- Speaker #0
Bonjour à tous, vous êtes sur Etat d'âme. Aujourd'hui, je reçois avec un immense plaisir Tiffen Choblet, psychologue du travail spécialisé dans l'accompagnement des transitions professionnelles et l'élaboration de projets. Mais ce n'est pas tout. Tiffen Choblet est également l'autrice et la réalisatrice de Métamorphose Professionnelle. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, ce merveilleux podcast intéresse au parcours et aux transitions professionnelles donnant toutes les clés d'une reconversion réussie. Vous pouvez le retrouver directement sur vos plateformes d'écoute préférées. Notre invitée est une habituée des interviews. Elle est intervenue au sujet de la multipotentialité sur RZEN Radio, fait une parution dans le magazine Elle et d'autres revues locales. Elle fut invitée aussi sur le podcast Maman Bosse pour parler de sa reprise de travail anticipée avant la fin de son congé maternité. Entre carrière et maternité, un choix mentalement impossible, c'est le sujet du jour. Et ta dame, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes. Avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Etat d'âme, chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme, un podcast de Stéphanie Jarry.
- Speaker #1
C'est rigolo que tu parles de cette interview sur la multipotentialité. En réalité, ça vient en lien avec l'interview du jour. Cette interview était enregistrée dans un contexte particulier. Il y a eu un premier enregistrement qui a été fait, une première interview par Airs and Radio, quelques semaines avant mon accouchement. Et il y a eu un problème de son. Ce n'est pas forcément exploitable. J'étais à la maternité, quelques heures de l'accouchement. Il y a eu un appel de la journaliste. J'ai décroché. Elle voulait faire l'interview. Elle avait très, très peu de temps pour rendre cette interview. Pour la seconde fois, l'interview a été tournée et enregistrée dans ma chambre de maternité. En fait, dans l'ensemble, la grossesse s'est plutôt bien passée. On n'a pas eu de complications. Vraiment, la grossesse idéale qui a été un peu plus compliquée, c'était l'après. C'est vraiment là que ça a été plus compliqué pour moi, puisque j'aime beaucoup de choses. Et le fait d'avoir été très active pendant longtemps et que finalement, on sait que le congé à maternité va arriver, quand même une échéance, je dirais. Pour autant, je n'étais pas forcément prête mentalement à tout arrêter. Ce vide, je dirais, ressenti qui a été difficile. C'était vraiment dans la tête. C'est la santé mentale qui en a pris un coup. Au départ, je me suis dit, je vais prendre du temps pour moi, j'ai senti quand même que ce serait difficile dès le départ. J'ai été suivie, j'ai eu quelques consultations auprès d'une psychologue. Elle me disait de profiter de ce moment. Pour moi, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Je me suis écoutée, j'ai écouté. écouter aussi des podcasts qui m'ont aidée aussi autour de la maternité, écouter de la musique, je lisais beaucoup, j'écrivais, je tournais en rond. Forcément, les premières semaines, on est seul. Il y avait cette période-là, d'un point de vue plutôt physiologique. On parlait de contraction tout à l'heure par rapport à cette interview, une fissure de la poche des os. Donc, ce n'était pas forcément flagrant, c'était une fissure seulement. Et donc, j'étais un peu dans le doute. Je me suis dit, est-ce que ça y est ? C'est le moment ou ce n'est pas le moment ? En pleine nuit, il était minuit, à peu près minuit, j'alerte mon conjoint. Il y a eu vraiment la rupture de la poche à 6h du matin. Donc on m'avait dit à ce moment-là qu'il y avait 80% de chance que j'accouche dans la journée. Le temps passe et finalement, au bout de 30 heures, ça me manque. Quelques heures après, finalement, l'interview pour Airzine Radio. Et la suite, du coup, avec l'arrivée de ma fille, de notre fille Maëlle. Et là, ça n'a pas été facile, évidemment. Les premières semaines, très