Speaker #1Je vais te raconter une histoire que je ne partage pas souvent. Pendant longtemps, j'ai vécu avec une colère sourde logé à l'intérieur de moi. Une révolte intérieure qui tapait en permanence. Je ne supportais pas l'injustice, pas la moindre injustice. Quand j'étais au lycée, tous les murs de ma chambre étaient recouverts d'affiches d'Amnistie Internationale, de Reporters Sans Frontières. Et dès que j'en avais l'opportunité, je faisais des exposés en cours sur les enfants soldats, sur les enfants qui travaillent dans les mines. Tout me révoltait. Tout réagissait en moi fort, trop fort et tout le temps. Comme si la moindre situation déclenchait une alarme, c'était épuisant, vraiment. Jusqu'au jour où en travaillant sur mes mémoires, sur l'émoire du corps, j'ai mis un mot sur cette intensité, la blessure d'injustice. Et j'ai creusé encore, encore un peu plus loin, et cette blessure m'a amenée à mon grand-père. C'est un homme dont on parlait peu dans ma famille, on me disait qu'il était violent, qu'il était parti il y a longtemps et je ne l'ai jamais connu. Et en creusant, j'ai découvert que cet homme avait été résistant, déporté, qu'il était revenu vivant des camps, mais silencieux. Et son corps, ses yeux, ses silences racontaient tout. Il était très maigre, il est revenu, il faisait 30 kilos. Et la seule chose qu'il manifestait, c'était cette violence. Et j'ai compris que je portais sa douleur, son indignation, son impuissance face à l'horreur. j'ai compris que cette rage qui bouillait en moi n'était pas seulement la mienne. Elle venait de lui, de ce qu'il n'avait pas pu dire, de ce qu'il avait dû enfouir pour survivre. Et cette révélation a changé ma vie parce que je comprenais enfin, je prenais conscience en fait, de cette blessure et de la loyauté que j'avais envers cette blessure, de pourquoi je n'arrivais pas jusqu'à maintenant à m'en séparer. Et toi ? Est-ce qu'il t'arrive de ressentir des émotions trop intenses, disproportionnées, comme si quelque chose de plus ancien, de plus grand que toi, parlait à travers toi ? Est-ce qu'il t'arrive, par exemple, de culpabiliser, d'être en colère, de douter, sans vraiment comprendre pourquoi c'est si fort, c'est si intense, plus intense que ce que tu peux observer chez les autres ? Et si tu portais, toi aussi, une blessure qui ne t'appartient pas complètement ? Et c'est le sujet de l'épisode d'aujourd'hui. Nous allons explorer ensemble ces blessures familiales héritées, celles qui s'inscrivent en nous alors qu'on n'en a pas conscience, celles qui façonnent notre manière d'aimer, de réagir, de vivre, et surtout ce qu'on peut faire pour s'en libérer. Parce qu'il existe toujours une solution pour être au calme à l'intérieur. Commençons par la blessure, quand le passé amplifie le présent. Cette blessure d'injustice que je portais, elle avait un pouvoir énorme, elle amplifiait tout. C'était vraiment, en fait elle s'appuyait sur la blessure que moi aussi j'avais, moi aussi j'avais de l'injustice. Mais elle était vraiment amplifiée par celle que j'avais héritée de mon grand-père. C'était comme un effet cumulatif, une double injustice et une frustration ordinaire. était source d'injustice pour moi, déclenchait un bouleversement, une tornade émotionnelle. Je réagissais plus fort, plus vite, plus intensément que les autres et je ne comprenais pas pourquoi. Je me sentais trop, trop sensible, trop réactif, trop émotionnel. J'observais les autres face aux mêmes injustices qui arrivaient à rester calmes. Quand on parlait par exemple des enfants soldats qui pouvaient me dire « On n'y peut rien, c'est loin, pourquoi tu t'en rends malade ? » Et moi, j'étais à fleurs de peau, à vif. Je n'étais pas dans une explosion de colère, mais dans une colère sourde d'injustice. Et dans mon quotidien, ça créait des tensions. Même après mon adolescence au travail, la moindre injustice de la part de la hiérarchie était compliquée à vivre pour moi. Dans mes relations, j'étais