Speaker #2C'était vers 7-8 ans où déjà je voulais disparaître et je parlais dans la cour de récréation de suicide. Du fait que j'étais quelqu'un d'hypersensible, ce que je vivais à la maison, du fait que j'étais quelqu'un d'hypersensible, même si il y avait quand même des bonnes choses dans mon enfance. Mais en fait, si tu veux, moi je ne le vivais pas du tout comme ça. Il y avait des moments quand même de crise, de violence, d'alcool, même si ce n'était pas le quotidien. C'était peut-être même encore pire parce que du coup... Ça veut dire qu'il y a des moments où je pouvais sentir de l'apaisement, une vitre à nu, un certain équilibre. Et puis d'un seul coup, tout pouvait basculer en fait. Donc si tu veux, moi je suis restée dans ça toute ma vie, c'est qu'en fait tout peut basculer à chaque instant en fait. Donc je suis jamais calme. Je suis toujours dans le speed, je suis toujours dans l'hyper, hyper, hyper. Et ça je pense que je ne le ferais jamais en fait dans ma psychologie en fait et dans mon quotidien. C'est que je suis obligée d'être multiple et me calmer, je sais pas. Même si en fait je transmets ça aux gens. Mes premiers symptômes, moi je ne comprenais pas, je captais tout de tout le monde, de mes profs. J'étais totalement en décalage, je n'arrivais pas à avoir des amis fixes en fait. J'avais l'impression d'être vraiment issue d'une autre planète. Alors j'avais des bonnes notes, j'étais plutôt une belle gamine et tout. Et souvent en fait j'attirais la jalousie autour de moi. Alors ce n'est pas du tout ça ce que je voulais moi, c'était d'avoir des vrais amis, avec des vraies conversations. Et des gens à qui j'aurais voulu crier ma souffrance. Leur dire mais écoute... Écoutez, écoutez, en leur disant justement que je voulais crever, que je voulais me suicider, alors je mangeais des feuilles, des feuilles d'arbre. Alors c'est très absurde quand c'est dit maintenant à 38 ans. Mais voilà, j'étais cette petite fille en fait, qui voulait éteindre cette souffrance déjà qui était à l'intérieur. Et voilà, donc c'était le chaos, je voulais le crier, il y avait de l'ambiguïté, de l'ambivalence surtout. Et puis après, dans ce chaos familial, à un moment donné, il y a eu le divorce. Un déménagement, du coup, j'ai dû rentrer dans une nouvelle école. Je ne savais pas rentrer en contact avec les autres, j'avais tellement ce décalage. J'ai même vécu, du coup, j'ai attiré le harcèlement scolaire. Enfin, je dis ça, attirer le harcèlement scolaire, c'est une sorte de culpabilité inconsciente, alors qu'en fait, il n'y a personne qui mérite ça. Et mine de rien, quand on ne va pas bien comme ça, souvent, l'entourage, c'est à eux, normalement, de réagir et de se rendre compte de tout ça. Mais malheureusement, les gens ne sont pas outillés, en fait. Même nos familles ne sont pas outillées pour savoir comment réagir dans ces situations. J'étais carrément dans un glissement petit à petit. Après, les cigarettes, ce n'est pas assez. C'est encore mieux, les joints. Je commence à rentrer dans ce cercle-là. Du coup, j'attire les personnages un peu malsains, les bad boys. Et puis au fur et à mesure, ma mère tourne dans une dépression, mes parents se divorcent, mon père est alcoolique, et puis ils ne s'occupent pas trop de moi, ils ont leurs problèmes et tout. Ils ne se rendent pas compte en fait, parce que là j'ai un masque, ils ne se rendent pas compte de ma souffrance que je cache. Et que finalement le joint me fait éteindre aussi, puisque le cannabis m'aide à ce moment-là. Et puis, ma mère me fout dehors, en fait. Elle en a marre de moi, en fait. Voilà, parce que... Il commence à y avoir des mauvaises fréquentations. Et puis un jour, il y a une amie à elle qui vient me chercher, qui dit viens chez moi Et là, c'est le chaos. C'est le chaos parce que cette personne, cette famille dans laquelle j'arrive est très malsaine. Et là, je subis des violences. Et il y a un médecin qui vient. Et qui commencent à me donner du Subutax 8 mg, en fait, juste pour une consommation du cannabis. Alors qu'on donne ça pour des gens qui prennent de l'héroïne. Et puis du 8 mg, c'est quand même énorme. Donc là, ils m'étendent petit à petit. Ils me donnent aussi des benzodiazépines, du Valium. Et là, franchement, je ne me retrouve plus du tout. Je commence à faire des bouffées délirantes. Je casse tout. Je coupe mon chlorine. Je me retrouve à l'hôpital. Et là, l'hôpital, l'interne me dit, mais à 15 ans, on n'a pas un traitement comme ça. Il s'énerve. J'étais partie. Je l'entendais. J'étais vraiment éteinte, mais je l'entendais. Il s'énervait en disant que ce n'était pas possible. Une gamine de 15 ans qui est comme ça. Et là, ils m'ont sevré petit à petit. Mais ça y est. Moi, j'avais pris goût aux médicaments. J'avais pris goût. J'avais que pour objectif de continuer. De continuer et d'y aller. Mais je ne sais pas, j'avais toujours quand même cette... de plus en vie, j'adorais apprendre