà bien rempli : après son baccalauréat, elle part à l'université. 3 ans plus tard, elle s'oriente vers un cursus plus pratique et effectue un apprentissage. Après l'obtention de son Certificat Fédéral de Capacités, elle entreprend, en parallèle d'un emploi, des études en économie d’entreprise et obtient son Bachelor. Charlotte a travaillé dans différents environnements et domaines tels que bancaire et fiduciaire.


Tout au long de notre échange, elle s’interroge avec justesse sur le sens du travail, la posture managériale et les nouvelles attentes de sa génération.


Ce que j’ai aimé chez elle ? Son recul, son bon sens, sa capacité à dialoguer sans chercher à avoir raison.


🎯 Pourquoi les jeunes semblent remettre en question les codes traditionnels du travail et du leadership ?
Parce qu’ils aspirent à un management plus humain, à une gestion d’équipe basée sur la confiance, la flexibilité et le sens.


Dans cette conversation, nous explorons les tensions… mais aussi les ponts possibles entre générations :


✅ Ce que la nouvelle génération attend vraiment : du sens, du feedback, et du respect
Le management version Gen Z : clair, humain, responsabilisant
Boomers vs Millennials : et si on arrêtait la caricature pour parler vrai ?


"Malgré nos différences, toutes les générations peuvent très bien travailler ensemble. Il suffit de s’écouter, de faire un pas l’un vers l’autre, et de reconnaître la richesse de nos expériences. On a beaucoup à s’apporter mutuellement. Finalement, on avance tous vers le même objectif : un monde du travail plus humain et épanouissant."


💡 Vous êtes manager d’une équipe intergénérationnelle ? Vous accompagnez des jeunes dans leur prise de poste ? Cet épisode vous invite à changer de perspective et à mieux comprendre les dynamiques générationnelles dans l’entreprise.


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Transcription

  • Speaker #0

    Manager aujourd'hui, c'est évoluer dans un monde en perpétuel changement, plus rapide, plus incertain, plus exigeant. Face à cette complexité, il n'y a pas de recette toute faite, mais une seule certitude. Un bon manager ne cherche pas la perfection, il apprend, il s'adapte et il ose. Je suis Magali Vanet, coach, consultante et formatrice en management et gestion d'équipe. Entre nous, c'est le podcast qui décrypte avec sincérité et pragmatisme les défis du management. Seul ou accompagné d'invités du terrain, je partage des stratégies, des expériences vécues et des conseils pratiques. Alors ici, pas de théorie abstraite, ni de solution toute faite, mais des clés concrètes et actionnables pour avancer, évoluer et prendre confiance dans son rôle. On parle souvent des jeunes au travail, mais est-ce qu'on prend vraiment le temps de les écouter ? Dans cet épisode, j'ai eu envie de donner la parole à Charlotte Maillard, qui a été l'une de mes étudiantes à la haute école de gestion de Genève. Dans les cours que je dispense, j'adore ces moments d'échange avec les étudiants. Ils me nourrissent. Ils me Ausha et me font voir les choses autrement. Avec Charlotte, on a parlé de ce fameux fossé entre générations. On a parlé du rapport au travail, du management, et surtout de ce qui change concrètement dans les attentes et les façons de vivre le monde professionnel. Aujourd'hui, l'idée de cet échange, ce n'était pas de débattre ou de chercher des vérités, mais simplement d'entendre son point de vue, sincère, nuancé et ancré dans son vécu. À 28 ans, Charlotte a déjà un joli parcours qu'elle questionne avec lucidité. Et j'ai beaucoup aimé son bon sens et sa manière d'aborder les choses avec recul et justesse. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cet échange inspirant. Bonne écoute ! Hello Charlotte, je suis contente de t'accueillir aujourd'hui pour ce nouvel épisode de podcast. Merci d'avoir accepté mon invitation. Ça me fait un petit peu bizarre parce qu'il y a encore une année, tu faisais partie de mes élèves à la HEG à Genève. Et puis, c'est vrai qu'on a eu dans ta classe toujours des discussions assez passionnantes par rapport aux générations. J'avais vraiment envie de t'inviter à partager finalement ta vision des choses. Comment, toi, tu vis dans le monde de l'entreprise la notion intergénérationnelle ? L'idée, ce n'est pas qu'on trouve des réponses toutes faites, mais j'avais envie d'avoir la vision d'une jeune personne active. Tu viens d'avoir 28 ans. Et comment tu le vis dans le monde du travail ? Je te propose de commencer par une question un petit peu provocatrice, si je peux l'exprimer ainsi. Finalement, il y a beaucoup d'idées reçues qu'on entend sur les générations. Alors, on dit que les jeunes, ils seraient moins engagés. qui sont trop exigeants, qui ne veulent plus bosser. Et puis, d'un autre côté, les générations plus anciennes, les boomers, par exemple, ou les X, eux, ils ont plutôt une conception du travail où c'était réussir sa vie passe d'abord par le travail. Alors toi, en fait, finalement, t'en penses quoi de tout ça ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, hello Magali et merci de me recevoir. C'est un plaisir d'être ici. On entre directement dans le vif du sujet. Alors pour moi, je dirais mythe. Je pense que c'est beaucoup plus nuancé que ça. Quand j'entends cette phrase, je ne m'identifie pas à cela. Je pense que ce n'est pas que les jeunes ne veulent plus travailler, mais c'est qu'ils ne veulent plus travailler dans certaines conditions et qu'ils remettent pas mal de choses en question. Et que ça peut un petit peu déranger, mais qu'ils ont toujours envie de faire des choses. En tout cas, c'est mon cas.

  • Speaker #0

    Et tu penses finalement que ces idées reçues, elles viennent d'où ? Parce qu'il y a quand même... Ou des stéréotypes, d'une part, et de l'autre. Après, ce sera aussi intéressant de t'entendre ce que les jeunes pensent sur les plus vieux. Mais tu penses que ça vient d'où, finalement, ces discussions qui sont très récurrentes sur ces aspects générationnels ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça a existé en tout temps. J'ai l'impression que toute génération dit des plus jeunes et des précédentes qu'elles sont un peu bêtes ou qu'elles n'ont rien compris ou qu'elles comprendront plus tard. Maintenant, je pense que par rapport à nous, ça vient peut-être de l'évolution technologique. Peut-être que les anciennes générations se disent que tout est plus facile maintenant, qu'on a plein d'outils qu'ils n'avaient pas avant. Et puis finalement, de quoi on se plaint ? Et puis, ils pensent que c'est peut-être un peu trop facile pour nous. C'est une question. Oui.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ton expérience, tu as ressenti déjà dans tes expériences professionnelles ces idées reçues entre les générations ? C'est quelque chose que tu n'as plutôt pas ressenti ?

  • Speaker #1

    Alors personnellement, je m'entends bien avec toutes les générations et j'ai très souvent été la plus jeune dans toutes les équipes. Et j'ai dû m'habituer à travailler avec des personnes plus âgées allant de 30 ans à 60 ans et même plus en moyenne 50 ans. Donc, je me suis très bien entendue avec eux.

  • Speaker #0

    Et eux avec toi ?

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est mutuel. Par contre, c'est vrai qu'on entend quand même souvent des commentaires, mais même plus dans le cadre familial, ou même à la radio, dans la presse, des choses comme ça. Des petits commentaires où les jeunes, ils pensent qu'aux vacances, ce genre de choses. Ils sont plus fragiles, plus sensibles. Juste un peu, pas mal de commentaires comme ça, des petites piques, un peu sous le ton de la rigolade comme ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu dis, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de l'humour qui est fait et pas forcément quelque chose qui est fortement ancré ?

  • Speaker #1

    Je pense que sous couvert du mot, il y a quand même une part de vérité en général. Je pense qu'il y a un fossé, mais qu'il n'est pas aussi grand qu'on le pense. Et que si on communique tous un petit peu plus, on verra qu'on peut tout à fait très bien s'entendre.

  • Speaker #0

    Et ça, on va y venir. Comment aussi les entreprises, qu'est-ce qu'elles peuvent faire ? Et puis, quels sont les moyens finalement de rapprocher ? Tu parles de fossé, je pense qu'effectivement, il y a quelque chose de l'ordre d'un écart entre les générations. Alors moi, je suis aussi un peu de ton avis. qu'on est plutôt dans quelque chose de l'ordre du mythe que de la réalité. Je te propose de peut-être te présenter en quelques mots avant qu'on continue la discussion. Qu'est-ce que tu aurais envie de nous dire pour te présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlotte, j'ai 28 ans. Un hobby que j'aime beaucoup est la lecture. J'ai donc terminé mes études, mon bachelor en économie d'entreprise, il y a quelques mois maintenant. Et je suis actuellement en transition professionnelle. Et tu noteras et vous noterez que j'ai... J'ai mis un point d'honneur à essayer de ne pas me présenter immédiatement par mon métier, parce que je trouve que c'est une habitude qu'on a un peu tous, toutes générations confondues d'ailleurs. Je ne m'identifie pas par mon métier, du moins peut-être qu'en une toute petite partie. Donc j'essaie de faire attention à ça et de me définir autrement.

  • Speaker #0

    Et tu as complètement raison. D'ailleurs, on en parlait un peu avant de commencer l'enregistrement de cet épisode. Et moi, je suis la première. Des fois, je me dis mais c'est horrible. La première chose que j'ai envie de savoir de quelqu'un, c'est finalement son métier. Là, ça nous renvoie à quelque chose aussi, je pense, culturel. En côtoyant des jeunes comme toi, on se rend compte finalement que c'est un peu des biais qu'on a. Qu'est-ce qui te caractérise le mieux aujourd'hui ? Qu'est-ce qui caractérise le mieux Charlotte ?

  • Speaker #1

    Je dirais justement mes hobbies, ce que j'aime faire et les gens dans ma vie que j'apprécie, avec qui j'ai envie de passer du temps, les activités que j'aime faire, plutôt ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Oui, d'accord. Par rapport à ton parcours, alors, comme tu l'as très justement dit, c'est pas ça qui te caractérise le plus, mais ce qui va peut-être nous amener aussi un petit peu à comprendre les aspects générationnels, enfin, ce dont on va aussi échanger ensemble. Peut-être que tu nous dises en quelques mots, finalement, les grandes étapes de ton parcours jusqu'à maintenant, jusqu'à 28 ans.

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai un parcours, je ne sais pas si on peut dire atypique, il est quand même relativement classique, mais c'est un peu comme si j'avais fait les choses pas dans le bon ordre, on va dire. Donc tout d'abord j'ai fait des études gymnasiales, ce qui correspond au collège pour les jeunes voix qui nous écoutent et le lycée pour les français qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Oui parce que c'est un podcast international, enfin dans la francophonie en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc j'étais plutôt littéraire et dans mes options principales c'était plutôt les langues etc. Je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui, mais à l'époque quand on était dans ce genre de parcours, c'est comme si la seule voix à suivre et la seule chose dont on nous parlait c'était l'université. Il fallait juste choisir la faculté dans laquelle on allait s'inscrire. Mais c'est un peu comme si tout le reste n'existait pas. Et je n'étais pas sûre de ce que je voulais faire, mais je n'osais pas trop sortir du cadre, donc c'était à peu près certain pour moi que j'allais m'inscrire à l'université. Je sais qu'à l'époque, j'avais déjà un petit peu entendu parler des hautes écoles, des bachelors qui peuvent être un petit peu similaires, mais plus pratiques. Je pense que ça devait être des amis d'amis qui faisaient ça, parce que sinon, je n'aurais pas du tout entendu parler. Donc j'avais déjà un petit peu cette idée en tête, mais je n'osais pas trop et je me disais, non, il faudrait quand même aller à l'université. Donc j'hésitais principalement entre droit et HEC. Mais comme j'étais moins mathématique, je me suis plutôt lancée dans le droit. Plusieurs personnes de ma famille d'ailleurs ont fait des études dans le droit. Et d'ailleurs, en allant à un rendez-vous pour l'orientation, on m'avait conseillé le droit. Donc je me suis dit, bon, essayons. Et j'ai fait un semestre, mais je me suis rendue compte assez rapidement que ce n'était pas ce que je voulais faire. J'aime bien ça, mais je me suis rendue compte que je voulais que ce soit intégré dans ce que je fais et pas uniquement ce que je fais. Je me souviens que c'est un cours de droit pénal qui m'a définitivement donné l'envie de partir en courant. Les étudiants en droit reconnaîtront de quoi je parle. Donc, je ne m'étais pas lancée immédiatement en HEC, justement, un peu par la peur d'échouer, la peur d'un échec, vu qu'il y avait un peu tout ce côté mathématiques, statistiques, qui ne sont pas ce que je préfère. Mais j'ai quand même décidé de m'inscrire à la rentrée suivante en HEC, parce que je ne voulais pas avoir le regret de ne pas avoir au moins essayé. Bon, il s'avère que du coup, je n'ai pas réussi, mais je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. C'est d'ailleurs ça qui m'a amenée dans la suite de mon parcours, parce que j'avais un enseignant en comptabilité. qui a, je trouve, su nous transmettre, en tout cas me transmettre, la passion pour son métier. C'était en comptabilité, c'était quelque chose qui ne plaît pas forcément aux gens, mais moi j'ai trouvé un intérêt et je trouvais qu'il rendait ça un petit peu plus marrant que l'idée qu'on peut en avoir de base. C'est comme ça que j'ai décidé ensuite de vraiment m'inscrire à la HEG pour le coup. Et ce qui m'attirait, c'était justement ce côté... D'avoir des plus petites classes, d'être plus proche.

  • Speaker #0

    Par rapport à ce que tu as connu à l'université ? Oui,

  • Speaker #1

    en fait, j'avais de la peine à trouver ma place et je n'aimais pas trop ce côté amphi. On était des centaines d'élèves ensemble et même au regard des professeurs, c'était un peu moins facile d'avoir une discussion. Vraiment, on avait juste un petit temps pour poser des questions. Mais pour entrer à la HEJ, il me fallait plus d'expérience professionnelle. Et donc, au lieu de simplement juste travailler avant de m'inscrire, j'ai eu la possibilité de faire un apprentissage raccourci en deux ans au lieu de trois. avec une partie des cours que je n'avais pas besoin de suivre étant donné mon cursus précédent. Et c'est ce que j'ai décidé de faire. Du coup, on allait en travailler dans une fille d'hier. Et c'est ce que j'ai fait. Et ensuite, je me suis inscrite à la Haute École de Gestion de Genève en économie d'entreprise, en emploi, où j'ai travaillé dans une banque privée. Voilà un peu le parcours.

  • Speaker #0

    Juste peut-être pour préciser, en emploi, c'est un cursus où tu fais tes études durant quatre ans. Tout à fait. Et en même temps, tu travailles presque entre 60 et 80 %, voire des fois plus.

  • Speaker #1

    Oui, en l'occurrence, je travaillais à 80%, 8 ans pour les Vaudois.

  • Speaker #0

    8 ans pour les Vaudois, tu as raison de préciser. Et c'est vrai que c'est un parcours, le cursus haute école de gestion en emploi, c'est un parcours hyper exigeant puisque pendant 4 ans, tu as allié professionnel, un poste dans une entreprise et des études. Donc ça aussi, j'imagine, développer ta résilience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et de l'organisation, c'était quand même... Deux à trois soirs par semaine, après une journée complète de travail, de cours jusqu'à 21h30, et puis encore une journée complète dans les semaines, ce qui n'est pas rien.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup quand tu as commencé à présenter ton parcours, tu as dit, est-ce que c'est quelque chose d'atypique ? Alors une nouvelle fois, aujourd'hui c'est quoi un parcours atypique ? Alors peut-être qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes... Comme toi, on retrouve des parcours finalement. Est-ce qu'il y a une logique dans le parcours ? Tu disais, bon, j'ai peut-être fait les choses à l'envers. Alors ça, c'est peut-être des discours un petit peu ou un regard qui serait porté par les plus anciennes générations. Et c'est vrai, moi, qui ai aussi, quand je recrutais du monde dans mes équipes, on avait des fois tendance à regarder, j'étais la première à avoir tendance à regarder est-ce que c'est un parcours typique, traditionnel ou atypique ? Et ça, je trouve, finalement, aujourd'hui, chaque personne a un parcours. Et qu'est-ce qui fait qu'il est plus atypique que quelqu'un d'autre ? Telle est la question.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus la norme des parcours atypiques. Dans toutes les études que j'ai pu faire, j'ai croisé des personnes de différents âges qui faisaient des reconversions. C'est beaucoup moins linéaire qu'avant, je trouve.

  • Speaker #0

    Et durant ce parcours que tu as fait jusqu'à maintenant, qu'est-ce qui t'a le plus driveé ou bien qu'est-ce qui t'anime le plus jusqu'à aujourd'hui ? Que ce soit dans ton parcours de formation, mais ton parcours professionnel, puisque tu as déjà un certain nombre d'années d'expérience.

  • Speaker #1

    Ce qui a toujours été important pour moi, comme je le présentais au tout début, c'est vraiment d'aimer ce que je fais. J'ai vraiment besoin d'être stimulée et passionnée par ce que je fais, sinon j'ai tendance à m'ennuyer. Donc j'ai toujours un petit peu recherché ça. Et je me suis tournée aussi vers le cursus en économie d'entreprise parce que ça m'intéressait d'avoir une connaissance un peu globale de plein de choses différentes. Je n'avais pas trop envie de me spécialiser. J'avais l'impression d'avoir un peu des lacunes dans trop de choses. Alors que là, maintenant, j'aime beaucoup. On voit quand même des choses très différentes. Autant plus un peu branche dure versus branche plus humaine. J'avais envie d'avoir un peu un profil plus complet comme ça.

  • Speaker #0

    Et quand tu regardes ton parcours, tu regardes un petit peu dans le rétroviseur, de quoi tu es le plus fière ?

  • Speaker #1

    Des rencontres que j'ai faites. C'est ce qui me fait dire que je ne regrette pas du tout, même les échecs ou d'avoir fait, comme je disais, un petit peu peut-être dans le mauvais ordre, entre guillemets, parce que j'ai toujours rencontré des gens super et comme je disais, qui m'ont amenée aux étapes suivantes et c'est le plus important pour moi.

  • Speaker #0

    Je te remercie pour cette présentation et puis qui nous amène, on va maintenant un petit peu zoomer parce que quand on parle de parcours, de parcours professionnel, on parle du travail et je pense que... Aujourd'hui, quand on parle des aspects intergénérationnels, on parle surtout de notre rapport au travail. Et c'est peut-être ça qui nous questionne le plus et qui fait qu'on peut avoir, on parlait d'idées reçues tout à l'heure. Et c'est aussi quelque chose qui m'a passionné, enfin qui me passionne encore, puisque je donne des cours à l'HEG à Genève et que je suis au contact de beaucoup d'étudiants. Et ça me questionne moi-même sur mon propre rapport au travail, sur mon parcours, sur aussi les écarts qu'il y a aujourd'hui entre les attentes des jeunes et les entreprises, comment elles le vivent. Alors, je te propose qu'on zoome un petit peu là-dessus maintenant et puis qu'on essaye de décortiquer un petit peu cette relation au travail. Je pense que les codes aussi changent beaucoup. Alors, qu'est-ce que peut-être tu observes, ce que tu as observé jusqu'à maintenant dans la relation au travail qu'on a avec notre travail ? Comment toi tu le vis et qu'est-ce que tu en observes ?

  • Speaker #1

    Pour ma propre relation, et je pense ma génération, même si c'est toujours dur de généraliser, je reconnais que c'est quelque chose d'important parce qu'on y passe quand même beaucoup de temps par semaine. Mais pour moi, ce n'est pas le but de la vie et ce n'est pas ce par quoi je me définis. Et je pense que c'est quelque chose qui nous permet de grandir et d'évoluer, d'apprendre sur soi et les autres, et sur comment... On se positionne par rapport aux autres et comment on vit avec les autres. Mais c'est qu'un aspect de ma vie et le reste est tout aussi important, en fait, si ce n'est plus, selon les personnes.

  • Speaker #0

    Et ça, tu as pu le vivre, cet écart par rapport peut-être aux générations un peu plus anciennes. Tu dis, c'est un aspect de ma vie, mais pas le but. Et ça, je pense que c'est hyper fort, ce que tu nous dis là. Est-ce que... tu as l'impression que d'autres vont plutôt le vivre complètement à l'inverse ? Ou ils vont le positionner comme un but en soi ?

  • Speaker #1

    De ce que j'ai pu observer, j'ai l'impression que pour des plus anciennes générations, effectivement, ça joue un rôle vraiment plus central et même de valorisation dans leur image qu'ils ont d'eux-mêmes, ça joue un rôle vraiment très important et si ça ne se passe pas bien de ce côté-là, ça peut vite complètement bouleverser toute leur identité. Je pense que c'est moins vrai pour ma génération, par exemple.

  • Speaker #0

    Et comment ta génération, comment toi tu fais justement pour te détacher que le travail, ce n'est pas qu'une question identitaire ? Parce que ce que tu dis, effectivement, je pense qu'on se traduit. Et une nouvelle fois, si je prends mon propre exemple, je me suis pendant très, très longtemps identifiée à mon travail d'abord, avant de m'identifier à ma propre personne, à qui est Magali. C'est aussi à mon... parcours professionnel, une période de chômage que j'ai eue durant mon parcours, qui m'a fait beaucoup me réquestionner, remettre un petit peu de l'ordre dans la place du travail. Mais comment, toi, t'arrives à séparer ou à te dissocier que le travail n'est pas ton identité ?

