undefined cover
undefined cover
Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu cover
Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu cover
Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu

Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu

52min |15/12/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu cover
Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu cover
Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu

Écrire pour les femmes : entre théâtre, roman et émotions – Emmanuel Robert-Espalieu

52min |15/12/2024
Play

Description

Et si la photographie pouvait nous apprendre à écouter ? Si le théâtre se transmettait par l’oreille avant de s’écrire ? Dans cet épisode du podcast Flammes des Années 80, nous rencontrons Emmanuel Robert-Espalieu, auteur de théâtre, romancier et ancien photographe de scène, qui partage avec émotion son parcours d’artiste multicarte.

Ecrivain de trois romans dont "La lettre Bleue" qui vient de sortir aux éditions Fayard et "Fleur de sang" et " Monsieur de ¨Paris", romans historiques qui viennent de sortir en format poche!

Passionné par les émotions, la mémoire du théâtre, les femmes et les combats intérieurs, il nous raconte comment ses années dans les coulisses des plus grandes scènes françaises l’ont formé, sans le savoir, à devenir dramaturge. Entre révélation de soi et chemin artistique, Emmanuel évoque son basculement vers l’écriture, ses débuts fulgurants dans le théâtre, puis dans le roman historique.

Il parle aussi de ses personnages féminins puissants, du féminin dans l’écriture, et de sa sensibilité particulière à la résilience des femmes à travers l’histoire. À travers ses mots, on explore des thèmes profonds : la légitimité, la création intuitive, la transmission, mais aussi la sororité invisible que peuvent créer les récits bien écrits.

Avec humour et sincérité, Emmanuel revient sur son dernier roman La Lettre bleue, une fiction historique centrée sur une veuve de guerre qui ose défier la société patriarcale de 1916 pour retrouver sa joie de vivre – et donc, son épanouissement personnel. Un récit fort, actuel, qui touche en plein cœur.

Un épisode inspirant pour toutes celles qui cherchent à oser être soi, à écouter leur propre voix, et à faire de leur histoire une force.

💬 Un échange sensible, drôle et profond sur le théâtre, la littérature, la place des femmes dans l’écriture, et ce feu intérieur qu’on rallume, une page après l’autre.


📲 Rejoignez-nous sur Instagram @flammesdesannees80 pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des nouveaux épisodes dédiés au développement personnel féminin.

📰 Inscrivez-vous à notre Newsletter juste ici pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et toutes les actualités du podcast pour femmes.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, YouTube, et toutes vos plateformes préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Prête à embraser ta vie intérieure avec nous ? Abonne-toi !

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme : introspection, émotions, résilience, maternité consciente, amour, sexualité féminine, parcours inspirants de femmes audacieuses.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80,

  • Speaker #1

    le podcast qui allume la femme. Bonjour, alors on est toujours en décembre et on reçoit encore des hommes sous cette tente. Et ce soir, on a la chance de recevoir Emmanuel Robert Espaglieu. Est-ce que tu veux te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonsoir. Bonsoir. Emmanuel Robert Espaglieu, je suis écrivain, théâtre et roman. puis metteur en scène et directeur de compagnie, aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et tu as eu une ancienne carrière ?

  • Speaker #2

    De photographe. Pendant plus de 20 ans, j'étais photographe de répétition de pièces de théâtre, uniquement. Et portraitiste aussi, quand même un peu, de comédien et d'écrivain.

  • Speaker #0

    Et comment tu as décidé de changer, enfin pas de changer, mais d'écrire en fait ?

  • Speaker #2

    J'ai pas décidé du tout. J'ai agrémenté mes images de texte à une époque. J'étais absolument pas littéraire, je n'ai pas de formation littéraire. Et l'écriture est venue comme un support d'images. Et puis un jour, un ami qui faisait des spectacles pour enfants m'a demandé de venir faire des photos de son spectacle à Avignon, c'était en 92. Et j'y suis allé, j'ai découvert le Festival d'Avignon, j'ai fait des photos de son spectacle et d'autres spectacles qui étaient dans la même salle toute la journée. Et puis un travail sur le spectacle de rue. Et puis je suis reparti avec tout ça, en ne sachant pas trop bien ce que j'avais vécu. Et entre temps, j'étais encore en fac et je rentrais en DESS, un DESS de gestion des affaires culturelles qui était sous la direction de Robert Abirached à l'époque, qui ne vous dira rien, c'est trop jeune. C'était l'ancien directeur du Festival d'Avignon et directeur de théâtre au ministère de la Culture. Et je lui ai montré mes photos en lui disant, voilà ce que j'ai fait, que vous en pensez. Il m'a dit, est-ce que vous voulez que je vous les montre à Ferreux d'Arcier, qui était à l'époque le directeur du Festival d'Avignon. Et je lui ai dit, bon ouais.

  • Speaker #0

    Tant qu'à faire.

  • Speaker #2

    Mais sans vraiment avoir de velléité d'en faire quoi que ce soit d'autre. Parce qu'à l'époque, j'étais encore dans l'hésitation entre vivre de la photographie ou continuer à faire des études qui m'auraient permis de gagner beaucoup d'argent et de ne pas avoir les problèmes que j'ai aujourd'hui. et

  • Speaker #1

    La vie d'artiste ?

  • Speaker #2

    Et donc voilà. Et puis le févreux d'Arcier m'a donné une carte d'autorisation de circuler dans les coulisses du IN, plutôt. Ça, c'était en 93. J'y suis retourné avec mes petits appareils. J'ai même emmené mon laboratoire photo que j'ai monté là-bas. Un peu comme vous l'attendent. Sauf que je transformais le sud où je louais en laboratoire. Et je shootais la journée, je développais la nuit. Et c'est comme ça que j'ai rencontré Jacques Lassalle à la Comédie Française, Lavelli pour La Colline, Lukasiewski, Philippe Adrien, Stavisky, tous ces gens-là de l'époque. Et tout d'un coup, je me suis retrouvé au Théâtre de La Colline, à la Comédie Française, à faire des photographies pour des expositions, pour des programmes, et c'est devenu ma spécialité. J'ai traîné pendant 20 ans dans les coulisses de théâtre. Et donc, j'ai appris le théâtre par l'oreille. Je dis toujours ça. Pour moi, le théâtre, c'est une musique avant tout. donc je... J'entendais des textes, parce que je restais en gros trois semaines, deux à trois semaines par pièce à traîner. Parce que j'ai resté du travail à table au début jusqu'à la première. Donc, je compartimentais mes interventions. Et finalement, sans le savoir, j'entendais les textes, je les entendais, je les entendais vingt fois. Et j'ai appris le théâtre vraiment à l'oreille.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, tu as eu comme une formation. Inconsciemment, tu as été formé à devenir ce que tu es devenu aujourd'hui, auteur et metteur en scène. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Oui, j'avais la place privilégiée d'un assistant metteur en scène sans en avoir les tâches. Voilà, c'est-à-dire que j'étais là, partout, je le suivais. Et j'ai assisté des mecs comme... J'ai même assisté Harold Pinter. Ah ouais ? Sur deux pièces. Et donc des gens, Jean-Luc Boutet avant qu'il ne disparaisse. Des gens vraiment extrêmement... Enfin, aujourd'hui, je réalise la chance que j'ai eue, quoi, de côtoyer des gens comme ça. Et puis des comédiens aussi, hein. Voilà, on l'appelle. des gens que j'ai fini par photographier aussi. Mon travail de portraitiste s'est développé dans les coulisses. Je disais aux uns, je peux faire des portraits de vous. J'avais toujours besoin de portraits de toute façon, parce que je vendais un peu mon travail en expo. Et puis, photos de presse. Et donc, il fallait des portraits. Donc, les noirets, les bouquets, tout ça, j'ai travaillé avec eux plusieurs fois. Et donc, j'ai des portraits d'eux en travail et en pose.

  • Speaker #0

    Tu devrais faire une rétrospective de tout ça. Ça serait génial de les voir, ces photos.

  • Speaker #2

    Alors, ouais, mais... Oui, on me le ressent sans arrêt sauf que je ne suis pas quelqu'un qui aime ressortir les choses du passé, donc j'ai un gros problème avec ça Pour moi, le passé est consommé, en fait. Donc, c'est en moi. Je pense que ça se traduit par ce que je fais aujourd'hui en écriture. Et puis, même en direction de comédien aujourd'hui que ma compagnie, j'ai tellement vu des metteurs en scène diriger que je me suis... En fait, j'ai bu aussi ça. C'est pour ça que je parlais d'assistant-directeur, metteur en scène. L'assistant, en général, il boit aussi la technique de mise en scène du mec qui l'assiste ou de la nana qui l'assiste. Et moi, en l'occurrence, j'ai eu la chance d'en faire 150. et du coup je pense que c'est un peu un mélange de tout ça

  • Speaker #0

    beaucoup plus que ce qu'un assistant aujourd'hui fait avant de venir.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que je suis bien meilleur que les metteurs en scène qui ont assisté.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Vous savez, quand on est assistant, je ne sais pas, peut-être qu'on va faire une dizaine, maximum une vingtaine, mais 150, c'est très rare. Même pas. Même pas, c'est pour ça, je ne voulais pas.

  • Speaker #2

    Je sens le metteur en scène qui a été l'assistant d'eux. Il y a une école, en fait. Moi, c'est l'école Bourguignonne. C'est l'école, on ne sait pas d'où. Non, enfin voilà, donc c'est un mélange de plein de choses, des gens dont j'ai aimé le travail de direction, d'autres dont je me sentais proche, et d'autres, je trouvais qu'ils dirigeaient, c'était violent, ou c'était pas comme ça que je voyais les choses. Mais ça, c'est facile de le dire avec le recul.

  • Speaker #1

    Et tous ces portraits-là, ils sont dans une boîte fermée, nostalgique, de côté qu'on n'ouvrira pas ?

  • Speaker #2

    Pour la légende, non, c'est plutôt dans des classeurs. En plus, le fait est que c'est horrible ce que je vais raconter. Mais il y en a qui ont été détruits par une inondation. Donc, il y en a une partie qui a vraiment disparu. Mais en même temps, je trouve ça assez beau. J'aime bien ce côté... Justement, ça fait partie maintenant des souvenirs du temps passé. Je ne suis pas tellement... Les rétrospectives, ça me saoule. Je ne suis pas...

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu dis ça, parce que moi aussi, j'ai un rapport au temps où les souvenirs ou les photos, les perdre, ça me fait de la peine sur le moment. Mais en même temps, je me dis, je ne veux pas passer des heures à regarder les vieilles photos. Je trouve que c'est... Je suis un peu comme toi.

  • Speaker #2

    Oui, c'est en soi. Pour regarder devant, il faut savoir que tu les as faites, mais les ressortir... Et puis les photos, c'est une émotion avant tout, pour celui qui les a prises. Ce n'est pas une image, l'image presque... Ouais, c'est joli, c'est beau une image, mais derrière, il y a le moment, et ça, c'est indicible. Et ce n'est pas une exposition qui va retracer ce moment en plus. Donc moi, c'est en moi. J'en parle si on veut que j'en parle. Mais j'aurais plus tendance à faire une rétrospective comme ça, parler, qu'une rétrospective imagée.

  • Speaker #0

    Ça tombe bien parce qu'on n'a qu'un micro. T'es au bon endroit.

  • Speaker #1

    On ne t'organisera pas sur une scène. Alors, je vais vous parler de mes photos, mais je ne vais pas vous les montrer.

  • Speaker #2

    C'est ça. Voici ce qu'on peut faire, si vous voulez.

  • Speaker #0

    C'est trop intéressant. C'est comme ça, si on te... On n'a pas du tout préparé ça, mais est-ce que si tu as une photo comme ça, que tu as fait, qui t'a vraiment marqué ? Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ? Quelque chose qui te vient à l'esprit maintenant ?

  • Speaker #2

    Une photo...

  • Speaker #0

    Celle à laquelle tu penses en ce moment,

  • Speaker #2

    par exemple ? Il y en a une qui me revient tout de suite. Pour plein de raisons. C'est quand je travaillais sur... Je vais donner ça à faire un peu théâtreux ce que je vais dire, on s'en fout. C'était sur un don juan mis en scène par Jacques Lassalle dans la cour du Palais des Papes. Donc là, on est en 93, justement. et c'était à l'époque le commandeur a été joué par François Chaumette je ne sais pas si ça vous parle François Chaumette ça a été un des grands comédiens de la comédie française, il est très connu surtout pour sa voix parce que c'est Dark Vador dans Star Wars donc tout de suite ça pose le poney quand même et c'est un monsieur que moi je c'est un monstre et je passais dans les loges comme ça derrière la cour, les loges sont dans une grande salle voûtée, c'est magnifique Et les loges sont une espèce de panneau qui crée la loge. Et donc, je ne toquais même pas parce qu'il n'y a pas de porte. Donc, tu toques un rideau, ça ne s'entend pas, donc on ne répond pas. Donc, à un moment, tu bouges le rideau. Et je faisais comme ça les communes les uns vers les autres, parce que j'aimais bien les ambiances de loge. Je ne les ai pas posées, ils faisaient ce qu'ils voulaient, mais moi,

  • Speaker #1

    un peu ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Angélique a fait de la photo, vous pouvez aller voir sur Instagram.

  • Speaker #2

    Sauf que moi, je l'ai fait 20 ans plus tôt.

  • Speaker #1

    J'ai tout recopié, j'ai tout piqué à Emmanuel

  • Speaker #2

    Très gratifiant. Et donc, il y avait ce monsieur habillé déjà en commandeur, mais en train de lire le monde. Et j'ai adoré ce moment où je lui ai dit, voilà, est-ce que je peux faire un portrait de vous ? Et puis il m'a dit, oui, oui, vous en prie. Et hop, il a pris sa lecture. Il y avait cette espèce de chose complètement majestueuse. Et avec ce lien entre le présent et le passé, la fiction et la réalité, le comédien qui va être le commandeur, mais qui n'est pas encore tout à fait, mais la moitié. ou est-ce que c'est le commandeur qui est plus tout à fait le comédien ? Enfin, il y a tout un truc.

  • Speaker #0

    Ça raconte une histoire.

  • Speaker #2

    Cette histoire et cette image, c'est ces moments-là que j'aimais beaucoup. Ces moments au point où, au moment où, ce sas... entre ce que vous connaissez, entre l'homme ou la femme et le comédien, la comédiante, et le rôle.

  • Speaker #1

    J'adore, c'est exactement ce que j'essaye de choper, moi, ce moment où tu ne sais plus qui est qui. Le comédien va vers son rôle et en même temps, le rôle est déjà en train de prendre le comédien.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qu'il te donne ? Est-ce que c'est le comédien qui te donne quelque chose ou est-ce que c'est encore l'homme ou la femme qui te donne quelque chose encore ? On ne sait pas trop. Et on s'en fout d'ailleurs. c'est ça qui est magique

  • Speaker #0

    Je pense qu'il ne le sait pas vraiment.

  • Speaker #1

    Non, mais après, je trouve que sur les photos, tu sens des énergies différentes. Sur les photos, tu sens l'énergie plutôt d'un comédien ou d'une concentration ou de quelqu'un qui sait qu'il est pris en photo ou qui est tellement parti qu'il ne sait plus s'il est pris en photo ou pas. Ça crée justement la photo.

  • Speaker #2

    Après, il y a la magie qui a plus l'argentif que le digital, qui est au-delà du cadrage, du choix de l'optique, de la lumière. Il y a la matière aussi qui vient créer une dimension qui est liée au salaire d'argent, qui est une dimension de matière qui vient aussi mettre un filtre entre ce que l'œil voit, ce qui traîche comme image dans le résidu mémoriel, ce qui traîche dans ta tête, et la réalité du tirage qui vient amener encore une autre dimension. C'était cette magie-là après laquelle je courais quand j'étais photographe et que j'ai perdue avec le numérique. Ce qui fait que ça ne m'a pas posé de problème de passer à l'écriture. Transition !

  • Speaker #1

    On est passé au numérique, j'ai décidé d'écrire.

  • Speaker #2

    Je vous écris avec un CD-WiC, un ordinateur.

  • Speaker #0

    On ne va pas te poser cette question, mais si tu veux absolument y répondre,

  • Speaker #2

    monte et écoute. Allez-y, posez-moi des questions, je suis ouvert.

  • Speaker #0

    Et donc, c'était quoi la première fois que tu as écrit ? C'était une pièce, un roman ?

  • Speaker #2

    Une pièce. Contre toute attente, c'était une pièce parce que j'avais tourné deux courts-métrages dans les années 2000, 2002.

  • Speaker #1

    Que tu avais écrit ?

  • Speaker #2

    Que j'avais écrit.

  • Speaker #1

    Et que tu as réalisé ?

  • Speaker #2

    Et que j'ai réalisé. J'en ai écrit deux et j'ai même tourné une pub que j'ai co-écrit avec Axel Laffont et qu'on a réalisé pour le printemps du cinéma. C'est une époque qui passait du film avec plein de comédiens super connus. On avait gagné le... En fait, c'est un appel à projet, on l'avait gagné, on l'a tourné. Et il y avait eu ces deux courts-métrages aussi. Donc, j'avais réalisé trois films courts. Et puis, j'avais dit, oh, réalisateur, tout ça. Et puis, il a suffi... J'ai un des films qui a bien marché en festival, donc qui a été beaucoup vu. Donc, je l'ai accompagné. Et donc, j'ai été comme ça, comme un con, à côté des autres réalisateurs et réalisatrices, devant des publics. pour expliquer pourquoi c'est super de tourner un film, ou pourquoi je serai le Costa Gravas de demain. Et en fait, non. En fait, plus je parlais, et moins je parlais, et plus je ne me sentais pas du tout à ma place, et j'ai réalisé qu'en fait, tout ce bordel ne me correspondait pas.

  • Speaker #0

    Et tu sais pourquoi cette... Parce que l'image, l'écriture, tout de suite, on se dit...

  • Speaker #2

    Trop compliqué, trop de biais techniques pour moi. J'aime bien la spontanéité, l'instantanéité. Alors, pas non plus la nouvelle vague qui me saoule, mais... Je sais bien qu'il est préparatif, je sais bien. Et c'est ce qui est devenu d'ailleurs le cinéma aujourd'hui, c'est qu'on abordait un cinéma très technologique, basé beaucoup sur l'image et de moins en moins sur l'histoire. Donc, ça a commencé à me déplaire un peu. Et puis tout... Alors, j'ai fait des films compliqués, cela dit. J'ai fait un film historique en huit minutes, dans des tranchées. Donc, c'était tout un bordel à éclairer, décorateur, costume, explosion. Le mec a commencé simple. Ouais. Et bon, c'est simple, c'est de la boue en même temps. Et tout ça m'a paru fastidieux. Et même sur le tournage, j'avais envie de plus de spontanéité, d'y aller maintenant, comme on fait au théâtre ou quand on joue, on est, c'est bon, on y va maintenant, on s'en fout que t'aies pas mis tes chaussures, c'est là, c'est maintenant. Ou comme la vie, en fait. Et là, c'était un peu trop, je sais pas. Il y avait un truc, je me sentais pas légitime, en plus, je pense. C'était très, très bien ce que je faisais, mais je ne me sentais pas légitime. Et donc, en revanche, l'écriture est restée de ça. Donc, j'avais déjà cette patte-là. Et puis, à l'époque, je faisais des portraits. J'étais photographe portraitiste pour, ce qui est drôle, pour des maisons d'édition, pour des écrivains.

  • Speaker #0

    T'avais tout, t'étais tracé, en fait.

  • Speaker #2

    Et notamment pour les éditions d'Ile-Jacob, Robert Laffont et Albin Michel. Et à un moment donné, je photographie une femme pour son bouquin. Et elle me raconte l'histoire de son livre. Ah ! Je fais l'histoire magnifique. Et là, elle m'a dit, c'est ça mon premier film ? Et là, je lui pose la question, ça vous enleve mieux si je vous propose un projet de film ? La fille complètement me dit, si vous voulez. Enfin, ça tombait un peu des nues comme proposition. Et je m'y suis collé. Sauf que c'est une pièce qui est sortie et pas... et pas le film. C'est-à-dire que les 20 années passées en coulisses m'ont complètement formaté le cerveau et j'ai une écriture naturelle qui est théâtrale. Je vois que ça.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est venu à toi. C'est-à-dire que tu as dit, je commence à écrire un film.

  • Speaker #2

    Ah ouais, et puis vraiment, ma main, tout d'un coup, s'est emportée. Et j'ai écrit, j'ai écrit, j'ai écrit. Et à la fin, mais en très peu de temps, en 15 jours, boum, une pièce. Et j'étais vraiment comme un con devant le texte. C'est comme une poule qui regarde son oeuf. C'est une très jolie comparaison. Je vais être contente.

  • Speaker #0

    Je ne vais pas couper tout ce que vous dites.

  • Speaker #2

    Merci pour l'attention. Et à l'époque, je travaillais sur les répétitions d'une pièce à l'atelier, mise en scène par Didier Long. Et donc, je vais voir Didier et je lui dis « Est-ce que tu veux bien dire ça, s'il te plaît ? » Comme ça, un peu une patate chaude, quoi. Et je ne sais pas si c'était gentil ou pas, mais il me dit, elle est parfaite cette pièce.

  • Speaker #0

    Qui l'a écrite ?

  • Speaker #2

    Non, non, c'est moi qui l'ai écrite, mais elle est parfaite cette pièce. Et dans la même année, je ne sais pas ce qui... ça a ouvert des vannes et j'ai écrit quatre pièces derrière, dont Les poissons de Merpadape-Nez qui ont été jouées, Riviera qui avait été jouée, Moparnasse, des choses qui ont été jouées plus tard et après, je n'ai plus cessé d'écrire du théâtre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça t'a aidé aussi tous les contacts que tu avais du coup parce que tu baignais là-dedans ou pas tant ?

  • Speaker #2

    Pas tant que ça, parce qu'en France, on est au contraire. C'était même un gros problème, parce qu'en France, on n'arrive pas à accepter l'idée qu'on puisse être multicarte.

  • Speaker #1

    Tout est très compartimenté.

  • Speaker #0

    De plus en plus, quand même.

  • Speaker #2

    Dans une société anglo-saxonne, ça marche.

  • Speaker #0

    On est en France de plus en plus, quand même.

  • Speaker #1

    Oui, ça commence un peu, mais c'est quand même assez...

  • Speaker #2

    Je ne suis pas persuadé.

  • Speaker #1

    Assez compartimenté.

  • Speaker #2

    C'est un peu...

  • Speaker #0

    Moi, je pars du principe de ce qu'on se raconte. Moi, je fais mille trucs.

  • Speaker #2

    Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Et si je me raconte que, parce que moi j'ai habité longtemps en Angleterre, et du coup je suis revenue avec ce modèle-là, et je me suis pas mise de barrière, et en fait ça s'est toujours très bien passé. Et je pense que ça évolue aussi, les gens maintenant savent qu'aujourd'hui...

  • Speaker #2

    Je t'avouerai qu'au début, ça m'a vraiment... Quand on m'a dit une fois, ah c'est le photographe qui s'est mis à écrire... Ouais c'est ça. Et un jour il y avait même, je ne citerai pas son nom, parce qu'elle est décédée et je respecte les gens qui sont morts ou pas. et une grande directrice de théâtre donc vous savez tout le monde sait qui c'est et chez qui j'avais fait beaucoup de reportages de travaux sur les répétitions de ses pièces qui m'ont laissé de très bons souvenirs d'ailleurs parce que j'ai eu la chance de travailler avec des comédiens immenses chez elle et un jour on revient avec Riviera, la pièce que Myriam Boyer a jouée On revient chez elle pour faire une lecture. Et elle m'a... Je ne sais pas, j'ai fait... Allez, peut-être pas... Cinq, six pièges. Je suis donc resté quatre, cinq mois dans ces murs. Mais il y avait quelques années. Et j'arrive et elle dit... Je me présente à elle. Donc déjà, elle ne m'imprime pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu ne te reconnais pas ?

  • Speaker #2

    Elle est en train de faire un fou. Mais elle me dit, ça prouve que je suis un très bon photographe. Parce qu'on ne me voit pas. Et elle me dit... Vous n'avez pas un f-scrère ?

  • Speaker #0

    Oui, le photographe.

  • Speaker #2

    Et je lui ai dit, si, si, si, on a le même prénom. Ah bon ? Voilà, terminé. Voilà, donc, ce qui trouve bien, qu'il y a des trucs... Alors déjà, en plus, ce qui est pratique dans le théâtre, c'est que les gens ont une mémoire de poisson, ils ne se souviennent jamais de toi, donc ça, c'est bien. Mais ce n'était pas forcément évident. Après, même moi, j'ai toujours gardé... cette légitimité en tant qu'auteur auprès des gens qui m'ont connu en tant que photographe. C'est-à-dire de justifier que maintenant j'écris, alors qu'ils m'ont connu photographe. Même moi, j'ai ça. C'est fini là,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #2

    Non, pas vraiment. Enfin, maintenant, avec qui j'ai bossé, ils sont tous morts. Non, non, non, pas vraiment. Non, puis aujourd'hui, même les gens me présentent comme un illustre photographe d'une certaine époque. C'est bien, ça me donne un peu de... Ça me fout un peu sur un piédestal, genre musée. Très bien. Mais non, non. Après, ça dépend des gens, oui. Mais j'en parle plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ça de l'écriture de pièces à l'écriture de romans ? Ou est-ce que du coup, ça, c'est quelque chose comme tu restes auteur, c'est OK ? Ou alors d'un seul coup, quand tu fais du roman, il y a ce truc aussi, c'est l'écrivain de théâtre qui veut faire du roman ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Moins parce que d'abord, je suis moins confronté aux gens de théâtre. Dans l'écriture de romans, je ne m'adresse pas à eux. Là, c'est le public large. Donc, quand on en parle, c'est qu'on pose la question. Sinon, je n'ai pas à l'amener sur le tapis. Après, moi, j'ai un problème qui est lié à moi. C'est que j'ai un vrai problème de légitimité, ce qu'on appelle le syndrome d'imposteur. Bon, ces conneries-là que tout le monde a, plus ou moins. Et qui fait qu'effectivement, à chaque fois... On se remet en question, mais en même temps, c'est une bonne chose. Ça te permet un peu de remettre le compteur à zéro quand tu commences un roman, ou même quand tu commences une pièce, comme si c'était la première. Et c'est ça qui est un gage d'honnêteté, de travail, d'honnêteté. Et que ce que tu proposes aux gens, c'est entier. C'est pas, je vais te ressortir un truc que je sais faire. Mais non, après la photographie, c'est bon, c'est loin. Et puis ça va, j'ai plus l'âge d'avoir ce genre de considération. On ne l'a pas vu ce que je viens de faire.

  • Speaker #0

    Non, mais t'as valé le détour. Et quand t'as écrit tes romans, t'es parti d'une idée et ça s'est avéré être un roman comme pour la pièce de théâtre ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Alors là, c'est encore une espèce de vague supplémentaire qui vient faire son travail sans vraiment que je le décide. C'est une amie, Margot, qui est devenue mon éditrice d'ailleurs depuis, qui euh... qui a eu écho d'un projet de film que j'avais écrit, parce que j'ai eu quand même un projet de film, un long métrage, pendant très longtemps. Et elle m'a demandé à lire les développements. Elle connaissait mon travail de théâtre. Elle a demandé à lire les développements. Alors, j'avais des développements parce qu'en fait, comme c'est une histoire... C'est mon premier roman, en fait. Le Fleur de Sang. Que vous trouverez chez Pocket.

  • Speaker #0

    On mettra tous les liens.

  • Speaker #2

    Et en fait, c'est un roman dont le déclencheur, comme on dit de manière très moche, est tiré d'un fait réel, mais vraiment juste le déclencheur. Et après, c'est une fiction. Mais avant d'arriver à la fiction, j'avais écrit plusieurs développements qui se détachaient de plus en plus de la fiction pour arriver à une version complètement fictive, finalement. Et elle a lu tous ces documents-là et elle connaît mon travail d'auteur de théâtre. Elle me dit, mais tu as déjà pensé au roman ? Et je lui dis non. Parce que c'est vrai que, autant, c'est drôle parce que les dramaturges ou toutes les autres formes d'écriture, on met les romanciers sur des trucs inaccessibles, genre c'est la forme la plus majestueuse de l'écriture. Et inversement, maintenant je connais des romanciers, quand je leur dis que j'écris du théâtre, ils font « Oh ! Comment tu fais pour écrire du théâtre ? » C'est le Graal, quoi. Donc c'est drôle parce qu'on est con. Donc...

  • Speaker #1

    Je fais les deux. Je fais, oh là là, comment je fais pour écrire du théâtre ? Oh là là, comment je suis un romancier maintenant ? Comment je fais ? Voilà. Tu tout kiffes un peu ?

  • Speaker #2

    Carrément. Elle me connaît bien.

  • Speaker #0

    Je vais pas le dire.

  • Speaker #2

    Non, et donc, voilà. Donc, je lui dis, bah... Non, j'avais jamais pensé... Non. Alors, si. C'est pas vrai. Tu mens. Aïe. Je me... C'est pour la semaine projet ? Non, non, c'est pas vrai, parce que j'avais déjà écrit un roman qui n'a jamais été édité. Donc, j'avais quand même eu des velléités de roman à une époque. C'est pas vrai. Je pense qu'il y a toujours cette frustration. Il y a toujours ce truc où on se dit, j'aimerais bien écrire un roman. Peut-être que les romanciers ont essayé d'écrire du théâtre, je ne sais pas. Mais bref, elle me l'a proposé et je lui dis, écoute, je vais essayer de pondre un projet de roman. Et j'ai repris toutes mes notes que j'avais accumulées pour l'écriture du scénario. C'était dix ans plus tôt en plus, donc c'était très très loin. Et j'ai envoyé une proposition. Alors c'était quoi ? Une trentaine de pages. Et c'est passé en commission. Et puis là-bas, ils m'ont tous dit, on fonce. Trop bien. Oh merde ! Et donc j'ai signé mon premier roman en fait. Et c'est tombé quinze jours avant la pandémie, avant qu'on soit refermés. C'était donc idéal.

  • Speaker #0

    Tu n'avais rien d'autre à faire.

  • Speaker #2

    Rien d'autre à faire. Et donc, je me suis retrouvé moi tout seul avec mes Ausha et un roman à écrire. Ils ont mangé les Ausha. J'étais mauvais. Et donc, voilà. Donc, j'ai écrit pendant la panne. Et donc, le roman est venu parce qu'on m'a fait une proposition. Et puis, moi, je suis un peu du genre à y aller sans parachute. En général, c'est que je sens qu'il y a un truc potentiel. Je ne fais pas n'importe quoi non plus. Mais je trouve que ça fait partie du... jeu, de nos vies, c'est de faire confiance à soi. On te fait confiance, donc si on te fait confiance, c'est qu'a priori, il y a quelque chose. J'en avais écrit des trucs, donc je me suis dit, vas-y, tu verras bien. Et en fait, j'ai pris un pied dingue. J'ai pris un super pied à écrire ce roman. Et puis les retours ont été à la hauteur du pied que j'ai pris. Et puis voilà, puis après, suite au premier roman, j'ai écrit le deuxième, qui est la suite du premier. Et puis depuis, je m'éclate.

