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ÉTATS DAMES

Au cœur de la maternité médicale : entre injonctions, fatigue et solitude avec DR Haddad Halimi

Au cœur de la maternité médicale : entre injonctions, fatigue et solitude avec DR Haddad Halimi

30min |06/05/2025|

31

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Description

Bienvenue dans États Dames, le podcast au cœur de votre santé.

Dans cet épisode, nous abordons un sujet que vivent de nombreuses femmes, souvent en silence : celui d’une grossesse sous haute surveillance médicale.

Entre la répétition des rendez-vous, les examens techniques, la peur du risque, l’angoisse de mal faire… la maternité peut parfois devenir un parcours du combattant, loin des images idéalisées.

Avec le Dr Haddad Halimi, médecin généraliste investie et à l’écoute, nous parlons d’émotions, de stress, de solitude, de surcharge mentale. Mais aussi de cette puissance que les femmes déploient pour rester présentes, pour leurs bébés… et pour elles-mêmes.

Dans cet échange, on revient sur :

  • La place du corps médical dans ces grossesses médicalisées

  • La nécessité d’une parole douce, d’un regard humain

  • L’importance d’un accompagnement global : physique, émotionnel, et psychologique

  • La pression d’être une mère « parfaite » dès la grossesse

Un épisode sincère, traversé par la voix d’une médecin qui replace l’écoute au centre.
Un espace pour celles qui traversent des grossesses difficiles… et pour ceux qui veulent mieux comprendre et accompagner.

🎧 À écouter sur toutes les plateformes.


Instagram


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Aujourd'hui, nous ouvrons un épisode très spécial aux côtés de Chloé, médecin généraliste formée à la gynécologie, à la pédiatrie, et très investie dans les questions de parentalité. Nous allons parler de soins humains, de confiance, d'écoute, et de toutes ces petites choses qui changent tout dans un cabinet médical. Bonjour Chloé, merci d'être avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie. Alors,

  • Speaker #0

    avant d'entrer dans le cœur du sujet, j'aimerais vous demander, qu'est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la médecine générale et plus précisément à vous former en gynécologie et en pédiatrie ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qui m'a amenée à faire du suivi gynécologique, c'est en réalité la dimension humaine. Alors, la gynécologie, c'est une discipline qui est très intéressante, qui peut m'aider en médecine, chirurgie. avec beaucoup de techniques aussi, donc il y a des gestes, il y a des actes, donc ça peut aussi changer du quotidien de médecine générale. Et ce qui, moi, m'a poussée à faire un deuxième diplôme universitaire autour de la gynécologie, c'est d'abord qu'il y a beaucoup de demandes parce qu'il n'y a plus beaucoup de gynéco, mais il n'y a plus non plus beaucoup de médecins généralistes. Tout devient un petit peu compliqué, et même en région parisienne. Mais ce qui m'a vraiment amenée à faire du suivi gynéco, c'est la dimension humaine. c'est de plus supporter avoir des femmes qui ont pris rendez-vous pour un frottis par exemple et qui au moment de l'examen, enfin juste avant, me disent « je dois vous dire que j'ai très peur parce que mon dernier frottis c'était il y a 8 ans par exemple et le gynéco m'avait pas prévenu » ou m'avait fait une réflexion parce que j'étais trop stressée. J'entends vraiment des choses tous les jours qui sont pour moi inconcevables. L'idée, ce n'est pas d'incriminer les autres médecins, pas du tout. Je pense que le système, malheureusement, a des limites et que parfois les médecins sont débordés à la chaîne et qu'ils peuvent en oublier le côté humain. Je pense aussi qu'il y a parfois des médecins qui sont sur-spécialisés dans des domaines, et heureusement qu'ils sont là, parce qu'il y a des choses très pointues, mais qui parfois, à force de faire de la gynéco toute la journée et des examens, oublient que derrière la vulve, le vagin, il y a une femme, et qui a une sensibilité, une histoire personnelle. Et c'est vraiment ce qui m'a amenée, moi, à faire dans ma pratique également de la gynéco. Et pour la pédiatrie ? Je peux vous dire la même chose pour la pédiatrie. J'adore les enfants, depuis toujours. Ça a toujours été comme ça. J'ai été chef scout, m'occuper d'enfants. J'ai toujours adoré avoir des bébés dans les bras, même quand moi-même j'étais petite. J'adore les enfants, mais j'aime aussi surtout la relation aux parents. pareil qui est très humaine et quand j'entends de la même façon des parents me raconter en fait notre pédiatre il nous a un peu engueulé parce qu'on faisait ci parce qu'on faisait ça je trouve que c'est pas acceptable en fait un médecin il peut pas prendre cette posture paternaliste qui existait auparavant parce que la société elle a muté parce que maintenant il ya des sources d'informations de partout et parce que chacun reprend des droits et c'est une bonne chose.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains patients peuvent encore se sentir comme des enfants face à un médecin perçu comme une figure d'autorité. Ils peuvent avoir peur d'être jugés, d'être réprimandés et ça peut les empêcher parfois de s'exprimer librement ou de poser toutes leurs questions. Malheureusement, il existe encore des professionnels de santé qui adoptent une posture paternaliste et ça... peut créer vraiment un véritable blocage dans la relation soignant-soigné. Après, je trouve heureusement, l'accès à Internet a fait évoluer les choses, même si ça comporte des risques avec la désinformation, l'anxiété que ça peut procurer. lorsque des recherches ne sont pas encadrées. Mais je trouve que ça a permis aussi à de nombreux patients de s'informer, de mieux comprendre leur état de santé, et surtout de prendre confiance pour formuler des questions ou exprimer des doutes. Et cette évolution... Et cette évolution peut vraiment enrichir la relation patient-médecin, à condition bien sûr qu'elle repose sur l'écoute et le dialogue, en construisant une alliance de soins plus équilibrée. Alors avec cette approche d'écoute et de co-construction que vous pratiquez, est-ce que vous avez remarqué que vos patients, patients, patientes, se sentent plus à l'aise pour parler de leur pathologie ? Est-ce que vous auriez un ou deux exemples à partager ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'accompagne des femmes qui me racontent des choses, qui parfois sont en colère, parfois peuvent être fatiguées aussi. Je peux voir des femmes qui vont avoir parfois des troubles au niveau des règles, ce qu'on appelle une aménorée, et que les médecins ne vont pas forcément explorer en disant « c'est dans la tête » . Enfin, avoir des conclusions qui peuvent être hâtives, même si parfois, effectivement, ça s'avère être lié à la psychologie. Mais je pense qu'il faut de toute façon prendre au sérieux toute plainte d'un patient, que ce soit en médecine générale, en gynéco, en pédiatrie, d'inquiétude parentale. Parce que quoi qu'il en soit, le moral psychologique ça compte et la prise en charge, ça fait partie de cette prise en charge. Et peut-être qu'en étant bien accompagné, s'il y avait quelque chose de psychologique, l'accompagnement va pouvoir régler ça. Le fait de faire quand même des examens sans en multiplier non plus, mais de dire ok, j'entends votre demande, j'entends votre crainte, donc on va essayer de comprendre et je vais vous expliquer ce que moi je peux vous expliquer, et bien ça change tout. Et moi je vois aussi avec les patientes, parfois elles ont vu un gynéco, deux gynéco, trois gynéco, et elles arrivent alors je ne vais rien dire. Les examens sont souvent très bien prescrits, très bien faits, au niveau des compétences. Je n'ai pas à juger quoi que ce soit, évidemment, et je ne juge rien de toute façon, mais c'est en fait juste de reprendre les choses avec elle et de leur dire, voilà, moi, il y a eu ça, ça et ça. Je pense à tel diagnostic, ce diagnostic-là. Peut-être qu'on vous en a parlé, par exemple, j'ai une patiente qui est venue tout à l'heure pour me dire, pendant des rapports, dans certaines positions, j'ai des douleurs, mais le reste du temps, non. J'ai pris le temps d'expliquer. qu'effectivement, il peut y avoir des douleurs pendant les rapports, que ça peut être positionnel et c'est le plus probable, mais que ça peut aussi être un signe d'endométriose. Et en fait, elle m'a dit, bah oui, j'ai peur d'avoir ça. Et je lui ai tout expliqué sur la pathologie de l'endométriose en lui expliquant pourquoi je ne pensais pas du tout à ça pour elle, mais qu'on allait quand même faire une échographie pour se rassurer. Et puis de là, elle m'a raconté d'autres choses, des rapports qui avaient été non protégés, des choses comme ça et des craintes qu'elle avait depuis plusieurs mois. et pour lesquelles elle n'avait pas consulté, parce que je pense qu'elle n'avait pas été en confiance.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on observe que beaucoup de patients hésitent à consulter, non pas parce qu'ils ne s'inquiètent pas de leur santé, mais parce qu'ils ont souvent cette impression qu'ils ne seront pas entendus ou pris au sérieux. Et certains finissent même par minimiser leurs symptômes en se disant « c'est pas si grave » ou « le médecin va penser que je dramatise » ou même « il va me dire que c'est dans ma tête » . Ce comportement, ça traduit vraiment un manque de confiance parfois lié. notamment des expériences passées où la parole du patient n'a pas été suffisamment accueillie, écoutée ou considérée. Et cette peur de ne pas être entendue peut créer une distance dans la relation de soin, voire retarder une prise en charge nécessaire. Que pensez-vous de cette situation ?

  • Speaker #1

    Si on ne peut pas aller chez le médecin pour déverser un peu ses craintes et pour pouvoir être en confiance, à qui on va en parler ? Est-ce que c'est derrière un ordinateur à faire des recherches ? On va se sentir aidé ? Je ne suis pas sûre, parce que malheureusement il y a tout et n'importe quoi sur Internet. Et que c'est un très bon outil, mais il faut savoir chercher. Et que parfois, il y a des raccourcis, douleurs, endométriose, stérilité, des choses qui n'ont pas de sens. Donc voilà, sans aucune nuance.

  • Speaker #0

    Vous êtes également formée à la parentalité, ce qui j'imagine demande une approche très individualisée, donc beaucoup d'écoute et d'adaptation au cas par cas.

  • Speaker #1

    Oui, je suis également formée à l'allaitement, à la parentalité, au sommeil. Mais ce n'est pas des choses qui sont techniques, en fait. Je ne vais jamais vous dire, voilà, j'ai une recette qui va faire dormir tous les bébés de la Terre. Si votre enfant, il vous frappe, il faut faire ci. Si votre enfant, il arrache les cheveux de sa sœur en chantant et en levant le petit doigt, alors c'est exactement cette marche à suivre. Il n'y a pas de recette toute faite en parentalité, par rapport au sommeil et même par rapport à l'allaitement. Parce qu'en fait, chaque allaitement va être différent, chaque enfant va être différent au niveau de la parentalité, le sommeil, chacun n'a pas les mêmes besoins de sommeil, chaque parent non plus. Chaque parent va décider ou pas de dormir avec son enfant et ça va être grave pour lui ou pas grave. Donc en fait, en fonction des objectifs et des attentes de chaque parent et des tempéraments de chaque enfant, c'est en s'adaptant que ça va aller. Moi, je fais des consultations de... d'allaitement. Et évidemment que je suis pro-allaitement, j'ai allaité, je trouve ça merveilleux, je trouve que la nature est bien faite, évidemment qu'il y a plein de bienfaits. Mais toutes les femmes qui viennent en consultation d'allaitement, ma première question, c'est « Ok, mais qu'est-ce que vous voulez faire ? C'est quoi votre projet d'allaitement ? Est-ce que vous voulez allaiter exclusivement ? Et même s'il y a des difficultés, je m'aligne avec vous et on va trouver des solutions. Est-ce qu'en fait, vous en avez hyper marre et vous vous dites juste que vous devez allaiter, mais vous n'y prenez aucun plaisir ? Et auquel cas, le lait artificiel, c'est une alternative et ce n'est pas nocif non plus, peut-être pas exagéré. » Ou est-ce que vous voulez faire du mixte ? Et c'est une question que je repose à chaque fois, parce que ça peut évoluer. Parce qu'on peut se dire, ok, j'abandonne, je me sens pas bien et je vais mettre du lait artificiel. Et puis finalement, la fois d'après, se dire, en fait, non, c'est pas ça que je veux, donc je veux m'accrocher. Et inversement. Ce qui est important, c'est de vraiment rentrer en relation avec les mères, avec les pères, dans leur chair, dans leur cœur, d'essayer de comprendre ce qu'elles attendent, les objectifs. Tout ce qui est important, tout ce qui a du sens, les croyances, les bonnes croyances, les fausses croyances, les craintes. Il y a vraiment énormément de choses dans une relation d'une personne à l'autre. Et dans ces domaines-là de parentalité, surtout, je trouve que, je disais ça à une patiente tout à l'heure qui passe par une dépression du postpartum, c'est que la parentalité, ça nous renvoie à notre propre enfant intérieur, ça nous ramène. notre propre enfance et que c'est parfois très difficile et que la parentalité ça touche tout le monde et que je peux aussi bien parler de parentalité avec des mamans et des papas qui ont des enfants en bas âge et forcément c'est leur quotidien qu'avec des patients à moi qui ont 65-66 ans et on va parler d'éducation et on va parler de comment c'était avant même s'ils n'ont pas d'enfants parce qu'on a tous été l'enfant de quelqu'un tous reçu une éducation, on a tous des moments, des événements qui nous ont marqués. Donc c'est des sujets qui sont importants et le relationnel, c'est la clé en fait. Que ce soit d'un parent avec son enfant, que ce soit d'un médecin avec son patient, que ce soit... Voilà, c'est la clé de tout d'être dans une relation de confiance, une relation apaisée, une relation d'écoute, d'empathie. Et c'est pas parce qu'on est dans l'écoute et dans l'empathie qu'en tant que médecin, on peut pas continuer à guider son patient. à garder son rôle de médecin, à garder une certaine distance. Alors après, ça sert à quelque chose, quelle distance on doit mettre ? Est-ce qu'être ému par une situation d'impatience est quelque chose qui est grave ? Moi, je ne crois pas, mais ça dépend de chacun aussi. Voilà, mais je crois que c'est très important de remettre l'humain au cœur de tout.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, certaines patientes sont amenées à vous confier des traumatismes à leur parcours médical ? Et si oui, à quel moment vous estimez qu'il est nécessaire de réorienter vers un autre professionnel de santé, par exemple, plus spécialisé ?

  • Speaker #1

    Il y a parfois des femmes en généco qui me parlent de traumatismes médicaux qui sont passés. sans forcément vraiment rentrer dans les détails, mais qui peuvent me dire en fin de consultation, merci parce que je ne voulais plus retourner chez le gynéco, j'avais une mauvaise expérience, et je me rends compte que je ne suis pas la seule, il y a plein de copines à moi qui sortent du gynéco en pleurant, et en fait là ça va, je suis en confiance, merci. Donc sans forcément me raconter des choses hyper brutales, mais qui qui en tout cas l'avaient ressenti à ce moment-là. Après, il y a aussi des femmes qui, en fin de consultation, que j'ai vues une fois, vont se sentir à l'aise pour me parler de violences sexuelles, même d'inceste, de choses comme ça. Et la première chose que je fais après ça, c'est de les remercier de s'être confiées. Parce que ce n'est pas évident, et parfois elles gardent ça en elles pendant des années, depuis toujours. Et quand elles sont prêtes à se sentir bien pour aller déposer ça, Je les remercie et je les oriente. Il se trouve que j'ai un mari qui est thérapeute et qui fait de l'EMDR, de l'hypnose, de la sophrologie. Et c'est des outils qui sont fabuleux, de la PNL aussi. Ce sont des outils qui sont fabuleux. Et je sais que ces femmes-là, elles vont être entre de bonnes mains pour se sentir mieux. D'ailleurs, la plupart me remercient après, enfin toutes en réalité, quand elles passent le pas. Donc voilà, je... C'est bien aussi d'avoir des bons contacts pour pouvoir aller au-delà quand ça me dépasse et quand moi je n'ai pas de technique, si ce n'est l'écoute empathique, mais de pouvoir passer la main, c'est intéressant et c'est enrichissant pour les patientes.

