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ÉTATS DAMES

Bipolarité : comprendre et surmonter les défis

Bipolarité : comprendre et surmonter les défis

31min |05/06/2024|

77

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31min |05/06/2024|

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Description

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans un nouvel épisode d’États Dames.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nina Siahpoush-Royoux, journaliste et auteure de l’ouvrage Bipolarité - Du délire à la renaissance.

Dans ce premier livre, Nina nous partage avec une grande sensibilité son témoignage intime sur la découverte et la gestion de la bipolarité, une maladie qui s’est révélée à elle de manière inattendue.

À travers ce récit poignant, elle nous emmène dans un voyage intérieur, où elle explore les méandres de cette pathologie et le processus de reconstruction qui a suivi. Nous aurons l’opportunité de discuter de son expérience personnelle, des défis rencontrés et de sa renaissance, un cheminement qui touche profondément.

Je suis honorée de vous offrir cette discussion enrichissante et inspirante avec Nina Siahpoush-Royoux.

Bonne écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. État d'âme au cœur de votre santé Bienvenue sur État d'âme, le podcast qui vous emmène au cœur des émotions féminines dans leur parcours de santé. Vous avez déjà ressenti cette impression de solitude face aux défis de la vie, qu'ils soient physiques ou mentaux ? Sur Etat d'âme, je donne la parole à ces expériences authentiques, accompagnées d'histoires immersives et des conseils de professionnels santé. Préparez-vous à être transporté, inspiré et informé. Restez à l'écoute, car vous êtes sur le point de découvrir un monde où vos émotions trouvent écho. Bonjour à tous, aujourd'hui j'ai le plaisir de vous partager l'histoire de Nina Siapouchroyo, une journaliste talentueuse et une auteure remarquable. Dans son premier livre Bipolarité du délire à la renaissance, eh bien Nina nous livre un témoignage bouleversant et intime sur la bipolarité, une maladie qu'elle a découverte en elle-même de manière inattendue. Et en voici les backstage. Excellente écoute. Je suis une jeune femme de 27 ans. Je travaille dans le journalisme depuis un peu plus de 5 ans, donc essentiellement pour le média gala. L'écriture, elle a toujours fait partie de ma vie. Petite, déjà, je me souviens que j'écrivais des poèmes, des critiques de films, juste par pure passion, parce que c'était vraiment quelque chose qui me plaisait. J'avais besoin de coucher sur papier mes émotions, mes ressentis, etc. Et puis, le journalisme, c'est un petit peu imposé à moi, en fait. Ça m'a permis... de maîtriser différents sujets, d'apprendre beaucoup de choses, ce qui n'est pas forcément le cas quand on ne fait qu'écrire des livres, par exemple. Donc là, je parle d'un seul livre que j'ai publié, probablement le dernier, parce que c'est celui qui me tient le plus à cœur. Mon livre parle un petit peu de ma maladie, donc il s'appelle Bipolarité, du délire à la renaissance. Un livre publié aux éditions de Lise Bleu. C'est en 2020 que j'ai vraiment ressenti le besoin de prendre ma plume pour ce projet qui est un peu plus personnel, ou même plutôt très intime. C'est mon témoignage sur ce voyage au Japon que j'ai réalisé en famille avec mon papa et ma tante d'origine iranienne en début 2020. Et c'est ce fameux voyage qui m'a obligée à être hospitalisée en urgence en psychiatrie. C'est dans ce contexte-là que j'ai été diagnostiquée bipolaire et que depuis, j'apprends à vivre avec la maladie. Donc ça me semble important de briser le tabou. Il aura fallu à peu près 20 ans pour que je découvre que je suis bipolaire. Donc pour ça, il a fallu que je parte à l'autre bout du monde, à Tokyo, pour ce fameux voyage. Et j'étais tellement contente de découvrir le Japon. C'est vraiment un pays qui me faisait rêver depuis des années que j'en ai complètement perdu la tête. C'est-à-dire que je ne dormais plus, je n'arrivais plus à dormir totalement. totalement en décalage. Donc le décalage horaire, bien sûr, mais pas seulement, parce qu'au final, je faisais des insomnies. Je dormais à peu près deux à trois heures par nuit maximum. Et un peu plus chaque jour, en fait, je m'enfonçais dans une crise, donc une crise maniaque. Je n'en avais pas encore connaissance, je ne savais pas encore ce que c'était. Je pensais juste que j'étais très contente de voyager et super excitée à aller découvrir un nouveau pays. de nouvelles personnes, etc., de nouvelles architectures aussi, de nouveaux paysages, tout ça, c'était tellement excitant qu'au final, je me perdais un petit peu petit à petit dans la maladie. Je n'étais plus du tout cohérente petit à petit. Je commençais à avoir des propos qui tournaient un peu en boucle. J'avais vraiment plus de mal à m'exprimer correctement. J'étais extrêmement enthousiaste, mais il n'y avait vraiment pas d'imite. Mon papa ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais en même temps, il se disait que c'était certainement le voyage. que c'était logique en même temps que je sois traitementante, mais ce n'était pas seulement ça. J'étais en phase maniaque et je découvrais plus tard que j'étais finalement en BDA, donc bouffée délirante aiguë, qui n'est pas anodine du tout. Au niveau des symptômes qui se sont manifestés, je pense qu'on peut parler du débit de parole. Je parlais extrêmement vite, tout le temps. Vraiment, je monopolisais la parole. J'avais toujours des trucs super intéressants à mon sens, en tout cas à dire. Cet enthousiasme, cette énergie débordante, alors que je ne dormais pas, C'était que ça n'avait aucun sens. C'est-à-dire qu'après deux, trois heures de sommet, j'avais vraiment énormément d'énergie, alors que j'aurais dû normalement être extrêmement fatiguée et ne pas vouloir... On faisait des 20 000 pas par jour, on mangeait très peu, parce qu'au final, on profitait plus des visites que des restaurants, même si on mangeait aussi. Tout simplement pour dire que vraiment, c'était beaucoup de choses qui se mélangeaient dans le pot. et mon objectif c'était vraiment de parcourir tout Tokyo de rien manquer de ce magnifique voyage parce qu'on était là que 10 jours et en fait je ne me rendais pas compte que j'ai laissé ma santé parce que j'étais totalement je ne prenais pas conscience de ce sommeil dont j'avais besoin Et je pense que ce qui a été vraiment le déclic de ce voyage, c'était cette fameuse excursion qu'on a faite avec mon papa et ma tante au Mont Foudy. Du coup, du moins, en tout cas, du moins au plus près du Mont Foudy. On a pris le car, on a pris le bateau, on a pris le téléphérique. C'était un défilé de paysages, c'était surprenant. On voyait la montagne, la neige. Puis après, on a surtout visité un temple bouddhiste qui était vraiment incroyable. Et je pense que ça a été ça, en fait, le point de non-retour. à partir de là, quand j'ai visité ce temple et que j'ai vu un petit peu cette immensité de paysages incroyables en plein milieu de la nature parce que c'est vraiment un temple perché dans un petit village Peace Park, ça s'appelait mais je ne saurais pas vous dire le nom exact je me suis sentie en fait différente j'avais l'impression de redécouvrir une partie de moi, je découvrais en fait ma spiritualité, alors que jusqu'à présent en fait je me considérais totalement athée je ne croyais pas du tout en la religion, je ne croyais pas du tout euh... Tout ça, ça me paraissait totalement abstrait. Et d'un coup, c'était quelque chose de nouveau. Donc ça a eu un impact assez fort. En pleine crise, la découverte des lieux du culte japonais, en fait, ça n'a fait que m'enfoncer un peu plus dans l'abstrait. Je me sentais un peu incomprise aussi, parce que pendant le voyage, j'étais avec mon papa qui n'est pas du tout croyant, ma tante qui parle iranien. Je ne parle pas iranien, même si je suis d'origine iranienne. Donc il y avait quand même cette barrière de la langue qui faisait que je ne pouvais pas forcément partager tous mes ressentis avec eux. Et surtout, je ne pensais pas que je serais capable de leur partager mes ressentis parce que moi-même, je ne les comprenais pas. Je voyais quelque chose de particulièrement grand. En fait, tout d'un coup, c'est comme si je commençais à croire un petit peu à une force invisible, quelque chose qui nous protégeait, quelque chose qui m'aidait aussi, comme un guide. Et je me suis sentie un petit peu déconnectée de la réalité. On va vraiment dire les choses telles qu'elles étaient, c'est vraiment ça. J'étais complètement à l'ouest. Vraiment, j'avais du mal à garder les pieds sur terre, à me rendre compte que tout ça, certes, on peut croire en la spiritualité, etc., mais là, on partageait juste un beau voyage. et je partais totalement en live. C'était très difficile à gérer. Je l'explique beaucoup mieux dans le livre, mais j'avais ce besoin, en fait, de me sentir connectée à quelque chose, comme si je voulais me rattacher à quelque chose, finalement. C'était un petit peu ça. Et après avoir découvert un petit peu comment étaient construits les temples, avec plusieurs petites statues qui représentaient un peu le mal, les démons, etc., sous différentes formes, j'ai commencé un peu à me focaliser sur le bien, sur le mal. Et à mon retour en France, j'ai eu beaucoup beaucoup de difficultés à garder les pieds sur terre. En fait, c'est comme si je redécouvrais le monde, que je voyais la lune, le soleil, les arbres, un peu pour la première fois, d'une toute nouvelle façon. C'est comme si je commençais à voir un petit peu ce qui m'entourait de façon réelle. C'est difficile à expliquer. Je partais en fait tout simplement dans un extrême. Et à mon retour, ma crise, elle était telle que ma mère allait être obligée de me faire hospitaliser en psychiatrie en urgence. Elle n'avait pas d'autre choix. Vraiment, je commençais à veiller. J'avais l'impression que la fin du monde était proche, qu'on allait tous mourir de toute façon. J'étais partie dans un délire. En fait, c'était simplement une bouffée délirante aiguë, donc BDA, qui faisait que je n'avais plus du tout la notion de réalité. J'étais complètement... rester au Japon Elle n'a pas eu d'autre choix, en fait. Ma mère, elle a appelé l'ambulance. Deux messieurs sont arrivés. Ils m'ont bien prié de monter dans leur voiture pour qu'on aille en direction des urgences. Donc, voilà, j'ai dû être prise en charge. En fait, j'ai commencé à prendre conscience pendant mes rares moments de raison que j'avais besoin de soins, que ce n'était pas normal ce qui se passait dans ma tête et que ça prenait des proportions trop grandes. Voilà, j'ai dû, par ce biais-là, du coup, être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. ce qui peut faire peur, je sais. Il n'y a pas que des faux dans ces endroits, puisque je pense en être la preuve vivante. Je m'en suis sortie, et pourtant j'ai passé un mois à l'hôpital. J'en avais juste besoin, comme toutes les personnes que j'ai croisées, qui auraient pu être n'importe qui d'ailleurs. C'est pas marqué sur le front. C'est là qu'on se rend compte vraiment qu'à l'hôpital, il y a de tout. Et que ça peut arriver un petit peu à n'importe qui de vriller, de péter les plombs. J'ai pas eu d'autre choix en tout cas sur le plan professionnel que de mettre fin à mes engagements pendant cette période. J'ai pas vraiment donné d'explication claire, tout simplement parce que moi-même je comprenais pas trop ce qui se passait. Le diagnostic n'a pas été posé directement. Ça a été à peu près la moitié de mon hospitalisation. Donc il a fallu d'abord que moi-même je comprenne ce qui se passe Mais j'ai pu compter surtout sur ma famille Et mon chéri qui était très présent à l'hôpital Il venait à peu près tous les jours J'avais toujours de la visite, que ce soit des amis, de la famille, etc Tout le monde était là pour moi J'ai été très très bien encadrée, prise en charge aussi par les médecins Un peu moins d'accompagnement psychiatrique Parce qu'au final le psychiatre je ne l'ai vu que quelques minutes Mais voilà, j'ai eu beaucoup de chance en tout cas d'avoir eu mes proches à ce moment-là C'est pas mal pas un moment facile, et ils m'ont témoigné de leur soutien. Et pour ça, j'en suis extrêmement reconnaissante. C'est pas forcément simple. Et pendant ces moments-là, c'est là qu'on se rend compte qu'on a besoin quand même de nos proches. Même si on a l'impression qu'on peut s'en sortir tout seul. Au niveau des réactions de mes proches, j'en ai pas trop en fait parlé directement à tout le monde. J'ai pas annoncé à tout le monde que j'étais bipolaire quand je l'ai su. J'en ai pas non plus parlé à mes collègues. Je pense que c'était super important aussi de... de digérer la maladie, de moi-même la comprendre. et de surtout gérer le traitement. Parce qu'il y a des effets secondaires, on ne va pas se mentir, ce n'est pas facile. Il faut gérer les somnolences, il faut gérer les moments où on est très fatigué, les moments où on a du mal à sortir du lit, les moments où on peut avoir des petits spasmes, parce que le sommeil commence à prendre le dessus. On a du mal à parler, on peut grossir aussi à cause des cachets. Il y a plein de choses comme ça qu'il faut gérer. Il faut remettre sur pied sa vie, tout reconstruire de zéro. Donc, au niveau de mes collègues, je n'ai pas forcément voulu en parler. J'ai toujours voulu donner la priorité au travail. Je me suis organisée de mon côté. J'ai gardé les choses pour moi. J'avais besoin de prouver aussi que j'étais capable moi-même de travailler, de reprendre une vie professionnelle stable, avant de pouvoir... En fait, j'ai vraiment fait le choix de ne pas laisser la bipolarité avoir le dernier mot, que ce soit dans ma vie professionnelle ou amoureuse ou familiale. J'ai aussi une grande chance, c'est celle de pouvoir faire du télétravail avec mon métier. Certes, j'ai des horaires complètement décalés, je peux travailler du lundi au dimanche, du matin au soir, mais en même temps, j'ai réussi à tout concilier et j'ai beaucoup travaillé sur moi. Pour ça, j'ai beaucoup donné la priorité au travail parce que c'était vraiment mon objectif de vie. C'était vraiment de me prouver qu'on peut tout à fait travailler. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais moi, en tout cas, c'était vraiment mon objectif principal. C'était mon père quand il a appris que j'étais bipolaire. Son premier réflexe a été de se renseigner en détail. Il voulait absolument savoir ce que signifiait être bipolaire. Donc je pense qu'il avait surtout, enfin c'est pas je pense, je le sais, il avait surtout peur des rechutes. Donc il s'est informé au maximum pour savoir comment est-ce que ça se passait, comment est-ce que ça pouvait évoluer avec les années, avec le traitement. Pendant que moi j'étais à l'hôpital, il passait son temps à regarder ce que signifiait la bipolarité, comment est-ce qu'on la gère au quotidien. Je pense qu'il était très inquiet aussi parce qu'il m'a vu complètement péter les plombs. et il se demandait s'il allait pouvoir récupérer sa fille en fait. C'est tout simplement ça. Surtout que la bipolarité, il connaissait le nom, mais il ne connaissait pas en détail. Donc son premier réflexe, ça a été ça. Ça a été de vérifier un petit peu comment est-ce que ça marche, même si évidemment il n'y a pas qu'une seule façon d'être bipolaire, il y en a plein. Et avec mes proches, évidemment, j'ai dû parler aussi du fait que j'ai été hospitalisée, la raison, donner la raison, mais ça s'est fait de façon très simple. Je l'ai dit sans tabou. Parce que pour moi, en tout cas mes proches, très proches, mes amis, très proches de mon petit cercle d'amis, j'en ai pas parlé à tout le monde parce que je trouvais pas ça essentiel. Et je trouve surtout que c'était finalement intime, en tout cas de le... d'en parler comme ça de façon naturelle. Je voulais que ça se fasse de façon beaucoup plus formelle, on va dire, avec un livre, où je pourrais exprimer dedans toutes mes émotions, tous mes sentiments, parler en détail de chaque chose, expliquer aussi l'évolution, comment est-ce que ça a pris forme. Et c'est la meilleure façon. C'est ce que je sais faire de mieux écrire. Donc j'avais juste envie de proposer ce livre-là. Une espèce de réponse, un petit peu. Voilà, dans ce livre, vous allez trouver toutes les réponses. Comment est-ce que ça se passe dans ma tête ? Pourquoi est-ce que j'ai vrayé ? À partir de 2020, fin 2020, il y avait vraiment une question qui tournait dans ma tête, mais en dongle, c'est-à-dire, qu'est-ce qui s'est passé ? parce que ça s'est fait tellement en peu de temps. J'ai passé 10-11 jours au Japon, j'ai été tout de suite hospitalisée pendant un mois, et après j'ai repris ma vie presque telle qu'elle, en reprenant le travail, en reprenant une activité professionnelle stable, en me battant contre les effets indésirables du cachet. J'avais surtout envie de répondre à cette question. En 2022, j'ai pris ma plume pour écrire de façon thérapeutique, pour un petit peu expliquer ce qui s'était passé, analyser un petit peu la situation. Et au fil du temps, je me rends vite compte que j'écris de façon trinétique. J'écris une page, deux pages, plus dix, et au bout de la deuxième page, je me rends compte que ça a de la gueule, en fait. J'écris quelque chose de cohérent, il y a une vraie histoire, je raconte quelque chose, vraiment, je reviens sur tout ce qui s'est passé. En fait, au fil des pages, je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose à faire, en fait, avec mon histoire. Que ça pouvait résonner avec le parcours d'autres malades ou d'autres proches de bipolaire aussi, que ce soit par exemple un papa ou une maman de bipolaire, comme mes parents un peu ont reçu la nouvelle du diagnostic. un peu comme une bombe, en tout cas pour mon père. Je voulais un peu que ce soit quelque chose de matériel qui pourrait permettre à ces proches-là de comprendre ce qui se passe dans notre petite tête. Ce n'est pas toujours facile de l'expliquer, donc au moins, je pensais avoir la possibilité d'en parler par écrit. C'était aussi pour moi l'occasion de partager un vécu intime avec le plus grand nombre, juste pour que cette maladie ne soit plus un tabou, en tout cas à mon échelle, faire qu'on en parle un petit peu plus, qu'on ne se prive pas de dire ce mot, bipolaire. Il n'y a pas de honte en fait à être bipolaire ou avoir un proche bipolaire. Et je me suis rendu compte aussi que d'en parler, ça libère aussi la parole. J'ai reçu pas mal de messages de personnes qui me disaient Finalement, je suis bipolaire, j'en ai parlé à personne autour de moi, je le gère en silence. Et je trouve ça triste. c'est dommage parce qu'au final on devrait plus se serrer les coudes qu'autre chose. Et ce travail d'écriture, ça m'a vraiment permis de revivre et d'analyser toutes mes crises, de comprendre aussi les moments difficiles que j'ai pu passer pendant mon adolescence, et liés des colères extrêmes ou une dépression que j'ai pu avoir en 2017 pendant un an. À cause de la maladie, en fait, tout prenait sens. J'ai aussi pu voir que j'avais fait quelque chose de concret avec ma maladie, c'est-à-dire faire un livre. Et ça me permit aussi de prendre une certaine distance. C'est comme si un peu désormais, je pouvais enfin aller de l'avant et laisser derrière moi ce chamboulement que j'ai vécu en 2020. Le voyage au Japon, ça représente à peu près un tiers de mon livre. C'est vraiment ce séjour-là, au bout du monde, qui m'a fait basculer. Et ça a vraiment été un tournant. Au final, pendant près de 20 ans, j'ai su à peu près maîtriser la maladie les hauts, les bas. J'avais une certaine routine qui s'était installée avec le temps et ça me permettait un petit peu de garder une certaine cohérence et de, entre guillemets, me fondre un peu dans la masse. C'est-à-dire que j'étais un petit peu plus extrême à certains moments, mais je paraissais tout à fait normale. En tout cas, j'arrivais à gérer. Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. J'ai tendance à dire que c'était le voyage de ma vie. Et avant même de partir, en plus, j'avais ce sentiment-là. C'était assez fou. Je me disais que ça allait être un voyage qui allait changer quelque chose. Je ne m'étais pas loupée. Sauf que je ne pensais pas que j'allais être aussi dépaisée, ou en tout cas, je n'imaginais pas à quel point. Ce qui m'a vraiment secouée, c'était vraiment cette découverte d'un temple bouddhiste. C'était pendant l'ascension du Mont Fouy. J'ai envoyé en fait toutes ces statues de démons, de diables, etc. qui protégeaient le lieu. Le rituel de purification par l'eau aussi, en entrant sur place, c'était comme si tout s'illuminait. C'est comme si tout prenait enfin un sens et que je comprenais enfin tout ce qui m'entourait, tout était un petit peu plus cohérent. Après mon diagnostic et ma sortie de l'hôpital, ça a mis plusieurs mois pour gérer déjà les effets secondaires de cachets. Parce que c'est pas simple de gérer un nouveau cachet qui rentre dans ton organisme. Il y a différentes façons de le gérer. Il faut que le corps s'adapte, surtout à cette nouvelle substance, et que ça fasse son effet progressivement. C'est pas toujours simple, ne serait-ce que de gérer les fringales, les insomnies, les somnolences, etc. Ça, c'est un premier pas. Mais finalement, j'ai réussi à prendre ma vie en main assez vite. J'ai essayé de tout faire pour perdre les kilos que j'avais pris à l'hôpital. Je me suis remise un petit peu au sport à la maison. J'ai appris à mieux manger et à mieux dormir, surtout. C'est un point essentiel, puisque vraiment, les insomnies, ça faisait partie de ma vie depuis mon adolescence. Et finalement, j'ai aussi appris à stopper tous les excès. Donc, j'ai lâché déjà un peu l'alcool, parce que j'étais quand même très fêtarde. J'ai même travaillé en tant que barmaid de nuit pendant six mois, que je fasse comme ça. donc c'était pas forcément la meilleure idée pour une bipolaire sauf que je ne le savais pas donc à ce moment là je gérais la vie comme une fête sauf que la vie n'est pas une fête il y a un moment où il faut trouver une certaine stabilité et se cacher m'a permis à gérer ma bipolarité donc depuis, allez, juin 2020 à peu près j'ai un mode de vie beaucoup plus sain et je donne vraiment la priorité au sommeil c'est-à-dire que j'essaie vraiment d'organiser ma vie en fonction du sommeil c'est pas forcément très fun, c'est vrai Mais c'est très important. Je me rends compte qu'une bonne nuit de sommeil, ça permet d'avoir les idées claires. Et qu'en plus de ça, je prends du sommeil, ce qui n'était pas le cas avant. où je voyais ça plus comme une contrainte. Et grâce à tout ça, en dormant bien notamment, je me suis un peu éloignée de toutes ces phases maniaques un petit peu qui jalonnaient toute ma vie. Alors au premier abord, ça peut sembler super sympa, on a beaucoup d'énergie, l'énergie est débordante, on est très productif, il n'y a pas de limite. Mais au final, c'est surtout ça nocif. Si je devais m'adresser à une autre personne qui vient d'être diagnostiquée bipolaire, Je lui dirais déjà qu'il faut accepter la maladie. Il faut accepter aussi qu'on est différent. Ça peut demander un petit temps d'adaptation. C'est pas toujours facile, mais au final, on se rend compte qu'on a surtout besoin de temps pour appréhender la maladie. Il faut se laisser le temps. Même quatre ans après mon diagnostic, je me suis battue pour prouver que je peux avoir une vie normale. J'ai un CDI, je suis propriétaire de mon propre appartement. Je suis en couple depuis six ans. J'ai même un petit chien que j'ai adopté il y a quatre ans, juste après l'hospitalisation. Et pourtant, ça m'arrive encore d'avoir des hauts et des bas. Mais il faut juste accepter qu'on ne peut pas toujours aller bien. Il faut surtout s'écouter. Et avec un peu de patience, je pense qu'on finit toujours par retomber sur ses pattes. Surtout, il faut accepter les cacher. On a besoin d'en cacher. Ce n'est pas une partie de plaisir, ça c'est clair. Tous les jours, il faut les prendre pour éviter de repartir dans un excès. Mais le naturel, il revient toujours au galop. En tout cas, le naturel d'un bipolaire, ce n'est pas posséder. Ce n'est pas toujours fun. En fait, le seul conseil que je pourrais donner, c'est qu'il faut se laisser le temps et il faut faire confiance à l'avenir, mais aussi à la science. Ces petits cachets qui ont été créés pour nous, ils n'ont pas été créés pour rien. Ils stabilisent nos humeurs et ça permet d'avoir un mode de vie beaucoup plus simple, beaucoup plus stable. Et ensuite, on peut articuler notre vie en fonction. Mais ça, ça devrait être la base. Pour ne pas en tout cas repartir en live, parce que c'est bon pour personne. Après, évidemment, je ne vais pas vous cacher qu'il n'y a pas des moments où je me dis que j'aimerais bien me détacher des cachets et que j'aimerais bien ne pas avoir à prendre un petit traitement potentiellement à vie, parce que c'est ce qu'il faut se dire, c'est quand même une maladie à gérer à vie. Je pense qu'on croit toujours au fond qu'on peut s'en sortir sans traitement, qu'on peut très bien gérer la maladie, parce que je l'ai fait au final. Jusqu'à mes 20 ans, je l'ai fait, j'ai géré les hauts et les bas du mieux que je le pouvais. J'ai caché ma maladie un petit peu aux yeux de tout le monde. Et tout allait très bien, même si j'avais des moments où j'avais un peu des crises, j'arrivais à gérer tout ça. mais c'est trop risqué. C'est franchement trop risqué et à quoi bon ? Surtout potentiellement quand on veut après une vie de famille quelque chose de stable. Le cachet est essentiel, ne serait-ce que pour pas faire subir la maladie à nos proches. J'ai choisi de mettre déjà le titre Bipolarité, je voulais le mettre dans mon titre de livre parce que ça me semblait important qu'on sache déjà de quoi on parle. Je ne veux pas en faire un tabou et c'est la première étape pour moi pour casser un petit peu le tabou que de le mettre en haut de mon livre. Et Renaissance parce que je suis vraiment Je ne suis plus la même en fait que depuis 2019. Vraiment définitivement plus la même. Avant mon voyage au Japon, j'étais pleine d'énergie, d'envie, j'étais toujours dans l'excès. En tout cas en public, j'affichais toujours un petit masque, il fallait absolument que je sois sociable, que je fasse semblant, même quand je n'avais pas envie, je me forçais. Et ce n'est plus le cas en fait, parce que j'avais des jours avant où j'étais sociable avec tout le monde et le lendemain, je ne pouvais plus me voir personne aux peintures. Je passais vraiment d'un extrême à un autre de mon comportement. Et depuis mon hospitalisation, j'ai beaucoup appris sur moi, j'ai beaucoup évolué. Et surtout, je comprends d'où vient ce sentiment d'être différente. Depuis l'adolescence, j'ai toujours ce sentiment. Alors, il y en a beaucoup qui l'ont. Mais j'avais vraiment le sentiment qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, sans vraiment comprendre ce que c'était. Et maintenant, vraiment, j'apprends à me recentrer sur moi. Je m'éloigne de tous les dramas, tous les stress, toutes les agitations. Tout ça, ça ne me concerne plus. Ça ne m'intéresse plus. Je veux vraiment une vie beaucoup plus paisible, beaucoup plus calme. et je me suis aussi redécouverte, un peu moins fêtarde, un peu plus centrée sur la nature, sur la spiritualité, sur une vie un peu plus simple. Et c'est comme si le diagnostic avait ouvert une nouvelle porte aussi. Il m'avait permis de retrouver une simplicité, une stabilité. Ça a du bon finalement. Je l'apprends. Quand je parle de renaissance, c'est aussi le fait que maintenant je vis ma vie, j'essaie d'être une meilleure personne à mon échelle. mais surtout j'essaie de ne plus me mentir, ni de me forcer. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à faire ça, à me forcer, à être joviale, à être solaire. Donc oui, je suis bipolaire, j'ai parfois des difficultés à sortir de chez moi, j'ai parfois des difficultés à m'exprimer et à sociabiliser. Mais ce n'est pas grave, j'accepte qui je suis, j'avance. J'essaie de porter mon livre, surtout, pour qu'il puisse aider en tout cas à la compréhension de la maladie bipolaire. Et je pense que, qu'on soit malade ou pas, c'est important juste d'avoir conscience que les bipolaires existent, d'avoir conscience qu'on existe et qu'on a notre place dans ce monde. Depuis que mon livre a été publié, j'ai reçu quelques retours, notamment sur la page Instagram que j'ai créée pour le livre. Donc je l'ai appelé Bipolarité.Renaissance, sans accent, sur le E. Et j'ai eu d'autres bipolaires aussi qui m'ont partagé leur histoire, d'autres internautes qui ont juste voulu expliquer qu'eux aussi ont été diagnostiqués récemment ou alors qu'ils ont un proche de bipolaire et qu'ils aimeraient savoir comment gérer au quotidien, comment faire quand une personne nous repousse, quand un bipolaire est dépressif et qu'il a besoin de temps pour lui, comment l'aborder. Surtout des questions par rapport à comment gérer la maladie. Alors je suis personne pour donner des conseils. cohérents et qui pourraient en tout cas aider. Mais j'essaye de le faire à mon échelle, avec ma petite expérience. J'ai aussi eu pas mal de retours de quelques lecteurs qui m'ont simplement remercié d'en parler. Ça me touche énormément. Je vais te dire que c'est vraiment quelque chose qui me touche au plus profond de moi, de voir que je n'ai pas publié ce livre pour rien. J'aimerais recevoir d'ailleurs encore plus d'émissions de mon livre, donc si jamais vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas à me contacter sur Instagram. Ce sera avec grand plaisir de vous lire. parce que vraiment, j'ai écrit ce livre et je l'ai publié en tout cas pour les lecteurs. En fait, c'est comme si le livre ne m'appartenait plus. Maintenant, je souhaite juste délivrer un message d'espoir, prouver que la maladie, c'est une continuité, et surtout que ce n'est pas une fin en soi. C'est vraiment mon message. J'ai aussi une lectrice qui m'a envoyé un petit message en me disant que c'était beaucoup retrouvé dans sa découverte de la spiritualité. Donc le fait de se balader, elle s'était plutôt dans des églises avec son papa, où elles se sont été connectées à une force invisible, quelque chose de très fort. Donc on a fait ça en commun. On se rend compte finalement que nos histoires sont assez similaires. Et c'est assez émouvant de voir qu'il y a beaucoup de similitudes d'un bipolaire à l'autre par rapport à son parcours. Finalement, c'est comme si on était tous différents, mais en même temps tous liés d'une certaine façon. Et je trouve ça beau. Si vous êtes bipolaire, déjà, sachez que vous n'êtes pas seul. On est nombreux, même si ça ne se voit pas forcément. il faudra justement qu'on se soutienne. En tout cas, à mon sens, je pense que c'est très important et je veux essayer de prouver justement que ce soit par mon livre ou juste en m'exprimant, qu'on peut avoir une vie amoureuse saine, qu'on peut avoir une vie professionnelle tout à fait classique, tout en aménageant en fonction de notre cachet, bien sûr. Les seuls freins qu'il y a, pour moi, ce sont ceux qu'on veut bien qu'on se met nous-mêmes, en fait. C'est vraiment les freins que nous-mêmes on se met. Je pense qu'il est important juste de reconstruire sa vie en fonction de la maladie, repenser son environnement aussi. Pour ma part, j'ai décidé de quitter Paris il y a à peu près quelques mois. C'était en mars 2024 du coup. Je n'en pouvais complètement plus de Paris, de toute cette agitation. Il fallait que je parte. C'était un stress permanent. Il y avait tout le temps des chantiers, c'était sale. C'était un choix aussi que j'ai fait de quitter la région parisienne pour Lyon, parce que c'est une ville dans laquelle il y a un peu plus de verdure, un peu plus d'espace, et où je retrouve un petit peu plus de temps aussi, finalement. Pour pouvoir me reconstruire, j'avais aussi besoin de quitter tout ce qui était nocif à mes yeux. Donc c'était un ressort important. Mais je pense qu'en tant que malade, en tant que bipolaire, si on est dans un mauvais environnement, on ne peut pas toujours guérir. Donc si vous en avez la possibilité, si vous vous sentez plus à l'aise là où vous habitez, où vous êtes, il ne faut pas juste hésiter. Il faut juste essayer de reconstruire quelque chose de neuf pour pouvoir aller de l'avant. J'ai publié mon livre. Pour donner vraiment les détails de comment est-ce que ça se passe quand on est en pleine crise, comment est-ce que ça se passe quand on perd pied. Dans mon livre, j'essaie en tout cas de développer tous mes ressentis, tout ce qui se passe dans ma tête. J'explique comment la crise s'est installée progressivement. J'ai décidé de refléter en éjouer le Corée. Je parle vraiment sincèrement de ce que j'ai vécu sans filtre. C'était douloureux d'en parler, de l'écrire, c'est vrai. Je me suis mise à nu, mais le but c'était aussi de partager mon histoire pour inciter d'autres malades aussi à le faire, à en parler. Ça peut être dans un livre, ça peut être autrement. Juste ne serait-ce qu'assez proche. Parler assez proche de la maladie, de comment est-ce qu'on se sent. Faut pas qu'on en fasse un tabou, et surtout on n'est pas invisibles. On est là, on ne devrait pas avoir honte d'être malade, bien au contraire. J'espère juste qu'un lecteur lambda pourra mieux comprendre cette maladie en lisant mon livre en se disant que... Bah oui, on existe, et ça peut tomber sur n'importe qui. Mais surtout, on peut s'en sortir. On peut très bien trouver une vie tout à fait stable. Je veux juste qu'on puisse créer une petite communauté, échanger sur la maladie, faire bouger les choses petit à petit. Et je veux aussi que mon livre, le plus possible, tombe dans les mains de personnes qui n'y connaissent rien à la bipolarité pour que ça puisse leur apprendre un petit peu la maladie. Ou encore dans celle de personnes touchées, que ce soit de près ou de loin par la maladie. C'est pas toujours simple d'expliquer qu'on ne va pas bien. j'essayais à mon niveau de le faire et de faire avancer aussi les choses. Voilà. Je pense que c'est important d'en parler. Ça peut être sur les réseaux sociaux, peu importe. Il faut que la bipolarité ne soit plus un tabou. C'est vraiment important. Je trouve ça bien, par exemple, qu'on parle de plus en plus des troubles anxieux, par exemple. On parle plus de santé mentale, de dépression. C'est génial, les choses avancent. OK. Les réseaux sociaux servent beaucoup aussi à ce niveau. Mais par rapport à la bipolarité, c'est encore timide. J'ai confiance en l'avenir, mais j'espère surtout que les malades ne devront plus se cacher. Ça, ça me semble vraiment triste. De se dire qu'on est obligé de se replier, d'en parler très peu, parce qu'on a peur d'être jugé. Mais c'est vrai, par exemple, dans le milieu professionnel, il y a encore beaucoup de jugements. Ça peut faire peur. Mais c'est vrai que ça peut faire peur. On se dit tout de suite qu'un malade, il peut perdre pied, du jour au lendemain, il peut péter les plombs. Donc on ne peut pas lui faire confiance. Mais pas forcément. Pas forcément, surtout si la maladie est gérée avec un traitement. Et c'est aussi important d'accepter qu'on ne va pas bien. D'accepter aussi qu'on a besoin peut-être d'aide, d'un cachet pour stabiliser son humeur. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, notamment sur l'accès aux psychologues. Ce serait bien que n'importe qui puisse parler, peu importe son âge, de ses hauts, de ses bas, se sentir accompagné, et ça ne devrait pas être payant. En tout cas, les remboursements ne devraient pas aussi être compliqués. Tout le monde devrait pouvoir en parler avant même d'être diagnostiqué, pour pouvoir justement être diagnostiqué peut-être plus tôt, sans avoir à faire une crise à l'autre bout du monde. C'est pas encore toujours très accessible à tous les portefeuilles, mais ça va arriver. En tout cas, j'ai confiance. Il y a des choses qui sont faites, il y a des avancées au quotidien. Et on peut trouver de l'aide. Peu importe ce qu'on vit, peu importe les difficultés, on peut toujours s'en sortir et se reconstruire à partir de zéro. Il faut vivre une certaine renaissance. Comme moi, j'ai plus la vie par rapport à mon hospitalisation, j'ai tout reconstruit de zéro. Et voilà. On est tous capables, en tout cas ça prend le temps qu'il faut, mais surtout accepter la maladie, accepter qu'on ait des efférents, accepter qu'il va falloir reconstruire toute sa vie en fonction, aussi, mais que c'est pas la fin de quelque chose. On peut dire le contraire.

