undefined cover
undefined cover
Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout cover
Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout cover
Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout

Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout

1h10 |22/09/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout cover
Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout cover
Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout

Femme, artiste, autodidacte : Valérie Perrin & Karine Guillaume-Turam, deux voix qui osent tout

1h10 |22/09/2024
Play

Description

Peut-on réussir sans diplôme ? Trouver sa voix en dehors des chemins balisés ? Écrire ou chanter à 45 ans et bouleverser des vies ?

Dans cet épisode vibrant de Flammes des Années 80, nous recevons deux femmes puissantes et inspirantes : Valérie Perrin, autrice de best-sellers traduits dans plus de 60 pays, et Kareen Guicock Thuram, chanteuse de jazz et ex-présentatrice du 12-45 sur M6.

Avec une sincérité désarmante, elles racontent leurs parcours de femmes et d’artistes, leur foi en la discipline créative, et l’audace qu’il faut pour suivre ses rêves, même (et surtout) quand on sort des cases. Valérie confie son rapport douloureux au bac qu’elle n’a pas obtenu — une blessure qu’elle a sublimée en dévorant des livres, en écrivant des romans incarnés, cinématographiques, et profondément humains. Karine, elle, partage son chemin de journaliste autodidacte, ses coups de bluff, sa première émission à 13 ans, sa passion pour la philosophie, et son amour tardif mais vital pour la musique, avec un premier album hommage à Nina Simone.

Dans cette conversation, il est question de révélation artistique, de la condition de "femme de", de ce que cela implique en termes de visibilité, de préjugés, mais aussi de force intérieure. Elles évoquent également leurs compagnons — Claude Lelouch pour Valérie, Lilian Thuram pour Karine — et l’équilibre subtil entre amour, inspiration et indépendance.

On parle de spiritualité féminine, de transmission, de cimetières comme lieux de mémoire et de mystère, de création musicale nocturne, de la beauté des traditions antillaises, et de la magie de l’invisible. On rit, on est ému·es, on se retrouve.

Un épisode rare, puissant et lumineux, sur le fait d’oser être soi, à tout âge.
Pour toutes les femmes qui doutent encore de leur talent, de leur légitimité ou de leur timing. C’est maintenant. Et c’est possible.

Mots-clés à retenir : femme, carrière, discipline, amour, musique, écriture, spiritualité, révélation.

🎧 Flammes des Années 80, c’est le podcast qui accompagne les femmes dans leur développement personnel, leur bien-être et leur liberté d’être.

📲 Rejoignez-nous sur Instagram pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des prochains épisodes.

📰 Inscrivez-vous aussi à notre Newsletter  pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et les actualités du podcast directement dans votre boîte mail.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur toutes vos plateformes d’écoute préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Abonne-toi ! 🔥

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme.
Chaque semaine, des conversations autour du développement personnel féminin, de la confiance en soi, du bien-être, de la transmission et de l’épanouissement personnel. On y explore l’introspection, les émotions, la résilience, la maternité, l’amour, la psychologie et les témoignages inspirants de femmes et d’hommes audacieux. Un podcast pour femmes, pour révéler sa flamme intérieure, oser être soi et nourrir sa spiritualité féminine.
Flammes des Années 80, pour écouter votre flamme intérieure grandir. 🔥


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on est super contentes aujourd'hui de continuer notre petit parcours sur le thème de la carrière. Et on a beaucoup de chance aujourd'hui parce qu'on reçoit deux femmes incroyables. Donc Valérie Perrin et Karine Thuram. Est-ce que vous voulez vous présenter justement pour nos musiques ?

  • Speaker #2

    Alors je vais ! Oui donc je suis Karine Guillaume-Turam, je n'ai pas encore supprimé le nom de mon père, le pauvre. J'ai insisté pour que je porte le nom de mon mari et que je garde le nom de mon père. Donc Karine Guillaume-Turam, je suis chanteuse et journaliste et je ne sais pas quoi dire d'autre mais on va le découvrir au cours de l'émission parce que je vais aller suivre les questions. Évidemment !

  • Speaker #1

    Et moi je suis Valérie Perrin, j'ai gardé le nom de mon père. tu es mariée en juin 2023 je peux dire aujourd'hui j'aimais pas le mot autrice mais j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'en fait il avait été supprimé il y a très très longtemps parce que on voulait nous rayer de la carte, nous les femmes donc du coup je suis autrice depuis 9 ans maintenant et j'ai la chance de vivre de ma plume voilà et qu'est-ce que tu as fait du coup avant d'être autrice justement ? j'ai fait Merci. beaucoup, beaucoup de choses, mais ça fait donc 9 ans que j'écris. Je ne peux pas résumer, il nous faudrait 25 heures, on ne les a pas. J'ai tout fait. Je n'ai pas fait d'études. Je vais y aller comme ça. Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas le bac, caloréa. J'ai lu toute ma vie énormément, donc je pense que c'est en lisant que j'ai construit beaucoup, beaucoup de choses dans ma tête. Je suis allée beaucoup au cinéma, je suis allée beaucoup au théâtre, j'ai eu deux enfants. qui m'ont tout appris de la vie. J'ai eu des maris, j'en ai deux. J'en ai eu deux, j'en ai un par un. J'ai eu des amants. Et tout ça, imbriqué, tout ça mélangé, plein, plein, plein de choses différentes dans mon travail, fait qu'un jour, j'ai décidé d'écrire. Et que ça a marché. Ça s'appelle un miracle. Voilà. Voilà au résumé. C'est un beau résumé.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment vous allez faire les filles, parce qu'après ça... Eh bien, courage, Karine, courage. Non, pas moi. Moi, je réponds.

  • Speaker #0

    Moi, c'est vous, je vais aller suivre le tourant. En fait, je trouve ça génial, tout est incroyable, mais ce que je trouve génial, c'est que je n'avais pas le bac. Et en fait, on a parlé un petit peu dans d'autres émissions par rapport à la carrière, à l'éducation des enfants. Ça fait partie aussi d'un peu de carrière, mine de rien, parce qu'on en parle pas mal. Et en fait, la pression qu'on peut mettre de tu n'arriveras pas, si tu n'as pas le bac, si tu ne fais pas d'études. et en fait, la preuve vivante en face de nous. quand même qui est... Dans combien de pays tu es traduite ?

  • Speaker #1

    60. Voilà.

  • Speaker #0

    Et quatre romans. Une des romancières les plus lues. Et je trouve ça assez incroyable d'avoir aussi l'honnêteté de dire j'ai pas le bac. En fait, ça peut donner vachement d'espoir. Nous, c'est pour ça qu'on vous invite aussi. C'est pour aussi donner un peu les espoirs aux gens qui se mettent des carcons dans leur tête et qui se disent moi, je pourrais jamais faire ça. Moi, je pourrais jamais faire ça.

  • Speaker #1

    Tout est possible. Mais je tiens tout de même à souligner que mes deux enfants l'ont et que je me suis battue pour qu'ils l'aient. Je pense tout de même. qu'aujourd'hui, avoir le baccalauréat, tu arrêtes les études, peu importe. Mais si tu veux les reprendre quelques années après, c'est la seule porte qui peut t'ouvrir aux études. Et je le vois avec ma fille qui reprend des études de psy, et grâce à son bac. Donc, je ne l'ai pas, mais je conseille pour ceux qui veulent, et pour ceux qui peuvent, d'essayer d'aller au moins jusque-là. Mais après, on peut avoir plein d'autres qualités. sensibilité aussi. Et puis tu joues avec les mots. Moi, je trouve ça extraordinaire. C'est que non seulement sans dire le bac, mais en plus, tu manies la langue française. C'est parce que je n'ai pas le bac et que j'en étais très malheureuse que j'ai toujours rattrapé en lisant énormément. Je pense qu'il y a ça aussi. C'est quand même une blessure quelque part.

  • Speaker #2

    Tu ne l'as pas, mais tu l'as passé. Tu n'arrives pas. C'est ça qui est intéressant. Quand tu es première,

  • Speaker #1

    tu es partie à Paris.

  • Speaker #2

    Voilà, parce que de ne pas l'avoir, c'est une clause, mais ça doit raconter quelque chose de toi. Ça veut dire que tu t'es arrêtée avant en disant, ce n'était pas ton objectif derrière le bal.

  • Speaker #1

    Je ne te mets pas les colles,

  • Speaker #2

    j'étais très mal à l'aise. Oui parce qu'on s'arrête souvent au fait de ne pas l'avoir Et on raconte pas Ce qui fait qu'on ne l'a pas eu Et c'est pas qu'elle ne l'a pas eu, c'est qu'elle a vécu une autre vie Elle s'est arrêtée avant T'avais d'autres rêves à poursuivre En l'occurrence pas d'avoir le bac Et c'est des histoires d'époque C'est à dire qu'aujourd'hui je te rejoins On n'imagine pas qu'un adolescent puisse ne pas aller jusqu'au bac Parce que c'est un peu le diplôme que tout le monde a A l'époque de mes parents ma mère à le bac, mon père là-bas. Et tout le monde, bien sûr, parce que plus on recule dans le temps, et moins les gens avaient le bac, et ils ont construit des vies incroyables. Donc, c'est vraiment notre époque qui nous impose d'avoir des diplômes et d'avoir cette espèce de ticket de métro qui dit, tu peux aller un peu n'importe où parce que tu as le bac. Mais je trouve ça très beau aussi dans les parcours de gens qui, même à leur époque, quand le bac pouvait être imposé, se sont arrêtés avant parce qu'ils avaient autre chose à faire. Et que vous avez fait plein d'autres trucs. Et c'est ça qui est top. Donc, en effet, ce n'est pas le bac qui fait la personne qu'on est, mais...

  • Speaker #1

    Tu as besoin de parler de l'époque. Parce que l'époque, quand je suis arrivée à Paris, en 1986, on trouvait du travail, mais...

  • Speaker #2

    Très facilement. Exactement.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #2

    Je le dis parce que je l'ai entendu, je ne l'ai pas vécu moi-même, parce que ça ne définit pas mon âge, je l'ai dit tout de suite. Je sais, mais franchement,

  • Speaker #1

    1986, c'était une autre vie, c'était un autre monde, il faut le comprendre. On pouvait débarquer seule à Paris, être hébergée chez quelqu'un, pouvoir payer un loyer, ce qui est quasi improbable aujourd'hui. Et surtout à l'âge de 17 ans, comme ça. C'est vachement important de le dire, c'est une question d'époque.

  • Speaker #2

    C'était un autre temps. Et tu rêvais de quoi à l'époque, toi ? Je me parlais, je te pose la question, ça a été intéressant. Non, mais tu vas partir.

  • Speaker #1

    La seule chose que je voulais, la seule chose dont je rêvais, c'était de quitter vraiment, comme la chanson d'Aznavour, la province.

  • Speaker #2

    Vous allez quitter dans quelle province ?

  • Speaker #1

    En Bourgogne.

  • Speaker #2

    En Bourgogne.

  • Speaker #1

    Oui, en Bourgogne. Je suis arrivée, j'avais un an. Et donc, je suis partie, j'avais 19 ans. Mais vraiment, avec trois sous en poche, tu vois. Est-ce qu'il y avait déjà cette envie d'être autrice ? Je pense pas du tout. non, non, je pense que ce n'est pas une envie, je pense qu'on le porte en soi. Et puis après, la vie fait qu'il y a un moment dans ta vie, mais ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard. Tu as le temps de le faire. Mais je réponds avant. Mais on me dit toujours, pourquoi tu as écrit si tard ? Parce que mon premier roman, il a été édité, j'avais 48 ans. Et en fait, j'explique juste qu'il fallait, pareil, payer le loyer, élever ses enfants, travailler. Et que je n'avais pas ce moment-là, ce temps-là pour l'écriture. C'est pour ça que j'ai écrit très, très tard.

  • Speaker #2

    C'est drôle parce que moi, c'est l'inverse. Je voulais absolument partir à Paris pour faire mes études, mais il me fallait le bac. J'étais en Guadeloupe, chez mes parents. Parce que j'ai grandi entre Paris, Cayenne et la Guadeloupe. Et en Guadeloupe, pour partir à Paris, mes parents ne me laisseraient jamais. Ils ne m'auraient pas laissé partir sans le bac. Donc moi, il fallait que j'ai le bac pour partir. Et en effet, j'ai eu le bac à 18 ans, 17 ans, 18 ans. et quand tu... te lances dans l'exil parce que c'est une chose de faire Bourgogne-Paris, c'est une autre de faire Guadeloupe-Paris où tu ne peux pas retourner le week-end. C'est vivre loin et donc ça suppose de gagner très vite en maturité. Pour mes parents, d'avoir le bac, de savoir gérer ton truc, ça voulait dire aussi que tu étais en capacité de vivre seule et de commencer à gérer ta vie toute seule. Donc voilà, moi c'était l'inverse. Moi le bac, c'était le passeport pour partir et arriver à Paris.

  • Speaker #0

    Il était...

  • Speaker #2

    Très bien. Alors moi... Quand j'avais commencé avant, j'ai écrit mon premier article à 13 ans. En Guyane, au collège où on était, on avait eu cette envie de monter un magazine qu'on voulait appeler Métissage Cocktail, c'est beaucoup plus tard. Parce que la Guyane dans laquelle on grandissait, c'était vraiment une Guyane extrêmement cosmopolite qui était très différente de ce qu'on voyait à la télévision sur l'unique chaîne que nous avions à l'époque, RFO. où on vivait avec des gens de couleurs de peau différentes, de religions différentes, etc. et que ça n'avait absolument aucune valeur. Et on ne comprenait pas l'actualité qui nous parvenait du reste du monde et qui racontait que c'était une source de division et de conflit. Et donc, on voulait raconter ça. Et évidemment, à l'époque, personne ne nous avait donné le budget pour créer ce magazine-là. En revanche, on avait fait une maquette et tout. En revanche, France-Guyane, qui est le quotidien de la Guyane, avait entendu parler de notre initiative. comment je n'en ai pas la moindre idée. Parce que je ne me souviens pas que mes parents connaissaient des journalistes. Aucun des parents de mes camarades de classe n'étaient journalistes non plus. Donc je ne sais pas par quel biais ces gens ont entendu parler de notre initiative. Mais en tout cas, ils nous ont confié une page hebdomadaire pour qu'on se fasse la main. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire et je n'ai jamais arrêté depuis. Voilà. À l'âge de 13 ans. Ouais, ça m'a mis le pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    Du coup, t'as fait une école de journalisme.

  • Speaker #2

    Non, j'ai pas voulu, justement. J'adore,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #2

    Non, parce qu'à 18 ans, j'avais une très haute estime de moi. Et je pensais que j'étais unique et que j'avais un truc très spécial. Et j'avais peur d'être formatée. C'est quand même lunaire de penser comme ça à 18 ans. Mais c'est ce que je pensais. Et donc, j'ai fait une hypocagne, l'être sub, etc. Et ensuite, j'ai fait une fac de philo. Ce qui a désespéré mon père, qui est un chef d'entreprise. Il s'est dit, elle ne va pas ouvrir une boutique de philosophie comme elle va gagner sa vie, ma fille, ça va être l'enfer. Mais en fait, je voulais une formation qui m'aide à structurer ma pensée, qui m'aide à réfléchir. Et je trouvais que la philosophie pour ça, c'était ce qu'il y avait de plus précieux et de plus efficace. Donc je savais que je ne ferais rien en philo, que je ne serais pas enseignante. Ma mère était enseignante, elle est à la retraite maintenant, mais je ne rêvais pas du tout. Je n'avais pas cette patience. Je ne rêvais pas du tout d'enseigner, mais je rêvais de transmettre néanmoins. Et je ne voulais surtout pas être journaliste. Je me disais, bon, en fait, le journalisme, ce n'est pas un talent, ce sont des aptitudes. C'est des compétences. Donc, c'est savoir écrire, formuler. Enfin oui, savoir écrire, résumer, poser des questions, être curieux. Tout ça, ce n'est pas un talent. Ça, c'est des choses qu'on développe. L'exigence, la rigueur, la discipline. Voilà. Un souci d'honnêteté. En tout cas, on n'est pas toujours neutre, mais on peut à minima être honnête. Et je ne voyais pas trop ce qu'on pourrait m'apprendre dans une école de journalisme. Et donc, j'ai fait le choix de ne pas en faire. Voilà. Et puis, après, il faut assumer. être autodidacte ça a été difficile en fait ça n'a pas tant été difficile c'est plus la pression qu'on se met c'est pour ça que je comprends très bien ce que tu dis ce que ça a pu te créer comme déséquilibre entre guillemets de ne pas avoir le bac pour la légitimité qu'on peut avoir vis-à-vis toi-même pour l'écriture quand tu choisis des journalistes et de surtout pas faire une école de journalisme bon il faut être irréprochable en fait c'est aussi ça que ça impose comme pression donc ça destine entre guillemets une forme d'excellence aucun moment tu puisses être prise à défaut sur quelconque point qu'il soit. Donc ça suppose d'être encore plus en maîtrise du sujet que quelqu'un qui a fait une école et qui n'a pas approuvé qu'il sait faire, puisqu'il a fait une école. Donc normalement, il a été formé pour ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu as tes premiers boulots si tu n'as jamais fait d'école ? Comment tu arrives à... Ce petit pont-là ?

  • Speaker #2

    Un peu au bluff. En fait, les tout premiers, mes toutes premières expériences, c'est toujours dans la continuité, parce que j'avais fait France-Guyane, après en Guadeloupe au lycée, parce que France-Guyane, c'est quand j'étais au collège en Guyane. Quand on est arrivé en Guadeloupe, pendant mes années lycée, je participais à des forums jeunes pour RFO Radio. Et puis une fois que j'ai eu le bac et je suis arrivée à Paris, un de mes amis de l'époque, qui avait mon âge, qui venait d'avoir le bac aussi, avait une émission pour jeunes sur Médias Tropicales. Et donc, je travaillais avec lui sur cette émission. Et puis, dans cette radio, j'avais rencontré des gens qui s'étaient dit « Ah, elle est rigolote, cette petite » , qui m'avaient donné ma chance en me proposant d'être rédactrice en chef d'un magazine papier qui était Moribond et qu'il fallait remonter. Donc, j'avais eu à créer une équipe, une rédaction. J'avais 19 ans. En fait, je pense que j'étais assez... Je devais être très attachante, très sympa, parce que je travaillais vraiment avec des journalistes confirmés, des pères de famille, des mères de famille. Je disais « Non, tu vois, il faut que tu écrives plus nerveux, il faut que ça soit plus court. » Je me revois leur disant ça, c'est ouf, alors que j'avais aucune expérience. Et ils le faisaient. Donc, je pense qu'ils devaient se dire, elle a un truc, ça va être moum, quoi. Moi, j'adore,

  • Speaker #1

    c'est ça qui est génial.

  • Speaker #2

    C'est rigolo. Il y avait un truc de cet ordre-là. Et puis, j'ai rencontré aussi Claudicière, là-bas, à Mediatropica, qui m'avait aussi prise sous son aile pour bosser avec lui sur RFI. Enfin, j'ai eu plein, plein d'expériences. Jusqu'à arriver en télé, où je faisais aussi, entre-temps, du management d'artistes. J'ai managé Tania Saint-Val, Joël Ursu, enfin j'ai fait plein de trucs. J'étais hyper curieuse de tout. tout, je voulais faire plein de trucs. Tout en faisant mes études, on me voyait assez peu. J'avais deux bonnes copines à la fac. Parce qu'une fois qu'on a fait une prépa, franchement, la fac, c'est un boulevard. J'avais deux copines à la fac, je récupérais les cours et tout. C'était marqué respiration, le prof s'assoit, donc je ne venais jamais. Elle mettait toutes les notes et en fait, j'avais quand même mes partiels. J'avais quand même vraiment appris à travailler. C'était ça l'avantage d'avoir fait prépa. Un jour, on me propose de participer à un casting pour une émission culturelle, comme j'étais manager de chanteuse et tout. Et j'arrive dans cette chaîne et le patron de la chaîne me voit arriver et me dit non. Toi, tu viens pour le culturel, c'est ça ? Je dis oui, il me dit non. Toi, tu vas présenter le JT.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #2

    Bon, OK. Donc, c'était une toute petite chaîne qui était diffusée sur le satellite et qui n'avait pas encore commencé à émettre. Donc, c'était vraiment le lancement de la chaîne. Ce que je ne savais pas alors, c'est que quelqu'un avait déjà été choisi pour présenter le JT et cette personne a perdu son job au moment où je suis arrivée. Et ça m'a aussi donné une vraie leçon sur ce qu'est la télévision. C'est-à-dire qu'en télé, rien ne t'appartient. C'est-à-dire que c'est à toi aujourd'hui, puis demain, quelqu'un d'autre est arrivé dans l'immeuble et c'est terminé. Donc, il faut quand même toujours savoir que ça peut changer. Ton sort, tu ne peux jamais vraiment dormir tranquille. Tu peux être d'un côté ou de l'autre de la porte. Ah oui, exactement. Et ça a été une expérience assez folle où j'ai aussi rencontré plein de gens. Et puis un jour, ça a duré quelques mois. Ensuite, j'ai bossé pour Canal France International, TV5Monde, sur des émissions de sport notamment. Et le réalisateur d'une de ses émissions travaillait aussi à Turbo sur M6. Et j'étais absolument fan de voitures. C'est une des choses que j'ai de mon père, que mon père m'avait transmise. Et un jour, en en parlant, il me dit « Ecoute, tu m'ennuies à me parler de bagnole tout le temps. T'as qu'à postuler à Turbo. » Ce que j'ai fait. Et à l'époque, j'avais envoyé un mail. Je ne sais plus, parce que ça ne se faisait pas d'envoyer des mails à des gens qu'on ne connaissait pas. parce que vraiment l'époque a changé, c'était à 20 ans. À l'époque, on n'appelait pas les gens sur leur portable, on les appelait sur leur fixe. Le portable, il fallait les connaître pour les appeler sur leur portable. Et je crois que j'avais envoyé un mail en prenant plein de précautions, tout ça. Bref, il m'avait rappelé et j'avais révisé. J'étais absolument incollable. C'est aussi ça quand on autodidacte sur l'automobile. J'avais rencontré Dominique Chapate qui m'avait reçu. Pareil, je pense qu'il s'est dit, elle est marrante cette petite. Je ne sais pas ce qu'elle nous veut, celle-là. Et l'entretien a duré 5 ou 6 minutes. Et ça s'est joué d'ailleurs sur un truc assez drôle. Parce qu'à l'époque, j'habitais à Vincennes. Ils m'écoutent raconter les taux de pénétration dans l'air et les CX et les époques des voitures. Et à un moment, ils m'interrompent et me disent « Ah, vous habitez à Vincennes ? » J'ai dit « Oui » . Ils me disent « Mais il y a toujours à la rue de Fontenay, il y a la rue des Rigolos, il y a toujours à la rue de la Jarry. » C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Je me dis,

  • Speaker #2

    il y a la rue Guittemère. J'ai habité 20 ans à Vincennes. Ce n'est pas possible. Il me dit, rendez-vous lundi en réunion de réaction. Je pense que si j'avais habité à fond, si tu es mort, je n'avais pas le job.

  • Speaker #1

    Il y a toujours à quoi ça tient.

  • Speaker #2

    Rien, en fait. Ça ne tient vraiment à rien. Une fois qu'on y est, c'est pareil. C'est bien de rentrer, mais il faut faire ses preuves. Il m'avait dit, vous avez déjà fait de longs reportages. Et j'avais dit oui, bien sûr. Et à l'époque, je n'avais pas fait de reportage. Donc, c'est là où intervient le bluff.

  • Speaker #1

    Le bluff, c'est moi. J'ai toujours dit que j'avais le bac plus deux sur la CV. Je racontais n'importe quoi.

  • Speaker #2

    Et en fait,

  • Speaker #1

    j'avais toujours des portraits.

  • Speaker #2

    Mais je n'avais jamais fait de reportage. Ce n'est pas du tout la même chose. Et donc, je crois que c'était un jeudi. Entre le jeudi où j'avais eu l'entretien et le lundi, j'avais passé mon temps devant la télévision à regarder des dizaines de reportages. à écrire comme ils étaient écrits, quelle était la structure, comment c'était fait un reportage, pour que le lundi, je puisse proposer des reportages, partir en tournage, faire mon premier reportage, mais qui ne devait pas être mon premier reportage, et monter mon premier reportage qui ne devait pas être comme mon premier reportage, et donner le sentiment que vraiment, j'avais déjà fait plein de reportages avant. Et c'est exactement comme ça que ça s'est passé.

  • Speaker #0

    Et ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Eh bien, bien sûr. Mais enfin.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu fais de la musique.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #2

    Voilà. C'était le moment de bluff. Mais quand on bluff, il faut vraiment assurer. Il faut. Et après,

  • Speaker #1

    petit à petit, tu as bougé comme ça sur M6.

  • Speaker #2

    Exactement. Après, ils m'ont proposé. Je l'appelle ma maman de la télé. Ça l'amuse toujours. Je ne suis pas sûre que ça l'amuse d'ailleurs. Je ne pense pas dire rien. Mais c'est Vincent Régnier qui...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    peut-être. Parce que mon papa de la télé, je trouve que c'est moi, alors qu'il était vraiment protecteur avec moi. C'est vraiment ma maman de la télé, je vais s'en rayer, qui m'a repéré à Turbo. Et un jour, il est venu me voir en me disant ce que je co-présentais Turbo. À un moment, je faisais les news de l'automobile, etc. Il m'a dit, écoute, je trouve qu'en interne, tu n'es pas assez exposé. On ne te connaît pas assez. On fait un casting et j'aimerais beaucoup que tu le fasses. Alors, j'ouvre une parenthèse. J'avais travaillé déjà en interne à la rédaction nationale. Donc quand il me propose de faire ce casting, c'était pour l'info. Et j'avais fait des morning, des flashs infos dans le morning, à l'époque de Zooméo. Donc c'était genre 2005-2006, un truc comme ça. J'arrivais à la rédaction à 2h30, 3h, c'était l'enfer, j'ai détesté ça. D'ailleurs c'est rigolo parce que j'ai retrouvé des images il n'y a pas très longtemps. À 7h, j'avais le visage encore comme ça. C'était vers 9h que les traits de mon visage commençaient à se stabiliser. Ah, mais c'est bien carré, c'est ça. Parce qu'à cet heure, on n'était pas trop sûrs que c'était moi. Et donc, j'avais fait mon zandoli. Le zandoli, c'est un petit lézard. On les appelle le zandoli aux Antilles. En me disant, si tu ne bouges pas, personne ne va te voir. Et c'est exactement ce qui s'était passé. C'est-à-dire qu'à la fin de la saison, je n'avais rien demandé à personne. Je ne m'étais pas signalée. Je ne me suis pas manifestée. Et la saison qui a suivi a enchaîné sans que personne ne me propose de refaire des infos... Je me suis oublié ! Mais littéralement. Et donc, quand Vincent me dit, écoute, fais le casting en interne pour l'info. Je suis dit, ah, le retour du flash info, qu'à l'enfer, je ne veux surtout pas faire ça. Et il insiste. Et donc, je finis par céder en lui disant, bon, de toute façon, ça ne m'engage à rien. Il me dit, mais bien sûr, ça ne t'engage à rien. Bon, ça se passe un samedi matin à 7h30, 8h. Donc, vraiment, le truc que je n'ai pas du tout envie de faire après une grosse semaine. Mais mon patron m'a demandé de passer un casting. Donc, je vais faire le casting. J'écris le JT. Un JT, je ne sais plus ce que c'était. je passe le casting j'ai pas pas envie de vivre tout ça. Mais voilà. Donc évidemment, quand on le fait sans pression, mais qu'on fait les choses consciencieusement, ça se passe très bien. Donc on me rappelle. Du coup, je me retrouve à faire des chroniques dans le JT, dans le 1945. Très vite après, on me propose de remplacer le joker de Xavier Demoulin l'été, donc pendant les vacances de Xavier Demoulin. Donc là, on est 2010-2011. Et puis, la saison suivante, Aïda Twiri, qui présentait le 12-45, est donnée partante et il me propose de la remplacer. Donc en fait, ça se passe comme ça, sur un casting. C'est fou la vie.

  • Speaker #0

    Les horaires avaient changé.

  • Speaker #2

    Oui, ça n'avait rien à voir. Ce n'était pas sur des matinales. C'est très tôt quand même la conf de rédacte du 12-45, mais ce n'était vraiment pas comparable pour le pro flash. Et puis là, ça a un JT, alors que les flashs, ce n'est pas comparable non plus avec un JT national. Vraiment, ça a été une aventure assez folle. Et ça a duré dix ans, parce que j'ai présenté le 12-45 de 2012 à 2022.

  • Speaker #0

    C'est marrant, c'est vraiment l'émission de Tout est possible.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #2

    J'ai arrêté parce que je sortais mon album. D'accord. Et parce que j'ai pris une année sabbatique déjà pour le défendre, parce que ce n'était pas compatible d'être du lundi au vendredi sur un JT et en même temps faire de la scène pour ce terrain, ce n'était pas possible. Et puis parce que vraiment, ce que j'ai contenu très longtemps, qui était la musique, c'est absolument vital pour moi. Et je me rendais compte que je m'en rendrais malade de ne pas pouvoir m'exprimer artistiquement. Il fallait vraiment que je puisse chanter et que je m'exprime. Et ça supposait d'arrêter le JT. Et 10 ans, c'était bien. Et j'aime bien les cycles. En plus, c'est que 10 ans de JT, 10 ans d'info, c'était bien. C'était super.

  • Speaker #0

    C'est encore un point commun parce que finalement, tu l'as fait un peu tard.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. Très tard. Personne ne fait un premier album à 45 ans. Bientôt 38. Personne ne fait ça Normalement tu dis bon c'est fini J'ai rêvé de Je le ferai pas Tu passes à autre chose Non j'étais un peu entêtée Moi je voulais le faire Ah mais c'est génial C'est comme toi Bah oui c'est vrai C'est environ moi à 48 Moi c'est à 45 Donc c'est très proche quoi

  • Speaker #1

    T'as fait des gros coups de bluff Toi comme ça Valérie Pour le travail quoi Il cherchait un bac plus 18 Pour être à 6 ans Une réaction machin Je le faisais croire Mais par contre c'est ce que tu dis Merci. il faut être meilleur que les autres.

  • Speaker #2

    Exactement. Tu peux mentir.

  • Speaker #1

    J'adore le mensonge.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est drôle.

  • Speaker #1

    J'adore, je trouve qu'il a beaucoup de vertu. Je pense que tout le monde n'est pas capable d'entendre la vérité. Je pense qu'il y a plein de gens qui sont incapables de l'entendre, donc il faut savoir avec qui tu parles.

  • Speaker #2

    Mais là, du coup, tu t'excuses, toi, menteuse, tu vois. Tu dis non, je ne te fais pas mentir de la vérité parce que tu ne pouvais pas l'entendre.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'après, il faut travailler aussi bien que quelqu'un.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont jamais rendus compte du coup ?

  • Speaker #1

    Dans toute mon expérience, non, jamais.

  • Speaker #2

    Ce qui importe, c'est d'être à la haute.

  • Speaker #1

    Après, je n'ai pas postulé pour être médecin. Ils reviennent, mais tu vois, dans le bureau... En fait, c'est encore une fois de plus une autre époque, mais qui est hyper importante. Je me suis formée toute seule sur Mac. Word sur Mac. Il faut savoir que ça, c'était il y a... 30 ans. Il faut savoir que des gens qui savaient parfaitement écrire sur Mac Word il y a 30 ans, c'était vachement rare. C'était comme un diplôme. Oui,

  • Speaker #2

    c'est vrai, comme d'actuel.

  • Speaker #1

    Je faisais beaucoup de missions d'intérimaire dans plein de bureaux différents, partout sur Paris, en région parisienne. Et c'était vachement rare. Du coup, j'avais tout le temps du travail. Et voilà, c'est une autre époque. Aujourd'hui, tu dis ça à un gosse, il est mort de rire. Mais à l'époque... Il n'y avait pas beaucoup de gens qui savaient. C'est vrai que c'était comme avoir un diplôme.

  • Speaker #2

    Oui, c'était d'un kilo. Taper à la machine,

  • Speaker #1

    mettre en forme. J'ai fait une première sur laquelle j'ai appris vraiment à écrire sur une machine à écrire. Les machines comme avant. Un ordinateur, pour moi, c'est... Aujourd'hui, je peux, par exemple, là, on a cette conversation, je peux écrire à toute vitesse en vous parlant.

  • Speaker #2

    Ah oui, c'est ça. Il me fait regarder ce truc-là. C'est top. C'est une vraie chance. En même temps, t'es une femme. T'es une femme, donc tu sens ça. Ben voilà.

  • Speaker #1

    On est des mamans, donc voilà. Quand tu écris tes romans, tu écris à l'ordinateur ou à la main ? Absolument tout à l'ordinateur. Mais vraiment depuis le départ. Je m'envoie des messages si j'ai une idée. J'ai un tout petit carnet. C'est toujours très paradoxal parce que j'ai un carnet avec quatre pauvres feuilles gribouillées et je fais des romans de 500 pages. Mais c'est pour me souvenir de choses. Et quand, là, comme par exemple le dernier, le prochain, celui qui va sortir, C'est vraiment, je pars de 1930 jusqu'à 2010. Donc, quand j'ai presque terminé de l'écrire, je me suis quand même fait ce que j'avais déjà fait pour Les Oubliés du Dimanche, le premier roman, une frise. Avec tous les événements très importants, les rencontres, pour ne pas me tromper. Mais je l'ai fait plus à la fin sur celui-là.

  • Speaker #2

    Et tu gardes toutes les phrases coupées de tes romans ? Ce que tu ne gardes pas, mais que tu mets plus loin ? Tu écris un truc, ça, tu ne gardes pas ?

  • Speaker #1

    Tu ne t'encombres pas, il ne faut pas s'encombrer.

  • Speaker #0

    On peut dire le titre quand même de ce...

  • Speaker #1

    Bien sûr, il s'appelle Tata, comme une tante. C'est une nièce, c'est une tante racontée par sa nièce. C'est hyper beau, mais c'est encore l'histoire de femmes. Du coup, il y a souvent dans tes romans des femmes qui se rencontrent. Moi, je trouve ça passionnant. Oui, c'est l'histoire d'une femme qui parle de cette tante qui était cordonnière, qui était fan de football, parce qu'elle a grandi à Guignon. Et j'ai envie de dire que dans cette petite ville de Saône-et-Loire, on est tous nés... On n'avait pas le choix.

  • Speaker #2

    Avec une passion pour le foot.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vraiment le foot et l'usine qui est très importante, qui a été très importante, qui est toujours au niveau de l'usine, mais plus du tout du club, marchait main dans la main. Ce qui fait qu'il y avait les moyens de faire venir ce qu'on appelait des semi-professionnels dès les années 60. Donc, c'est une ville qui a grandi, qui a fini en première division dans les années 2000. qui a gagné contre le PSG, la Coupe de la Ligue. Donc, c'était une ville très importante pour le football. Et en naissant là-bas, en grandissant là-bas, il y avait des stades partout. Tous les garçons faisaient du foot, en gros. Un peu de rugby et nous, les filles, on faisait de la gym. Mais le sport était présent. C'était obligatoire. Et voilà, j'avais envie de faire le... Je me sers toujours sur des prétextes. Je me sers toujours d'un contexte pour parler de gens. Et là, je voulais parler d'une femme qui est cinéaste et qui... qui reçoit un coup de téléphone de la gendarmerie de Guignon pour lui annoncer que sa tante vient de mourir. Or, cette tante unique est déjà morte il y a trois ans.

  • Speaker #2

    Elle le savait qu'elle était morte, cette tante ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, elle le savait, elle a été enterrée il y a trois ans. Donc, elle dit aux flics, vous faites forcément une erreur. Ma tante Colette Septembre est enterrée depuis trois ans au cimetière de Guignon. Et on lui dit non, il y a ses papiers d'identité près d'elle. Il y a votre numéro de téléphone, en tout cas la personne qui est décédée. semble être votre tante, il faut venir reconnaître le corps. Et à partir de là, je vous ouvre à peu près 1000 tiroirs.

  • Speaker #2

    C'est génial, mais tu veux lire ce livre ?

  • Speaker #1

    Je vais te l'envoyer. Ça va plaire à Lilian aussi. C'est pour vous. C'est génial. J'avoue qu'on n'a pas encore un petit commentaire. Il y a beaucoup de temps. Autre livre de Chevet.

  • Speaker #2

    Excellent.

  • Speaker #1

    Je dis ça, je fais souvent la lecture à mon mari. Il adore ça. J'ai une passion pour la littérature. Et il se met à côté de moi. C'est le plus beau moment, je crois. Ça fait vraiment partie. Ça a toujours été. Et je lui fais la lecture de choses. Quand j'ai un coup de cœur pour un roman, je veux le partager. et donc du coup je le lis Et après, je lui relis. Ou alors, j'ai deux marque-pages. Je suis là où j'en suis pour lui. Et là où moi, j'en suis.

  • Speaker #2

    Ah, excellent. Lui, il adore lire. Il adore lire. Il adore lire. Il adore la poésie. Il me lit souvent, lui, des choses à haute voix. Donc, c'est rigolo. Moi, je fais moins, mais lui, il le fait.

  • Speaker #1

    C'est drôle.

  • Speaker #2

    Oui, il le fait beaucoup. Il aime les textes.

  • Speaker #1

    C'est de lire.

  • Speaker #2

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    C'est le drôle de Valérie. Oui.

  • Speaker #2

    C'est drôle. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Et là, tu parles d'une femme cinéaste. Et toi, tu as fait des scénarios. Oui. Du coup, tu es partie aussi de toi par rapport à l'aristote que tu es. Je suis partie. Donc moi, j'ai rencontré Claude Lelouch en 2006 et j'ai commencé à travailler avec lui, d'abord comme photographe de plateau et ensuite comme co-scénariste, 2008-2009 à peu près. Mais réellement, le vrai gros premier travail d'écriture que j'ai fait pour lui, c'était pour écrire un scénario pour Johnny Hallyday, Eddie Mitchell et Sandrine Bonner, un film qui s'appelle « Salon, on t'aime » . Et là, j'ai écrit pendant deux ans et c'était ma meilleure école. Alors ça, c'est la meilleure école du monde. C'est-à-dire qu'à l'époque, Claude vivait encore, enfin vivait encore, il vit à Paris, mais moi, j'étais encore en Normandie parce que mes enfants étaient encore scolarisés en Normandie. Donc, en gros, il partait trois, quatre jours dans la semaine. Il me retrouvait le week-end et moi, pendant deux ans, j'ai écrit ce scénario qui a été une école extraordinaire. Et du coup, je le fais, j'accélère. Mais en gros, juste avant de tourner, Claude a convoqué son premier assistant et sa script. Et ils ont tout changé. Mais il a toujours fait ça. En fait, c'est un homme qui travaille sur des choses qui sont extrêmement structurées, écrites, mais il improvise. Et donc, il ne supporte pas tout ce qui est très cadré.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas la vie pour lui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ce n'est pas la vie pour lui. Sauf que moi, j'ai aimé beaucoup, beaucoup de mon cœur. Et je portais depuis très longtemps un roman. Et du coup, il a fait le film. Il a fait le film. C'est un film où Johnny est extraordinaire. Tout le monde est incroyable. C'est l'histoire d'un photographe de guerre. qui décide de changer de vie très, très tard dans sa vie. Et le meilleur ami le rejoint. Et le meilleur ami fait un mensonge aux quatre filles de ce mec-là. Il a eu quatre enfants et quatre femmes différentes. Il ment aux quatre filles et elles viennent voir leur père à la montagne. Et après, voilà, ça engendre plein de choses. C'est un peu aussi, il y a un petit peu une ligne polare dans ce film. Et on l'a fait. Et quand Claude a fini de faire ce film, de le filmer, j'ai eu six mois de ma vie où j'ai pu, pour la première fois, ne faire qu'écrire, ce qui ne m'était jamais arrivé. Donc, comme je portais ce roman depuis extrêmement longtemps, depuis les années 2000, 1999 je crois, je l'ai écrit, je l'ai fini. Et c'était en 2013. Et je l'ai envoyé à quelques amis en étant absolument sûre qu'ils me diraient il faut changer ci, il faut changer ça. Sauf qu'ils m'ont tous dit tu l'envoies tout de suite à un éditeur. On parle des Oubliés du Dimanche. On parle des Oubliés du Dimanche, mon premier roman que j'ai envoyé chez Albin Michel à un monsieur qui s'appelle Richard Ducousset qui est directeur éditorial chez Albin Michel. Et 15 jours après, toute la maison l'avait lu et ils m'ont fait signer mon... Donc je ne l'ai même pas envoyé ailleurs en fait. J'ai toujours travaillé avec Albin depuis le départ. Donc c'est très beau. Ce n'est pas celui-là qui a changé ma vie, parce qu'il y a toujours un moment où ça change ta vie. Moi j'ai quand même un avant et un après. Mais Les Oubliés du Dimanche a été extrêmement reconnu par tous. J'ai eu 13 prix littéraires pour un premier roman. Et puis il n'a pas changé ta vie ça ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, ça, ça change la vie, mais surtout, je me suis rendu compte que ça avait changé la vie de beaucoup de lecteurs. Et que eux, quand je les voyais dans les rencontres, ils me disaient « Madame, continuez à écrire, ça nous fait trop de bien » . Du coup, j'ai pris cet amour-là, et là j'ai écrit « Changez l'eau des fleurs » , et là on peut dire que ça, ça change une vie. Et la vie de beaucoup, beaucoup de gens dans le monde. J'ai écrit, j'ai fait le portrait d'une guerre cimetière. Personne n'avait jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Moi, l'élu, je l'ai...

