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ÉTATS DAMES

Au cœur de la PMA et du don de gamètes : un accompagnement vers l’acceptation

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43min |17/04/2023|

118

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Description

Dans cet épisode d'États Dames, plongez dans l’univers de la PMA et du don de gamètes aux côtés de Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité avec plus de 12 ans d’expérience. Déborah apporte un éclairage précieux sur le parcours des couples et des femmes confrontés à l’infertilité, en offrant des conseils et un accompagnement bienveillant pour ceux qui envisagent ou traversent un don de gamètes.

Déborah partage son engagement pour la santé des femmes, ayant initié des projets marquants, comme la première Journée de l’Infertilité en France en 2014, et collaborant aujourd’hui avec la députée Prisca Thévenot pour améliorer la prise en charge des femmes en France. Cet épisode explore avec sensibilité et expertise les défis émotionnels et psychologiques du don de gamètes, en offrant espoir et soutien à toutes celles et ceux qui en ont besoin.

Rejoignez-nous pour une discussion inspirante qui vise à briser les tabous et à guider les personnes en parcours de PMA vers un avenir rempli d’espoir et de sérénité.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et ta dame, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Et ta dame, chaque femme est unique. mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry. Bonjour à tous, vous êtes sur Etats d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Déborah Schumann-Antonio, thérapeute spécialiste de la périnatalité. Elle accompagne des couples et des femmes en parcours PMA depuis plus de 12 ans. Parmi les thématiques sensibles abordées avec ces patients, il y a le don de gamètes. Accepter un don de gamètes, c'est accepter un deuil. Avec Déborah Schumann-Antonio, c'est le sujet du jour. Bonjour Déborah, merci d'être là aujourd'hui sur le podcast Etat d'âme consacré à la santé des femmes. Chère auditrice, la femme que je reçois aujourd'hui est activement engagée dans la santé de la femme, car Déborah Schumann-Antonio, dites-moi si je me trompe, mais vous avez créé la première journée de l'infertilité en France en 2014. Et depuis 2022, vous œuvrez aux côtés de la députée Priska Thévenot pour faire bouger les choses et améliorer la prise en charge des femmes. Je trouve vraiment génial ce que vous faites. Et je me permets une question. En tant que professionnelle de santé, selon vous, y a-t-il pour certaines maladies, ne ciblant que les femmes, comme par exemple l'entométriose, beaucoup d'errances diagnostiques ou médicales ? Pensez-vous que lorsque des femmes consultent, parfois, on ne prend pas assez en compte leurs douleurs et on ne cherche pas... pas à aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un vrai combat que je mène. C'est une vraie question. Comme vous l'avez dit, je travaille beaucoup sur, je combat beaucoup pour la santé de la femme. Quand je parle de santé de la femme, du coup, j'en parle de manière globale. C'est-à-dire qu'évidemment, je suis à la base spécialiste sur l'infertilité, la maternité, donc vraiment la partie couple également. Mais, j'allais dire, mon analyse des choses depuis plus de 12 ans où je travaille sur ces sujets-là, c'est malgré tout que on diagnostique un peu trop tard. Quand je dis en diagnostic trop tard, c'est qu'on diagnostique souvent au moment du désir d'enfant. Et le problème, c'est que ça peut arriver plus ou moins tardivement, puisqu'on voit qu'en plus les femmes font des enfants de plus en plus tardivement. Et quand on diagnostique trop tard, vous citiez l'endométriose, mais malheureusement, on n'a pas que le souci de l'endométriose, on a également les ovaires polycystiques, première cause d'infertilité, aujourd'hui en France, il faut le dire parce que c'est important, on ne communique pas assez sur ce sujet, comme les fibromes par exemple, si on ne donne que ces sujets-là. on va les diagnostiquer au moment du désir d'enfant. Ce qui veut dire qu'il faut attendre ce moment précis pour qu'on aille vraiment explorer le corps des femmes. Et malheureusement, comme c'est souvent un peu tardif, et qu'il y a le désir d'enfant en plus, c'est-à-dire que les deux mélangés, on est dans ce que moi j'appelle une médecine d'urgence. Et la médecine d'urgence, c'est jamais très bon. Parce que ces femmes, pour les domaines d'ouvertes polycystiques ou autres, elles ont des souffrances au quotidien. C'est pas juste dans leur désir d'enfant. C'est tous les jours de leur vie, c'est dans leur sexualité, c'est dans leur vie professionnelle. c'est dans leur vie amicale, de couple, etc. Donc, il faut qu'on les prenne mieux en charge et plus tôt pour qu'elles puissent avoir une vie beaucoup mieux traitée, avec beaucoup de mieux-être, en tout cas, et pas uniquement par le prisme de la maternité. Parce que d'abord, toutes les femmes n'ont pas envie de faire des enfants. Il y a une étude qui nous dit que 30% des jeunes femmes ne veulent pas faire d'enfants. Donc, si on attend ce moment-là pour un moment d'essayer quoi que ce soit, on est dans le faux. Je pense qu'il faut à un moment donné ne plus passer par ça et passer beaucoup plus en amont et beaucoup plus tôt. C'est-à-dire le combat qu'on mène aussi avec la députée avec qui je travaille, Priska Thevenot, c'est de pouvoir vraiment beaucoup plus tôt, c'est-à-dire dès l'adolescence, pouvoir mieux informer les femmes. D'abord, avoir des douleurs, ça peut être multifactoriel. Qu'est-ce que ça veut dire avoir des douleurs ? Qu'est-ce que ça peut engendrer ? Et qu'elles puissent prendre les bonnes décisions. Si je veux faire un enfant, peut-être que je peux préserver mes ovocytes. en amont. Peut-être que j'ai certains traitements à prendre en amont. Peut-être qu'une préquise en charge aussi sur l'alimentation, sur la vie quotidienne, le sport, etc., peut m'aider dans toutes ces pathologies. Donc, c'est pas uniquement par ce prisme-là. Et c'est vrai que c'est un vrai combat parce que je vois trop de femmes qui arrivent tardivement avec vraiment une découverte soudaine de plein de pathologies. Alors, évidemment, les médecins n'ont pas le temps de leur expliquer à ce moment-là parce qu'elles sont dans leur projet de bébé. Donc, il faut qu'elles ingurgitent en très peu de temps l'idée que oui, elles ont un souci, quelles sont les conséquences ? C'est une conséquence sur la fertilité, donc souvent des parcours qui rentrent en PMA et qui sont du coup extrêmement compliqués. Psychologiquement et nerveusement, c'est extrêmement lourd à porter. Donc plus on le fait en amont, et plus je pense qu'on peut apporter des réponses plus complètes, plus concrètes pour toutes ces femmes.

  • Speaker #0

    Et je pense aussi que c'est vrai qu'avec, par exemple, des règles douloureuses, on a un peu cette idée que, de toute façon, ça fait mal, donc si j'ai mal, c'est normal. Et au final, si ça fait mal ou si on se rend compte d'autres petites pathologies, d'autres petits symptômes, c'est vrai qu'il faut qu'on essaye de plus en plus de dire aux jeunes filles de ne pas hésiter à les consulter, on ne sait jamais. Et on peut bien sûr tomber sur un kyste qui, voilà, parfois on a des symptômes et puis on se dit « Oh, c'est peut-être parce que j'ai trop mangé. Oh, c'est peut-être parce que ci, parce que ça. » Et au final, oui, c'est vrai qu'on peut tomber après sur des problèmes un peu plus compliqués à gérer.

  • Speaker #1

    Je parle d'information et de formation pour les professionnels, parce que plus on aura des billes, plus on pourra expliquer aux jeunes filles, et vous avez raison, et plus on pourra peut-être alerter. Alors, je vais dire, il vaut mieux parfois alerter pour rien, c'est-à-dire qu'une jeune fille ou une jeune femme aille faire des examens et qu'on lui dise finalement, il n'y a rien, mais en tout cas, on sait très exactement où elle en est, plutôt que d'attendre, et puis d'arriver dans des cas d'urgence, ou parfois, et surtout sur l'endométriose, qui malheureusement est égal aux plantes pour beaucoup, on la découvre trop tardivement. Ça peut vraiment mettre en péril un parcours de fertilité et ça met aussi un parcours de vie en péril. Donc voilà, plus on informe et plus je pense que c'est un peu le nerf de la guerre, en effet.

  • Speaker #0

    Et puis faire de la prévention aussi, c'est vrai que ce serait pas mal, mettre des rendez-vous comme les bébés avec les vaccins de tel à tel âge. On en fait déjà pour tout ce qui est cancer du sein, mais c'est vrai qu'il n'y a pas assez pour tout ce qui est problème gynécologique.

  • Speaker #1

    En fait, c'est très ciblé sur certaines pathologies. Vous avez raison quand vous parlez du cancer du sein, et ça marche très bien sur le cancer du sein, typiquement. Mais c'est vrai que l'idée, et c'est vrai que cette députée qui travaille, donc Prisca Tepno, on se bat sur cette idée d'avoir des rendez-vous, des vrais rendez-vous d'information et de dépistage, de manière beaucoup plus importante. Alors sans doute trois rendez-vous, un à l'adolescence, un au moment, en tout cas vers 25-30 ans, où on pourrait imaginer faire un bébé. Donc commencer là à échafauder ou poser des questions ou élaborer ce qu'on pourrait faire. Une plutôt au moment où on pourrait avoir d'autres dépistages, parce que je pense que ça a du sens vers les 40 ans. Et puis après, à la ménopause, parce qu'on n'en parle pas non plus de cette ménopause, mais elle est là, elle est présente, et c'est encore un sujet tabou. Et le dépistage, ça ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Ça ne s'arrête pas. Le cancer du sein, le cancer du côte de l'utérus, il ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Donc vraiment, il y a tout un parcours de soins à construire avec les patients. Et ça, c'est indispensable pour que les femmes vivent mieux. Ils comprennent mieux ce qui se passe dans leur corps. On a une autre pathologie, typiquement, qui est aussi tous les problèmes cardiaques qu'on peut avoir, très méconnus chez les femmes, et qui pourtant est la première cause de décès chez les femmes. Donc c'est là où on se rend compte qu'on a vraiment un travail de fond à faire. Je pense qu'effectivement, plus il y a de dépistage, plus il y a d'informations, plus on aide réellement les femmes sur le terrain.

  • Speaker #0

    Et pensez-vous que grâce à la parole des femmes qui se libèrent de plus en plus, il est possible que dans quelques années, les choses évoluent plutôt dans le bon sens ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très positive sur cette question. On le voit à travers l'endométriose. L'endométriose, c'est une pathologie qui n'était pas du tout reconnue, pas du tout connue il y a encore quelques années. Il y a un travail incroyable qui est fait par les associations depuis des années. Vraiment, j'en connais un certain nombre, c'est des combattantes et ça commence à rentrer dans les mœurs. Ça commence vraiment à être pris en charge. Il y a un plan d'endométriose qui a été décidé par le gouvernement. Ça veut dire qu'il y a des choses qui sont mises en place. Évidemment, il y a encore beaucoup de choses à faire. On est toujours... On peut toujours améliorer. Mais en tout cas, ça y est, ça commence à rentrer dans l'esprit et des professionnels et des patients. Donc, il faut faire pareil pour les autres pathologies. Ça met du temps, mais on voit que la parole, qui est vraiment les présences sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc., elle a du sens. Mais il faut être quand même très acharné pour qu'on l'entende, cette parole. Parce que ça fait des années qu'elles se battent vraiment, ces femmes.

  • Speaker #0

    Mais notamment avec le congé menstruel, c'est déjà un petit... Une petite évolution, on va dire, pour les femmes qui souffrent ?

  • Speaker #1

    Il y a plein de choses qui se font en mouvement. Moi, je le constate puisque vraiment, je travaille sur cette question depuis longtemps. Mais là, je trouve que depuis un ou deux ans, il y a vraiment des choses qui commencent à bouger. Ce fameux congé, il y a toute l'histoire de la fausse couche sur laquelle, malgré tout, il y a des avancées qui sont faites et on va enfin prendre en compte cet arrêt-là pour les femmes qui ont des fausses couches, parce que la fausse couche, ce n'est pas anodin. Donc, on voit qu'il se passe des choses. En tout cas... J'allais vous dire, quand vous en parliez il y a un ou deux ans, de la santé des femmes, je n'avais pas l'impression que ça avait une résonance incroyable. Aujourd'hui, ça commence vraiment à être dans les mœurs. Je vois le mot santé des femmes. Beaucoup. On a aussi une Femtech qui est très présente, qui fait un travail incroyable. On a toute une mouvance de femmes qui s'emparent des sujets, qui s'emparent en tout cas de manière extrêmement positive. Donc oui, il y a un gros chemin qui est fait. On n'est pas au bout, mais là, je vais dire que le mouvement est déjà là, et c'est ça qui est important. Et puis c'est entendu surtout, c'est ça qui est essentiel.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous expliquer une journée type d'une thérapeute spécialiste de la périnatalité ?

  • Speaker #1

    J'allais dire que toutes les journées sont un peu différentes, mais globalement, pour ma part, en tout cas, moi, j'ai plusieurs types de journées. J'ai des journées où je suis dans mon cabinet, où je reçois des patients du matin au soir. Voilà, ça, c'est ma journée en général type. Mais le reste du temps, quand je ne suis pas à mon cabinet, que je fais de la visio, puisque je travaille aussi en visio, c'est aussi des journées où j'ai des réunions. Alors, ça peut être des staffs avec l'hôpital, ça peut être des réunions avec d'autres professionnels de santé, des réunions... justement, parler de la santé de la femme et du travail que je peux faire par ailleurs, des réunions dessus, des textes que je peux écrire. Je participe à beaucoup de sites pour lesquels j'écris des textes sur la maternité, la fertilité ou en tout cas la santé de la femme de manière plus générale. Il faut produire un peu tout ça, ça prend un petit peu de temps. Et puis, je travaille aussi sur de la formation. Je fais aussi de la formation pour les professionnels de santé. Donc, tout ça, il faut du temps, en fait, pour le fabriquer, le créer, etc. Donc voilà, tous les moments où je ne suis pas en consultation, eh bien, la plupart du temps, sauf le temps que je me réserve pour moi, parce que quand même, c'est important de se ressourcer. Donc, je consacre aussi un peu de temps pour moi. Mais la plupart du temps, c'est de l'écriture, c'est de la réflexion, c'est des échanges avec d'autres professionnels. Voilà, c'est tout un travail préparatoire et d'écriture en général.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci, parce que vous faites énormément de choses pour aider les femmes, la recherche aussi. Quelles sont les différentes thématiques que vous pouvez aborder avec vos patients ?

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de thématiques, d'abord sur la maternité ou la fertilité, évidemment. Alors, moi, j'ai beaucoup, beaucoup de patients qui viennent. Je vais essayer de faire assez concis, mais d'être assez clair. En tout cas, sur la partie désir d'enfant, on va dire ça comme ça. J'ai des patientes qui viennent soit au tout début de leur désir d'enfant et qui ont des questions vraiment sur qu'est-ce que le désir d'enfant ? Comment je me projette ? Les peurs qu'elles peuvent avoir sur la potentielle maternité qu'elles pourraient avoir. Mais aussi des questions sur je rentre en parcours PMA ou pas. puisque pour certaines, c'est une vraie question de se dire, est-ce que je médicalise ce parcours ? On me l'a proposé, mais est-ce que j'ai envie d'aller dans ces parcours-là ? Question qu'on ne posait pas il y a quelques années et qu'on commence à se poser. Ça veut dire aussi que les patientes, et ça, je trouve ça extrêmement sain, s'interrogent sur réellement ce qu'elles ont envie de faire et donc elles n'y vont pas à l'aveugle. Il y a une vraie interrogation là-dessus. Et puis, j'ai tous les gens qui sont déjà en parcours et sur lesquels on va travailler avec soit le couple, soit... les hommes ou les femmes, puisque je reçois et des hommes et des femmes, et j'ai d'ailleurs de plus en plus d'hommes, ce qui est aussi un très bon signe, où là, on va plutôt travailler sur leur parcours personnel, comment ils vivent la PMA, quels sont les freins, les contraintes, les peurs. On parle aussi évidemment des parcours potentiels à venir, adoption, don, vie sans enfant, qui est aussi un parcours, la vie sans enfant, ça se construit. Il ne faut pas le prendre comme un dépit, c'est comme le don, c'est comme l'adoption, ça se construit vraiment. Donc là, il y a tout un travail de construction autour de ça. Du travail aussi quand les femmes sont enceintes, avec les peurs de la grossesse et les peurs de l'accouchement, évidemment, qui peuvent naître. Et puis, dans ces parcours de grossesse, on a aussi malheureusement des grossesses qui se passent moins bien. Donc les fausses couches, les interruptions de grossesse qui peuvent avoir lieu, sur lesquelles j'accompagne et j'aide les femmes et les hommes sur ces parcours-là. Et puis des parcours, là, un travail qui n'est pas forcément lié à la PMA, mais qui est tout autour du couple, puisque je fais de la thérapie de couple. Donc un vrai travail autour des problématiques du couple. Alors avec la problématique numéro un, j'allais dire la communication, qui est un sujet, je pense, central dans les couples, qu'ils soient en PMA ou pas. Je pense qu'il y a un vrai problème de communication dans notre société aujourd'hui et ça se sent dans les couples, malheureusement. Pourtant, il y a beaucoup d'outils, mais je crois qu'on a beaucoup de mal à communiquer. Et puis un travail sur la sexothérapie, alors parfois lié à la PMA et parfois qui n'est pas lié à la PMA. Et puis de la thérapie et du coaching après, plus de développement personnel ou sur des sujets plus professionnels. Donc là, c'est encore un autre plan que je peux avoir. Voilà à peu près, mais c'est déjà large.

  • Speaker #0

    Le don de gamètes, est-ce que vous pouvez rappeler à nos auditrices de quoi il s'agit ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je m'aperçois que finalement, le don de gamètes est connu sans être connu. Je vois bien que beaucoup de patientes en connaissent en tout cas le nom et ne savent pas forcément ce qu'il y a à l'intérieur. Le don de gamètes, c'est l'idée d'aller bénéficier, pour les hommes comme pour les femmes, puisque dans ces cas-là, c'est soit un don de sperme, soit un don d'ovocytes. C'est-à-dire que... Comme j'explique un peu, de manière simpliste, mais qui je pense est compréhensible pour tout le monde, on a une pièce défaillante, c'est-à-dire qu'on a des spermatozoïdes qui ne sont pas assez vaillants, voire pas de spermatozoïdes du tout, ou des ovocytes qui sont encore présents, mais malheureusement génétiquement plus capables de donner une grossesse. Et dans ces cas-là, on fait appel à un tiers-d'ovneur, donc à quelqu'un qui va nous donner soit du sperme, soit un ovocyte. Et donc on aura une five tout à fait classique, mais avec l'ovocyte ou le sperme de quelqu'un d'autre, puis un transfert. et une grossesse qui va être menée à terme par le coup, mais avec ce qu'on appelle un tiers d'honneur.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous recevez beaucoup de patientes ayant recours au don de gamètes ou de patients pour le don de sperme ?

  • Speaker #1

    Alors oui, et je reçois de plus en plus d'hommes pour le don de sperme. Je commence par ça parce que l'infertilité masculine est quand même extrêmement taboue. On en parle très peu. On s'aperçoit quand même... je dirais même... Certaines années derrière moi d'exploration, on a beaucoup plus aujourd'hui de problèmes autour du sperme que nous n'avons pu en avoir. On sait que les chiffres sont catastrophiques. On s'aperçoit que majoritairement aujourd'hui, on est vraiment dans les couples à 50% chacun a des soucis, ce qui n'était pas le cas il y a encore une dizaine d'années. Donc vraiment, les problématiques sont multiples aujourd'hui. Donc c'est complexe parce que les hommes ont beaucoup de mal à en parler, les hommes ont beaucoup de mal à faire les examens. Ce n'est pas une évidence. Nous, depuis qu'on est jeunes, on va voir un gynéco, on va voir les médecins, etc. Pour les hommes, c'est un peu moins évident. Et puis on touche à leur virilité profonde aussi sur ces questions-là. Donc il y a beaucoup de tabous pour l'infertilité masculine. Et beaucoup de femmes qui arrivent avec des besoins d'un don d'oocytes. Alors souvent informées par le médecin, c'est-à-dire que très régulièrement, puisque la plupart de mes patients viennent par le biais des médecins. On les a informés qu'a priori, il fallait faire un don de ovocytes, mais elles sont avec cette question-là, ne sachant pas vraiment comment faire et surtout ne comprenant pas bien les enjeux, et avec plein de questions autour du don. Qu'est-ce que ça engendre ? Pourquoi ? Est-ce que je suis capable de le faire ? Est-ce que j'ai envie de le faire ? Et toutes ces questions, c'est ça que nous nous abordons ensemble, parce que ce n'est pas un sujet anodin, ce n'est pas le même parcours que la PMA classique. Et je pense que ça nécessite, et c'est sain d'ailleurs de se poser plein de questions, pour construire cette future paternité ou maternité, et se dire dans quoi je m'engage, est-ce que je suis capable de faire face une fois que le bébé sera mort ?

  • Speaker #0

    Et quand vous dites par exemple que la PMA avec don représente un double deuil, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce deuil ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi, d'abord il y a multiple deuil. Quand je dis il y a multiple deuil, c'est avant d'arriver au don. Souvent les patients ont fait un très long parcours. Donc il y a déjà le deuil de l'enfant naturel, c'est-à-dire celui qu'on fait sous la couette, comme on dit de manière un peu simpliste. Mais celui-là déjà, quand on rentre en PMA, on se dit, globalement, il y a peu de chances que ça fonctionne comme ça. Il faut que je fasse le deuil de cette grossesse qui va m'arriver dessus un beau matin et qui sera un peu magique comme ça, inattendue. Puis il y a le deuil quand on est en PMA, que ça ne fonctionne pas. Dès que j'ai fait toutes les fibres ou toutes les inséminations et que ça ne fonctionne pas, il y a encore ce deuil à faire. Il y a déjà deux deuils. et puis j'arrive avec la possibilité de faire un don. Et si j'accepte de faire ce don, ça veut dire que je fais le deuil, moi, de ma propre génétique pour avoir cet enfant. Et donc, c'est une autre construction. Vous voyez bien que ça fait quand même, on se construit tous quand nous sommes enfants avec une idée de l'idéal de nos vies et qui nous permet de nous dire, je pourrais un jour me retourner en disant, j'ai réussi ma vie parce que dans ma besace, j'ai mis ça, ça et ça. Ça, ça et ça qui sont, c'est-à-dire tous ces éléments qui sont propres à nos propres désirs. Pas de règles fondées, ça peut être... Le job de rêve, la maison de rêve, la vie de rêve avec des enfants, pas d'enfants, etc. Mais cette vie qu'on a construite pendant des années, il faut à chaque fois la déconstruire pour se dire je vais prendre un autre chemin. Et j'accepte à chaque fois que ce chemin, et je répète sciemment le mot, n'est pas par dépit. Mais il est vraiment dans ma conscience, il est réfléchi et j'ai envie d'aller dans ce parcours-là. Et je l'accepte pleinement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce n'est pas évident quand on a des problèmes de santé de se dire qu'on a besoin d'être médicalement assisté. Quand on voit des femmes qui tombent un peu plus facilement enceintes, il y a deux types de femmes. Et celles qui vont parfois mal prendre le fait que dans leur entourage, il y ait des grossesses. C'est vrai qu'au fond, on ne peut pas leur en vouloir parce qu'il y a... Voilà, le fait de vouloir être à la place de l'autre, pourquoi moi je n'y arrive pas, pourquoi c'est tombé sur moi, il faut toujours se dire que, en tout cas pour les auditrices qui nous écoutent et qui sont en parcours PMA, que de toute façon elles ne sont jamais seules et que quand on croit être dans une situation, mais pourquoi moi mon Dieu ? Non, il faut se dire que... On peut prendre aussi la parole pour trouver d'autres personnes avec qui partager et se soutenir, pouvoir échanger, c'est vrai que c'est important, et aussi voir un thérapeute.