  • Speaker #0

    Vous tenez un compte Instagram sur lequel vous dénoncez d'une certaine manière les injonctions autour de la parentalité ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche et ce que vous cherchez à transmettre à travers vos publications ?

  • Speaker #1

    Je parle souvent, c'est vrai, je parle souvent dans mes posts des injonctions. Et c'est vrai que mon compte Instagram de Doc Miniqueur, il était pour arrêter toutes les injonctions autour de la parentalité, de ton enfant doit dormir dans son lit, non, ton enfant doit rester avec toi dans sa chambre jusqu'à six mois. Alors oui, ça, c'est une recommandation. Il y a des recommandations, mais ça reste jamais des injonctions. Parce que les personnes qui vivent sous le toit de vos enfants, c'est vous. c'est les parents et que les personnes qui vont gérer au quotidien les enfants, ce n'est pas les personnes qui font des bonnes injonctions de « il faut faire comme ci, il faut faire comme ça » , « il faut que l'enfant mange à l'heure fixe » , « il ne faut jamais mettre un enfant devant un écran » , « il ne faut surtout pas laisser un enfant pleurer » , « non, en fait, il faut le laisser pleurer » , « il faut être autoritaire avec son enfant pour qu'il comprenne qui est le parent » , « non, en fait, il ne faut jamais dire non à un enfant » . On devient fou à écouter tout ça. Et on ne peut pas être parfait sur tous les plans. Il y a un poste à moi qui dit forcément tes enfants, éducation positive, tes enfants sont à l'école Montessori, tu manges bio, tu fais du yoga. C'est un peu la caricature de la mère parfaite qu'on dit parfaite dans cette société. C'est impossible en fait. On est dans un monde qui est un monde de performance. Et on ne peut pas être bon dans tous les domaines. On ne peut pas être une super épouse, être une super copine pour partir en week-end, être là pour ses enfants. faire des bons scores au travail, tout en étant toujours pomponné, maquillé, velle, avec les ongles faits. Non, ce n'est pas possible. Ou alors, il faudrait quatre vies. Donc, je crois que le plus important, c'est d'expliquer aux femmes, alors on parle beaucoup de femmes, mais je pense que ça marche aussi pour les hommes, mais c'est d'expliquer que, oh, ce n'est pas possible, il faut choisir ses batailles. Et peut-être qu'aujourd'hui, la bataille, quand on vient d'accoucher, c'est d'être collé à son bébé. L'avoir dans les bras, même s'il y a une injonction qui va dire « Attention, il va s'habituer à tes bras » . Ou alors, si à ce moment-là, on n'en peut plus, on a besoin d'autre chose, c'est de laisser son enfant à quelqu'un d'autre, à une nourrice, à la crèche, au papa, et de pouvoir aller se faire les ongles. Mais en fait, on ne peut pas tout gérer. Il faut juste savoir reconnaître son besoin, s'écouter, trouver un équilibre. La fatigue d'avoir des enfants. La fatigue physique, elle est là, c'est normal. Mais ce qui est important, c'est de ne pas avoir de grande fatigue morale. Et moi, pendant les consultations, quand je vois les enfants, le suivi des nourrissons tous les mois, je demande aux parents, ok, vous êtes fatigué, vous ne dormez pas beaucoup, c'est normal. Mais moralement, comment ça va ? Et quand on me dit, c'est difficile, est-ce que vous voulez qu'on se revoie pour en parler seul ? Qu'est-ce qui est difficile ? Avoir cet espace de parole-là... parce que la dépression du postpartum, c'est quelque chose qui existe. Ça touche 15 à 20% des femmes, et ça peut souvent se déclarer autour de 6 semaines du postpartum. Donc c'est pas tout de suite, parce qu'on est chamboulé par les hormones de l'accouchement, il peut y avoir un baby blues et tout ça, mais ça peut être un peu à retardement. Et très souvent, on est entouré, les deux premières semaines, les mamans qui viennent à la maison, ou les papas qui peuvent prendre leur congé paternité, ce qui est quand même déjà super. mais les amis qui viennent, la famille, au bout d'un moment chacun reprend sa vie et on se retrouve seul avec ce bébé. Et ça peut être difficile donc c'est très important que les professionnels de santé qui voilent l'enfant, parce que la mère elle se met souvent de côté, puissent s'occuper de l'état de santé mentale de la mère et de pouvoir prévenir justement une dépression du post-partum et de pouvoir trouver des solutions avec la maman. Si on sent, et avec le papa ça marche aussi, si on sent que là il y a quelque chose qui ne va pas. Que ce soit d'un point de vue du sommeil, si c'est trop compliqué, comment on peut faire ? Que ce soit d'un point de vue de l'allaitement, si en fait l'allaitement ça épuise, peut-être mettre des biberons, qu'est-ce que ça vous fait si on fait ça ? Comment vous le gérez ? Ce n'est pas d'aller dire, votre allaitement ça vous fatigue, on arrête l'allaitement. Pas du tout. C'est de dire, là l'allaitement c'est fatigant. Est-ce que c'est quelque chose qui vous fatigue beaucoup ? Est-ce que vous en pouvez plus ? Est-ce que donner des biberons, ça serait vraiment grave pour vous ? Ou est-ce qu'en fait, finalement, ça va ? Et ça arrive très fréquemment que les patientes me répondent « Mais si je donne un biberon, c'est pas bien. » Mais pourquoi c'est pas bien ? Qui a dit que c'était pas bien ? Tout ce que vous donnez, comme les maternelles, dès le colostrum à la maternité, c'est déjà du plus. Est-ce que c'est pas mieux d'être une maman qui se sent bien, épanouie, qui donne un biberon de temps en temps ? ou une maman qui allaite en pleurant. Et c'est juste de dézoomer, poser des questions ouvertes et de laisser les femmes se réapproprier leurs objectifs. Et se sentir mieux. Et juste leur dire que, vous savez, moi aussi, je suis une maman, et moi aussi, il y a des fois où j'en peux plus. Et j'ai beau avoir lu tous les livres de la Terre sur la parentalité, être à l'écoute, essayer d'être au maximum dans la bienveillance, il y a des fois où c'est difficile pour moi aussi. Et c'est normal, on a le droit de sentir que c'est difficile, on n'est pas infaillible. Et en général, ça apaise. Et on rentre dans des discussions qui sont intéressantes. Je crois qu'aujourd'hui, le soignant, il doit jouer un rôle de retrouver sa place de soignant, de prendre soin. C'est pas juste de dérouler des listes de médicaments, des listes d'examens à faire. Et malheureusement, le système fait que on n'a pas assez de temps. On doit avoir de plus en plus de patients. La Sécurité sociale, elle estime qu'un médecin généraliste, il doit avoir un patient toutes les 10 minutes pour pallier au manque de médecins, aux désarmés du coup et tout ça. C'est-à-dire 6 patients par heure. C'est énorme. C'est énorme. Et à ce rythme-là, on ne peut pas être humain. C'est trop difficile. On doit juste dire bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Parce que la médecine générale, c'est hyper vaste. ce serait grave de rater quelque chose, un diagnostic embêtant. Donc on doit tout scanner, c'est-à-dire prendre la carte vitale, ouvrir le dossier du patient, lui demander ses antécédents, pas trop lui demander comment ça va, parce que si ça ne va pas, on ne pourra pas avoir le temps de l'écouter. Et ok, vous toussez, on fait ça, on écoute, on élimine les choses graves, et puis merci, au revoir, et voilà. Et il n'y a plus d'humains dans le soin aujourd'hui en médecine générale, et c'est aussi... Enfin, il n'y a plus. Malheureusement, quand on est médecin en secteur 1, qu'on doit payer ses charges aussi, il faut en parler, on n'a pas trop le choix. Si on veut gagner sa vie correctement, on n'a pas beaucoup le choix que d'enchaîner. Moi, les raisons qui me poussent à faire de la gynéco et de la pédiatrie, c'est parce que c'est une autre façon de faire, c'est une autre relation. J'aime aussi être médecin de famille, je fais de la médecine générale. mais avec des patients que je connais, que je revois, avec un vrai suivi. La médecine générale d'urgence, heureusement que ça existe, et j'ai adoré être en stage aux urgences quand j'étais interne, mais c'est pas ce que j'aime dans ma pratique tous les jours. Moi j'aime voir les patients, les revoir, savoir qu'ils sont partis en vacances, qu'ils me le racontent, savoir que leur parent qui est hospitalisé va mieux. savoir que la petite astuce que j'ai donnée pour leur premier enfant qui vient d'avoir une petite sœur ou un petit frère, finalement elle a fonctionné. Que deux ou trois mois apr��s, on me fasse un retour sur le sommeil. C'est vraiment ce suivi-là qui me plaît énormément. Et d'ailleurs, ça me permet de... Je vois des patientes en gynéco, parfois pour leur première contraception. Là, je suis installée depuis... Depuis 5 ans à peu près. Et avant je remplaçais pendant 3 ans. Donc j'ai un recul suffisant pour avoir vu des patientes avec une contraception. Avoir stoppé leur contraception. Fait un bilan de pré-grossesse. Avoir suivi leur grossesse. Et les revoir avec leur bébé. Et les revoir pour l'allaitement. Et les revoir pour le terrible tout comme on dit. Même si moi je trouve que ça n'a rien de terrible et que c'est juste fabuleux. Mais voilà. Et de voir aussi la grossesse suivante. Et je trouve que c'est l'histoire de la vie et ça remet l'humain au centre. Et c'est des choses qui sont merveilleuses pour moi. Et voir un bébé grandir, le voir à la naissance à 8 jours, et le voir ensuite à 1 an, voir comment il a grandi, puis à 2 ans, les premiers mots, les phrases. Et puis c'est vraiment ce pourquoi je fais ce métier-là. Et je pense que pour faire évoluer la relation médecin-patient, médecin-patient, arrêter de mettre cette distance à tout prix, comme on a pu nous apprendre pendant les études, ce côté du médecin tout sachant, et du patient qui doit juste écouter, ce côté un peu paternaliste, même si dans les études, personnellement, moi j'avais des choses sur la relation médecin-malade. Mais je pense qu'il faudrait plus travailler ça, plutôt que de rentrer dans des détails de biochimie, biologie qui ne nous serviront à rien, parce que l'humain, prendre soin, c'est la base. Et le serment d'Hippocrate, c'est de ne pas nuire en premier lieu. Et dans la relation, quand on n'est pas dans l'empathie, malheureusement, il y a beaucoup de nuisances.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très intéressant d'avoir aussi le point de vue d'un médecin, parce que souvent, en tant que patient, on ne réalise pas tout ce qu'il y a derrière la consultation. On ne voit pas forcément la pression du rythme, les contraintes administratives, ou encore les attentes de la sécurité sociale en matière de temps de consultation. On peut avoir cette impression que parfois, tout est mécanique, alors qu'en réalité, vous devez souvent enchaîner les patients tout en gardant la qualité d'écoute et d'attention. Et ça, c'est une réalité dont on parle peu et qui mérite d'être entendue aussi. Et petit coucou à ma médecin qui, je l'adore. Y a-t-il dans ce contexte un moment en particulier au cabinet qui vous a marqué ou touché et que vous aimeriez partager avec nous ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup. J'ai aujourd'hui vu une patiente que je suis, qui est maman et qui a un fils de deux ans et demi, qui me dit régulièrement que son fils lui dit toujours qu'il est malade et qu'il doit venir voir docteur Chloé. Elle me dit souvent qu'il adore venir me voir. Je lui avais donné une astuce parce que les séparations étaient difficiles à un moment pour aller à la crèche. Je lui avais dit que si c'est difficile, peut-être que vous devriez dire à votre enfant que c'est difficile pour vous et que c'est lui qui va vous donner la force de pouvoir le laisser pour aller au travail. Je ne me rappelais plus avoir dit ça. Et tout à l'heure, je l'ai vu la maman en vidéo. pour elle, pour une ordonnance. Et puis elle m'a dit, au fait, ça a marché ce que vous m'avez dit. Ça marche très très bien. Et voilà, ça c'est des moments qui me remplissent de joie et qui me font plaisir parce que je ne me rappelle même pas des conseils que je donne au détour d'une consultation. Et quand je sais que ça fonctionne, c'est toujours super intéressant. Puis il y a aussi des fois où j'ai des patientes qui viennent dans une éco. en me disant, je suis venue parce que ma cousine, ma soeur, ma voisine, ma collègue m'a dit que vous étiez super. C'est des choses qui font du bien aussi. Une patiente qui avait peur de poser un stérilet, on a posé le stérilet. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait mettre comme musique pour poser le stérilet. Souvent, ça fait du bien d'être un peu concentrée sur la musique. C'est un moment sympa, même pour moi, c'est plus sympa. Et puis à la fin, quand on l'a posé, ça allait bien. Et je lui ai dit, mais bravo, vous avez été super. Il m'a dit, mais c'est vous, vous êtes incroyable. Et j'ai trouvé que c'était, voilà, c'est un échange humain qui fait du bien. C'est une reconnaissance. Et moi, ça m'anime d'avoir ces échanges-là qui sont au-delà de merci docteur, bonne journée.

  • Speaker #0

    Quel message aimeriez-vous laisser à celles et ceux qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que... pas de recette, que chacune fait du mieux qu'elle peut avec ce qu'elle a, qu'on a chacune une histoire, qu'on a chacune des croyances, des aspirations, des rêves, des rêves parfois un peu déçus, mais que l'important c'est d'essayer de toujours faire au mieux, d'essayer de se comprendre soi-même, de laisser une place à l'écoute, à l'auto-écoute, à l'écoute de ses propres besoins et de comprendre que s'il y a des choses qui nous Merci. qui ne fonctionne pas, c'est qu'il faut faire autrement. Et que parfois, on a besoin d'un accompagnement. Et que je pense que chacun devrait être accompagné par un thérapeute, par un psychologue. Parce qu'on a tous des blessures qui peuvent plus ou moins revenir un peu comme des fracas au moment de la parentalité ou à d'autres moments de la vie. Et je crois que ça peut être vraiment intéressant de se poser la question de OK. Là, je reparle de parentalité pardon c'est vraiment le sujet qui m'anime beaucoup mais là avec mon enfant je crie tout le temps et en fait ça marche pas mais pourquoi je crie ? pourquoi j'ai besoin de montrer mon autorité ? qu'est-ce qui se passe ? c'est quoi mon problème avec l'autorité, avec le respect ? qu'est-ce qui se passe dans ma propre histoire ? est-ce que je peux aller en parler à quelqu'un ? pourquoi j'ai peur que mon enfant se fasse toujours mal ? pourquoi j'arrive pas à me détendre ? pourquoi ? voilà, essayez de comprendre un peu ce qui fait que c'est difficile en ce moment, et de trouver une personne qui puisse être vraiment à l'écoute pour une thérapie. Et puis s'il y a des personnes qui sont intéressées par les coordonnées de mon mari thérapeute, je me ferai une joie de vous les laisser. Il a un compte Instagram, il s'appelle M. Harmony, et très honnêtement j'ai une confiance aveugle en lui, quand il y a des choses à régler qui sont assez profondes. Il ne faut pas les laisser s'enfouir parce que malheureusement, tôt ou tard, ça va souvent ressortir.

  • Speaker #0

    sous une autre forme. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir invitée sur ce podcast, Stéphanie.

  • Speaker #1

    Eh bien non, merci à vous, Chloé, d'avoir pris le temps de participer à cet épisode. Votre témoignage va, j'en suis sûre, aider de nombreuses personnes. Je mettrai en description le lien pour suivre le compte Instagram du docteur Haddad Halimi, plus connu sous le nom de DocMineker. Merci également à vous, chers auditeurs, pour votre écoute fidèle. Vous étiez sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. À très vite pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue dans États Dames, le podcast au cœur de votre santé.