  • Speaker #1

    Je pense déjà en apprenant à se connaître et en investissant dans les autres parties de sa vie. Et justement, en se rendant compte que si on met tous les œufs dans le même panier, du moment qu'il y a, comme tu en parlais, un coup dur, un... Du chômage ou quelque chose comme ça, il y a tout qui va complètement s'effondrer. Donc, c'est plutôt un peu une recherche d'équilibre. Je pense qu'un bon équilibre entre le personnel et le professionnel et en mettant des limites dans le professionnel que peut-être les anciennes générations n'ont pas réussi ou n'ont pas voulu mettre.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu as pu déjà observer ça, justement, ces différences concrètement en entreprise, avec tes collègues, des personnes qui arrivaient peut-être moins à mettre cette limite. Tu as des exemples ? sans nous donner des noms, bien évidemment, mais ce que toi, tu as pu observer assez concrètement.

  • Speaker #1

    Ce qui me vient à l'esprit, j'ai l'impression que ma génération, on parle souvent, par exemple, des heures supplémentaires. Ça doit être vraiment occasionnel. Alors que j'ai l'impression que pour tes plus anciennes générations, c'était presque plus la norme d'en faire et finalement, sans trop ronchonner et remettre en question. Et c'est comme ça et on le fait. Un peu ce genre de choses dans mon travail.

  • Speaker #0

    Ça me parle, ce que tu dis, effectivement, les heures supplémentaires. Et tu penses que ça vient de quoi, finalement, que c'est devenu, pour les plus anciennes générations, une norme ? Alors que ça devrait rester quelque chose d'exceptionnel ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression peut-être, justement, pour les personnes qui ont eu tendance à trop s'identifier par rapport au travail, et donc qui ont envie de bien faire, en fait, c'est une question du regard des autres ou de soi-même. J'ai l'impression que c'était surtout pour bien faire les choses et faire progresser sa carrière et avancer, et que c'était la meilleure façon d'y arriver dans l'esprit de...

  • Speaker #0

    Le souci, comme tu disais, de le regarder aux autres, donc d'être bien vu, d'avoir de la reconnaissance en disant si je fais des heures sup, si je travaille à fond, je vais avoir peut-être plus de reconnaissance, sans forcément parler de salaire. Mais déjà, la reconnaissance par rapport à comment l'autre nous regarde, comment son chef, sa hiérarchie perçoit.

  • Speaker #1

    Et je crois que nous, les plus jeunes, on s'est rendu compte que ce n'était pas forcément synonyme de meilleur succès, de promotion. En tout cas, que ce n'était pas une garantie. J'ai l'impression qu'on a pu observer un peu des déconvenus. dans des générations précédentes, des déceptions par rapport au monde professionnel. Et on s'est dit, peut-être que finalement, ce n'est pas la clé ou qu'il faut faire un peu différemment.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi ce que tu as observé justement comme des contenus où tu te dis, jamais moi, j'essaierai jamais d'être dans cette dynamique-là ?

  • Speaker #1

    D'avoir vu des personnes un peu qui ont justement tout donné, peut-être trop donné, et qui, même après des années et des années dans une même entreprise, ont été licenciées du jour au lendemain, un peu de façon même brute, où elles ne s'y attendaient pas du tout. ou cette promotion pour laquelle ils travaillaient depuis très très longtemps et puis qu'ils n'ont pas vraiment obtenu ou très tardivement et puis qu'ils se demandaient si vraiment ça en valait la peine ou des regrets exprimés aussi de personnes qui disaient finalement j'aurais peut-être dû passer plus de temps avec mes enfants, ma famille, ce genre de choses. Je trouve qu'on a beaucoup aussi entendu les regrets les plus exprimés des personnes juste avant de mourir, pas pour être glauque mais... Et concrètement personne ne dit jamais... Ah, j'aurais plus dû travailler et tout le monde regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec les gens qu'ils aimaient ou à faire des activités qu'ils aimaient.

  • Speaker #0

    C'est des discussions que tu as eu l'occasion d'avoir avec des collègues plus âgés ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on en parle plus avec les gens de mon âge entre nous qu'entre générations, même si on en parle un petit peu aussi avec des collègues plus âgés. Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que vous vous dites ? Ça m'intéresse. Entre vous, les générations, sur les autres générations, c'est quoi vos discussions par rapport à ça, par rapport au rapport au travail ? Qu'est-ce que vous discutez ensemble que les plus anciens n'entendent pas ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai pu observer des personnes que je connais depuis très longtemps, qu'il y a une évolution dans notre perception, que quand on était plus jeune, on avait quand même un peu ce côté... En tout cas, pour certains, de vouloir une grande carrière, etc., de monter en grade et d'avoir changé de discours et de se dire finalement, « Ah non, maintenant que je travaille depuis quelques années, les responsabilités, bof, non merci, ou alors je ne suis pas pressée. » Et puis finalement, je n'ai pas tant envie que ça, d'avoir une carrière au sens classique du terme et de continuer à faire ce que je fais, d'évoluer un peu, mais pas tant que ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est de re-questionner aussi la notion de carrière, parce que tu dis la carrière classique. Et c'est vrai qu'on garde encore beaucoup, même si les choses évoluent, je pense. Les entreprises ont aussi un gros, gros travail pour ouvrir et diversifier cette notion de carrière. Mais c'est vrai, dans ce nouveau rapport au travail, dans ces changements de code, la notion de carrière, finalement, elle est très différente par rapport à ce que vous, vous pensez, je dis les jeunes, par rapport aux plus anciens. Tu parlais tout à l'heure, ce que les plus anciens, enfin ton regard, en disant des fois de tout donner, peut-être même de trop donner. Comment toi tu vois les choses ? Comment t'imagines toi ton futur dans les cinq, ton rapport au travail dans les cinq à dix prochaines années ?

  • Speaker #1

    Je m'imaginais faire un métier qui n'existe pas encore aujourd'hui. Je l'espère presque. Il y a quelque chose d'un peu d'excitant par rapport à ça. Flexible en fait et à cheval, je dirais, entre différents domaines. et compétences, j'ai l'impression qu'on s'oriente de plus en plus vers des métiers un peu diversifiés, d'être sur plusieurs métiers en même temps et d'avoir des compétences de métiers très proches et d'avoir une évolution comme ça un petit peu plus horizontale.

  • Speaker #0

    Tu dis ce métier, tu ne sais pas encore à quoi il ressemble, mais si tu avais une image, quelques mots pour nous le décrire, par rapport à ce qui te motive le plus, à quoi il devrait ressembler ? Ce métier ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est difficile de se projeter, mais il est clair que notamment l'intelligence artificielle va probablement changer beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Elle est en train déjà de changer beaucoup de choses, mais ça va s'accélérer encore ?

  • Speaker #1

    Sans aucun doute. Et je trouve que ces 5-10 dernières années, plus 10 dernières années, ça m'a beaucoup marquée de voir cette évolution justement de nouveaux métiers, notamment avec les réseaux sociaux, qui se sont créés d'eux-mêmes, qui n'existaient pas du tout avant. Et j'aime bien cette idée, en fait, de se créer un peu son propre métier, très individuel, qu'on va tous avoir des carrières de plus en plus moins classiques et diversifiées. Mais c'est ça qui va faire notre richesse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Et puis d'avoir des choses, finalement, qu'on construit nous-mêmes et d'avoir cette forte créativité. Je pense que ça, votre génération a cette capacité à amener cette créativité, cette innovation. Est-ce que tu penses que c'est... plus fort la jeune génération que l'ancienne ? Ou là aussi, c'est de nouveau peut-être une idée reçue que j'ai ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression aussi, je pense qu'on est plus ouvert à ces questions et qu'on a justement envie de s'éloigner un petit peu du trop traditionnel, classique. Ça ne veut pas dire qu'il y a quelque chose de mal, et je pense que des personnes de mon âge vont totalement aussi avoir des parcours plus classiques, mais j'ai l'impression qu'on est plus ouvert à changer plus souvent ou tester plus de nouvelles choses.

  • Speaker #0

    Ce que tu nous dis, ta vision et de ton propre rapport au travail aujourd'hui, est-ce que c'est quelque chose que... qui est partagée par tes proches qui ont un peu le même âge que toi ?

  • Speaker #1

    Globalement, je dirais plutôt oui. Après, on a tendance à s'entourer de gens qui nous ressemblent un petit peu, donc ce n'est pas forcément représentatif. Mais oui, on partage toute cette idée que ça ne prenne pas toute la place dans notre vie et de faire des choses qui nous plaisent et puis d'explorer un peu.

  • Speaker #0

    J'aimerais te poser une question aussi par rapport à cette notion du rapport au travail, parce que quand on parle de ça, il y a une terminologie qui revient souvent dans les discussions, c'est la notion du sens. Le besoin de trouver du sens. Si tu devais nous le décrire pour toi, le sens du travail, c'est quoi ta propre définition qui te correspond le plus ?

  • Speaker #1

    Le sens du travail pour moi, c'est de faire quelque chose qui m'épanouit et pour lequel je vois une utilité pour la société de manière générale. D'avoir vraiment l'impression de faire quelque chose qui sert à quelque chose. C'est vraiment important. Je trouve que sinon, on est moins motivé. À quoi bon, finalement ?

  • Speaker #0

    Et on parle beaucoup de cette notion du sens, justement, par rapport aux jeunes générations. Mais finalement, je suis persuadée que tout le monde recherche du sens dans son travail.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi. Je trouve que ça me questionne, justement. J'ai l'impression qu'on nous le reproche un peu trop. Oui, on parlait toujours du sens, etc. Mais ça me paraît assez normal et sain. Et je pense, comme tu dis, que tout le monde recherche ça et que ce n'est pas une mauvaise chose.

  • Speaker #0

    Tu dis, tu as l'impression qu'il y a des reproches, des fois, plutôt des plus anciens. Mais est-ce que... le sens, cette quête de sens, mais une nouvelle fois, je pense que tout le monde en la cherche, j'ose espérer. Est-ce que c'est parce qu'on idéalise peut-être trop le... On pense que les jeunes idéalisent le monde du travail.

  • Speaker #1

    Oui et non.

  • Speaker #0

    Une nouvelle fois, je n'ai pas la réponse, mais je te la pose comme ça.

  • Speaker #1

    Je dirais là encore que c'est important de trouver du sens, mais... Par exemple, je ne pense pas qu'il faut trouver tout le sens de sa vie, de sa mission et de sa grande destinée là-dedans. Parce que c'est un peu illusoire,

  • Speaker #0

    je pense. Et là, quel rôle les entreprises ont à jouer pour justement apporter ? Il n'y a pas que elles qui sont responsables de cette notion du sens, mais quel rôle elles ont à jouer dans cette quête de sens ?

  • Speaker #1

    Je pense de faire preuve de beaucoup de transparence, c'est quelque chose qu'on recherche beaucoup. Et de clarifier vraiment. leur mission, on va dire de manière générale de l'entreprise, mais à tous les niveaux, en fait, au niveau de nos tâches, de comprendre pourquoi on fait ce qu'on fait. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours besoin quand je me lance dans une nouvelle tâche ou un nouveau projet, j'ai besoin de comprendre un peu les tenants et les aboutissants et de voir où on va et de pourquoi on fait ça.

  • Speaker #0

    Et c'est pas parce que t'as besoin de comprendre les tenants et les aboutissants que tu veux pas faire le job.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais ça peut souvent être perçu par justement les plus anciens en disant, s'ils questionnent ça, c'est que euh... c'est qu'est-ce qu'ils ont vraiment envie de le faire ? Et aussi, ce que j'ai déjà eu entendu, ou même ressenti moi-même en tant que responsable d'équipe, finalement, de devoir peut-être se justifier. Et quand tu dis besoin de transparence et de clarifier, c'est aussi tout simplement de communiquer, et pas simplement de dire, de donner une injonction ou un ordre, et puis d'attendre que ça soit fait, et que c'est important d'instaurer un dialogue.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression qu'on recherche beaucoup plus cette communication qui n'est pas... facile et qui n'est pas inné chez tout le monde. Et je pense qu'il ne faut pas l'interpréter comme devoir se justifier. C'est vraiment juste... Le plus on comprend le sens et le but de ce qu'on fait, le mieux on va le faire. Et le mieux on sera dans la direction dans laquelle on va. Ça devient de plus en plus difficile de recevoir entre guillemets un ordre et qu'on nous dise juste... Je ne vois pas l'utilité de remplir des cases dans un tableau Excel pour remplir des cases dans un tableau Excel. Ça ne m'intéresse pas beaucoup. C'est occasionnel, mais si ça devient la tâche principale, c'est pas très stimulant et épanouissant.

  • Speaker #0

    Justement, tu as fait face à cette situation et comment tu l'as gérée ? Ça nous amènera après à parler management, justement.

  • Speaker #1

    Oui, je parle d'expérience. Je me suis très souvent trouvée dans cette situation de ne pas vraiment voir l'utilité de devoir remplir ce tableau Excel. Et comme je disais, si c'est occasionnel, ça nous arrive toujours de faire des tâches plus réparatives, c'est tout à fait normal. Mais quand ça devient la normalité, c'est pesant à terme. Et je trouve que si on doit se juste... Si on ressent le... les plus anciennes générations ressentent trop ce besoin de se justifier, c'est peut-être du coup que ça n'a pas lieu d'être ou qu'il faudrait se remettre en question. S'il y a tant besoin que ça de se justifier, ça devrait tomber sous le sens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est plutôt le fait de se remettre en question et puis peut-être se dire, mais alors on n'a peut-être pas fait bien jusqu'à maintenant. Et ce n'est pas le but de dire c'était bien ou ce n'était pas bien. C'est juste de dire, de requestionner les choses. Et ça, effectivement, je pense que... Et moi, je le rencontre souvent. Et c'est ça que je trouve hyper nourrissant aussi de la part des jeunes. Il y a aussi des anciens qui requestionnent les choses, et c'est très bien. Une nouvelle fois, on ne va pas créer de généralité. Mais c'est ce nouveau regard qui est porté sur les choses, et ça nous oblige à réfléchir, à ne pas simplement faire les choses comme on les a faites pendant X années. Mais ça peut être déstabilisant.

  • Speaker #1

    Je trouve qu'il y a des injonctions paradoxales, parce que quand on est une nouvelle personne qui rejoint une entreprise, on a tendance à nous demander justement d'avoir un regard neuf, frais, encore plus si on est jeune. Finalement, est-ce vraiment écouté ? On fait des suggestions qui ne sont pas forcément entendues, voire ça nous a un peu reproché de trop tout vouloir évolutionner. Donc, il y a un petit peu un paradoxe par rapport à ça.

  • Speaker #0

    T'as l'impression, par rapport à tes expériences, que ça va dans le bon sens, que ça bouge ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Que les lignes, elles bougent ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus normal et que les entreprises se rendent compte de toute façon qu'elles vont être un peu par la force des choses face à nos générations, être obligées de plus faire ça pour...

  • Speaker #0

    Pour qu'on continue à avancer tout simplement et travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es optimiste.

  • Speaker #0

    Oui, toujours.

  • Speaker #1

    Je te propose qu'on évoque les aspects plus... On a décortiqué ces aspects plus relations au travail. Et puis maintenant, d'aller un petit peu sur ces aspects de management. Parce que dans la majorité des entreprises encore, on trouve des managers. Alors, ça peut être les dirigeants, les managers intermédiaires de proximité. Et puis ça, c'est aussi un thème assez central quand on parle de génération, parce qu'on parle aussi beaucoup de management intergénérationnel. Alors, c'est une composante, une nouvelle fois, du rôle du responsable d'équipe. Oui, dans son équipe, il va trouver des personnes qui ont des personnalités différentes. Ce n'est pas uniquement le fait qu'ils sont dans telle ou telle génération qui fait leur différence, mais c'est leur personnalité, c'est leur manière de fonctionner, etc. Et puis, c'est vrai que c'est un rôle qui a toujours été difficile, mais qui est quand même, avec ces dernières années, s'est complexifié encore. le manager surtout intermédiaire qui a des exigences qui a des exigences ou en tout cas des exigences pour répondre aux besoins de ses collaborateurs donc il se situe un peu vraiment au milieu, j'ai un peu tendance toujours à dire cette position un peu sandwich on voit aussi que de moins en moins de jeunes veulent manager, tu disais d'ailleurs tout à l'heure que ce côté classique de prendre des responsabilités, toi c'est pas forcément tu nous diras aussi ta vision des choses mais ... que beaucoup de jeunes se questionnent sur, finalement, est-ce que je veux vraiment des responsabilités ? C'est quoi les responsabilités ? Comment je veux construire ma carrière ? D'ailleurs, il y a eu un sondage en courant 2024 qui a montré que ce sondage sur des managers au Royaume-Uni, que 52% des jeunes actifs de moins de 30 ans, dont tu fais partie d'ailleurs, ne veulent pas devenir manager. Donc, ça questionne là aussi notre rapport au travail, d'une part, mais aussi aux responsabilités. Qu'est-ce que, quand tu entends ce chiffre, que... Ce 52% des jeunes de ta catégorie d'âge ne veulent pas manager. Ça te fait quoi d'entendre ça ?

  • Speaker #0

    Ça ne me surprend pas. Et j'ai l'impression que c'est aussi vrai en Suisse. Et quand je parle avec les gens de mon âge, c'est un petit peu globalement le discours qui ressort. Et je le comprends. Je trouve que souvent, le rôle de manager, il nous est présenté comme un peu ingrat. Et que là encore, on a vu pas mal les générations précédentes un petit peu souffrir. Oui, beaucoup. Vous parlez de leur souffrance à ce poste et je comprends totalement la réticence. J'ai l'impression que les jeunes de mon âge, on se demande est-ce que ça vaut vraiment la peine ? On va dire ce nouveau titre peut-être éventuellement, l'augmentation de salaire qui vient avec, mais est-ce que ça suffit et ça compense la nouvelle charge mentale, tout ce qu'il faut gérer, l'humain ? Et tout le monde ne peut pas et ne veut pas devenir manager selon moi et ce n'est pas une mauvaise chose. Je pense qu'il faut changer le regard qu'on a du rôle du manager et d'arrêter justement de considérer ça comme une promotion, une fin ultime de promotion. Je trouve d'ailleurs que c'est un peu dégradé ce rôle parce que ça laisse sous-entendre qu'une fois qu'on a atteint un certain niveau technique, c'est la suite logique et que comme si tout le monde pouvait avoir ce rôle, et finalement ce n'est pas vrai. Je pense que ça demande des compétences que tout le monde n'a pas. Ça s'apprend bien sûr, mais je pense qu'il y a des personnes qui sont plus faites pour ça que d'autres et sont plus attirées par ce rôle que d'autres. Et qu'il faut un peu donner une nouvelle place à ce rôle.

  • Speaker #1

    Oui, tu mets le doigt finalement aussi sur quelque chose d'important. C'est que tu parlais de carrière tout à l'heure, carrière classique. Effectivement, on est encore très dans cette promotion verticale des responsabilités, où on gravit les échelons et puis que c'est un peu le graal de devenir responsable d'équipe, de manager une équipe. Mais comme tu le dis aussi très justement. C'est pas fait pour tout le monde, même si beaucoup de choses s'apprennent. Mais après, c'est aussi une question d'état d'esprit et puis d'avoir quand même un certain nombre de prérequis. Et d'avoir surtout aussi envie, parce qu'il y en a aussi beaucoup, des fois, qui accèdent à ces postes bien malgré eux.

  • Speaker #0

    Oui, et ça se ressent totalement. En tant qu'employé, on peut immédiatement voir la différence. Et c'est une mauvaise chose des deux côtés, en fait, autant pour le manager que les employés. Finalement, les deux vont souffrir. Donc, c'est un petit peu dommage.

  • Speaker #1

    Quelles sont, toi, tes expériences ? Alors, une nouvelle fois, sans nous. nous donner de noms, mais tes bonnes et tes mauvaises expériences que tu as eues en termes de management, en tant que personne managée ?

  • Speaker #0

    Je suis curieuse de savoir si les expériences un petit peu moyennes, globales existent. Parce que j'ai l'impression que j'ai eu un petit peu beaucoup les deux extrêmes, des très bons managers et d'autres où c'était beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #1

    Pourtant, à bons managers, ou en tout cas, si tu projettes par rapport à, tu dis, j'ai eu des bons managers, qu'est-ce qu'ils avaient de différent ou de particulier qui t'ont... et qu'ils ont réussi à t'embarquer, parce que c'est aussi ça, finalement, un bon manager, c'est celui qui arrive à embarquer ses équipes.

  • Speaker #0

    Une particulièrement bonne expérience que j'ai eue, c'était une manager qui m'a fait confiance dès le début. J'ai envie de dire au fond, autant sur le fond que la forme, qui me laissait être autonome. On a tous des profils différents, mais pour moi, c'est quelque chose d'important. Je savais que je pouvais compter sur elle si j'avais besoin d'aller plus loin, des choses qui dépassaient mes compétences. Mais globalement, elle me laissait faire mon travail. On avait aussi des... Ça, c'est une question d'affinité et ça dépend des rôles hiérarchiques, mais on avait aussi des discussions plus personnelles sur plein de sujets qui allaient au-delà du travail et on s'entendait très bien, donc j'appréciais beaucoup. C'était plein de petites actions qu'elle faisait. Elle me remerciait pour mon travail, elle me félicitait, que ce soit en privé ou même publiquement par rapport à d'autres gens. Je savais que je pouvais me tourner vers elle et lui faire confiance si j'avais besoin d'aide ou qu'elle allait me défendre en cas de besoin ou me soutenir dans les grandes entreprises. C'est parfois quand on a affaire... à d'autres équipes et puis qu'on est dans des boucles infinies de mails qui n'avancent pas. Et on a envie de pouvoir mettre son manager en copie et de se dire, il va prendre les choses en main, il va m'aider et il va intervenir.