très vite sur la défensive parce que j'étais toujours en attente de ce qui allait taper sur ma blessure d'injustice. et au fond En réalité, je me sentais en décalage, presque inadaptée et surtout, surtout fatiguée d'être tout le temps sur le qui-vive. Et quand j'ai fait ce travail pour remonter à l'origine, à l'histoire de mon grand-père, tout a pris sens. J'ai contacté le centre de la résistance pour en apprendre plus. J'ai recréé le parcours qu'il a eu, les camps par lesquels il est passé, le temps qu'il y a passé, comment il a pu survivre à la marche de la mort quand ils ont vidé les camps. Et j'ai compris, j'ai compris que ce grand-père inconnu, certes violent, je ne nie pas ce qu'il a pu faire à son retour, mais en fait, il était dans une telle douleur que son expression était celle-là, cette injustice aussi forte qu'il portait d'avoir été dénoncé, et que celui qui l'avait dénoncé continuait sa vie tranquillement. Et bien moi je portais ça et j'étais loyale à cette douleur-là sans même m'en rendre compte. Je n'étais pas folle, je portais une mémoire. Je portais son combat, sa douleur, et j'étais loyale à son combat et à sa douleur. J'étais fidèle à sa blessure, à lui. Et ce jour-là, j'ai compris que la première étape pour sortir de cette blessure, c'est de la reconnaître, de vraiment l'avoir en conscience, de mettre en lumière ce qui a été tué. Parce qu'après, une fois qu'on met en lumière, c'est une façon vraiment de prendre du recul. Effectivement. La violence dont il a fait preuve à son retour était inacceptable. Et en même temps, c'est un homme qui est revenu des camps et qu'on a projeté dans la vie quotidienne comme s'il revenait d'acheter sa baguette. Donc finalement, prendre conscience de ce qu'il avait vécu et de la blessure qu'il portait, et de choisir, moi, de ne plus la porter, de ne pas la transmettre, et de dire, je la dépose en fait, ici et maintenant, parce que je ne veux pas la transmettre à mes enfants et moi, je ne veux plus la porter. Ce chemin de prise de conscience m'a vraiment transformée parce qu'elle a ouvert une porte sur ma propre blessure d'injustice et aussi sur le calme intérieur que j'ai ressenti en lâchant toute cette part qui ne m'appartenait pas et qui a ensuite permis que je lâche ma blessure à moi, la part qui m'appartenait. Parce que parfois, cette blessure que tu portes, que je porte, ce n'est pas forcément une colère, ça peut être une culpabilité. Sourde, diffuse, permanente, une culpabilité qui t'épuise. C'est ce que vivait Mirabelle, une femme que j'ai accompagnée. C'était une femme cultivée, gentille, une mère attentive, une salariée investie, une épouse aimante, enfin bref, une femme assez bluffante. Mais quand elle est venue me voir, elle m'a dit cette phrase qui m'a marquée. Je culpabilise de tout, tout le temps, sans raison. Et parfois je culpabilise même de respirer. Elle culpabilisait de partir travailler parce qu'elle laissait ses enfants. Elle culpabilisait de récupérer ses enfants parce qu'elle aurait pu rester au travail pour finir ses dossiers. Elle se disait tout le temps qu'elle pouvait faire mieux, qu'elle n'avait pas tout géré comme il fallait. Donc elle s'en voulait et paf, la culpabilité revenait. Elle culpabilisait de ne pas appeler ses parents chaque semaine, de ne pas en faire assez pour son mari, de ne pas être capable de prendre du temps pour elle, pour ses amis. Waouh ! C'est trop, tu ne trouves pas ? Parce que même quand elle faisait tout, ce n'était pas encore assez. Et elle le savait. Elle savait que c'était absurde, injuste, contre-productif, mais c'était plus fort qu'elle. Comme une voix intérieure qui la jugeait en permanence, sans relâche, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Dès la première séance, nous avons mis en lumière quelque chose. L'éducation qu'elle avait reçue, marquée par un niveau d'exigence extrêmement élevé, Ou quand elle ramenait 19, on lui disait « t'as pas eu 20, t'aurais