  • Speaker #0

    Et ça a changé ma vie, mais ça a changé la vie. Je n'ai jamais les chiffres, parce que je m'en fous. L'autre jour, Claude me posait la question, t'as vu combien d'exemplaires de Troyes en France ? Je suis incapable de répondre. Je ne suis pas du tout sur les chiffres, mais je suis sûre que changer l'eau des fleurs, c'est des millions dans le monde. Et donc, c'est le portrait d'une femme qui parle de la vie, de la mort, qui ouvre les grilles, qui referme les grilles et qui raconte des anecdotes qui se passent dans son cimetière. et avec le temps, dans le roman, on découvre ses propres secrets. j'en ai à chair de main mais moi aussi j'en ai à chair de main mais je ne vais pas du tout à tout que tu me les envoies je vais les acheter en sortant d'ici c'est vrai que changer l'eau des fleurs pour le coup c'est universel ça rencontre un succès et ça continue c'est ça qui est beau aussi dans mon parcours je crois c'est que mes livres ils continuent tous les jours encore c'est ce que me disent les libraires ma libraire des abbesse me dit tous les jours on rentre on me dit est-ce que vous avez celui-là de Valérie Perrin est-ce que vous avez celui-là et puis voilà, j'en ai fait que 4 je n'écris que 4 romans Mais c'est très rempli et c'est magnifique ce qui m'arrive. Je parlais du miracle dès le début. Ça, c'est un miracle. Quand tu écris une histoire universelle qui va être adaptée au cinéma, « Changer le défleur » par Jean-Pierre Jeunet. Super.

  • Speaker #2

    C'est Jeunet qui va le faire. Oui, c'est Jeunet qui va le faire.

  • Speaker #0

    C'est beau. C'est prêt. Je pense qu'ils vont le tourner l'année prochaine.

  • Speaker #2

    Après, ce que je trouve génial, c'est que tes livres sont hyper cinématographiques. C'est vraiment les oublis du dimanche. Moi, je l'ai lu. C'est vraiment du cinéma. Je dialogue beaucoup. Mais en fait, je pense que là, aussi, ton secret, c'est que tu atteins les gens qui lisent beaucoup comme les gens qui ne lisent pas trop. Ma tante, elle dévore tes livres. Elle a tous tes livres. Et moi qui lis très peu, je dévore tes livres aussi. Donc, en fait,

  • Speaker #0

    tu arrives à tout. Très accessible. Je sens que je viens du scénario et parce que je dialogue beaucoup et que dans mon esprit, je ne pense jamais en chapitre, mais en scène.

  • Speaker #3

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    voilà, c'est une manière d'écrire, même si je pense littéraire. C'est extrêmement dialogué. C'est très visuel. Et j'ai fait beaucoup de photos aussi. Et du coup, je suis une femme d'images.

  • Speaker #1

    Et on le sent parce que là, quand tu racontes un petit peu ce qui se passe dans « Changez-le des fleurs » ,

  • Speaker #3

    on se suit avec toi.

  • Speaker #1

    J'ai des images qui me reviennent de quand j'ai lu le livre. Je revois comme si j'avais vu un film.

  • Speaker #0

    C'est ce qui marche entre les tons.

  • Speaker #1

    On se fait tous, quand on lit un livre, nos propres images.

  • Speaker #0

    C'est ça qui est beau. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et là, en le disant ça, j'ai mes propres images qui me sont revenues

  • Speaker #2

    Et on peut faire un petit focus sur Troie. Alors du coup, comme on a parlé des autres trois aussi, ça a été un certain théâtre. Troie,

  • Speaker #0

    c'est l'histoire de trois amis d'enfance. Il y a toujours un fond de polard, de plus en plus en fait, dans l'écriture. Ce sont trois amis d'enfance qui se sont rencontrés en CM2. Deux garçons et une fille qui ne se sont jamais quittés, mais vraiment qui ont grandi ensemble, les trois doigts de la main. Et quand on est au présent, il y a un fait divers. On ressort une voiture d'un lac. dans lequel il y a un corps. Et à cause de cet événement, ils vont être obligés de se reparler. Mais ce qu'on va découvrir, nous, lecteurs, c'est pourquoi ces trois gosses, qui se sont tellement aimés, qui ont 40 ans aujourd'hui, pourquoi ils ne se parlent plus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et pareil, je remonte. C'est une quatrième personne, c'est une quatrième narratrice qui raconte l'histoire de ces trois-là qu'elle a très bien connue. Et puis, petit à petit, on va découvrir la vérité.

  • Speaker #2

    J'en ai des frères. Et alors, celui-là, jusqu'à la fin, il te tient mais il te tient C'est incroyable. Tu n'es pas là. Ah ben non.

  • Speaker #0

    Attends.

  • Speaker #2

    Non, non, mais par contre, ça, c'est vraiment le roman où tu peux faire des nuits blanches. C'est-à-dire qu'en fait, il faut trop que tu arrives, il faut trop que tu saches. C'est là où, justement, effectivement, il y a du suspense et du thriller.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Vraiment,

  • Speaker #2

    ça te maintient. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    J'aime bien construire des histoires où les gens se posent C'est Tata.

  • Speaker #2

    Ah ouais ?

  • Speaker #3

    On va découvrir ça !

  • Speaker #1

    Et l'idée de Tata, justement, comment elle vient ? Est-ce qu'on a le quatrième roman ? Comment est-ce qu'elle vient,

  • Speaker #0

    cette idée ? En fait, l'idée, elle naît un jour que je suis à la piscine de... Comment elle s'appelle cette piscine ? C'est une vieille piscine à l'île Adam, avec Claude, un dimanche après-midi. On fait toujours un pèlerinage là-bas. Une fois par an, on va se baigner là-bas. Et j'entends un petit garçon qui appelle sa tante. Tata ! Et là, ça me fracasse le cœur. Ça part de là. Mais c'était il y a très longtemps, c'est bien avant d'avoir écrit Troie, où j'étais en début du processus de Troie. J'ai besoin de penser longtemps à un roman avant de l'écrire. Donc, j'y pense pendant un an, deux ans. Ok, tata, c'est qui ? J'ai envie de parler de Guignol. Je veux fermer ma parenthèse bourguignonne parce que je voudrais après me déplacer mes romans plus dans le sud de la France, du côté de Marseille. Donc, je me dis, ça y est, il faut que je parle de Guignol, il faut que je parle de la ville, de toutes les colonies qui sont arrivées. Et donc, il y a eu... D'abord, les Algériens, après la guerre d'Algérie, ensuite les Polonais, les Portugais. Tous ces gens, on a tous grandi ensemble grâce à cette usine qui a embauché beaucoup, beaucoup de monde. Donc, je voulais parler de ça. Je voulais faire le portrait d'une femme. Je voulais absolument faire le portrait d'un cinéaste. Je voulais faire le portrait, un mélange de Claude Lelouch, mon mari, et de Jean-Pierre Jeunet. Tu vois, un petit garçon qui serait allé en vacances chez cette tante. Et puis, un dimanche, je me suis retrouvée chez Michel Legrand à la campagne. Et je rencontre Agnès Jaoui, que j'adore. Et je me dis...

  • Speaker #3

    Dans la même phrase, tu as deux noms de gens que j'adore. Ouais.

  • Speaker #0

    Et Agnès Jaoui, je me dis, mais Valérie, il ne faut pas du tout que ce soit un cinéaste, il faut que ce soit une cinéaste. Il faut que ce soit une femme qui parle de sa tante. Et parce que je vois Agnès, je décide d'ailleurs d'appeler ma narratrice Agnès et de me dire, il faut que ce soit une cinéaste, en fait. Et heureusement, mon Dieu, heureusement. Et là, j'ai construit tout au fur et à mesure, mais avec plein de... Je pars toujours sur des gros romans, ça c'est sûr. Je ne le fais pas exprès, mais c'est comme ça. Par contre, j'ai toujours des moments intenses. Il y a des moments qui sont très importants. Je pars sur trois, quatre moments qui vont être des révélations. Et puis, je construis au fur et à mesure. Et puis, ça dure longtemps. Je ne peux pas expliquer.

  • Speaker #2

    Et tu t'enfermes. Tu pars à la campagne, tu t'enfermes. Il faut vraiment que tu aies des règles.

  • Speaker #0

    Je ne pars pas à la campagne, forcément. Mais en tout cas, je m'enferme et j'écris.

  • Speaker #3

    C'est quoi ta routine ?

  • Speaker #0

    Deux ans et demi, trois ans d'écriture tous les jours.

  • Speaker #3

    Mais c'est genre quatre heures du matin.

  • Speaker #0

    Je dirais environ 9h-13h, mais tous les jours.

  • Speaker #3

    C'est une discipline ou pas ? À peu près. Ou un besoin ?

  • Speaker #0

    C'est comme ça. De toute façon, il faut que j'aille.

  • Speaker #3

    Parce qu'il y a des jours où, pour moi, il y a une vraie différence entre la discipline et la fulgurance, entre guillemets. La discipline, c'est que parfois, tu n'as pas envie, mais tu vas quand même le faire. Je n'ai pas envie. Donc, c'est de la discipline.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline. Et pour celui-là, pour la première fois, sur les quatre, je le rouvrais à 18h et je me remettais à écrire le soir.

  • Speaker #3

    La discipline, c'est vraiment la liberté, pour le coup. On arrive au bout de rien sans l'étiqueline. Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #2

    Parce que tu n'écris pas le soir ?

  • Speaker #0

    Non, je n'écrivais pas, mais le soir, je l'écrivais. De 18h à 20h, je relisais.

  • Speaker #1

    En fait, c'est 9h, 13h. En gros. 18h, 19h.

  • Speaker #0

    Pendant 3-4 ans. Là, pendant deux grosses années et demie.

  • Speaker #1

    C'est juste parce que les gens, je pense qu'ils ne se rendent pas compte de la masse de travail.

  • Speaker #0

    Pendant deux ans et demie, tu vis. Tu parles, tu t'occupes, mais en vrai, tu es ailleurs quand même, tu es dans un autre monde.

  • Speaker #3

    Mais c'est vrai pour la musique, pour un film, pour une série. Vous êtes comédienne, vous le savez aussi, c'est-à-dire que d'un texte, il t'accompagne pendant des années. Tu travailles longtemps dessus, tu le tournes, tu le montes. La musique, les chansons, elles te viennent, tu as des petites briques, tu travailles dessus. Les musiciens, ils ont consacré leur vie à leur instrument, plusieurs heures par jour, pendant des années. Les gens ne se rendent jamais compte de ça, en fait. Quand tu vas voir un mec sur scène, en fait, sa guitare... C'est facile parce qu'il a passé 3 millions d'heures dessus. Là où les gens vont dans des fêtes, ils ont le temps de se prendre des cuites, lui, il ne fait pas ça. Lui, il travaille son instrument. C'est tout ce qu'on met dans un instrument, dans un roman, dans un sport. C'est tout ça qui est bouleversant.

  • Speaker #0

    Quand on est gosse, on tennis, on foot à 14 ans et tous les copains commencent. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que...

  • Speaker #3

    Que ça te décroche.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #3

    C'est à l'eau de l'Espence.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #3

    oui. C'est le plus dur. C'est là où tu es éprouvé, en fait. Oui, oui. Qu'est-ce que tu fais vraiment ?

  • Speaker #0

    On a des petits copains. Tout le monde commence à faire des fêtes et toi,

  • Speaker #3

    tu es à l'entraînement.

  • Speaker #0

    Avec ton coach.

  • Speaker #2

    Et toi, Karine, ton processus de création, c'est quoi pour la musique ?

  • Speaker #3

    C'est du même ordre. C'est rigolo parce que là, je travaille sur le deuxième album. Je m'étais fait la promesse de ne pas arriver avec un premier album qui soit un album de reprise. Je ne me suis pas du tout écoutée. Est-ce que mon premier album est consacré à Nina Simone ?

  • Speaker #1

    Il est incroyable.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup. Alors, c'est rigolo parce que, tu vois, moi, j'étais dans une position particulière, c'est-à-dire que autodidacte journaliste. et chanteuse illégitime évidemment parce que jamais personne ne savait vraiment que je chantais j'ai toujours chanté, je faisais des clubs de jazz mais je n'en parlais pas et puis surtout je deviens chanteuse entre guillemets professionnelle en tout cas publiquement après avoir été connue comme journaliste donc tout le monde se dit c'est impossible qu'elle sache chanter celle-là c'est une blague quoi,

  • Speaker #2

    c'est pas possible et puis on t'a catalogué journaliste journaliste,

  • Speaker #3

    femme de qui chante Nina Simone quelle folie en fait.

  • Speaker #1

    Elle a présenté le turbo.

  • Speaker #3

    Vraiment, il n'y a rien qui allait. Rien ne va dans le CV. Rien ne va. Il faut cocher toutes les cases. Toutes celles-là, normalement, c'est disqualifiant. Ça ne passe pas. Et en fait, ce qui était... Avant de répondre au processus de création, ce qui était amusant, c'était justement d'aller à la bagarre entre guillemets. Je ne suis pas du tout compétitrice. Moi, je ne suis pas comme ça. En revanche, je m'aperçois que j'aime vraiment bien la bagarre. Et que finalement, quand tu es une femme et que tu es une femme noire, personne ne t'attend. Tu n'as jamais rien à perdre en réalité. Donc autant courir le plus de risques possible. Je m'entends quand je dis ça. Autant réaliser tes rêves. Parce que de toute façon, ils ne se réaliseront pas tout seuls. Et qu'on ne t'ouvrira pas les portes. Donc il faut que tu fasses exactement ce que tu veux faire. Et ça m'a toujours guidée. Alors pour revenir sur l'histoire de ton roman, qui m'a fait penser justement à ce premier album. Donc, ce premier album, il a été... C'est Dominique Fillon, qui est un vieux copain, qui est pianiste de jazz, que j'ai rencontré depuis 20 ans. C'est avec lui, d'ailleurs, que je suis montée sur... C'était une toute petite scène, un cave-conce dans le 18e, que j'ai chanté pour la première fois. Et il me dit, écoute, j'aimerais vraiment faire un album hommage à Nina Simone avec toi. Et on commence à bosser sur ce projet-là. Et puis, je vous fais vraiment long story short. Donc, on va directement au producteur qu'on rencontre. Et ce producteur, il avait dit à des gens, avant de venir écouter les maquettes... Bon, franchement, je me suis mis dans un bourbier, une vedette de la télévision qui chante Nina Simone. Enfin, quel enfer ! Je dois aller écouter les maquettes, je vais leur dire, écoutez, refaites-moi ça en si bémol, et puis ça, changez-moi ça en amineur, et puis je les reverrai dans six mois ou je les reverrai jamais. Donc il était arrivé dans cet état d'esprit quand il est venu écouter les maquettes. Il y avait neuf chansons qu'on avait maquettées. Donc les trois premières, la troisième, je vois qu'il commence à me regarder. La quatrième, il commence à se tourner, il était sur un siège qui tournait, donc c'est vraiment une image qui me reste. Et à la fin, à la neuvième chanson, il était complètement face à moi. Il m'a dit « Ah ben d'accord, mais je n'avais pas du tout compris en fait. C'est complètement abouti, c'est vachement bien. Bon, on va le produire. » Et en fait, on n'a pas eu à faire le tour de la maison de disques parce que justement, il l'a produit tout de suite. Mais après, ça a été le début d'autre chose. Parce qu'il fallait aussi qu'on soit bien accueilli par les festivals, par les médias jazz. Enfin voilà, c'était toute une aventure. Donc mes équipes, elles ont dû faire des écoutes à l'aveugle pour qu'on ne sache pas du tout qu'il s'agissait de moi et qu'il n'y ait pas de présupposés, parce qu'il y avait vraiment... deux réactions différentes. Ceux qui savaient, qui avant même d'écouter, disaient « c'est pas trois patins, un canard, franchement » . Et ceux qui ne savaient pas, « c'est génial, c'est incroyable, c'est qui cette chanteuse ? » Donc voilà, il fallait trouver son chemin dans tout ça. Et ce qui est très heureux, c'est que le jazz étant une musique très ouverte, très curieuse, protéiforme, parce qu'il y a plein de courants dans le jazz, j'ai vraiment bénéficié de ça. C'est-à-dire que les gens du jazz ont cette curiosité et se sont dit « ah ouais, t'as toqué à la porte ? » t'as des trucs à raconter bon allez on va voir ce que t'as à me rendre et c'est ce qui s'est passé ils sont vraiment venus en toute sincérité écouter et puis finalement j'ai réussi à les convaincre et ils m'ont accueilli donc ça c'est chouette et ce qui est amusant c'est que du coup j'abordais le deuxième album en me disant bah ça va être facile j'écris depuis super longtemps j'ai des chansons qui ont 15 ans 20 ans 25 ans j'ai qu'à ouvrir les tiroirs et en fait c'est pas du tout ça Parce que je ne suis pas du tout celle que j'étais avant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais te dire.

  • Speaker #3

    Je n'ai pas du tout envie de raconter. Je n'ai plus du tout envie de chanter ça. Je ne suis plus du tout la même personne. Il y a tellement d'épreuves que je n'avais pas traversées. Il y a plein de larmes que je n'avais pas versées. Il y a plein de choses que je n'avais pas comprises. Il y a des douleurs fondatrices que je n'avais pas expérimentées. Des bonheurs essentiels que je n'avais pas ressentis. Donc, évidemment, je repars de zéro. Il y a peut-être une ou deux chansons d'avant. qui vont survivre. Mais ce n'est pas du tout là-dedans que je vais me servir aujourd'hui. C'est vrai que j'ai plein d'autres choses à raconter. Et c'est très marrant parce que moi, je suis souvent réveillée dans la nuit par des mélodies. Donc parfois, sur mon dictaphone, il y a plein de...

  • Speaker #2

    Avec ton mari qui est dingue !

  • Speaker #3

    Donc j'ai mes forces ensuite à re-rechanter bien. Et puis parfois, j'ai tellement la flemme parce que le sommeil est tellement bon que je me dis, ça reviendra après. Et puis ça vient me chercher dans la journée. Et quand la mélodie revient plusieurs fois, Sur plusieurs semaines, je me dis « Ah, elle a un truc, alors que je la retiens, sinon ça disparaît, ça revient jamais. » Un peu comme un rêve, on essaie de l'accrocher et puis on n'arrive plus à le saisir. Donc il y a de ça, il y a des chansons que je mets très longtemps à maqueter moi-même, parce que je passe d'abord par la phase de mes propres maquettes avant de travailler avec des musiciens, parce que je la laisse mûrir, je la laisse grandir et je trouve ça très agréable de voir le plaisir que je peux encore avoir avant de l'enregistrer, à la chanter avant même. qu'elle existe, on me dit « Ah ouais, elle est bien celle-là, et puis j'attends encore. » Enfin voilà, donc c'est très long et puis c'est toujours... À la fois c'est long et puis parfois c'est très rapide quand sur l'album Nina, il y a des interludes que j'ai écrits pour moi il y avait Dans les cultures afro, l'invisible est très important. Il est très présent, en fait. En tout cas, culturellement, on accorde beaucoup de sens à tout ce qu'on ne voit pas et qui a pu exister, qui existe encore, pour nous, en tout cas. Et pour moi, Nina Simone, même si elle n'était plus, elle n'est plus parmi nous, mais c'était important que je me présente à elle et que je lui demande l'autorisation de chanter ses chansons. Ce que j'ai fait. Et que j'appelle... Alors, chez nous, on dit Tati, on dit pas Tata, on dit Tati. Donc, c'est Tati Nina. Voilà, et donc, je l'appelle Tati. Et quelques fois, d'ailleurs, c'est rigolo, on appelle ça des manifestations. Alors, les plus cartésiens disent, oh, n'importe quoi, c'est un hasard. Mais on choisit de l'interpréter. Et on a fait... On est pris dans l'invisible. Voilà. Et au Sunside, où j'ai fait trois concerts en octobre, en septembre dernier, l'année dernière, en 2023, il y a des portraits, il y avait des portraits d'artistes, de tous les grands du jazz. Et il y avait un portrait, donc, de Nina Simone. et quand on faisait les répétitions. on venait d'arriver, il y a un portrait qui est tombé celui de Nina donc on s'est tous arrêtés en disant putain, Tati est là donc précautionneusement j'ai cherché son je lui ai parlé, j'ai dit bon j'espère ça va, ça te convient ok bon on continue et quand j'ai écrit les interludes qui étaient vraiment sur elle en fait, j'avais envie de l'éclairer autrement, de parler d'elle, de contextualiser un peu les chansons, c'est venu très simplement et très rapidement alors est-ce que c'est Euh... de la méditation, de la connexion, je n'en sais rien. Je ne sais pas comment expliquer l'inspiration. Je ne sais pas si ça s'explique, en fait. Parfois, il y a des choses qui viennent de très loin et puis parfois, c'est évident et c'est un robinet, en fait. Donc, je ne sais pas. C'est le processus de création. Pour moi, tout est bon à prendre. Autant ce qui m'arrive dans la nuit qu'un bout de chose. Parfois, j'entends au loin quelque chose qui n'est pas du tout la chanson qui passe, mais j'entends autre chose et ça donne naissance à quelque chose. Je ne sais pas comment dire, c'est comme cuisiner et se dire, faire des plats qui n'existent pas. En disant, tiens, aujourd'hui j'ai envie de manger, ça il y a des champignons, je vais faire tel truc. Ça n'existe pas, mais vous suivez quelque chose qui est là.

  • Speaker #2

    Ou alors tu dis, tiens, je vais faire des champignons, et puis tu as encore quelqu'un qui parle d'asperges.

  • Speaker #3

    Tu dis, ah tiens, j'ai des asperges. En fait,

  • Speaker #2

    c'est la connexion à tout ce qui est autour de toi.

  • Speaker #3

    Et il y a l'expo qui va ouvrir sur le surréalisme. à Pompidou et c'était intéressant parce que j'avais jamais eu une lecture, elle est vraiment très très très très dense, cette expo je vous la recommande mais elle est vraiment dense et il y a aussi cette part-là dans l'expression du surréalisme, le lien avec le rêve, le lien avec l'invisible, avec toutes ces choses qui sont a priori complètement confuses, qui ne sont pas du tout homogènes mais dont émerge quelque chose d'absolument merveilleux et le surréalisme je trouve finalement, je crois qu'il représente bien ce qu'est l'inspiration. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #2

    Non,

  • Speaker #1

    mais surtout, c'est super intéressant parce que tu nous as dit juste avant, sans discipline, il ne se passe rien. En fait, comment tu l'imbraces, l'discipline ?

  • Speaker #3

    Parce qu'en fait, la discipline...

  • Speaker #0

    Tu dis la discipline, c'est la liberté.

  • Speaker #3

    Oui, la discipline, c'est la liberté. Parce qu'il faut... On n'atteint pas d'objectif sans discipline. C'est impossible de se réaliser sans discipline parce qu'il faut travailler, il faut s'améliorer. Tu ne mets pas seulement deux ans à écrire un bouquin. C'est ce que tu écris, puis tu n'es pas satisfaite. Puis tu réécris. Et puis tu trouves qu'on ne comprend pas assez bien. Donc tu réécris jusqu'à ce qu'on arrive à quelque chose, à une essence, une substance. Mais il faut travailler pour ça. Donc si elle se dit, tiens, comme un régime, là aujourd'hui j'arrête le sucre, et puis demain, ça va, je vais reprendre le régime demain. On ne les perd pas les trois kilos. Jamais on ne les perd. On ne les perd que si on a de la discipline. On gagne en... excellence que si on a de la discipline, que si on travaille, qu'on retravaille. Quand on voit les sportifs, c'est tellement simple, ou les artistes, les chanteurs, on a l'impression qu'ils se réveillent le matin et qu'ils le font. C'est parce que justement, quand ils se réveillent le matin, ils le font tous les jours. Qu'à un moment, ça a l'air facile et que chacun pense qu'il peut le faire. Puis c'est quand on s'y frotte qu'on se rend compte que c'est pas du tout comme ça. C'est des milliers et des milliers et des milliers d'heures. Et c'est ce que j'ai... Ce qui a pu m'aider, c'est qu'en effet, comme je travaille la musique depuis très longtemps et que je chante depuis très longtemps, j'ai eu un parcours très compliqué, mais assez banal pour un artiste. Il y a eu plein de rendez-vous manqués. J'aurais dû sortir mon premier album en 2003, donc il y a plus de 20 ans. Et puis ça ne s'est pas fait. Et puis des promesses sont tenues. Et puis des mésaventures. Enfin bon, bref, vraiment un parcours d'artiste assez banal. En revanche, je suis restée très entêtée. Mais dans mon entêtement, j'ai toujours travaillé avec beaucoup de discipline. Et quand, ces dernières années, je trouvais que les choses ne bougeaient pas, je me disais, OK, pour que ça change, il faut que tu changes les choses. Donc, il faut que tu te mettes en mouvement tout le temps. Tous les matins, je me réveillais, je faisais des bavilles musculaires, je prévoyais ma journée, etc. De la discipline, sinon ça ne bouge pas. Il ne se passe rien. On ne s'améliore pas. On ne grandit pas. Et on n'aboutit rien sans discipline. Ou alors, on est soumis aux opportunités. Mais alors, ça, c'est aléatoire. Ça marche ou ça ne marche pas. On a eu de la chance. super et puis après Si en fait, on ne peut pas keep up avec la discipline, ça ne fonctionnera pas durablement. Donc, il faut de la discipline. on ne sortira pas de ça Ça ne marche pas autrement.

  • Speaker #2

    Et là, toi Valérie, tu te laisses combien de temps sans discipline ? C'est-à-dire que là, ton roman va sortir. Est-ce que tu es déjà programmée sur le cinquième ?

  • Speaker #3

    Là, je suis avec une chute. Mais normalement, je vais en écrire. Celle que vous voyez là, moi, Valérie Perrin.

  • Speaker #0

    Un an et demi que je prépare le prochain, mais dans ma tête. Et puis là, la discipline, c'est que je passe mes journées entières avec les attachés de presse province, attachés de presse Paris, les libraires, pour prévoir tout ce qui va se passer d'ici la fin de l'année. Donc, je ne l'arrête pas.

  • Speaker #2

    Mais tu as déjà dans ta tête le cinquième.

  • Speaker #0

    Il faut être disponible pour écrire. Comment je suis disponible d'ici la fin de l'année ? C'est impossible, ça me fait toujours rire quand je le dis. Il faut écrire. Non, parce que monsieur, madame, si je suis là, devant vous, en train de signer,

  • Speaker #3

    je ne décolle pas. Ben non. Ben oui.

  • Speaker #0

    Il faut avoir fini. Et là, tu as écrit l'année prochaine.

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Mais tu sais déjà où tu vas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as des...

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'ai tout. Ça, c'est génial. Par contre, j'aimerais beaucoup adapter Les Oublies du Dimanche au théâtre.

  • Speaker #2

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Donc, je voudrais... Faire ça avant d'attaquer le cinquième roman. Ouais.

  • Speaker #2

    Est-ce que pour le changer l'eau des fleurs en film, est-ce que tu vas le scénariser comme tes scénaristes aussi ? Ou est-ce que tu délivres ?

  • Speaker #0

    Non, une fois que j'ai cédé les droits, je ne veux plus m'en mêler. Après, je suis extrêmement proche de Jean-Pierre. Donc, il peut m'appeler s'il a une question. C'est fini, il a fini d'écrire. Mais s'il avait une question par rapport à tel personnage, il m'appelait. C'est beaucoup plus simple. Et quand il a terminé son travail, il l'a refait dialoguer par Guillaume Laurent, qui est son scénariste de toujours, même avant Amélie Poulain, qui est un super scénariste. Mais de toute façon, c'est ce qu'il me dit, je ne vais pas aller chercher ce qui n'existe pas, puisque tout existe dans le roman. Donc c'est quand même très proche du roman. Après, c'est un gros roman, il faut le transformer en deux heures et quart, deux heures et demie, grand maximum, parce que c'est pour le cinéma. Donc il faut raccourcir, il faut faire des choix. Mais en gros, c'est déjà très dialogué, c'est déjà très visuel.

  • Speaker #2

    Donc je pense qu'il a tout.

  • Speaker #0

    Après, il amène son univers, sa patte, il amène autre chose. Il développe un des personnages qui est Julien Seul. C'est un flic qui débarque dans ce cimetière, justement. Et c'est par lui, d'ailleurs, que la vérité va éclater. Parce que sa maman... veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler. Il y a toujours l'histoire de cimetière chez moi. C'est une obsession chez moi. Sa maman veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler alors que sa maman était mariée.

  • Speaker #3

    Donc,

  • Speaker #0

    il vient frapper à la porte de cette femme pour comprendre. Et en frappant à la porte de cette femme, une fois de plus, il va tout découvrir. Pourquoi ? Je n'en dirai pas plus. Pourquoi elle est là ? Pourquoi son mari est parti il y a très longtemps ? Je suis extrêmement fascinée par l'adoption, par les liens du sang et pas les liens du sang. par les cimetières, par les secrets et aussi par tout ce qui est caché derrière. Je pense que derrière chaque individu, il y a un roman, il y a une histoire. Et je pense qu'il est très, très bon pour chacun d'avoir un jardin secret. Toute vérité n'est pas bonne à dire. On va en sortir.

  • Speaker #3

    Sur les cimetières, ça me rappelle un de mes grands fourris avec une amie qui venait de perdre son papa. Sa mère était morte quelques années plus tôt. Son père, c'était... pas vraiment remarié, mais enfin, il était avec quelqu'un d'autre. Et il meurt. Et donc, sa nouvelle compagne voulait qu'il soit enterré dans le caveau de sa famille à elle. Et ma pote m'appelle et me dit, mais c'est pas possible. Il connaît personne. Et on est partis dans un moment de grande tristesse. On est partis dans un frire. C'est souvent comme ça. tu te dis mais il est mort et en même temps je comprends qu'on ne pense qu'elle veut dire il faut qu'il soit enterré avec maman ça lui fait quoi elle ? on entend dans des grandes discussions mais c'était très très beau le il ne connait personne dans ce cimetière je comprends qu'on peut avoir une fascination d'ailleurs aux Antilles, en particulier en Guadeloupe les cimetières sont très particuliers je ne sais pas, t'es déjà venue en Guadeloupe ? il y a notamment celui de Mornalot qui est d'ailleurs un site touristique Pas comme le père Lachaise, parce qu'il y a des gens connus qui l'ont enterré, mais parce qu'il est vraiment très beau. Ce sont des mini-maisons, en fait, c'est des petites chapelles en damier sur un morne, d'ailleurs un morne à l'eau. Et les cimetières aux Antilles, très souvent, donnent sur la mer. Je te montrerai des photos, parce que c'est vraiment, ça semble bizarre. Ils sont carrelés aussi. Ils sont carrelés, noirs et blancs. Eh bien voilà, c'est pareil. Et c'est vraiment très spécifique. Et celui de Morne à l'eau en particulier,

  • Speaker #2

    il est ouf.

  • Speaker #3

    Dans les Antilles. Ah ouais.

  • Speaker #0

    Et il y a des Ausha aussi dans les cimetières.

  • Speaker #3

    Ah ça, je ne sais pas. Pour chez nous, c'est peut-être plus des chiens, parce qu'il n'y a pas beaucoup. Je ne sais pas, d'ailleurs, je dis ça, je n'en sais rien. Chez nous,

  • Speaker #0

    en France, il y a beaucoup de chiens.

  • Speaker #3

    Oui, il y a beaucoup de chiens, mais on ne vous en dit pas spécialement. Mais c'est vraiment les cimetières qui sont très particuliers. Et là, Toussaint, on les illumine, c'est extraordinaire. C'est des grands moments de joie et un peu de peine, mais c'est surtout des moments de joie. Alors, ça disparaît de plus en plus avec les maisons funéraires, etc. Mais pendant longtemps, comme ça se pratiquait ici, d'ailleurs, il y a longtemps, mais on a continué à le faire aux Antilles aussi. C'était les veillées. Donc, il accompagnait autant celui qui partait que ceux qui restent. Moi, ce sont des moments qui font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance et d'adolescence, d'ailleurs, où toute la famille se retrouve et on est pendant deux, trois jours ensemble, matin, midi, soir, nuit. Et on mange, on rigole, on se remémore des souvenirs avec le mort et on pleure. Et puis, finalement, on repart sur des plaisanteries. Enfin, vraiment, il y a toujours des choses très heureuses dans ces moments de passage aussi qui nous rappellent notre dimension éphémère. Tout à fait. Et à quel point est-ce qu'il faut qu'on profite et le respect qu'on se doit les uns aux autres.

  • Speaker #2

    Et c'est là que Valérie arrive, mais deux,

  • Speaker #3

    trois mensonges.

  • Speaker #2

    Là-dedans, et là,

  • Speaker #3

    on est à paix. Mais c'est ça. Et à la fois, on n'est jamais aussi proche de l'éternité que lorsqu'on entoure les morts, en fait. Donc, je trouve ça triste qu'on perde ces traditions-là parce qu'elles sont importantes pour les vivants. Et à balayer la mort comme on le fait, notamment dans les sociétés occidentales, où en fait, à la fois, on idéalise la mort parce qu'on est quand même dans une culture de la mort. dans les séries, dans les trucs, elle est omniprésente en fait. Mais la mort réelle, quand elle nous touche, on l'évacue. Et c'est à soi qu'il faut qu'on soit confrontés. Notre vrai moment d'humilité, il est là en fait. Et à chaque fois qu'on perd quelqu'un, c'est extrêmement choqué, alors que c'est la vie de mourir aussi. Et dans ces cultures afro, on a quand même cette conscience très concrète de la mort. Et d'ailleurs, vous avez toujours quelqu'un qui, un peu avant que quelqu'un parte, vous dise « j'ai rêvé d'elle » . Elle ne va pas tarder à partir. Elle toujours aura un truc, une connexion qui nous rappelle ça. Donc, j'en profite de ça.

  • Speaker #2

    Moi, j'avais une petite question de femme et de carrière, comme c'est notre thème. Est-ce que, parce que vous êtes toutes les deux avec une personnalité connue, est-ce que c'est facile et vous avez toutes les deux une carrière à part entière, est-ce que c'est quelque chose avec laquelle on vous embête, ça fait rebond ou on vous laisse tranquille par rapport à ça ?

  • Speaker #3

    Je commence. Alors déjà, quand on est avec quelqu'un de connu, il faut avoir vraiment les pieds sur terre, il faut être bien dans sa peau. Parce que ce dont généralement les gens ne se rendent pas compte, c'est que vous disparaissez. Ça, c'est le premier truc. C'est-à-dire que n'importe où vous arrivez, dans la rue, partout, les gens se jettent sur la personnalité connue. Souvent, on vous pousse ou on vous met un téléphone portable. Non, tu peux. Tu peux faire la photo. Il n'y a pas eu bonjour avant. On ne vous a même pas regardé. On ne vous a pas considéré. Moi, pendant très longtemps, on vous écrase les pieds. On ne vous voit pas. Les gens ne se souviennent jamais de votre prénom. Ah oui, Caroline. Ah oui, non, pardon. Corinne. Ah oui, non, pardon. Catherine. Non, Karine. Oh, Catherine. Puis à la fin, souvent, on me disait, dans les endroits où je pouvais me retrouver avec Lilian, mais alors, que faites-vous de votre vie ? À part accompagner cet homme absolument merveilleux, c'était le moment où je me suis dit que je suis journaliste et que je commentais un JT national sur M6. Et où les gens se décomposent parce qu'ils avaient passé la soirée à faire en sorte que surtout je ne parle pas en se disant la pauvre, elle doit être tellement stupide comme elle est avec un footballeur. Donc forcément, évitons-lui, épargnons-lui une humiliation, nous coupons la parole à chaque fois qu'elle parle. Donc ça c'est quand même très concret, quand vous êtes avec quelqu'un de connu et qui en plus déchaîne les passions comme ça, vous disparaissez. On ne s'intéresse absolument pas à vous. On ne vous garde pas de place. Et puis, on vous affûle de tous les mots possibles, de tous les vices possibles. Vous êtes intéressé, vous êtes ci, vous êtes ça. Enfin bon, bref, vous n'existez pas. Donc ça, c'est le premier truc. Donc, on ne se construit pas très bien comme ça. Et c'est vrai d'ailleurs que moi, j'ai eu beaucoup d'affection, même de tendresse pour les femmes d'eux, qui en plus, très souvent, n'ont pas forcément, parce que ce n'est pas possible. Quand, je ne sais pas, vous êtes avec quelqu'un qui voyage beaucoup, vous ne pouvez pas avoir une activité professionnelle ? solide parce que vous devez tout le temps déménager, vous devez tout le temps partir. Et ces femmes-là, je trouve qu'on ne mesure pas à quel point est-ce que il faut un vrai tempérament pour supporter d'être tout le temps dans l'ombre de quelqu'un et qu'en plus, très souvent, les gens, ils sont méchants, mais malgré eux. Il y a deux jours, je croise quelqu'un, on allait, je ne suis plus à la Philharmonie, un truc comme ça, il n'y a pas que les gens se jettent sur l'île et on commence à parler. Il y a quelqu'un qui me dit, excusez-moi, je ne vous ai pas salué. mais monsieur quand même c'est quand même monsieur C'est-à-dire que... On s'en fout en fait, c'est pas grave de pas me dire. Vous êtes rien, vous êtes de la merde en fait, puisque vous, on sait pas qui vous êtes, et que lui, quand même, c'est quelqu'un. donc vous vous prenez ça toute la journée

  • Speaker #0

    C'est ça la réalité d'être le plus un de quelqu'un de connu. Moi, ma chance, et c'est aussi la tienne, ma chance, c'est que j'avais une carrière bien avant d'être avec Lilian. Je présentais déjà le JT bien avant d'être avec Lilian. J'étais déjà celle que je suis avant de le connaître. Je ne lui dois pas ma carrière professionnelle en tant que journaliste. Et puis ensuite, quand vous êtes une femme d'eux et que vous vous lancez dans une discipline artistique, quelle qu'elle soit, on se dit, bien sûr, comme c'est la femme d'eux, c'est plus facile pour elle. Alors que pas du tout. Là encore, justement, tout le monde entend ça, que c'est plus facile pour vous, donc vous n'avez pas besoin d'aide puisque vous êtes déjà backuppé par quelqu'un d'autre. Donc, ce n'est pas moi qui vais vous aider puisque quelqu'un d'autre vous aide alors que personne ne vous aide. Au contraire, vous y allez avec les rames et puis on ne vous facilite pas la tâche, justement parce que vous êtes une femme d'eux. Il y a plein d'endroits où on ne m'a pas reçu. Je le dis, mais je n'ai aucune amertume du tout par rapport à ça. Mais il y a plein de médias qui n'ont pas parlé parce que je suis journaliste, parce que je suis femme d'eux. en se disant, ça va, c'est bon, on ne va pas en plus... Donc, oui, c'est ça. Donc, ce n'est pas du tout un avantage. Bien au contraire. Et puis, parce que vous avez aussi tous les ennemis de la personne avec qui vous êtes qui vont s'évertuer à vous mettre des bâtons dans les roues. Et puis, tous ceux qui éventuellement pourraient vous aider, ils n'ont pas spécialement envie de porter la charge de la suspicion de copinage. Parce qu'il faut assumer après de dire, oui, je l'ai aidé parce que c'est la femme de machin, que c'est un copain que j'aime bien. Non, ça ne marche pas, en fait. donc vous devez de toute façon vous battre et probablement encore plus, et je comprends que ce soit contre-intuitif, parce que sur le papier, on peut se dire que c'est plus facile comme être fils d'eux, comme être machin, mais ça n'est pas le cas. C'est complètement faux. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être, je pense, les filles ou fils d'eux ont peut-être plus l'opportunité de rencontrer les bonnes personnes, mais si tu n'assures pas, tu n'es pas meilleur encore que les autres.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça ne sert à rien. Moi, c'est très particulier, ça fait 18 ans, donc moi, très longtemps... très longtemps dans l'ombre de Claude. Puis alors moi, là, les filles, je suis maquillée, je suis habillée, mais en vrai, dans la vie, je suis à moitié en pyjama jour et nuit, jamais maquillée, jamais coiffée. Donc, on m'écrasait les pieds. Il y a deux, trois personnes tout de suite qui savaient qui j'étais. Bonjour Valérie, comment ça va ? Tu les repères, tu vois, tout de suite. Moi, je m'en foutais complètement. Et ça m'a bien fait rigoler parce que j'ai repris une scène que j'ai vécue, moi, dans Tata. Tu vois, je parle en scène, jamais en chapitre. Je me suis retrouvée à la table des enfants en Corse. Je ne dirai jamais chez qui. Chaque lémone au bout de la table, parce qu'il ne savait pas du tout quoi faire de moi.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux. Pour aller dans ce que tu dis, je suis devenue amie avec quelques femmes d'eux, justement, parce que parfois, en arrivant, en fait, tu as une huée comme ça qui emporte. Les personnes les plus connues. Et nous, on reste derrière. Et donc, on se retrouve en disant, bon, ben voilà, les doux connasses. Vous vous pliez. Salut, moi, je m'appelle Carine. Moi, c'est Véronique. On va passer la soirée ensemble, je crois. Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des supersores.