  • Speaker #1

    C'est fait que cette question de confiance, qu'elle se traduise vraiment, comme tu dis, dans les petites actions du quotidien, ça c'est hyper important. Et puis, plutôt une moins bonne expérience ou quelque chose qui t'a laissé un peu plus perplexe par rapport au management ?

  • Speaker #0

    Je dirais... deux types de managers qui, j'apprécie pas trop en tout cas, qui ne me conviennent pas. C'est le manager absent qu'on ne voit jamais, c'est-à-dire physiquement mais ni par mail ou quoi que ce soit, qui ne s'intéresse pas à ce qu'on fait, qui n'essaye pas de nous aider à avancer et qui nous explique pas trop et qui nous balance un petit peu comme ça. Le manque de respect aussi. Je me rappelle d'une expérience que j'ai eue où j'étais stagiaire et pendant tout long, la manager que j'avais m'appelait la stagiaire. C'est pas vraiment très agréable, on ne s'en peut pas vraiment respecter. Et il y avait aussi un autre type de manager, c'est ceux qui font le micromanagement. Je trouve ça très difficile à vivre. Et c'est là qu'on voit justement l'absence de confiance dont je parlais avant, c'est l'extrême opposée.

  • Speaker #1

    Et ça se traduisait comment ? Une nouvelle fois sans tomber dans des détails, mais pour peut-être bien comprendre, parce qu'on parle souvent de micromanagement, mais ça se traduisait comment dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Je dirais par exemple que...

  • Speaker #1

    Duh !

  • Speaker #0

    Il faut reformuler des mails parce qu'il faut l'écrire absolument de la même façon que cette personne, alors que selon moi, il y a différentes façons de faire. Ou telle tâche, on la fait de telle façon, en suivant telle chose et on ne peut pas le faire autrement. C'est un peu de devoir tout faire exactement comme cette personne fait et qu'elle ait de la peine à déléguer. C'est un peu déléguer sans déléguer vraiment. On n'a jamais l'impression qu'on peut prendre des choses en main et te mettre d'un projet parce que finalement, la personne est tout le temps là. Elle est quand même toujours là, comme si elle s'en occupait elle-même finalement.

  • Speaker #1

    Et selon toi, c'est quoi aujourd'hui les enjeux ou les défis des entreprises au niveau management ? Mais si on prend le lien avec notre discussion d'aujourd'hui, justement de ces aspects intergénérationnels, est-ce que tu arrives à détecter quels sont les plus gros défis pour les entreprises et les managers en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense justement que c'est une des plus grandes différences qu'on a en génération, c'est notre relation au manager. Et donc, les entreprises et les managers doivent s'adapter. à nos différentes générations et savoir avoir un style différent selon l'âge et la personnalité des employés dans leurs équipes.

  • Speaker #1

    Alors, ça peut être une question d'âge, mais aussi une question de personnalité, de comportement, ce qui est très important par rapport à ce que tu dis, c'est cette faculté d'adaptation aux personnes, et pas est-ce que c'est une personne parce qu'elle est plus jeune. Alors bien sûr, il y a des différences dans la manière de vivre les choses, mais c'est simplement de devoir s'adapter aux personnes.

  • Speaker #0

    Oui, et encore une fois, comme on en parlait tout à l'heure, une des meilleures clés pour ça, c'est la communication. Finalement, d'essayer de ne pas avoir trop de préjugés au jugement. Par exemple, entre notre manager et nous, il peut y avoir une grande différence d'âge ou d'expérience, plutôt que d'avoir des a priori ou des jugements où on se dit qu'on ne comprend pas forcément une façon de travailler ou un comportement, plutôt de demander et d'essayer de comprendre, plutôt que directement dire que ça ne va pas ou porter un jugement négatif.

  • Speaker #1

    Ici, par rapport à ce que j'évoquais tout à l'heure par rapport au sondage, c'est 52% de jeunes actifs de moins de 30 ans qui ne veulent pas du tout prendre de poste à responsabilité, en particulier de manager. Moi, je reste assez convaincue que des managers, il en faut dans les entreprises. Alors, on voit aussi des modèles avec des hiérarchies un petit peu plus plates où il y a moins de managers intermédiaires. Moi, je reste assez persuadée qu'il faut quand même des personnes qui... qui est ce rôle, après effectivement c'est la manière dont il l'occupe ce rôle qui fait toute la différence, mais je reste persuadée du bien fondé d'avoir des managers dans une organisation de travail. Qu'est-ce que les entreprises, parce que si on se fie aux chiffres, et ce n'est pas la seule étude qui montre quand même moins d'attrait pour la fonction de manager, En sachant ça, qu'est-ce que tu conseilleras à une entreprise de faire pour faire regagner un petit peu de positivité à cette fonction ?

  • Speaker #0

    Par exemple, si c'est dans le cadre d'employés qui sont déjà à l'interne et de leur offrir, de leur proposer, de leur demander s'ils veulent être managers ou non, de vraiment s'assurer s'ils en ont envie ou non et si ce n'est pas le cas, de demander pourquoi. Est-ce que c'est vraiment une personne qui est allergique à ça ou peut-être qu'elle a juste peur parce que c'est une chose à laquelle on peut remédier ?

  • Speaker #1

    Ou elle a fait de mauvaises expériences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    En tant que manager.

  • Speaker #0

    De former, parce que j'ai l'impression, depuis toujours ça d'ailleurs, d'entendre les managers qui se plaignent de ne pas être suffisamment formés, d'être dépassés, fatigués, à bout. Je pense également de proposer un accompagnement, que ça soit un peu comme tu fais, du coaching finalement. peut-être d'intégrer ça même plus à l'intérieur des entreprises. J'ai l'impression que les managers se sentent souvent très seuls. Faudrait qu'ils en parlent, qu'ils aillent quelqu'un à qui parler, que ce soit un autre manager, une autre fonction spécialisée, un coach, même un psy, un thérapeute. Mais je pense qu'ils ont besoin d'extérioriser des mesures comme ça et de peut-être leur laisser un peu plus de liberté parce que je trouve que dans les grandes entreprises, c'est très vertical. J'ai vu de très nombreuses fois des managers, comme tu disais, pris en sandwich, et qui, même s'ils n'étaient pas d'accord avec les ordres de plus haut, et qu'ils avaient tendance à rejoindre plus l'avis de leur équipe ou des employés, mais on leur disait non, et puis un peu sans vraie justification, c'est comme ça, et puis voilà, on ne peut rien faire. Et de les voir comme ça, avoir un avis ou une approche différente, mais de ne pas pouvoir la mettre en œuvre, c'est très frustrant, et ça ne donne pas forcément envie.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins. Si on regarde un petit peu, on fait quelques steps en avant et puis qu'on regarde l'avenir. Alors aujourd'hui, c'est déjà demain. J'ai toujours tendance à dire ça. On parlait de comment les lignes bougent, comment les entreprises peuvent faire. Tu parlais aussi de l'optimisme. Il y a quand même des choses qui bougent vraiment dans le bon sens, même s'il y a beaucoup aussi de... On est dans un contexte pour les entreprises qui est très difficile et très complexe. C'est tout. Toi, tu pouvais changer une chose dans le monde du travail, aujourd'hui et demain. Ça serait quoi, avec ton regard de 28 ans ?

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est difficile de choisir une seule chose. Peut-être, je dirais deux choses. Il faut qu'on sorte de cette mentalité, selon moi, de la productivité à tout prix. Il faut absolument qu'on sorte de ça, parce que j'ai l'impression que c'est délétère pour tout le monde. Et que, peu importe notre âge... Tout le monde en souffre et que le travail ne se résume pas juste à ça. Je pense que ce serait la plus grosse, un nouveau paradigme à adopter. Et également un petit peu tous les a priori un peu rapides qu'on a, je ne sais pas, un peu toutes les remarques des personnes qui viennent tôt le matin et du coup qui vont partir plus tôt. Mais on va quand même leur dire, tu prends ton après-midi ou des petites remarques comme ça un petit peu. Ou l'idée de, si on est productif, naturellement, sans trop en faire. et qu'on a fini son travail en 6 heures, est-ce qu'on est vraiment obligé de faire 2 heures de présentéisme ? Pour moi, ça n'a pas de sens. Un peu des espèces de règles tacites comme ça, qui existent depuis longtemps, qui n'ont pas forcément de sens, et que je trouve d'anciennes générations ont moins questionné, ont plus suivi, et que nous, on remet en question. De bousculer un petit peu ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Et si tu avais une minute, d'ailleurs à la HEG, vous avez souvent appris, d'ailleurs moi j'admire toujours vos pitches, Si tu avais une minute pour parler à un directeur d'entreprise, un CEO, qui veut vraiment comprendre ta génération, qu'est-ce que tu lui dirais en une minute ? Alors, tu n'as pas besoin de me le faire en une minute, mais qu'est-ce que tu lui dirais vraiment de manière, voilà, pour le musculer ?

  • Speaker #0

    Je peux faire ça en moins d'une minute même. Je dirais plus de concret et moins de belles paroles, parce que c'est ce qui nous parle le plus à nos générations. On en a marre un petit peu des... J'ai l'impression qu'il y a encore beaucoup d'entreprises qui ont des discours un peu pour faire joli. peut-être pour nous appâter un peu, un peu comme le greenwashing, mais un peu version entreprise. Et on se rend assez vite compte de si c'est vrai ou pas. Et ça peut être souvent une assez grande déception quand même de voir que c'était un petit peu juste des belles paroles. Donc, ce serait plus ça.

  • Speaker #1

    Un exemple de belles paroles que tu as pu voir une nouvelle fois sans trahir de nom, bien évidemment, mais des paroles que... Arrêtez de nous parler de ça, mais agissez comme ça.

  • Speaker #0

    Je dirais... Par exemple, dans la flexibilité, oui, il y aurait des possibilités de télétravail ou de s'organiser comme on veut. Puis en fait, on se retrouve avec un manager qui nous dit non, tu viens à telle heure exactement à tel jour. Et puis le télétravail, pas trop, c'est pas trop mon truc. Moi, je préfère que les gens soient là. Des choses comme ça. En fait, je trouve que c'est mon avis, mais je préfère savoir que j'ai la possibilité de. Et je ne vais même pas forcément l'utiliser. Si je prends par exemple le télétravail, je pense que ça peut être une très bonne chose. Quelques jours par semaine. Je ne l'ai pas toujours eu, mais des fois, c'est une question d'accès de données sensibles, etc. Mais de savoir que je peux avoir l'option, je ne vais même pas forcément l'utiliser, mais je me sens tout de suite mieux. On respire un peu mieux et on a l'impression d'avoir un petit peu plus de contrôle sur comment on s'organise son travail, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et aussi, ce dont on parlait avant, bien sûr, la question du sens, de pourquoi on fait les choses. L'utilité.

  • Speaker #1

    Et puis tout ça avec cohérence, de donner de la cohérence aux choses. Et puis, si tu devais t'adresser, alors en moins d'une minute, puisque tu fais ça très bien en moins d'une minute, je t'admire, à un jeune qui débute sa carrière, quelqu'un de beaucoup plus jeune que toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je dirais justement d'oser apporter ses connaissances et son regard neuf sur les choses, parce que c'est important. même si on n'a pas l'impression que c'est toujours entendu, ça vaut quand même la peine, ne serait-ce que pour gagner en confiance en soi et s'affirmer. Mais je dirais aussi quand même de rester humble. Je pense surtout à des personnes qui ont fait des études et n'ont pas encore travaillé. J'ai eu un peu des retours comme ça de collègues plus âgés qui n'appréciaient pas trop, ou la personne voulait vraiment penser mieux savoir, et voulait vraiment tout révolutionner alors qu'elle n'avait encore jamais travaillé. Je pense qu'il faut quand même Oser un petit peu, mais rester humble et ne pas se dire qu'on sait mieux que tout le monde, c'est un peu plus nuancé. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment une recherche. Oui, c'est nuancé, c'est trouver ce juste équilibre intéressant. Dis donc, tu nous as partagé énormément de choses, Charlotte. Merci infiniment. Et puis, j'ai une dernière question, ou en tout cas pour boucler la boucle de notre échange d'aujourd'hui. S'il y a un seul message, alors une nouvelle fois, c'est très restrictif ce que je demande là, mais que tu aimerais que les personnes qui nous ont écoutées jusqu'au bout, elles... retiennent de cet échange, de ce que tu nous as partagé aujourd'hui ? Ça serait quoi qui te tient le plus à cœur qu'elles retiennent ?

  • Speaker #0

    Que malgré nos différences, on peut très bien travailler tous ensemble, toutes les générations, et qu'il faut continuer à s'écouter, faire un pas l'un vers l'autre et à discuter, et que nos différents âges et cultures sont une richesse et qu'on a beaucoup à s'apporter mutuellement, et que finalement, on travaille ensemble et qu'on a tous envie d'un monde du travail plus idéal et épanouissant. Et donc, en fait, on va tous ensemble vers ce même but. On n'est pas les uns contre les autres. On est dans la même équipe, finalement.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Je te remercie vraiment infiniment pour cet échange. Et je te souhaite vraiment tout le plein de bonheur et d'amour, comme tu l'as partagé en début d'échange, pour la suite.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Et au plaisir de te revoir tout bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a apporté des clés et des inspirations pour avancer dans votre rôle de manager. Si cet épisode vous a plu, pensez à vous abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, venez me retrouver sur LinkedIn pour continuer la discussion. J'adorerais connaître votre point de vue et échanger avec vous. À très vite pour un nouvel épisode d'Entre nous.

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Description

Nous parlons beaucoup des jeunes générations, mais souvent à leur place.
Et si nous les écoutions vraiment ? Sincèrement ? Sans a priori ?


Dans cet épisode d’Entre-Nous, on parle management, rapport au travail, et fossé intergénérationnel, en donnant la parole à Charlotte Maillard, 28 ans, jeune professionnelle lucide et engagée, que j’ai eu la chance d’avoir comme étudiante à la Haute École de Gestion de Genève.


✨ Charlotte a un parcours déjà bien rempli : après son baccalauréat, elle part à l'université. 3 ans plus tard, elle s'oriente vers un cursus plus pratique et effectue un apprentissage. Après l'obtention de son Certificat Fédéral de Capacités, elle entreprend, en parallèle d'un emploi, des études en économie d’entreprise et obtient son Bachelor. Charlotte a travaillé dans différents environnements et domaines tels que bancaire et fiduciaire.


Tout au long de notre échange, elle s’interroge avec justesse sur le sens du travail, la posture managériale et les nouvelles attentes de sa génération.


Ce que j’ai aimé chez elle ? Son recul, son bon sens, sa capacité à dialoguer sans chercher à avoir raison.


🎯 Pourquoi les jeunes semblent remettre en question les codes traditionnels du travail et du leadership ?
Parce qu’ils aspirent à un management plus humain, à une gestion d’équipe basée sur la confiance, la flexibilité et le sens.


Dans cette conversation, nous explorons les tensions… mais aussi les ponts possibles entre générations :


✅ Ce que la nouvelle génération attend vraiment : du sens, du feedback, et du respect
Le management version Gen Z : clair, humain, responsabilisant
Boomers vs Millennials : et si on arrêtait la caricature pour parler vrai ?


"Malgré nos différences, toutes les générations peuvent très bien travailler ensemble. Il suffit de s’écouter, de faire un pas l’un vers l’autre, et de reconnaître la richesse de nos expériences. On a beaucoup à s’apporter mutuellement. Finalement, on avance tous vers le même objectif : un monde du travail plus humain et épanouissant."


💡 Vous êtes manager d’une équipe intergénérationnelle ? Vous accompagnez des jeunes dans leur prise de poste ? Cet épisode vous invite à changer de perspective et à mieux comprendre les dynamiques générationnelles dans l’entreprise.


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Transcription

  • Speaker #0

    Manager aujourd'hui, c'est évoluer dans un monde en perpétuel changement, plus rapide, plus incertain, plus exigeant. Face à cette complexité, il n'y a pas de recette toute faite, mais une seule certitude. Un bon manager ne cherche pas la perfection, il apprend, il s'adapte et il ose. Je suis Magali Vanet, coach, consultante et formatrice en management et gestion d'équipe. Entre nous, c'est le podcast qui décrypte avec sincérité et pragmatisme les défis du management. Seul ou accompagné d'invités du terrain, je partage des stratégies, des expériences vécues et des conseils pratiques. Alors ici, pas de théorie abstraite, ni de solution toute faite, mais des clés concrètes et actionnables pour avancer, évoluer et prendre confiance dans son rôle. On parle souvent des jeunes au travail, mais est-ce qu'on prend vraiment le temps de les écouter ? Dans cet épisode, j'ai eu envie de donner la parole à Charlotte Maillard, qui a été l'une de mes étudiantes à la haute école de gestion de Genève. Dans les cours que je dispense, j'adore ces moments d'échange avec les étudiants. Ils me nourrissent. Ils me Ausha et me font voir les choses autrement. Avec Charlotte, on a parlé de ce fameux fossé entre générations. On a parlé du rapport au travail, du management, et surtout de ce qui change concrètement dans les attentes et les façons de vivre le monde professionnel. Aujourd'hui, l'idée de cet échange, ce n'était pas de débattre ou de chercher des vérités, mais simplement d'entendre son point de vue, sincère, nuancé et ancré dans son vécu. À 28 ans, Charlotte a déjà un joli parcours qu'elle questionne avec lucidité. Et j'ai beaucoup aimé son bon sens et sa manière d'aborder les choses avec recul et justesse. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cet échange inspirant. Bonne écoute ! Hello Charlotte, je suis contente de t'accueillir aujourd'hui pour ce nouvel épisode de podcast. Merci d'avoir accepté mon invitation. Ça me fait un petit peu bizarre parce qu'il y a encore une année, tu faisais partie de mes élèves à la HEG à Genève. Et puis, c'est vrai qu'on a eu dans ta classe toujours des discussions assez passionnantes par rapport aux générations. J'avais vraiment envie de t'inviter à partager finalement ta vision des choses. Comment, toi, tu vis dans le monde de l'entreprise la notion intergénérationnelle ? L'idée, ce n'est pas qu'on trouve des réponses toutes faites, mais j'avais envie d'avoir la vision d'une jeune personne active. Tu viens d'avoir 28 ans. Et comment tu le vis dans le monde du travail ? Je te propose de commencer par une question un petit peu provocatrice, si je peux l'exprimer ainsi. Finalement, il y a beaucoup d'idées reçues qu'on entend sur les générations. Alors, on dit que les jeunes, ils seraient moins engagés. qui sont trop exigeants, qui ne veulent plus bosser. Et puis, d'un autre côté, les générations plus anciennes, les boomers, par exemple, ou les X, eux, ils ont plutôt une conception du travail où c'était réussir sa vie passe d'abord par le travail. Alors toi, en fait, finalement, t'en penses quoi de tout ça ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, hello Magali et merci de me recevoir. C'est un plaisir d'être ici. On entre directement dans le vif du sujet. Alors pour moi, je dirais mythe. Je pense que c'est beaucoup plus nuancé que ça. Quand j'entends cette phrase, je ne m'identifie pas à cela. Je pense que ce n'est pas que les jeunes ne veulent plus travailler, mais c'est qu'ils ne veulent plus travailler dans certaines conditions et qu'ils remettent pas mal de choses en question. Et que ça peut un petit peu déranger, mais qu'ils ont toujours envie de faire des choses. En tout cas, c'est mon cas.

  • Speaker #0

    Et tu penses finalement que ces idées reçues, elles viennent d'où ? Parce qu'il y a quand même... Ou des stéréotypes, d'une part, et de l'autre. Après, ce sera aussi intéressant de t'entendre ce que les jeunes pensent sur les plus vieux. Mais tu penses que ça vient d'où, finalement, ces discussions qui sont très récurrentes sur ces aspects générationnels ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça a existé en tout temps. J'ai l'impression que toute génération dit des plus jeunes et des précédentes qu'elles sont un peu bêtes ou qu'elles n'ont rien compris ou qu'elles comprendront plus tard. Maintenant, je pense que par rapport à nous, ça vient peut-être de l'évolution technologique. Peut-être que les anciennes générations se disent que tout est plus facile maintenant, qu'on a plein d'outils qu'ils n'avaient pas avant. Et puis finalement, de quoi on se plaint ? Et puis, ils pensent que c'est peut-être un peu trop facile pour nous. C'est une question. Oui.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ton expérience, tu as ressenti déjà dans tes expériences professionnelles ces idées reçues entre les générations ? C'est quelque chose que tu n'as plutôt pas ressenti ?

  • Speaker #1

    Alors personnellement, je m'entends bien avec toutes les générations et j'ai très souvent été la plus jeune dans toutes les équipes. Et j'ai dû m'habituer à travailler avec des personnes plus âgées allant de 30 ans à 60 ans et même plus en moyenne 50 ans. Donc, je me suis très bien entendue avec eux.

  • Speaker #0

    Et eux avec toi ?