compliquées. Le soutien de ma famille permettait d'avoir un relais. Au bout de quelques semaines seulement, je savais que je voulais reprendre le travail plus rapidement. Passionnée. J'ai été photographe pendant cinq ans, jusqu'à la naissance de ma fille. J'avais commencé cette activité alors que j'étais encore étudiante en psychologie. Et mes parents, je suis passionnée de photographie depuis l'âge de dix ans. Sinon, à part ça, j'adore danser, j'adore chanter. et accompagner. J'aime également lire, écrire, écouter des podcasts. J'aime vraiment plein de choses. Professionnellement, je suis aujourd'hui psychologue du travail, donc de métier. Ça, c'est mon titre, mon étiquette. Mais j'aime me définir comme une accompagnatrice de métamorphose professionnelle. Et plus récemment, j'ai rajouté aussi ces termes qui me parlent bien, planteuse de graines de l'esprit et créatrice de liens, de ponts. Parce que ce qui me fascine, c'est vraiment l'être humain et sa complexité. les parcours de vie, le lien qu'on peut faire avec les autres et son environnement, le fait de considérer l'humain au cœur d'un système. Il faut prendre en compte un certain nombre de paramètres sans laisser en place la créativité dont l'humain est capable. Je propose un certain nombre d'accompagnements sur du soutien psychologique. J'accompagne les métamorphoses professionnelles, comme je vous le disais, les transitions, soit un changement plus ou moins radical jusqu'au changement, juste une évolution amateur. en interne par exemple, un changement de poste ou un changement juste d'une structure sans changer d'emploi. Je m'interviens aussi sur l'analyse de pratiques professionnelles auprès d'équipes et d'organisations pour prendre du recul sur sa pratique et sur certaines situations qui peuvent poser difficulté. Et je fais également du mentorat pour des futurs conseillers en évolution professionnelle auprès de demandeurs d'emploi bénéficiaires du RSA et d'étudiants en psychologie. Et j'ai sinon un tout autre travail, tout aussi essentiel. Bien qu'il ne soit pas rémunéré, c'est bien celui de par un recasse exigeant qui nécessite de développer un certain nombre de compétences. L'année 2021, de janvier à décembre, j'avais un CDD d'un an. J'ai appris que j'étais enceinte au mois de mai. J'ai eu mon début de grossesse en avril. Et donc, du coup, j'ai commencé mon congé maternité à la fin de mon contrat. Donc, à cheval entre vraiment la fin de mon CDD et puis le début d'autre chose. Donc, je n'avais aucune visibilité professionnellement. Bon, si ce n'est que j'étais quand même à mon compte, c'est en parallèle de mon compte salarié, mais je ne savais pas comment ça allait reprendre, cette activité-là. Et donc, du coup, j'étais déjà dans cette inquiétude. Je me demandais, qu'est-ce que je vais faire après ? J'ai aussi cette échéance de mon congé maternité. Il se termine fin mars. Pour moi, il était hors de question de poursuivre avec un congé parental. Je n'ai jamais vraiment décroché du marché du travail dans le sens où je peux rester en veille, en fait. sur les offres d'emploi. Même à quelques semaines avant mon congé maternité, j'avais postulé à des offres qui, normalement, nécessitaient quand même une prise de poste assez rapide. Moi, je savais que c'était pas possible. Mais bon, je me suis dit je tente quand même. Il y a une image qui m'est venue et que j'ai écrite parce que j'ai beaucoup écrit sur cette période-là. Ça me faisait du bien. C'était une forme de libération pour moi. Le fait que, en effet, je me suis dit que j'avais eu l'impression d'être au volant d'une voiture de course, tu sais, où Tout va très vite. J'allais à droite, à gauche. Rien ne m'arrêtait. Et puis, d'un coup, on me forçait quelque part à me mettre un peu sur le bas-côté. Voilà, attends, tu restes là. Et puis, tu vois les autres passer. Tu les vois filer. Et donc, oui, ça avait un côté frustrant. Puis, j'avais l'impression, du coup, d'être dans le bouillard et de ne