Dans cet épisode, nous abordons un sujet que vivent de nombreuses femmes, souvent en silence : celui d’une grossesse sous haute surveillance médicale.

Entre la répétition des rendez-vous, les examens techniques, la peur du risque, l’angoisse de mal faire… la maternité peut parfois devenir un parcours du combattant, loin des images idéalisées.

Avec le Dr Haddad Halimi, médecin généraliste investie et à l’écoute, nous parlons d’émotions, de stress, de solitude, de surcharge mentale. Mais aussi de cette puissance que les femmes déploient pour rester présentes, pour leurs bébés… et pour elles-mêmes.

Dans cet échange, on revient sur :

  • La place du corps médical dans ces grossesses médicalisées

  • La nécessité d’une parole douce, d’un regard humain

  • L’importance d’un accompagnement global : physique, émotionnel, et psychologique

  • La pression d’être une mère « parfaite » dès la grossesse

Un épisode sincère, traversé par la voix d’une médecin qui replace l’écoute au centre.
Un espace pour celles qui traversent des grossesses difficiles… et pour ceux qui veulent mieux comprendre et accompagner.

🎧 À écouter sur toutes les plateformes.


Instagram


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Aujourd'hui, nous ouvrons un épisode très spécial aux côtés de Chloé, médecin généraliste formée à la gynécologie, à la pédiatrie, et très investie dans les questions de parentalité. Nous allons parler de soins humains, de confiance, d'écoute, et de toutes ces petites choses qui changent tout dans un cabinet médical. Bonjour Chloé, merci d'être avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie. Alors,

  • Speaker #0

    avant d'entrer dans le cœur du sujet, j'aimerais vous demander, qu'est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la médecine générale et plus précisément à vous former en gynécologie et en pédiatrie ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qui m'a amenée à faire du suivi gynécologique, c'est en réalité la dimension humaine. Alors, la gynécologie, c'est une discipline qui est très intéressante, qui peut m'aider en médecine, chirurgie. avec beaucoup de techniques aussi, donc il y a des gestes, il y a des actes, donc ça peut aussi changer du quotidien de médecine générale. Et ce qui, moi, m'a poussée à faire un deuxième diplôme universitaire autour de la gynécologie, c'est d'abord qu'il y a beaucoup de demandes parce qu'il n'y a plus beaucoup de gynéco, mais il n'y a plus non plus beaucoup de médecins généralistes. Tout devient un petit peu compliqué, et même en région parisienne. Mais ce qui m'a vraiment amenée à faire du suivi gynéco, c'est la dimension humaine. c'est de plus supporter avoir des femmes qui ont pris rendez-vous pour un frottis par exemple et qui au moment de l'examen, enfin juste avant, me disent « je dois vous dire que j'ai très peur parce que mon dernier frottis c'était il y a 8 ans par exemple et le gynéco m'avait pas prévenu » ou m'avait fait une réflexion parce que j'étais trop stressée. J'entends vraiment des choses tous les jours qui sont pour moi inconcevables. L'idée, ce n'est pas d'incriminer les autres médecins, pas du tout. Je pense que le système, malheureusement, a des limites et que parfois les médecins sont débordés à la chaîne et qu'ils peuvent en oublier le côté humain. Je pense aussi qu'il y a parfois des médecins qui sont sur-spécialisés dans des domaines, et heureusement qu'ils sont là, parce qu'il y a des choses très pointues, mais qui parfois, à force de faire de la gynéco toute la journée et des examens, oublient que derrière la vulve, le vagin, il y a une femme, et qui a une sensibilité, une histoire personnelle. Et c'est vraiment ce qui m'a amenée, moi, à faire dans ma pratique également de la gynéco. Et pour la pédiatrie ? Je peux vous dire la même chose pour la pédiatrie. J'adore les enfants, depuis toujours. Ça a toujours été comme ça. J'ai été chef scout, m'occuper d'enfants. J'ai toujours adoré avoir des bébés dans les bras, même quand moi-même j'étais petite. J'adore les enfants, mais j'aime aussi surtout la relation aux parents. pareil qui est très humaine et quand j'entends de la même façon des parents me raconter en fait notre pédiatre il nous a un peu engueulé parce qu'on faisait ci parce qu'on faisait ça je trouve que c'est pas acceptable en fait un médecin il peut pas prendre cette posture paternaliste qui existait auparavant parce que la société elle a muté parce que maintenant il ya des sources d'informations de partout et parce que chacun reprend des droits et c'est une bonne chose.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains patients peuvent encore se sentir comme des enfants face à un médecin perçu comme une figure d'autorité. Ils peuvent avoir peur d'être jugés, d'être réprimandés et ça peut les empêcher parfois de s'exprimer librement ou de poser toutes leurs questions. Malheureusement, il existe encore des professionnels de santé qui adoptent une posture paternaliste et ça... peut créer vraiment un véritable blocage dans la relation soignant-soigné. Après, je trouve heureusement, l'accès à Internet a fait évoluer les choses, même si ça comporte des risques avec la désinformation, l'anxiété que ça peut procurer. lorsque des recherches ne sont pas encadrées. Mais je trouve que ça a permis aussi à de nombreux patients de s'informer, de mieux comprendre leur état de santé, et surtout de prendre confiance pour formuler des questions ou exprimer des doutes. Et cette évolution... Et cette évolution peut vraiment enrichir la relation patient-médecin, à condition bien sûr qu'elle repose sur l'écoute et le dialogue, en construisant une alliance de soins plus équilibrée. Alors avec cette approche d'écoute et de co-construction que vous pratiquez, est-ce que vous avez remarqué que vos patients, patients, patientes, se sentent plus à l'aise pour parler de leur pathologie ? Est-ce que vous auriez un ou deux exemples à partager ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'accompagne des femmes qui me racontent des choses, qui parfois sont en colère, parfois peuvent être fatiguées aussi. Je peux voir des femmes qui vont avoir parfois des troubles au niveau des règles, ce qu'on appelle une aménorée, et que les médecins ne vont pas forcément explorer en disant « c'est dans la tête » . Enfin, avoir des conclusions qui peuvent être hâtives, même si parfois, effectivement, ça s'avère être lié à la psychologie. Mais je pense qu'il faut de toute façon prendre au sérieux toute plainte d'un patient, que ce soit en médecine générale, en gynéco, en pédiatrie, d'inquiétude parentale. Parce que quoi qu'il en soit, le moral psychologique ça compte et la prise en charge, ça fait partie de cette prise en charge. Et peut-être qu'en étant bien accompagné, s'il y avait quelque chose de psychologique, l'accompagnement va pouvoir régler ça. Le fait de faire quand même des examens sans en multiplier non plus, mais de dire ok, j'entends votre demande, j'entends votre crainte, donc on va essayer de comprendre et je vais vous expliquer ce que moi je peux vous expliquer, et bien ça change tout. Et moi je vois aussi avec les patientes, parfois elles ont vu un gynéco, deux gynéco, trois gynéco, et elles arrivent alors je ne vais rien dire. Les examens sont souvent très bien prescrits, très bien faits, au niveau des compétences. Je n'ai pas à juger quoi que ce soit, évidemment, et je ne juge rien de toute façon, mais c'est en fait juste de reprendre les choses avec elle et de leur dire, voilà, moi, il y a eu ça, ça et ça. Je pense à tel diagnostic, ce diagnostic-là. Peut-être qu'on vous en a parlé, par exemple, j'ai une patiente qui est venue tout à l'heure pour me dire, pendant des rapports, dans certaines positions, j'ai des douleurs, mais le reste du temps, non. J'ai pris le temps d'expliquer. qu'effectivement, il peut y avoir des douleurs pendant les rapports, que ça peut être positionnel et c'est le plus probable, mais que ça peut aussi être un signe d'endométriose. Et en fait, elle m'a dit, bah oui, j'ai peur d'avoir ça. Et je lui ai tout expliqué sur la pathologie de l'endométriose en lui expliquant pourquoi je ne pensais pas du tout à ça pour elle, mais qu'on allait quand même faire une échographie pour se rassurer. Et puis de là, elle m'a raconté d'autres choses, des rapports qui avaient été non protégés, des choses comme ça et des craintes qu'elle avait depuis plusieurs mois. et pour lesquelles elle n'avait pas consulté, parce que je pense qu'elle n'avait pas été en confiance.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on observe que beaucoup de patients hésitent à consulter, non pas parce qu'ils ne s'inquiètent pas de leur santé, mais parce qu'ils ont souvent cette impression qu'ils ne seront pas entendus ou pris au sérieux. Et certains finissent même par minimiser leurs symptômes en se disant « c'est pas si grave » ou « le médecin va penser que je dramatise » ou même « il va me dire que c'est dans ma tête » . Ce comportement, ça traduit vraiment un manque de confiance parfois lié. notamment des expériences passées où la parole du patient n'a pas été suffisamment accueillie, écoutée ou considérée. Et cette peur de ne pas être entendue peut créer une distance dans la relation de soin, voire retarder une prise en charge nécessaire. Que pensez-vous de cette situation ?

  • Speaker #1

    Si on ne peut pas aller chez le médecin pour déverser un peu ses craintes et pour pouvoir être en confiance, à qui on va en parler ? Est-ce que c'est derrière un ordinateur à faire des recherches ? On va se sentir aidé ? Je ne suis pas sûre, parce que malheureusement il y a tout et n'importe quoi sur Internet. Et que c'est un très bon outil, mais il faut savoir chercher. Et que parfois, il y a des raccourcis, douleurs, endométriose, stérilité, des choses qui n'ont pas de sens. Donc voilà, sans aucune nuance.

  • Speaker #0

    Vous êtes également formée à la parentalité, ce qui j'imagine demande une approche très individualisée, donc beaucoup d'écoute et d'adaptation au cas par cas.

  • Speaker #1

    Oui, je suis également formée à l'allaitement, à la parentalité, au sommeil. Mais ce n'est pas des choses qui sont techniques, en fait. Je ne vais jamais vous dire, voilà, j'ai une recette qui va faire dormir tous les bébés de la Terre. Si votre enfant, il vous frappe, il faut faire ci. Si votre enfant, il arrache les cheveux de sa sœur en chantant et en levant le petit doigt, alors c'est exactement cette marche à suivre. Il n'y a pas de recette toute faite en parentalité, par rapport au sommeil et même par rapport à l'allaitement. Parce qu'en fait, chaque allaitement va être différent, chaque enfant va être différent au niveau de la parentalité, le sommeil, chacun n'a pas les mêmes besoins de sommeil, chaque parent non plus. Chaque parent va décider ou pas de dormir avec son enfant et ça va être grave pour lui ou pas grave. Donc en fait, en fonction des objectifs et des attentes de chaque parent et des tempéraments de chaque enfant, c'est en s'adaptant que ça va aller. Moi, je fais des consultations de... d'allaitement. Et évidemment que je suis pro-allaitement, j'ai allaité, je trouve ça merveilleux, je trouve que la nature est bien faite, évidemment qu'il y a plein de bienfaits. Mais toutes les femmes qui viennent en consultation d'allaitement, ma première question, c'est « Ok, mais qu'est-ce que vous voulez faire ? C'est quoi votre projet d'allaitement ? Est-ce que vous voulez allaiter exclusivement ? Et même s'il y a des difficultés, je m'aligne avec vous et on va trouver des solutions. Est-ce qu'en fait, vous en avez hyper marre et vous vous dites juste que vous devez allaiter, mais vous n'y prenez aucun plaisir ? Et auquel cas, le lait artificiel, c'est une alternative et ce n'est pas nocif non plus, peut-être pas exagéré. » Ou est-ce que vous voulez faire du mixte ? Et c'est une question que je repose à chaque fois, parce que ça peut évoluer. Parce qu'on peut se dire, ok, j'abandonne, je me sens pas bien et je vais mettre du lait artificiel. Et puis finalement, la fois d'après, se dire, en fait, non, c'est pas ça que je veux, donc je veux m'accrocher. Et inversement. Ce qui est important, c'est de vraiment rentrer en relation avec les mères, avec les pères, dans leur chair, dans leur cœur, d'essayer de comprendre ce qu'elles attendent, les objectifs. Tout ce qui est important, tout ce qui a du sens, les croyances, les bonnes croyances, les fausses croyances, les craintes. Il y a vraiment énormément de choses dans une relation d'une personne à l'autre. Et dans ces domaines-là de parentalité, surtout, je trouve que, je disais ça à une patiente tout à l'heure qui passe par une dépression du postpartum, c'est que la parentalité, ça nous renvoie à notre propre enfant intérieur, ça nous ramène. notre propre enfance et que c'est parfois très difficile et que la parentalité ça touche tout le monde et que je peux aussi bien parler de parentalité avec des mamans et des papas qui ont des enfants en bas âge et forcément c'est leur quotidien qu'avec des patients à moi qui ont 65-66 ans et on va parler d'éducation et on va parler de comment c'était avant même s'ils n'ont pas d'enfants parce qu'on a tous été l'enfant de quelqu'un tous reçu une éducation, on a tous des moments, des événements qui nous ont marqués. Donc c'est des sujets qui sont importants et le relationnel, c'est la clé en fait. Que ce soit d'un parent avec son enfant, que ce soit d'un médecin avec son patient, que ce soit... Voilà, c'est la clé de tout d'être dans une relation de confiance, une relation apaisée, une relation d'écoute, d'empathie. Et c'est pas parce qu'on est dans l'écoute et dans l'empathie qu'en tant que médecin, on peut pas continuer à guider son patient. à garder son rôle de médecin, à garder une certaine distance. Alors après, ça sert à quelque chose, quelle distance on doit mettre ? Est-ce qu'être ému par une situation d'impatience est quelque chose qui est grave ? Moi, je ne crois pas, mais ça dépend de chacun aussi. Voilà, mais je crois que c'est très important de remettre l'humain au cœur de tout.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, certaines patientes sont amenées à vous confier des traumatismes à leur parcours médical ? Et si oui, à quel moment vous estimez qu'il est nécessaire de réorienter vers un autre professionnel de santé, par exemple, plus spécialisé ?

  • Speaker #1

    Il y a parfois des femmes en généco qui me parlent de traumatismes médicaux qui sont passés. sans forcément vraiment rentrer dans les détails, mais qui peuvent me dire en fin de consultation, merci parce que je ne voulais plus retourner chez le gynéco, j'avais une mauvaise expérience, et je me rends compte que je ne suis pas la seule, il y a plein de copines à moi qui sortent du gynéco en pleurant, et en fait là ça va, je suis en confiance, merci. Donc sans forcément me raconter des choses hyper brutales, mais qui qui en tout cas l'avaient ressenti à ce moment-là. Après, il y a aussi des femmes qui, en fin de consultation, que j'ai vues une fois, vont se sentir à l'aise pour me parler de violences sexuelles, même d'inceste, de choses comme ça. Et la première chose que je fais après ça, c'est de les remercier de s'être confiées. Parce que ce n'est pas évident, et parfois elles gardent ça en elles pendant des années, depuis toujours. Et quand elles sont prêtes à se sentir bien pour aller déposer ça, Je les remercie et je les oriente. Il se trouve que j'ai un mari qui est thérapeute et qui fait de l'EMDR, de l'hypnose, de la sophrologie. Et c'est des outils qui sont fabuleux, de la PNL aussi. Ce sont des outils qui sont fabuleux. Et je sais que ces femmes-là, elles vont être entre de bonnes mains pour se sentir mieux. D'ailleurs, la plupart me remercient après, enfin toutes en réalité, quand elles passent le pas. Donc voilà, je... C'est bien aussi d'avoir des bons contacts pour pouvoir aller au-delà quand ça me dépasse et quand moi je n'ai pas de technique, si ce n'est l'écoute empathique, mais de pouvoir passer la main, c'est intéressant et c'est enrichissant pour les patientes.