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est mutuel. Par contre, c'est vrai qu'on entend quand même souvent des commentaires, mais même plus dans le cadre familial, ou même à la radio, dans la presse, des choses comme ça. Des petits commentaires où les jeunes, ils pensent qu'aux vacances, ce genre de choses. Ils sont plus fragiles, plus sensibles. Juste un peu, pas mal de commentaires comme ça, des petites piques, un peu sous le ton de la rigolade comme ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu dis, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de l'humour qui est fait et pas forcément quelque chose qui est fortement ancré ?

  • Speaker #1

    Je pense que sous couvert du mot, il y a quand même une part de vérité en général. Je pense qu'il y a un fossé, mais qu'il n'est pas aussi grand qu'on le pense. Et que si on communique tous un petit peu plus, on verra qu'on peut tout à fait très bien s'entendre.

  • Speaker #0

    Et ça, on va y venir. Comment aussi les entreprises, qu'est-ce qu'elles peuvent faire ? Et puis, quels sont les moyens finalement de rapprocher ? Tu parles de fossé, je pense qu'effectivement, il y a quelque chose de l'ordre d'un écart entre les générations. Alors moi, je suis aussi un peu de ton avis. qu'on est plutôt dans quelque chose de l'ordre du mythe que de la réalité. Je te propose de peut-être te présenter en quelques mots avant qu'on continue la discussion. Qu'est-ce que tu aurais envie de nous dire pour te présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlotte, j'ai 28 ans. Un hobby que j'aime beaucoup est la lecture. J'ai donc terminé mes études, mon bachelor en économie d'entreprise, il y a quelques mois maintenant. Et je suis actuellement en transition professionnelle. Et tu noteras et vous noterez que j'ai... J'ai mis un point d'honneur à essayer de ne pas me présenter immédiatement par mon métier, parce que je trouve que c'est une habitude qu'on a un peu tous, toutes générations confondues d'ailleurs. Je ne m'identifie pas par mon métier, du moins peut-être qu'en une toute petite partie. Donc j'essaie de faire attention à ça et de me définir autrement.

  • Speaker #0

    Et tu as complètement raison. D'ailleurs, on en parlait un peu avant de commencer l'enregistrement de cet épisode. Et moi, je suis la première. Des fois, je me dis mais c'est horrible. La première chose que j'ai envie de savoir de quelqu'un, c'est finalement son métier. Là, ça nous renvoie à quelque chose aussi, je pense, culturel. En côtoyant des jeunes comme toi, on se rend compte finalement que c'est un peu des biais qu'on a. Qu'est-ce qui te caractérise le mieux aujourd'hui ? Qu'est-ce qui caractérise le mieux Charlotte ?

  • Speaker #1

    Je dirais justement mes hobbies, ce que j'aime faire et les gens dans ma vie que j'apprécie, avec qui j'ai envie de passer du temps, les activités que j'aime faire, plutôt ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Oui, d'accord. Par rapport à ton parcours, alors, comme tu l'as très justement dit, c'est pas ça qui te caractérise le plus, mais ce qui va peut-être nous amener aussi un petit peu à comprendre les aspects générationnels, enfin, ce dont on va aussi échanger ensemble. Peut-être que tu nous dises en quelques mots, finalement, les grandes étapes de ton parcours jusqu'à maintenant, jusqu'à 28 ans.

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai un parcours, je ne sais pas si on peut dire atypique, il est quand même relativement classique, mais c'est un peu comme si j'avais fait les choses pas dans le bon ordre, on va dire. Donc tout d'abord j'ai fait des études gymnasiales, ce qui correspond au collège pour les jeunes voix qui nous écoutent et le lycée pour les français qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Oui parce que c'est un podcast international, enfin dans la francophonie en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc j'étais plutôt littéraire et dans mes options principales c'était plutôt les langues etc. Je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui, mais à l'époque quand on était dans ce genre de parcours, c'est comme si la seule voix à suivre et la seule chose dont on nous parlait c'était l'université. Il fallait juste choisir la faculté dans laquelle on allait s'inscrire. Mais c'est un peu comme si tout le reste n'existait pas. Et je n'étais pas sûre de ce que je voulais faire, mais je n'osais pas trop sortir du cadre, donc c'était à peu près certain pour moi que j'allais m'inscrire à l'université. Je sais qu'à l'époque, j'avais déjà un petit peu entendu parler des hautes écoles, des bachelors qui peuvent être un petit peu similaires, mais plus pratiques. Je pense que ça devait être des amis d'amis qui faisaient ça, parce que sinon, je n'aurais pas du tout entendu parler. Donc j'avais déjà un petit peu cette idée en tête, mais je n'osais pas trop et je me disais, non, il faudrait quand même aller à l'université. Donc j'hésitais principalement entre droit et HEC. Mais comme j'étais moins mathématique, je me suis plutôt lancée dans le droit. Plusieurs personnes de ma famille d'ailleurs ont fait des études dans le droit. Et d'ailleurs, en allant à un rendez-vous pour l'orientation, on m'avait conseillé le droit. Donc je me suis dit, bon, essayons. Et j'ai fait un semestre, mais je me suis rendue compte assez rapidement que ce n'était pas ce que je voulais faire. J'aime bien ça, mais je me suis rendue compte que je voulais que ce soit intégré dans ce que je fais et pas uniquement ce que je fais. Je me souviens que c'est un cours de droit pénal qui m'a définitivement donné l'envie de partir en courant. Les étudiants en droit reconnaîtront de quoi je parle. Donc, je ne m'étais pas lancée immédiatement en HEC, justement, un peu par la peur d'échouer, la peur d'un échec, vu qu'il y avait un peu tout ce côté mathématiques, statistiques, qui ne sont pas ce que je préfère. Mais j'ai quand même décidé de m'inscrire à la rentrée suivante en HEC, parce que je ne voulais pas avoir le regret de ne pas avoir au moins essayé. Bon, il s'avère que du coup, je n'ai pas réussi, mais je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. C'est d'ailleurs ça qui m'a amenée dans la suite de mon parcours, parce que j'avais un enseignant en comptabilité. qui a, je trouve, su nous transmettre, en tout cas me transmettre, la passion pour son métier. C'était en comptabilité, c'était quelque chose qui ne plaît pas forcément aux gens, mais moi j'ai trouvé un intérêt et je trouvais qu'il rendait ça un petit peu plus marrant que l'idée qu'on peut en avoir de base. C'est comme ça que j'ai décidé ensuite de vraiment m'inscrire à la HEG pour le coup. Et ce qui m'attirait, c'était justement ce côté... D'avoir des plus petites classes, d'être plus proche.

  • Speaker #0

    Par rapport à ce que tu as connu à l'université ? Oui,

  • Speaker #1

    en fait, j'avais de la peine à trouver ma place et je n'aimais pas trop ce côté amphi. On était des centaines d'élèves ensemble et même au regard des professeurs, c'était un peu moins facile d'avoir une discussion. Vraiment, on avait juste un petit temps pour poser des questions. Mais pour entrer à la HEJ, il me fallait plus d'expérience professionnelle. Et donc, au lieu de simplement juste travailler avant de m'inscrire, j'ai eu la possibilité de faire un apprentissage raccourci en deux ans au lieu de trois. avec une partie des cours que je n'avais pas besoin de suivre étant donné mon cursus précédent. Et c'est ce que j'ai décidé de faire. Du coup, on allait en travailler dans une fille d'hier. Et c'est ce que j'ai fait. Et ensuite, je me suis inscrite à la Haute École de Gestion de Genève en économie d'entreprise, en emploi, où j'ai travaillé dans une banque privée. Voilà un peu le parcours.

  • Speaker #0

    Juste peut-être pour préciser, en emploi, c'est un cursus où tu fais tes études durant quatre ans. Tout à fait. Et en même temps, tu travailles presque entre 60 et 80 %, voire des fois plus.

  • Speaker #1

    Oui, en l'occurrence, je travaillais à 80%, 8 ans pour les Vaudois.

  • Speaker #0

    8 ans pour les Vaudois, tu as raison de préciser. Et c'est vrai que c'est un parcours, le cursus haute école de gestion en emploi, c'est un parcours hyper exigeant puisque pendant 4 ans, tu as allié professionnel, un poste dans une entreprise et des études. Donc ça aussi, j'imagine, développer ta résilience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et de l'organisation, c'était quand même... Deux à trois soirs par semaine, après une journée complète de travail, de cours jusqu'à 21h30, et puis encore une journée complète dans les semaines, ce qui n'est pas rien.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup quand tu as commencé à présenter ton parcours, tu as dit, est-ce que c'est quelque chose d'atypique ? Alors une nouvelle fois, aujourd'hui c'est quoi un parcours atypique ? Alors peut-être qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes... Comme toi, on retrouve des parcours finalement. Est-ce qu'il y a une logique dans le parcours ? Tu disais, bon, j'ai peut-être fait les choses à l'envers. Alors ça, c'est peut-être des discours un petit peu ou un regard qui serait porté par les plus anciennes générations. Et c'est vrai, moi, qui ai aussi, quand je recrutais du monde dans mes équipes, on avait des fois tendance à regarder, j'étais la première à avoir tendance à regarder est-ce que c'est un parcours typique, traditionnel ou atypique ? Et ça, je trouve, finalement, aujourd'hui, chaque personne a un parcours. Et qu'est-ce qui fait qu'il est plus atypique que quelqu'un d'autre ? Telle est la question.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus la norme des parcours atypiques. Dans toutes les études que j'ai pu faire, j'ai croisé des personnes de différents âges qui faisaient des reconversions. C'est beaucoup moins linéaire qu'avant, je trouve.

  • Speaker #0

    Et durant ce parcours que tu as fait jusqu'à maintenant, qu'est-ce qui t'a le plus driveé ou bien qu'est-ce qui t'anime le plus jusqu'à aujourd'hui ? Que ce soit dans ton parcours de formation, mais ton parcours professionnel, puisque tu as déjà un certain nombre d'années d'expérience.

  • Speaker #1

    Ce qui a toujours été important pour moi, comme je le présentais au tout début, c'est vraiment d'aimer ce que je fais. J'ai vraiment besoin d'être stimulée et passionnée par ce que je fais, sinon j'ai tendance à m'ennuyer. Donc j'ai toujours un petit peu recherché ça. Et je me suis tournée aussi vers le cursus en économie d'entreprise parce que ça m'intéressait d'avoir une connaissance un peu globale de plein de choses différentes. Je n'avais pas trop envie de me spécialiser. J'avais l'impression d'avoir un peu des lacunes dans trop de choses. Alors que là, maintenant, j'aime beaucoup. On voit quand même des choses très différentes. Autant plus un peu branche dure versus branche plus humaine. J'avais envie d'avoir un peu un profil plus complet comme ça.

  • Speaker #0

    Et quand tu regardes ton parcours, tu regardes un petit peu dans le rétroviseur, de quoi tu es le plus fière ?

  • Speaker #1

    Des rencontres que j'ai faites. C'est ce qui me fait dire que je ne regrette pas du tout, même les échecs ou d'avoir fait, comme je disais, un petit peu peut-être dans le mauvais ordre, entre guillemets, parce que j'ai toujours rencontré des gens super et comme je disais, qui m'ont amenée aux étapes suivantes et c'est le plus important pour moi.

  • Speaker #0

    Je te remercie pour cette présentation et puis qui nous amène, on va maintenant un petit peu zoomer parce que quand on parle de parcours, de parcours professionnel, on parle du travail et je pense que... Aujourd'hui, quand on parle des aspects intergénérationnels, on parle surtout de notre rapport au travail. Et c'est peut-être ça qui nous questionne le plus et qui fait qu'on peut avoir, on parlait d'idées reçues tout à l'heure. Et c'est aussi quelque chose qui m'a passionné, enfin qui me passionne encore, puisque je donne des cours à l'HEG à Genève et que je suis au contact de beaucoup d'étudiants. Et ça me questionne moi-même sur mon propre rapport au travail, sur mon parcours, sur aussi les écarts qu'il y a aujourd'hui entre les attentes des jeunes et les entreprises, comment elles le vivent. Alors, je te propose qu'on zoome un petit peu là-dessus maintenant et puis qu'on essaye de décortiquer un petit peu cette relation au travail. Je pense que les codes aussi changent beaucoup. Alors, qu'est-ce que peut-être tu observes, ce que tu as observé jusqu'à maintenant dans la relation au travail qu'on a avec notre travail ? Comment toi tu le vis et qu'est-ce que tu en observes ?

  • Speaker #1

    Pour ma propre relation, et je pense ma génération, même si c'est toujours dur de généraliser, je reconnais que c'est quelque chose d'important parce qu'on y passe quand même beaucoup de temps par semaine. Mais pour moi, ce n'est pas le but de la vie et ce n'est pas ce par quoi je me définis. Et je pense que c'est quelque chose qui nous permet de grandir et d'évoluer, d'apprendre sur soi et les autres, et sur comment... On se positionne par rapport aux autres et comment on vit avec les autres. Mais c'est qu'un aspect de ma vie et le reste est tout aussi important, en fait, si ce n'est plus, selon les personnes.

  • Speaker #0

    Et ça, tu as pu le vivre, cet écart par rapport peut-être aux générations un peu plus anciennes. Tu dis, c'est un aspect de ma vie, mais pas le but. Et ça, je pense que c'est hyper fort, ce que tu nous dis là. Est-ce que... tu as l'impression que d'autres vont plutôt le vivre complètement à l'inverse ? Ou ils vont le positionner comme un but en soi ?

  • Speaker #1

    De ce que j'ai pu observer, j'ai l'impression que pour des plus anciennes générations, effectivement, ça joue un rôle vraiment plus central et même de valorisation dans leur image qu'ils ont d'eux-mêmes, ça joue un rôle vraiment très important et si ça ne se passe pas bien de ce côté-là, ça peut vite complètement bouleverser toute leur identité. Je pense que c'est moins vrai pour ma génération, par exemple.

  • Speaker #0

    Et comment ta génération, comment toi tu fais justement pour te détacher que le travail, ce n'est pas qu'une question identitaire ? Parce que ce que tu dis, effectivement, je pense qu'on se traduit. Et une nouvelle fois, si je prends mon propre exemple, je me suis pendant très, très longtemps identifiée à mon travail d'abord, avant de m'identifier à ma propre personne, à qui est Magali. C'est aussi à mon... parcours professionnel, une période de chômage que j'ai eue durant mon parcours, qui m'a fait beaucoup me réquestionner, remettre un petit peu de l'ordre dans la place du travail. Mais comment, toi, t'arrives à séparer ou à te dissocier que le travail n'est pas ton identité ?

  • Speaker #1

    Je pense déjà en apprenant à se connaître et en investissant dans les autres parties de sa vie. Et justement, en se rendant compte que si on met tous les œufs dans le même panier, du moment qu'il y a, comme tu en parlais, un coup dur, un... Du chômage ou quelque chose comme ça, il y a tout qui va complètement s'effondrer. Donc, c'est plutôt un peu une recherche d'équilibre. Je pense qu'un bon équilibre entre le personnel et le professionnel et en mettant des limites dans le professionnel que peut-être les anciennes générations n'ont pas réussi ou n'ont pas voulu mettre.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu as pu déjà observer ça, justement, ces différences concrètement en entreprise, avec tes collègues, des personnes qui arrivaient peut-être moins à mettre cette limite. Tu as des exemples ? sans nous donner des noms, bien évidemment, mais ce que toi, tu as pu observer assez concrètement.

  • Speaker #1

    Ce qui me vient à l'esprit, j'ai l'impression que ma génération, on parle souvent, par exemple, des heures supplémentaires. Ça doit être vraiment occasionnel. Alors que j'ai l'impression que pour tes plus anciennes générations, c'était presque plus la norme d'en faire et finalement, sans trop ronchonner et remettre en question. Et c'est comme ça et on le fait. Un peu ce genre de choses dans mon travail.

  • Speaker #0

    Ça me parle, ce que tu dis, effectivement, les heures supplémentaires. Et tu penses que ça vient de quoi, finalement, que c'est devenu, pour les plus anciennes générations, une norme ? Alors que ça devrait rester quelque chose d'exceptionnel ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression peut-être, justement, pour les personnes qui ont eu tendance à trop s'identifier par rapport au travail, et donc qui ont envie de bien faire, en fait, c'est une question du regard des autres ou de soi-même. J'ai l'impression que c'était surtout pour bien faire les choses et faire progresser sa carrière et avancer, et que c'était la meilleure façon d'y arriver dans l'esprit de...

  • Speaker #0

    Le souci, comme tu disais, de le regarder aux autres, donc d'être bien vu, d'avoir de la reconnaissance en disant si je fais des heures sup, si je travaille à fond, je vais avoir peut-être plus de reconnaissance, sans forcément parler de salaire. Mais déjà, la reconnaissance par rapport à comment l'autre nous regarde, comment son chef, sa hiérarchie perçoit.

  • Speaker #1

    Et je crois que nous, les plus jeunes, on s'est rendu compte que ce n'était pas forcément synonyme de meilleur succès, de promotion. En tout cas, que ce n'était pas une garantie. J'ai l'impression qu'on a pu observer un peu des déconvenus. dans des générations précédentes, des déceptions par rapport au monde professionnel. Et on s'est dit, peut-être que finalement, ce n'est pas la clé ou qu'il faut faire un peu différemment.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi ce que tu as observé justement comme des contenus où tu te dis, jamais moi, j'essaierai jamais d'être dans cette dynamique-là ?

  • Speaker #1

    D'avoir vu des personnes un peu qui ont justement tout donné, peut-être trop donné, et qui, même après des années et des années dans une même entreprise, ont été licenciées du jour au lendemain, un peu de façon même brute, où elles ne s'y attendaient pas du tout. ou cette promotion pour laquelle ils travaillaient depuis très très longtemps et puis qu'ils n'ont pas vraiment obtenu ou très tardivement et puis qu'ils se demandaient si vraiment ça en valait la peine ou des regrets exprimés aussi de personnes qui disaient finalement j'aurais peut-être dû passer plus de temps avec mes enfants, ma famille, ce genre de choses. Je trouve qu'on a beaucoup aussi entendu les regrets les plus exprimés des personnes juste avant de mourir, pas pour être glauque mais... Et concrètement personne ne dit jamais... Ah, j'aurais plus dû travailler et tout le monde regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec les gens qu'ils aimaient ou à faire des activités qu'ils aimaient.

  • Speaker #0

    C'est des discussions que tu as eu l'occasion d'avoir avec des collègues plus âgés ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on en parle plus avec les gens de mon âge entre nous qu'entre générations, même si on en parle un petit peu aussi avec des collègues plus âgés. Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que vous vous dites ? Ça m'intéresse. Entre vous, les générations, sur les autres générations, c'est quoi vos discussions par rapport à ça, par rapport au rapport au travail ? Qu'est-ce que vous discutez ensemble que les plus anciens n'entendent pas ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai pu observer des personnes que je connais depuis très longtemps, qu'il y a une évolution dans notre perception, que quand on était plus jeune, on avait quand même un peu ce côté... En tout cas, pour certains, de vouloir une grande carrière, etc., de monter en grade et d'avoir changé de discours et de se dire finalement, « Ah non, maintenant que je travaille depuis quelques années, les responsabilités, bof, non merci, ou alors je ne suis pas pressée. » Et puis finalement, je n'ai pas tant envie que ça, d'avoir une carrière au sens classique du terme et de continuer à faire ce que je fais, d'évoluer un peu, mais pas tant que ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est de re-questionner aussi la notion de carrière, parce que tu dis la carrière classique. Et c'est vrai qu'on garde encore beaucoup, même si les choses évoluent, je pense. Les entreprises ont aussi un gros, gros travail pour ouvrir et diversifier cette notion de carrière. Mais c'est vrai, dans ce nouveau rapport au travail, dans ces changements de code, la notion de carrière, finalement, elle est très différente par rapport à ce que vous, vous pensez, je dis les jeunes, par rapport aux plus anciens. Tu parlais tout à l'heure, ce que les plus anciens, enfin ton regard, en disant des fois de tout donner, peut-être même de trop donner. Comment toi tu vois les choses ? Comment t'imagines toi ton futur dans les cinq, ton rapport au travail dans les cinq à dix prochaines années ?

  • Speaker #1

    Je m'imaginais faire un métier qui n'existe pas encore aujourd'hui. Je l'espère presque. Il y a quelque chose d'un peu d'excitant par rapport à ça. Flexible en fait et à cheval, je dirais, entre différents domaines. et compétences, j'ai l'impression qu'on s'oriente de plus en plus vers des métiers un peu diversifiés, d'être sur plusieurs métiers en même temps et d'avoir des compétences de métiers très proches et d'avoir une évolution comme ça un petit peu plus horizontale.

  • Speaker #0

    Tu dis ce métier, tu ne sais pas encore à quoi il ressemble, mais si tu avais une image, quelques mots pour nous le décrire, par rapport à ce qui te motive le plus, à quoi il devrait ressembler ? Ce métier ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est difficile de se projeter, mais il est clair que notamment l'intelligence artificielle va probablement changer beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Elle est en train déjà de changer beaucoup de choses, mais ça va s'accélérer encore ?