  • Speaker #0

    C'est quoi le deuxième titre, du coup, pour le...

  • Speaker #2

    Monsieur de Paris, qui est vraiment le deuxième tome après Fleur de Sang, qui peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, quand même, parce qu'il est malin, pépère. Mais, comme je dis en signature, c'est quand même bien de faire le premier. C'est quoi, les deux ? Et là, je suis en train de travailler sur le troisième. La suite ?

  • Speaker #1

    Enfin, ouais, sur le... Troisième tome. Quatrième roman, mais sur le troisième tome.

  • Speaker #2

    Qui s'appellera Le Seigneur du Pays d'en-haut. C'est beau, hein ? Ouais. Je suis très bon pour les titres. Je sais pas s'il reste Philippe, mais les titres, c'est pas très bon.

  • Speaker #1

    Quand il y a une phrase, je suis bon.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. Mais alors, après...

  • Speaker #0

    Et là, on va dire la même chose. Bah oui. et là donc t'as sorti ton roman il y a

  • Speaker #2

    Un mois et demi, le 25 septembre. J'ai un qui s'appelle La Lettre Bleue, qui est sorti chez Fayard. Qui a un peu une respiration... Enfin, je pense que ça le devient finalement parce que, comme je rencontre pas mal de gens pour les signatures en ce moment, je réalise que dans mon discours, il est ma respiration par rapport aux deux précédents qui se passent dans l'univers. On est sous du 14, c'est très sombre. C'est quand même dans l'univers des bourreaux, donc je te coupe des têtes, je t'écartèle. Mon quotidien.

  • Speaker #0

    Comment ça t'est venu d'écrire quelque chose aussi ?

  • Speaker #2

    Mais parce que j'avais trouvé, j'ai beaucoup de choses qui ont attiré à l'histoire. Et un jour, dans Historia, je lis quelque chose sur cette fameuse famille de bourreaux qui s'appelait les Samson. Que le premier Samson, en 1688, j'ai fait un peu moins l'un de co, vous ne connaissez pas l'un de co, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #1

    Tu peux faire ton Stéphane Berne, lui on le connaît.

  • Speaker #2

    Stéphane. Donc, en 1688, on apprend qu'un jeune type qui était lieutenant à Dieppe tombe amoureux d'une femme éperdument. Il est dingue d'elle. Et elle se cache un peu dans la vie. Elle le voit. Il lui fait des avances. Elle lui échappe, machin, etc. Il apprend qu'elle s'appelle Marguerite. Ça, je l'ai gardé. Et puis, ils ont une liaison d'amant. Mais elle ne lui dit jamais son nom de famille. Et à chaque fois, il ne peut pas la raccompagner chez elle, elle s'échappe. Enfin, vraiment, femme idéale, quoi. Je te dérange. Attention,

  • Speaker #1

    c'est bien parce que le dernier roman, c'est sur le patriarcat. Vous n'en faites pas. Vous pouvez continuer de nous écouter.

  • Speaker #2

    Et donc, la bonne raison pour laquelle vraiment André n'en peut plus, il l'aime, il est fou d'amour, il veut l'épouser. Tout ce qu'il ne faut pas faire. Donc, il... J'y vais. Ne t'inquiète pas,

  • Speaker #0

    moi, c'était la semaine dernière. Chacun son tour.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, il apprend que par l'entremise d'un cousin qui est jaloux parce qu'il l'aime aussi, il va donc l'amener un jour sur la place publique où il y a une exécution. Il va voir donc l'échafaud monter, le bourreau. Et au pied de l'échafaud, il y a une jeune fille, c'est elle. Et pourquoi ? Parce que c'est la fille du bourreau. Et une fille de bourreau, en fait, elle ne donne pas son nom de famille parce que sinon, aucun homme ne voudrait d'elle parce qu'on ne fréquente pas une fille de bourreau, ça ne se fait pas. Et encore moins, on l'épouse.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient pas le droit en plus à l'époque d'épouser les...

  • Speaker #2

    Alors, des filles de bourreau ne pouvaient épouser que des bourreaux.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils se mariaient entre eux.

  • Speaker #2

    Pour des questions de charge et d'alliance. Et donc, cette jeune fille lui explique que ce n'est pas possible, c'est la fille du bourreau et lui dit, rien à foutre, je vais devenir bourreau.

  • Speaker #1

    Remarque, c'est beau.

  • Speaker #2

    C'est l'histoire d'un homme qui va devenir bourreau par amour.

  • Speaker #0

    À l'époque, ils faisaient des efforts, les mecs, quand même. Non,

  • Speaker #1

    mais maintenant, ils sont bourreaux gratos, même sans...

  • Speaker #2

    C'est ça. Maintenant, rien à foutre, on est bourreaux. Et donc, voilà. On va en faire un de ce soir. Et donc, moi, j'ai pris cette action de départ. Et après, j'en ai fait autre chose. Mais c'est le truc de départ. C'est un homme qui devient bourreau par amour. C'est le pit du bouquin.

  • Speaker #0

    Trop envie de savoir la suite. Donc tout le monde va aller acheter ce petit bouquin. Parce qu'on en a en poche.

  • Speaker #2

    Chez Pocket, tout à fait.

  • Speaker #0

    Fleur de sang.

  • Speaker #2

    Et puis après, le deuxième tome s'appelle Monsieur de Paris. Sans spoiler le truc, Marguerite devient l'héroïne de Fleur de sang. Parce que je nique tous les mecs dans le bouquin. Ça décapite, ça meurt. C'est génial.

  • Speaker #0

    Un vrai truc de garçon ça par contre pour le coup. Même si tu prends des héroïnes, tu as mis beaucoup de...

  • Speaker #2

    Pas forcément, non non non, c'est pas un truc de garçon du tout, c'est que je suis... Je crois pas, parce que dans le dernier il n'y a pas ça. Non non, je pense que c'est par...

  • Speaker #0

    J'aime bien l'idée de m'auto-surprendre quand j'écris, parce que je m'emmerde très vite quand j'écris. Donc si je me fais chier, pardon, mais c'est que le lecteur va se faire chier, a priori, trois fois plus.

  • Speaker #1

    Donc tu te trouves bien.

  • Speaker #0

    Voilà. Ce que je fais, c'est que je m'auto-surprends. Donc j'ai toujours ce souci d'avoir cette idée qui va me dire, c'est génial, et hop, j'y vais. tac, tac, tac, tac, et puis ça marche ou ça marche pas, parce que parfois on jette. Mais... J'y vais, j'y vais, j'y vais, parce que c'est haletant et que si je suis surpris, ça veut dire que... Mais après, comme j'ai une structure dans l'écriture, j'ai une structure extrêmement précise avant de commencer à écrire, je peux me permettre de partir dans tous les sens, que je sais, je reviens à ma structure, donc je n'hésite pas de me perdre. Ça, c'est le grand danger. Le roman historique demande d'être axé exigeant par rapport à toutes les notions d'histoire qu'il faut amener sans être... être trop rébarbatif, mais il faut être très précis, respecter l'histoire, avec un grand H. Celle-là, en tout cas, il faut la respecter. En gros, le principe, c'est ça aurait pu se passer. C'est ma phrase, en fait. Ça aurait pu se passer. Si ça aurait pu se passer, c'est que c'est bon. Après, que ce soit pas passé, on s'en fout, c'est une fiction historique.

  • Speaker #1

    Et t'es passionné d'histoire à la base pour écrire ?

  • Speaker #0

    Oui, j'adore l'histoire. Aujourd'hui, je me dis souvent, si j'avais 18 ans aujourd'hui, je ferais un doctorat d'histoire, ça c'est Je trouve ça dommage de ne pas avoir eu cette présence. cette conscience de ça, je le regrette beaucoup. Tu ne le fais pas ? Je le fais dans l'écriture.

  • Speaker #1

    Si tu veux un doctorat d'histoire,

  • Speaker #0

    tu peux le faire. Non, mais l'histoire, je m'en souviens. En tant qu'étudiant, je veux dire. Ce qui est marrant,

  • Speaker #2

    c'est que tu refuses le passé. Tu dis, une fois que le passé est passé, mais à la fois, tu dis, si jamais tu es 18 ans, je ferai un doctorat d'histoire avec un roche, ce qui est genre le grand passé.

  • Speaker #1

    Mais non, ça n'a pas d'accord. C'est pas le mien.

  • Speaker #0

    T'as fait un CAP de psychologie cette nuit toi ? Au comptoir,

  • Speaker #2

    option de comptoir.

  • Speaker #1

    Mais tu voulais dire un truc par rapport à ça, t'as dit ah ah ah.

  • Speaker #0

    Je dirais que je vis, j'ai la chance, enfin la chance c'est du boulot, mais c'est un choix, moi la chance j'y crois pas trop, c'est plutôt des choix qu'on fait dans la vie, la chance on se la crée beaucoup, de pouvoir étudier, m'enrichir. Avoir une culture générale dans certains domaines de ouf. Parfois, je me trouve en train de parler à des gens sur des trucs. Je ne sais plus ce que je raconte. Personne ne me comprend. En plus, c'est des niches, mes sujets. C'est vraiment des niches. Les bourreaux, par exemple. C'est une niche. J'ai tout étudié sur les bourreaux. Je pourrais devenir bourreau. Si jamais ils remettent la peine de mort, je suis là. Oh, ça va !

  • Speaker #1

    Je pense que tu serais pas capable.

  • Speaker #0

    De ? Couper des têtes ? Il y en a quelques-uns. Et puis voilà, et puis si en plus, là ce que je faisais cet après-midi avant de venir, c'est que je me mets quelque part et je ouvre mes bouquins et j'étudie, je prends des notes et je suis dans une espèce de monde, certes qui est lié au passé, mais qui en même temps est source d'une histoire à venir. Donc c'est utiliser le passé pour en faire quelque chose, certes qui va parler d'une histoire qui se passe dans le passé, mais qui reste une fiction. Pour moi, la fiction, c'est un produit d'avenir puisque c'est fait pour être produit sous forme d'un bouquin qui va venir ou un film, peu importe. Tout ça, ce n'est pas forcément un axe temporel qui est très défini. Tu es dans le présent, tu es un peu dans le passé, mais c'est aussi pour un projet à l'avenir. Il y a tout ça que tu mélanges et qui est assez jouissif, finalement.

  • Speaker #1

    Tu lis, entre guillemets, l'utile et l'agréable. Dans ton arène, qui est des choses qui sont passionnantes, tu vas pouvoir créer des histoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est chouette de faire ça. Et je suis content d'avoir finalement décidé d'attaquer, parce que le quatrième bouquin, ça ne devait pas être ça. Et c'est en fait, en écoutant les gens pendant les signatures, ces deux derniers mois, qui venaient en pensant que la lettre bleue, c'était le troisième tome de l'histoire. Et je leur disais, ah bah non, c'est... Ah bon, tant pis, on va le prendre quand même. Non, non, je n'exagère. Les chansons, je pense que...

  • Speaker #1

    En même temps, ils devaient être déchus, parce que s'ils attendaient une troisième tome, forcément, c'est comme une série, on a envie d'avoir l'autre.

  • Speaker #0

    Et du coup, comme moi, j'avais quand même en tête, un jour peut-être, de faire une suite. En fait, ça m'a vraiment... Ça m'a redonné envie de me replonger. La lettre bleue m'a vraiment servi de respiration. C'est ça que je disais tout à l'heure. C'est que ça m'a permis un petit peu de sortir de ça. En revanche,

  • Speaker #2

    c'est quand même historique. Tu as dû te renseigner et tout. Parce que c'est 1916.

  • Speaker #0

    Oui, c'est 1916, mais ce n'est pas un roman historique. Je ne sais pas comment le qualifier. c'est de la littérature au sens plus général du terme, c'est littéraire, sauf que ça se passe à un moment donné. Basta cosi, il n'y a pas de... Je ne passe pas trois plombes à décrire une boîte aux lettres, ce que je peux faire dans d'autres mots. Ça donne vache, j'ai envie de les lire.

  • Speaker #1

    Et le pitch du coup du dernier ?

  • Speaker #0

    Alors, La lettre bleue, c'est l'histoire d'une jeune femme, donc en 1916, on est vraiment en plein dans la première guerre mondiale, elle vit dans un petit village en Bourgogne, évidemment. J'ai planté ça dans le village de mes parents parce que j'aime bien utiliser des décors qui sont...

  • Speaker #1

    Ça s'appelle comment le village ?

  • Speaker #0

    On l'est, O-N-L-A-Y. Personne ne connaît. En plus, même dans le Morvan, c'est dans le trou du cul du Morvan en plus. C'est-à-dire que le Morvan, déjà, personne ne sait le situer sur une carte. Mais alors là, même quand tu connais le Morvan, tu ne sais même pas le situer sur une carte non plus. Donc c'est bien, on est peinard. mais c'est beau en même temps c'est pas abîmé Et donc c'est l'histoire de cette jeune femme qui est veuve de guerre Son mari est décédé En deux ans plus tôt, le premier jour de la guerre Et donc elle a la vie très contraignante D'une veuve de l'époque, elle habille en noir Elle a la vie très astreinte Des champs Elle doit s'occuper de ses propres champs Elle a chez elle son beau-père Qui en plus n'est pas bien, pas en bonne santé Dont elle s'occupe Et elle a un boulot, parce que les veuves à l'époque On leur allouait un travail pour avoir une euh... Un complémentaire à la pension de veuve, c'était soit travailler au PTT, soit dans les usines d'allumettes. Ne me demandez pas pourquoi les allumettes, je ne sais pas. Mais apparemment, les usines d'allumettes donnaient du travail aux veuves de guerre. Et donc, cette fille répond à tous les critères de la femme parfaite qui montre par son état de viduité, on dit, pour les veuves. Elle montre, elle montre, elle relate la présence de celui qui n'est plus là. Et donc, elle rappelle l'effort que fait la nation pour sauver ses oies, etc. Et donc, sauf qu'un jour, elle entend parler d'un bal clandestin un soir. Or, à l'époque, les bals étaient interdits. C'est le pitch le plus long de la terre, je suis en train de vous...

  • Speaker #1

    Non, mais on adore. Raconte pas tout le livre quand même.

  • Speaker #0

    Non, non, je sais m'arrêter au bon moment. Voilà.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    elle... Et donc, elle entend parler d'un mal clandestin et tout d'un coup, il y a cette envie d'aller danser qui lui prend, non pas pour aller être la veuve joyeuse, comme on appelait ça à l'époque, mais juste pour être une femme le temps d'une danse, mettre une robe à fleurs et peut-être retrouver un peu celui qui n'est plus à travers le corps d'un autre, mais dans le cadre d'une java ou une polka, mais pas plus. Bien évidemment, ses copines au village lui disent « Mais t'es folle, faut pas y aller, tu peux pas, machin. » Et elle, elle y va quand même. Et elle se trouve aussi à une confrontation avec son beau-père, qui lui aussi, on pense que c'est parce que il estime que c'est trahir la mémoire de celui qui n'est plus là. Elle y va. Et bien évidemment, dès le lendemain matin, ça va se savoir dans le village. Et là, il y a tout le village qui va se retourner contre elle. Le politique, le religieux, même ses copines. Et le bouquin, ça va être sans combat. pour s'affirmer comme la femme qu'elle est toujours à une vingtaine d'années et non pas simplement comme la veuve qu'on veut qu'elle soit. Et c'est ce combat-là qu'elle va mener pour continuer de vivre et ne plus vivre dans l'ombre de quelqu'un qui n'est plus là. Comme je dis dans le roman, j'aime bien m'autociter parce que c'est tellement bien écrit. Quand le soldat meurt, c'est sa femme qui meurt un peu. On est un peu obligé de mourir avec celui qui est parti parce que c'est comme ça, tu es supposé représenter celui qui n'est plus là. Et il y avait aussi une autre mission qui était que sur le front, en général, les veuves étaient marraines de guerre, comme d'autres femmes, mais souvent, on les collait à la marraine de guerre. Et c'est par ce comportement très catho, très comme il faut, très moral, que le soldat se sentait motivé pour aller au combat. Pour peu qu'il apprenait que les femmes s'envoyaient en l'air derrière, on ne respecte... Voilà, le mec, il n'avait plus aucune raison d'y aller. Et du coup, ça cassait l'entrain du soldat. Donc, il y avait cette responsabilité. de mémoire et en plus quasiment de guerre. Donc c'était hyper lourd pour les femmes. Et elle, elle a juste voulu danser. Et elle se retrouve confrontée à cette société patriarcale et religieuse qui va tout d'un coup lui imposer des choses dont je ne vais pas parler. Parce que sinon...

  • Speaker #2

    On dévoile le livre.

  • Speaker #0

    Sinon ça s'appelle un audio-livre. Et donc ça va être un combat qu'elle va mener. Et si je dis quand même un combat qui finit bien, je ne dis pas comment, parce que je tiens quand même à être très optimiste. J'avais envie d'être optimiste.

  • Speaker #2

    Ça fait du bien, surtout de nos jours.

  • Speaker #0

    Oui, parce que j'ai quand même une vision pas forcément optimiste de la société, comment la voir, mais j'ai quand même une vision un peu factuelle et fataliste de la société. Et puis même quand j'ai lu des témoignages, quand j'ai lu un peu sur les veuves de guerre de l'époque, franchement, il n'y avait pas de quoi être optimiste au moment où elles vivaient ça. En 1916, il n'y avait vraiment pas de quoi être optimiste, c'était juste l'horreur. Mais moi, j'avais envie que cette femme, elle mène son combat jusqu'au bout et que justement, elle arrive à aller au-delà de cette fonction qu'on lui imposait et de ramener tous ces gens-là, les politiques, les religieux, les bécaces, les grandes gueules, les ramener à leur médiocrité.

  • Speaker #1

    Et tu sais pourquoi tu as eu cette idée-là ? Une grand-mère t'a pu t'inspirer ? Non,

  • Speaker #0

    j'ai pas de petits trucs. Très honnêtement, c'est une question à laquelle j'ai du mal à répondre. Initialement, cette pièce, cette histoire est une pièce de théâtre que j'ai écrite en 2003, qui avait été jouée au Festival de Grignan, et qui avait été vachement bien reçue, mais qui n'a pas eu de suite. Et c'est une chose que j'ai toujours regrettée. Pourquoi je l'ai écrite à l'époque ? Ça remonte à tellement loin, je ne sais plus trop. Il y a beaucoup de choses. Je pense qu'il y a le fait que la Première Guerre mondiale est un conflit qui m'a toujours... Quand je dis passionné, je n'aime pas dire ça. Ce n'est pas la guerre en soi qui me passionne. C'est comment les gens l'ont vécu. C'est une période qui me passionne. Les années 10, 20, 30, 40 me passionnent. J'adore cette société de l'époque. Quand je dis j'adore, c'était une société qui était quand même un petit peu belliqueuse, on va dire. Mais d'un point de vue privé, c'est une société à laquelle je me... de laquelle je me sens proche. Et puis, il y a ça, il y a le côté campagne, dont je suis très proche, plutôt quelqu'un de la campagne. Et après, je pense que j'ai été toujours, après, je pense que j'ai été toujours, sans vraiment le savoir, proche de rôle, enfin, décrit pour les femmes. Dans toutes les pièces, il y a toujours... enfin quasiment toujours un rôle de femme prédominant. Donc que ce soit un rôle féminin, ça me paraissait une évidence. Et j'ai toujours été plus proche, j'ai eu toujours plus de facilité à parler du combat de femmes que du combat des hommes. Pourquoi ? Je n'en sais pas trop. Je ne sais pas trop comment. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que, de par la position qu'a la femme depuis la nuit des temps dans la société, L'homme a fait en sorte que... L'homme, au sens sexuel du terme, a fait en sorte qu'elle soit en dessous, à son service, procréatrice. Et l'homme au boulot, il me fait la guerre, etc. C'est un peu le rapport primaire qu'on peut avoir. Et je me dis que finalement, le combat qu'elle mène et que vous menez encore aujourd'hui est forcément... plus difficile que le nôtre, parce que nous, c'est comme si la pente, on avait creusé la montagne, mais on était resté en haut de la montagne et puis il fallait que vous gravissiez la montagne pour arriver à notre niveau, quoi. Quand je dis notre niveau, on se comprend, hein. Social. Pas... Je me dis peut-être que effectivement, le combat des femmes est donc plus difficile, donc plus riche, donc dramatiquement plus fort, et puis peut-être parce que j'ai... pas une très haute opinion de l'homme en général. Là aussi, je parle au sens sexuel du terme. Que je trouve pas forcément hyper intéressant. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu nous laisses sans voix.

  • Speaker #2

    Et quand tu écris, du coup, pour des femmes, est-ce que tu t'inspires de femmes qui t'entourent ? Est-ce que tu t'inspires d'héroïnes de films ? Est-ce qu'il y a des figures comme ça qui vont te... te nourrir sur le côté féminin de la chose ?

  • Speaker #0

    Je ne leur mets pas de nom, je ne vais pas avoir d'image particulière en tête, je pense que c'est une somme d'expériences, de femmes que j'ai connues, ça va être la mère, la grand-mère, la mère des uns des autres, toutes les femmes que j'ai pu croiser, avec lesquelles j'ai pu échanger d'une manière ou d'une autre, m'ont nourri. C'est un peu aussi bête que ça, c'est très animal comme truc, c'est pour ça que je suis... Je ne suis pas quelqu'un qui intellectualise vraiment son écriture. Les idées me montrent, c'est comme des envies. Et puis à un moment donné, il y a un trop-plein. Et ça veut dire qu'il faut que je ressorte ce trop-plein. Et ça se passe sous forme d'écriture. Et il y a des... J'écoute. Je suis plus une éponge qu'autre chose. J'écoute, je prends. Et il peut s'avérer que j'en fais quelque chose à un moment donné. Mais c'est vrai que je suis beaucoup plus sensible aux personnages féminins. Même... Je ne sais pas, il y a un truc au niveau de l'émotionnel, au niveau du combat, que je trouve... Mais je n'aime pas trop dire combat, parce qu'on n'est pas en guerre non plus, mais quand même, il y a...

  • Speaker #2

    Ce n'est pas un combat, mais c'est le fait de toujours devoir se battre.

  • Speaker #0

    Oui, pour s'affirmer, pour vivre. Et puis pour exister au même niveau, oui. Je pense que le souci d'existence est beaucoup plus ardu pour les femmes qu'une société qui reste quand même encore une société, encore d'hommes. malgré les efforts. C'est ce que je dis quand je défends le bouquin. En ce moment, auprès de lecteurs, si peut-être il y a 20 ans, la pièce n'a pas eu de suite, c'est qu'à l'époque, le combat des femmes aujourd'hui n'avait pas encore le même aura. Il existait, le féminisme, ça ne se passe pas d'il y a 20 ans. médiatiquement parlant, ça a vraiment commencé à monter il y a à peu près 20 ans, 15 ans. Ça a commencé à monter et puis maintenant... Et peut-être que justement, pourquoi cette histoire m'est revenue quand Fahia m'a demandé quel projet je leur proposais. La lettre bleue est montée toute seule. Donc si elle est montée toute seule, c'est qu'elle a des résonances qui sont actuelles. C'est pas un hasard, c'est pas parce que j'avais ça sous le pied. C'est parce qu'il y a une résonance.

  • Speaker #1

    C'était le moment, quoi.

  • Speaker #0

    C'était le moment qu'elle ressort. Et effectivement, ils ont lu le truc et ils m'ont dit, mais il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller, quoi. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et la lettre bleue, tu penses que... Je pense que les gens ne savent pas pourquoi le titre, mais est-ce que tu peux l'expliquer ? Parce que c'est assez...

  • Speaker #0

    La lettre bleue, c'était la couleur du courrier qu'on recevait quand on apprenait la mort de quelqu'un sur le front.

  • Speaker #2

    Donc, tu n'avais même pas besoin de lire la lettre, quoi. Tu arrivais avec sa lettre bleue et tu savais que c'était...

  • Speaker #0

    A priori, quand tu voyais déjà le gendarme arriver près de ta maison... Le facteur, mais si ça pouvait être un gendarme, tu serrais les fesses, si je puis dire. C'était vraiment... Il y a un très joli court-métrage avec Myriam Boyer. Je ne sais plus comment il s'appelle. On voit un facteur qui arpente la rue principale d'un village. Il y a toutes les femmes à la fenêtre qui ne respirent plus. Et quand ils passent, et qu'ils ne s'arrêtent pas, elles respirent.

  • Speaker #1

    D'imaginer la transition. Avant, maintenant, on n'a pas un texto pendant deux heures, on est hyper affolés. Alors qu'avant, il fallait attendre, il partait à la guerre, pas de nouvelles. Et on attendait que le facteur nous amène.

  • Speaker #0

    Et souvent, ce qui est arrivé fréquemment, ce qui est le cas dans le roman, c'est que tu apprenais la mort du type six mois après qu'il soit mort.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Il fallait déjà que le corps soit reconnu. Parce qu'en général, quand il est mort, il n'était pas forcément entier. Et puis,

  • Speaker #1

    des fois, il ne le savait pas, il ne revenait pas de la guerre. Il n'y avait pas de nouvelles. Il y avait des déductions.

  • Speaker #0

    Ce qui est aussi un autre sous-sujet dans le sujet, c'est la difficulté de faire le deuil quand tu n'as pas le corps.

  • Speaker #2

    Ah ben oui, ça c'est un vrai...

  • Speaker #0

    Parce que les corps n'ont été rapatriés qu'à partir de 19, jusqu'à, je ne sais plus quand, mais en 21, 22, les gens n'avaient toujours pas retrouvé le corps entre ceux qui étaient dans des ossuaires, qu'on appelle les ossuaires aujourd'hui, où finalement on ne sait pas qui c'est, donc tout le monde va être là. Et puis on va estimer qu'il est là parce qu'il était supposé être dans ce coin. Et puis ceux qui mettent des plombes à revenir, qu'il faut déterrer parce qu'ils ont été enterrés entre temps. Ça devait être un truc...

  • Speaker #1

    Et puis l'espoir, toujours,

  • Speaker #0

    que peut-être ils se sont trompés.

  • Speaker #1

    L'espoir que ça ressonne.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc c'est tout ce truc-là dont je parle. Mais voilà. Je crois que c'est un livre qui est... C'est pas du tout le coup de masse, je crois que c'est un joli roman sur... Il y a Éric Foisier qui est un ami écrivain qui est très très connu. C'est lui qui écrit le Bureau des efforts occultes, je pense que vous avez entendu parler. C'est quelqu'un qui a gentiment lu le bouquin et avant qu'il sorte, pour me faire un... dans l'espoir qu'il me fasse un petit mot pour la quatrième de couvre, et qui a dit que c'était le grand roman de la perte.

  • Speaker #2

    Ah c'est beau !

  • Speaker #0

    Et... ouais, ouais. Surtout que moi, je ne mets pas dans la perte quelque chose de... C'est dramatique, mais c'est humain la perte aussi. C'est humain de perdre. Donc, il n'y a rien de grave au sens où la vie continue quand même. Mais la perte, il faut que ça s'accepte. Et pour l'accepter, il faut... Il y a ce fameux deuil. Après, le deuil, c'est une notion très subjective. Moi, je pense que le deuil, on ne le fait jamais. On vit avec. Mais voilà, j'aime bien cette définition-là.

  • Speaker #2

    En tout cas, ça s'appelle la lettre bleue aux éditions Fayard. On arrive presque à la fin de l'émission. C'est quoi les projets futurs là ?

  • Speaker #0

    La suite des deux premiers pour lesquels je suis en études en ce moment. J'espère être prêt dans un an. J'espère qu'il sortira dans un an. Mais avant ça, il y a tout un travail d'études, de mise au point de l'histoire. et puis après l'écrire, et puis après toutes les différentes étapes qui sont très longues en édition. Et ensuite, ça va être revenir au théâtre, avec l'épiphone du Japon, qui avait été jouée à Avignon, qui revient à l'Ascala, à Paris, fin janvier.

  • Speaker #2

    On vous dira, d'ailleurs, on mettra quand ça sort,

  • Speaker #1

    Liliane. Avec une super comédienne à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Une super comédienne qui s'appelle Marion Chrisman. Petite case dédie.

  • Speaker #0

    Et Gaël Cotta, quand même, ne pas l'oublier.

  • Speaker #2

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Et mise en scène par Fabio Mara.

  • Speaker #2

    Mais évidemment.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #2

    Et Marie-Emmanuelle Robert-Espagneux. Oui,

  • Speaker #0

    évidemment. Et Avignon. Et Avignon qui se profile avec... Plusieurs projets, dont une pièce que j'ai écrite il y a longtemps, que j'ai produite avec ma compagnie, la belle équipe, qui s'appelle « Les poissons ne meurent pas d'apnée » , qui sera au Bélier. Et puis, une autre pièce, et trois autres pièces normalement. Voilà, ça va être une belle année pour Avignon.

  • Speaker #2

    C'est « El Patroné d'Avignon » , Emmanuel.

  • Speaker #1

    Si vous voulez aller à Avignon, vous allez voir Emmanuel à tous les quandres. Tous les créneaux.

  • Speaker #2

    Vous pouvez faire la blague quand vous traînez dans les rues. Vous pouvez dire, tu vas voir quoi ? Une pièce d'Emmanuel. Tout le monde va dire, ah oui, bah oui.

  • Speaker #0

    Mais laquelle ?

  • Speaker #2

    Ça,

  • Speaker #1

    toutes. Ça serait bien, ça serait Avignon. Ça voudrait dire qu'on sera au mois de juillet et qu'il fera chaud.

  • Speaker #2

    Ouais, ça serait bien. Non, il ne fait jamais trop chaud.

  • Speaker #1

    Avignon, il fait trop chaud.

  • Speaker #2

    Non, moi, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Moi, je suis du sud.

  • Speaker #1

    Je ne veux pas faire voir trop chaud que trop froid. Il fait tout, par contre, il ne fait pas très chaud. Mais on arrive à la fin. Est-ce que tu as un petit mot pour la fin que tu veux partager avec nous ? Ou tu nous as déjà tout dit ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais partager ? Un petit truc, un petit tip. Merci déjà de m'avoir fait travailler pendant une heure sur ma... Non, non, sur ma...

  • Speaker #1

    Rétrospectif.

  • Speaker #0

    Sur ma haine de la tente. Parce que finalement, je ne supporte pas d'être dans une tente. Et là, ça fait une heure que je suis dans une tente. Et je trouve que je me suis vachement bien tenu.

  • Speaker #2

    Et ça va ? Et t'es heureux ou t'es mal ?

  • Speaker #0

    Non, ça va. Ça fait un petit peu... On est entre le Touareg et Madame Irma. Il y a un truc un peu...

  • Speaker #1

    Oui, mais après, on fait le tirage de cartes.

  • Speaker #0

    C'est ça. Non, non, c'est très agréable et en très bonne compagnie.

  • Speaker #2

    Ah ben, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Non, non, c'est très agréable et puis c'est toujours... Et puis, ça a un biais un petit peu particulier d'aborder le thème de l'écriture en parlant de plein de choses. Donc, j'ai passé un très joli moment.

  • Speaker #2

    Ah ben, nous aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci,

  • Speaker #0

    Emmanuel. Merci à vous.

  • Speaker #2

    Et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel homme.