  • Speaker #0

    Vous tenez un compte Instagram sur lequel vous dénoncez d'une certaine manière les injonctions autour de la parentalité ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche et ce que vous cherchez à transmettre à travers vos publications ?

  • Speaker #1

    Je parle souvent, c'est vrai, je parle souvent dans mes posts des injonctions. Et c'est vrai que mon compte Instagram de Doc Miniqueur, il était pour arrêter toutes les injonctions autour de la parentalité, de ton enfant doit dormir dans son lit, non, ton enfant doit rester avec toi dans sa chambre jusqu'à six mois. Alors oui, ça, c'est une recommandation. Il y a des recommandations, mais ça reste jamais des injonctions. Parce que les personnes qui vivent sous le toit de vos enfants, c'est vous. c'est les parents et que les personnes qui vont gérer au quotidien les enfants, ce n'est pas les personnes qui font des bonnes injonctions de « il faut faire comme ci, il faut faire comme ça » , « il faut que l'enfant mange à l'heure fixe » , « il ne faut jamais mettre un enfant devant un écran » , « il ne faut surtout pas laisser un enfant pleurer » , « non, en fait, il faut le laisser pleurer » , « il faut être autoritaire avec son enfant pour qu'il comprenne qui est le parent » , « non, en fait, il ne faut jamais dire non à un enfant » . On devient fou à écouter tout ça. Et on ne peut pas être parfait sur tous les plans. Il y a un poste à moi qui dit forcément tes enfants, éducation positive, tes enfants sont à l'école Montessori, tu manges bio, tu fais du yoga. C'est un peu la caricature de la mère parfaite qu'on dit parfaite dans cette société. C'est impossible en fait. On est dans un monde qui est un monde de performance. Et on ne peut pas être bon dans tous les domaines. On ne peut pas être une super épouse, être une super copine pour partir en week-end, être là pour ses enfants. faire des bons scores au travail, tout en étant toujours pomponné, maquillé, velle, avec les ongles faits. Non, ce n'est pas possible. Ou alors, il faudrait quatre vies. Donc, je crois que le plus important, c'est d'expliquer aux femmes, alors on parle beaucoup de femmes, mais je pense que ça marche aussi pour les hommes, mais c'est d'expliquer que, oh, ce n'est pas possible, il faut choisir ses batailles. Et peut-être qu'aujourd'hui, la bataille, quand on vient d'accoucher, c'est d'être collé à son bébé. L'avoir dans les bras, même s'il y a une injonction qui va dire « Attention, il va s'habituer à tes bras » . Ou alors, si à ce moment-là, on n'en peut plus, on a besoin d'autre chose, c'est de laisser son enfant à quelqu'un d'autre, à une nourrice, à la crèche, au papa, et de pouvoir aller se faire les ongles. Mais en fait, on ne peut pas tout gérer. Il faut juste savoir reconnaître son besoin, s'écouter, trouver un équilibre. La fatigue d'avoir des enfants. La fatigue physique, elle est là, c'est normal. Mais ce qui est important, c'est de ne pas avoir de grande fatigue morale. Et moi, pendant les consultations, quand je vois les enfants, le suivi des nourrissons tous les mois, je demande aux parents, ok, vous êtes fatigué, vous ne dormez pas beaucoup, c'est normal. Mais moralement, comment ça va ? Et quand on me dit, c'est difficile, est-ce que vous voulez qu'on se revoie pour en parler seul ? Qu'est-ce qui est difficile ? Avoir cet espace de parole-là... parce que la dépression du postpartum, c'est quelque chose qui existe. Ça touche 15 à 20% des femmes, et ça peut souvent se déclarer autour de 6 semaines du postpartum. Donc c'est pas tout de suite, parce qu'on est chamboulé par les hormones de l'accouchement, il peut y avoir un baby blues et tout ça, mais ça peut être un peu à retardement. Et très souvent, on est entouré, les deux premières semaines, les mamans qui viennent à la maison, ou les papas qui peuvent prendre leur congé paternité, ce qui est quand même déjà super. mais les amis qui viennent, la famille, au bout d'un moment chacun reprend sa vie et on se retrouve seul avec ce bébé. Et ça peut être difficile donc c'est très important que les professionnels de santé qui voilent l'enfant, parce que la mère elle se met souvent de côté, puissent s'occuper de l'état de santé mentale de la mère et de pouvoir prévenir justement une dépression du post-partum et de pouvoir trouver des solutions avec la maman. Si on sent, et avec le papa ça marche aussi, si on sent que là il y a quelque chose qui ne va pas. Que ce soit d'un point de vue du sommeil, si c'est trop compliqué, comment on peut faire ? Que ce soit d'un point de vue de l'allaitement, si en fait l'allaitement ça épuise, peut-être mettre des biberons, qu'est-ce que ça vous fait si on fait ça ? Comment vous le gérez ? Ce n'est pas d'aller dire, votre allaitement ça vous fatigue, on arrête l'allaitement. Pas du tout. C'est de dire, là l'allaitement c'est fatigant. Est-ce que c'est quelque chose qui vous fatigue beaucoup ? Est-ce que vous en pouvez plus ? Est-ce que donner des biberons, ça serait vraiment grave pour vous ? Ou est-ce qu'en fait, finalement, ça va ? Et ça arrive très fréquemment que les patientes me répondent « Mais si je donne un biberon, c'est pas bien. » Mais pourquoi c'est pas bien ? Qui a dit que c'était pas bien ? Tout ce que vous donnez, comme les maternelles, dès le colostrum à la maternité, c'est déjà du plus. Est-ce que c'est pas mieux d'être une maman qui se sent bien, épanouie, qui donne un biberon de temps en temps ? ou une maman qui allaite en pleurant. Et c'est juste de dézoomer, poser des questions ouvertes et de laisser les femmes se réapproprier leurs objectifs. Et se sentir mieux. Et juste leur dire que, vous savez, moi aussi, je suis une maman, et moi aussi, il y a des fois où j'en peux plus. Et j'ai beau avoir lu tous les livres de la Terre sur la parentalité, être à l'écoute, essayer d'être au maximum dans la bienveillance, il y a des fois où c'est difficile pour moi aussi. Et c'est normal, on a le droit de sentir que c'est difficile, on n'est pas infaillible. Et en général, ça apaise. Et on rentre dans des discussions qui sont intéressantes. Je crois qu'aujourd'hui, le soignant, il doit jouer un rôle de retrouver sa place de soignant, de prendre soin. C'est pas juste de dérouler des listes de médicaments, des listes d'examens à faire. Et malheureusement, le système fait que on n'a pas assez de temps. On doit avoir de plus en plus de patients. La Sécurité sociale, elle estime qu'un médecin généraliste, il doit avoir un patient toutes les 10 minutes pour pallier au manque de médecins, aux désarmés du coup et tout ça. C'est-à-dire 6 patients par heure. C'est énorme. C'est énorme. Et à ce rythme-là, on ne peut pas être humain. C'est trop difficile. On doit juste dire bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Parce que la médecine générale, c'est hyper vaste. ce serait grave de rater quelque chose, un diagnostic embêtant. Donc on doit tout scanner, c'est-à-dire prendre la carte vitale, ouvrir le dossier du patient, lui demander ses antécédents, pas trop lui demander comment ça va, parce que si ça ne va pas, on ne pourra pas avoir le temps de l'écouter. Et ok, vous toussez, on fait ça, on écoute, on élimine les choses graves, et puis merci, au revoir, et voilà. Et il n'y a plus d'humains dans le soin aujourd'hui en médecine générale, et c'est aussi... Enfin, il n'y a plus. Malheureusement, quand on est médecin en secteur 1, qu'on doit payer ses charges aussi, il faut en parler, on n'a pas trop le choix. Si on veut gagner sa vie correctement, on n'a pas beaucoup le choix que d'enchaîner. Moi, les raisons qui me poussent à faire de la gynéco et de la pédiatrie, c'est parce que c'est une autre façon de faire, c'est une autre relation. J'aime aussi être médecin de famille, je fais de la médecine générale. mais avec des patients que je connais, que je revois, avec un vrai suivi. La médecine générale d'urgence, heureusement que ça existe, et j'ai adoré être en stage aux urgences quand j'étais interne, mais c'est pas ce que j'aime dans ma pratique tous les jours. Moi j'aime voir les patients, les revoir, savoir qu'ils sont partis en vacances, qu'ils me le racontent, savoir que leur parent qui est hospitalisé va mieux. savoir que la petite astuce que j'ai donnée pour leur premier enfant qui vient d'avoir une petite sœur ou un petit frère, finalement elle a fonctionné. Que deux ou trois mois apr��s, on me fasse un retour sur le sommeil. C'est vraiment ce suivi-là qui me plaît énormément. Et d'ailleurs, ça me permet de... Je vois des patientes en gynéco, parfois pour leur première contraception. Là, je suis installée depuis... Depuis 5 ans à peu près. Et avant je remplaçais pendant 3 ans. Donc j'ai un recul suffisant pour avoir vu des patientes avec une contraception. Avoir stoppé leur contraception. Fait un bilan de pré-grossesse. Avoir suivi leur grossesse. Et les revoir avec leur bébé. Et les revoir pour l'allaitement. Et les revoir pour le terrible tout comme on dit. Même si moi je trouve que ça n'a rien de terrible et que c'est juste fabuleux. Mais voilà. Et de voir aussi la grossesse suivante. Et je trouve que c'est l'histoire de la vie et ça remet l'humain au centre. Et c'est des choses qui sont merveilleuses pour moi. Et voir un bébé grandir, le voir à la naissance à 8 jours, et le voir ensuite à 1 an, voir comment il a grandi, puis à 2 ans, les premiers mots, les phrases. Et puis c'est vraiment ce pourquoi je fais ce métier-là. Et je pense que pour faire évoluer la relation médecin-patient, médecin-patient, arrêter de mettre cette distance à tout prix, comme on a pu nous apprendre pendant les études, ce côté du médecin tout sachant, et du patient qui doit juste écouter, ce côté un peu paternaliste, même si dans les études, personnellement, moi j'avais des choses sur la relation médecin-malade. Mais je pense qu'il faudrait plus travailler ça, plutôt que de rentrer dans des détails de biochimie, biologie qui ne nous serviront à rien, parce que l'humain, prendre soin, c'est la base. Et le serment d'Hippocrate, c'est de ne pas nuire en premier lieu. Et dans la relation, quand on n'est pas dans l'empathie, malheureusement, il y a beaucoup de nuisances.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très intéressant d'avoir aussi le point de vue d'un médecin, parce que souvent, en tant que patient, on ne réalise pas tout ce qu'il y a derrière la consultation. On ne voit pas forcément la pression du rythme, les contraintes administratives, ou encore les attentes de la sécurité sociale en matière de temps de consultation. On peut avoir cette impression que parfois, tout est mécanique, alors qu'en réalité, vous devez souvent enchaîner les patients tout en gardant la qualité d'écoute et d'attention. Et ça, c'est une réalité dont on parle peu et qui mérite d'être entendue aussi. Et petit coucou à ma médecin qui, je l'adore. Y a-t-il dans ce contexte un moment en particulier au cabinet qui vous a marqué ou touché et que vous aimeriez partager avec nous ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup. J'ai aujourd'hui vu une patiente que je suis, qui est maman et qui a un fils de deux ans et demi, qui me dit régulièrement que son fils lui dit toujours qu'il est malade et qu'il doit venir voir docteur Chloé. Elle me dit souvent qu'il adore venir me voir. Je lui avais donné une astuce parce que les séparations étaient difficiles à un moment pour aller à la crèche. Je lui avais dit que si c'est difficile, peut-être que vous devriez dire à votre enfant que c'est difficile pour vous et que c'est lui qui va vous donner la force de pouvoir le laisser pour aller au travail. Je ne me rappelais plus avoir dit ça. Et tout à l'heure, je l'ai vu la maman en vidéo. pour elle, pour une ordonnance. Et puis elle m'a dit, au fait, ça a marché ce que vous m'avez dit. Ça marche très très bien. Et voilà, ça c'est des moments qui me remplissent de joie et qui me font plaisir parce que je ne me rappelle même pas des conseils que je donne au détour d'une consultation. Et quand je sais que ça fonctionne, c'est toujours super intéressant. Puis il y a aussi des fois où j'ai des patientes qui viennent dans une éco. en me disant, je suis venue parce que ma cousine, ma soeur, ma voisine, ma collègue m'a dit que vous étiez super. C'est des choses qui font du bien aussi. Une patiente qui avait peur de poser un stérilet, on a posé le stérilet. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait mettre comme musique pour poser le stérilet. Souvent, ça fait du bien d'être un peu concentrée sur la musique. C'est un moment sympa, même pour moi, c'est plus sympa. Et puis à la fin, quand on l'a posé, ça allait bien. Et je lui ai dit, mais bravo, vous avez été super. Il m'a dit, mais c'est vous, vous êtes incroyable. Et j'ai trouvé que c'était, voilà, c'est un échange humain qui fait du bien. C'est une reconnaissance. Et moi, ça m'anime d'avoir ces échanges-là qui sont au-delà de merci docteur, bonne journée.

  • Speaker #0

    Quel message aimeriez-vous laisser à celles et ceux qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que... pas de recette, que chacune fait du mieux qu'elle peut avec ce qu'elle a, qu'on a chacune une histoire, qu'on a chacune des croyances, des aspirations, des rêves, des rêves parfois un peu déçus, mais que l'important c'est d'essayer de toujours faire au mieux, d'essayer de se comprendre soi-même, de laisser une place à l'écoute, à l'auto-écoute, à l'écoute de ses propres besoins et de comprendre que s'il y a des choses qui nous Merci. qui ne fonctionne pas, c'est qu'il faut faire autrement. Et que parfois, on a besoin d'un accompagnement. Et que je pense que chacun devrait être accompagné par un thérapeute, par un psychologue. Parce qu'on a tous des blessures qui peuvent plus ou moins revenir un peu comme des fracas au moment de la parentalité ou à d'autres moments de la vie. Et je crois que ça peut être vraiment intéressant de se poser la question de OK. Là, je reparle de parentalité pardon c'est vraiment le sujet qui m'anime beaucoup mais là avec mon enfant je crie tout le temps et en fait ça marche pas mais pourquoi je crie ? pourquoi j'ai besoin de montrer mon autorité ? qu'est-ce qui se passe ? c'est quoi mon problème avec l'autorité, avec le respect ? qu'est-ce qui se passe dans ma propre histoire ? est-ce que je peux aller en parler à quelqu'un ? pourquoi j'ai peur que mon enfant se fasse toujours mal ? pourquoi j'arrive pas à me détendre ? pourquoi ? voilà, essayez de comprendre un peu ce qui fait que c'est difficile en ce moment, et de trouver une personne qui puisse être vraiment à l'écoute pour une thérapie. Et puis s'il y a des personnes qui sont intéressées par les coordonnées de mon mari thérapeute, je me ferai une joie de vous les laisser. Il a un compte Instagram, il s'appelle M. Harmony, et très honnêtement j'ai une confiance aveugle en lui, quand il y a des choses à régler qui sont assez profondes. Il ne faut pas les laisser s'enfouir parce que malheureusement, tôt ou tard, ça va souvent ressortir.

  • Speaker #0

    sous une autre forme. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir invitée sur ce podcast, Stéphanie.

  • Speaker #1

    Eh bien non, merci à vous, Chloé, d'avoir pris le temps de participer à cet épisode. Votre témoignage va, j'en suis sûre, aider de nombreuses personnes. Je mettrai en description le lien pour suivre le compte Instagram du docteur Haddad Halimi, plus connu sous le nom de DocMineker. Merci également à vous, chers auditeurs, pour votre écoute fidèle. Vous étiez sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. À très vite pour un prochain épisode.