  • Speaker #1

    Il faut leur dire, et je le dis puisque j'ai la parole aujourd'hui, il faut leur dire, et c'est pas juste pour les déculpabiliser, parce que c'est une réalité, c'est qu'il y a un parcours psychique qui se met en place quand on a des difficultés pour avoir des enfants, avant même de rentrer en PMA, et quand on est également en PMA, et que ce qu'elles ressentent est légitime. Et elles ont le droit de le ressentir. Donc, ça n'est pas idiot d'avoir de la colère. Ce n'est pas idiot de se dire j'ai honte. Ça n'est pas idiot d'avoir de la jalousie. C'est temporaire. C'est temporaire, mais ça participe aussi du parcours qu'on est en train de vivre. Et ça, ça a du sens de le dire. Parce qu'on se sent bien nulle. Et là, je reprends vraiment les mots des patients. Elles se sentent nulles. Elles se sentent bêtes de ne pas faire ce qui paraît le plus évident sur la Terre, faire un bébé, puisqu'il n'y a pas besoin. d'avoir des diplômes ou un niveau social X ou Y, c'est quand même à peu près simple de le faire. Bien non, pour elles, ça n'est pas simple. Malheureusement, aujourd'hui, et les chiffres ne sont pas en cette faveur-là d'ailleurs, c'est grandissant, cette infertilité. Pas qu'en France, puisque l'OMS vient d'alerter en disant, mondialement, c'est une catastrophe. Vous voyez, elles sont loin malheureusement d'être seules. Et oui, c'est des parcours très compliqués et très douloureux. Donc, quand moi, je les entends me dire, je ne suis pas à la hauteur. Je n'arrive pas à faire face. Je suis nulle. C'est vrai que je ne peux pas laisser dire ça. Évidemment que je leur laisse l'exprimer, mais j'ai beaucoup d'admiration pour les parcours qu'elles font. Il faut beaucoup de courage pour tomber et être chaque fois sur le lit. Donc, vraiment, ce sont des choix de vie très compliqués. Évidemment, si il y a une table, on peut dire « je ferai ci, je ferai ça, je réagirai comme ci ou comme ça » . Quand on est dans la situation, on a tous vécu par exemple des confinements qui ont été compliqués, douloureux. On pouvait se raconter tout ce qu'on voulait, on était face à nous-mêmes à ce moment-là. La PMA, je crois que c'est assez similaire à ce fameux confinement, où on ne savait pas comment on pouvait agir, on était complètement démunis, on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Je pense qu'on nous aurait dit que ça va durer tant de temps, finalement on aurait peut-être réagi différemment. Là, c'est exactement la même chose. Avoir des moments où ça pleure, où ça chute, où ça lâche, ce n'est pas grave. Ce sont des parcours qui ressemblent, à mon sens, plutôt à des marathons qu'à des 100 mètres. Il faut tenir la distance. et pour tenir la distance, on ne le fait pas avec le sourire tous les jours et en étant positif tous les jours. Il y a plein de méthodes où on dit qu'il faut être positif, positif, positif. Moi, je crois surtout qu'il faut faire face à ces émotions, les écouter et se dire à un moment, j'ai le droit parfois d'y croire à 250% et parfois j'ai envie d'arrêter. Et ça ne fait pas quelqu'un de moins bien, ça ne fait pas quelqu'un de faible, ça fait quelqu'un qui est un être humain. Et un être humain s'est fait de ça. Mais ça n'empêche pas d'avancer. Et la plupart d'entre eux avancent. Avec des choix de Cornélien, on parle du don, ce n'est pas un choix d'une grande évidence. Moi, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver et me dire, je suis tellement contente, je rêvais depuis toujours de faire un don d'eau aussi. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Elles mettent parfois des années pour en arriver à l'acceptation de ce don. Il faut accepter que par moment, ça nécessite du temps. Et ça revient tout à fait à ce qu'on a dit tout à l'heure, plus on dépiste tôt, plus on peut y réfléchir sereinement et on a du temps devant soi. Le problème, c'est que plus on le découvre tard. Et plus, c'est vraiment de l'urgence. Et on ne peut pas réfléchir, l'être humain est ainsi fait. Il a besoin de temps pour réfléchir et accepter. Ça n'existe pas, l'être humain qui, en deux jours d'une temps, ou alors ça veut dire qu'il a déjà entamé un travail en amont, mais ce n'est pas vrai qu'il se réveille un matin en disant, ça y est, eureka, je change tout et j'y vais comme ça. Donc tout ça demande beaucoup de temps. Et on trouve, moi j'entends ça beaucoup chez les patientes, qu'elles me disent, je suis nulle, je suis trop lente. Non. chacun a son temps de maturation. Et ce temps, il est quand même extrêmement indispensable pour la suite, à chaque fois pour la suite et comment on va vivre les choses.

  • Speaker #0

    Et puis en plus, c'est selon chaque femme que les traitements en plus sont plus ou moins longs, parce que déjà, c'est des traitements lourds, ils fatiguent. Et puis quand ça ne fonctionne pas tout de suite, parfois il faut attendre un laps de temps pour voir ce qui ne va pas, pour ensuite recommencer. Et c'est vrai que quand ça dure des années, il faut avoir du courage. Déjà, moi, je tiens à féliciter toutes celles qui sont dans un combat depuis des années et qui ne lâchent pas. Et même celles qui doutent. Tenez bon et si vraiment c'est plus fort que vous physiquement, c'est pas grave aussi.

  • Speaker #1

    Celles qui lâchent, il ne faut pas non plus qu'elles se disent ou qu'elles arrêtent. Et moi, je vois de temps en temps sur les réseaux des gens dire mais non, lâchez pas, etc. Non, je crois que c'est très personnel. Chaque parcours est très personnel. On peut trouver des similitudes évidemment avec d'autres gens, mais c'est très très personnel. Et quand on arrête, ça veut dire qu'on a rêvé au moins. de ce que nous, nous pouvons supporter. Et peut-être que notre voisin, il en supportera 10, là où on en supportera 2. Ça ne veut pas dire qu'on est moins fort que notre voisin. Et je pense que savoir dire stop aussi à un moment, c'est une grande force. Je vois parfois des parcours qui vont très loin. Quand je dis très loin, c'est que ça n'a même plus de sens. On est dans une course à l'enfant à tout prix, avec beaucoup de dégâts physiques, psychiques, et pas forcément la certitude d'en avoir un. Donc c'est vrai que... Trouver le bon compromis entre j'ai l'impression que j'ai fait tout ce que je pouvais, là j'arrête et je suis en paix avec moi, et parfois des fuites en avant où c'est vrai que ça en est presque alarmant parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça peut aller. C'est ça qu'on construit aussi quand on travaille sur soi. C'est le moment où on va pouvoir s'arrêter si on doit s'arrêter et savoir l'accepter. Mais il ne faut pas dans un cas comme dans l'autre se dire « j'étais moins bien que quelqu'un d'autre » . Non, parce que je vous dis, face à l'adversité, c'est bien le seul moment de la vie où on connaît la vérité sur nous. C'est pas très grave. J'allais dire, c'est presque un chemin initiatique. C'est comme ça qu'il faut le prendre, à mon sens.

  • Speaker #0

    C'est très bien dit. Ça va aider beaucoup de femmes, je pense, en cette petite pensée et de se dire, oh là là, mais qu'est-ce qu'on va penser de moi si j'abandonne ? Non. Je pense que vos mots vont...

  • Speaker #1

    Parce que les autres pensent de nous, et vous avez raison. Parce que les autres pensent de nous. C'est comme moi, je suis en paix avec moi-même. Il y a que ça qui compte. Même si les gens vous disent, c'est complètement idiot, arrête-toi, ou continue. Il n'y a que nous qui puissions savoir à quel moment c'est le moment de trop. C'est comme le verre de trop, quand on le boit, on le sent. On sait qu'on se dit celui-là, il ne va pas me faire du bien. Là aussi, on le sent. Il y a beaucoup de patients qui me disent que ça devient plus dur d'y aller. Je ne veux pas, je ne suis plus moteur, je me sens mal avec cette situation, etc. Là, c'est les indicateurs où on sent qu'elles arrivent au bout de quelque chose. Donc, c'est apprendre à s'écouter. Et ce n'est pas très grave. J'allais dire, à un moment donné, il n'y a pas de concours de celle qui va faire mieux, plus, etc. Être en accord avec soi.

  • Speaker #0

    Pour la loi bioéthique de 2021, qui consacre le droit d'accès aux origines pour les personnes nées d'un don de gamètes, à leur majorité, qu'est-ce que vous pensez de ce sujet ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Moi, je crois que ça appartient aux patients. D'abord, comme je dis aux patients, je n'ai pas de souci avec aucune technique. ou avec aucun sujet autour de la maternité. J'ai vraiment le souci de l'individu qui est en face de moi. Et donc, je pense que chacun a envie ou pas, à un moment, d'en parler à son enfant et de comment en parler, et surtout, à quel moment il a envie de lui dire il y a un diar d'honneur et je veux te mettre en relation ou tu peux te mettre en relation si tu en as envie ou pas. Donc, c'est vraiment, j'entends des grands questionnements entre est-ce que j'ai envie... Alors, lui dire, la plupart du temps, les gens disent bien sûr que j'ai envie de lui dire. Et moi, là, pour le coup, c'est un grand oui. Il faut le dire à son enfant, c'est son histoire. Donc, on a fait un choix, c'est vrai, mais il y a un moment donné, on ne peut pas élever un enfant en lui disant « tu ne dois pas mentir » . Et nous, on ment sur ses origines. Et je pense que plus un enfant le sait tôt et plus il va l'apprécier comme il doit être apprécié et comprendre pourquoi ça a été fait. Ce n'est pas un sujet tabou, donc ça devient un sujet dont on peut partager et parler. Je pense que c'est... C'est bien si les patients désirent en fait de laisser ces informations. Maintenant, je mets juste un point important pour moi, qui est de ne jamais oublier qu'on parle bien, et je dis le mot depuis tout à l'heure, d'un tiers donneur. On ne parle pas, comme dans le cas de l'adoption par exemple, de parents. Donc l'enfant qu'on adopte, il avait à un moment des parents qui l'ont abandonné ou qui l'ont mis à l'adoption, selon les cas, et je le distingue aussi selon les histoires. Et là, je conçois que l'enfant adopté ait besoin et envie, la plupart du temps, de connaître son origine et d'aller discuter avec ses parents ou son parent pour dire qu'est-ce qui s'est passé à un moment. Tu ne voulais pas de moi en tant que personne ou tu ne voulais pas d'un enfant. Déjà, il n'est pas tout à fait la même chose et qu'il peut aider dans la construction. Il y a beaucoup de gens qui font cette démarche plus ou moins tôt dans leur vie. En tout cas, je pense que ça a du sens parce qu'on parle bien des parents. Là, on parle d'un donneur, un donneur qui n'a pas le désir d'enfant, qui n'a pas eu le désir de cet enfant qui va venir, puisque c'est bien un couple qui va le construire à deux et qui va avoir ce désir-là et qui va le porter à deux. Et donc, pour moi, c'est très différent. C'est vrai qu'il faut, là, si les enfants ont l'opportunité d'aller demain rencontrer le donneur ou la donneuse, il faut être très au clair avec le fait que ce n'est pas bonjour maman ou bonjour papa.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et là, je pense qu'il y a quelque chose, là on parlait d'information et de communication, à dire.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ton père ou ta mère, biologiquement oui, mais ils n'ont aucun désir. Ils n'ont rien construit avec toi. Un beau matin, on arrive et on dit bonjour, tu sais quoi, je suis ton enfant. Alors effectivement, biologiquement, il y a une partie génétique, mais il n'y a pas le désir. Donc ce n'est pas tout à fait la même recherche, à mon sens, que dans l'adoption. Et je fais vraiment sciemment le parallèle. Où là, on peut imaginer qu'à un moment, il s'est passé quelque chose pour que cette personne nous mette à l'adoption. ou arrête temporairement, pour x, y raisons, d'être notre parent.

  • Speaker #1

    Le donneur, en fait, là, son désir, c'était de pouvoir aider d'autres personnes voulant des enfants.

  • Speaker #0

    Exactement. Et qui lui-même a peut-être fait des enfants depuis, et avec quelqu'un avec qui il avait le désir d'avoir cette maternité ou cette paternité. C'est là où il faut bien expliquer que, ben non, en fait, cette personne, demain, tu ne peux pas l'appeler maman et elle ne va pas t'accueillir. Sinon, il y a quelque chose qui ne serait pas très sain, en fait, dans cette relation-là. qu'il ne suffit pas de donner un ovocyte ou du sperme pour devenir parent. Il y a toute une démarche, et c'est là où je pense qu'il ne faut pas se tromper, il y a quand même une vraie démarche, et dans le don, c'est quand même indispensable. C'est une discussion qu'on a beaucoup avec les patients. C'est le fait de faire le distinguo entre vraiment le côté génétique du terme, c'est-à-dire que génétiquement, je donne des choses à mon enfant, et ensuite, par acquisition, je vais donner d'autres choses. Dans l'éducation. Je vais lui transmettre fondamentalement ce que je suis. Et ce que je suis, c'est des valeurs, c'est des croyances, c'est une culture, c'est une religion, c'est une histoire. Ça, ça n'est pas dans mes gènes. Ça n'est que dans ce que je vais raconter à mon enfant, culturellement, ce que j'ai envie de lui transmettre. D'un parent à un autre, on ne construira pas et on ne donnera pas la même chose. Donc, c'est, à mon avis, pour moi, et je fais toujours le distinguo entre être une mère et être une maman. ça peut paraître idiot, mais pour moi, il y a tout un côté génétique quand on est une mère. On construit son enfant dans son ventre. C'est pour ça que, d'ailleurs, dans le don, c'est ça qui est extraordinaire, c'est cette relation qui va naître pendant neuf mois dans le ventre de la femme qui va recevoir soit un don de sperme, soit un don d'oocytes. Et cette relation se construit dès cet instant-là, indéniablement. Et ça a énormément de sens. Et puis, de l'autre côté, ce que je vais lui donner tous les jours de ma vie, jusqu'au bout de ma vie. Je vais devenir le parent de quelqu'un, c'est-à-dire responsable de quelqu'un à qui je vais donner un certain nombre d'éléments pour le construire et en faire la meilleure personne possible, évidemment selon nos critères. Elles sont d'un individu à un autre, elles sont différentes. C'est vrai, on n'a pas tous la même définition. Mais c'est ça qui est bien, sinon ça ferait des êtres humains un peu pénibles. Donc ça, ce travail-là est la députation. Un même ovocyte ou un même embryon dans une autre famille, n'aura pas du tout, du tout la même histoire. Et ça, on oublie souvent le côté affectif, émotion, transmission, qui est quand même, à mon sens, le principal job des parents. Ce n'est pas juste le fabriquer. Et là, je le dis d'autant plus que quand c'est nos gènes à nous, on a l'impression que comme c'est nos gènes, presque tout le job, il est fait. Mais ce n'est pas vrai. On ne se pose pas forcément la question. Le vrai job, c'est après. C'est vrai. Une fois qu'il est là et qu'il est en bonne santé. Comment je peux faire grandir cet enfant ? Comment je l'accompagne tous les jours ? Et effectivement, comme je disais, la plupart des enfants, dès qu'ils sont informés de cette histoire de don, n'en font pas cas, puisque les parents n'en font absolument pas cas eux-mêmes. Ils l'ont accepté. Ça n'est plus un sujet tabou, ou un sujet, on voit bien les secrets de famille, on les découvre toujours, toujours. On sent qu'il y a un sujet un peu gênant autour, les enfants ne mettent pas... pas les pieds en se disant c'est dangereux, je sais que je peux pas y aller mais un jour j'y irai. Donc plus j'allais dire on partage avec eux rapidement et plus ils sont dans la compréhension, évidemment en adaptant notre langage, on a l'âge de l'enfant, on va lui expliquer la même chose à deux ans qu'à 18 ans, mais je pense que ça se construit tout du long de la vie cette relation et le fait de lui dire comment il a été construit et pourquoi on a fait ces choix là.

  • Speaker #1

    Le fait de consulter un thérapeute, c'est vraiment super important, notamment avant de commencer un parcours PMA. Est-ce que vous auriez un conseil à donner aux auditrices qui nous écoutent et qui n'arrivent pas à vivre pleinement le fait d'avoir recours au don de gamètes pour leur parcours PMA ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que déjà, il faut en parler très en amont. Quand je dis très en amont, c'est que chez les hommes, d'ailleurs, c'est assez surprenant. Chez les hommes, ils vous disent tant qu'on n'a pas fini un truc, on ne va pas parler d'un autre truc. C'est leur manière de faire. Moi, je crois beaucoup au fait que plus on s'imprègne des questions, plus on en discute, et d'ailleurs, on a le droit de se retonger de la vie. Quand on en discute, c'est bien le principe. On ne va pas arrêter sa réflexion à un instant T. Moi, je pense que la discussion, l'échange et construire sa réflexion, ça a du sens. Moi, je dis que ça a du sens, c'est par exemple que je vais beaucoup mettre mes patientes en relation les unes avec les autres, quand il y a don, par exemple, pour que celles qui l'ont déjà vécu, celles qui ont du recul, puissent éventuellement raconter leur histoire et partager leur histoire. Et moi, je vois beaucoup de solidarité. Dès que je demande à un patient « est-ce que vous êtes d'accord pour échanger avec un autre ? » ou « est-ce que vous êtes d'accord pour donner votre témoignage ? » Je ne sais pas, un journaliste, un podcast. les gens vont le faire. Ils ont à cœur de partager parce qu'eux, ils en sont un peu sortis et se disent si je peux aider, eh bien ma contribution a du sens. Ça, ça a du sens, lire des témoignages, rencontrer des associations, tout ça a du sens à mon avis dans la construction pour pouvoir se dire à un moment, je prends la décision d'aller vers le don et je prends la décision ou pas d'ailleurs. Quand je dis ou pas, ce n'est pas parce que c'est une des solutions qu'on vous propose. que c'est celle que vous allez accepter. Et je le dis d'autant plus que ça n'est pas une évidence. Et souvent, je pose cette question au couple. Quel enfant voulez-vous ? Alors, je ne parle pas de la couleur des yeux, des cheveux, du sexe, évidemment. Mais quelle était votre idée de faire un enfant ? Ça représente quoi ? J'ai parfois des couples qui, très spontanément, me disent « Faire un enfant de nous. » Faire un enfant de nous ? Ah ben là, il y a le don. Est-ce que ça répond vraiment à votre demande ? Ou est-ce que vous êtes capable de dépasser ça ? Tout le monde n'a pas effectivement la même construction ou la même idée de faire un enfant. Donc ça, ça a du sens, à mon avis, de se poser ces questions très en amont. Parce que vous voyez, c'est quand même une sacrée question. À mon avis, ça engendre un peu quand même des débats dans nos têtes. Et encore une fois, je le dis, c'est simple de se poser des questions. Ce qui est simple, c'est d'y aller sans réfléchir, en se disant je réfléchirai après. Non, après, c'est trop tard. C'est avant. Et comme je dis aux patients, d'ailleurs, on ne répondra jamais à toutes les questions. Parce que quand on attend un enfant, on se pose d'autres questions. et c'est pas très grave, il y aura aussi du temps pour y répondre, mais en tout cas celle du don elle est vraiment, à mon sens, dans la réflexion, dans la construction intellectuelle avant, et puis c'est aussi un dialogue entre deux individus dans le couple, et il ne faut pas l'oublier c'est-à-dire que chacun a le droit d'avoir sa propre opinion, il ne faut pas le faire pour faire plaisir à l'autre j'entends parfois les couples qui disent, ah si elle veut, on le fera non, c'est pas si elle veut, c'est vous, qu'avez-vous envie, c'est-à-dire qu'on demande à chacun de se positionner. Et parfois, ça c'est le problème quand on pose une question, parfois on n'obtient pas la réponse qu'on veut, c'est la vie, c'est comme ça, mais il faut accepter la réponse qu'on a. Mais peut-être qu'on peut dire non et expliquer pourquoi elle ne veut pas. Mais on ne peut pas forcer quelqu'un dans une démarche. Ce sont des démarches trop personnelles, trop engageantes. Donc il faut que les deux puissent d'abord réfléchir à titre individuel, puis en discuter à deux. Et il y a une décision à deux. Il y a une discussion à deux. Mais ce n'est pas une discussion ou une réflexion à l'emporte-pièce. À mon sens, ça nécessite quand même de se dire, si j'y vais, j'ai réfléchi les paramètres, et à partir du moment où on y va, on est à peu près serein sur la question et on peut y aller pleinement et à deux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que là, niveau couple, il faut se poser la question, parce que s'il y en a un qui n'est pas trop pour, et au final, c'est l'enfant qui va en pâtir après, il faut penser à ça aussi. Il faut après se sentir. prêt à aimer cet enfant comme si c'est le vôtre ? Oui, après, il y a toutes ces problématiques qui arrivent et c'est vrai que c'est bien de se poser ce genre de questions.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est indispensable. Ce n'est pas une décision et je vois beaucoup d'hommes qui me disent « Ah, mais si elle est d'accord, je la suis. » Alors, c'est formidable d'avoir des hommes qui vous disent ça et en même temps, ce moment précis, non, il faut que chacun s'engage dans la décision. Il faut que chacun puisse y réfléchir. encore une fois, qu'on réfléchit. vraiment de se dire je m'engage et on y va. Là, on n'y va à deux. Donc c'est là où je pense que plus on met du temps sur la réflexion et plus on en discute et plus ça va être intéressant à reconstruire derrière. On ne prend pas le temps parce que je pense qu'il y a une pression et qui est liée à deux choses. D'abord au désir qu'on a d'avoir cet enfant. C'est-à-dire qu'une fois que le désir il arrive, c'est maintenant qu'on a envie de le faire. Ce n'est pas dans dix ans. Donc on a envie d'aller vite aussi dans les traitements. Et puis il y a cette mécanique qui fait que Beaucoup de femmes me disent « je n'ai pas de temps à me perdre et si je ne fais rien, j'ai l'impression que j'ai perdu du temps, c'est inutile, etc. » C'est vrai. Et en même temps, comme je leur dis, c'est la force du « et en même temps » , vous voyez, c'est de se dire « je suis d'accord qu'on ne perde pas de temps, mais parfois un mois de pause, deux mois de pause, ça permet de lever la tête du guidon, ça permet de prendre du recul et peut-être de voir les choses un peu différemment, de se reposer, de se centrer, de se re-questionner. » L'idée, c'est quand même aussi de ne pas être dans un tunnel, mais de temps en temps sortir la tête de l'eau. Si je respire un coup, j'en suis où ? Et puis surtout, je m'écoute un peu. J'ai envie d'y retourner tout de suite. Est-ce que j'ai de l'énergie pour y retourner tout de suite ? Si je n'ai pas d'énergie, est-ce que c'est utile de me reprendre un échec dans cet état-là ? Je ne suis pas convaincue. C'est trouver le bon tempo. La respiration, de temps en temps, je pense qu'elle est plus qu'indispensable aussi. Ça, c'est très important. On s'oublie très vite dans ce parcours. On s'oublie et on oublie son couple. Il ne faut pas s'oublier. Il ne faut pas oublier et essayer de rester le plus possible en lien avec soi, en accord avec soi. Faire un enfant, c'est une chose. extraordinaire. Je ne vais pas dire le contraire. Moi-même, je me suis battue pendant des années pour faire mes enfants, que ce soit par le biais de la PMA, puis des grossesses compliquées. Donc, je sais à quel point je mesure ma chance tous les jours. Voilà. Mais en même temps, je crois aussi qu'on peut avoir une vie sans enfant. L'enfant n'est pas tout dans une vie. C'est une partie de notre vie. Et il ne peut pas répondre, à mon sens, à tous nos... J'entendais là qu'il me disait « Je serais heureux quand j'aurai un enfant » . Évidemment qu'elles seront... heureuses ou ils seront heureux quand ils auront des enfants, mais ça ne sera pas la seule source de bonheur. Le bonheur, il vient de plein de choses de toute notre vie, de l'entièreté de ce que nous faisons. Cet enfant, il va être contributeur, ça va être une autre part de bonheur, mais ce n'est pas que le bonheur. Et c'est ça qu'il faut essayer de se construire. Et puis, on peut être maman de mille et une manières. Moi, je le dis très honnêtement, parce que ça ne se résume pas à être maman qu'à apporter un enfant. L'adoption est une manière de faire des enfants. S'occuper des autres peut être une manière de transmettre. Parce qu'en fait, le fin mot de toute cette histoire, c'est quand même la transmission, fondamentalement. Et cette transmission, il y a plein de manières de le faire. Et il y a plein de manières de se révéler et de se projeter dans autre chose. Donc ça, je pense que ça a du sens. Ce parcours, il est très douloureux. Il est très long. Je parlais de parcours initiatique tout à l'heure. Je crois beaucoup que c'est un parcours initiatique et qu'il peut nous faire grandir à certains moments. même si quand on est dedans on voit pas du tout du tout et on aimerait bien en sortir et j'avoue que pour l'avoir vécu je me suis dit la même chose mais sincèrement il nous fait grandir, il nous fait évoluer, il nous fait nous questionner je pense que les gens qui en sortent avec ou sans enfants, là y'a pas de débat, sont plus forts, beaucoup plus forts et surtout ils se connaissent tellement mieux donc vraiment je souhaite beaucoup beaucoup de courage à tout le monde Mais moi, elles ont toutes et ils ont tous mon admiration, sincère en tout cas, sur ces parcours. Merci beaucoup de m'avoir invité, de m'avoir donné la parole. C'est toujours un plaisir. En plus, j'aime beaucoup votre podcast. Vraiment, il fait du bien. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci beaucoup Déborah Schumann-Antonio d'être passée sur le podcast État d'âme et de nous avoir éclairé sur le don de gamètes et notamment le métier de thérapeute spécialiste de la périnatalité. Courage à tous, tous ceux qui nous écoutent et qui vont entamer un parcours PMA ou qui sont actuellement en train de se faire enlever. plein dedans. On vous souhaite une très belle surprise à la fin. Vous écoutiez Etadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etadam, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants. les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme. Chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Dans cet épisode d'États Dames, plongez dans l’univers de la PMA et du don de gamètes aux côtés de Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité avec plus de 12 ans d’expérience. Déborah apporte un éclairage précieux sur le parcours des couples et des femmes confrontés à l’infertilité, en offrant des conseils et un accompagnement bienveillant pour ceux qui envisagent ou traversent un don de gamètes.