  • Speaker #1

    À la semaine prochaine. Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Description

Et si la photographie pouvait nous apprendre à écouter ? Si le théâtre se transmettait par l’oreille avant de s’écrire ? Dans cet épisode du podcast Flammes des Années 80, nous rencontrons Emmanuel Robert-Espalieu, auteur de théâtre, romancier et ancien photographe de scène, qui partage avec émotion son parcours d’artiste multicarte.

Ecrivain de trois romans dont "La lettre Bleue" qui vient de sortir aux éditions Fayard et "Fleur de sang" et " Monsieur de ¨Paris", romans historiques qui viennent de sortir en format poche!

Passionné par les émotions, la mémoire du théâtre, les femmes et les combats intérieurs, il nous raconte comment ses années dans les coulisses des plus grandes scènes françaises l’ont formé, sans le savoir, à devenir dramaturge. Entre révélation de soi et chemin artistique, Emmanuel évoque son basculement vers l’écriture, ses débuts fulgurants dans le théâtre, puis dans le roman historique.

Il parle aussi de ses personnages féminins puissants, du féminin dans l’écriture, et de sa sensibilité particulière à la résilience des femmes à travers l’histoire. À travers ses mots, on explore des thèmes profonds : la légitimité, la création intuitive, la transmission, mais aussi la sororité invisible que peuvent créer les récits bien écrits.

Avec humour et sincérité, Emmanuel revient sur son dernier roman La Lettre bleue, une fiction historique centrée sur une veuve de guerre qui ose défier la société patriarcale de 1916 pour retrouver sa joie de vivre – et donc, son épanouissement personnel. Un récit fort, actuel, qui touche en plein cœur.

Un épisode inspirant pour toutes celles qui cherchent à oser être soi, à écouter leur propre voix, et à faire de leur histoire une force.

💬 Un échange sensible, drôle et profond sur le théâtre, la littérature, la place des femmes dans l’écriture, et ce feu intérieur qu’on rallume, une page après l’autre.


📲 Rejoignez-nous sur Instagram @flammesdesannees80 pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des nouveaux épisodes dédiés au développement personnel féminin.

📰 Inscrivez-vous à notre Newsletter juste ici pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et toutes les actualités du podcast pour femmes.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, YouTube, et toutes vos plateformes préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Prête à embraser ta vie intérieure avec nous ? Abonne-toi !

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme : introspection, émotions, résilience, maternité consciente, amour, sexualité féminine, parcours inspirants de femmes audacieuses.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80,

  • Speaker #1

    le podcast qui allume la femme. Bonjour, alors on est toujours en décembre et on reçoit encore des hommes sous cette tente. Et ce soir, on a la chance de recevoir Emmanuel Robert Espaglieu. Est-ce que tu veux te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonsoir. Bonsoir. Emmanuel Robert Espaglieu, je suis écrivain, théâtre et roman. puis metteur en scène et directeur de compagnie, aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et tu as eu une ancienne carrière ?

  • Speaker #2

    De photographe. Pendant plus de 20 ans, j'étais photographe de répétition de pièces de théâtre, uniquement. Et portraitiste aussi, quand même un peu, de comédien et d'écrivain.

  • Speaker #0

    Et comment tu as décidé de changer, enfin pas de changer, mais d'écrire en fait ?

  • Speaker #2

    J'ai pas décidé du tout. J'ai agrémenté mes images de texte à une époque. J'étais absolument pas littéraire, je n'ai pas de formation littéraire. Et l'écriture est venue comme un support d'images. Et puis un jour, un ami qui faisait des spectacles pour enfants m'a demandé de venir faire des photos de son spectacle à Avignon, c'était en 92. Et j'y suis allé, j'ai découvert le Festival d'Avignon, j'ai fait des photos de son spectacle et d'autres spectacles qui étaient dans la même salle toute la journée. Et puis un travail sur le spectacle de rue. Et puis je suis reparti avec tout ça, en ne sachant pas trop bien ce que j'avais vécu. Et entre temps, j'étais encore en fac et je rentrais en DESS, un DESS de gestion des affaires culturelles qui était sous la direction de Robert Abirached à l'époque, qui ne vous dira rien, c'est trop jeune. C'était l'ancien directeur du Festival d'Avignon et directeur de théâtre au ministère de la Culture. Et je lui ai montré mes photos en lui disant, voilà ce que j'ai fait, que vous en pensez. Il m'a dit, est-ce que vous voulez que je vous les montre à Ferreux d'Arcier, qui était à l'époque le directeur du Festival d'Avignon. Et je lui ai dit, bon ouais.

  • Speaker #0

    Tant qu'à faire.

  • Speaker #2

    Mais sans vraiment avoir de velléité d'en faire quoi que ce soit d'autre. Parce qu'à l'époque, j'étais encore dans l'hésitation entre vivre de la photographie ou continuer à faire des études qui m'auraient permis de gagner beaucoup d'argent et de ne pas avoir les problèmes que j'ai aujourd'hui. et

  • Speaker #1

    La vie d'artiste ?

  • Speaker #2

    Et donc voilà. Et puis le févreux d'Arcier m'a donné une carte d'autorisation de circuler dans les coulisses du IN, plutôt. Ça, c'était en 93. J'y suis retourné avec mes petits appareils. J'ai même emmené mon laboratoire photo que j'ai monté là-bas. Un peu comme vous l'attendent. Sauf que je transformais le sud où je louais en laboratoire. Et je shootais la journée, je développais la nuit. Et c'est comme ça que j'ai rencontré Jacques Lassalle à la Comédie Française, Lavelli pour La Colline, Lukasiewski, Philippe Adrien, Stavisky, tous ces gens-là de l'époque. Et tout d'un coup, je me suis retrouvé au Théâtre de La Colline, à la Comédie Française, à faire des photographies pour des expositions, pour des programmes, et c'est devenu ma spécialité. J'ai traîné pendant 20 ans dans les coulisses de théâtre. Et donc, j'ai appris le théâtre par l'oreille. Je dis toujours ça. Pour moi, le théâtre, c'est une musique avant tout. donc je... J'entendais des textes, parce que je restais en gros trois semaines, deux à trois semaines par pièce à traîner. Parce que j'ai resté du travail à table au début jusqu'à la première. Donc, je compartimentais mes interventions. Et finalement, sans le savoir, j'entendais les textes, je les entendais, je les entendais vingt fois. Et j'ai appris le théâtre vraiment à l'oreille.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, tu as eu comme une formation. Inconsciemment, tu as été formé à devenir ce que tu es devenu aujourd'hui, auteur et metteur en scène. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Oui, j'avais la place privilégiée d'un assistant metteur en scène sans en avoir les tâches. Voilà, c'est-à-dire que j'étais là, partout, je le suivais. Et j'ai assisté des mecs comme... J'ai même assisté Harold Pinter. Ah ouais ? Sur deux pièces. Et donc des gens, Jean-Luc Boutet avant qu'il ne disparaisse. Des gens vraiment extrêmement... Enfin, aujourd'hui, je réalise la chance que j'ai eue, quoi, de côtoyer des gens comme ça. Et puis des comédiens aussi, hein. Voilà, on l'appelle. des gens que j'ai fini par photographier aussi. Mon travail de portraitiste s'est développé dans les coulisses. Je disais aux uns, je peux faire des portraits de vous. J'avais toujours besoin de portraits de toute façon, parce que je vendais un peu mon travail en expo. Et puis, photos de presse. Et donc, il fallait des portraits. Donc, les noirets, les bouquets, tout ça, j'ai travaillé avec eux plusieurs fois. Et donc, j'ai des portraits d'eux en travail et en pose.

  • Speaker #0

    Tu devrais faire une rétrospective de tout ça. Ça serait génial de les voir, ces photos.

  • Speaker #2

    Alors, ouais, mais... Oui, on me le ressent sans arrêt sauf que je ne suis pas quelqu'un qui aime ressortir les choses du passé, donc j'ai un gros problème avec ça Pour moi, le passé est consommé, en fait. Donc, c'est en moi. Je pense que ça se traduit par ce que je fais aujourd'hui en écriture. Et puis, même en direction de comédien aujourd'hui que ma compagnie, j'ai tellement vu des metteurs en scène diriger que je me suis... En fait, j'ai bu aussi ça. C'est pour ça que je parlais d'assistant-directeur, metteur en scène. L'assistant, en général, il boit aussi la technique de mise en scène du mec qui l'assiste ou de la nana qui l'assiste. Et moi, en l'occurrence, j'ai eu la chance d'en faire 150. et du coup je pense que c'est un peu un mélange de tout ça

  • Speaker #0

    beaucoup plus que ce qu'un assistant aujourd'hui fait avant de venir.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que je suis bien meilleur que les metteurs en scène qui ont assisté.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Vous savez, quand on est assistant, je ne sais pas, peut-être qu'on va faire une dizaine, maximum une vingtaine, mais 150, c'est très rare. Même pas. Même pas, c'est pour ça, je ne voulais pas.

  • Speaker #2

    Je sens le metteur en scène qui a été l'assistant d'eux. Il y a une école, en fait. Moi, c'est l'école Bourguignonne. C'est l'école, on ne sait pas d'où. Non, enfin voilà, donc c'est un mélange de plein de choses, des gens dont j'ai aimé le travail de direction, d'autres dont je me sentais proche, et d'autres, je trouvais qu'ils dirigeaient, c'était violent, ou c'était pas comme ça que je voyais les choses. Mais ça, c'est facile de le dire avec le recul.

  • Speaker #1

    Et tous ces portraits-là, ils sont dans une boîte fermée, nostalgique, de côté qu'on n'ouvrira pas ?

  • Speaker #2

    Pour la légende, non, c'est plutôt dans des classeurs. En plus, le fait est que c'est horrible ce que je vais raconter. Mais il y en a qui ont été détruits par une inondation. Donc, il y en a une partie qui a vraiment disparu. Mais en même temps, je trouve ça assez beau. J'aime bien ce côté... Justement, ça fait partie maintenant des souvenirs du temps passé. Je ne suis pas tellement... Les rétrospectives, ça me saoule. Je ne suis pas...

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu dis ça, parce que moi aussi, j'ai un rapport au temps où les souvenirs ou les photos, les perdre, ça me fait de la peine sur le moment. Mais en même temps, je me dis, je ne veux pas passer des heures à regarder les vieilles photos. Je trouve que c'est... Je suis un peu comme toi.

  • Speaker #2

    Oui, c'est en soi. Pour regarder devant, il faut savoir que tu les as faites, mais les ressortir... Et puis les photos, c'est une émotion avant tout, pour celui qui les a prises. Ce n'est pas une image, l'image presque... Ouais, c'est joli, c'est beau une image, mais derrière, il y a le moment, et ça, c'est indicible. Et ce n'est pas une exposition qui va retracer ce moment en plus. Donc moi, c'est en moi. J'en parle si on veut que j'en parle. Mais j'aurais plus tendance à faire une rétrospective comme ça, parler, qu'une rétrospective imagée.

  • Speaker #0

    Ça tombe bien parce qu'on n'a qu'un micro. T'es au bon endroit.

  • Speaker #1

    On ne t'organisera pas sur une scène. Alors, je vais vous parler de mes photos, mais je ne vais pas vous les montrer.

  • Speaker #2

    C'est ça. Voici ce qu'on peut faire, si vous voulez.

  • Speaker #0

    C'est trop intéressant. C'est comme ça, si on te... On n'a pas du tout préparé ça, mais est-ce que si tu as une photo comme ça, que tu as fait, qui t'a vraiment marqué ? Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ? Quelque chose qui te vient à l'esprit maintenant ?

  • Speaker #2

    Une photo...

  • Speaker #0

    Celle à laquelle tu penses en ce moment,

  • Speaker #2

    par exemple ? Il y en a une qui me revient tout de suite. Pour plein de raisons. C'est quand je travaillais sur... Je vais donner ça à faire un peu théâtreux ce que je vais dire, on s'en fout. C'était sur un don juan mis en scène par Jacques Lassalle dans la cour du Palais des Papes. Donc là, on est en 93, justement. et c'était à l'époque le commandeur a été joué par François Chaumette je ne sais pas si ça vous parle François Chaumette ça a été un des grands comédiens de la comédie française, il est très connu surtout pour sa voix parce que c'est Dark Vador dans Star Wars donc tout de suite ça pose le poney quand même et c'est un monsieur que moi je c'est un monstre et je passais dans les loges comme ça derrière la cour, les loges sont dans une grande salle voûtée, c'est magnifique Et les loges sont une espèce de panneau qui crée la loge. Et donc, je ne toquais même pas parce qu'il n'y a pas de porte. Donc, tu toques un rideau, ça ne s'entend pas, donc on ne répond pas. Donc, à un moment, tu bouges le rideau. Et je faisais comme ça les communes les uns vers les autres, parce que j'aimais bien les ambiances de loge. Je ne les ai pas posées, ils faisaient ce qu'ils voulaient, mais moi,

  • Speaker #1

    un peu ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Angélique a fait de la photo, vous pouvez aller voir sur Instagram.

  • Speaker #2

    Sauf que moi, je l'ai fait 20 ans plus tôt.

  • Speaker #1

    J'ai tout recopié, j'ai tout piqué à Emmanuel

  • Speaker #2

    Très gratifiant. Et donc, il y avait ce monsieur habillé déjà en commandeur, mais en train de lire le monde. Et j'ai adoré ce moment où je lui ai dit, voilà, est-ce que je peux faire un portrait de vous ? Et puis il m'a dit, oui, oui, vous en prie. Et hop, il a pris sa lecture. Il y avait cette espèce de chose complètement majestueuse. Et avec ce lien entre le présent et le passé, la fiction et la réalité, le comédien qui va être le commandeur, mais qui n'est pas encore tout à fait, mais la moitié. ou est-ce que c'est le commandeur qui est plus tout à fait le comédien ? Enfin, il y a tout un truc.

  • Speaker #0

    Ça raconte une histoire.

  • Speaker #2

    Cette histoire et cette image, c'est ces moments-là que j'aimais beaucoup. Ces moments au point où, au moment où, ce sas... entre ce que vous connaissez, entre l'homme ou la femme et le comédien, la comédiante, et le rôle.

  • Speaker #1

    J'adore, c'est exactement ce que j'essaye de choper, moi, ce moment où tu ne sais plus qui est qui. Le comédien va vers son rôle et en même temps, le rôle est déjà en train de prendre le comédien.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qu'il te donne ? Est-ce que c'est le comédien qui te donne quelque chose ou est-ce que c'est encore l'homme ou la femme qui te donne quelque chose encore ? On ne sait pas trop. Et on s'en fout d'ailleurs. c'est ça qui est magique

  • Speaker #0

    Je pense qu'il ne le sait pas vraiment.

  • Speaker #1

    Non, mais après, je trouve que sur les photos, tu sens des énergies différentes. Sur les photos, tu sens l'énergie plutôt d'un comédien ou d'une concentration ou de quelqu'un qui sait qu'il est pris en photo ou qui est tellement parti qu'il ne sait plus s'il est pris en photo ou pas. Ça crée justement la photo.

  • Speaker #2

    Après, il y a la magie qui a plus l'argentif que le digital, qui est au-delà du cadrage, du choix de l'optique, de la lumière. Il y a la matière aussi qui vient créer une dimension qui est liée au salaire d'argent, qui est une dimension de matière qui vient aussi mettre un filtre entre ce que l'œil voit, ce qui traîche comme image dans le résidu mémoriel, ce qui traîche dans ta tête, et la réalité du tirage qui vient amener encore une autre dimension. C'était cette magie-là après laquelle je courais quand j'étais photographe et que j'ai perdue avec le numérique. Ce qui fait que ça ne m'a pas posé de problème de passer à l'écriture. Transition !

  • Speaker #1

    On est passé au numérique, j'ai décidé d'écrire.

  • Speaker #2

    Je vous écris avec un CD-WiC, un ordinateur.

  • Speaker #0

    On ne va pas te poser cette question, mais si tu veux absolument y répondre,

  • Speaker #2

    monte et écoute. Allez-y, posez-moi des questions, je suis ouvert.

  • Speaker #0

    Et donc, c'était quoi la première fois que tu as écrit ? C'était une pièce, un roman ?

  • Speaker #2

    Une pièce. Contre toute attente, c'était une pièce parce que j'avais tourné deux courts-métrages dans les années 2000, 2002.

  • Speaker #1

    Que tu avais écrit ?

  • Speaker #2

    Que j'avais écrit.

  • Speaker #1

    Et que tu as réalisé ?

  • Speaker #2

    Et que j'ai réalisé. J'en ai écrit deux et j'ai même tourné une pub que j'ai co-écrit avec Axel Laffont et qu'on a réalisé pour le printemps du cinéma. C'est une époque qui passait du film avec plein de comédiens super connus. On avait gagné le... En fait, c'est un appel à projet, on l'avait gagné, on l'a tourné. Et il y avait eu ces deux courts-métrages aussi. Donc, j'avais réalisé trois films courts. Et puis, j'avais dit, oh, réalisateur, tout ça. Et puis, il a suffi... J'ai un des films qui a bien marché en festival, donc qui a été beaucoup vu. Donc, je l'ai accompagné. Et donc, j'ai été comme ça, comme un con, à côté des autres réalisateurs et réalisatrices, devant des publics. pour expliquer pourquoi c'est super de tourner un film, ou pourquoi je serai le Costa Gravas de demain. Et en fait, non. En fait, plus je parlais, et moins je parlais, et plus je ne me sentais pas du tout à ma place, et j'ai réalisé qu'en fait, tout ce bordel ne me correspondait pas.

  • Speaker #0

    Et tu sais pourquoi cette... Parce que l'image, l'écriture, tout de suite, on se dit...

  • Speaker #2

    Trop compliqué, trop de biais techniques pour moi. J'aime bien la spontanéité, l'instantanéité. Alors, pas non plus la nouvelle vague qui me saoule, mais... Je sais bien qu'il est préparatif, je sais bien. Et c'est ce qui est devenu d'ailleurs le cinéma aujourd'hui, c'est qu'on abordait un cinéma très technologique, basé beaucoup sur l'image et de moins en moins sur l'histoire. Donc, ça a commencé à me déplaire un peu. Et puis tout... Alors, j'ai fait des films compliqués, cela dit. J'ai fait un film historique en huit minutes, dans des tranchées. Donc, c'était tout un bordel à éclairer, décorateur, costume, explosion. Le mec a commencé simple. Ouais. Et bon, c'est simple, c'est de la boue en même temps. Et tout ça m'a paru fastidieux. Et même sur le tournage, j'avais envie de plus de spontanéité, d'y aller maintenant, comme on fait au théâtre ou quand on joue, on est, c'est bon, on y va maintenant, on s'en fout que t'aies pas mis tes chaussures, c'est là, c'est maintenant. Ou comme la vie, en fait. Et là, c'était un peu trop, je sais pas. Il y avait un truc, je me sentais pas légitime, en plus, je pense. C'était très, très bien ce que je faisais, mais je ne me sentais pas légitime. Et donc, en revanche, l'écriture est restée de ça. Donc, j'avais déjà cette patte-là. Et puis, à l'époque, je faisais des portraits. J'étais photographe portraitiste pour, ce qui est drôle, pour des maisons d'édition, pour des écrivains.

  • Speaker #0

    T'avais tout, t'étais tracé, en fait.

  • Speaker #2

    Et notamment pour les éditions d'Ile-Jacob, Robert Laffont et Albin Michel. Et à un moment donné, je photographie une femme pour son bouquin. Et elle me raconte l'histoire de son livre. Ah ! Je fais l'histoire magnifique. Et là, elle m'a dit, c'est ça mon premier film ? Et là, je lui pose la question, ça vous enleve mieux si je vous propose un projet de film ? La fille complètement me dit, si vous voulez. Enfin, ça tombait un peu des nues comme proposition. Et je m'y suis collé. Sauf que c'est une pièce qui est sortie et pas... et pas le film. C'est-à-dire que les 20 années passées en coulisses m'ont complètement formaté le cerveau et j'ai une écriture naturelle qui est théâtrale. Je vois que ça.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est venu à toi. C'est-à-dire que tu as dit, je commence à écrire un film.

  • Speaker #2

    Ah ouais, et puis vraiment, ma main, tout d'un coup, s'est emportée. Et j'ai écrit, j'ai écrit, j'ai écrit. Et à la fin, mais en très peu de temps, en 15 jours, boum, une pièce. Et j'étais vraiment comme un con devant le texte. C'est comme une poule qui regarde son oeuf. C'est une très jolie comparaison. Je vais être contente.

  • Speaker #0

    Je ne vais pas couper tout ce que vous dites.

  • Speaker #2

    Merci pour l'attention. Et à l'époque, je travaillais sur les répétitions d'une pièce à l'atelier, mise en scène par Didier Long. Et donc, je vais voir Didier et je lui dis « Est-ce que tu veux bien dire ça, s'il te plaît ? » Comme ça, un peu une patate chaude, quoi. Et je ne sais pas si c'était gentil ou pas, mais il me dit, elle est parfaite cette pièce.

  • Speaker #0

    Qui l'a écrite ?

  • Speaker #2

    Non, non, c'est moi qui l'ai écrite, mais elle est parfaite cette pièce. Et dans la même année, je ne sais pas ce qui... ça a ouvert des vannes et j'ai écrit quatre pièces derrière, dont Les poissons de Merpadape-Nez qui ont été jouées, Riviera qui avait été jouée, Moparnasse, des choses qui ont été jouées plus tard et après, je n'ai plus cessé d'écrire du théâtre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça t'a aidé aussi tous les contacts que tu avais du coup parce que tu baignais là-dedans ou pas tant ?

  • Speaker #2

    Pas tant que ça, parce qu'en France, on est au contraire. C'était même un gros problème, parce qu'en France, on n'arrive pas à accepter l'idée qu'on puisse être multicarte.

  • Speaker #1

    Tout est très compartimenté.

  • Speaker #0

    De plus en plus, quand même.

  • Speaker #2

    Dans une société anglo-saxonne, ça marche.

  • Speaker #0

    On est en France de plus en plus, quand même.

  • Speaker #1

    Oui, ça commence un peu, mais c'est quand même assez...

  • Speaker #2

    Je ne suis pas persuadé.

  • Speaker #1

    Assez compartimenté.

  • Speaker #2

    C'est un peu...

  • Speaker #0

    Moi, je pars du principe de ce qu'on se raconte. Moi, je fais mille trucs.

  • Speaker #2

    Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Et si je me raconte que, parce que moi j'ai habité longtemps en Angleterre, et du coup je suis revenue avec ce modèle-là, et je me suis pas mise de barrière, et en fait ça s'est toujours très bien passé. Et je pense que ça évolue aussi, les gens maintenant savent qu'aujourd'hui...

  • Speaker #2

    Je t'avouerai qu'au début, ça m'a vraiment... Quand on m'a dit une fois, ah c'est le photographe qui s'est mis à écrire... Ouais c'est ça. Et un jour il y avait même, je ne citerai pas son nom, parce qu'elle est décédée et je respecte les gens qui sont morts ou pas. et une grande directrice de théâtre donc vous savez tout le monde sait qui c'est et chez qui j'avais fait beaucoup de reportages de travaux sur les répétitions de ses pièces qui m'ont laissé de très bons souvenirs d'ailleurs parce que j'ai eu la chance de travailler avec des comédiens immenses chez elle et un jour on revient avec Riviera, la pièce que Myriam Boyer a jouée On revient chez elle pour faire une lecture. Et elle m'a... Je ne sais pas, j'ai fait... Allez, peut-être pas... Cinq, six pièges. Je suis donc resté quatre, cinq mois dans ces murs. Mais il y avait quelques années. Et j'arrive et elle dit... Je me présente à elle. Donc déjà, elle ne m'imprime pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu ne te reconnais pas ?

  • Speaker #2

    Elle est en train de faire un fou. Mais elle me dit, ça prouve que je suis un très bon photographe. Parce qu'on ne me voit pas. Et elle me dit... Vous n'avez pas un f-scrère ?

  • Speaker #0

    Oui, le photographe.

  • Speaker #2

    Et je lui ai dit, si, si, si, on a le même prénom. Ah bon ? Voilà, terminé. Voilà, donc, ce qui trouve bien, qu'il y a des trucs... Alors déjà, en plus, ce qui est pratique dans le théâtre, c'est que les gens ont une mémoire de poisson, ils ne se souviennent jamais de toi, donc ça, c'est bien. Mais ce n'était pas forcément évident. Après, même moi, j'ai toujours gardé... cette légitimité en tant qu'auteur auprès des gens qui m'ont connu en tant que photographe. C'est-à-dire de justifier que maintenant j'écris, alors qu'ils m'ont connu photographe. Même moi, j'ai ça. C'est fini là,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #2

    Non, pas vraiment. Enfin, maintenant, avec qui j'ai bossé, ils sont tous morts. Non, non, non, pas vraiment. Non, puis aujourd'hui, même les gens me présentent comme un illustre photographe d'une certaine époque. C'est bien, ça me donne un peu de... Ça me fout un peu sur un piédestal, genre musée. Très bien. Mais non, non. Après, ça dépend des gens, oui. Mais j'en parle plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ça de l'écriture de pièces à l'écriture de romans ? Ou est-ce que du coup, ça, c'est quelque chose comme tu restes auteur, c'est OK ? Ou alors d'un seul coup, quand tu fais du roman, il y a ce truc aussi, c'est l'écrivain de théâtre qui veut faire du roman ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Moins parce que d'abord, je suis moins confronté aux gens de théâtre. Dans l'écriture de romans, je ne m'adresse pas à eux. Là, c'est le public large. Donc, quand on en parle, c'est qu'on pose la question. Sinon, je n'ai pas à l'amener sur le tapis. Après, moi, j'ai un problème qui est lié à moi. C'est que j'ai un vrai problème de légitimité, ce qu'on appelle le syndrome d'imposteur. Bon, ces conneries-là que tout le monde a, plus ou moins. Et qui fait qu'effectivement, à chaque fois... On se remet en question, mais en même temps, c'est une bonne chose. Ça te permet un peu de remettre le compteur à zéro quand tu commences un roman, ou même quand tu commences une pièce, comme si c'était la première. Et c'est ça qui est un gage d'honnêteté, de travail, d'honnêteté. Et que ce que tu proposes aux gens, c'est entier. C'est pas, je vais te ressortir un truc que je sais faire. Mais non, après la photographie, c'est bon, c'est loin. Et puis ça va, j'ai plus l'âge d'avoir ce genre de considération. On ne l'a pas vu ce que je viens de faire.

  • Speaker #0

    Non, mais t'as valé le détour. Et quand t'as écrit tes romans, t'es parti d'une idée et ça s'est avéré être un roman comme pour la pièce de théâtre ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Alors là, c'est encore une espèce de vague supplémentaire qui vient faire son travail sans vraiment que je le décide. C'est une amie, Margot, qui est devenue mon éditrice d'ailleurs depuis, qui euh... qui a eu écho d'un projet de film que j'avais écrit, parce que j'ai eu quand même un projet de film, un long métrage, pendant très longtemps. Et elle m'a demandé à lire les développements. Elle connaissait mon travail de théâtre. Elle a demandé à lire les développements. Alors, j'avais des développements parce qu'en fait, comme c'est une histoire... C'est mon premier roman, en fait. Le Fleur de Sang. Que vous trouverez chez Pocket.

  • Speaker #0

    On mettra tous les liens.

  • Speaker #2

    Et en fait, c'est un roman dont le déclencheur, comme on dit de manière très moche, est tiré d'un fait réel, mais vraiment juste le déclencheur. Et après, c'est une fiction. Mais avant d'arriver à la fiction, j'avais écrit plusieurs développements qui se détachaient de plus en plus de la fiction pour arriver à une version complètement fictive, finalement. Et elle a lu tous ces documents-là et elle connaît mon travail d'auteur de théâtre. Elle me dit, mais tu as déjà pensé au roman ? Et je lui dis non. Parce que c'est vrai que, autant, c'est drôle parce que les dramaturges ou toutes les autres formes d'écriture, on met les romanciers sur des trucs inaccessibles, genre c'est la forme la plus majestueuse de l'écriture. Et inversement, maintenant je connais des romanciers, quand je leur dis que j'écris du théâtre, ils font « Oh ! Comment tu fais pour écrire du théâtre ? » C'est le Graal, quoi. Donc c'est drôle parce qu'on est con. Donc...

  • Speaker #1

    Je fais les deux. Je fais, oh là là, comment je fais pour écrire du théâtre ? Oh là là, comment je suis un romancier maintenant ? Comment je fais ? Voilà. Tu tout kiffes un peu ?

  • Speaker #2

    Carrément. Elle me connaît bien.

  • Speaker #0

    Je vais pas le dire.

  • Speaker #2

    Non, et donc, voilà. Donc, je lui dis, bah... Non, j'avais jamais pensé... Non. Alors, si. C'est pas vrai. Tu mens. Aïe. Je me... C'est pour la semaine projet ? Non, non, c'est pas vrai, parce que j'avais déjà écrit un roman qui n'a jamais été édité. Donc, j'avais quand même eu des velléités de roman à une époque. C'est pas vrai. Je pense qu'il y a toujours cette frustration. Il y a toujours ce truc où on se dit, j'aimerais bien écrire un roman. Peut-être que les romanciers ont essayé d'écrire du théâtre, je ne sais pas. Mais bref, elle me l'a proposé et je lui dis, écoute, je vais essayer de pondre un projet de roman. Et j'ai repris toutes mes notes que j'avais accumulées pour l'écriture du scénario. C'était dix ans plus tôt en plus, donc c'était très très loin. Et j'ai envoyé une proposition. Alors c'était quoi ? Une trentaine de pages. Et c'est passé en commission. Et puis là-bas, ils m'ont tous dit, on fonce. Trop bien. Oh merde ! Et donc j'ai signé mon premier roman en fait. Et c'est tombé quinze jours avant la pandémie, avant qu'on soit refermés. C'était donc idéal.

  • Speaker #0

    Tu n'avais rien d'autre à faire.

  • Speaker #2

    Rien d'autre à faire. Et donc, je me suis retrouvé moi tout seul avec mes Ausha et un roman à écrire. Ils ont mangé les Ausha. J'étais mauvais. Et donc, voilà. Donc, j'ai écrit pendant la panne. Et donc, le roman est venu parce qu'on m'a fait une proposition. Et puis, moi, je suis un peu du genre à y aller sans parachute. En général, c'est que je sens qu'il y a un truc potentiel. Je ne fais pas n'importe quoi non plus. Mais je trouve que ça fait partie du... jeu, de nos vies, c'est de faire confiance à soi. On te fait confiance, donc si on te fait confiance, c'est qu'a priori, il y a quelque chose. J'en avais écrit des trucs, donc je me suis dit, vas-y, tu verras bien. Et en fait, j'ai pris un pied dingue. J'ai pris un super pied à écrire ce roman. Et puis les retours ont été à la hauteur du pied que j'ai pris. Et puis voilà, puis après, suite au premier roman, j'ai écrit le deuxième, qui est la suite du premier. Et puis depuis, je m'éclate.

  • Speaker #0

    C'est quoi le deuxième titre, du coup, pour le...

  • Speaker #2

    Monsieur de Paris, qui est vraiment le deuxième tome après Fleur de Sang, qui peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, quand même, parce qu'il est malin, pépère. Mais, comme je dis en signature, c'est quand même bien de faire le premier. C'est quoi, les deux ? Et là, je suis en train de travailler sur le troisième. La suite ?