  • Speaker #0

    Et tu passes des supersores. Les oublier, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, c'est en train de complètement switcher. C'est le contraire. C'est-à-dire que... Il y a plein de gens qui me lisent, mais ils ne m'ont pas encore identifié. En revanche, ils savent que Valérie Perrin, c'est l'épouse de Claude Lelouch. Du coup, ils reconnaissent Claude.

  • Speaker #0

    Et cher Valérie ! Voilà.

  • Speaker #1

    Pour me dire des choses merveilleusement gentilles. Donc, tu vois, c'est drôle comme la vieille chambre.

  • Speaker #0

    Oui, et Lilian, il a ça aussi de plus en plus. Donc, maintenant, c'est le père de ses fils. Ah, vous êtes le papa de Marcus ! Ah, vous êtes le papa de Victor ! Il est le père d'eux ! Exactement, il est le père d'eux. et on lui dit ah vous êtes le mari de la chanteuse donc voilà la dernière fois On m'a dit, je suis le mari de la chanteuse. J'étais super contente.

  • Speaker #1

    Et Claude, il dit, maintenant, je vais m'appeler Claude Perrin. Je ne sais pas pourquoi, mais je le trouve génial. Il le dit tout le temps. C'est drôle.

  • Speaker #0

    Oui, bien. Mais ça suppose, voilà, de ne pas avoir de problème d'ego. Enfin, en tout cas, de régler son ego. Moi, j'ai appris de ça aussi. Oui, c'est bien. C'est très,

  • Speaker #1

    très bien.

  • Speaker #0

    Reste à ta place. Moi,

  • Speaker #1

    je trouve ça super bien.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a des compétitions.

  • Speaker #1

    Ça donne des bonnes leçons.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Il y a des compétitions dans lesquelles tu ne rentres pas. Les grandes émotions qu'on va ressentir, c'est quoi ? Un mariage, une naissance, tout ça. Et puis, la victoire d'un pays en équipe de France, de l'équipe de France. Tu ne peux pas, à aucun moment de ce que moi, j'ai pu produire, je peux rentrer en compétition avec ça. Donc, il n'y a pas de compétition à avoir. Il faut savoir rester à sa place. Tu ravales ta salive quand les gens vraiment sont désagréables et extrêmement, même méchants parfois. Mais tu apprends à rester à ta place. Et en tout cas, pour moi, ça a été une bonne discipline. parce que c'est une discipline de savoir... rester à sa place, de ne pas être en compétition, de ne pas absolument chercher la lumière quand il n'y a aucune raison, en fait, qu'on soit devant. Et en plus,

  • Speaker #1

    vous menez vos carrières.

  • Speaker #0

    Exactement. Nickel. Et vous êtes juste... Et épanouie, et très heureuse de faire nos trucs.

  • Speaker #2

    Vous êtes même plutôt dans la lumière, on va dire, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, oui, mais parce que tu développes toi, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Déjà, je n'ai aucun rapprochement entre Valérie Perrin, l'autre, et Claude Lelouch, le cinéaste. Et moi, pour le coup, je lui dois quand même beaucoup. Parce que d'abord, j'aurais quand même écrit, même si je n'avais pas rencontré Claude. Cependant, je pense que ça a accéléré, ça a vraiment accéléré les choses, le fait que je travaille avec lui. et que je fasse cette école de cinéma qui est particulière avec lui. Donc, j'ai vachement pris de... Et puis, je lui ai beaucoup pris dans Tata. Je parle quand même de ce qui est... Je n'ai jamais fait un film de ma vie. Et pourtant, je parle d'une réalisatrice. J'explique tout le processus de création. J'explique qu'est-ce que c'est qu'être sur un plateau. Comment je travaille avec mes assistants. Je n'ai jamais fait ça de ma vie. Mais j'ai tellement pris de clones de cet homme génial que du coup, moi, ça m'a beaucoup apporté dans mon travail.

  • Speaker #0

    Alors moi, effectivement, Lilian m'a beaucoup apporté aussi, parce qu'il m'a obligée, pendant très longtemps, j'étais d'une pudeur totale, grande pudeur vocale. C'était très difficile pour moi de monter sur scène. Je faisais des concerts, mais j'étais alertée plusieurs mois avant. J'avais le temps de me préparer, de me préparer psychologiquement. Deux jours avant, je ne dormais plus. La veille, je ne mangeais plus. Je partais en me disant, bon, quand je vais revenir demain, ce sera terminé. Je l'aurais fait. C'était vraiment horrible. Et il m'a confrontée en fait, vraiment, il m'a mise dans des conditions. pour m'obliger à sortir de ça. C'était sympa sous sa casse. Et notamment, je pense à une fois, on va dans un club de jazz où on va juste écouter de la musique. Et je trouve que dans ce club, tout le monde savait que je faisais des concerts et tout. Et donc, à un moment, le musicien sur scène a dit « Ah, mais nous avons parmi nous des amis chanteurs ! » « C'est la famille ! » « Ne vous dites pas, venez chanter ! » Et tout ça. Puis les gens viennent me voir. Enfin, le patron du club me dit « Alors, tu vas bien chanter une petite chanson ? » Et puis je me suis dit, non, je vais lui manger un croutin de chèvre. Une de miel ? Laissez-moi tranquille, laissez-moi boire mon verre de vin et puis goûter. Oui, mais quand même, ce serait sympa. Lilian me dit, mais je ne comprends pas, pourquoi tu n'y vas pas ? Je finis par céder en me disant, ok, je vais chanter une chanson. Et au moment où je dis ok, je me dis, mais dans quelle tonalité ? Mais c'est quoi la mélodie ? Je suis prise d'une crise de panique. Et je sens qu'à la fois, j'ai envie de le faire, mais que je ne peux pas le faire. Je ne vais pas être capable de chanter. Donc, je commence à s'engloter. Je me dis, il faut que je dise non. t'as dit non, t'as dit oui, tu vas dire non, les gens vont dire que t'es complètement folle, bah oui en fait t'es folle, c'est pas grave. Donc, finalement, je me désiste en disant que je ne vais pas monter chanter. Je commence à pleurer. Lilian me tourne le dos. Vraiment, je sens qu'il est déçu. Ce qui est terrible, c'est de décevoir quelqu'un qu'on aime. En plus, je ne comprends pas. On finit par rentrer à la maison. Il me dit, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne veux pas me préparer. Il me dit, mais non. Mais tu aimes chanter. Tu chantes toute la journée. Pourquoi ? Chanter, c'est simple. Tu te lèves. Il me dit, d'accord. J'avais pas compris. En fait, tu veux pas chanter. C'est pas grave. Ne chante pas. Je n'avais pas compris. En fait, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Et puis, on ira voir les autres en concert. C'est super. Ça va bien se passer. Il me disait ça. Et j'entendais me dire ça. Je me disais, mais qu'est-ce qu'il raconte ? Il est complètement dingue. Mais ce n'est pas possible. Mais oui, je veux chanter. Il me dit, mais non, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Tu ne veux pas. Mais ce n'est pas grave, mon amour. Tu ne chanteras pas. Et puis, ça va se passer très bien. psychologiquement, franchement, je l'ai détesté. je me suis testée pendant une nuit et le lendemain je me suis dit putain on va aller au club de jazz et je suis allée au club de jazz je suis allée voir le patron en disant vraiment je faisais pas ma diva c'est parce que j'étais prise de panique et je ne pouvais pas mais je viens chanter dans ton club quand tu veux et il m'a dit c'est super on va programmer deux dates dans un mois je me suis dit putain on va aller et en fait ça s'est passé effectivement comme ça et toutes les choses se sont imbriquées ensuite et ça a vraiment contribué à me libérer et je pense que Il y a beaucoup de choses en moi qui m'entravaient. Et il m'a vraiment emmenée. C'était vraiment... Il m'a fait un espèce de coach. Mais complètement. Formidable. Mais vraiment. C'est du coach.

  • Speaker #1

    C'est du coach.

  • Speaker #0

    Pour ça, il a vraiment ce talent, ce don-là de révéler. Alors, ça passait ou ça cassait. J'aurais pu craquer et puis effectivement laisser tomber tout ça et me dire que je ne serais jamais capable de chanter comme ça, de faire des concerts et tout. Mais il m'a complètement changée. Il m'a vraiment donné de... de l'ouverture. Il m'a aidée, il m'a accompagnée dans le déploiement. Et je lui dois complètement ça. Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui sans lui, très clairement. Il m'a, avec beaucoup de, parfois de la douceur, parfois en venant me secouer comme ça, en me disant, mais tu ne seras pas. Il a vraiment contribué à me libérer complètement. Il m'a, c'est, il a changé ma vie, vraiment. C'est beau. choisissez bien vos chéris les filles ça c'est sûr ça c'est sûr ça fait le pas aimer, être aimé et puis il y a aussi des gens qui quand ils vous aiment ils veulent que vous soyez vraiment heureux et heureuses et ils vous accompagnent sur le chemin de l'épanouissement et c'est complètement ce que Lilian fait avec moi et c'est merveilleux vraiment voilà

  • Speaker #1

    On arrive au terme de cette émission.

  • Speaker #2

    On aurait bien aimé continuer en train avec vous.

  • Speaker #0

    On adore. C'est trop bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous voulez dire encore une dernière chose ?

  • Speaker #1

    Je suis très heureuse d'avoir rencontré vous.

  • Speaker #0

    De moi aussi. Merci de cette rencontre.

  • Speaker #1

    Il y a plein de connexions.

  • Speaker #0

    Hallucinant. Hallucinant. Je vais tout de suite acheter Les Oubliés du Dimanche.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    je vais en faire une. D'accord, je viens. Parce que j'en ai trois à lire avant.

  • Speaker #1

    Ne fais pas des petits bémols.

  • Speaker #0

    On se déborde. Changez l'eau des fleurs. ça va être merveilleux parce que effectivement je pense qu'il y a des univers qui sont proches dans les réflexions et la profondeur

  • Speaker #2

    Merci Tata sort le 18 septembre donc nous vous invitons tous et toutes à dévorer ce nouveau roman de Valérie Perrin et on était hyper heureuses de vous recevoir et écoutez cet album aussi de Nina Simone qui est incroyable Oui j'ai plein de commentaires aussi,

  • Speaker #0

    j'ai pas toutes les dates en tête mais... voilà le 5 octobre je suis sur les réseaux je suis sur les réseaux et comme ça à chaque fois tu dis je suis là exactement le 23 septembre on mettra tout ça c'est ça il y a 66 minutes aussi super génial il y a plein de choses donc je vous laisse renseigner tout ça on renseigne on renseigne

  • Speaker #2

    tout nous on donne les liens les liens c'est un peu pour ça qu'on a créé ce podcast pour faire de l'eau bien et on est super heureuse d'avoir bien réussi aujourd'hui parce que c'est super une réaction sur un accompli ça va voilà À la semaine prochaine pour une nouvelle mission.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Merci.

Chapters

  • Introduction au thème de la carrière et présentation des invitées

    00:11

  • Karine se présente et parle de son parcours

    00:28

  • Valérie partage son expérience d'autrice et son parcours atypique

    00:48

  • Discussion sur l'importance des études et de la légitimité professionnelle

    02:26

  • Les défis des femmes dans le monde artistique et l'importance de la discipline

    03:38

  • Échanges sur la carrière et les relations personnelles des invitées

    05:07

  • Conclusion et récapitulatif des messages clés de l'épisode

    01:08:45

Description

Peut-on réussir sans diplôme ? Trouver sa voix en dehors des chemins balisés ? Écrire ou chanter à 45 ans et bouleverser des vies ?

Dans cet épisode vibrant de Flammes des Années 80, nous recevons deux femmes puissantes et inspirantes : Valérie Perrin, autrice de best-sellers traduits dans plus de 60 pays, et Kareen Guicock Thuram, chanteuse de jazz et ex-présentatrice du 12-45 sur M6.

Avec une sincérité désarmante, elles racontent leurs parcours de femmes et d’artistes, leur foi en la discipline créative, et l’audace qu’il faut pour suivre ses rêves, même (et surtout) quand on sort des cases. Valérie confie son rapport douloureux au bac qu’elle n’a pas obtenu — une blessure qu’elle a sublimée en dévorant des livres, en écrivant des romans incarnés, cinématographiques, et profondément humains. Karine, elle, partage son chemin de journaliste autodidacte, ses coups de bluff, sa première émission à 13 ans, sa passion pour la philosophie, et son amour tardif mais vital pour la musique, avec un premier album hommage à Nina Simone.

Dans cette conversation, il est question de révélation artistique, de la condition de "femme de", de ce que cela implique en termes de visibilité, de préjugés, mais aussi de force intérieure. Elles évoquent également leurs compagnons — Claude Lelouch pour Valérie, Lilian Thuram pour Karine — et l’équilibre subtil entre amour, inspiration et indépendance.

On parle de spiritualité féminine, de transmission, de cimetières comme lieux de mémoire et de mystère, de création musicale nocturne, de la beauté des traditions antillaises, et de la magie de l’invisible. On rit, on est ému·es, on se retrouve.

Un épisode rare, puissant et lumineux, sur le fait d’oser être soi, à tout âge.
Pour toutes les femmes qui doutent encore de leur talent, de leur légitimité ou de leur timing. C’est maintenant. Et c’est possible.

Mots-clés à retenir : femme, carrière, discipline, amour, musique, écriture, spiritualité, révélation.

🎧 Flammes des Années 80, c’est le podcast qui accompagne les femmes dans leur développement personnel, leur bien-être et leur liberté d’être.

📲 Rejoignez-nous sur Instagram pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des prochains épisodes.

📰 Inscrivez-vous aussi à notre Newsletter  pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et les actualités du podcast directement dans votre boîte mail.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur toutes vos plateformes d’écoute préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Abonne-toi ! 🔥

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme.
Chaque semaine, des conversations autour du développement personnel féminin, de la confiance en soi, du bien-être, de la transmission et de l’épanouissement personnel. On y explore l’introspection, les émotions, la résilience, la maternité, l’amour, la psychologie et les témoignages inspirants de femmes et d’hommes audacieux. Un podcast pour femmes, pour révéler sa flamme intérieure, oser être soi et nourrir sa spiritualité féminine.
Flammes des Années 80, pour écouter votre flamme intérieure grandir. 🔥


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on est super contentes aujourd'hui de continuer notre petit parcours sur le thème de la carrière. Et on a beaucoup de chance aujourd'hui parce qu'on reçoit deux femmes incroyables. Donc Valérie Perrin et Karine Thuram. Est-ce que vous voulez vous présenter justement pour nos musiques ?

  • Speaker #2

    Alors je vais ! Oui donc je suis Karine Guillaume-Turam, je n'ai pas encore supprimé le nom de mon père, le pauvre. J'ai insisté pour que je porte le nom de mon mari et que je garde le nom de mon père. Donc Karine Guillaume-Turam, je suis chanteuse et journaliste et je ne sais pas quoi dire d'autre mais on va le découvrir au cours de l'émission parce que je vais aller suivre les questions. Évidemment !

  • Speaker #1

    Et moi je suis Valérie Perrin, j'ai gardé le nom de mon père. tu es mariée en juin 2023 je peux dire aujourd'hui j'aimais pas le mot autrice mais j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'en fait il avait été supprimé il y a très très longtemps parce que on voulait nous rayer de la carte, nous les femmes donc du coup je suis autrice depuis 9 ans maintenant et j'ai la chance de vivre de ma plume voilà et qu'est-ce que tu as fait du coup avant d'être autrice justement ? j'ai fait Merci. beaucoup, beaucoup de choses, mais ça fait donc 9 ans que j'écris. Je ne peux pas résumer, il nous faudrait 25 heures, on ne les a pas. J'ai tout fait. Je n'ai pas fait d'études. Je vais y aller comme ça. Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas le bac, caloréa. J'ai lu toute ma vie énormément, donc je pense que c'est en lisant que j'ai construit beaucoup, beaucoup de choses dans ma tête. Je suis allée beaucoup au cinéma, je suis allée beaucoup au théâtre, j'ai eu deux enfants. qui m'ont tout appris de la vie. J'ai eu des maris, j'en ai deux. J'en ai eu deux, j'en ai un par un. J'ai eu des amants. Et tout ça, imbriqué, tout ça mélangé, plein, plein, plein de choses différentes dans mon travail, fait qu'un jour, j'ai décidé d'écrire. Et que ça a marché. Ça s'appelle un miracle. Voilà. Voilà au résumé. C'est un beau résumé.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment vous allez faire les filles, parce qu'après ça... Eh bien, courage, Karine, courage. Non, pas moi. Moi, je réponds.

  • Speaker #0

    Moi, c'est vous, je vais aller suivre le tourant. En fait, je trouve ça génial, tout est incroyable, mais ce que je trouve génial, c'est que je n'avais pas le bac. Et en fait, on a parlé un petit peu dans d'autres émissions par rapport à la carrière, à l'éducation des enfants. Ça fait partie aussi d'un peu de carrière, mine de rien, parce qu'on en parle pas mal. Et en fait, la pression qu'on peut mettre de tu n'arriveras pas, si tu n'as pas le bac, si tu ne fais pas d'études. et en fait, la preuve vivante en face de nous. quand même qui est... Dans combien de pays tu es traduite ?

  • Speaker #1

    60. Voilà.

  • Speaker #0

    Et quatre romans. Une des romancières les plus lues. Et je trouve ça assez incroyable d'avoir aussi l'honnêteté de dire j'ai pas le bac. En fait, ça peut donner vachement d'espoir. Nous, c'est pour ça qu'on vous invite aussi. C'est pour aussi donner un peu les espoirs aux gens qui se mettent des carcons dans leur tête et qui se disent moi, je pourrais jamais faire ça. Moi, je pourrais jamais faire ça.

  • Speaker #1

    Tout est possible. Mais je tiens tout de même à souligner que mes deux enfants l'ont et que je me suis battue pour qu'ils l'aient. Je pense tout de même. qu'aujourd'hui, avoir le baccalauréat, tu arrêtes les études, peu importe. Mais si tu veux les reprendre quelques années après, c'est la seule porte qui peut t'ouvrir aux études. Et je le vois avec ma fille qui reprend des études de psy, et grâce à son bac. Donc, je ne l'ai pas, mais je conseille pour ceux qui veulent, et pour ceux qui peuvent, d'essayer d'aller au moins jusque-là. Mais après, on peut avoir plein d'autres qualités. sensibilité aussi. Et puis tu joues avec les mots. Moi, je trouve ça extraordinaire. C'est que non seulement sans dire le bac, mais en plus, tu manies la langue française. C'est parce que je n'ai pas le bac et que j'en étais très malheureuse que j'ai toujours rattrapé en lisant énormément. Je pense qu'il y a ça aussi. C'est quand même une blessure quelque part.

  • Speaker #2

    Tu ne l'as pas, mais tu l'as passé. Tu n'arrives pas. C'est ça qui est intéressant. Quand tu es première,

  • Speaker #1

    tu es partie à Paris.

  • Speaker #2

    Voilà, parce que de ne pas l'avoir, c'est une clause, mais ça doit raconter quelque chose de toi. Ça veut dire que tu t'es arrêtée avant en disant, ce n'était pas ton objectif derrière le bal.

  • Speaker #1

    Je ne te mets pas les colles,

  • Speaker #2

    j'étais très mal à l'aise. Oui parce qu'on s'arrête souvent au fait de ne pas l'avoir Et on raconte pas Ce qui fait qu'on ne l'a pas eu Et c'est pas qu'elle ne l'a pas eu, c'est qu'elle a vécu une autre vie Elle s'est arrêtée avant T'avais d'autres rêves à poursuivre En l'occurrence pas d'avoir le bac Et c'est des histoires d'époque C'est à dire qu'aujourd'hui je te rejoins On n'imagine pas qu'un adolescent puisse ne pas aller jusqu'au bac Parce que c'est un peu le diplôme que tout le monde a A l'époque de mes parents ma mère à le bac, mon père là-bas. Et tout le monde, bien sûr, parce que plus on recule dans le temps, et moins les gens avaient le bac, et ils ont construit des vies incroyables. Donc, c'est vraiment notre époque qui nous impose d'avoir des diplômes et d'avoir cette espèce de ticket de métro qui dit, tu peux aller un peu n'importe où parce que tu as le bac. Mais je trouve ça très beau aussi dans les parcours de gens qui, même à leur époque, quand le bac pouvait être imposé, se sont arrêtés avant parce qu'ils avaient autre chose à faire. Et que vous avez fait plein d'autres trucs. Et c'est ça qui est top. Donc, en effet, ce n'est pas le bac qui fait la personne qu'on est, mais...

  • Speaker #1

    Tu as besoin de parler de l'époque. Parce que l'époque, quand je suis arrivée à Paris, en 1986, on trouvait du travail, mais...

  • Speaker #2

    Très facilement. Exactement.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #2

    Je le dis parce que je l'ai entendu, je ne l'ai pas vécu moi-même, parce que ça ne définit pas mon âge, je l'ai dit tout de suite. Je sais, mais franchement,

  • Speaker #1

    1986, c'était une autre vie, c'était un autre monde, il faut le comprendre. On pouvait débarquer seule à Paris, être hébergée chez quelqu'un, pouvoir payer un loyer, ce qui est quasi improbable aujourd'hui. Et surtout à l'âge de 17 ans, comme ça. C'est vachement important de le dire, c'est une question d'époque.

  • Speaker #2

    C'était un autre temps. Et tu rêvais de quoi à l'époque, toi ? Je me parlais, je te pose la question, ça a été intéressant. Non, mais tu vas partir.

  • Speaker #1

    La seule chose que je voulais, la seule chose dont je rêvais, c'était de quitter vraiment, comme la chanson d'Aznavour, la province.

  • Speaker #2

    Vous allez quitter dans quelle province ?

  • Speaker #1

    En Bourgogne.

  • Speaker #2

    En Bourgogne.

  • Speaker #1

    Oui, en Bourgogne. Je suis arrivée, j'avais un an. Et donc, je suis partie, j'avais 19 ans. Mais vraiment, avec trois sous en poche, tu vois. Est-ce qu'il y avait déjà cette envie d'être autrice ? Je pense pas du tout. non, non, je pense que ce n'est pas une envie, je pense qu'on le porte en soi. Et puis après, la vie fait qu'il y a un moment dans ta vie, mais ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard. Tu as le temps de le faire. Mais je réponds avant. Mais on me dit toujours, pourquoi tu as écrit si tard ? Parce que mon premier roman, il a été édité, j'avais 48 ans. Et en fait, j'explique juste qu'il fallait, pareil, payer le loyer, élever ses enfants, travailler. Et que je n'avais pas ce moment-là, ce temps-là pour l'écriture. C'est pour ça que j'ai écrit très, très tard.

  • Speaker #2

    C'est drôle parce que moi, c'est l'inverse. Je voulais absolument partir à Paris pour faire mes études, mais il me fallait le bac. J'étais en Guadeloupe, chez mes parents. Parce que j'ai grandi entre Paris, Cayenne et la Guadeloupe. Et en Guadeloupe, pour partir à Paris, mes parents ne me laisseraient jamais. Ils ne m'auraient pas laissé partir sans le bac. Donc moi, il fallait que j'ai le bac pour partir. Et en effet, j'ai eu le bac à 18 ans, 17 ans, 18 ans. et quand tu... te lances dans l'exil parce que c'est une chose de faire Bourgogne-Paris, c'est une autre de faire Guadeloupe-Paris où tu ne peux pas retourner le week-end. C'est vivre loin et donc ça suppose de gagner très vite en maturité. Pour mes parents, d'avoir le bac, de savoir gérer ton truc, ça voulait dire aussi que tu étais en capacité de vivre seule et de commencer à gérer ta vie toute seule. Donc voilà, moi c'était l'inverse. Moi le bac, c'était le passeport pour partir et arriver à Paris.

  • Speaker #0

    Il était...

  • Speaker #2

    Très bien. Alors moi... Quand j'avais commencé avant, j'ai écrit mon premier article à 13 ans. En Guyane, au collège où on était, on avait eu cette envie de monter un magazine qu'on voulait appeler Métissage Cocktail, c'est beaucoup plus tard. Parce que la Guyane dans laquelle on grandissait, c'était vraiment une Guyane extrêmement cosmopolite qui était très différente de ce qu'on voyait à la télévision sur l'unique chaîne que nous avions à l'époque, RFO. où on vivait avec des gens de couleurs de peau différentes, de religions différentes, etc. et que ça n'avait absolument aucune valeur. Et on ne comprenait pas l'actualité qui nous parvenait du reste du monde et qui racontait que c'était une source de division et de conflit. Et donc, on voulait raconter ça. Et évidemment, à l'époque, personne ne nous avait donné le budget pour créer ce magazine-là. En revanche, on avait fait une maquette et tout. En revanche, France-Guyane, qui est le quotidien de la Guyane, avait entendu parler de notre initiative. comment je n'en ai pas la moindre idée. Parce que je ne me souviens pas que mes parents connaissaient des journalistes. Aucun des parents de mes camarades de classe n'étaient journalistes non plus. Donc je ne sais pas par quel biais ces gens ont entendu parler de notre initiative. Mais en tout cas, ils nous ont confié une page hebdomadaire pour qu'on se fasse la main. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire et je n'ai jamais arrêté depuis. Voilà. À l'âge de 13 ans. Ouais, ça m'a mis le pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    Du coup, t'as fait une école de journalisme.

  • Speaker #2

    Non, j'ai pas voulu, justement. J'adore,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #2

    Non, parce qu'à 18 ans, j'avais une très haute estime de moi. Et je pensais que j'étais unique et que j'avais un truc très spécial. Et j'avais peur d'être formatée. C'est quand même lunaire de penser comme ça à 18 ans. Mais c'est ce que je pensais. Et donc, j'ai fait une hypocagne, l'être sub, etc. Et ensuite, j'ai fait une fac de philo. Ce qui a désespéré mon père, qui est un chef d'entreprise. Il s'est dit, elle ne va pas ouvrir une boutique de philosophie comme elle va gagner sa vie, ma fille, ça va être l'enfer. Mais en fait, je voulais une formation qui m'aide à structurer ma pensée, qui m'aide à réfléchir. Et je trouvais que la philosophie pour ça, c'était ce qu'il y avait de plus précieux et de plus efficace. Donc je savais que je ne ferais rien en philo, que je ne serais pas enseignante. Ma mère était enseignante, elle est à la retraite maintenant, mais je ne rêvais pas du tout. Je n'avais pas cette patience. Je ne rêvais pas du tout d'enseigner, mais je rêvais de transmettre néanmoins. Et je ne voulais surtout pas être journaliste. Je me disais, bon, en fait, le journalisme, ce n'est pas un talent, ce sont des aptitudes. C'est des compétences. Donc, c'est savoir écrire, formuler. Enfin oui, savoir écrire, résumer, poser des questions, être curieux. Tout ça, ce n'est pas un talent. Ça, c'est des choses qu'on développe. L'exigence, la rigueur, la discipline. Voilà. Un souci d'honnêteté. En tout cas, on n'est pas toujours neutre, mais on peut à minima être honnête. Et je ne voyais pas trop ce qu'on pourrait m'apprendre dans une école de journalisme. Et donc, j'ai fait le choix de ne pas en faire. Voilà. Et puis, après, il faut assumer. être autodidacte ça a été difficile en fait ça n'a pas tant été difficile c'est plus la pression qu'on se met c'est pour ça que je comprends très bien ce que tu dis ce que ça a pu te créer comme déséquilibre entre guillemets de ne pas avoir le bac pour la légitimité qu'on peut avoir vis-à-vis toi-même pour l'écriture quand tu choisis des journalistes et de surtout pas faire une école de journalisme bon il faut être irréprochable en fait c'est aussi ça que ça impose comme pression donc ça destine entre guillemets une forme d'excellence aucun moment tu puisses être prise à défaut sur quelconque point qu'il soit. Donc ça suppose d'être encore plus en maîtrise du sujet que quelqu'un qui a fait une école et qui n'a pas approuvé qu'il sait faire, puisqu'il a fait une école. Donc normalement, il a été formé pour ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu as tes premiers boulots si tu n'as jamais fait d'école ? Comment tu arrives à... Ce petit pont-là ?

  • Speaker #2

    Un peu au bluff. En fait, les tout premiers, mes toutes premières expériences, c'est toujours dans la continuité, parce que j'avais fait France-Guyane, après en Guadeloupe au lycée, parce que France-Guyane, c'est quand j'étais au collège en Guyane. Quand on est arrivé en Guadeloupe, pendant mes années lycée, je participais à des forums jeunes pour RFO Radio. Et puis une fois que j'ai eu le bac et je suis arrivée à Paris, un de mes amis de l'époque, qui avait mon âge, qui venait d'avoir le bac aussi, avait une émission pour jeunes sur Médias Tropicales. Et donc, je travaillais avec lui sur cette émission. Et puis, dans cette radio, j'avais rencontré des gens qui s'étaient dit « Ah, elle est rigolote, cette petite » , qui m'avaient donné ma chance en me proposant d'être rédactrice en chef d'un magazine papier qui était Moribond et qu'il fallait remonter. Donc, j'avais eu à créer une équipe, une rédaction. J'avais 19 ans. En fait, je pense que j'étais assez... Je devais être très attachante, très sympa, parce que je travaillais vraiment avec des journalistes confirmés, des pères de famille, des mères de famille. Je disais « Non, tu vois, il faut que tu écrives plus nerveux, il faut que ça soit plus court. » Je me revois leur disant ça, c'est ouf, alors que j'avais aucune expérience. Et ils le faisaient. Donc, je pense qu'ils devaient se dire, elle a un truc, ça va être moum, quoi. Moi, j'adore,

  • Speaker #1

    c'est ça qui est génial.

  • Speaker #2

    C'est rigolo. Il y avait un truc de cet ordre-là. Et puis, j'ai rencontré aussi Claudicière, là-bas, à Mediatropica, qui m'avait aussi prise sous son aile pour bosser avec lui sur RFI. Enfin, j'ai eu plein, plein d'expériences. Jusqu'à arriver en télé, où je faisais aussi, entre-temps, du management d'artistes. J'ai managé Tania Saint-Val, Joël Ursu, enfin j'ai fait plein de trucs. J'étais hyper curieuse de tout. tout, je voulais faire plein de trucs. Tout en faisant mes études, on me voyait assez peu. J'avais deux bonnes copines à la fac. Parce qu'une fois qu'on a fait une prépa, franchement, la fac, c'est un boulevard. J'avais deux copines à la fac, je récupérais les cours et tout. C'était marqué respiration, le prof s'assoit, donc je ne venais jamais. Elle mettait toutes les notes et en fait, j'avais quand même mes partiels. J'avais quand même vraiment appris à travailler. C'était ça l'avantage d'avoir fait prépa. Un jour, on me propose de participer à un casting pour une émission culturelle, comme j'étais manager de chanteuse et tout. Et j'arrive dans cette chaîne et le patron de la chaîne me voit arriver et me dit non. Toi, tu viens pour le culturel, c'est ça ? Je dis oui, il me dit non. Toi, tu vas présenter le JT.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #2

    Bon, OK. Donc, c'était une toute petite chaîne qui était diffusée sur le satellite et qui n'avait pas encore commencé à émettre. Donc, c'était vraiment le lancement de la chaîne. Ce que je ne savais pas alors, c'est que quelqu'un avait déjà été choisi pour présenter le JT et cette personne a perdu son job au moment où je suis arrivée. Et ça m'a aussi donné une vraie leçon sur ce qu'est la télévision. C'est-à-dire qu'en télé, rien ne t'appartient. C'est-à-dire que c'est à toi aujourd'hui, puis demain, quelqu'un d'autre est arrivé dans l'immeuble et c'est terminé. Donc, il faut quand même toujours savoir que ça peut changer. Ton sort, tu ne peux jamais vraiment dormir tranquille. Tu peux être d'un côté ou de l'autre de la porte. Ah oui, exactement. Et ça a été une expérience assez folle où j'ai aussi rencontré plein de gens. Et puis un jour, ça a duré quelques mois. Ensuite, j'ai bossé pour Canal France International, TV5Monde, sur des émissions de sport notamment. Et le réalisateur d'une de ses émissions travaillait aussi à Turbo sur M6. Et j'étais absolument fan de voitures. C'est une des choses que j'ai de mon père, que mon père m'avait transmise. Et un jour, en en parlant, il me dit « Ecoute, tu m'ennuies à me parler de bagnole tout le temps. T'as qu'à postuler à Turbo. » Ce que j'ai fait. Et à l'époque, j'avais envoyé un mail. Je ne sais plus, parce que ça ne se faisait pas d'envoyer des mails à des gens qu'on ne connaissait pas. parce que vraiment l'époque a changé, c'était à 20 ans. À l'époque, on n'appelait pas les gens sur leur portable, on les appelait sur leur fixe. Le portable, il fallait les connaître pour les appeler sur leur portable. Et je crois que j'avais envoyé un mail en prenant plein de précautions, tout ça. Bref, il m'avait rappelé et j'avais révisé. J'étais absolument incollable. C'est aussi ça quand on autodidacte sur l'automobile. J'avais rencontré Dominique Chapate qui m'avait reçu. Pareil, je pense qu'il s'est dit, elle est marrante cette petite. Je ne sais pas ce qu'elle nous veut, celle-là. Et l'entretien a duré 5 ou 6 minutes. Et ça s'est joué d'ailleurs sur un truc assez drôle. Parce qu'à l'époque, j'habitais à Vincennes. Ils m'écoutent raconter les taux de pénétration dans l'air et les CX et les époques des voitures. Et à un moment, ils m'interrompent et me disent « Ah, vous habitez à Vincennes ? » J'ai dit « Oui » . Ils me disent « Mais il y a toujours à la rue de Fontenay, il y a la rue des Rigolos, il y a toujours à la rue de la Jarry. » C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Je me dis,

  • Speaker #2

    il y a la rue Guittemère. J'ai habité 20 ans à Vincennes. Ce n'est pas possible. Il me dit, rendez-vous lundi en réunion de réaction. Je pense que si j'avais habité à fond, si tu es mort, je n'avais pas le job.

  • Speaker #1

    Il y a toujours à quoi ça tient.

  • Speaker #2

    Rien, en fait. Ça ne tient vraiment à rien. Une fois qu'on y est, c'est pareil. C'est bien de rentrer, mais il faut faire ses preuves. Il m'avait dit, vous avez déjà fait de longs reportages. Et j'avais dit oui, bien sûr. Et à l'époque, je n'avais pas fait de reportage. Donc, c'est là où intervient le bluff.

  • Speaker #1

    Le bluff, c'est moi. J'ai toujours dit que j'avais le bac plus deux sur la CV. Je racontais n'importe quoi.

  • Speaker #2

    Et en fait,

  • Speaker #1

    j'avais toujours des portraits.

  • Speaker #2

    Mais je n'avais jamais fait de reportage. Ce n'est pas du tout la même chose. Et donc, je crois que c'était un jeudi. Entre le jeudi où j'avais eu l'entretien et le lundi, j'avais passé mon temps devant la télévision à regarder des dizaines de reportages. à écrire comme ils étaient écrits, quelle était la structure, comment c'était fait un reportage, pour que le lundi, je puisse proposer des reportages, partir en tournage, faire mon premier reportage, mais qui ne devait pas être mon premier reportage, et monter mon premier reportage qui ne devait pas être comme mon premier reportage, et donner le sentiment que vraiment, j'avais déjà fait plein de reportages avant. Et c'est exactement comme ça que ça s'est passé.

  • Speaker #0

    Et ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Eh bien, bien sûr. Mais enfin.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu fais de la musique.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #2

    Voilà. C'était le moment de bluff. Mais quand on bluff, il faut vraiment assurer. Il faut. Et après,

  • Speaker #1

    petit à petit, tu as bougé comme ça sur M6.

  • Speaker #2

    Exactement. Après, ils m'ont proposé. Je l'appelle ma maman de la télé. Ça l'amuse toujours. Je ne suis pas sûre que ça l'amuse d'ailleurs. Je ne pense pas dire rien. Mais c'est Vincent Régnier qui...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    peut-être. Parce que mon papa de la télé, je trouve que c'est moi, alors qu'il était vraiment protecteur avec moi. C'est vraiment ma maman de la télé, je vais s'en rayer, qui m'a repéré à Turbo. Et un jour, il est venu me voir en me disant ce que je co-présentais Turbo. À un moment, je faisais les news de l'automobile, etc. Il m'a dit, écoute, je trouve qu'en interne, tu n'es pas assez exposé. On ne te connaît pas assez. On fait un casting et j'aimerais beaucoup que tu le fasses. Alors, j'ouvre une parenthèse. J'avais travaillé déjà en interne à la rédaction nationale. Donc quand il me propose de faire ce casting, c'était pour l'info. Et j'avais fait des morning, des flashs infos dans le morning, à l'époque de Zooméo. Donc c'était genre 2005-2006, un truc comme ça. J'arrivais à la rédaction à 2h30, 3h, c'était l'enfer, j'ai détesté ça. D'ailleurs c'est rigolo parce que j'ai retrouvé des images il n'y a pas très longtemps. À 7h, j'avais le visage encore comme ça. C'était vers 9h que les traits de mon visage commençaient à se stabiliser. Ah, mais c'est bien carré, c'est ça. Parce qu'à cet heure, on n'était pas trop sûrs que c'était moi. Et donc, j'avais fait mon zandoli. Le zandoli, c'est un petit lézard. On les appelle le zandoli aux Antilles. En me disant, si tu ne bouges pas, personne ne va te voir. Et c'est exactement ce qui s'était passé. C'est-à-dire qu'à la fin de la saison, je n'avais rien demandé à personne. Je ne m'étais pas signalée. Je ne me suis pas manifestée. Et la saison qui a suivi a enchaîné sans que personne ne me propose de refaire des infos... Je me suis oublié ! Mais littéralement. Et donc, quand Vincent me dit, écoute, fais le casting en interne pour l'info. Je suis dit, ah, le retour du flash info, qu'à l'enfer, je ne veux surtout pas faire ça. Et il insiste. Et donc, je finis par céder en lui disant, bon, de toute façon, ça ne m'engage à rien. Il me dit, mais bien sûr, ça ne t'engage à rien. Bon, ça se passe un samedi matin à 7h30, 8h. Donc, vraiment, le truc que je n'ai pas du tout envie de faire après une grosse semaine. Mais mon patron m'a demandé de passer un casting. Donc, je vais faire le casting. J'écris le JT. Un JT, je ne sais plus ce que c'était. je passe le casting j'ai pas pas envie de vivre tout ça. Mais voilà. Donc évidemment, quand on le fait sans pression, mais qu'on fait les choses consciencieusement, ça se passe très bien. Donc on me rappelle. Du coup, je me retrouve à faire des chroniques dans le JT, dans le 1945. Très vite après, on me propose de remplacer le joker de Xavier Demoulin l'été, donc pendant les vacances de Xavier Demoulin. Donc là, on est 2010-2011. Et puis, la saison suivante, Aïda Twiri, qui présentait le 12-45, est donnée partante et il me propose de la remplacer. Donc en fait, ça se passe comme ça, sur un casting. C'est fou la vie.

  • Speaker #0

    Les horaires avaient changé.

  • Speaker #2

    Oui, ça n'avait rien à voir. Ce n'était pas sur des matinales. C'est très tôt quand même la conf de rédacte du 12-45, mais ce n'était vraiment pas comparable pour le pro flash. Et puis là, ça a un JT, alors que les flashs, ce n'est pas comparable non plus avec un JT national. Vraiment, ça a été une aventure assez folle. Et ça a duré dix ans, parce que j'ai présenté le 12-45 de 2012 à 2022.

  • Speaker #0

    C'est marrant, c'est vraiment l'émission de Tout est possible.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #2

    J'ai arrêté parce que je sortais mon album. D'accord. Et parce que j'ai pris une année sabbatique déjà pour le défendre, parce que ce n'était pas compatible d'être du lundi au vendredi sur un JT et en même temps faire de la scène pour ce terrain, ce n'était pas possible. Et puis parce que vraiment, ce que j'ai contenu très longtemps, qui était la musique, c'est absolument vital pour moi. Et je me rendais compte que je m'en rendrais malade de ne pas pouvoir m'exprimer artistiquement. Il fallait vraiment que je puisse chanter et que je m'exprime. Et ça supposait d'arrêter le JT. Et 10 ans, c'était bien. Et j'aime bien les cycles. En plus, c'est que 10 ans de JT, 10 ans d'info, c'était bien. C'était super.

  • Speaker #0

    C'est encore un point commun parce que finalement, tu l'as fait un peu tard.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. Très tard. Personne ne fait un premier album à 45 ans. Bientôt 38. Personne ne fait ça Normalement tu dis bon c'est fini J'ai rêvé de Je le ferai pas Tu passes à autre chose Non j'étais un peu entêtée Moi je voulais le faire Ah mais c'est génial C'est comme toi Bah oui c'est vrai C'est environ moi à 48 Moi c'est à 45 Donc c'est très proche quoi

  • Speaker #1

    T'as fait des gros coups de bluff Toi comme ça Valérie Pour le travail quoi Il cherchait un bac plus 18 Pour être à 6 ans Une réaction machin Je le faisais croire Mais par contre c'est ce que tu dis Merci. il faut être meilleur que les autres.

  • Speaker #2

    Exactement. Tu peux mentir.

  • Speaker #1

    J'adore le mensonge.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est drôle.

  • Speaker #1

    J'adore, je trouve qu'il a beaucoup de vertu. Je pense que tout le monde n'est pas capable d'entendre la vérité. Je pense qu'il y a plein de gens qui sont incapables de l'entendre, donc il faut savoir avec qui tu parles.