et tout. J'ai rencontré le père de ma première fille qui lui, en fait, il avait plus de 30 ans et moi j'avais 16 ans. Et du coup, on dirait qu'il a profité un petit peu de la situation parce que moi j'étais à la rue. Et puis voilà, du coup, on a fait les bad boys à deux. Et puis de là, il a eu une petite puce, donc c'était ma première fille que j'avais à 17 ans. Et voilà. Et ça a été aussi un... Je voulais absolument quand même avoir mon bac, travailler et tout. Et puis, je faisais tout ça en parallèle, toujours une double vie, en fait. Ça veut dire que j'étais des masques. Et puis, surtout dans la politoxicomanie, à un moment donné, mon ex qui se fait incarcérer. Moi aussi, je commence à avoir des problèmes de justice. Et puis, je vois bien que ce n'est pas dans mes valeurs profondes de vivre. de vivre comme ça. Et puis un jour, je décide de tout quitter et puis je reprends mes études à faux. Je me marie. Je me mets droite, en fait. Mais j'ai toujours cette addiction au faux-goût et puis cette douleur, en fait. Et je n'écoute pas mon corps, je n'écoute pas mon mental. Et puis je deviens une Wonder Woman, en fait. Donc, je déchire tout. J'ai une licence en marketing-vente et trois enfants. Je travaille en même temps. Je fais de l'alternance. Je déchire tout, en fait. Mais je ne me rends pas compte qu'en fait, quelques années plus tard, je vais m'écrouler. Parce qu'il n'y a personne sur cette terre qui est au top. Il n'y a personne qui a la toute puissance, en fait. Mais à un moment donné, je me range du côté de la toute puissance. Je veux tout contrôler. Je ne veux surtout pas divorcer. Je ne veux pas, en fait. Je suis en train de réparer tout ce que mes parents m'ont fait subir, en fait. Malgré eux, je ne leur veux pas. Je leur ai tout pardonné, en fait. C'est que ça devait être mon chemin de vie et je l'ai accepté. Mais un jour, je perds mon père, donc il fait dix jours de coma et dans des conditions très difficiles. Et là, c'est mon pilier qui part en fait, parce que moi j'avais toujours le but de sauver mon père et qu'il sorte de l'alcoolisme. Et là en fait, j'avais les chèques devant moi et il meurt devant moi à l'hôpital au bout de dix jours de coma. Je n'ai pas pu en parler avec lui. Et là, ça y est, je pars. Je retourne dans mes travers. Je vais voir mon médecin plusieurs semaines après. Je lui dis, voilà, j'ai tel, tel, tel symptôme. Il m'écoute. Et puis, en parallèle, quand même, j'ai un CDI. J'ai mes 4 ans de faute. Et puis, voilà. Et puis, j'essaye. J'essaye de faire les choses comme je peux. Mais malgré tout, ça ne va pas du tout. Ça ne va pas du tout. Et puis le médecin, au bout d'un moment, me dit, écoute, il faut que tu rentres en psychiatrie. Il n'y a plus le choix, en fait. Donc là, j'arrive en psychiatrie avec mes petites valises. Et j'ai déjà fait des séjours en psychiatrie quand j'étais jeune. Mais ce qui me faisait, en fait, c'est qu'ils m'éteignaient. Ils m'éteignaient avec des médocs, avec même carrément des blackouts. On ne sait même plus ce qui se passe, en fait. Et puis là, on me donne le diagnostic. On me dit, au bout de trois semaines en psychiatrie, on me dit, en fait, tu es bordé en ligne sévère. Je me piège, je ne connaissais pas. pas du tout ce terme et tout, et en fait, c'est à la limite de la psychose et de la névrose. Et puis on a tous les états névrotiques, bien sûr, et puis parfois, on bascule dans la psychose, et là, je comprends que j'ai jamais écouté mon corps, j'ai jamais écouté mon mental, j'ai toujours foncé, foncé, mais là, je viens de comprendre qu'en fait, c'était ça, toutes ces crises émotionnelles, parce que, dans l'envers du décor, Même si je paraissais Wonder Woman dehors, à l'intérieur de moi, j'étais dans une extrême souffrance, avec des crises de larmes qui pouvaient durer des nuits entières. Des nuits entières avec l'automutilation, avec... voilà. Je masquais tout ça. Et la douleur physique, c'était pour venir éteindre la douleur mentale, en fait. Mais parfois, on m'a fait errer, tout ça, en fait. Donc aujourd'hui, j'en fais mon combat parce que, voilà, la psychiatrie, je suis très sensible, en fait. et être écoutée. Et parfois, d'une erreur de diagnostic, d'écoute à la base, surtout tout vient de l'enfance. Donc mon conseil, ce serait le meilleur thérapeute, c'est celui qu'on a au fond. On a tous un thérapeute au fond. Bien sûr, il faut avoir de l'aide, il faut écouter, il faut lire, il faut s'enrichir. Aujourd'hui, moi je suis encore addict, mais je suis addict au livre. à la psychologie, à essayer de comprendre c'est quoi un mental, c'est quoi une pensée, c'est quoi un sentiment, c'est quoi une émotion. Et ça, on ne l'a jamais appris à l'école. Un dernier conseil que je donnerais, c'est quand vous voyez quelqu'un qui ne va pas bien, lui dites-le. Allez, relève-toi, vas-y, bouge. Non, juste allongez-vous à côté de lui et transmettez-lui juste tout votre amour inconditionnel.