Déborah partage son engagement pour la santé des femmes, ayant initié des projets marquants, comme la première Journée de l’Infertilité en France en 2014, et collaborant aujourd’hui avec la députée Prisca Thévenot pour améliorer la prise en charge des femmes en France. Cet épisode explore avec sensibilité et expertise les défis émotionnels et psychologiques du don de gamètes, en offrant espoir et soutien à toutes celles et ceux qui en ont besoin.

Rejoignez-nous pour une discussion inspirante qui vise à briser les tabous et à guider les personnes en parcours de PMA vers un avenir rempli d’espoir et de sérénité.


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Transcription

  • Speaker #0

    Et ta dame, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Et ta dame, chaque femme est unique. mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry. Bonjour à tous, vous êtes sur Etats d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Déborah Schumann-Antonio, thérapeute spécialiste de la périnatalité. Elle accompagne des couples et des femmes en parcours PMA depuis plus de 12 ans. Parmi les thématiques sensibles abordées avec ces patients, il y a le don de gamètes. Accepter un don de gamètes, c'est accepter un deuil. Avec Déborah Schumann-Antonio, c'est le sujet du jour. Bonjour Déborah, merci d'être là aujourd'hui sur le podcast Etat d'âme consacré à la santé des femmes. Chère auditrice, la femme que je reçois aujourd'hui est activement engagée dans la santé de la femme, car Déborah Schumann-Antonio, dites-moi si je me trompe, mais vous avez créé la première journée de l'infertilité en France en 2014. Et depuis 2022, vous œuvrez aux côtés de la députée Priska Thévenot pour faire bouger les choses et améliorer la prise en charge des femmes. Je trouve vraiment génial ce que vous faites. Et je me permets une question. En tant que professionnelle de santé, selon vous, y a-t-il pour certaines maladies, ne ciblant que les femmes, comme par exemple l'entométriose, beaucoup d'errances diagnostiques ou médicales ? Pensez-vous que lorsque des femmes consultent, parfois, on ne prend pas assez en compte leurs douleurs et on ne cherche pas... pas à aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un vrai combat que je mène. C'est une vraie question. Comme vous l'avez dit, je travaille beaucoup sur, je combat beaucoup pour la santé de la femme. Quand je parle de santé de la femme, du coup, j'en parle de manière globale. C'est-à-dire qu'évidemment, je suis à la base spécialiste sur l'infertilité, la maternité, donc vraiment la partie couple également. Mais, j'allais dire, mon analyse des choses depuis plus de 12 ans où je travaille sur ces sujets-là, c'est malgré tout que on diagnostique un peu trop tard. Quand je dis en diagnostic trop tard, c'est qu'on diagnostique souvent au moment du désir d'enfant. Et le problème, c'est que ça peut arriver plus ou moins tardivement, puisqu'on voit qu'en plus les femmes font des enfants de plus en plus tardivement. Et quand on diagnostique trop tard, vous citiez l'endométriose, mais malheureusement, on n'a pas que le souci de l'endométriose, on a également les ovaires polycystiques, première cause d'infertilité, aujourd'hui en France, il faut le dire parce que c'est important, on ne communique pas assez sur ce sujet, comme les fibromes par exemple, si on ne donne que ces sujets-là. on va les diagnostiquer au moment du désir d'enfant. Ce qui veut dire qu'il faut attendre ce moment précis pour qu'on aille vraiment explorer le corps des femmes. Et malheureusement, comme c'est souvent un peu tardif, et qu'il y a le désir d'enfant en plus, c'est-à-dire que les deux mélangés, on est dans ce que moi j'appelle une médecine d'urgence. Et la médecine d'urgence, c'est jamais très bon. Parce que ces femmes, pour les domaines d'ouvertes polycystiques ou autres, elles ont des souffrances au quotidien. C'est pas juste dans leur désir d'enfant. C'est tous les jours de leur vie, c'est dans leur sexualité, c'est dans leur vie professionnelle. c'est dans leur vie amicale, de couple, etc. Donc, il faut qu'on les prenne mieux en charge et plus tôt pour qu'elles puissent avoir une vie beaucoup mieux traitée, avec beaucoup de mieux-être, en tout cas, et pas uniquement par le prisme de la maternité. Parce que d'abord, toutes les femmes n'ont pas envie de faire des enfants. Il y a une étude qui nous dit que 30% des jeunes femmes ne veulent pas faire d'enfants. Donc, si on attend ce moment-là pour un moment d'essayer quoi que ce soit, on est dans le faux. Je pense qu'il faut à un moment donné ne plus passer par ça et passer beaucoup plus en amont et beaucoup plus tôt. C'est-à-dire le combat qu'on mène aussi avec la députée avec qui je travaille, Priska Thevenot, c'est de pouvoir vraiment beaucoup plus tôt, c'est-à-dire dès l'adolescence, pouvoir mieux informer les femmes. D'abord, avoir des douleurs, ça peut être multifactoriel. Qu'est-ce que ça veut dire avoir des douleurs ? Qu'est-ce que ça peut engendrer ? Et qu'elles puissent prendre les bonnes décisions. Si je veux faire un enfant, peut-être que je peux préserver mes ovocytes. en amont. Peut-être que j'ai certains traitements à prendre en amont. Peut-être qu'une préquise en charge aussi sur l'alimentation, sur la vie quotidienne, le sport, etc., peut m'aider dans toutes ces pathologies. Donc, c'est pas uniquement par ce prisme-là. Et c'est vrai que c'est un vrai combat parce que je vois trop de femmes qui arrivent tardivement avec vraiment une découverte soudaine de plein de pathologies. Alors, évidemment, les médecins n'ont pas le temps de leur expliquer à ce moment-là parce qu'elles sont dans leur projet de bébé. Donc, il faut qu'elles ingurgitent en très peu de temps l'idée que oui, elles ont un souci, quelles sont les conséquences ? C'est une conséquence sur la fertilité, donc souvent des parcours qui rentrent en PMA et qui sont du coup extrêmement compliqués. Psychologiquement et nerveusement, c'est extrêmement lourd à porter. Donc plus on le fait en amont, et plus je pense qu'on peut apporter des réponses plus complètes, plus concrètes pour toutes ces femmes.

  • Speaker #0

    Et je pense aussi que c'est vrai qu'avec, par exemple, des règles douloureuses, on a un peu cette idée que, de toute façon, ça fait mal, donc si j'ai mal, c'est normal. Et au final, si ça fait mal ou si on se rend compte d'autres petites pathologies, d'autres petits symptômes, c'est vrai qu'il faut qu'on essaye de plus en plus de dire aux jeunes filles de ne pas hésiter à les consulter, on ne sait jamais. Et on peut bien sûr tomber sur un kyste qui, voilà, parfois on a des symptômes et puis on se dit « Oh, c'est peut-être parce que j'ai trop mangé. Oh, c'est peut-être parce que ci, parce que ça. » Et au final, oui, c'est vrai qu'on peut tomber après sur des problèmes un peu plus compliqués à gérer.

  • Speaker #1

    Je parle d'information et de formation pour les professionnels, parce que plus on aura des billes, plus on pourra expliquer aux jeunes filles, et vous avez raison, et plus on pourra peut-être alerter. Alors, je vais dire, il vaut mieux parfois alerter pour rien, c'est-à-dire qu'une jeune fille ou une jeune femme aille faire des examens et qu'on lui dise finalement, il n'y a rien, mais en tout cas, on sait très exactement où elle en est, plutôt que d'attendre, et puis d'arriver dans des cas d'urgence, ou parfois, et surtout sur l'endométriose, qui malheureusement est égal aux plantes pour beaucoup, on la découvre trop tardivement. Ça peut vraiment mettre en péril un parcours de fertilité et ça met aussi un parcours de vie en péril. Donc voilà, plus on informe et plus je pense que c'est un peu le nerf de la guerre, en effet.

  • Speaker #0

    Et puis faire de la prévention aussi, c'est vrai que ce serait pas mal, mettre des rendez-vous comme les bébés avec les vaccins de tel à tel âge. On en fait déjà pour tout ce qui est cancer du sein, mais c'est vrai qu'il n'y a pas assez pour tout ce qui est problème gynécologique.

  • Speaker #1

    En fait, c'est très ciblé sur certaines pathologies. Vous avez raison quand vous parlez du cancer du sein, et ça marche très bien sur le cancer du sein, typiquement. Mais c'est vrai que l'idée, et c'est vrai que cette députée qui travaille, donc Prisca Tepno, on se bat sur cette idée d'avoir des rendez-vous, des vrais rendez-vous d'information et de dépistage, de manière beaucoup plus importante. Alors sans doute trois rendez-vous, un à l'adolescence, un au moment, en tout cas vers 25-30 ans, où on pourrait imaginer faire un bébé. Donc commencer là à échafauder ou poser des questions ou élaborer ce qu'on pourrait faire. Une plutôt au moment où on pourrait avoir d'autres dépistages, parce que je pense que ça a du sens vers les 40 ans. Et puis après, à la ménopause, parce qu'on n'en parle pas non plus de cette ménopause, mais elle est là, elle est présente, et c'est encore un sujet tabou. Et le dépistage, ça ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Ça ne s'arrête pas. Le cancer du sein, le cancer du côte de l'utérus, il ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Donc vraiment, il y a tout un parcours de soins à construire avec les patients. Et ça, c'est indispensable pour que les femmes vivent mieux. Ils comprennent mieux ce qui se passe dans leur corps. On a une autre pathologie, typiquement, qui est aussi tous les problèmes cardiaques qu'on peut avoir, très méconnus chez les femmes, et qui pourtant est la première cause de décès chez les femmes. Donc c'est là où on se rend compte qu'on a vraiment un travail de fond à faire. Je pense qu'effectivement, plus il y a de dépistage, plus il y a d'informations, plus on aide réellement les femmes sur le terrain.

  • Speaker #0

    Et pensez-vous que grâce à la parole des femmes qui se libèrent de plus en plus, il est possible que dans quelques années, les choses évoluent plutôt dans le bon sens ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très positive sur cette question. On le voit à travers l'endométriose. L'endométriose, c'est une pathologie qui n'était pas du tout reconnue, pas du tout connue il y a encore quelques années. Il y a un travail incroyable qui est fait par les associations depuis des années. Vraiment, j'en connais un certain nombre, c'est des combattantes et ça commence à rentrer dans les mœurs. Ça commence vraiment à être pris en charge. Il y a un plan d'endométriose qui a été décidé par le gouvernement. Ça veut dire qu'il y a des choses qui sont mises en place. Évidemment, il y a encore beaucoup de choses à faire. On est toujours... On peut toujours améliorer. Mais en tout cas, ça y est, ça commence à rentrer dans l'esprit et des professionnels et des patients. Donc, il faut faire pareil pour les autres pathologies. Ça met du temps, mais on voit que la parole, qui est vraiment les présences sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc., elle a du sens. Mais il faut être quand même très acharné pour qu'on l'entende, cette parole. Parce que ça fait des années qu'elles se battent vraiment, ces femmes.

  • Speaker #0

    Mais notamment avec le congé menstruel, c'est déjà un petit... Une petite évolution, on va dire, pour les femmes qui souffrent ?

  • Speaker #1

    Il y a plein de choses qui se font en mouvement. Moi, je le constate puisque vraiment, je travaille sur cette question depuis longtemps. Mais là, je trouve que depuis un ou deux ans, il y a vraiment des choses qui commencent à bouger. Ce fameux congé, il y a toute l'histoire de la fausse couche sur laquelle, malgré tout, il y a des avancées qui sont faites et on va enfin prendre en compte cet arrêt-là pour les femmes qui ont des fausses couches, parce que la fausse couche, ce n'est pas anodin. Donc, on voit qu'il se passe des choses. En tout cas... J'allais vous dire, quand vous en parliez il y a un ou deux ans, de la santé des femmes, je n'avais pas l'impression que ça avait une résonance incroyable. Aujourd'hui, ça commence vraiment à être dans les mœurs. Je vois le mot santé des femmes. Beaucoup. On a aussi une Femtech qui est très présente, qui fait un travail incroyable. On a toute une mouvance de femmes qui s'emparent des sujets, qui s'emparent en tout cas de manière extrêmement positive. Donc oui, il y a un gros chemin qui est fait. On n'est pas au bout, mais là, je vais dire que le mouvement est déjà là, et c'est ça qui est important. Et puis c'est entendu surtout, c'est ça qui est essentiel.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous expliquer une journée type d'une thérapeute spécialiste de la périnatalité ?

  • Speaker #1

    J'allais dire que toutes les journées sont un peu différentes, mais globalement, pour ma part, en tout cas, moi, j'ai plusieurs types de journées. J'ai des journées où je suis dans mon cabinet, où je reçois des patients du matin au soir. Voilà, ça, c'est ma journée en général type. Mais le reste du temps, quand je ne suis pas à mon cabinet, que je fais de la visio, puisque je travaille aussi en visio, c'est aussi des journées où j'ai des réunions. Alors, ça peut être des staffs avec l'hôpital, ça peut être des réunions avec d'autres professionnels de santé, des réunions... justement, parler de la santé de la femme et du travail que je peux faire par ailleurs, des réunions dessus, des textes que je peux écrire. Je participe à beaucoup de sites pour lesquels j'écris des textes sur la maternité, la fertilité ou en tout cas la santé de la femme de manière plus générale. Il faut produire un peu tout ça, ça prend un petit peu de temps. Et puis, je travaille aussi sur de la formation. Je fais aussi de la formation pour les professionnels de santé. Donc, tout ça, il faut du temps, en fait, pour le fabriquer, le créer, etc. Donc voilà, tous les moments où je ne suis pas en consultation, eh bien, la plupart du temps, sauf le temps que je me réserve pour moi, parce que quand même, c'est important de se ressourcer. Donc, je consacre aussi un peu de temps pour moi. Mais la plupart du temps, c'est de l'écriture, c'est de la réflexion, c'est des échanges avec d'autres professionnels. Voilà, c'est tout un travail préparatoire et d'écriture en général.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci, parce que vous faites énormément de choses pour aider les femmes, la recherche aussi. Quelles sont les différentes thématiques que vous pouvez aborder avec vos patients ?

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de thématiques, d'abord sur la maternité ou la fertilité, évidemment. Alors, moi, j'ai beaucoup, beaucoup de patients qui viennent. Je vais essayer de faire assez concis, mais d'être assez clair. En tout cas, sur la partie désir d'enfant, on va dire ça comme ça. J'ai des patientes qui viennent soit au tout début de leur désir d'enfant et qui ont des questions vraiment sur qu'est-ce que le désir d'enfant ? Comment je me projette ? Les peurs qu'elles peuvent avoir sur la potentielle maternité qu'elles pourraient avoir. Mais aussi des questions sur je rentre en parcours PMA ou pas. puisque pour certaines, c'est une vraie question de se dire, est-ce que je médicalise ce parcours ? On me l'a proposé, mais est-ce que j'ai envie d'aller dans ces parcours-là ? Question qu'on ne posait pas il y a quelques années et qu'on commence à se poser. Ça veut dire aussi que les patientes, et ça, je trouve ça extrêmement sain, s'interrogent sur réellement ce qu'elles ont envie de faire et donc elles n'y vont pas à l'aveugle. Il y a une vraie interrogation là-dessus. Et puis, j'ai tous les gens qui sont déjà en parcours et sur lesquels on va travailler avec soit le couple, soit... les hommes ou les femmes, puisque je reçois et des hommes et des femmes, et j'ai d'ailleurs de plus en plus d'hommes, ce qui est aussi un très bon signe, où là, on va plutôt travailler sur leur parcours personnel, comment ils vivent la PMA, quels sont les freins, les contraintes, les peurs. On parle aussi évidemment des parcours potentiels à venir, adoption, don, vie sans enfant, qui est aussi un parcours, la vie sans enfant, ça se construit. Il ne faut pas le prendre comme un dépit, c'est comme le don, c'est comme l'adoption, ça se construit vraiment. Donc là, il y a tout un travail de construction autour de ça. Du travail aussi quand les femmes sont enceintes, avec les peurs de la grossesse et les peurs de l'accouchement, évidemment, qui peuvent naître. Et puis, dans ces parcours de grossesse, on a aussi malheureusement des grossesses qui se passent moins bien. Donc les fausses couches, les interruptions de grossesse qui peuvent avoir lieu, sur lesquelles j'accompagne et j'aide les femmes et les hommes sur ces parcours-là. Et puis des parcours, là, un travail qui n'est pas forcément lié à la PMA, mais qui est tout autour du couple, puisque je fais de la thérapie de couple. Donc un vrai travail autour des problématiques du couple. Alors avec la problématique numéro un, j'allais dire la communication, qui est un sujet, je pense, central dans les couples, qu'ils soient en PMA ou pas. Je pense qu'il y a un vrai problème de communication dans notre société aujourd'hui et ça se sent dans les couples, malheureusement. Pourtant, il y a beaucoup d'outils, mais je crois qu'on a beaucoup de mal à communiquer. Et puis un travail sur la sexothérapie, alors parfois lié à la PMA et parfois qui n'est pas lié à la PMA. Et puis de la thérapie et du coaching après, plus de développement personnel ou sur des sujets plus professionnels. Donc là, c'est encore un autre plan que je peux avoir. Voilà à peu près, mais c'est déjà large.

  • Speaker #0

    Le don de gamètes, est-ce que vous pouvez rappeler à nos auditrices de quoi il s'agit ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je m'aperçois que finalement, le don de gamètes est connu sans être connu. Je vois bien que beaucoup de patientes en connaissent en tout cas le nom et ne savent pas forcément ce qu'il y a à l'intérieur. Le don de gamètes, c'est l'idée d'aller bénéficier, pour les hommes comme pour les femmes, puisque dans ces cas-là, c'est soit un don de sperme, soit un don d'ovocytes. C'est-à-dire que... Comme j'explique un peu, de manière simpliste, mais qui je pense est compréhensible pour tout le monde, on a une pièce défaillante, c'est-à-dire qu'on a des spermatozoïdes qui ne sont pas assez vaillants, voire pas de spermatozoïdes du tout, ou des ovocytes qui sont encore présents, mais malheureusement génétiquement plus capables de donner une grossesse. Et dans ces cas-là, on fait appel à un tiers-d'ovneur, donc à quelqu'un qui va nous donner soit du sperme, soit un ovocyte. Et donc on aura une five tout à fait classique, mais avec l'ovocyte ou le sperme de quelqu'un d'autre, puis un transfert. et une grossesse qui va être menée à terme par le coup, mais avec ce qu'on appelle un tiers d'honneur.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous recevez beaucoup de patientes ayant recours au don de gamètes ou de patients pour le don de sperme ?

  • Speaker #1

    Alors oui, et je reçois de plus en plus d'hommes pour le don de sperme. Je commence par ça parce que l'infertilité masculine est quand même extrêmement taboue. On en parle très peu. On s'aperçoit quand même... je dirais même... Certaines années derrière moi d'exploration, on a beaucoup plus aujourd'hui de problèmes autour du sperme que nous n'avons pu en avoir. On sait que les chiffres sont catastrophiques. On s'aperçoit que majoritairement aujourd'hui, on est vraiment dans les couples à 50% chacun a des soucis, ce qui n'était pas le cas il y a encore une dizaine d'années. Donc vraiment, les problématiques sont multiples aujourd'hui. Donc c'est complexe parce que les hommes ont beaucoup de mal à en parler, les hommes ont beaucoup de mal à faire les examens. Ce n'est pas une évidence. Nous, depuis qu'on est jeunes, on va voir un gynéco, on va voir les médecins, etc. Pour les hommes, c'est un peu moins évident. Et puis on touche à leur virilité profonde aussi sur ces questions-là. Donc il y a beaucoup de tabous pour l'infertilité masculine. Et beaucoup de femmes qui arrivent avec des besoins d'un don d'oocytes. Alors souvent informées par le médecin, c'est-à-dire que très régulièrement, puisque la plupart de mes patients viennent par le biais des médecins. On les a informés qu'a priori, il fallait faire un don de ovocytes, mais elles sont avec cette question-là, ne sachant pas vraiment comment faire et surtout ne comprenant pas bien les enjeux, et avec plein de questions autour du don. Qu'est-ce que ça engendre ? Pourquoi ? Est-ce que je suis capable de le faire ? Est-ce que j'ai envie de le faire ? Et toutes ces questions, c'est ça que nous nous abordons ensemble, parce que ce n'est pas un sujet anodin, ce n'est pas le même parcours que la PMA classique. Et je pense que ça nécessite, et c'est sain d'ailleurs de se poser plein de questions, pour construire cette future paternité ou maternité, et se dire dans quoi je m'engage, est-ce que je suis capable de faire face une fois que le bébé sera mort ?

  • Speaker #0

    Et quand vous dites par exemple que la PMA avec don représente un double deuil, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce deuil ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi, d'abord il y a multiple deuil. Quand je dis il y a multiple deuil, c'est avant d'arriver au don. Souvent les patients ont fait un très long parcours. Donc il y a déjà le deuil de l'enfant naturel, c'est-à-dire celui qu'on fait sous la couette, comme on dit de manière un peu simpliste. Mais celui-là déjà, quand on rentre en PMA, on se dit, globalement, il y a peu de chances que ça fonctionne comme ça. Il faut que je fasse le deuil de cette grossesse qui va m'arriver dessus un beau matin et qui sera un peu magique comme ça, inattendue. Puis il y a le deuil quand on est en PMA, que ça ne fonctionne pas. Dès que j'ai fait toutes les fibres ou toutes les inséminations et que ça ne fonctionne pas, il y a encore ce deuil à faire. Il y a déjà deux deuils. et puis j'arrive avec la possibilité de faire un don. Et si j'accepte de faire ce don, ça veut dire que je fais le deuil, moi, de ma propre génétique pour avoir cet enfant. Et donc, c'est une autre construction. Vous voyez bien que ça fait quand même, on se construit tous quand nous sommes enfants avec une idée de l'idéal de nos vies et qui nous permet de nous dire, je pourrais un jour me retourner en disant, j'ai réussi ma vie parce que dans ma besace, j'ai mis ça, ça et ça. Ça, ça et ça qui sont, c'est-à-dire tous ces éléments qui sont propres à nos propres désirs. Pas de règles fondées, ça peut être... Le job de rêve, la maison de rêve, la vie de rêve avec des enfants, pas d'enfants, etc. Mais cette vie qu'on a construite pendant des années, il faut à chaque fois la déconstruire pour se dire je vais prendre un autre chemin. Et j'accepte à chaque fois que ce chemin, et je répète sciemment le mot, n'est pas par dépit. Mais il est vraiment dans ma conscience, il est réfléchi et j'ai envie d'aller dans ce parcours-là. Et je l'accepte pleinement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce n'est pas évident quand on a des problèmes de santé de se dire qu'on a besoin d'être médicalement assisté. Quand on voit des femmes qui tombent un peu plus facilement enceintes, il y a deux types de femmes. Et celles qui vont parfois mal prendre le fait que dans leur entourage, il y ait des grossesses. C'est vrai qu'au fond, on ne peut pas leur en vouloir parce qu'il y a... Voilà, le fait de vouloir être à la place de l'autre, pourquoi moi je n'y arrive pas, pourquoi c'est tombé sur moi, il faut toujours se dire que, en tout cas pour les auditrices qui nous écoutent et qui sont en parcours PMA, que de toute façon elles ne sont jamais seules et que quand on croit être dans une situation, mais pourquoi moi mon Dieu ? Non, il faut se dire que... On peut prendre aussi la parole pour trouver d'autres personnes avec qui partager et se soutenir, pouvoir échanger, c'est vrai que c'est important, et aussi voir un thérapeute.

