- Speaker #0
J'ai commencé dans un secteur au journal de l'automobile qui était l'après-vente automobile justement. Il n'y avait pas beaucoup de femmes à l'époque.
- Speaker #1
Il faut que je me le dire.
- Speaker #0
Et il y en avait encore moins que dans le commerce auto ou dans l'industrie auto.
- Speaker #1
On a beaucoup de femmes maintenant qui sont managers, qui ont des grosses personnalités dans la pièce de change, qui sont très reconnues, très appréciées de la gente masculine et pour leurs compétences.
- Speaker #0
Il ne faut pas craindre de bousculer les codes. d'apporter sa dédicace et de faire entendre sa voix.
- Speaker #2
Il faut que les femmes assument le fait qu'elles ont une ambition,
- Speaker #3
qu'elles ont une valeur ajoutée,
- Speaker #2
qu'elles sont tout à fait légitimes dans du business, dans du déploiement de plans stratégiques.
- Speaker #4
Oser l'automobile. Les femmes dans l'automobile sont très appréciées. Elles ont une approche très chine, psychologue. C'est après ce que me disent mes confrères masculins.
- Speaker #5
Bonjour à vous, qui à travers ce podcast EQUIP AUTO, 50 ans de passion, plongée dans l'histoire, l'évolution et la réalité d'EQUIP AUTO, le salon international des professionnels de l'automobile. Événement phare, EQUIP AUTO fêtera ses 50 ans du 14 au 18 octobre 2025 à la porte de Versailles de Paris. 50 ans, 50 ans d'événements, de rencontres, de business, d'innovation et de transmission. Voici l'épisode numéro 6 consacré aux femmes que vous pourrez rencontrer sur le salon EQUIP AUTO. L'automobile a longtemps été un monde d'hommes, mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, des femmes talentueuses, passionnées et déterminées façonnent l'avenir de la filière. Elles sont ingénieurs, présidentes, directrices, journalistes ou même réparatrices. Et chacune, à sa manière, bouscule les codes, impose sa vision et inspire les générations futures. Dans cet épisode très spécial au long format, prenez le temps d'écouter ces entretiens des femmes exceptionnelles, drôles, touchantes, ultra professionnelles. qui nous racontent comment elles évoluent dans un monde encore masculin, mais en pleine transformation. Ces regards de femmes sur l'automobile d'aujourd'hui et de demain, ce sont ceux de Valérie Brousseau, de Valeo et de l'association Elle Bouge, de Aline Croisy, de Chez Autodistribution, de Caroline Ridé, du magazine The Pro, de Mylène Dorange, de l'équipe TV, d'Anne-Marie Besner, de JL Evans, directrice du salon automobile de Lyon, d'Elisabeth Jung, de Wave, les ailes de l'auto, d'Audette Dantas, du JIPA. d'Emmanuel Bischoff-Clusel, de Capgemini, de Catherine Leroy, journaliste et rédactrice en chef du journal de l'auto, et de Claudie Cahard, de chez Idées Rechanges. Je vous invite à me suivre. Je suis Laurence Perrault, journaliste auto,
- Speaker #6
créatrice de ce podcast, et je serai votre guide à travers les 50 ans d'EQUIP AUTO. Quelle que soit la filière,
- Speaker #2
l'industrie, le secteur, la mixité est évidemment un facteur de réussite et de richesse.
- Speaker #6
Aurélie Jouve, directrice du salon EQUIP AUTO.
- Speaker #2
Il nous faut des hommes, il nous faut des femmes pour enrichir, pour faire grandir toute une filière.
- Speaker #4
Quand on regarde les chiffres,
- Speaker #2
les femmes ne sont seulement que 30% à travailler dans la filière automobile. On a donc encore beaucoup de progrès à faire pour continuer à les attirer. C'est pourquoi sur EQUIP AUTO, on est ravis de pouvoir mettre en lumière de beaux parcours de femmes qui sont présentes dans la filière. Et vous qui allez découvrir tous ces beaux parcours,
- Speaker #6
peut-être allez-vous avoir envie de nous rejoindre.
- Speaker #2
EQUIP AUTO, EQUIP AUTO,
- Speaker #0
EQUIP AUTO, qui innove énormément. Et on a beaucoup de projets qui sont portés par des femmes et on aime à ce que ce soit réellement la personne qui porte le projet, qui le déploie, qui le présente, qui le communique.
- Speaker #5
Aline Croisy, responsable de la communication et des événements chez Autodistribution depuis 25 ans.
- Speaker #0
Autodistribution a fêté ses 60 ans. Notre métier, c'est de faire de la distribution de pièces automobiles et poids lourds. Et donc on distribue ces... pièces à un réseau de distributeurs qui vont ensuite revendre les pièces qui sont fabriquées par des équipementiers mais également développer des concepts pour être soutien à la réparation automobile.
- Speaker #6
Qu'est-ce qui vous a attiré dans le secteur automobile ?
- Speaker #0
Pour vous tout dire je suis tombée dedans un peu par hasard. En fait j'avais choisi de me réorienter après un parcours dans l'hôtellerie restauration de luxe. Je suis rentrée chez Autodistribution par la toute petite porte et j'ai découvert un univers qui était hyper enrichissant et stimulant avec des défis permanents à relever. C'est un secteur qui est animé par la passion pour l'innovation, pour la technologie. C'est un véritable terrain de jeu pour la communication et le marketing. Et j'ai apporté ma sensibilité, ma vision des choses. Être une femme dans un milieu qui est majoritairement masculin encore aujourd'hui m'a quand même permis de développer une certaine forme de résilience et surtout une détermination qui m'ont aidée à progresser et à m'imposer dans mon rôle.
- Speaker #6
Aline Croisi, est-ce que d'être une femme vous apporte-t-il de communication différente due à votre féminité ?
- Speaker #0
Absolument. Le fait d'être une femme m'apporte une approche qui est peut-être un petit peu plus empathique et une capacité à rassurer et à fédérer autour de projets. Je suis convaincue que la diversité est une force. Je pense que cela me permet aussi de mieux comprendre les attentes de nos différents publics, d'enrichir notre manière de travailler et puis ainsi peut-être toucher un public un peu plus diversifié.
- Speaker #6
Est-ce que vous avez, vous, constaté,
- Speaker #5
Ligne Croisi,
- Speaker #6
une évolution des mentalités sur la place des femmes dans l'industrie automobile ? Quels sont selon vous les points positifs et les défis qui restent encore à relever ? Oui,
- Speaker #0
il y a une certaine prise de conscience. Alors elle est progressive, mais elle est là. Pour mon métier de communicante, le ton et le style ont quand même pas mal évolué. Typiquement, l'image de la femme automobiliste n'est plus dévalorisée dans la relation avec l'entretien et la réparation de son véhicule. On avait tendance à faire passer un peu les femmes pour ignorantes ou naïves. On l'a énormément travaillé dans nos communications et on a pu ce miroir-là dévalorisant de la femme. Côté entreprise, je trouve qu'il y a quand même de plus en plus de femmes qui accèdent à des postes à responsabilité. Et d'ailleurs chez nous, on est très attentif à la diversité. Il reste quand même pas mal d'inégalités, principalement salariales, des difficultés de reconnaissance des compétences, pas mal de stéréotypes aussi à combattre, et un manque de modèles féminins. Les choses, elles avancent dans le bon sens. Nous avons d'ailleurs depuis quelques années une forte féminisation de notre force de vente. On a de plus en plus de femmes commerciales ou animatrices de réseau, ce que nous on appelle des DGE, directeurs généraux. d'enseigne qui dirige les points de distribution.
- Speaker #6
Aline Croisi, quand vous concevez des événements pour autodistribution, est-ce que vous êtes attentive d'ailleurs à véhiculer une image qui est plutôt inclusive de la femme, plutôt moderne d'ailleurs de l'automobile ?
- Speaker #0
On veille à ce que nos événements soient le reflet de la société actuelle en fait, avec une représentation équilibrée des femmes et des hommes. Concrètement, ça se traduit par le fait que nous abordons les sujets à la diversité et à l'inclusion sans hésiter à faire témoigner des femmes sur nos événements.