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Description

Bienvenue dans États Dames, le podcast au cœur de votre santé.

Dans cet épisode, nous abordons un sujet que vivent de nombreuses femmes, souvent en silence : celui d’une grossesse sous haute surveillance médicale.

Entre la répétition des rendez-vous, les examens techniques, la peur du risque, l’angoisse de mal faire… la maternité peut parfois devenir un parcours du combattant, loin des images idéalisées.

Avec le Dr Haddad Halimi, médecin généraliste investie et à l’écoute, nous parlons d’émotions, de stress, de solitude, de surcharge mentale. Mais aussi de cette puissance que les femmes déploient pour rester présentes, pour leurs bébés… et pour elles-mêmes.

Dans cet échange, on revient sur :

  • La place du corps médical dans ces grossesses médicalisées

  • La nécessité d’une parole douce, d’un regard humain

  • L’importance d’un accompagnement global : physique, émotionnel, et psychologique

  • La pression d’être une mère « parfaite » dès la grossesse

Un épisode sincère, traversé par la voix d’une médecin qui replace l’écoute au centre.
Un espace pour celles qui traversent des grossesses difficiles… et pour ceux qui veulent mieux comprendre et accompagner.

🎧 À écouter sur toutes les plateformes.


Instagram


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Aujourd'hui, nous ouvrons un épisode très spécial aux côtés de Chloé, médecin généraliste formée à la gynécologie, à la pédiatrie, et très investie dans les questions de parentalité. Nous allons parler de soins humains, de confiance, d'écoute, et de toutes ces petites choses qui changent tout dans un cabinet médical. Bonjour Chloé, merci d'être avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie. Alors,

  • Speaker #0

    avant d'entrer dans le cœur du sujet, j'aimerais vous demander, qu'est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la médecine générale et plus précisément à vous former en gynécologie et en pédiatrie ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qui m'a amenée à faire du suivi gynécologique, c'est en réalité la dimension humaine. Alors, la gynécologie, c'est une discipline qui est très intéressante, qui peut m'aider en médecine, chirurgie. avec beaucoup de techniques aussi, donc il y a des gestes, il y a des actes, donc ça peut aussi changer du quotidien de médecine générale. Et ce qui, moi, m'a poussée à faire un deuxième diplôme universitaire autour de la gynécologie, c'est d'abord qu'il y a beaucoup de demandes parce qu'il n'y a plus beaucoup de gynéco, mais il n'y a plus non plus beaucoup de médecins généralistes. Tout devient un petit peu compliqué, et même en région parisienne. Mais ce qui m'a vraiment amenée à faire du suivi gynéco, c'est la dimension humaine. c'est de plus supporter avoir des femmes qui ont pris rendez-vous pour un frottis par exemple et qui au moment de l'examen, enfin juste avant, me disent « je dois vous dire que j'ai très peur parce que mon dernier frottis c'était il y a 8 ans par exemple et le gynéco m'avait pas prévenu » ou m'avait fait une réflexion parce que j'étais trop stressée. J'entends vraiment des choses tous les jours qui sont pour moi inconcevables. L'idée, ce n'est pas d'incriminer les autres médecins, pas du tout. Je pense que le système, malheureusement, a des limites et que parfois les médecins sont débordés à la chaîne et qu'ils peuvent en oublier le côté humain. Je pense aussi qu'il y a parfois des médecins qui sont sur-spécialisés dans des domaines, et heureusement qu'ils sont là, parce qu'il y a des choses très pointues, mais qui parfois, à force de faire de la gynéco toute la journée et des examens, oublient que derrière la vulve, le vagin, il y a une femme, et qui a une sensibilité, une histoire personnelle. Et c'est vraiment ce qui m'a amenée, moi, à faire dans ma pratique également de la gynéco. Et pour la pédiatrie ? Je peux vous dire la même chose pour la pédiatrie. J'adore les enfants, depuis toujours. Ça a toujours été comme ça. J'ai été chef scout, m'occuper d'enfants. J'ai toujours adoré avoir des bébés dans les bras, même quand moi-même j'étais petite. J'adore les enfants, mais j'aime aussi surtout la relation aux parents. pareil qui est très humaine et quand j'entends de la même façon des parents me raconter en fait notre pédiatre il nous a un peu engueulé parce qu'on faisait ci parce qu'on faisait ça je trouve que c'est pas acceptable en fait un médecin il peut pas prendre cette posture paternaliste qui existait auparavant parce que la société elle a muté parce que maintenant il ya des sources d'informations de partout et parce que chacun reprend des droits et c'est une bonne chose.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains patients peuvent encore se sentir comme des enfants face à un médecin perçu comme une figure d'autorité. Ils peuvent avoir peur d'être jugés, d'être réprimandés et ça peut les empêcher parfois de s'exprimer librement ou de poser toutes leurs questions. Malheureusement, il existe encore des professionnels de santé qui adoptent une posture paternaliste et ça... peut créer vraiment un véritable blocage dans la relation soignant-soigné. Après, je trouve heureusement, l'accès à Internet a fait évoluer les choses, même si ça comporte des risques avec la désinformation, l'anxiété que ça peut procurer. lorsque des recherches ne sont pas encadrées. Mais je trouve que ça a permis aussi à de nombreux patients de s'informer, de mieux comprendre leur état de santé, et surtout de prendre confiance pour formuler des questions ou exprimer des doutes. Et cette évolution... Et cette évolution peut vraiment enrichir la relation patient-médecin, à condition bien sûr qu'elle repose sur l'écoute et le dialogue, en construisant une alliance de soins plus équilibrée. Alors avec cette approche d'écoute et de co-construction que vous pratiquez, est-ce que vous avez remarqué que vos patients, patients, patientes, se sentent plus à l'aise pour parler de leur pathologie ? Est-ce que vous auriez un ou deux exemples à partager ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'accompagne des femmes qui me racontent des choses, qui parfois sont en colère, parfois peuvent être fatiguées aussi. Je peux voir des femmes qui vont avoir parfois des troubles au niveau des règles, ce qu'on appelle une aménorée, et que les médecins ne vont pas forcément explorer en disant « c'est dans la tête » . Enfin, avoir des conclusions qui peuvent être hâtives, même si parfois, effectivement, ça s'avère être lié à la psychologie. Mais je pense qu'il faut de toute façon prendre au sérieux toute plainte d'un patient, que ce soit en médecine générale, en gynéco, en pédiatrie, d'inquiétude parentale. Parce que quoi qu'il en soit, le moral psychologique ça compte et la prise en charge, ça fait partie de cette prise en charge. Et peut-être qu'en étant bien accompagné, s'il y avait quelque chose de psychologique, l'accompagnement va pouvoir régler ça. Le fait de faire quand même des examens sans en multiplier non plus, mais de dire ok, j'entends votre demande, j'entends votre crainte, donc on va essayer de comprendre et je vais vous expliquer ce que moi je peux vous expliquer, et bien ça change tout. Et moi je vois aussi avec les patientes, parfois elles ont vu un gynéco, deux gynéco, trois gynéco, et elles arrivent alors je ne vais rien dire. Les examens sont souvent très bien prescrits, très bien faits, au niveau des compétences. Je n'ai pas à juger quoi que ce soit, évidemment, et je ne juge rien de toute façon, mais c'est en fait juste de reprendre les choses avec elle et de leur dire, voilà, moi, il y a eu ça, ça et ça. Je pense à tel diagnostic, ce diagnostic-là. Peut-être qu'on vous en a parlé, par exemple, j'ai une patiente qui est venue tout à l'heure pour me dire, pendant des rapports, dans certaines positions, j'ai des douleurs, mais le reste du temps, non. J'ai pris le temps d'expliquer. qu'effectivement, il peut y avoir des douleurs pendant les rapports, que ça peut être positionnel et c'est le plus probable, mais que ça peut aussi être un signe d'endométriose. Et en fait, elle m'a dit, bah oui, j'ai peur d'avoir ça. Et je lui ai tout expliqué sur la pathologie de l'endométriose en lui expliquant pourquoi je ne pensais pas du tout à ça pour elle, mais qu'on allait quand même faire une échographie pour se rassurer. Et puis de là, elle m'a raconté d'autres choses, des rapports qui avaient été non protégés, des choses comme ça et des craintes qu'elle avait depuis plusieurs mois. et pour lesquelles elle n'avait pas consulté, parce que je pense qu'elle n'avait pas été en confiance.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on observe que beaucoup de patients hésitent à consulter, non pas parce qu'ils ne s'inquiètent pas de leur santé, mais parce qu'ils ont souvent cette impression qu'ils ne seront pas entendus ou pris au sérieux. Et certains finissent même par minimiser leurs symptômes en se disant « c'est pas si grave » ou « le médecin va penser que je dramatise » ou même « il va me dire que c'est dans ma tête » . Ce comportement, ça traduit vraiment un manque de confiance parfois lié. notamment des expériences passées où la parole du patient n'a pas été suffisamment accueillie, écoutée ou considérée. Et cette peur de ne pas être entendue peut créer une distance dans la relation de soin, voire retarder une prise en charge nécessaire. Que pensez-vous de cette situation ?

  • Speaker #1

    Si on ne peut pas aller chez le médecin pour déverser un peu ses craintes et pour pouvoir être en confiance, à qui on va en parler ? Est-ce que c'est derrière un ordinateur à faire des recherches ? On va se sentir aidé ? Je ne suis pas sûre, parce que malheureusement il y a tout et n'importe quoi sur Internet. Et que c'est un très bon outil, mais il faut savoir chercher. Et que parfois, il y a des raccourcis, douleurs, endométriose, stérilité, des choses qui n'ont pas de sens. Donc voilà, sans aucune nuance.

  • Speaker #0

    Vous êtes également formée à la parentalité, ce qui j'imagine demande une approche très individualisée, donc beaucoup d'écoute et d'adaptation au cas par cas.

  • Speaker #1

    Oui, je suis également formée à l'allaitement, à la parentalité, au sommeil. Mais ce n'est pas des choses qui sont techniques, en fait. Je ne vais jamais vous dire, voilà, j'ai une recette qui va faire dormir tous les bébés de la Terre. Si votre enfant, il vous frappe, il faut faire ci. Si votre enfant, il arrache les cheveux de sa sœur en chantant et en levant le petit doigt, alors c'est exactement cette marche à suivre. Il n'y a pas de recette toute faite en parentalité, par rapport au sommeil et même par rapport à l'allaitement. Parce qu'en fait, chaque allaitement va être différent, chaque enfant va être différent au niveau de la parentalité, le sommeil, chacun n'a pas les mêmes besoins de sommeil, chaque parent non plus. Chaque parent va décider ou pas de dormir avec son enfant et ça va être grave pour lui ou pas grave. Donc en fait, en fonction des objectifs et des attentes de chaque parent et des tempéraments de chaque enfant, c'est en s'adaptant que ça va aller. Moi, je fais des consultations de... d'allaitement. Et évidemment que je suis pro-allaitement, j'ai allaité, je trouve ça merveilleux, je trouve que la nature est bien faite, évidemment qu'il y a plein de bienfaits. Mais toutes les femmes qui viennent en consultation d'allaitement, ma première question, c'est « Ok, mais qu'est-ce que vous voulez faire ? C'est quoi votre projet d'allaitement ? Est-ce que vous voulez allaiter exclusivement ? Et même s'il y a des difficultés, je m'aligne avec vous et on va trouver des solutions. Est-ce qu'en fait, vous en avez hyper marre et vous vous dites juste que vous devez allaiter, mais vous n'y prenez aucun plaisir ? Et auquel cas, le lait artificiel, c'est une alternative et ce n'est pas nocif non plus, peut-être pas exagéré. » Ou est-ce que vous voulez faire du mixte ? Et c'est une question que je repose à chaque fois, parce que ça peut évoluer. Parce qu'on peut se dire, ok, j'abandonne, je me sens pas bien et je vais mettre du lait artificiel. Et puis finalement, la fois d'après, se dire, en fait, non, c'est pas ça que je veux, donc je veux m'accrocher. Et inversement. Ce qui est important, c'est de vraiment rentrer en relation avec les mères, avec les pères, dans leur chair, dans leur cœur, d'essayer de comprendre ce qu'elles attendent, les objectifs. Tout ce qui est important, tout ce qui a du sens, les croyances, les bonnes croyances, les fausses croyances, les craintes. Il y a vraiment énormément de choses dans une relation d'une personne à l'autre. Et dans ces domaines-là de parentalité, surtout, je trouve que, je disais ça à une patiente tout à l'heure qui passe par une dépression du postpartum, c'est que la parentalité, ça nous renvoie à notre propre enfant intérieur, ça nous ramène. notre propre enfance et que c'est parfois très difficile et que la parentalité ça touche tout le monde et que je peux aussi bien parler de parentalité avec des mamans et des papas qui ont des enfants en bas âge et forcément c'est leur quotidien qu'avec des patients à moi qui ont 65-66 ans et on va parler d'éducation et on va parler de comment c'était avant même s'ils n'ont pas d'enfants parce qu'on a tous été l'enfant de quelqu'un tous reçu une éducation, on a tous des moments, des événements qui nous ont marqués. Donc c'est des sujets qui sont importants et le relationnel, c'est la clé en fait. Que ce soit d'un parent avec son enfant, que ce soit d'un médecin avec son patient, que ce soit... Voilà, c'est la clé de tout d'être dans une relation de confiance, une relation apaisée, une relation d'écoute, d'empathie. Et c'est pas parce qu'on est dans l'écoute et dans l'empathie qu'en tant que médecin, on peut pas continuer à guider son patient. à garder son rôle de médecin, à garder une certaine distance. Alors après, ça sert à quelque chose, quelle distance on doit mettre ? Est-ce qu'être ému par une situation d'impatience est quelque chose qui est grave ? Moi, je ne crois pas, mais ça dépend de chacun aussi. Voilà, mais je crois que c'est très important de remettre l'humain au cœur de tout.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, certaines patientes sont amenées à vous confier des traumatismes à leur parcours médical ? Et si oui, à quel moment vous estimez qu'il est nécessaire de réorienter vers un autre professionnel de santé, par exemple, plus spécialisé ?

  • Speaker #1

    Il y a parfois des femmes en généco qui me parlent de traumatismes médicaux qui sont passés. sans forcément vraiment rentrer dans les détails, mais qui peuvent me dire en fin de consultation, merci parce que je ne voulais plus retourner chez le gynéco, j'avais une mauvaise expérience, et je me rends compte que je ne suis pas la seule, il y a plein de copines à moi qui sortent du gynéco en pleurant, et en fait là ça va, je suis en confiance, merci. Donc sans forcément me raconter des choses hyper brutales, mais qui qui en tout cas l'avaient ressenti à ce moment-là. Après, il y a aussi des femmes qui, en fin de consultation, que j'ai vues une fois, vont se sentir à l'aise pour me parler de violences sexuelles, même d'inceste, de choses comme ça. Et la première chose que je fais après ça, c'est de les remercier de s'être confiées. Parce que ce n'est pas évident, et parfois elles gardent ça en elles pendant des années, depuis toujours. Et quand elles sont prêtes à se sentir bien pour aller déposer ça, Je les remercie et je les oriente. Il se trouve que j'ai un mari qui est thérapeute et qui fait de l'EMDR, de l'hypnose, de la sophrologie. Et c'est des outils qui sont fabuleux, de la PNL aussi. Ce sont des outils qui sont fabuleux. Et je sais que ces femmes-là, elles vont être entre de bonnes mains pour se sentir mieux. D'ailleurs, la plupart me remercient après, enfin toutes en réalité, quand elles passent le pas. Donc voilà, je... C'est bien aussi d'avoir des bons contacts pour pouvoir aller au-delà quand ça me dépasse et quand moi je n'ai pas de technique, si ce n'est l'écoute empathique, mais de pouvoir passer la main, c'est intéressant et c'est enrichissant pour les patientes.