pas voir, justement, cette route qu'il y avait devant moi. Ne pas trop décrocher du marché du travail. Et de même pour mon activité. Quand en plus on est entrepreneur, c'est encore autre chose. J'ai relancé aussi la machine, j'avais peur que ça reprenne du temps. Finalement, c'est des inquiétudes qui ne se sont pas concrétisées, je dirais. Ça ne s'est pas du tout passé comme ça, parce que j'ai trouvé très rapidement du travail. Et en effet, j'ai repris plus tôt que prévu. J'ai repris le 7 mars 2022. Je devais normalement terminer mon congé maternité le 27. Le 27 mars. Ça peut paraître dur à entendre, même si j'étais contente que ma fille soit là, c'était quand même une violence psychologique. Je l'ai vu comme ça, je parle vraiment bien du congé maternité. Alors mon congé a toujours été soutenant, et heureusement, parce que c'est une période qui n'est pas si simple, il peut y avoir des déchirements, et forcément, quand on manque de sommeil, il y a des tensions, et il y en a eu. Maintenant, c'est ressoudé. J'en ai parlé à des amis, déjà maman, qu'elles étaient aussi un peu plus amènes de comprendre, même si je ne connais pas forcément pourquoi je voulais reprendre plus tôt, que la plupart avaient prolongé avec un congé parental. Mais en même temps, elles ont compris dans le sens où je pense que ça ne les étonnait pas venant de moi. J'étais en détresse, quoi. Quand je dis que j'étais en détresse, c'est qu'à un moment donné, j'ai aperçu une part de moi que je n'aimais pas, que je n'appréciais pas et que je ne pensais pas côtoyer un jour, on va dire. Il y a eu plusieurs choses. C'est qu'en effet, évidemment que j'étais utile pour ma fille. Mais j'avais envie d'être utile au-delà que dans mon rôle de mère. Et pourtant, je rêvais d'avoir des enfants. Je sentais vraiment une envie très très forte. Je ne l'imaginais pas comme ça déjà ma maternité. On a aussi tendance un peu à idéaliser beaucoup de choses. J'ai commencé à avoir des idées noires. Et moi qui suis plutôt de nature optimiste, très positive, enjouée. Là, le fait de manquer de sommeil, le fait que ça crée des tensions, le fait d'entendre les pleurs en continu, c'est-à-dire est-ce que je fais bien ? Et en fait, oui, on ne se sent pas tout puissant. C'est sûr. J'en ai tout de suite parlé. J'ai cette capacité quand même à percevoir les signaux quand même. assez tôt pour éviter le pire, justement. Donc ça, oui, je sais m'écouter. À un moment donné, préconcience de ça, de la situation dans laquelle j'étais, je savais qu'il fallait que je fasse quelque chose et ce quelque chose, j'étais persuadée que ça passait par la reprise du travail. Et je me souviens encore de la fois, il y a eu un jour où ma mère est venue un petit peu en renfort, vous aider pour qu'on puisse se reposer, en fait, c'est une nostalgie que ça. J'ai craqué en pleurs dans la cuisine. Et je dis à ma mère, il faut que je reprenne le travail, il faut que je reprenne le travail. Je ne peux pas continuer comme ça, c'est le travail qui va me sauver. Je l'ai vraiment formulé comme ça. C'est-à-dire qu'on avait conscience déjà très tôt, même je pense avant la naissance de ma fille, mais d'autant plus depuis qu'elle est née. Mais là, je l'avais vraiment verbalisé. C'est plutôt le fait de se sentir utile autrement. Il y a vraiment cette notion de... On ne se définit pas pleinement par son métier. Et ce serait réducteur de se définir uniquement par son métier. Mais pour moi, ça a vraiment pris énormément de place dans ma vie parce que c'est un véritable sens. En fait, j'avais besoin de ça d'une manière ou d'une autre. Et du coup, j'ai trouvé un emploi assez rapidement. Et j'ai bien vu que... En fait, les employeurs avec qui j'étais en contact, ça ne posait pas du tout de problème. Cette question du fait que j'étais une jeune maman, j'ai eu cette Ausha parce que j'avais cinq entretiens de prévus, cinq entretiens d'embauche. J'en suis allée qu'à un seul. Il y en a que j'avais annulé d'office parce