- Speaker #6
Quel message vous auriez à transmettre à des femmes, peut-être en reconversion professionnelle, ou à des jeunes filles qui hésitent à rejoindre la filière automobile, et en particulier l'aftermarket ? Moi,
- Speaker #0
je leur dirais de foncer, en fait, tout simplement. C'est un super secteur. Il est passionnant, il est en pleine transformation, il y a de superbes opportunités pour les femmes. Et je pense qu'elles peuvent apporter aussi des perspectives nouvelles et qui sont précieuses. Je crois que l'automobile a besoin de talents diversifiés pour inventer le futur de la mobilité.
- Speaker #1
Je suis pas d'honneur. J'ai toujours voulu être journaliste. Et puis l'automobile, alors ? C'est le hasard du premier poste en fait. Franchement, ce n'était pas un choix de cœur. Ça fait 33 ans aujourd'hui. J'ai été happée par un écosystème qui mélangeait tout ce que j'aimais. Il y avait de l'humain, des entrepreneurs, des grandes organisations économiques et politiques européennes.
- Speaker #5
Caroline Ridet, directrice de la rédaction de The Pro après-vente auto, spécialisée en distribution, pièces de rechange et son écosystème.
- Speaker #1
J'ai été happée par les gens de l'automobile et un secteur qui bouge en permanence.
- Speaker #6
Quelles ont été vos premières impressions en entrant dans le secteur de l'aftermarket automobile et qu'il est encore un peu aujourd'hui assez masculin ?
- Speaker #1
Je l'ai trouvé très masculin. Encore très patriarcal à l'époque, avec des grandes personnalités qui étaient passionnantes. Au début des années 90, quand je suis rentrée dans ce milieu-là. Mais ça a tellement changé depuis. C'est impressionnant. J'ai l'impression de parler du Moyen-Âge quand je raconte ça.
- Speaker #6
Et à l'époque, vous avez ressenti des choses à votre rencontre comme vous étiez une femme ?
- Speaker #1
À mes débuts, j'ai plus ressenti des choses en tant que jeune journaliste plutôt qu'en tant que jeune femme. C'était plus la question. On me mettait un peu à l'épreuve. Certains ont eu la tentation de jouer avec mon ignorance de la technique auto, qui était énorme. Je ne suis pas sûre d'avoir comblé tous les trous aujourd'hui. Mais le goût de raconter leur métier, de partager leur passion, était toujours le plus fort.
- Speaker #6
Aujourd'hui, vous êtes vraiment reconnue, Caroline Ridé, comme étant une vraie spécialiste dans un domaine assez technique comme la distribution des pièces automobiles. Aujourd'hui, vous êtes l'une des journalistes les plus compétentes.
- Speaker #1
Oui, mais pas en technique, en fait. Mais non, la réalité, c'est que je ne suis pas compétente en technique, mais ils le savent. Donc, ils ont arrêté d'essayer de me piéger. Et d'ailleurs, ils m'ont beaucoup appris, parce que quand je voyais dans leur regard, évidemment, elle n'y connaît rien, c'est une femme. Un petit peu de désespoir quand même. Et puis, très vite, ils faisaient l'effort de m'expliquer avec une façon didactique que je pouvais intégrer. Mais aujourd'hui, je ne suis pas une technicienne de l'auto. En revanche, et ça, c'est mon métier. je commence à avoir une relativement bonne connaissance de l'écosystème et de voir comment ça marche économiquement avec les grands enjeux et puis les mécanismes. Mais ça, c'est eux qui me l'ont apporté en me racontant tout le temps leur métier. Et ils n'ont jamais été avares d'explications. Et puis en fait, le travail, la compétence et le sens de l'humour fait qu'ils s'arrêtent vite. Ceux qui ont eu la tentation, il y en a eu.
- Speaker #6
Quels sont les sujets majeurs de tout ce qui est évolution de cette filière ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, on parle des distributeurs de pièces de rechange qui travaillent plutôt sur le marché de la pré-vente. Un marché où on sait que le parc est vieillissant. Ils doivent donc être là pour fournir la pièce, une bonne dispo, des stocks. Tout ça, c'est lourd économiquement, techniquement. Mais quand ils étaient, il y a quelques dizaines d'années, des stockistes qui fournissaient la pièce, aujourd'hui, non seulement ils doivent fournir la pièce très très vite même, mais en plus ils doivent accompagner les réparateurs en matière technique, en gestion. Et ça, c'est le métier qui a vraiment changé. Ils sont plus des fournisseurs de pièces et de services en fait. L'autre élément, c'est qu'ils deviennent des logisticiens. C'est un nouveau métier. Alors, si les grosses structures ont intégré, même les plus petites vont devoir y aller. Et puis, évidemment, on va parler de la transition écologique, qui doit gérer cette capacité, cette optimisation, et ça va toujours plus vite de fournir la bonne pièce, avec des références qui se font démultiplier de façon incroyable. On est au début d'une nouvelle histoire qui est complexe pour eux.
- Speaker #6
Caroline Ridé, vous qui êtes journaliste spécialisée en aftermarket, est-ce qu'il y a des femmes chez vos distributeurs que vous rencontrez pour vos articles ?
- Speaker #1
Ah oui, ce qu'il n'y avait pas du tout au début.
- Speaker #6
Il y a eu une évolution depuis les années 90 ?
- Speaker #1
C'est énorme. Tiens, vous me demandiez une anecdote, j'en ai une. Dans les années 90, je travaillais dans un journal où on parlait beaucoup plus des distributeurs de véhicules neufs, qu'on appelait les concessionnaires, etc. Un des acteurs du marché me lance un défi en me disant « Tu vas faire une série de portraits sur les femmes dans l'auto. » Ça me plaisait plutôt pas mal. J'ai vite déchanté. Parce que si je ne voulais pas parler des femmes qui étaient au bureau, je n'avais pas grand-chose. Il y avait deux, trois femmes qui étaient là-dedans. Aujourd'hui, ce n'est plus du tout la même. On a beaucoup de femmes maintenant qui sont managers, qui ont des grosses personnalités dans la pièce de rechange, qui sont très reconnues, très appréciées de la gente masculine et pour leurs compétences. On retrouve ça chez les équipementiers aussi.
- Speaker #6
Vous pensez à des personnalités en particulier ?
- Speaker #1
C'est un exemple, mais Pascal Lefeuvre de chez Dazir, une plateforme logistique. C'est véritablement une patronne charismatique. C'est quelqu'un qui compte. Elle est présidente aussi d'Apro. C'était inimaginable dans les années 90. On a la patronne de la division aftermarket monde de Stellantis, qui est une femme. Dernièrement, chez Forvia, ils viennent de nommer le DG France. C'est une femme. Et c'est des femmes à chaque fois. Elles ont vraiment une personnalité, une compétence, un dynamisme. C'est un plaisir de parler avec elles. Il y a un vrai changement de paradigme. C'est spectaculaire.
- Speaker #6
Si une jeune femme écoute en ce moment le podcast et qu'elle hésite encore un petit peu, ce que vous venez de dire fait tomber toutes les barrières.
- Speaker #1
Être une femme ne doit plus être une question pour elle, ça ne doit plus être une question pour quiconque. Et s'il reste encore des hommes pour qui c'est une question, franchement, les femmes qui sont sur ce marché, elles le balayent d'un revers de la main, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas croire, je ne connais rien au moteur. Très honnêtement, moi, au bout de 33 ans, je ne pense pas connaître un moteur. J'essaye. Et ils ont fait beaucoup d'efforts pour m'aider. Mais c'est plus fort que mon intelligence. C'est un secteur qui bouge beaucoup. Il est innovant, il est résilient. On n'a pas le moyen de s'ennuyer. Et je vous dis ça, moi, je ne voulais pas y aller il y a 33 ans. Et pour être honnête, si certains ont pu avoir la tentation de me ranger dans la catégorie des gentils idiotes, ils ont vite changé d'attitude. Le travail, la détermination qu'on a, et puis l'assurance qu'on connaît notre sujet, et puis surtout l'humour, c'est vraiment des armes contre tout.
- Speaker #3
A la base, je suis ingénieure. J'ai commencé dans les usines en 1917, de fabrication de moteurs chez Renault. C'est un métier que j'ai appris sur le tas. Comment fabriquer un moteur ? J'étais préparateur en assemblage. Une femme, 49 hommes.
- Speaker #5
Emmanuelle Bischoff-Cluzel, vice-présidente, Sustainability Leader Global Automotive Industries, au sein de Capgemini.