  • Speaker #1

    Il faut leur dire, et je le dis puisque j'ai la parole aujourd'hui, il faut leur dire, et c'est pas juste pour les déculpabiliser, parce que c'est une réalité, c'est qu'il y a un parcours psychique qui se met en place quand on a des difficultés pour avoir des enfants, avant même de rentrer en PMA, et quand on est également en PMA, et que ce qu'elles ressentent est légitime. Et elles ont le droit de le ressentir. Donc, ça n'est pas idiot d'avoir de la colère. Ce n'est pas idiot de se dire j'ai honte. Ça n'est pas idiot d'avoir de la jalousie. C'est temporaire. C'est temporaire, mais ça participe aussi du parcours qu'on est en train de vivre. Et ça, ça a du sens de le dire. Parce qu'on se sent bien nulle. Et là, je reprends vraiment les mots des patients. Elles se sentent nulles. Elles se sentent bêtes de ne pas faire ce qui paraît le plus évident sur la Terre, faire un bébé, puisqu'il n'y a pas besoin. d'avoir des diplômes ou un niveau social X ou Y, c'est quand même à peu près simple de le faire. Bien non, pour elles, ça n'est pas simple. Malheureusement, aujourd'hui, et les chiffres ne sont pas en cette faveur-là d'ailleurs, c'est grandissant, cette infertilité. Pas qu'en France, puisque l'OMS vient d'alerter en disant, mondialement, c'est une catastrophe. Vous voyez, elles sont loin malheureusement d'être seules. Et oui, c'est des parcours très compliqués et très douloureux. Donc, quand moi, je les entends me dire, je ne suis pas à la hauteur. Je n'arrive pas à faire face. Je suis nulle. C'est vrai que je ne peux pas laisser dire ça. Évidemment que je leur laisse l'exprimer, mais j'ai beaucoup d'admiration pour les parcours qu'elles font. Il faut beaucoup de courage pour tomber et être chaque fois sur le lit. Donc, vraiment, ce sont des choix de vie très compliqués. Évidemment, si il y a une table, on peut dire « je ferai ci, je ferai ça, je réagirai comme ci ou comme ça » . Quand on est dans la situation, on a tous vécu par exemple des confinements qui ont été compliqués, douloureux. On pouvait se raconter tout ce qu'on voulait, on était face à nous-mêmes à ce moment-là. La PMA, je crois que c'est assez similaire à ce fameux confinement, où on ne savait pas comment on pouvait agir, on était complètement démunis, on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Je pense qu'on nous aurait dit que ça va durer tant de temps, finalement on aurait peut-être réagi différemment. Là, c'est exactement la même chose. Avoir des moments où ça pleure, où ça chute, où ça lâche, ce n'est pas grave. Ce sont des parcours qui ressemblent, à mon sens, plutôt à des marathons qu'à des 100 mètres. Il faut tenir la distance. et pour tenir la distance, on ne le fait pas avec le sourire tous les jours et en étant positif tous les jours. Il y a plein de méthodes où on dit qu'il faut être positif, positif, positif. Moi, je crois surtout qu'il faut faire face à ces émotions, les écouter et se dire à un moment, j'ai le droit parfois d'y croire à 250% et parfois j'ai envie d'arrêter. Et ça ne fait pas quelqu'un de moins bien, ça ne fait pas quelqu'un de faible, ça fait quelqu'un qui est un être humain. Et un être humain s'est fait de ça. Mais ça n'empêche pas d'avancer. Et la plupart d'entre eux avancent. Avec des choix de Cornélien, on parle du don, ce n'est pas un choix d'une grande évidence. Moi, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver et me dire, je suis tellement contente, je rêvais depuis toujours de faire un don d'eau aussi. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Elles mettent parfois des années pour en arriver à l'acceptation de ce don. Il faut accepter que par moment, ça nécessite du temps. Et ça revient tout à fait à ce qu'on a dit tout à l'heure, plus on dépiste tôt, plus on peut y réfléchir sereinement et on a du temps devant soi. Le problème, c'est que plus on le découvre tard. Et plus, c'est vraiment de l'urgence. Et on ne peut pas réfléchir, l'être humain est ainsi fait. Il a besoin de temps pour réfléchir et accepter. Ça n'existe pas, l'être humain qui, en deux jours d'une temps, ou alors ça veut dire qu'il a déjà entamé un travail en amont, mais ce n'est pas vrai qu'il se réveille un matin en disant, ça y est, eureka, je change tout et j'y vais comme ça. Donc tout ça demande beaucoup de temps. Et on trouve, moi j'entends ça beaucoup chez les patientes, qu'elles me disent, je suis nulle, je suis trop lente. Non. chacun a son temps de maturation. Et ce temps, il est quand même extrêmement indispensable pour la suite, à chaque fois pour la suite et comment on va vivre les choses.

  • Speaker #0

    Et puis en plus, c'est selon chaque femme que les traitements en plus sont plus ou moins longs, parce que déjà, c'est des traitements lourds, ils fatiguent. Et puis quand ça ne fonctionne pas tout de suite, parfois il faut attendre un laps de temps pour voir ce qui ne va pas, pour ensuite recommencer. Et c'est vrai que quand ça dure des années, il faut avoir du courage. Déjà, moi, je tiens à féliciter toutes celles qui sont dans un combat depuis des années et qui ne lâchent pas. Et même celles qui doutent. Tenez bon et si vraiment c'est plus fort que vous physiquement, c'est pas grave aussi.

  • Speaker #1

    Celles qui lâchent, il ne faut pas non plus qu'elles se disent ou qu'elles arrêtent. Et moi, je vois de temps en temps sur les réseaux des gens dire mais non, lâchez pas, etc. Non, je crois que c'est très personnel. Chaque parcours est très personnel. On peut trouver des similitudes évidemment avec d'autres gens, mais c'est très très personnel. Et quand on arrête, ça veut dire qu'on a rêvé au moins. de ce que nous, nous pouvons supporter. Et peut-être que notre voisin, il en supportera 10, là où on en supportera 2. Ça ne veut pas dire qu'on est moins fort que notre voisin. Et je pense que savoir dire stop aussi à un moment, c'est une grande force. Je vois parfois des parcours qui vont très loin. Quand je dis très loin, c'est que ça n'a même plus de sens. On est dans une course à l'enfant à tout prix, avec beaucoup de dégâts physiques, psychiques, et pas forcément la certitude d'en avoir un. Donc c'est vrai que... Trouver le bon compromis entre j'ai l'impression que j'ai fait tout ce que je pouvais, là j'arrête et je suis en paix avec moi, et parfois des fuites en avant où c'est vrai que ça en est presque alarmant parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça peut aller. C'est ça qu'on construit aussi quand on travaille sur soi. C'est le moment où on va pouvoir s'arrêter si on doit s'arrêter et savoir l'accepter. Mais il ne faut pas dans un cas comme dans l'autre se dire « j'étais moins bien que quelqu'un d'autre » . Non, parce que je vous dis, face à l'adversité, c'est bien le seul moment de la vie où on connaît la vérité sur nous. C'est pas très grave. J'allais dire, c'est presque un chemin initiatique. C'est comme ça qu'il faut le prendre, à mon sens.

  • Speaker #0

    C'est très bien dit. Ça va aider beaucoup de femmes, je pense, en cette petite pensée et de se dire, oh là là, mais qu'est-ce qu'on va penser de moi si j'abandonne ? Non. Je pense que vos mots vont...

  • Speaker #1

    Parce que les autres pensent de nous, et vous avez raison. Parce que les autres pensent de nous. C'est comme moi, je suis en paix avec moi-même. Il y a que ça qui compte. Même si les gens vous disent, c'est complètement idiot, arrête-toi, ou continue. Il n'y a que nous qui puissions savoir à quel moment c'est le moment de trop. C'est comme le verre de trop, quand on le boit, on le sent. On sait qu'on se dit celui-là, il ne va pas me faire du bien. Là aussi, on le sent. Il y a beaucoup de patients qui me disent que ça devient plus dur d'y aller. Je ne veux pas, je ne suis plus moteur, je me sens mal avec cette situation, etc. Là, c'est les indicateurs où on sent qu'elles arrivent au bout de quelque chose. Donc, c'est apprendre à s'écouter. Et ce n'est pas très grave. J'allais dire, à un moment donné, il n'y a pas de concours de celle qui va faire mieux, plus, etc. Être en accord avec soi.

  • Speaker #0

    Pour la loi bioéthique de 2021, qui consacre le droit d'accès aux origines pour les personnes nées d'un don de gamètes, à leur majorité, qu'est-ce que vous pensez de ce sujet ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Moi, je crois que ça appartient aux patients. D'abord, comme je dis aux patients, je n'ai pas de souci avec aucune technique. ou avec aucun sujet autour de la maternité. J'ai vraiment le souci de l'individu qui est en face de moi. Et donc, je pense que chacun a envie ou pas, à un moment, d'en parler à son enfant et de comment en parler, et surtout, à quel moment il a envie de lui dire il y a un diar d'honneur et je veux te mettre en relation ou tu peux te mettre en relation si tu en as envie ou pas. Donc, c'est vraiment, j'entends des grands questionnements entre est-ce que j'ai envie... Alors, lui dire, la plupart du temps, les gens disent bien sûr que j'ai envie de lui dire. Et moi, là, pour le coup, c'est un grand oui. Il faut le dire à son enfant, c'est son histoire. Donc, on a fait un choix, c'est vrai, mais il y a un moment donné, on ne peut pas élever un enfant en lui disant « tu ne dois pas mentir » . Et nous, on ment sur ses origines. Et je pense que plus un enfant le sait tôt et plus il va l'apprécier comme il doit être apprécié et comprendre pourquoi ça a été fait. Ce n'est pas un sujet tabou, donc ça devient un sujet dont on peut partager et parler. Je pense que c'est... C'est bien si les patients désirent en fait de laisser ces informations. Maintenant, je mets juste un point important pour moi, qui est de ne jamais oublier qu'on parle bien, et je dis le mot depuis tout à l'heure, d'un tiers donneur. On ne parle pas, comme dans le cas de l'adoption par exemple, de parents. Donc l'enfant qu'on adopte, il avait à un moment des parents qui l'ont abandonné ou qui l'ont mis à l'adoption, selon les cas, et je le distingue aussi selon les histoires. Et là, je conçois que l'enfant adopté ait besoin et envie, la plupart du temps, de connaître son origine et d'aller discuter avec ses parents ou son parent pour dire qu'est-ce qui s'est passé à un moment. Tu ne voulais pas de moi en tant que personne ou tu ne voulais pas d'un enfant. Déjà, il n'est pas tout à fait la même chose et qu'il peut aider dans la construction. Il y a beaucoup de gens qui font cette démarche plus ou moins tôt dans leur vie. En tout cas, je pense que ça a du sens parce qu'on parle bien des parents. Là, on parle d'un donneur, un donneur qui n'a pas le désir d'enfant, qui n'a pas eu le désir de cet enfant qui va venir, puisque c'est bien un couple qui va le construire à deux et qui va avoir ce désir-là et qui va le porter à deux. Et donc, pour moi, c'est très différent. C'est vrai qu'il faut, là, si les enfants ont l'opportunité d'aller demain rencontrer le donneur ou la donneuse, il faut être très au clair avec le fait que ce n'est pas bonjour maman ou bonjour papa.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et là, je pense qu'il y a quelque chose, là on parlait d'information et de communication, à dire.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ton père ou ta mère, biologiquement oui, mais ils n'ont aucun désir. Ils n'ont rien construit avec toi. Un beau matin, on arrive et on dit bonjour, tu sais quoi, je suis ton enfant. Alors effectivement, biologiquement, il y a une partie génétique, mais il n'y a pas le désir. Donc ce n'est pas tout à fait la même recherche, à mon sens, que dans l'adoption. Et je fais vraiment sciemment le parallèle. Où là, on peut imaginer qu'à un moment, il s'est passé quelque chose pour que cette personne nous mette à l'adoption. ou arrête temporairement, pour x, y raisons, d'être notre parent.

  • Speaker #1

    Le donneur, en fait, là, son désir, c'était de pouvoir aider d'autres personnes voulant des enfants.

  • Speaker #0

    Exactement. Et qui lui-même a peut-être fait des enfants depuis, et avec quelqu'un avec qui il avait le désir d'avoir cette maternité ou cette paternité. C'est là où il faut bien expliquer que, ben non, en fait, cette personne, demain, tu ne peux pas l'appeler maman et elle ne va pas t'accueillir. Sinon, il y a quelque chose qui ne serait pas très sain, en fait, dans cette relation-là. qu'il ne suffit pas de donner un ovocyte ou du sperme pour devenir parent. Il y a toute une démarche, et c'est là où je pense qu'il ne faut pas se tromper, il y a quand même une vraie démarche, et dans le don, c'est quand même indispensable. C'est une discussion qu'on a beaucoup avec les patients. C'est le fait de faire le distinguo entre vraiment le côté génétique du terme, c'est-à-dire que génétiquement, je donne des choses à mon enfant, et ensuite, par acquisition, je vais donner d'autres choses. Dans l'éducation. Je vais lui transmettre fondamentalement ce que je suis. Et ce que je suis, c'est des valeurs, c'est des croyances, c'est une culture, c'est une religion, c'est une histoire. Ça, ça n'est pas dans mes gènes. Ça n'est que dans ce que je vais raconter à mon enfant, culturellement, ce que j'ai envie de lui transmettre. D'un parent à un autre, on ne construira pas et on ne donnera pas la même chose. Donc, c'est, à mon avis, pour moi, et je fais toujours le distinguo entre être une mère et être une maman. ça peut paraître idiot, mais pour moi, il y a tout un côté génétique quand on est une mère. On construit son enfant dans son ventre. C'est pour ça que, d'ailleurs, dans le don, c'est ça qui est extraordinaire, c'est cette relation qui va naître pendant neuf mois dans le ventre de la femme qui va recevoir soit un don de sperme, soit un don d'oocytes. Et cette relation se construit dès cet instant-là, indéniablement. Et ça a énormément de sens. Et puis, de l'autre côté, ce que je vais lui donner tous les jours de ma vie, jusqu'au bout de ma vie. Je vais devenir le parent de quelqu'un, c'est-à-dire responsable de quelqu'un à qui je vais donner un certain nombre d'éléments pour le construire et en faire la meilleure personne possible, évidemment selon nos critères. Elles sont d'un individu à un autre, elles sont différentes. C'est vrai, on n'a pas tous la même définition. Mais c'est ça qui est bien, sinon ça ferait des êtres humains un peu pénibles. Donc ça, ce travail-là est la députation. Un même ovocyte ou un même embryon dans une autre famille, n'aura pas du tout, du tout la même histoire. Et ça, on oublie souvent le côté affectif, émotion, transmission, qui est quand même, à mon sens, le principal job des parents. Ce n'est pas juste le fabriquer. Et là, je le dis d'autant plus que quand c'est nos gènes à nous, on a l'impression que comme c'est nos gènes, presque tout le job, il est fait. Mais ce n'est pas vrai. On ne se pose pas forcément la question. Le vrai job, c'est après. C'est vrai. Une fois qu'il est là et qu'il est en bonne santé. Comment je peux faire grandir cet enfant ? Comment je l'accompagne tous les jours ? Et effectivement, comme je disais, la plupart des enfants, dès qu'ils sont informés de cette histoire de don, n'en font pas cas, puisque les parents n'en font absolument pas cas eux-mêmes. Ils l'ont accepté. Ça n'est plus un sujet tabou, ou un sujet, on voit bien les secrets de famille, on les découvre toujours, toujours. On sent qu'il y a un sujet un peu gênant autour, les enfants ne mettent pas... pas les pieds en se disant c'est dangereux, je sais que je peux pas y aller mais un jour j'y irai. Donc plus j'allais dire on partage avec eux rapidement et plus ils sont dans la compréhension, évidemment en adaptant notre langage, on a l'âge de l'enfant, on va lui expliquer la même chose à deux ans qu'à 18 ans, mais je pense que ça se construit tout du long de la vie cette relation et le fait de lui dire comment il a été construit et pourquoi on a fait ces choix là.

  • Speaker #1

    Le fait de consulter un thérapeute, c'est vraiment super important, notamment avant de commencer un parcours PMA. Est-ce que vous auriez un conseil à donner aux auditrices qui nous écoutent et qui n'arrivent pas à vivre pleinement le fait d'avoir recours au don de gamètes pour leur parcours PMA ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que déjà, il faut en parler très en amont. Quand je dis très en amont, c'est que chez les hommes, d'ailleurs, c'est assez surprenant. Chez les hommes, ils vous disent tant qu'on n'a pas fini un truc, on ne va pas parler d'un autre truc. C'est leur manière de faire. Moi, je crois beaucoup au fait que plus on s'imprègne des questions, plus on en discute, et d'ailleurs, on a le droit de se retonger de la vie. Quand on en discute, c'est bien le principe. On ne va pas arrêter sa réflexion à un instant T. Moi, je pense que la discussion, l'échange et construire sa réflexion, ça a du sens. Moi, je dis que ça a du sens, c'est par exemple que je vais beaucoup mettre mes patientes en relation les unes avec les autres, quand il y a don, par exemple, pour que celles qui l'ont déjà vécu, celles qui ont du recul, puissent éventuellement raconter leur histoire et partager leur histoire. Et moi, je vois beaucoup de solidarité. Dès que je demande à un patient « est-ce que vous êtes d'accord pour échanger avec un autre ? » ou « est-ce que vous êtes d'accord pour donner votre témoignage ? » Je ne sais pas, un journaliste, un podcast. les gens vont le faire. Ils ont à cœur de partager parce qu'eux, ils en sont un peu sortis et se disent si je peux aider, eh bien ma contribution a du sens. Ça, ça a du sens, lire des témoignages, rencontrer des associations, tout ça a du sens à mon avis dans la construction pour pouvoir se dire à un moment, je prends la décision d'aller vers le don et je prends la décision ou pas d'ailleurs. Quand je dis ou pas, ce n'est pas parce que c'est une des solutions qu'on vous propose. que c'est celle que vous allez accepter. Et je le dis d'autant plus que ça n'est pas une évidence. Et souvent, je pose cette question au couple. Quel enfant voulez-vous ? Alors, je ne parle pas de la couleur des yeux, des cheveux, du sexe, évidemment. Mais quelle était votre idée de faire un enfant ? Ça représente quoi ? J'ai parfois des couples qui, très spontanément, me disent « Faire un enfant de nous. » Faire un enfant de nous ? Ah ben là, il y a le don. Est-ce que ça répond vraiment à votre demande ? Ou est-ce que vous êtes capable de dépasser ça ? Tout le monde n'a pas effectivement la même construction ou la même idée de faire un enfant. Donc ça, ça a du sens, à mon avis, de se poser ces questions très en amont. Parce que vous voyez, c'est quand même une sacrée question. À mon avis, ça engendre un peu quand même des débats dans nos têtes. Et encore une fois, je le dis, c'est simple de se poser des questions. Ce qui est simple, c'est d'y aller sans réfléchir, en se disant je réfléchirai après. Non, après, c'est trop tard. C'est avant. Et comme je dis aux patients, d'ailleurs, on ne répondra jamais à toutes les questions. Parce que quand on attend un enfant, on se pose d'autres questions. et c'est pas très grave, il y aura aussi du temps pour y répondre, mais en tout cas celle du don elle est vraiment, à mon sens, dans la réflexion, dans la construction intellectuelle avant, et puis c'est aussi un dialogue entre deux individus dans le couple, et il ne faut pas l'oublier c'est-à-dire que chacun a le droit d'avoir sa propre opinion, il ne faut pas le faire pour faire plaisir à l'autre j'entends parfois les couples qui disent, ah si elle veut, on le fera non, c'est pas si elle veut, c'est vous, qu'avez-vous envie, c'est-à-dire qu'on demande à chacun de se positionner. Et parfois, ça c'est le problème quand on pose une question, parfois on n'obtient pas la réponse qu'on veut, c'est la vie, c'est comme ça, mais il faut accepter la réponse qu'on a. Mais peut-être qu'on peut dire non et expliquer pourquoi elle ne veut pas. Mais on ne peut pas forcer quelqu'un dans une démarche. Ce sont des démarches trop personnelles, trop engageantes. Donc il faut que les deux puissent d'abord réfléchir à titre individuel, puis en discuter à deux. Et il y a une décision à deux. Il y a une discussion à deux. Mais ce n'est pas une discussion ou une réflexion à l'emporte-pièce. À mon sens, ça nécessite quand même de se dire, si j'y vais, j'ai réfléchi les paramètres, et à partir du moment où on y va, on est à peu près serein sur la question et on peut y aller pleinement et à deux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que là, niveau couple, il faut se poser la question, parce que s'il y en a un qui n'est pas trop pour, et au final, c'est l'enfant qui va en pâtir après, il faut penser à ça aussi. Il faut après se sentir. prêt à aimer cet enfant comme si c'est le vôtre ? Oui, après, il y a toutes ces problématiques qui arrivent et c'est vrai que c'est bien de se poser ce genre de questions.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est indispensable. Ce n'est pas une décision et je vois beaucoup d'hommes qui me disent « Ah, mais si elle est d'accord, je la suis. » Alors, c'est formidable d'avoir des hommes qui vous disent ça et en même temps, ce moment précis, non, il faut que chacun s'engage dans la décision. Il faut que chacun puisse y réfléchir. encore une fois, qu'on réfléchit. vraiment de se dire je m'engage et on y va. Là, on n'y va à deux. Donc c'est là où je pense que plus on met du temps sur la réflexion et plus on en discute et plus ça va être intéressant à reconstruire derrière. On ne prend pas le temps parce que je pense qu'il y a une pression et qui est liée à deux choses. D'abord au désir qu'on a d'avoir cet enfant. C'est-à-dire qu'une fois que le désir il arrive, c'est maintenant qu'on a envie de le faire. Ce n'est pas dans dix ans. Donc on a envie d'aller vite aussi dans les traitements. Et puis il y a cette mécanique qui fait que Beaucoup de femmes me disent « je n'ai pas de temps à me perdre et si je ne fais rien, j'ai l'impression que j'ai perdu du temps, c'est inutile, etc. » C'est vrai. Et en même temps, comme je leur dis, c'est la force du « et en même temps » , vous voyez, c'est de se dire « je suis d'accord qu'on ne perde pas de temps, mais parfois un mois de pause, deux mois de pause, ça permet de lever la tête du guidon, ça permet de prendre du recul et peut-être de voir les choses un peu différemment, de se reposer, de se centrer, de se re-questionner. » L'idée, c'est quand même aussi de ne pas être dans un tunnel, mais de temps en temps sortir la tête de l'eau. Si je respire un coup, j'en suis où ? Et puis surtout, je m'écoute un peu. J'ai envie d'y retourner tout de suite. Est-ce que j'ai de l'énergie pour y retourner tout de suite ? Si je n'ai pas d'énergie, est-ce que c'est utile de me reprendre un échec dans cet état-là ? Je ne suis pas convaincue. C'est trouver le bon tempo. La respiration, de temps en temps, je pense qu'elle est plus qu'indispensable aussi. Ça, c'est très important. On s'oublie très vite dans ce parcours. On s'oublie et on oublie son couple. Il ne faut pas s'oublier. Il ne faut pas oublier et essayer de rester le plus possible en lien avec soi, en accord avec soi. Faire un enfant, c'est une chose. extraordinaire. Je ne vais pas dire le contraire. Moi-même, je me suis battue pendant des années pour faire mes enfants, que ce soit par le biais de la PMA, puis des grossesses compliquées. Donc, je sais à quel point je mesure ma chance tous les jours. Voilà. Mais en même temps, je crois aussi qu'on peut avoir une vie sans enfant. L'enfant n'est pas tout dans une vie. C'est une partie de notre vie. Et il ne peut pas répondre, à mon sens, à tous nos... J'entendais là qu'il me disait « Je serais heureux quand j'aurai un enfant » . Évidemment qu'elles seront... heureuses ou ils seront heureux quand ils auront des enfants, mais ça ne sera pas la seule source de bonheur. Le bonheur, il vient de plein de choses de toute notre vie, de l'entièreté de ce que nous faisons. Cet enfant, il va être contributeur, ça va être une autre part de bonheur, mais ce n'est pas que le bonheur. Et c'est ça qu'il faut essayer de se construire. Et puis, on peut être maman de mille et une manières. Moi, je le dis très honnêtement, parce que ça ne se résume pas à être maman qu'à apporter un enfant. L'adoption est une manière de faire des enfants. S'occuper des autres peut être une manière de transmettre. Parce qu'en fait, le fin mot de toute cette histoire, c'est quand même la transmission, fondamentalement. Et cette transmission, il y a plein de manières de le faire. Et il y a plein de manières de se révéler et de se projeter dans autre chose. Donc ça, je pense que ça a du sens. Ce parcours, il est très douloureux. Il est très long. Je parlais de parcours initiatique tout à l'heure. Je crois beaucoup que c'est un parcours initiatique et qu'il peut nous faire grandir à certains moments. même si quand on est dedans on voit pas du tout du tout et on aimerait bien en sortir et j'avoue que pour l'avoir vécu je me suis dit la même chose mais sincèrement il nous fait grandir, il nous fait évoluer, il nous fait nous questionner je pense que les gens qui en sortent avec ou sans enfants, là y'a pas de débat, sont plus forts, beaucoup plus forts et surtout ils se connaissent tellement mieux donc vraiment je souhaite beaucoup beaucoup de courage à tout le monde Mais moi, elles ont toutes et ils ont tous mon admiration, sincère en tout cas, sur ces parcours. Merci beaucoup de m'avoir invité, de m'avoir donné la parole. C'est toujours un plaisir. En plus, j'aime beaucoup votre podcast. Vraiment, il fait du bien. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci beaucoup Déborah Schumann-Antonio d'être passée sur le podcast État d'âme et de nous avoir éclairé sur le don de gamètes et notamment le métier de thérapeute spécialiste de la périnatalité. Courage à tous, tous ceux qui nous écoutent et qui vont entamer un parcours PMA ou qui sont actuellement en train de se faire enlever. plein dedans. On vous souhaite une très belle surprise à la fin. Vous écoutiez Etadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etadam, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants. les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme. Chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

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Description

Dans cet épisode d'États Dames, plongez dans l’univers de la PMA et du don de gamètes aux côtés de Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité avec plus de 12 ans d’expérience. Déborah apporte un éclairage précieux sur le parcours des couples et des femmes confrontés à l’infertilité, en offrant des conseils et un accompagnement bienveillant pour ceux qui envisagent ou traversent un don de gamètes.