  • Speaker #1

    Sans aucun doute. Et je trouve que ces 5-10 dernières années, plus 10 dernières années, ça m'a beaucoup marquée de voir cette évolution justement de nouveaux métiers, notamment avec les réseaux sociaux, qui se sont créés d'eux-mêmes, qui n'existaient pas du tout avant. Et j'aime bien cette idée, en fait, de se créer un peu son propre métier, très individuel, qu'on va tous avoir des carrières de plus en plus moins classiques et diversifiées. Mais c'est ça qui va faire notre richesse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Et puis d'avoir des choses, finalement, qu'on construit nous-mêmes et d'avoir cette forte créativité. Je pense que ça, votre génération a cette capacité à amener cette créativité, cette innovation. Est-ce que tu penses que c'est... plus fort la jeune génération que l'ancienne ? Ou là aussi, c'est de nouveau peut-être une idée reçue que j'ai ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression aussi, je pense qu'on est plus ouvert à ces questions et qu'on a justement envie de s'éloigner un petit peu du trop traditionnel, classique. Ça ne veut pas dire qu'il y a quelque chose de mal, et je pense que des personnes de mon âge vont totalement aussi avoir des parcours plus classiques, mais j'ai l'impression qu'on est plus ouvert à changer plus souvent ou tester plus de nouvelles choses.

  • Speaker #0

    Ce que tu nous dis, ta vision et de ton propre rapport au travail aujourd'hui, est-ce que c'est quelque chose que... qui est partagée par tes proches qui ont un peu le même âge que toi ?

  • Speaker #1

    Globalement, je dirais plutôt oui. Après, on a tendance à s'entourer de gens qui nous ressemblent un petit peu, donc ce n'est pas forcément représentatif. Mais oui, on partage toute cette idée que ça ne prenne pas toute la place dans notre vie et de faire des choses qui nous plaisent et puis d'explorer un peu.

  • Speaker #0

    J'aimerais te poser une question aussi par rapport à cette notion du rapport au travail, parce que quand on parle de ça, il y a une terminologie qui revient souvent dans les discussions, c'est la notion du sens. Le besoin de trouver du sens. Si tu devais nous le décrire pour toi, le sens du travail, c'est quoi ta propre définition qui te correspond le plus ?

  • Speaker #1

    Le sens du travail pour moi, c'est de faire quelque chose qui m'épanouit et pour lequel je vois une utilité pour la société de manière générale. D'avoir vraiment l'impression de faire quelque chose qui sert à quelque chose. C'est vraiment important. Je trouve que sinon, on est moins motivé. À quoi bon, finalement ?

  • Speaker #0

    Et on parle beaucoup de cette notion du sens, justement, par rapport aux jeunes générations. Mais finalement, je suis persuadée que tout le monde recherche du sens dans son travail.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi. Je trouve que ça me questionne, justement. J'ai l'impression qu'on nous le reproche un peu trop. Oui, on parlait toujours du sens, etc. Mais ça me paraît assez normal et sain. Et je pense, comme tu dis, que tout le monde recherche ça et que ce n'est pas une mauvaise chose.

  • Speaker #0

    Tu dis, tu as l'impression qu'il y a des reproches, des fois, plutôt des plus anciens. Mais est-ce que... le sens, cette quête de sens, mais une nouvelle fois, je pense que tout le monde en la cherche, j'ose espérer. Est-ce que c'est parce qu'on idéalise peut-être trop le... On pense que les jeunes idéalisent le monde du travail.

  • Speaker #1

    Oui et non.

  • Speaker #0

    Une nouvelle fois, je n'ai pas la réponse, mais je te la pose comme ça.

  • Speaker #1

    Je dirais là encore que c'est important de trouver du sens, mais... Par exemple, je ne pense pas qu'il faut trouver tout le sens de sa vie, de sa mission et de sa grande destinée là-dedans. Parce que c'est un peu illusoire,

  • Speaker #0

    je pense. Et là, quel rôle les entreprises ont à jouer pour justement apporter ? Il n'y a pas que elles qui sont responsables de cette notion du sens, mais quel rôle elles ont à jouer dans cette quête de sens ?

  • Speaker #1

    Je pense de faire preuve de beaucoup de transparence, c'est quelque chose qu'on recherche beaucoup. Et de clarifier vraiment. leur mission, on va dire de manière générale de l'entreprise, mais à tous les niveaux, en fait, au niveau de nos tâches, de comprendre pourquoi on fait ce qu'on fait. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours besoin quand je me lance dans une nouvelle tâche ou un nouveau projet, j'ai besoin de comprendre un peu les tenants et les aboutissants et de voir où on va et de pourquoi on fait ça.

  • Speaker #0

    Et c'est pas parce que t'as besoin de comprendre les tenants et les aboutissants que tu veux pas faire le job.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais ça peut souvent être perçu par justement les plus anciens en disant, s'ils questionnent ça, c'est que euh... c'est qu'est-ce qu'ils ont vraiment envie de le faire ? Et aussi, ce que j'ai déjà eu entendu, ou même ressenti moi-même en tant que responsable d'équipe, finalement, de devoir peut-être se justifier. Et quand tu dis besoin de transparence et de clarifier, c'est aussi tout simplement de communiquer, et pas simplement de dire, de donner une injonction ou un ordre, et puis d'attendre que ça soit fait, et que c'est important d'instaurer un dialogue.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression qu'on recherche beaucoup plus cette communication qui n'est pas... facile et qui n'est pas inné chez tout le monde. Et je pense qu'il ne faut pas l'interpréter comme devoir se justifier. C'est vraiment juste... Le plus on comprend le sens et le but de ce qu'on fait, le mieux on va le faire. Et le mieux on sera dans la direction dans laquelle on va. Ça devient de plus en plus difficile de recevoir entre guillemets un ordre et qu'on nous dise juste... Je ne vois pas l'utilité de remplir des cases dans un tableau Excel pour remplir des cases dans un tableau Excel. Ça ne m'intéresse pas beaucoup. C'est occasionnel, mais si ça devient la tâche principale, c'est pas très stimulant et épanouissant.

  • Speaker #0

    Justement, tu as fait face à cette situation et comment tu l'as gérée ? Ça nous amènera après à parler management, justement.

  • Speaker #1

    Oui, je parle d'expérience. Je me suis très souvent trouvée dans cette situation de ne pas vraiment voir l'utilité de devoir remplir ce tableau Excel. Et comme je disais, si c'est occasionnel, ça nous arrive toujours de faire des tâches plus réparatives, c'est tout à fait normal. Mais quand ça devient la normalité, c'est pesant à terme. Et je trouve que si on doit se juste... Si on ressent le... les plus anciennes générations ressentent trop ce besoin de se justifier, c'est peut-être du coup que ça n'a pas lieu d'être ou qu'il faudrait se remettre en question. S'il y a tant besoin que ça de se justifier, ça devrait tomber sous le sens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est plutôt le fait de se remettre en question et puis peut-être se dire, mais alors on n'a peut-être pas fait bien jusqu'à maintenant. Et ce n'est pas le but de dire c'était bien ou ce n'était pas bien. C'est juste de dire, de requestionner les choses. Et ça, effectivement, je pense que... Et moi, je le rencontre souvent. Et c'est ça que je trouve hyper nourrissant aussi de la part des jeunes. Il y a aussi des anciens qui requestionnent les choses, et c'est très bien. Une nouvelle fois, on ne va pas créer de généralité. Mais c'est ce nouveau regard qui est porté sur les choses, et ça nous oblige à réfléchir, à ne pas simplement faire les choses comme on les a faites pendant X années. Mais ça peut être déstabilisant.

  • Speaker #1

    Je trouve qu'il y a des injonctions paradoxales, parce que quand on est une nouvelle personne qui rejoint une entreprise, on a tendance à nous demander justement d'avoir un regard neuf, frais, encore plus si on est jeune. Finalement, est-ce vraiment écouté ? On fait des suggestions qui ne sont pas forcément entendues, voire ça nous a un peu reproché de trop tout vouloir évolutionner. Donc, il y a un petit peu un paradoxe par rapport à ça.

  • Speaker #0

    T'as l'impression, par rapport à tes expériences, que ça va dans le bon sens, que ça bouge ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Que les lignes, elles bougent ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus normal et que les entreprises se rendent compte de toute façon qu'elles vont être un peu par la force des choses face à nos générations, être obligées de plus faire ça pour...

  • Speaker #0

    Pour qu'on continue à avancer tout simplement et travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es optimiste.

  • Speaker #0

    Oui, toujours.

  • Speaker #1

    Je te propose qu'on évoque les aspects plus... On a décortiqué ces aspects plus relations au travail. Et puis maintenant, d'aller un petit peu sur ces aspects de management. Parce que dans la majorité des entreprises encore, on trouve des managers. Alors, ça peut être les dirigeants, les managers intermédiaires de proximité. Et puis ça, c'est aussi un thème assez central quand on parle de génération, parce qu'on parle aussi beaucoup de management intergénérationnel. Alors, c'est une composante, une nouvelle fois, du rôle du responsable d'équipe. Oui, dans son équipe, il va trouver des personnes qui ont des personnalités différentes. Ce n'est pas uniquement le fait qu'ils sont dans telle ou telle génération qui fait leur différence, mais c'est leur personnalité, c'est leur manière de fonctionner, etc. Et puis, c'est vrai que c'est un rôle qui a toujours été difficile, mais qui est quand même, avec ces dernières années, s'est complexifié encore. le manager surtout intermédiaire qui a des exigences qui a des exigences ou en tout cas des exigences pour répondre aux besoins de ses collaborateurs donc il se situe un peu vraiment au milieu, j'ai un peu tendance toujours à dire cette position un peu sandwich on voit aussi que de moins en moins de jeunes veulent manager, tu disais d'ailleurs tout à l'heure que ce côté classique de prendre des responsabilités, toi c'est pas forcément tu nous diras aussi ta vision des choses mais ... que beaucoup de jeunes se questionnent sur, finalement, est-ce que je veux vraiment des responsabilités ? C'est quoi les responsabilités ? Comment je veux construire ma carrière ? D'ailleurs, il y a eu un sondage en courant 2024 qui a montré que ce sondage sur des managers au Royaume-Uni, que 52% des jeunes actifs de moins de 30 ans, dont tu fais partie d'ailleurs, ne veulent pas devenir manager. Donc, ça questionne là aussi notre rapport au travail, d'une part, mais aussi aux responsabilités. Qu'est-ce que, quand tu entends ce chiffre, que... Ce 52% des jeunes de ta catégorie d'âge ne veulent pas manager. Ça te fait quoi d'entendre ça ?

  • Speaker #0

    Ça ne me surprend pas. Et j'ai l'impression que c'est aussi vrai en Suisse. Et quand je parle avec les gens de mon âge, c'est un petit peu globalement le discours qui ressort. Et je le comprends. Je trouve que souvent, le rôle de manager, il nous est présenté comme un peu ingrat. Et que là encore, on a vu pas mal les générations précédentes un petit peu souffrir. Oui, beaucoup. Vous parlez de leur souffrance à ce poste et je comprends totalement la réticence. J'ai l'impression que les jeunes de mon âge, on se demande est-ce que ça vaut vraiment la peine ? On va dire ce nouveau titre peut-être éventuellement, l'augmentation de salaire qui vient avec, mais est-ce que ça suffit et ça compense la nouvelle charge mentale, tout ce qu'il faut gérer, l'humain ? Et tout le monde ne peut pas et ne veut pas devenir manager selon moi et ce n'est pas une mauvaise chose. Je pense qu'il faut changer le regard qu'on a du rôle du manager et d'arrêter justement de considérer ça comme une promotion, une fin ultime de promotion. Je trouve d'ailleurs que c'est un peu dégradé ce rôle parce que ça laisse sous-entendre qu'une fois qu'on a atteint un certain niveau technique, c'est la suite logique et que comme si tout le monde pouvait avoir ce rôle, et finalement ce n'est pas vrai. Je pense que ça demande des compétences que tout le monde n'a pas. Ça s'apprend bien sûr, mais je pense qu'il y a des personnes qui sont plus faites pour ça que d'autres et sont plus attirées par ce rôle que d'autres. Et qu'il faut un peu donner une nouvelle place à ce rôle.

  • Speaker #1

    Oui, tu mets le doigt finalement aussi sur quelque chose d'important. C'est que tu parlais de carrière tout à l'heure, carrière classique. Effectivement, on est encore très dans cette promotion verticale des responsabilités, où on gravit les échelons et puis que c'est un peu le graal de devenir responsable d'équipe, de manager une équipe. Mais comme tu le dis aussi très justement. C'est pas fait pour tout le monde, même si beaucoup de choses s'apprennent. Mais après, c'est aussi une question d'état d'esprit et puis d'avoir quand même un certain nombre de prérequis. Et d'avoir surtout aussi envie, parce qu'il y en a aussi beaucoup, des fois, qui accèdent à ces postes bien malgré eux.

  • Speaker #0

    Oui, et ça se ressent totalement. En tant qu'employé, on peut immédiatement voir la différence. Et c'est une mauvaise chose des deux côtés, en fait, autant pour le manager que les employés. Finalement, les deux vont souffrir. Donc, c'est un petit peu dommage.

  • Speaker #1

    Quelles sont, toi, tes expériences ? Alors, une nouvelle fois, sans nous. nous donner de noms, mais tes bonnes et tes mauvaises expériences que tu as eues en termes de management, en tant que personne managée ?

  • Speaker #0

    Je suis curieuse de savoir si les expériences un petit peu moyennes, globales existent. Parce que j'ai l'impression que j'ai eu un petit peu beaucoup les deux extrêmes, des très bons managers et d'autres où c'était beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #1

    Pourtant, à bons managers, ou en tout cas, si tu projettes par rapport à, tu dis, j'ai eu des bons managers, qu'est-ce qu'ils avaient de différent ou de particulier qui t'ont... et qu'ils ont réussi à t'embarquer, parce que c'est aussi ça, finalement, un bon manager, c'est celui qui arrive à embarquer ses équipes.

  • Speaker #0

    Une particulièrement bonne expérience que j'ai eue, c'était une manager qui m'a fait confiance dès le début. J'ai envie de dire au fond, autant sur le fond que la forme, qui me laissait être autonome. On a tous des profils différents, mais pour moi, c'est quelque chose d'important. Je savais que je pouvais compter sur elle si j'avais besoin d'aller plus loin, des choses qui dépassaient mes compétences. Mais globalement, elle me laissait faire mon travail. On avait aussi des... Ça, c'est une question d'affinité et ça dépend des rôles hiérarchiques, mais on avait aussi des discussions plus personnelles sur plein de sujets qui allaient au-delà du travail et on s'entendait très bien, donc j'appréciais beaucoup. C'était plein de petites actions qu'elle faisait. Elle me remerciait pour mon travail, elle me félicitait, que ce soit en privé ou même publiquement par rapport à d'autres gens. Je savais que je pouvais me tourner vers elle et lui faire confiance si j'avais besoin d'aide ou qu'elle allait me défendre en cas de besoin ou me soutenir dans les grandes entreprises. C'est parfois quand on a affaire... à d'autres équipes et puis qu'on est dans des boucles infinies de mails qui n'avancent pas. Et on a envie de pouvoir mettre son manager en copie et de se dire, il va prendre les choses en main, il va m'aider et il va intervenir.

  • Speaker #1

    C'est fait que cette question de confiance, qu'elle se traduise vraiment, comme tu dis, dans les petites actions du quotidien, ça c'est hyper important. Et puis, plutôt une moins bonne expérience ou quelque chose qui t'a laissé un peu plus perplexe par rapport au management ?

  • Speaker #0

    Je dirais... deux types de managers qui, j'apprécie pas trop en tout cas, qui ne me conviennent pas. C'est le manager absent qu'on ne voit jamais, c'est-à-dire physiquement mais ni par mail ou quoi que ce soit, qui ne s'intéresse pas à ce qu'on fait, qui n'essaye pas de nous aider à avancer et qui nous explique pas trop et qui nous balance un petit peu comme ça. Le manque de respect aussi. Je me rappelle d'une expérience que j'ai eue où j'étais stagiaire et pendant tout long, la manager que j'avais m'appelait la stagiaire. C'est pas vraiment très agréable, on ne s'en peut pas vraiment respecter. Et il y avait aussi un autre type de manager, c'est ceux qui font le micromanagement. Je trouve ça très difficile à vivre. Et c'est là qu'on voit justement l'absence de confiance dont je parlais avant, c'est l'extrême opposée.

  • Speaker #1

    Et ça se traduisait comment ? Une nouvelle fois sans tomber dans des détails, mais pour peut-être bien comprendre, parce qu'on parle souvent de micromanagement, mais ça se traduisait comment dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Je dirais par exemple que...

  • Speaker #1

    Duh !

  • Speaker #0

    Il faut reformuler des mails parce qu'il faut l'écrire absolument de la même façon que cette personne, alors que selon moi, il y a différentes façons de faire. Ou telle tâche, on la fait de telle façon, en suivant telle chose et on ne peut pas le faire autrement. C'est un peu de devoir tout faire exactement comme cette personne fait et qu'elle ait de la peine à déléguer. C'est un peu déléguer sans déléguer vraiment. On n'a jamais l'impression qu'on peut prendre des choses en main et te mettre d'un projet parce que finalement, la personne est tout le temps là. Elle est quand même toujours là, comme si elle s'en occupait elle-même finalement.

  • Speaker #1

    Et selon toi, c'est quoi aujourd'hui les enjeux ou les défis des entreprises au niveau management ? Mais si on prend le lien avec notre discussion d'aujourd'hui, justement de ces aspects intergénérationnels, est-ce que tu arrives à détecter quels sont les plus gros défis pour les entreprises et les managers en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense justement que c'est une des plus grandes différences qu'on a en génération, c'est notre relation au manager. Et donc, les entreprises et les managers doivent s'adapter. à nos différentes générations et savoir avoir un style différent selon l'âge et la personnalité des employés dans leurs équipes.

  • Speaker #1

    Alors, ça peut être une question d'âge, mais aussi une question de personnalité, de comportement, ce qui est très important par rapport à ce que tu dis, c'est cette faculté d'adaptation aux personnes, et pas est-ce que c'est une personne parce qu'elle est plus jeune. Alors bien sûr, il y a des différences dans la manière de vivre les choses, mais c'est simplement de devoir s'adapter aux personnes.

  • Speaker #0

    Oui, et encore une fois, comme on en parlait tout à l'heure, une des meilleures clés pour ça, c'est la communication. Finalement, d'essayer de ne pas avoir trop de préjugés au jugement. Par exemple, entre notre manager et nous, il peut y avoir une grande différence d'âge ou d'expérience, plutôt que d'avoir des a priori ou des jugements où on se dit qu'on ne comprend pas forcément une façon de travailler ou un comportement, plutôt de demander et d'essayer de comprendre, plutôt que directement dire que ça ne va pas ou porter un jugement négatif.

  • Speaker #1

    Ici, par rapport à ce que j'évoquais tout à l'heure par rapport au sondage, c'est 52% de jeunes actifs de moins de 30 ans qui ne veulent pas du tout prendre de poste à responsabilité, en particulier de manager. Moi, je reste assez convaincue que des managers, il en faut dans les entreprises. Alors, on voit aussi des modèles avec des hiérarchies un petit peu plus plates où il y a moins de managers intermédiaires. Moi, je reste assez persuadée qu'il faut quand même des personnes qui... qui est ce rôle, après effectivement c'est la manière dont il l'occupe ce rôle qui fait toute la différence, mais je reste persuadée du bien fondé d'avoir des managers dans une organisation de travail. Qu'est-ce que les entreprises, parce que si on se fie aux chiffres, et ce n'est pas la seule étude qui montre quand même moins d'attrait pour la fonction de manager, En sachant ça, qu'est-ce que tu conseilleras à une entreprise de faire pour faire regagner un petit peu de positivité à cette fonction ?

  • Speaker #0

    Par exemple, si c'est dans le cadre d'employés qui sont déjà à l'interne et de leur offrir, de leur proposer, de leur demander s'ils veulent être managers ou non, de vraiment s'assurer s'ils en ont envie ou non et si ce n'est pas le cas, de demander pourquoi. Est-ce que c'est vraiment une personne qui est allergique à ça ou peut-être qu'elle a juste peur parce que c'est une chose à laquelle on peut remédier ?

  • Speaker #1

    Ou elle a fait de mauvaises expériences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    En tant que manager.

  • Speaker #0

    De former, parce que j'ai l'impression, depuis toujours ça d'ailleurs, d'entendre les managers qui se plaignent de ne pas être suffisamment formés, d'être dépassés, fatigués, à bout. Je pense également de proposer un accompagnement, que ça soit un peu comme tu fais, du coaching finalement. peut-être d'intégrer ça même plus à l'intérieur des entreprises. J'ai l'impression que les managers se sentent souvent très seuls. Faudrait qu'ils en parlent, qu'ils aillent quelqu'un à qui parler, que ce soit un autre manager, une autre fonction spécialisée, un coach, même un psy, un thérapeute. Mais je pense qu'ils ont besoin d'extérioriser des mesures comme ça et de peut-être leur laisser un peu plus de liberté parce que je trouve que dans les grandes entreprises, c'est très vertical. J'ai vu de très nombreuses fois des managers, comme tu disais, pris en sandwich, et qui, même s'ils n'étaient pas d'accord avec les ordres de plus haut, et qu'ils avaient tendance à rejoindre plus l'avis de leur équipe ou des employés, mais on leur disait non, et puis un peu sans vraie justification, c'est comme ça, et puis voilà, on ne peut rien faire. Et de les voir comme ça, avoir un avis ou une approche différente, mais de ne pas pouvoir la mettre en œuvre, c'est très frustrant, et ça ne donne pas forcément envie.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins. Si on regarde un petit peu, on fait quelques steps en avant et puis qu'on regarde l'avenir. Alors aujourd'hui, c'est déjà demain. J'ai toujours tendance à dire ça. On parlait de comment les lignes bougent, comment les entreprises peuvent faire. Tu parlais aussi de l'optimisme. Il y a quand même des choses qui bougent vraiment dans le bon sens, même s'il y a beaucoup aussi de... On est dans un contexte pour les entreprises qui est très difficile et très complexe. C'est tout. Toi, tu pouvais changer une chose dans le monde du travail, aujourd'hui et demain. Ça serait quoi, avec ton regard de 28 ans ?