que... Au départ, je m'étais dit, peut-être qu'il va falloir que je prenne un CDI, et peut-être à temps plein, parce qu'il y a beaucoup de temps plein dans mon domaine d'activité. J'étais vraiment sur le secteur de l'insertion et de l'émotion professionnelle. Et en fait, parce que j'avais cette peur, quelque part, de me dire, ça y est, il y a une autre bouche à nourrir, il y a un enfant, peut-être qu'il va falloir que je me stabilise aussi professionnellement. Et quelque part, je n'en avais pas envie. Je n'avais pas envie de se lier, je n'avais pas envie de temps plein, parce que mon activité indépendante était vraiment importante pour moi. Et je ne voulais pas reprendre un temps plein de toute façon, puisque je voulais profiter quand même un million de RFI. Ça, c'était une évidence. Donc, du coup, j'ai réussi à trouver un CDD à temps partiel, qui était à 55 kilomètres de chez moi. mais au moins ça me convenait parce que du coup je travaillais trois jours par semaine et en fait mon activité indépendante elle a décollé le mois de ma reprise, c'était assez donc j'ai dû faire des entretiens à distance avec ma fille à côté, c'est pas bien particulier mais au départ Oui, c'est difficile parce que ce n'est pas du tout la charge de travail qu'on va avoir en tant qu'entrepreneur et parent. Je me souviens qu'il y en a une, donc là, c'était pour un poste à 80%, mais un poste de cadre. Et elle m'avait dit, enfin, elle entendait en fait ma fille gazouiller derrière, quand je l'ai eu au téléphone pour fixer justement le premier entretien. Et donc, en fait, on rigolait. Donc, c'était vraiment quelque chose de simple, en fait, et d'authentique. Et c'est vrai que je l'avais apprécié. Maintenant, je ne suis pas allée plus loin. Je n'ai pas fait cet entretien-là. Parce que, voilà, pour moi-même, 80 c'est à plus de 60 Si toi,
- Speaker #0
tu es bien dans ce que tu fais, ton rythme, c'est vrai que l'enfant aussi va le ressentir. Si tu fais ce que tu aimes, si maman est bien, l'enfant aussi...
- Speaker #1
Tout à fait. Et la preuve, c'est que j'ai repris... Notre fille venait d'avoir tout juste deux mois. Elle a eu deux mois le 6 mars et j'ai repris le 7 mars. J'étais petite et sachant que là, tout s'est vraiment encore bousculé dans ma tête à ce moment-là. Ça n'a pas été simple, c'est-à-dire qu'à la fois j'étais contente et soulagée d'avoir un poste, d'avoir un nouvel emploi qui commence. Et en même temps, c'était une réorganisation totale, puisque normalement, mon cours de maternité devait se terminer le 27 mars et on avait prévu un mode de garde sur le début avril, mais sur une commune à côté, mais qui n'était pas du tout dans la même direction que mon emploi. Et donc, du coup, il a fallu tout chambouler, trouver un nouveau mode de garde. Et l'idée, c'est que ça puisse quand même faire plusieurs mois et pas juste les quelques semaines qui manquaient. Pas qu'il y ait trop de changements non plus pour notre fille. On a fait le choix de la faire garder que deux jours par semaine. On a eu énormément de chance, puisque du coup, j'avais passé mon entretien vraiment la première semaine de mars. C'était le mercredi, on m'a donné une réponse le jeudi. et pour commencer dès le lundi suivant autant dire que là c'était la course pour trouver, là j'avais que quelques jours pour trouver un mode de garde avant de commencer alors là où mon employeur à ce moment là a été super cool parce que ils ont compris ils m'ont laissé la première semaine en télétravail le temps que je prenne connaissance la documentation, les process, etc. Et donc, du coup, on a pu faire l'adaptation sur cette première semaine. Donc, du coup, officiellement, j'ai commencé sur site le 14 mars. Et moi, du coup, quand j'ai eu la réponse le jeudi, je me disais, bon, allez, là, il ne me reste que quelques jours. J'ai trouvé quelqu'un, j'ai mis une annonce sur des groupes Facebook de garde d'enfants. Et là, par chance, on a eu une assistante maternelle. Mais jusqu'au