Déborah partage son engagement pour la santé des femmes, ayant initié des projets marquants, comme la première Journée de l’Infertilité en France en 2014, et collaborant aujourd’hui avec la députée Prisca Thévenot pour améliorer la prise en charge des femmes en France. Cet épisode explore avec sensibilité et expertise les défis émotionnels et psychologiques du don de gamètes, en offrant espoir et soutien à toutes celles et ceux qui en ont besoin.

Rejoignez-nous pour une discussion inspirante qui vise à briser les tabous et à guider les personnes en parcours de PMA vers un avenir rempli d’espoir et de sérénité.


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Transcription

  • Speaker #0

    Et ta dame, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Et ta dame, chaque femme est unique. mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry. Bonjour à tous, vous êtes sur Etats d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Déborah Schumann-Antonio, thérapeute spécialiste de la périnatalité. Elle accompagne des couples et des femmes en parcours PMA depuis plus de 12 ans. Parmi les thématiques sensibles abordées avec ces patients, il y a le don de gamètes. Accepter un don de gamètes, c'est accepter un deuil. Avec Déborah Schumann-Antonio, c'est le sujet du jour. Bonjour Déborah, merci d'être là aujourd'hui sur le podcast Etat d'âme consacré à la santé des femmes. Chère auditrice, la femme que je reçois aujourd'hui est activement engagée dans la santé de la femme, car Déborah Schumann-Antonio, dites-moi si je me trompe, mais vous avez créé la première journée de l'infertilité en France en 2014. Et depuis 2022, vous œuvrez aux côtés de la députée Priska Thévenot pour faire bouger les choses et améliorer la prise en charge des femmes. Je trouve vraiment génial ce que vous faites. Et je me permets une question. En tant que professionnelle de santé, selon vous, y a-t-il pour certaines maladies, ne ciblant que les femmes, comme par exemple l'entométriose, beaucoup d'errances diagnostiques ou médicales ? Pensez-vous que lorsque des femmes consultent, parfois, on ne prend pas assez en compte leurs douleurs et on ne cherche pas... pas à aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un vrai combat que je mène. C'est une vraie question. Comme vous l'avez dit, je travaille beaucoup sur, je combat beaucoup pour la santé de la femme. Quand je parle de santé de la femme, du coup, j'en parle de manière globale. C'est-à-dire qu'évidemment, je suis à la base spécialiste sur l'infertilité, la maternité, donc vraiment la partie couple également. Mais, j'allais dire, mon analyse des choses depuis plus de 12 ans où je travaille sur ces sujets-là, c'est malgré tout que on diagnostique un peu trop tard. Quand je dis en diagnostic trop tard, c'est qu'on diagnostique souvent au moment du désir d'enfant. Et le problème, c'est que ça peut arriver plus ou moins tardivement, puisqu'on voit qu'en plus les femmes font des enfants de plus en plus tardivement. Et quand on diagnostique trop tard, vous citiez l'endométriose, mais malheureusement, on n'a pas que le souci de l'endométriose, on a également les ovaires polycystiques, première cause d'infertilité, aujourd'hui en France, il faut le dire parce que c'est important, on ne communique pas assez sur ce sujet, comme les fibromes par exemple, si on ne donne que ces sujets-là. on va les diagnostiquer au moment du désir d'enfant. Ce qui veut dire qu'il faut attendre ce moment précis pour qu'on aille vraiment explorer le corps des femmes. Et malheureusement, comme c'est souvent un peu tardif, et qu'il y a le désir d'enfant en plus, c'est-à-dire que les deux mélangés, on est dans ce que moi j'appelle une médecine d'urgence. Et la médecine d'urgence, c'est jamais très bon. Parce que ces femmes, pour les domaines d'ouvertes polycystiques ou autres, elles ont des souffrances au quotidien. C'est pas juste dans leur désir d'enfant. C'est tous les jours de leur vie, c'est dans leur sexualité, c'est dans leur vie professionnelle. c'est dans leur vie amicale, de couple, etc. Donc, il faut qu'on les prenne mieux en charge et plus tôt pour qu'elles puissent avoir une vie beaucoup mieux traitée, avec beaucoup de mieux-être, en tout cas, et pas uniquement par le prisme de la maternité. Parce que d'abord, toutes les femmes n'ont pas envie de faire des enfants. Il y a une étude qui nous dit que 30% des jeunes femmes ne veulent pas faire d'enfants. Donc, si on attend ce moment-là pour un moment d'essayer quoi que ce soit, on est dans le faux. Je pense qu'il faut à un moment donné ne plus passer par ça et passer beaucoup plus en amont et beaucoup plus tôt. C'est-à-dire le combat qu'on mène aussi avec la députée avec qui je travaille, Priska Thevenot, c'est de pouvoir vraiment beaucoup plus tôt, c'est-à-dire dès l'adolescence, pouvoir mieux informer les femmes. D'abord, avoir des douleurs, ça peut être multifactoriel. Qu'est-ce que ça veut dire avoir des douleurs ? Qu'est-ce que ça peut engendrer ? Et qu'elles puissent prendre les bonnes décisions. Si je veux faire un enfant, peut-être que je peux préserver mes ovocytes. en amont. Peut-être que j'ai certains traitements à prendre en amont. Peut-être qu'une préquise en charge aussi sur l'alimentation, sur la vie quotidienne, le sport, etc., peut m'aider dans toutes ces pathologies. Donc, c'est pas uniquement par ce prisme-là. Et c'est vrai que c'est un vrai combat parce que je vois trop de femmes qui arrivent tardivement avec vraiment une découverte soudaine de plein de pathologies. Alors, évidemment, les médecins n'ont pas le temps de leur expliquer à ce moment-là parce qu'elles sont dans leur projet de bébé. Donc, il faut qu'elles ingurgitent en très peu de temps l'idée que oui, elles ont un souci, quelles sont les conséquences ? C'est une conséquence sur la fertilité, donc souvent des parcours qui rentrent en PMA et qui sont du coup extrêmement compliqués. Psychologiquement et nerveusement, c'est extrêmement lourd à porter. Donc plus on le fait en amont, et plus je pense qu'on peut apporter des réponses plus complètes, plus concrètes pour toutes ces femmes.

  • Speaker #0

    Et je pense aussi que c'est vrai qu'avec, par exemple, des règles douloureuses, on a un peu cette idée que, de toute façon, ça fait mal, donc si j'ai mal, c'est normal. Et au final, si ça fait mal ou si on se rend compte d'autres petites pathologies, d'autres petits symptômes, c'est vrai qu'il faut qu'on essaye de plus en plus de dire aux jeunes filles de ne pas hésiter à les consulter, on ne sait jamais. Et on peut bien sûr tomber sur un kyste qui, voilà, parfois on a des symptômes et puis on se dit « Oh, c'est peut-être parce que j'ai trop mangé. Oh, c'est peut-être parce que ci, parce que ça. » Et au final, oui, c'est vrai qu'on peut tomber après sur des problèmes un peu plus compliqués à gérer.

  • Speaker #1

    Je parle d'information et de formation pour les professionnels, parce que plus on aura des billes, plus on pourra expliquer aux jeunes filles, et vous avez raison, et plus on pourra peut-être alerter. Alors, je vais dire, il vaut mieux parfois alerter pour rien, c'est-à-dire qu'une jeune fille ou une jeune femme aille faire des examens et qu'on lui dise finalement, il n'y a rien, mais en tout cas, on sait très exactement où elle en est, plutôt que d'attendre, et puis d'arriver dans des cas d'urgence, ou parfois, et surtout sur l'endométriose, qui malheureusement est égal aux plantes pour beaucoup, on la découvre trop tardivement. Ça peut vraiment mettre en péril un parcours de fertilité et ça met aussi un parcours de vie en péril. Donc voilà, plus on informe et plus je pense que c'est un peu le nerf de la guerre, en effet.

  • Speaker #0

    Et puis faire de la prévention aussi, c'est vrai que ce serait pas mal, mettre des rendez-vous comme les bébés avec les vaccins de tel à tel âge. On en fait déjà pour tout ce qui est cancer du sein, mais c'est vrai qu'il n'y a pas assez pour tout ce qui est problème gynécologique.

  • Speaker #1

    En fait, c'est très ciblé sur certaines pathologies. Vous avez raison quand vous parlez du cancer du sein, et ça marche très bien sur le cancer du sein, typiquement. Mais c'est vrai que l'idée, et c'est vrai que cette députée qui travaille, donc Prisca Tepno, on se bat sur cette idée d'avoir des rendez-vous, des vrais rendez-vous d'information et de dépistage, de manière beaucoup plus importante. Alors sans doute trois rendez-vous, un à l'adolescence, un au moment, en tout cas vers 25-30 ans, où on pourrait imaginer faire un bébé. Donc commencer là à échafauder ou poser des questions ou élaborer ce qu'on pourrait faire. Une plutôt au moment où on pourrait avoir d'autres dépistages, parce que je pense que ça a du sens vers les 40 ans. Et puis après, à la ménopause, parce qu'on n'en parle pas non plus de cette ménopause, mais elle est là, elle est présente, et c'est encore un sujet tabou. Et le dépistage, ça ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Ça ne s'arrête pas. Le cancer du sein, le cancer du côte de l'utérus, il ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Donc vraiment, il y a tout un parcours de soins à construire avec les patients. Et ça, c'est indispensable pour que les femmes vivent mieux. Ils comprennent mieux ce qui se passe dans leur corps. On a une autre pathologie, typiquement, qui est aussi tous les problèmes cardiaques qu'on peut avoir, très méconnus chez les femmes, et qui pourtant est la première cause de décès chez les femmes. Donc c'est là où on se rend compte qu'on a vraiment un travail de fond à faire. Je pense qu'effectivement, plus il y a de dépistage, plus il y a d'informations, plus on aide réellement les femmes sur le terrain.

  • Speaker #0

    Et pensez-vous que grâce à la parole des femmes qui se libèrent de plus en plus, il est possible que dans quelques années, les choses évoluent plutôt dans le bon sens ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très positive sur cette question. On le voit à travers l'endométriose. L'endométriose, c'est une pathologie qui n'était pas du tout reconnue, pas du tout connue il y a encore quelques années. Il y a un travail incroyable qui est fait par les associations depuis des années. Vraiment, j'en connais un certain nombre, c'est des combattantes et ça commence à rentrer dans les mœurs. Ça commence vraiment à être pris en charge. Il y a un plan d'endométriose qui a été décidé par le gouvernement. Ça veut dire qu'il y a des choses qui sont mises en place. Évidemment, il y a encore beaucoup de choses à faire. On est toujours... On peut toujours améliorer. Mais en tout cas, ça y est, ça commence à rentrer dans l'esprit et des professionnels et des patients. Donc, il faut faire pareil pour les autres pathologies. Ça met du temps, mais on voit que la parole, qui est vraiment les présences sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc., elle a du sens. Mais il faut être quand même très acharné pour qu'on l'entende, cette parole. Parce que ça fait des années qu'elles se battent vraiment, ces femmes.

  • Speaker #0

    Mais notamment avec le congé menstruel, c'est déjà un petit... Une petite évolution, on va dire, pour les femmes qui souffrent ?

  • Speaker #1

    Il y a plein de choses qui se font en mouvement. Moi, je le constate puisque vraiment, je travaille sur cette question depuis longtemps. Mais là, je trouve que depuis un ou deux ans, il y a vraiment des choses qui commencent à bouger. Ce fameux congé, il y a toute l'histoire de la fausse couche sur laquelle, malgré tout, il y a des avancées qui sont faites et on va enfin prendre en compte cet arrêt-là pour les femmes qui ont des fausses couches, parce que la fausse couche, ce n'est pas anodin. Donc, on voit qu'il se passe des choses. En tout cas... J'allais vous dire, quand vous en parliez il y a un ou deux ans, de la santé des femmes, je n'avais pas l'impression que ça avait une résonance incroyable. Aujourd'hui, ça commence vraiment à être dans les mœurs. Je vois le mot santé des femmes. Beaucoup. On a aussi une Femtech qui est très présente, qui fait un travail incroyable. On a toute une mouvance de femmes qui s'emparent des sujets, qui s'emparent en tout cas de manière extrêmement positive. Donc oui, il y a un gros chemin qui est fait. On n'est pas au bout, mais là, je vais dire que le mouvement est déjà là, et c'est ça qui est important. Et puis c'est entendu surtout, c'est ça qui est essentiel.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous expliquer une journée type d'une thérapeute spécialiste de la périnatalité ?

  • Speaker #1

    J'allais dire que toutes les journées sont un peu différentes, mais globalement, pour ma part, en tout cas, moi, j'ai plusieurs types de journées. J'ai des journées où je suis dans mon cabinet, où je reçois des patients du matin au soir. Voilà, ça, c'est ma journée en général type. Mais le reste du temps, quand je ne suis pas à mon cabinet, que je fais de la visio, puisque je travaille aussi en visio, c'est aussi des journées où j'ai des réunions. Alors, ça peut être des staffs avec l'hôpital, ça peut être des réunions avec d'autres professionnels de santé, des réunions... justement, parler de la santé de la femme et du travail que je peux faire par ailleurs, des réunions dessus, des textes que je peux écrire. Je participe à beaucoup de sites pour lesquels j'écris des textes sur la maternité, la fertilité ou en tout cas la santé de la femme de manière plus générale. Il faut produire un peu tout ça, ça prend un petit peu de temps. Et puis, je travaille aussi sur de la formation. Je fais aussi de la formation pour les professionnels de santé. Donc, tout ça, il faut du temps, en fait, pour le fabriquer, le créer, etc. Donc voilà, tous les moments où je ne suis pas en consultation, eh bien, la plupart du temps, sauf le temps que je me réserve pour moi, parce que quand même, c'est important de se ressourcer. Donc, je consacre aussi un peu de temps pour moi. Mais la plupart du temps, c'est de l'écriture, c'est de la réflexion, c'est des échanges avec d'autres professionnels. Voilà, c'est tout un travail préparatoire et d'écriture en général.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci, parce que vous faites énormément de choses pour aider les femmes, la recherche aussi. Quelles sont les différentes thématiques que vous pouvez aborder avec vos patients ?

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de thématiques, d'abord sur la maternité ou la fertilité, évidemment. Alors, moi, j'ai beaucoup, beaucoup de patients qui viennent. Je vais essayer de faire assez concis, mais d'être assez clair. En tout cas, sur la partie désir d'enfant, on va dire ça comme ça. J'ai des patientes qui viennent soit au tout début de leur désir d'enfant et qui ont des questions vraiment sur qu'est-ce que le désir d'enfant ? Comment je me projette ? Les peurs qu'elles peuvent avoir sur la potentielle maternité qu'elles pourraient avoir. Mais aussi des questions sur je rentre en parcours PMA ou pas. puisque pour certaines, c'est une vraie question de se dire, est-ce que je médicalise ce parcours ? On me l'a proposé, mais est-ce que j'ai envie d'aller dans ces parcours-là ? Question qu'on ne posait pas il y a quelques années et qu'on commence à se poser. Ça veut dire aussi que les patientes, et ça, je trouve ça extrêmement sain, s'interrogent sur réellement ce qu'elles ont envie de faire et donc elles n'y vont pas à l'aveugle. Il y a une vraie interrogation là-dessus. Et puis, j'ai tous les gens qui sont déjà en parcours et sur lesquels on va travailler avec soit le couple, soit... les hommes ou les femmes, puisque je reçois et des hommes et des femmes, et j'ai d'ailleurs de plus en plus d'hommes, ce qui est aussi un très bon signe, où là, on va plutôt travailler sur leur parcours personnel, comment ils vivent la PMA, quels sont les freins, les contraintes, les peurs. On parle aussi évidemment des parcours potentiels à venir, adoption, don, vie sans enfant, qui est aussi un parcours, la vie sans enfant, ça se construit. Il ne faut pas le prendre comme un dépit, c'est comme le don, c'est comme l'adoption, ça se construit vraiment. Donc là, il y a tout un travail de construction autour de ça. Du travail aussi quand les femmes sont enceintes, avec les peurs de la grossesse et les peurs de l'accouchement, évidemment, qui peuvent naître. Et puis, dans ces parcours de grossesse, on a aussi malheureusement des grossesses qui se passent moins bien. Donc les fausses couches, les interruptions de grossesse qui peuvent avoir lieu, sur lesquelles j'accompagne et j'aide les femmes et les hommes sur ces parcours-là. Et puis des parcours, là, un travail qui n'est pas forcément lié à la PMA, mais qui est tout autour du couple, puisque je fais de la thérapie de couple. Donc un vrai travail autour des problématiques du couple. Alors avec la problématique numéro un, j'allais dire la communication, qui est un sujet, je pense, central dans les couples, qu'ils soient en PMA ou pas. Je pense qu'il y a un vrai problème de communication dans notre société aujourd'hui et ça se sent dans les couples, malheureusement. Pourtant, il y a beaucoup d'outils, mais je crois qu'on a beaucoup de mal à communiquer. Et puis un travail sur la sexothérapie, alors parfois lié à la PMA et parfois qui n'est pas lié à la PMA. Et puis de la thérapie et du coaching après, plus de développement personnel ou sur des sujets plus professionnels. Donc là, c'est encore un autre plan que je peux avoir. Voilà à peu près, mais c'est déjà large.

  • Speaker #0

    Le don de gamètes, est-ce que vous pouvez rappeler à nos auditrices de quoi il s'agit ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je m'aperçois que finalement, le don de gamètes est connu sans être connu. Je vois bien que beaucoup de patientes en connaissent en tout cas le nom et ne savent pas forcément ce qu'il y a à l'intérieur. Le don de gamètes, c'est l'idée d'aller bénéficier, pour les hommes comme pour les femmes, puisque dans ces cas-là, c'est soit un don de sperme, soit un don d'ovocytes. C'est-à-dire que... Comme j'explique un peu, de manière simpliste, mais qui je pense est compréhensible pour tout le monde, on a une pièce défaillante, c'est-à-dire qu'on a des spermatozoïdes qui ne sont pas assez vaillants, voire pas de spermatozoïdes du tout, ou des ovocytes qui sont encore présents, mais malheureusement génétiquement plus capables de donner une grossesse. Et dans ces cas-là, on fait appel à un tiers-d'ovneur, donc à quelqu'un qui va nous donner soit du sperme, soit un ovocyte. Et donc on aura une five tout à fait classique, mais avec l'ovocyte ou le sperme de quelqu'un d'autre, puis un transfert. et une grossesse qui va être menée à terme par le coup, mais avec ce qu'on appelle un tiers d'honneur.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous recevez beaucoup de patientes ayant recours au don de gamètes ou de patients pour le don de sperme ?

  • Speaker #1

    Alors oui, et je reçois de plus en plus d'hommes pour le don de sperme. Je commence par ça parce que l'infertilité masculine est quand même extrêmement taboue. On en parle très peu. On s'aperçoit quand même... je dirais même... Certaines années derrière moi d'exploration, on a beaucoup plus aujourd'hui de problèmes autour du sperme que nous n'avons pu en avoir. On sait que les chiffres sont catastrophiques. On s'aperçoit que majoritairement aujourd'hui, on est vraiment dans les couples à 50% chacun a des soucis, ce qui n'était pas le cas il y a encore une dizaine d'années. Donc vraiment, les problématiques sont multiples aujourd'hui. Donc c'est complexe parce que les hommes ont beaucoup de mal à en parler, les hommes ont beaucoup de mal à faire les examens. Ce n'est pas une évidence. Nous, depuis qu'on est jeunes, on va voir un gynéco, on va voir les médecins, etc. Pour les hommes, c'est un peu moins évident. Et puis on touche à leur virilité profonde aussi sur ces questions-là. Donc il y a beaucoup de tabous pour l'infertilité masculine. Et beaucoup de femmes qui arrivent avec des besoins d'un don d'oocytes. Alors souvent informées par le médecin, c'est-à-dire que très régulièrement, puisque la plupart de mes patients viennent par le biais des médecins. On les a informés qu'a priori, il fallait faire un don de ovocytes, mais elles sont avec cette question-là, ne sachant pas vraiment comment faire et surtout ne comprenant pas bien les enjeux, et avec plein de questions autour du don. Qu'est-ce que ça engendre ? Pourquoi ? Est-ce que je suis capable de le faire ? Est-ce que j'ai envie de le faire ? Et toutes ces questions, c'est ça que nous nous abordons ensemble, parce que ce n'est pas un sujet anodin, ce n'est pas le même parcours que la PMA classique. Et je pense que ça nécessite, et c'est sain d'ailleurs de se poser plein de questions, pour construire cette future paternité ou maternité, et se dire dans quoi je m'engage, est-ce que je suis capable de faire face une fois que le bébé sera mort ?

  • Speaker #0

    Et quand vous dites par exemple que la PMA avec don représente un double deuil, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce deuil ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi, d'abord il y a multiple deuil. Quand je dis il y a multiple deuil, c'est avant d'arriver au don. Souvent les patients ont fait un très long parcours. Donc il y a déjà le deuil de l'enfant naturel, c'est-à-dire celui qu'on fait sous la couette, comme on dit de manière un peu simpliste. Mais celui-là déjà, quand on rentre en PMA, on se dit, globalement, il y a peu de chances que ça fonctionne comme ça. Il faut que je fasse le deuil de cette grossesse qui va m'arriver dessus un beau matin et qui sera un peu magique comme ça, inattendue. Puis il y a le deuil quand on est en PMA, que ça ne fonctionne pas. Dès que j'ai fait toutes les fibres ou toutes les inséminations et que ça ne fonctionne pas, il y a encore ce deuil à faire. Il y a déjà deux deuils. et puis j'arrive avec la possibilité de faire un don. Et si j'accepte de faire ce don, ça veut dire que je fais le deuil, moi, de ma propre génétique pour avoir cet enfant. Et donc, c'est une autre construction. Vous voyez bien que ça fait quand même, on se construit tous quand nous sommes enfants avec une idée de l'idéal de nos vies et qui nous permet de nous dire, je pourrais un jour me retourner en disant, j'ai réussi ma vie parce que dans ma besace, j'ai mis ça, ça et ça. Ça, ça et ça qui sont, c'est-à-dire tous ces éléments qui sont propres à nos propres désirs. Pas de règles fondées, ça peut être... Le job de rêve, la maison de rêve, la vie de rêve avec des enfants, pas d'enfants, etc. Mais cette vie qu'on a construite pendant des années, il faut à chaque fois la déconstruire pour se dire je vais prendre un autre chemin. Et j'accepte à chaque fois que ce chemin, et je répète sciemment le mot, n'est pas par dépit. Mais il est vraiment dans ma conscience, il est réfléchi et j'ai envie d'aller dans ce parcours-là. Et je l'accepte pleinement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce n'est pas évident quand on a des problèmes de santé de se dire qu'on a besoin d'être médicalement assisté. Quand on voit des femmes qui tombent un peu plus facilement enceintes, il y a deux types de femmes. Et celles qui vont parfois mal prendre le fait que dans leur entourage, il y ait des grossesses. C'est vrai qu'au fond, on ne peut pas leur en vouloir parce qu'il y a... Voilà, le fait de vouloir être à la place de l'autre, pourquoi moi je n'y arrive pas, pourquoi c'est tombé sur moi, il faut toujours se dire que, en tout cas pour les auditrices qui nous écoutent et qui sont en parcours PMA, que de toute façon elles ne sont jamais seules et que quand on croit être dans une situation, mais pourquoi moi mon Dieu ? Non, il faut se dire que... On peut prendre aussi la parole pour trouver d'autres personnes avec qui partager et se soutenir, pouvoir échanger, c'est vrai que c'est important, et aussi voir un thérapeute.