  • Speaker #2

    Mais là, du coup, tu t'excuses, toi, menteuse, tu vois. Tu dis non, je ne te fais pas mentir de la vérité parce que tu ne pouvais pas l'entendre.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'après, il faut travailler aussi bien que quelqu'un.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont jamais rendus compte du coup ?

  • Speaker #1

    Dans toute mon expérience, non, jamais.

  • Speaker #2

    Ce qui importe, c'est d'être à la haute.

  • Speaker #1

    Après, je n'ai pas postulé pour être médecin. Ils reviennent, mais tu vois, dans le bureau... En fait, c'est encore une fois de plus une autre époque, mais qui est hyper importante. Je me suis formée toute seule sur Mac. Word sur Mac. Il faut savoir que ça, c'était il y a... 30 ans. Il faut savoir que des gens qui savaient parfaitement écrire sur Mac Word il y a 30 ans, c'était vachement rare. C'était comme un diplôme. Oui,

  • Speaker #2

    c'est vrai, comme d'actuel.

  • Speaker #1

    Je faisais beaucoup de missions d'intérimaire dans plein de bureaux différents, partout sur Paris, en région parisienne. Et c'était vachement rare. Du coup, j'avais tout le temps du travail. Et voilà, c'est une autre époque. Aujourd'hui, tu dis ça à un gosse, il est mort de rire. Mais à l'époque... Il n'y avait pas beaucoup de gens qui savaient. C'est vrai que c'était comme avoir un diplôme.

  • Speaker #2

    Oui, c'était d'un kilo. Taper à la machine,

  • Speaker #1

    mettre en forme. J'ai fait une première sur laquelle j'ai appris vraiment à écrire sur une machine à écrire. Les machines comme avant. Un ordinateur, pour moi, c'est... Aujourd'hui, je peux, par exemple, là, on a cette conversation, je peux écrire à toute vitesse en vous parlant.

  • Speaker #2

    Ah oui, c'est ça. Il me fait regarder ce truc-là. C'est top. C'est une vraie chance. En même temps, t'es une femme. T'es une femme, donc tu sens ça. Ben voilà.

  • Speaker #1

    On est des mamans, donc voilà. Quand tu écris tes romans, tu écris à l'ordinateur ou à la main ? Absolument tout à l'ordinateur. Mais vraiment depuis le départ. Je m'envoie des messages si j'ai une idée. J'ai un tout petit carnet. C'est toujours très paradoxal parce que j'ai un carnet avec quatre pauvres feuilles gribouillées et je fais des romans de 500 pages. Mais c'est pour me souvenir de choses. Et quand, là, comme par exemple le dernier, le prochain, celui qui va sortir, C'est vraiment, je pars de 1930 jusqu'à 2010. Donc, quand j'ai presque terminé de l'écrire, je me suis quand même fait ce que j'avais déjà fait pour Les Oubliés du Dimanche, le premier roman, une frise. Avec tous les événements très importants, les rencontres, pour ne pas me tromper. Mais je l'ai fait plus à la fin sur celui-là.

  • Speaker #2

    Et tu gardes toutes les phrases coupées de tes romans ? Ce que tu ne gardes pas, mais que tu mets plus loin ? Tu écris un truc, ça, tu ne gardes pas ?

  • Speaker #1

    Tu ne t'encombres pas, il ne faut pas s'encombrer.

  • Speaker #0

    On peut dire le titre quand même de ce...

  • Speaker #1

    Bien sûr, il s'appelle Tata, comme une tante. C'est une nièce, c'est une tante racontée par sa nièce. C'est hyper beau, mais c'est encore l'histoire de femmes. Du coup, il y a souvent dans tes romans des femmes qui se rencontrent. Moi, je trouve ça passionnant. Oui, c'est l'histoire d'une femme qui parle de cette tante qui était cordonnière, qui était fan de football, parce qu'elle a grandi à Guignon. Et j'ai envie de dire que dans cette petite ville de Saône-et-Loire, on est tous nés... On n'avait pas le choix.

  • Speaker #2

    Avec une passion pour le foot.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vraiment le foot et l'usine qui est très importante, qui a été très importante, qui est toujours au niveau de l'usine, mais plus du tout du club, marchait main dans la main. Ce qui fait qu'il y avait les moyens de faire venir ce qu'on appelait des semi-professionnels dès les années 60. Donc, c'est une ville qui a grandi, qui a fini en première division dans les années 2000. qui a gagné contre le PSG, la Coupe de la Ligue. Donc, c'était une ville très importante pour le football. Et en naissant là-bas, en grandissant là-bas, il y avait des stades partout. Tous les garçons faisaient du foot, en gros. Un peu de rugby et nous, les filles, on faisait de la gym. Mais le sport était présent. C'était obligatoire. Et voilà, j'avais envie de faire le... Je me sers toujours sur des prétextes. Je me sers toujours d'un contexte pour parler de gens. Et là, je voulais parler d'une femme qui est cinéaste et qui... qui reçoit un coup de téléphone de la gendarmerie de Guignon pour lui annoncer que sa tante vient de mourir. Or, cette tante unique est déjà morte il y a trois ans.

  • Speaker #2

    Elle le savait qu'elle était morte, cette tante ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, elle le savait, elle a été enterrée il y a trois ans. Donc, elle dit aux flics, vous faites forcément une erreur. Ma tante Colette Septembre est enterrée depuis trois ans au cimetière de Guignon. Et on lui dit non, il y a ses papiers d'identité près d'elle. Il y a votre numéro de téléphone, en tout cas la personne qui est décédée. semble être votre tante, il faut venir reconnaître le corps. Et à partir de là, je vous ouvre à peu près 1000 tiroirs.

  • Speaker #2

    C'est génial, mais tu veux lire ce livre ?

  • Speaker #1

    Je vais te l'envoyer. Ça va plaire à Lilian aussi. C'est pour vous. C'est génial. J'avoue qu'on n'a pas encore un petit commentaire. Il y a beaucoup de temps. Autre livre de Chevet.

  • Speaker #2

    Excellent.

  • Speaker #1

    Je dis ça, je fais souvent la lecture à mon mari. Il adore ça. J'ai une passion pour la littérature. Et il se met à côté de moi. C'est le plus beau moment, je crois. Ça fait vraiment partie. Ça a toujours été. Et je lui fais la lecture de choses. Quand j'ai un coup de cœur pour un roman, je veux le partager. et donc du coup je le lis Et après, je lui relis. Ou alors, j'ai deux marque-pages. Je suis là où j'en suis pour lui. Et là où moi, j'en suis.

  • Speaker #2

    Ah, excellent. Lui, il adore lire. Il adore lire. Il adore lire. Il adore la poésie. Il me lit souvent, lui, des choses à haute voix. Donc, c'est rigolo. Moi, je fais moins, mais lui, il le fait.

  • Speaker #1

    C'est drôle.

  • Speaker #2

    Oui, il le fait beaucoup. Il aime les textes.

  • Speaker #1

    C'est de lire.

  • Speaker #2

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    C'est le drôle de Valérie. Oui.

  • Speaker #2

    C'est drôle. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Et là, tu parles d'une femme cinéaste. Et toi, tu as fait des scénarios. Oui. Du coup, tu es partie aussi de toi par rapport à l'aristote que tu es. Je suis partie. Donc moi, j'ai rencontré Claude Lelouch en 2006 et j'ai commencé à travailler avec lui, d'abord comme photographe de plateau et ensuite comme co-scénariste, 2008-2009 à peu près. Mais réellement, le vrai gros premier travail d'écriture que j'ai fait pour lui, c'était pour écrire un scénario pour Johnny Hallyday, Eddie Mitchell et Sandrine Bonner, un film qui s'appelle « Salon, on t'aime » . Et là, j'ai écrit pendant deux ans et c'était ma meilleure école. Alors ça, c'est la meilleure école du monde. C'est-à-dire qu'à l'époque, Claude vivait encore, enfin vivait encore, il vit à Paris, mais moi, j'étais encore en Normandie parce que mes enfants étaient encore scolarisés en Normandie. Donc, en gros, il partait trois, quatre jours dans la semaine. Il me retrouvait le week-end et moi, pendant deux ans, j'ai écrit ce scénario qui a été une école extraordinaire. Et du coup, je le fais, j'accélère. Mais en gros, juste avant de tourner, Claude a convoqué son premier assistant et sa script. Et ils ont tout changé. Mais il a toujours fait ça. En fait, c'est un homme qui travaille sur des choses qui sont extrêmement structurées, écrites, mais il improvise. Et donc, il ne supporte pas tout ce qui est très cadré.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas la vie pour lui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ce n'est pas la vie pour lui. Sauf que moi, j'ai aimé beaucoup, beaucoup de mon cœur. Et je portais depuis très longtemps un roman. Et du coup, il a fait le film. Il a fait le film. C'est un film où Johnny est extraordinaire. Tout le monde est incroyable. C'est l'histoire d'un photographe de guerre. qui décide de changer de vie très, très tard dans sa vie. Et le meilleur ami le rejoint. Et le meilleur ami fait un mensonge aux quatre filles de ce mec-là. Il a eu quatre enfants et quatre femmes différentes. Il ment aux quatre filles et elles viennent voir leur père à la montagne. Et après, voilà, ça engendre plein de choses. C'est un peu aussi, il y a un petit peu une ligne polare dans ce film. Et on l'a fait. Et quand Claude a fini de faire ce film, de le filmer, j'ai eu six mois de ma vie où j'ai pu, pour la première fois, ne faire qu'écrire, ce qui ne m'était jamais arrivé. Donc, comme je portais ce roman depuis extrêmement longtemps, depuis les années 2000, 1999 je crois, je l'ai écrit, je l'ai fini. Et c'était en 2013. Et je l'ai envoyé à quelques amis en étant absolument sûre qu'ils me diraient il faut changer ci, il faut changer ça. Sauf qu'ils m'ont tous dit tu l'envoies tout de suite à un éditeur. On parle des Oubliés du Dimanche. On parle des Oubliés du Dimanche, mon premier roman que j'ai envoyé chez Albin Michel à un monsieur qui s'appelle Richard Ducousset qui est directeur éditorial chez Albin Michel. Et 15 jours après, toute la maison l'avait lu et ils m'ont fait signer mon... Donc je ne l'ai même pas envoyé ailleurs en fait. J'ai toujours travaillé avec Albin depuis le départ. Donc c'est très beau. Ce n'est pas celui-là qui a changé ma vie, parce qu'il y a toujours un moment où ça change ta vie. Moi j'ai quand même un avant et un après. Mais Les Oubliés du Dimanche a été extrêmement reconnu par tous. J'ai eu 13 prix littéraires pour un premier roman. Et puis il n'a pas changé ta vie ça ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, ça, ça change la vie, mais surtout, je me suis rendu compte que ça avait changé la vie de beaucoup de lecteurs. Et que eux, quand je les voyais dans les rencontres, ils me disaient « Madame, continuez à écrire, ça nous fait trop de bien » . Du coup, j'ai pris cet amour-là, et là j'ai écrit « Changez l'eau des fleurs » , et là on peut dire que ça, ça change une vie. Et la vie de beaucoup, beaucoup de gens dans le monde. J'ai écrit, j'ai fait le portrait d'une guerre cimetière. Personne n'avait jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Moi, l'élu, je l'ai...

  • Speaker #0

    Et ça a changé ma vie, mais ça a changé la vie. Je n'ai jamais les chiffres, parce que je m'en fous. L'autre jour, Claude me posait la question, t'as vu combien d'exemplaires de Troyes en France ? Je suis incapable de répondre. Je ne suis pas du tout sur les chiffres, mais je suis sûre que changer l'eau des fleurs, c'est des millions dans le monde. Et donc, c'est le portrait d'une femme qui parle de la vie, de la mort, qui ouvre les grilles, qui referme les grilles et qui raconte des anecdotes qui se passent dans son cimetière. et avec le temps, dans le roman, on découvre ses propres secrets. j'en ai à chair de main mais moi aussi j'en ai à chair de main mais je ne vais pas du tout à tout que tu me les envoies je vais les acheter en sortant d'ici c'est vrai que changer l'eau des fleurs pour le coup c'est universel ça rencontre un succès et ça continue c'est ça qui est beau aussi dans mon parcours je crois c'est que mes livres ils continuent tous les jours encore c'est ce que me disent les libraires ma libraire des abbesse me dit tous les jours on rentre on me dit est-ce que vous avez celui-là de Valérie Perrin est-ce que vous avez celui-là et puis voilà, j'en ai fait que 4 je n'écris que 4 romans Mais c'est très rempli et c'est magnifique ce qui m'arrive. Je parlais du miracle dès le début. Ça, c'est un miracle. Quand tu écris une histoire universelle qui va être adaptée au cinéma, « Changer le défleur » par Jean-Pierre Jeunet. Super.

  • Speaker #2

    C'est Jeunet qui va le faire. Oui, c'est Jeunet qui va le faire.

  • Speaker #0

    C'est beau. C'est prêt. Je pense qu'ils vont le tourner l'année prochaine.

  • Speaker #2

    Après, ce que je trouve génial, c'est que tes livres sont hyper cinématographiques. C'est vraiment les oublis du dimanche. Moi, je l'ai lu. C'est vraiment du cinéma. Je dialogue beaucoup. Mais en fait, je pense que là, aussi, ton secret, c'est que tu atteins les gens qui lisent beaucoup comme les gens qui ne lisent pas trop. Ma tante, elle dévore tes livres. Elle a tous tes livres. Et moi qui lis très peu, je dévore tes livres aussi. Donc, en fait,

  • Speaker #0

    tu arrives à tout. Très accessible. Je sens que je viens du scénario et parce que je dialogue beaucoup et que dans mon esprit, je ne pense jamais en chapitre, mais en scène.

  • Speaker #3

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    voilà, c'est une manière d'écrire, même si je pense littéraire. C'est extrêmement dialogué. C'est très visuel. Et j'ai fait beaucoup de photos aussi. Et du coup, je suis une femme d'images.

  • Speaker #1

    Et on le sent parce que là, quand tu racontes un petit peu ce qui se passe dans « Changez-le des fleurs » ,

  • Speaker #3

    on se suit avec toi.

  • Speaker #1

    J'ai des images qui me reviennent de quand j'ai lu le livre. Je revois comme si j'avais vu un film.

  • Speaker #0

    C'est ce qui marche entre les tons.

  • Speaker #1

    On se fait tous, quand on lit un livre, nos propres images.

  • Speaker #0

    C'est ça qui est beau. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et là, en le disant ça, j'ai mes propres images qui me sont revenues

  • Speaker #2

    Et on peut faire un petit focus sur Troie. Alors du coup, comme on a parlé des autres trois aussi, ça a été un certain théâtre. Troie,

  • Speaker #0

    c'est l'histoire de trois amis d'enfance. Il y a toujours un fond de polard, de plus en plus en fait, dans l'écriture. Ce sont trois amis d'enfance qui se sont rencontrés en CM2. Deux garçons et une fille qui ne se sont jamais quittés, mais vraiment qui ont grandi ensemble, les trois doigts de la main. Et quand on est au présent, il y a un fait divers. On ressort une voiture d'un lac. dans lequel il y a un corps. Et à cause de cet événement, ils vont être obligés de se reparler. Mais ce qu'on va découvrir, nous, lecteurs, c'est pourquoi ces trois gosses, qui se sont tellement aimés, qui ont 40 ans aujourd'hui, pourquoi ils ne se parlent plus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et pareil, je remonte. C'est une quatrième personne, c'est une quatrième narratrice qui raconte l'histoire de ces trois-là qu'elle a très bien connue. Et puis, petit à petit, on va découvrir la vérité.

  • Speaker #2

    J'en ai des frères. Et alors, celui-là, jusqu'à la fin, il te tient mais il te tient C'est incroyable. Tu n'es pas là. Ah ben non.

  • Speaker #0

    Attends.

  • Speaker #2

    Non, non, mais par contre, ça, c'est vraiment le roman où tu peux faire des nuits blanches. C'est-à-dire qu'en fait, il faut trop que tu arrives, il faut trop que tu saches. C'est là où, justement, effectivement, il y a du suspense et du thriller.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Vraiment,

  • Speaker #2

    ça te maintient. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    J'aime bien construire des histoires où les gens se posent C'est Tata.

  • Speaker #2

    Ah ouais ?

  • Speaker #3

    On va découvrir ça !

  • Speaker #1

    Et l'idée de Tata, justement, comment elle vient ? Est-ce qu'on a le quatrième roman ? Comment est-ce qu'elle vient,

  • Speaker #0

    cette idée ? En fait, l'idée, elle naît un jour que je suis à la piscine de... Comment elle s'appelle cette piscine ? C'est une vieille piscine à l'île Adam, avec Claude, un dimanche après-midi. On fait toujours un pèlerinage là-bas. Une fois par an, on va se baigner là-bas. Et j'entends un petit garçon qui appelle sa tante. Tata ! Et là, ça me fracasse le cœur. Ça part de là. Mais c'était il y a très longtemps, c'est bien avant d'avoir écrit Troie, où j'étais en début du processus de Troie. J'ai besoin de penser longtemps à un roman avant de l'écrire. Donc, j'y pense pendant un an, deux ans. Ok, tata, c'est qui ? J'ai envie de parler de Guignol. Je veux fermer ma parenthèse bourguignonne parce que je voudrais après me déplacer mes romans plus dans le sud de la France, du côté de Marseille. Donc, je me dis, ça y est, il faut que je parle de Guignol, il faut que je parle de la ville, de toutes les colonies qui sont arrivées. Et donc, il y a eu... D'abord, les Algériens, après la guerre d'Algérie, ensuite les Polonais, les Portugais. Tous ces gens, on a tous grandi ensemble grâce à cette usine qui a embauché beaucoup, beaucoup de monde. Donc, je voulais parler de ça. Je voulais faire le portrait d'une femme. Je voulais absolument faire le portrait d'un cinéaste. Je voulais faire le portrait, un mélange de Claude Lelouch, mon mari, et de Jean-Pierre Jeunet. Tu vois, un petit garçon qui serait allé en vacances chez cette tante. Et puis, un dimanche, je me suis retrouvée chez Michel Legrand à la campagne. Et je rencontre Agnès Jaoui, que j'adore. Et je me dis...

  • Speaker #3

    Dans la même phrase, tu as deux noms de gens que j'adore. Ouais.

  • Speaker #0

    Et Agnès Jaoui, je me dis, mais Valérie, il ne faut pas du tout que ce soit un cinéaste, il faut que ce soit une cinéaste. Il faut que ce soit une femme qui parle de sa tante. Et parce que je vois Agnès, je décide d'ailleurs d'appeler ma narratrice Agnès et de me dire, il faut que ce soit une cinéaste, en fait. Et heureusement, mon Dieu, heureusement. Et là, j'ai construit tout au fur et à mesure, mais avec plein de... Je pars toujours sur des gros romans, ça c'est sûr. Je ne le fais pas exprès, mais c'est comme ça. Par contre, j'ai toujours des moments intenses. Il y a des moments qui sont très importants. Je pars sur trois, quatre moments qui vont être des révélations. Et puis, je construis au fur et à mesure. Et puis, ça dure longtemps. Je ne peux pas expliquer.

  • Speaker #2

    Et tu t'enfermes. Tu pars à la campagne, tu t'enfermes. Il faut vraiment que tu aies des règles.

  • Speaker #0

    Je ne pars pas à la campagne, forcément. Mais en tout cas, je m'enferme et j'écris.

  • Speaker #3

    C'est quoi ta routine ?

  • Speaker #0

    Deux ans et demi, trois ans d'écriture tous les jours.

  • Speaker #3

    Mais c'est genre quatre heures du matin.

  • Speaker #0

    Je dirais environ 9h-13h, mais tous les jours.

  • Speaker #3

    C'est une discipline ou pas ? À peu près. Ou un besoin ?

  • Speaker #0

    C'est comme ça. De toute façon, il faut que j'aille.

  • Speaker #3

    Parce qu'il y a des jours où, pour moi, il y a une vraie différence entre la discipline et la fulgurance, entre guillemets. La discipline, c'est que parfois, tu n'as pas envie, mais tu vas quand même le faire. Je n'ai pas envie. Donc, c'est de la discipline.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline. Et pour celui-là, pour la première fois, sur les quatre, je le rouvrais à 18h et je me remettais à écrire le soir.

  • Speaker #3

    La discipline, c'est vraiment la liberté, pour le coup. On arrive au bout de rien sans l'étiqueline. Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #2

    Parce que tu n'écris pas le soir ?

  • Speaker #0

    Non, je n'écrivais pas, mais le soir, je l'écrivais. De 18h à 20h, je relisais.

  • Speaker #1

    En fait, c'est 9h, 13h. En gros. 18h, 19h.

  • Speaker #0

    Pendant 3-4 ans. Là, pendant deux grosses années et demie.

  • Speaker #1

    C'est juste parce que les gens, je pense qu'ils ne se rendent pas compte de la masse de travail.

  • Speaker #0

    Pendant deux ans et demie, tu vis. Tu parles, tu t'occupes, mais en vrai, tu es ailleurs quand même, tu es dans un autre monde.

  • Speaker #3

    Mais c'est vrai pour la musique, pour un film, pour une série. Vous êtes comédienne, vous le savez aussi, c'est-à-dire que d'un texte, il t'accompagne pendant des années. Tu travailles longtemps dessus, tu le tournes, tu le montes. La musique, les chansons, elles te viennent, tu as des petites briques, tu travailles dessus. Les musiciens, ils ont consacré leur vie à leur instrument, plusieurs heures par jour, pendant des années. Les gens ne se rendent jamais compte de ça, en fait. Quand tu vas voir un mec sur scène, en fait, sa guitare... C'est facile parce qu'il a passé 3 millions d'heures dessus. Là où les gens vont dans des fêtes, ils ont le temps de se prendre des cuites, lui, il ne fait pas ça. Lui, il travaille son instrument. C'est tout ce qu'on met dans un instrument, dans un roman, dans un sport. C'est tout ça qui est bouleversant.

  • Speaker #0

    Quand on est gosse, on tennis, on foot à 14 ans et tous les copains commencent. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que...

  • Speaker #3

    Que ça te décroche.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #3

    C'est à l'eau de l'Espence.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #3

    oui. C'est le plus dur. C'est là où tu es éprouvé, en fait. Oui, oui. Qu'est-ce que tu fais vraiment ?

  • Speaker #0

    On a des petits copains. Tout le monde commence à faire des fêtes et toi,

  • Speaker #3

    tu es à l'entraînement.

  • Speaker #0

    Avec ton coach.

  • Speaker #2

    Et toi, Karine, ton processus de création, c'est quoi pour la musique ?

  • Speaker #3

    C'est du même ordre. C'est rigolo parce que là, je travaille sur le deuxième album. Je m'étais fait la promesse de ne pas arriver avec un premier album qui soit un album de reprise. Je ne me suis pas du tout écoutée. Est-ce que mon premier album est consacré à Nina Simone ?

  • Speaker #1

    Il est incroyable.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup. Alors, c'est rigolo parce que, tu vois, moi, j'étais dans une position particulière, c'est-à-dire que autodidacte journaliste. et chanteuse illégitime évidemment parce que jamais personne ne savait vraiment que je chantais j'ai toujours chanté, je faisais des clubs de jazz mais je n'en parlais pas et puis surtout je deviens chanteuse entre guillemets professionnelle en tout cas publiquement après avoir été connue comme journaliste donc tout le monde se dit c'est impossible qu'elle sache chanter celle-là c'est une blague quoi,

  • Speaker #2

    c'est pas possible et puis on t'a catalogué journaliste journaliste,

  • Speaker #3

    femme de qui chante Nina Simone quelle folie en fait.

  • Speaker #1

    Elle a présenté le turbo.

  • Speaker #3

    Vraiment, il n'y a rien qui allait. Rien ne va dans le CV. Rien ne va. Il faut cocher toutes les cases. Toutes celles-là, normalement, c'est disqualifiant. Ça ne passe pas. Et en fait, ce qui était... Avant de répondre au processus de création, ce qui était amusant, c'était justement d'aller à la bagarre entre guillemets. Je ne suis pas du tout compétitrice. Moi, je ne suis pas comme ça. En revanche, je m'aperçois que j'aime vraiment bien la bagarre. Et que finalement, quand tu es une femme et que tu es une femme noire, personne ne t'attend. Tu n'as jamais rien à perdre en réalité. Donc autant courir le plus de risques possible. Je m'entends quand je dis ça. Autant réaliser tes rêves. Parce que de toute façon, ils ne se réaliseront pas tout seuls. Et qu'on ne t'ouvrira pas les portes. Donc il faut que tu fasses exactement ce que tu veux faire. Et ça m'a toujours guidée. Alors pour revenir sur l'histoire de ton roman, qui m'a fait penser justement à ce premier album. Donc, ce premier album, il a été... C'est Dominique Fillon, qui est un vieux copain, qui est pianiste de jazz, que j'ai rencontré depuis 20 ans. C'est avec lui, d'ailleurs, que je suis montée sur... C'était une toute petite scène, un cave-conce dans le 18e, que j'ai chanté pour la première fois. Et il me dit, écoute, j'aimerais vraiment faire un album hommage à Nina Simone avec toi. Et on commence à bosser sur ce projet-là. Et puis, je vous fais vraiment long story short. Donc, on va directement au producteur qu'on rencontre. Et ce producteur, il avait dit à des gens, avant de venir écouter les maquettes... Bon, franchement, je me suis mis dans un bourbier, une vedette de la télévision qui chante Nina Simone. Enfin, quel enfer ! Je dois aller écouter les maquettes, je vais leur dire, écoutez, refaites-moi ça en si bémol, et puis ça, changez-moi ça en amineur, et puis je les reverrai dans six mois ou je les reverrai jamais. Donc il était arrivé dans cet état d'esprit quand il est venu écouter les maquettes. Il y avait neuf chansons qu'on avait maquettées. Donc les trois premières, la troisième, je vois qu'il commence à me regarder. La quatrième, il commence à se tourner, il était sur un siège qui tournait, donc c'est vraiment une image qui me reste. Et à la fin, à la neuvième chanson, il était complètement face à moi. Il m'a dit « Ah ben d'accord, mais je n'avais pas du tout compris en fait. C'est complètement abouti, c'est vachement bien. Bon, on va le produire. » Et en fait, on n'a pas eu à faire le tour de la maison de disques parce que justement, il l'a produit tout de suite. Mais après, ça a été le début d'autre chose. Parce qu'il fallait aussi qu'on soit bien accueilli par les festivals, par les médias jazz. Enfin voilà, c'était toute une aventure. Donc mes équipes, elles ont dû faire des écoutes à l'aveugle pour qu'on ne sache pas du tout qu'il s'agissait de moi et qu'il n'y ait pas de présupposés, parce qu'il y avait vraiment... deux réactions différentes. Ceux qui savaient, qui avant même d'écouter, disaient « c'est pas trois patins, un canard, franchement » . Et ceux qui ne savaient pas, « c'est génial, c'est incroyable, c'est qui cette chanteuse ? » Donc voilà, il fallait trouver son chemin dans tout ça. Et ce qui est très heureux, c'est que le jazz étant une musique très ouverte, très curieuse, protéiforme, parce qu'il y a plein de courants dans le jazz, j'ai vraiment bénéficié de ça. C'est-à-dire que les gens du jazz ont cette curiosité et se sont dit « ah ouais, t'as toqué à la porte ? » t'as des trucs à raconter bon allez on va voir ce que t'as à me rendre et c'est ce qui s'est passé ils sont vraiment venus en toute sincérité écouter et puis finalement j'ai réussi à les convaincre et ils m'ont accueilli donc ça c'est chouette et ce qui est amusant c'est que du coup j'abordais le deuxième album en me disant bah ça va être facile j'écris depuis super longtemps j'ai des chansons qui ont 15 ans 20 ans 25 ans j'ai qu'à ouvrir les tiroirs et en fait c'est pas du tout ça Parce que je ne suis pas du tout celle que j'étais avant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais te dire.

  • Speaker #3

    Je n'ai pas du tout envie de raconter. Je n'ai plus du tout envie de chanter ça. Je ne suis plus du tout la même personne. Il y a tellement d'épreuves que je n'avais pas traversées. Il y a plein de larmes que je n'avais pas versées. Il y a plein de choses que je n'avais pas comprises. Il y a des douleurs fondatrices que je n'avais pas expérimentées. Des bonheurs essentiels que je n'avais pas ressentis. Donc, évidemment, je repars de zéro. Il y a peut-être une ou deux chansons d'avant. qui vont survivre. Mais ce n'est pas du tout là-dedans que je vais me servir aujourd'hui. C'est vrai que j'ai plein d'autres choses à raconter. Et c'est très marrant parce que moi, je suis souvent réveillée dans la nuit par des mélodies. Donc parfois, sur mon dictaphone, il y a plein de...

  • Speaker #2

    Avec ton mari qui est dingue !

  • Speaker #3

    Donc j'ai mes forces ensuite à re-rechanter bien. Et puis parfois, j'ai tellement la flemme parce que le sommeil est tellement bon que je me dis, ça reviendra après. Et puis ça vient me chercher dans la journée. Et quand la mélodie revient plusieurs fois, Sur plusieurs semaines, je me dis « Ah, elle a un truc, alors que je la retiens, sinon ça disparaît, ça revient jamais. » Un peu comme un rêve, on essaie de l'accrocher et puis on n'arrive plus à le saisir. Donc il y a de ça, il y a des chansons que je mets très longtemps à maqueter moi-même, parce que je passe d'abord par la phase de mes propres maquettes avant de travailler avec des musiciens, parce que je la laisse mûrir, je la laisse grandir et je trouve ça très agréable de voir le plaisir que je peux encore avoir avant de l'enregistrer, à la chanter avant même. qu'elle existe, on me dit « Ah ouais, elle est bien celle-là, et puis j'attends encore. » Enfin voilà, donc c'est très long et puis c'est toujours... À la fois c'est long et puis parfois c'est très rapide quand sur l'album Nina, il y a des interludes que j'ai écrits pour moi il y avait Dans les cultures afro, l'invisible est très important. Il est très présent, en fait. En tout cas, culturellement, on accorde beaucoup de sens à tout ce qu'on ne voit pas et qui a pu exister, qui existe encore, pour nous, en tout cas. Et pour moi, Nina Simone, même si elle n'était plus, elle n'est plus parmi nous, mais c'était important que je me présente à elle et que je lui demande l'autorisation de chanter ses chansons. Ce que j'ai fait. Et que j'appelle... Alors, chez nous, on dit Tati, on dit pas Tata, on dit Tati. Donc, c'est Tati Nina. Voilà, et donc, je l'appelle Tati. Et quelques fois, d'ailleurs, c'est rigolo, on appelle ça des manifestations. Alors, les plus cartésiens disent, oh, n'importe quoi, c'est un hasard. Mais on choisit de l'interpréter. Et on a fait... On est pris dans l'invisible. Voilà. Et au Sunside, où j'ai fait trois concerts en octobre, en septembre dernier, l'année dernière, en 2023, il y a des portraits, il y avait des portraits d'artistes, de tous les grands du jazz. Et il y avait un portrait, donc, de Nina Simone. et quand on faisait les répétitions. on venait d'arriver, il y a un portrait qui est tombé celui de Nina donc on s'est tous arrêtés en disant putain, Tati est là donc précautionneusement j'ai cherché son je lui ai parlé, j'ai dit bon j'espère ça va, ça te convient ok bon on continue et quand j'ai écrit les interludes qui étaient vraiment sur elle en fait, j'avais envie de l'éclairer autrement, de parler d'elle, de contextualiser un peu les chansons, c'est venu très simplement et très rapidement alors est-ce que c'est Euh... de la méditation, de la connexion, je n'en sais rien. Je ne sais pas comment expliquer l'inspiration. Je ne sais pas si ça s'explique, en fait. Parfois, il y a des choses qui viennent de très loin et puis parfois, c'est évident et c'est un robinet, en fait. Donc, je ne sais pas. C'est le processus de création. Pour moi, tout est bon à prendre. Autant ce qui m'arrive dans la nuit qu'un bout de chose. Parfois, j'entends au loin quelque chose qui n'est pas du tout la chanson qui passe, mais j'entends autre chose et ça donne naissance à quelque chose. Je ne sais pas comment dire, c'est comme cuisiner et se dire, faire des plats qui n'existent pas. En disant, tiens, aujourd'hui j'ai envie de manger, ça il y a des champignons, je vais faire tel truc. Ça n'existe pas, mais vous suivez quelque chose qui est là.

  • Speaker #2

    Ou alors tu dis, tiens, je vais faire des champignons, et puis tu as encore quelqu'un qui parle d'asperges.

  • Speaker #3

    Tu dis, ah tiens, j'ai des asperges. En fait,

  • Speaker #2

    c'est la connexion à tout ce qui est autour de toi.

  • Speaker #3

    Et il y a l'expo qui va ouvrir sur le surréalisme. à Pompidou et c'était intéressant parce que j'avais jamais eu une lecture, elle est vraiment très très très très dense, cette expo je vous la recommande mais elle est vraiment dense et il y a aussi cette part-là dans l'expression du surréalisme, le lien avec le rêve, le lien avec l'invisible, avec toutes ces choses qui sont a priori complètement confuses, qui ne sont pas du tout homogènes mais dont émerge quelque chose d'absolument merveilleux et le surréalisme je trouve finalement, je crois qu'il représente bien ce qu'est l'inspiration. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #2

    Non,

  • Speaker #1

    mais surtout, c'est super intéressant parce que tu nous as dit juste avant, sans discipline, il ne se passe rien. En fait, comment tu l'imbraces, l'discipline ?

  • Speaker #3

    Parce qu'en fait, la discipline...

  • Speaker #0

    Tu dis la discipline, c'est la liberté.

  • Speaker #3

    Oui, la discipline, c'est la liberté. Parce qu'il faut... On n'atteint pas d'objectif sans discipline. C'est impossible de se réaliser sans discipline parce qu'il faut travailler, il faut s'améliorer. Tu ne mets pas seulement deux ans à écrire un bouquin. C'est ce que tu écris, puis tu n'es pas satisfaite. Puis tu réécris. Et puis tu trouves qu'on ne comprend pas assez bien. Donc tu réécris jusqu'à ce qu'on arrive à quelque chose, à une essence, une substance. Mais il faut travailler pour ça. Donc si elle se dit, tiens, comme un régime, là aujourd'hui j'arrête le sucre, et puis demain, ça va, je vais reprendre le régime demain. On ne les perd pas les trois kilos. Jamais on ne les perd. On ne les perd que si on a de la discipline. On gagne en... excellence que si on a de la discipline, que si on travaille, qu'on retravaille. Quand on voit les sportifs, c'est tellement simple, ou les artistes, les chanteurs, on a l'impression qu'ils se réveillent le matin et qu'ils le font. C'est parce que justement, quand ils se réveillent le matin, ils le font tous les jours. Qu'à un moment, ça a l'air facile et que chacun pense qu'il peut le faire. Puis c'est quand on s'y frotte qu'on se rend compte que c'est pas du tout comme ça. C'est des milliers et des milliers et des milliers d'heures. Et c'est ce que j'ai... Ce qui a pu m'aider, c'est qu'en effet, comme je travaille la musique depuis très longtemps et que je chante depuis très longtemps, j'ai eu un parcours très compliqué, mais assez banal pour un artiste. Il y a eu plein de rendez-vous manqués. J'aurais dû sortir mon premier album en 2003, donc il y a plus de 20 ans. Et puis ça ne s'est pas fait. Et puis des promesses sont tenues. Et puis des mésaventures. Enfin bon, bref, vraiment un parcours d'artiste assez banal. En revanche, je suis restée très entêtée. Mais dans mon entêtement, j'ai toujours travaillé avec beaucoup de discipline. Et quand, ces dernières années, je trouvais que les choses ne bougeaient pas, je me disais, OK, pour que ça change, il faut que tu changes les choses. Donc, il faut que tu te mettes en mouvement tout le temps. Tous les matins, je me réveillais, je faisais des bavilles musculaires, je prévoyais ma journée, etc. De la discipline, sinon ça ne bouge pas. Il ne se passe rien. On ne s'améliore pas. On ne grandit pas. Et on n'aboutit rien sans discipline. Ou alors, on est soumis aux opportunités. Mais alors, ça, c'est aléatoire. Ça marche ou ça ne marche pas. On a eu de la chance. super et puis après Si en fait, on ne peut pas keep up avec la discipline, ça ne fonctionnera pas durablement. Donc, il faut de la discipline. on ne sortira pas de ça Ça ne marche pas autrement.

  • Speaker #2

    Et là, toi Valérie, tu te laisses combien de temps sans discipline ? C'est-à-dire que là, ton roman va sortir. Est-ce que tu es déjà programmée sur le cinquième ?

  • Speaker #3

    Là, je suis avec une chute. Mais normalement, je vais en écrire. Celle que vous voyez là, moi, Valérie Perrin.

  • Speaker #0

    Un an et demi que je prépare le prochain, mais dans ma tête. Et puis là, la discipline, c'est que je passe mes journées entières avec les attachés de presse province, attachés de presse Paris, les libraires, pour prévoir tout ce qui va se passer d'ici la fin de l'année. Donc, je ne l'arrête pas.

  • Speaker #2

    Mais tu as déjà dans ta tête le cinquième.

  • Speaker #0

    Il faut être disponible pour écrire. Comment je suis disponible d'ici la fin de l'année ? C'est impossible, ça me fait toujours rire quand je le dis. Il faut écrire. Non, parce que monsieur, madame, si je suis là, devant vous, en train de signer,

  • Speaker #3

    je ne décolle pas. Ben non. Ben oui.

  • Speaker #0

    Il faut avoir fini. Et là, tu as écrit l'année prochaine.

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Mais tu sais déjà où tu vas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as des...

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'ai tout. Ça, c'est génial. Par contre, j'aimerais beaucoup adapter Les Oublies du Dimanche au théâtre.

  • Speaker #2

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Donc, je voudrais... Faire ça avant d'attaquer le cinquième roman. Ouais.

  • Speaker #2

    Est-ce que pour le changer l'eau des fleurs en film, est-ce que tu vas le scénariser comme tes scénaristes aussi ? Ou est-ce que tu délivres ?

  • Speaker #0

    Non, une fois que j'ai cédé les droits, je ne veux plus m'en mêler. Après, je suis extrêmement proche de Jean-Pierre. Donc, il peut m'appeler s'il a une question. C'est fini, il a fini d'écrire. Mais s'il avait une question par rapport à tel personnage, il m'appelait. C'est beaucoup plus simple. Et quand il a terminé son travail, il l'a refait dialoguer par Guillaume Laurent, qui est son scénariste de toujours, même avant Amélie Poulain, qui est un super scénariste. Mais de toute façon, c'est ce qu'il me dit, je ne vais pas aller chercher ce qui n'existe pas, puisque tout existe dans le roman. Donc c'est quand même très proche du roman. Après, c'est un gros roman, il faut le transformer en deux heures et quart, deux heures et demie, grand maximum, parce que c'est pour le cinéma. Donc il faut raccourcir, il faut faire des choix. Mais en gros, c'est déjà très dialogué, c'est déjà très visuel.

  • Speaker #2

    Donc je pense qu'il a tout.

  • Speaker #0

    Après, il amène son univers, sa patte, il amène autre chose. Il développe un des personnages qui est Julien Seul. C'est un flic qui débarque dans ce cimetière, justement. Et c'est par lui, d'ailleurs, que la vérité va éclater. Parce que sa maman... veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler. Il y a toujours l'histoire de cimetière chez moi. C'est une obsession chez moi. Sa maman veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler alors que sa maman était mariée.

  • Speaker #3

    Donc,

  • Speaker #0

    il vient frapper à la porte de cette femme pour comprendre. Et en frappant à la porte de cette femme, une fois de plus, il va tout découvrir. Pourquoi ? Je n'en dirai pas plus. Pourquoi elle est là ? Pourquoi son mari est parti il y a très longtemps ? Je suis extrêmement fascinée par l'adoption, par les liens du sang et pas les liens du sang. par les cimetières, par les secrets et aussi par tout ce qui est caché derrière. Je pense que derrière chaque individu, il y a un roman, il y a une histoire. Et je pense qu'il est très, très bon pour chacun d'avoir un jardin secret. Toute vérité n'est pas bonne à dire. On va en sortir.

  • Speaker #3

    Sur les cimetières, ça me rappelle un de mes grands fourris avec une amie qui venait de perdre son papa. Sa mère était morte quelques années plus tôt. Son père, c'était... pas vraiment remarié, mais enfin, il était avec quelqu'un d'autre. Et il meurt. Et donc, sa nouvelle compagne voulait qu'il soit enterré dans le caveau de sa famille à elle. Et ma pote m'appelle et me dit, mais c'est pas possible. Il connaît personne. Et on est partis dans un moment de grande tristesse. On est partis dans un frire. C'est souvent comme ça. tu te dis mais il est mort et en même temps je comprends qu'on ne pense qu'elle veut dire il faut qu'il soit enterré avec maman ça lui fait quoi elle ? on entend dans des grandes discussions mais c'était très très beau le il ne connait personne dans ce cimetière je comprends qu'on peut avoir une fascination d'ailleurs aux Antilles, en particulier en Guadeloupe les cimetières sont très particuliers je ne sais pas, t'es déjà venue en Guadeloupe ? il y a notamment celui de Mornalot qui est d'ailleurs un site touristique Pas comme le père Lachaise, parce qu'il y a des gens connus qui l'ont enterré, mais parce qu'il est vraiment très beau. Ce sont des mini-maisons, en fait, c'est des petites chapelles en damier sur un morne, d'ailleurs un morne à l'eau. Et les cimetières aux Antilles, très souvent, donnent sur la mer. Je te montrerai des photos, parce que c'est vraiment, ça semble bizarre. Ils sont carrelés aussi. Ils sont carrelés, noirs et blancs. Eh bien voilà, c'est pareil. Et c'est vraiment très spécifique. Et celui de Morne à l'eau en particulier,

  • Speaker #2

    il est ouf.

