Speaker #0Chaque jour, je vis une bataille contre une impulsion qui me dépasse, une spirale de honte, de culpabilité et de souffrance. Je ne sais pas exactement quand tout a commencé. Au début, c'était comme une solution, une façon de gérer le stress, les émotions, ou peut-être un vide que je ressentais sans vraiment le comprendre. Je mangeais pour me réconforter. Mais très vite, ce n'était plus juste un excès. C'était comme une urgence, un besoin irrépressible de tout avaler. Et dès que c'était fini, je me sentais mal, tellement mal. Alors je cherchais à me débarrasser de tout ça, effacer ce que je venais de faire. Mais ça ne faisait que renforcer ce cycle, encore et encore. La boulimie, c'est un cercle vicieux. Tout commence par une crise. Pendant ces moments, je perds complètement le contrôle. Je mange vite, beaucoup, sans réfléchir. C'est comme si mon corps agissait tout seul, sans que je puisse l'arrêter. Et puis, la honte arrive, immense, écrasante. Alors je me punis. Je fais tout pour effacer cette crise, pour me débarrasser de cette culpabilité. Mais ça ne suffit pas. Et très vite, tout recommence. C'est épuisant, physiquement et mentalement. C'est comme si je courais en boucle, sans jamais trouver la sortie. Cette maladie ne détruit pas seulement mon corps. Elle affecte tout. Ma santé, mes relations, ma vie sociale. Physiquement, je me sens faible, fatiguée, malade. Mon cœur souffre. Et ma digestion, complètement perturbée. Mais mentalement, c'est encore pire. C'est comme si je suis prisonnière de cette honte et de cette culpabilité qui ne me quittent jamais. Je m'éloigne des autres, je le vois bien, je me cache, parce que je ne veux pas qu'ils sachent. Je ne veux pas qu'ils me jugent. Mais cette solitude, elle me pèse tellement, autant que la maladie elle-même. Mais j'ai compris une chose, je ne peux pas m'en sortir toute seule. Il m'a fallu du temps pour en parler, pour accepter que j'avais besoin d'aide. Et aujourd'hui, je commence à me reconstruire, à comprendre que cette maladie, ce n'est pas une question de volonté ou de faiblesse. C'est un trouble, et c'est une souffrance qu'il faut soigner. Petit à petit, j'apprends à écouter mon corps autrement, à m'accepter, à faire la paix avec moi-même. Le chemin est long, mais je sais qu'il en vaut la peine. Je suis boulimique, et voilà une partie de mon quotidien.