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est difficile de choisir une seule chose. Peut-être, je dirais deux choses. Il faut qu'on sorte de cette mentalité, selon moi, de la productivité à tout prix. Il faut absolument qu'on sorte de ça, parce que j'ai l'impression que c'est délétère pour tout le monde. Et que, peu importe notre âge... Tout le monde en souffre et que le travail ne se résume pas juste à ça. Je pense que ce serait la plus grosse, un nouveau paradigme à adopter. Et également un petit peu tous les a priori un peu rapides qu'on a, je ne sais pas, un peu toutes les remarques des personnes qui viennent tôt le matin et du coup qui vont partir plus tôt. Mais on va quand même leur dire, tu prends ton après-midi ou des petites remarques comme ça un petit peu. Ou l'idée de, si on est productif, naturellement, sans trop en faire. et qu'on a fini son travail en 6 heures, est-ce qu'on est vraiment obligé de faire 2 heures de présentéisme ? Pour moi, ça n'a pas de sens. Un peu des espèces de règles tacites comme ça, qui existent depuis longtemps, qui n'ont pas forcément de sens, et que je trouve d'anciennes générations ont moins questionné, ont plus suivi, et que nous, on remet en question. De bousculer un petit peu ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Et si tu avais une minute, d'ailleurs à la HEG, vous avez souvent appris, d'ailleurs moi j'admire toujours vos pitches, Si tu avais une minute pour parler à un directeur d'entreprise, un CEO, qui veut vraiment comprendre ta génération, qu'est-ce que tu lui dirais en une minute ? Alors, tu n'as pas besoin de me le faire en une minute, mais qu'est-ce que tu lui dirais vraiment de manière, voilà, pour le musculer ?

  • Speaker #0

    Je peux faire ça en moins d'une minute même. Je dirais plus de concret et moins de belles paroles, parce que c'est ce qui nous parle le plus à nos générations. On en a marre un petit peu des... J'ai l'impression qu'il y a encore beaucoup d'entreprises qui ont des discours un peu pour faire joli. peut-être pour nous appâter un peu, un peu comme le greenwashing, mais un peu version entreprise. Et on se rend assez vite compte de si c'est vrai ou pas. Et ça peut être souvent une assez grande déception quand même de voir que c'était un petit peu juste des belles paroles. Donc, ce serait plus ça.

  • Speaker #1

    Un exemple de belles paroles que tu as pu voir une nouvelle fois sans trahir de nom, bien évidemment, mais des paroles que... Arrêtez de nous parler de ça, mais agissez comme ça.

  • Speaker #0

    Je dirais... Par exemple, dans la flexibilité, oui, il y aurait des possibilités de télétravail ou de s'organiser comme on veut. Puis en fait, on se retrouve avec un manager qui nous dit non, tu viens à telle heure exactement à tel jour. Et puis le télétravail, pas trop, c'est pas trop mon truc. Moi, je préfère que les gens soient là. Des choses comme ça. En fait, je trouve que c'est mon avis, mais je préfère savoir que j'ai la possibilité de. Et je ne vais même pas forcément l'utiliser. Si je prends par exemple le télétravail, je pense que ça peut être une très bonne chose. Quelques jours par semaine. Je ne l'ai pas toujours eu, mais des fois, c'est une question d'accès de données sensibles, etc. Mais de savoir que je peux avoir l'option, je ne vais même pas forcément l'utiliser, mais je me sens tout de suite mieux. On respire un peu mieux et on a l'impression d'avoir un petit peu plus de contrôle sur comment on s'organise son travail, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et aussi, ce dont on parlait avant, bien sûr, la question du sens, de pourquoi on fait les choses. L'utilité.

  • Speaker #1

    Et puis tout ça avec cohérence, de donner de la cohérence aux choses. Et puis, si tu devais t'adresser, alors en moins d'une minute, puisque tu fais ça très bien en moins d'une minute, je t'admire, à un jeune qui débute sa carrière, quelqu'un de beaucoup plus jeune que toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je dirais justement d'oser apporter ses connaissances et son regard neuf sur les choses, parce que c'est important. même si on n'a pas l'impression que c'est toujours entendu, ça vaut quand même la peine, ne serait-ce que pour gagner en confiance en soi et s'affirmer. Mais je dirais aussi quand même de rester humble. Je pense surtout à des personnes qui ont fait des études et n'ont pas encore travaillé. J'ai eu un peu des retours comme ça de collègues plus âgés qui n'appréciaient pas trop, ou la personne voulait vraiment penser mieux savoir, et voulait vraiment tout révolutionner alors qu'elle n'avait encore jamais travaillé. Je pense qu'il faut quand même Oser un petit peu, mais rester humble et ne pas se dire qu'on sait mieux que tout le monde, c'est un peu plus nuancé. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment une recherche. Oui, c'est nuancé, c'est trouver ce juste équilibre intéressant. Dis donc, tu nous as partagé énormément de choses, Charlotte. Merci infiniment. Et puis, j'ai une dernière question, ou en tout cas pour boucler la boucle de notre échange d'aujourd'hui. S'il y a un seul message, alors une nouvelle fois, c'est très restrictif ce que je demande là, mais que tu aimerais que les personnes qui nous ont écoutées jusqu'au bout, elles... retiennent de cet échange, de ce que tu nous as partagé aujourd'hui ? Ça serait quoi qui te tient le plus à cœur qu'elles retiennent ?

  • Speaker #0

    Que malgré nos différences, on peut très bien travailler tous ensemble, toutes les générations, et qu'il faut continuer à s'écouter, faire un pas l'un vers l'autre et à discuter, et que nos différents âges et cultures sont une richesse et qu'on a beaucoup à s'apporter mutuellement, et que finalement, on travaille ensemble et qu'on a tous envie d'un monde du travail plus idéal et épanouissant. Et donc, en fait, on va tous ensemble vers ce même but. On n'est pas les uns contre les autres. On est dans la même équipe, finalement.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Je te remercie vraiment infiniment pour cet échange. Et je te souhaite vraiment tout le plein de bonheur et d'amour, comme tu l'as partagé en début d'échange, pour la suite.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Et au plaisir de te revoir tout bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a apporté des clés et des inspirations pour avancer dans votre rôle de manager. Si cet épisode vous a plu, pensez à vous abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, venez me retrouver sur LinkedIn pour continuer la discussion. J'adorerais connaître votre point de vue et échanger avec vous. À très vite pour un nouvel épisode d'Entre nous.

Description

Nous parlons beaucoup des jeunes générations, mais souvent à leur place.
Et si nous les écoutions vraiment ? Sincèrement ? Sans a priori ?


Dans cet épisode d’Entre-Nous, on parle management, rapport au travail, et fossé intergénérationnel, en donnant la parole à Charlotte Maillard, 28 ans, jeune professionnelle lucide et engagée, que j’ai eu la chance d’avoir comme étudiante à la Haute École de Gestion de Genève.


✨ Charlotte a un parcours déjà bien rempli : après son baccalauréat, elle part à l'université. 3 ans plus tard, elle s'oriente vers un cursus plus pratique et effectue un apprentissage. Après l'obtention de son Certificat Fédéral de Capacités, elle entreprend, en parallèle d'un emploi, des études en économie d’entreprise et obtient son Bachelor. Charlotte a travaillé dans différents environnements et domaines tels que bancaire et fiduciaire.


Tout au long de notre échange, elle s’interroge avec justesse sur le sens du travail, la posture managériale et les nouvelles attentes de sa génération.


Ce que j’ai aimé chez elle ? Son recul, son bon sens, sa capacité à dialoguer sans chercher à avoir raison.


🎯 Pourquoi les jeunes semblent remettre en question les codes traditionnels du travail et du leadership ?
Parce qu’ils aspirent à un management plus humain, à une gestion d’équipe basée sur la confiance, la flexibilité et le sens.


Dans cette conversation, nous explorons les tensions… mais aussi les ponts possibles entre générations :


✅ Ce que la nouvelle génération attend vraiment : du sens, du feedback, et du respect
Le management version Gen Z : clair, humain, responsabilisant
Boomers vs Millennials : et si on arrêtait la caricature pour parler vrai ?


"Malgré nos différences, toutes les générations peuvent très bien travailler ensemble. Il suffit de s’écouter, de faire un pas l’un vers l’autre, et de reconnaître la richesse de nos expériences. On a beaucoup à s’apporter mutuellement. Finalement, on avance tous vers le même objectif : un monde du travail plus humain et épanouissant."


💡 Vous êtes manager d’une équipe intergénérationnelle ? Vous accompagnez des jeunes dans leur prise de poste ? Cet épisode vous invite à changer de perspective et à mieux comprendre les dynamiques générationnelles dans l’entreprise.


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Transcription

  • Speaker #0

    Manager aujourd'hui, c'est évoluer dans un monde en perpétuel changement, plus rapide, plus incertain, plus exigeant. Face à cette complexité, il n'y a pas de recette toute faite, mais une seule certitude. Un bon manager ne cherche pas la perfection, il apprend, il s'adapte et il ose. Je suis Magali Vanet, coach, consultante et formatrice en management et gestion d'équipe. Entre nous, c'est le podcast qui décrypte avec sincérité et pragmatisme les défis du management. Seul ou accompagné d'invités du terrain, je partage des stratégies, des expériences vécues et des conseils pratiques. Alors ici, pas de théorie abstraite, ni de solution toute faite, mais des clés concrètes et actionnables pour avancer, évoluer et prendre confiance dans son rôle. On parle souvent des jeunes au travail, mais est-ce qu'on prend vraiment le temps de les écouter ? Dans cet épisode, j'ai eu envie de donner la parole à Charlotte Maillard, qui a été l'une de mes étudiantes à la haute école de gestion de Genève. Dans les cours que je dispense, j'adore ces moments d'échange avec les étudiants. Ils me nourrissent. Ils me Ausha et me font voir les choses autrement. Avec Charlotte, on a parlé de ce fameux fossé entre générations. On a parlé du rapport au travail, du management, et surtout de ce qui change concrètement dans les attentes et les façons de vivre le monde professionnel. Aujourd'hui, l'idée de cet échange, ce n'était pas de débattre ou de chercher des vérités, mais simplement d'entendre son point de vue, sincère, nuancé et ancré dans son vécu. À 28 ans, Charlotte a déjà un joli parcours qu'elle questionne avec lucidité. Et j'ai beaucoup aimé son bon sens et sa manière d'aborder les choses avec recul et justesse. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cet échange inspirant. Bonne écoute ! Hello Charlotte, je suis contente de t'accueillir aujourd'hui pour ce nouvel épisode de podcast. Merci d'avoir accepté mon invitation. Ça me fait un petit peu bizarre parce qu'il y a encore une année, tu faisais partie de mes élèves à la HEG à Genève. Et puis, c'est vrai qu'on a eu dans ta classe toujours des discussions assez passionnantes par rapport aux générations. J'avais vraiment envie de t'inviter à partager finalement ta vision des choses. Comment, toi, tu vis dans le monde de l'entreprise la notion intergénérationnelle ? L'idée, ce n'est pas qu'on trouve des réponses toutes faites, mais j'avais envie d'avoir la vision d'une jeune personne active. Tu viens d'avoir 28 ans. Et comment tu le vis dans le monde du travail ? Je te propose de commencer par une question un petit peu provocatrice, si je peux l'exprimer ainsi. Finalement, il y a beaucoup d'idées reçues qu'on entend sur les générations. Alors, on dit que les jeunes, ils seraient moins engagés. qui sont trop exigeants, qui ne veulent plus bosser. Et puis, d'un autre côté, les générations plus anciennes, les boomers, par exemple, ou les X, eux, ils ont plutôt une conception du travail où c'était réussir sa vie passe d'abord par le travail. Alors toi, en fait, finalement, t'en penses quoi de tout ça ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, hello Magali et merci de me recevoir. C'est un plaisir d'être ici. On entre directement dans le vif du sujet. Alors pour moi, je dirais mythe. Je pense que c'est beaucoup plus nuancé que ça. Quand j'entends cette phrase, je ne m'identifie pas à cela. Je pense que ce n'est pas que les jeunes ne veulent plus travailler, mais c'est qu'ils ne veulent plus travailler dans certaines conditions et qu'ils remettent pas mal de choses en question. Et que ça peut un petit peu déranger, mais qu'ils ont toujours envie de faire des choses. En tout cas, c'est mon cas.

  • Speaker #0

    Et tu penses finalement que ces idées reçues, elles viennent d'où ? Parce qu'il y a quand même... Ou des stéréotypes, d'une part, et de l'autre. Après, ce sera aussi intéressant de t'entendre ce que les jeunes pensent sur les plus vieux. Mais tu penses que ça vient d'où, finalement, ces discussions qui sont très récurrentes sur ces aspects générationnels ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça a existé en tout temps. J'ai l'impression que toute génération dit des plus jeunes et des précédentes qu'elles sont un peu bêtes ou qu'elles n'ont rien compris ou qu'elles comprendront plus tard. Maintenant, je pense que par rapport à nous, ça vient peut-être de l'évolution technologique. Peut-être que les anciennes générations se disent que tout est plus facile maintenant, qu'on a plein d'outils qu'ils n'avaient pas avant. Et puis finalement, de quoi on se plaint ? Et puis, ils pensent que c'est peut-être un peu trop facile pour nous. C'est une question. Oui.

  • Speaker #0

    Et par rapport à ton expérience, tu as ressenti déjà dans tes expériences professionnelles ces idées reçues entre les générations ? C'est quelque chose que tu n'as plutôt pas ressenti ?

  • Speaker #1

    Alors personnellement, je m'entends bien avec toutes les générations et j'ai très souvent été la plus jeune dans toutes les équipes. Et j'ai dû m'habituer à travailler avec des personnes plus âgées allant de 30 ans à 60 ans et même plus en moyenne 50 ans. Donc, je me suis très bien entendue avec eux.

  • Speaker #0

    Et eux avec toi ?

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est mutuel. Par contre, c'est vrai qu'on entend quand même souvent des commentaires, mais même plus dans le cadre familial, ou même à la radio, dans la presse, des choses comme ça. Des petits commentaires où les jeunes, ils pensent qu'aux vacances, ce genre de choses. Ils sont plus fragiles, plus sensibles. Juste un peu, pas mal de commentaires comme ça, des petites piques, un peu sous le ton de la rigolade comme ça.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc, tu dis, c'est plutôt quelque chose de l'ordre de l'humour qui est fait et pas forcément quelque chose qui est fortement ancré ?

  • Speaker #1

    Je pense que sous couvert du mot, il y a quand même une part de vérité en général. Je pense qu'il y a un fossé, mais qu'il n'est pas aussi grand qu'on le pense. Et que si on communique tous un petit peu plus, on verra qu'on peut tout à fait très bien s'entendre.

  • Speaker #0

    Et ça, on va y venir. Comment aussi les entreprises, qu'est-ce qu'elles peuvent faire ? Et puis, quels sont les moyens finalement de rapprocher ? Tu parles de fossé, je pense qu'effectivement, il y a quelque chose de l'ordre d'un écart entre les générations. Alors moi, je suis aussi un peu de ton avis. qu'on est plutôt dans quelque chose de l'ordre du mythe que de la réalité. Je te propose de peut-être te présenter en quelques mots avant qu'on continue la discussion. Qu'est-ce que tu aurais envie de nous dire pour te présenter ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlotte, j'ai 28 ans. Un hobby que j'aime beaucoup est la lecture. J'ai donc terminé mes études, mon bachelor en économie d'entreprise, il y a quelques mois maintenant. Et je suis actuellement en transition professionnelle. Et tu noteras et vous noterez que j'ai... J'ai mis un point d'honneur à essayer de ne pas me présenter immédiatement par mon métier, parce que je trouve que c'est une habitude qu'on a un peu tous, toutes générations confondues d'ailleurs. Je ne m'identifie pas par mon métier, du moins peut-être qu'en une toute petite partie. Donc j'essaie de faire attention à ça et de me définir autrement.

  • Speaker #0

    Et tu as complètement raison. D'ailleurs, on en parlait un peu avant de commencer l'enregistrement de cet épisode. Et moi, je suis la première. Des fois, je me dis mais c'est horrible. La première chose que j'ai envie de savoir de quelqu'un, c'est finalement son métier. Là, ça nous renvoie à quelque chose aussi, je pense, culturel. En côtoyant des jeunes comme toi, on se rend compte finalement que c'est un peu des biais qu'on a. Qu'est-ce qui te caractérise le mieux aujourd'hui ? Qu'est-ce qui caractérise le mieux Charlotte ?

  • Speaker #1

    Je dirais justement mes hobbies, ce que j'aime faire et les gens dans ma vie que j'apprécie, avec qui j'ai envie de passer du temps, les activités que j'aime faire, plutôt ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Oui, d'accord. Par rapport à ton parcours, alors, comme tu l'as très justement dit, c'est pas ça qui te caractérise le plus, mais ce qui va peut-être nous amener aussi un petit peu à comprendre les aspects générationnels, enfin, ce dont on va aussi échanger ensemble. Peut-être que tu nous dises en quelques mots, finalement, les grandes étapes de ton parcours jusqu'à maintenant, jusqu'à 28 ans.

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai un parcours, je ne sais pas si on peut dire atypique, il est quand même relativement classique, mais c'est un peu comme si j'avais fait les choses pas dans le bon ordre, on va dire. Donc tout d'abord j'ai fait des études gymnasiales, ce qui correspond au collège pour les jeunes voix qui nous écoutent et le lycée pour les français qui nous écoutent.

  • Speaker #0

    Oui parce que c'est un podcast international, enfin dans la francophonie en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc j'étais plutôt littéraire et dans mes options principales c'était plutôt les langues etc. Je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui, mais à l'époque quand on était dans ce genre de parcours, c'est comme si la seule voix à suivre et la seule chose dont on nous parlait c'était l'université. Il fallait juste choisir la faculté dans laquelle on allait s'inscrire. Mais c'est un peu comme si tout le reste n'existait pas. Et je n'étais pas sûre de ce que je voulais faire, mais je n'osais pas trop sortir du cadre, donc c'était à peu près certain pour moi que j'allais m'inscrire à l'université. Je sais qu'à l'époque, j'avais déjà un petit peu entendu parler des hautes écoles, des bachelors qui peuvent être un petit peu similaires, mais plus pratiques. Je pense que ça devait être des amis d'amis qui faisaient ça, parce que sinon, je n'aurais pas du tout entendu parler. Donc j'avais déjà un petit peu cette idée en tête, mais je n'osais pas trop et je me disais, non, il faudrait quand même aller à l'université. Donc j'hésitais principalement entre droit et HEC. Mais comme j'étais moins mathématique, je me suis plutôt lancée dans le droit. Plusieurs personnes de ma famille d'ailleurs ont fait des études dans le droit. Et d'ailleurs, en allant à un rendez-vous pour l'orientation, on m'avait conseillé le droit. Donc je me suis dit, bon, essayons. Et j'ai fait un semestre, mais je me suis rendue compte assez rapidement que ce n'était pas ce que je voulais faire. J'aime bien ça, mais je me suis rendue compte que je voulais que ce soit intégré dans ce que je fais et pas uniquement ce que je fais. Je me souviens que c'est un cours de droit pénal qui m'a définitivement donné l'envie de partir en courant. Les étudiants en droit reconnaîtront de quoi je parle. Donc, je ne m'étais pas lancée immédiatement en HEC, justement, un peu par la peur d'échouer, la peur d'un échec, vu qu'il y avait un peu tout ce côté mathématiques, statistiques, qui ne sont pas ce que je préfère. Mais j'ai quand même décidé de m'inscrire à la rentrée suivante en HEC, parce que je ne voulais pas avoir le regret de ne pas avoir au moins essayé. Bon, il s'avère que du coup, je n'ai pas réussi, mais je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. C'est d'ailleurs ça qui m'a amenée dans la suite de mon parcours, parce que j'avais un enseignant en comptabilité. qui a, je trouve, su nous transmettre, en tout cas me transmettre, la passion pour son métier. C'était en comptabilité, c'était quelque chose qui ne plaît pas forcément aux gens, mais moi j'ai trouvé un intérêt et je trouvais qu'il rendait ça un petit peu plus marrant que l'idée qu'on peut en avoir de base. C'est comme ça que j'ai décidé ensuite de vraiment m'inscrire à la HEG pour le coup. Et ce qui m'attirait, c'était justement ce côté... D'avoir des plus petites classes, d'être plus proche.

  • Speaker #0

    Par rapport à ce que tu as connu à l'université ? Oui,

  • Speaker #1

    en fait, j'avais de la peine à trouver ma place et je n'aimais pas trop ce côté amphi. On était des centaines d'élèves ensemble et même au regard des professeurs, c'était un peu moins facile d'avoir une discussion. Vraiment, on avait juste un petit temps pour poser des questions. Mais pour entrer à la HEJ, il me fallait plus d'expérience professionnelle. Et donc, au lieu de simplement juste travailler avant de m'inscrire, j'ai eu la possibilité de faire un apprentissage raccourci en deux ans au lieu de trois. avec une partie des cours que je n'avais pas besoin de suivre étant donné mon cursus précédent. Et c'est ce que j'ai décidé de faire. Du coup, on allait en travailler dans une fille d'hier. Et c'est ce que j'ai fait. Et ensuite, je me suis inscrite à la Haute École de Gestion de Genève en économie d'entreprise, en emploi, où j'ai travaillé dans une banque privée. Voilà un peu le parcours.