quand même pu » . Donc je vous dis pas, quand la note était à 15, ce qu'elle pouvait entendre. C'était jamais assez, elle avait un niveau d'exigence à toujours bien faire, toujours faire plus, toujours faire mieux, et surtout ne pas décevoir. Qu'est-ce que ses parents allaient penser ? Et puis, dans les séances suivantes, il en a fallu plusieurs, pour pouvoir aller creuser ensemble ses mémoires, le transgénérationnel. Et dans la lignée de son père, on a trouvé sur la culpabilité un écho. Un écho avec la mort d'un enfant qui était décédé par noyade. Et la culpabilité que toute la famille, les parents, les grands-parents, les oncles et tantes qui étaient là ce jour-là, ont tous porté de ne pas avoir pu sauver l'enfant. Et cette culpabilité se transmettait. Toute la famille de son père en fait l'a porté. Et dans la lignée de sa mère, la culpabilité aussi était présente. Elle venait d'une fille mère cachée, une honte étouffée, pour toute la lignée. Et en fait, Mirabelle, elle avait hérité de la culpabilité des deux lignées. Imagine le poids que ça représente. Déjà d'une lignée, ça peut être très lourd, mais les deux lignées avec la même blessure. Et en plus, elle voyait la famille de son père dans cette espèce de non-dit sur ce décès. La famille de sa mère s'était encore plus diffus et du coup, elle se sentait obligée d'être fidèle à ça pour rester dans le moule familial. Sortir de cette culpabilité, c'était casser le moule. risquait de faire autrement et de ne plus être un membre de la famille à part entière. Elle pensait vraiment que si elle osait s'en libérer, elle trahirait ceux qui l'ont porté avant elle. Alors elle l'a porté, encore et encore, comme elle avait vu sa mère le faire, son père le faire. Et pendant l'accompagnement que j'ai eu avec elle, je lui ai proposé plusieurs exercices. Alors des lettres de libération qu'elle n'a jamais envoyées mais qui ont permis de la soulager, de lever un poids. Des visualisations aussi pour remettre la culpabilité à sa juste place. Des exercices beaucoup plus pratiques pour réussir à redonner à ses ancêtres ce qui leur appartenait et à garder la part d'héritage qu'elle avait envie de garder. Ce qui était beau dans ses histoires, dans sa famille, mais pas cette culpabilité. Et puis des affirmations à ancrer au quotidien. Comme je ne trahis pas, je me libère. Ça peut paraître anecdotique comme ça et pourtant, ces phrases répétées tous les jours et bien choisies avec les mots qui résonnent vraiment, c'est un vrai atout pour pouvoir avancer. Et en tout cas, Mirabelle, petit à petit, elle a appris à dissocier l'amour et la culpabilité, la fidélité et la douleur, le respect et la soumission. Elle s'est vraiment libérée. Elle a pu se détacher de cette culpabilité si forte et de la loyauté qu'elle croyait devoir avoir. Elle a pu comme ça prendre sa place dans sa famille en acceptant d'être différente et en acceptant de ne plus être dans cette vibration de culpabilité. Pourquoi est-ce qu'on peut être, toi comme moi, loyal à ces blessures familiales ? Parce que ça peut paraître étonnant dit comme ça. Dans l'histoire de Mirabelle, je te l'ai déjà un peu dit en fait parce que quand on grandit, dans une lignée qui est blessée. On apprend sans s'en rendre compte. Les gens ne te le transmettent pas volontairement. C'est vraiment de l'ordre de l'inconscient, mais on apprend que souffrir, c'est aimer. Que porter, c'est rendre hommage. Et inconsciemment, on se dit, en fait, c'est ça, faire partie de ma famille. Je porte avec eux cette souffrance, je suis solidaire, je suis loyale à cette blessure familiale. Mais tu oublies, dans ces cas-là, qu'en fait, tes ancêtres, Ben, ils n'ont pas forcément envie que tu répètes leur douleur. Ils veulent au contraire que tu la transformes, que tu libères toute la lignée. Toi, tes descendants, leurs descendants, pour pouvoir vivre autrement, pardon, s'élever autrement, être en paix. Te libérer, ce n'est pas trahir, c'est au contraire