Description

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans un nouvel épisode d’États Dames.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nina Siahpoush-Royoux, journaliste et auteure de l’ouvrage Bipolarité - Du délire à la renaissance.

Dans ce premier livre, Nina nous partage avec une grande sensibilité son témoignage intime sur la découverte et la gestion de la bipolarité, une maladie qui s’est révélée à elle de manière inattendue.

À travers ce récit poignant, elle nous emmène dans un voyage intérieur, où elle explore les méandres de cette pathologie et le processus de reconstruction qui a suivi. Nous aurons l’opportunité de discuter de son expérience personnelle, des défis rencontrés et de sa renaissance, un cheminement qui touche profondément.

Je suis honorée de vous offrir cette discussion enrichissante et inspirante avec Nina Siahpoush-Royoux.

Bonne écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. État d'âme au cœur de votre santé Bienvenue sur État d'âme, le podcast qui vous emmène au cœur des émotions féminines dans leur parcours de santé. Vous avez déjà ressenti cette impression de solitude face aux défis de la vie, qu'ils soient physiques ou mentaux ? Sur Etat d'âme, je donne la parole à ces expériences authentiques, accompagnées d'histoires immersives et des conseils de professionnels santé. Préparez-vous à être transporté, inspiré et informé. Restez à l'écoute, car vous êtes sur le point de découvrir un monde où vos émotions trouvent écho. Bonjour à tous, aujourd'hui j'ai le plaisir de vous partager l'histoire de Nina Siapouchroyo, une journaliste talentueuse et une auteure remarquable. Dans son premier livre Bipolarité du délire à la renaissance, eh bien Nina nous livre un témoignage bouleversant et intime sur la bipolarité, une maladie qu'elle a découverte en elle-même de manière inattendue. Et en voici les backstage. Excellente écoute. Je suis une jeune femme de 27 ans. Je travaille dans le journalisme depuis un peu plus de 5 ans, donc essentiellement pour le média gala. L'écriture, elle a toujours fait partie de ma vie. Petite, déjà, je me souviens que j'écrivais des poèmes, des critiques de films, juste par pure passion, parce que c'était vraiment quelque chose qui me plaisait. J'avais besoin de coucher sur papier mes émotions, mes ressentis, etc. Et puis, le journalisme, c'est un petit peu imposé à moi, en fait. Ça m'a permis... de maîtriser différents sujets, d'apprendre beaucoup de choses, ce qui n'est pas forcément le cas quand on ne fait qu'écrire des livres, par exemple. Donc là, je parle d'un seul livre que j'ai publié, probablement le dernier, parce que c'est celui qui me tient le plus à cœur. Mon livre parle un petit peu de ma maladie, donc il s'appelle Bipolarité, du délire à la renaissance. Un livre publié aux éditions de Lise Bleu. C'est en 2020 que j'ai vraiment ressenti le besoin de prendre ma plume pour ce projet qui est un peu plus personnel, ou même plutôt très intime. C'est mon témoignage sur ce voyage au Japon que j'ai réalisé en famille avec mon papa et ma tante d'origine iranienne en début 2020. Et c'est ce fameux voyage qui m'a obligée à être hospitalisée en urgence en psychiatrie. C'est dans ce contexte-là que j'ai été diagnostiquée bipolaire et que depuis, j'apprends à vivre avec la maladie. Donc ça me semble important de briser le tabou. Il aura fallu à peu près 20 ans pour que je découvre que je suis bipolaire. Donc pour ça, il a fallu que je parte à l'autre bout du monde, à Tokyo, pour ce fameux voyage. Et j'étais tellement contente de découvrir le Japon. C'est vraiment un pays qui me faisait rêver depuis des années que j'en ai complètement perdu la tête. C'est-à-dire que je ne dormais plus, je n'arrivais plus à dormir totalement. totalement en décalage. Donc le décalage horaire, bien sûr, mais pas seulement, parce qu'au final, je faisais des insomnies. Je dormais à peu près deux à trois heures par nuit maximum. Et un peu plus chaque jour, en fait, je m'enfonçais dans une crise, donc une crise maniaque. Je n'en avais pas encore connaissance, je ne savais pas encore ce que c'était. Je pensais juste que j'étais très contente de voyager et super excitée à aller découvrir un nouveau pays. de nouvelles personnes, etc., de nouvelles architectures aussi, de nouveaux paysages, tout ça, c'était tellement excitant qu'au final, je me perdais un petit peu petit à petit dans la maladie. Je n'étais plus du tout cohérente petit à petit. Je commençais à avoir des propos qui tournaient un peu en boucle. J'avais vraiment plus de mal à m'exprimer correctement. J'étais extrêmement enthousiaste, mais il n'y avait vraiment pas d'imite. Mon papa ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais en même temps, il se disait que c'était certainement le voyage. que c'était logique en même temps que je sois traitementante, mais ce n'était pas seulement ça. J'étais en phase maniaque et je découvrais plus tard que j'étais finalement en BDA, donc bouffée délirante aiguë, qui n'est pas anodine du tout. Au niveau des symptômes qui se sont manifestés, je pense qu'on peut parler du débit de parole. Je parlais extrêmement vite, tout le temps. Vraiment, je monopolisais la parole. J'avais toujours des trucs super intéressants à mon sens, en tout cas à dire. Cet enthousiasme, cette énergie débordante, alors que je ne dormais pas, C'était que ça n'avait aucun sens. C'est-à-dire qu'après deux, trois heures de sommet, j'avais vraiment énormément d'énergie, alors que j'aurais dû normalement être extrêmement fatiguée et ne pas vouloir... On faisait des 20 000 pas par jour, on mangeait très peu, parce qu'au final, on profitait plus des visites que des restaurants, même si on mangeait aussi. Tout simplement pour dire que vraiment, c'était beaucoup de choses qui se mélangeaient dans le pot. et mon objectif c'était vraiment de parcourir tout Tokyo de rien manquer de ce magnifique voyage parce qu'on était là que 10 jours et en fait je ne me rendais pas compte que j'ai laissé ma santé parce que j'étais totalement je ne prenais pas conscience de ce sommeil dont j'avais besoin Et je pense que ce qui a été vraiment le déclic de ce voyage, c'était cette fameuse excursion qu'on a faite avec mon papa et ma tante au Mont Foudy. Du coup, du moins, en tout cas, du moins au plus près du Mont Foudy. On a pris le car, on a pris le bateau, on a pris le téléphérique. C'était un défilé de paysages, c'était surprenant. On voyait la montagne, la neige. Puis après, on a surtout visité un temple bouddhiste qui était vraiment incroyable. Et je pense que ça a été ça, en fait, le point de non-retour. à partir de là, quand j'ai visité ce temple et que j'ai vu un petit peu cette immensité de paysages incroyables en plein milieu de la nature parce que c'est vraiment un temple perché dans un petit village Peace Park, ça s'appelait mais je ne saurais pas vous dire le nom exact je me suis sentie en fait différente j'avais l'impression de redécouvrir une partie de moi, je découvrais en fait ma spiritualité, alors que jusqu'à présent en fait je me considérais totalement athée je ne croyais pas du tout en la religion, je ne croyais pas du tout euh... Tout ça, ça me paraissait totalement abstrait. Et d'un coup, c'était quelque chose de nouveau. Donc ça a eu un impact assez fort. En pleine crise, la découverte des lieux du culte japonais, en fait, ça n'a fait que m'enfoncer un peu plus dans l'abstrait. Je me sentais un peu incomprise aussi, parce que pendant le voyage, j'étais avec mon papa qui n'est pas du tout croyant, ma tante qui parle iranien. Je ne parle pas iranien, même si je suis d'origine iranienne. Donc il y avait quand même cette barrière de la langue qui faisait que je ne pouvais pas forcément partager tous mes ressentis avec eux. Et surtout, je ne pensais pas que je serais capable de leur partager mes ressentis parce que moi-même, je ne les comprenais pas. Je voyais quelque chose de particulièrement grand. En fait, tout d'un coup, c'est comme si je commençais à croire un petit peu à une force invisible, quelque chose qui nous protégeait, quelque chose qui m'aidait aussi, comme un guide. Et je me suis sentie un petit peu déconnectée de la réalité. On va vraiment dire les choses telles qu'elles étaient, c'est vraiment ça. J'étais complètement à l'ouest. Vraiment, j'avais du mal à garder les pieds sur terre, à me rendre compte que tout ça, certes, on peut croire en la spiritualité, etc., mais là, on partageait juste un beau voyage. et je partais totalement en live. C'était très difficile à gérer. Je l'explique beaucoup mieux dans le livre, mais j'avais ce besoin, en fait, de me sentir connectée à quelque chose, comme si je voulais me rattacher à quelque chose, finalement. C'était un petit peu ça. Et après avoir découvert un petit peu comment étaient construits les temples, avec plusieurs petites statues qui représentaient un peu le mal, les démons, etc., sous différentes formes, j'ai commencé un peu à me focaliser sur le bien, sur le mal. Et à mon retour en France, j'ai eu beaucoup beaucoup de difficultés à garder les pieds sur terre. En fait, c'est comme si je redécouvrais le monde, que je voyais la lune, le soleil, les arbres, un peu pour la première fois, d'une toute nouvelle façon. C'est comme si je commençais à voir un petit peu ce qui m'entourait de façon réelle. C'est difficile à expliquer. Je partais en fait tout simplement dans un extrême. Et à mon retour, ma crise, elle était telle que ma mère allait être obligée de me faire hospitaliser en psychiatrie en urgence. Elle n'avait pas d'autre choix. Vraiment, je commençais à veiller. J'avais l'impression que la fin du monde était proche, qu'on allait tous mourir de toute façon. J'étais partie dans un délire. En fait, c'était simplement une bouffée délirante aiguë, donc BDA, qui faisait que je n'avais plus du tout la notion de réalité. J'étais complètement... rester au Japon Elle n'a pas eu d'autre choix, en fait. Ma mère, elle a appelé l'ambulance. Deux messieurs sont arrivés. Ils m'ont bien prié de monter dans leur voiture pour qu'on aille en direction des urgences. Donc, voilà, j'ai dû être prise en charge. En fait, j'ai commencé à prendre conscience pendant mes rares moments de raison que j'avais besoin de soins, que ce n'était pas normal ce qui se passait dans ma tête et que ça prenait des proportions trop grandes. Voilà, j'ai dû, par ce biais-là, du coup, être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. ce qui peut faire peur, je sais. Il n'y a pas que des faux dans ces endroits, puisque je pense en être la preuve vivante. Je m'en suis sortie, et pourtant j'ai passé un mois à l'hôpital. J'en avais juste besoin, comme toutes les personnes que j'ai croisées, qui auraient pu être n'importe qui d'ailleurs. C'est pas marqué sur le front. C'est là qu'on se rend compte vraiment qu'à l'hôpital, il y a de tout. Et que ça peut arriver un petit peu à n'importe qui de vriller, de péter les plombs. J'ai pas eu d'autre choix en tout cas sur le plan professionnel que de mettre fin à mes engagements pendant cette période. J'ai pas vraiment donné d'explication claire, tout simplement parce que moi-même je comprenais pas trop ce qui se passait. Le diagnostic n'a pas été posé directement. Ça a été à peu près la moitié de mon hospitalisation. Donc il a fallu d'abord que moi-même je comprenne ce qui se passe Mais j'ai pu compter surtout sur ma famille Et mon chéri qui était très présent à l'hôpital Il venait à peu près tous les jours J'avais toujours de la visite, que ce soit des amis, de la famille, etc Tout le monde était là pour moi J'ai été très très bien encadrée, prise en charge aussi par les médecins Un peu moins d'accompagnement psychiatrique Parce qu'au final le psychiatre je ne l'ai vu que quelques minutes Mais voilà, j'ai eu beaucoup de chance en tout cas d'avoir eu mes proches à ce moment-là C'est pas mal pas un moment facile, et ils m'ont témoigné de leur soutien. Et pour ça, j'en suis extrêmement reconnaissante. C'est pas forcément simple. Et pendant ces moments-là, c'est là qu'on se rend compte qu'on a besoin quand même de nos proches. Même si on a l'impression qu'on peut s'en sortir tout seul. Au niveau des réactions de mes proches, j'en ai pas trop en fait parlé directement à tout le monde. J'ai pas annoncé à tout le monde que j'étais bipolaire quand je l'ai su. J'en ai pas non plus parlé à mes collègues. Je pense que c'était super important aussi de... de digérer la maladie, de moi-même la comprendre. et de surtout gérer le traitement. Parce qu'il y a des effets secondaires, on ne va pas se mentir, ce n'est pas facile. Il faut gérer les somnolences, il faut gérer les moments où on est très fatigué, les moments où on a du mal à sortir du lit, les moments où on peut avoir des petits spasmes, parce que le sommeil commence à prendre le dessus. On a du mal à parler, on peut grossir aussi à cause des cachets. Il y a plein de choses comme ça qu'il faut gérer. Il faut remettre sur pied sa vie, tout reconstruire de zéro. Donc, au niveau de mes collègues, je n'ai pas forcément voulu en parler. J'ai toujours voulu donner la priorité au travail. Je me suis organisée de mon côté. J'ai gardé les choses pour moi. J'avais besoin de prouver aussi que j'étais capable moi-même de travailler, de reprendre une vie professionnelle stable, avant de pouvoir... En fait, j'ai vraiment fait le choix de ne pas laisser la bipolarité avoir le dernier mot, que ce soit dans ma vie professionnelle ou amoureuse ou familiale. J'ai aussi une grande chance, c'est celle de pouvoir faire du télétravail avec mon métier. Certes, j'ai des horaires complètement décalés, je peux travailler du lundi au dimanche, du matin au soir, mais en même temps, j'ai réussi à tout concilier et j'ai beaucoup travaillé sur moi. Pour ça, j'ai beaucoup donné la priorité au travail parce que c'était vraiment mon objectif de vie. C'était vraiment de me prouver qu'on peut tout à fait travailler. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais moi, en tout cas, c'était vraiment mon objectif principal. C'était mon père quand il a appris que j'étais bipolaire. Son premier réflexe a été de se renseigner en détail. Il voulait absolument savoir ce que signifiait être bipolaire. Donc je pense qu'il avait surtout, enfin c'est pas je pense, je le sais, il avait surtout peur des rechutes. Donc il s'est informé au maximum pour savoir comment est-ce que ça se passait, comment est-ce que ça pouvait évoluer avec les années, avec le traitement. Pendant que moi j'étais à l'hôpital, il passait son temps à regarder ce que signifiait la bipolarité, comment est-ce qu'on la gère au quotidien. Je pense qu'il était très inquiet aussi parce qu'il m'a vu complètement péter les plombs. et il se demandait s'il allait pouvoir récupérer sa fille en fait. C'est tout simplement ça. Surtout que la bipolarité, il connaissait le nom, mais il ne connaissait pas en détail. Donc son premier réflexe, ça a été ça. Ça a été de vérifier un petit peu comment est-ce que ça marche, même si évidemment il n'y a pas qu'une seule façon d'être bipolaire, il y en a plein. Et avec mes proches, évidemment, j'ai dû parler aussi du fait que j'ai été hospitalisée, la raison, donner la raison, mais ça s'est fait de façon très simple. Je l'ai dit sans tabou. Parce que pour moi, en tout cas mes proches, très proches, mes amis, très proches de mon petit cercle d'amis, j'en ai pas parlé à tout le monde parce que je trouvais pas ça essentiel. Et je trouve surtout que c'était finalement intime, en tout cas de le... d'en parler comme ça de façon naturelle. Je voulais que ça se fasse de façon beaucoup plus formelle, on va dire, avec un livre, où je pourrais exprimer dedans toutes mes émotions, tous mes sentiments, parler en détail de chaque chose, expliquer aussi l'évolution, comment est-ce que ça a pris forme. Et c'est la meilleure façon. C'est ce que je sais faire de mieux écrire. Donc j'avais juste envie de proposer ce livre-là. Une espèce de réponse, un petit peu. Voilà, dans ce livre, vous allez trouver toutes les réponses. Comment est-ce que ça se passe dans ma tête ? Pourquoi est-ce que j'ai vrayé ? À partir de 2020, fin 2020, il y avait vraiment une question qui tournait dans ma tête, mais en dongle, c'est-à-dire, qu'est-ce qui s'est passé ? parce que ça s'est fait tellement en peu de temps. J'ai passé 10-11 jours au Japon, j'ai été tout de suite hospitalisée pendant un mois, et après j'ai repris ma vie presque telle qu'elle, en reprenant le travail, en reprenant une activité professionnelle stable, en me battant contre les effets indésirables du cachet. J'avais surtout envie de répondre à cette question. En 2022, j'ai pris ma plume pour écrire de façon thérapeutique, pour un petit peu expliquer ce qui s'était passé, analyser un petit peu la situation. Et au fil du temps, je me rends vite compte que j'écris de façon trinétique. J'écris une page, deux pages, plus dix, et au bout de la deuxième page, je me rends compte que ça a de la gueule, en fait. J'écris quelque chose de cohérent, il y a une vraie histoire, je raconte quelque chose, vraiment, je reviens sur tout ce qui s'est passé. En fait, au fil des pages, je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose à faire, en fait, avec mon histoire. Que ça pouvait résonner avec le parcours d'autres malades ou d'autres proches de bipolaire aussi, que ce soit par exemple un papa ou une maman de bipolaire, comme mes parents un peu ont reçu la nouvelle du diagnostic. un peu comme une bombe, en tout cas pour mon père. Je voulais un peu que ce soit quelque chose de matériel qui pourrait permettre à ces proches-là de comprendre ce qui se passe dans notre petite tête. Ce n'est pas toujours facile de l'expliquer, donc au moins, je pensais avoir la possibilité d'en parler par écrit. C'était aussi pour moi l'occasion de partager un vécu intime avec le plus grand nombre, juste pour que cette maladie ne soit plus un tabou, en tout cas à mon échelle, faire qu'on en parle un petit peu plus, qu'on ne se prive pas de dire ce mot, bipolaire. Il n'y a pas de honte en fait à être bipolaire ou avoir un proche bipolaire. Et je me suis rendu compte aussi que d'en parler, ça libère aussi la parole. J'ai reçu pas mal de messages de personnes qui me disaient Finalement, je suis bipolaire, j'en ai parlé à personne autour de moi, je le gère en silence. Et je trouve ça triste. c'est dommage parce qu'au final on devrait plus se serrer les coudes qu'autre chose. Et ce travail d'écriture, ça m'a vraiment permis de revivre et d'analyser toutes mes crises, de comprendre aussi les moments difficiles que j'ai pu passer pendant mon adolescence, et liés des colères extrêmes ou une dépression que j'ai pu avoir en 2017 pendant un an. À cause de la maladie, en fait, tout prenait sens. J'ai aussi pu voir que j'avais fait quelque chose de concret avec ma maladie, c'est-à-dire faire un livre. Et ça me permit aussi de prendre une certaine distance. C'est comme si un peu désormais, je pouvais enfin aller de l'avant et laisser derrière moi ce chamboulement que j'ai vécu en 2020. Le voyage au Japon, ça représente à peu près un tiers de mon livre. C'est vraiment ce séjour-là, au bout du monde, qui m'a fait basculer. Et ça a vraiment été un tournant. Au final, pendant près de 20 ans, j'ai su à peu près maîtriser la maladie les hauts, les bas. J'avais une certaine routine qui s'était installée avec le temps et ça me permettait un petit peu de garder une certaine cohérence et de, entre guillemets, me fondre un peu dans la masse. C'est-à-dire que j'étais un petit peu plus extrême à certains moments, mais je paraissais tout à fait normale. En tout cas, j'arrivais à gérer. Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. J'ai tendance à dire que c'était le voyage de ma vie. Et avant même de partir, en plus, j'avais ce sentiment-là. C'était assez fou. Je me disais que ça allait être un voyage qui allait changer quelque chose. Je ne m'étais pas loupée. Sauf que je ne pensais pas que j'allais être aussi dépaisée, ou en tout cas, je n'imaginais pas à quel point. Ce qui m'a vraiment secouée, c'était vraiment cette découverte d'un temple bouddhiste. C'était pendant l'ascension du Mont Fouy. J'ai envoyé en fait toutes ces statues de démons, de diables, etc. qui protégeaient le lieu. Le rituel de purification par l'eau aussi, en entrant sur place, c'était comme si tout s'illuminait. C'est comme si tout prenait enfin un sens et que je comprenais enfin tout ce qui m'entourait, tout était un petit peu plus cohérent. Après mon diagnostic et ma sortie de l'hôpital, ça a mis plusieurs mois pour gérer déjà les effets secondaires de cachets. Parce que c'est pas simple de gérer un nouveau cachet qui rentre dans ton organisme. Il y a différentes façons de le gérer. Il faut que le corps s'adapte, surtout à cette nouvelle substance, et que ça fasse son effet progressivement. C'est pas toujours simple, ne serait-ce que de gérer les fringales, les insomnies, les somnolences, etc. Ça, c'est un premier pas. Mais finalement, j'ai réussi à prendre ma vie en main assez vite. J'ai essayé de tout faire pour perdre les kilos que j'avais pris à l'hôpital. Je me suis remise un petit peu au sport à la maison. J'ai appris à mieux manger et à mieux dormir, surtout. C'est un point essentiel, puisque vraiment, les insomnies, ça faisait partie de ma vie depuis mon adolescence. Et finalement, j'ai aussi appris à stopper tous les excès. Donc, j'ai lâché déjà un peu l'alcool, parce que j'étais quand même très fêtarde. J'ai même travaillé en tant que barmaid de nuit pendant six mois, que je fasse comme ça. donc c'était pas forcément la meilleure idée pour une bipolaire sauf que je ne le savais pas donc à ce moment là je gérais la vie comme une fête sauf que la vie n'est pas une fête il y a un moment où il faut trouver une certaine stabilité et se cacher m'a permis à gérer ma bipolarité donc depuis, allez, juin 2020 à peu près j'ai un mode de vie beaucoup plus sain et je donne vraiment la priorité au sommeil c'est-à-dire que j'essaie vraiment d'organiser ma vie en fonction du sommeil c'est pas forcément très fun, c'est vrai Mais c'est très important. Je me rends compte qu'une bonne nuit de sommeil, ça permet d'avoir les idées claires. Et qu'en plus de ça, je prends du sommeil, ce qui n'était pas le cas avant. où je voyais ça plus comme une contrainte. Et grâce à tout ça, en dormant bien notamment, je me suis un peu éloignée de toutes ces phases maniaques un petit peu qui jalonnaient toute ma vie. Alors au premier abord, ça peut sembler super sympa, on a beaucoup d'énergie, l'énergie est débordante, on est très productif, il n'y a pas de limite. Mais au final, c'est surtout ça nocif. Si je devais m'adresser à une autre personne qui vient d'être diagnostiquée bipolaire, Je lui dirais déjà qu'il faut accepter la maladie. Il faut accepter aussi qu'on est différent. Ça peut demander un petit temps d'adaptation. C'est pas toujours facile, mais au final, on se rend compte qu'on a surtout besoin de temps pour appréhender la maladie. Il faut se laisser le temps. Même quatre ans après mon diagnostic, je me suis battue pour prouver que je peux avoir une vie normale. J'ai un CDI, je suis propriétaire de mon propre appartement. Je suis en couple depuis six ans. J'ai même un petit chien que j'ai adopté il y a quatre ans, juste après l'hospitalisation. Et pourtant, ça m'arrive encore d'avoir des hauts et des bas. Mais il faut juste accepter qu'on ne peut pas toujours aller bien. Il faut surtout s'écouter. Et avec un peu de patience, je pense qu'on finit toujours par retomber sur ses pattes. Surtout, il faut accepter les cacher. On a besoin d'en cacher. Ce n'est pas une partie de plaisir, ça c'est clair. Tous les jours, il faut les prendre pour éviter de repartir dans un excès. Mais le naturel, il revient toujours au galop. En tout cas, le naturel d'un bipolaire, ce n'est pas posséder. Ce n'est pas toujours fun. En fait, le seul conseil que je pourrais donner, c'est qu'il faut se laisser le temps et il faut faire confiance à l'avenir, mais aussi à la science. Ces petits cachets qui ont été créés pour nous, ils n'ont pas été créés pour rien. Ils stabilisent nos humeurs et ça permet d'avoir un mode de vie beaucoup plus simple, beaucoup plus stable. Et ensuite, on peut articuler notre vie en fonction. Mais ça, ça devrait être la base. Pour ne pas en tout cas repartir en live, parce que c'est bon pour personne. Après, évidemment, je ne vais pas vous cacher qu'il n'y a pas des moments où je me dis que j'aimerais bien me détacher des cachets et que j'aimerais bien ne pas avoir à prendre un petit traitement potentiellement à vie, parce que c'est ce qu'il faut se dire, c'est quand même une maladie à gérer à vie. Je pense qu'on croit toujours au fond qu'on peut s'en sortir sans traitement, qu'on peut très bien gérer la maladie, parce que je l'ai fait au final. Jusqu'à mes 20 ans, je l'ai fait, j'ai géré les hauts et les bas du mieux que je le pouvais. J'ai caché ma maladie un petit peu aux yeux de tout le monde. Et tout allait très bien, même si j'avais des moments où j'avais un peu des crises, j'arrivais à gérer tout ça. mais c'est trop risqué. C'est franchement trop risqué et à quoi bon ? Surtout potentiellement quand on veut après une vie de famille quelque chose de stable. Le cachet est essentiel, ne serait-ce que pour pas faire subir la maladie à nos proches. J'ai choisi de mettre déjà le titre Bipolarité, je voulais le mettre dans mon titre de livre parce que ça me semblait important qu'on sache déjà de quoi on parle. Je ne veux pas en faire un tabou et c'est la première étape pour moi pour casser un petit peu le tabou que de le mettre en haut de mon livre. Et Renaissance parce que je suis vraiment Je ne suis plus la même en fait que depuis 2019. Vraiment définitivement plus la même. Avant mon voyage au Japon, j'étais pleine d'énergie, d'envie, j'étais toujours dans l'excès. En tout cas en public, j'affichais toujours un petit masque, il fallait absolument que je sois sociable, que je fasse semblant, même quand je n'avais pas envie, je me forçais. Et ce n'est plus le cas en fait, parce que j'avais des jours avant où j'étais sociable avec tout le monde et le lendemain, je ne pouvais plus me voir personne aux peintures. Je passais vraiment d'un extrême à un autre de mon comportement. Et depuis mon hospitalisation, j'ai beaucoup appris sur moi, j'ai beaucoup évolué. Et surtout, je comprends d'où vient ce sentiment d'être différente. Depuis l'adolescence, j'ai toujours ce sentiment. Alors, il y en a beaucoup qui l'ont. Mais j'avais vraiment le sentiment qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, sans vraiment comprendre ce que c'était. Et maintenant, vraiment, j'apprends à me recentrer sur moi. Je m'éloigne de tous les dramas, tous les stress, toutes les agitations. Tout ça, ça ne me concerne plus. Ça ne m'intéresse plus. Je veux vraiment une vie beaucoup plus paisible, beaucoup plus calme. et je me suis aussi redécouverte, un peu moins fêtarde, un peu plus centrée sur la nature, sur la spiritualité, sur une vie un peu plus simple. Et c'est comme si le diagnostic avait ouvert une nouvelle porte aussi. Il m'avait permis de retrouver une simplicité, une stabilité. Ça a du bon finalement. Je l'apprends. Quand je parle de renaissance, c'est aussi le fait que maintenant je vis ma vie, j'essaie d'être une meilleure personne à mon échelle. mais surtout j'essaie de ne plus me mentir, ni de me forcer. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à faire ça, à me forcer, à être joviale, à être solaire. Donc oui, je suis bipolaire, j'ai parfois des difficultés à sortir de chez moi, j'ai parfois des difficultés à m'exprimer et à sociabiliser. Mais ce n'est pas grave, j'accepte qui je suis, j'avance. J'essaie de porter mon livre, surtout, pour qu'il puisse aider en tout cas à la compréhension de la maladie bipolaire. Et je pense que, qu'on soit malade ou pas, c'est important juste d'avoir conscience que les bipolaires existent, d'avoir conscience qu'on existe et qu'on a notre place dans ce monde. Depuis que mon livre a été publié, j'ai reçu quelques retours, notamment sur la page Instagram que j'ai créée pour le livre. Donc je l'ai appelé Bipolarité.Renaissance, sans accent, sur le E. Et j'ai eu d'autres bipolaires aussi qui m'ont partagé leur histoire, d'autres internautes qui ont juste voulu expliquer qu'eux aussi ont été diagnostiqués récemment ou alors qu'ils ont un proche de bipolaire et qu'ils aimeraient savoir comment gérer au quotidien, comment faire quand une personne nous repousse, quand un bipolaire est dépressif et qu'il a besoin de temps pour lui, comment l'aborder. Surtout des questions par rapport à comment gérer la maladie. Alors je suis personne pour donner des conseils. cohérents et qui pourraient en tout cas aider. Mais j'essaye de le faire à mon échelle, avec ma petite expérience. J'ai aussi eu pas mal de retours de quelques lecteurs qui m'ont simplement remercié d'en parler. Ça me touche énormément. Je vais te dire que c'est vraiment quelque chose qui me touche au plus profond de moi, de voir que je n'ai pas publié ce livre pour rien. J'aimerais recevoir d'ailleurs encore plus d'émissions de mon livre, donc si jamais vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas à me contacter sur Instagram. Ce sera avec grand plaisir de vous lire. parce que vraiment, j'ai écrit ce livre et je l'ai publié en tout cas pour les lecteurs. En fait, c'est comme si le livre ne m'appartenait plus. Maintenant, je souhaite juste délivrer un message d'espoir, prouver que la maladie, c'est une continuité, et surtout que ce n'est pas une fin en soi. C'est vraiment mon message. J'ai aussi une lectrice qui m'a envoyé un petit message en me disant que c'était beaucoup retrouvé dans sa découverte de la spiritualité. Donc le fait de se balader, elle s'était plutôt dans des églises avec son papa, où elles se sont été connectées à une force invisible, quelque chose de très fort. Donc on a fait ça en commun. On se rend compte finalement que nos histoires sont assez similaires. Et c'est assez émouvant de voir qu'il y a beaucoup de similitudes d'un bipolaire à l'autre par rapport à son parcours. Finalement, c'est comme si on était tous différents, mais en même temps tous liés d'une certaine façon. Et je trouve ça beau. Si vous êtes bipolaire, déjà, sachez que vous n'êtes pas seul. On est nombreux, même si ça ne se voit pas forcément. il faudra justement qu'on se soutienne. En tout cas, à mon sens, je pense que c'est très important et je veux essayer de prouver justement que ce soit par mon livre ou juste en m'exprimant, qu'on peut avoir une vie amoureuse saine, qu'on peut avoir une vie professionnelle tout à fait classique, tout en aménageant en fonction de notre cachet, bien sûr. Les seuls freins qu'il y a, pour moi, ce sont ceux qu'on veut bien qu'on se met nous-mêmes, en fait. C'est vraiment les freins que nous-mêmes on se met. Je pense qu'il est important juste de reconstruire sa vie en fonction de la maladie, repenser son environnement aussi. Pour ma part, j'ai décidé de quitter Paris il y a à peu près quelques mois. C'était en mars 2024 du coup. Je n'en pouvais complètement plus de Paris, de toute cette agitation. Il fallait que je parte. C'était un stress permanent. Il y avait tout le temps des chantiers, c'était sale. C'était un choix aussi que j'ai fait de quitter la région parisienne pour Lyon, parce que c'est une ville dans laquelle il y a un peu plus de verdure, un peu plus d'espace, et où je retrouve un petit peu plus de temps aussi, finalement. Pour pouvoir me reconstruire, j'avais aussi besoin de quitter tout ce qui était nocif à mes yeux. Donc c'était un ressort important. Mais je pense qu'en tant que malade, en tant que bipolaire, si on est dans un mauvais environnement, on ne peut pas toujours guérir. Donc si vous en avez la possibilité, si vous vous sentez plus à l'aise là où vous habitez, où vous êtes, il ne faut pas juste hésiter. Il faut juste essayer de reconstruire quelque chose de neuf pour pouvoir aller de l'avant. J'ai publié mon livre. Pour donner vraiment les détails de comment est-ce que ça se passe quand on est en pleine crise, comment est-ce que ça se passe quand on perd pied. Dans mon livre, j'essaie en tout cas de développer tous mes ressentis, tout ce qui se passe dans ma tête. J'explique comment la crise s'est installée progressivement. J'ai décidé de refléter en éjouer le Corée. Je parle vraiment sincèrement de ce que j'ai vécu sans filtre. C'était douloureux d'en parler, de l'écrire, c'est vrai. Je me suis mise à nu, mais le but c'était aussi de partager mon histoire pour inciter d'autres malades aussi à le faire, à en parler. Ça peut être dans un livre, ça peut être autrement. Juste ne serait-ce qu'assez proche. Parler assez proche de la maladie, de comment est-ce qu'on se sent. Faut pas qu'on en fasse un tabou, et surtout on n'est pas invisibles. On est là, on ne devrait pas avoir honte d'être malade, bien au contraire. J'espère juste qu'un lecteur lambda pourra mieux comprendre cette maladie en lisant mon livre en se disant que... Bah oui, on existe, et ça peut tomber sur n'importe qui. Mais surtout, on peut s'en sortir. On peut très bien trouver une vie tout à fait stable. Je veux juste qu'on puisse créer une petite communauté, échanger sur la maladie, faire bouger les choses petit à petit. Et je veux aussi que mon livre, le plus possible, tombe dans les mains de personnes qui n'y connaissent rien à la bipolarité pour que ça puisse leur apprendre un petit peu la maladie. Ou encore dans celle de personnes touchées, que ce soit de près ou de loin par la maladie. C'est pas toujours simple d'expliquer qu'on ne va pas bien. j'essayais à mon niveau de le faire et de faire avancer aussi les choses. Voilà. Je pense que c'est important d'en parler. Ça peut être sur les réseaux sociaux, peu importe. Il faut que la bipolarité ne soit plus un tabou. C'est vraiment important. Je trouve ça bien, par exemple, qu'on parle de plus en plus des troubles anxieux, par exemple. On parle plus de santé mentale, de dépression. C'est génial, les choses avancent. OK. Les réseaux sociaux servent beaucoup aussi à ce niveau. Mais par rapport à la bipolarité, c'est encore timide. J'ai confiance en l'avenir, mais j'espère surtout que les malades ne devront plus se cacher. Ça, ça me semble vraiment triste. De se dire qu'on est obligé de se replier, d'en parler très peu, parce qu'on a peur d'être jugé. Mais c'est vrai, par exemple, dans le milieu professionnel, il y a encore beaucoup de jugements. Ça peut faire peur. Mais c'est vrai que ça peut faire peur. On se dit tout de suite qu'un malade, il peut perdre pied, du jour au lendemain, il peut péter les plombs. Donc on ne peut pas lui faire confiance. Mais pas forcément. Pas forcément, surtout si la maladie est gérée avec un traitement. Et c'est aussi important d'accepter qu'on ne va pas bien. D'accepter aussi qu'on a besoin peut-être d'aide, d'un cachet pour stabiliser son humeur. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, notamment sur l'accès aux psychologues. Ce serait bien que n'importe qui puisse parler, peu importe son âge, de ses hauts, de ses bas, se sentir accompagné, et ça ne devrait pas être payant. En tout cas, les remboursements ne devraient pas aussi être compliqués. Tout le monde devrait pouvoir en parler avant même d'être diagnostiqué, pour pouvoir justement être diagnostiqué peut-être plus tôt, sans avoir à faire une crise à l'autre bout du monde. C'est pas encore toujours très accessible à tous les portefeuilles, mais ça va arriver. En tout cas, j'ai confiance. Il y a des choses qui sont faites, il y a des avancées au quotidien. Et on peut trouver de l'aide. Peu importe ce qu'on vit, peu importe les difficultés, on peut toujours s'en sortir et se reconstruire à partir de zéro. Il faut vivre une certaine renaissance. Comme moi, j'ai plus la vie par rapport à mon hospitalisation, j'ai tout reconstruit de zéro. Et voilà. On est tous capables, en tout cas ça prend le temps qu'il faut, mais surtout accepter la maladie, accepter qu'on ait des efférents, accepter qu'il va falloir reconstruire toute sa vie en fonction, aussi, mais que c'est pas la fin de quelque chose. On peut dire le contraire.

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Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans un nouvel épisode d’États Dames.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nina Siahpoush-Royoux, journaliste et auteure de l’ouvrage Bipolarité - Du délire à la renaissance.