  • Speaker #1

    Enfin, ouais, sur le... Troisième tome. Quatrième roman, mais sur le troisième tome.

  • Speaker #2

    Qui s'appellera Le Seigneur du Pays d'en-haut. C'est beau, hein ? Ouais. Je suis très bon pour les titres. Je sais pas s'il reste Philippe, mais les titres, c'est pas très bon.

  • Speaker #1

    Quand il y a une phrase, je suis bon.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. Mais alors, après...

  • Speaker #0

    Et là, on va dire la même chose. Bah oui. et là donc t'as sorti ton roman il y a

  • Speaker #2

    Un mois et demi, le 25 septembre. J'ai un qui s'appelle La Lettre Bleue, qui est sorti chez Fayard. Qui a un peu une respiration... Enfin, je pense que ça le devient finalement parce que, comme je rencontre pas mal de gens pour les signatures en ce moment, je réalise que dans mon discours, il est ma respiration par rapport aux deux précédents qui se passent dans l'univers. On est sous du 14, c'est très sombre. C'est quand même dans l'univers des bourreaux, donc je te coupe des têtes, je t'écartèle. Mon quotidien.

  • Speaker #0

    Comment ça t'est venu d'écrire quelque chose aussi ?

  • Speaker #2

    Mais parce que j'avais trouvé, j'ai beaucoup de choses qui ont attiré à l'histoire. Et un jour, dans Historia, je lis quelque chose sur cette fameuse famille de bourreaux qui s'appelait les Samson. Que le premier Samson, en 1688, j'ai fait un peu moins l'un de co, vous ne connaissez pas l'un de co, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #1

    Tu peux faire ton Stéphane Berne, lui on le connaît.

  • Speaker #2

    Stéphane. Donc, en 1688, on apprend qu'un jeune type qui était lieutenant à Dieppe tombe amoureux d'une femme éperdument. Il est dingue d'elle. Et elle se cache un peu dans la vie. Elle le voit. Il lui fait des avances. Elle lui échappe, machin, etc. Il apprend qu'elle s'appelle Marguerite. Ça, je l'ai gardé. Et puis, ils ont une liaison d'amant. Mais elle ne lui dit jamais son nom de famille. Et à chaque fois, il ne peut pas la raccompagner chez elle, elle s'échappe. Enfin, vraiment, femme idéale, quoi. Je te dérange. Attention,

  • Speaker #1

    c'est bien parce que le dernier roman, c'est sur le patriarcat. Vous n'en faites pas. Vous pouvez continuer de nous écouter.

  • Speaker #2

    Et donc, la bonne raison pour laquelle vraiment André n'en peut plus, il l'aime, il est fou d'amour, il veut l'épouser. Tout ce qu'il ne faut pas faire. Donc, il... J'y vais. Ne t'inquiète pas,

  • Speaker #0

    moi, c'était la semaine dernière. Chacun son tour.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, il apprend que par l'entremise d'un cousin qui est jaloux parce qu'il l'aime aussi, il va donc l'amener un jour sur la place publique où il y a une exécution. Il va voir donc l'échafaud monter, le bourreau. Et au pied de l'échafaud, il y a une jeune fille, c'est elle. Et pourquoi ? Parce que c'est la fille du bourreau. Et une fille de bourreau, en fait, elle ne donne pas son nom de famille parce que sinon, aucun homme ne voudrait d'elle parce qu'on ne fréquente pas une fille de bourreau, ça ne se fait pas. Et encore moins, on l'épouse.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient pas le droit en plus à l'époque d'épouser les...

  • Speaker #2

    Alors, des filles de bourreau ne pouvaient épouser que des bourreaux.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils se mariaient entre eux.

  • Speaker #2

    Pour des questions de charge et d'alliance. Et donc, cette jeune fille lui explique que ce n'est pas possible, c'est la fille du bourreau et lui dit, rien à foutre, je vais devenir bourreau.

  • Speaker #1

    Remarque, c'est beau.

  • Speaker #2

    C'est l'histoire d'un homme qui va devenir bourreau par amour.

  • Speaker #0

    À l'époque, ils faisaient des efforts, les mecs, quand même. Non,

  • Speaker #1

    mais maintenant, ils sont bourreaux gratos, même sans...

  • Speaker #2

    C'est ça. Maintenant, rien à foutre, on est bourreaux. Et donc, voilà. On va en faire un de ce soir. Et donc, moi, j'ai pris cette action de départ. Et après, j'en ai fait autre chose. Mais c'est le truc de départ. C'est un homme qui devient bourreau par amour. C'est le pit du bouquin.

  • Speaker #0

    Trop envie de savoir la suite. Donc tout le monde va aller acheter ce petit bouquin. Parce qu'on en a en poche.

  • Speaker #2

    Chez Pocket, tout à fait.

  • Speaker #0

    Fleur de sang.

  • Speaker #2

    Et puis après, le deuxième tome s'appelle Monsieur de Paris. Sans spoiler le truc, Marguerite devient l'héroïne de Fleur de sang. Parce que je nique tous les mecs dans le bouquin. Ça décapite, ça meurt. C'est génial.

  • Speaker #0

    Un vrai truc de garçon ça par contre pour le coup. Même si tu prends des héroïnes, tu as mis beaucoup de...

  • Speaker #2

    Pas forcément, non non non, c'est pas un truc de garçon du tout, c'est que je suis... Je crois pas, parce que dans le dernier il n'y a pas ça. Non non, je pense que c'est par...

  • Speaker #0

    J'aime bien l'idée de m'auto-surprendre quand j'écris, parce que je m'emmerde très vite quand j'écris. Donc si je me fais chier, pardon, mais c'est que le lecteur va se faire chier, a priori, trois fois plus.

  • Speaker #1

    Donc tu te trouves bien.

  • Speaker #0

    Voilà. Ce que je fais, c'est que je m'auto-surprends. Donc j'ai toujours ce souci d'avoir cette idée qui va me dire, c'est génial, et hop, j'y vais. tac, tac, tac, tac, et puis ça marche ou ça marche pas, parce que parfois on jette. Mais... J'y vais, j'y vais, j'y vais, parce que c'est haletant et que si je suis surpris, ça veut dire que... Mais après, comme j'ai une structure dans l'écriture, j'ai une structure extrêmement précise avant de commencer à écrire, je peux me permettre de partir dans tous les sens, que je sais, je reviens à ma structure, donc je n'hésite pas de me perdre. Ça, c'est le grand danger. Le roman historique demande d'être axé exigeant par rapport à toutes les notions d'histoire qu'il faut amener sans être... être trop rébarbatif, mais il faut être très précis, respecter l'histoire, avec un grand H. Celle-là, en tout cas, il faut la respecter. En gros, le principe, c'est ça aurait pu se passer. C'est ma phrase, en fait. Ça aurait pu se passer. Si ça aurait pu se passer, c'est que c'est bon. Après, que ce soit pas passé, on s'en fout, c'est une fiction historique.

  • Speaker #1

    Et t'es passionné d'histoire à la base pour écrire ?

  • Speaker #0

    Oui, j'adore l'histoire. Aujourd'hui, je me dis souvent, si j'avais 18 ans aujourd'hui, je ferais un doctorat d'histoire, ça c'est Je trouve ça dommage de ne pas avoir eu cette présence. cette conscience de ça, je le regrette beaucoup. Tu ne le fais pas ? Je le fais dans l'écriture.

  • Speaker #1

    Si tu veux un doctorat d'histoire,

  • Speaker #0

    tu peux le faire. Non, mais l'histoire, je m'en souviens. En tant qu'étudiant, je veux dire. Ce qui est marrant,

  • Speaker #2

    c'est que tu refuses le passé. Tu dis, une fois que le passé est passé, mais à la fois, tu dis, si jamais tu es 18 ans, je ferai un doctorat d'histoire avec un roche, ce qui est genre le grand passé.

  • Speaker #1

    Mais non, ça n'a pas d'accord. C'est pas le mien.

  • Speaker #0

    T'as fait un CAP de psychologie cette nuit toi ? Au comptoir,

  • Speaker #2

    option de comptoir.

  • Speaker #1

    Mais tu voulais dire un truc par rapport à ça, t'as dit ah ah ah.

  • Speaker #0

    Je dirais que je vis, j'ai la chance, enfin la chance c'est du boulot, mais c'est un choix, moi la chance j'y crois pas trop, c'est plutôt des choix qu'on fait dans la vie, la chance on se la crée beaucoup, de pouvoir étudier, m'enrichir. Avoir une culture générale dans certains domaines de ouf. Parfois, je me trouve en train de parler à des gens sur des trucs. Je ne sais plus ce que je raconte. Personne ne me comprend. En plus, c'est des niches, mes sujets. C'est vraiment des niches. Les bourreaux, par exemple. C'est une niche. J'ai tout étudié sur les bourreaux. Je pourrais devenir bourreau. Si jamais ils remettent la peine de mort, je suis là. Oh, ça va !

  • Speaker #1

    Je pense que tu serais pas capable.

  • Speaker #0

    De ? Couper des têtes ? Il y en a quelques-uns. Et puis voilà, et puis si en plus, là ce que je faisais cet après-midi avant de venir, c'est que je me mets quelque part et je ouvre mes bouquins et j'étudie, je prends des notes et je suis dans une espèce de monde, certes qui est lié au passé, mais qui en même temps est source d'une histoire à venir. Donc c'est utiliser le passé pour en faire quelque chose, certes qui va parler d'une histoire qui se passe dans le passé, mais qui reste une fiction. Pour moi, la fiction, c'est un produit d'avenir puisque c'est fait pour être produit sous forme d'un bouquin qui va venir ou un film, peu importe. Tout ça, ce n'est pas forcément un axe temporel qui est très défini. Tu es dans le présent, tu es un peu dans le passé, mais c'est aussi pour un projet à l'avenir. Il y a tout ça que tu mélanges et qui est assez jouissif, finalement.

  • Speaker #1

    Tu lis, entre guillemets, l'utile et l'agréable. Dans ton arène, qui est des choses qui sont passionnantes, tu vas pouvoir créer des histoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est chouette de faire ça. Et je suis content d'avoir finalement décidé d'attaquer, parce que le quatrième bouquin, ça ne devait pas être ça. Et c'est en fait, en écoutant les gens pendant les signatures, ces deux derniers mois, qui venaient en pensant que la lettre bleue, c'était le troisième tome de l'histoire. Et je leur disais, ah bah non, c'est... Ah bon, tant pis, on va le prendre quand même. Non, non, je n'exagère. Les chansons, je pense que...

  • Speaker #1

    En même temps, ils devaient être déchus, parce que s'ils attendaient une troisième tome, forcément, c'est comme une série, on a envie d'avoir l'autre.

  • Speaker #0

    Et du coup, comme moi, j'avais quand même en tête, un jour peut-être, de faire une suite. En fait, ça m'a vraiment... Ça m'a redonné envie de me replonger. La lettre bleue m'a vraiment servi de respiration. C'est ça que je disais tout à l'heure. C'est que ça m'a permis un petit peu de sortir de ça. En revanche,

  • Speaker #2

    c'est quand même historique. Tu as dû te renseigner et tout. Parce que c'est 1916.

  • Speaker #0

    Oui, c'est 1916, mais ce n'est pas un roman historique. Je ne sais pas comment le qualifier. c'est de la littérature au sens plus général du terme, c'est littéraire, sauf que ça se passe à un moment donné. Basta cosi, il n'y a pas de... Je ne passe pas trois plombes à décrire une boîte aux lettres, ce que je peux faire dans d'autres mots. Ça donne vache, j'ai envie de les lire.

  • Speaker #1

    Et le pitch du coup du dernier ?

  • Speaker #0

    Alors, La lettre bleue, c'est l'histoire d'une jeune femme, donc en 1916, on est vraiment en plein dans la première guerre mondiale, elle vit dans un petit village en Bourgogne, évidemment. J'ai planté ça dans le village de mes parents parce que j'aime bien utiliser des décors qui sont...

  • Speaker #1

    Ça s'appelle comment le village ?

  • Speaker #0

    On l'est, O-N-L-A-Y. Personne ne connaît. En plus, même dans le Morvan, c'est dans le trou du cul du Morvan en plus. C'est-à-dire que le Morvan, déjà, personne ne sait le situer sur une carte. Mais alors là, même quand tu connais le Morvan, tu ne sais même pas le situer sur une carte non plus. Donc c'est bien, on est peinard. mais c'est beau en même temps c'est pas abîmé Et donc c'est l'histoire de cette jeune femme qui est veuve de guerre Son mari est décédé En deux ans plus tôt, le premier jour de la guerre Et donc elle a la vie très contraignante D'une veuve de l'époque, elle habille en noir Elle a la vie très astreinte Des champs Elle doit s'occuper de ses propres champs Elle a chez elle son beau-père Qui en plus n'est pas bien, pas en bonne santé Dont elle s'occupe Et elle a un boulot, parce que les veuves à l'époque On leur allouait un travail pour avoir une euh... Un complémentaire à la pension de veuve, c'était soit travailler au PTT, soit dans les usines d'allumettes. Ne me demandez pas pourquoi les allumettes, je ne sais pas. Mais apparemment, les usines d'allumettes donnaient du travail aux veuves de guerre. Et donc, cette fille répond à tous les critères de la femme parfaite qui montre par son état de viduité, on dit, pour les veuves. Elle montre, elle montre, elle relate la présence de celui qui n'est plus là. Et donc, elle rappelle l'effort que fait la nation pour sauver ses oies, etc. Et donc, sauf qu'un jour, elle entend parler d'un bal clandestin un soir. Or, à l'époque, les bals étaient interdits. C'est le pitch le plus long de la terre, je suis en train de vous...

  • Speaker #1

    Non, mais on adore. Raconte pas tout le livre quand même.

  • Speaker #0

    Non, non, je sais m'arrêter au bon moment. Voilà.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    elle... Et donc, elle entend parler d'un mal clandestin et tout d'un coup, il y a cette envie d'aller danser qui lui prend, non pas pour aller être la veuve joyeuse, comme on appelait ça à l'époque, mais juste pour être une femme le temps d'une danse, mettre une robe à fleurs et peut-être retrouver un peu celui qui n'est plus à travers le corps d'un autre, mais dans le cadre d'une java ou une polka, mais pas plus. Bien évidemment, ses copines au village lui disent « Mais t'es folle, faut pas y aller, tu peux pas, machin. » Et elle, elle y va quand même. Et elle se trouve aussi à une confrontation avec son beau-père, qui lui aussi, on pense que c'est parce que il estime que c'est trahir la mémoire de celui qui n'est plus là. Elle y va. Et bien évidemment, dès le lendemain matin, ça va se savoir dans le village. Et là, il y a tout le village qui va se retourner contre elle. Le politique, le religieux, même ses copines. Et le bouquin, ça va être sans combat. pour s'affirmer comme la femme qu'elle est toujours à une vingtaine d'années et non pas simplement comme la veuve qu'on veut qu'elle soit. Et c'est ce combat-là qu'elle va mener pour continuer de vivre et ne plus vivre dans l'ombre de quelqu'un qui n'est plus là. Comme je dis dans le roman, j'aime bien m'autociter parce que c'est tellement bien écrit. Quand le soldat meurt, c'est sa femme qui meurt un peu. On est un peu obligé de mourir avec celui qui est parti parce que c'est comme ça, tu es supposé représenter celui qui n'est plus là. Et il y avait aussi une autre mission qui était que sur le front, en général, les veuves étaient marraines de guerre, comme d'autres femmes, mais souvent, on les collait à la marraine de guerre. Et c'est par ce comportement très catho, très comme il faut, très moral, que le soldat se sentait motivé pour aller au combat. Pour peu qu'il apprenait que les femmes s'envoyaient en l'air derrière, on ne respecte... Voilà, le mec, il n'avait plus aucune raison d'y aller. Et du coup, ça cassait l'entrain du soldat. Donc, il y avait cette responsabilité. de mémoire et en plus quasiment de guerre. Donc c'était hyper lourd pour les femmes. Et elle, elle a juste voulu danser. Et elle se retrouve confrontée à cette société patriarcale et religieuse qui va tout d'un coup lui imposer des choses dont je ne vais pas parler. Parce que sinon...

  • Speaker #2

    On dévoile le livre.

  • Speaker #0

    Sinon ça s'appelle un audio-livre. Et donc ça va être un combat qu'elle va mener. Et si je dis quand même un combat qui finit bien, je ne dis pas comment, parce que je tiens quand même à être très optimiste. J'avais envie d'être optimiste.

  • Speaker #2

    Ça fait du bien, surtout de nos jours.

  • Speaker #0

    Oui, parce que j'ai quand même une vision pas forcément optimiste de la société, comment la voir, mais j'ai quand même une vision un peu factuelle et fataliste de la société. Et puis même quand j'ai lu des témoignages, quand j'ai lu un peu sur les veuves de guerre de l'époque, franchement, il n'y avait pas de quoi être optimiste au moment où elles vivaient ça. En 1916, il n'y avait vraiment pas de quoi être optimiste, c'était juste l'horreur. Mais moi, j'avais envie que cette femme, elle mène son combat jusqu'au bout et que justement, elle arrive à aller au-delà de cette fonction qu'on lui imposait et de ramener tous ces gens-là, les politiques, les religieux, les bécaces, les grandes gueules, les ramener à leur médiocrité.

  • Speaker #1

    Et tu sais pourquoi tu as eu cette idée-là ? Une grand-mère t'a pu t'inspirer ? Non,

  • Speaker #0

    j'ai pas de petits trucs. Très honnêtement, c'est une question à laquelle j'ai du mal à répondre. Initialement, cette pièce, cette histoire est une pièce de théâtre que j'ai écrite en 2003, qui avait été jouée au Festival de Grignan, et qui avait été vachement bien reçue, mais qui n'a pas eu de suite. Et c'est une chose que j'ai toujours regrettée. Pourquoi je l'ai écrite à l'époque ? Ça remonte à tellement loin, je ne sais plus trop. Il y a beaucoup de choses. Je pense qu'il y a le fait que la Première Guerre mondiale est un conflit qui m'a toujours... Quand je dis passionné, je n'aime pas dire ça. Ce n'est pas la guerre en soi qui me passionne. C'est comment les gens l'ont vécu. C'est une période qui me passionne. Les années 10, 20, 30, 40 me passionnent. J'adore cette société de l'époque. Quand je dis j'adore, c'était une société qui était quand même un petit peu belliqueuse, on va dire. Mais d'un point de vue privé, c'est une société à laquelle je me... de laquelle je me sens proche. Et puis, il y a ça, il y a le côté campagne, dont je suis très proche, plutôt quelqu'un de la campagne. Et après, je pense que j'ai été toujours, après, je pense que j'ai été toujours, sans vraiment le savoir, proche de rôle, enfin, décrit pour les femmes. Dans toutes les pièces, il y a toujours... enfin quasiment toujours un rôle de femme prédominant. Donc que ce soit un rôle féminin, ça me paraissait une évidence. Et j'ai toujours été plus proche, j'ai eu toujours plus de facilité à parler du combat de femmes que du combat des hommes. Pourquoi ? Je n'en sais pas trop. Je ne sais pas trop comment. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que, de par la position qu'a la femme depuis la nuit des temps dans la société, L'homme a fait en sorte que... L'homme, au sens sexuel du terme, a fait en sorte qu'elle soit en dessous, à son service, procréatrice. Et l'homme au boulot, il me fait la guerre, etc. C'est un peu le rapport primaire qu'on peut avoir. Et je me dis que finalement, le combat qu'elle mène et que vous menez encore aujourd'hui est forcément... plus difficile que le nôtre, parce que nous, c'est comme si la pente, on avait creusé la montagne, mais on était resté en haut de la montagne et puis il fallait que vous gravissiez la montagne pour arriver à notre niveau, quoi. Quand je dis notre niveau, on se comprend, hein. Social. Pas... Je me dis peut-être que effectivement, le combat des femmes est donc plus difficile, donc plus riche, donc dramatiquement plus fort, et puis peut-être parce que j'ai... pas une très haute opinion de l'homme en général. Là aussi, je parle au sens sexuel du terme. Que je trouve pas forcément hyper intéressant. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu nous laisses sans voix.

  • Speaker #2

    Et quand tu écris, du coup, pour des femmes, est-ce que tu t'inspires de femmes qui t'entourent ? Est-ce que tu t'inspires d'héroïnes de films ? Est-ce qu'il y a des figures comme ça qui vont te... te nourrir sur le côté féminin de la chose ?

  • Speaker #0

    Je ne leur mets pas de nom, je ne vais pas avoir d'image particulière en tête, je pense que c'est une somme d'expériences, de femmes que j'ai connues, ça va être la mère, la grand-mère, la mère des uns des autres, toutes les femmes que j'ai pu croiser, avec lesquelles j'ai pu échanger d'une manière ou d'une autre, m'ont nourri. C'est un peu aussi bête que ça, c'est très animal comme truc, c'est pour ça que je suis... Je ne suis pas quelqu'un qui intellectualise vraiment son écriture. Les idées me montrent, c'est comme des envies. Et puis à un moment donné, il y a un trop-plein. Et ça veut dire qu'il faut que je ressorte ce trop-plein. Et ça se passe sous forme d'écriture. Et il y a des... J'écoute. Je suis plus une éponge qu'autre chose. J'écoute, je prends. Et il peut s'avérer que j'en fais quelque chose à un moment donné. Mais c'est vrai que je suis beaucoup plus sensible aux personnages féminins. Même... Je ne sais pas, il y a un truc au niveau de l'émotionnel, au niveau du combat, que je trouve... Mais je n'aime pas trop dire combat, parce qu'on n'est pas en guerre non plus, mais quand même, il y a...

  • Speaker #2

    Ce n'est pas un combat, mais c'est le fait de toujours devoir se battre.

  • Speaker #0

    Oui, pour s'affirmer, pour vivre. Et puis pour exister au même niveau, oui. Je pense que le souci d'existence est beaucoup plus ardu pour les femmes qu'une société qui reste quand même encore une société, encore d'hommes. malgré les efforts. C'est ce que je dis quand je défends le bouquin. En ce moment, auprès de lecteurs, si peut-être il y a 20 ans, la pièce n'a pas eu de suite, c'est qu'à l'époque, le combat des femmes aujourd'hui n'avait pas encore le même aura. Il existait, le féminisme, ça ne se passe pas d'il y a 20 ans. médiatiquement parlant, ça a vraiment commencé à monter il y a à peu près 20 ans, 15 ans. Ça a commencé à monter et puis maintenant... Et peut-être que justement, pourquoi cette histoire m'est revenue quand Fahia m'a demandé quel projet je leur proposais. La lettre bleue est montée toute seule. Donc si elle est montée toute seule, c'est qu'elle a des résonances qui sont actuelles. C'est pas un hasard, c'est pas parce que j'avais ça sous le pied. C'est parce qu'il y a une résonance.

  • Speaker #1

    C'était le moment, quoi.

  • Speaker #0

    C'était le moment qu'elle ressort. Et effectivement, ils ont lu le truc et ils m'ont dit, mais il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller, quoi. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et la lettre bleue, tu penses que... Je pense que les gens ne savent pas pourquoi le titre, mais est-ce que tu peux l'expliquer ? Parce que c'est assez...

  • Speaker #0

    La lettre bleue, c'était la couleur du courrier qu'on recevait quand on apprenait la mort de quelqu'un sur le front.

  • Speaker #2

    Donc, tu n'avais même pas besoin de lire la lettre, quoi. Tu arrivais avec sa lettre bleue et tu savais que c'était...

  • Speaker #0

    A priori, quand tu voyais déjà le gendarme arriver près de ta maison... Le facteur, mais si ça pouvait être un gendarme, tu serrais les fesses, si je puis dire. C'était vraiment... Il y a un très joli court-métrage avec Myriam Boyer. Je ne sais plus comment il s'appelle. On voit un facteur qui arpente la rue principale d'un village. Il y a toutes les femmes à la fenêtre qui ne respirent plus. Et quand ils passent, et qu'ils ne s'arrêtent pas, elles respirent.

  • Speaker #1

    D'imaginer la transition. Avant, maintenant, on n'a pas un texto pendant deux heures, on est hyper affolés. Alors qu'avant, il fallait attendre, il partait à la guerre, pas de nouvelles. Et on attendait que le facteur nous amène.

  • Speaker #0

    Et souvent, ce qui est arrivé fréquemment, ce qui est le cas dans le roman, c'est que tu apprenais la mort du type six mois après qu'il soit mort.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Il fallait déjà que le corps soit reconnu. Parce qu'en général, quand il est mort, il n'était pas forcément entier. Et puis,

  • Speaker #1

    des fois, il ne le savait pas, il ne revenait pas de la guerre. Il n'y avait pas de nouvelles. Il y avait des déductions.

  • Speaker #0

    Ce qui est aussi un autre sous-sujet dans le sujet, c'est la difficulté de faire le deuil quand tu n'as pas le corps.

  • Speaker #2

    Ah ben oui, ça c'est un vrai...

  • Speaker #0

    Parce que les corps n'ont été rapatriés qu'à partir de 19, jusqu'à, je ne sais plus quand, mais en 21, 22, les gens n'avaient toujours pas retrouvé le corps entre ceux qui étaient dans des ossuaires, qu'on appelle les ossuaires aujourd'hui, où finalement on ne sait pas qui c'est, donc tout le monde va être là. Et puis on va estimer qu'il est là parce qu'il était supposé être dans ce coin. Et puis ceux qui mettent des plombes à revenir, qu'il faut déterrer parce qu'ils ont été enterrés entre temps. Ça devait être un truc...

  • Speaker #1

    Et puis l'espoir, toujours,

  • Speaker #0

    que peut-être ils se sont trompés.

  • Speaker #1

    L'espoir que ça ressonne.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc c'est tout ce truc-là dont je parle. Mais voilà. Je crois que c'est un livre qui est... C'est pas du tout le coup de masse, je crois que c'est un joli roman sur... Il y a Éric Foisier qui est un ami écrivain qui est très très connu. C'est lui qui écrit le Bureau des efforts occultes, je pense que vous avez entendu parler. C'est quelqu'un qui a gentiment lu le bouquin et avant qu'il sorte, pour me faire un... dans l'espoir qu'il me fasse un petit mot pour la quatrième de couvre, et qui a dit que c'était le grand roman de la perte.

  • Speaker #2

    Ah c'est beau !

  • Speaker #0

    Et... ouais, ouais. Surtout que moi, je ne mets pas dans la perte quelque chose de... C'est dramatique, mais c'est humain la perte aussi. C'est humain de perdre. Donc, il n'y a rien de grave au sens où la vie continue quand même. Mais la perte, il faut que ça s'accepte. Et pour l'accepter, il faut... Il y a ce fameux deuil. Après, le deuil, c'est une notion très subjective. Moi, je pense que le deuil, on ne le fait jamais. On vit avec. Mais voilà, j'aime bien cette définition-là.

  • Speaker #2

    En tout cas, ça s'appelle la lettre bleue aux éditions Fayard. On arrive presque à la fin de l'émission. C'est quoi les projets futurs là ?

  • Speaker #0

    La suite des deux premiers pour lesquels je suis en études en ce moment. J'espère être prêt dans un an. J'espère qu'il sortira dans un an. Mais avant ça, il y a tout un travail d'études, de mise au point de l'histoire. et puis après l'écrire, et puis après toutes les différentes étapes qui sont très longues en édition. Et ensuite, ça va être revenir au théâtre, avec l'épiphone du Japon, qui avait été jouée à Avignon, qui revient à l'Ascala, à Paris, fin janvier.

  • Speaker #2

    On vous dira, d'ailleurs, on mettra quand ça sort,

  • Speaker #1

    Liliane. Avec une super comédienne à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Une super comédienne qui s'appelle Marion Chrisman. Petite case dédie.

  • Speaker #0

    Et Gaël Cotta, quand même, ne pas l'oublier.

  • Speaker #2

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Et mise en scène par Fabio Mara.

  • Speaker #2

    Mais évidemment.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #2

    Et Marie-Emmanuelle Robert-Espagneux. Oui,

  • Speaker #0

    évidemment. Et Avignon. Et Avignon qui se profile avec... Plusieurs projets, dont une pièce que j'ai écrite il y a longtemps, que j'ai produite avec ma compagnie, la belle équipe, qui s'appelle « Les poissons ne meurent pas d'apnée » , qui sera au Bélier. Et puis, une autre pièce, et trois autres pièces normalement. Voilà, ça va être une belle année pour Avignon.

  • Speaker #2

    C'est « El Patroné d'Avignon » , Emmanuel.

  • Speaker #1

    Si vous voulez aller à Avignon, vous allez voir Emmanuel à tous les quandres. Tous les créneaux.

  • Speaker #2

    Vous pouvez faire la blague quand vous traînez dans les rues. Vous pouvez dire, tu vas voir quoi ? Une pièce d'Emmanuel. Tout le monde va dire, ah oui, bah oui.

  • Speaker #0

    Mais laquelle ?

  • Speaker #2

    Ça,

  • Speaker #1

    toutes. Ça serait bien, ça serait Avignon. Ça voudrait dire qu'on sera au mois de juillet et qu'il fera chaud.

  • Speaker #2

    Ouais, ça serait bien. Non, il ne fait jamais trop chaud.

  • Speaker #1

    Avignon, il fait trop chaud.

  • Speaker #2

    Non, moi, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Moi, je suis du sud.

  • Speaker #1

    Je ne veux pas faire voir trop chaud que trop froid. Il fait tout, par contre, il ne fait pas très chaud. Mais on arrive à la fin. Est-ce que tu as un petit mot pour la fin que tu veux partager avec nous ? Ou tu nous as déjà tout dit ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais partager ? Un petit truc, un petit tip. Merci déjà de m'avoir fait travailler pendant une heure sur ma... Non, non, sur ma...

  • Speaker #1

    Rétrospectif.

  • Speaker #0

    Sur ma haine de la tente. Parce que finalement, je ne supporte pas d'être dans une tente. Et là, ça fait une heure que je suis dans une tente. Et je trouve que je me suis vachement bien tenu.

  • Speaker #2

    Et ça va ? Et t'es heureux ou t'es mal ?

  • Speaker #0

    Non, ça va. Ça fait un petit peu... On est entre le Touareg et Madame Irma. Il y a un truc un peu...

  • Speaker #1

    Oui, mais après, on fait le tirage de cartes.

  • Speaker #0

    C'est ça. Non, non, c'est très agréable et en très bonne compagnie.

  • Speaker #2

    Ah ben, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Non, non, c'est très agréable et puis c'est toujours... Et puis, ça a un biais un petit peu particulier d'aborder le thème de l'écriture en parlant de plein de choses. Donc, j'ai passé un très joli moment.

  • Speaker #2

    Ah ben, nous aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci,

  • Speaker #0

    Emmanuel. Merci à vous.

  • Speaker #2

    Et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel homme.

  • Speaker #1

    À la semaine prochaine. Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Share

Embed

You may also like

Description

Et si la photographie pouvait nous apprendre à écouter ? Si le théâtre se transmettait par l’oreille avant de s’écrire ? Dans cet épisode du podcast Flammes des Années 80, nous rencontrons Emmanuel Robert-Espalieu, auteur de théâtre, romancier et ancien photographe de scène, qui partage avec émotion son parcours d’artiste multicarte.