- Speaker #3
Je me souviens d'une réunion, le chef de département avait dit « Bonjour mademoiselle, bonjour messieurs » . Et en me retournant, je m'étais rendue compte que j'étais la seule dans l'assemblée. Ça m'a vraiment marquée. J'ai la passion du produit. J'ai vu concrètement ce que c'était que la fabrication d'un moteur et le sentiment de fierté d'avoir sorti le premier moteur. Après, j'ai changé, je suis allée Ausha. Parce qu'à l'époque, on cherchait des acheteurs avec des backgrounds vraiment d'ingénieurs, techniques, etc. Et je me suis découverte de cette passion pour la négociation. Et je me souviens aussi, les premiers qui me regardaient en disant « Bon, alors, qui c'est cette petite blonde là qui n'y connaît rien ? » Et puis après, en se disant « Ah bah oui, zut, j'aurais mieux fait de me taire parce que finalement, elle connaît vraiment les usines, elle connaît vraiment le process. » Et zut alors ! Donc, apprendre à se faire respecter et à se légitimiser.
- Speaker #6
Quel que soit le sexe, vous avez réussi à prouver que les compétences étaient au-delà du genre ? Oui,
- Speaker #3
tout à fait.
- Speaker #6
Avez-vous, vous, constaté une évolution ?
- Speaker #3
Il y a beaucoup de progrès. Les femmes sont beaucoup plus acceptées pour leurs compétences. Cependant, je trouve que ce n'est pas assez. On le voit dans les écoles d'ingénieurs, on a toujours un taux qui est autour de 20-23% de femmes. Ce n'est pas assez. Il y a des disparités, il faut travailler ces domaines-là.
- Speaker #6
Selon vous, comment ?
- Speaker #3
Je suis pour les quotas. Évidemment, on trouve toujours dommage de devoir en arriver là, mais en fait, c'est la seule manière d'avancer pour moi. Je rêve d'un jour où on n'en ait plus besoin, ça c'est sûr. Donc, je pense qu'il faut continuer. Mettre en avant des profils de femmes qui ont réussi, qui sont bien dans leur peau, pour donner envie aussi aux jeunes filles d'embrasser aussi des carrières de ce type. Il y a aussi tout un travail à faire avec les hommes, pour montrer qu'ils sont capables de travailler ensemble, d'apporter des choses peut-être un peu différentes. Je me souviens l'avoir dit au salon de l'auto pour Elle Bouge en 2016, mais ça reste vrai.
- Speaker #6
Est-ce que vous auriez un message à transmettre ?
- Speaker #3
Je n'aurais plusieurs des messages. Je dirais d'abord ce que je dis depuis toujours dans les associations où elles bougent, ou quand je vois des jeunes filles dans les collèges, dans les lycées, ou même avec mes filles, c'est d'oser. Vraiment, oser aller au bout de ses rêves, croire en soi, se donner les moyens de rencontrer des gens pour prendre confiance, rencontrer des femmes qui ont des parcours étonnants. Et puis le deuxième point, je dirais, il ne faut pas être pressé finalement. C'est difficile d'être une femme, on a envie d'être super femme, super mère, on veut être bien sur tous les tableaux. La carrière est longue et parfois on peut se donner un peu de... de temps, parce qu'on a envie de faire des enfants, parce qu'on a envie d'avoir un projet personnel, et puis rebondir après. La vie est belle, on a l'avenir devant soi, et il faut y croire. Voilà, il faut se donner les moyens d'aller au bout de ses rêves.
- Speaker #6
Votre plus belle réussite aujourd'hui, quand vous regardez dans le rétro, professionnellement, j'entends.
- Speaker #3
Je suis toujours fière du partenariat avec Mercedes, quand j'étais chez Renault, c'était quelque chose de génialissime. d'avoir réussi à conjuguer les forces de chaque entreprise dans ce partenariat pour développer des moteurs en commun, développer des plateformes communes. J'ai adhéré à cette période-là.
- Speaker #2
C'est vraiment un engagement tout d'abord personnel. J'y crois, je veux qu'il y ait plus de femmes, je sais que ça va être bénéfique. Et je m'engage à titre bénévole dans l'association pour que ça avance.
- Speaker #5
Elisabeth Jung, cofondatrice et présidente de l'association WAVE Les Ailes de l'Auto.
- Speaker #2
On est parti sur la création de cette association il y a déjà 16 ans avec Florence Lagarde qui est cofondatrice. L'idée c'était vraiment de faire bouger les choses. On était à des réunions automobiles où il n'y avait que des hommes, toujours les mêmes. Très peu de femmes à l'époque. En 2008, il y avait simplement 8% de femmes dans l'automobile, dans la filière, donc très peu. Et on s'est dit, si on ne le fait pas, si on ne se retrouve pas les morts, si on veut faire bouger les choses, il faut vraiment qu'on fait quelque chose. Tout de suite, on a eu un écho très positif des acteurs de la filière. qui en fait ne savaient pas comment prendre ce sujet de la mixité. Et donc, on les a accompagnées avec différentes actions.
- Speaker #6
Rappelez-nous votre parcours professionnel, Elisabeth Young.
- Speaker #2
Je suis engagée effectivement dans l'automobile avec une carrière de plus de 30 ans. Alors, j'ai commencé d'abord dans la finance. J'étais directrice financière dans le groupe MG Rover, à l'international, en Angleterre, en Espagne, puis en France. J'ai ensuite élargi mes attributions sur la gestion des pièces détachées chez Rover. J'ai aussi eu un parcours RH, toujours chez MG Rover. Et ensuite, j'ai travaillé dans la distribution automobile. Je pensais que c'était indispensable de voir comment la vente et la pré-vente fonctionnaient, comment les clients étaient accueillis. Et aujourd'hui, je m'intéresse au développement durable. Mon poste aujourd'hui est vice-présidente développement durable.
- Speaker #6
Quel est le principal frein à une meilleure représentation des femmes dans l'automobile et en particulier dans l'internet ?
- Speaker #2
Je pense que les femmes ne s'y retrouvent pas dans cette filière. Quelle heure ? considèrent cette filière vraiment comme masculine, avec beaucoup d'hommes, elles n'ont pas tort, bien sûr. Donc ça, c'est un premier point lié à l'attractivité, la méconnaissance aussi des métiers qui sont dans cette filière et l'innovation. Mais un point, moi, qui me fait de la peine et que j'aimerais changer, c'est l'entourage des femmes, leur famille directe, leurs amis. Quand elles leur disent « tiens, moi, je voudrais travailler dans l'automobile, dans l'après-vente » , souvent leur réponse, c'est « mais non, ce n'est pas pour toi, va travailler dans les cosmétiques, le luxe, ça te tira beaucoup mieux » . Il faut combattre ces préjugés à tous les niveaux et notamment auprès des hommes. C'est pour ça que l'association OUERV, les ailes de l'auto, est une association mixte. Et on compte beaucoup sur les hommes, sur leurs paroles, sur leur pouvoir décisionnel dans la filière, pour que les bienfaits de la mixtité se retrouvent vraiment à tous les étages. Et puis, quand on n'entend plus ces discours, on leur dit non, ce n'est pas la peine, n'y va pas.
- Speaker #6
En 2025, c'est encore le cas ?
- Speaker #2
Mais oui, j'ai eu des témoignages très récemment d'une femme qui voulait travailler en carrosserie. présente et on lui a dit ouais bof peut-être pas puis en plus on n'a pas de vestiaire on n'a pas de touche donc finalement elle est postulée ailleurs et pour le coup sa mère était avec elle quand elle est venue me parler pour me demander des conseils de l'aide et sa mère poussée dans ce cas là c'était bon depuis
- Speaker #6
la création de wave les ailes de l'auto en 2008 est ce que vous avez constaté une vraie évolution dans la manière dont les entreprises du secteur accueillent quand même et valorise les femmes malgré l'exemple que vous venez de me donner Oui,
- Speaker #2
une progression très positive. On est passé de 8% à aujourd'hui environ 25% de femmes dans la filière. Donc encore une fois, tout secteur confondu. Donc ça, c'est très positif. Par contre, on s'aperçoit que chaque fois qu'il y a des problèmes, des difficultés dans la filière automobile, tout le travail qu'on a fait est remis en question. Donc il faut constamment parler de cette mixité, parler des bienfaits pour que cette progression ne s'arrête pas. Et nous, c'est notre rôle de montrer que la mixité est vraiment... un enjeu de performance dans les entreprises. Donc il y a des choses positives. Par contre, on s'aperçoit qu'il y a des métiers qui sont encore très genrés et qu'il faut essayer de changer. Comme ? Il y a les métiers de la pré-vente, la distribution malheureusement. Je suis vigilante notamment sur la communication qui est faite, les photos qui sont faites du management, pour faire en sorte qu'on n'oublie pas les femmes. Mais donc, c'est aussi grâce à vous, à EQUIP AUTO, à votre podcast, Laurence, qu'on va réussir à aller chercher ces femmes, à les trouver.