  • Speaker #3

    Dans les Antilles. Ah ouais.

  • Speaker #0

    Et il y a des Ausha aussi dans les cimetières.

  • Speaker #3

    Ah ça, je ne sais pas. Pour chez nous, c'est peut-être plus des chiens, parce qu'il n'y a pas beaucoup. Je ne sais pas, d'ailleurs, je dis ça, je n'en sais rien. Chez nous,

  • Speaker #0

    en France, il y a beaucoup de chiens.

  • Speaker #3

    Oui, il y a beaucoup de chiens, mais on ne vous en dit pas spécialement. Mais c'est vraiment les cimetières qui sont très particuliers. Et là, Toussaint, on les illumine, c'est extraordinaire. C'est des grands moments de joie et un peu de peine, mais c'est surtout des moments de joie. Alors, ça disparaît de plus en plus avec les maisons funéraires, etc. Mais pendant longtemps, comme ça se pratiquait ici, d'ailleurs, il y a longtemps, mais on a continué à le faire aux Antilles aussi. C'était les veillées. Donc, il accompagnait autant celui qui partait que ceux qui restent. Moi, ce sont des moments qui font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance et d'adolescence, d'ailleurs, où toute la famille se retrouve et on est pendant deux, trois jours ensemble, matin, midi, soir, nuit. Et on mange, on rigole, on se remémore des souvenirs avec le mort et on pleure. Et puis, finalement, on repart sur des plaisanteries. Enfin, vraiment, il y a toujours des choses très heureuses dans ces moments de passage aussi qui nous rappellent notre dimension éphémère. Tout à fait. Et à quel point est-ce qu'il faut qu'on profite et le respect qu'on se doit les uns aux autres.

  • Speaker #2

    Et c'est là que Valérie arrive, mais deux,

  • Speaker #3

    trois mensonges.

  • Speaker #2

    Là-dedans, et là,

  • Speaker #3

    on est à paix. Mais c'est ça. Et à la fois, on n'est jamais aussi proche de l'éternité que lorsqu'on entoure les morts, en fait. Donc, je trouve ça triste qu'on perde ces traditions-là parce qu'elles sont importantes pour les vivants. Et à balayer la mort comme on le fait, notamment dans les sociétés occidentales, où en fait, à la fois, on idéalise la mort parce qu'on est quand même dans une culture de la mort. dans les séries, dans les trucs, elle est omniprésente en fait. Mais la mort réelle, quand elle nous touche, on l'évacue. Et c'est à soi qu'il faut qu'on soit confrontés. Notre vrai moment d'humilité, il est là en fait. Et à chaque fois qu'on perd quelqu'un, c'est extrêmement choqué, alors que c'est la vie de mourir aussi. Et dans ces cultures afro, on a quand même cette conscience très concrète de la mort. Et d'ailleurs, vous avez toujours quelqu'un qui, un peu avant que quelqu'un parte, vous dise « j'ai rêvé d'elle » . Elle ne va pas tarder à partir. Elle toujours aura un truc, une connexion qui nous rappelle ça. Donc, j'en profite de ça.

  • Speaker #2

    Moi, j'avais une petite question de femme et de carrière, comme c'est notre thème. Est-ce que, parce que vous êtes toutes les deux avec une personnalité connue, est-ce que c'est facile et vous avez toutes les deux une carrière à part entière, est-ce que c'est quelque chose avec laquelle on vous embête, ça fait rebond ou on vous laisse tranquille par rapport à ça ?

  • Speaker #3

    Je commence. Alors déjà, quand on est avec quelqu'un de connu, il faut avoir vraiment les pieds sur terre, il faut être bien dans sa peau. Parce que ce dont généralement les gens ne se rendent pas compte, c'est que vous disparaissez. Ça, c'est le premier truc. C'est-à-dire que n'importe où vous arrivez, dans la rue, partout, les gens se jettent sur la personnalité connue. Souvent, on vous pousse ou on vous met un téléphone portable. Non, tu peux. Tu peux faire la photo. Il n'y a pas eu bonjour avant. On ne vous a même pas regardé. On ne vous a pas considéré. Moi, pendant très longtemps, on vous écrase les pieds. On ne vous voit pas. Les gens ne se souviennent jamais de votre prénom. Ah oui, Caroline. Ah oui, non, pardon. Corinne. Ah oui, non, pardon. Catherine. Non, Karine. Oh, Catherine. Puis à la fin, souvent, on me disait, dans les endroits où je pouvais me retrouver avec Lilian, mais alors, que faites-vous de votre vie ? À part accompagner cet homme absolument merveilleux, c'était le moment où je me suis dit que je suis journaliste et que je commentais un JT national sur M6. Et où les gens se décomposent parce qu'ils avaient passé la soirée à faire en sorte que surtout je ne parle pas en se disant la pauvre, elle doit être tellement stupide comme elle est avec un footballeur. Donc forcément, évitons-lui, épargnons-lui une humiliation, nous coupons la parole à chaque fois qu'elle parle. Donc ça c'est quand même très concret, quand vous êtes avec quelqu'un de connu et qui en plus déchaîne les passions comme ça, vous disparaissez. On ne s'intéresse absolument pas à vous. On ne vous garde pas de place. Et puis, on vous affûle de tous les mots possibles, de tous les vices possibles. Vous êtes intéressé, vous êtes ci, vous êtes ça. Enfin bon, bref, vous n'existez pas. Donc ça, c'est le premier truc. Donc, on ne se construit pas très bien comme ça. Et c'est vrai d'ailleurs que moi, j'ai eu beaucoup d'affection, même de tendresse pour les femmes d'eux, qui en plus, très souvent, n'ont pas forcément, parce que ce n'est pas possible. Quand, je ne sais pas, vous êtes avec quelqu'un qui voyage beaucoup, vous ne pouvez pas avoir une activité professionnelle ? solide parce que vous devez tout le temps déménager, vous devez tout le temps partir. Et ces femmes-là, je trouve qu'on ne mesure pas à quel point est-ce que il faut un vrai tempérament pour supporter d'être tout le temps dans l'ombre de quelqu'un et qu'en plus, très souvent, les gens, ils sont méchants, mais malgré eux. Il y a deux jours, je croise quelqu'un, on allait, je ne suis plus à la Philharmonie, un truc comme ça, il n'y a pas que les gens se jettent sur l'île et on commence à parler. Il y a quelqu'un qui me dit, excusez-moi, je ne vous ai pas salué. mais monsieur quand même c'est quand même monsieur C'est-à-dire que... On s'en fout en fait, c'est pas grave de pas me dire. Vous êtes rien, vous êtes de la merde en fait, puisque vous, on sait pas qui vous êtes, et que lui, quand même, c'est quelqu'un. donc vous vous prenez ça toute la journée

  • Speaker #0

    C'est ça la réalité d'être le plus un de quelqu'un de connu. Moi, ma chance, et c'est aussi la tienne, ma chance, c'est que j'avais une carrière bien avant d'être avec Lilian. Je présentais déjà le JT bien avant d'être avec Lilian. J'étais déjà celle que je suis avant de le connaître. Je ne lui dois pas ma carrière professionnelle en tant que journaliste. Et puis ensuite, quand vous êtes une femme d'eux et que vous vous lancez dans une discipline artistique, quelle qu'elle soit, on se dit, bien sûr, comme c'est la femme d'eux, c'est plus facile pour elle. Alors que pas du tout. Là encore, justement, tout le monde entend ça, que c'est plus facile pour vous, donc vous n'avez pas besoin d'aide puisque vous êtes déjà backuppé par quelqu'un d'autre. Donc, ce n'est pas moi qui vais vous aider puisque quelqu'un d'autre vous aide alors que personne ne vous aide. Au contraire, vous y allez avec les rames et puis on ne vous facilite pas la tâche, justement parce que vous êtes une femme d'eux. Il y a plein d'endroits où on ne m'a pas reçu. Je le dis, mais je n'ai aucune amertume du tout par rapport à ça. Mais il y a plein de médias qui n'ont pas parlé parce que je suis journaliste, parce que je suis femme d'eux. en se disant, ça va, c'est bon, on ne va pas en plus... Donc, oui, c'est ça. Donc, ce n'est pas du tout un avantage. Bien au contraire. Et puis, parce que vous avez aussi tous les ennemis de la personne avec qui vous êtes qui vont s'évertuer à vous mettre des bâtons dans les roues. Et puis, tous ceux qui éventuellement pourraient vous aider, ils n'ont pas spécialement envie de porter la charge de la suspicion de copinage. Parce qu'il faut assumer après de dire, oui, je l'ai aidé parce que c'est la femme de machin, que c'est un copain que j'aime bien. Non, ça ne marche pas, en fait. donc vous devez de toute façon vous battre et probablement encore plus, et je comprends que ce soit contre-intuitif, parce que sur le papier, on peut se dire que c'est plus facile comme être fils d'eux, comme être machin, mais ça n'est pas le cas. C'est complètement faux. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être, je pense, les filles ou fils d'eux ont peut-être plus l'opportunité de rencontrer les bonnes personnes, mais si tu n'assures pas, tu n'es pas meilleur encore que les autres.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça ne sert à rien. Moi, c'est très particulier, ça fait 18 ans, donc moi, très longtemps... très longtemps dans l'ombre de Claude. Puis alors moi, là, les filles, je suis maquillée, je suis habillée, mais en vrai, dans la vie, je suis à moitié en pyjama jour et nuit, jamais maquillée, jamais coiffée. Donc, on m'écrasait les pieds. Il y a deux, trois personnes tout de suite qui savaient qui j'étais. Bonjour Valérie, comment ça va ? Tu les repères, tu vois, tout de suite. Moi, je m'en foutais complètement. Et ça m'a bien fait rigoler parce que j'ai repris une scène que j'ai vécue, moi, dans Tata. Tu vois, je parle en scène, jamais en chapitre. Je me suis retrouvée à la table des enfants en Corse. Je ne dirai jamais chez qui. Chaque lémone au bout de la table, parce qu'il ne savait pas du tout quoi faire de moi.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux. Pour aller dans ce que tu dis, je suis devenue amie avec quelques femmes d'eux, justement, parce que parfois, en arrivant, en fait, tu as une huée comme ça qui emporte. Les personnes les plus connues. Et nous, on reste derrière. Et donc, on se retrouve en disant, bon, ben voilà, les doux connasses. Vous vous pliez. Salut, moi, je m'appelle Carine. Moi, c'est Véronique. On va passer la soirée ensemble, je crois. Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des supersores.

  • Speaker #0

    Et tu passes des supersores. Les oublier, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, c'est en train de complètement switcher. C'est le contraire. C'est-à-dire que... Il y a plein de gens qui me lisent, mais ils ne m'ont pas encore identifié. En revanche, ils savent que Valérie Perrin, c'est l'épouse de Claude Lelouch. Du coup, ils reconnaissent Claude.

  • Speaker #0

    Et cher Valérie ! Voilà.

  • Speaker #1

    Pour me dire des choses merveilleusement gentilles. Donc, tu vois, c'est drôle comme la vieille chambre.

  • Speaker #0

    Oui, et Lilian, il a ça aussi de plus en plus. Donc, maintenant, c'est le père de ses fils. Ah, vous êtes le papa de Marcus ! Ah, vous êtes le papa de Victor ! Il est le père d'eux ! Exactement, il est le père d'eux. et on lui dit ah vous êtes le mari de la chanteuse donc voilà la dernière fois On m'a dit, je suis le mari de la chanteuse. J'étais super contente.

  • Speaker #1

    Et Claude, il dit, maintenant, je vais m'appeler Claude Perrin. Je ne sais pas pourquoi, mais je le trouve génial. Il le dit tout le temps. C'est drôle.

  • Speaker #0

    Oui, bien. Mais ça suppose, voilà, de ne pas avoir de problème d'ego. Enfin, en tout cas, de régler son ego. Moi, j'ai appris de ça aussi. Oui, c'est bien. C'est très,

  • Speaker #1

    très bien.

  • Speaker #0

    Reste à ta place. Moi,

  • Speaker #1

    je trouve ça super bien.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a des compétitions.

  • Speaker #1

    Ça donne des bonnes leçons.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Il y a des compétitions dans lesquelles tu ne rentres pas. Les grandes émotions qu'on va ressentir, c'est quoi ? Un mariage, une naissance, tout ça. Et puis, la victoire d'un pays en équipe de France, de l'équipe de France. Tu ne peux pas, à aucun moment de ce que moi, j'ai pu produire, je peux rentrer en compétition avec ça. Donc, il n'y a pas de compétition à avoir. Il faut savoir rester à sa place. Tu ravales ta salive quand les gens vraiment sont désagréables et extrêmement, même méchants parfois. Mais tu apprends à rester à ta place. Et en tout cas, pour moi, ça a été une bonne discipline. parce que c'est une discipline de savoir... rester à sa place, de ne pas être en compétition, de ne pas absolument chercher la lumière quand il n'y a aucune raison, en fait, qu'on soit devant. Et en plus,

  • Speaker #1

    vous menez vos carrières.

  • Speaker #0

    Exactement. Nickel. Et vous êtes juste... Et épanouie, et très heureuse de faire nos trucs.

  • Speaker #2

    Vous êtes même plutôt dans la lumière, on va dire, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, oui, mais parce que tu développes toi, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Déjà, je n'ai aucun rapprochement entre Valérie Perrin, l'autre, et Claude Lelouch, le cinéaste. Et moi, pour le coup, je lui dois quand même beaucoup. Parce que d'abord, j'aurais quand même écrit, même si je n'avais pas rencontré Claude. Cependant, je pense que ça a accéléré, ça a vraiment accéléré les choses, le fait que je travaille avec lui. et que je fasse cette école de cinéma qui est particulière avec lui. Donc, j'ai vachement pris de... Et puis, je lui ai beaucoup pris dans Tata. Je parle quand même de ce qui est... Je n'ai jamais fait un film de ma vie. Et pourtant, je parle d'une réalisatrice. J'explique tout le processus de création. J'explique qu'est-ce que c'est qu'être sur un plateau. Comment je travaille avec mes assistants. Je n'ai jamais fait ça de ma vie. Mais j'ai tellement pris de clones de cet homme génial que du coup, moi, ça m'a beaucoup apporté dans mon travail.

  • Speaker #0

    Alors moi, effectivement, Lilian m'a beaucoup apporté aussi, parce qu'il m'a obligée, pendant très longtemps, j'étais d'une pudeur totale, grande pudeur vocale. C'était très difficile pour moi de monter sur scène. Je faisais des concerts, mais j'étais alertée plusieurs mois avant. J'avais le temps de me préparer, de me préparer psychologiquement. Deux jours avant, je ne dormais plus. La veille, je ne mangeais plus. Je partais en me disant, bon, quand je vais revenir demain, ce sera terminé. Je l'aurais fait. C'était vraiment horrible. Et il m'a confrontée en fait, vraiment, il m'a mise dans des conditions. pour m'obliger à sortir de ça. C'était sympa sous sa casse. Et notamment, je pense à une fois, on va dans un club de jazz où on va juste écouter de la musique. Et je trouve que dans ce club, tout le monde savait que je faisais des concerts et tout. Et donc, à un moment, le musicien sur scène a dit « Ah, mais nous avons parmi nous des amis chanteurs ! » « C'est la famille ! » « Ne vous dites pas, venez chanter ! » Et tout ça. Puis les gens viennent me voir. Enfin, le patron du club me dit « Alors, tu vas bien chanter une petite chanson ? » Et puis je me suis dit, non, je vais lui manger un croutin de chèvre. Une de miel ? Laissez-moi tranquille, laissez-moi boire mon verre de vin et puis goûter. Oui, mais quand même, ce serait sympa. Lilian me dit, mais je ne comprends pas, pourquoi tu n'y vas pas ? Je finis par céder en me disant, ok, je vais chanter une chanson. Et au moment où je dis ok, je me dis, mais dans quelle tonalité ? Mais c'est quoi la mélodie ? Je suis prise d'une crise de panique. Et je sens qu'à la fois, j'ai envie de le faire, mais que je ne peux pas le faire. Je ne vais pas être capable de chanter. Donc, je commence à s'engloter. Je me dis, il faut que je dise non. t'as dit non, t'as dit oui, tu vas dire non, les gens vont dire que t'es complètement folle, bah oui en fait t'es folle, c'est pas grave. Donc, finalement, je me désiste en disant que je ne vais pas monter chanter. Je commence à pleurer. Lilian me tourne le dos. Vraiment, je sens qu'il est déçu. Ce qui est terrible, c'est de décevoir quelqu'un qu'on aime. En plus, je ne comprends pas. On finit par rentrer à la maison. Il me dit, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne veux pas me préparer. Il me dit, mais non. Mais tu aimes chanter. Tu chantes toute la journée. Pourquoi ? Chanter, c'est simple. Tu te lèves. Il me dit, d'accord. J'avais pas compris. En fait, tu veux pas chanter. C'est pas grave. Ne chante pas. Je n'avais pas compris. En fait, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Et puis, on ira voir les autres en concert. C'est super. Ça va bien se passer. Il me disait ça. Et j'entendais me dire ça. Je me disais, mais qu'est-ce qu'il raconte ? Il est complètement dingue. Mais ce n'est pas possible. Mais oui, je veux chanter. Il me dit, mais non, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Tu ne veux pas. Mais ce n'est pas grave, mon amour. Tu ne chanteras pas. Et puis, ça va se passer très bien. psychologiquement, franchement, je l'ai détesté. je me suis testée pendant une nuit et le lendemain je me suis dit putain on va aller au club de jazz et je suis allée au club de jazz je suis allée voir le patron en disant vraiment je faisais pas ma diva c'est parce que j'étais prise de panique et je ne pouvais pas mais je viens chanter dans ton club quand tu veux et il m'a dit c'est super on va programmer deux dates dans un mois je me suis dit putain on va aller et en fait ça s'est passé effectivement comme ça et toutes les choses se sont imbriquées ensuite et ça a vraiment contribué à me libérer et je pense que Il y a beaucoup de choses en moi qui m'entravaient. Et il m'a vraiment emmenée. C'était vraiment... Il m'a fait un espèce de coach. Mais complètement. Formidable. Mais vraiment. C'est du coach.

  • Speaker #1

    C'est du coach.

  • Speaker #0

    Pour ça, il a vraiment ce talent, ce don-là de révéler. Alors, ça passait ou ça cassait. J'aurais pu craquer et puis effectivement laisser tomber tout ça et me dire que je ne serais jamais capable de chanter comme ça, de faire des concerts et tout. Mais il m'a complètement changée. Il m'a vraiment donné de... de l'ouverture. Il m'a aidée, il m'a accompagnée dans le déploiement. Et je lui dois complètement ça. Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui sans lui, très clairement. Il m'a, avec beaucoup de, parfois de la douceur, parfois en venant me secouer comme ça, en me disant, mais tu ne seras pas. Il a vraiment contribué à me libérer complètement. Il m'a, c'est, il a changé ma vie, vraiment. C'est beau. choisissez bien vos chéris les filles ça c'est sûr ça c'est sûr ça fait le pas aimer, être aimé et puis il y a aussi des gens qui quand ils vous aiment ils veulent que vous soyez vraiment heureux et heureuses et ils vous accompagnent sur le chemin de l'épanouissement et c'est complètement ce que Lilian fait avec moi et c'est merveilleux vraiment voilà

  • Speaker #1

    On arrive au terme de cette émission.

  • Speaker #2

    On aurait bien aimé continuer en train avec vous.

  • Speaker #0

    On adore. C'est trop bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous voulez dire encore une dernière chose ?

  • Speaker #1

    Je suis très heureuse d'avoir rencontré vous.

  • Speaker #0

    De moi aussi. Merci de cette rencontre.

  • Speaker #1

    Il y a plein de connexions.

  • Speaker #0

    Hallucinant. Hallucinant. Je vais tout de suite acheter Les Oubliés du Dimanche.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    je vais en faire une. D'accord, je viens. Parce que j'en ai trois à lire avant.

  • Speaker #1

    Ne fais pas des petits bémols.

  • Speaker #0

    On se déborde. Changez l'eau des fleurs. ça va être merveilleux parce que effectivement je pense qu'il y a des univers qui sont proches dans les réflexions et la profondeur

  • Speaker #2

    Merci Tata sort le 18 septembre donc nous vous invitons tous et toutes à dévorer ce nouveau roman de Valérie Perrin et on était hyper heureuses de vous recevoir et écoutez cet album aussi de Nina Simone qui est incroyable Oui j'ai plein de commentaires aussi,

  • Speaker #0

    j'ai pas toutes les dates en tête mais... voilà le 5 octobre je suis sur les réseaux je suis sur les réseaux et comme ça à chaque fois tu dis je suis là exactement le 23 septembre on mettra tout ça c'est ça il y a 66 minutes aussi super génial il y a plein de choses donc je vous laisse renseigner tout ça on renseigne on renseigne

  • Speaker #2

    tout nous on donne les liens les liens c'est un peu pour ça qu'on a créé ce podcast pour faire de l'eau bien et on est super heureuse d'avoir bien réussi aujourd'hui parce que c'est super une réaction sur un accompli ça va voilà À la semaine prochaine pour une nouvelle mission.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Merci.

Chapters

  • Introduction au thème de la carrière et présentation des invitées

    00:11

  • Karine se présente et parle de son parcours

    00:28

  • Valérie partage son expérience d'autrice et son parcours atypique

    00:48

  • Discussion sur l'importance des études et de la légitimité professionnelle

    02:26

  • Les défis des femmes dans le monde artistique et l'importance de la discipline

    03:38

  • Échanges sur la carrière et les relations personnelles des invitées

    05:07

  • Conclusion et récapitulatif des messages clés de l'épisode

    01:08:45

Share

Embed

You may also like

Description

Peut-on réussir sans diplôme ? Trouver sa voix en dehors des chemins balisés ? Écrire ou chanter à 45 ans et bouleverser des vies ?

Dans cet épisode vibrant de Flammes des Années 80, nous recevons deux femmes puissantes et inspirantes : Valérie Perrin, autrice de best-sellers traduits dans plus de 60 pays, et Kareen Guicock Thuram, chanteuse de jazz et ex-présentatrice du 12-45 sur M6.

Avec une sincérité désarmante, elles racontent leurs parcours de femmes et d’artistes, leur foi en la discipline créative, et l’audace qu’il faut pour suivre ses rêves, même (et surtout) quand on sort des cases. Valérie confie son rapport douloureux au bac qu’elle n’a pas obtenu — une blessure qu’elle a sublimée en dévorant des livres, en écrivant des romans incarnés, cinématographiques, et profondément humains. Karine, elle, partage son chemin de journaliste autodidacte, ses coups de bluff, sa première émission à 13 ans, sa passion pour la philosophie, et son amour tardif mais vital pour la musique, avec un premier album hommage à Nina Simone.

Dans cette conversation, il est question de révélation artistique, de la condition de "femme de", de ce que cela implique en termes de visibilité, de préjugés, mais aussi de force intérieure. Elles évoquent également leurs compagnons — Claude Lelouch pour Valérie, Lilian Thuram pour Karine — et l’équilibre subtil entre amour, inspiration et indépendance.

On parle de spiritualité féminine, de transmission, de cimetières comme lieux de mémoire et de mystère, de création musicale nocturne, de la beauté des traditions antillaises, et de la magie de l’invisible. On rit, on est ému·es, on se retrouve.

Un épisode rare, puissant et lumineux, sur le fait d’oser être soi, à tout âge.
Pour toutes les femmes qui doutent encore de leur talent, de leur légitimité ou de leur timing. C’est maintenant. Et c’est possible.

Mots-clés à retenir : femme, carrière, discipline, amour, musique, écriture, spiritualité, révélation.

🎧 Flammes des Années 80, c’est le podcast qui accompagne les femmes dans leur développement personnel, leur bien-être et leur liberté d’être.

📲 Rejoignez-nous sur Instagram pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des prochains épisodes.

📰 Inscrivez-vous aussi à notre Newsletter  pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et les actualités du podcast directement dans votre boîte mail.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur toutes vos plateformes d’écoute préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Abonne-toi ! 🔥

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme.
Chaque semaine, des conversations autour du développement personnel féminin, de la confiance en soi, du bien-être, de la transmission et de l’épanouissement personnel. On y explore l’introspection, les émotions, la résilience, la maternité, l’amour, la psychologie et les témoignages inspirants de femmes et d’hommes audacieux. Un podcast pour femmes, pour révéler sa flamme intérieure, oser être soi et nourrir sa spiritualité féminine.
Flammes des Années 80, pour écouter votre flamme intérieure grandir. 🔥


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on est super contentes aujourd'hui de continuer notre petit parcours sur le thème de la carrière. Et on a beaucoup de chance aujourd'hui parce qu'on reçoit deux femmes incroyables. Donc Valérie Perrin et Karine Thuram. Est-ce que vous voulez vous présenter justement pour nos musiques ?

  • Speaker #2

    Alors je vais ! Oui donc je suis Karine Guillaume-Turam, je n'ai pas encore supprimé le nom de mon père, le pauvre. J'ai insisté pour que je porte le nom de mon mari et que je garde le nom de mon père. Donc Karine Guillaume-Turam, je suis chanteuse et journaliste et je ne sais pas quoi dire d'autre mais on va le découvrir au cours de l'émission parce que je vais aller suivre les questions. Évidemment !

  • Speaker #1

    Et moi je suis Valérie Perrin, j'ai gardé le nom de mon père. tu es mariée en juin 2023 je peux dire aujourd'hui j'aimais pas le mot autrice mais j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'en fait il avait été supprimé il y a très très longtemps parce que on voulait nous rayer de la carte, nous les femmes donc du coup je suis autrice depuis 9 ans maintenant et j'ai la chance de vivre de ma plume voilà et qu'est-ce que tu as fait du coup avant d'être autrice justement ? j'ai fait Merci. beaucoup, beaucoup de choses, mais ça fait donc 9 ans que j'écris. Je ne peux pas résumer, il nous faudrait 25 heures, on ne les a pas. J'ai tout fait. Je n'ai pas fait d'études. Je vais y aller comme ça. Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas le bac, caloréa. J'ai lu toute ma vie énormément, donc je pense que c'est en lisant que j'ai construit beaucoup, beaucoup de choses dans ma tête. Je suis allée beaucoup au cinéma, je suis allée beaucoup au théâtre, j'ai eu deux enfants. qui m'ont tout appris de la vie. J'ai eu des maris, j'en ai deux. J'en ai eu deux, j'en ai un par un. J'ai eu des amants. Et tout ça, imbriqué, tout ça mélangé, plein, plein, plein de choses différentes dans mon travail, fait qu'un jour, j'ai décidé d'écrire. Et que ça a marché. Ça s'appelle un miracle. Voilà. Voilà au résumé. C'est un beau résumé.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment vous allez faire les filles, parce qu'après ça... Eh bien, courage, Karine, courage. Non, pas moi. Moi, je réponds.

  • Speaker #0

    Moi, c'est vous, je vais aller suivre le tourant. En fait, je trouve ça génial, tout est incroyable, mais ce que je trouve génial, c'est que je n'avais pas le bac. Et en fait, on a parlé un petit peu dans d'autres émissions par rapport à la carrière, à l'éducation des enfants. Ça fait partie aussi d'un peu de carrière, mine de rien, parce qu'on en parle pas mal. Et en fait, la pression qu'on peut mettre de tu n'arriveras pas, si tu n'as pas le bac, si tu ne fais pas d'études. et en fait, la preuve vivante en face de nous. quand même qui est... Dans combien de pays tu es traduite ?

  • Speaker #1

    60. Voilà.

  • Speaker #0

    Et quatre romans. Une des romancières les plus lues. Et je trouve ça assez incroyable d'avoir aussi l'honnêteté de dire j'ai pas le bac. En fait, ça peut donner vachement d'espoir. Nous, c'est pour ça qu'on vous invite aussi. C'est pour aussi donner un peu les espoirs aux gens qui se mettent des carcons dans leur tête et qui se disent moi, je pourrais jamais faire ça. Moi, je pourrais jamais faire ça.

  • Speaker #1

    Tout est possible. Mais je tiens tout de même à souligner que mes deux enfants l'ont et que je me suis battue pour qu'ils l'aient. Je pense tout de même. qu'aujourd'hui, avoir le baccalauréat, tu arrêtes les études, peu importe. Mais si tu veux les reprendre quelques années après, c'est la seule porte qui peut t'ouvrir aux études. Et je le vois avec ma fille qui reprend des études de psy, et grâce à son bac. Donc, je ne l'ai pas, mais je conseille pour ceux qui veulent, et pour ceux qui peuvent, d'essayer d'aller au moins jusque-là. Mais après, on peut avoir plein d'autres qualités. sensibilité aussi. Et puis tu joues avec les mots. Moi, je trouve ça extraordinaire. C'est que non seulement sans dire le bac, mais en plus, tu manies la langue française. C'est parce que je n'ai pas le bac et que j'en étais très malheureuse que j'ai toujours rattrapé en lisant énormément. Je pense qu'il y a ça aussi. C'est quand même une blessure quelque part.

  • Speaker #2

    Tu ne l'as pas, mais tu l'as passé. Tu n'arrives pas. C'est ça qui est intéressant. Quand tu es première,

  • Speaker #1

    tu es partie à Paris.

  • Speaker #2

    Voilà, parce que de ne pas l'avoir, c'est une clause, mais ça doit raconter quelque chose de toi. Ça veut dire que tu t'es arrêtée avant en disant, ce n'était pas ton objectif derrière le bal.

  • Speaker #1

    Je ne te mets pas les colles,

  • Speaker #2

    j'étais très mal à l'aise. Oui parce qu'on s'arrête souvent au fait de ne pas l'avoir Et on raconte pas Ce qui fait qu'on ne l'a pas eu Et c'est pas qu'elle ne l'a pas eu, c'est qu'elle a vécu une autre vie Elle s'est arrêtée avant T'avais d'autres rêves à poursuivre En l'occurrence pas d'avoir le bac Et c'est des histoires d'époque C'est à dire qu'aujourd'hui je te rejoins On n'imagine pas qu'un adolescent puisse ne pas aller jusqu'au bac Parce que c'est un peu le diplôme que tout le monde a A l'époque de mes parents ma mère à le bac, mon père là-bas. Et tout le monde, bien sûr, parce que plus on recule dans le temps, et moins les gens avaient le bac, et ils ont construit des vies incroyables. Donc, c'est vraiment notre époque qui nous impose d'avoir des diplômes et d'avoir cette espèce de ticket de métro qui dit, tu peux aller un peu n'importe où parce que tu as le bac. Mais je trouve ça très beau aussi dans les parcours de gens qui, même à leur époque, quand le bac pouvait être imposé, se sont arrêtés avant parce qu'ils avaient autre chose à faire. Et que vous avez fait plein d'autres trucs. Et c'est ça qui est top. Donc, en effet, ce n'est pas le bac qui fait la personne qu'on est, mais...

  • Speaker #1

    Tu as besoin de parler de l'époque. Parce que l'époque, quand je suis arrivée à Paris, en 1986, on trouvait du travail, mais...

  • Speaker #2

    Très facilement. Exactement.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #2

    Je le dis parce que je l'ai entendu, je ne l'ai pas vécu moi-même, parce que ça ne définit pas mon âge, je l'ai dit tout de suite. Je sais, mais franchement,

  • Speaker #1

    1986, c'était une autre vie, c'était un autre monde, il faut le comprendre. On pouvait débarquer seule à Paris, être hébergée chez quelqu'un, pouvoir payer un loyer, ce qui est quasi improbable aujourd'hui. Et surtout à l'âge de 17 ans, comme ça. C'est vachement important de le dire, c'est une question d'époque.

  • Speaker #2

    C'était un autre temps. Et tu rêvais de quoi à l'époque, toi ? Je me parlais, je te pose la question, ça a été intéressant. Non, mais tu vas partir.

  • Speaker #1

    La seule chose que je voulais, la seule chose dont je rêvais, c'était de quitter vraiment, comme la chanson d'Aznavour, la province.

  • Speaker #2

    Vous allez quitter dans quelle province ?

  • Speaker #1

    En Bourgogne.

  • Speaker #2

    En Bourgogne.

  • Speaker #1

    Oui, en Bourgogne. Je suis arrivée, j'avais un an. Et donc, je suis partie, j'avais 19 ans. Mais vraiment, avec trois sous en poche, tu vois. Est-ce qu'il y avait déjà cette envie d'être autrice ? Je pense pas du tout. non, non, je pense que ce n'est pas une envie, je pense qu'on le porte en soi. Et puis après, la vie fait qu'il y a un moment dans ta vie, mais ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard. Tu as le temps de le faire. Mais je réponds avant. Mais on me dit toujours, pourquoi tu as écrit si tard ? Parce que mon premier roman, il a été édité, j'avais 48 ans. Et en fait, j'explique juste qu'il fallait, pareil, payer le loyer, élever ses enfants, travailler. Et que je n'avais pas ce moment-là, ce temps-là pour l'écriture. C'est pour ça que j'ai écrit très, très tard.

  • Speaker #2

    C'est drôle parce que moi, c'est l'inverse. Je voulais absolument partir à Paris pour faire mes études, mais il me fallait le bac. J'étais en Guadeloupe, chez mes parents. Parce que j'ai grandi entre Paris, Cayenne et la Guadeloupe. Et en Guadeloupe, pour partir à Paris, mes parents ne me laisseraient jamais. Ils ne m'auraient pas laissé partir sans le bac. Donc moi, il fallait que j'ai le bac pour partir. Et en effet, j'ai eu le bac à 18 ans, 17 ans, 18 ans. et quand tu... te lances dans l'exil parce que c'est une chose de faire Bourgogne-Paris, c'est une autre de faire Guadeloupe-Paris où tu ne peux pas retourner le week-end. C'est vivre loin et donc ça suppose de gagner très vite en maturité. Pour mes parents, d'avoir le bac, de savoir gérer ton truc, ça voulait dire aussi que tu étais en capacité de vivre seule et de commencer à gérer ta vie toute seule. Donc voilà, moi c'était l'inverse. Moi le bac, c'était le passeport pour partir et arriver à Paris.

  • Speaker #0

    Il était...

  • Speaker #2

    Très bien. Alors moi... Quand j'avais commencé avant, j'ai écrit mon premier article à 13 ans. En Guyane, au collège où on était, on avait eu cette envie de monter un magazine qu'on voulait appeler Métissage Cocktail, c'est beaucoup plus tard. Parce que la Guyane dans laquelle on grandissait, c'était vraiment une Guyane extrêmement cosmopolite qui était très différente de ce qu'on voyait à la télévision sur l'unique chaîne que nous avions à l'époque, RFO. où on vivait avec des gens de couleurs de peau différentes, de religions différentes, etc. et que ça n'avait absolument aucune valeur. Et on ne comprenait pas l'actualité qui nous parvenait du reste du monde et qui racontait que c'était une source de division et de conflit. Et donc, on voulait raconter ça. Et évidemment, à l'époque, personne ne nous avait donné le budget pour créer ce magazine-là. En revanche, on avait fait une maquette et tout. En revanche, France-Guyane, qui est le quotidien de la Guyane, avait entendu parler de notre initiative. comment je n'en ai pas la moindre idée. Parce que je ne me souviens pas que mes parents connaissaient des journalistes. Aucun des parents de mes camarades de classe n'étaient journalistes non plus. Donc je ne sais pas par quel biais ces gens ont entendu parler de notre initiative. Mais en tout cas, ils nous ont confié une page hebdomadaire pour qu'on se fasse la main. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire et je n'ai jamais arrêté depuis. Voilà. À l'âge de 13 ans. Ouais, ça m'a mis le pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    Du coup, t'as fait une école de journalisme.

  • Speaker #2

    Non, j'ai pas voulu, justement. J'adore,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #2

    Non, parce qu'à 18 ans, j'avais une très haute estime de moi. Et je pensais que j'étais unique et que j'avais un truc très spécial. Et j'avais peur d'être formatée. C'est quand même lunaire de penser comme ça à 18 ans. Mais c'est ce que je pensais. Et donc, j'ai fait une hypocagne, l'être sub, etc. Et ensuite, j'ai fait une fac de philo. Ce qui a désespéré mon père, qui est un chef d'entreprise. Il s'est dit, elle ne va pas ouvrir une boutique de philosophie comme elle va gagner sa vie, ma fille, ça va être l'enfer. Mais en fait, je voulais une formation qui m'aide à structurer ma pensée, qui m'aide à réfléchir. Et je trouvais que la philosophie pour ça, c'était ce qu'il y avait de plus précieux et de plus efficace. Donc je savais que je ne ferais rien en philo, que je ne serais pas enseignante. Ma mère était enseignante, elle est à la retraite maintenant, mais je ne rêvais pas du tout. Je n'avais pas cette patience. Je ne rêvais pas du tout d'enseigner, mais je rêvais de transmettre néanmoins. Et je ne voulais surtout pas être journaliste. Je me disais, bon, en fait, le journalisme, ce n'est pas un talent, ce sont des aptitudes. C'est des compétences. Donc, c'est savoir écrire, formuler. Enfin oui, savoir écrire, résumer, poser des questions, être curieux. Tout ça, ce n'est pas un talent. Ça, c'est des choses qu'on développe. L'exigence, la rigueur, la discipline. Voilà. Un souci d'honnêteté. En tout cas, on n'est pas toujours neutre, mais on peut à minima être honnête. Et je ne voyais pas trop ce qu'on pourrait m'apprendre dans une école de journalisme. Et donc, j'ai fait le choix de ne pas en faire. Voilà. Et puis, après, il faut assumer. être autodidacte ça a été difficile en fait ça n'a pas tant été difficile c'est plus la pression qu'on se met c'est pour ça que je comprends très bien ce que tu dis ce que ça a pu te créer comme déséquilibre entre guillemets de ne pas avoir le bac pour la légitimité qu'on peut avoir vis-à-vis toi-même pour l'écriture quand tu choisis des journalistes et de surtout pas faire une école de journalisme bon il faut être irréprochable en fait c'est aussi ça que ça impose comme pression donc ça destine entre guillemets une forme d'excellence aucun moment tu puisses être prise à défaut sur quelconque point qu'il soit. Donc ça suppose d'être encore plus en maîtrise du sujet que quelqu'un qui a fait une école et qui n'a pas approuvé qu'il sait faire, puisqu'il a fait une école. Donc normalement, il a été formé pour ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu as tes premiers boulots si tu n'as jamais fait d'école ? Comment tu arrives à... Ce petit pont-là ?

  • Speaker #2

    Un peu au bluff. En fait, les tout premiers, mes toutes premières expériences, c'est toujours dans la continuité, parce que j'avais fait France-Guyane, après en Guadeloupe au lycée, parce que France-Guyane, c'est quand j'étais au collège en Guyane. Quand on est arrivé en Guadeloupe, pendant mes années lycée, je participais à des forums jeunes pour RFO Radio. Et puis une fois que j'ai eu le bac et je suis arrivée à Paris, un de mes amis de l'époque, qui avait mon âge, qui venait d'avoir le bac aussi, avait une émission pour jeunes sur Médias Tropicales. Et donc, je travaillais avec lui sur cette émission. Et puis, dans cette radio, j'avais rencontré des gens qui s'étaient dit « Ah, elle est rigolote, cette petite » , qui m'avaient donné ma chance en me proposant d'être rédactrice en chef d'un magazine papier qui était Moribond et qu'il fallait remonter. Donc, j'avais eu à créer une équipe, une rédaction. J'avais 19 ans. En fait, je pense que j'étais assez... Je devais être très attachante, très sympa, parce que je travaillais vraiment avec des journalistes confirmés, des pères de famille, des mères de famille. Je disais « Non, tu vois, il faut que tu écrives plus nerveux, il faut que ça soit plus court. » Je me revois leur disant ça, c'est ouf, alors que j'avais aucune expérience. Et ils le faisaient. Donc, je pense qu'ils devaient se dire, elle a un truc, ça va être moum, quoi. Moi, j'adore,

  • Speaker #1

    c'est ça qui est génial.