Ecrivain de trois romans dont "La lettre Bleue" qui vient de sortir aux éditions Fayard et "Fleur de sang" et " Monsieur de ¨Paris", romans historiques qui viennent de sortir en format poche!

Passionné par les émotions, la mémoire du théâtre, les femmes et les combats intérieurs, il nous raconte comment ses années dans les coulisses des plus grandes scènes françaises l’ont formé, sans le savoir, à devenir dramaturge. Entre révélation de soi et chemin artistique, Emmanuel évoque son basculement vers l’écriture, ses débuts fulgurants dans le théâtre, puis dans le roman historique.

Il parle aussi de ses personnages féminins puissants, du féminin dans l’écriture, et de sa sensibilité particulière à la résilience des femmes à travers l’histoire. À travers ses mots, on explore des thèmes profonds : la légitimité, la création intuitive, la transmission, mais aussi la sororité invisible que peuvent créer les récits bien écrits.

Avec humour et sincérité, Emmanuel revient sur son dernier roman La Lettre bleue, une fiction historique centrée sur une veuve de guerre qui ose défier la société patriarcale de 1916 pour retrouver sa joie de vivre – et donc, son épanouissement personnel. Un récit fort, actuel, qui touche en plein cœur.

Un épisode inspirant pour toutes celles qui cherchent à oser être soi, à écouter leur propre voix, et à faire de leur histoire une force.

💬 Un échange sensible, drôle et profond sur le théâtre, la littérature, la place des femmes dans l’écriture, et ce feu intérieur qu’on rallume, une page après l’autre.


📲 Rejoignez-nous sur Instagram @flammesdesannees80 pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des nouveaux épisodes dédiés au développement personnel féminin.

📰 Inscrivez-vous à notre Newsletter juste ici pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et toutes les actualités du podcast pour femmes.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, YouTube, et toutes vos plateformes préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Prête à embraser ta vie intérieure avec nous ? Abonne-toi !

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme : introspection, émotions, résilience, maternité consciente, amour, sexualité féminine, parcours inspirants de femmes audacieuses.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80,

  • Speaker #1

    le podcast qui allume la femme. Bonjour, alors on est toujours en décembre et on reçoit encore des hommes sous cette tente. Et ce soir, on a la chance de recevoir Emmanuel Robert Espaglieu. Est-ce que tu veux te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonsoir. Bonsoir. Emmanuel Robert Espaglieu, je suis écrivain, théâtre et roman. puis metteur en scène et directeur de compagnie, aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et tu as eu une ancienne carrière ?

  • Speaker #2

    De photographe. Pendant plus de 20 ans, j'étais photographe de répétition de pièces de théâtre, uniquement. Et portraitiste aussi, quand même un peu, de comédien et d'écrivain.

  • Speaker #0

    Et comment tu as décidé de changer, enfin pas de changer, mais d'écrire en fait ?

  • Speaker #2

    J'ai pas décidé du tout. J'ai agrémenté mes images de texte à une époque. J'étais absolument pas littéraire, je n'ai pas de formation littéraire. Et l'écriture est venue comme un support d'images. Et puis un jour, un ami qui faisait des spectacles pour enfants m'a demandé de venir faire des photos de son spectacle à Avignon, c'était en 92. Et j'y suis allé, j'ai découvert le Festival d'Avignon, j'ai fait des photos de son spectacle et d'autres spectacles qui étaient dans la même salle toute la journée. Et puis un travail sur le spectacle de rue. Et puis je suis reparti avec tout ça, en ne sachant pas trop bien ce que j'avais vécu. Et entre temps, j'étais encore en fac et je rentrais en DESS, un DESS de gestion des affaires culturelles qui était sous la direction de Robert Abirached à l'époque, qui ne vous dira rien, c'est trop jeune. C'était l'ancien directeur du Festival d'Avignon et directeur de théâtre au ministère de la Culture. Et je lui ai montré mes photos en lui disant, voilà ce que j'ai fait, que vous en pensez. Il m'a dit, est-ce que vous voulez que je vous les montre à Ferreux d'Arcier, qui était à l'époque le directeur du Festival d'Avignon. Et je lui ai dit, bon ouais.

  • Speaker #0

    Tant qu'à faire.

  • Speaker #2

    Mais sans vraiment avoir de velléité d'en faire quoi que ce soit d'autre. Parce qu'à l'époque, j'étais encore dans l'hésitation entre vivre de la photographie ou continuer à faire des études qui m'auraient permis de gagner beaucoup d'argent et de ne pas avoir les problèmes que j'ai aujourd'hui. et

  • Speaker #1

    La vie d'artiste ?

  • Speaker #2

    Et donc voilà. Et puis le févreux d'Arcier m'a donné une carte d'autorisation de circuler dans les coulisses du IN, plutôt. Ça, c'était en 93. J'y suis retourné avec mes petits appareils. J'ai même emmené mon laboratoire photo que j'ai monté là-bas. Un peu comme vous l'attendent. Sauf que je transformais le sud où je louais en laboratoire. Et je shootais la journée, je développais la nuit. Et c'est comme ça que j'ai rencontré Jacques Lassalle à la Comédie Française, Lavelli pour La Colline, Lukasiewski, Philippe Adrien, Stavisky, tous ces gens-là de l'époque. Et tout d'un coup, je me suis retrouvé au Théâtre de La Colline, à la Comédie Française, à faire des photographies pour des expositions, pour des programmes, et c'est devenu ma spécialité. J'ai traîné pendant 20 ans dans les coulisses de théâtre. Et donc, j'ai appris le théâtre par l'oreille. Je dis toujours ça. Pour moi, le théâtre, c'est une musique avant tout. donc je... J'entendais des textes, parce que je restais en gros trois semaines, deux à trois semaines par pièce à traîner. Parce que j'ai resté du travail à table au début jusqu'à la première. Donc, je compartimentais mes interventions. Et finalement, sans le savoir, j'entendais les textes, je les entendais, je les entendais vingt fois. Et j'ai appris le théâtre vraiment à l'oreille.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, tu as eu comme une formation. Inconsciemment, tu as été formé à devenir ce que tu es devenu aujourd'hui, auteur et metteur en scène. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Oui, j'avais la place privilégiée d'un assistant metteur en scène sans en avoir les tâches. Voilà, c'est-à-dire que j'étais là, partout, je le suivais. Et j'ai assisté des mecs comme... J'ai même assisté Harold Pinter. Ah ouais ? Sur deux pièces. Et donc des gens, Jean-Luc Boutet avant qu'il ne disparaisse. Des gens vraiment extrêmement... Enfin, aujourd'hui, je réalise la chance que j'ai eue, quoi, de côtoyer des gens comme ça. Et puis des comédiens aussi, hein. Voilà, on l'appelle. des gens que j'ai fini par photographier aussi. Mon travail de portraitiste s'est développé dans les coulisses. Je disais aux uns, je peux faire des portraits de vous. J'avais toujours besoin de portraits de toute façon, parce que je vendais un peu mon travail en expo. Et puis, photos de presse. Et donc, il fallait des portraits. Donc, les noirets, les bouquets, tout ça, j'ai travaillé avec eux plusieurs fois. Et donc, j'ai des portraits d'eux en travail et en pose.

  • Speaker #0

    Tu devrais faire une rétrospective de tout ça. Ça serait génial de les voir, ces photos.

  • Speaker #2

    Alors, ouais, mais... Oui, on me le ressent sans arrêt sauf que je ne suis pas quelqu'un qui aime ressortir les choses du passé, donc j'ai un gros problème avec ça Pour moi, le passé est consommé, en fait. Donc, c'est en moi. Je pense que ça se traduit par ce que je fais aujourd'hui en écriture. Et puis, même en direction de comédien aujourd'hui que ma compagnie, j'ai tellement vu des metteurs en scène diriger que je me suis... En fait, j'ai bu aussi ça. C'est pour ça que je parlais d'assistant-directeur, metteur en scène. L'assistant, en général, il boit aussi la technique de mise en scène du mec qui l'assiste ou de la nana qui l'assiste. Et moi, en l'occurrence, j'ai eu la chance d'en faire 150. et du coup je pense que c'est un peu un mélange de tout ça

  • Speaker #0

    beaucoup plus que ce qu'un assistant aujourd'hui fait avant de venir.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que je suis bien meilleur que les metteurs en scène qui ont assisté.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Vous savez, quand on est assistant, je ne sais pas, peut-être qu'on va faire une dizaine, maximum une vingtaine, mais 150, c'est très rare. Même pas. Même pas, c'est pour ça, je ne voulais pas.

  • Speaker #2

    Je sens le metteur en scène qui a été l'assistant d'eux. Il y a une école, en fait. Moi, c'est l'école Bourguignonne. C'est l'école, on ne sait pas d'où. Non, enfin voilà, donc c'est un mélange de plein de choses, des gens dont j'ai aimé le travail de direction, d'autres dont je me sentais proche, et d'autres, je trouvais qu'ils dirigeaient, c'était violent, ou c'était pas comme ça que je voyais les choses. Mais ça, c'est facile de le dire avec le recul.

  • Speaker #1

    Et tous ces portraits-là, ils sont dans une boîte fermée, nostalgique, de côté qu'on n'ouvrira pas ?

  • Speaker #2

    Pour la légende, non, c'est plutôt dans des classeurs. En plus, le fait est que c'est horrible ce que je vais raconter. Mais il y en a qui ont été détruits par une inondation. Donc, il y en a une partie qui a vraiment disparu. Mais en même temps, je trouve ça assez beau. J'aime bien ce côté... Justement, ça fait partie maintenant des souvenirs du temps passé. Je ne suis pas tellement... Les rétrospectives, ça me saoule. Je ne suis pas...

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu dis ça, parce que moi aussi, j'ai un rapport au temps où les souvenirs ou les photos, les perdre, ça me fait de la peine sur le moment. Mais en même temps, je me dis, je ne veux pas passer des heures à regarder les vieilles photos. Je trouve que c'est... Je suis un peu comme toi.

  • Speaker #2

    Oui, c'est en soi. Pour regarder devant, il faut savoir que tu les as faites, mais les ressortir... Et puis les photos, c'est une émotion avant tout, pour celui qui les a prises. Ce n'est pas une image, l'image presque... Ouais, c'est joli, c'est beau une image, mais derrière, il y a le moment, et ça, c'est indicible. Et ce n'est pas une exposition qui va retracer ce moment en plus. Donc moi, c'est en moi. J'en parle si on veut que j'en parle. Mais j'aurais plus tendance à faire une rétrospective comme ça, parler, qu'une rétrospective imagée.

  • Speaker #0

    Ça tombe bien parce qu'on n'a qu'un micro. T'es au bon endroit.

  • Speaker #1

    On ne t'organisera pas sur une scène. Alors, je vais vous parler de mes photos, mais je ne vais pas vous les montrer.

  • Speaker #2

    C'est ça. Voici ce qu'on peut faire, si vous voulez.

  • Speaker #0

    C'est trop intéressant. C'est comme ça, si on te... On n'a pas du tout préparé ça, mais est-ce que si tu as une photo comme ça, que tu as fait, qui t'a vraiment marqué ? Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ? Quelque chose qui te vient à l'esprit maintenant ?

  • Speaker #2

    Une photo...

  • Speaker #0

    Celle à laquelle tu penses en ce moment,

  • Speaker #2

    par exemple ? Il y en a une qui me revient tout de suite. Pour plein de raisons. C'est quand je travaillais sur... Je vais donner ça à faire un peu théâtreux ce que je vais dire, on s'en fout. C'était sur un don juan mis en scène par Jacques Lassalle dans la cour du Palais des Papes. Donc là, on est en 93, justement. et c'était à l'époque le commandeur a été joué par François Chaumette je ne sais pas si ça vous parle François Chaumette ça a été un des grands comédiens de la comédie française, il est très connu surtout pour sa voix parce que c'est Dark Vador dans Star Wars donc tout de suite ça pose le poney quand même et c'est un monsieur que moi je c'est un monstre et je passais dans les loges comme ça derrière la cour, les loges sont dans une grande salle voûtée, c'est magnifique Et les loges sont une espèce de panneau qui crée la loge. Et donc, je ne toquais même pas parce qu'il n'y a pas de porte. Donc, tu toques un rideau, ça ne s'entend pas, donc on ne répond pas. Donc, à un moment, tu bouges le rideau. Et je faisais comme ça les communes les uns vers les autres, parce que j'aimais bien les ambiances de loge. Je ne les ai pas posées, ils faisaient ce qu'ils voulaient, mais moi,

  • Speaker #1

    un peu ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Angélique a fait de la photo, vous pouvez aller voir sur Instagram.

  • Speaker #2

    Sauf que moi, je l'ai fait 20 ans plus tôt.

  • Speaker #1

    J'ai tout recopié, j'ai tout piqué à Emmanuel

  • Speaker #2

    Très gratifiant. Et donc, il y avait ce monsieur habillé déjà en commandeur, mais en train de lire le monde. Et j'ai adoré ce moment où je lui ai dit, voilà, est-ce que je peux faire un portrait de vous ? Et puis il m'a dit, oui, oui, vous en prie. Et hop, il a pris sa lecture. Il y avait cette espèce de chose complètement majestueuse. Et avec ce lien entre le présent et le passé, la fiction et la réalité, le comédien qui va être le commandeur, mais qui n'est pas encore tout à fait, mais la moitié. ou est-ce que c'est le commandeur qui est plus tout à fait le comédien ? Enfin, il y a tout un truc.

  • Speaker #0

    Ça raconte une histoire.

  • Speaker #2

    Cette histoire et cette image, c'est ces moments-là que j'aimais beaucoup. Ces moments au point où, au moment où, ce sas... entre ce que vous connaissez, entre l'homme ou la femme et le comédien, la comédiante, et le rôle.

  • Speaker #1

    J'adore, c'est exactement ce que j'essaye de choper, moi, ce moment où tu ne sais plus qui est qui. Le comédien va vers son rôle et en même temps, le rôle est déjà en train de prendre le comédien.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qu'il te donne ? Est-ce que c'est le comédien qui te donne quelque chose ou est-ce que c'est encore l'homme ou la femme qui te donne quelque chose encore ? On ne sait pas trop. Et on s'en fout d'ailleurs. c'est ça qui est magique

  • Speaker #0

    Je pense qu'il ne le sait pas vraiment.

  • Speaker #1

    Non, mais après, je trouve que sur les photos, tu sens des énergies différentes. Sur les photos, tu sens l'énergie plutôt d'un comédien ou d'une concentration ou de quelqu'un qui sait qu'il est pris en photo ou qui est tellement parti qu'il ne sait plus s'il est pris en photo ou pas. Ça crée justement la photo.

  • Speaker #2

    Après, il y a la magie qui a plus l'argentif que le digital, qui est au-delà du cadrage, du choix de l'optique, de la lumière. Il y a la matière aussi qui vient créer une dimension qui est liée au salaire d'argent, qui est une dimension de matière qui vient aussi mettre un filtre entre ce que l'œil voit, ce qui traîche comme image dans le résidu mémoriel, ce qui traîche dans ta tête, et la réalité du tirage qui vient amener encore une autre dimension. C'était cette magie-là après laquelle je courais quand j'étais photographe et que j'ai perdue avec le numérique. Ce qui fait que ça ne m'a pas posé de problème de passer à l'écriture. Transition !

  • Speaker #1

    On est passé au numérique, j'ai décidé d'écrire.

  • Speaker #2

    Je vous écris avec un CD-WiC, un ordinateur.

  • Speaker #0

    On ne va pas te poser cette question, mais si tu veux absolument y répondre,

  • Speaker #2

    monte et écoute. Allez-y, posez-moi des questions, je suis ouvert.

  • Speaker #0

    Et donc, c'était quoi la première fois que tu as écrit ? C'était une pièce, un roman ?

  • Speaker #2

    Une pièce. Contre toute attente, c'était une pièce parce que j'avais tourné deux courts-métrages dans les années 2000, 2002.

  • Speaker #1

    Que tu avais écrit ?

  • Speaker #2

    Que j'avais écrit.

  • Speaker #1

    Et que tu as réalisé ?

  • Speaker #2

    Et que j'ai réalisé. J'en ai écrit deux et j'ai même tourné une pub que j'ai co-écrit avec Axel Laffont et qu'on a réalisé pour le printemps du cinéma. C'est une époque qui passait du film avec plein de comédiens super connus. On avait gagné le... En fait, c'est un appel à projet, on l'avait gagné, on l'a tourné. Et il y avait eu ces deux courts-métrages aussi. Donc, j'avais réalisé trois films courts. Et puis, j'avais dit, oh, réalisateur, tout ça. Et puis, il a suffi... J'ai un des films qui a bien marché en festival, donc qui a été beaucoup vu. Donc, je l'ai accompagné. Et donc, j'ai été comme ça, comme un con, à côté des autres réalisateurs et réalisatrices, devant des publics. pour expliquer pourquoi c'est super de tourner un film, ou pourquoi je serai le Costa Gravas de demain. Et en fait, non. En fait, plus je parlais, et moins je parlais, et plus je ne me sentais pas du tout à ma place, et j'ai réalisé qu'en fait, tout ce bordel ne me correspondait pas.

  • Speaker #0

    Et tu sais pourquoi cette... Parce que l'image, l'écriture, tout de suite, on se dit...

  • Speaker #2

    Trop compliqué, trop de biais techniques pour moi. J'aime bien la spontanéité, l'instantanéité. Alors, pas non plus la nouvelle vague qui me saoule, mais... Je sais bien qu'il est préparatif, je sais bien. Et c'est ce qui est devenu d'ailleurs le cinéma aujourd'hui, c'est qu'on abordait un cinéma très technologique, basé beaucoup sur l'image et de moins en moins sur l'histoire. Donc, ça a commencé à me déplaire un peu. Et puis tout... Alors, j'ai fait des films compliqués, cela dit. J'ai fait un film historique en huit minutes, dans des tranchées. Donc, c'était tout un bordel à éclairer, décorateur, costume, explosion. Le mec a commencé simple. Ouais. Et bon, c'est simple, c'est de la boue en même temps. Et tout ça m'a paru fastidieux. Et même sur le tournage, j'avais envie de plus de spontanéité, d'y aller maintenant, comme on fait au théâtre ou quand on joue, on est, c'est bon, on y va maintenant, on s'en fout que t'aies pas mis tes chaussures, c'est là, c'est maintenant. Ou comme la vie, en fait. Et là, c'était un peu trop, je sais pas. Il y avait un truc, je me sentais pas légitime, en plus, je pense. C'était très, très bien ce que je faisais, mais je ne me sentais pas légitime. Et donc, en revanche, l'écriture est restée de ça. Donc, j'avais déjà cette patte-là. Et puis, à l'époque, je faisais des portraits. J'étais photographe portraitiste pour, ce qui est drôle, pour des maisons d'édition, pour des écrivains.

  • Speaker #0

    T'avais tout, t'étais tracé, en fait.

  • Speaker #2

    Et notamment pour les éditions d'Ile-Jacob, Robert Laffont et Albin Michel. Et à un moment donné, je photographie une femme pour son bouquin. Et elle me raconte l'histoire de son livre. Ah ! Je fais l'histoire magnifique. Et là, elle m'a dit, c'est ça mon premier film ? Et là, je lui pose la question, ça vous enleve mieux si je vous propose un projet de film ? La fille complètement me dit, si vous voulez. Enfin, ça tombait un peu des nues comme proposition. Et je m'y suis collé. Sauf que c'est une pièce qui est sortie et pas... et pas le film. C'est-à-dire que les 20 années passées en coulisses m'ont complètement formaté le cerveau et j'ai une écriture naturelle qui est théâtrale. Je vois que ça.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est venu à toi. C'est-à-dire que tu as dit, je commence à écrire un film.

  • Speaker #2

    Ah ouais, et puis vraiment, ma main, tout d'un coup, s'est emportée. Et j'ai écrit, j'ai écrit, j'ai écrit. Et à la fin, mais en très peu de temps, en 15 jours, boum, une pièce. Et j'étais vraiment comme un con devant le texte. C'est comme une poule qui regarde son oeuf. C'est une très jolie comparaison. Je vais être contente.

  • Speaker #0

    Je ne vais pas couper tout ce que vous dites.

  • Speaker #2

    Merci pour l'attention. Et à l'époque, je travaillais sur les répétitions d'une pièce à l'atelier, mise en scène par Didier Long. Et donc, je vais voir Didier et je lui dis « Est-ce que tu veux bien dire ça, s'il te plaît ? » Comme ça, un peu une patate chaude, quoi. Et je ne sais pas si c'était gentil ou pas, mais il me dit, elle est parfaite cette pièce.

  • Speaker #0

    Qui l'a écrite ?

  • Speaker #2

    Non, non, c'est moi qui l'ai écrite, mais elle est parfaite cette pièce. Et dans la même année, je ne sais pas ce qui... ça a ouvert des vannes et j'ai écrit quatre pièces derrière, dont Les poissons de Merpadape-Nez qui ont été jouées, Riviera qui avait été jouée, Moparnasse, des choses qui ont été jouées plus tard et après, je n'ai plus cessé d'écrire du théâtre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça t'a aidé aussi tous les contacts que tu avais du coup parce que tu baignais là-dedans ou pas tant ?

  • Speaker #2

    Pas tant que ça, parce qu'en France, on est au contraire. C'était même un gros problème, parce qu'en France, on n'arrive pas à accepter l'idée qu'on puisse être multicarte.

  • Speaker #1

    Tout est très compartimenté.

  • Speaker #0

    De plus en plus, quand même.

  • Speaker #2

    Dans une société anglo-saxonne, ça marche.

  • Speaker #0

    On est en France de plus en plus, quand même.

  • Speaker #1

    Oui, ça commence un peu, mais c'est quand même assez...

  • Speaker #2

    Je ne suis pas persuadé.

  • Speaker #1

    Assez compartimenté.

  • Speaker #2

    C'est un peu...

  • Speaker #0

    Moi, je pars du principe de ce qu'on se raconte. Moi, je fais mille trucs.

  • Speaker #2

    Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Et si je me raconte que, parce que moi j'ai habité longtemps en Angleterre, et du coup je suis revenue avec ce modèle-là, et je me suis pas mise de barrière, et en fait ça s'est toujours très bien passé. Et je pense que ça évolue aussi, les gens maintenant savent qu'aujourd'hui...

  • Speaker #2

    Je t'avouerai qu'au début, ça m'a vraiment... Quand on m'a dit une fois, ah c'est le photographe qui s'est mis à écrire... Ouais c'est ça. Et un jour il y avait même, je ne citerai pas son nom, parce qu'elle est décédée et je respecte les gens qui sont morts ou pas. et une grande directrice de théâtre donc vous savez tout le monde sait qui c'est et chez qui j'avais fait beaucoup de reportages de travaux sur les répétitions de ses pièces qui m'ont laissé de très bons souvenirs d'ailleurs parce que j'ai eu la chance de travailler avec des comédiens immenses chez elle et un jour on revient avec Riviera, la pièce que Myriam Boyer a jouée On revient chez elle pour faire une lecture. Et elle m'a... Je ne sais pas, j'ai fait... Allez, peut-être pas... Cinq, six pièges. Je suis donc resté quatre, cinq mois dans ces murs. Mais il y avait quelques années. Et j'arrive et elle dit... Je me présente à elle. Donc déjà, elle ne m'imprime pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu ne te reconnais pas ?

  • Speaker #2

    Elle est en train de faire un fou. Mais elle me dit, ça prouve que je suis un très bon photographe. Parce qu'on ne me voit pas. Et elle me dit... Vous n'avez pas un f-scrère ?

  • Speaker #0

    Oui, le photographe.

  • Speaker #2

    Et je lui ai dit, si, si, si, on a le même prénom. Ah bon ? Voilà, terminé. Voilà, donc, ce qui trouve bien, qu'il y a des trucs... Alors déjà, en plus, ce qui est pratique dans le théâtre, c'est que les gens ont une mémoire de poisson, ils ne se souviennent jamais de toi, donc ça, c'est bien. Mais ce n'était pas forcément évident. Après, même moi, j'ai toujours gardé... cette légitimité en tant qu'auteur auprès des gens qui m'ont connu en tant que photographe. C'est-à-dire de justifier que maintenant j'écris, alors qu'ils m'ont connu photographe. Même moi, j'ai ça. C'est fini là,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #2

    Non, pas vraiment. Enfin, maintenant, avec qui j'ai bossé, ils sont tous morts. Non, non, non, pas vraiment. Non, puis aujourd'hui, même les gens me présentent comme un illustre photographe d'une certaine époque. C'est bien, ça me donne un peu de... Ça me fout un peu sur un piédestal, genre musée. Très bien. Mais non, non. Après, ça dépend des gens, oui. Mais j'en parle plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ça de l'écriture de pièces à l'écriture de romans ? Ou est-ce que du coup, ça, c'est quelque chose comme tu restes auteur, c'est OK ? Ou alors d'un seul coup, quand tu fais du roman, il y a ce truc aussi, c'est l'écrivain de théâtre qui veut faire du roman ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Moins parce que d'abord, je suis moins confronté aux gens de théâtre. Dans l'écriture de romans, je ne m'adresse pas à eux. Là, c'est le public large. Donc, quand on en parle, c'est qu'on pose la question. Sinon, je n'ai pas à l'amener sur le tapis. Après, moi, j'ai un problème qui est lié à moi. C'est que j'ai un vrai problème de légitimité, ce qu'on appelle le syndrome d'imposteur. Bon, ces conneries-là que tout le monde a, plus ou moins. Et qui fait qu'effectivement, à chaque fois... On se remet en question, mais en même temps, c'est une bonne chose. Ça te permet un peu de remettre le compteur à zéro quand tu commences un roman, ou même quand tu commences une pièce, comme si c'était la première. Et c'est ça qui est un gage d'honnêteté, de travail, d'honnêteté. Et que ce que tu proposes aux gens, c'est entier. C'est pas, je vais te ressortir un truc que je sais faire. Mais non, après la photographie, c'est bon, c'est loin. Et puis ça va, j'ai plus l'âge d'avoir ce genre de considération. On ne l'a pas vu ce que je viens de faire.

  • Speaker #0

    Non, mais t'as valé le détour. Et quand t'as écrit tes romans, t'es parti d'une idée et ça s'est avéré être un roman comme pour la pièce de théâtre ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Alors là, c'est encore une espèce de vague supplémentaire qui vient faire son travail sans vraiment que je le décide. C'est une amie, Margot, qui est devenue mon éditrice d'ailleurs depuis, qui euh... qui a eu écho d'un projet de film que j'avais écrit, parce que j'ai eu quand même un projet de film, un long métrage, pendant très longtemps. Et elle m'a demandé à lire les développements. Elle connaissait mon travail de théâtre. Elle a demandé à lire les développements. Alors, j'avais des développements parce qu'en fait, comme c'est une histoire... C'est mon premier roman, en fait. Le Fleur de Sang. Que vous trouverez chez Pocket.

  • Speaker #0

    On mettra tous les liens.

  • Speaker #2

    Et en fait, c'est un roman dont le déclencheur, comme on dit de manière très moche, est tiré d'un fait réel, mais vraiment juste le déclencheur. Et après, c'est une fiction. Mais avant d'arriver à la fiction, j'avais écrit plusieurs développements qui se détachaient de plus en plus de la fiction pour arriver à une version complètement fictive, finalement. Et elle a lu tous ces documents-là et elle connaît mon travail d'auteur de théâtre. Elle me dit, mais tu as déjà pensé au roman ? Et je lui dis non. Parce que c'est vrai que, autant, c'est drôle parce que les dramaturges ou toutes les autres formes d'écriture, on met les romanciers sur des trucs inaccessibles, genre c'est la forme la plus majestueuse de l'écriture. Et inversement, maintenant je connais des romanciers, quand je leur dis que j'écris du théâtre, ils font « Oh ! Comment tu fais pour écrire du théâtre ? » C'est le Graal, quoi. Donc c'est drôle parce qu'on est con. Donc...

  • Speaker #1

    Je fais les deux. Je fais, oh là là, comment je fais pour écrire du théâtre ? Oh là là, comment je suis un romancier maintenant ? Comment je fais ? Voilà. Tu tout kiffes un peu ?

  • Speaker #2

    Carrément. Elle me connaît bien.

  • Speaker #0

    Je vais pas le dire.

  • Speaker #2

    Non, et donc, voilà. Donc, je lui dis, bah... Non, j'avais jamais pensé... Non. Alors, si. C'est pas vrai. Tu mens. Aïe. Je me... C'est pour la semaine projet ? Non, non, c'est pas vrai, parce que j'avais déjà écrit un roman qui n'a jamais été édité. Donc, j'avais quand même eu des velléités de roman à une époque. C'est pas vrai. Je pense qu'il y a toujours cette frustration. Il y a toujours ce truc où on se dit, j'aimerais bien écrire un roman. Peut-être que les romanciers ont essayé d'écrire du théâtre, je ne sais pas. Mais bref, elle me l'a proposé et je lui dis, écoute, je vais essayer de pondre un projet de roman. Et j'ai repris toutes mes notes que j'avais accumulées pour l'écriture du scénario. C'était dix ans plus tôt en plus, donc c'était très très loin. Et j'ai envoyé une proposition. Alors c'était quoi ? Une trentaine de pages. Et c'est passé en commission. Et puis là-bas, ils m'ont tous dit, on fonce. Trop bien. Oh merde ! Et donc j'ai signé mon premier roman en fait. Et c'est tombé quinze jours avant la pandémie, avant qu'on soit refermés. C'était donc idéal.

  • Speaker #0

    Tu n'avais rien d'autre à faire.

  • Speaker #2

    Rien d'autre à faire. Et donc, je me suis retrouvé moi tout seul avec mes Ausha et un roman à écrire. Ils ont mangé les Ausha. J'étais mauvais. Et donc, voilà. Donc, j'ai écrit pendant la panne. Et donc, le roman est venu parce qu'on m'a fait une proposition. Et puis, moi, je suis un peu du genre à y aller sans parachute. En général, c'est que je sens qu'il y a un truc potentiel. Je ne fais pas n'importe quoi non plus. Mais je trouve que ça fait partie du... jeu, de nos vies, c'est de faire confiance à soi. On te fait confiance, donc si on te fait confiance, c'est qu'a priori, il y a quelque chose. J'en avais écrit des trucs, donc je me suis dit, vas-y, tu verras bien. Et en fait, j'ai pris un pied dingue. J'ai pris un super pied à écrire ce roman. Et puis les retours ont été à la hauteur du pied que j'ai pris. Et puis voilà, puis après, suite au premier roman, j'ai écrit le deuxième, qui est la suite du premier. Et puis depuis, je m'éclate.

  • Speaker #0

    C'est quoi le deuxième titre, du coup, pour le...

  • Speaker #2

    Monsieur de Paris, qui est vraiment le deuxième tome après Fleur de Sang, qui peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, quand même, parce qu'il est malin, pépère. Mais, comme je dis en signature, c'est quand même bien de faire le premier. C'est quoi, les deux ? Et là, je suis en train de travailler sur le troisième. La suite ?

  • Speaker #1

    Enfin, ouais, sur le... Troisième tome. Quatrième roman, mais sur le troisième tome.