Dans ce premier livre, Nina nous partage avec une grande sensibilité son témoignage intime sur la découverte et la gestion de la bipolarité, une maladie qui s’est révélée à elle de manière inattendue.

À travers ce récit poignant, elle nous emmène dans un voyage intérieur, où elle explore les méandres de cette pathologie et le processus de reconstruction qui a suivi. Nous aurons l’opportunité de discuter de son expérience personnelle, des défis rencontrés et de sa renaissance, un cheminement qui touche profondément.

Je suis honorée de vous offrir cette discussion enrichissante et inspirante avec Nina Siahpoush-Royoux.

Bonne écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. État d'âme au cœur de votre santé Bienvenue sur État d'âme, le podcast qui vous emmène au cœur des émotions féminines dans leur parcours de santé. Vous avez déjà ressenti cette impression de solitude face aux défis de la vie, qu'ils soient physiques ou mentaux ? Sur Etat d'âme, je donne la parole à ces expériences authentiques, accompagnées d'histoires immersives et des conseils de professionnels santé. Préparez-vous à être transporté, inspiré et informé. Restez à l'écoute, car vous êtes sur le point de découvrir un monde où vos émotions trouvent écho. Bonjour à tous, aujourd'hui j'ai le plaisir de vous partager l'histoire de Nina Siapouchroyo, une journaliste talentueuse et une auteure remarquable. Dans son premier livre Bipolarité du délire à la renaissance, eh bien Nina nous livre un témoignage bouleversant et intime sur la bipolarité, une maladie qu'elle a découverte en elle-même de manière inattendue. Et en voici les backstage. Excellente écoute. Je suis une jeune femme de 27 ans. Je travaille dans le journalisme depuis un peu plus de 5 ans, donc essentiellement pour le média gala. L'écriture, elle a toujours fait partie de ma vie. Petite, déjà, je me souviens que j'écrivais des poèmes, des critiques de films, juste par pure passion, parce que c'était vraiment quelque chose qui me plaisait. J'avais besoin de coucher sur papier mes émotions, mes ressentis, etc. Et puis, le journalisme, c'est un petit peu imposé à moi, en fait. Ça m'a permis... de maîtriser différents sujets, d'apprendre beaucoup de choses, ce qui n'est pas forcément le cas quand on ne fait qu'écrire des livres, par exemple. Donc là, je parle d'un seul livre que j'ai publié, probablement le dernier, parce que c'est celui qui me tient le plus à cœur. Mon livre parle un petit peu de ma maladie, donc il s'appelle Bipolarité, du délire à la renaissance. Un livre publié aux éditions de Lise Bleu. C'est en 2020 que j'ai vraiment ressenti le besoin de prendre ma plume pour ce projet qui est un peu plus personnel, ou même plutôt très intime. C'est mon témoignage sur ce voyage au Japon que j'ai réalisé en famille avec mon papa et ma tante d'origine iranienne en début 2020. Et c'est ce fameux voyage qui m'a obligée à être hospitalisée en urgence en psychiatrie. C'est dans ce contexte-là que j'ai été diagnostiquée bipolaire et que depuis, j'apprends à vivre avec la maladie. Donc ça me semble important de briser le tabou. Il aura fallu à peu près 20 ans pour que je découvre que je suis bipolaire. Donc pour ça, il a fallu que je parte à l'autre bout du monde, à Tokyo, pour ce fameux voyage. Et j'étais tellement contente de découvrir le Japon. C'est vraiment un pays qui me faisait rêver depuis des années que j'en ai complètement perdu la tête. C'est-à-dire que je ne dormais plus, je n'arrivais plus à dormir totalement. totalement en décalage. Donc le décalage horaire, bien sûr, mais pas seulement, parce qu'au final, je faisais des insomnies. Je dormais à peu près deux à trois heures par nuit maximum. Et un peu plus chaque jour, en fait, je m'enfonçais dans une crise, donc une crise maniaque. Je n'en avais pas encore connaissance, je ne savais pas encore ce que c'était. Je pensais juste que j'étais très contente de voyager et super excitée à aller découvrir un nouveau pays. de nouvelles personnes, etc., de nouvelles architectures aussi, de nouveaux paysages, tout ça, c'était tellement excitant qu'au final, je me perdais un petit peu petit à petit dans la maladie. Je n'étais plus du tout cohérente petit à petit. Je commençais à avoir des propos qui tournaient un peu en boucle. J'avais vraiment plus de mal à m'exprimer correctement. J'étais extrêmement enthousiaste, mais il n'y avait vraiment pas d'imite. Mon papa ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais en même temps, il se disait que c'était certainement le voyage. que c'était logique en même temps que je sois traitementante, mais ce n'était pas seulement ça. J'étais en phase maniaque et je découvrais plus tard que j'étais finalement en BDA, donc bouffée délirante aiguë, qui n'est pas anodine du tout. Au niveau des symptômes qui se sont manifestés, je pense qu'on peut parler du débit de parole. Je parlais extrêmement vite, tout le temps. Vraiment, je monopolisais la parole. J'avais toujours des trucs super intéressants à mon sens, en tout cas à dire. Cet enthousiasme, cette énergie débordante, alors que je ne dormais pas, C'était que ça n'avait aucun sens. C'est-à-dire qu'après deux, trois heures de sommet, j'avais vraiment énormément d'énergie, alors que j'aurais dû normalement être extrêmement fatiguée et ne pas vouloir... On faisait des 20 000 pas par jour, on mangeait très peu, parce qu'au final, on profitait plus des visites que des restaurants, même si on mangeait aussi. Tout simplement pour dire que vraiment, c'était beaucoup de choses qui se mélangeaient dans le pot. et mon objectif c'était vraiment de parcourir tout Tokyo de rien manquer de ce magnifique voyage parce qu'on était là que 10 jours et en fait je ne me rendais pas compte que j'ai laissé ma santé parce que j'étais totalement je ne prenais pas conscience de ce sommeil dont j'avais besoin Et je pense que ce qui a été vraiment le déclic de ce voyage, c'était cette fameuse excursion qu'on a faite avec mon papa et ma tante au Mont Foudy. Du coup, du moins, en tout cas, du moins au plus près du Mont Foudy. On a pris le car, on a pris le bateau, on a pris le téléphérique. C'était un défilé de paysages, c'était surprenant. On voyait la montagne, la neige. Puis après, on a surtout visité un temple bouddhiste qui était vraiment incroyable. Et je pense que ça a été ça, en fait, le point de non-retour. à partir de là, quand j'ai visité ce temple et que j'ai vu un petit peu cette immensité de paysages incroyables en plein milieu de la nature parce que c'est vraiment un temple perché dans un petit village Peace Park, ça s'appelait mais je ne saurais pas vous dire le nom exact je me suis sentie en fait différente j'avais l'impression de redécouvrir une partie de moi, je découvrais en fait ma spiritualité, alors que jusqu'à présent en fait je me considérais totalement athée je ne croyais pas du tout en la religion, je ne croyais pas du tout euh... Tout ça, ça me paraissait totalement abstrait. Et d'un coup, c'était quelque chose de nouveau. Donc ça a eu un impact assez fort. En pleine crise, la découverte des lieux du culte japonais, en fait, ça n'a fait que m'enfoncer un peu plus dans l'abstrait. Je me sentais un peu incomprise aussi, parce que pendant le voyage, j'étais avec mon papa qui n'est pas du tout croyant, ma tante qui parle iranien. Je ne parle pas iranien, même si je suis d'origine iranienne. Donc il y avait quand même cette barrière de la langue qui faisait que je ne pouvais pas forcément partager tous mes ressentis avec eux. Et surtout, je ne pensais pas que je serais capable de leur partager mes ressentis parce que moi-même, je ne les comprenais pas. Je voyais quelque chose de particulièrement grand. En fait, tout d'un coup, c'est comme si je commençais à croire un petit peu à une force invisible, quelque chose qui nous protégeait, quelque chose qui m'aidait aussi, comme un guide. Et je me suis sentie un petit peu déconnectée de la réalité. On va vraiment dire les choses telles qu'elles étaient, c'est vraiment ça. J'étais complètement à l'ouest. Vraiment, j'avais du mal à garder les pieds sur terre, à me rendre compte que tout ça, certes, on peut croire en la spiritualité, etc., mais là, on partageait juste un beau voyage. et je partais totalement en live. C'était très difficile à gérer. Je l'explique beaucoup mieux dans le livre, mais j'avais ce besoin, en fait, de me sentir connectée à quelque chose, comme si je voulais me rattacher à quelque chose, finalement. C'était un petit peu ça. Et après avoir découvert un petit peu comment étaient construits les temples, avec plusieurs petites statues qui représentaient un peu le mal, les démons, etc., sous différentes formes, j'ai commencé un peu à me focaliser sur le bien, sur le mal. Et à mon retour en France, j'ai eu beaucoup beaucoup de difficultés à garder les pieds sur terre. En fait, c'est comme si je redécouvrais le monde, que je voyais la lune, le soleil, les arbres, un peu pour la première fois, d'une toute nouvelle façon. C'est comme si je commençais à voir un petit peu ce qui m'entourait de façon réelle. C'est difficile à expliquer. Je partais en fait tout simplement dans un extrême. Et à mon retour, ma crise, elle était telle que ma mère allait être obligée de me faire hospitaliser en psychiatrie en urgence. Elle n'avait pas d'autre choix. Vraiment, je commençais à veiller. J'avais l'impression que la fin du monde était proche, qu'on allait tous mourir de toute façon. J'étais partie dans un délire. En fait, c'était simplement une bouffée délirante aiguë, donc BDA, qui faisait que je n'avais plus du tout la notion de réalité. J'étais complètement... rester au Japon Elle n'a pas eu d'autre choix, en fait. Ma mère, elle a appelé l'ambulance. Deux messieurs sont arrivés. Ils m'ont bien prié de monter dans leur voiture pour qu'on aille en direction des urgences. Donc, voilà, j'ai dû être prise en charge. En fait, j'ai commencé à prendre conscience pendant mes rares moments de raison que j'avais besoin de soins, que ce n'était pas normal ce qui se passait dans ma tête et que ça prenait des proportions trop grandes. Voilà, j'ai dû, par ce biais-là, du coup, être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. ce qui peut faire peur, je sais. Il n'y a pas que des faux dans ces endroits, puisque je pense en être la preuve vivante. Je m'en suis sortie, et pourtant j'ai passé un mois à l'hôpital. J'en avais juste besoin, comme toutes les personnes que j'ai croisées, qui auraient pu être n'importe qui d'ailleurs. C'est pas marqué sur le front. C'est là qu'on se rend compte vraiment qu'à l'hôpital, il y a de tout. Et que ça peut arriver un petit peu à n'importe qui de vriller, de péter les plombs. J'ai pas eu d'autre choix en tout cas sur le plan professionnel que de mettre fin à mes engagements pendant cette période. J'ai pas vraiment donné d'explication claire, tout simplement parce que moi-même je comprenais pas trop ce qui se passait. Le diagnostic n'a pas été posé directement. Ça a été à peu près la moitié de mon hospitalisation. Donc il a fallu d'abord que moi-même je comprenne ce qui se passe Mais j'ai pu compter surtout sur ma famille Et mon chéri qui était très présent à l'hôpital Il venait à peu près tous les jours J'avais toujours de la visite, que ce soit des amis, de la famille, etc Tout le monde était là pour moi J'ai été très très bien encadrée, prise en charge aussi par les médecins Un peu moins d'accompagnement psychiatrique Parce qu'au final le psychiatre je ne l'ai vu que quelques minutes Mais voilà, j'ai eu beaucoup de chance en tout cas d'avoir eu mes proches à ce moment-là C'est pas mal pas un moment facile, et ils m'ont témoigné de leur soutien. Et pour ça, j'en suis extrêmement reconnaissante. C'est pas forcément simple. Et pendant ces moments-là, c'est là qu'on se rend compte qu'on a besoin quand même de nos proches. Même si on a l'impression qu'on peut s'en sortir tout seul. Au niveau des réactions de mes proches, j'en ai pas trop en fait parlé directement à tout le monde. J'ai pas annoncé à tout le monde que j'étais bipolaire quand je l'ai su. J'en ai pas non plus parlé à mes collègues. Je pense que c'était super important aussi de... de digérer la maladie, de moi-même la comprendre. et de surtout gérer le traitement. Parce qu'il y a des effets secondaires, on ne va pas se mentir, ce n'est pas facile. Il faut gérer les somnolences, il faut gérer les moments où on est très fatigué, les moments où on a du mal à sortir du lit, les moments où on peut avoir des petits spasmes, parce que le sommeil commence à prendre le dessus. On a du mal à parler, on peut grossir aussi à cause des cachets. Il y a plein de choses comme ça qu'il faut gérer. Il faut remettre sur pied sa vie, tout reconstruire de zéro. Donc, au niveau de mes collègues, je n'ai pas forcément voulu en parler. J'ai toujours voulu donner la priorité au travail. Je me suis organisée de mon côté. J'ai gardé les choses pour moi. J'avais besoin de prouver aussi que j'étais capable moi-même de travailler, de reprendre une vie professionnelle stable, avant de pouvoir... En fait, j'ai vraiment fait le choix de ne pas laisser la bipolarité avoir le dernier mot, que ce soit dans ma vie professionnelle ou amoureuse ou familiale. J'ai aussi une grande chance, c'est celle de pouvoir faire du télétravail avec mon métier. Certes, j'ai des horaires complètement décalés, je peux travailler du lundi au dimanche, du matin au soir, mais en même temps, j'ai réussi à tout concilier et j'ai beaucoup travaillé sur moi. Pour ça, j'ai beaucoup donné la priorité au travail parce que c'était vraiment mon objectif de vie. C'était vraiment de me prouver qu'on peut tout à fait travailler. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais moi, en tout cas, c'était vraiment mon objectif principal. C'était mon père quand il a appris que j'étais bipolaire. Son premier réflexe a été de se renseigner en détail. Il voulait absolument savoir ce que signifiait être bipolaire. Donc je pense qu'il avait surtout, enfin c'est pas je pense, je le sais, il avait surtout peur des rechutes. Donc il s'est informé au maximum pour savoir comment est-ce que ça se passait, comment est-ce que ça pouvait évoluer avec les années, avec le traitement. Pendant que moi j'étais à l'hôpital, il passait son temps à regarder ce que signifiait la bipolarité, comment est-ce qu'on la gère au quotidien. Je pense qu'il était très inquiet aussi parce qu'il m'a vu complètement péter les plombs. et il se demandait s'il allait pouvoir récupérer sa fille en fait. C'est tout simplement ça. Surtout que la bipolarité, il connaissait le nom, mais il ne connaissait pas en détail. Donc son premier réflexe, ça a été ça. Ça a été de vérifier un petit peu comment est-ce que ça marche, même si évidemment il n'y a pas qu'une seule façon d'être bipolaire, il y en a plein. Et avec mes proches, évidemment, j'ai dû parler aussi du fait que j'ai été hospitalisée, la raison, donner la raison, mais ça s'est fait de façon très simple. Je l'ai dit sans tabou. Parce que pour moi, en tout cas mes proches, très proches, mes amis, très proches de mon petit cercle d'amis, j'en ai pas parlé à tout le monde parce que je trouvais pas ça essentiel. Et je trouve surtout que c'était finalement intime, en tout cas de le... d'en parler comme ça de façon naturelle. Je voulais que ça se fasse de façon beaucoup plus formelle, on va dire, avec un livre, où je pourrais exprimer dedans toutes mes émotions, tous mes sentiments, parler en détail de chaque chose, expliquer aussi l'évolution, comment est-ce que ça a pris forme. Et c'est la meilleure façon. C'est ce que je sais faire de mieux écrire. Donc j'avais juste envie de proposer ce livre-là. Une espèce de réponse, un petit peu. Voilà, dans ce livre, vous allez trouver toutes les réponses. Comment est-ce que ça se passe dans ma tête ? Pourquoi est-ce que j'ai vrayé ? À partir de 2020, fin 2020, il y avait vraiment une question qui tournait dans ma tête, mais en dongle, c'est-à-dire, qu'est-ce qui s'est passé ? parce que ça s'est fait tellement en peu de temps. J'ai passé 10-11 jours au Japon, j'ai été tout de suite hospitalisée pendant un mois, et après j'ai repris ma vie presque telle qu'elle, en reprenant le travail, en reprenant une activité professionnelle stable, en me battant contre les effets indésirables du cachet. J'avais surtout envie de répondre à cette question. En 2022, j'ai pris ma plume pour écrire de façon thérapeutique, pour un petit peu expliquer ce qui s'était passé, analyser un petit peu la situation. Et au fil du temps, je me rends vite compte que j'écris de façon trinétique. J'écris une page, deux pages, plus dix, et au bout de la deuxième page, je me rends compte que ça a de la gueule, en fait. J'écris quelque chose de cohérent, il y a une vraie histoire, je raconte quelque chose, vraiment, je reviens sur tout ce qui s'est passé. En fait, au fil des pages, je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose à faire, en fait, avec mon histoire. Que ça pouvait résonner avec le parcours d'autres malades ou d'autres proches de bipolaire aussi, que ce soit par exemple un papa ou une maman de bipolaire, comme mes parents un peu ont reçu la nouvelle du diagnostic. un peu comme une bombe, en tout cas pour mon père. Je voulais un peu que ce soit quelque chose de matériel qui pourrait permettre à ces proches-là de comprendre ce qui se passe dans notre petite tête. Ce n'est pas toujours facile de l'expliquer, donc au moins, je pensais avoir la possibilité d'en parler par écrit. C'était aussi pour moi l'occasion de partager un vécu intime avec le plus grand nombre, juste pour que cette maladie ne soit plus un tabou, en tout cas à mon échelle, faire qu'on en parle un petit peu plus, qu'on ne se prive pas de dire ce mot, bipolaire. Il n'y a pas de honte en fait à être bipolaire ou avoir un proche bipolaire. Et je me suis rendu compte aussi que d'en parler, ça libère aussi la parole. J'ai reçu pas mal de messages de personnes qui me disaient Finalement, je suis bipolaire, j'en ai parlé à personne autour de moi, je le gère en silence. Et je trouve ça triste. c'est dommage parce qu'au final on devrait plus se serrer les coudes qu'autre chose. Et ce travail d'écriture, ça m'a vraiment permis de revivre et d'analyser toutes mes crises, de comprendre aussi les moments difficiles que j'ai pu passer pendant mon adolescence, et liés des colères extrêmes ou une dépression que j'ai pu avoir en 2017 pendant un an. À cause de la maladie, en fait, tout prenait sens. J'ai aussi pu voir que j'avais fait quelque chose de concret avec ma maladie, c'est-à-dire faire un livre. Et ça me permit aussi de prendre une certaine distance. C'est comme si un peu désormais, je pouvais enfin aller de l'avant et laisser derrière moi ce chamboulement que j'ai vécu en 2020. Le voyage au Japon, ça représente à peu près un tiers de mon livre. C'est vraiment ce séjour-là, au bout du monde, qui m'a fait basculer. Et ça a vraiment été un tournant. Au final, pendant près de 20 ans, j'ai su à peu près maîtriser la maladie les hauts, les bas. J'avais une certaine routine qui s'était installée avec le temps et ça me permettait un petit peu de garder une certaine cohérence et de, entre guillemets, me fondre un peu dans la masse. C'est-à-dire que j'étais un petit peu plus extrême à certains moments, mais je paraissais tout à fait normale. En tout cas, j'arrivais à gérer. Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. J'ai tendance à dire que c'était le voyage de ma vie. Et avant même de partir, en plus, j'avais ce sentiment-là. C'était assez fou. Je me disais que ça allait être un voyage qui allait changer quelque chose. Je ne m'étais pas loupée. Sauf que je ne pensais pas que j'allais être aussi dépaisée, ou en tout cas, je n'imaginais pas à quel point. Ce qui m'a vraiment secouée, c'était vraiment cette découverte d'un temple bouddhiste. C'était pendant l'ascension du Mont Fouy. J'ai envoyé en fait toutes ces statues de démons, de diables, etc. qui protégeaient le lieu. Le rituel de purification par l'eau aussi, en entrant sur place, c'était comme si tout s'illuminait. C'est comme si tout prenait enfin un sens et que je comprenais enfin tout ce qui m'entourait, tout était un petit peu plus cohérent. Après mon diagnostic et ma sortie de l'hôpital, ça a mis plusieurs mois pour gérer déjà les effets secondaires de cachets. Parce que c'est pas simple de gérer un nouveau cachet qui rentre dans ton organisme. Il y a différentes façons de le gérer. Il faut que le corps s'adapte, surtout à cette nouvelle substance, et que ça fasse son effet progressivement. C'est pas toujours simple, ne serait-ce que de gérer les fringales, les insomnies, les somnolences, etc. Ça, c'est un premier pas. Mais finalement, j'ai réussi à prendre ma vie en main assez vite. J'ai essayé de tout faire pour perdre les kilos que j'avais pris à l'hôpital. Je me suis remise un petit peu au sport à la maison. J'ai appris à mieux manger et à mieux dormir, surtout. C'est un point essentiel, puisque vraiment, les insomnies, ça faisait partie de ma vie depuis mon adolescence. Et finalement, j'ai aussi appris à stopper tous les excès. Donc, j'ai lâché déjà un peu l'alcool, parce que j'étais quand même très fêtarde. J'ai même travaillé en tant que barmaid de nuit pendant six mois, que je fasse comme ça. donc c'était pas forcément la meilleure idée pour une bipolaire sauf que je ne le savais pas donc à ce moment là je gérais la vie comme une fête sauf que la vie n'est pas une fête il y a un moment où il faut trouver une certaine stabilité et se cacher m'a permis à gérer ma bipolarité donc depuis, allez, juin 2020 à peu près j'ai un mode de vie beaucoup plus sain et je donne vraiment la priorité au sommeil c'est-à-dire que j'essaie vraiment d'organiser ma vie en fonction du sommeil c'est pas forcément très fun, c'est vrai Mais c'est très important. Je me rends compte qu'une bonne nuit de sommeil, ça permet d'avoir les idées claires. Et qu'en plus de ça, je prends du sommeil, ce qui n'était pas le cas avant. où je voyais ça plus comme une contrainte. Et grâce à tout ça, en dormant bien notamment, je me suis un peu éloignée de toutes ces phases maniaques un petit peu qui jalonnaient toute ma vie. Alors au premier abord, ça peut sembler super sympa, on a beaucoup d'énergie, l'énergie est débordante, on est très productif, il n'y a pas de limite. Mais au final, c'est surtout ça nocif. Si je devais m'adresser à une autre personne qui vient d'être diagnostiquée bipolaire, Je lui dirais déjà qu'il faut accepter la maladie. Il faut accepter aussi qu'on est différent. Ça peut demander un petit temps d'adaptation. C'est pas toujours facile, mais au final, on se rend compte qu'on a surtout besoin de temps pour appréhender la maladie. Il faut se laisser le temps. Même quatre ans après mon diagnostic, je me suis battue pour prouver que je peux avoir une vie normale. J'ai un CDI, je suis propriétaire de mon propre appartement. Je suis en couple depuis six ans. J'ai même un petit chien que j'ai adopté il y a quatre ans, juste après l'hospitalisation. Et pourtant, ça m'arrive encore d'avoir des hauts et des bas. Mais il faut juste accepter qu'on ne peut pas toujours aller bien. Il faut surtout s'écouter. Et avec un peu de patience, je pense qu'on finit toujours par retomber sur ses pattes. Surtout, il faut accepter les cacher. On a besoin d'en cacher. Ce n'est pas une partie de plaisir, ça c'est clair. Tous les jours, il faut les prendre pour éviter de repartir dans un excès. Mais le naturel, il revient toujours au galop. En tout cas, le naturel d'un bipolaire, ce n'est pas posséder. Ce n'est pas toujours fun. En fait, le seul conseil que je pourrais donner, c'est qu'il faut se laisser le temps et il faut faire confiance à l'avenir, mais aussi à la science. Ces petits cachets qui ont été créés pour nous, ils n'ont pas été créés pour rien. Ils stabilisent nos humeurs et ça permet d'avoir un mode de vie beaucoup plus simple, beaucoup plus stable. Et ensuite, on peut articuler notre vie en fonction. Mais ça, ça devrait être la base. Pour ne pas en tout cas repartir en live, parce que c'est bon pour personne. Après, évidemment, je ne vais pas vous cacher qu'il n'y a pas des moments où je me dis que j'aimerais bien me détacher des cachets et que j'aimerais bien ne pas avoir à prendre un petit traitement potentiellement à vie, parce que c'est ce qu'il faut se dire, c'est quand même une maladie à gérer à vie. Je pense qu'on croit toujours au fond qu'on peut s'en sortir sans traitement, qu'on peut très bien gérer la maladie, parce que je l'ai fait au final. Jusqu'à mes 20 ans, je l'ai fait, j'ai géré les hauts et les bas du mieux que je le pouvais. J'ai caché ma maladie un petit peu aux yeux de tout le monde. Et tout allait très bien, même si j'avais des moments où j'avais un peu des crises, j'arrivais à gérer tout ça. mais c'est trop risqué. C'est franchement trop risqué et à quoi bon ? Surtout potentiellement quand on veut après une vie de famille quelque chose de stable. Le cachet est essentiel, ne serait-ce que pour pas faire subir la maladie à nos proches. J'ai choisi de mettre déjà le titre Bipolarité, je voulais le mettre dans mon titre de livre parce que ça me semblait important qu'on sache déjà de quoi on parle. Je ne veux pas en faire un tabou et c'est la première étape pour moi pour casser un petit peu le tabou que de le mettre en haut de mon livre. Et Renaissance parce que je suis vraiment Je ne suis plus la même en fait que depuis 2019. Vraiment définitivement plus la même. Avant mon voyage au Japon, j'étais pleine d'énergie, d'envie, j'étais toujours dans l'excès. En tout cas en public, j'affichais toujours un petit masque, il fallait absolument que je sois sociable, que je fasse semblant, même quand je n'avais pas envie, je me forçais. Et ce n'est plus le cas en fait, parce que j'avais des jours avant où j'étais sociable avec tout le monde et le lendemain, je ne pouvais plus me voir personne aux peintures. Je passais vraiment d'un extrême à un autre de mon comportement. Et depuis mon hospitalisation, j'ai beaucoup appris sur moi, j'ai beaucoup évolué. Et surtout, je comprends d'où vient ce sentiment d'être différente. Depuis l'adolescence, j'ai toujours ce sentiment. Alors, il y en a beaucoup qui l'ont. Mais j'avais vraiment le sentiment qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, sans vraiment comprendre ce que c'était. Et maintenant, vraiment, j'apprends à me recentrer sur moi. Je m'éloigne de tous les dramas, tous les stress, toutes les agitations. Tout ça, ça ne me concerne plus. Ça ne m'intéresse plus. Je veux vraiment une vie beaucoup plus paisible, beaucoup plus calme. et je me suis aussi redécouverte, un peu moins fêtarde, un peu plus centrée sur la nature, sur la spiritualité, sur une vie un peu plus simple. Et c'est comme si le diagnostic avait ouvert une nouvelle porte aussi. Il m'avait permis de retrouver une simplicité, une stabilité. Ça a du bon finalement. Je l'apprends. Quand je parle de renaissance, c'est aussi le fait que maintenant je vis ma vie, j'essaie d'être une meilleure personne à mon échelle. mais surtout j'essaie de ne plus me mentir, ni de me forcer. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à faire ça, à me forcer, à être joviale, à être solaire. Donc oui, je suis bipolaire, j'ai parfois des difficultés à sortir de chez moi, j'ai parfois des difficultés à m'exprimer et à sociabiliser. Mais ce n'est pas grave, j'accepte qui je suis, j'avance. J'essaie de porter mon livre, surtout, pour qu'il puisse aider en tout cas à la compréhension de la maladie bipolaire. Et je pense que, qu'on soit malade ou pas, c'est important juste d'avoir conscience que les bipolaires existent, d'avoir conscience qu'on existe et qu'on a notre place dans ce monde. Depuis que mon livre a été publié, j'ai reçu quelques retours, notamment sur la page Instagram que j'ai créée pour le livre. Donc je l'ai appelé Bipolarité.Renaissance, sans accent, sur le E. Et j'ai eu d'autres bipolaires aussi qui m'ont partagé leur histoire, d'autres internautes qui ont juste voulu expliquer qu'eux aussi ont été diagnostiqués récemment ou alors qu'ils ont un proche de bipolaire et qu'ils aimeraient savoir comment gérer au quotidien, comment faire quand une personne nous repousse, quand un bipolaire est dépressif et qu'il a besoin de temps pour lui, comment l'aborder. Surtout des questions par rapport à comment gérer la maladie. Alors je suis personne pour donner des conseils. cohérents et qui pourraient en tout cas aider. Mais j'essaye de le faire à mon échelle, avec ma petite expérience. J'ai aussi eu pas mal de retours de quelques lecteurs qui m'ont simplement remercié d'en parler. Ça me touche énormément. Je vais te dire que c'est vraiment quelque chose qui me touche au plus profond de moi, de voir que je n'ai pas publié ce livre pour rien. J'aimerais recevoir d'ailleurs encore plus d'émissions de mon livre, donc si jamais vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas à me contacter sur Instagram. Ce sera avec grand plaisir de vous lire. parce que vraiment, j'ai écrit ce livre et je l'ai publié en tout cas pour les lecteurs. En fait, c'est comme si le livre ne m'appartenait plus. Maintenant, je souhaite juste délivrer un message d'espoir, prouver que la maladie, c'est une continuité, et surtout que ce n'est pas une fin en soi. C'est vraiment mon message. J'ai aussi une lectrice qui m'a envoyé un petit message en me disant que c'était beaucoup retrouvé dans sa découverte de la spiritualité. Donc le fait de se balader, elle s'était plutôt dans des églises avec son papa, où elles se sont été connectées à une force invisible, quelque chose de très fort. Donc on a fait ça en commun. On se rend compte finalement que nos histoires sont assez similaires. Et c'est assez émouvant de voir qu'il y a beaucoup de similitudes d'un bipolaire à l'autre par rapport à son parcours. Finalement, c'est comme si on était tous différents, mais en même temps tous liés d'une certaine façon. Et je trouve ça beau. Si vous êtes bipolaire, déjà, sachez que vous n'êtes pas seul. On est nombreux, même si ça ne se voit pas forcément. il faudra justement qu'on se soutienne. En tout cas, à mon sens, je pense que c'est très important et je veux essayer de prouver justement que ce soit par mon livre ou juste en m'exprimant, qu'on peut avoir une vie amoureuse saine, qu'on peut avoir une vie professionnelle tout à fait classique, tout en aménageant en fonction de notre cachet, bien sûr. Les seuls freins qu'il y a, pour moi, ce sont ceux qu'on veut bien qu'on se met nous-mêmes, en fait. C'est vraiment les freins que nous-mêmes on se met. Je pense qu'il est important juste de reconstruire sa vie en fonction de la maladie, repenser son environnement aussi. Pour ma part, j'ai décidé de quitter Paris il y a à peu près quelques mois. C'était en mars 2024 du coup. Je n'en pouvais complètement plus de Paris, de toute cette agitation. Il fallait que je parte. C'était un stress permanent. Il y avait tout le temps des chantiers, c'était sale. C'était un choix aussi que j'ai fait de quitter la région parisienne pour Lyon, parce que c'est une ville dans laquelle il y a un peu plus de verdure, un peu plus d'espace, et où je retrouve un petit peu plus de temps aussi, finalement. Pour pouvoir me reconstruire, j'avais aussi besoin de quitter tout ce qui était nocif à mes yeux. Donc c'était un ressort important. Mais je pense qu'en tant que malade, en tant que bipolaire, si on est dans un mauvais environnement, on ne peut pas toujours guérir. Donc si vous en avez la possibilité, si vous vous sentez plus à l'aise là où vous habitez, où vous êtes, il ne faut pas juste hésiter. Il faut juste essayer de reconstruire quelque chose de neuf pour pouvoir aller de l'avant. J'ai publié mon livre. Pour donner vraiment les détails de comment est-ce que ça se passe quand on est en pleine crise, comment est-ce que ça se passe quand on perd pied. Dans mon livre, j'essaie en tout cas de développer tous mes ressentis, tout ce qui se passe dans ma tête. J'explique comment la crise s'est installée progressivement. J'ai décidé de refléter en éjouer le Corée. Je parle vraiment sincèrement de ce que j'ai vécu sans filtre. C'était douloureux d'en parler, de l'écrire, c'est vrai. Je me suis mise à nu, mais le but c'était aussi de partager mon histoire pour inciter d'autres malades aussi à le faire, à en parler. Ça peut être dans un livre, ça peut être autrement. Juste ne serait-ce qu'assez proche. Parler assez proche de la maladie, de comment est-ce qu'on se sent. Faut pas qu'on en fasse un tabou, et surtout on n'est pas invisibles. On est là, on ne devrait pas avoir honte d'être malade, bien au contraire. J'espère juste qu'un lecteur lambda pourra mieux comprendre cette maladie en lisant mon livre en se disant que... Bah oui, on existe, et ça peut tomber sur n'importe qui. Mais surtout, on peut s'en sortir. On peut très bien trouver une vie tout à fait stable. Je veux juste qu'on puisse créer une petite communauté, échanger sur la maladie, faire bouger les choses petit à petit. Et je veux aussi que mon livre, le plus possible, tombe dans les mains de personnes qui n'y connaissent rien à la bipolarité pour que ça puisse leur apprendre un petit peu la maladie. Ou encore dans celle de personnes touchées, que ce soit de près ou de loin par la maladie. C'est pas toujours simple d'expliquer qu'on ne va pas bien. j'essayais à mon niveau de le faire et de faire avancer aussi les choses. Voilà. Je pense que c'est important d'en parler. Ça peut être sur les réseaux sociaux, peu importe. Il faut que la bipolarité ne soit plus un tabou. C'est vraiment important. Je trouve ça bien, par exemple, qu'on parle de plus en plus des troubles anxieux, par exemple. On parle plus de santé mentale, de dépression. C'est génial, les choses avancent. OK. Les réseaux sociaux servent beaucoup aussi à ce niveau. Mais par rapport à la bipolarité, c'est encore timide. J'ai confiance en l'avenir, mais j'espère surtout que les malades ne devront plus se cacher. Ça, ça me semble vraiment triste. De se dire qu'on est obligé de se replier, d'en parler très peu, parce qu'on a peur d'être jugé. Mais c'est vrai, par exemple, dans le milieu professionnel, il y a encore beaucoup de jugements. Ça peut faire peur. Mais c'est vrai que ça peut faire peur. On se dit tout de suite qu'un malade, il peut perdre pied, du jour au lendemain, il peut péter les plombs. Donc on ne peut pas lui faire confiance. Mais pas forcément. Pas forcément, surtout si la maladie est gérée avec un traitement. Et c'est aussi important d'accepter qu'on ne va pas bien. D'accepter aussi qu'on a besoin peut-être d'aide, d'un cachet pour stabiliser son humeur. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, notamment sur l'accès aux psychologues. Ce serait bien que n'importe qui puisse parler, peu importe son âge, de ses hauts, de ses bas, se sentir accompagné, et ça ne devrait pas être payant. En tout cas, les remboursements ne devraient pas aussi être compliqués. Tout le monde devrait pouvoir en parler avant même d'être diagnostiqué, pour pouvoir justement être diagnostiqué peut-être plus tôt, sans avoir à faire une crise à l'autre bout du monde. C'est pas encore toujours très accessible à tous les portefeuilles, mais ça va arriver. En tout cas, j'ai confiance. Il y a des choses qui sont faites, il y a des avancées au quotidien. Et on peut trouver de l'aide. Peu importe ce qu'on vit, peu importe les difficultés, on peut toujours s'en sortir et se reconstruire à partir de zéro. Il faut vivre une certaine renaissance. Comme moi, j'ai plus la vie par rapport à mon hospitalisation, j'ai tout reconstruit de zéro. Et voilà. On est tous capables, en tout cas ça prend le temps qu'il faut, mais surtout accepter la maladie, accepter qu'on ait des efférents, accepter qu'il va falloir reconstruire toute sa vie en fonction, aussi, mais que c'est pas la fin de quelque chose. On peut dire le contraire.

Description

Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans un nouvel épisode d’États Dames.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nina Siahpoush-Royoux, journaliste et auteure de l’ouvrage Bipolarité - Du délire à la renaissance.