- Speaker #6
Elisabeth Jung, cofondatrice et présidente de Wave, les ailes de l'auto. Est-ce que vous avez quelques exemples concrets d'actions que vous avez menées avec l'association qui ont permis d'encourager une meilleure mixité dans les entreprises ?
- Speaker #2
Si on met en place un certain… nombre de choses. D'abord les trophées de la femme de l'année, ça c'est vraiment important pour montrer que les femmes ont un rôle à jouer et font carrière. Nous avons également des trophées de la mixité où là on met en avant des entreprises qui ont fait des actions concrètes et qui ont des résultats. Et la dernière chose ce sont nos enquêtes baromètres où on mesure chaque année le taux de féminisation dans la filière et où l'on voit la progression.
- Speaker #6
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui hésitent encore un peu à s'engager dans cette industrie automobile ?
- Speaker #2
En fait, le seul conseil, et nous c'est le titre d'un livre qu'on a publié, c'est « Mesdames, osez l'auto » .
- Speaker #6
Comment voyez-vous l'avenir ?
- Speaker #2
Moi, je suis d'un naturel optimiste. Il y a beaucoup d'enjeux actuellement dans la filière automobile, de modifications, de chaos. Donc, il faut toujours garder à l'esprit ces enjeux et les bénéfices de la mixité.
- Speaker #4
Le dénominateur de mon parcours, c'est souvent la passion. La première partie chez Renault Trucks, c'est la passion de l'automobile, du camion et c'est la passion de l'industrie. Et puis dans l'événementiel, c'est une autre passion, c'est la passion de l'événement qui se crée. C'est aussi au sein du groupe GEL la passion de l'entreprenariat. Dans l'événementiel, ce qui est intéressant, c'est que jamais rien n'est écrit d'avance. La valeur ajoutée, c'est une valeur ajoutée créative et imaginative.
- Speaker #5
Anne-Marie Besner, directrice du salon automobile de Lyon.
- Speaker #4
Ça fonctionne toujours avec un côté remise en compte, c'est-à-dire les choses ne sont jamais définitivement établies. On n'est jamais définitivement arrivé. C'est dans la difficulté qu'on progresse le plus. Il y a aussi l'audace. Il faut oser, essayer, avancer. Ça fait partie de la réussite collective de nos événements ou de mon parcours.
- Speaker #6
En tant que directrice générale chez GL Events et en tant que femme, Anne-Marie Besner, comment vous travaillez avec vos équipes ?
- Speaker #4
Vous avez très bien parlé de bienveillance. Une fois, j'ai un directeur des ressources humaines qui m'a dit « oui, oui, ton management est bien, mais il est bienveillant » . Alors là, je me suis permis de dire qu'il est bienveillant, mais il est exigeant. Il est bienveillant parce que c'est ma nature, j'aime les hommes et les femmes, mais il est aussi exigeant. On doit aussi répondre aux exigences de sa fonction. Pour vous donner un très bon exemple, quand j'ai un collaborateur qui ne correspond pas aux critères que j'attends de lui, eh bien, je n'ai aucune difficulté à m'en séparer. l'exigence et la bienveillance, ça peut aussi faire bon ménage.
- Speaker #6
Est-ce que c'était un univers, l'automobile, qui a été difficile à pénétrer pour vous en tant que femme ?
- Speaker #4
J'ai une expérience un peu particulière parce que dans le camion, qui est le monde de l'industrie, les femmes sont extrêmement appréciées. Probablement parce que dans le monde ouvrier, il y avait autant d'hommes que de femmes aussi, également. J'ai plutôt vécu une carrière très très heureuse en tant que femme. À cette époque, j'étais aussi dans le groupe Renault, Renault Trucks. Dans le groupe Renault, très tôt, il a été lancé. l'impulsion de la mixité. On est dans les années 90 et déjà portée par le président de l'époque qui est Louis Schweitzer. Et puis dans l'événementiel, il y a beaucoup de femmes. Elles sont toutes créatives, hommes et femmes. Ce qui compte, c'est que l'événement soit réussi.
- Speaker #6
Ça veut dire pour vous qu'être une femme aujourd'hui, c'est un non-sujet ? Que le choix de la personnalité est ailleurs ?
- Speaker #4
Ce que je vous dirais, c'est que ce n'est pas un non-sujet. C'est qu'une femme porte des caractéristiques différentes d'un homme. Cette citation d'Yvette Chassagne, une grande PDG dans l'assurance. Dans les années 80, il disait « pour prendre une bonne décision, je prends l'avis d'un homme et d'une femme » . Les femmes apportent aussi autre chose, on va dire en général. On est orienté sur l'objectif, pas sur la façon d'y arriver. On a aussi un certain courage qui est dans notre ADN. Un bon exemple à vous partager, à moins de 30 ans, j'étais chef de service de comptabilité client, c'est Renault Trucks, où la tradition dans la direction de la comptabilité client, c'est quand une femme partait en congé maternité, elle ne retrouvait pas son poste. Elle revenait à un autre poste en fonction des postes qui étaient disponibles. À cette époque, j'ai une femme dans mon service qui m'annonce sa maternité, donc je la félicite et je prends une décision sans en référer à ma hiérarchie. Nous allons la remplacer, on va se répartir son poste et quand elle reviendra, elle reprendra son poste. Eh bien, elle est partie, elle nous a fait un beau bébé, elle est revenue à son poste et à partir de ce moment-là, à la direction de la comptabilité, toutes les femmes qui partaient... en maternité et qui revenaient, reprenaient leur poste. Ça fait jurisprudence. Après coup, je me suis dit que c'était courageux. Ça valait le coup pour l'intérêt général des femmes. Je crois que c'était une belle avancée. Et ça a permis à toutes ces femmes qui partaient en congé maternité d'avoir moins d'angoisse quand elles revenaient, justement parce qu'elles ne retrouvaient pas leur poste initial.
- Speaker #6
Pour conclure notre entretien, Anne-Marie Besner, en septembre prochain, dans les allées du Salon Automobile de Lyon, vous rencontrez une ou plusieurs jeunes filles. Elles vous disent qu'elles aimeraient se diriger vers des métiers dans l'univers de l'automobile ou vers des postes à responsabilité comme le vôtre. Que leur diriez-vous ?
- Speaker #4
Alors moi, je leur dirais d'abord une première chose, c'est oser l'automobile. Les femmes dans l'automobile sont très appréciées. Je leur dirais, l'automobile vous attend.
- Speaker #5
Anne-Marie Besner,
- Speaker #6
accompagnée d'Aurélie Jouve, directrice d'EQUIP AUTO, vous avez été toutes les deux d'ailleurs nommées. Femme de l'année 2023 par le jury de Wave, quelles sensations, quelles émotions ?
- Speaker #4
Je crois qu'on a formé un très beau duo, puisque nous avons accueilli en même temps la première édition d'EQUIP AUTO à Lyon, en même temps que nous avions notre salon de l'automobile de Lyon 2023. Et puis ensuite, avec Aurélie, on a partagé vraiment la fierté d'être femme de l'année toutes les deux. Et surtout, on a apporté la fierté pour nos équipes, pour nos exposants et finalement pour nos visiteurs.
- Speaker #0
Anne-Marie Besner, vous êtes directrice générale dans le groupe GL Events. Si vous devez regarder dans le rétro... Eh bien, je dirais l'expression favorite de notre président,
- Speaker #1
Valérie Légénon,
- Speaker #0
que j'ai plutôt pas trop mal cultivé mon potager.
- Speaker #1
Et si pas tant ?
- Speaker #0
Vous êtes toujours là ? Tant mieux. Parce que l'histoire ne s'arrête pas là. Il reste encore des femmes exceptionnelles à rencontrer et des parcours inspirants à découvrir. Alors si vous avez le temps, restez en notre compagnie. Sinon, faites une pause, mais surtout, revenez. Parce que... Ces femmes ont encore beaucoup à nous raconter sur leur place, leur combat et leur vision d'un monde automobile en pleine mutation. Allez, on continue ?