  • Speaker #2

    C'est rigolo. Il y avait un truc de cet ordre-là. Et puis, j'ai rencontré aussi Claudicière, là-bas, à Mediatropica, qui m'avait aussi prise sous son aile pour bosser avec lui sur RFI. Enfin, j'ai eu plein, plein d'expériences. Jusqu'à arriver en télé, où je faisais aussi, entre-temps, du management d'artistes. J'ai managé Tania Saint-Val, Joël Ursu, enfin j'ai fait plein de trucs. J'étais hyper curieuse de tout. tout, je voulais faire plein de trucs. Tout en faisant mes études, on me voyait assez peu. J'avais deux bonnes copines à la fac. Parce qu'une fois qu'on a fait une prépa, franchement, la fac, c'est un boulevard. J'avais deux copines à la fac, je récupérais les cours et tout. C'était marqué respiration, le prof s'assoit, donc je ne venais jamais. Elle mettait toutes les notes et en fait, j'avais quand même mes partiels. J'avais quand même vraiment appris à travailler. C'était ça l'avantage d'avoir fait prépa. Un jour, on me propose de participer à un casting pour une émission culturelle, comme j'étais manager de chanteuse et tout. Et j'arrive dans cette chaîne et le patron de la chaîne me voit arriver et me dit non. Toi, tu viens pour le culturel, c'est ça ? Je dis oui, il me dit non. Toi, tu vas présenter le JT.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #2

    Bon, OK. Donc, c'était une toute petite chaîne qui était diffusée sur le satellite et qui n'avait pas encore commencé à émettre. Donc, c'était vraiment le lancement de la chaîne. Ce que je ne savais pas alors, c'est que quelqu'un avait déjà été choisi pour présenter le JT et cette personne a perdu son job au moment où je suis arrivée. Et ça m'a aussi donné une vraie leçon sur ce qu'est la télévision. C'est-à-dire qu'en télé, rien ne t'appartient. C'est-à-dire que c'est à toi aujourd'hui, puis demain, quelqu'un d'autre est arrivé dans l'immeuble et c'est terminé. Donc, il faut quand même toujours savoir que ça peut changer. Ton sort, tu ne peux jamais vraiment dormir tranquille. Tu peux être d'un côté ou de l'autre de la porte. Ah oui, exactement. Et ça a été une expérience assez folle où j'ai aussi rencontré plein de gens. Et puis un jour, ça a duré quelques mois. Ensuite, j'ai bossé pour Canal France International, TV5Monde, sur des émissions de sport notamment. Et le réalisateur d'une de ses émissions travaillait aussi à Turbo sur M6. Et j'étais absolument fan de voitures. C'est une des choses que j'ai de mon père, que mon père m'avait transmise. Et un jour, en en parlant, il me dit « Ecoute, tu m'ennuies à me parler de bagnole tout le temps. T'as qu'à postuler à Turbo. » Ce que j'ai fait. Et à l'époque, j'avais envoyé un mail. Je ne sais plus, parce que ça ne se faisait pas d'envoyer des mails à des gens qu'on ne connaissait pas. parce que vraiment l'époque a changé, c'était à 20 ans. À l'époque, on n'appelait pas les gens sur leur portable, on les appelait sur leur fixe. Le portable, il fallait les connaître pour les appeler sur leur portable. Et je crois que j'avais envoyé un mail en prenant plein de précautions, tout ça. Bref, il m'avait rappelé et j'avais révisé. J'étais absolument incollable. C'est aussi ça quand on autodidacte sur l'automobile. J'avais rencontré Dominique Chapate qui m'avait reçu. Pareil, je pense qu'il s'est dit, elle est marrante cette petite. Je ne sais pas ce qu'elle nous veut, celle-là. Et l'entretien a duré 5 ou 6 minutes. Et ça s'est joué d'ailleurs sur un truc assez drôle. Parce qu'à l'époque, j'habitais à Vincennes. Ils m'écoutent raconter les taux de pénétration dans l'air et les CX et les époques des voitures. Et à un moment, ils m'interrompent et me disent « Ah, vous habitez à Vincennes ? » J'ai dit « Oui » . Ils me disent « Mais il y a toujours à la rue de Fontenay, il y a la rue des Rigolos, il y a toujours à la rue de la Jarry. » C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Je me dis,

  • Speaker #2

    il y a la rue Guittemère. J'ai habité 20 ans à Vincennes. Ce n'est pas possible. Il me dit, rendez-vous lundi en réunion de réaction. Je pense que si j'avais habité à fond, si tu es mort, je n'avais pas le job.

  • Speaker #1

    Il y a toujours à quoi ça tient.

  • Speaker #2

    Rien, en fait. Ça ne tient vraiment à rien. Une fois qu'on y est, c'est pareil. C'est bien de rentrer, mais il faut faire ses preuves. Il m'avait dit, vous avez déjà fait de longs reportages. Et j'avais dit oui, bien sûr. Et à l'époque, je n'avais pas fait de reportage. Donc, c'est là où intervient le bluff.

  • Speaker #1

    Le bluff, c'est moi. J'ai toujours dit que j'avais le bac plus deux sur la CV. Je racontais n'importe quoi.

  • Speaker #2

    Et en fait,

  • Speaker #1

    j'avais toujours des portraits.

  • Speaker #2

    Mais je n'avais jamais fait de reportage. Ce n'est pas du tout la même chose. Et donc, je crois que c'était un jeudi. Entre le jeudi où j'avais eu l'entretien et le lundi, j'avais passé mon temps devant la télévision à regarder des dizaines de reportages. à écrire comme ils étaient écrits, quelle était la structure, comment c'était fait un reportage, pour que le lundi, je puisse proposer des reportages, partir en tournage, faire mon premier reportage, mais qui ne devait pas être mon premier reportage, et monter mon premier reportage qui ne devait pas être comme mon premier reportage, et donner le sentiment que vraiment, j'avais déjà fait plein de reportages avant. Et c'est exactement comme ça que ça s'est passé.

  • Speaker #0

    Et ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Eh bien, bien sûr. Mais enfin.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu fais de la musique.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #2

    Voilà. C'était le moment de bluff. Mais quand on bluff, il faut vraiment assurer. Il faut. Et après,

  • Speaker #1

    petit à petit, tu as bougé comme ça sur M6.

  • Speaker #2

    Exactement. Après, ils m'ont proposé. Je l'appelle ma maman de la télé. Ça l'amuse toujours. Je ne suis pas sûre que ça l'amuse d'ailleurs. Je ne pense pas dire rien. Mais c'est Vincent Régnier qui...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    peut-être. Parce que mon papa de la télé, je trouve que c'est moi, alors qu'il était vraiment protecteur avec moi. C'est vraiment ma maman de la télé, je vais s'en rayer, qui m'a repéré à Turbo. Et un jour, il est venu me voir en me disant ce que je co-présentais Turbo. À un moment, je faisais les news de l'automobile, etc. Il m'a dit, écoute, je trouve qu'en interne, tu n'es pas assez exposé. On ne te connaît pas assez. On fait un casting et j'aimerais beaucoup que tu le fasses. Alors, j'ouvre une parenthèse. J'avais travaillé déjà en interne à la rédaction nationale. Donc quand il me propose de faire ce casting, c'était pour l'info. Et j'avais fait des morning, des flashs infos dans le morning, à l'époque de Zooméo. Donc c'était genre 2005-2006, un truc comme ça. J'arrivais à la rédaction à 2h30, 3h, c'était l'enfer, j'ai détesté ça. D'ailleurs c'est rigolo parce que j'ai retrouvé des images il n'y a pas très longtemps. À 7h, j'avais le visage encore comme ça. C'était vers 9h que les traits de mon visage commençaient à se stabiliser. Ah, mais c'est bien carré, c'est ça. Parce qu'à cet heure, on n'était pas trop sûrs que c'était moi. Et donc, j'avais fait mon zandoli. Le zandoli, c'est un petit lézard. On les appelle le zandoli aux Antilles. En me disant, si tu ne bouges pas, personne ne va te voir. Et c'est exactement ce qui s'était passé. C'est-à-dire qu'à la fin de la saison, je n'avais rien demandé à personne. Je ne m'étais pas signalée. Je ne me suis pas manifestée. Et la saison qui a suivi a enchaîné sans que personne ne me propose de refaire des infos... Je me suis oublié ! Mais littéralement. Et donc, quand Vincent me dit, écoute, fais le casting en interne pour l'info. Je suis dit, ah, le retour du flash info, qu'à l'enfer, je ne veux surtout pas faire ça. Et il insiste. Et donc, je finis par céder en lui disant, bon, de toute façon, ça ne m'engage à rien. Il me dit, mais bien sûr, ça ne t'engage à rien. Bon, ça se passe un samedi matin à 7h30, 8h. Donc, vraiment, le truc que je n'ai pas du tout envie de faire après une grosse semaine. Mais mon patron m'a demandé de passer un casting. Donc, je vais faire le casting. J'écris le JT. Un JT, je ne sais plus ce que c'était. je passe le casting j'ai pas pas envie de vivre tout ça. Mais voilà. Donc évidemment, quand on le fait sans pression, mais qu'on fait les choses consciencieusement, ça se passe très bien. Donc on me rappelle. Du coup, je me retrouve à faire des chroniques dans le JT, dans le 1945. Très vite après, on me propose de remplacer le joker de Xavier Demoulin l'été, donc pendant les vacances de Xavier Demoulin. Donc là, on est 2010-2011. Et puis, la saison suivante, Aïda Twiri, qui présentait le 12-45, est donnée partante et il me propose de la remplacer. Donc en fait, ça se passe comme ça, sur un casting. C'est fou la vie.

  • Speaker #0

    Les horaires avaient changé.

  • Speaker #2

    Oui, ça n'avait rien à voir. Ce n'était pas sur des matinales. C'est très tôt quand même la conf de rédacte du 12-45, mais ce n'était vraiment pas comparable pour le pro flash. Et puis là, ça a un JT, alors que les flashs, ce n'est pas comparable non plus avec un JT national. Vraiment, ça a été une aventure assez folle. Et ça a duré dix ans, parce que j'ai présenté le 12-45 de 2012 à 2022.

  • Speaker #0

    C'est marrant, c'est vraiment l'émission de Tout est possible.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #2

    J'ai arrêté parce que je sortais mon album. D'accord. Et parce que j'ai pris une année sabbatique déjà pour le défendre, parce que ce n'était pas compatible d'être du lundi au vendredi sur un JT et en même temps faire de la scène pour ce terrain, ce n'était pas possible. Et puis parce que vraiment, ce que j'ai contenu très longtemps, qui était la musique, c'est absolument vital pour moi. Et je me rendais compte que je m'en rendrais malade de ne pas pouvoir m'exprimer artistiquement. Il fallait vraiment que je puisse chanter et que je m'exprime. Et ça supposait d'arrêter le JT. Et 10 ans, c'était bien. Et j'aime bien les cycles. En plus, c'est que 10 ans de JT, 10 ans d'info, c'était bien. C'était super.

  • Speaker #0

    C'est encore un point commun parce que finalement, tu l'as fait un peu tard.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. Très tard. Personne ne fait un premier album à 45 ans. Bientôt 38. Personne ne fait ça Normalement tu dis bon c'est fini J'ai rêvé de Je le ferai pas Tu passes à autre chose Non j'étais un peu entêtée Moi je voulais le faire Ah mais c'est génial C'est comme toi Bah oui c'est vrai C'est environ moi à 48 Moi c'est à 45 Donc c'est très proche quoi

  • Speaker #1

    T'as fait des gros coups de bluff Toi comme ça Valérie Pour le travail quoi Il cherchait un bac plus 18 Pour être à 6 ans Une réaction machin Je le faisais croire Mais par contre c'est ce que tu dis Merci. il faut être meilleur que les autres.

  • Speaker #2

    Exactement. Tu peux mentir.

  • Speaker #1

    J'adore le mensonge.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est drôle.

  • Speaker #1

    J'adore, je trouve qu'il a beaucoup de vertu. Je pense que tout le monde n'est pas capable d'entendre la vérité. Je pense qu'il y a plein de gens qui sont incapables de l'entendre, donc il faut savoir avec qui tu parles.

  • Speaker #2

    Mais là, du coup, tu t'excuses, toi, menteuse, tu vois. Tu dis non, je ne te fais pas mentir de la vérité parce que tu ne pouvais pas l'entendre.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'après, il faut travailler aussi bien que quelqu'un.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont jamais rendus compte du coup ?

  • Speaker #1

    Dans toute mon expérience, non, jamais.

  • Speaker #2

    Ce qui importe, c'est d'être à la haute.

  • Speaker #1

    Après, je n'ai pas postulé pour être médecin. Ils reviennent, mais tu vois, dans le bureau... En fait, c'est encore une fois de plus une autre époque, mais qui est hyper importante. Je me suis formée toute seule sur Mac. Word sur Mac. Il faut savoir que ça, c'était il y a... 30 ans. Il faut savoir que des gens qui savaient parfaitement écrire sur Mac Word il y a 30 ans, c'était vachement rare. C'était comme un diplôme. Oui,

  • Speaker #2

    c'est vrai, comme d'actuel.

  • Speaker #1

    Je faisais beaucoup de missions d'intérimaire dans plein de bureaux différents, partout sur Paris, en région parisienne. Et c'était vachement rare. Du coup, j'avais tout le temps du travail. Et voilà, c'est une autre époque. Aujourd'hui, tu dis ça à un gosse, il est mort de rire. Mais à l'époque... Il n'y avait pas beaucoup de gens qui savaient. C'est vrai que c'était comme avoir un diplôme.

  • Speaker #2

    Oui, c'était d'un kilo. Taper à la machine,

  • Speaker #1

    mettre en forme. J'ai fait une première sur laquelle j'ai appris vraiment à écrire sur une machine à écrire. Les machines comme avant. Un ordinateur, pour moi, c'est... Aujourd'hui, je peux, par exemple, là, on a cette conversation, je peux écrire à toute vitesse en vous parlant.

  • Speaker #2

    Ah oui, c'est ça. Il me fait regarder ce truc-là. C'est top. C'est une vraie chance. En même temps, t'es une femme. T'es une femme, donc tu sens ça. Ben voilà.

  • Speaker #1

    On est des mamans, donc voilà. Quand tu écris tes romans, tu écris à l'ordinateur ou à la main ? Absolument tout à l'ordinateur. Mais vraiment depuis le départ. Je m'envoie des messages si j'ai une idée. J'ai un tout petit carnet. C'est toujours très paradoxal parce que j'ai un carnet avec quatre pauvres feuilles gribouillées et je fais des romans de 500 pages. Mais c'est pour me souvenir de choses. Et quand, là, comme par exemple le dernier, le prochain, celui qui va sortir, C'est vraiment, je pars de 1930 jusqu'à 2010. Donc, quand j'ai presque terminé de l'écrire, je me suis quand même fait ce que j'avais déjà fait pour Les Oubliés du Dimanche, le premier roman, une frise. Avec tous les événements très importants, les rencontres, pour ne pas me tromper. Mais je l'ai fait plus à la fin sur celui-là.

  • Speaker #2

    Et tu gardes toutes les phrases coupées de tes romans ? Ce que tu ne gardes pas, mais que tu mets plus loin ? Tu écris un truc, ça, tu ne gardes pas ?

  • Speaker #1

    Tu ne t'encombres pas, il ne faut pas s'encombrer.

  • Speaker #0

    On peut dire le titre quand même de ce...

  • Speaker #1

    Bien sûr, il s'appelle Tata, comme une tante. C'est une nièce, c'est une tante racontée par sa nièce. C'est hyper beau, mais c'est encore l'histoire de femmes. Du coup, il y a souvent dans tes romans des femmes qui se rencontrent. Moi, je trouve ça passionnant. Oui, c'est l'histoire d'une femme qui parle de cette tante qui était cordonnière, qui était fan de football, parce qu'elle a grandi à Guignon. Et j'ai envie de dire que dans cette petite ville de Saône-et-Loire, on est tous nés... On n'avait pas le choix.

  • Speaker #2

    Avec une passion pour le foot.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vraiment le foot et l'usine qui est très importante, qui a été très importante, qui est toujours au niveau de l'usine, mais plus du tout du club, marchait main dans la main. Ce qui fait qu'il y avait les moyens de faire venir ce qu'on appelait des semi-professionnels dès les années 60. Donc, c'est une ville qui a grandi, qui a fini en première division dans les années 2000. qui a gagné contre le PSG, la Coupe de la Ligue. Donc, c'était une ville très importante pour le football. Et en naissant là-bas, en grandissant là-bas, il y avait des stades partout. Tous les garçons faisaient du foot, en gros. Un peu de rugby et nous, les filles, on faisait de la gym. Mais le sport était présent. C'était obligatoire. Et voilà, j'avais envie de faire le... Je me sers toujours sur des prétextes. Je me sers toujours d'un contexte pour parler de gens. Et là, je voulais parler d'une femme qui est cinéaste et qui... qui reçoit un coup de téléphone de la gendarmerie de Guignon pour lui annoncer que sa tante vient de mourir. Or, cette tante unique est déjà morte il y a trois ans.

  • Speaker #2

    Elle le savait qu'elle était morte, cette tante ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, elle le savait, elle a été enterrée il y a trois ans. Donc, elle dit aux flics, vous faites forcément une erreur. Ma tante Colette Septembre est enterrée depuis trois ans au cimetière de Guignon. Et on lui dit non, il y a ses papiers d'identité près d'elle. Il y a votre numéro de téléphone, en tout cas la personne qui est décédée. semble être votre tante, il faut venir reconnaître le corps. Et à partir de là, je vous ouvre à peu près 1000 tiroirs.

  • Speaker #2

    C'est génial, mais tu veux lire ce livre ?

  • Speaker #1

    Je vais te l'envoyer. Ça va plaire à Lilian aussi. C'est pour vous. C'est génial. J'avoue qu'on n'a pas encore un petit commentaire. Il y a beaucoup de temps. Autre livre de Chevet.

  • Speaker #2

    Excellent.

  • Speaker #1

    Je dis ça, je fais souvent la lecture à mon mari. Il adore ça. J'ai une passion pour la littérature. Et il se met à côté de moi. C'est le plus beau moment, je crois. Ça fait vraiment partie. Ça a toujours été. Et je lui fais la lecture de choses. Quand j'ai un coup de cœur pour un roman, je veux le partager. et donc du coup je le lis Et après, je lui relis. Ou alors, j'ai deux marque-pages. Je suis là où j'en suis pour lui. Et là où moi, j'en suis.

  • Speaker #2

    Ah, excellent. Lui, il adore lire. Il adore lire. Il adore lire. Il adore la poésie. Il me lit souvent, lui, des choses à haute voix. Donc, c'est rigolo. Moi, je fais moins, mais lui, il le fait.

  • Speaker #1

    C'est drôle.

  • Speaker #2

    Oui, il le fait beaucoup. Il aime les textes.

  • Speaker #1

    C'est de lire.

  • Speaker #2

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    C'est le drôle de Valérie. Oui.

  • Speaker #2

    C'est drôle. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Et là, tu parles d'une femme cinéaste. Et toi, tu as fait des scénarios. Oui. Du coup, tu es partie aussi de toi par rapport à l'aristote que tu es. Je suis partie. Donc moi, j'ai rencontré Claude Lelouch en 2006 et j'ai commencé à travailler avec lui, d'abord comme photographe de plateau et ensuite comme co-scénariste, 2008-2009 à peu près. Mais réellement, le vrai gros premier travail d'écriture que j'ai fait pour lui, c'était pour écrire un scénario pour Johnny Hallyday, Eddie Mitchell et Sandrine Bonner, un film qui s'appelle « Salon, on t'aime » . Et là, j'ai écrit pendant deux ans et c'était ma meilleure école. Alors ça, c'est la meilleure école du monde. C'est-à-dire qu'à l'époque, Claude vivait encore, enfin vivait encore, il vit à Paris, mais moi, j'étais encore en Normandie parce que mes enfants étaient encore scolarisés en Normandie. Donc, en gros, il partait trois, quatre jours dans la semaine. Il me retrouvait le week-end et moi, pendant deux ans, j'ai écrit ce scénario qui a été une école extraordinaire. Et du coup, je le fais, j'accélère. Mais en gros, juste avant de tourner, Claude a convoqué son premier assistant et sa script. Et ils ont tout changé. Mais il a toujours fait ça. En fait, c'est un homme qui travaille sur des choses qui sont extrêmement structurées, écrites, mais il improvise. Et donc, il ne supporte pas tout ce qui est très cadré.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas la vie pour lui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ce n'est pas la vie pour lui. Sauf que moi, j'ai aimé beaucoup, beaucoup de mon cœur. Et je portais depuis très longtemps un roman. Et du coup, il a fait le film. Il a fait le film. C'est un film où Johnny est extraordinaire. Tout le monde est incroyable. C'est l'histoire d'un photographe de guerre. qui décide de changer de vie très, très tard dans sa vie. Et le meilleur ami le rejoint. Et le meilleur ami fait un mensonge aux quatre filles de ce mec-là. Il a eu quatre enfants et quatre femmes différentes. Il ment aux quatre filles et elles viennent voir leur père à la montagne. Et après, voilà, ça engendre plein de choses. C'est un peu aussi, il y a un petit peu une ligne polare dans ce film. Et on l'a fait. Et quand Claude a fini de faire ce film, de le filmer, j'ai eu six mois de ma vie où j'ai pu, pour la première fois, ne faire qu'écrire, ce qui ne m'était jamais arrivé. Donc, comme je portais ce roman depuis extrêmement longtemps, depuis les années 2000, 1999 je crois, je l'ai écrit, je l'ai fini. Et c'était en 2013. Et je l'ai envoyé à quelques amis en étant absolument sûre qu'ils me diraient il faut changer ci, il faut changer ça. Sauf qu'ils m'ont tous dit tu l'envoies tout de suite à un éditeur. On parle des Oubliés du Dimanche. On parle des Oubliés du Dimanche, mon premier roman que j'ai envoyé chez Albin Michel à un monsieur qui s'appelle Richard Ducousset qui est directeur éditorial chez Albin Michel. Et 15 jours après, toute la maison l'avait lu et ils m'ont fait signer mon... Donc je ne l'ai même pas envoyé ailleurs en fait. J'ai toujours travaillé avec Albin depuis le départ. Donc c'est très beau. Ce n'est pas celui-là qui a changé ma vie, parce qu'il y a toujours un moment où ça change ta vie. Moi j'ai quand même un avant et un après. Mais Les Oubliés du Dimanche a été extrêmement reconnu par tous. J'ai eu 13 prix littéraires pour un premier roman. Et puis il n'a pas changé ta vie ça ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, ça, ça change la vie, mais surtout, je me suis rendu compte que ça avait changé la vie de beaucoup de lecteurs. Et que eux, quand je les voyais dans les rencontres, ils me disaient « Madame, continuez à écrire, ça nous fait trop de bien » . Du coup, j'ai pris cet amour-là, et là j'ai écrit « Changez l'eau des fleurs » , et là on peut dire que ça, ça change une vie. Et la vie de beaucoup, beaucoup de gens dans le monde. J'ai écrit, j'ai fait le portrait d'une guerre cimetière. Personne n'avait jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Moi, l'élu, je l'ai...

  • Speaker #0

    Et ça a changé ma vie, mais ça a changé la vie. Je n'ai jamais les chiffres, parce que je m'en fous. L'autre jour, Claude me posait la question, t'as vu combien d'exemplaires de Troyes en France ? Je suis incapable de répondre. Je ne suis pas du tout sur les chiffres, mais je suis sûre que changer l'eau des fleurs, c'est des millions dans le monde. Et donc, c'est le portrait d'une femme qui parle de la vie, de la mort, qui ouvre les grilles, qui referme les grilles et qui raconte des anecdotes qui se passent dans son cimetière. et avec le temps, dans le roman, on découvre ses propres secrets. j'en ai à chair de main mais moi aussi j'en ai à chair de main mais je ne vais pas du tout à tout que tu me les envoies je vais les acheter en sortant d'ici c'est vrai que changer l'eau des fleurs pour le coup c'est universel ça rencontre un succès et ça continue c'est ça qui est beau aussi dans mon parcours je crois c'est que mes livres ils continuent tous les jours encore c'est ce que me disent les libraires ma libraire des abbesse me dit tous les jours on rentre on me dit est-ce que vous avez celui-là de Valérie Perrin est-ce que vous avez celui-là et puis voilà, j'en ai fait que 4 je n'écris que 4 romans Mais c'est très rempli et c'est magnifique ce qui m'arrive. Je parlais du miracle dès le début. Ça, c'est un miracle. Quand tu écris une histoire universelle qui va être adaptée au cinéma, « Changer le défleur » par Jean-Pierre Jeunet. Super.

  • Speaker #2

    C'est Jeunet qui va le faire. Oui, c'est Jeunet qui va le faire.

  • Speaker #0

    C'est beau. C'est prêt. Je pense qu'ils vont le tourner l'année prochaine.

  • Speaker #2

    Après, ce que je trouve génial, c'est que tes livres sont hyper cinématographiques. C'est vraiment les oublis du dimanche. Moi, je l'ai lu. C'est vraiment du cinéma. Je dialogue beaucoup. Mais en fait, je pense que là, aussi, ton secret, c'est que tu atteins les gens qui lisent beaucoup comme les gens qui ne lisent pas trop. Ma tante, elle dévore tes livres. Elle a tous tes livres. Et moi qui lis très peu, je dévore tes livres aussi. Donc, en fait,

  • Speaker #0

    tu arrives à tout. Très accessible. Je sens que je viens du scénario et parce que je dialogue beaucoup et que dans mon esprit, je ne pense jamais en chapitre, mais en scène.

  • Speaker #3

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    voilà, c'est une manière d'écrire, même si je pense littéraire. C'est extrêmement dialogué. C'est très visuel. Et j'ai fait beaucoup de photos aussi. Et du coup, je suis une femme d'images.

  • Speaker #1

    Et on le sent parce que là, quand tu racontes un petit peu ce qui se passe dans « Changez-le des fleurs » ,

  • Speaker #3

    on se suit avec toi.

  • Speaker #1

    J'ai des images qui me reviennent de quand j'ai lu le livre. Je revois comme si j'avais vu un film.

  • Speaker #0

    C'est ce qui marche entre les tons.

  • Speaker #1

    On se fait tous, quand on lit un livre, nos propres images.

  • Speaker #0

    C'est ça qui est beau. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et là, en le disant ça, j'ai mes propres images qui me sont revenues

  • Speaker #2

    Et on peut faire un petit focus sur Troie. Alors du coup, comme on a parlé des autres trois aussi, ça a été un certain théâtre. Troie,

  • Speaker #0

    c'est l'histoire de trois amis d'enfance. Il y a toujours un fond de polard, de plus en plus en fait, dans l'écriture. Ce sont trois amis d'enfance qui se sont rencontrés en CM2. Deux garçons et une fille qui ne se sont jamais quittés, mais vraiment qui ont grandi ensemble, les trois doigts de la main. Et quand on est au présent, il y a un fait divers. On ressort une voiture d'un lac. dans lequel il y a un corps. Et à cause de cet événement, ils vont être obligés de se reparler. Mais ce qu'on va découvrir, nous, lecteurs, c'est pourquoi ces trois gosses, qui se sont tellement aimés, qui ont 40 ans aujourd'hui, pourquoi ils ne se parlent plus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et pareil, je remonte. C'est une quatrième personne, c'est une quatrième narratrice qui raconte l'histoire de ces trois-là qu'elle a très bien connue. Et puis, petit à petit, on va découvrir la vérité.

  • Speaker #2

    J'en ai des frères. Et alors, celui-là, jusqu'à la fin, il te tient mais il te tient C'est incroyable. Tu n'es pas là. Ah ben non.

  • Speaker #0

    Attends.

  • Speaker #2

    Non, non, mais par contre, ça, c'est vraiment le roman où tu peux faire des nuits blanches. C'est-à-dire qu'en fait, il faut trop que tu arrives, il faut trop que tu saches. C'est là où, justement, effectivement, il y a du suspense et du thriller.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Vraiment,

  • Speaker #2

    ça te maintient. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    J'aime bien construire des histoires où les gens se posent C'est Tata.

  • Speaker #2

    Ah ouais ?

  • Speaker #3

    On va découvrir ça !

  • Speaker #1

    Et l'idée de Tata, justement, comment elle vient ? Est-ce qu'on a le quatrième roman ? Comment est-ce qu'elle vient,

  • Speaker #0

    cette idée ? En fait, l'idée, elle naît un jour que je suis à la piscine de... Comment elle s'appelle cette piscine ? C'est une vieille piscine à l'île Adam, avec Claude, un dimanche après-midi. On fait toujours un pèlerinage là-bas. Une fois par an, on va se baigner là-bas. Et j'entends un petit garçon qui appelle sa tante. Tata ! Et là, ça me fracasse le cœur. Ça part de là. Mais c'était il y a très longtemps, c'est bien avant d'avoir écrit Troie, où j'étais en début du processus de Troie. J'ai besoin de penser longtemps à un roman avant de l'écrire. Donc, j'y pense pendant un an, deux ans. Ok, tata, c'est qui ? J'ai envie de parler de Guignol. Je veux fermer ma parenthèse bourguignonne parce que je voudrais après me déplacer mes romans plus dans le sud de la France, du côté de Marseille. Donc, je me dis, ça y est, il faut que je parle de Guignol, il faut que je parle de la ville, de toutes les colonies qui sont arrivées. Et donc, il y a eu... D'abord, les Algériens, après la guerre d'Algérie, ensuite les Polonais, les Portugais. Tous ces gens, on a tous grandi ensemble grâce à cette usine qui a embauché beaucoup, beaucoup de monde. Donc, je voulais parler de ça. Je voulais faire le portrait d'une femme. Je voulais absolument faire le portrait d'un cinéaste. Je voulais faire le portrait, un mélange de Claude Lelouch, mon mari, et de Jean-Pierre Jeunet. Tu vois, un petit garçon qui serait allé en vacances chez cette tante. Et puis, un dimanche, je me suis retrouvée chez Michel Legrand à la campagne. Et je rencontre Agnès Jaoui, que j'adore. Et je me dis...

  • Speaker #3

    Dans la même phrase, tu as deux noms de gens que j'adore. Ouais.

  • Speaker #0

    Et Agnès Jaoui, je me dis, mais Valérie, il ne faut pas du tout que ce soit un cinéaste, il faut que ce soit une cinéaste. Il faut que ce soit une femme qui parle de sa tante. Et parce que je vois Agnès, je décide d'ailleurs d'appeler ma narratrice Agnès et de me dire, il faut que ce soit une cinéaste, en fait. Et heureusement, mon Dieu, heureusement. Et là, j'ai construit tout au fur et à mesure, mais avec plein de... Je pars toujours sur des gros romans, ça c'est sûr. Je ne le fais pas exprès, mais c'est comme ça. Par contre, j'ai toujours des moments intenses. Il y a des moments qui sont très importants. Je pars sur trois, quatre moments qui vont être des révélations. Et puis, je construis au fur et à mesure. Et puis, ça dure longtemps. Je ne peux pas expliquer.

  • Speaker #2

    Et tu t'enfermes. Tu pars à la campagne, tu t'enfermes. Il faut vraiment que tu aies des règles.

  • Speaker #0

    Je ne pars pas à la campagne, forcément. Mais en tout cas, je m'enferme et j'écris.

  • Speaker #3

    C'est quoi ta routine ?

  • Speaker #0

    Deux ans et demi, trois ans d'écriture tous les jours.

  • Speaker #3

    Mais c'est genre quatre heures du matin.

  • Speaker #0

    Je dirais environ 9h-13h, mais tous les jours.

  • Speaker #3

    C'est une discipline ou pas ? À peu près. Ou un besoin ?

  • Speaker #0

    C'est comme ça. De toute façon, il faut que j'aille.

  • Speaker #3

    Parce qu'il y a des jours où, pour moi, il y a une vraie différence entre la discipline et la fulgurance, entre guillemets. La discipline, c'est que parfois, tu n'as pas envie, mais tu vas quand même le faire. Je n'ai pas envie. Donc, c'est de la discipline.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline. Et pour celui-là, pour la première fois, sur les quatre, je le rouvrais à 18h et je me remettais à écrire le soir.

  • Speaker #3

    La discipline, c'est vraiment la liberté, pour le coup. On arrive au bout de rien sans l'étiqueline. Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #2

    Parce que tu n'écris pas le soir ?

  • Speaker #0

    Non, je n'écrivais pas, mais le soir, je l'écrivais. De 18h à 20h, je relisais.

  • Speaker #1

    En fait, c'est 9h, 13h. En gros. 18h, 19h.

  • Speaker #0

    Pendant 3-4 ans. Là, pendant deux grosses années et demie.

  • Speaker #1

    C'est juste parce que les gens, je pense qu'ils ne se rendent pas compte de la masse de travail.

  • Speaker #0

    Pendant deux ans et demie, tu vis. Tu parles, tu t'occupes, mais en vrai, tu es ailleurs quand même, tu es dans un autre monde.

  • Speaker #3

    Mais c'est vrai pour la musique, pour un film, pour une série. Vous êtes comédienne, vous le savez aussi, c'est-à-dire que d'un texte, il t'accompagne pendant des années. Tu travailles longtemps dessus, tu le tournes, tu le montes. La musique, les chansons, elles te viennent, tu as des petites briques, tu travailles dessus. Les musiciens, ils ont consacré leur vie à leur instrument, plusieurs heures par jour, pendant des années. Les gens ne se rendent jamais compte de ça, en fait. Quand tu vas voir un mec sur scène, en fait, sa guitare... C'est facile parce qu'il a passé 3 millions d'heures dessus. Là où les gens vont dans des fêtes, ils ont le temps de se prendre des cuites, lui, il ne fait pas ça. Lui, il travaille son instrument. C'est tout ce qu'on met dans un instrument, dans un roman, dans un sport. C'est tout ça qui est bouleversant.

  • Speaker #0

    Quand on est gosse, on tennis, on foot à 14 ans et tous les copains commencent. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que...

  • Speaker #3

    Que ça te décroche.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #3

    C'est à l'eau de l'Espence.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #3

    oui. C'est le plus dur. C'est là où tu es éprouvé, en fait. Oui, oui. Qu'est-ce que tu fais vraiment ?

  • Speaker #0

    On a des petits copains. Tout le monde commence à faire des fêtes et toi,

  • Speaker #3

    tu es à l'entraînement.

  • Speaker #0

    Avec ton coach.

  • Speaker #2

    Et toi, Karine, ton processus de création, c'est quoi pour la musique ?

  • Speaker #3

    C'est du même ordre. C'est rigolo parce que là, je travaille sur le deuxième album. Je m'étais fait la promesse de ne pas arriver avec un premier album qui soit un album de reprise. Je ne me suis pas du tout écoutée. Est-ce que mon premier album est consacré à Nina Simone ?

  • Speaker #1

    Il est incroyable.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup. Alors, c'est rigolo parce que, tu vois, moi, j'étais dans une position particulière, c'est-à-dire que autodidacte journaliste. et chanteuse illégitime évidemment parce que jamais personne ne savait vraiment que je chantais j'ai toujours chanté, je faisais des clubs de jazz mais je n'en parlais pas et puis surtout je deviens chanteuse entre guillemets professionnelle en tout cas publiquement après avoir été connue comme journaliste donc tout le monde se dit c'est impossible qu'elle sache chanter celle-là c'est une blague quoi,

  • Speaker #2

    c'est pas possible et puis on t'a catalogué journaliste journaliste,

  • Speaker #3

    femme de qui chante Nina Simone quelle folie en fait.

  • Speaker #1

    Elle a présenté le turbo.

  • Speaker #3

    Vraiment, il n'y a rien qui allait. Rien ne va dans le CV. Rien ne va. Il faut cocher toutes les cases. Toutes celles-là, normalement, c'est disqualifiant. Ça ne passe pas. Et en fait, ce qui était... Avant de répondre au processus de création, ce qui était amusant, c'était justement d'aller à la bagarre entre guillemets. Je ne suis pas du tout compétitrice. Moi, je ne suis pas comme ça. En revanche, je m'aperçois que j'aime vraiment bien la bagarre. Et que finalement, quand tu es une femme et que tu es une femme noire, personne ne t'attend. Tu n'as jamais rien à perdre en réalité. Donc autant courir le plus de risques possible. Je m'entends quand je dis ça. Autant réaliser tes rêves. Parce que de toute façon, ils ne se réaliseront pas tout seuls. Et qu'on ne t'ouvrira pas les portes. Donc il faut que tu fasses exactement ce que tu veux faire. Et ça m'a toujours guidée. Alors pour revenir sur l'histoire de ton roman, qui m'a fait penser justement à ce premier album. Donc, ce premier album, il a été... C'est Dominique Fillon, qui est un vieux copain, qui est pianiste de jazz, que j'ai rencontré depuis 20 ans. C'est avec lui, d'ailleurs, que je suis montée sur... C'était une toute petite scène, un cave-conce dans le 18e, que j'ai chanté pour la première fois. Et il me dit, écoute, j'aimerais vraiment faire un album hommage à Nina Simone avec toi. Et on commence à bosser sur ce projet-là. Et puis, je vous fais vraiment long story short. Donc, on va directement au producteur qu'on rencontre. Et ce producteur, il avait dit à des gens, avant de venir écouter les maquettes... Bon, franchement, je me suis mis dans un bourbier, une vedette de la télévision qui chante Nina Simone. Enfin, quel enfer ! Je dois aller écouter les maquettes, je vais leur dire, écoutez, refaites-moi ça en si bémol, et puis ça, changez-moi ça en amineur, et puis je les reverrai dans six mois ou je les reverrai jamais. Donc il était arrivé dans cet état d'esprit quand il est venu écouter les maquettes. Il y avait neuf chansons qu'on avait maquettées. Donc les trois premières, la troisième, je vois qu'il commence à me regarder. La quatrième, il commence à se tourner, il était sur un siège qui tournait, donc c'est vraiment une image qui me reste. Et à la fin, à la neuvième chanson, il était complètement face à moi. Il m'a dit « Ah ben d'accord, mais je n'avais pas du tout compris en fait. C'est complètement abouti, c'est vachement bien. Bon, on va le produire. » Et en fait, on n'a pas eu à faire le tour de la maison de disques parce que justement, il l'a produit tout de suite. Mais après, ça a été le début d'autre chose. Parce qu'il fallait aussi qu'on soit bien accueilli par les festivals, par les médias jazz. Enfin voilà, c'était toute une aventure. Donc mes équipes, elles ont dû faire des écoutes à l'aveugle pour qu'on ne sache pas du tout qu'il s'agissait de moi et qu'il n'y ait pas de présupposés, parce qu'il y avait vraiment... deux réactions différentes. Ceux qui savaient, qui avant même d'écouter, disaient « c'est pas trois patins, un canard, franchement » . Et ceux qui ne savaient pas, « c'est génial, c'est incroyable, c'est qui cette chanteuse ? » Donc voilà, il fallait trouver son chemin dans tout ça. Et ce qui est très heureux, c'est que le jazz étant une musique très ouverte, très curieuse, protéiforme, parce qu'il y a plein de courants dans le jazz, j'ai vraiment bénéficié de ça. C'est-à-dire que les gens du jazz ont cette curiosité et se sont dit « ah ouais, t'as toqué à la porte ? » t'as des trucs à raconter bon allez on va voir ce que t'as à me rendre et c'est ce qui s'est passé ils sont vraiment venus en toute sincérité écouter et puis finalement j'ai réussi à les convaincre et ils m'ont accueilli donc ça c'est chouette et ce qui est amusant c'est que du coup j'abordais le deuxième album en me disant bah ça va être facile j'écris depuis super longtemps j'ai des chansons qui ont 15 ans 20 ans 25 ans j'ai qu'à ouvrir les tiroirs et en fait c'est pas du tout ça Parce que je ne suis pas du tout celle que j'étais avant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais te dire.

  • Speaker #3

    Je n'ai pas du tout envie de raconter. Je n'ai plus du tout envie de chanter ça. Je ne suis plus du tout la même personne. Il y a tellement d'épreuves que je n'avais pas traversées. Il y a plein de larmes que je n'avais pas versées. Il y a plein de choses que je n'avais pas comprises. Il y a des douleurs fondatrices que je n'avais pas expérimentées. Des bonheurs essentiels que je n'avais pas ressentis. Donc, évidemment, je repars de zéro. Il y a peut-être une ou deux chansons d'avant. qui vont survivre. Mais ce n'est pas du tout là-dedans que je vais me servir aujourd'hui. C'est vrai que j'ai plein d'autres choses à raconter. Et c'est très marrant parce que moi, je suis souvent réveillée dans la nuit par des mélodies. Donc parfois, sur mon dictaphone, il y a plein de...

  • Speaker #2

    Avec ton mari qui est dingue !

  • Speaker #3

    Donc j'ai mes forces ensuite à re-rechanter bien. Et puis parfois, j'ai tellement la flemme parce que le sommeil est tellement bon que je me dis, ça reviendra après. Et puis ça vient me chercher dans la journée. Et quand la mélodie revient plusieurs fois, Sur plusieurs semaines, je me dis « Ah, elle a un truc, alors que je la retiens, sinon ça disparaît, ça revient jamais. » Un peu comme un rêve, on essaie de l'accrocher et puis on n'arrive plus à le saisir. Donc il y a de ça, il y a des chansons que je mets très longtemps à maqueter moi-même, parce que je passe d'abord par la phase de mes propres maquettes avant de travailler avec des musiciens, parce que je la laisse mûrir, je la laisse grandir et je trouve ça très agréable de voir le plaisir que je peux encore avoir avant de l'enregistrer, à la chanter avant même. qu'elle existe, on me dit « Ah ouais, elle est bien celle-là, et puis j'attends encore. » Enfin voilà, donc c'est très long et puis c'est toujours... À la fois c'est long et puis parfois c'est très rapide quand sur l'album Nina, il y a des interludes que j'ai écrits pour moi il y avait Dans les cultures afro, l'invisible est très important. Il est très présent, en fait. En tout cas, culturellement, on accorde beaucoup de sens à tout ce qu'on ne voit pas et qui a pu exister, qui existe encore, pour nous, en tout cas. Et pour moi, Nina Simone, même si elle n'était plus, elle n'est plus parmi nous, mais c'était important que je me présente à elle et que je lui demande l'autorisation de chanter ses chansons. Ce que j'ai fait. Et que j'appelle... Alors, chez nous, on dit Tati, on dit pas Tata, on dit Tati. Donc, c'est Tati Nina. Voilà, et donc, je l'appelle Tati. Et quelques fois, d'ailleurs, c'est rigolo, on appelle ça des manifestations. Alors, les plus cartésiens disent, oh, n'importe quoi, c'est un hasard. Mais on choisit de l'interpréter. Et on a fait... On est pris dans l'invisible. Voilà. Et au Sunside, où j'ai fait trois concerts en octobre, en septembre dernier, l'année dernière, en 2023, il y a des portraits, il y avait des portraits d'artistes, de tous les grands du jazz. Et il y avait un portrait, donc, de Nina Simone. et quand on faisait les répétitions. on venait d'arriver, il y a un portrait qui est tombé celui de Nina donc on s'est tous arrêtés en disant putain, Tati est là donc précautionneusement j'ai cherché son je lui ai parlé, j'ai dit bon j'espère ça va, ça te convient ok bon on continue et quand j'ai écrit les interludes qui étaient vraiment sur elle en fait, j'avais envie de l'éclairer autrement, de parler d'elle, de contextualiser un peu les chansons, c'est venu très simplement et très rapidement alors est-ce que c'est Euh... de la méditation, de la connexion, je n'en sais rien. Je ne sais pas comment expliquer l'inspiration. Je ne sais pas si ça s'explique, en fait. Parfois, il y a des choses qui viennent de très loin et puis parfois, c'est évident et c'est un robinet, en fait. Donc, je ne sais pas. C'est le processus de création. Pour moi, tout est bon à prendre. Autant ce qui m'arrive dans la nuit qu'un bout de chose. Parfois, j'entends au loin quelque chose qui n'est pas du tout la chanson qui passe, mais j'entends autre chose et ça donne naissance à quelque chose. Je ne sais pas comment dire, c'est comme cuisiner et se dire, faire des plats qui n'existent pas. En disant, tiens, aujourd'hui j'ai envie de manger, ça il y a des champignons, je vais faire tel truc. Ça n'existe pas, mais vous suivez quelque chose qui est là.