  • Speaker #2

    Qui s'appellera Le Seigneur du Pays d'en-haut. C'est beau, hein ? Ouais. Je suis très bon pour les titres. Je sais pas s'il reste Philippe, mais les titres, c'est pas très bon.

  • Speaker #1

    Quand il y a une phrase, je suis bon.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. Mais alors, après...

  • Speaker #0

    Et là, on va dire la même chose. Bah oui. et là donc t'as sorti ton roman il y a

  • Speaker #2

    Un mois et demi, le 25 septembre. J'ai un qui s'appelle La Lettre Bleue, qui est sorti chez Fayard. Qui a un peu une respiration... Enfin, je pense que ça le devient finalement parce que, comme je rencontre pas mal de gens pour les signatures en ce moment, je réalise que dans mon discours, il est ma respiration par rapport aux deux précédents qui se passent dans l'univers. On est sous du 14, c'est très sombre. C'est quand même dans l'univers des bourreaux, donc je te coupe des têtes, je t'écartèle. Mon quotidien.

  • Speaker #0

    Comment ça t'est venu d'écrire quelque chose aussi ?

  • Speaker #2

    Mais parce que j'avais trouvé, j'ai beaucoup de choses qui ont attiré à l'histoire. Et un jour, dans Historia, je lis quelque chose sur cette fameuse famille de bourreaux qui s'appelait les Samson. Que le premier Samson, en 1688, j'ai fait un peu moins l'un de co, vous ne connaissez pas l'un de co, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #1

    Tu peux faire ton Stéphane Berne, lui on le connaît.

  • Speaker #2

    Stéphane. Donc, en 1688, on apprend qu'un jeune type qui était lieutenant à Dieppe tombe amoureux d'une femme éperdument. Il est dingue d'elle. Et elle se cache un peu dans la vie. Elle le voit. Il lui fait des avances. Elle lui échappe, machin, etc. Il apprend qu'elle s'appelle Marguerite. Ça, je l'ai gardé. Et puis, ils ont une liaison d'amant. Mais elle ne lui dit jamais son nom de famille. Et à chaque fois, il ne peut pas la raccompagner chez elle, elle s'échappe. Enfin, vraiment, femme idéale, quoi. Je te dérange. Attention,

  • Speaker #1

    c'est bien parce que le dernier roman, c'est sur le patriarcat. Vous n'en faites pas. Vous pouvez continuer de nous écouter.

  • Speaker #2

    Et donc, la bonne raison pour laquelle vraiment André n'en peut plus, il l'aime, il est fou d'amour, il veut l'épouser. Tout ce qu'il ne faut pas faire. Donc, il... J'y vais. Ne t'inquiète pas,

  • Speaker #0

    moi, c'était la semaine dernière. Chacun son tour.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, il apprend que par l'entremise d'un cousin qui est jaloux parce qu'il l'aime aussi, il va donc l'amener un jour sur la place publique où il y a une exécution. Il va voir donc l'échafaud monter, le bourreau. Et au pied de l'échafaud, il y a une jeune fille, c'est elle. Et pourquoi ? Parce que c'est la fille du bourreau. Et une fille de bourreau, en fait, elle ne donne pas son nom de famille parce que sinon, aucun homme ne voudrait d'elle parce qu'on ne fréquente pas une fille de bourreau, ça ne se fait pas. Et encore moins, on l'épouse.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient pas le droit en plus à l'époque d'épouser les...

  • Speaker #2

    Alors, des filles de bourreau ne pouvaient épouser que des bourreaux.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils se mariaient entre eux.

  • Speaker #2

    Pour des questions de charge et d'alliance. Et donc, cette jeune fille lui explique que ce n'est pas possible, c'est la fille du bourreau et lui dit, rien à foutre, je vais devenir bourreau.

  • Speaker #1

    Remarque, c'est beau.

  • Speaker #2

    C'est l'histoire d'un homme qui va devenir bourreau par amour.

  • Speaker #0

    À l'époque, ils faisaient des efforts, les mecs, quand même. Non,

  • Speaker #1

    mais maintenant, ils sont bourreaux gratos, même sans...

  • Speaker #2

    C'est ça. Maintenant, rien à foutre, on est bourreaux. Et donc, voilà. On va en faire un de ce soir. Et donc, moi, j'ai pris cette action de départ. Et après, j'en ai fait autre chose. Mais c'est le truc de départ. C'est un homme qui devient bourreau par amour. C'est le pit du bouquin.

  • Speaker #0

    Trop envie de savoir la suite. Donc tout le monde va aller acheter ce petit bouquin. Parce qu'on en a en poche.

  • Speaker #2

    Chez Pocket, tout à fait.

  • Speaker #0

    Fleur de sang.

  • Speaker #2

    Et puis après, le deuxième tome s'appelle Monsieur de Paris. Sans spoiler le truc, Marguerite devient l'héroïne de Fleur de sang. Parce que je nique tous les mecs dans le bouquin. Ça décapite, ça meurt. C'est génial.

  • Speaker #0

    Un vrai truc de garçon ça par contre pour le coup. Même si tu prends des héroïnes, tu as mis beaucoup de...

  • Speaker #2

    Pas forcément, non non non, c'est pas un truc de garçon du tout, c'est que je suis... Je crois pas, parce que dans le dernier il n'y a pas ça. Non non, je pense que c'est par...

  • Speaker #0

    J'aime bien l'idée de m'auto-surprendre quand j'écris, parce que je m'emmerde très vite quand j'écris. Donc si je me fais chier, pardon, mais c'est que le lecteur va se faire chier, a priori, trois fois plus.

  • Speaker #1

    Donc tu te trouves bien.

  • Speaker #0

    Voilà. Ce que je fais, c'est que je m'auto-surprends. Donc j'ai toujours ce souci d'avoir cette idée qui va me dire, c'est génial, et hop, j'y vais. tac, tac, tac, tac, et puis ça marche ou ça marche pas, parce que parfois on jette. Mais... J'y vais, j'y vais, j'y vais, parce que c'est haletant et que si je suis surpris, ça veut dire que... Mais après, comme j'ai une structure dans l'écriture, j'ai une structure extrêmement précise avant de commencer à écrire, je peux me permettre de partir dans tous les sens, que je sais, je reviens à ma structure, donc je n'hésite pas de me perdre. Ça, c'est le grand danger. Le roman historique demande d'être axé exigeant par rapport à toutes les notions d'histoire qu'il faut amener sans être... être trop rébarbatif, mais il faut être très précis, respecter l'histoire, avec un grand H. Celle-là, en tout cas, il faut la respecter. En gros, le principe, c'est ça aurait pu se passer. C'est ma phrase, en fait. Ça aurait pu se passer. Si ça aurait pu se passer, c'est que c'est bon. Après, que ce soit pas passé, on s'en fout, c'est une fiction historique.

  • Speaker #1

    Et t'es passionné d'histoire à la base pour écrire ?

  • Speaker #0

    Oui, j'adore l'histoire. Aujourd'hui, je me dis souvent, si j'avais 18 ans aujourd'hui, je ferais un doctorat d'histoire, ça c'est Je trouve ça dommage de ne pas avoir eu cette présence. cette conscience de ça, je le regrette beaucoup. Tu ne le fais pas ? Je le fais dans l'écriture.

  • Speaker #1

    Si tu veux un doctorat d'histoire,

  • Speaker #0

    tu peux le faire. Non, mais l'histoire, je m'en souviens. En tant qu'étudiant, je veux dire. Ce qui est marrant,

  • Speaker #2

    c'est que tu refuses le passé. Tu dis, une fois que le passé est passé, mais à la fois, tu dis, si jamais tu es 18 ans, je ferai un doctorat d'histoire avec un roche, ce qui est genre le grand passé.

  • Speaker #1

    Mais non, ça n'a pas d'accord. C'est pas le mien.

  • Speaker #0

    T'as fait un CAP de psychologie cette nuit toi ? Au comptoir,

  • Speaker #2

    option de comptoir.

  • Speaker #1

    Mais tu voulais dire un truc par rapport à ça, t'as dit ah ah ah.

  • Speaker #0

    Je dirais que je vis, j'ai la chance, enfin la chance c'est du boulot, mais c'est un choix, moi la chance j'y crois pas trop, c'est plutôt des choix qu'on fait dans la vie, la chance on se la crée beaucoup, de pouvoir étudier, m'enrichir. Avoir une culture générale dans certains domaines de ouf. Parfois, je me trouve en train de parler à des gens sur des trucs. Je ne sais plus ce que je raconte. Personne ne me comprend. En plus, c'est des niches, mes sujets. C'est vraiment des niches. Les bourreaux, par exemple. C'est une niche. J'ai tout étudié sur les bourreaux. Je pourrais devenir bourreau. Si jamais ils remettent la peine de mort, je suis là. Oh, ça va !

  • Speaker #1

    Je pense que tu serais pas capable.

  • Speaker #0

    De ? Couper des têtes ? Il y en a quelques-uns. Et puis voilà, et puis si en plus, là ce que je faisais cet après-midi avant de venir, c'est que je me mets quelque part et je ouvre mes bouquins et j'étudie, je prends des notes et je suis dans une espèce de monde, certes qui est lié au passé, mais qui en même temps est source d'une histoire à venir. Donc c'est utiliser le passé pour en faire quelque chose, certes qui va parler d'une histoire qui se passe dans le passé, mais qui reste une fiction. Pour moi, la fiction, c'est un produit d'avenir puisque c'est fait pour être produit sous forme d'un bouquin qui va venir ou un film, peu importe. Tout ça, ce n'est pas forcément un axe temporel qui est très défini. Tu es dans le présent, tu es un peu dans le passé, mais c'est aussi pour un projet à l'avenir. Il y a tout ça que tu mélanges et qui est assez jouissif, finalement.

  • Speaker #1

    Tu lis, entre guillemets, l'utile et l'agréable. Dans ton arène, qui est des choses qui sont passionnantes, tu vas pouvoir créer des histoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est chouette de faire ça. Et je suis content d'avoir finalement décidé d'attaquer, parce que le quatrième bouquin, ça ne devait pas être ça. Et c'est en fait, en écoutant les gens pendant les signatures, ces deux derniers mois, qui venaient en pensant que la lettre bleue, c'était le troisième tome de l'histoire. Et je leur disais, ah bah non, c'est... Ah bon, tant pis, on va le prendre quand même. Non, non, je n'exagère. Les chansons, je pense que...

  • Speaker #1

    En même temps, ils devaient être déchus, parce que s'ils attendaient une troisième tome, forcément, c'est comme une série, on a envie d'avoir l'autre.

  • Speaker #0

    Et du coup, comme moi, j'avais quand même en tête, un jour peut-être, de faire une suite. En fait, ça m'a vraiment... Ça m'a redonné envie de me replonger. La lettre bleue m'a vraiment servi de respiration. C'est ça que je disais tout à l'heure. C'est que ça m'a permis un petit peu de sortir de ça. En revanche,

  • Speaker #2

    c'est quand même historique. Tu as dû te renseigner et tout. Parce que c'est 1916.

  • Speaker #0

    Oui, c'est 1916, mais ce n'est pas un roman historique. Je ne sais pas comment le qualifier. c'est de la littérature au sens plus général du terme, c'est littéraire, sauf que ça se passe à un moment donné. Basta cosi, il n'y a pas de... Je ne passe pas trois plombes à décrire une boîte aux lettres, ce que je peux faire dans d'autres mots. Ça donne vache, j'ai envie de les lire.

  • Speaker #1

    Et le pitch du coup du dernier ?

  • Speaker #0

    Alors, La lettre bleue, c'est l'histoire d'une jeune femme, donc en 1916, on est vraiment en plein dans la première guerre mondiale, elle vit dans un petit village en Bourgogne, évidemment. J'ai planté ça dans le village de mes parents parce que j'aime bien utiliser des décors qui sont...

  • Speaker #1

    Ça s'appelle comment le village ?

  • Speaker #0

    On l'est, O-N-L-A-Y. Personne ne connaît. En plus, même dans le Morvan, c'est dans le trou du cul du Morvan en plus. C'est-à-dire que le Morvan, déjà, personne ne sait le situer sur une carte. Mais alors là, même quand tu connais le Morvan, tu ne sais même pas le situer sur une carte non plus. Donc c'est bien, on est peinard. mais c'est beau en même temps c'est pas abîmé Et donc c'est l'histoire de cette jeune femme qui est veuve de guerre Son mari est décédé En deux ans plus tôt, le premier jour de la guerre Et donc elle a la vie très contraignante D'une veuve de l'époque, elle habille en noir Elle a la vie très astreinte Des champs Elle doit s'occuper de ses propres champs Elle a chez elle son beau-père Qui en plus n'est pas bien, pas en bonne santé Dont elle s'occupe Et elle a un boulot, parce que les veuves à l'époque On leur allouait un travail pour avoir une euh... Un complémentaire à la pension de veuve, c'était soit travailler au PTT, soit dans les usines d'allumettes. Ne me demandez pas pourquoi les allumettes, je ne sais pas. Mais apparemment, les usines d'allumettes donnaient du travail aux veuves de guerre. Et donc, cette fille répond à tous les critères de la femme parfaite qui montre par son état de viduité, on dit, pour les veuves. Elle montre, elle montre, elle relate la présence de celui qui n'est plus là. Et donc, elle rappelle l'effort que fait la nation pour sauver ses oies, etc. Et donc, sauf qu'un jour, elle entend parler d'un bal clandestin un soir. Or, à l'époque, les bals étaient interdits. C'est le pitch le plus long de la terre, je suis en train de vous...

  • Speaker #1

    Non, mais on adore. Raconte pas tout le livre quand même.

  • Speaker #0

    Non, non, je sais m'arrêter au bon moment. Voilà.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    elle... Et donc, elle entend parler d'un mal clandestin et tout d'un coup, il y a cette envie d'aller danser qui lui prend, non pas pour aller être la veuve joyeuse, comme on appelait ça à l'époque, mais juste pour être une femme le temps d'une danse, mettre une robe à fleurs et peut-être retrouver un peu celui qui n'est plus à travers le corps d'un autre, mais dans le cadre d'une java ou une polka, mais pas plus. Bien évidemment, ses copines au village lui disent « Mais t'es folle, faut pas y aller, tu peux pas, machin. » Et elle, elle y va quand même. Et elle se trouve aussi à une confrontation avec son beau-père, qui lui aussi, on pense que c'est parce que il estime que c'est trahir la mémoire de celui qui n'est plus là. Elle y va. Et bien évidemment, dès le lendemain matin, ça va se savoir dans le village. Et là, il y a tout le village qui va se retourner contre elle. Le politique, le religieux, même ses copines. Et le bouquin, ça va être sans combat. pour s'affirmer comme la femme qu'elle est toujours à une vingtaine d'années et non pas simplement comme la veuve qu'on veut qu'elle soit. Et c'est ce combat-là qu'elle va mener pour continuer de vivre et ne plus vivre dans l'ombre de quelqu'un qui n'est plus là. Comme je dis dans le roman, j'aime bien m'autociter parce que c'est tellement bien écrit. Quand le soldat meurt, c'est sa femme qui meurt un peu. On est un peu obligé de mourir avec celui qui est parti parce que c'est comme ça, tu es supposé représenter celui qui n'est plus là. Et il y avait aussi une autre mission qui était que sur le front, en général, les veuves étaient marraines de guerre, comme d'autres femmes, mais souvent, on les collait à la marraine de guerre. Et c'est par ce comportement très catho, très comme il faut, très moral, que le soldat se sentait motivé pour aller au combat. Pour peu qu'il apprenait que les femmes s'envoyaient en l'air derrière, on ne respecte... Voilà, le mec, il n'avait plus aucune raison d'y aller. Et du coup, ça cassait l'entrain du soldat. Donc, il y avait cette responsabilité. de mémoire et en plus quasiment de guerre. Donc c'était hyper lourd pour les femmes. Et elle, elle a juste voulu danser. Et elle se retrouve confrontée à cette société patriarcale et religieuse qui va tout d'un coup lui imposer des choses dont je ne vais pas parler. Parce que sinon...

  • Speaker #2

    On dévoile le livre.

  • Speaker #0

    Sinon ça s'appelle un audio-livre. Et donc ça va être un combat qu'elle va mener. Et si je dis quand même un combat qui finit bien, je ne dis pas comment, parce que je tiens quand même à être très optimiste. J'avais envie d'être optimiste.

  • Speaker #2

    Ça fait du bien, surtout de nos jours.

  • Speaker #0

    Oui, parce que j'ai quand même une vision pas forcément optimiste de la société, comment la voir, mais j'ai quand même une vision un peu factuelle et fataliste de la société. Et puis même quand j'ai lu des témoignages, quand j'ai lu un peu sur les veuves de guerre de l'époque, franchement, il n'y avait pas de quoi être optimiste au moment où elles vivaient ça. En 1916, il n'y avait vraiment pas de quoi être optimiste, c'était juste l'horreur. Mais moi, j'avais envie que cette femme, elle mène son combat jusqu'au bout et que justement, elle arrive à aller au-delà de cette fonction qu'on lui imposait et de ramener tous ces gens-là, les politiques, les religieux, les bécaces, les grandes gueules, les ramener à leur médiocrité.

  • Speaker #1

    Et tu sais pourquoi tu as eu cette idée-là ? Une grand-mère t'a pu t'inspirer ? Non,

  • Speaker #0

    j'ai pas de petits trucs. Très honnêtement, c'est une question à laquelle j'ai du mal à répondre. Initialement, cette pièce, cette histoire est une pièce de théâtre que j'ai écrite en 2003, qui avait été jouée au Festival de Grignan, et qui avait été vachement bien reçue, mais qui n'a pas eu de suite. Et c'est une chose que j'ai toujours regrettée. Pourquoi je l'ai écrite à l'époque ? Ça remonte à tellement loin, je ne sais plus trop. Il y a beaucoup de choses. Je pense qu'il y a le fait que la Première Guerre mondiale est un conflit qui m'a toujours... Quand je dis passionné, je n'aime pas dire ça. Ce n'est pas la guerre en soi qui me passionne. C'est comment les gens l'ont vécu. C'est une période qui me passionne. Les années 10, 20, 30, 40 me passionnent. J'adore cette société de l'époque. Quand je dis j'adore, c'était une société qui était quand même un petit peu belliqueuse, on va dire. Mais d'un point de vue privé, c'est une société à laquelle je me... de laquelle je me sens proche. Et puis, il y a ça, il y a le côté campagne, dont je suis très proche, plutôt quelqu'un de la campagne. Et après, je pense que j'ai été toujours, après, je pense que j'ai été toujours, sans vraiment le savoir, proche de rôle, enfin, décrit pour les femmes. Dans toutes les pièces, il y a toujours... enfin quasiment toujours un rôle de femme prédominant. Donc que ce soit un rôle féminin, ça me paraissait une évidence. Et j'ai toujours été plus proche, j'ai eu toujours plus de facilité à parler du combat de femmes que du combat des hommes. Pourquoi ? Je n'en sais pas trop. Je ne sais pas trop comment. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que, de par la position qu'a la femme depuis la nuit des temps dans la société, L'homme a fait en sorte que... L'homme, au sens sexuel du terme, a fait en sorte qu'elle soit en dessous, à son service, procréatrice. Et l'homme au boulot, il me fait la guerre, etc. C'est un peu le rapport primaire qu'on peut avoir. Et je me dis que finalement, le combat qu'elle mène et que vous menez encore aujourd'hui est forcément... plus difficile que le nôtre, parce que nous, c'est comme si la pente, on avait creusé la montagne, mais on était resté en haut de la montagne et puis il fallait que vous gravissiez la montagne pour arriver à notre niveau, quoi. Quand je dis notre niveau, on se comprend, hein. Social. Pas... Je me dis peut-être que effectivement, le combat des femmes est donc plus difficile, donc plus riche, donc dramatiquement plus fort, et puis peut-être parce que j'ai... pas une très haute opinion de l'homme en général. Là aussi, je parle au sens sexuel du terme. Que je trouve pas forcément hyper intéressant. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu nous laisses sans voix.

  • Speaker #2

    Et quand tu écris, du coup, pour des femmes, est-ce que tu t'inspires de femmes qui t'entourent ? Est-ce que tu t'inspires d'héroïnes de films ? Est-ce qu'il y a des figures comme ça qui vont te... te nourrir sur le côté féminin de la chose ?

  • Speaker #0

    Je ne leur mets pas de nom, je ne vais pas avoir d'image particulière en tête, je pense que c'est une somme d'expériences, de femmes que j'ai connues, ça va être la mère, la grand-mère, la mère des uns des autres, toutes les femmes que j'ai pu croiser, avec lesquelles j'ai pu échanger d'une manière ou d'une autre, m'ont nourri. C'est un peu aussi bête que ça, c'est très animal comme truc, c'est pour ça que je suis... Je ne suis pas quelqu'un qui intellectualise vraiment son écriture. Les idées me montrent, c'est comme des envies. Et puis à un moment donné, il y a un trop-plein. Et ça veut dire qu'il faut que je ressorte ce trop-plein. Et ça se passe sous forme d'écriture. Et il y a des... J'écoute. Je suis plus une éponge qu'autre chose. J'écoute, je prends. Et il peut s'avérer que j'en fais quelque chose à un moment donné. Mais c'est vrai que je suis beaucoup plus sensible aux personnages féminins. Même... Je ne sais pas, il y a un truc au niveau de l'émotionnel, au niveau du combat, que je trouve... Mais je n'aime pas trop dire combat, parce qu'on n'est pas en guerre non plus, mais quand même, il y a...

  • Speaker #2

    Ce n'est pas un combat, mais c'est le fait de toujours devoir se battre.

  • Speaker #0

    Oui, pour s'affirmer, pour vivre. Et puis pour exister au même niveau, oui. Je pense que le souci d'existence est beaucoup plus ardu pour les femmes qu'une société qui reste quand même encore une société, encore d'hommes. malgré les efforts. C'est ce que je dis quand je défends le bouquin. En ce moment, auprès de lecteurs, si peut-être il y a 20 ans, la pièce n'a pas eu de suite, c'est qu'à l'époque, le combat des femmes aujourd'hui n'avait pas encore le même aura. Il existait, le féminisme, ça ne se passe pas d'il y a 20 ans. médiatiquement parlant, ça a vraiment commencé à monter il y a à peu près 20 ans, 15 ans. Ça a commencé à monter et puis maintenant... Et peut-être que justement, pourquoi cette histoire m'est revenue quand Fahia m'a demandé quel projet je leur proposais. La lettre bleue est montée toute seule. Donc si elle est montée toute seule, c'est qu'elle a des résonances qui sont actuelles. C'est pas un hasard, c'est pas parce que j'avais ça sous le pied. C'est parce qu'il y a une résonance.

  • Speaker #1

    C'était le moment, quoi.

  • Speaker #0

    C'était le moment qu'elle ressort. Et effectivement, ils ont lu le truc et ils m'ont dit, mais il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller, quoi. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et la lettre bleue, tu penses que... Je pense que les gens ne savent pas pourquoi le titre, mais est-ce que tu peux l'expliquer ? Parce que c'est assez...

  • Speaker #0

    La lettre bleue, c'était la couleur du courrier qu'on recevait quand on apprenait la mort de quelqu'un sur le front.

  • Speaker #2

    Donc, tu n'avais même pas besoin de lire la lettre, quoi. Tu arrivais avec sa lettre bleue et tu savais que c'était...

  • Speaker #0

    A priori, quand tu voyais déjà le gendarme arriver près de ta maison... Le facteur, mais si ça pouvait être un gendarme, tu serrais les fesses, si je puis dire. C'était vraiment... Il y a un très joli court-métrage avec Myriam Boyer. Je ne sais plus comment il s'appelle. On voit un facteur qui arpente la rue principale d'un village. Il y a toutes les femmes à la fenêtre qui ne respirent plus. Et quand ils passent, et qu'ils ne s'arrêtent pas, elles respirent.

  • Speaker #1

    D'imaginer la transition. Avant, maintenant, on n'a pas un texto pendant deux heures, on est hyper affolés. Alors qu'avant, il fallait attendre, il partait à la guerre, pas de nouvelles. Et on attendait que le facteur nous amène.

  • Speaker #0

    Et souvent, ce qui est arrivé fréquemment, ce qui est le cas dans le roman, c'est que tu apprenais la mort du type six mois après qu'il soit mort.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Il fallait déjà que le corps soit reconnu. Parce qu'en général, quand il est mort, il n'était pas forcément entier. Et puis,

  • Speaker #1

    des fois, il ne le savait pas, il ne revenait pas de la guerre. Il n'y avait pas de nouvelles. Il y avait des déductions.

  • Speaker #0

    Ce qui est aussi un autre sous-sujet dans le sujet, c'est la difficulté de faire le deuil quand tu n'as pas le corps.

  • Speaker #2

    Ah ben oui, ça c'est un vrai...

  • Speaker #0

    Parce que les corps n'ont été rapatriés qu'à partir de 19, jusqu'à, je ne sais plus quand, mais en 21, 22, les gens n'avaient toujours pas retrouvé le corps entre ceux qui étaient dans des ossuaires, qu'on appelle les ossuaires aujourd'hui, où finalement on ne sait pas qui c'est, donc tout le monde va être là. Et puis on va estimer qu'il est là parce qu'il était supposé être dans ce coin. Et puis ceux qui mettent des plombes à revenir, qu'il faut déterrer parce qu'ils ont été enterrés entre temps. Ça devait être un truc...

  • Speaker #1

    Et puis l'espoir, toujours,

  • Speaker #0

    que peut-être ils se sont trompés.

  • Speaker #1

    L'espoir que ça ressonne.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc c'est tout ce truc-là dont je parle. Mais voilà. Je crois que c'est un livre qui est... C'est pas du tout le coup de masse, je crois que c'est un joli roman sur... Il y a Éric Foisier qui est un ami écrivain qui est très très connu. C'est lui qui écrit le Bureau des efforts occultes, je pense que vous avez entendu parler. C'est quelqu'un qui a gentiment lu le bouquin et avant qu'il sorte, pour me faire un... dans l'espoir qu'il me fasse un petit mot pour la quatrième de couvre, et qui a dit que c'était le grand roman de la perte.

  • Speaker #2

    Ah c'est beau !

  • Speaker #0

    Et... ouais, ouais. Surtout que moi, je ne mets pas dans la perte quelque chose de... C'est dramatique, mais c'est humain la perte aussi. C'est humain de perdre. Donc, il n'y a rien de grave au sens où la vie continue quand même. Mais la perte, il faut que ça s'accepte. Et pour l'accepter, il faut... Il y a ce fameux deuil. Après, le deuil, c'est une notion très subjective. Moi, je pense que le deuil, on ne le fait jamais. On vit avec. Mais voilà, j'aime bien cette définition-là.

  • Speaker #2

    En tout cas, ça s'appelle la lettre bleue aux éditions Fayard. On arrive presque à la fin de l'émission. C'est quoi les projets futurs là ?

  • Speaker #0

    La suite des deux premiers pour lesquels je suis en études en ce moment. J'espère être prêt dans un an. J'espère qu'il sortira dans un an. Mais avant ça, il y a tout un travail d'études, de mise au point de l'histoire. et puis après l'écrire, et puis après toutes les différentes étapes qui sont très longues en édition. Et ensuite, ça va être revenir au théâtre, avec l'épiphone du Japon, qui avait été jouée à Avignon, qui revient à l'Ascala, à Paris, fin janvier.

  • Speaker #2

    On vous dira, d'ailleurs, on mettra quand ça sort,

  • Speaker #1

    Liliane. Avec une super comédienne à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Une super comédienne qui s'appelle Marion Chrisman. Petite case dédie.

  • Speaker #0

    Et Gaël Cotta, quand même, ne pas l'oublier.

  • Speaker #2

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Et mise en scène par Fabio Mara.

  • Speaker #2

    Mais évidemment.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #2

    Et Marie-Emmanuelle Robert-Espagneux. Oui,

  • Speaker #0

    évidemment. Et Avignon. Et Avignon qui se profile avec... Plusieurs projets, dont une pièce que j'ai écrite il y a longtemps, que j'ai produite avec ma compagnie, la belle équipe, qui s'appelle « Les poissons ne meurent pas d'apnée » , qui sera au Bélier. Et puis, une autre pièce, et trois autres pièces normalement. Voilà, ça va être une belle année pour Avignon.

  • Speaker #2

    C'est « El Patroné d'Avignon » , Emmanuel.

  • Speaker #1

    Si vous voulez aller à Avignon, vous allez voir Emmanuel à tous les quandres. Tous les créneaux.

  • Speaker #2

    Vous pouvez faire la blague quand vous traînez dans les rues. Vous pouvez dire, tu vas voir quoi ? Une pièce d'Emmanuel. Tout le monde va dire, ah oui, bah oui.

  • Speaker #0

    Mais laquelle ?

  • Speaker #2

    Ça,

  • Speaker #1

    toutes. Ça serait bien, ça serait Avignon. Ça voudrait dire qu'on sera au mois de juillet et qu'il fera chaud.

  • Speaker #2

    Ouais, ça serait bien. Non, il ne fait jamais trop chaud.

  • Speaker #1

    Avignon, il fait trop chaud.

  • Speaker #2

    Non, moi, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Moi, je suis du sud.

  • Speaker #1

    Je ne veux pas faire voir trop chaud que trop froid. Il fait tout, par contre, il ne fait pas très chaud. Mais on arrive à la fin. Est-ce que tu as un petit mot pour la fin que tu veux partager avec nous ? Ou tu nous as déjà tout dit ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais partager ? Un petit truc, un petit tip. Merci déjà de m'avoir fait travailler pendant une heure sur ma... Non, non, sur ma...

  • Speaker #1

    Rétrospectif.

  • Speaker #0

    Sur ma haine de la tente. Parce que finalement, je ne supporte pas d'être dans une tente. Et là, ça fait une heure que je suis dans une tente. Et je trouve que je me suis vachement bien tenu.

  • Speaker #2

    Et ça va ? Et t'es heureux ou t'es mal ?

  • Speaker #0

    Non, ça va. Ça fait un petit peu... On est entre le Touareg et Madame Irma. Il y a un truc un peu...

  • Speaker #1

    Oui, mais après, on fait le tirage de cartes.

  • Speaker #0

    C'est ça. Non, non, c'est très agréable et en très bonne compagnie.

  • Speaker #2

    Ah ben, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Non, non, c'est très agréable et puis c'est toujours... Et puis, ça a un biais un petit peu particulier d'aborder le thème de l'écriture en parlant de plein de choses. Donc, j'ai passé un très joli moment.

  • Speaker #2

    Ah ben, nous aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci,

  • Speaker #0

    Emmanuel. Merci à vous.

  • Speaker #2

    Et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel homme.

  • Speaker #1

    À la semaine prochaine. Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Description

Et si la photographie pouvait nous apprendre à écouter ? Si le théâtre se transmettait par l’oreille avant de s’écrire ? Dans cet épisode du podcast Flammes des Années 80, nous rencontrons Emmanuel Robert-Espalieu, auteur de théâtre, romancier et ancien photographe de scène, qui partage avec émotion son parcours d’artiste multicarte.

Ecrivain de trois romans dont "La lettre Bleue" qui vient de sortir aux éditions Fayard et "Fleur de sang" et " Monsieur de ¨Paris", romans historiques qui viennent de sortir en format poche!