- Speaker #2
Je m'appelle Mylène Dorange, je suis journaliste pour la chaîne L'Équipe et j'ai bientôt 30 ans.
- Speaker #0
Quand je dis EQUIP AUTO, vous pensez à quoi ?
- Speaker #2
Je pense à Aurélie. Aurélie qui est une femme que je trouve super sympa, que j'adore et c'est incroyable. Et je pense à son sourire parce qu'elle a souvent le sourire aussi cette femme.
- Speaker #0
Quel regard vous avez en tant que femme et sur ce pour lequel il est fait, c'est-à-dire tous ceux qui travaillent dans les garages, les carrosseries, le développement de l'automobile ?
- Speaker #2
Je trouve qu'EQUIP AUTO, c'est une très belle mise en valeur de ceux à côté, si je puis dire, que ce soit hommes ou femmes. Ils mettent aussi en avant la mixité.
- Speaker #0
Quel est votre parcours, Mylène Dorange ? Comment vous êtes arrivée, en tant que jeune femme, à épouser ces métiers de journaliste sport mécanique ?
- Speaker #2
C'est d'abord venu, si je dois être tout à fait transparente, par la moto, parce que j'ai commencé à faire de la moto vers l'âge de 7-8 ans. dans le jardin parce qu'en gros il y avait un terrain de cross à côté de chez mes parents et qu'un jour j'ai dit « Ah moi j'aimerais bien faire un petit peu de motocross » donc on m'a offert une petite moto, voilà. Et puis après c'est venu par des rencontres, par des gens passionnés qui m'ont transmis ensuite leur passion, que ce soit des pilotes, que j'ai rencontrés au cours de ma vie. Et donc c'est comme ça que je suis un peu tombée là-dedans. J'ai toujours voulu être journaliste depuis petite parce que j'adore les histoires, en règle générale. Et donc très vite, quand j'ai fait mes études de journalisme, je me suis dirigée quand même vers l'automobile et la moto. Je ne m'étais jamais dit que je ne pouvais pas y arriver, mais je me suis dit bon allons-y, puis j'ai eu l'occasion et j'ai foncé.
- Speaker #0
Quand on est une jeune femme de 30 ans, journaliste spécialisée en sport mécanique, Mylène Dorange, est-ce que l'on sait mettre la main dans le moteur ?
- Speaker #2
On sait mettre la main dans le moteur, plutôt sur les motos chez moi, c'est vrai. Non, je me débrouille sur les voitures, je sais faire les trucs de base. Mais si je dois bricoler, je m'y connais un peu plus sur les motos. Comment dire ? Quand je roule, j'arrive à savoir si ça fonctionne bien, si tout tourne rond. Voilà, donc ça, c'est déjà pas mal.
- Speaker #0
Ça fait combien de temps que vous êtes dans la profession ? Six ans. Est-ce que vous avez déjà ressenti, quand vous avez exprimé le fait d'avoir envie d'être dans l'espoir mécanique et de le vivre maintenant, aujourd'hui, du sexisme ou pas du tout ?
- Speaker #2
Alors, grande question. En automobile, très rarement. J'en ai eu un petit peu à mes débuts, des phrases déplacées, des mains même déplacées, que j'ai très vite remis en place parce que j'ai... En petit caractère. En moto, beaucoup plus. Ça, vraiment. Et c'est quelque chose que je tiens à dire, c'est qu'honnêtement, l'auto et la moto ne sont pas du tout comparables. Dans le secteur automobile, il y a... Enfin, aujourd'hui, je ne trouve pas qu'il y ait de problème qu'on ne soit une femme dans le secteur automobile. En moto, je ne dirais pas qu'il y ait un problème, mais quand même, c'est très, très has-been, si je peux me permettre. Ça a au moins 20 ans en arrière.
- Speaker #0
Le Women's Motor Club, il a été créé quand ?
- Speaker #2
Il a été créé il y a bientôt deux ans maintenant. Et c'est un club... pour mettre en avant les femmes passionnées d'automobiles, de motos et d'aviation. Trois domaines, mais en fait je trouve que c'est trois domaines qui sont liés, parce qu'en fait on aime forcément un peu les trois, parce qu'on aime la mécanique, on aime les moteurs, on est passionnés de tout ça. Et donc ce club-là, il a pour but de les mettre en avant, et d'asseoir un peu notre position des femmes dans ces domaines aussi, que ce soit aussi par notre travail. Donc on fait pas mal d'événements pour les femmes, on fait aussi des sorties mixtes, c'est important, parce que nous on ne voulait pas du tout être qu'entre femmes, franchement c'est cool, et puis on essaye de promouvoir aussi les femmes dans ces secteurs. c'est important pour nous.
- Speaker #0
Mylène Derange, puisque vous nous avez annoncé que vous adorez découvrir le salon EQUIP AUTO, sur quoi vous vous arrêtez ?
- Speaker #2
Il y a des stands où vous pouvez retrouver les manuels d'anciennes voitures. Par rapport à moi, j'ai une ancienne Delta intégrale, et je sais que je n'ai pas tous les papiers qui vont avec. Et parfois, j'aime bien traîner, regarder, même s'il n'y a pas des petites pièces d'origine, des petits logos, des petites... En fait, j'adore tout ce qui est d'origine, parce que je suis une puriste. Parfois, je regarde parce que j'ai aussi une autre voiture, dont j'aimerais bien refaire la... peinture donc parfois je m'arrête aussi pour voir un peu les différentes couleurs, les prix, les infos voilà c'est un peu mes stands favoris du moment.
- Speaker #0
Et puisque vous avez une lancière vous aimez aussi les classiques, les yuntimer ?
- Speaker #2
Ah mais moi je n'aime que les classiques. Je trouve que dans les classiques il y a une histoire, on peut s'imaginer quelque chose, on peut imaginer à main fine dans sa tête ce que cette voiture a pu vivre en regardant les sièges, en voyant l'usure et c'est ce que j'adore en fait.
- Speaker #0
Donc vous adorez les métiers qui permettent de réparer les voitures, ce qu'on appelle l'aftermarket ? Si vous deviez parler à toute cette filière de tous ces professionnels, là maintenant, vous leur diriez quoi ?
- Speaker #2
Je trouve que de pouvoir prendre quelque chose qui a déjà eu une vie et de pouvoir lui redonner une seconde vie sans reproduire. Je trouve que tous les gens qui sont engagés là-dedans, ils peuvent être fiers déjà. Ils peuvent être fiers de l'artisanat qu'ils font perdurer. Et je trouve que c'est de l'art, en fait, ce qu'ils font, clairement. Donc bravo à eux.
- Speaker #3
L'EQUIP AUTO, c'est un moment clé pour l'ensemble de la profession, justement, de se rencontrer et d'être dans l'ensemble de l'écosystème. Et que chacun qui est partie prenante aujourd'hui de ce qu'on appelle la prévente, mais de manière plus générale, la mobilité, c'est un moment de rencontre, de partage, d'information.
- Speaker #0
Odette Dantas, directrice générale adjointe de JIPA France.
- Speaker #3
Une société d'études référente à ce qu'on appelle la prévente. Historiquement, la prévente automobile, c'est aussi le poids lourd, c'est aussi l'évécute utilitaire léger. des deux roues motorisées, et ce, sur un scope, une dimension internationale, a aujourd'hui observé cette après-vente dans plus de 40 pays dans le monde.
- Speaker #0
Vous avez débuté chez JIPA, vous avez gravi les échelons, aujourd'hui vous en êtes la directrice générale à Jouin. Qu'est-ce qui vous a attiré dans l'analyse des données et l'observation de la transformation de l'industrie automobile ?
- Speaker #3
L'après-vente automobile, c'est un secteur ultra passionnant. Si on le dit comme ça sur le papier, on ne pourrait pas croire que la réparation, l'entretien des voitures, soit quelque chose de très transcendant. C'est hyper passionnant parce que c'est en perpétuelle évolution. J'ai commencé par exemple, on ne parlait pas encore du mot de client, donc là j'ai essayé d'insuffler effectivement à tous les opérateurs cette impérative nécessité d'avoir l'écoute client. On voit qu'aujourd'hui les technologies sont en train de changer, ça pose plus de questions aux acteurs du marché. Mais vraiment un secteur passionnant et qui pour moi en plus me permet vraiment d'exercer cette impérative aussi. nécessité de rendre intelligibles des données, qu'elles fassent sens, qu'elles soient des véritables outils aujourd'hui.