jour où le 14 mars, donc je devais vraiment reprendre sur place. Et là, re-questionnement, grosse remise en question. J'étais en train de changer ma fille sur la table à manger et là, je me suis dit... qu'est-ce que je fais ? Je suis en train de faire une connerie, c'est pas possible. Je suis en train de laisser ma petite deux mois, tout juste, pour y travailler. Est-ce que c'est pas égoïste ? J'étais en pleurs, en pleurs. Je me suis dit, mais c'est pas possible, c'est un choix impossible. Et même si je savais que c'était à temps partiel, mais voilà, pour autant, je me suis dit, quand même, je vais être loin d'elle. Enfin, ça fait deux mois qu'elle est là. Je devrais peut-être plus en profiter, tout ça. J'envoie un message à ma mère, j'ai eu ce réflexe-là, et là ma mère me répond Tu sais pourquoi tu le fais ? C'est si tu n'y vas pas, tu le regretteras. J'étais en larmes, je me suis dit Bon, j'y vais, on verra ce que ça donne. Et finalement, ça a été super, et je pense qu'en effet, j'aurais regretté si je n'étais pas allée. Parce que cette première journée s'est très bien passée, évidemment que je pensais à ma fille à ce moment-là. mais j'étais contente de cette journée de rencontrer mes nouveaux collègues d'être dans un nouvel environnement je me sentais bien et en fait ce qui a été incroyable c'est que en fait notre fille s'est mise à faire ses nuits, à deux mois ça y est elle faisait ses nuits quand je dis faire ses nuits je sais qu'on dit souvent un enfant fait ses nuits à partir du moment où il fait au moins 5 heures d'affilée Non, mais elle, c'était entre 10 et 12 heures. Donc, on a eu beaucoup de chance. C'est tous ces questionnements-là qui ont été faits. Moi, il était clair. Je m'étais dit, de toute façon, si ça ne passe pas, c'est que ça ne doit pas se faire. Et je suis bien contente parce qu'il faut qu'ils puissent accepter ça. Donc, j'étais vraiment en clair avec ça. Donc, je pense que... Alors oui, c'est sûr, je suis aussi bien tombée. Je sais que tous les employeurs ne sont pas comme ça, mais que quelque part... En plus, je travaillais quand même dans le secteur de l'insertion. La garde d'enfants, on sait bien que c'est aussi une difficulté primaire chez les femmes, particulièrement, pour trouver un emploi. À un moment donné, il fallait aussi que les structures soient cohérentes. Il faut finalement boucher. en prenant ça en compte. D'autant que j'avais quand même réussi à trouver un mode de garde. Après, on ne m'a pas posé de questions par rapport au mode de garde, etc. Par ce moment où je pense que les employeurs sont quand même un minimum ouverts et qu'ils voient vraiment la personne à laquelle on veut. Qu'elle a des solutions,
- Speaker #0
qu'elle est organisée.
- Speaker #1
Exactement. Je pense que... En fait, c'est ça aussi le message que je voulais te faire passer. C'est que... tous les employeurs ne sont pas réticents au fait que, voilà, on soit une jeune mère ou qu'on soit enceinte, etc. Et en fait, ce qui est rigolo, c'est qu'il y a, donc je disais, j'avais eu des contacts avant d'être en congé maternité, donc vraiment à quelques semaines, enfin, on a eu des contacts et on a même peut-être un ou deux mois avant, mais j'avais eu un entretien d'embauche, notamment dans une structure. Ils ne m'avaient pas recrutée. Ils avaient choisi un homme. Lui, il n'était pas enceinte. C'est une prise de place rapide. Et ce qui est rigolo, c'est qu'ils sont revenus vers moi quelques mois après. Une fois qu'ils savaient que je n'étais plus en congé maternité, parce que j'arrivais jusqu'à quand, Et je leur ai demandé du coup ce qu'il en était du coup pour le milieu qu'ils avaient recruté. Et bon, a priori, il n'avait pas fait l'affaire et il revenait vers moi. Mais du coup, là, pour le coup, c'est moi qui ai dit non, quoi. Ben non. Voilà. Alors après, je ne savais pas vraiment ce que ça allait donner par rapport au travail, à la reprise. Il y avait quand même cette interrogation-là. On ne sait jamais