  • Speaker #1

    Il faut leur dire, et je le dis puisque j'ai la parole aujourd'hui, il faut leur dire, et c'est pas juste pour les déculpabiliser, parce que c'est une réalité, c'est qu'il y a un parcours psychique qui se met en place quand on a des difficultés pour avoir des enfants, avant même de rentrer en PMA, et quand on est également en PMA, et que ce qu'elles ressentent est légitime. Et elles ont le droit de le ressentir. Donc, ça n'est pas idiot d'avoir de la colère. Ce n'est pas idiot de se dire j'ai honte. Ça n'est pas idiot d'avoir de la jalousie. C'est temporaire. C'est temporaire, mais ça participe aussi du parcours qu'on est en train de vivre. Et ça, ça a du sens de le dire. Parce qu'on se sent bien nulle. Et là, je reprends vraiment les mots des patients. Elles se sentent nulles. Elles se sentent bêtes de ne pas faire ce qui paraît le plus évident sur la Terre, faire un bébé, puisqu'il n'y a pas besoin. d'avoir des diplômes ou un niveau social X ou Y, c'est quand même à peu près simple de le faire. Bien non, pour elles, ça n'est pas simple. Malheureusement, aujourd'hui, et les chiffres ne sont pas en cette faveur-là d'ailleurs, c'est grandissant, cette infertilité. Pas qu'en France, puisque l'OMS vient d'alerter en disant, mondialement, c'est une catastrophe. Vous voyez, elles sont loin malheureusement d'être seules. Et oui, c'est des parcours très compliqués et très douloureux. Donc, quand moi, je les entends me dire, je ne suis pas à la hauteur. Je n'arrive pas à faire face. Je suis nulle. C'est vrai que je ne peux pas laisser dire ça. Évidemment que je leur laisse l'exprimer, mais j'ai beaucoup d'admiration pour les parcours qu'elles font. Il faut beaucoup de courage pour tomber et être chaque fois sur le lit. Donc, vraiment, ce sont des choix de vie très compliqués. Évidemment, si il y a une table, on peut dire « je ferai ci, je ferai ça, je réagirai comme ci ou comme ça » . Quand on est dans la situation, on a tous vécu par exemple des confinements qui ont été compliqués, douloureux. On pouvait se raconter tout ce qu'on voulait, on était face à nous-mêmes à ce moment-là. La PMA, je crois que c'est assez similaire à ce fameux confinement, où on ne savait pas comment on pouvait agir, on était complètement démunis, on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Je pense qu'on nous aurait dit que ça va durer tant de temps, finalement on aurait peut-être réagi différemment. Là, c'est exactement la même chose. Avoir des moments où ça pleure, où ça chute, où ça lâche, ce n'est pas grave. Ce sont des parcours qui ressemblent, à mon sens, plutôt à des marathons qu'à des 100 mètres. Il faut tenir la distance. et pour tenir la distance, on ne le fait pas avec le sourire tous les jours et en étant positif tous les jours. Il y a plein de méthodes où on dit qu'il faut être positif, positif, positif. Moi, je crois surtout qu'il faut faire face à ces émotions, les écouter et se dire à un moment, j'ai le droit parfois d'y croire à 250% et parfois j'ai envie d'arrêter. Et ça ne fait pas quelqu'un de moins bien, ça ne fait pas quelqu'un de faible, ça fait quelqu'un qui est un être humain. Et un être humain s'est fait de ça. Mais ça n'empêche pas d'avancer. Et la plupart d'entre eux avancent. Avec des choix de Cornélien, on parle du don, ce n'est pas un choix d'une grande évidence. Moi, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver et me dire, je suis tellement contente, je rêvais depuis toujours de faire un don d'eau aussi. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Elles mettent parfois des années pour en arriver à l'acceptation de ce don. Il faut accepter que par moment, ça nécessite du temps. Et ça revient tout à fait à ce qu'on a dit tout à l'heure, plus on dépiste tôt, plus on peut y réfléchir sereinement et on a du temps devant soi. Le problème, c'est que plus on le découvre tard. Et plus, c'est vraiment de l'urgence. Et on ne peut pas réfléchir, l'être humain est ainsi fait. Il a besoin de temps pour réfléchir et accepter. Ça n'existe pas, l'être humain qui, en deux jours d'une temps, ou alors ça veut dire qu'il a déjà entamé un travail en amont, mais ce n'est pas vrai qu'il se réveille un matin en disant, ça y est, eureka, je change tout et j'y vais comme ça. Donc tout ça demande beaucoup de temps. Et on trouve, moi j'entends ça beaucoup chez les patientes, qu'elles me disent, je suis nulle, je suis trop lente. Non. chacun a son temps de maturation. Et ce temps, il est quand même extrêmement indispensable pour la suite, à chaque fois pour la suite et comment on va vivre les choses.

  • Speaker #0

    Et puis en plus, c'est selon chaque femme que les traitements en plus sont plus ou moins longs, parce que déjà, c'est des traitements lourds, ils fatiguent. Et puis quand ça ne fonctionne pas tout de suite, parfois il faut attendre un laps de temps pour voir ce qui ne va pas, pour ensuite recommencer. Et c'est vrai que quand ça dure des années, il faut avoir du courage. Déjà, moi, je tiens à féliciter toutes celles qui sont dans un combat depuis des années et qui ne lâchent pas. Et même celles qui doutent. Tenez bon et si vraiment c'est plus fort que vous physiquement, c'est pas grave aussi.

  • Speaker #1

    Celles qui lâchent, il ne faut pas non plus qu'elles se disent ou qu'elles arrêtent. Et moi, je vois de temps en temps sur les réseaux des gens dire mais non, lâchez pas, etc. Non, je crois que c'est très personnel. Chaque parcours est très personnel. On peut trouver des similitudes évidemment avec d'autres gens, mais c'est très très personnel. Et quand on arrête, ça veut dire qu'on a rêvé au moins. de ce que nous, nous pouvons supporter. Et peut-être que notre voisin, il en supportera 10, là où on en supportera 2. Ça ne veut pas dire qu'on est moins fort que notre voisin. Et je pense que savoir dire stop aussi à un moment, c'est une grande force. Je vois parfois des parcours qui vont très loin. Quand je dis très loin, c'est que ça n'a même plus de sens. On est dans une course à l'enfant à tout prix, avec beaucoup de dégâts physiques, psychiques, et pas forcément la certitude d'en avoir un. Donc c'est vrai que... Trouver le bon compromis entre j'ai l'impression que j'ai fait tout ce que je pouvais, là j'arrête et je suis en paix avec moi, et parfois des fuites en avant où c'est vrai que ça en est presque alarmant parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça peut aller. C'est ça qu'on construit aussi quand on travaille sur soi. C'est le moment où on va pouvoir s'arrêter si on doit s'arrêter et savoir l'accepter. Mais il ne faut pas dans un cas comme dans l'autre se dire « j'étais moins bien que quelqu'un d'autre » . Non, parce que je vous dis, face à l'adversité, c'est bien le seul moment de la vie où on connaît la vérité sur nous. C'est pas très grave. J'allais dire, c'est presque un chemin initiatique. C'est comme ça qu'il faut le prendre, à mon sens.

  • Speaker #0

    C'est très bien dit. Ça va aider beaucoup de femmes, je pense, en cette petite pensée et de se dire, oh là là, mais qu'est-ce qu'on va penser de moi si j'abandonne ? Non. Je pense que vos mots vont...

  • Speaker #1

    Parce que les autres pensent de nous, et vous avez raison. Parce que les autres pensent de nous. C'est comme moi, je suis en paix avec moi-même. Il y a que ça qui compte. Même si les gens vous disent, c'est complètement idiot, arrête-toi, ou continue. Il n'y a que nous qui puissions savoir à quel moment c'est le moment de trop. C'est comme le verre de trop, quand on le boit, on le sent. On sait qu'on se dit celui-là, il ne va pas me faire du bien. Là aussi, on le sent. Il y a beaucoup de patients qui me disent que ça devient plus dur d'y aller. Je ne veux pas, je ne suis plus moteur, je me sens mal avec cette situation, etc. Là, c'est les indicateurs où on sent qu'elles arrivent au bout de quelque chose. Donc, c'est apprendre à s'écouter. Et ce n'est pas très grave. J'allais dire, à un moment donné, il n'y a pas de concours de celle qui va faire mieux, plus, etc. Être en accord avec soi.

  • Speaker #0

    Pour la loi bioéthique de 2021, qui consacre le droit d'accès aux origines pour les personnes nées d'un don de gamètes, à leur majorité, qu'est-ce que vous pensez de ce sujet ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Moi, je crois que ça appartient aux patients. D'abord, comme je dis aux patients, je n'ai pas de souci avec aucune technique. ou avec aucun sujet autour de la maternité. J'ai vraiment le souci de l'individu qui est en face de moi. Et donc, je pense que chacun a envie ou pas, à un moment, d'en parler à son enfant et de comment en parler, et surtout, à quel moment il a envie de lui dire il y a un diar d'honneur et je veux te mettre en relation ou tu peux te mettre en relation si tu en as envie ou pas. Donc, c'est vraiment, j'entends des grands questionnements entre est-ce que j'ai envie... Alors, lui dire, la plupart du temps, les gens disent bien sûr que j'ai envie de lui dire. Et moi, là, pour le coup, c'est un grand oui. Il faut le dire à son enfant, c'est son histoire. Donc, on a fait un choix, c'est vrai, mais il y a un moment donné, on ne peut pas élever un enfant en lui disant « tu ne dois pas mentir » . Et nous, on ment sur ses origines. Et je pense que plus un enfant le sait tôt et plus il va l'apprécier comme il doit être apprécié et comprendre pourquoi ça a été fait. Ce n'est pas un sujet tabou, donc ça devient un sujet dont on peut partager et parler. Je pense que c'est... C'est bien si les patients désirent en fait de laisser ces informations. Maintenant, je mets juste un point important pour moi, qui est de ne jamais oublier qu'on parle bien, et je dis le mot depuis tout à l'heure, d'un tiers donneur. On ne parle pas, comme dans le cas de l'adoption par exemple, de parents. Donc l'enfant qu'on adopte, il avait à un moment des parents qui l'ont abandonné ou qui l'ont mis à l'adoption, selon les cas, et je le distingue aussi selon les histoires. Et là, je conçois que l'enfant adopté ait besoin et envie, la plupart du temps, de connaître son origine et d'aller discuter avec ses parents ou son parent pour dire qu'est-ce qui s'est passé à un moment. Tu ne voulais pas de moi en tant que personne ou tu ne voulais pas d'un enfant. Déjà, il n'est pas tout à fait la même chose et qu'il peut aider dans la construction. Il y a beaucoup de gens qui font cette démarche plus ou moins tôt dans leur vie. En tout cas, je pense que ça a du sens parce qu'on parle bien des parents. Là, on parle d'un donneur, un donneur qui n'a pas le désir d'enfant, qui n'a pas eu le désir de cet enfant qui va venir, puisque c'est bien un couple qui va le construire à deux et qui va avoir ce désir-là et qui va le porter à deux. Et donc, pour moi, c'est très différent. C'est vrai qu'il faut, là, si les enfants ont l'opportunité d'aller demain rencontrer le donneur ou la donneuse, il faut être très au clair avec le fait que ce n'est pas bonjour maman ou bonjour papa.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et là, je pense qu'il y a quelque chose, là on parlait d'information et de communication, à dire.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ton père ou ta mère, biologiquement oui, mais ils n'ont aucun désir. Ils n'ont rien construit avec toi. Un beau matin, on arrive et on dit bonjour, tu sais quoi, je suis ton enfant. Alors effectivement, biologiquement, il y a une partie génétique, mais il n'y a pas le désir. Donc ce n'est pas tout à fait la même recherche, à mon sens, que dans l'adoption. Et je fais vraiment sciemment le parallèle. Où là, on peut imaginer qu'à un moment, il s'est passé quelque chose pour que cette personne nous mette à l'adoption. ou arrête temporairement, pour x, y raisons, d'être notre parent.

  • Speaker #1

    Le donneur, en fait, là, son désir, c'était de pouvoir aider d'autres personnes voulant des enfants.

  • Speaker #0

    Exactement. Et qui lui-même a peut-être fait des enfants depuis, et avec quelqu'un avec qui il avait le désir d'avoir cette maternité ou cette paternité. C'est là où il faut bien expliquer que, ben non, en fait, cette personne, demain, tu ne peux pas l'appeler maman et elle ne va pas t'accueillir. Sinon, il y a quelque chose qui ne serait pas très sain, en fait, dans cette relation-là. qu'il ne suffit pas de donner un ovocyte ou du sperme pour devenir parent. Il y a toute une démarche, et c'est là où je pense qu'il ne faut pas se tromper, il y a quand même une vraie démarche, et dans le don, c'est quand même indispensable. C'est une discussion qu'on a beaucoup avec les patients. C'est le fait de faire le distinguo entre vraiment le côté génétique du terme, c'est-à-dire que génétiquement, je donne des choses à mon enfant, et ensuite, par acquisition, je vais donner d'autres choses. Dans l'éducation. Je vais lui transmettre fondamentalement ce que je suis. Et ce que je suis, c'est des valeurs, c'est des croyances, c'est une culture, c'est une religion, c'est une histoire. Ça, ça n'est pas dans mes gènes. Ça n'est que dans ce que je vais raconter à mon enfant, culturellement, ce que j'ai envie de lui transmettre. D'un parent à un autre, on ne construira pas et on ne donnera pas la même chose. Donc, c'est, à mon avis, pour moi, et je fais toujours le distinguo entre être une mère et être une maman. ça peut paraître idiot, mais pour moi, il y a tout un côté génétique quand on est une mère. On construit son enfant dans son ventre. C'est pour ça que, d'ailleurs, dans le don, c'est ça qui est extraordinaire, c'est cette relation qui va naître pendant neuf mois dans le ventre de la femme qui va recevoir soit un don de sperme, soit un don d'oocytes. Et cette relation se construit dès cet instant-là, indéniablement. Et ça a énormément de sens. Et puis, de l'autre côté, ce que je vais lui donner tous les jours de ma vie, jusqu'au bout de ma vie. Je vais devenir le parent de quelqu'un, c'est-à-dire responsable de quelqu'un à qui je vais donner un certain nombre d'éléments pour le construire et en faire la meilleure personne possible, évidemment selon nos critères. Elles sont d'un individu à un autre, elles sont différentes. C'est vrai, on n'a pas tous la même définition. Mais c'est ça qui est bien, sinon ça ferait des êtres humains un peu pénibles. Donc ça, ce travail-là est la députation. Un même ovocyte ou un même embryon dans une autre famille, n'aura pas du tout, du tout la même histoire. Et ça, on oublie souvent le côté affectif, émotion, transmission, qui est quand même, à mon sens, le principal job des parents. Ce n'est pas juste le fabriquer. Et là, je le dis d'autant plus que quand c'est nos gènes à nous, on a l'impression que comme c'est nos gènes, presque tout le job, il est fait. Mais ce n'est pas vrai. On ne se pose pas forcément la question. Le vrai job, c'est après. C'est vrai. Une fois qu'il est là et qu'il est en bonne santé. Comment je peux faire grandir cet enfant ? Comment je l'accompagne tous les jours ? Et effectivement, comme je disais, la plupart des enfants, dès qu'ils sont informés de cette histoire de don, n'en font pas cas, puisque les parents n'en font absolument pas cas eux-mêmes. Ils l'ont accepté. Ça n'est plus un sujet tabou, ou un sujet, on voit bien les secrets de famille, on les découvre toujours, toujours. On sent qu'il y a un sujet un peu gênant autour, les enfants ne mettent pas... pas les pieds en se disant c'est dangereux, je sais que je peux pas y aller mais un jour j'y irai. Donc plus j'allais dire on partage avec eux rapidement et plus ils sont dans la compréhension, évidemment en adaptant notre langage, on a l'âge de l'enfant, on va lui expliquer la même chose à deux ans qu'à 18 ans, mais je pense que ça se construit tout du long de la vie cette relation et le fait de lui dire comment il a été construit et pourquoi on a fait ces choix là.

  • Speaker #1

    Le fait de consulter un thérapeute, c'est vraiment super important, notamment avant de commencer un parcours PMA. Est-ce que vous auriez un conseil à donner aux auditrices qui nous écoutent et qui n'arrivent pas à vivre pleinement le fait d'avoir recours au don de gamètes pour leur parcours PMA ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que déjà, il faut en parler très en amont. Quand je dis très en amont, c'est que chez les hommes, d'ailleurs, c'est assez surprenant. Chez les hommes, ils vous disent tant qu'on n'a pas fini un truc, on ne va pas parler d'un autre truc. C'est leur manière de faire. Moi, je crois beaucoup au fait que plus on s'imprègne des questions, plus on en discute, et d'ailleurs, on a le droit de se retonger de la vie. Quand on en discute, c'est bien le principe. On ne va pas arrêter sa réflexion à un instant T. Moi, je pense que la discussion, l'échange et construire sa réflexion, ça a du sens. Moi, je dis que ça a du sens, c'est par exemple que je vais beaucoup mettre mes patientes en relation les unes avec les autres, quand il y a don, par exemple, pour que celles qui l'ont déjà vécu, celles qui ont du recul, puissent éventuellement raconter leur histoire et partager leur histoire. Et moi, je vois beaucoup de solidarité. Dès que je demande à un patient « est-ce que vous êtes d'accord pour échanger avec un autre ? » ou « est-ce que vous êtes d'accord pour donner votre témoignage ? » Je ne sais pas, un journaliste, un podcast. les gens vont le faire. Ils ont à cœur de partager parce qu'eux, ils en sont un peu sortis et se disent si je peux aider, eh bien ma contribution a du sens. Ça, ça a du sens, lire des témoignages, rencontrer des associations, tout ça a du sens à mon avis dans la construction pour pouvoir se dire à un moment, je prends la décision d'aller vers le don et je prends la décision ou pas d'ailleurs. Quand je dis ou pas, ce n'est pas parce que c'est une des solutions qu'on vous propose. que c'est celle que vous allez accepter. Et je le dis d'autant plus que ça n'est pas une évidence. Et souvent, je pose cette question au couple. Quel enfant voulez-vous ? Alors, je ne parle pas de la couleur des yeux, des cheveux, du sexe, évidemment. Mais quelle était votre idée de faire un enfant ? Ça représente quoi ? J'ai parfois des couples qui, très spontanément, me disent « Faire un enfant de nous. » Faire un enfant de nous ? Ah ben là, il y a le don. Est-ce que ça répond vraiment à votre demande ? Ou est-ce que vous êtes capable de dépasser ça ? Tout le monde n'a pas effectivement la même construction ou la même idée de faire un enfant. Donc ça, ça a du sens, à mon avis, de se poser ces questions très en amont. Parce que vous voyez, c'est quand même une sacrée question. À mon avis, ça engendre un peu quand même des débats dans nos têtes. Et encore une fois, je le dis, c'est simple de se poser des questions. Ce qui est simple, c'est d'y aller sans réfléchir, en se disant je réfléchirai après. Non, après, c'est trop tard. C'est avant. Et comme je dis aux patients, d'ailleurs, on ne répondra jamais à toutes les questions. Parce que quand on attend un enfant, on se pose d'autres questions. et c'est pas très grave, il y aura aussi du temps pour y répondre, mais en tout cas celle du don elle est vraiment, à mon sens, dans la réflexion, dans la construction intellectuelle avant, et puis c'est aussi un dialogue entre deux individus dans le couple, et il ne faut pas l'oublier c'est-à-dire que chacun a le droit d'avoir sa propre opinion, il ne faut pas le faire pour faire plaisir à l'autre j'entends parfois les couples qui disent, ah si elle veut, on le fera non, c'est pas si elle veut, c'est vous, qu'avez-vous envie, c'est-à-dire qu'on demande à chacun de se positionner. Et parfois, ça c'est le problème quand on pose une question, parfois on n'obtient pas la réponse qu'on veut, c'est la vie, c'est comme ça, mais il faut accepter la réponse qu'on a. Mais peut-être qu'on peut dire non et expliquer pourquoi elle ne veut pas. Mais on ne peut pas forcer quelqu'un dans une démarche. Ce sont des démarches trop personnelles, trop engageantes. Donc il faut que les deux puissent d'abord réfléchir à titre individuel, puis en discuter à deux. Et il y a une décision à deux. Il y a une discussion à deux. Mais ce n'est pas une discussion ou une réflexion à l'emporte-pièce. À mon sens, ça nécessite quand même de se dire, si j'y vais, j'ai réfléchi les paramètres, et à partir du moment où on y va, on est à peu près serein sur la question et on peut y aller pleinement et à deux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que là, niveau couple, il faut se poser la question, parce que s'il y en a un qui n'est pas trop pour, et au final, c'est l'enfant qui va en pâtir après, il faut penser à ça aussi. Il faut après se sentir. prêt à aimer cet enfant comme si c'est le vôtre ? Oui, après, il y a toutes ces problématiques qui arrivent et c'est vrai que c'est bien de se poser ce genre de questions.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est indispensable. Ce n'est pas une décision et je vois beaucoup d'hommes qui me disent « Ah, mais si elle est d'accord, je la suis. » Alors, c'est formidable d'avoir des hommes qui vous disent ça et en même temps, ce moment précis, non, il faut que chacun s'engage dans la décision. Il faut que chacun puisse y réfléchir. encore une fois, qu'on réfléchit. vraiment de se dire je m'engage et on y va. Là, on n'y va à deux. Donc c'est là où je pense que plus on met du temps sur la réflexion et plus on en discute et plus ça va être intéressant à reconstruire derrière. On ne prend pas le temps parce que je pense qu'il y a une pression et qui est liée à deux choses. D'abord au désir qu'on a d'avoir cet enfant. C'est-à-dire qu'une fois que le désir il arrive, c'est maintenant qu'on a envie de le faire. Ce n'est pas dans dix ans. Donc on a envie d'aller vite aussi dans les traitements. Et puis il y a cette mécanique qui fait que Beaucoup de femmes me disent « je n'ai pas de temps à me perdre et si je ne fais rien, j'ai l'impression que j'ai perdu du temps, c'est inutile, etc. » C'est vrai. Et en même temps, comme je leur dis, c'est la force du « et en même temps » , vous voyez, c'est de se dire « je suis d'accord qu'on ne perde pas de temps, mais parfois un mois de pause, deux mois de pause, ça permet de lever la tête du guidon, ça permet de prendre du recul et peut-être de voir les choses un peu différemment, de se reposer, de se centrer, de se re-questionner. » L'idée, c'est quand même aussi de ne pas être dans un tunnel, mais de temps en temps sortir la tête de l'eau. Si je respire un coup, j'en suis où ? Et puis surtout, je m'écoute un peu. J'ai envie d'y retourner tout de suite. Est-ce que j'ai de l'énergie pour y retourner tout de suite ? Si je n'ai pas d'énergie, est-ce que c'est utile de me reprendre un échec dans cet état-là ? Je ne suis pas convaincue. C'est trouver le bon tempo. La respiration, de temps en temps, je pense qu'elle est plus qu'indispensable aussi. Ça, c'est très important. On s'oublie très vite dans ce parcours. On s'oublie et on oublie son couple. Il ne faut pas s'oublier. Il ne faut pas oublier et essayer de rester le plus possible en lien avec soi, en accord avec soi. Faire un enfant, c'est une chose. extraordinaire. Je ne vais pas dire le contraire. Moi-même, je me suis battue pendant des années pour faire mes enfants, que ce soit par le biais de la PMA, puis des grossesses compliquées. Donc, je sais à quel point je mesure ma chance tous les jours. Voilà. Mais en même temps, je crois aussi qu'on peut avoir une vie sans enfant. L'enfant n'est pas tout dans une vie. C'est une partie de notre vie. Et il ne peut pas répondre, à mon sens, à tous nos... J'entendais là qu'il me disait « Je serais heureux quand j'aurai un enfant » . Évidemment qu'elles seront... heureuses ou ils seront heureux quand ils auront des enfants, mais ça ne sera pas la seule source de bonheur. Le bonheur, il vient de plein de choses de toute notre vie, de l'entièreté de ce que nous faisons. Cet enfant, il va être contributeur, ça va être une autre part de bonheur, mais ce n'est pas que le bonheur. Et c'est ça qu'il faut essayer de se construire. Et puis, on peut être maman de mille et une manières. Moi, je le dis très honnêtement, parce que ça ne se résume pas à être maman qu'à apporter un enfant. L'adoption est une manière de faire des enfants. S'occuper des autres peut être une manière de transmettre. Parce qu'en fait, le fin mot de toute cette histoire, c'est quand même la transmission, fondamentalement. Et cette transmission, il y a plein de manières de le faire. Et il y a plein de manières de se révéler et de se projeter dans autre chose. Donc ça, je pense que ça a du sens. Ce parcours, il est très douloureux. Il est très long. Je parlais de parcours initiatique tout à l'heure. Je crois beaucoup que c'est un parcours initiatique et qu'il peut nous faire grandir à certains moments. même si quand on est dedans on voit pas du tout du tout et on aimerait bien en sortir et j'avoue que pour l'avoir vécu je me suis dit la même chose mais sincèrement il nous fait grandir, il nous fait évoluer, il nous fait nous questionner je pense que les gens qui en sortent avec ou sans enfants, là y'a pas de débat, sont plus forts, beaucoup plus forts et surtout ils se connaissent tellement mieux donc vraiment je souhaite beaucoup beaucoup de courage à tout le monde Mais moi, elles ont toutes et ils ont tous mon admiration, sincère en tout cas, sur ces parcours. Merci beaucoup de m'avoir invité, de m'avoir donné la parole. C'est toujours un plaisir. En plus, j'aime beaucoup votre podcast. Vraiment, il fait du bien. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci beaucoup Déborah Schumann-Antonio d'être passée sur le podcast État d'âme et de nous avoir éclairé sur le don de gamètes et notamment le métier de thérapeute spécialiste de la périnatalité. Courage à tous, tous ceux qui nous écoutent et qui vont entamer un parcours PMA ou qui sont actuellement en train de se faire enlever. plein dedans. On vous souhaite une très belle surprise à la fin. Vous écoutiez Etadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etadam, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants. les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme. Chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

Description

Dans cet épisode d'États Dames, plongez dans l’univers de la PMA et du don de gamètes aux côtés de Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute spécialisée en périnatalité avec plus de 12 ans d’expérience. Déborah apporte un éclairage précieux sur le parcours des couples et des femmes confrontés à l’infertilité, en offrant des conseils et un accompagnement bienveillant pour ceux qui envisagent ou traversent un don de gamètes.

Déborah partage son engagement pour la santé des femmes, ayant initié des projets marquants, comme la première Journée de l’Infertilité en France en 2014, et collaborant aujourd’hui avec la députée Prisca Thévenot pour améliorer la prise en charge des femmes en France. Cet épisode explore avec sensibilité et expertise les défis émotionnels et psychologiques du don de gamètes, en offrant espoir et soutien à toutes celles et ceux qui en ont besoin.