- Speaker #0
Quels sont selon vous les atouts spécifiques qu'une femme peut apporter ?
- Speaker #3
Ma société, en fait, c'est une société d'études de marché. Donc c'est déjà très féminin et on trouve beaucoup de femmes à des postes clés de direction. Là où ça peut poser peut-être une interrogation, c'est que mes interlocuteurs, j'ai très peu d'interlocutrices. Ce sont des hommes qu'il va falloir convaincre des aspects de la connaissance du marché. Mais sincèrement, dès le départ de ma carrière, je ne me suis pas posé la question. Je suis partie du postulat que finalement, de maîtriser parfaitement mon sujet, naturellement, il y a une légitimité qui s'opère et qu'ils aient un homme ou une femme en face, je pense que ça ne se pose pas.
- Speaker #0
Au DED Dantas, vous observez de près l'évolution de la mobilité. Ces transformations impactent aujourd'hui le secteur de la prévente automobile.
- Speaker #3
La réparation de l'entretien, ce n'est pas un écosystème fermé. On vit dans le monde et aujourd'hui on prend conscience que notre monde, les richesses, sont pas inépuisables. Tous les acteurs du marché sont en plus contraints par un certain nombre de législations en la matière qui vont les obliger à avoir une vigilance sur leurs imprimantes carbone. Mais moi au-delà de ça, ce qui m'importe c'est que quand on interroge les individus, ce qui est le cœur de l'armabilité, c'est d'arrêter la voiture. Et la voiture, aujourd'hui avoir une voiture, c'est pas si simple que ça, c'est pas pour tout le monde. Donc je peux pas renouveler comme ça, j'ai des véhicules de plus en plus âgés et donc il va falloir... que je les répare ces véhicules et que j'ai évidemment un consentement à payer qui n'est pas extensible. Et c'est vrai que la circularité de la réparation dans ce cadre-là va être super parce que ça va offrir une palette finalement de solutions pour les individus de pouvoir conserver leur mobilité tout en ayant le budget.
- Speaker #0
Comment voyez-vous l'évolution de la place des femmes dans l'industrie automobile à l'avenir ?
- Speaker #3
Je pense que les nouvelles générations peut-être. font moins dans cette perspective de genrer les secteurs d'activité où j'ai un potentiel plus grand de faire une carrière. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus ouvert. Ce que je dirais plus aux femmes qui se lancent, c'est surtout de s'enlever les petites questions qu'on avait, nous, dans le cadre de ma génération. Est-ce que j'ai les compétences ? Est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce que je vais réussir ? Tout ça, on enlève et on ose. On ose avoir confiance en soi. Et déjà, là, on parle d'un beau postulat. Et puis après, c'est trouver sa voie, aimer ce qu'on fait. Parce que dès qu'on aime ce qu'on fait, on le fait plutôt bien. En plus, on peut germer effectivement la passion. Le champ des possibles, il est ouvert. Qu'on soit un homme, une femme et être la bonne personne à la même temps.
- Speaker #4
J'ai commencé chez Idérechange en septembre 2016. En tant que membre de Nexus Automotive International, Idérechange cherchait à déployer le réseau de garage du nom de Nexus Auto dans le cadre de leur adhésion à Nexus International.
- Speaker #0
Claudie Carr. Directrice générale d'Idées Rechange.
- Speaker #4
Un challenge passionnant. Passionnant, l'histoire était à écrire.
- Speaker #0
En tant que femme dirigeante, dans un secteur qui est quand même largement masculin, quels sont les défis vraiment spécifiques que vous avez rencontrés en tant que femme et comment vous avez réussi à les surmonter ?
- Speaker #4
Le plus gros défi, c'était chez Bosch, quand le directeur commercial m'a propulsée sur le terrain en équipement d'atelier. Pourquoi ? Vous affrontez que des réparateurs. Et les réparateurs voient arriver une femme avec un outil diagnostique, ils vont vous tester deux fois plus. Il ne faut pas se démonter. Je ne me suis pas démontée. J'ai fait des scores, à mon avis, très honorables chez Bosch. Et je pense que j'ai gagné grâce à ça une certaine légitimité dans l'automobile.
- Speaker #0
Est-ce que vous vous souvenez, Claudie Carhart, quels sont les outils personnels que vous avez utilisés pour arriver à vous faire accepter ?
- Speaker #4
Je pense qu'il faut parler de personnalité. Surtout dans un milieu comme l'automobile, pour ce qu'une femme peut être organisée. J'ai du caractère. On me le dit à la maison, on me le dit partout, je ne me laisse pas facilement démonter. C'est une affaire humaine, une affaire de passion bien sûr, mais aussi une affaire de caractère.
- Speaker #0
Depuis 2016, vous êtes arrivée chez Idées Rechanges. Qu'est-ce que vous avez apporté ?
- Speaker #4
Quand je suis arrivée chez Idées Rechanges, c'était pour mettre en place la stratégie du réseau de garage Nexus Auto. J'ai repris la direction générale depuis le 1er avril 2019. Donc j'ai lâché le réseau de garage pour reprendre la direction générale. À une période difficile, on a tous subi le Covid. Il y a eu des grosses décisions à prendre parce que Idérochamps, c'est quand même 10 plateformes. Ça faisait beaucoup. Il a fallu surmonter ça. Tout le monde attendait une petite étincelle chez Idérochamps. C'était presque une belle endormie. Ça manquait de communication, de dynamisme, d'outils digitaux. On a travaillé beaucoup, beaucoup là-dessus. La mise en place d'un CRM, de remonter le chiffre d'affaires, etc. Un temps réel. beaucoup plus de transparence avec nos clients. Et bien sûr, le développement derrière qui a suivi. Je suis très fière, en fait, à la base, d'avoir réussi à mobiliser les personnes qui étaient déjà en place.
- Speaker #0
Quelles sont les valeurs qui vous tiennent à cœur, vous, en tant que leader, en tant que dirigeante aujourd'hui ?
- Speaker #4
Le respect et la confiance. Ça, c'est ancré dans mon éducation, je pense.
- Speaker #0
Et comment vous arrivez à les transmettre à vos équipes ?
- Speaker #4
Je pense que c'est l'exemple par l'exemple. La première chose que j'ai faite quand je suis arrivée en 2019, c'est d'identifier dans chaque secteur un maillon port sur lequel on peut s'appuyer. À partir du moment où ces personnes-là, ça roule et on a confiance en elles, ça suit en dessous. Et c'est avec ces personnes-là que j'ai créé une vraie complicité, une proximité. Je pense leur rendre, mais eux me le rendent bien. Je pense avoir une vision à 360 degrés. J'ai fait le métier de nos clients, voire même plus. Je suis aussi garagiste à temps perdu.
- Speaker #0
Vous savez mettre les mains dans un moteur.
- Speaker #4
Je sais diagnostiquer un véhicule.
- Speaker #0
Est-ce que le fait d'être une femme, au regard de votre parcours, est aujourd'hui un atout ? Et si oui, en quoi ?
- Speaker #4
Il est, après 25 ans d'expérience, oui. Toujours, je pense. Peut-être encore plus aujourd'hui parce que j'ai encore plus de maturité qu'au départ. Je n'ai pas l'ego de certains hommes. Alors, il y a certaines situations qui sont facilitées dans tous les cas parce que je suis une femme. Il faut être clair.
- Speaker #0
Comme ?
- Speaker #4
La relation avec les hommes, tout simplement. Un client va sûrement moins être... Il va être revendicatif, attention, ça ne veut pas dire que mes clients me font des cadeaux. Ce n'est pas ce que je veux dire, mais ils vont être sûrement moins dans l'agressivité envers moi qu'ils pourraient l'être avec un homme.
- Speaker #0
Comment voyez-vous le métier dans sa généralité ? Est-ce que vous pensez que l'on va vers des métiers qui vont vraiment vers la mixité ?
- Speaker #4
Il y a quand même beaucoup plus de femmes aujourd'hui dans l'automobile qu'avant. Il y a une multitude de métiers dans l'automobile. avec des possibilités innombrables pour les femmes. Ça va très vite aujourd'hui dans l'automobile, comme dans tous les secteurs d'activité. Je pense que les femmes, leur atout aussi premier, c'est leur sensibilité. Dans un climat social difficile, ça peut beaucoup aider dans la gestion du personnel aujourd'hui, dans la compréhension, dans l'empathie. On comprend peut-être un peu mieux notre personnel.