Passionné par les émotions, la mémoire du théâtre, les femmes et les combats intérieurs, il nous raconte comment ses années dans les coulisses des plus grandes scènes françaises l’ont formé, sans le savoir, à devenir dramaturge. Entre révélation de soi et chemin artistique, Emmanuel évoque son basculement vers l’écriture, ses débuts fulgurants dans le théâtre, puis dans le roman historique.

Il parle aussi de ses personnages féminins puissants, du féminin dans l’écriture, et de sa sensibilité particulière à la résilience des femmes à travers l’histoire. À travers ses mots, on explore des thèmes profonds : la légitimité, la création intuitive, la transmission, mais aussi la sororité invisible que peuvent créer les récits bien écrits.

Avec humour et sincérité, Emmanuel revient sur son dernier roman La Lettre bleue, une fiction historique centrée sur une veuve de guerre qui ose défier la société patriarcale de 1916 pour retrouver sa joie de vivre – et donc, son épanouissement personnel. Un récit fort, actuel, qui touche en plein cœur.

Un épisode inspirant pour toutes celles qui cherchent à oser être soi, à écouter leur propre voix, et à faire de leur histoire une force.

💬 Un échange sensible, drôle et profond sur le théâtre, la littérature, la place des femmes dans l’écriture, et ce feu intérieur qu’on rallume, une page après l’autre.


📲 Rejoignez-nous sur Instagram @flammesdesannees80 pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des nouveaux épisodes dédiés au développement personnel féminin.

📰 Inscrivez-vous à notre Newsletter juste ici pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et toutes les actualités du podcast pour femmes.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur Spotify, Apple Podcasts, Deezer, YouTube, et toutes vos plateformes préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Prête à embraser ta vie intérieure avec nous ? Abonne-toi !

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme : introspection, émotions, résilience, maternité consciente, amour, sexualité féminine, parcours inspirants de femmes audacieuses.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80,

  • Speaker #1

    le podcast qui allume la femme. Bonjour, alors on est toujours en décembre et on reçoit encore des hommes sous cette tente. Et ce soir, on a la chance de recevoir Emmanuel Robert Espaglieu. Est-ce que tu veux te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonsoir. Bonsoir. Emmanuel Robert Espaglieu, je suis écrivain, théâtre et roman. puis metteur en scène et directeur de compagnie, aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et tu as eu une ancienne carrière ?

  • Speaker #2

    De photographe. Pendant plus de 20 ans, j'étais photographe de répétition de pièces de théâtre, uniquement. Et portraitiste aussi, quand même un peu, de comédien et d'écrivain.

  • Speaker #0

    Et comment tu as décidé de changer, enfin pas de changer, mais d'écrire en fait ?

  • Speaker #2

    J'ai pas décidé du tout. J'ai agrémenté mes images de texte à une époque. J'étais absolument pas littéraire, je n'ai pas de formation littéraire. Et l'écriture est venue comme un support d'images. Et puis un jour, un ami qui faisait des spectacles pour enfants m'a demandé de venir faire des photos de son spectacle à Avignon, c'était en 92. Et j'y suis allé, j'ai découvert le Festival d'Avignon, j'ai fait des photos de son spectacle et d'autres spectacles qui étaient dans la même salle toute la journée. Et puis un travail sur le spectacle de rue. Et puis je suis reparti avec tout ça, en ne sachant pas trop bien ce que j'avais vécu. Et entre temps, j'étais encore en fac et je rentrais en DESS, un DESS de gestion des affaires culturelles qui était sous la direction de Robert Abirached à l'époque, qui ne vous dira rien, c'est trop jeune. C'était l'ancien directeur du Festival d'Avignon et directeur de théâtre au ministère de la Culture. Et je lui ai montré mes photos en lui disant, voilà ce que j'ai fait, que vous en pensez. Il m'a dit, est-ce que vous voulez que je vous les montre à Ferreux d'Arcier, qui était à l'époque le directeur du Festival d'Avignon. Et je lui ai dit, bon ouais.

  • Speaker #0

    Tant qu'à faire.

  • Speaker #2

    Mais sans vraiment avoir de velléité d'en faire quoi que ce soit d'autre. Parce qu'à l'époque, j'étais encore dans l'hésitation entre vivre de la photographie ou continuer à faire des études qui m'auraient permis de gagner beaucoup d'argent et de ne pas avoir les problèmes que j'ai aujourd'hui. et

  • Speaker #1

    La vie d'artiste ?

  • Speaker #2

    Et donc voilà. Et puis le févreux d'Arcier m'a donné une carte d'autorisation de circuler dans les coulisses du IN, plutôt. Ça, c'était en 93. J'y suis retourné avec mes petits appareils. J'ai même emmené mon laboratoire photo que j'ai monté là-bas. Un peu comme vous l'attendent. Sauf que je transformais le sud où je louais en laboratoire. Et je shootais la journée, je développais la nuit. Et c'est comme ça que j'ai rencontré Jacques Lassalle à la Comédie Française, Lavelli pour La Colline, Lukasiewski, Philippe Adrien, Stavisky, tous ces gens-là de l'époque. Et tout d'un coup, je me suis retrouvé au Théâtre de La Colline, à la Comédie Française, à faire des photographies pour des expositions, pour des programmes, et c'est devenu ma spécialité. J'ai traîné pendant 20 ans dans les coulisses de théâtre. Et donc, j'ai appris le théâtre par l'oreille. Je dis toujours ça. Pour moi, le théâtre, c'est une musique avant tout. donc je... J'entendais des textes, parce que je restais en gros trois semaines, deux à trois semaines par pièce à traîner. Parce que j'ai resté du travail à table au début jusqu'à la première. Donc, je compartimentais mes interventions. Et finalement, sans le savoir, j'entendais les textes, je les entendais, je les entendais vingt fois. Et j'ai appris le théâtre vraiment à l'oreille.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, tu as eu comme une formation. Inconsciemment, tu as été formé à devenir ce que tu es devenu aujourd'hui, auteur et metteur en scène. C'est incroyable.

  • Speaker #2

    Oui, j'avais la place privilégiée d'un assistant metteur en scène sans en avoir les tâches. Voilà, c'est-à-dire que j'étais là, partout, je le suivais. Et j'ai assisté des mecs comme... J'ai même assisté Harold Pinter. Ah ouais ? Sur deux pièces. Et donc des gens, Jean-Luc Boutet avant qu'il ne disparaisse. Des gens vraiment extrêmement... Enfin, aujourd'hui, je réalise la chance que j'ai eue, quoi, de côtoyer des gens comme ça. Et puis des comédiens aussi, hein. Voilà, on l'appelle. des gens que j'ai fini par photographier aussi. Mon travail de portraitiste s'est développé dans les coulisses. Je disais aux uns, je peux faire des portraits de vous. J'avais toujours besoin de portraits de toute façon, parce que je vendais un peu mon travail en expo. Et puis, photos de presse. Et donc, il fallait des portraits. Donc, les noirets, les bouquets, tout ça, j'ai travaillé avec eux plusieurs fois. Et donc, j'ai des portraits d'eux en travail et en pose.

  • Speaker #0

    Tu devrais faire une rétrospective de tout ça. Ça serait génial de les voir, ces photos.

  • Speaker #2

    Alors, ouais, mais... Oui, on me le ressent sans arrêt sauf que je ne suis pas quelqu'un qui aime ressortir les choses du passé, donc j'ai un gros problème avec ça Pour moi, le passé est consommé, en fait. Donc, c'est en moi. Je pense que ça se traduit par ce que je fais aujourd'hui en écriture. Et puis, même en direction de comédien aujourd'hui que ma compagnie, j'ai tellement vu des metteurs en scène diriger que je me suis... En fait, j'ai bu aussi ça. C'est pour ça que je parlais d'assistant-directeur, metteur en scène. L'assistant, en général, il boit aussi la technique de mise en scène du mec qui l'assiste ou de la nana qui l'assiste. Et moi, en l'occurrence, j'ai eu la chance d'en faire 150. et du coup je pense que c'est un peu un mélange de tout ça

  • Speaker #0

    beaucoup plus que ce qu'un assistant aujourd'hui fait avant de venir.

  • Speaker #2

    C'est pour ça que je suis bien meilleur que les metteurs en scène qui ont assisté.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Vous savez, quand on est assistant, je ne sais pas, peut-être qu'on va faire une dizaine, maximum une vingtaine, mais 150, c'est très rare. Même pas. Même pas, c'est pour ça, je ne voulais pas.

  • Speaker #2

    Je sens le metteur en scène qui a été l'assistant d'eux. Il y a une école, en fait. Moi, c'est l'école Bourguignonne. C'est l'école, on ne sait pas d'où. Non, enfin voilà, donc c'est un mélange de plein de choses, des gens dont j'ai aimé le travail de direction, d'autres dont je me sentais proche, et d'autres, je trouvais qu'ils dirigeaient, c'était violent, ou c'était pas comme ça que je voyais les choses. Mais ça, c'est facile de le dire avec le recul.

  • Speaker #1

    Et tous ces portraits-là, ils sont dans une boîte fermée, nostalgique, de côté qu'on n'ouvrira pas ?

  • Speaker #2

    Pour la légende, non, c'est plutôt dans des classeurs. En plus, le fait est que c'est horrible ce que je vais raconter. Mais il y en a qui ont été détruits par une inondation. Donc, il y en a une partie qui a vraiment disparu. Mais en même temps, je trouve ça assez beau. J'aime bien ce côté... Justement, ça fait partie maintenant des souvenirs du temps passé. Je ne suis pas tellement... Les rétrospectives, ça me saoule. Je ne suis pas...

  • Speaker #0

    C'est marrant que tu dis ça, parce que moi aussi, j'ai un rapport au temps où les souvenirs ou les photos, les perdre, ça me fait de la peine sur le moment. Mais en même temps, je me dis, je ne veux pas passer des heures à regarder les vieilles photos. Je trouve que c'est... Je suis un peu comme toi.

  • Speaker #2

    Oui, c'est en soi. Pour regarder devant, il faut savoir que tu les as faites, mais les ressortir... Et puis les photos, c'est une émotion avant tout, pour celui qui les a prises. Ce n'est pas une image, l'image presque... Ouais, c'est joli, c'est beau une image, mais derrière, il y a le moment, et ça, c'est indicible. Et ce n'est pas une exposition qui va retracer ce moment en plus. Donc moi, c'est en moi. J'en parle si on veut que j'en parle. Mais j'aurais plus tendance à faire une rétrospective comme ça, parler, qu'une rétrospective imagée.

  • Speaker #0

    Ça tombe bien parce qu'on n'a qu'un micro. T'es au bon endroit.

  • Speaker #1

    On ne t'organisera pas sur une scène. Alors, je vais vous parler de mes photos, mais je ne vais pas vous les montrer.

  • Speaker #2

    C'est ça. Voici ce qu'on peut faire, si vous voulez.

  • Speaker #0

    C'est trop intéressant. C'est comme ça, si on te... On n'a pas du tout préparé ça, mais est-ce que si tu as une photo comme ça, que tu as fait, qui t'a vraiment marqué ? Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ? Quelque chose qui te vient à l'esprit maintenant ?

  • Speaker #2

    Une photo...

  • Speaker #0

    Celle à laquelle tu penses en ce moment,

  • Speaker #2

    par exemple ? Il y en a une qui me revient tout de suite. Pour plein de raisons. C'est quand je travaillais sur... Je vais donner ça à faire un peu théâtreux ce que je vais dire, on s'en fout. C'était sur un don juan mis en scène par Jacques Lassalle dans la cour du Palais des Papes. Donc là, on est en 93, justement. et c'était à l'époque le commandeur a été joué par François Chaumette je ne sais pas si ça vous parle François Chaumette ça a été un des grands comédiens de la comédie française, il est très connu surtout pour sa voix parce que c'est Dark Vador dans Star Wars donc tout de suite ça pose le poney quand même et c'est un monsieur que moi je c'est un monstre et je passais dans les loges comme ça derrière la cour, les loges sont dans une grande salle voûtée, c'est magnifique Et les loges sont une espèce de panneau qui crée la loge. Et donc, je ne toquais même pas parce qu'il n'y a pas de porte. Donc, tu toques un rideau, ça ne s'entend pas, donc on ne répond pas. Donc, à un moment, tu bouges le rideau. Et je faisais comme ça les communes les uns vers les autres, parce que j'aimais bien les ambiances de loge. Je ne les ai pas posées, ils faisaient ce qu'ils voulaient, mais moi,

  • Speaker #1

    un peu ce que tu fais.

  • Speaker #0

    Angélique a fait de la photo, vous pouvez aller voir sur Instagram.

  • Speaker #2

    Sauf que moi, je l'ai fait 20 ans plus tôt.

  • Speaker #1

    J'ai tout recopié, j'ai tout piqué à Emmanuel

  • Speaker #2

    Très gratifiant. Et donc, il y avait ce monsieur habillé déjà en commandeur, mais en train de lire le monde. Et j'ai adoré ce moment où je lui ai dit, voilà, est-ce que je peux faire un portrait de vous ? Et puis il m'a dit, oui, oui, vous en prie. Et hop, il a pris sa lecture. Il y avait cette espèce de chose complètement majestueuse. Et avec ce lien entre le présent et le passé, la fiction et la réalité, le comédien qui va être le commandeur, mais qui n'est pas encore tout à fait, mais la moitié. ou est-ce que c'est le commandeur qui est plus tout à fait le comédien ? Enfin, il y a tout un truc.

  • Speaker #0

    Ça raconte une histoire.

  • Speaker #2

    Cette histoire et cette image, c'est ces moments-là que j'aimais beaucoup. Ces moments au point où, au moment où, ce sas... entre ce que vous connaissez, entre l'homme ou la femme et le comédien, la comédiante, et le rôle.

  • Speaker #1

    J'adore, c'est exactement ce que j'essaye de choper, moi, ce moment où tu ne sais plus qui est qui. Le comédien va vers son rôle et en même temps, le rôle est déjà en train de prendre le comédien.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce qu'il te donne ? Est-ce que c'est le comédien qui te donne quelque chose ou est-ce que c'est encore l'homme ou la femme qui te donne quelque chose encore ? On ne sait pas trop. Et on s'en fout d'ailleurs. c'est ça qui est magique

  • Speaker #0

    Je pense qu'il ne le sait pas vraiment.

  • Speaker #1

    Non, mais après, je trouve que sur les photos, tu sens des énergies différentes. Sur les photos, tu sens l'énergie plutôt d'un comédien ou d'une concentration ou de quelqu'un qui sait qu'il est pris en photo ou qui est tellement parti qu'il ne sait plus s'il est pris en photo ou pas. Ça crée justement la photo.

  • Speaker #2

    Après, il y a la magie qui a plus l'argentif que le digital, qui est au-delà du cadrage, du choix de l'optique, de la lumière. Il y a la matière aussi qui vient créer une dimension qui est liée au salaire d'argent, qui est une dimension de matière qui vient aussi mettre un filtre entre ce que l'œil voit, ce qui traîche comme image dans le résidu mémoriel, ce qui traîche dans ta tête, et la réalité du tirage qui vient amener encore une autre dimension. C'était cette magie-là après laquelle je courais quand j'étais photographe et que j'ai perdue avec le numérique. Ce qui fait que ça ne m'a pas posé de problème de passer à l'écriture. Transition !

  • Speaker #1

    On est passé au numérique, j'ai décidé d'écrire.

  • Speaker #2

    Je vous écris avec un CD-WiC, un ordinateur.

  • Speaker #0

    On ne va pas te poser cette question, mais si tu veux absolument y répondre,

  • Speaker #2

    monte et écoute. Allez-y, posez-moi des questions, je suis ouvert.

  • Speaker #0

    Et donc, c'était quoi la première fois que tu as écrit ? C'était une pièce, un roman ?

  • Speaker #2

    Une pièce. Contre toute attente, c'était une pièce parce que j'avais tourné deux courts-métrages dans les années 2000, 2002.

  • Speaker #1

    Que tu avais écrit ?

  • Speaker #2

    Que j'avais écrit.

  • Speaker #1

    Et que tu as réalisé ?

  • Speaker #2

    Et que j'ai réalisé. J'en ai écrit deux et j'ai même tourné une pub que j'ai co-écrit avec Axel Laffont et qu'on a réalisé pour le printemps du cinéma. C'est une époque qui passait du film avec plein de comédiens super connus. On avait gagné le... En fait, c'est un appel à projet, on l'avait gagné, on l'a tourné. Et il y avait eu ces deux courts-métrages aussi. Donc, j'avais réalisé trois films courts. Et puis, j'avais dit, oh, réalisateur, tout ça. Et puis, il a suffi... J'ai un des films qui a bien marché en festival, donc qui a été beaucoup vu. Donc, je l'ai accompagné. Et donc, j'ai été comme ça, comme un con, à côté des autres réalisateurs et réalisatrices, devant des publics. pour expliquer pourquoi c'est super de tourner un film, ou pourquoi je serai le Costa Gravas de demain. Et en fait, non. En fait, plus je parlais, et moins je parlais, et plus je ne me sentais pas du tout à ma place, et j'ai réalisé qu'en fait, tout ce bordel ne me correspondait pas.

  • Speaker #0

    Et tu sais pourquoi cette... Parce que l'image, l'écriture, tout de suite, on se dit...

  • Speaker #2

    Trop compliqué, trop de biais techniques pour moi. J'aime bien la spontanéité, l'instantanéité. Alors, pas non plus la nouvelle vague qui me saoule, mais... Je sais bien qu'il est préparatif, je sais bien. Et c'est ce qui est devenu d'ailleurs le cinéma aujourd'hui, c'est qu'on abordait un cinéma très technologique, basé beaucoup sur l'image et de moins en moins sur l'histoire. Donc, ça a commencé à me déplaire un peu. Et puis tout... Alors, j'ai fait des films compliqués, cela dit. J'ai fait un film historique en huit minutes, dans des tranchées. Donc, c'était tout un bordel à éclairer, décorateur, costume, explosion. Le mec a commencé simple. Ouais. Et bon, c'est simple, c'est de la boue en même temps. Et tout ça m'a paru fastidieux. Et même sur le tournage, j'avais envie de plus de spontanéité, d'y aller maintenant, comme on fait au théâtre ou quand on joue, on est, c'est bon, on y va maintenant, on s'en fout que t'aies pas mis tes chaussures, c'est là, c'est maintenant. Ou comme la vie, en fait. Et là, c'était un peu trop, je sais pas. Il y avait un truc, je me sentais pas légitime, en plus, je pense. C'était très, très bien ce que je faisais, mais je ne me sentais pas légitime. Et donc, en revanche, l'écriture est restée de ça. Donc, j'avais déjà cette patte-là. Et puis, à l'époque, je faisais des portraits. J'étais photographe portraitiste pour, ce qui est drôle, pour des maisons d'édition, pour des écrivains.

  • Speaker #0

    T'avais tout, t'étais tracé, en fait.

  • Speaker #2

    Et notamment pour les éditions d'Ile-Jacob, Robert Laffont et Albin Michel. Et à un moment donné, je photographie une femme pour son bouquin. Et elle me raconte l'histoire de son livre. Ah ! Je fais l'histoire magnifique. Et là, elle m'a dit, c'est ça mon premier film ? Et là, je lui pose la question, ça vous enleve mieux si je vous propose un projet de film ? La fille complètement me dit, si vous voulez. Enfin, ça tombait un peu des nues comme proposition. Et je m'y suis collé. Sauf que c'est une pièce qui est sortie et pas... et pas le film. C'est-à-dire que les 20 années passées en coulisses m'ont complètement formaté le cerveau et j'ai une écriture naturelle qui est théâtrale. Je vois que ça.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est venu à toi. C'est-à-dire que tu as dit, je commence à écrire un film.

  • Speaker #2

    Ah ouais, et puis vraiment, ma main, tout d'un coup, s'est emportée. Et j'ai écrit, j'ai écrit, j'ai écrit. Et à la fin, mais en très peu de temps, en 15 jours, boum, une pièce. Et j'étais vraiment comme un con devant le texte. C'est comme une poule qui regarde son oeuf. C'est une très jolie comparaison. Je vais être contente.

  • Speaker #0

    Je ne vais pas couper tout ce que vous dites.

  • Speaker #2

    Merci pour l'attention. Et à l'époque, je travaillais sur les répétitions d'une pièce à l'atelier, mise en scène par Didier Long. Et donc, je vais voir Didier et je lui dis « Est-ce que tu veux bien dire ça, s'il te plaît ? » Comme ça, un peu une patate chaude, quoi. Et je ne sais pas si c'était gentil ou pas, mais il me dit, elle est parfaite cette pièce.

  • Speaker #0

    Qui l'a écrite ?

  • Speaker #2

    Non, non, c'est moi qui l'ai écrite, mais elle est parfaite cette pièce. Et dans la même année, je ne sais pas ce qui... ça a ouvert des vannes et j'ai écrit quatre pièces derrière, dont Les poissons de Merpadape-Nez qui ont été jouées, Riviera qui avait été jouée, Moparnasse, des choses qui ont été jouées plus tard et après, je n'ai plus cessé d'écrire du théâtre.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça t'a aidé aussi tous les contacts que tu avais du coup parce que tu baignais là-dedans ou pas tant ?

  • Speaker #2

    Pas tant que ça, parce qu'en France, on est au contraire. C'était même un gros problème, parce qu'en France, on n'arrive pas à accepter l'idée qu'on puisse être multicarte.

  • Speaker #1

    Tout est très compartimenté.

  • Speaker #0

    De plus en plus, quand même.

  • Speaker #2

    Dans une société anglo-saxonne, ça marche.

  • Speaker #0

    On est en France de plus en plus, quand même.

  • Speaker #1

    Oui, ça commence un peu, mais c'est quand même assez...

  • Speaker #2

    Je ne suis pas persuadé.

  • Speaker #1

    Assez compartimenté.

  • Speaker #2

    C'est un peu...

  • Speaker #0

    Moi, je pars du principe de ce qu'on se raconte. Moi, je fais mille trucs.

  • Speaker #2

    Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Et si je me raconte que, parce que moi j'ai habité longtemps en Angleterre, et du coup je suis revenue avec ce modèle-là, et je me suis pas mise de barrière, et en fait ça s'est toujours très bien passé. Et je pense que ça évolue aussi, les gens maintenant savent qu'aujourd'hui...

  • Speaker #2

    Je t'avouerai qu'au début, ça m'a vraiment... Quand on m'a dit une fois, ah c'est le photographe qui s'est mis à écrire... Ouais c'est ça. Et un jour il y avait même, je ne citerai pas son nom, parce qu'elle est décédée et je respecte les gens qui sont morts ou pas. et une grande directrice de théâtre donc vous savez tout le monde sait qui c'est et chez qui j'avais fait beaucoup de reportages de travaux sur les répétitions de ses pièces qui m'ont laissé de très bons souvenirs d'ailleurs parce que j'ai eu la chance de travailler avec des comédiens immenses chez elle et un jour on revient avec Riviera, la pièce que Myriam Boyer a jouée On revient chez elle pour faire une lecture. Et elle m'a... Je ne sais pas, j'ai fait... Allez, peut-être pas... Cinq, six pièges. Je suis donc resté quatre, cinq mois dans ces murs. Mais il y avait quelques années. Et j'arrive et elle dit... Je me présente à elle. Donc déjà, elle ne m'imprime pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu ne te reconnais pas ?

  • Speaker #2

    Elle est en train de faire un fou. Mais elle me dit, ça prouve que je suis un très bon photographe. Parce qu'on ne me voit pas. Et elle me dit... Vous n'avez pas un f-scrère ?

  • Speaker #0

    Oui, le photographe.

  • Speaker #2

    Et je lui ai dit, si, si, si, on a le même prénom. Ah bon ? Voilà, terminé. Voilà, donc, ce qui trouve bien, qu'il y a des trucs... Alors déjà, en plus, ce qui est pratique dans le théâtre, c'est que les gens ont une mémoire de poisson, ils ne se souviennent jamais de toi, donc ça, c'est bien. Mais ce n'était pas forcément évident. Après, même moi, j'ai toujours gardé... cette légitimité en tant qu'auteur auprès des gens qui m'ont connu en tant que photographe. C'est-à-dire de justifier que maintenant j'écris, alors qu'ils m'ont connu photographe. Même moi, j'ai ça. C'est fini là,

  • Speaker #0

    quand même.

  • Speaker #2

    Non, pas vraiment. Enfin, maintenant, avec qui j'ai bossé, ils sont tous morts. Non, non, non, pas vraiment. Non, puis aujourd'hui, même les gens me présentent comme un illustre photographe d'une certaine époque. C'est bien, ça me donne un peu de... Ça me fout un peu sur un piédestal, genre musée. Très bien. Mais non, non. Après, ça dépend des gens, oui. Mais j'en parle plus trop maintenant.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ça de l'écriture de pièces à l'écriture de romans ? Ou est-ce que du coup, ça, c'est quelque chose comme tu restes auteur, c'est OK ? Ou alors d'un seul coup, quand tu fais du roman, il y a ce truc aussi, c'est l'écrivain de théâtre qui veut faire du roman ou pas du tout ?

  • Speaker #2

    Moins parce que d'abord, je suis moins confronté aux gens de théâtre. Dans l'écriture de romans, je ne m'adresse pas à eux. Là, c'est le public large. Donc, quand on en parle, c'est qu'on pose la question. Sinon, je n'ai pas à l'amener sur le tapis. Après, moi, j'ai un problème qui est lié à moi. C'est que j'ai un vrai problème de légitimité, ce qu'on appelle le syndrome d'imposteur. Bon, ces conneries-là que tout le monde a, plus ou moins. Et qui fait qu'effectivement, à chaque fois... On se remet en question, mais en même temps, c'est une bonne chose. Ça te permet un peu de remettre le compteur à zéro quand tu commences un roman, ou même quand tu commences une pièce, comme si c'était la première. Et c'est ça qui est un gage d'honnêteté, de travail, d'honnêteté. Et que ce que tu proposes aux gens, c'est entier. C'est pas, je vais te ressortir un truc que je sais faire. Mais non, après la photographie, c'est bon, c'est loin. Et puis ça va, j'ai plus l'âge d'avoir ce genre de considération. On ne l'a pas vu ce que je viens de faire.

  • Speaker #0

    Non, mais t'as valé le détour. Et quand t'as écrit tes romans, t'es parti d'une idée et ça s'est avéré être un roman comme pour la pièce de théâtre ?

  • Speaker #2

    Non, pas du tout. Alors là, c'est encore une espèce de vague supplémentaire qui vient faire son travail sans vraiment que je le décide. C'est une amie, Margot, qui est devenue mon éditrice d'ailleurs depuis, qui euh... qui a eu écho d'un projet de film que j'avais écrit, parce que j'ai eu quand même un projet de film, un long métrage, pendant très longtemps. Et elle m'a demandé à lire les développements. Elle connaissait mon travail de théâtre. Elle a demandé à lire les développements. Alors, j'avais des développements parce qu'en fait, comme c'est une histoire... C'est mon premier roman, en fait. Le Fleur de Sang. Que vous trouverez chez Pocket.

  • Speaker #0

    On mettra tous les liens.

  • Speaker #2

    Et en fait, c'est un roman dont le déclencheur, comme on dit de manière très moche, est tiré d'un fait réel, mais vraiment juste le déclencheur. Et après, c'est une fiction. Mais avant d'arriver à la fiction, j'avais écrit plusieurs développements qui se détachaient de plus en plus de la fiction pour arriver à une version complètement fictive, finalement. Et elle a lu tous ces documents-là et elle connaît mon travail d'auteur de théâtre. Elle me dit, mais tu as déjà pensé au roman ? Et je lui dis non. Parce que c'est vrai que, autant, c'est drôle parce que les dramaturges ou toutes les autres formes d'écriture, on met les romanciers sur des trucs inaccessibles, genre c'est la forme la plus majestueuse de l'écriture. Et inversement, maintenant je connais des romanciers, quand je leur dis que j'écris du théâtre, ils font « Oh ! Comment tu fais pour écrire du théâtre ? » C'est le Graal, quoi. Donc c'est drôle parce qu'on est con. Donc...

  • Speaker #1

    Je fais les deux. Je fais, oh là là, comment je fais pour écrire du théâtre ? Oh là là, comment je suis un romancier maintenant ? Comment je fais ? Voilà. Tu tout kiffes un peu ?

  • Speaker #2

    Carrément. Elle me connaît bien.

  • Speaker #0

    Je vais pas le dire.

  • Speaker #2

    Non, et donc, voilà. Donc, je lui dis, bah... Non, j'avais jamais pensé... Non. Alors, si. C'est pas vrai. Tu mens. Aïe. Je me... C'est pour la semaine projet ? Non, non, c'est pas vrai, parce que j'avais déjà écrit un roman qui n'a jamais été édité. Donc, j'avais quand même eu des velléités de roman à une époque. C'est pas vrai. Je pense qu'il y a toujours cette frustration. Il y a toujours ce truc où on se dit, j'aimerais bien écrire un roman. Peut-être que les romanciers ont essayé d'écrire du théâtre, je ne sais pas. Mais bref, elle me l'a proposé et je lui dis, écoute, je vais essayer de pondre un projet de roman. Et j'ai repris toutes mes notes que j'avais accumulées pour l'écriture du scénario. C'était dix ans plus tôt en plus, donc c'était très très loin. Et j'ai envoyé une proposition. Alors c'était quoi ? Une trentaine de pages. Et c'est passé en commission. Et puis là-bas, ils m'ont tous dit, on fonce. Trop bien. Oh merde ! Et donc j'ai signé mon premier roman en fait. Et c'est tombé quinze jours avant la pandémie, avant qu'on soit refermés. C'était donc idéal.

  • Speaker #0

    Tu n'avais rien d'autre à faire.

  • Speaker #2

    Rien d'autre à faire. Et donc, je me suis retrouvé moi tout seul avec mes Ausha et un roman à écrire. Ils ont mangé les Ausha. J'étais mauvais. Et donc, voilà. Donc, j'ai écrit pendant la panne. Et donc, le roman est venu parce qu'on m'a fait une proposition. Et puis, moi, je suis un peu du genre à y aller sans parachute. En général, c'est que je sens qu'il y a un truc potentiel. Je ne fais pas n'importe quoi non plus. Mais je trouve que ça fait partie du... jeu, de nos vies, c'est de faire confiance à soi. On te fait confiance, donc si on te fait confiance, c'est qu'a priori, il y a quelque chose. J'en avais écrit des trucs, donc je me suis dit, vas-y, tu verras bien. Et en fait, j'ai pris un pied dingue. J'ai pris un super pied à écrire ce roman. Et puis les retours ont été à la hauteur du pied que j'ai pris. Et puis voilà, puis après, suite au premier roman, j'ai écrit le deuxième, qui est la suite du premier. Et puis depuis, je m'éclate.

  • Speaker #0

    C'est quoi le deuxième titre, du coup, pour le...

  • Speaker #2

    Monsieur de Paris, qui est vraiment le deuxième tome après Fleur de Sang, qui peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, quand même, parce qu'il est malin, pépère. Mais, comme je dis en signature, c'est quand même bien de faire le premier. C'est quoi, les deux ? Et là, je suis en train de travailler sur le troisième. La suite ?