à l'avance ce qui va se passer. Donc je supposais en tout cas que j'irais mieux parce que je me sentirais utile autrement et que ça me permettrait peut-être un peu de recul et le fait de changer d'environnement, de ne pas rester déjà chez soi toute la journée, à entendre aussi les pleurs. Donc j'avais besoin de changer d'environnement, ça c'était une évidence. Maintenant, on ne sait pas à l'avance quel équilibre on va pouvoir trouver et si vraiment on va trouver l'équilibre juste par le fait de s'être pris. Et puis là, c'est vraiment propre à chacun, cette notion d'équilibre, elle est mince, elle est délicate en fait, puisque je ne sais pas si tu pourrais dire que j'ai vraiment trouvé l'équilibre immédiatement à la reprise du travail, puisque c'est un réajustement permanent. Il y avait quand même un stress, que ce soit le matin, le soir, pour aller la déposer, pour aller la récupérer. Ce n'était pas hyper agréable, ce moment-là. Se dire, allez, il faut que je te dépêche, alors qu'elle a plus de deux mois. C'est pauvre, il m'entraîne l'habiller en vitesse. Allez, maman, je vais rapidement. Ce n'est pas possible, abandonner. Donc j'avais l'impression, là aussi je culpabilisais en me disant Non mais, elle n'a rien demandé la pauvre, il faut quand même respecter un minimum son rythme. Donc ça a été des tâtonnements. L'équilibre, de toute façon, il ne se fait pas du jour au lendemain, on tâtonne et on réajuste. En plus, au départ, comme je disais, elle a été gardée deux jours par semaine. Je voyais bien que très vite, deux jours par semaine, ça devenait quand même un peu compliqué. Parce que moi, là, j'avais quand même de plus en plus de demandes de clients. Je ne pouvais pas continuer mes visios avec ma fille à côté. Même si ça s'est en général quand même plutôt bien passé, puisque les personnes en face, elles étaient attendries. Ça rendait un petit peu humain, je dirais. le fait de s'attarder à la ciboguère on ne pouvait pas tout faire et pas de manière aussi qualitative que si je l'avais fait sans elle parce qu'avec les pleurs on est quand même attentif à son enfant à côté donc en fait on est là puis on est là c'est assez complexe c'est vraiment une gymnastique pour moi c'était impossible donc non je ne voulais pas faire ce choix là Parce que justement, j'avais conscience des sacrifices que de nombreuses femmes avaient faits, soit par rapport à leur carrière ou par rapport à leur enfant, dans les deux sens, je dirais. Et je ne voulais en aucun cas vivre ça. Ça fait longtemps que je faisais des mesures d'enfant, mais jamais je ne m'étais posé la question, moi de toute façon, je travaillerais à temps partiel, je ferais ci ou ça. Je pense que ça s'est conscientisé. Ça a commencé pendant la grossesse et puis ça s'est confirmé après avec l'arrivée de notre fille.
- Speaker #0
Tu ne t'es pas sentie obligée de mentir ou de cacher ta grossesse ?
- Speaker #1
Non. Il est hors de question que je suis quelqu'un qui est assez autocratique. Ça passe, on s'accate.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Je ne sais pas mentir en fait. Et puis je me suis dit, si à un moment donné j'ai envie d'être bien avec moi-même, de me sentir alignée, de toute façon il faut que je sois transparente. je suis allée à un entretien d'embauche ils ont bien vu que j'étais enceinte je veux pas me faire croire que j'ai trop mangé et puis de même après on entend des gazouilles à côté et je le disais ouvertement écoutez là aujourd'hui je suis en congé maternité jusqu'à telle date Et j'étais vraiment claire. Et je pense que c'était ça aussi qui a été apprécié par les recruteurs.
- Speaker #0
Tu as eu de la chance quand même pour certains recruteurs parce que je sais qu'il y en a, ça fait peur. Et ils peuvent... Oui, ça peut se terminer en discrimination. Mais ça fait plaisir d'entendre qu'il n'y a pas que ça aussi. Il y a des gens aussi qui comprennent.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Tout simplement, oui.