- Speaker #5
J'ai commencé mon expérience dans l'automobile au journal de l'Automobile, c'est vrai, il y a très très longtemps. J'ai fait un cartage à l'Argus de l'Automobile pendant plus de 15 ans, où j'ai appris énormément de choses, tout ce qui était nouvelles technologies. J'ai touché à beaucoup de choses et j'ai recréé aussi à l'Argus toute la partie B2B, donc professionnelle. Et on est venu me proposer de prendre la direction de la rédaction pour tous les titres. C'est pour ça que je suis revenue au journal de l'Automobile.
- Speaker #0
Catherine Leroy, directrice de la rédaction du groupe Synergie Média, qui regroupe le journal de l'Automobile, le journal du poids lourd, J2R, pneumatique, ingénieur de l'auto. le journal des flottes. En tant que femme, dès le début, est-ce que vous avez ressenti des difficultés ?
- Speaker #5
En fait, je ne me suis jamais trop posé de questions, que ce soit une femme ou pas une femme, donc j'y suis allée vraiment sans a priori. Je me suis pris des petites réflexions machistes. Après, je ne suis pas d'un tempérament à m'en occuper plus que ça, en tout cas. Et donc, moi, je me suis toujours dit que si je bossais beaucoup et si je bossais bien, ça ne ferait pas de différence.
- Speaker #0
Et depuis vos débuts, l'industrie automobile a beaucoup évolué. Quels sont pour vous les changements qui ont marqué l'écosystème automobile ?
- Speaker #5
Énormément de choses. Déjà, d'un point de vue industriel, c'était incroyable. Moi, quand je suis arrivée, on était au tout début de la concentration des acteurs. Je me souviens, il y avait Demmler qui s'était mariée avec Chrysler à l'époque. Donc, vous voyez, ça remonte quand même à très, très loin. Ils ont dû voir ça depuis, mais voilà. Énormément d'innovation technologique, c'est incroyable en fait. C'est un secteur tellement riche et qui n'arrête pas d'avancer, d'innover, de promouvoir d'autres technologies. Et puis là, effectivement, ça s'est accéléré, évidemment, avec l'électrification. Peut-être ce qui me marque sans doute plus, c'est tout l'aspect réglementaire. En fait, il y a une pression réglementaire qui n'existait pas auparavant et que ce soit... une pression réglementaire pour les normes de sécurité, pour l'innovation, pour les émissions de CO2, pour la transformation vers l'électrification. Mais cette pression réglementaire, elle était quand même moins forte auparavant, et il y avait plus, j'allais dire, une liberté d'innovation et de tester.
- Speaker #0
Vous qui avez évolué dans ce secteur, comment la place des femmes dans la filière automobile a changé au fil du temps ? Et selon vous, quels sont les défis qu'il y a encore à relever ?
- Speaker #5
Elle a beaucoup évolué, ne serait-ce que dans le milieu journalistique. Quand j'ai commencé, on était deux ou trois femmes, en fait. La liste maximum, c'était un milieu très, très costume gris. Et nous, on est arrivés peut-être parfois avec un peu de couleur. C'était assez rigolo, en fait, à voir, y compris dans les manifestations publiques où on rencontrait avant que des hommes et il y avait quelques femmes. Maintenant, je trouve que la mixité, elle est quand même plus importante, même si on dit qu'il n'y a que 30 %. Enfin, on va dans un salon automobile. Moi, je ne vois pas de différence entre les hommes et les femmes. Tout le monde est là, tout le monde est passionné. Il ne faut juste pas se poser de questions, il faut avancer, en fait.
- Speaker #0
Sur ce chemin parcouru, est-ce qu'il y a des femmes que vous avez interviewées dans votre milieu qui vous ont laissé un souvenir incroyable ?
- Speaker #5
J'étais journaliste à l'argue, j'étais encore assez jeune dans le métier et j'avais rencontré des femmes, dont une particulièrement qui, honnêtement je ne me souviens plus de son nom, je m'en excuse auprès d'elle, mais je l'avais interviewée parce que j'avais fait tout un dossier sur les femmes dans l'automobile justement. Et elle était chef des ventes dans une concession et elle gérait une équipe que de vendeurs automobiles hommes. Et à l'époque, il n'y en avait pas beaucoup. Et elle était super élégante, les ongles peints, vernis, tout manucuré, tout ce qu'il faut. Elle était super jolie et elle menait tout le monde à la baguette et tout le monde avançait. Et elle, elle m'avait assez bluffée.
- Speaker #0
Demain, vous rencontrez une jeune femme et vous lui parlez de votre métier. Et elle vous dit, j'aimerais bien être journaliste spécialisée dans les métiers de l'automobile.
- Speaker #5
Première remarque, c'est vas-y, si t'as envie d'être journaliste, vas-y, fonce ! Parce que c'est quand même un super métier. Le secteur automobile est un secteur extrêmement riche et varié, que ce soit d'un point de vue social, économique, politique, juridique, technique, technologie. Et donc marier ces deux passions-là, moi je dis, il n'y a pas de problème. En fait, il faut foncer, il ne faut pas se poser de questions.
- Speaker #1
EQUIP AUTO. Je suis Valérie Brussaux, présidente de l'association Elle Bouge et directrice recherche et développement dans l'industrie automobile.
- Speaker #0
Quels ont été vos principaux défis ?
- Speaker #1
Tout d'abord, de me faire accepter en tant que femme, en tant que professionnelle, de pouvoir avoir les capacités techniques et technologiques au même niveau que les hommes. Et puis, une fois que ça s'est acquis, on grimpe dans la hiérarchie, on essaie de pouvoir développer un leadership d'une femme qui pilote des hommes, à la fois en France, mais aussi à l'étranger, avec des enjeux multiculturels qui ne sont pas forcément... en faveur des femmes, dans des pays d'ailleurs où c'est en faveur des femmes. Donc c'est vraiment être reconnu en tant que leader, en tant que personne qui déploie des plans stratégiques dans un milieu où on est encore en minorité.
- Speaker #0
Vous parliez de pays qui ne sont pas spécialement en faveur des femmes dans lesquels vous avez l'occasion de travailler, d'autres qui le sont plus. On peut avoir quelques exemples ?
- Speaker #1
L'Inde, ou les pays de l'Europe de l'Est, ou le Maroc. En fait, dans ces pays, le fait d'être une femme ingénieure en entreprise est juste une façon de prendre l'ascenseur social. Il n'y a même pas de débat, c'est une culture égalitaire. Quand on est une femme et qu'on dirige une équipe dans ces pays-là, c'est beaucoup plus facile parce qu'on ne se heurte pas. à tous les stéréotypes sociétaux de genre. C'est complètement acquis. Par contre, dans d'autres pays, la France, pour ne pas la nommer, ou les États-Unis, c'est encore difficile.
- Speaker #0
Vous êtes aussi présidente de l'association Elle Bouge. Comment et quand est née cette association ?
- Speaker #1
Il y a 20 ans, c'est une association qui vise à faire découvrir les formidables métiers scientifiques de la techno, de l'industrie aux filles, afin qu'elles choisissent les carrières scientifiques et techniques. et qu'elles rejoignent les rangs de l'industrie. Comment ça fonctionne ? Elles bougent à 350 entreprises partenaires, près de 2000 établissements d'enseignement supérieur. On a des marraines qui sont des femmes ingénieurs techniciennes en poste, on en a plus de 15 000, qui viennent au cours de nos divers événements parler de leur métier aux filles, déconstruire les stéréotypes de biais, de genre. autour de plus de 1000 événements par an, 45 000 filles qui sont touchées. On vient expliquer ces métiers. On a trois grands types d'événements, participer à des salons, EQUIP AUTO en est un. Le deuxième type d'événement, c'est de faire venir les filles en entreprise et de leur expliquer le métier de l'entreprise, de faire la représentation de l'entreprise et de la rendre désirable. Et le troisième, ce sont des opérations, elles bougent. Par exemple... Nous avons lancé le challenge Innovatech qui se déroule dans les 26 régions où pendant une journée, des filles avec des femmes ingénieurs vont concevoir un projet complet, un projet innovant. Il y aura une finale à Bercy. Voilà les leviers d'action d'Elle Bouge.