Rejoignez-nous pour une discussion inspirante qui vise à briser les tabous et à guider les personnes en parcours de PMA vers un avenir rempli d’espoir et de sérénité.


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Transcription

  • Speaker #0

    Et ta dame, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants, les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Et ta dame, chaque femme est unique. mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry. Bonjour à tous, vous êtes sur Etats d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Déborah Schumann-Antonio, thérapeute spécialiste de la périnatalité. Elle accompagne des couples et des femmes en parcours PMA depuis plus de 12 ans. Parmi les thématiques sensibles abordées avec ces patients, il y a le don de gamètes. Accepter un don de gamètes, c'est accepter un deuil. Avec Déborah Schumann-Antonio, c'est le sujet du jour. Bonjour Déborah, merci d'être là aujourd'hui sur le podcast Etat d'âme consacré à la santé des femmes. Chère auditrice, la femme que je reçois aujourd'hui est activement engagée dans la santé de la femme, car Déborah Schumann-Antonio, dites-moi si je me trompe, mais vous avez créé la première journée de l'infertilité en France en 2014. Et depuis 2022, vous œuvrez aux côtés de la députée Priska Thévenot pour faire bouger les choses et améliorer la prise en charge des femmes. Je trouve vraiment génial ce que vous faites. Et je me permets une question. En tant que professionnelle de santé, selon vous, y a-t-il pour certaines maladies, ne ciblant que les femmes, comme par exemple l'entométriose, beaucoup d'errances diagnostiques ou médicales ? Pensez-vous que lorsque des femmes consultent, parfois, on ne prend pas assez en compte leurs douleurs et on ne cherche pas... pas à aller plus loin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un vrai combat que je mène. C'est une vraie question. Comme vous l'avez dit, je travaille beaucoup sur, je combat beaucoup pour la santé de la femme. Quand je parle de santé de la femme, du coup, j'en parle de manière globale. C'est-à-dire qu'évidemment, je suis à la base spécialiste sur l'infertilité, la maternité, donc vraiment la partie couple également. Mais, j'allais dire, mon analyse des choses depuis plus de 12 ans où je travaille sur ces sujets-là, c'est malgré tout que on diagnostique un peu trop tard. Quand je dis en diagnostic trop tard, c'est qu'on diagnostique souvent au moment du désir d'enfant. Et le problème, c'est que ça peut arriver plus ou moins tardivement, puisqu'on voit qu'en plus les femmes font des enfants de plus en plus tardivement. Et quand on diagnostique trop tard, vous citiez l'endométriose, mais malheureusement, on n'a pas que le souci de l'endométriose, on a également les ovaires polycystiques, première cause d'infertilité, aujourd'hui en France, il faut le dire parce que c'est important, on ne communique pas assez sur ce sujet, comme les fibromes par exemple, si on ne donne que ces sujets-là. on va les diagnostiquer au moment du désir d'enfant. Ce qui veut dire qu'il faut attendre ce moment précis pour qu'on aille vraiment explorer le corps des femmes. Et malheureusement, comme c'est souvent un peu tardif, et qu'il y a le désir d'enfant en plus, c'est-à-dire que les deux mélangés, on est dans ce que moi j'appelle une médecine d'urgence. Et la médecine d'urgence, c'est jamais très bon. Parce que ces femmes, pour les domaines d'ouvertes polycystiques ou autres, elles ont des souffrances au quotidien. C'est pas juste dans leur désir d'enfant. C'est tous les jours de leur vie, c'est dans leur sexualité, c'est dans leur vie professionnelle. c'est dans leur vie amicale, de couple, etc. Donc, il faut qu'on les prenne mieux en charge et plus tôt pour qu'elles puissent avoir une vie beaucoup mieux traitée, avec beaucoup de mieux-être, en tout cas, et pas uniquement par le prisme de la maternité. Parce que d'abord, toutes les femmes n'ont pas envie de faire des enfants. Il y a une étude qui nous dit que 30% des jeunes femmes ne veulent pas faire d'enfants. Donc, si on attend ce moment-là pour un moment d'essayer quoi que ce soit, on est dans le faux. Je pense qu'il faut à un moment donné ne plus passer par ça et passer beaucoup plus en amont et beaucoup plus tôt. C'est-à-dire le combat qu'on mène aussi avec la députée avec qui je travaille, Priska Thevenot, c'est de pouvoir vraiment beaucoup plus tôt, c'est-à-dire dès l'adolescence, pouvoir mieux informer les femmes. D'abord, avoir des douleurs, ça peut être multifactoriel. Qu'est-ce que ça veut dire avoir des douleurs ? Qu'est-ce que ça peut engendrer ? Et qu'elles puissent prendre les bonnes décisions. Si je veux faire un enfant, peut-être que je peux préserver mes ovocytes. en amont. Peut-être que j'ai certains traitements à prendre en amont. Peut-être qu'une préquise en charge aussi sur l'alimentation, sur la vie quotidienne, le sport, etc., peut m'aider dans toutes ces pathologies. Donc, c'est pas uniquement par ce prisme-là. Et c'est vrai que c'est un vrai combat parce que je vois trop de femmes qui arrivent tardivement avec vraiment une découverte soudaine de plein de pathologies. Alors, évidemment, les médecins n'ont pas le temps de leur expliquer à ce moment-là parce qu'elles sont dans leur projet de bébé. Donc, il faut qu'elles ingurgitent en très peu de temps l'idée que oui, elles ont un souci, quelles sont les conséquences ? C'est une conséquence sur la fertilité, donc souvent des parcours qui rentrent en PMA et qui sont du coup extrêmement compliqués. Psychologiquement et nerveusement, c'est extrêmement lourd à porter. Donc plus on le fait en amont, et plus je pense qu'on peut apporter des réponses plus complètes, plus concrètes pour toutes ces femmes.

  • Speaker #0

    Et je pense aussi que c'est vrai qu'avec, par exemple, des règles douloureuses, on a un peu cette idée que, de toute façon, ça fait mal, donc si j'ai mal, c'est normal. Et au final, si ça fait mal ou si on se rend compte d'autres petites pathologies, d'autres petits symptômes, c'est vrai qu'il faut qu'on essaye de plus en plus de dire aux jeunes filles de ne pas hésiter à les consulter, on ne sait jamais. Et on peut bien sûr tomber sur un kyste qui, voilà, parfois on a des symptômes et puis on se dit « Oh, c'est peut-être parce que j'ai trop mangé. Oh, c'est peut-être parce que ci, parce que ça. » Et au final, oui, c'est vrai qu'on peut tomber après sur des problèmes un peu plus compliqués à gérer.

  • Speaker #1

    Je parle d'information et de formation pour les professionnels, parce que plus on aura des billes, plus on pourra expliquer aux jeunes filles, et vous avez raison, et plus on pourra peut-être alerter. Alors, je vais dire, il vaut mieux parfois alerter pour rien, c'est-à-dire qu'une jeune fille ou une jeune femme aille faire des examens et qu'on lui dise finalement, il n'y a rien, mais en tout cas, on sait très exactement où elle en est, plutôt que d'attendre, et puis d'arriver dans des cas d'urgence, ou parfois, et surtout sur l'endométriose, qui malheureusement est égal aux plantes pour beaucoup, on la découvre trop tardivement. Ça peut vraiment mettre en péril un parcours de fertilité et ça met aussi un parcours de vie en péril. Donc voilà, plus on informe et plus je pense que c'est un peu le nerf de la guerre, en effet.

  • Speaker #0

    Et puis faire de la prévention aussi, c'est vrai que ce serait pas mal, mettre des rendez-vous comme les bébés avec les vaccins de tel à tel âge. On en fait déjà pour tout ce qui est cancer du sein, mais c'est vrai qu'il n'y a pas assez pour tout ce qui est problème gynécologique.

  • Speaker #1

    En fait, c'est très ciblé sur certaines pathologies. Vous avez raison quand vous parlez du cancer du sein, et ça marche très bien sur le cancer du sein, typiquement. Mais c'est vrai que l'idée, et c'est vrai que cette députée qui travaille, donc Prisca Tepno, on se bat sur cette idée d'avoir des rendez-vous, des vrais rendez-vous d'information et de dépistage, de manière beaucoup plus importante. Alors sans doute trois rendez-vous, un à l'adolescence, un au moment, en tout cas vers 25-30 ans, où on pourrait imaginer faire un bébé. Donc commencer là à échafauder ou poser des questions ou élaborer ce qu'on pourrait faire. Une plutôt au moment où on pourrait avoir d'autres dépistages, parce que je pense que ça a du sens vers les 40 ans. Et puis après, à la ménopause, parce qu'on n'en parle pas non plus de cette ménopause, mais elle est là, elle est présente, et c'est encore un sujet tabou. Et le dépistage, ça ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Ça ne s'arrête pas. Le cancer du sein, le cancer du côte de l'utérus, il ne s'arrête pas quand on est ménopausé. Donc vraiment, il y a tout un parcours de soins à construire avec les patients. Et ça, c'est indispensable pour que les femmes vivent mieux. Ils comprennent mieux ce qui se passe dans leur corps. On a une autre pathologie, typiquement, qui est aussi tous les problèmes cardiaques qu'on peut avoir, très méconnus chez les femmes, et qui pourtant est la première cause de décès chez les femmes. Donc c'est là où on se rend compte qu'on a vraiment un travail de fond à faire. Je pense qu'effectivement, plus il y a de dépistage, plus il y a d'informations, plus on aide réellement les femmes sur le terrain.

  • Speaker #0

    Et pensez-vous que grâce à la parole des femmes qui se libèrent de plus en plus, il est possible que dans quelques années, les choses évoluent plutôt dans le bon sens ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très positive sur cette question. On le voit à travers l'endométriose. L'endométriose, c'est une pathologie qui n'était pas du tout reconnue, pas du tout connue il y a encore quelques années. Il y a un travail incroyable qui est fait par les associations depuis des années. Vraiment, j'en connais un certain nombre, c'est des combattantes et ça commence à rentrer dans les mœurs. Ça commence vraiment à être pris en charge. Il y a un plan d'endométriose qui a été décidé par le gouvernement. Ça veut dire qu'il y a des choses qui sont mises en place. Évidemment, il y a encore beaucoup de choses à faire. On est toujours... On peut toujours améliorer. Mais en tout cas, ça y est, ça commence à rentrer dans l'esprit et des professionnels et des patients. Donc, il faut faire pareil pour les autres pathologies. Ça met du temps, mais on voit que la parole, qui est vraiment les présences sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc., elle a du sens. Mais il faut être quand même très acharné pour qu'on l'entende, cette parole. Parce que ça fait des années qu'elles se battent vraiment, ces femmes.

  • Speaker #0

    Mais notamment avec le congé menstruel, c'est déjà un petit... Une petite évolution, on va dire, pour les femmes qui souffrent ?

  • Speaker #1

    Il y a plein de choses qui se font en mouvement. Moi, je le constate puisque vraiment, je travaille sur cette question depuis longtemps. Mais là, je trouve que depuis un ou deux ans, il y a vraiment des choses qui commencent à bouger. Ce fameux congé, il y a toute l'histoire de la fausse couche sur laquelle, malgré tout, il y a des avancées qui sont faites et on va enfin prendre en compte cet arrêt-là pour les femmes qui ont des fausses couches, parce que la fausse couche, ce n'est pas anodin. Donc, on voit qu'il se passe des choses. En tout cas... J'allais vous dire, quand vous en parliez il y a un ou deux ans, de la santé des femmes, je n'avais pas l'impression que ça avait une résonance incroyable. Aujourd'hui, ça commence vraiment à être dans les mœurs. Je vois le mot santé des femmes. Beaucoup. On a aussi une Femtech qui est très présente, qui fait un travail incroyable. On a toute une mouvance de femmes qui s'emparent des sujets, qui s'emparent en tout cas de manière extrêmement positive. Donc oui, il y a un gros chemin qui est fait. On n'est pas au bout, mais là, je vais dire que le mouvement est déjà là, et c'est ça qui est important. Et puis c'est entendu surtout, c'est ça qui est essentiel.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous expliquer une journée type d'une thérapeute spécialiste de la périnatalité ?

  • Speaker #1

    J'allais dire que toutes les journées sont un peu différentes, mais globalement, pour ma part, en tout cas, moi, j'ai plusieurs types de journées. J'ai des journées où je suis dans mon cabinet, où je reçois des patients du matin au soir. Voilà, ça, c'est ma journée en général type. Mais le reste du temps, quand je ne suis pas à mon cabinet, que je fais de la visio, puisque je travaille aussi en visio, c'est aussi des journées où j'ai des réunions. Alors, ça peut être des staffs avec l'hôpital, ça peut être des réunions avec d'autres professionnels de santé, des réunions... justement, parler de la santé de la femme et du travail que je peux faire par ailleurs, des réunions dessus, des textes que je peux écrire. Je participe à beaucoup de sites pour lesquels j'écris des textes sur la maternité, la fertilité ou en tout cas la santé de la femme de manière plus générale. Il faut produire un peu tout ça, ça prend un petit peu de temps. Et puis, je travaille aussi sur de la formation. Je fais aussi de la formation pour les professionnels de santé. Donc, tout ça, il faut du temps, en fait, pour le fabriquer, le créer, etc. Donc voilà, tous les moments où je ne suis pas en consultation, eh bien, la plupart du temps, sauf le temps que je me réserve pour moi, parce que quand même, c'est important de se ressourcer. Donc, je consacre aussi un peu de temps pour moi. Mais la plupart du temps, c'est de l'écriture, c'est de la réflexion, c'est des échanges avec d'autres professionnels. Voilà, c'est tout un travail préparatoire et d'écriture en général.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci, parce que vous faites énormément de choses pour aider les femmes, la recherche aussi. Quelles sont les différentes thématiques que vous pouvez aborder avec vos patients ?

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de thématiques, d'abord sur la maternité ou la fertilité, évidemment. Alors, moi, j'ai beaucoup, beaucoup de patients qui viennent. Je vais essayer de faire assez concis, mais d'être assez clair. En tout cas, sur la partie désir d'enfant, on va dire ça comme ça. J'ai des patientes qui viennent soit au tout début de leur désir d'enfant et qui ont des questions vraiment sur qu'est-ce que le désir d'enfant ? Comment je me projette ? Les peurs qu'elles peuvent avoir sur la potentielle maternité qu'elles pourraient avoir. Mais aussi des questions sur je rentre en parcours PMA ou pas. puisque pour certaines, c'est une vraie question de se dire, est-ce que je médicalise ce parcours ? On me l'a proposé, mais est-ce que j'ai envie d'aller dans ces parcours-là ? Question qu'on ne posait pas il y a quelques années et qu'on commence à se poser. Ça veut dire aussi que les patientes, et ça, je trouve ça extrêmement sain, s'interrogent sur réellement ce qu'elles ont envie de faire et donc elles n'y vont pas à l'aveugle. Il y a une vraie interrogation là-dessus. Et puis, j'ai tous les gens qui sont déjà en parcours et sur lesquels on va travailler avec soit le couple, soit... les hommes ou les femmes, puisque je reçois et des hommes et des femmes, et j'ai d'ailleurs de plus en plus d'hommes, ce qui est aussi un très bon signe, où là, on va plutôt travailler sur leur parcours personnel, comment ils vivent la PMA, quels sont les freins, les contraintes, les peurs. On parle aussi évidemment des parcours potentiels à venir, adoption, don, vie sans enfant, qui est aussi un parcours, la vie sans enfant, ça se construit. Il ne faut pas le prendre comme un dépit, c'est comme le don, c'est comme l'adoption, ça se construit vraiment. Donc là, il y a tout un travail de construction autour de ça. Du travail aussi quand les femmes sont enceintes, avec les peurs de la grossesse et les peurs de l'accouchement, évidemment, qui peuvent naître. Et puis, dans ces parcours de grossesse, on a aussi malheureusement des grossesses qui se passent moins bien. Donc les fausses couches, les interruptions de grossesse qui peuvent avoir lieu, sur lesquelles j'accompagne et j'aide les femmes et les hommes sur ces parcours-là. Et puis des parcours, là, un travail qui n'est pas forcément lié à la PMA, mais qui est tout autour du couple, puisque je fais de la thérapie de couple. Donc un vrai travail autour des problématiques du couple. Alors avec la problématique numéro un, j'allais dire la communication, qui est un sujet, je pense, central dans les couples, qu'ils soient en PMA ou pas. Je pense qu'il y a un vrai problème de communication dans notre société aujourd'hui et ça se sent dans les couples, malheureusement. Pourtant, il y a beaucoup d'outils, mais je crois qu'on a beaucoup de mal à communiquer. Et puis un travail sur la sexothérapie, alors parfois lié à la PMA et parfois qui n'est pas lié à la PMA. Et puis de la thérapie et du coaching après, plus de développement personnel ou sur des sujets plus professionnels. Donc là, c'est encore un autre plan que je peux avoir. Voilà à peu près, mais c'est déjà large.

  • Speaker #0

    Le don de gamètes, est-ce que vous pouvez rappeler à nos auditrices de quoi il s'agit ?

  • Speaker #1

    Alors oui, je m'aperçois que finalement, le don de gamètes est connu sans être connu. Je vois bien que beaucoup de patientes en connaissent en tout cas le nom et ne savent pas forcément ce qu'il y a à l'intérieur. Le don de gamètes, c'est l'idée d'aller bénéficier, pour les hommes comme pour les femmes, puisque dans ces cas-là, c'est soit un don de sperme, soit un don d'ovocytes. C'est-à-dire que... Comme j'explique un peu, de manière simpliste, mais qui je pense est compréhensible pour tout le monde, on a une pièce défaillante, c'est-à-dire qu'on a des spermatozoïdes qui ne sont pas assez vaillants, voire pas de spermatozoïdes du tout, ou des ovocytes qui sont encore présents, mais malheureusement génétiquement plus capables de donner une grossesse. Et dans ces cas-là, on fait appel à un tiers-d'ovneur, donc à quelqu'un qui va nous donner soit du sperme, soit un ovocyte. Et donc on aura une five tout à fait classique, mais avec l'ovocyte ou le sperme de quelqu'un d'autre, puis un transfert. et une grossesse qui va être menée à terme par le coup, mais avec ce qu'on appelle un tiers d'honneur.

  • Speaker #0

    Et du coup, vous recevez beaucoup de patientes ayant recours au don de gamètes ou de patients pour le don de sperme ?

  • Speaker #1

    Alors oui, et je reçois de plus en plus d'hommes pour le don de sperme. Je commence par ça parce que l'infertilité masculine est quand même extrêmement taboue. On en parle très peu. On s'aperçoit quand même... je dirais même... Certaines années derrière moi d'exploration, on a beaucoup plus aujourd'hui de problèmes autour du sperme que nous n'avons pu en avoir. On sait que les chiffres sont catastrophiques. On s'aperçoit que majoritairement aujourd'hui, on est vraiment dans les couples à 50% chacun a des soucis, ce qui n'était pas le cas il y a encore une dizaine d'années. Donc vraiment, les problématiques sont multiples aujourd'hui. Donc c'est complexe parce que les hommes ont beaucoup de mal à en parler, les hommes ont beaucoup de mal à faire les examens. Ce n'est pas une évidence. Nous, depuis qu'on est jeunes, on va voir un gynéco, on va voir les médecins, etc. Pour les hommes, c'est un peu moins évident. Et puis on touche à leur virilité profonde aussi sur ces questions-là. Donc il y a beaucoup de tabous pour l'infertilité masculine. Et beaucoup de femmes qui arrivent avec des besoins d'un don d'oocytes. Alors souvent informées par le médecin, c'est-à-dire que très régulièrement, puisque la plupart de mes patients viennent par le biais des médecins. On les a informés qu'a priori, il fallait faire un don de ovocytes, mais elles sont avec cette question-là, ne sachant pas vraiment comment faire et surtout ne comprenant pas bien les enjeux, et avec plein de questions autour du don. Qu'est-ce que ça engendre ? Pourquoi ? Est-ce que je suis capable de le faire ? Est-ce que j'ai envie de le faire ? Et toutes ces questions, c'est ça que nous nous abordons ensemble, parce que ce n'est pas un sujet anodin, ce n'est pas le même parcours que la PMA classique. Et je pense que ça nécessite, et c'est sain d'ailleurs de se poser plein de questions, pour construire cette future paternité ou maternité, et se dire dans quoi je m'engage, est-ce que je suis capable de faire face une fois que le bébé sera mort ?

  • Speaker #0

    Et quand vous dites par exemple que la PMA avec don représente un double deuil, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce deuil ?

  • Speaker #1

    Oui, pour moi, d'abord il y a multiple deuil. Quand je dis il y a multiple deuil, c'est avant d'arriver au don. Souvent les patients ont fait un très long parcours. Donc il y a déjà le deuil de l'enfant naturel, c'est-à-dire celui qu'on fait sous la couette, comme on dit de manière un peu simpliste. Mais celui-là déjà, quand on rentre en PMA, on se dit, globalement, il y a peu de chances que ça fonctionne comme ça. Il faut que je fasse le deuil de cette grossesse qui va m'arriver dessus un beau matin et qui sera un peu magique comme ça, inattendue. Puis il y a le deuil quand on est en PMA, que ça ne fonctionne pas. Dès que j'ai fait toutes les fibres ou toutes les inséminations et que ça ne fonctionne pas, il y a encore ce deuil à faire. Il y a déjà deux deuils. et puis j'arrive avec la possibilité de faire un don. Et si j'accepte de faire ce don, ça veut dire que je fais le deuil, moi, de ma propre génétique pour avoir cet enfant. Et donc, c'est une autre construction. Vous voyez bien que ça fait quand même, on se construit tous quand nous sommes enfants avec une idée de l'idéal de nos vies et qui nous permet de nous dire, je pourrais un jour me retourner en disant, j'ai réussi ma vie parce que dans ma besace, j'ai mis ça, ça et ça. Ça, ça et ça qui sont, c'est-à-dire tous ces éléments qui sont propres à nos propres désirs. Pas de règles fondées, ça peut être... Le job de rêve, la maison de rêve, la vie de rêve avec des enfants, pas d'enfants, etc. Mais cette vie qu'on a construite pendant des années, il faut à chaque fois la déconstruire pour se dire je vais prendre un autre chemin. Et j'accepte à chaque fois que ce chemin, et je répète sciemment le mot, n'est pas par dépit. Mais il est vraiment dans ma conscience, il est réfléchi et j'ai envie d'aller dans ce parcours-là. Et je l'accepte pleinement.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce n'est pas évident quand on a des problèmes de santé de se dire qu'on a besoin d'être médicalement assisté. Quand on voit des femmes qui tombent un peu plus facilement enceintes, il y a deux types de femmes. Et celles qui vont parfois mal prendre le fait que dans leur entourage, il y ait des grossesses. C'est vrai qu'au fond, on ne peut pas leur en vouloir parce qu'il y a... Voilà, le fait de vouloir être à la place de l'autre, pourquoi moi je n'y arrive pas, pourquoi c'est tombé sur moi, il faut toujours se dire que, en tout cas pour les auditrices qui nous écoutent et qui sont en parcours PMA, que de toute façon elles ne sont jamais seules et que quand on croit être dans une situation, mais pourquoi moi mon Dieu ? Non, il faut se dire que... On peut prendre aussi la parole pour trouver d'autres personnes avec qui partager et se soutenir, pouvoir échanger, c'est vrai que c'est important, et aussi voir un thérapeute.