- Speaker #1
Je précise que ce n'étaient pas que des femmes, les recruteurs. Là, moi, le... Le poste que j'ai repris, c'était dans le domaine de l'insertion de l'émotion professionnelle. On est essentiellement des femmes, quand même, à un moment donné. Moi, je dirais qu'on a le choix et on n'est pas obligé de choisir, justement, entre l'un et l'autre. On peut choisir les deux. Et à partir du moment où vous êtes au clair, finalement, avec ce que vous voulez, Et ce qui est prioritaire, je dirais, pour vous, vraiment essentiel pour vous, vous avez tout à gagner à être transparente. Parce qu'en fait, cacher les choses, pour obtenir un poste, par exemple, ça ne vous sera pas forcément bénéfique. C'est-à-dire qu'à un moment donné, ça veut dire que l'employeur, il n'aura pas eu cette... ce paramètre-là, alors oui, peut-être que du coup, il n'y aura pas eu de discrimination possible du fait qu'il n'y ait pas ce paramètre-là. Ce n'est pas le fait de mal le prendre, parce qu'à un moment donné, c'est humain, mais plutôt le fait qu'à un moment donné, s'il y a des organisations à prévoir, vous vous accordez quand même aussi cette souplesse. Le recruteur, c'est vrai que dans l'état d'esprit, je le remarque beaucoup dans le domaine de l'insertion, quand on a des candidats et des recruteurs, très souvent, il y a encore beaucoup, même si de moins en moins, par rapport à il y a quelques années, mais les candidats ont souvent cette représentation que le recruteur, il a une posture un peu supérieure. Or, moi, je dis toujours que non, on est sur le même niveau d'égalité. Donc en fait, c'est vraiment garder ça à l'esprit, se dire que c'est un échange, c'est d'humain à humain, peu importe que tu sois cadre, employé, que tu sois dans une multinationale, une petite association, une start-up. En fait, vraiment, quel que soit le métier et le statut qu'on peut avoir, nous sommes tous humains, on est vraiment sur des rapports d'égalité. Et c'est un peu donné en tant que femme, c'est aussi se repositionner. Je ne suis pas juste une femme, je ne suis pas juste une mère. Je suis bien plus que ça. Je ne suis pas juste une professionnelle non plus. C'est vraiment un tout. On est humain et on est dans une rencontre, un échange. Et c'est ça qui est beau. Et moi, je reste persuadée. Ce qui a fait que j'ai toujours réussi, mais quand je dis toujours, c'est vraiment toujours. Plutôt j'en ai passé dans ce quotidien, mais souvent, c'était moi qui disais, non, je ne vais pas continuer. eh bien, en fait, ce qui s'est passé, ou alors je loupais de peu parce que manque d'expérience, etc. Mais souvent, j'étais dans les derniers choix, on va dire. Et mes entretiens se sont toujours bien passés parce que justement, ce qui était perçu aussi de moi, c'est que j'étais authentique. Et ça, c'est une qualité hyper appréciée. Donc, si vous êtes authentique déjà avec vous-même, parce que ça commence déjà par soi, vous l'êtes avec l'autre, en réalité, il va y avoir plein d'opportunités qui vont nous être offertes.
- Speaker #0
Merci beaucoup Tiffaine Choblet d'être passée sur le podcast Etadam et de faire passer ce message fort. Nous sommes en 2023 et c'est grâce à la prise de parole comme la tienne que nous finirons par faire changer les mentalités. Vous écoutiez Etadam, un podcast de Stéphanie Jarry. A très vite pour un prochain épisode. Etadam, un podcast qui vous embarque dans l'esprit et le corps des femmes. Avec des témoignages poignants, des histoires immersives prenantes et des interventions de professionnels de santé. pour vous éclairer sur des sujets spécifiques concernant le corps et l'esprit. Etat d'âme. Chaque femme est unique et chaque parcours de vie l'est aussi. Découvrez la femme dans tous ses états. Etat d'âme. Un podcast de Stéphanie Jarry.