  • Speaker #0

    Vous tenez un compte Instagram sur lequel vous dénoncez d'une certaine manière les injonctions autour de la parentalité ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche et ce que vous cherchez à transmettre à travers vos publications ?

  • Speaker #1

    Je parle souvent, c'est vrai, je parle souvent dans mes posts des injonctions. Et c'est vrai que mon compte Instagram de Doc Miniqueur, il était pour arrêter toutes les injonctions autour de la parentalité, de ton enfant doit dormir dans son lit, non, ton enfant doit rester avec toi dans sa chambre jusqu'à six mois. Alors oui, ça, c'est une recommandation. Il y a des recommandations, mais ça reste jamais des injonctions. Parce que les personnes qui vivent sous le toit de vos enfants, c'est vous. c'est les parents et que les personnes qui vont gérer au quotidien les enfants, ce n'est pas les personnes qui font des bonnes injonctions de « il faut faire comme ci, il faut faire comme ça » , « il faut que l'enfant mange à l'heure fixe » , « il ne faut jamais mettre un enfant devant un écran » , « il ne faut surtout pas laisser un enfant pleurer » , « non, en fait, il faut le laisser pleurer » , « il faut être autoritaire avec son enfant pour qu'il comprenne qui est le parent » , « non, en fait, il ne faut jamais dire non à un enfant » . On devient fou à écouter tout ça. Et on ne peut pas être parfait sur tous les plans. Il y a un poste à moi qui dit forcément tes enfants, éducation positive, tes enfants sont à l'école Montessori, tu manges bio, tu fais du yoga. C'est un peu la caricature de la mère parfaite qu'on dit parfaite dans cette société. C'est impossible en fait. On est dans un monde qui est un monde de performance. Et on ne peut pas être bon dans tous les domaines. On ne peut pas être une super épouse, être une super copine pour partir en week-end, être là pour ses enfants. faire des bons scores au travail, tout en étant toujours pomponné, maquillé, velle, avec les ongles faits. Non, ce n'est pas possible. Ou alors, il faudrait quatre vies. Donc, je crois que le plus important, c'est d'expliquer aux femmes, alors on parle beaucoup de femmes, mais je pense que ça marche aussi pour les hommes, mais c'est d'expliquer que, oh, ce n'est pas possible, il faut choisir ses batailles. Et peut-être qu'aujourd'hui, la bataille, quand on vient d'accoucher, c'est d'être collé à son bébé. L'avoir dans les bras, même s'il y a une injonction qui va dire « Attention, il va s'habituer à tes bras » . Ou alors, si à ce moment-là, on n'en peut plus, on a besoin d'autre chose, c'est de laisser son enfant à quelqu'un d'autre, à une nourrice, à la crèche, au papa, et de pouvoir aller se faire les ongles. Mais en fait, on ne peut pas tout gérer. Il faut juste savoir reconnaître son besoin, s'écouter, trouver un équilibre. La fatigue d'avoir des enfants. La fatigue physique, elle est là, c'est normal. Mais ce qui est important, c'est de ne pas avoir de grande fatigue morale. Et moi, pendant les consultations, quand je vois les enfants, le suivi des nourrissons tous les mois, je demande aux parents, ok, vous êtes fatigué, vous ne dormez pas beaucoup, c'est normal. Mais moralement, comment ça va ? Et quand on me dit, c'est difficile, est-ce que vous voulez qu'on se revoie pour en parler seul ? Qu'est-ce qui est difficile ? Avoir cet espace de parole-là... parce que la dépression du postpartum, c'est quelque chose qui existe. Ça touche 15 à 20% des femmes, et ça peut souvent se déclarer autour de 6 semaines du postpartum. Donc c'est pas tout de suite, parce qu'on est chamboulé par les hormones de l'accouchement, il peut y avoir un baby blues et tout ça, mais ça peut être un peu à retardement. Et très souvent, on est entouré, les deux premières semaines, les mamans qui viennent à la maison, ou les papas qui peuvent prendre leur congé paternité, ce qui est quand même déjà super. mais les amis qui viennent, la famille, au bout d'un moment chacun reprend sa vie et on se retrouve seul avec ce bébé. Et ça peut être difficile donc c'est très important que les professionnels de santé qui voilent l'enfant, parce que la mère elle se met souvent de côté, puissent s'occuper de l'état de santé mentale de la mère et de pouvoir prévenir justement une dépression du post-partum et de pouvoir trouver des solutions avec la maman. Si on sent, et avec le papa ça marche aussi, si on sent que là il y a quelque chose qui ne va pas. Que ce soit d'un point de vue du sommeil, si c'est trop compliqué, comment on peut faire ? Que ce soit d'un point de vue de l'allaitement, si en fait l'allaitement ça épuise, peut-être mettre des biberons, qu'est-ce que ça vous fait si on fait ça ? Comment vous le gérez ? Ce n'est pas d'aller dire, votre allaitement ça vous fatigue, on arrête l'allaitement. Pas du tout. C'est de dire, là l'allaitement c'est fatigant. Est-ce que c'est quelque chose qui vous fatigue beaucoup ? Est-ce que vous en pouvez plus ? Est-ce que donner des biberons, ça serait vraiment grave pour vous ? Ou est-ce qu'en fait, finalement, ça va ? Et ça arrive très fréquemment que les patientes me répondent « Mais si je donne un biberon, c'est pas bien. » Mais pourquoi c'est pas bien ? Qui a dit que c'était pas bien ? Tout ce que vous donnez, comme les maternelles, dès le colostrum à la maternité, c'est déjà du plus. Est-ce que c'est pas mieux d'être une maman qui se sent bien, épanouie, qui donne un biberon de temps en temps ? ou une maman qui allaite en pleurant. Et c'est juste de dézoomer, poser des questions ouvertes et de laisser les femmes se réapproprier leurs objectifs. Et se sentir mieux. Et juste leur dire que, vous savez, moi aussi, je suis une maman, et moi aussi, il y a des fois où j'en peux plus. Et j'ai beau avoir lu tous les livres de la Terre sur la parentalité, être à l'écoute, essayer d'être au maximum dans la bienveillance, il y a des fois où c'est difficile pour moi aussi. Et c'est normal, on a le droit de sentir que c'est difficile, on n'est pas infaillible. Et en général, ça apaise. Et on rentre dans des discussions qui sont intéressantes. Je crois qu'aujourd'hui, le soignant, il doit jouer un rôle de retrouver sa place de soignant, de prendre soin. C'est pas juste de dérouler des listes de médicaments, des listes d'examens à faire. Et malheureusement, le système fait que on n'a pas assez de temps. On doit avoir de plus en plus de patients. La Sécurité sociale, elle estime qu'un médecin généraliste, il doit avoir un patient toutes les 10 minutes pour pallier au manque de médecins, aux désarmés du coup et tout ça. C'est-à-dire 6 patients par heure. C'est énorme. C'est énorme. Et à ce rythme-là, on ne peut pas être humain. C'est trop difficile. On doit juste dire bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Parce que la médecine générale, c'est hyper vaste. ce serait grave de rater quelque chose, un diagnostic embêtant. Donc on doit tout scanner, c'est-à-dire prendre la carte vitale, ouvrir le dossier du patient, lui demander ses antécédents, pas trop lui demander comment ça va, parce que si ça ne va pas, on ne pourra pas avoir le temps de l'écouter. Et ok, vous toussez, on fait ça, on écoute, on élimine les choses graves, et puis merci, au revoir, et voilà. Et il n'y a plus d'humains dans le soin aujourd'hui en médecine générale, et c'est aussi... Enfin, il n'y a plus. Malheureusement, quand on est médecin en secteur 1, qu'on doit payer ses charges aussi, il faut en parler, on n'a pas trop le choix. Si on veut gagner sa vie correctement, on n'a pas beaucoup le choix que d'enchaîner. Moi, les raisons qui me poussent à faire de la gynéco et de la pédiatrie, c'est parce que c'est une autre façon de faire, c'est une autre relation. J'aime aussi être médecin de famille, je fais de la médecine générale. mais avec des patients que je connais, que je revois, avec un vrai suivi. La médecine générale d'urgence, heureusement que ça existe, et j'ai adoré être en stage aux urgences quand j'étais interne, mais c'est pas ce que j'aime dans ma pratique tous les jours. Moi j'aime voir les patients, les revoir, savoir qu'ils sont partis en vacances, qu'ils me le racontent, savoir que leur parent qui est hospitalisé va mieux. savoir que la petite astuce que j'ai donnée pour leur premier enfant qui vient d'avoir une petite sœur ou un petit frère, finalement elle a fonctionné. Que deux ou trois mois apr��s, on me fasse un retour sur le sommeil. C'est vraiment ce suivi-là qui me plaît énormément. Et d'ailleurs, ça me permet de... Je vois des patientes en gynéco, parfois pour leur première contraception. Là, je suis installée depuis... Depuis 5 ans à peu près. Et avant je remplaçais pendant 3 ans. Donc j'ai un recul suffisant pour avoir vu des patientes avec une contraception. Avoir stoppé leur contraception. Fait un bilan de pré-grossesse. Avoir suivi leur grossesse. Et les revoir avec leur bébé. Et les revoir pour l'allaitement. Et les revoir pour le terrible tout comme on dit. Même si moi je trouve que ça n'a rien de terrible et que c'est juste fabuleux. Mais voilà. Et de voir aussi la grossesse suivante. Et je trouve que c'est l'histoire de la vie et ça remet l'humain au centre. Et c'est des choses qui sont merveilleuses pour moi. Et voir un bébé grandir, le voir à la naissance à 8 jours, et le voir ensuite à 1 an, voir comment il a grandi, puis à 2 ans, les premiers mots, les phrases. Et puis c'est vraiment ce pourquoi je fais ce métier-là. Et je pense que pour faire évoluer la relation médecin-patient, médecin-patient, arrêter de mettre cette distance à tout prix, comme on a pu nous apprendre pendant les études, ce côté du médecin tout sachant, et du patient qui doit juste écouter, ce côté un peu paternaliste, même si dans les études, personnellement, moi j'avais des choses sur la relation médecin-malade. Mais je pense qu'il faudrait plus travailler ça, plutôt que de rentrer dans des détails de biochimie, biologie qui ne nous serviront à rien, parce que l'humain, prendre soin, c'est la base. Et le serment d'Hippocrate, c'est de ne pas nuire en premier lieu. Et dans la relation, quand on n'est pas dans l'empathie, malheureusement, il y a beaucoup de nuisances.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très intéressant d'avoir aussi le point de vue d'un médecin, parce que souvent, en tant que patient, on ne réalise pas tout ce qu'il y a derrière la consultation. On ne voit pas forcément la pression du rythme, les contraintes administratives, ou encore les attentes de la sécurité sociale en matière de temps de consultation. On peut avoir cette impression que parfois, tout est mécanique, alors qu'en réalité, vous devez souvent enchaîner les patients tout en gardant la qualité d'écoute et d'attention. Et ça, c'est une réalité dont on parle peu et qui mérite d'être entendue aussi. Et petit coucou à ma médecin qui, je l'adore. Y a-t-il dans ce contexte un moment en particulier au cabinet qui vous a marqué ou touché et que vous aimeriez partager avec nous ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup. J'ai aujourd'hui vu une patiente que je suis, qui est maman et qui a un fils de deux ans et demi, qui me dit régulièrement que son fils lui dit toujours qu'il est malade et qu'il doit venir voir docteur Chloé. Elle me dit souvent qu'il adore venir me voir. Je lui avais donné une astuce parce que les séparations étaient difficiles à un moment pour aller à la crèche. Je lui avais dit que si c'est difficile, peut-être que vous devriez dire à votre enfant que c'est difficile pour vous et que c'est lui qui va vous donner la force de pouvoir le laisser pour aller au travail. Je ne me rappelais plus avoir dit ça. Et tout à l'heure, je l'ai vu la maman en vidéo. pour elle, pour une ordonnance. Et puis elle m'a dit, au fait, ça a marché ce que vous m'avez dit. Ça marche très très bien. Et voilà, ça c'est des moments qui me remplissent de joie et qui me font plaisir parce que je ne me rappelle même pas des conseils que je donne au détour d'une consultation. Et quand je sais que ça fonctionne, c'est toujours super intéressant. Puis il y a aussi des fois où j'ai des patientes qui viennent dans une éco. en me disant, je suis venue parce que ma cousine, ma soeur, ma voisine, ma collègue m'a dit que vous étiez super. C'est des choses qui font du bien aussi. Une patiente qui avait peur de poser un stérilet, on a posé le stérilet. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait mettre comme musique pour poser le stérilet. Souvent, ça fait du bien d'être un peu concentrée sur la musique. C'est un moment sympa, même pour moi, c'est plus sympa. Et puis à la fin, quand on l'a posé, ça allait bien. Et je lui ai dit, mais bravo, vous avez été super. Il m'a dit, mais c'est vous, vous êtes incroyable. Et j'ai trouvé que c'était, voilà, c'est un échange humain qui fait du bien. C'est une reconnaissance. Et moi, ça m'anime d'avoir ces échanges-là qui sont au-delà de merci docteur, bonne journée.

  • Speaker #0

    Quel message aimeriez-vous laisser à celles et ceux qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que... pas de recette, que chacune fait du mieux qu'elle peut avec ce qu'elle a, qu'on a chacune une histoire, qu'on a chacune des croyances, des aspirations, des rêves, des rêves parfois un peu déçus, mais que l'important c'est d'essayer de toujours faire au mieux, d'essayer de se comprendre soi-même, de laisser une place à l'écoute, à l'auto-écoute, à l'écoute de ses propres besoins et de comprendre que s'il y a des choses qui nous Merci. qui ne fonctionne pas, c'est qu'il faut faire autrement. Et que parfois, on a besoin d'un accompagnement. Et que je pense que chacun devrait être accompagné par un thérapeute, par un psychologue. Parce qu'on a tous des blessures qui peuvent plus ou moins revenir un peu comme des fracas au moment de la parentalité ou à d'autres moments de la vie. Et je crois que ça peut être vraiment intéressant de se poser la question de OK. Là, je reparle de parentalité pardon c'est vraiment le sujet qui m'anime beaucoup mais là avec mon enfant je crie tout le temps et en fait ça marche pas mais pourquoi je crie ? pourquoi j'ai besoin de montrer mon autorité ? qu'est-ce qui se passe ? c'est quoi mon problème avec l'autorité, avec le respect ? qu'est-ce qui se passe dans ma propre histoire ? est-ce que je peux aller en parler à quelqu'un ? pourquoi j'ai peur que mon enfant se fasse toujours mal ? pourquoi j'arrive pas à me détendre ? pourquoi ? voilà, essayez de comprendre un peu ce qui fait que c'est difficile en ce moment, et de trouver une personne qui puisse être vraiment à l'écoute pour une thérapie. Et puis s'il y a des personnes qui sont intéressées par les coordonnées de mon mari thérapeute, je me ferai une joie de vous les laisser. Il a un compte Instagram, il s'appelle M. Harmony, et très honnêtement j'ai une confiance aveugle en lui, quand il y a des choses à régler qui sont assez profondes. Il ne faut pas les laisser s'enfouir parce que malheureusement, tôt ou tard, ça va souvent ressortir.

  • Speaker #0

    sous une autre forme. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir invitée sur ce podcast, Stéphanie.

  • Speaker #1

    Eh bien non, merci à vous, Chloé, d'avoir pris le temps de participer à cet épisode. Votre témoignage va, j'en suis sûre, aider de nombreuses personnes. Je mettrai en description le lien pour suivre le compte Instagram du docteur Haddad Halimi, plus connu sous le nom de DocMineker. Merci également à vous, chers auditeurs, pour votre écoute fidèle. Vous étiez sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. À très vite pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue dans États Dames, le podcast au cœur de votre santé.

Dans cet épisode, nous abordons un sujet que vivent de nombreuses femmes, souvent en silence : celui d’une grossesse sous haute surveillance médicale.