  • Speaker #0

    Juste peut-être pour préciser, en emploi, c'est un cursus où tu fais tes études durant quatre ans. Tout à fait. Et en même temps, tu travailles presque entre 60 et 80 %, voire des fois plus.

  • Speaker #1

    Oui, en l'occurrence, je travaillais à 80%, 8 ans pour les Vaudois.

  • Speaker #0

    8 ans pour les Vaudois, tu as raison de préciser. Et c'est vrai que c'est un parcours, le cursus haute école de gestion en emploi, c'est un parcours hyper exigeant puisque pendant 4 ans, tu as allié professionnel, un poste dans une entreprise et des études. Donc ça aussi, j'imagine, développer ta résilience.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et de l'organisation, c'était quand même... Deux à trois soirs par semaine, après une journée complète de travail, de cours jusqu'à 21h30, et puis encore une journée complète dans les semaines, ce qui n'est pas rien.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup quand tu as commencé à présenter ton parcours, tu as dit, est-ce que c'est quelque chose d'atypique ? Alors une nouvelle fois, aujourd'hui c'est quoi un parcours atypique ? Alors peut-être qu'aujourd'hui, beaucoup de jeunes... Comme toi, on retrouve des parcours finalement. Est-ce qu'il y a une logique dans le parcours ? Tu disais, bon, j'ai peut-être fait les choses à l'envers. Alors ça, c'est peut-être des discours un petit peu ou un regard qui serait porté par les plus anciennes générations. Et c'est vrai, moi, qui ai aussi, quand je recrutais du monde dans mes équipes, on avait des fois tendance à regarder, j'étais la première à avoir tendance à regarder est-ce que c'est un parcours typique, traditionnel ou atypique ? Et ça, je trouve, finalement, aujourd'hui, chaque personne a un parcours. Et qu'est-ce qui fait qu'il est plus atypique que quelqu'un d'autre ? Telle est la question.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus la norme des parcours atypiques. Dans toutes les études que j'ai pu faire, j'ai croisé des personnes de différents âges qui faisaient des reconversions. C'est beaucoup moins linéaire qu'avant, je trouve.

  • Speaker #0

    Et durant ce parcours que tu as fait jusqu'à maintenant, qu'est-ce qui t'a le plus driveé ou bien qu'est-ce qui t'anime le plus jusqu'à aujourd'hui ? Que ce soit dans ton parcours de formation, mais ton parcours professionnel, puisque tu as déjà un certain nombre d'années d'expérience.

  • Speaker #1

    Ce qui a toujours été important pour moi, comme je le présentais au tout début, c'est vraiment d'aimer ce que je fais. J'ai vraiment besoin d'être stimulée et passionnée par ce que je fais, sinon j'ai tendance à m'ennuyer. Donc j'ai toujours un petit peu recherché ça. Et je me suis tournée aussi vers le cursus en économie d'entreprise parce que ça m'intéressait d'avoir une connaissance un peu globale de plein de choses différentes. Je n'avais pas trop envie de me spécialiser. J'avais l'impression d'avoir un peu des lacunes dans trop de choses. Alors que là, maintenant, j'aime beaucoup. On voit quand même des choses très différentes. Autant plus un peu branche dure versus branche plus humaine. J'avais envie d'avoir un peu un profil plus complet comme ça.

  • Speaker #0

    Et quand tu regardes ton parcours, tu regardes un petit peu dans le rétroviseur, de quoi tu es le plus fière ?

  • Speaker #1

    Des rencontres que j'ai faites. C'est ce qui me fait dire que je ne regrette pas du tout, même les échecs ou d'avoir fait, comme je disais, un petit peu peut-être dans le mauvais ordre, entre guillemets, parce que j'ai toujours rencontré des gens super et comme je disais, qui m'ont amenée aux étapes suivantes et c'est le plus important pour moi.

  • Speaker #0

    Je te remercie pour cette présentation et puis qui nous amène, on va maintenant un petit peu zoomer parce que quand on parle de parcours, de parcours professionnel, on parle du travail et je pense que... Aujourd'hui, quand on parle des aspects intergénérationnels, on parle surtout de notre rapport au travail. Et c'est peut-être ça qui nous questionne le plus et qui fait qu'on peut avoir, on parlait d'idées reçues tout à l'heure. Et c'est aussi quelque chose qui m'a passionné, enfin qui me passionne encore, puisque je donne des cours à l'HEG à Genève et que je suis au contact de beaucoup d'étudiants. Et ça me questionne moi-même sur mon propre rapport au travail, sur mon parcours, sur aussi les écarts qu'il y a aujourd'hui entre les attentes des jeunes et les entreprises, comment elles le vivent. Alors, je te propose qu'on zoome un petit peu là-dessus maintenant et puis qu'on essaye de décortiquer un petit peu cette relation au travail. Je pense que les codes aussi changent beaucoup. Alors, qu'est-ce que peut-être tu observes, ce que tu as observé jusqu'à maintenant dans la relation au travail qu'on a avec notre travail ? Comment toi tu le vis et qu'est-ce que tu en observes ?

  • Speaker #1

    Pour ma propre relation, et je pense ma génération, même si c'est toujours dur de généraliser, je reconnais que c'est quelque chose d'important parce qu'on y passe quand même beaucoup de temps par semaine. Mais pour moi, ce n'est pas le but de la vie et ce n'est pas ce par quoi je me définis. Et je pense que c'est quelque chose qui nous permet de grandir et d'évoluer, d'apprendre sur soi et les autres, et sur comment... On se positionne par rapport aux autres et comment on vit avec les autres. Mais c'est qu'un aspect de ma vie et le reste est tout aussi important, en fait, si ce n'est plus, selon les personnes.

  • Speaker #0

    Et ça, tu as pu le vivre, cet écart par rapport peut-être aux générations un peu plus anciennes. Tu dis, c'est un aspect de ma vie, mais pas le but. Et ça, je pense que c'est hyper fort, ce que tu nous dis là. Est-ce que... tu as l'impression que d'autres vont plutôt le vivre complètement à l'inverse ? Ou ils vont le positionner comme un but en soi ?

  • Speaker #1

    De ce que j'ai pu observer, j'ai l'impression que pour des plus anciennes générations, effectivement, ça joue un rôle vraiment plus central et même de valorisation dans leur image qu'ils ont d'eux-mêmes, ça joue un rôle vraiment très important et si ça ne se passe pas bien de ce côté-là, ça peut vite complètement bouleverser toute leur identité. Je pense que c'est moins vrai pour ma génération, par exemple.

  • Speaker #0

    Et comment ta génération, comment toi tu fais justement pour te détacher que le travail, ce n'est pas qu'une question identitaire ? Parce que ce que tu dis, effectivement, je pense qu'on se traduit. Et une nouvelle fois, si je prends mon propre exemple, je me suis pendant très, très longtemps identifiée à mon travail d'abord, avant de m'identifier à ma propre personne, à qui est Magali. C'est aussi à mon... parcours professionnel, une période de chômage que j'ai eue durant mon parcours, qui m'a fait beaucoup me réquestionner, remettre un petit peu de l'ordre dans la place du travail. Mais comment, toi, t'arrives à séparer ou à te dissocier que le travail n'est pas ton identité ?

  • Speaker #1

    Je pense déjà en apprenant à se connaître et en investissant dans les autres parties de sa vie. Et justement, en se rendant compte que si on met tous les œufs dans le même panier, du moment qu'il y a, comme tu en parlais, un coup dur, un... Du chômage ou quelque chose comme ça, il y a tout qui va complètement s'effondrer. Donc, c'est plutôt un peu une recherche d'équilibre. Je pense qu'un bon équilibre entre le personnel et le professionnel et en mettant des limites dans le professionnel que peut-être les anciennes générations n'ont pas réussi ou n'ont pas voulu mettre.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu as pu déjà observer ça, justement, ces différences concrètement en entreprise, avec tes collègues, des personnes qui arrivaient peut-être moins à mettre cette limite. Tu as des exemples ? sans nous donner des noms, bien évidemment, mais ce que toi, tu as pu observer assez concrètement.

  • Speaker #1

    Ce qui me vient à l'esprit, j'ai l'impression que ma génération, on parle souvent, par exemple, des heures supplémentaires. Ça doit être vraiment occasionnel. Alors que j'ai l'impression que pour tes plus anciennes générations, c'était presque plus la norme d'en faire et finalement, sans trop ronchonner et remettre en question. Et c'est comme ça et on le fait. Un peu ce genre de choses dans mon travail.

  • Speaker #0

    Ça me parle, ce que tu dis, effectivement, les heures supplémentaires. Et tu penses que ça vient de quoi, finalement, que c'est devenu, pour les plus anciennes générations, une norme ? Alors que ça devrait rester quelque chose d'exceptionnel ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression peut-être, justement, pour les personnes qui ont eu tendance à trop s'identifier par rapport au travail, et donc qui ont envie de bien faire, en fait, c'est une question du regard des autres ou de soi-même. J'ai l'impression que c'était surtout pour bien faire les choses et faire progresser sa carrière et avancer, et que c'était la meilleure façon d'y arriver dans l'esprit de...

  • Speaker #0

    Le souci, comme tu disais, de le regarder aux autres, donc d'être bien vu, d'avoir de la reconnaissance en disant si je fais des heures sup, si je travaille à fond, je vais avoir peut-être plus de reconnaissance, sans forcément parler de salaire. Mais déjà, la reconnaissance par rapport à comment l'autre nous regarde, comment son chef, sa hiérarchie perçoit.

  • Speaker #1

    Et je crois que nous, les plus jeunes, on s'est rendu compte que ce n'était pas forcément synonyme de meilleur succès, de promotion. En tout cas, que ce n'était pas une garantie. J'ai l'impression qu'on a pu observer un peu des déconvenus. dans des générations précédentes, des déceptions par rapport au monde professionnel. Et on s'est dit, peut-être que finalement, ce n'est pas la clé ou qu'il faut faire un peu différemment.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi ce que tu as observé justement comme des contenus où tu te dis, jamais moi, j'essaierai jamais d'être dans cette dynamique-là ?

  • Speaker #1

    D'avoir vu des personnes un peu qui ont justement tout donné, peut-être trop donné, et qui, même après des années et des années dans une même entreprise, ont été licenciées du jour au lendemain, un peu de façon même brute, où elles ne s'y attendaient pas du tout. ou cette promotion pour laquelle ils travaillaient depuis très très longtemps et puis qu'ils n'ont pas vraiment obtenu ou très tardivement et puis qu'ils se demandaient si vraiment ça en valait la peine ou des regrets exprimés aussi de personnes qui disaient finalement j'aurais peut-être dû passer plus de temps avec mes enfants, ma famille, ce genre de choses. Je trouve qu'on a beaucoup aussi entendu les regrets les plus exprimés des personnes juste avant de mourir, pas pour être glauque mais... Et concrètement personne ne dit jamais... Ah, j'aurais plus dû travailler et tout le monde regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec les gens qu'ils aimaient ou à faire des activités qu'ils aimaient.

  • Speaker #0

    C'est des discussions que tu as eu l'occasion d'avoir avec des collègues plus âgés ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on en parle plus avec les gens de mon âge entre nous qu'entre générations, même si on en parle un petit peu aussi avec des collègues plus âgés. Alors,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que vous vous dites ? Ça m'intéresse. Entre vous, les générations, sur les autres générations, c'est quoi vos discussions par rapport à ça, par rapport au rapport au travail ? Qu'est-ce que vous discutez ensemble que les plus anciens n'entendent pas ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai pu observer des personnes que je connais depuis très longtemps, qu'il y a une évolution dans notre perception, que quand on était plus jeune, on avait quand même un peu ce côté... En tout cas, pour certains, de vouloir une grande carrière, etc., de monter en grade et d'avoir changé de discours et de se dire finalement, « Ah non, maintenant que je travaille depuis quelques années, les responsabilités, bof, non merci, ou alors je ne suis pas pressée. » Et puis finalement, je n'ai pas tant envie que ça, d'avoir une carrière au sens classique du terme et de continuer à faire ce que je fais, d'évoluer un peu, mais pas tant que ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est de re-questionner aussi la notion de carrière, parce que tu dis la carrière classique. Et c'est vrai qu'on garde encore beaucoup, même si les choses évoluent, je pense. Les entreprises ont aussi un gros, gros travail pour ouvrir et diversifier cette notion de carrière. Mais c'est vrai, dans ce nouveau rapport au travail, dans ces changements de code, la notion de carrière, finalement, elle est très différente par rapport à ce que vous, vous pensez, je dis les jeunes, par rapport aux plus anciens. Tu parlais tout à l'heure, ce que les plus anciens, enfin ton regard, en disant des fois de tout donner, peut-être même de trop donner. Comment toi tu vois les choses ? Comment t'imagines toi ton futur dans les cinq, ton rapport au travail dans les cinq à dix prochaines années ?

  • Speaker #1

    Je m'imaginais faire un métier qui n'existe pas encore aujourd'hui. Je l'espère presque. Il y a quelque chose d'un peu d'excitant par rapport à ça. Flexible en fait et à cheval, je dirais, entre différents domaines. et compétences, j'ai l'impression qu'on s'oriente de plus en plus vers des métiers un peu diversifiés, d'être sur plusieurs métiers en même temps et d'avoir des compétences de métiers très proches et d'avoir une évolution comme ça un petit peu plus horizontale.

  • Speaker #0

    Tu dis ce métier, tu ne sais pas encore à quoi il ressemble, mais si tu avais une image, quelques mots pour nous le décrire, par rapport à ce qui te motive le plus, à quoi il devrait ressembler ? Ce métier ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est difficile de se projeter, mais il est clair que notamment l'intelligence artificielle va probablement changer beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Elle est en train déjà de changer beaucoup de choses, mais ça va s'accélérer encore ?

  • Speaker #1

    Sans aucun doute. Et je trouve que ces 5-10 dernières années, plus 10 dernières années, ça m'a beaucoup marquée de voir cette évolution justement de nouveaux métiers, notamment avec les réseaux sociaux, qui se sont créés d'eux-mêmes, qui n'existaient pas du tout avant. Et j'aime bien cette idée, en fait, de se créer un peu son propre métier, très individuel, qu'on va tous avoir des carrières de plus en plus moins classiques et diversifiées. Mais c'est ça qui va faire notre richesse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Et puis d'avoir des choses, finalement, qu'on construit nous-mêmes et d'avoir cette forte créativité. Je pense que ça, votre génération a cette capacité à amener cette créativité, cette innovation. Est-ce que tu penses que c'est... plus fort la jeune génération que l'ancienne ? Ou là aussi, c'est de nouveau peut-être une idée reçue que j'ai ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression aussi, je pense qu'on est plus ouvert à ces questions et qu'on a justement envie de s'éloigner un petit peu du trop traditionnel, classique. Ça ne veut pas dire qu'il y a quelque chose de mal, et je pense que des personnes de mon âge vont totalement aussi avoir des parcours plus classiques, mais j'ai l'impression qu'on est plus ouvert à changer plus souvent ou tester plus de nouvelles choses.

  • Speaker #0

    Ce que tu nous dis, ta vision et de ton propre rapport au travail aujourd'hui, est-ce que c'est quelque chose que... qui est partagée par tes proches qui ont un peu le même âge que toi ?

  • Speaker #1

    Globalement, je dirais plutôt oui. Après, on a tendance à s'entourer de gens qui nous ressemblent un petit peu, donc ce n'est pas forcément représentatif. Mais oui, on partage toute cette idée que ça ne prenne pas toute la place dans notre vie et de faire des choses qui nous plaisent et puis d'explorer un peu.

  • Speaker #0

    J'aimerais te poser une question aussi par rapport à cette notion du rapport au travail, parce que quand on parle de ça, il y a une terminologie qui revient souvent dans les discussions, c'est la notion du sens. Le besoin de trouver du sens. Si tu devais nous le décrire pour toi, le sens du travail, c'est quoi ta propre définition qui te correspond le plus ?

  • Speaker #1

    Le sens du travail pour moi, c'est de faire quelque chose qui m'épanouit et pour lequel je vois une utilité pour la société de manière générale. D'avoir vraiment l'impression de faire quelque chose qui sert à quelque chose. C'est vraiment important. Je trouve que sinon, on est moins motivé. À quoi bon, finalement ?

  • Speaker #0

    Et on parle beaucoup de cette notion du sens, justement, par rapport aux jeunes générations. Mais finalement, je suis persuadée que tout le monde recherche du sens dans son travail.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi. Je trouve que ça me questionne, justement. J'ai l'impression qu'on nous le reproche un peu trop. Oui, on parlait toujours du sens, etc. Mais ça me paraît assez normal et sain. Et je pense, comme tu dis, que tout le monde recherche ça et que ce n'est pas une mauvaise chose.

  • Speaker #0

    Tu dis, tu as l'impression qu'il y a des reproches, des fois, plutôt des plus anciens. Mais est-ce que... le sens, cette quête de sens, mais une nouvelle fois, je pense que tout le monde en la cherche, j'ose espérer. Est-ce que c'est parce qu'on idéalise peut-être trop le... On pense que les jeunes idéalisent le monde du travail.

  • Speaker #1

    Oui et non.

  • Speaker #0

    Une nouvelle fois, je n'ai pas la réponse, mais je te la pose comme ça.

  • Speaker #1

    Je dirais là encore que c'est important de trouver du sens, mais... Par exemple, je ne pense pas qu'il faut trouver tout le sens de sa vie, de sa mission et de sa grande destinée là-dedans. Parce que c'est un peu illusoire,

  • Speaker #0

    je pense. Et là, quel rôle les entreprises ont à jouer pour justement apporter ? Il n'y a pas que elles qui sont responsables de cette notion du sens, mais quel rôle elles ont à jouer dans cette quête de sens ?

  • Speaker #1

    Je pense de faire preuve de beaucoup de transparence, c'est quelque chose qu'on recherche beaucoup. Et de clarifier vraiment. leur mission, on va dire de manière générale de l'entreprise, mais à tous les niveaux, en fait, au niveau de nos tâches, de comprendre pourquoi on fait ce qu'on fait. Moi, c'est quelque chose que j'ai toujours besoin quand je me lance dans une nouvelle tâche ou un nouveau projet, j'ai besoin de comprendre un peu les tenants et les aboutissants et de voir où on va et de pourquoi on fait ça.

  • Speaker #0

    Et c'est pas parce que t'as besoin de comprendre les tenants et les aboutissants que tu veux pas faire le job.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait.

  • Speaker #0

    Mais ça peut souvent être perçu par justement les plus anciens en disant, s'ils questionnent ça, c'est que euh... c'est qu'est-ce qu'ils ont vraiment envie de le faire ? Et aussi, ce que j'ai déjà eu entendu, ou même ressenti moi-même en tant que responsable d'équipe, finalement, de devoir peut-être se justifier. Et quand tu dis besoin de transparence et de clarifier, c'est aussi tout simplement de communiquer, et pas simplement de dire, de donner une injonction ou un ordre, et puis d'attendre que ça soit fait, et que c'est important d'instaurer un dialogue.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression qu'on recherche beaucoup plus cette communication qui n'est pas... facile et qui n'est pas inné chez tout le monde. Et je pense qu'il ne faut pas l'interpréter comme devoir se justifier. C'est vraiment juste... Le plus on comprend le sens et le but de ce qu'on fait, le mieux on va le faire. Et le mieux on sera dans la direction dans laquelle on va. Ça devient de plus en plus difficile de recevoir entre guillemets un ordre et qu'on nous dise juste... Je ne vois pas l'utilité de remplir des cases dans un tableau Excel pour remplir des cases dans un tableau Excel. Ça ne m'intéresse pas beaucoup. C'est occasionnel, mais si ça devient la tâche principale, c'est pas très stimulant et épanouissant.

  • Speaker #0

    Justement, tu as fait face à cette situation et comment tu l'as gérée ? Ça nous amènera après à parler management, justement.

  • Speaker #1

    Oui, je parle d'expérience. Je me suis très souvent trouvée dans cette situation de ne pas vraiment voir l'utilité de devoir remplir ce tableau Excel. Et comme je disais, si c'est occasionnel, ça nous arrive toujours de faire des tâches plus réparatives, c'est tout à fait normal. Mais quand ça devient la normalité, c'est pesant à terme. Et je trouve que si on doit se juste... Si on ressent le... les plus anciennes générations ressentent trop ce besoin de se justifier, c'est peut-être du coup que ça n'a pas lieu d'être ou qu'il faudrait se remettre en question. S'il y a tant besoin que ça de se justifier, ça devrait tomber sous le sens.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est plutôt le fait de se remettre en question et puis peut-être se dire, mais alors on n'a peut-être pas fait bien jusqu'à maintenant. Et ce n'est pas le but de dire c'était bien ou ce n'était pas bien. C'est juste de dire, de requestionner les choses. Et ça, effectivement, je pense que... Et moi, je le rencontre souvent. Et c'est ça que je trouve hyper nourrissant aussi de la part des jeunes. Il y a aussi des anciens qui requestionnent les choses, et c'est très bien. Une nouvelle fois, on ne va pas créer de généralité. Mais c'est ce nouveau regard qui est porté sur les choses, et ça nous oblige à réfléchir, à ne pas simplement faire les choses comme on les a faites pendant X années. Mais ça peut être déstabilisant.