  • Speaker #1

    Il faut leur dire, et je le dis puisque j'ai la parole aujourd'hui, il faut leur dire, et c'est pas juste pour les déculpabiliser, parce que c'est une réalité, c'est qu'il y a un parcours psychique qui se met en place quand on a des difficultés pour avoir des enfants, avant même de rentrer en PMA, et quand on est également en PMA, et que ce qu'elles ressentent est légitime. Et elles ont le droit de le ressentir. Donc, ça n'est pas idiot d'avoir de la colère. Ce n'est pas idiot de se dire j'ai honte. Ça n'est pas idiot d'avoir de la jalousie. C'est temporaire. C'est temporaire, mais ça participe aussi du parcours qu'on est en train de vivre. Et ça, ça a du sens de le dire. Parce qu'on se sent bien nulle. Et là, je reprends vraiment les mots des patients. Elles se sentent nulles. Elles se sentent bêtes de ne pas faire ce qui paraît le plus évident sur la Terre, faire un bébé, puisqu'il n'y a pas besoin. d'avoir des diplômes ou un niveau social X ou Y, c'est quand même à peu près simple de le faire. Bien non, pour elles, ça n'est pas simple. Malheureusement, aujourd'hui, et les chiffres ne sont pas en cette faveur-là d'ailleurs, c'est grandissant, cette infertilité. Pas qu'en France, puisque l'OMS vient d'alerter en disant, mondialement, c'est une catastrophe. Vous voyez, elles sont loin malheureusement d'être seules. Et oui, c'est des parcours très compliqués et très douloureux. Donc, quand moi, je les entends me dire, je ne suis pas à la hauteur. Je n'arrive pas à faire face. Je suis nulle. C'est vrai que je ne peux pas laisser dire ça. Évidemment que je leur laisse l'exprimer, mais j'ai beaucoup d'admiration pour les parcours qu'elles font. Il faut beaucoup de courage pour tomber et être chaque fois sur le lit. Donc, vraiment, ce sont des choix de vie très compliqués. Évidemment, si il y a une table, on peut dire « je ferai ci, je ferai ça, je réagirai comme ci ou comme ça » . Quand on est dans la situation, on a tous vécu par exemple des confinements qui ont été compliqués, douloureux. On pouvait se raconter tout ce qu'on voulait, on était face à nous-mêmes à ce moment-là. La PMA, je crois que c'est assez similaire à ce fameux confinement, où on ne savait pas comment on pouvait agir, on était complètement démunis, on ne savait pas combien de temps ça allait durer. Je pense qu'on nous aurait dit que ça va durer tant de temps, finalement on aurait peut-être réagi différemment. Là, c'est exactement la même chose. Avoir des moments où ça pleure, où ça chute, où ça lâche, ce n'est pas grave. Ce sont des parcours qui ressemblent, à mon sens, plutôt à des marathons qu'à des 100 mètres. Il faut tenir la distance. et pour tenir la distance, on ne le fait pas avec le sourire tous les jours et en étant positif tous les jours. Il y a plein de méthodes où on dit qu'il faut être positif, positif, positif. Moi, je crois surtout qu'il faut faire face à ces émotions, les écouter et se dire à un moment, j'ai le droit parfois d'y croire à 250% et parfois j'ai envie d'arrêter. Et ça ne fait pas quelqu'un de moins bien, ça ne fait pas quelqu'un de faible, ça fait quelqu'un qui est un être humain. Et un être humain s'est fait de ça. Mais ça n'empêche pas d'avancer. Et la plupart d'entre eux avancent. Avec des choix de Cornélien, on parle du don, ce n'est pas un choix d'une grande évidence. Moi, je n'ai jamais vu quelqu'un arriver et me dire, je suis tellement contente, je rêvais depuis toujours de faire un don d'eau aussi. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Elles mettent parfois des années pour en arriver à l'acceptation de ce don. Il faut accepter que par moment, ça nécessite du temps. Et ça revient tout à fait à ce qu'on a dit tout à l'heure, plus on dépiste tôt, plus on peut y réfléchir sereinement et on a du temps devant soi. Le problème, c'est que plus on le découvre tard. Et plus, c'est vraiment de l'urgence. Et on ne peut pas réfléchir, l'être humain est ainsi fait. Il a besoin de temps pour réfléchir et accepter. Ça n'existe pas, l'être humain qui, en deux jours d'une temps, ou alors ça veut dire qu'il a déjà entamé un travail en amont, mais ce n'est pas vrai qu'il se réveille un matin en disant, ça y est, eureka, je change tout et j'y vais comme ça. Donc tout ça demande beaucoup de temps. Et on trouve, moi j'entends ça beaucoup chez les patientes, qu'elles me disent, je suis nulle, je suis trop lente. Non. chacun a son temps de maturation. Et ce temps, il est quand même extrêmement indispensable pour la suite, à chaque fois pour la suite et comment on va vivre les choses.

  • Speaker #0

    Et puis en plus, c'est selon chaque femme que les traitements en plus sont plus ou moins longs, parce que déjà, c'est des traitements lourds, ils fatiguent. Et puis quand ça ne fonctionne pas tout de suite, parfois il faut attendre un laps de temps pour voir ce qui ne va pas, pour ensuite recommencer. Et c'est vrai que quand ça dure des années, il faut avoir du courage. Déjà, moi, je tiens à féliciter toutes celles qui sont dans un combat depuis des années et qui ne lâchent pas. Et même celles qui doutent. Tenez bon et si vraiment c'est plus fort que vous physiquement, c'est pas grave aussi.

  • Speaker #1

    Celles qui lâchent, il ne faut pas non plus qu'elles se disent ou qu'elles arrêtent. Et moi, je vois de temps en temps sur les réseaux des gens dire mais non, lâchez pas, etc. Non, je crois que c'est très personnel. Chaque parcours est très personnel. On peut trouver des similitudes évidemment avec d'autres gens, mais c'est très très personnel. Et quand on arrête, ça veut dire qu'on a rêvé au moins. de ce que nous, nous pouvons supporter. Et peut-être que notre voisin, il en supportera 10, là où on en supportera 2. Ça ne veut pas dire qu'on est moins fort que notre voisin. Et je pense que savoir dire stop aussi à un moment, c'est une grande force. Je vois parfois des parcours qui vont très loin. Quand je dis très loin, c'est que ça n'a même plus de sens. On est dans une course à l'enfant à tout prix, avec beaucoup de dégâts physiques, psychiques, et pas forcément la certitude d'en avoir un. Donc c'est vrai que... Trouver le bon compromis entre j'ai l'impression que j'ai fait tout ce que je pouvais, là j'arrête et je suis en paix avec moi, et parfois des fuites en avant où c'est vrai que ça en est presque alarmant parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça peut aller. C'est ça qu'on construit aussi quand on travaille sur soi. C'est le moment où on va pouvoir s'arrêter si on doit s'arrêter et savoir l'accepter. Mais il ne faut pas dans un cas comme dans l'autre se dire « j'étais moins bien que quelqu'un d'autre » . Non, parce que je vous dis, face à l'adversité, c'est bien le seul moment de la vie où on connaît la vérité sur nous. C'est pas très grave. J'allais dire, c'est presque un chemin initiatique. C'est comme ça qu'il faut le prendre, à mon sens.

  • Speaker #0

    C'est très bien dit. Ça va aider beaucoup de femmes, je pense, en cette petite pensée et de se dire, oh là là, mais qu'est-ce qu'on va penser de moi si j'abandonne ? Non. Je pense que vos mots vont...

  • Speaker #1

    Parce que les autres pensent de nous, et vous avez raison. Parce que les autres pensent de nous. C'est comme moi, je suis en paix avec moi-même. Il y a que ça qui compte. Même si les gens vous disent, c'est complètement idiot, arrête-toi, ou continue. Il n'y a que nous qui puissions savoir à quel moment c'est le moment de trop. C'est comme le verre de trop, quand on le boit, on le sent. On sait qu'on se dit celui-là, il ne va pas me faire du bien. Là aussi, on le sent. Il y a beaucoup de patients qui me disent que ça devient plus dur d'y aller. Je ne veux pas, je ne suis plus moteur, je me sens mal avec cette situation, etc. Là, c'est les indicateurs où on sent qu'elles arrivent au bout de quelque chose. Donc, c'est apprendre à s'écouter. Et ce n'est pas très grave. J'allais dire, à un moment donné, il n'y a pas de concours de celle qui va faire mieux, plus, etc. Être en accord avec soi.

  • Speaker #0

    Pour la loi bioéthique de 2021, qui consacre le droit d'accès aux origines pour les personnes nées d'un don de gamètes, à leur majorité, qu'est-ce que vous pensez de ce sujet ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Moi, je crois que ça appartient aux patients. D'abord, comme je dis aux patients, je n'ai pas de souci avec aucune technique. ou avec aucun sujet autour de la maternité. J'ai vraiment le souci de l'individu qui est en face de moi. Et donc, je pense que chacun a envie ou pas, à un moment, d'en parler à son enfant et de comment en parler, et surtout, à quel moment il a envie de lui dire il y a un diar d'honneur et je veux te mettre en relation ou tu peux te mettre en relation si tu en as envie ou pas. Donc, c'est vraiment, j'entends des grands questionnements entre est-ce que j'ai envie... Alors, lui dire, la plupart du temps, les gens disent bien sûr que j'ai envie de lui dire. Et moi, là, pour le coup, c'est un grand oui. Il faut le dire à son enfant, c'est son histoire. Donc, on a fait un choix, c'est vrai, mais il y a un moment donné, on ne peut pas élever un enfant en lui disant « tu ne dois pas mentir » . Et nous, on ment sur ses origines. Et je pense que plus un enfant le sait tôt et plus il va l'apprécier comme il doit être apprécié et comprendre pourquoi ça a été fait. Ce n'est pas un sujet tabou, donc ça devient un sujet dont on peut partager et parler. Je pense que c'est... C'est bien si les patients désirent en fait de laisser ces informations. Maintenant, je mets juste un point important pour moi, qui est de ne jamais oublier qu'on parle bien, et je dis le mot depuis tout à l'heure, d'un tiers donneur. On ne parle pas, comme dans le cas de l'adoption par exemple, de parents. Donc l'enfant qu'on adopte, il avait à un moment des parents qui l'ont abandonné ou qui l'ont mis à l'adoption, selon les cas, et je le distingue aussi selon les histoires. Et là, je conçois que l'enfant adopté ait besoin et envie, la plupart du temps, de connaître son origine et d'aller discuter avec ses parents ou son parent pour dire qu'est-ce qui s'est passé à un moment. Tu ne voulais pas de moi en tant que personne ou tu ne voulais pas d'un enfant. Déjà, il n'est pas tout à fait la même chose et qu'il peut aider dans la construction. Il y a beaucoup de gens qui font cette démarche plus ou moins tôt dans leur vie. En tout cas, je pense que ça a du sens parce qu'on parle bien des parents. Là, on parle d'un donneur, un donneur qui n'a pas le désir d'enfant, qui n'a pas eu le désir de cet enfant qui va venir, puisque c'est bien un couple qui va le construire à deux et qui va avoir ce désir-là et qui va le porter à deux. Et donc, pour moi, c'est très différent. C'est vrai qu'il faut, là, si les enfants ont l'opportunité d'aller demain rencontrer le donneur ou la donneuse, il faut être très au clair avec le fait que ce n'est pas bonjour maman ou bonjour papa.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Et là, je pense qu'il y a quelque chose, là on parlait d'information et de communication, à dire.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas ton père ou ta mère, biologiquement oui, mais ils n'ont aucun désir. Ils n'ont rien construit avec toi. Un beau matin, on arrive et on dit bonjour, tu sais quoi, je suis ton enfant. Alors effectivement, biologiquement, il y a une partie génétique, mais il n'y a pas le désir. Donc ce n'est pas tout à fait la même recherche, à mon sens, que dans l'adoption. Et je fais vraiment sciemment le parallèle. Où là, on peut imaginer qu'à un moment, il s'est passé quelque chose pour que cette personne nous mette à l'adoption. ou arrête temporairement, pour x, y raisons, d'être notre parent.

  • Speaker #1

    Le donneur, en fait, là, son désir, c'était de pouvoir aider d'autres personnes voulant des enfants.

  • Speaker #0

    Exactement. Et qui lui-même a peut-être fait des enfants depuis, et avec quelqu'un avec qui il avait le désir d'avoir cette maternité ou cette paternité. C'est là où il faut bien expliquer que, ben non, en fait, cette personne, demain, tu ne peux pas l'appeler maman et elle ne va pas t'accueillir. Sinon, il y a quelque chose qui ne serait pas très sain, en fait, dans cette relation-là. qu'il ne suffit pas de donner un ovocyte ou du sperme pour devenir parent. Il y a toute une démarche, et c'est là où je pense qu'il ne faut pas se tromper, il y a quand même une vraie démarche, et dans le don, c'est quand même indispensable. C'est une discussion qu'on a beaucoup avec les patients. C'est le fait de faire le distinguo entre vraiment le côté génétique du terme, c'est-à-dire que génétiquement, je donne des choses à mon enfant, et ensuite, par acquisition, je vais donner d'autres choses. Dans l'éducation. Je vais lui transmettre fondamentalement ce que je suis. Et ce que je suis, c'est des valeurs, c'est des croyances, c'est une culture, c'est une religion, c'est une histoire. Ça, ça n'est pas dans mes gènes. Ça n'est que dans ce que je vais raconter à mon enfant, culturellement, ce que j'ai envie de lui transmettre. D'un parent à un autre, on ne construira pas et on ne donnera pas la même chose. Donc, c'est, à mon avis, pour moi, et je fais toujours le distinguo entre être une mère et être une maman. ça peut paraître idiot, mais pour moi, il y a tout un côté génétique quand on est une mère. On construit son enfant dans son ventre. C'est pour ça que, d'ailleurs, dans le don, c'est ça qui est extraordinaire, c'est cette relation qui va naître pendant neuf mois dans le ventre de la femme qui va recevoir soit un don de sperme, soit un don d'oocytes. Et cette relation se construit dès cet instant-là, indéniablement. Et ça a énormément de sens. Et puis, de l'autre côté, ce que je vais lui donner tous les jours de ma vie, jusqu'au bout de ma vie. Je vais devenir le parent de quelqu'un, c'est-à-dire responsable de quelqu'un à qui je vais donner un certain nombre d'éléments pour le construire et en faire la meilleure personne possible, évidemment selon nos critères. Elles sont d'un individu à un autre, elles sont différentes. C'est vrai, on n'a pas tous la même définition. Mais c'est ça qui est bien, sinon ça ferait des êtres humains un peu pénibles. Donc ça, ce travail-là est la députation. Un même ovocyte ou un même embryon dans une autre famille, n'aura pas du tout, du tout la même histoire. Et ça, on oublie souvent le côté affectif, émotion, transmission, qui est quand même, à mon sens, le principal job des parents. Ce n'est pas juste le fabriquer. Et là, je le dis d'autant plus que quand c'est nos gènes à nous, on a l'impression que comme c'est nos gènes, presque tout le job, il est fait. Mais ce n'est pas vrai. On ne se pose pas forcément la question. Le vrai job, c'est après. C'est vrai. Une fois qu'il est là et qu'il est en bonne santé. Comment je peux faire grandir cet enfant ? Comment je l'accompagne tous les jours ? Et effectivement, comme je disais, la plupart des enfants, dès qu'ils sont informés de cette histoire de don, n'en font pas cas, puisque les parents n'en font absolument pas cas eux-mêmes. Ils l'ont accepté. Ça n'est plus un sujet tabou, ou un sujet, on voit bien les secrets de famille, on les découvre toujours, toujours. On sent qu'il y a un sujet un peu gênant autour, les enfants ne mettent pas... pas les pieds en se disant c'est dangereux, je sais que je peux pas y aller mais un jour j'y irai. Donc plus j'allais dire on partage avec eux rapidement et plus ils sont dans la compréhension, évidemment en adaptant notre langage, on a l'âge de l'enfant, on va lui expliquer la même chose à deux ans qu'à 18 ans, mais je pense que ça se construit tout du long de la vie cette relation et le fait de lui dire comment il a été construit et pourquoi on a fait ces choix là.

  • Speaker #1

    Le fait de consulter un thérapeute, c'est vraiment super important, notamment avant de commencer un parcours PMA. Est-ce que vous auriez un conseil à donner aux auditrices qui nous écoutent et qui n'arrivent pas à vivre pleinement le fait d'avoir recours au don de gamètes pour leur parcours PMA ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que déjà, il faut en parler très en amont. Quand je dis très en amont, c'est que chez les hommes, d'ailleurs, c'est assez surprenant. Chez les hommes, ils vous disent tant qu'on n'a pas fini un truc, on ne va pas parler d'un autre truc. C'est leur manière de faire. Moi, je crois beaucoup au fait que plus on s'imprègne des questions, plus on en discute, et d'ailleurs, on a le droit de se retonger de la vie. Quand on en discute, c'est bien le principe. On ne va pas arrêter sa réflexion à un instant T. Moi, je pense que la discussion, l'échange et construire sa réflexion, ça a du sens. Moi, je dis que ça a du sens, c'est par exemple que je vais beaucoup mettre mes patientes en relation les unes avec les autres, quand il y a don, par exemple, pour que celles qui l'ont déjà vécu, celles qui ont du recul, puissent éventuellement raconter leur histoire et partager leur histoire. Et moi, je vois beaucoup de solidarité. Dès que je demande à un patient « est-ce que vous êtes d'accord pour échanger avec un autre ? » ou « est-ce que vous êtes d'accord pour donner votre témoignage ? » Je ne sais pas, un journaliste, un podcast. les gens vont le faire. Ils ont à cœur de partager parce qu'eux, ils en sont un peu sortis et se disent si je peux aider, eh bien ma contribution a du sens. Ça, ça a du sens, lire des témoignages, rencontrer des associations, tout ça a du sens à mon avis dans la construction pour pouvoir se dire à un moment, je prends la décision d'aller vers le don et je prends la décision ou pas d'ailleurs. Quand je dis ou pas, ce n'est pas parce que c'est une des solutions qu'on vous propose. que c'est celle que vous allez accepter. Et je le dis d'autant plus que ça n'est pas une évidence. Et souvent, je pose cette question au couple. Quel enfant voulez-vous ? Alors, je ne parle pas de la couleur des yeux, des cheveux, du sexe, évidemment. Mais quelle était votre idée de faire un enfant ? Ça représente quoi ? J'ai parfois des couples qui, très spontanément, me disent « Faire un enfant de nous. » Faire un enfant de nous ? Ah ben là, il y a le don. Est-ce que ça répond vraiment à votre demande ? Ou est-ce que vous êtes capable de dépasser ça ? Tout le monde n'a pas effectivement la même construction ou la même idée de faire un enfant. Donc ça, ça a du sens, à mon avis, de se poser ces questions très en amont. Parce que vous voyez, c'est quand même une sacrée question. À mon avis, ça engendre un peu quand même des débats dans nos têtes. Et encore une fois, je le dis, c'est simple de se poser des questions. Ce qui est simple, c'est d'y aller sans réfléchir, en se disant je réfléchirai après. Non, après, c'est trop tard. C'est avant. Et comme je dis aux patients, d'ailleurs, on ne répondra jamais à toutes les questions. Parce que quand on attend un enfant, on se pose d'autres questions. et c'est pas très grave, il y aura aussi du temps pour y répondre, mais en tout cas celle du don elle est vraiment, à mon sens, dans la réflexion, dans la construction intellectuelle avant, et puis c'est aussi un dialogue entre deux individus dans le couple, et il ne faut pas l'oublier c'est-à-dire que chacun a le droit d'avoir sa propre opinion, il ne faut pas le faire pour faire plaisir à l'autre j'entends parfois les couples qui disent, ah si elle veut, on le fera non, c'est pas si elle veut, c'est vous, qu'avez-vous envie, c'est-à-dire qu'on demande à chacun de se positionner. Et parfois, ça c'est le problème quand on pose une question, parfois on n'obtient pas la réponse qu'on veut, c'est la vie, c'est comme ça, mais il faut accepter la réponse qu'on a. Mais peut-être qu'on peut dire non et expliquer pourquoi elle ne veut pas. Mais on ne peut pas forcer quelqu'un dans une démarche. Ce sont des démarches trop personnelles, trop engageantes. Donc il faut que les deux puissent d'abord réfléchir à titre individuel, puis en discuter à deux. Et il y a une décision à deux. Il y a une discussion à deux. Mais ce n'est pas une discussion ou une réflexion à l'emporte-pièce. À mon sens, ça nécessite quand même de se dire, si j'y vais, j'ai réfléchi les paramètres, et à partir du moment où on y va, on est à peu près serein sur la question et on peut y aller pleinement et à deux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que là, niveau couple, il faut se poser la question, parce que s'il y en a un qui n'est pas trop pour, et au final, c'est l'enfant qui va en pâtir après, il faut penser à ça aussi. Il faut après se sentir. prêt à aimer cet enfant comme si c'est le vôtre ? Oui, après, il y a toutes ces problématiques qui arrivent et c'est vrai que c'est bien de se poser ce genre de questions.

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est indispensable. Ce n'est pas une décision et je vois beaucoup d'hommes qui me disent « Ah, mais si elle est d'accord, je la suis. » Alors, c'est formidable d'avoir des hommes qui vous disent ça et en même temps, ce moment précis, non, il faut que chacun s'engage dans la décision. Il faut que chacun puisse y réfléchir. encore une fois, qu'on réfléchit. vraiment de se dire je m'engage et on y va. Là, on n'y va à deux. Donc c'est là où je pense que plus on met du temps sur la réflexion et plus on en discute et plus ça va être intéressant à reconstruire derrière. On ne prend pas le temps parce que je pense qu'il y a une pression et qui est liée à deux choses. D'abord au désir qu'on a d'avoir cet enfant. C'est-à-dire qu'une fois que le désir il arrive, c'est maintenant qu'on a envie de le faire. Ce n'est pas dans dix ans. Donc on a envie d'aller vite aussi dans les traitements. Et puis il y a cette mécanique qui fait que Beaucoup de femmes me disent « je n'ai pas de temps à me perdre et si je ne fais rien, j'ai l'impression que j'ai perdu du temps, c'est inutile, etc. » C'est vrai. Et en même temps, comme je leur dis, c'est la force du « et en même temps » , vous voyez, c'est de se dire « je suis d'accord qu'on ne perde pas de temps, mais parfois un mois de pause, deux mois de pause, ça permet de lever la tête du guidon, ça permet de prendre du recul et peut-être de voir les choses un peu différemment, de se reposer, de se centrer, de se re-questionner. » L'idée, c'est quand même aussi de ne pas être dans un tunnel, mais de temps en temps sortir la tête de l'eau. Si je respire un coup, j'en suis où ? Et puis surtout, je m'écoute un peu. J'ai envie d'y retourner tout de suite. Est-ce que j'ai de l'énergie pour y retourner tout de suite ? Si je n'ai pas d'énergie, est-ce que c'est utile de me reprendre un échec dans cet état-là ? Je ne suis pas convaincue. C'est trouver le bon tempo. La respiration, de temps en temps, je pense qu'elle est plus qu'indispensable aussi. Ça, c'est très important. On s'oublie très vite dans ce parcours. On s'oublie et on oublie son couple. Il ne faut pas s'oublier. Il ne faut pas oublier et essayer de rester le plus possible en lien avec soi, en accord avec soi. Faire un enfant, c'est une chose. extraordinaire. Je ne vais pas dire le contraire. Moi-même, je me suis battue pendant des années pour faire mes enfants, que ce soit par le biais de la PMA, puis des grossesses compliquées. Donc, je sais à quel point je mesure ma chance tous les jours. Voilà. Mais en même temps, je crois aussi qu'on peut avoir une vie sans enfant. L'enfant n'est pas tout dans une vie. C'est une partie de notre vie. Et il ne peut pas répondre, à mon sens, à tous nos... J'entendais là qu'il me disait « Je serais heureux quand j'aurai un enfant » . Évidemment qu'elles seront... heureuses ou ils seront heureux quand ils auront des enfants, mais ça ne sera pas la seule source de bonheur. Le bonheur, il vient de plein de choses de toute notre vie, de l'entièreté de ce que nous faisons. Cet enfant, il va être contributeur, ça va être une autre part de bonheur, mais ce n'est pas que le bonheur. Et c'est ça qu'il faut essayer de se construire. Et puis, on peut être maman de mille et une manières. Moi, je le dis très honnêtement, parce que ça ne se résume pas à être maman qu'à apporter un enfant. L'adoption est une manière de faire des enfants. S'occuper des autres peut être une manière de transmettre. Parce qu'en fait, le fin mot de toute cette histoire, c'est quand même la transmission, fondamentalement. Et cette transmission, il y a plein de manières de le faire. Et il y a plein de manières de se révéler et de se projeter dans autre chose. Donc ça, je pense que ça a du sens. Ce parcours, il est très douloureux. Il est très long. Je parlais de parcours initiatique tout à l'heure. Je crois beaucoup que c'est un parcours initiatique et qu'il peut nous faire grandir à certains moments. même si quand on est dedans on voit pas du tout du tout et on aimerait bien en sortir et j'avoue que pour l'avoir vécu je me suis dit la même chose mais sincèrement il nous fait grandir, il nous fait évoluer, il nous fait nous questionner je pense que les gens qui en sortent avec ou sans enfants, là y'a pas de débat, sont plus forts, beaucoup plus forts et surtout ils se connaissent tellement mieux donc vraiment je souhaite beaucoup beaucoup de courage à tout le monde Mais moi, elles ont toutes et ils ont tous mon admiration, sincère en tout cas, sur ces parcours. Merci beaucoup de m'avoir invité, de m'avoir donné la parole. C'est toujours un plaisir. En plus, j'aime beaucoup votre podcast. Vraiment, il fait du bien. Donc ça, c'est important.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci beaucoup Déborah Schumann-Antonio d'être passée sur le podcast État d'âme et de nous avoir éclairé sur le don de gamètes et notamment le métier de thérapeute spécialiste de la périnatalité. Courage à tous, tous ceux qui nous écoutent et qui vont entamer un parcours PMA ou qui sont actuellement en train de se faire enlever. plein dedans. On vous souhaite une très belle surprise à la fin. Vous écoutiez Etadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode.

  • Speaker #2

    Etadam, bienvenue sur le podcast qui vous plonge dans l'univers de la santé mentale et physique des femmes. Suivez les témoignages émouvants. les histoires captivantes et les conseils des professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques. Embarquez dans l'esprit et le corps des femmes pour un voyage unique et inspirant. Etat d'âme. Chaque femme est unique, mais certains parcours de santé s'entremêlent. Vous découvrirez tous les états d'âme, les émotions dont ces guerrières, ces combattantes, ces femmes exceptionnelles ont eu à affronter. Un podcast de Stéphanie Jarry.

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