- Speaker #0
Valérie Brousseau, il y a encore des barrières sociales et culturelles qui freinent aujourd'hui l'accès des femmes à des postes de direction dans l'industrie. Et on parle de tout, et pas simplement automobile.
- Speaker #1
Exactement. Donc aujourd'hui, au niveau des barrières sociales, il y a déjà un défi de représentation. de désirabilité de l'industrie. L'industrie est vécue et renvoie une image extrêmement patriarcale où les femmes n'ont pas leur place. Et du fait de ce manque de représentation, les femmes, même si elles ont un désir pour les sciences, un désir pour les maths, elles ne vont pas choisir ces milieux. Après, il y a les barrières que les femmes se mettent elles-mêmes, des stéréotypes de genre qui se ramènent plutôt de l'enfance. Aujourd'hui, dès l'école primaire, et d'ailleurs Elle Bouge intervient à l'école primaire, il est reconnu que, sans le vouloir, les professeurs ne vont pas interroger de la même manière les petites filles et les petits garçons quand il s'agit des mathématiques ou des sciences. Et donc, de manière assez naturelle, les petites filles ne vont pas aller explorer toutes leurs capacités. On n'en retrouve que 24 % dans les écoles d'ingénieurs ou dans les écoles scientifiques. Il y a aussi des biais sociétaux. Nous, parents, en tant que prescripteurs, nous véhiculons des biais de genre. Et donc tous ces biais sociétaux que sont les parents, la famille, les enseignants, vont faire en sorte que les filles, assez naturellement, ne vont pas aller au-delà de ces représentations sociétales. Elle Bouge a fait une enquête nationale en 2024 sur le genre et l'orientation. Aujourd'hui, 63% des filles en sciences ne veulent pas aller dans l'industrie, parce que l'industrie n'est pas attractive. Même s'il y a beaucoup d'entreprises qui s'emparent du sujet, ça reste encore des moments qui sont assez difficiles.
- Speaker #0
Et par contre, vous aviez mentionné que l'efficacité opérationnelle des entreprises augmente de 30% lorsque la proportion des femmes dépasse les 20%. À votre avis, pourquoi est-ce qu'elles n'incitent pas encore davantage de dirigeants à féminiser leurs équipes ?
- Speaker #1
Elles devraient aussi les encourager parce que dans un COMEX, dès lors qu'il y a 20% de femmes, l'efficacité de ce COMEX en est augmentée de 5,3%. Donc déjà, même si les entreprises veulent chercher des femmes, il n'y a pas assez de femmes dans les écoles d'ingénieurs et dans les parcours techniciennes. Pour peu qu'on trouve des femmes, après il y a le plafond de verre. Une femme, aujourd'hui, elle ne va pas naturellement se mettre en avant. Il y a un rapport à l'ambition. Aujourd'hui, être une femme ambitieuse en entreprise, avoir envie de grimper, c'est encore vécu par les biais sociétaux comme étant une faute de goût. Donc il faut que les femmes assument qu'elles ont une ambition. qu'elles ont une valeur ajoutée, qu'elles sont tout à fait légitimes dans du business, dans du déploiement de plans stratégiques. Et les entreprises commencent juste à se rendre compte de l'efficacité des femmes parce qu'avant, il n'y en avait pas. Alors là, je vais reprendre ma casquette d'innovation de directrice R&D. Innover, c'est mixer des points de vue, c'est aller chercher des choses nouvelles. Donc si on met uniquement des hommes issus d'une monoculture d'école d'ingénieurs, on ne va pas aller chercher ce qui fait. qu'on va vendre plus. Donc, il y a un véritable enjeu. Et puis, les femmes sont prescriptrices d'achat. Donc, qui mieux que des femmes vont concevoir des produits qui vont parler aux femmes et qui donc vont susciter des actes d'achat et renforcer le business model.
- Speaker #0
D'autant plus que... Les chiffres le montrent, la femme est décisionnaire dans l'achat de la voiture.
- Speaker #1
60 à 70% des actes d'achat, ça dépend de la gamme de véhicules, sont directement décidés par les femmes. Quand j'étais chez Renault, nous avons mis en place un programme pour mettre de la génétique féminine dans la conception des autos. Et en fait, l'étude montrait que finalement, les critères d'achat entre les hommes et les femmes sont les mêmes, sauf que les hommes et les femmes ne vont pas les ronger dans le même ordre. Pour faire simple, un homme va vivre la voiture comme étant un objet de désirabilité sociale, d'image sociale, alors qu'une femme va plutôt en faire un objet pratique. Sachant qu'in fine, dans un couple mixte, c'est la femme qui va décider.
- Speaker #0
Vous avez évolué dans les environnements plutôt masculins, et vous êtes directrice arrêtée chez Renault, vous le faites chez Valeo. Quelle stratégie avez-vous mise en place pour vous imposer et faire entendre votre voix ? Et d'ailleurs, est-ce que vous avez dû mettre des stratégies en place ?
- Speaker #1
Oui, indéniablement. On est minoritaire, on a toujours le syndrome de l'imposteur et le fait qu'il faut appartenir à ce groupe. Je commencerai par dire que le point le plus important, c'est mes compétences. Ensuite, ça ne suffit pas, il faut faire savoir ses réussites. Il s'agit de développer un réseau qui va aussi vous aider à vous faire connaître, à parler de vous. La troisième voie, c'est d'avoir des mentors.
- Speaker #0
Pour conclure, Valérie Brussaux, quel message aimeriez-vous transmettre, même si vous avez déjà commencé à le faire ?
- Speaker #1
Je voudrais dire que l'industrie… est désirable. L'industrie automobile est désirable. Il faut absolument arrêter ces représentations d'une industrie qui est sale. Aujourd'hui, on est dans les usines 5.0 avec des ordinateurs, avec des objets connectés, avec des robots. Les femmes ont tout à fait leur place pour aller concevoir, pour diriger des usines. On a besoin de femmes pour mettre de la génétique féminine dans les autos. L'industrie et l'industrie automobile sont faites pour vous. OCD et venez nous rejoindre. Et enfin, il y aura toujours des femmes pour vous aider. Je suis d'une génération où il y avait peu de femmes. Il y a maintenant de la sororité, il y a des femmes qui ont ouvert la voie. On vous aidera et je rêve d'une société plus égalitaire avec vous, mesdames, qui participent aux enjeux de demain, aux enjeux de notre industrie et aux enjeux de notre société en étant des industrielles et des industrielles de l'auto.
- Speaker #0
Valérie Brussaux, quand vous regardez dans le rétro, qu'est-ce qui vous émeut dans votre parcours ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, ce qui m'émeut, c'est que moi je suis un pur produit de l'ascenseur social de la méritocratie moi je suis une fille d'agriculteur qui ne connaissait pas ce que c'était que l'industrie et je me réjouis d'avoir eu ce goût pour les sciences je me réjouis que mes parents m'aient vraiment poussé à faire ce qui me plaisait, d'avoir su décrypter les codes d'avoir eu des mentors et d'avoir l'industrie automobile qui m'a ouvert ces portes et dans lesquelles je m'épanouis
- Speaker #0
Ainsi s'achève cet épisode Equip Auto, 50 ans de passion consacrée aux femmes de la filière automobile. A travers ces témoignages, nous avons esquissé un portrait forcément partiel de celles qui façonnent, dirigent, réparent, innovent et font vivre l'aftermarket au quotidien. Bien sûr, nous n'avons pas pu donner la parole à toutes. Elles sont mécaniciennes, carrossières, ingénieurs, entrepreneurs, journalistes ou dirigeantes. Elles sont nombreuses. A jouer un rôle clé dans ce secteur qui est en perpétuelle évolution. L'édition des 50 ans du salon Equip Auto, qui se tiendra du 14 au 18 octobre prochain. au parc des expositions de la Porte de Versailles de Paris sera l'occasion idéale pour les rencontrer parce qu'au-delà des chiffres et des technologies, l'automobile est avant tout une histoire de passion qui se conjugue également au féminin. Merci beaucoup de nous avoir accordé votre temps pour écouter ce sixième épisode intitulé Regards de Femmes. Je vous donne rendez-vous le 16 avril 2025 pour le prochain numéro de ce podcast qui sera dédié à la dimension internationale d'EQUIP AUTO. EQUIP AUTO. 50 ans de passion