  • Speaker #2

    Ou alors tu dis, tiens, je vais faire des champignons, et puis tu as encore quelqu'un qui parle d'asperges.

  • Speaker #3

    Tu dis, ah tiens, j'ai des asperges. En fait,

  • Speaker #2

    c'est la connexion à tout ce qui est autour de toi.

  • Speaker #3

    Et il y a l'expo qui va ouvrir sur le surréalisme. à Pompidou et c'était intéressant parce que j'avais jamais eu une lecture, elle est vraiment très très très très dense, cette expo je vous la recommande mais elle est vraiment dense et il y a aussi cette part-là dans l'expression du surréalisme, le lien avec le rêve, le lien avec l'invisible, avec toutes ces choses qui sont a priori complètement confuses, qui ne sont pas du tout homogènes mais dont émerge quelque chose d'absolument merveilleux et le surréalisme je trouve finalement, je crois qu'il représente bien ce qu'est l'inspiration. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #2

    Non,

  • Speaker #1

    mais surtout, c'est super intéressant parce que tu nous as dit juste avant, sans discipline, il ne se passe rien. En fait, comment tu l'imbraces, l'discipline ?

  • Speaker #3

    Parce qu'en fait, la discipline...

  • Speaker #0

    Tu dis la discipline, c'est la liberté.

  • Speaker #3

    Oui, la discipline, c'est la liberté. Parce qu'il faut... On n'atteint pas d'objectif sans discipline. C'est impossible de se réaliser sans discipline parce qu'il faut travailler, il faut s'améliorer. Tu ne mets pas seulement deux ans à écrire un bouquin. C'est ce que tu écris, puis tu n'es pas satisfaite. Puis tu réécris. Et puis tu trouves qu'on ne comprend pas assez bien. Donc tu réécris jusqu'à ce qu'on arrive à quelque chose, à une essence, une substance. Mais il faut travailler pour ça. Donc si elle se dit, tiens, comme un régime, là aujourd'hui j'arrête le sucre, et puis demain, ça va, je vais reprendre le régime demain. On ne les perd pas les trois kilos. Jamais on ne les perd. On ne les perd que si on a de la discipline. On gagne en... excellence que si on a de la discipline, que si on travaille, qu'on retravaille. Quand on voit les sportifs, c'est tellement simple, ou les artistes, les chanteurs, on a l'impression qu'ils se réveillent le matin et qu'ils le font. C'est parce que justement, quand ils se réveillent le matin, ils le font tous les jours. Qu'à un moment, ça a l'air facile et que chacun pense qu'il peut le faire. Puis c'est quand on s'y frotte qu'on se rend compte que c'est pas du tout comme ça. C'est des milliers et des milliers et des milliers d'heures. Et c'est ce que j'ai... Ce qui a pu m'aider, c'est qu'en effet, comme je travaille la musique depuis très longtemps et que je chante depuis très longtemps, j'ai eu un parcours très compliqué, mais assez banal pour un artiste. Il y a eu plein de rendez-vous manqués. J'aurais dû sortir mon premier album en 2003, donc il y a plus de 20 ans. Et puis ça ne s'est pas fait. Et puis des promesses sont tenues. Et puis des mésaventures. Enfin bon, bref, vraiment un parcours d'artiste assez banal. En revanche, je suis restée très entêtée. Mais dans mon entêtement, j'ai toujours travaillé avec beaucoup de discipline. Et quand, ces dernières années, je trouvais que les choses ne bougeaient pas, je me disais, OK, pour que ça change, il faut que tu changes les choses. Donc, il faut que tu te mettes en mouvement tout le temps. Tous les matins, je me réveillais, je faisais des bavilles musculaires, je prévoyais ma journée, etc. De la discipline, sinon ça ne bouge pas. Il ne se passe rien. On ne s'améliore pas. On ne grandit pas. Et on n'aboutit rien sans discipline. Ou alors, on est soumis aux opportunités. Mais alors, ça, c'est aléatoire. Ça marche ou ça ne marche pas. On a eu de la chance. super et puis après Si en fait, on ne peut pas keep up avec la discipline, ça ne fonctionnera pas durablement. Donc, il faut de la discipline. on ne sortira pas de ça Ça ne marche pas autrement.

  • Speaker #2

    Et là, toi Valérie, tu te laisses combien de temps sans discipline ? C'est-à-dire que là, ton roman va sortir. Est-ce que tu es déjà programmée sur le cinquième ?

  • Speaker #3

    Là, je suis avec une chute. Mais normalement, je vais en écrire. Celle que vous voyez là, moi, Valérie Perrin.

  • Speaker #0

    Un an et demi que je prépare le prochain, mais dans ma tête. Et puis là, la discipline, c'est que je passe mes journées entières avec les attachés de presse province, attachés de presse Paris, les libraires, pour prévoir tout ce qui va se passer d'ici la fin de l'année. Donc, je ne l'arrête pas.

  • Speaker #2

    Mais tu as déjà dans ta tête le cinquième.

  • Speaker #0

    Il faut être disponible pour écrire. Comment je suis disponible d'ici la fin de l'année ? C'est impossible, ça me fait toujours rire quand je le dis. Il faut écrire. Non, parce que monsieur, madame, si je suis là, devant vous, en train de signer,

  • Speaker #3

    je ne décolle pas. Ben non. Ben oui.

  • Speaker #0

    Il faut avoir fini. Et là, tu as écrit l'année prochaine.

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Mais tu sais déjà où tu vas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as des...

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'ai tout. Ça, c'est génial. Par contre, j'aimerais beaucoup adapter Les Oublies du Dimanche au théâtre.

  • Speaker #2

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Donc, je voudrais... Faire ça avant d'attaquer le cinquième roman. Ouais.

  • Speaker #2

    Est-ce que pour le changer l'eau des fleurs en film, est-ce que tu vas le scénariser comme tes scénaristes aussi ? Ou est-ce que tu délivres ?

  • Speaker #0

    Non, une fois que j'ai cédé les droits, je ne veux plus m'en mêler. Après, je suis extrêmement proche de Jean-Pierre. Donc, il peut m'appeler s'il a une question. C'est fini, il a fini d'écrire. Mais s'il avait une question par rapport à tel personnage, il m'appelait. C'est beaucoup plus simple. Et quand il a terminé son travail, il l'a refait dialoguer par Guillaume Laurent, qui est son scénariste de toujours, même avant Amélie Poulain, qui est un super scénariste. Mais de toute façon, c'est ce qu'il me dit, je ne vais pas aller chercher ce qui n'existe pas, puisque tout existe dans le roman. Donc c'est quand même très proche du roman. Après, c'est un gros roman, il faut le transformer en deux heures et quart, deux heures et demie, grand maximum, parce que c'est pour le cinéma. Donc il faut raccourcir, il faut faire des choix. Mais en gros, c'est déjà très dialogué, c'est déjà très visuel.

  • Speaker #2

    Donc je pense qu'il a tout.

  • Speaker #0

    Après, il amène son univers, sa patte, il amène autre chose. Il développe un des personnages qui est Julien Seul. C'est un flic qui débarque dans ce cimetière, justement. Et c'est par lui, d'ailleurs, que la vérité va éclater. Parce que sa maman... veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler. Il y a toujours l'histoire de cimetière chez moi. C'est une obsession chez moi. Sa maman veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler alors que sa maman était mariée.

  • Speaker #3

    Donc,

  • Speaker #0

    il vient frapper à la porte de cette femme pour comprendre. Et en frappant à la porte de cette femme, une fois de plus, il va tout découvrir. Pourquoi ? Je n'en dirai pas plus. Pourquoi elle est là ? Pourquoi son mari est parti il y a très longtemps ? Je suis extrêmement fascinée par l'adoption, par les liens du sang et pas les liens du sang. par les cimetières, par les secrets et aussi par tout ce qui est caché derrière. Je pense que derrière chaque individu, il y a un roman, il y a une histoire. Et je pense qu'il est très, très bon pour chacun d'avoir un jardin secret. Toute vérité n'est pas bonne à dire. On va en sortir.

  • Speaker #3

    Sur les cimetières, ça me rappelle un de mes grands fourris avec une amie qui venait de perdre son papa. Sa mère était morte quelques années plus tôt. Son père, c'était... pas vraiment remarié, mais enfin, il était avec quelqu'un d'autre. Et il meurt. Et donc, sa nouvelle compagne voulait qu'il soit enterré dans le caveau de sa famille à elle. Et ma pote m'appelle et me dit, mais c'est pas possible. Il connaît personne. Et on est partis dans un moment de grande tristesse. On est partis dans un frire. C'est souvent comme ça. tu te dis mais il est mort et en même temps je comprends qu'on ne pense qu'elle veut dire il faut qu'il soit enterré avec maman ça lui fait quoi elle ? on entend dans des grandes discussions mais c'était très très beau le il ne connait personne dans ce cimetière je comprends qu'on peut avoir une fascination d'ailleurs aux Antilles, en particulier en Guadeloupe les cimetières sont très particuliers je ne sais pas, t'es déjà venue en Guadeloupe ? il y a notamment celui de Mornalot qui est d'ailleurs un site touristique Pas comme le père Lachaise, parce qu'il y a des gens connus qui l'ont enterré, mais parce qu'il est vraiment très beau. Ce sont des mini-maisons, en fait, c'est des petites chapelles en damier sur un morne, d'ailleurs un morne à l'eau. Et les cimetières aux Antilles, très souvent, donnent sur la mer. Je te montrerai des photos, parce que c'est vraiment, ça semble bizarre. Ils sont carrelés aussi. Ils sont carrelés, noirs et blancs. Eh bien voilà, c'est pareil. Et c'est vraiment très spécifique. Et celui de Morne à l'eau en particulier,

  • Speaker #2

    il est ouf.

  • Speaker #3

    Dans les Antilles. Ah ouais.

  • Speaker #0

    Et il y a des Ausha aussi dans les cimetières.

  • Speaker #3

    Ah ça, je ne sais pas. Pour chez nous, c'est peut-être plus des chiens, parce qu'il n'y a pas beaucoup. Je ne sais pas, d'ailleurs, je dis ça, je n'en sais rien. Chez nous,

  • Speaker #0

    en France, il y a beaucoup de chiens.

  • Speaker #3

    Oui, il y a beaucoup de chiens, mais on ne vous en dit pas spécialement. Mais c'est vraiment les cimetières qui sont très particuliers. Et là, Toussaint, on les illumine, c'est extraordinaire. C'est des grands moments de joie et un peu de peine, mais c'est surtout des moments de joie. Alors, ça disparaît de plus en plus avec les maisons funéraires, etc. Mais pendant longtemps, comme ça se pratiquait ici, d'ailleurs, il y a longtemps, mais on a continué à le faire aux Antilles aussi. C'était les veillées. Donc, il accompagnait autant celui qui partait que ceux qui restent. Moi, ce sont des moments qui font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance et d'adolescence, d'ailleurs, où toute la famille se retrouve et on est pendant deux, trois jours ensemble, matin, midi, soir, nuit. Et on mange, on rigole, on se remémore des souvenirs avec le mort et on pleure. Et puis, finalement, on repart sur des plaisanteries. Enfin, vraiment, il y a toujours des choses très heureuses dans ces moments de passage aussi qui nous rappellent notre dimension éphémère. Tout à fait. Et à quel point est-ce qu'il faut qu'on profite et le respect qu'on se doit les uns aux autres.

  • Speaker #2

    Et c'est là que Valérie arrive, mais deux,

  • Speaker #3

    trois mensonges.

  • Speaker #2

    Là-dedans, et là,

  • Speaker #3

    on est à paix. Mais c'est ça. Et à la fois, on n'est jamais aussi proche de l'éternité que lorsqu'on entoure les morts, en fait. Donc, je trouve ça triste qu'on perde ces traditions-là parce qu'elles sont importantes pour les vivants. Et à balayer la mort comme on le fait, notamment dans les sociétés occidentales, où en fait, à la fois, on idéalise la mort parce qu'on est quand même dans une culture de la mort. dans les séries, dans les trucs, elle est omniprésente en fait. Mais la mort réelle, quand elle nous touche, on l'évacue. Et c'est à soi qu'il faut qu'on soit confrontés. Notre vrai moment d'humilité, il est là en fait. Et à chaque fois qu'on perd quelqu'un, c'est extrêmement choqué, alors que c'est la vie de mourir aussi. Et dans ces cultures afro, on a quand même cette conscience très concrète de la mort. Et d'ailleurs, vous avez toujours quelqu'un qui, un peu avant que quelqu'un parte, vous dise « j'ai rêvé d'elle » . Elle ne va pas tarder à partir. Elle toujours aura un truc, une connexion qui nous rappelle ça. Donc, j'en profite de ça.

  • Speaker #2

    Moi, j'avais une petite question de femme et de carrière, comme c'est notre thème. Est-ce que, parce que vous êtes toutes les deux avec une personnalité connue, est-ce que c'est facile et vous avez toutes les deux une carrière à part entière, est-ce que c'est quelque chose avec laquelle on vous embête, ça fait rebond ou on vous laisse tranquille par rapport à ça ?

  • Speaker #3

    Je commence. Alors déjà, quand on est avec quelqu'un de connu, il faut avoir vraiment les pieds sur terre, il faut être bien dans sa peau. Parce que ce dont généralement les gens ne se rendent pas compte, c'est que vous disparaissez. Ça, c'est le premier truc. C'est-à-dire que n'importe où vous arrivez, dans la rue, partout, les gens se jettent sur la personnalité connue. Souvent, on vous pousse ou on vous met un téléphone portable. Non, tu peux. Tu peux faire la photo. Il n'y a pas eu bonjour avant. On ne vous a même pas regardé. On ne vous a pas considéré. Moi, pendant très longtemps, on vous écrase les pieds. On ne vous voit pas. Les gens ne se souviennent jamais de votre prénom. Ah oui, Caroline. Ah oui, non, pardon. Corinne. Ah oui, non, pardon. Catherine. Non, Karine. Oh, Catherine. Puis à la fin, souvent, on me disait, dans les endroits où je pouvais me retrouver avec Lilian, mais alors, que faites-vous de votre vie ? À part accompagner cet homme absolument merveilleux, c'était le moment où je me suis dit que je suis journaliste et que je commentais un JT national sur M6. Et où les gens se décomposent parce qu'ils avaient passé la soirée à faire en sorte que surtout je ne parle pas en se disant la pauvre, elle doit être tellement stupide comme elle est avec un footballeur. Donc forcément, évitons-lui, épargnons-lui une humiliation, nous coupons la parole à chaque fois qu'elle parle. Donc ça c'est quand même très concret, quand vous êtes avec quelqu'un de connu et qui en plus déchaîne les passions comme ça, vous disparaissez. On ne s'intéresse absolument pas à vous. On ne vous garde pas de place. Et puis, on vous affûle de tous les mots possibles, de tous les vices possibles. Vous êtes intéressé, vous êtes ci, vous êtes ça. Enfin bon, bref, vous n'existez pas. Donc ça, c'est le premier truc. Donc, on ne se construit pas très bien comme ça. Et c'est vrai d'ailleurs que moi, j'ai eu beaucoup d'affection, même de tendresse pour les femmes d'eux, qui en plus, très souvent, n'ont pas forcément, parce que ce n'est pas possible. Quand, je ne sais pas, vous êtes avec quelqu'un qui voyage beaucoup, vous ne pouvez pas avoir une activité professionnelle ? solide parce que vous devez tout le temps déménager, vous devez tout le temps partir. Et ces femmes-là, je trouve qu'on ne mesure pas à quel point est-ce que il faut un vrai tempérament pour supporter d'être tout le temps dans l'ombre de quelqu'un et qu'en plus, très souvent, les gens, ils sont méchants, mais malgré eux. Il y a deux jours, je croise quelqu'un, on allait, je ne suis plus à la Philharmonie, un truc comme ça, il n'y a pas que les gens se jettent sur l'île et on commence à parler. Il y a quelqu'un qui me dit, excusez-moi, je ne vous ai pas salué. mais monsieur quand même c'est quand même monsieur C'est-à-dire que... On s'en fout en fait, c'est pas grave de pas me dire. Vous êtes rien, vous êtes de la merde en fait, puisque vous, on sait pas qui vous êtes, et que lui, quand même, c'est quelqu'un. donc vous vous prenez ça toute la journée

  • Speaker #0

    C'est ça la réalité d'être le plus un de quelqu'un de connu. Moi, ma chance, et c'est aussi la tienne, ma chance, c'est que j'avais une carrière bien avant d'être avec Lilian. Je présentais déjà le JT bien avant d'être avec Lilian. J'étais déjà celle que je suis avant de le connaître. Je ne lui dois pas ma carrière professionnelle en tant que journaliste. Et puis ensuite, quand vous êtes une femme d'eux et que vous vous lancez dans une discipline artistique, quelle qu'elle soit, on se dit, bien sûr, comme c'est la femme d'eux, c'est plus facile pour elle. Alors que pas du tout. Là encore, justement, tout le monde entend ça, que c'est plus facile pour vous, donc vous n'avez pas besoin d'aide puisque vous êtes déjà backuppé par quelqu'un d'autre. Donc, ce n'est pas moi qui vais vous aider puisque quelqu'un d'autre vous aide alors que personne ne vous aide. Au contraire, vous y allez avec les rames et puis on ne vous facilite pas la tâche, justement parce que vous êtes une femme d'eux. Il y a plein d'endroits où on ne m'a pas reçu. Je le dis, mais je n'ai aucune amertume du tout par rapport à ça. Mais il y a plein de médias qui n'ont pas parlé parce que je suis journaliste, parce que je suis femme d'eux. en se disant, ça va, c'est bon, on ne va pas en plus... Donc, oui, c'est ça. Donc, ce n'est pas du tout un avantage. Bien au contraire. Et puis, parce que vous avez aussi tous les ennemis de la personne avec qui vous êtes qui vont s'évertuer à vous mettre des bâtons dans les roues. Et puis, tous ceux qui éventuellement pourraient vous aider, ils n'ont pas spécialement envie de porter la charge de la suspicion de copinage. Parce qu'il faut assumer après de dire, oui, je l'ai aidé parce que c'est la femme de machin, que c'est un copain que j'aime bien. Non, ça ne marche pas, en fait. donc vous devez de toute façon vous battre et probablement encore plus, et je comprends que ce soit contre-intuitif, parce que sur le papier, on peut se dire que c'est plus facile comme être fils d'eux, comme être machin, mais ça n'est pas le cas. C'est complètement faux. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être, je pense, les filles ou fils d'eux ont peut-être plus l'opportunité de rencontrer les bonnes personnes, mais si tu n'assures pas, tu n'es pas meilleur encore que les autres.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça ne sert à rien. Moi, c'est très particulier, ça fait 18 ans, donc moi, très longtemps... très longtemps dans l'ombre de Claude. Puis alors moi, là, les filles, je suis maquillée, je suis habillée, mais en vrai, dans la vie, je suis à moitié en pyjama jour et nuit, jamais maquillée, jamais coiffée. Donc, on m'écrasait les pieds. Il y a deux, trois personnes tout de suite qui savaient qui j'étais. Bonjour Valérie, comment ça va ? Tu les repères, tu vois, tout de suite. Moi, je m'en foutais complètement. Et ça m'a bien fait rigoler parce que j'ai repris une scène que j'ai vécue, moi, dans Tata. Tu vois, je parle en scène, jamais en chapitre. Je me suis retrouvée à la table des enfants en Corse. Je ne dirai jamais chez qui. Chaque lémone au bout de la table, parce qu'il ne savait pas du tout quoi faire de moi.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux. Pour aller dans ce que tu dis, je suis devenue amie avec quelques femmes d'eux, justement, parce que parfois, en arrivant, en fait, tu as une huée comme ça qui emporte. Les personnes les plus connues. Et nous, on reste derrière. Et donc, on se retrouve en disant, bon, ben voilà, les doux connasses. Vous vous pliez. Salut, moi, je m'appelle Carine. Moi, c'est Véronique. On va passer la soirée ensemble, je crois. Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des supersores.

  • Speaker #0

    Et tu passes des supersores. Les oublier, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, c'est en train de complètement switcher. C'est le contraire. C'est-à-dire que... Il y a plein de gens qui me lisent, mais ils ne m'ont pas encore identifié. En revanche, ils savent que Valérie Perrin, c'est l'épouse de Claude Lelouch. Du coup, ils reconnaissent Claude.

  • Speaker #0

    Et cher Valérie ! Voilà.

  • Speaker #1

    Pour me dire des choses merveilleusement gentilles. Donc, tu vois, c'est drôle comme la vieille chambre.

  • Speaker #0

    Oui, et Lilian, il a ça aussi de plus en plus. Donc, maintenant, c'est le père de ses fils. Ah, vous êtes le papa de Marcus ! Ah, vous êtes le papa de Victor ! Il est le père d'eux ! Exactement, il est le père d'eux. et on lui dit ah vous êtes le mari de la chanteuse donc voilà la dernière fois On m'a dit, je suis le mari de la chanteuse. J'étais super contente.

  • Speaker #1

    Et Claude, il dit, maintenant, je vais m'appeler Claude Perrin. Je ne sais pas pourquoi, mais je le trouve génial. Il le dit tout le temps. C'est drôle.

  • Speaker #0

    Oui, bien. Mais ça suppose, voilà, de ne pas avoir de problème d'ego. Enfin, en tout cas, de régler son ego. Moi, j'ai appris de ça aussi. Oui, c'est bien. C'est très,

  • Speaker #1

    très bien.

  • Speaker #0

    Reste à ta place. Moi,

  • Speaker #1

    je trouve ça super bien.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a des compétitions.

  • Speaker #1

    Ça donne des bonnes leçons.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Il y a des compétitions dans lesquelles tu ne rentres pas. Les grandes émotions qu'on va ressentir, c'est quoi ? Un mariage, une naissance, tout ça. Et puis, la victoire d'un pays en équipe de France, de l'équipe de France. Tu ne peux pas, à aucun moment de ce que moi, j'ai pu produire, je peux rentrer en compétition avec ça. Donc, il n'y a pas de compétition à avoir. Il faut savoir rester à sa place. Tu ravales ta salive quand les gens vraiment sont désagréables et extrêmement, même méchants parfois. Mais tu apprends à rester à ta place. Et en tout cas, pour moi, ça a été une bonne discipline. parce que c'est une discipline de savoir... rester à sa place, de ne pas être en compétition, de ne pas absolument chercher la lumière quand il n'y a aucune raison, en fait, qu'on soit devant. Et en plus,

  • Speaker #1

    vous menez vos carrières.

  • Speaker #0

    Exactement. Nickel. Et vous êtes juste... Et épanouie, et très heureuse de faire nos trucs.

  • Speaker #2

    Vous êtes même plutôt dans la lumière, on va dire, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, oui, mais parce que tu développes toi, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Déjà, je n'ai aucun rapprochement entre Valérie Perrin, l'autre, et Claude Lelouch, le cinéaste. Et moi, pour le coup, je lui dois quand même beaucoup. Parce que d'abord, j'aurais quand même écrit, même si je n'avais pas rencontré Claude. Cependant, je pense que ça a accéléré, ça a vraiment accéléré les choses, le fait que je travaille avec lui. et que je fasse cette école de cinéma qui est particulière avec lui. Donc, j'ai vachement pris de... Et puis, je lui ai beaucoup pris dans Tata. Je parle quand même de ce qui est... Je n'ai jamais fait un film de ma vie. Et pourtant, je parle d'une réalisatrice. J'explique tout le processus de création. J'explique qu'est-ce que c'est qu'être sur un plateau. Comment je travaille avec mes assistants. Je n'ai jamais fait ça de ma vie. Mais j'ai tellement pris de clones de cet homme génial que du coup, moi, ça m'a beaucoup apporté dans mon travail.

  • Speaker #0

    Alors moi, effectivement, Lilian m'a beaucoup apporté aussi, parce qu'il m'a obligée, pendant très longtemps, j'étais d'une pudeur totale, grande pudeur vocale. C'était très difficile pour moi de monter sur scène. Je faisais des concerts, mais j'étais alertée plusieurs mois avant. J'avais le temps de me préparer, de me préparer psychologiquement. Deux jours avant, je ne dormais plus. La veille, je ne mangeais plus. Je partais en me disant, bon, quand je vais revenir demain, ce sera terminé. Je l'aurais fait. C'était vraiment horrible. Et il m'a confrontée en fait, vraiment, il m'a mise dans des conditions. pour m'obliger à sortir de ça. C'était sympa sous sa casse. Et notamment, je pense à une fois, on va dans un club de jazz où on va juste écouter de la musique. Et je trouve que dans ce club, tout le monde savait que je faisais des concerts et tout. Et donc, à un moment, le musicien sur scène a dit « Ah, mais nous avons parmi nous des amis chanteurs ! » « C'est la famille ! » « Ne vous dites pas, venez chanter ! » Et tout ça. Puis les gens viennent me voir. Enfin, le patron du club me dit « Alors, tu vas bien chanter une petite chanson ? » Et puis je me suis dit, non, je vais lui manger un croutin de chèvre. Une de miel ? Laissez-moi tranquille, laissez-moi boire mon verre de vin et puis goûter. Oui, mais quand même, ce serait sympa. Lilian me dit, mais je ne comprends pas, pourquoi tu n'y vas pas ? Je finis par céder en me disant, ok, je vais chanter une chanson. Et au moment où je dis ok, je me dis, mais dans quelle tonalité ? Mais c'est quoi la mélodie ? Je suis prise d'une crise de panique. Et je sens qu'à la fois, j'ai envie de le faire, mais que je ne peux pas le faire. Je ne vais pas être capable de chanter. Donc, je commence à s'engloter. Je me dis, il faut que je dise non. t'as dit non, t'as dit oui, tu vas dire non, les gens vont dire que t'es complètement folle, bah oui en fait t'es folle, c'est pas grave. Donc, finalement, je me désiste en disant que je ne vais pas monter chanter. Je commence à pleurer. Lilian me tourne le dos. Vraiment, je sens qu'il est déçu. Ce qui est terrible, c'est de décevoir quelqu'un qu'on aime. En plus, je ne comprends pas. On finit par rentrer à la maison. Il me dit, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne veux pas me préparer. Il me dit, mais non. Mais tu aimes chanter. Tu chantes toute la journée. Pourquoi ? Chanter, c'est simple. Tu te lèves. Il me dit, d'accord. J'avais pas compris. En fait, tu veux pas chanter. C'est pas grave. Ne chante pas. Je n'avais pas compris. En fait, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Et puis, on ira voir les autres en concert. C'est super. Ça va bien se passer. Il me disait ça. Et j'entendais me dire ça. Je me disais, mais qu'est-ce qu'il raconte ? Il est complètement dingue. Mais ce n'est pas possible. Mais oui, je veux chanter. Il me dit, mais non, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Tu ne veux pas. Mais ce n'est pas grave, mon amour. Tu ne chanteras pas. Et puis, ça va se passer très bien. psychologiquement, franchement, je l'ai détesté. je me suis testée pendant une nuit et le lendemain je me suis dit putain on va aller au club de jazz et je suis allée au club de jazz je suis allée voir le patron en disant vraiment je faisais pas ma diva c'est parce que j'étais prise de panique et je ne pouvais pas mais je viens chanter dans ton club quand tu veux et il m'a dit c'est super on va programmer deux dates dans un mois je me suis dit putain on va aller et en fait ça s'est passé effectivement comme ça et toutes les choses se sont imbriquées ensuite et ça a vraiment contribué à me libérer et je pense que Il y a beaucoup de choses en moi qui m'entravaient. Et il m'a vraiment emmenée. C'était vraiment... Il m'a fait un espèce de coach. Mais complètement. Formidable. Mais vraiment. C'est du coach.

  • Speaker #1

    C'est du coach.

  • Speaker #0

    Pour ça, il a vraiment ce talent, ce don-là de révéler. Alors, ça passait ou ça cassait. J'aurais pu craquer et puis effectivement laisser tomber tout ça et me dire que je ne serais jamais capable de chanter comme ça, de faire des concerts et tout. Mais il m'a complètement changée. Il m'a vraiment donné de... de l'ouverture. Il m'a aidée, il m'a accompagnée dans le déploiement. Et je lui dois complètement ça. Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui sans lui, très clairement. Il m'a, avec beaucoup de, parfois de la douceur, parfois en venant me secouer comme ça, en me disant, mais tu ne seras pas. Il a vraiment contribué à me libérer complètement. Il m'a, c'est, il a changé ma vie, vraiment. C'est beau. choisissez bien vos chéris les filles ça c'est sûr ça c'est sûr ça fait le pas aimer, être aimé et puis il y a aussi des gens qui quand ils vous aiment ils veulent que vous soyez vraiment heureux et heureuses et ils vous accompagnent sur le chemin de l'épanouissement et c'est complètement ce que Lilian fait avec moi et c'est merveilleux vraiment voilà

  • Speaker #1

    On arrive au terme de cette émission.

  • Speaker #2

    On aurait bien aimé continuer en train avec vous.

  • Speaker #0

    On adore. C'est trop bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous voulez dire encore une dernière chose ?

  • Speaker #1

    Je suis très heureuse d'avoir rencontré vous.

  • Speaker #0

    De moi aussi. Merci de cette rencontre.

  • Speaker #1

    Il y a plein de connexions.

  • Speaker #0

    Hallucinant. Hallucinant. Je vais tout de suite acheter Les Oubliés du Dimanche.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    je vais en faire une. D'accord, je viens. Parce que j'en ai trois à lire avant.

  • Speaker #1

    Ne fais pas des petits bémols.

  • Speaker #0

    On se déborde. Changez l'eau des fleurs. ça va être merveilleux parce que effectivement je pense qu'il y a des univers qui sont proches dans les réflexions et la profondeur

  • Speaker #2

    Merci Tata sort le 18 septembre donc nous vous invitons tous et toutes à dévorer ce nouveau roman de Valérie Perrin et on était hyper heureuses de vous recevoir et écoutez cet album aussi de Nina Simone qui est incroyable Oui j'ai plein de commentaires aussi,

  • Speaker #0

    j'ai pas toutes les dates en tête mais... voilà le 5 octobre je suis sur les réseaux je suis sur les réseaux et comme ça à chaque fois tu dis je suis là exactement le 23 septembre on mettra tout ça c'est ça il y a 66 minutes aussi super génial il y a plein de choses donc je vous laisse renseigner tout ça on renseigne on renseigne

  • Speaker #2

    tout nous on donne les liens les liens c'est un peu pour ça qu'on a créé ce podcast pour faire de l'eau bien et on est super heureuse d'avoir bien réussi aujourd'hui parce que c'est super une réaction sur un accompli ça va voilà À la semaine prochaine pour une nouvelle mission.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Merci.

Chapters

  • Introduction au thème de la carrière et présentation des invitées

    00:11

  • Karine se présente et parle de son parcours

    00:28

  • Valérie partage son expérience d'autrice et son parcours atypique

    00:48

  • Discussion sur l'importance des études et de la légitimité professionnelle

    02:26

  • Les défis des femmes dans le monde artistique et l'importance de la discipline

    03:38

  • Échanges sur la carrière et les relations personnelles des invitées

    05:07

  • Conclusion et récapitulatif des messages clés de l'épisode

    01:08:45

Description

Peut-on réussir sans diplôme ? Trouver sa voix en dehors des chemins balisés ? Écrire ou chanter à 45 ans et bouleverser des vies ?

Dans cet épisode vibrant de Flammes des Années 80, nous recevons deux femmes puissantes et inspirantes : Valérie Perrin, autrice de best-sellers traduits dans plus de 60 pays, et Kareen Guicock Thuram, chanteuse de jazz et ex-présentatrice du 12-45 sur M6.

Avec une sincérité désarmante, elles racontent leurs parcours de femmes et d’artistes, leur foi en la discipline créative, et l’audace qu’il faut pour suivre ses rêves, même (et surtout) quand on sort des cases. Valérie confie son rapport douloureux au bac qu’elle n’a pas obtenu — une blessure qu’elle a sublimée en dévorant des livres, en écrivant des romans incarnés, cinématographiques, et profondément humains. Karine, elle, partage son chemin de journaliste autodidacte, ses coups de bluff, sa première émission à 13 ans, sa passion pour la philosophie, et son amour tardif mais vital pour la musique, avec un premier album hommage à Nina Simone.

Dans cette conversation, il est question de révélation artistique, de la condition de "femme de", de ce que cela implique en termes de visibilité, de préjugés, mais aussi de force intérieure. Elles évoquent également leurs compagnons — Claude Lelouch pour Valérie, Lilian Thuram pour Karine — et l’équilibre subtil entre amour, inspiration et indépendance.

On parle de spiritualité féminine, de transmission, de cimetières comme lieux de mémoire et de mystère, de création musicale nocturne, de la beauté des traditions antillaises, et de la magie de l’invisible. On rit, on est ému·es, on se retrouve.

Un épisode rare, puissant et lumineux, sur le fait d’oser être soi, à tout âge.
Pour toutes les femmes qui doutent encore de leur talent, de leur légitimité ou de leur timing. C’est maintenant. Et c’est possible.

Mots-clés à retenir : femme, carrière, discipline, amour, musique, écriture, spiritualité, révélation.

🎧 Flammes des Années 80, c’est le podcast qui accompagne les femmes dans leur développement personnel, leur bien-être et leur liberté d’être.

📲 Rejoignez-nous sur Instagram pour suivre les coulisses, les inspirations et ne rien manquer des prochains épisodes.

📰 Inscrivez-vous aussi à notre Newsletter  pour recevoir chaque mois une dose de motivation, des pépites exclusives et les actualités du podcast directement dans votre boîte mail.

🎧 Écoutez Flammes des Années 80 sur toutes vos plateformes d’écoute préférées.

🔥 D’une petite flamme peut naître un grand feu… Abonne-toi ! 🔥

🎙️ Flammes des Années 80 – Le podcast qui allume la femme.
Chaque semaine, des conversations autour du développement personnel féminin, de la confiance en soi, du bien-être, de la transmission et de l’épanouissement personnel. On y explore l’introspection, les émotions, la résilience, la maternité, l’amour, la psychologie et les témoignages inspirants de femmes et d’hommes audacieux. Un podcast pour femmes, pour révéler sa flamme intérieure, oser être soi et nourrir sa spiritualité féminine.
Flammes des Années 80, pour écouter votre flamme intérieure grandir. 🔥


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on est super contentes aujourd'hui de continuer notre petit parcours sur le thème de la carrière. Et on a beaucoup de chance aujourd'hui parce qu'on reçoit deux femmes incroyables. Donc Valérie Perrin et Karine Thuram. Est-ce que vous voulez vous présenter justement pour nos musiques ?

  • Speaker #2

    Alors je vais ! Oui donc je suis Karine Guillaume-Turam, je n'ai pas encore supprimé le nom de mon père, le pauvre. J'ai insisté pour que je porte le nom de mon mari et que je garde le nom de mon père. Donc Karine Guillaume-Turam, je suis chanteuse et journaliste et je ne sais pas quoi dire d'autre mais on va le découvrir au cours de l'émission parce que je vais aller suivre les questions. Évidemment !

  • Speaker #1

    Et moi je suis Valérie Perrin, j'ai gardé le nom de mon père. tu es mariée en juin 2023 je peux dire aujourd'hui j'aimais pas le mot autrice mais j'ai appris il n'y a pas longtemps qu'en fait il avait été supprimé il y a très très longtemps parce que on voulait nous rayer de la carte, nous les femmes donc du coup je suis autrice depuis 9 ans maintenant et j'ai la chance de vivre de ma plume voilà et qu'est-ce que tu as fait du coup avant d'être autrice justement ? j'ai fait Merci. beaucoup, beaucoup de choses, mais ça fait donc 9 ans que j'écris. Je ne peux pas résumer, il nous faudrait 25 heures, on ne les a pas. J'ai tout fait. Je n'ai pas fait d'études. Je vais y aller comme ça. Je n'ai pas fait d'études. Je n'ai pas le bac, caloréa. J'ai lu toute ma vie énormément, donc je pense que c'est en lisant que j'ai construit beaucoup, beaucoup de choses dans ma tête. Je suis allée beaucoup au cinéma, je suis allée beaucoup au théâtre, j'ai eu deux enfants. qui m'ont tout appris de la vie. J'ai eu des maris, j'en ai deux. J'en ai eu deux, j'en ai un par un. J'ai eu des amants. Et tout ça, imbriqué, tout ça mélangé, plein, plein, plein de choses différentes dans mon travail, fait qu'un jour, j'ai décidé d'écrire. Et que ça a marché. Ça s'appelle un miracle. Voilà. Voilà au résumé. C'est un beau résumé.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas comment vous allez faire les filles, parce qu'après ça... Eh bien, courage, Karine, courage. Non, pas moi. Moi, je réponds.

  • Speaker #0

    Moi, c'est vous, je vais aller suivre le tourant. En fait, je trouve ça génial, tout est incroyable, mais ce que je trouve génial, c'est que je n'avais pas le bac. Et en fait, on a parlé un petit peu dans d'autres émissions par rapport à la carrière, à l'éducation des enfants. Ça fait partie aussi d'un peu de carrière, mine de rien, parce qu'on en parle pas mal. Et en fait, la pression qu'on peut mettre de tu n'arriveras pas, si tu n'as pas le bac, si tu ne fais pas d'études. et en fait, la preuve vivante en face de nous. quand même qui est... Dans combien de pays tu es traduite ?

  • Speaker #1

    60. Voilà.

  • Speaker #0

    Et quatre romans. Une des romancières les plus lues. Et je trouve ça assez incroyable d'avoir aussi l'honnêteté de dire j'ai pas le bac. En fait, ça peut donner vachement d'espoir. Nous, c'est pour ça qu'on vous invite aussi. C'est pour aussi donner un peu les espoirs aux gens qui se mettent des carcons dans leur tête et qui se disent moi, je pourrais jamais faire ça. Moi, je pourrais jamais faire ça.

  • Speaker #1

    Tout est possible. Mais je tiens tout de même à souligner que mes deux enfants l'ont et que je me suis battue pour qu'ils l'aient. Je pense tout de même. qu'aujourd'hui, avoir le baccalauréat, tu arrêtes les études, peu importe. Mais si tu veux les reprendre quelques années après, c'est la seule porte qui peut t'ouvrir aux études. Et je le vois avec ma fille qui reprend des études de psy, et grâce à son bac. Donc, je ne l'ai pas, mais je conseille pour ceux qui veulent, et pour ceux qui peuvent, d'essayer d'aller au moins jusque-là. Mais après, on peut avoir plein d'autres qualités. sensibilité aussi. Et puis tu joues avec les mots. Moi, je trouve ça extraordinaire. C'est que non seulement sans dire le bac, mais en plus, tu manies la langue française. C'est parce que je n'ai pas le bac et que j'en étais très malheureuse que j'ai toujours rattrapé en lisant énormément. Je pense qu'il y a ça aussi. C'est quand même une blessure quelque part.

  • Speaker #2

    Tu ne l'as pas, mais tu l'as passé. Tu n'arrives pas. C'est ça qui est intéressant. Quand tu es première,

  • Speaker #1

    tu es partie à Paris.

  • Speaker #2

    Voilà, parce que de ne pas l'avoir, c'est une clause, mais ça doit raconter quelque chose de toi. Ça veut dire que tu t'es arrêtée avant en disant, ce n'était pas ton objectif derrière le bal.