  • Speaker #1

    Enfin, ouais, sur le... Troisième tome. Quatrième roman, mais sur le troisième tome.

  • Speaker #2

    Qui s'appellera Le Seigneur du Pays d'en-haut. C'est beau, hein ? Ouais. Je suis très bon pour les titres. Je sais pas s'il reste Philippe, mais les titres, c'est pas très bon.

  • Speaker #1

    Quand il y a une phrase, je suis bon.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça. Mais alors, après...

  • Speaker #0

    Et là, on va dire la même chose. Bah oui. et là donc t'as sorti ton roman il y a

  • Speaker #2

    Un mois et demi, le 25 septembre. J'ai un qui s'appelle La Lettre Bleue, qui est sorti chez Fayard. Qui a un peu une respiration... Enfin, je pense que ça le devient finalement parce que, comme je rencontre pas mal de gens pour les signatures en ce moment, je réalise que dans mon discours, il est ma respiration par rapport aux deux précédents qui se passent dans l'univers. On est sous du 14, c'est très sombre. C'est quand même dans l'univers des bourreaux, donc je te coupe des têtes, je t'écartèle. Mon quotidien.

  • Speaker #0

    Comment ça t'est venu d'écrire quelque chose aussi ?

  • Speaker #2

    Mais parce que j'avais trouvé, j'ai beaucoup de choses qui ont attiré à l'histoire. Et un jour, dans Historia, je lis quelque chose sur cette fameuse famille de bourreaux qui s'appelait les Samson. Que le premier Samson, en 1688, j'ai fait un peu moins l'un de co, vous ne connaissez pas l'un de co, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #1

    Tu peux faire ton Stéphane Berne, lui on le connaît.

  • Speaker #2

    Stéphane. Donc, en 1688, on apprend qu'un jeune type qui était lieutenant à Dieppe tombe amoureux d'une femme éperdument. Il est dingue d'elle. Et elle se cache un peu dans la vie. Elle le voit. Il lui fait des avances. Elle lui échappe, machin, etc. Il apprend qu'elle s'appelle Marguerite. Ça, je l'ai gardé. Et puis, ils ont une liaison d'amant. Mais elle ne lui dit jamais son nom de famille. Et à chaque fois, il ne peut pas la raccompagner chez elle, elle s'échappe. Enfin, vraiment, femme idéale, quoi. Je te dérange. Attention,

  • Speaker #1

    c'est bien parce que le dernier roman, c'est sur le patriarcat. Vous n'en faites pas. Vous pouvez continuer de nous écouter.

  • Speaker #2

    Et donc, la bonne raison pour laquelle vraiment André n'en peut plus, il l'aime, il est fou d'amour, il veut l'épouser. Tout ce qu'il ne faut pas faire. Donc, il... J'y vais. Ne t'inquiète pas,

  • Speaker #0

    moi, c'était la semaine dernière. Chacun son tour.

  • Speaker #2

    Et donc, en fait, il apprend que par l'entremise d'un cousin qui est jaloux parce qu'il l'aime aussi, il va donc l'amener un jour sur la place publique où il y a une exécution. Il va voir donc l'échafaud monter, le bourreau. Et au pied de l'échafaud, il y a une jeune fille, c'est elle. Et pourquoi ? Parce que c'est la fille du bourreau. Et une fille de bourreau, en fait, elle ne donne pas son nom de famille parce que sinon, aucun homme ne voudrait d'elle parce qu'on ne fréquente pas une fille de bourreau, ça ne se fait pas. Et encore moins, on l'épouse.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient pas le droit en plus à l'époque d'épouser les...

  • Speaker #2

    Alors, des filles de bourreau ne pouvaient épouser que des bourreaux.

  • Speaker #1

    C'est ça, ils se mariaient entre eux.

  • Speaker #2

    Pour des questions de charge et d'alliance. Et donc, cette jeune fille lui explique que ce n'est pas possible, c'est la fille du bourreau et lui dit, rien à foutre, je vais devenir bourreau.

  • Speaker #1

    Remarque, c'est beau.

  • Speaker #2

    C'est l'histoire d'un homme qui va devenir bourreau par amour.

  • Speaker #0

    À l'époque, ils faisaient des efforts, les mecs, quand même. Non,

  • Speaker #1

    mais maintenant, ils sont bourreaux gratos, même sans...

  • Speaker #2

    C'est ça. Maintenant, rien à foutre, on est bourreaux. Et donc, voilà. On va en faire un de ce soir. Et donc, moi, j'ai pris cette action de départ. Et après, j'en ai fait autre chose. Mais c'est le truc de départ. C'est un homme qui devient bourreau par amour. C'est le pit du bouquin.

  • Speaker #0

    Trop envie de savoir la suite. Donc tout le monde va aller acheter ce petit bouquin. Parce qu'on en a en poche.

  • Speaker #2

    Chez Pocket, tout à fait.

  • Speaker #0

    Fleur de sang.

  • Speaker #2

    Et puis après, le deuxième tome s'appelle Monsieur de Paris. Sans spoiler le truc, Marguerite devient l'héroïne de Fleur de sang. Parce que je nique tous les mecs dans le bouquin. Ça décapite, ça meurt. C'est génial.

  • Speaker #0

    Un vrai truc de garçon ça par contre pour le coup. Même si tu prends des héroïnes, tu as mis beaucoup de...

  • Speaker #2

    Pas forcément, non non non, c'est pas un truc de garçon du tout, c'est que je suis... Je crois pas, parce que dans le dernier il n'y a pas ça. Non non, je pense que c'est par...

  • Speaker #0

    J'aime bien l'idée de m'auto-surprendre quand j'écris, parce que je m'emmerde très vite quand j'écris. Donc si je me fais chier, pardon, mais c'est que le lecteur va se faire chier, a priori, trois fois plus.

  • Speaker #1

    Donc tu te trouves bien.

  • Speaker #0

    Voilà. Ce que je fais, c'est que je m'auto-surprends. Donc j'ai toujours ce souci d'avoir cette idée qui va me dire, c'est génial, et hop, j'y vais. tac, tac, tac, tac, et puis ça marche ou ça marche pas, parce que parfois on jette. Mais... J'y vais, j'y vais, j'y vais, parce que c'est haletant et que si je suis surpris, ça veut dire que... Mais après, comme j'ai une structure dans l'écriture, j'ai une structure extrêmement précise avant de commencer à écrire, je peux me permettre de partir dans tous les sens, que je sais, je reviens à ma structure, donc je n'hésite pas de me perdre. Ça, c'est le grand danger. Le roman historique demande d'être axé exigeant par rapport à toutes les notions d'histoire qu'il faut amener sans être... être trop rébarbatif, mais il faut être très précis, respecter l'histoire, avec un grand H. Celle-là, en tout cas, il faut la respecter. En gros, le principe, c'est ça aurait pu se passer. C'est ma phrase, en fait. Ça aurait pu se passer. Si ça aurait pu se passer, c'est que c'est bon. Après, que ce soit pas passé, on s'en fout, c'est une fiction historique.

  • Speaker #1

    Et t'es passionné d'histoire à la base pour écrire ?

  • Speaker #0

    Oui, j'adore l'histoire. Aujourd'hui, je me dis souvent, si j'avais 18 ans aujourd'hui, je ferais un doctorat d'histoire, ça c'est Je trouve ça dommage de ne pas avoir eu cette présence. cette conscience de ça, je le regrette beaucoup. Tu ne le fais pas ? Je le fais dans l'écriture.

  • Speaker #1

    Si tu veux un doctorat d'histoire,

  • Speaker #0

    tu peux le faire. Non, mais l'histoire, je m'en souviens. En tant qu'étudiant, je veux dire. Ce qui est marrant,

  • Speaker #2

    c'est que tu refuses le passé. Tu dis, une fois que le passé est passé, mais à la fois, tu dis, si jamais tu es 18 ans, je ferai un doctorat d'histoire avec un roche, ce qui est genre le grand passé.

  • Speaker #1

    Mais non, ça n'a pas d'accord. C'est pas le mien.

  • Speaker #0

    T'as fait un CAP de psychologie cette nuit toi ? Au comptoir,

  • Speaker #2

    option de comptoir.

  • Speaker #1

    Mais tu voulais dire un truc par rapport à ça, t'as dit ah ah ah.

  • Speaker #0

    Je dirais que je vis, j'ai la chance, enfin la chance c'est du boulot, mais c'est un choix, moi la chance j'y crois pas trop, c'est plutôt des choix qu'on fait dans la vie, la chance on se la crée beaucoup, de pouvoir étudier, m'enrichir. Avoir une culture générale dans certains domaines de ouf. Parfois, je me trouve en train de parler à des gens sur des trucs. Je ne sais plus ce que je raconte. Personne ne me comprend. En plus, c'est des niches, mes sujets. C'est vraiment des niches. Les bourreaux, par exemple. C'est une niche. J'ai tout étudié sur les bourreaux. Je pourrais devenir bourreau. Si jamais ils remettent la peine de mort, je suis là. Oh, ça va !

  • Speaker #1

    Je pense que tu serais pas capable.

  • Speaker #0

    De ? Couper des têtes ? Il y en a quelques-uns. Et puis voilà, et puis si en plus, là ce que je faisais cet après-midi avant de venir, c'est que je me mets quelque part et je ouvre mes bouquins et j'étudie, je prends des notes et je suis dans une espèce de monde, certes qui est lié au passé, mais qui en même temps est source d'une histoire à venir. Donc c'est utiliser le passé pour en faire quelque chose, certes qui va parler d'une histoire qui se passe dans le passé, mais qui reste une fiction. Pour moi, la fiction, c'est un produit d'avenir puisque c'est fait pour être produit sous forme d'un bouquin qui va venir ou un film, peu importe. Tout ça, ce n'est pas forcément un axe temporel qui est très défini. Tu es dans le présent, tu es un peu dans le passé, mais c'est aussi pour un projet à l'avenir. Il y a tout ça que tu mélanges et qui est assez jouissif, finalement.

  • Speaker #1

    Tu lis, entre guillemets, l'utile et l'agréable. Dans ton arène, qui est des choses qui sont passionnantes, tu vas pouvoir créer des histoires.

  • Speaker #0

    C'est vrai que c'est chouette de faire ça. Et je suis content d'avoir finalement décidé d'attaquer, parce que le quatrième bouquin, ça ne devait pas être ça. Et c'est en fait, en écoutant les gens pendant les signatures, ces deux derniers mois, qui venaient en pensant que la lettre bleue, c'était le troisième tome de l'histoire. Et je leur disais, ah bah non, c'est... Ah bon, tant pis, on va le prendre quand même. Non, non, je n'exagère. Les chansons, je pense que...

  • Speaker #1

    En même temps, ils devaient être déchus, parce que s'ils attendaient une troisième tome, forcément, c'est comme une série, on a envie d'avoir l'autre.

  • Speaker #0

    Et du coup, comme moi, j'avais quand même en tête, un jour peut-être, de faire une suite. En fait, ça m'a vraiment... Ça m'a redonné envie de me replonger. La lettre bleue m'a vraiment servi de respiration. C'est ça que je disais tout à l'heure. C'est que ça m'a permis un petit peu de sortir de ça. En revanche,

  • Speaker #2

    c'est quand même historique. Tu as dû te renseigner et tout. Parce que c'est 1916.

  • Speaker #0

    Oui, c'est 1916, mais ce n'est pas un roman historique. Je ne sais pas comment le qualifier. c'est de la littérature au sens plus général du terme, c'est littéraire, sauf que ça se passe à un moment donné. Basta cosi, il n'y a pas de... Je ne passe pas trois plombes à décrire une boîte aux lettres, ce que je peux faire dans d'autres mots. Ça donne vache, j'ai envie de les lire.

  • Speaker #1

    Et le pitch du coup du dernier ?

  • Speaker #0

    Alors, La lettre bleue, c'est l'histoire d'une jeune femme, donc en 1916, on est vraiment en plein dans la première guerre mondiale, elle vit dans un petit village en Bourgogne, évidemment. J'ai planté ça dans le village de mes parents parce que j'aime bien utiliser des décors qui sont...

  • Speaker #1

    Ça s'appelle comment le village ?

  • Speaker #0

    On l'est, O-N-L-A-Y. Personne ne connaît. En plus, même dans le Morvan, c'est dans le trou du cul du Morvan en plus. C'est-à-dire que le Morvan, déjà, personne ne sait le situer sur une carte. Mais alors là, même quand tu connais le Morvan, tu ne sais même pas le situer sur une carte non plus. Donc c'est bien, on est peinard. mais c'est beau en même temps c'est pas abîmé Et donc c'est l'histoire de cette jeune femme qui est veuve de guerre Son mari est décédé En deux ans plus tôt, le premier jour de la guerre Et donc elle a la vie très contraignante D'une veuve de l'époque, elle habille en noir Elle a la vie très astreinte Des champs Elle doit s'occuper de ses propres champs Elle a chez elle son beau-père Qui en plus n'est pas bien, pas en bonne santé Dont elle s'occupe Et elle a un boulot, parce que les veuves à l'époque On leur allouait un travail pour avoir une euh... Un complémentaire à la pension de veuve, c'était soit travailler au PTT, soit dans les usines d'allumettes. Ne me demandez pas pourquoi les allumettes, je ne sais pas. Mais apparemment, les usines d'allumettes donnaient du travail aux veuves de guerre. Et donc, cette fille répond à tous les critères de la femme parfaite qui montre par son état de viduité, on dit, pour les veuves. Elle montre, elle montre, elle relate la présence de celui qui n'est plus là. Et donc, elle rappelle l'effort que fait la nation pour sauver ses oies, etc. Et donc, sauf qu'un jour, elle entend parler d'un bal clandestin un soir. Or, à l'époque, les bals étaient interdits. C'est le pitch le plus long de la terre, je suis en train de vous...

  • Speaker #1

    Non, mais on adore. Raconte pas tout le livre quand même.

  • Speaker #0

    Non, non, je sais m'arrêter au bon moment. Voilà.

  • Speaker #2

    Et là,

  • Speaker #0

    elle... Et donc, elle entend parler d'un mal clandestin et tout d'un coup, il y a cette envie d'aller danser qui lui prend, non pas pour aller être la veuve joyeuse, comme on appelait ça à l'époque, mais juste pour être une femme le temps d'une danse, mettre une robe à fleurs et peut-être retrouver un peu celui qui n'est plus à travers le corps d'un autre, mais dans le cadre d'une java ou une polka, mais pas plus. Bien évidemment, ses copines au village lui disent « Mais t'es folle, faut pas y aller, tu peux pas, machin. » Et elle, elle y va quand même. Et elle se trouve aussi à une confrontation avec son beau-père, qui lui aussi, on pense que c'est parce que il estime que c'est trahir la mémoire de celui qui n'est plus là. Elle y va. Et bien évidemment, dès le lendemain matin, ça va se savoir dans le village. Et là, il y a tout le village qui va se retourner contre elle. Le politique, le religieux, même ses copines. Et le bouquin, ça va être sans combat. pour s'affirmer comme la femme qu'elle est toujours à une vingtaine d'années et non pas simplement comme la veuve qu'on veut qu'elle soit. Et c'est ce combat-là qu'elle va mener pour continuer de vivre et ne plus vivre dans l'ombre de quelqu'un qui n'est plus là. Comme je dis dans le roman, j'aime bien m'autociter parce que c'est tellement bien écrit. Quand le soldat meurt, c'est sa femme qui meurt un peu. On est un peu obligé de mourir avec celui qui est parti parce que c'est comme ça, tu es supposé représenter celui qui n'est plus là. Et il y avait aussi une autre mission qui était que sur le front, en général, les veuves étaient marraines de guerre, comme d'autres femmes, mais souvent, on les collait à la marraine de guerre. Et c'est par ce comportement très catho, très comme il faut, très moral, que le soldat se sentait motivé pour aller au combat. Pour peu qu'il apprenait que les femmes s'envoyaient en l'air derrière, on ne respecte... Voilà, le mec, il n'avait plus aucune raison d'y aller. Et du coup, ça cassait l'entrain du soldat. Donc, il y avait cette responsabilité. de mémoire et en plus quasiment de guerre. Donc c'était hyper lourd pour les femmes. Et elle, elle a juste voulu danser. Et elle se retrouve confrontée à cette société patriarcale et religieuse qui va tout d'un coup lui imposer des choses dont je ne vais pas parler. Parce que sinon...

  • Speaker #2

    On dévoile le livre.

  • Speaker #0

    Sinon ça s'appelle un audio-livre. Et donc ça va être un combat qu'elle va mener. Et si je dis quand même un combat qui finit bien, je ne dis pas comment, parce que je tiens quand même à être très optimiste. J'avais envie d'être optimiste.

  • Speaker #2

    Ça fait du bien, surtout de nos jours.

  • Speaker #0

    Oui, parce que j'ai quand même une vision pas forcément optimiste de la société, comment la voir, mais j'ai quand même une vision un peu factuelle et fataliste de la société. Et puis même quand j'ai lu des témoignages, quand j'ai lu un peu sur les veuves de guerre de l'époque, franchement, il n'y avait pas de quoi être optimiste au moment où elles vivaient ça. En 1916, il n'y avait vraiment pas de quoi être optimiste, c'était juste l'horreur. Mais moi, j'avais envie que cette femme, elle mène son combat jusqu'au bout et que justement, elle arrive à aller au-delà de cette fonction qu'on lui imposait et de ramener tous ces gens-là, les politiques, les religieux, les bécaces, les grandes gueules, les ramener à leur médiocrité.

  • Speaker #1

    Et tu sais pourquoi tu as eu cette idée-là ? Une grand-mère t'a pu t'inspirer ? Non,

  • Speaker #0

    j'ai pas de petits trucs. Très honnêtement, c'est une question à laquelle j'ai du mal à répondre. Initialement, cette pièce, cette histoire est une pièce de théâtre que j'ai écrite en 2003, qui avait été jouée au Festival de Grignan, et qui avait été vachement bien reçue, mais qui n'a pas eu de suite. Et c'est une chose que j'ai toujours regrettée. Pourquoi je l'ai écrite à l'époque ? Ça remonte à tellement loin, je ne sais plus trop. Il y a beaucoup de choses. Je pense qu'il y a le fait que la Première Guerre mondiale est un conflit qui m'a toujours... Quand je dis passionné, je n'aime pas dire ça. Ce n'est pas la guerre en soi qui me passionne. C'est comment les gens l'ont vécu. C'est une période qui me passionne. Les années 10, 20, 30, 40 me passionnent. J'adore cette société de l'époque. Quand je dis j'adore, c'était une société qui était quand même un petit peu belliqueuse, on va dire. Mais d'un point de vue privé, c'est une société à laquelle je me... de laquelle je me sens proche. Et puis, il y a ça, il y a le côté campagne, dont je suis très proche, plutôt quelqu'un de la campagne. Et après, je pense que j'ai été toujours, après, je pense que j'ai été toujours, sans vraiment le savoir, proche de rôle, enfin, décrit pour les femmes. Dans toutes les pièces, il y a toujours... enfin quasiment toujours un rôle de femme prédominant. Donc que ce soit un rôle féminin, ça me paraissait une évidence. Et j'ai toujours été plus proche, j'ai eu toujours plus de facilité à parler du combat de femmes que du combat des hommes. Pourquoi ? Je n'en sais pas trop. Je ne sais pas trop comment. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que, de par la position qu'a la femme depuis la nuit des temps dans la société, L'homme a fait en sorte que... L'homme, au sens sexuel du terme, a fait en sorte qu'elle soit en dessous, à son service, procréatrice. Et l'homme au boulot, il me fait la guerre, etc. C'est un peu le rapport primaire qu'on peut avoir. Et je me dis que finalement, le combat qu'elle mène et que vous menez encore aujourd'hui est forcément... plus difficile que le nôtre, parce que nous, c'est comme si la pente, on avait creusé la montagne, mais on était resté en haut de la montagne et puis il fallait que vous gravissiez la montagne pour arriver à notre niveau, quoi. Quand je dis notre niveau, on se comprend, hein. Social. Pas... Je me dis peut-être que effectivement, le combat des femmes est donc plus difficile, donc plus riche, donc dramatiquement plus fort, et puis peut-être parce que j'ai... pas une très haute opinion de l'homme en général. Là aussi, je parle au sens sexuel du terme. Que je trouve pas forcément hyper intéressant. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu nous laisses sans voix.

  • Speaker #2

    Et quand tu écris, du coup, pour des femmes, est-ce que tu t'inspires de femmes qui t'entourent ? Est-ce que tu t'inspires d'héroïnes de films ? Est-ce qu'il y a des figures comme ça qui vont te... te nourrir sur le côté féminin de la chose ?

  • Speaker #0

    Je ne leur mets pas de nom, je ne vais pas avoir d'image particulière en tête, je pense que c'est une somme d'expériences, de femmes que j'ai connues, ça va être la mère, la grand-mère, la mère des uns des autres, toutes les femmes que j'ai pu croiser, avec lesquelles j'ai pu échanger d'une manière ou d'une autre, m'ont nourri. C'est un peu aussi bête que ça, c'est très animal comme truc, c'est pour ça que je suis... Je ne suis pas quelqu'un qui intellectualise vraiment son écriture. Les idées me montrent, c'est comme des envies. Et puis à un moment donné, il y a un trop-plein. Et ça veut dire qu'il faut que je ressorte ce trop-plein. Et ça se passe sous forme d'écriture. Et il y a des... J'écoute. Je suis plus une éponge qu'autre chose. J'écoute, je prends. Et il peut s'avérer que j'en fais quelque chose à un moment donné. Mais c'est vrai que je suis beaucoup plus sensible aux personnages féminins. Même... Je ne sais pas, il y a un truc au niveau de l'émotionnel, au niveau du combat, que je trouve... Mais je n'aime pas trop dire combat, parce qu'on n'est pas en guerre non plus, mais quand même, il y a...

  • Speaker #2

    Ce n'est pas un combat, mais c'est le fait de toujours devoir se battre.

  • Speaker #0

    Oui, pour s'affirmer, pour vivre. Et puis pour exister au même niveau, oui. Je pense que le souci d'existence est beaucoup plus ardu pour les femmes qu'une société qui reste quand même encore une société, encore d'hommes. malgré les efforts. C'est ce que je dis quand je défends le bouquin. En ce moment, auprès de lecteurs, si peut-être il y a 20 ans, la pièce n'a pas eu de suite, c'est qu'à l'époque, le combat des femmes aujourd'hui n'avait pas encore le même aura. Il existait, le féminisme, ça ne se passe pas d'il y a 20 ans. médiatiquement parlant, ça a vraiment commencé à monter il y a à peu près 20 ans, 15 ans. Ça a commencé à monter et puis maintenant... Et peut-être que justement, pourquoi cette histoire m'est revenue quand Fahia m'a demandé quel projet je leur proposais. La lettre bleue est montée toute seule. Donc si elle est montée toute seule, c'est qu'elle a des résonances qui sont actuelles. C'est pas un hasard, c'est pas parce que j'avais ça sous le pied. C'est parce qu'il y a une résonance.

  • Speaker #1

    C'était le moment, quoi.

  • Speaker #0

    C'était le moment qu'elle ressort. Et effectivement, ils ont lu le truc et ils m'ont dit, mais il faut y aller, il faut y aller, il faut y aller, quoi. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Et la lettre bleue, tu penses que... Je pense que les gens ne savent pas pourquoi le titre, mais est-ce que tu peux l'expliquer ? Parce que c'est assez...

  • Speaker #0

    La lettre bleue, c'était la couleur du courrier qu'on recevait quand on apprenait la mort de quelqu'un sur le front.

  • Speaker #2

    Donc, tu n'avais même pas besoin de lire la lettre, quoi. Tu arrivais avec sa lettre bleue et tu savais que c'était...

  • Speaker #0

    A priori, quand tu voyais déjà le gendarme arriver près de ta maison... Le facteur, mais si ça pouvait être un gendarme, tu serrais les fesses, si je puis dire. C'était vraiment... Il y a un très joli court-métrage avec Myriam Boyer. Je ne sais plus comment il s'appelle. On voit un facteur qui arpente la rue principale d'un village. Il y a toutes les femmes à la fenêtre qui ne respirent plus. Et quand ils passent, et qu'ils ne s'arrêtent pas, elles respirent.

  • Speaker #1

    D'imaginer la transition. Avant, maintenant, on n'a pas un texto pendant deux heures, on est hyper affolés. Alors qu'avant, il fallait attendre, il partait à la guerre, pas de nouvelles. Et on attendait que le facteur nous amène.

  • Speaker #0

    Et souvent, ce qui est arrivé fréquemment, ce qui est le cas dans le roman, c'est que tu apprenais la mort du type six mois après qu'il soit mort.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    Il fallait déjà que le corps soit reconnu. Parce qu'en général, quand il est mort, il n'était pas forcément entier. Et puis,

  • Speaker #1

    des fois, il ne le savait pas, il ne revenait pas de la guerre. Il n'y avait pas de nouvelles. Il y avait des déductions.

  • Speaker #0

    Ce qui est aussi un autre sous-sujet dans le sujet, c'est la difficulté de faire le deuil quand tu n'as pas le corps.

  • Speaker #2

    Ah ben oui, ça c'est un vrai...

  • Speaker #0

    Parce que les corps n'ont été rapatriés qu'à partir de 19, jusqu'à, je ne sais plus quand, mais en 21, 22, les gens n'avaient toujours pas retrouvé le corps entre ceux qui étaient dans des ossuaires, qu'on appelle les ossuaires aujourd'hui, où finalement on ne sait pas qui c'est, donc tout le monde va être là. Et puis on va estimer qu'il est là parce qu'il était supposé être dans ce coin. Et puis ceux qui mettent des plombes à revenir, qu'il faut déterrer parce qu'ils ont été enterrés entre temps. Ça devait être un truc...

  • Speaker #1

    Et puis l'espoir, toujours,

  • Speaker #0

    que peut-être ils se sont trompés.

  • Speaker #1

    L'espoir que ça ressonne.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc c'est tout ce truc-là dont je parle. Mais voilà. Je crois que c'est un livre qui est... C'est pas du tout le coup de masse, je crois que c'est un joli roman sur... Il y a Éric Foisier qui est un ami écrivain qui est très très connu. C'est lui qui écrit le Bureau des efforts occultes, je pense que vous avez entendu parler. C'est quelqu'un qui a gentiment lu le bouquin et avant qu'il sorte, pour me faire un... dans l'espoir qu'il me fasse un petit mot pour la quatrième de couvre, et qui a dit que c'était le grand roman de la perte.

  • Speaker #2

    Ah c'est beau !

  • Speaker #0

    Et... ouais, ouais. Surtout que moi, je ne mets pas dans la perte quelque chose de... C'est dramatique, mais c'est humain la perte aussi. C'est humain de perdre. Donc, il n'y a rien de grave au sens où la vie continue quand même. Mais la perte, il faut que ça s'accepte. Et pour l'accepter, il faut... Il y a ce fameux deuil. Après, le deuil, c'est une notion très subjective. Moi, je pense que le deuil, on ne le fait jamais. On vit avec. Mais voilà, j'aime bien cette définition-là.

  • Speaker #2

    En tout cas, ça s'appelle la lettre bleue aux éditions Fayard. On arrive presque à la fin de l'émission. C'est quoi les projets futurs là ?

  • Speaker #0

    La suite des deux premiers pour lesquels je suis en études en ce moment. J'espère être prêt dans un an. J'espère qu'il sortira dans un an. Mais avant ça, il y a tout un travail d'études, de mise au point de l'histoire. et puis après l'écrire, et puis après toutes les différentes étapes qui sont très longues en édition. Et ensuite, ça va être revenir au théâtre, avec l'épiphone du Japon, qui avait été jouée à Avignon, qui revient à l'Ascala, à Paris, fin janvier.

  • Speaker #2

    On vous dira, d'ailleurs, on mettra quand ça sort,

  • Speaker #1

    Liliane. Avec une super comédienne à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Une super comédienne qui s'appelle Marion Chrisman. Petite case dédie.

  • Speaker #0

    Et Gaël Cotta, quand même, ne pas l'oublier.

  • Speaker #2

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Et mise en scène par Fabio Mara.

  • Speaker #2

    Mais évidemment.

  • Speaker #0

    Merci bien.

  • Speaker #2

    Et Marie-Emmanuelle Robert-Espagneux. Oui,

  • Speaker #0

    évidemment. Et Avignon. Et Avignon qui se profile avec... Plusieurs projets, dont une pièce que j'ai écrite il y a longtemps, que j'ai produite avec ma compagnie, la belle équipe, qui s'appelle « Les poissons ne meurent pas d'apnée » , qui sera au Bélier. Et puis, une autre pièce, et trois autres pièces normalement. Voilà, ça va être une belle année pour Avignon.

  • Speaker #2

    C'est « El Patroné d'Avignon » , Emmanuel.

  • Speaker #1

    Si vous voulez aller à Avignon, vous allez voir Emmanuel à tous les quandres. Tous les créneaux.

  • Speaker #2

    Vous pouvez faire la blague quand vous traînez dans les rues. Vous pouvez dire, tu vas voir quoi ? Une pièce d'Emmanuel. Tout le monde va dire, ah oui, bah oui.

  • Speaker #0

    Mais laquelle ?

  • Speaker #2

    Ça,

  • Speaker #1

    toutes. Ça serait bien, ça serait Avignon. Ça voudrait dire qu'on sera au mois de juillet et qu'il fera chaud.

  • Speaker #2

    Ouais, ça serait bien. Non, il ne fait jamais trop chaud.

  • Speaker #1

    Avignon, il fait trop chaud.

  • Speaker #2

    Non, moi, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Moi, je suis du sud.

  • Speaker #1

    Je ne veux pas faire voir trop chaud que trop froid. Il fait tout, par contre, il ne fait pas très chaud. Mais on arrive à la fin. Est-ce que tu as un petit mot pour la fin que tu veux partager avec nous ? Ou tu nous as déjà tout dit ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que je pourrais partager ? Un petit truc, un petit tip. Merci déjà de m'avoir fait travailler pendant une heure sur ma... Non, non, sur ma...

  • Speaker #1

    Rétrospectif.

  • Speaker #0

    Sur ma haine de la tente. Parce que finalement, je ne supporte pas d'être dans une tente. Et là, ça fait une heure que je suis dans une tente. Et je trouve que je me suis vachement bien tenu.

  • Speaker #2

    Et ça va ? Et t'es heureux ou t'es mal ?

  • Speaker #0

    Non, ça va. Ça fait un petit peu... On est entre le Touareg et Madame Irma. Il y a un truc un peu...

  • Speaker #1

    Oui, mais après, on fait le tirage de cartes.

  • Speaker #0

    C'est ça. Non, non, c'est très agréable et en très bonne compagnie.

  • Speaker #2

    Ah ben, évidemment.

  • Speaker #0

    Évidemment. Non, non, c'est très agréable et puis c'est toujours... Et puis, ça a un biais un petit peu particulier d'aborder le thème de l'écriture en parlant de plein de choses. Donc, j'ai passé un très joli moment.

  • Speaker #2

    Ah ben, nous aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci,

  • Speaker #0

    Emmanuel. Merci à vous.

  • Speaker #2

    Et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel homme.

  • Speaker #1

    À la semaine prochaine. Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Share

Embed

You may also like