Entre la répétition des rendez-vous, les examens techniques, la peur du risque, l’angoisse de mal faire… la maternité peut parfois devenir un parcours du combattant, loin des images idéalisées.

Avec le Dr Haddad Halimi, médecin généraliste investie et à l’écoute, nous parlons d’émotions, de stress, de solitude, de surcharge mentale. Mais aussi de cette puissance que les femmes déploient pour rester présentes, pour leurs bébés… et pour elles-mêmes.

Dans cet échange, on revient sur :

  • La place du corps médical dans ces grossesses médicalisées

  • La nécessité d’une parole douce, d’un regard humain

  • L’importance d’un accompagnement global : physique, émotionnel, et psychologique

  • La pression d’être une mère « parfaite » dès la grossesse

Un épisode sincère, traversé par la voix d’une médecin qui replace l’écoute au centre.
Un espace pour celles qui traversent des grossesses difficiles… et pour ceux qui veulent mieux comprendre et accompagner.

🎧 À écouter sur toutes les plateformes.


Instagram


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. Aujourd'hui, nous ouvrons un épisode très spécial aux côtés de Chloé, médecin généraliste formée à la gynécologie, à la pédiatrie, et très investie dans les questions de parentalité. Nous allons parler de soins humains, de confiance, d'écoute, et de toutes ces petites choses qui changent tout dans un cabinet médical. Bonjour Chloé, merci d'être avec nous aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie. Alors,

  • Speaker #0

    avant d'entrer dans le cœur du sujet, j'aimerais vous demander, qu'est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la médecine générale et plus précisément à vous former en gynécologie et en pédiatrie ?

  • Speaker #1

    Alors, ce qui m'a amenée à faire du suivi gynécologique, c'est en réalité la dimension humaine. Alors, la gynécologie, c'est une discipline qui est très intéressante, qui peut m'aider en médecine, chirurgie. avec beaucoup de techniques aussi, donc il y a des gestes, il y a des actes, donc ça peut aussi changer du quotidien de médecine générale. Et ce qui, moi, m'a poussée à faire un deuxième diplôme universitaire autour de la gynécologie, c'est d'abord qu'il y a beaucoup de demandes parce qu'il n'y a plus beaucoup de gynéco, mais il n'y a plus non plus beaucoup de médecins généralistes. Tout devient un petit peu compliqué, et même en région parisienne. Mais ce qui m'a vraiment amenée à faire du suivi gynéco, c'est la dimension humaine. c'est de plus supporter avoir des femmes qui ont pris rendez-vous pour un frottis par exemple et qui au moment de l'examen, enfin juste avant, me disent « je dois vous dire que j'ai très peur parce que mon dernier frottis c'était il y a 8 ans par exemple et le gynéco m'avait pas prévenu » ou m'avait fait une réflexion parce que j'étais trop stressée. J'entends vraiment des choses tous les jours qui sont pour moi inconcevables. L'idée, ce n'est pas d'incriminer les autres médecins, pas du tout. Je pense que le système, malheureusement, a des limites et que parfois les médecins sont débordés à la chaîne et qu'ils peuvent en oublier le côté humain. Je pense aussi qu'il y a parfois des médecins qui sont sur-spécialisés dans des domaines, et heureusement qu'ils sont là, parce qu'il y a des choses très pointues, mais qui parfois, à force de faire de la gynéco toute la journée et des examens, oublient que derrière la vulve, le vagin, il y a une femme, et qui a une sensibilité, une histoire personnelle. Et c'est vraiment ce qui m'a amenée, moi, à faire dans ma pratique également de la gynéco. Et pour la pédiatrie ? Je peux vous dire la même chose pour la pédiatrie. J'adore les enfants, depuis toujours. Ça a toujours été comme ça. J'ai été chef scout, m'occuper d'enfants. J'ai toujours adoré avoir des bébés dans les bras, même quand moi-même j'étais petite. J'adore les enfants, mais j'aime aussi surtout la relation aux parents. pareil qui est très humaine et quand j'entends de la même façon des parents me raconter en fait notre pédiatre il nous a un peu engueulé parce qu'on faisait ci parce qu'on faisait ça je trouve que c'est pas acceptable en fait un médecin il peut pas prendre cette posture paternaliste qui existait auparavant parce que la société elle a muté parce que maintenant il ya des sources d'informations de partout et parce que chacun reprend des droits et c'est une bonne chose.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains patients peuvent encore se sentir comme des enfants face à un médecin perçu comme une figure d'autorité. Ils peuvent avoir peur d'être jugés, d'être réprimandés et ça peut les empêcher parfois de s'exprimer librement ou de poser toutes leurs questions. Malheureusement, il existe encore des professionnels de santé qui adoptent une posture paternaliste et ça... peut créer vraiment un véritable blocage dans la relation soignant-soigné. Après, je trouve heureusement, l'accès à Internet a fait évoluer les choses, même si ça comporte des risques avec la désinformation, l'anxiété que ça peut procurer. lorsque des recherches ne sont pas encadrées. Mais je trouve que ça a permis aussi à de nombreux patients de s'informer, de mieux comprendre leur état de santé, et surtout de prendre confiance pour formuler des questions ou exprimer des doutes. Et cette évolution... Et cette évolution peut vraiment enrichir la relation patient-médecin, à condition bien sûr qu'elle repose sur l'écoute et le dialogue, en construisant une alliance de soins plus équilibrée. Alors avec cette approche d'écoute et de co-construction que vous pratiquez, est-ce que vous avez remarqué que vos patients, patients, patientes, se sentent plus à l'aise pour parler de leur pathologie ? Est-ce que vous auriez un ou deux exemples à partager ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'accompagne des femmes qui me racontent des choses, qui parfois sont en colère, parfois peuvent être fatiguées aussi. Je peux voir des femmes qui vont avoir parfois des troubles au niveau des règles, ce qu'on appelle une aménorée, et que les médecins ne vont pas forcément explorer en disant « c'est dans la tête » . Enfin, avoir des conclusions qui peuvent être hâtives, même si parfois, effectivement, ça s'avère être lié à la psychologie. Mais je pense qu'il faut de toute façon prendre au sérieux toute plainte d'un patient, que ce soit en médecine générale, en gynéco, en pédiatrie, d'inquiétude parentale. Parce que quoi qu'il en soit, le moral psychologique ça compte et la prise en charge, ça fait partie de cette prise en charge. Et peut-être qu'en étant bien accompagné, s'il y avait quelque chose de psychologique, l'accompagnement va pouvoir régler ça. Le fait de faire quand même des examens sans en multiplier non plus, mais de dire ok, j'entends votre demande, j'entends votre crainte, donc on va essayer de comprendre et je vais vous expliquer ce que moi je peux vous expliquer, et bien ça change tout. Et moi je vois aussi avec les patientes, parfois elles ont vu un gynéco, deux gynéco, trois gynéco, et elles arrivent alors je ne vais rien dire. Les examens sont souvent très bien prescrits, très bien faits, au niveau des compétences. Je n'ai pas à juger quoi que ce soit, évidemment, et je ne juge rien de toute façon, mais c'est en fait juste de reprendre les choses avec elle et de leur dire, voilà, moi, il y a eu ça, ça et ça. Je pense à tel diagnostic, ce diagnostic-là. Peut-être qu'on vous en a parlé, par exemple, j'ai une patiente qui est venue tout à l'heure pour me dire, pendant des rapports, dans certaines positions, j'ai des douleurs, mais le reste du temps, non. J'ai pris le temps d'expliquer. qu'effectivement, il peut y avoir des douleurs pendant les rapports, que ça peut être positionnel et c'est le plus probable, mais que ça peut aussi être un signe d'endométriose. Et en fait, elle m'a dit, bah oui, j'ai peur d'avoir ça. Et je lui ai tout expliqué sur la pathologie de l'endométriose en lui expliquant pourquoi je ne pensais pas du tout à ça pour elle, mais qu'on allait quand même faire une échographie pour se rassurer. Et puis de là, elle m'a raconté d'autres choses, des rapports qui avaient été non protégés, des choses comme ça et des craintes qu'elle avait depuis plusieurs mois. et pour lesquelles elle n'avait pas consulté, parce que je pense qu'elle n'avait pas été en confiance.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on observe que beaucoup de patients hésitent à consulter, non pas parce qu'ils ne s'inquiètent pas de leur santé, mais parce qu'ils ont souvent cette impression qu'ils ne seront pas entendus ou pris au sérieux. Et certains finissent même par minimiser leurs symptômes en se disant « c'est pas si grave » ou « le médecin va penser que je dramatise » ou même « il va me dire que c'est dans ma tête » . Ce comportement, ça traduit vraiment un manque de confiance parfois lié. notamment des expériences passées où la parole du patient n'a pas été suffisamment accueillie, écoutée ou considérée. Et cette peur de ne pas être entendue peut créer une distance dans la relation de soin, voire retarder une prise en charge nécessaire. Que pensez-vous de cette situation ?

  • Speaker #1

    Si on ne peut pas aller chez le médecin pour déverser un peu ses craintes et pour pouvoir être en confiance, à qui on va en parler ? Est-ce que c'est derrière un ordinateur à faire des recherches ? On va se sentir aidé ? Je ne suis pas sûre, parce que malheureusement il y a tout et n'importe quoi sur Internet. Et que c'est un très bon outil, mais il faut savoir chercher. Et que parfois, il y a des raccourcis, douleurs, endométriose, stérilité, des choses qui n'ont pas de sens. Donc voilà, sans aucune nuance.

  • Speaker #0

    Vous êtes également formée à la parentalité, ce qui j'imagine demande une approche très individualisée, donc beaucoup d'écoute et d'adaptation au cas par cas.

  • Speaker #1

    Oui, je suis également formée à l'allaitement, à la parentalité, au sommeil. Mais ce n'est pas des choses qui sont techniques, en fait. Je ne vais jamais vous dire, voilà, j'ai une recette qui va faire dormir tous les bébés de la Terre. Si votre enfant, il vous frappe, il faut faire ci. Si votre enfant, il arrache les cheveux de sa sœur en chantant et en levant le petit doigt, alors c'est exactement cette marche à suivre. Il n'y a pas de recette toute faite en parentalité, par rapport au sommeil et même par rapport à l'allaitement. Parce qu'en fait, chaque allaitement va être différent, chaque enfant va être différent au niveau de la parentalité, le sommeil, chacun n'a pas les mêmes besoins de sommeil, chaque parent non plus. Chaque parent va décider ou pas de dormir avec son enfant et ça va être grave pour lui ou pas grave. Donc en fait, en fonction des objectifs et des attentes de chaque parent et des tempéraments de chaque enfant, c'est en s'adaptant que ça va aller. Moi, je fais des consultations de... d'allaitement. Et évidemment que je suis pro-allaitement, j'ai allaité, je trouve ça merveilleux, je trouve que la nature est bien faite, évidemment qu'il y a plein de bienfaits. Mais toutes les femmes qui viennent en consultation d'allaitement, ma première question, c'est « Ok, mais qu'est-ce que vous voulez faire ? C'est quoi votre projet d'allaitement ? Est-ce que vous voulez allaiter exclusivement ? Et même s'il y a des difficultés, je m'aligne avec vous et on va trouver des solutions. Est-ce qu'en fait, vous en avez hyper marre et vous vous dites juste que vous devez allaiter, mais vous n'y prenez aucun plaisir ? Et auquel cas, le lait artificiel, c'est une alternative et ce n'est pas nocif non plus, peut-être pas exagéré. » Ou est-ce que vous voulez faire du mixte ? Et c'est une question que je repose à chaque fois, parce que ça peut évoluer. Parce qu'on peut se dire, ok, j'abandonne, je me sens pas bien et je vais mettre du lait artificiel. Et puis finalement, la fois d'après, se dire, en fait, non, c'est pas ça que je veux, donc je veux m'accrocher. Et inversement. Ce qui est important, c'est de vraiment rentrer en relation avec les mères, avec les pères, dans leur chair, dans leur cœur, d'essayer de comprendre ce qu'elles attendent, les objectifs. Tout ce qui est important, tout ce qui a du sens, les croyances, les bonnes croyances, les fausses croyances, les craintes. Il y a vraiment énormément de choses dans une relation d'une personne à l'autre. Et dans ces domaines-là de parentalité, surtout, je trouve que, je disais ça à une patiente tout à l'heure qui passe par une dépression du postpartum, c'est que la parentalité, ça nous renvoie à notre propre enfant intérieur, ça nous ramène. notre propre enfance et que c'est parfois très difficile et que la parentalité ça touche tout le monde et que je peux aussi bien parler de parentalité avec des mamans et des papas qui ont des enfants en bas âge et forcément c'est leur quotidien qu'avec des patients à moi qui ont 65-66 ans et on va parler d'éducation et on va parler de comment c'était avant même s'ils n'ont pas d'enfants parce qu'on a tous été l'enfant de quelqu'un tous reçu une éducation, on a tous des moments, des événements qui nous ont marqués. Donc c'est des sujets qui sont importants et le relationnel, c'est la clé en fait. Que ce soit d'un parent avec son enfant, que ce soit d'un médecin avec son patient, que ce soit... Voilà, c'est la clé de tout d'être dans une relation de confiance, une relation apaisée, une relation d'écoute, d'empathie. Et c'est pas parce qu'on est dans l'écoute et dans l'empathie qu'en tant que médecin, on peut pas continuer à guider son patient. à garder son rôle de médecin, à garder une certaine distance. Alors après, ça sert à quelque chose, quelle distance on doit mettre ? Est-ce qu'être ému par une situation d'impatience est quelque chose qui est grave ? Moi, je ne crois pas, mais ça dépend de chacun aussi. Voilà, mais je crois que c'est très important de remettre l'humain au cœur de tout.

  • Speaker #0

    Est-ce que parfois, certaines patientes sont amenées à vous confier des traumatismes à leur parcours médical ? Et si oui, à quel moment vous estimez qu'il est nécessaire de réorienter vers un autre professionnel de santé, par exemple, plus spécialisé ?

  • Speaker #1

    Il y a parfois des femmes en généco qui me parlent de traumatismes médicaux qui sont passés. sans forcément vraiment rentrer dans les détails, mais qui peuvent me dire en fin de consultation, merci parce que je ne voulais plus retourner chez le gynéco, j'avais une mauvaise expérience, et je me rends compte que je ne suis pas la seule, il y a plein de copines à moi qui sortent du gynéco en pleurant, et en fait là ça va, je suis en confiance, merci. Donc sans forcément me raconter des choses hyper brutales, mais qui qui en tout cas l'avaient ressenti à ce moment-là. Après, il y a aussi des femmes qui, en fin de consultation, que j'ai vues une fois, vont se sentir à l'aise pour me parler de violences sexuelles, même d'inceste, de choses comme ça. Et la première chose que je fais après ça, c'est de les remercier de s'être confiées. Parce que ce n'est pas évident, et parfois elles gardent ça en elles pendant des années, depuis toujours. Et quand elles sont prêtes à se sentir bien pour aller déposer ça, Je les remercie et je les oriente. Il se trouve que j'ai un mari qui est thérapeute et qui fait de l'EMDR, de l'hypnose, de la sophrologie. Et c'est des outils qui sont fabuleux, de la PNL aussi. Ce sont des outils qui sont fabuleux. Et je sais que ces femmes-là, elles vont être entre de bonnes mains pour se sentir mieux. D'ailleurs, la plupart me remercient après, enfin toutes en réalité, quand elles passent le pas. Donc voilà, je... C'est bien aussi d'avoir des bons contacts pour pouvoir aller au-delà quand ça me dépasse et quand moi je n'ai pas de technique, si ce n'est l'écoute empathique, mais de pouvoir passer la main, c'est intéressant et c'est enrichissant pour les patientes.

  • Speaker #0

    Vous tenez un compte Instagram sur lequel vous dénoncez d'une certaine manière les injonctions autour de la parentalité ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche et ce que vous cherchez à transmettre à travers vos publications ?