  • Speaker #1

    Je trouve qu'il y a des injonctions paradoxales, parce que quand on est une nouvelle personne qui rejoint une entreprise, on a tendance à nous demander justement d'avoir un regard neuf, frais, encore plus si on est jeune. Finalement, est-ce vraiment écouté ? On fait des suggestions qui ne sont pas forcément entendues, voire ça nous a un peu reproché de trop tout vouloir évolutionner. Donc, il y a un petit peu un paradoxe par rapport à ça.

  • Speaker #0

    T'as l'impression, par rapport à tes expériences, que ça va dans le bon sens, que ça bouge ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Que les lignes, elles bougent ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que ça devient de plus en plus normal et que les entreprises se rendent compte de toute façon qu'elles vont être un peu par la force des choses face à nos générations, être obligées de plus faire ça pour...

  • Speaker #0

    Pour qu'on continue à avancer tout simplement et travailler ensemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es optimiste.

  • Speaker #0

    Oui, toujours.

  • Speaker #1

    Je te propose qu'on évoque les aspects plus... On a décortiqué ces aspects plus relations au travail. Et puis maintenant, d'aller un petit peu sur ces aspects de management. Parce que dans la majorité des entreprises encore, on trouve des managers. Alors, ça peut être les dirigeants, les managers intermédiaires de proximité. Et puis ça, c'est aussi un thème assez central quand on parle de génération, parce qu'on parle aussi beaucoup de management intergénérationnel. Alors, c'est une composante, une nouvelle fois, du rôle du responsable d'équipe. Oui, dans son équipe, il va trouver des personnes qui ont des personnalités différentes. Ce n'est pas uniquement le fait qu'ils sont dans telle ou telle génération qui fait leur différence, mais c'est leur personnalité, c'est leur manière de fonctionner, etc. Et puis, c'est vrai que c'est un rôle qui a toujours été difficile, mais qui est quand même, avec ces dernières années, s'est complexifié encore. le manager surtout intermédiaire qui a des exigences qui a des exigences ou en tout cas des exigences pour répondre aux besoins de ses collaborateurs donc il se situe un peu vraiment au milieu, j'ai un peu tendance toujours à dire cette position un peu sandwich on voit aussi que de moins en moins de jeunes veulent manager, tu disais d'ailleurs tout à l'heure que ce côté classique de prendre des responsabilités, toi c'est pas forcément tu nous diras aussi ta vision des choses mais ... que beaucoup de jeunes se questionnent sur, finalement, est-ce que je veux vraiment des responsabilités ? C'est quoi les responsabilités ? Comment je veux construire ma carrière ? D'ailleurs, il y a eu un sondage en courant 2024 qui a montré que ce sondage sur des managers au Royaume-Uni, que 52% des jeunes actifs de moins de 30 ans, dont tu fais partie d'ailleurs, ne veulent pas devenir manager. Donc, ça questionne là aussi notre rapport au travail, d'une part, mais aussi aux responsabilités. Qu'est-ce que, quand tu entends ce chiffre, que... Ce 52% des jeunes de ta catégorie d'âge ne veulent pas manager. Ça te fait quoi d'entendre ça ?

  • Speaker #0

    Ça ne me surprend pas. Et j'ai l'impression que c'est aussi vrai en Suisse. Et quand je parle avec les gens de mon âge, c'est un petit peu globalement le discours qui ressort. Et je le comprends. Je trouve que souvent, le rôle de manager, il nous est présenté comme un peu ingrat. Et que là encore, on a vu pas mal les générations précédentes un petit peu souffrir. Oui, beaucoup. Vous parlez de leur souffrance à ce poste et je comprends totalement la réticence. J'ai l'impression que les jeunes de mon âge, on se demande est-ce que ça vaut vraiment la peine ? On va dire ce nouveau titre peut-être éventuellement, l'augmentation de salaire qui vient avec, mais est-ce que ça suffit et ça compense la nouvelle charge mentale, tout ce qu'il faut gérer, l'humain ? Et tout le monde ne peut pas et ne veut pas devenir manager selon moi et ce n'est pas une mauvaise chose. Je pense qu'il faut changer le regard qu'on a du rôle du manager et d'arrêter justement de considérer ça comme une promotion, une fin ultime de promotion. Je trouve d'ailleurs que c'est un peu dégradé ce rôle parce que ça laisse sous-entendre qu'une fois qu'on a atteint un certain niveau technique, c'est la suite logique et que comme si tout le monde pouvait avoir ce rôle, et finalement ce n'est pas vrai. Je pense que ça demande des compétences que tout le monde n'a pas. Ça s'apprend bien sûr, mais je pense qu'il y a des personnes qui sont plus faites pour ça que d'autres et sont plus attirées par ce rôle que d'autres. Et qu'il faut un peu donner une nouvelle place à ce rôle.

  • Speaker #1

    Oui, tu mets le doigt finalement aussi sur quelque chose d'important. C'est que tu parlais de carrière tout à l'heure, carrière classique. Effectivement, on est encore très dans cette promotion verticale des responsabilités, où on gravit les échelons et puis que c'est un peu le graal de devenir responsable d'équipe, de manager une équipe. Mais comme tu le dis aussi très justement. C'est pas fait pour tout le monde, même si beaucoup de choses s'apprennent. Mais après, c'est aussi une question d'état d'esprit et puis d'avoir quand même un certain nombre de prérequis. Et d'avoir surtout aussi envie, parce qu'il y en a aussi beaucoup, des fois, qui accèdent à ces postes bien malgré eux.

  • Speaker #0

    Oui, et ça se ressent totalement. En tant qu'employé, on peut immédiatement voir la différence. Et c'est une mauvaise chose des deux côtés, en fait, autant pour le manager que les employés. Finalement, les deux vont souffrir. Donc, c'est un petit peu dommage.

  • Speaker #1

    Quelles sont, toi, tes expériences ? Alors, une nouvelle fois, sans nous. nous donner de noms, mais tes bonnes et tes mauvaises expériences que tu as eues en termes de management, en tant que personne managée ?

  • Speaker #0

    Je suis curieuse de savoir si les expériences un petit peu moyennes, globales existent. Parce que j'ai l'impression que j'ai eu un petit peu beaucoup les deux extrêmes, des très bons managers et d'autres où c'était beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #1

    Pourtant, à bons managers, ou en tout cas, si tu projettes par rapport à, tu dis, j'ai eu des bons managers, qu'est-ce qu'ils avaient de différent ou de particulier qui t'ont... et qu'ils ont réussi à t'embarquer, parce que c'est aussi ça, finalement, un bon manager, c'est celui qui arrive à embarquer ses équipes.

  • Speaker #0

    Une particulièrement bonne expérience que j'ai eue, c'était une manager qui m'a fait confiance dès le début. J'ai envie de dire au fond, autant sur le fond que la forme, qui me laissait être autonome. On a tous des profils différents, mais pour moi, c'est quelque chose d'important. Je savais que je pouvais compter sur elle si j'avais besoin d'aller plus loin, des choses qui dépassaient mes compétences. Mais globalement, elle me laissait faire mon travail. On avait aussi des... Ça, c'est une question d'affinité et ça dépend des rôles hiérarchiques, mais on avait aussi des discussions plus personnelles sur plein de sujets qui allaient au-delà du travail et on s'entendait très bien, donc j'appréciais beaucoup. C'était plein de petites actions qu'elle faisait. Elle me remerciait pour mon travail, elle me félicitait, que ce soit en privé ou même publiquement par rapport à d'autres gens. Je savais que je pouvais me tourner vers elle et lui faire confiance si j'avais besoin d'aide ou qu'elle allait me défendre en cas de besoin ou me soutenir dans les grandes entreprises. C'est parfois quand on a affaire... à d'autres équipes et puis qu'on est dans des boucles infinies de mails qui n'avancent pas. Et on a envie de pouvoir mettre son manager en copie et de se dire, il va prendre les choses en main, il va m'aider et il va intervenir.

  • Speaker #1

    C'est fait que cette question de confiance, qu'elle se traduise vraiment, comme tu dis, dans les petites actions du quotidien, ça c'est hyper important. Et puis, plutôt une moins bonne expérience ou quelque chose qui t'a laissé un peu plus perplexe par rapport au management ?

  • Speaker #0

    Je dirais... deux types de managers qui, j'apprécie pas trop en tout cas, qui ne me conviennent pas. C'est le manager absent qu'on ne voit jamais, c'est-à-dire physiquement mais ni par mail ou quoi que ce soit, qui ne s'intéresse pas à ce qu'on fait, qui n'essaye pas de nous aider à avancer et qui nous explique pas trop et qui nous balance un petit peu comme ça. Le manque de respect aussi. Je me rappelle d'une expérience que j'ai eue où j'étais stagiaire et pendant tout long, la manager que j'avais m'appelait la stagiaire. C'est pas vraiment très agréable, on ne s'en peut pas vraiment respecter. Et il y avait aussi un autre type de manager, c'est ceux qui font le micromanagement. Je trouve ça très difficile à vivre. Et c'est là qu'on voit justement l'absence de confiance dont je parlais avant, c'est l'extrême opposée.

  • Speaker #1

    Et ça se traduisait comment ? Une nouvelle fois sans tomber dans des détails, mais pour peut-être bien comprendre, parce qu'on parle souvent de micromanagement, mais ça se traduisait comment dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Je dirais par exemple que...

  • Speaker #1

    Duh !

  • Speaker #0

    Il faut reformuler des mails parce qu'il faut l'écrire absolument de la même façon que cette personne, alors que selon moi, il y a différentes façons de faire. Ou telle tâche, on la fait de telle façon, en suivant telle chose et on ne peut pas le faire autrement. C'est un peu de devoir tout faire exactement comme cette personne fait et qu'elle ait de la peine à déléguer. C'est un peu déléguer sans déléguer vraiment. On n'a jamais l'impression qu'on peut prendre des choses en main et te mettre d'un projet parce que finalement, la personne est tout le temps là. Elle est quand même toujours là, comme si elle s'en occupait elle-même finalement.

  • Speaker #1

    Et selon toi, c'est quoi aujourd'hui les enjeux ou les défis des entreprises au niveau management ? Mais si on prend le lien avec notre discussion d'aujourd'hui, justement de ces aspects intergénérationnels, est-ce que tu arrives à détecter quels sont les plus gros défis pour les entreprises et les managers en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense justement que c'est une des plus grandes différences qu'on a en génération, c'est notre relation au manager. Et donc, les entreprises et les managers doivent s'adapter. à nos différentes générations et savoir avoir un style différent selon l'âge et la personnalité des employés dans leurs équipes.

  • Speaker #1

    Alors, ça peut être une question d'âge, mais aussi une question de personnalité, de comportement, ce qui est très important par rapport à ce que tu dis, c'est cette faculté d'adaptation aux personnes, et pas est-ce que c'est une personne parce qu'elle est plus jeune. Alors bien sûr, il y a des différences dans la manière de vivre les choses, mais c'est simplement de devoir s'adapter aux personnes.

  • Speaker #0

    Oui, et encore une fois, comme on en parlait tout à l'heure, une des meilleures clés pour ça, c'est la communication. Finalement, d'essayer de ne pas avoir trop de préjugés au jugement. Par exemple, entre notre manager et nous, il peut y avoir une grande différence d'âge ou d'expérience, plutôt que d'avoir des a priori ou des jugements où on se dit qu'on ne comprend pas forcément une façon de travailler ou un comportement, plutôt de demander et d'essayer de comprendre, plutôt que directement dire que ça ne va pas ou porter un jugement négatif.

  • Speaker #1

    Ici, par rapport à ce que j'évoquais tout à l'heure par rapport au sondage, c'est 52% de jeunes actifs de moins de 30 ans qui ne veulent pas du tout prendre de poste à responsabilité, en particulier de manager. Moi, je reste assez convaincue que des managers, il en faut dans les entreprises. Alors, on voit aussi des modèles avec des hiérarchies un petit peu plus plates où il y a moins de managers intermédiaires. Moi, je reste assez persuadée qu'il faut quand même des personnes qui... qui est ce rôle, après effectivement c'est la manière dont il l'occupe ce rôle qui fait toute la différence, mais je reste persuadée du bien fondé d'avoir des managers dans une organisation de travail. Qu'est-ce que les entreprises, parce que si on se fie aux chiffres, et ce n'est pas la seule étude qui montre quand même moins d'attrait pour la fonction de manager, En sachant ça, qu'est-ce que tu conseilleras à une entreprise de faire pour faire regagner un petit peu de positivité à cette fonction ?

  • Speaker #0

    Par exemple, si c'est dans le cadre d'employés qui sont déjà à l'interne et de leur offrir, de leur proposer, de leur demander s'ils veulent être managers ou non, de vraiment s'assurer s'ils en ont envie ou non et si ce n'est pas le cas, de demander pourquoi. Est-ce que c'est vraiment une personne qui est allergique à ça ou peut-être qu'elle a juste peur parce que c'est une chose à laquelle on peut remédier ?

  • Speaker #1

    Ou elle a fait de mauvaises expériences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    En tant que manager.

  • Speaker #0

    De former, parce que j'ai l'impression, depuis toujours ça d'ailleurs, d'entendre les managers qui se plaignent de ne pas être suffisamment formés, d'être dépassés, fatigués, à bout. Je pense également de proposer un accompagnement, que ça soit un peu comme tu fais, du coaching finalement. peut-être d'intégrer ça même plus à l'intérieur des entreprises. J'ai l'impression que les managers se sentent souvent très seuls. Faudrait qu'ils en parlent, qu'ils aillent quelqu'un à qui parler, que ce soit un autre manager, une autre fonction spécialisée, un coach, même un psy, un thérapeute. Mais je pense qu'ils ont besoin d'extérioriser des mesures comme ça et de peut-être leur laisser un peu plus de liberté parce que je trouve que dans les grandes entreprises, c'est très vertical. J'ai vu de très nombreuses fois des managers, comme tu disais, pris en sandwich, et qui, même s'ils n'étaient pas d'accord avec les ordres de plus haut, et qu'ils avaient tendance à rejoindre plus l'avis de leur équipe ou des employés, mais on leur disait non, et puis un peu sans vraie justification, c'est comme ça, et puis voilà, on ne peut rien faire. Et de les voir comme ça, avoir un avis ou une approche différente, mais de ne pas pouvoir la mettre en œuvre, c'est très frustrant, et ça ne donne pas forcément envie.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins. Si on regarde un petit peu, on fait quelques steps en avant et puis qu'on regarde l'avenir. Alors aujourd'hui, c'est déjà demain. J'ai toujours tendance à dire ça. On parlait de comment les lignes bougent, comment les entreprises peuvent faire. Tu parlais aussi de l'optimisme. Il y a quand même des choses qui bougent vraiment dans le bon sens, même s'il y a beaucoup aussi de... On est dans un contexte pour les entreprises qui est très difficile et très complexe. C'est tout. Toi, tu pouvais changer une chose dans le monde du travail, aujourd'hui et demain. Ça serait quoi, avec ton regard de 28 ans ?

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est difficile de choisir une seule chose. Peut-être, je dirais deux choses. Il faut qu'on sorte de cette mentalité, selon moi, de la productivité à tout prix. Il faut absolument qu'on sorte de ça, parce que j'ai l'impression que c'est délétère pour tout le monde. Et que, peu importe notre âge... Tout le monde en souffre et que le travail ne se résume pas juste à ça. Je pense que ce serait la plus grosse, un nouveau paradigme à adopter. Et également un petit peu tous les a priori un peu rapides qu'on a, je ne sais pas, un peu toutes les remarques des personnes qui viennent tôt le matin et du coup qui vont partir plus tôt. Mais on va quand même leur dire, tu prends ton après-midi ou des petites remarques comme ça un petit peu. Ou l'idée de, si on est productif, naturellement, sans trop en faire. et qu'on a fini son travail en 6 heures, est-ce qu'on est vraiment obligé de faire 2 heures de présentéisme ? Pour moi, ça n'a pas de sens. Un peu des espèces de règles tacites comme ça, qui existent depuis longtemps, qui n'ont pas forcément de sens, et que je trouve d'anciennes générations ont moins questionné, ont plus suivi, et que nous, on remet en question. De bousculer un petit peu ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Et si tu avais une minute, d'ailleurs à la HEG, vous avez souvent appris, d'ailleurs moi j'admire toujours vos pitches, Si tu avais une minute pour parler à un directeur d'entreprise, un CEO, qui veut vraiment comprendre ta génération, qu'est-ce que tu lui dirais en une minute ? Alors, tu n'as pas besoin de me le faire en une minute, mais qu'est-ce que tu lui dirais vraiment de manière, voilà, pour le musculer ?

  • Speaker #0

    Je peux faire ça en moins d'une minute même. Je dirais plus de concret et moins de belles paroles, parce que c'est ce qui nous parle le plus à nos générations. On en a marre un petit peu des... J'ai l'impression qu'il y a encore beaucoup d'entreprises qui ont des discours un peu pour faire joli. peut-être pour nous appâter un peu, un peu comme le greenwashing, mais un peu version entreprise. Et on se rend assez vite compte de si c'est vrai ou pas. Et ça peut être souvent une assez grande déception quand même de voir que c'était un petit peu juste des belles paroles. Donc, ce serait plus ça.

  • Speaker #1

    Un exemple de belles paroles que tu as pu voir une nouvelle fois sans trahir de nom, bien évidemment, mais des paroles que... Arrêtez de nous parler de ça, mais agissez comme ça.

  • Speaker #0

    Je dirais... Par exemple, dans la flexibilité, oui, il y aurait des possibilités de télétravail ou de s'organiser comme on veut. Puis en fait, on se retrouve avec un manager qui nous dit non, tu viens à telle heure exactement à tel jour. Et puis le télétravail, pas trop, c'est pas trop mon truc. Moi, je préfère que les gens soient là. Des choses comme ça. En fait, je trouve que c'est mon avis, mais je préfère savoir que j'ai la possibilité de. Et je ne vais même pas forcément l'utiliser. Si je prends par exemple le télétravail, je pense que ça peut être une très bonne chose. Quelques jours par semaine. Je ne l'ai pas toujours eu, mais des fois, c'est une question d'accès de données sensibles, etc. Mais de savoir que je peux avoir l'option, je ne vais même pas forcément l'utiliser, mais je me sens tout de suite mieux. On respire un peu mieux et on a l'impression d'avoir un petit peu plus de contrôle sur comment on s'organise son travail, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et aussi, ce dont on parlait avant, bien sûr, la question du sens, de pourquoi on fait les choses. L'utilité.

  • Speaker #1

    Et puis tout ça avec cohérence, de donner de la cohérence aux choses. Et puis, si tu devais t'adresser, alors en moins d'une minute, puisque tu fais ça très bien en moins d'une minute, je t'admire, à un jeune qui débute sa carrière, quelqu'un de beaucoup plus jeune que toi, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je dirais justement d'oser apporter ses connaissances et son regard neuf sur les choses, parce que c'est important. même si on n'a pas l'impression que c'est toujours entendu, ça vaut quand même la peine, ne serait-ce que pour gagner en confiance en soi et s'affirmer. Mais je dirais aussi quand même de rester humble. Je pense surtout à des personnes qui ont fait des études et n'ont pas encore travaillé. J'ai eu un peu des retours comme ça de collègues plus âgés qui n'appréciaient pas trop, ou la personne voulait vraiment penser mieux savoir, et voulait vraiment tout révolutionner alors qu'elle n'avait encore jamais travaillé. Je pense qu'il faut quand même Oser un petit peu, mais rester humble et ne pas se dire qu'on sait mieux que tout le monde, c'est un peu plus nuancé. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment une recherche. Oui, c'est nuancé, c'est trouver ce juste équilibre intéressant. Dis donc, tu nous as partagé énormément de choses, Charlotte. Merci infiniment. Et puis, j'ai une dernière question, ou en tout cas pour boucler la boucle de notre échange d'aujourd'hui. S'il y a un seul message, alors une nouvelle fois, c'est très restrictif ce que je demande là, mais que tu aimerais que les personnes qui nous ont écoutées jusqu'au bout, elles... retiennent de cet échange, de ce que tu nous as partagé aujourd'hui ? Ça serait quoi qui te tient le plus à cœur qu'elles retiennent ?

  • Speaker #0

    Que malgré nos différences, on peut très bien travailler tous ensemble, toutes les générations, et qu'il faut continuer à s'écouter, faire un pas l'un vers l'autre et à discuter, et que nos différents âges et cultures sont une richesse et qu'on a beaucoup à s'apporter mutuellement, et que finalement, on travaille ensemble et qu'on a tous envie d'un monde du travail plus idéal et épanouissant. Et donc, en fait, on va tous ensemble vers ce même but. On n'est pas les uns contre les autres. On est dans la même équipe, finalement.

  • Speaker #1

    Ce sera le mot de la fin. Je te remercie vraiment infiniment pour cet échange. Et je te souhaite vraiment tout le plein de bonheur et d'amour, comme tu l'as partagé en début d'échange, pour la suite.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Et au plaisir de te revoir tout bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a apporté des clés et des inspirations pour avancer dans votre rôle de manager. Si cet épisode vous a plu, pensez à vous abonner pour ne rien manquer des prochains. Et surtout, venez me retrouver sur LinkedIn pour continuer la discussion. J'adorerais connaître votre point de vue et échanger avec vous. À très vite pour un nouvel épisode d'Entre nous.

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