reconnaître, rendre hommage à ce qu'ils ont vécu et les aider à être en paix et toi aussi. Essaie de choisir ta voie. C'est garder ce qui est beau, bien pour toi, et libérer les blessures dont tu n'as pas besoin pour vivre. Pourquoi c'est essentiel pour toi, comme pour moi, de faire ce travail ? Eh bien parce que si tu m'écoutes aujourd'hui, si t'en es jusque-là dans le podcast, c'est pas un hasard. Peut-être que toi aussi, tu portes des émotions trop lourdes, trop fortes, des réactions trop fortes, un mal-être diffus, persistant. Et peut-être que toi aussi, tu t'en veux pour tout. où tu te sens en colère ou dans l'injustice ? Et si ce n'était pas que toi ? Et si tu pouvais vraiment comprendre l'origine de ce ressenti que tu as ? Si tu pouvais l'accueillir et t'en alléger, qu'est-ce que ça changerait dans ta vie ? Moi, me libérer de l'injustice que je portais, ça m'a permis d'être au calme, ça m'a permis d'avoir plus d'énergie, de ne plus tout le temps être en réaction, en surréaction à tout. de ne plus vivre des situations qui revenaient pour venir taper et amplifier l'injustice. Parce qu'il y a ça aussi. Quand tu portes une blessure aussi forte, héritée, tu risques de vivre des situations qui viennent l'alimenter. Tu ne le fais pas exprès. Mais cette blessure, c'est comme un phare qui appelle la même énergie. Donc te libérer des blessures familiales, c'est te reconnecter à qui tu es vraiment toi, sans cette blessure. C'est choisir ta vie. sans le poids du passé. Essaie cesser de te justifier, de t'épuiser, de te perdre. Et ce chemin-là, tu n'es pas la seule à le faire. Mon accompagnement comme pour Mirabelle est là pour te guider avec ça. La méthode libre dont je t'ai déjà parlé, c'est vraiment identifier tes blessures, les remettre à leur juste place et te sentir libre profondément. Tu commences par identifier les situations où tu sens que tu réagis, l'émotion qui te pollue, qui t'encombre dans ta vie quotidienne. Je pense que tu as déjà une petite idée, non ? sinon prends le temps de t'observer pendant une ou deux semaines pour l'identifier. Quand c'est fait, prends en considération les membres de ta famille, ceux que tu connais, ceux dont on t'a parlé, que tu n'as pas forcément connu, et vois s'il y en a qui avaient la même émotion qui bloquait. Note leur nom et comprends comme ça, dessine comme ça, l'arbre généalogique de la blessure pour remonter l'origine. Et puis après... C'est vraiment prendre conscience pleinement, c'est t'en libérer. Et là, je pense honnêtement que seul, c'est hyper compliqué. Mais tu peux déjà faire ce premier travail d'identification et de remonter la lignée pour mieux comprendre les choses et déjà être plus indulgente avec toi. T'es pas comme ça parce que t'es nul. T'es comme ça parce que t'as hérité d'une blessure à laquelle tu es loyal. Tu ne portes pas tout ça pour rien. Mais tu n'as pas à continuer à le porter. Tu peux comprendre ce qui se passe, prendre conscience, pour pouvoir rendre hommage à ta lignée, à ce qu'ils ont vécu, et le lâcher. Ça ne t'appartient pas. Ce n'est pas ton histoire. Alors je te pose une question. Qu'est-ce que ta famille a inscrit en toi ? que tu es prête à déposer. Si tu as déjà une idée que tu veux me la partager, tu as tous les liens dans la description de l'épisode, mon Insta, Aude Gendro, le site avec le même nom. Contacte-moi, partage-moi, je serai vraiment heureuse de pouvoir lire ce que tu as compris déjà des blessures que tu portes. Et n'oublie pas, se libérer, ce n'est pas oublier, c'est choisir de ne plus porter ce qui n'est pas à toi. Et si tu veux aller plus loin, découvre mon accompagnement je t'aide vraiment avec plaisir à mettre en lumière ce qui pèse à retrouver le calme la légèreté dans ta vie tu peux m'écrire tu peux simplement commencer avec les liens en description pour te faire une idée tu n'as pas à faire semblant tu n'as pas à tout porter tu peux t'alléger prends soin de toi et passe une belle semaine