Dans ce premier livre, Nina nous partage avec une grande sensibilité son témoignage intime sur la découverte et la gestion de la bipolarité, une maladie qui s’est révélée à elle de manière inattendue.

À travers ce récit poignant, elle nous emmène dans un voyage intérieur, où elle explore les méandres de cette pathologie et le processus de reconstruction qui a suivi. Nous aurons l’opportunité de discuter de son expérience personnelle, des défis rencontrés et de sa renaissance, un cheminement qui touche profondément.

Je suis honorée de vous offrir cette discussion enrichissante et inspirante avec Nina Siahpoush-Royoux.

Bonne écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. État d'âme au cœur de votre santé Bienvenue sur État d'âme, le podcast qui vous emmène au cœur des émotions féminines dans leur parcours de santé. Vous avez déjà ressenti cette impression de solitude face aux défis de la vie, qu'ils soient physiques ou mentaux ? Sur Etat d'âme, je donne la parole à ces expériences authentiques, accompagnées d'histoires immersives et des conseils de professionnels santé. Préparez-vous à être transporté, inspiré et informé. Restez à l'écoute, car vous êtes sur le point de découvrir un monde où vos émotions trouvent écho. Bonjour à tous, aujourd'hui j'ai le plaisir de vous partager l'histoire de Nina Siapouchroyo, une journaliste talentueuse et une auteure remarquable. Dans son premier livre Bipolarité du délire à la renaissance, eh bien Nina nous livre un témoignage bouleversant et intime sur la bipolarité, une maladie qu'elle a découverte en elle-même de manière inattendue. Et en voici les backstage. Excellente écoute. Je suis une jeune femme de 27 ans. Je travaille dans le journalisme depuis un peu plus de 5 ans, donc essentiellement pour le média gala. L'écriture, elle a toujours fait partie de ma vie. Petite, déjà, je me souviens que j'écrivais des poèmes, des critiques de films, juste par pure passion, parce que c'était vraiment quelque chose qui me plaisait. J'avais besoin de coucher sur papier mes émotions, mes ressentis, etc. Et puis, le journalisme, c'est un petit peu imposé à moi, en fait. Ça m'a permis... de maîtriser différents sujets, d'apprendre beaucoup de choses, ce qui n'est pas forcément le cas quand on ne fait qu'écrire des livres, par exemple. Donc là, je parle d'un seul livre que j'ai publié, probablement le dernier, parce que c'est celui qui me tient le plus à cœur. Mon livre parle un petit peu de ma maladie, donc il s'appelle Bipolarité, du délire à la renaissance. Un livre publié aux éditions de Lise Bleu. C'est en 2020 que j'ai vraiment ressenti le besoin de prendre ma plume pour ce projet qui est un peu plus personnel, ou même plutôt très intime. C'est mon témoignage sur ce voyage au Japon que j'ai réalisé en famille avec mon papa et ma tante d'origine iranienne en début 2020. Et c'est ce fameux voyage qui m'a obligée à être hospitalisée en urgence en psychiatrie. C'est dans ce contexte-là que j'ai été diagnostiquée bipolaire et que depuis, j'apprends à vivre avec la maladie. Donc ça me semble important de briser le tabou. Il aura fallu à peu près 20 ans pour que je découvre que je suis bipolaire. Donc pour ça, il a fallu que je parte à l'autre bout du monde, à Tokyo, pour ce fameux voyage. Et j'étais tellement contente de découvrir le Japon. C'est vraiment un pays qui me faisait rêver depuis des années que j'en ai complètement perdu la tête. C'est-à-dire que je ne dormais plus, je n'arrivais plus à dormir totalement. totalement en décalage. Donc le décalage horaire, bien sûr, mais pas seulement, parce qu'au final, je faisais des insomnies. Je dormais à peu près deux à trois heures par nuit maximum. Et un peu plus chaque jour, en fait, je m'enfonçais dans une crise, donc une crise maniaque. Je n'en avais pas encore connaissance, je ne savais pas encore ce que c'était. Je pensais juste que j'étais très contente de voyager et super excitée à aller découvrir un nouveau pays. de nouvelles personnes, etc., de nouvelles architectures aussi, de nouveaux paysages, tout ça, c'était tellement excitant qu'au final, je me perdais un petit peu petit à petit dans la maladie. Je n'étais plus du tout cohérente petit à petit. Je commençais à avoir des propos qui tournaient un peu en boucle. J'avais vraiment plus de mal à m'exprimer correctement. J'étais extrêmement enthousiaste, mais il n'y avait vraiment pas d'imite. Mon papa ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais en même temps, il se disait que c'était certainement le voyage. que c'était logique en même temps que je sois traitementante, mais ce n'était pas seulement ça. J'étais en phase maniaque et je découvrais plus tard que j'étais finalement en BDA, donc bouffée délirante aiguë, qui n'est pas anodine du tout. Au niveau des symptômes qui se sont manifestés, je pense qu'on peut parler du débit de parole. Je parlais extrêmement vite, tout le temps. Vraiment, je monopolisais la parole. J'avais toujours des trucs super intéressants à mon sens, en tout cas à dire. Cet enthousiasme, cette énergie débordante, alors que je ne dormais pas, C'était que ça n'avait aucun sens. C'est-à-dire qu'après deux, trois heures de sommet, j'avais vraiment énormément d'énergie, alors que j'aurais dû normalement être extrêmement fatiguée et ne pas vouloir... On faisait des 20 000 pas par jour, on mangeait très peu, parce qu'au final, on profitait plus des visites que des restaurants, même si on mangeait aussi. Tout simplement pour dire que vraiment, c'était beaucoup de choses qui se mélangeaient dans le pot. et mon objectif c'était vraiment de parcourir tout Tokyo de rien manquer de ce magnifique voyage parce qu'on était là que 10 jours et en fait je ne me rendais pas compte que j'ai laissé ma santé parce que j'étais totalement je ne prenais pas conscience de ce sommeil dont j'avais besoin Et je pense que ce qui a été vraiment le déclic de ce voyage, c'était cette fameuse excursion qu'on a faite avec mon papa et ma tante au Mont Foudy. Du coup, du moins, en tout cas, du moins au plus près du Mont Foudy. On a pris le car, on a pris le bateau, on a pris le téléphérique. C'était un défilé de paysages, c'était surprenant. On voyait la montagne, la neige. Puis après, on a surtout visité un temple bouddhiste qui était vraiment incroyable. Et je pense que ça a été ça, en fait, le point de non-retour. à partir de là, quand j'ai visité ce temple et que j'ai vu un petit peu cette immensité de paysages incroyables en plein milieu de la nature parce que c'est vraiment un temple perché dans un petit village Peace Park, ça s'appelait mais je ne saurais pas vous dire le nom exact je me suis sentie en fait différente j'avais l'impression de redécouvrir une partie de moi, je découvrais en fait ma spiritualité, alors que jusqu'à présent en fait je me considérais totalement athée je ne croyais pas du tout en la religion, je ne croyais pas du tout euh... Tout ça, ça me paraissait totalement abstrait. Et d'un coup, c'était quelque chose de nouveau. Donc ça a eu un impact assez fort. En pleine crise, la découverte des lieux du culte japonais, en fait, ça n'a fait que m'enfoncer un peu plus dans l'abstrait. Je me sentais un peu incomprise aussi, parce que pendant le voyage, j'étais avec mon papa qui n'est pas du tout croyant, ma tante qui parle iranien. Je ne parle pas iranien, même si je suis d'origine iranienne. Donc il y avait quand même cette barrière de la langue qui faisait que je ne pouvais pas forcément partager tous mes ressentis avec eux. Et surtout, je ne pensais pas que je serais capable de leur partager mes ressentis parce que moi-même, je ne les comprenais pas. Je voyais quelque chose de particulièrement grand. En fait, tout d'un coup, c'est comme si je commençais à croire un petit peu à une force invisible, quelque chose qui nous protégeait, quelque chose qui m'aidait aussi, comme un guide. Et je me suis sentie un petit peu déconnectée de la réalité. On va vraiment dire les choses telles qu'elles étaient, c'est vraiment ça. J'étais complètement à l'ouest. Vraiment, j'avais du mal à garder les pieds sur terre, à me rendre compte que tout ça, certes, on peut croire en la spiritualité, etc., mais là, on partageait juste un beau voyage. et je partais totalement en live. C'était très difficile à gérer. Je l'explique beaucoup mieux dans le livre, mais j'avais ce besoin, en fait, de me sentir connectée à quelque chose, comme si je voulais me rattacher à quelque chose, finalement. C'était un petit peu ça. Et après avoir découvert un petit peu comment étaient construits les temples, avec plusieurs petites statues qui représentaient un peu le mal, les démons, etc., sous différentes formes, j'ai commencé un peu à me focaliser sur le bien, sur le mal. Et à mon retour en France, j'ai eu beaucoup beaucoup de difficultés à garder les pieds sur terre. En fait, c'est comme si je redécouvrais le monde, que je voyais la lune, le soleil, les arbres, un peu pour la première fois, d'une toute nouvelle façon. C'est comme si je commençais à voir un petit peu ce qui m'entourait de façon réelle. C'est difficile à expliquer. Je partais en fait tout simplement dans un extrême. Et à mon retour, ma crise, elle était telle que ma mère allait être obligée de me faire hospitaliser en psychiatrie en urgence. Elle n'avait pas d'autre choix. Vraiment, je commençais à veiller. J'avais l'impression que la fin du monde était proche, qu'on allait tous mourir de toute façon. J'étais partie dans un délire. En fait, c'était simplement une bouffée délirante aiguë, donc BDA, qui faisait que je n'avais plus du tout la notion de réalité. J'étais complètement... rester au Japon Elle n'a pas eu d'autre choix, en fait. Ma mère, elle a appelé l'ambulance. Deux messieurs sont arrivés. Ils m'ont bien prié de monter dans leur voiture pour qu'on aille en direction des urgences. Donc, voilà, j'ai dû être prise en charge. En fait, j'ai commencé à prendre conscience pendant mes rares moments de raison que j'avais besoin de soins, que ce n'était pas normal ce qui se passait dans ma tête et que ça prenait des proportions trop grandes. Voilà, j'ai dû, par ce biais-là, du coup, être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. ce qui peut faire peur, je sais. Il n'y a pas que des faux dans ces endroits, puisque je pense en être la preuve vivante. Je m'en suis sortie, et pourtant j'ai passé un mois à l'hôpital. J'en avais juste besoin, comme toutes les personnes que j'ai croisées, qui auraient pu être n'importe qui d'ailleurs. C'est pas marqué sur le front. C'est là qu'on se rend compte vraiment qu'à l'hôpital, il y a de tout. Et que ça peut arriver un petit peu à n'importe qui de vriller, de péter les plombs. J'ai pas eu d'autre choix en tout cas sur le plan professionnel que de mettre fin à mes engagements pendant cette période. J'ai pas vraiment donné d'explication claire, tout simplement parce que moi-même je comprenais pas trop ce qui se passait. Le diagnostic n'a pas été posé directement. Ça a été à peu près la moitié de mon hospitalisation. Donc il a fallu d'abord que moi-même je comprenne ce qui se passe Mais j'ai pu compter surtout sur ma famille Et mon chéri qui était très présent à l'hôpital Il venait à peu près tous les jours J'avais toujours de la visite, que ce soit des amis, de la famille, etc Tout le monde était là pour moi J'ai été très très bien encadrée, prise en charge aussi par les médecins Un peu moins d'accompagnement psychiatrique Parce qu'au final le psychiatre je ne l'ai vu que quelques minutes Mais voilà, j'ai eu beaucoup de chance en tout cas d'avoir eu mes proches à ce moment-là C'est pas mal pas un moment facile, et ils m'ont témoigné de leur soutien. Et pour ça, j'en suis extrêmement reconnaissante. C'est pas forcément simple. Et pendant ces moments-là, c'est là qu'on se rend compte qu'on a besoin quand même de nos proches. Même si on a l'impression qu'on peut s'en sortir tout seul. Au niveau des réactions de mes proches, j'en ai pas trop en fait parlé directement à tout le monde. J'ai pas annoncé à tout le monde que j'étais bipolaire quand je l'ai su. J'en ai pas non plus parlé à mes collègues. Je pense que c'était super important aussi de... de digérer la maladie, de moi-même la comprendre. et de surtout gérer le traitement. Parce qu'il y a des effets secondaires, on ne va pas se mentir, ce n'est pas facile. Il faut gérer les somnolences, il faut gérer les moments où on est très fatigué, les moments où on a du mal à sortir du lit, les moments où on peut avoir des petits spasmes, parce que le sommeil commence à prendre le dessus. On a du mal à parler, on peut grossir aussi à cause des cachets. Il y a plein de choses comme ça qu'il faut gérer. Il faut remettre sur pied sa vie, tout reconstruire de zéro. Donc, au niveau de mes collègues, je n'ai pas forcément voulu en parler. J'ai toujours voulu donner la priorité au travail. Je me suis organisée de mon côté. J'ai gardé les choses pour moi. J'avais besoin de prouver aussi que j'étais capable moi-même de travailler, de reprendre une vie professionnelle stable, avant de pouvoir... En fait, j'ai vraiment fait le choix de ne pas laisser la bipolarité avoir le dernier mot, que ce soit dans ma vie professionnelle ou amoureuse ou familiale. J'ai aussi une grande chance, c'est celle de pouvoir faire du télétravail avec mon métier. Certes, j'ai des horaires complètement décalés, je peux travailler du lundi au dimanche, du matin au soir, mais en même temps, j'ai réussi à tout concilier et j'ai beaucoup travaillé sur moi. Pour ça, j'ai beaucoup donné la priorité au travail parce que c'était vraiment mon objectif de vie. C'était vraiment de me prouver qu'on peut tout à fait travailler. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais moi, en tout cas, c'était vraiment mon objectif principal. C'était mon père quand il a appris que j'étais bipolaire. Son premier réflexe a été de se renseigner en détail. Il voulait absolument savoir ce que signifiait être bipolaire. Donc je pense qu'il avait surtout, enfin c'est pas je pense, je le sais, il avait surtout peur des rechutes. Donc il s'est informé au maximum pour savoir comment est-ce que ça se passait, comment est-ce que ça pouvait évoluer avec les années, avec le traitement. Pendant que moi j'étais à l'hôpital, il passait son temps à regarder ce que signifiait la bipolarité, comment est-ce qu'on la gère au quotidien. Je pense qu'il était très inquiet aussi parce qu'il m'a vu complètement péter les plombs. et il se demandait s'il allait pouvoir récupérer sa fille en fait. C'est tout simplement ça. Surtout que la bipolarité, il connaissait le nom, mais il ne connaissait pas en détail. Donc son premier réflexe, ça a été ça. Ça a été de vérifier un petit peu comment est-ce que ça marche, même si évidemment il n'y a pas qu'une seule façon d'être bipolaire, il y en a plein. Et avec mes proches, évidemment, j'ai dû parler aussi du fait que j'ai été hospitalisée, la raison, donner la raison, mais ça s'est fait de façon très simple. Je l'ai dit sans tabou. Parce que pour moi, en tout cas mes proches, très proches, mes amis, très proches de mon petit cercle d'amis, j'en ai pas parlé à tout le monde parce que je trouvais pas ça essentiel. Et je trouve surtout que c'était finalement intime, en tout cas de le... d'en parler comme ça de façon naturelle. Je voulais que ça se fasse de façon beaucoup plus formelle, on va dire, avec un livre, où je pourrais exprimer dedans toutes mes émotions, tous mes sentiments, parler en détail de chaque chose, expliquer aussi l'évolution, comment est-ce que ça a pris forme. Et c'est la meilleure façon. C'est ce que je sais faire de mieux écrire. Donc j'avais juste envie de proposer ce livre-là. Une espèce de réponse, un petit peu. Voilà, dans ce livre, vous allez trouver toutes les réponses. Comment est-ce que ça se passe dans ma tête ? Pourquoi est-ce que j'ai vrayé ? À partir de 2020, fin 2020, il y avait vraiment une question qui tournait dans ma tête, mais en dongle, c'est-à-dire, qu'est-ce qui s'est passé ? parce que ça s'est fait tellement en peu de temps. J'ai passé 10-11 jours au Japon, j'ai été tout de suite hospitalisée pendant un mois, et après j'ai repris ma vie presque telle qu'elle, en reprenant le travail, en reprenant une activité professionnelle stable, en me battant contre les effets indésirables du cachet. J'avais surtout envie de répondre à cette question. En 2022, j'ai pris ma plume pour écrire de façon thérapeutique, pour un petit peu expliquer ce qui s'était passé, analyser un petit peu la situation. Et au fil du temps, je me rends vite compte que j'écris de façon trinétique. J'écris une page, deux pages, plus dix, et au bout de la deuxième page, je me rends compte que ça a de la gueule, en fait. J'écris quelque chose de cohérent, il y a une vraie histoire, je raconte quelque chose, vraiment, je reviens sur tout ce qui s'est passé. En fait, au fil des pages, je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose à faire, en fait, avec mon histoire. Que ça pouvait résonner avec le parcours d'autres malades ou d'autres proches de bipolaire aussi, que ce soit par exemple un papa ou une maman de bipolaire, comme mes parents un peu ont reçu la nouvelle du diagnostic. un peu comme une bombe, en tout cas pour mon père. Je voulais un peu que ce soit quelque chose de matériel qui pourrait permettre à ces proches-là de comprendre ce qui se passe dans notre petite tête. Ce n'est pas toujours facile de l'expliquer, donc au moins, je pensais avoir la possibilité d'en parler par écrit. C'était aussi pour moi l'occasion de partager un vécu intime avec le plus grand nombre, juste pour que cette maladie ne soit plus un tabou, en tout cas à mon échelle, faire qu'on en parle un petit peu plus, qu'on ne se prive pas de dire ce mot, bipolaire. Il n'y a pas de honte en fait à être bipolaire ou avoir un proche bipolaire. Et je me suis rendu compte aussi que d'en parler, ça libère aussi la parole. J'ai reçu pas mal de messages de personnes qui me disaient Finalement, je suis bipolaire, j'en ai parlé à personne autour de moi, je le gère en silence. Et je trouve ça triste. c'est dommage parce qu'au final on devrait plus se serrer les coudes qu'autre chose. Et ce