  • Speaker #1

    Je parle souvent, c'est vrai, je parle souvent dans mes posts des injonctions. Et c'est vrai que mon compte Instagram de Doc Miniqueur, il était pour arrêter toutes les injonctions autour de la parentalité, de ton enfant doit dormir dans son lit, non, ton enfant doit rester avec toi dans sa chambre jusqu'à six mois. Alors oui, ça, c'est une recommandation. Il y a des recommandations, mais ça reste jamais des injonctions. Parce que les personnes qui vivent sous le toit de vos enfants, c'est vous. c'est les parents et que les personnes qui vont gérer au quotidien les enfants, ce n'est pas les personnes qui font des bonnes injonctions de « il faut faire comme ci, il faut faire comme ça » , « il faut que l'enfant mange à l'heure fixe » , « il ne faut jamais mettre un enfant devant un écran » , « il ne faut surtout pas laisser un enfant pleurer » , « non, en fait, il faut le laisser pleurer » , « il faut être autoritaire avec son enfant pour qu'il comprenne qui est le parent » , « non, en fait, il ne faut jamais dire non à un enfant » . On devient fou à écouter tout ça. Et on ne peut pas être parfait sur tous les plans. Il y a un poste à moi qui dit forcément tes enfants, éducation positive, tes enfants sont à l'école Montessori, tu manges bio, tu fais du yoga. C'est un peu la caricature de la mère parfaite qu'on dit parfaite dans cette société. C'est impossible en fait. On est dans un monde qui est un monde de performance. Et on ne peut pas être bon dans tous les domaines. On ne peut pas être une super épouse, être une super copine pour partir en week-end, être là pour ses enfants. faire des bons scores au travail, tout en étant toujours pomponné, maquillé, velle, avec les ongles faits. Non, ce n'est pas possible. Ou alors, il faudrait quatre vies. Donc, je crois que le plus important, c'est d'expliquer aux femmes, alors on parle beaucoup de femmes, mais je pense que ça marche aussi pour les hommes, mais c'est d'expliquer que, oh, ce n'est pas possible, il faut choisir ses batailles. Et peut-être qu'aujourd'hui, la bataille, quand on vient d'accoucher, c'est d'être collé à son bébé. L'avoir dans les bras, même s'il y a une injonction qui va dire « Attention, il va s'habituer à tes bras » . Ou alors, si à ce moment-là, on n'en peut plus, on a besoin d'autre chose, c'est de laisser son enfant à quelqu'un d'autre, à une nourrice, à la crèche, au papa, et de pouvoir aller se faire les ongles. Mais en fait, on ne peut pas tout gérer. Il faut juste savoir reconnaître son besoin, s'écouter, trouver un équilibre. La fatigue d'avoir des enfants. La fatigue physique, elle est là, c'est normal. Mais ce qui est important, c'est de ne pas avoir de grande fatigue morale. Et moi, pendant les consultations, quand je vois les enfants, le suivi des nourrissons tous les mois, je demande aux parents, ok, vous êtes fatigué, vous ne dormez pas beaucoup, c'est normal. Mais moralement, comment ça va ? Et quand on me dit, c'est difficile, est-ce que vous voulez qu'on se revoie pour en parler seul ? Qu'est-ce qui est difficile ? Avoir cet espace de parole-là... parce que la dépression du postpartum, c'est quelque chose qui existe. Ça touche 15 à 20% des femmes, et ça peut souvent se déclarer autour de 6 semaines du postpartum. Donc c'est pas tout de suite, parce qu'on est chamboulé par les hormones de l'accouchement, il peut y avoir un baby blues et tout ça, mais ça peut être un peu à retardement. Et très souvent, on est entouré, les deux premières semaines, les mamans qui viennent à la maison, ou les papas qui peuvent prendre leur congé paternité, ce qui est quand même déjà super. mais les amis qui viennent, la famille, au bout d'un moment chacun reprend sa vie et on se retrouve seul avec ce bébé. Et ça peut être difficile donc c'est très important que les professionnels de santé qui voilent l'enfant, parce que la mère elle se met souvent de côté, puissent s'occuper de l'état de santé mentale de la mère et de pouvoir prévenir justement une dépression du post-partum et de pouvoir trouver des solutions avec la maman. Si on sent, et avec le papa ça marche aussi, si on sent que là il y a quelque chose qui ne va pas. Que ce soit d'un point de vue du sommeil, si c'est trop compliqué, comment on peut faire ? Que ce soit d'un point de vue de l'allaitement, si en fait l'allaitement ça épuise, peut-être mettre des biberons, qu'est-ce que ça vous fait si on fait ça ? Comment vous le gérez ? Ce n'est pas d'aller dire, votre allaitement ça vous fatigue, on arrête l'allaitement. Pas du tout. C'est de dire, là l'allaitement c'est fatigant. Est-ce que c'est quelque chose qui vous fatigue beaucoup ? Est-ce que vous en pouvez plus ? Est-ce que donner des biberons, ça serait vraiment grave pour vous ? Ou est-ce qu'en fait, finalement, ça va ? Et ça arrive très fréquemment que les patientes me répondent « Mais si je donne un biberon, c'est pas bien. » Mais pourquoi c'est pas bien ? Qui a dit que c'était pas bien ? Tout ce que vous donnez, comme les maternelles, dès le colostrum à la maternité, c'est déjà du plus. Est-ce que c'est pas mieux d'être une maman qui se sent bien, épanouie, qui donne un biberon de temps en temps ? ou une maman qui allaite en pleurant. Et c'est juste de dézoomer, poser des questions ouvertes et de laisser les femmes se réapproprier leurs objectifs. Et se sentir mieux. Et juste leur dire que, vous savez, moi aussi, je suis une maman, et moi aussi, il y a des fois où j'en peux plus. Et j'ai beau avoir lu tous les livres de la Terre sur la parentalité, être à l'écoute, essayer d'être au maximum dans la bienveillance, il y a des fois où c'est difficile pour moi aussi. Et c'est normal, on a le droit de sentir que c'est difficile, on n'est pas infaillible. Et en général, ça apaise. Et on rentre dans des discussions qui sont intéressantes. Je crois qu'aujourd'hui, le soignant, il doit jouer un rôle de retrouver sa place de soignant, de prendre soin. C'est pas juste de dérouler des listes de médicaments, des listes d'examens à faire. Et malheureusement, le système fait que on n'a pas assez de temps. On doit avoir de plus en plus de patients. La Sécurité sociale, elle estime qu'un médecin généraliste, il doit avoir un patient toutes les 10 minutes pour pallier au manque de médecins, aux désarmés du coup et tout ça. C'est-à-dire 6 patients par heure. C'est énorme. C'est énorme. Et à ce rythme-là, on ne peut pas être humain. C'est trop difficile. On doit juste dire bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Parce que la médecine générale, c'est hyper vaste. ce serait grave de rater quelque chose, un diagnostic embêtant. Donc on doit tout scanner, c'est-à-dire prendre la carte vitale, ouvrir le dossier du patient, lui demander ses antécédents, pas trop lui demander comment ça va, parce que si ça ne va pas, on ne pourra pas avoir le temps de l'écouter. Et ok, vous toussez, on fait ça, on écoute, on élimine les choses graves, et puis merci, au revoir, et voilà. Et il n'y a plus d'humains dans le soin aujourd'hui en médecine générale, et c'est aussi... Enfin, il n'y a plus. Malheureusement, quand on est médecin en secteur 1, qu'on doit payer ses charges aussi, il faut en parler, on n'a pas trop le choix. Si on veut gagner sa vie correctement, on n'a pas beaucoup le choix que d'enchaîner. Moi, les raisons qui me poussent à faire de la gynéco et de la pédiatrie, c'est parce que c'est une autre façon de faire, c'est une autre relation. J'aime aussi être médecin de famille, je fais de la médecine générale. mais avec des patients que je connais, que je revois, avec un vrai suivi. La médecine générale d'urgence, heureusement que ça existe, et j'ai adoré être en stage aux urgences quand j'étais interne, mais c'est pas ce que j'aime dans ma pratique tous les jours. Moi j'aime voir les patients, les revoir, savoir qu'ils sont partis en vacances, qu'ils me le racontent, savoir que leur parent qui est hospitalisé va mieux. savoir que la petite astuce que j'ai donnée pour leur premier enfant qui vient d'avoir une petite sœur ou un petit frère, finalement elle a fonctionné. Que deux ou trois mois apr��s, on me fasse un retour sur le sommeil. C'est vraiment ce suivi-là qui me plaît énormément. Et d'ailleurs, ça me permet de... Je vois des patientes en gynéco, parfois pour leur première contraception. Là, je suis installée depuis... Depuis 5 ans à peu près. Et avant je remplaçais pendant 3 ans. Donc j'ai un recul suffisant pour avoir vu des patientes avec une contraception. Avoir stoppé leur contraception. Fait un bilan de pré-grossesse. Avoir suivi leur grossesse. Et les revoir avec leur bébé. Et les revoir pour l'allaitement. Et les revoir pour le terrible tout comme on dit. Même si moi je trouve que ça n'a rien de terrible et que c'est juste fabuleux. Mais voilà. Et de voir aussi la grossesse suivante. Et je trouve que c'est l'histoire de la vie et ça remet l'humain au centre. Et c'est des choses qui sont merveilleuses pour moi. Et voir un bébé grandir, le voir à la naissance à 8 jours, et le voir ensuite à 1 an, voir comment il a grandi, puis à 2 ans, les premiers mots, les phrases. Et puis c'est vraiment ce pourquoi je fais ce métier-là. Et je pense que pour faire évoluer la relation médecin-patient, médecin-patient, arrêter de mettre cette distance à tout prix, comme on a pu nous apprendre pendant les études, ce côté du médecin tout sachant, et du patient qui doit juste écouter, ce côté un peu paternaliste, même si dans les études, personnellement, moi j'avais des choses sur la relation médecin-malade. Mais je pense qu'il faudrait plus travailler ça, plutôt que de rentrer dans des détails de biochimie, biologie qui ne nous serviront à rien, parce que l'humain, prendre soin, c'est la base. Et le serment d'Hippocrate, c'est de ne pas nuire en premier lieu. Et dans la relation, quand on n'est pas dans l'empathie, malheureusement, il y a beaucoup de nuisances.

  • Speaker #0

    Je trouve ça très intéressant d'avoir aussi le point de vue d'un médecin, parce que souvent, en tant que patient, on ne réalise pas tout ce qu'il y a derrière la consultation. On ne voit pas forcément la pression du rythme, les contraintes administratives, ou encore les attentes de la sécurité sociale en matière de temps de consultation. On peut avoir cette impression que parfois, tout est mécanique, alors qu'en réalité, vous devez souvent enchaîner les patients tout en gardant la qualité d'écoute et d'attention. Et ça, c'est une réalité dont on parle peu et qui mérite d'être entendue aussi. Et petit coucou à ma médecin qui, je l'adore. Y a-t-il dans ce contexte un moment en particulier au cabinet qui vous a marqué ou touché et que vous aimeriez partager avec nous ?

  • Speaker #1

    J'en ai beaucoup. J'ai aujourd'hui vu une patiente que je suis, qui est maman et qui a un fils de deux ans et demi, qui me dit régulièrement que son fils lui dit toujours qu'il est malade et qu'il doit venir voir docteur Chloé. Elle me dit souvent qu'il adore venir me voir. Je lui avais donné une astuce parce que les séparations étaient difficiles à un moment pour aller à la crèche. Je lui avais dit que si c'est difficile, peut-être que vous devriez dire à votre enfant que c'est difficile pour vous et que c'est lui qui va vous donner la force de pouvoir le laisser pour aller au travail. Je ne me rappelais plus avoir dit ça. Et tout à l'heure, je l'ai vu la maman en vidéo. pour elle, pour une ordonnance. Et puis elle m'a dit, au fait, ça a marché ce que vous m'avez dit. Ça marche très très bien. Et voilà, ça c'est des moments qui me remplissent de joie et qui me font plaisir parce que je ne me rappelle même pas des conseils que je donne au détour d'une consultation. Et quand je sais que ça fonctionne, c'est toujours super intéressant. Puis il y a aussi des fois où j'ai des patientes qui viennent dans une éco. en me disant, je suis venue parce que ma cousine, ma soeur, ma voisine, ma collègue m'a dit que vous étiez super. C'est des choses qui font du bien aussi. Une patiente qui avait peur de poser un stérilet, on a posé le stérilet. Je lui ai demandé ce qu'elle voulait mettre comme musique pour poser le stérilet. Souvent, ça fait du bien d'être un peu concentrée sur la musique. C'est un moment sympa, même pour moi, c'est plus sympa. Et puis à la fin, quand on l'a posé, ça allait bien. Et je lui ai dit, mais bravo, vous avez été super. Il m'a dit, mais c'est vous, vous êtes incroyable. Et j'ai trouvé que c'était, voilà, c'est un échange humain qui fait du bien. C'est une reconnaissance. Et moi, ça m'anime d'avoir ces échanges-là qui sont au-delà de merci docteur, bonne journée.

  • Speaker #0

    Quel message aimeriez-vous laisser à celles et ceux qui nous écoutent aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que... pas de recette, que chacune fait du mieux qu'elle peut avec ce qu'elle a, qu'on a chacune une histoire, qu'on a chacune des croyances, des aspirations, des rêves, des rêves parfois un peu déçus, mais que l'important c'est d'essayer de toujours faire au mieux, d'essayer de se comprendre soi-même, de laisser une place à l'écoute, à l'auto-écoute, à l'écoute de ses propres besoins et de comprendre que s'il y a des choses qui nous Merci. qui ne fonctionne pas, c'est qu'il faut faire autrement. Et que parfois, on a besoin d'un accompagnement. Et que je pense que chacun devrait être accompagné par un thérapeute, par un psychologue. Parce qu'on a tous des blessures qui peuvent plus ou moins revenir un peu comme des fracas au moment de la parentalité ou à d'autres moments de la vie. Et je crois que ça peut être vraiment intéressant de se poser la question de OK. Là, je reparle de parentalité pardon c'est vraiment le sujet qui m'anime beaucoup mais là avec mon enfant je crie tout le temps et en fait ça marche pas mais pourquoi je crie ? pourquoi j'ai besoin de montrer mon autorité ? qu'est-ce qui se passe ? c'est quoi mon problème avec l'autorité, avec le respect ? qu'est-ce qui se passe dans ma propre histoire ? est-ce que je peux aller en parler à quelqu'un ? pourquoi j'ai peur que mon enfant se fasse toujours mal ? pourquoi j'arrive pas à me détendre ? pourquoi ? voilà, essayez de comprendre un peu ce qui fait que c'est difficile en ce moment, et de trouver une personne qui puisse être vraiment à l'écoute pour une thérapie. Et puis s'il y a des personnes qui sont intéressées par les coordonnées de mon mari thérapeute, je me ferai une joie de vous les laisser. Il a un compte Instagram, il s'appelle M. Harmony, et très honnêtement j'ai une confiance aveugle en lui, quand il y a des choses à régler qui sont assez profondes. Il ne faut pas les laisser s'enfouir parce que malheureusement, tôt ou tard, ça va souvent ressortir.

  • Speaker #0

    sous une autre forme. En tout cas, merci beaucoup de m'avoir invitée sur ce podcast, Stéphanie.

  • Speaker #1

    Eh bien non, merci à vous, Chloé, d'avoir pris le temps de participer à cet épisode. Votre témoignage va, j'en suis sûre, aider de nombreuses personnes. Je mettrai en description le lien pour suivre le compte Instagram du docteur Haddad Halimi, plus connu sous le nom de DocMineker. Merci également à vous, chers auditeurs, pour votre écoute fidèle. Vous étiez sur Etat d'âme, le podcast au cœur de votre santé. À très vite pour un prochain épisode.

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