travail d'écriture, ça m'a vraiment permis de revivre et d'analyser toutes mes crises, de comprendre aussi les moments difficiles que j'ai pu passer pendant mon adolescence, et liés des colères extrêmes ou une dépression que j'ai pu avoir en 2017 pendant un an. À cause de la maladie, en fait, tout prenait sens. J'ai aussi pu voir que j'avais fait quelque chose de concret avec ma maladie, c'est-à-dire faire un livre. Et ça me permit aussi de prendre une certaine distance. C'est comme si un peu désormais, je pouvais enfin aller de l'avant et laisser derrière moi ce chamboulement que j'ai vécu en 2020. Le voyage au Japon, ça représente à peu près un tiers de mon livre. C'est vraiment ce séjour-là, au bout du monde, qui m'a fait basculer. Et ça a vraiment été un tournant. Au final, pendant près de 20 ans, j'ai su à peu près maîtriser la maladie les hauts, les bas. J'avais une certaine routine qui s'était installée avec le temps et ça me permettait un petit peu de garder une certaine cohérence et de, entre guillemets, me fondre un peu dans la masse. C'est-à-dire que j'étais un petit peu plus extrême à certains moments, mais je paraissais tout à fait normale. En tout cas, j'arrivais à gérer. Je me rends compte que j'aurais pu passer encore des années à gérer les hauts et les bas sans même me rendre compte que c'était vraiment des hauts et des bas. Et c'est ce décalage horaire, le fait de découvrir aussi ma spiritualité. Je me suis retrouvée face à quelque chose de nouveau. Ça a eu des répercussions fortes sur toute ma perception de la vie. Ce n'était pas un simple voyage. J'ai tendance à dire que c'était le voyage de ma vie. Et avant même de partir, en plus, j'avais ce sentiment-là. C'était assez fou. Je me disais que ça allait être un voyage qui allait changer quelque chose. Je ne m'étais pas loupée. Sauf que je ne pensais pas que j'allais être aussi dépaisée, ou en tout cas, je n'imaginais pas à quel point. Ce qui m'a vraiment secouée, c'était vraiment cette découverte d'un temple bouddhiste. C'était pendant l'ascension du Mont Fouy. J'ai envoyé en fait toutes ces statues de démons, de diables, etc. qui protégeaient le lieu. Le rituel de purification par l'eau aussi, en entrant sur place, c'était comme si tout s'illuminait. C'est comme si tout prenait enfin un sens et que je comprenais enfin tout ce qui m'entourait, tout était un petit peu plus cohérent. Après mon diagnostic et ma sortie de l'hôpital, ça a mis plusieurs mois pour gérer déjà les effets secondaires de cachets. Parce que c'est pas simple de gérer un nouveau cachet qui rentre dans ton organisme. Il y a différentes façons de le gérer. Il faut que le corps s'adapte, surtout à cette nouvelle substance, et que ça fasse son effet progressivement. C'est pas toujours simple, ne serait-ce que de gérer les fringales, les insomnies, les somnolences, etc. Ça, c'est un premier pas. Mais finalement, j'ai réussi à prendre ma vie en main assez vite. J'ai essayé de tout faire pour perdre les kilos que j'avais pris à l'hôpital. Je me suis remise un petit peu au sport à la maison. J'ai appris à mieux manger et à mieux dormir, surtout. C'est un point essentiel, puisque vraiment, les insomnies, ça faisait partie de ma vie depuis mon adolescence. Et finalement, j'ai aussi appris à stopper tous les excès. Donc, j'ai lâché déjà un peu l'alcool, parce que j'étais quand même très fêtarde. J'ai même travaillé en tant que barmaid de nuit pendant six mois, que je fasse comme ça. donc c'était pas forcément la meilleure idée pour une bipolaire sauf que je ne le savais pas donc à ce moment là je gérais la vie comme une fête sauf que la vie n'est pas une fête il y a un moment où il faut trouver une certaine stabilité et se cacher m'a permis à gérer ma bipolarité donc depuis, allez, juin 2020 à peu près j'ai un mode de vie beaucoup plus sain et je donne vraiment la priorité au sommeil c'est-à-dire que j'essaie vraiment d'organiser ma vie en fonction du sommeil c'est pas forcément très fun, c'est vrai Mais c'est très important. Je me rends compte qu'une bonne nuit de sommeil, ça permet d'avoir les idées claires. Et qu'en plus de ça, je prends du sommeil, ce qui n'était pas le cas avant. où je voyais ça plus comme une contrainte. Et grâce à tout ça, en dormant bien notamment, je me suis un peu éloignée de toutes ces phases maniaques un petit peu qui jalonnaient toute ma vie. Alors au premier abord, ça peut sembler super sympa, on a beaucoup d'énergie, l'énergie est débordante, on est très productif, il n'y a pas de limite. Mais au final, c'est surtout ça nocif. Si je devais m'adresser à une autre personne qui vient d'être diagnostiquée bipolaire, Je lui dirais déjà qu'il faut accepter la maladie. Il faut accepter aussi qu'on est différent. Ça peut demander un petit temps d'adaptation. C'est pas toujours facile, mais au final, on se rend compte qu'on a surtout besoin de temps pour appréhender la maladie. Il faut se laisser le temps. Même quatre ans après mon diagnostic, je me suis battue pour prouver que je peux avoir une vie normale. J'ai un CDI, je suis propriétaire de mon propre appartement. Je suis en couple depuis six ans. J'ai même un petit chien que j'ai adopté il y a quatre ans, juste après l'hospitalisation. Et pourtant, ça m'arrive encore d'avoir des hauts et des bas. Mais il faut juste accepter qu'on ne peut pas toujours aller bien. Il faut surtout s'écouter. Et avec un peu de patience, je pense qu'on finit toujours par retomber sur ses pattes. Surtout, il faut accepter les cacher. On a besoin d'en cacher. Ce n'est pas une partie de plaisir, ça c'est clair. Tous les jours, il faut les prendre pour éviter de repartir dans un excès. Mais le naturel, il revient toujours au galop. En tout cas, le naturel d'un bipolaire, ce n'est pas posséder. Ce n'est pas toujours fun. En fait, le seul conseil que je pourrais donner, c'est qu'il faut se laisser le temps et il faut faire confiance à l'avenir, mais aussi à la science. Ces petits cachets qui ont été créés pour nous, ils n'ont pas été créés pour rien. Ils stabilisent nos humeurs et ça permet d'avoir un mode de vie beaucoup plus simple, beaucoup plus stable. Et ensuite, on peut articuler notre vie en fonction. Mais ça, ça devrait être la base. Pour ne pas en tout cas repartir en live, parce que c'est bon pour personne. Après, évidemment, je ne vais pas vous cacher qu'il n'y a pas des moments où je me dis que j'aimerais bien me détacher des cachets et que j'aimerais bien ne pas avoir à prendre un petit traitement potentiellement à vie, parce que c'est ce qu'il faut se dire, c'est quand même une maladie à gérer à vie. Je pense qu'on croit toujours au fond qu'on peut s'en sortir sans traitement, qu'on peut très bien gérer la maladie, parce que je l'ai fait au final. Jusqu'à mes 20 ans, je l'ai fait, j'ai géré les hauts et les bas du mieux que je le pouvais. J'ai caché ma maladie un petit peu aux yeux de tout le monde. Et tout allait très bien, même si j'avais des moments où j'avais un peu des crises, j'arrivais à gérer tout ça. mais c'est trop risqué. C'est franchement trop risqué et à quoi bon ? Surtout potentiellement quand on veut après une vie de famille quelque chose de stable. Le cachet est essentiel, ne serait-ce que pour pas faire subir la maladie à nos proches. J'ai choisi de mettre déjà le titre Bipolarité, je voulais le mettre dans mon titre de livre parce que ça me semblait important qu'on sache déjà de quoi on parle. Je ne veux pas en faire un tabou et c'est la première étape pour moi pour casser un petit peu le tabou que de le mettre en haut de mon livre. Et Renaissance parce que je suis vraiment Je ne suis plus la même en fait que depuis 2019. Vraiment définitivement plus la même. Avant mon voyage au Japon, j'étais pleine d'énergie, d'envie, j'étais toujours dans l'excès. En tout cas en public, j'affichais toujours un petit masque, il fallait absolument que je sois sociable, que je fasse semblant, même quand je n'avais pas envie, je me forçais. Et ce n'est plus le cas en fait, parce que j'avais des jours avant où j'étais sociable avec tout le monde et le lendemain, je ne pouvais plus me voir personne aux peintures. Je passais vraiment d'un extrême à un autre de mon comportement. Et depuis mon hospitalisation, j'ai beaucoup appris sur moi, j'ai beaucoup évolué. Et surtout, je comprends d'où vient ce sentiment d'être différente. Depuis l'adolescence, j'ai toujours ce sentiment. Alors, il y en a beaucoup qui l'ont. Mais j'avais vraiment le sentiment qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, sans vraiment comprendre ce que c'était. Et maintenant, vraiment, j'apprends à me recentrer sur moi. Je m'éloigne de tous les dramas, tous les stress, toutes les agitations. Tout ça, ça ne me concerne plus. Ça ne m'intéresse plus. Je veux vraiment une vie beaucoup plus paisible, beaucoup plus calme. et je me suis aussi redécouverte, un peu moins fêtarde, un peu plus centrée sur la nature, sur la spiritualité, sur une vie un peu plus simple. Et c'est comme si le diagnostic avait ouvert une nouvelle porte aussi. Il m'avait permis de retrouver une simplicité, une stabilité. Ça a du bon finalement. Je l'apprends. Quand je parle de renaissance, c'est aussi le fait que maintenant je vis ma vie, j'essaie d'être une meilleure personne à mon échelle. mais surtout j'essaie de ne plus me mentir, ni de me forcer. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à faire ça, à me forcer, à être joviale, à être solaire. Donc oui, je suis bipolaire, j'ai parfois des difficultés à sortir de chez moi, j'ai parfois des difficultés à m'exprimer et à sociabiliser. Mais ce n'est pas grave, j'accepte qui je suis, j'avance. J'essaie de porter mon livre, surtout, pour qu'il puisse aider en tout cas à la compréhension de la maladie bipolaire. Et je pense que, qu'on soit malade ou pas, c'est important juste d'avoir conscience que les bipolaires existent, d'avoir conscience qu'on existe et qu'on a notre place dans ce monde. Depuis que mon livre a été publié, j'ai reçu quelques retours, notamment sur la page Instagram que j'ai créée pour le livre. Donc je l'ai appelé Bipolarité.Renaissance, sans accent, sur le E. Et j'ai eu d'autres bipolaires aussi qui m'ont partagé leur histoire, d'autres internautes qui ont juste voulu expliquer qu'eux aussi ont été diagnostiqués récemment ou alors qu'ils ont un proche de bipolaire et qu'ils aimeraient savoir comment gérer au quotidien, comment faire quand une personne nous repousse, quand un bipolaire est dépressif et qu'il a besoin de temps pour lui, comment l'aborder. Surtout des questions par rapport à comment gérer la maladie. Alors je suis personne pour donner des conseils. cohérents et qui pourraient en tout cas aider. Mais j'essaye de le faire à mon échelle, avec ma petite expérience. J'ai aussi eu pas mal de retours de quelques lecteurs qui m'ont simplement remercié d'en parler. Ça me touche énormément. Je vais te dire que c'est vraiment quelque chose qui me touche au plus profond de moi, de voir que je n'ai pas publié ce livre pour rien. J'aimerais recevoir d'ailleurs encore plus d'émissions de mon livre, donc si jamais vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas à me contacter sur Instagram. Ce sera avec grand plaisir de vous lire. parce que vraiment, j'ai écrit ce livre et je l'ai publié en tout cas pour les lecteurs. En fait, c'est comme si le livre ne m'appartenait plus. Maintenant, je souhaite juste délivrer un message d'espoir, prouver que la maladie, c'est une continuité, et surtout que ce n'est pas une fin en soi. C'est vraiment mon message. J'ai aussi une lectrice qui m'a envoyé un petit message en me disant que c'était beaucoup retrouvé dans sa découverte de la spiritualité. Donc le fait de se balader, elle s'était plutôt dans des églises avec son papa, où elles se sont été connectées à une force invisible, quelque chose de très fort. Donc on a fait ça en commun. On se rend compte finalement que nos histoires sont assez similaires. Et c'est assez émouvant de voir qu'il y a beaucoup de similitudes d'un bipolaire à l'autre par rapport à son parcours. Finalement, c'est comme si on était tous différents, mais en même temps tous liés d'une certaine façon. Et je trouve ça beau. Si vous êtes bipolaire, déjà, sachez que vous n'êtes pas seul. On est nombreux, même si ça ne se voit pas forcément. il faudra justement qu'on se soutienne. En tout cas, à mon sens, je pense que c'est très important et je veux essayer de prouver justement que ce soit par mon livre ou juste en m'exprimant, qu'on peut avoir une vie amoureuse saine, qu'on peut avoir une vie professionnelle tout à fait classique, tout en aménageant en fonction de notre cachet, bien sûr. Les seuls freins qu'il y a, pour moi, ce sont ceux qu'on veut bien qu'on se met nous-mêmes, en fait. C'est vraiment les freins que nous-mêmes on se met. Je pense qu'il est important juste de reconstruire sa vie en fonction de la maladie, repenser son environnement aussi. Pour ma part, j'ai décidé de quitter Paris il y a à peu près quelques mois. C'était en mars 2024 du coup. Je n'en pouvais complètement plus de Paris, de toute cette agitation. Il fallait que je parte. C'était un stress permanent. Il y avait tout le temps des chantiers, c'était sale. C'était un choix aussi que j'ai fait de quitter la région parisienne pour Lyon, parce que c'est une ville dans laquelle il y a un peu plus de verdure, un peu plus d'espace, et où je retrouve un petit peu plus de temps aussi, finalement. Pour pouvoir me reconstruire, j'avais aussi besoin de quitter tout ce qui était nocif à mes yeux. Donc c'était un ressort important. Mais je pense qu'en tant que malade, en tant que bipolaire, si on est dans un mauvais environnement, on ne peut pas toujours guérir. Donc si vous en avez la possibilité, si vous vous sentez plus à l'aise là où vous habitez, où vous êtes, il ne faut pas juste hésiter. Il faut juste essayer de reconstruire quelque chose de neuf pour pouvoir aller de l'avant. J'ai publié mon livre. Pour donner vraiment les détails de comment est-ce que ça se passe quand on est en pleine crise, comment est-ce que ça se passe quand on perd pied. Dans mon livre, j'essaie en tout cas de développer tous mes ressentis, tout ce qui se passe dans ma tête. J'explique comment la crise s'est installée progressivement. J'ai décidé de refléter en éjouer le Corée. Je parle vraiment sincèrement de ce que j'ai vécu sans filtre. C'était douloureux d'en parler, de l'écrire, c'est vrai. Je me suis mise à nu, mais le but c'était aussi de partager mon histoire pour inciter d'autres malades aussi à le faire, à en parler. Ça peut être dans un livre, ça peut être autrement. Juste ne serait-ce qu'assez proche. Parler assez proche de la maladie, de comment est-ce qu'on se sent. Faut pas qu'on en fasse un tabou, et surtout on n'est pas invisibles. On est là, on ne devrait pas avoir honte d'être malade, bien au contraire. J'espère juste qu'un lecteur lambda pourra mieux comprendre cette maladie en lisant mon livre en se disant que... Bah oui, on existe, et ça peut tomber sur n'importe qui. Mais surtout, on peut s'en sortir. On peut très bien trouver une vie tout à fait stable. Je veux juste qu'on puisse créer une petite communauté, échanger sur la maladie, faire bouger les choses petit à petit. Et je veux aussi que mon livre, le plus possible, tombe dans les mains de personnes qui n'y connaissent rien à la bipolarité pour que ça puisse leur apprendre un petit peu la maladie. Ou encore dans celle de personnes touchées, que ce soit de près ou de loin par la maladie. C'est pas toujours simple d'expliquer qu'on ne va pas bien. j'essayais à mon niveau de le faire et de faire avancer aussi les choses. Voilà. Je pense que c'est important d'en parler. Ça peut être sur les réseaux sociaux, peu importe. Il faut que la bipolarité ne soit plus un tabou. C'est vraiment important. Je trouve ça bien, par exemple, qu'on parle de plus en plus des troubles anxieux, par exemple. On parle plus de santé mentale, de dépression. C'est génial, les choses avancent. OK. Les réseaux sociaux servent beaucoup aussi à ce niveau. Mais par rapport à la bipolarité, c'est encore timide. J'ai confiance en l'avenir, mais j'espère surtout que les malades ne devront plus se cacher. Ça, ça me semble vraiment triste. De se dire qu'on est obligé de se replier, d'en parler très peu, parce qu'on a peur d'être jugé. Mais c'est vrai, par exemple, dans le milieu professionnel, il y a encore beaucoup de jugements. Ça peut faire peur. Mais c'est vrai que ça peut faire peur. On se dit tout de suite qu'un malade, il peut perdre pied, du jour au lendemain, il peut péter les plombs. Donc on ne peut pas lui faire confiance. Mais pas forcément. Pas forcément, surtout si la maladie est gérée avec un traitement. Et c'est aussi important d'accepter qu'on ne va pas bien. D'accepter aussi qu'on a besoin peut-être d'aide, d'un cachet pour stabiliser son humeur. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, notamment sur l'accès aux psychologues. Ce serait bien que n'importe qui puisse parler, peu importe son âge, de ses hauts, de ses bas, se sentir accompagné, et ça ne devrait pas être payant. En tout cas, les remboursements ne devraient pas aussi être compliqués. Tout le monde devrait pouvoir en parler avant même d'être diagnostiqué, pour pouvoir justement être diagnostiqué peut-être plus tôt, sans avoir à faire une crise à l'autre bout du monde. C'est pas encore toujours très accessible à tous les portefeuilles, mais ça va arriver. En tout cas, j'ai confiance. Il y a des choses qui sont faites, il y a des avancées au quotidien. Et on peut trouver de l'aide. Peu importe ce qu'on vit, peu importe les difficultés, on peut toujours s'en sortir et se reconstruire à partir de zéro. Il faut vivre une certaine renaissance. Comme moi, j'ai plus la vie par rapport à mon hospitalisation, j'ai tout reconstruit de zéro. Et voilà. On est tous capables, en tout cas ça prend le temps qu'il faut, mais surtout accepter la maladie, accepter qu'on ait des efférents, accepter qu'il va falloir reconstruire toute sa vie en fonction, aussi, mais que c'est pas la fin de quelque chose. On peut dire le contraire.

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