  • Speaker #1

    Je ne te mets pas les colles,

  • Speaker #2

    j'étais très mal à l'aise. Oui parce qu'on s'arrête souvent au fait de ne pas l'avoir Et on raconte pas Ce qui fait qu'on ne l'a pas eu Et c'est pas qu'elle ne l'a pas eu, c'est qu'elle a vécu une autre vie Elle s'est arrêtée avant T'avais d'autres rêves à poursuivre En l'occurrence pas d'avoir le bac Et c'est des histoires d'époque C'est à dire qu'aujourd'hui je te rejoins On n'imagine pas qu'un adolescent puisse ne pas aller jusqu'au bac Parce que c'est un peu le diplôme que tout le monde a A l'époque de mes parents ma mère à le bac, mon père là-bas. Et tout le monde, bien sûr, parce que plus on recule dans le temps, et moins les gens avaient le bac, et ils ont construit des vies incroyables. Donc, c'est vraiment notre époque qui nous impose d'avoir des diplômes et d'avoir cette espèce de ticket de métro qui dit, tu peux aller un peu n'importe où parce que tu as le bac. Mais je trouve ça très beau aussi dans les parcours de gens qui, même à leur époque, quand le bac pouvait être imposé, se sont arrêtés avant parce qu'ils avaient autre chose à faire. Et que vous avez fait plein d'autres trucs. Et c'est ça qui est top. Donc, en effet, ce n'est pas le bac qui fait la personne qu'on est, mais...

  • Speaker #1

    Tu as besoin de parler de l'époque. Parce que l'époque, quand je suis arrivée à Paris, en 1986, on trouvait du travail, mais...

  • Speaker #2

    Très facilement. Exactement.

  • Speaker #1

    Vraiment.

  • Speaker #2

    Je le dis parce que je l'ai entendu, je ne l'ai pas vécu moi-même, parce que ça ne définit pas mon âge, je l'ai dit tout de suite. Je sais, mais franchement,

  • Speaker #1

    1986, c'était une autre vie, c'était un autre monde, il faut le comprendre. On pouvait débarquer seule à Paris, être hébergée chez quelqu'un, pouvoir payer un loyer, ce qui est quasi improbable aujourd'hui. Et surtout à l'âge de 17 ans, comme ça. C'est vachement important de le dire, c'est une question d'époque.

  • Speaker #2

    C'était un autre temps. Et tu rêvais de quoi à l'époque, toi ? Je me parlais, je te pose la question, ça a été intéressant. Non, mais tu vas partir.

  • Speaker #1

    La seule chose que je voulais, la seule chose dont je rêvais, c'était de quitter vraiment, comme la chanson d'Aznavour, la province.

  • Speaker #2

    Vous allez quitter dans quelle province ?

  • Speaker #1

    En Bourgogne.

  • Speaker #2

    En Bourgogne.

  • Speaker #1

    Oui, en Bourgogne. Je suis arrivée, j'avais un an. Et donc, je suis partie, j'avais 19 ans. Mais vraiment, avec trois sous en poche, tu vois. Est-ce qu'il y avait déjà cette envie d'être autrice ? Je pense pas du tout. non, non, je pense que ce n'est pas une envie, je pense qu'on le porte en soi. Et puis après, la vie fait qu'il y a un moment dans ta vie, mais ça, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard. Tu as le temps de le faire. Mais je réponds avant. Mais on me dit toujours, pourquoi tu as écrit si tard ? Parce que mon premier roman, il a été édité, j'avais 48 ans. Et en fait, j'explique juste qu'il fallait, pareil, payer le loyer, élever ses enfants, travailler. Et que je n'avais pas ce moment-là, ce temps-là pour l'écriture. C'est pour ça que j'ai écrit très, très tard.

  • Speaker #2

    C'est drôle parce que moi, c'est l'inverse. Je voulais absolument partir à Paris pour faire mes études, mais il me fallait le bac. J'étais en Guadeloupe, chez mes parents. Parce que j'ai grandi entre Paris, Cayenne et la Guadeloupe. Et en Guadeloupe, pour partir à Paris, mes parents ne me laisseraient jamais. Ils ne m'auraient pas laissé partir sans le bac. Donc moi, il fallait que j'ai le bac pour partir. Et en effet, j'ai eu le bac à 18 ans, 17 ans, 18 ans. et quand tu... te lances dans l'exil parce que c'est une chose de faire Bourgogne-Paris, c'est une autre de faire Guadeloupe-Paris où tu ne peux pas retourner le week-end. C'est vivre loin et donc ça suppose de gagner très vite en maturité. Pour mes parents, d'avoir le bac, de savoir gérer ton truc, ça voulait dire aussi que tu étais en capacité de vivre seule et de commencer à gérer ta vie toute seule. Donc voilà, moi c'était l'inverse. Moi le bac, c'était le passeport pour partir et arriver à Paris.

  • Speaker #0

    Il était...

  • Speaker #2

    Très bien. Alors moi... Quand j'avais commencé avant, j'ai écrit mon premier article à 13 ans. En Guyane, au collège où on était, on avait eu cette envie de monter un magazine qu'on voulait appeler Métissage Cocktail, c'est beaucoup plus tard. Parce que la Guyane dans laquelle on grandissait, c'était vraiment une Guyane extrêmement cosmopolite qui était très différente de ce qu'on voyait à la télévision sur l'unique chaîne que nous avions à l'époque, RFO. où on vivait avec des gens de couleurs de peau différentes, de religions différentes, etc. et que ça n'avait absolument aucune valeur. Et on ne comprenait pas l'actualité qui nous parvenait du reste du monde et qui racontait que c'était une source de division et de conflit. Et donc, on voulait raconter ça. Et évidemment, à l'époque, personne ne nous avait donné le budget pour créer ce magazine-là. En revanche, on avait fait une maquette et tout. En revanche, France-Guyane, qui est le quotidien de la Guyane, avait entendu parler de notre initiative. comment je n'en ai pas la moindre idée. Parce que je ne me souviens pas que mes parents connaissaient des journalistes. Aucun des parents de mes camarades de classe n'étaient journalistes non plus. Donc je ne sais pas par quel biais ces gens ont entendu parler de notre initiative. Mais en tout cas, ils nous ont confié une page hebdomadaire pour qu'on se fasse la main. Et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire et je n'ai jamais arrêté depuis. Voilà. À l'âge de 13 ans. Ouais, ça m'a mis le pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    Du coup, t'as fait une école de journalisme.

  • Speaker #2

    Non, j'ai pas voulu, justement. J'adore,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #2

    Non, parce qu'à 18 ans, j'avais une très haute estime de moi. Et je pensais que j'étais unique et que j'avais un truc très spécial. Et j'avais peur d'être formatée. C'est quand même lunaire de penser comme ça à 18 ans. Mais c'est ce que je pensais. Et donc, j'ai fait une hypocagne, l'être sub, etc. Et ensuite, j'ai fait une fac de philo. Ce qui a désespéré mon père, qui est un chef d'entreprise. Il s'est dit, elle ne va pas ouvrir une boutique de philosophie comme elle va gagner sa vie, ma fille, ça va être l'enfer. Mais en fait, je voulais une formation qui m'aide à structurer ma pensée, qui m'aide à réfléchir. Et je trouvais que la philosophie pour ça, c'était ce qu'il y avait de plus précieux et de plus efficace. Donc je savais que je ne ferais rien en philo, que je ne serais pas enseignante. Ma mère était enseignante, elle est à la retraite maintenant, mais je ne rêvais pas du tout. Je n'avais pas cette patience. Je ne rêvais pas du tout d'enseigner, mais je rêvais de transmettre néanmoins. Et je ne voulais surtout pas être journaliste. Je me disais, bon, en fait, le journalisme, ce n'est pas un talent, ce sont des aptitudes. C'est des compétences. Donc, c'est savoir écrire, formuler. Enfin oui, savoir écrire, résumer, poser des questions, être curieux. Tout ça, ce n'est pas un talent. Ça, c'est des choses qu'on développe. L'exigence, la rigueur, la discipline. Voilà. Un souci d'honnêteté. En tout cas, on n'est pas toujours neutre, mais on peut à minima être honnête. Et je ne voyais pas trop ce qu'on pourrait m'apprendre dans une école de journalisme. Et donc, j'ai fait le choix de ne pas en faire. Voilà. Et puis, après, il faut assumer. être autodidacte ça a été difficile en fait ça n'a pas tant été difficile c'est plus la pression qu'on se met c'est pour ça que je comprends très bien ce que tu dis ce que ça a pu te créer comme déséquilibre entre guillemets de ne pas avoir le bac pour la légitimité qu'on peut avoir vis-à-vis toi-même pour l'écriture quand tu choisis des journalistes et de surtout pas faire une école de journalisme bon il faut être irréprochable en fait c'est aussi ça que ça impose comme pression donc ça destine entre guillemets une forme d'excellence aucun moment tu puisses être prise à défaut sur quelconque point qu'il soit. Donc ça suppose d'être encore plus en maîtrise du sujet que quelqu'un qui a fait une école et qui n'a pas approuvé qu'il sait faire, puisqu'il a fait une école. Donc normalement, il a été formé pour ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu as tes premiers boulots si tu n'as jamais fait d'école ? Comment tu arrives à... Ce petit pont-là ?

  • Speaker #2

    Un peu au bluff. En fait, les tout premiers, mes toutes premières expériences, c'est toujours dans la continuité, parce que j'avais fait France-Guyane, après en Guadeloupe au lycée, parce que France-Guyane, c'est quand j'étais au collège en Guyane. Quand on est arrivé en Guadeloupe, pendant mes années lycée, je participais à des forums jeunes pour RFO Radio. Et puis une fois que j'ai eu le bac et je suis arrivée à Paris, un de mes amis de l'époque, qui avait mon âge, qui venait d'avoir le bac aussi, avait une émission pour jeunes sur Médias Tropicales. Et donc, je travaillais avec lui sur cette émission. Et puis, dans cette radio, j'avais rencontré des gens qui s'étaient dit « Ah, elle est rigolote, cette petite » , qui m'avaient donné ma chance en me proposant d'être rédactrice en chef d'un magazine papier qui était Moribond et qu'il fallait remonter. Donc, j'avais eu à créer une équipe, une rédaction. J'avais 19 ans. En fait, je pense que j'étais assez... Je devais être très attachante, très sympa, parce que je travaillais vraiment avec des journalistes confirmés, des pères de famille, des mères de famille. Je disais « Non, tu vois, il faut que tu écrives plus nerveux, il faut que ça soit plus court. » Je me revois leur disant ça, c'est ouf, alors que j'avais aucune expérience. Et ils le faisaient. Donc, je pense qu'ils devaient se dire, elle a un truc, ça va être moum, quoi. Moi, j'adore,

  • Speaker #1

    c'est ça qui est génial.

  • Speaker #2

    C'est rigolo. Il y avait un truc de cet ordre-là. Et puis, j'ai rencontré aussi Claudicière, là-bas, à Mediatropica, qui m'avait aussi prise sous son aile pour bosser avec lui sur RFI. Enfin, j'ai eu plein, plein d'expériences. Jusqu'à arriver en télé, où je faisais aussi, entre-temps, du management d'artistes. J'ai managé Tania Saint-Val, Joël Ursu, enfin j'ai fait plein de trucs. J'étais hyper curieuse de tout. tout, je voulais faire plein de trucs. Tout en faisant mes études, on me voyait assez peu. J'avais deux bonnes copines à la fac. Parce qu'une fois qu'on a fait une prépa, franchement, la fac, c'est un boulevard. J'avais deux copines à la fac, je récupérais les cours et tout. C'était marqué respiration, le prof s'assoit, donc je ne venais jamais. Elle mettait toutes les notes et en fait, j'avais quand même mes partiels. J'avais quand même vraiment appris à travailler. C'était ça l'avantage d'avoir fait prépa. Un jour, on me propose de participer à un casting pour une émission culturelle, comme j'étais manager de chanteuse et tout. Et j'arrive dans cette chaîne et le patron de la chaîne me voit arriver et me dit non. Toi, tu viens pour le culturel, c'est ça ? Je dis oui, il me dit non. Toi, tu vas présenter le JT.

  • Speaker #1

    Ah ouais.

  • Speaker #2

    Bon, OK. Donc, c'était une toute petite chaîne qui était diffusée sur le satellite et qui n'avait pas encore commencé à émettre. Donc, c'était vraiment le lancement de la chaîne. Ce que je ne savais pas alors, c'est que quelqu'un avait déjà été choisi pour présenter le JT et cette personne a perdu son job au moment où je suis arrivée. Et ça m'a aussi donné une vraie leçon sur ce qu'est la télévision. C'est-à-dire qu'en télé, rien ne t'appartient. C'est-à-dire que c'est à toi aujourd'hui, puis demain, quelqu'un d'autre est arrivé dans l'immeuble et c'est terminé. Donc, il faut quand même toujours savoir que ça peut changer. Ton sort, tu ne peux jamais vraiment dormir tranquille. Tu peux être d'un côté ou de l'autre de la porte. Ah oui, exactement. Et ça a été une expérience assez folle où j'ai aussi rencontré plein de gens. Et puis un jour, ça a duré quelques mois. Ensuite, j'ai bossé pour Canal France International, TV5Monde, sur des émissions de sport notamment. Et le réalisateur d'une de ses émissions travaillait aussi à Turbo sur M6. Et j'étais absolument fan de voitures. C'est une des choses que j'ai de mon père, que mon père m'avait transmise. Et un jour, en en parlant, il me dit « Ecoute, tu m'ennuies à me parler de bagnole tout le temps. T'as qu'à postuler à Turbo. » Ce que j'ai fait. Et à l'époque, j'avais envoyé un mail. Je ne sais plus, parce que ça ne se faisait pas d'envoyer des mails à des gens qu'on ne connaissait pas. parce que vraiment l'époque a changé, c'était à 20 ans. À l'époque, on n'appelait pas les gens sur leur portable, on les appelait sur leur fixe. Le portable, il fallait les connaître pour les appeler sur leur portable. Et je crois que j'avais envoyé un mail en prenant plein de précautions, tout ça. Bref, il m'avait rappelé et j'avais révisé. J'étais absolument incollable. C'est aussi ça quand on autodidacte sur l'automobile. J'avais rencontré Dominique Chapate qui m'avait reçu. Pareil, je pense qu'il s'est dit, elle est marrante cette petite. Je ne sais pas ce qu'elle nous veut, celle-là. Et l'entretien a duré 5 ou 6 minutes. Et ça s'est joué d'ailleurs sur un truc assez drôle. Parce qu'à l'époque, j'habitais à Vincennes. Ils m'écoutent raconter les taux de pénétration dans l'air et les CX et les époques des voitures. Et à un moment, ils m'interrompent et me disent « Ah, vous habitez à Vincennes ? » J'ai dit « Oui » . Ils me disent « Mais il y a toujours à la rue de Fontenay, il y a la rue des Rigolos, il y a toujours à la rue de la Jarry. » C'est vrai ?

  • Speaker #1

    Je me dis,

  • Speaker #2

    il y a la rue Guittemère. J'ai habité 20 ans à Vincennes. Ce n'est pas possible. Il me dit, rendez-vous lundi en réunion de réaction. Je pense que si j'avais habité à fond, si tu es mort, je n'avais pas le job.

  • Speaker #1

    Il y a toujours à quoi ça tient.

  • Speaker #2

    Rien, en fait. Ça ne tient vraiment à rien. Une fois qu'on y est, c'est pareil. C'est bien de rentrer, mais il faut faire ses preuves. Il m'avait dit, vous avez déjà fait de longs reportages. Et j'avais dit oui, bien sûr. Et à l'époque, je n'avais pas fait de reportage. Donc, c'est là où intervient le bluff.

  • Speaker #1

    Le bluff, c'est moi. J'ai toujours dit que j'avais le bac plus deux sur la CV. Je racontais n'importe quoi.

  • Speaker #2

    Et en fait,

  • Speaker #1

    j'avais toujours des portraits.

  • Speaker #2

    Mais je n'avais jamais fait de reportage. Ce n'est pas du tout la même chose. Et donc, je crois que c'était un jeudi. Entre le jeudi où j'avais eu l'entretien et le lundi, j'avais passé mon temps devant la télévision à regarder des dizaines de reportages. à écrire comme ils étaient écrits, quelle était la structure, comment c'était fait un reportage, pour que le lundi, je puisse proposer des reportages, partir en tournage, faire mon premier reportage, mais qui ne devait pas être mon premier reportage, et monter mon premier reportage qui ne devait pas être comme mon premier reportage, et donner le sentiment que vraiment, j'avais déjà fait plein de reportages avant. Et c'est exactement comme ça que ça s'est passé.

  • Speaker #0

    Et ça a fonctionné.

  • Speaker #2

    Eh bien, bien sûr. Mais enfin.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu fais de la musique.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #2

    Voilà. C'était le moment de bluff. Mais quand on bluff, il faut vraiment assurer. Il faut. Et après,

  • Speaker #1

    petit à petit, tu as bougé comme ça sur M6.

  • Speaker #2

    Exactement. Après, ils m'ont proposé. Je l'appelle ma maman de la télé. Ça l'amuse toujours. Je ne suis pas sûre que ça l'amuse d'ailleurs. Je ne pense pas dire rien. Mais c'est Vincent Régnier qui...

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #2

    peut-être. Parce que mon papa de la télé, je trouve que c'est moi, alors qu'il était vraiment protecteur avec moi. C'est vraiment ma maman de la télé, je vais s'en rayer, qui m'a repéré à Turbo. Et un jour, il est venu me voir en me disant ce que je co-présentais Turbo. À un moment, je faisais les news de l'automobile, etc. Il m'a dit, écoute, je trouve qu'en interne, tu n'es pas assez exposé. On ne te connaît pas assez. On fait un casting et j'aimerais beaucoup que tu le fasses. Alors, j'ouvre une parenthèse. J'avais travaillé déjà en interne à la rédaction nationale. Donc quand il me propose de faire ce casting, c'était pour l'info. Et j'avais fait des morning, des flashs infos dans le morning, à l'époque de Zooméo. Donc c'était genre 2005-2006, un truc comme ça. J'arrivais à la rédaction à 2h30, 3h, c'était l'enfer, j'ai détesté ça. D'ailleurs c'est rigolo parce que j'ai retrouvé des images il n'y a pas très longtemps. À 7h, j'avais le visage encore comme ça. C'était vers 9h que les traits de mon visage commençaient à se stabiliser. Ah, mais c'est bien carré, c'est ça. Parce qu'à cet heure, on n'était pas trop sûrs que c'était moi. Et donc, j'avais fait mon zandoli. Le zandoli, c'est un petit lézard. On les appelle le zandoli aux Antilles. En me disant, si tu ne bouges pas, personne ne va te voir. Et c'est exactement ce qui s'était passé. C'est-à-dire qu'à la fin de la saison, je n'avais rien demandé à personne. Je ne m'étais pas signalée. Je ne me suis pas manifestée. Et la saison qui a suivi a enchaîné sans que personne ne me propose de refaire des infos... Je me suis oublié ! Mais littéralement. Et donc, quand Vincent me dit, écoute, fais le casting en interne pour l'info. Je suis dit, ah, le retour du flash info, qu'à l'enfer, je ne veux surtout pas faire ça. Et il insiste. Et donc, je finis par céder en lui disant, bon, de toute façon, ça ne m'engage à rien. Il me dit, mais bien sûr, ça ne t'engage à rien. Bon, ça se passe un samedi matin à 7h30, 8h. Donc, vraiment, le truc que je n'ai pas du tout envie de faire après une grosse semaine. Mais mon patron m'a demandé de passer un casting. Donc, je vais faire le casting. J'écris le JT. Un JT, je ne sais plus ce que c'était. je passe le casting j'ai pas pas envie de vivre tout ça. Mais voilà. Donc évidemment, quand on le fait sans pression, mais qu'on fait les choses consciencieusement, ça se passe très bien. Donc on me rappelle. Du coup, je me retrouve à faire des chroniques dans le JT, dans le 1945. Très vite après, on me propose de remplacer le joker de Xavier Demoulin l'été, donc pendant les vacances de Xavier Demoulin. Donc là, on est 2010-2011. Et puis, la saison suivante, Aïda Twiri, qui présentait le 12-45, est donnée partante et il me propose de la remplacer. Donc en fait, ça se passe comme ça, sur un casting. C'est fou la vie.

  • Speaker #0

    Les horaires avaient changé.

  • Speaker #2

    Oui, ça n'avait rien à voir. Ce n'était pas sur des matinales. C'est très tôt quand même la conf de rédacte du 12-45, mais ce n'était vraiment pas comparable pour le pro flash. Et puis là, ça a un JT, alors que les flashs, ce n'est pas comparable non plus avec un JT national. Vraiment, ça a été une aventure assez folle. Et ça a duré dix ans, parce que j'ai présenté le 12-45 de 2012 à 2022.

  • Speaker #0

    C'est marrant, c'est vraiment l'émission de Tout est possible.

  • Speaker #1

    Et pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #2

    J'ai arrêté parce que je sortais mon album. D'accord. Et parce que j'ai pris une année sabbatique déjà pour le défendre, parce que ce n'était pas compatible d'être du lundi au vendredi sur un JT et en même temps faire de la scène pour ce terrain, ce n'était pas possible. Et puis parce que vraiment, ce que j'ai contenu très longtemps, qui était la musique, c'est absolument vital pour moi. Et je me rendais compte que je m'en rendrais malade de ne pas pouvoir m'exprimer artistiquement. Il fallait vraiment que je puisse chanter et que je m'exprime. Et ça supposait d'arrêter le JT. Et 10 ans, c'était bien. Et j'aime bien les cycles. En plus, c'est que 10 ans de JT, 10 ans d'info, c'était bien. C'était super.

  • Speaker #0

    C'est encore un point commun parce que finalement, tu l'as fait un peu tard.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. Très tard. Personne ne fait un premier album à 45 ans. Bientôt 38. Personne ne fait ça Normalement tu dis bon c'est fini J'ai rêvé de Je le ferai pas Tu passes à autre chose Non j'étais un peu entêtée Moi je voulais le faire Ah mais c'est génial C'est comme toi Bah oui c'est vrai C'est environ moi à 48 Moi c'est à 45 Donc c'est très proche quoi

  • Speaker #1

    T'as fait des gros coups de bluff Toi comme ça Valérie Pour le travail quoi Il cherchait un bac plus 18 Pour être à 6 ans Une réaction machin Je le faisais croire Mais par contre c'est ce que tu dis Merci. il faut être meilleur que les autres.

  • Speaker #2

    Exactement. Tu peux mentir.

  • Speaker #1

    J'adore le mensonge.

  • Speaker #2

    C'est bien, c'est drôle.

  • Speaker #1

    J'adore, je trouve qu'il a beaucoup de vertu. Je pense que tout le monde n'est pas capable d'entendre la vérité. Je pense qu'il y a plein de gens qui sont incapables de l'entendre, donc il faut savoir avec qui tu parles.

  • Speaker #2

    Mais là, du coup, tu t'excuses, toi, menteuse, tu vois. Tu dis non, je ne te fais pas mentir de la vérité parce que tu ne pouvais pas l'entendre.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'après, il faut travailler aussi bien que quelqu'un.

  • Speaker #0

    Ils ne se sont jamais rendus compte du coup ?

  • Speaker #1

    Dans toute mon expérience, non, jamais.

  • Speaker #2

    Ce qui importe, c'est d'être à la haute.

  • Speaker #1

    Après, je n'ai pas postulé pour être médecin. Ils reviennent, mais tu vois, dans le bureau... En fait, c'est encore une fois de plus une autre époque, mais qui est hyper importante. Je me suis formée toute seule sur Mac. Word sur Mac. Il faut savoir que ça, c'était il y a... 30 ans. Il faut savoir que des gens qui savaient parfaitement écrire sur Mac Word il y a 30 ans, c'était vachement rare. C'était comme un diplôme. Oui,

  • Speaker #2

    c'est vrai, comme d'actuel.

  • Speaker #1

    Je faisais beaucoup de missions d'intérimaire dans plein de bureaux différents, partout sur Paris, en région parisienne. Et c'était vachement rare. Du coup, j'avais tout le temps du travail. Et voilà, c'est une autre époque. Aujourd'hui, tu dis ça à un gosse, il est mort de rire. Mais à l'époque... Il n'y avait pas beaucoup de gens qui savaient. C'est vrai que c'était comme avoir un diplôme.

  • Speaker #2

    Oui, c'était d'un kilo. Taper à la machine,

  • Speaker #1

    mettre en forme. J'ai fait une première sur laquelle j'ai appris vraiment à écrire sur une machine à écrire. Les machines comme avant. Un ordinateur, pour moi, c'est... Aujourd'hui, je peux, par exemple, là, on a cette conversation, je peux écrire à toute vitesse en vous parlant.

  • Speaker #2

    Ah oui, c'est ça. Il me fait regarder ce truc-là. C'est top. C'est une vraie chance. En même temps, t'es une femme. T'es une femme, donc tu sens ça. Ben voilà.

  • Speaker #1

    On est des mamans, donc voilà. Quand tu écris tes romans, tu écris à l'ordinateur ou à la main ? Absolument tout à l'ordinateur. Mais vraiment depuis le départ. Je m'envoie des messages si j'ai une idée. J'ai un tout petit carnet. C'est toujours très paradoxal parce que j'ai un carnet avec quatre pauvres feuilles gribouillées et je fais des romans de 500 pages. Mais c'est pour me souvenir de choses. Et quand, là, comme par exemple le dernier, le prochain, celui qui va sortir, C'est vraiment, je pars de 1930 jusqu'à 2010. Donc, quand j'ai presque terminé de l'écrire, je me suis quand même fait ce que j'avais déjà fait pour Les Oubliés du Dimanche, le premier roman, une frise. Avec tous les événements très importants, les rencontres, pour ne pas me tromper. Mais je l'ai fait plus à la fin sur celui-là.

  • Speaker #2

    Et tu gardes toutes les phrases coupées de tes romans ? Ce que tu ne gardes pas, mais que tu mets plus loin ? Tu écris un truc, ça, tu ne gardes pas ?

  • Speaker #1

    Tu ne t'encombres pas, il ne faut pas s'encombrer.

  • Speaker #0

    On peut dire le titre quand même de ce...

  • Speaker #1

    Bien sûr, il s'appelle Tata, comme une tante. C'est une nièce, c'est une tante racontée par sa nièce. C'est hyper beau, mais c'est encore l'histoire de femmes. Du coup, il y a souvent dans tes romans des femmes qui se rencontrent. Moi, je trouve ça passionnant. Oui, c'est l'histoire d'une femme qui parle de cette tante qui était cordonnière, qui était fan de football, parce qu'elle a grandi à Guignon. Et j'ai envie de dire que dans cette petite ville de Saône-et-Loire, on est tous nés... On n'avait pas le choix.

  • Speaker #2

    Avec une passion pour le foot.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vraiment le foot et l'usine qui est très importante, qui a été très importante, qui est toujours au niveau de l'usine, mais plus du tout du club, marchait main dans la main. Ce qui fait qu'il y avait les moyens de faire venir ce qu'on appelait des semi-professionnels dès les années 60. Donc, c'est une ville qui a grandi, qui a fini en première division dans les années 2000. qui a gagné contre le PSG, la Coupe de la Ligue. Donc, c'était une ville très importante pour le football. Et en naissant là-bas, en grandissant là-bas, il y avait des stades partout. Tous les garçons faisaient du foot, en gros. Un peu de rugby et nous, les filles, on faisait de la gym. Mais le sport était présent. C'était obligatoire. Et voilà, j'avais envie de faire le... Je me sers toujours sur des prétextes. Je me sers toujours d'un contexte pour parler de gens. Et là, je voulais parler d'une femme qui est cinéaste et qui... qui reçoit un coup de téléphone de la gendarmerie de Guignon pour lui annoncer que sa tante vient de mourir. Or, cette tante unique est déjà morte il y a trois ans.

  • Speaker #2

    Elle le savait qu'elle était morte, cette tante ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, elle le savait, elle a été enterrée il y a trois ans. Donc, elle dit aux flics, vous faites forcément une erreur. Ma tante Colette Septembre est enterrée depuis trois ans au cimetière de Guignon. Et on lui dit non, il y a ses papiers d'identité près d'elle. Il y a votre numéro de téléphone, en tout cas la personne qui est décédée. semble être votre tante, il faut venir reconnaître le corps. Et à partir de là, je vous ouvre à peu près 1000 tiroirs.

  • Speaker #2

    C'est génial, mais tu veux lire ce livre ?

  • Speaker #1

    Je vais te l'envoyer. Ça va plaire à Lilian aussi. C'est pour vous. C'est génial. J'avoue qu'on n'a pas encore un petit commentaire. Il y a beaucoup de temps. Autre livre de Chevet.

  • Speaker #2

    Excellent.

  • Speaker #1

    Je dis ça, je fais souvent la lecture à mon mari. Il adore ça. J'ai une passion pour la littérature. Et il se met à côté de moi. C'est le plus beau moment, je crois. Ça fait vraiment partie. Ça a toujours été. Et je lui fais la lecture de choses. Quand j'ai un coup de cœur pour un roman, je veux le partager. et donc du coup je le lis Et après, je lui relis. Ou alors, j'ai deux marque-pages. Je suis là où j'en suis pour lui. Et là où moi, j'en suis.

  • Speaker #2

    Ah, excellent. Lui, il adore lire. Il adore lire. Il adore lire. Il adore la poésie. Il me lit souvent, lui, des choses à haute voix. Donc, c'est rigolo. Moi, je fais moins, mais lui, il le fait.

  • Speaker #1

    C'est drôle.

  • Speaker #2

    Oui, il le fait beaucoup. Il aime les textes.

  • Speaker #1

    C'est de lire.

  • Speaker #2

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    C'est le drôle de Valérie. Oui.

  • Speaker #2

    C'est drôle. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Et là, tu parles d'une femme cinéaste. Et toi, tu as fait des scénarios. Oui. Du coup, tu es partie aussi de toi par rapport à l'aristote que tu es. Je suis partie. Donc moi, j'ai rencontré Claude Lelouch en 2006 et j'ai commencé à travailler avec lui, d'abord comme photographe de plateau et ensuite comme co-scénariste, 2008-2009 à peu près. Mais réellement, le vrai gros premier travail d'écriture que j'ai fait pour lui, c'était pour écrire un scénario pour Johnny Hallyday, Eddie Mitchell et Sandrine Bonner, un film qui s'appelle « Salon, on t'aime » . Et là, j'ai écrit pendant deux ans et c'était ma meilleure école. Alors ça, c'est la meilleure école du monde. C'est-à-dire qu'à l'époque, Claude vivait encore, enfin vivait encore, il vit à Paris, mais moi, j'étais encore en Normandie parce que mes enfants étaient encore scolarisés en Normandie. Donc, en gros, il partait trois, quatre jours dans la semaine. Il me retrouvait le week-end et moi, pendant deux ans, j'ai écrit ce scénario qui a été une école extraordinaire. Et du coup, je le fais, j'accélère. Mais en gros, juste avant de tourner, Claude a convoqué son premier assistant et sa script. Et ils ont tout changé. Mais il a toujours fait ça. En fait, c'est un homme qui travaille sur des choses qui sont extrêmement structurées, écrites, mais il improvise. Et donc, il ne supporte pas tout ce qui est très cadré.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas la vie pour lui.

  • Speaker #1

    Et du coup, ce n'est pas la vie pour lui. Sauf que moi, j'ai aimé beaucoup, beaucoup de mon cœur. Et je portais depuis très longtemps un roman. Et du coup, il a fait le film. Il a fait le film. C'est un film où Johnny est extraordinaire. Tout le monde est incroyable. C'est l'histoire d'un photographe de guerre. qui décide de changer de vie très, très tard dans sa vie. Et le meilleur ami le rejoint. Et le meilleur ami fait un mensonge aux quatre filles de ce mec-là. Il a eu quatre enfants et quatre femmes différentes. Il ment aux quatre filles et elles viennent voir leur père à la montagne. Et après, voilà, ça engendre plein de choses. C'est un peu aussi, il y a un petit peu une ligne polare dans ce film. Et on l'a fait. Et quand Claude a fini de faire ce film, de le filmer, j'ai eu six mois de ma vie où j'ai pu, pour la première fois, ne faire qu'écrire, ce qui ne m'était jamais arrivé. Donc, comme je portais ce roman depuis extrêmement longtemps, depuis les années 2000, 1999 je crois, je l'ai écrit, je l'ai fini. Et c'était en 2013. Et je l'ai envoyé à quelques amis en étant absolument sûre qu'ils me diraient il faut changer ci, il faut changer ça. Sauf qu'ils m'ont tous dit tu l'envoies tout de suite à un éditeur. On parle des Oubliés du Dimanche. On parle des Oubliés du Dimanche, mon premier roman que j'ai envoyé chez Albin Michel à un monsieur qui s'appelle Richard Ducousset qui est directeur éditorial chez Albin Michel. Et 15 jours après, toute la maison l'avait lu et ils m'ont fait signer mon... Donc je ne l'ai même pas envoyé ailleurs en fait. J'ai toujours travaillé avec Albin depuis le départ. Donc c'est très beau. Ce n'est pas celui-là qui a changé ma vie, parce qu'il y a toujours un moment où ça change ta vie. Moi j'ai quand même un avant et un après. Mais Les Oubliés du Dimanche a été extrêmement reconnu par tous. J'ai eu 13 prix littéraires pour un premier roman. Et puis il n'a pas changé ta vie ça ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, ça, ça change la vie, mais surtout, je me suis rendu compte que ça avait changé la vie de beaucoup de lecteurs. Et que eux, quand je les voyais dans les rencontres, ils me disaient « Madame, continuez à écrire, ça nous fait trop de bien » . Du coup, j'ai pris cet amour-là, et là j'ai écrit « Changez l'eau des fleurs » , et là on peut dire que ça, ça change une vie. Et la vie de beaucoup, beaucoup de gens dans le monde. J'ai écrit, j'ai fait le portrait d'une guerre cimetière. Personne n'avait jamais pensé à ça.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Moi, l'élu, je l'ai...

  • Speaker #0

    Et ça a changé ma vie, mais ça a changé la vie. Je n'ai jamais les chiffres, parce que je m'en fous. L'autre jour, Claude me posait la question, t'as vu combien d'exemplaires de Troyes en France ? Je suis incapable de répondre. Je ne suis pas du tout sur les chiffres, mais je suis sûre que changer l'eau des fleurs, c'est des millions dans le monde. Et donc, c'est le portrait d'une femme qui parle de la vie, de la mort, qui ouvre les grilles, qui referme les grilles et qui raconte des anecdotes qui se passent dans son cimetière. et avec le temps, dans le roman, on découvre ses propres secrets. j'en ai à chair de main mais moi aussi j'en ai à chair de main mais je ne vais pas du tout à tout que tu me les envoies je vais les acheter en sortant d'ici c'est vrai que changer l'eau des fleurs pour le coup c'est universel ça rencontre un succès et ça continue c'est ça qui est beau aussi dans mon parcours je crois c'est que mes livres ils continuent tous les jours encore c'est ce que me disent les libraires ma libraire des abbesse me dit tous les jours on rentre on me dit est-ce que vous avez celui-là de Valérie Perrin est-ce que vous avez celui-là et puis voilà, j'en ai fait que 4 je n'écris que 4 romans Mais c'est très rempli et c'est magnifique ce qui m'arrive. Je parlais du miracle dès le début. Ça, c'est un miracle. Quand tu écris une histoire universelle qui va être adaptée au cinéma, « Changer le défleur » par Jean-Pierre Jeunet. Super.

  • Speaker #2

    C'est Jeunet qui va le faire. Oui, c'est Jeunet qui va le faire.

  • Speaker #0

    C'est beau. C'est prêt. Je pense qu'ils vont le tourner l'année prochaine.

  • Speaker #2

    Après, ce que je trouve génial, c'est que tes livres sont hyper cinématographiques. C'est vraiment les oublis du dimanche. Moi, je l'ai lu. C'est vraiment du cinéma. Je dialogue beaucoup. Mais en fait, je pense que là, aussi, ton secret, c'est que tu atteins les gens qui lisent beaucoup comme les gens qui ne lisent pas trop. Ma tante, elle dévore tes livres. Elle a tous tes livres. Et moi qui lis très peu, je dévore tes livres aussi. Donc, en fait,

  • Speaker #0

    tu arrives à tout. Très accessible. Je sens que je viens du scénario et parce que je dialogue beaucoup et que dans mon esprit, je ne pense jamais en chapitre, mais en scène.

  • Speaker #3

    D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    voilà, c'est une manière d'écrire, même si je pense littéraire. C'est extrêmement dialogué. C'est très visuel. Et j'ai fait beaucoup de photos aussi. Et du coup, je suis une femme d'images.

  • Speaker #1

    Et on le sent parce que là, quand tu racontes un petit peu ce qui se passe dans « Changez-le des fleurs » ,

  • Speaker #3

    on se suit avec toi.

  • Speaker #1

    J'ai des images qui me reviennent de quand j'ai lu le livre. Je revois comme si j'avais vu un film.

  • Speaker #0

    C'est ce qui marche entre les tons.

  • Speaker #1

    On se fait tous, quand on lit un livre, nos propres images.

  • Speaker #0

    C'est ça qui est beau. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Et là, en le disant ça, j'ai mes propres images qui me sont revenues

  • Speaker #2

    Et on peut faire un petit focus sur Troie. Alors du coup, comme on a parlé des autres trois aussi, ça a été un certain théâtre. Troie,

  • Speaker #0

    c'est l'histoire de trois amis d'enfance. Il y a toujours un fond de polard, de plus en plus en fait, dans l'écriture. Ce sont trois amis d'enfance qui se sont rencontrés en CM2. Deux garçons et une fille qui ne se sont jamais quittés, mais vraiment qui ont grandi ensemble, les trois doigts de la main. Et quand on est au présent, il y a un fait divers. On ressort une voiture d'un lac. dans lequel il y a un corps. Et à cause de cet événement, ils vont être obligés de se reparler. Mais ce qu'on va découvrir, nous, lecteurs, c'est pourquoi ces trois gosses, qui se sont tellement aimés, qui ont 40 ans aujourd'hui, pourquoi ils ne se parlent plus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et pareil, je remonte. C'est une quatrième personne, c'est une quatrième narratrice qui raconte l'histoire de ces trois-là qu'elle a très bien connue. Et puis, petit à petit, on va découvrir la vérité.

  • Speaker #2

    J'en ai des frères. Et alors, celui-là, jusqu'à la fin, il te tient mais il te tient C'est incroyable. Tu n'es pas là. Ah ben non.

  • Speaker #0

    Attends.

  • Speaker #2

    Non, non, mais par contre, ça, c'est vraiment le roman où tu peux faire des nuits blanches. C'est-à-dire qu'en fait, il faut trop que tu arrives, il faut trop que tu saches. C'est là où, justement, effectivement, il y a du suspense et du thriller.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Vraiment,

  • Speaker #2

    ça te maintient. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    J'aime bien construire des histoires où les gens se posent C'est Tata.

  • Speaker #2

    Ah ouais ?

  • Speaker #3

    On va découvrir ça !

  • Speaker #1

    Et l'idée de Tata, justement, comment elle vient ? Est-ce qu'on a le quatrième roman ? Comment est-ce qu'elle vient,

  • Speaker #0

    cette idée ? En fait, l'idée, elle naît un jour que je suis à la piscine de... Comment elle s'appelle cette piscine ? C'est une vieille piscine à l'île Adam, avec Claude, un dimanche après-midi. On fait toujours un pèlerinage là-bas. Une fois par an, on va se baigner là-bas. Et j'entends un petit garçon qui appelle sa tante. Tata ! Et là, ça me fracasse le cœur. Ça part de là. Mais c'était il y a très longtemps, c'est bien avant d'avoir écrit Troie, où j'étais en début du processus de Troie. J'ai besoin de penser longtemps à un roman avant de l'écrire. Donc, j'y pense pendant un an, deux ans. Ok, tata, c'est qui ? J'ai envie de parler de Guignol. Je veux fermer ma parenthèse bourguignonne parce que je voudrais après me déplacer mes romans plus dans le sud de la France, du côté de Marseille. Donc, je me dis, ça y est, il faut que je parle de Guignol, il faut que je parle de la ville, de toutes les colonies qui sont arrivées. Et donc, il y a eu... D'abord, les Algériens, après la guerre d'Algérie, ensuite les Polonais, les Portugais. Tous ces gens, on a tous grandi ensemble grâce à cette usine qui a embauché beaucoup, beaucoup de monde. Donc, je voulais parler de ça. Je voulais faire le portrait d'une femme. Je voulais absolument faire le portrait d'un cinéaste. Je voulais faire le portrait, un mélange de Claude Lelouch, mon mari, et de Jean-Pierre Jeunet. Tu vois, un petit garçon qui serait allé en vacances chez cette tante. Et puis, un dimanche, je me suis retrouvée chez Michel Legrand à la campagne. Et je rencontre Agnès Jaoui, que j'adore. Et je me dis...

  • Speaker #3

    Dans la même phrase, tu as deux noms de gens que j'adore. Ouais.

  • Speaker #0

    Et Agnès Jaoui, je me dis, mais Valérie, il ne faut pas du tout que ce soit un cinéaste, il faut que ce soit une cinéaste. Il faut que ce soit une femme qui parle de sa tante. Et parce que je vois Agnès, je décide d'ailleurs d'appeler ma narratrice Agnès et de me dire, il faut que ce soit une cinéaste, en fait. Et heureusement, mon Dieu, heureusement. Et là, j'ai construit tout au fur et à mesure, mais avec plein de... Je pars toujours sur des gros romans, ça c'est sûr. Je ne le fais pas exprès, mais c'est comme ça. Par contre, j'ai toujours des moments intenses. Il y a des moments qui sont très importants. Je pars sur trois, quatre moments qui vont être des révélations. Et puis, je construis au fur et à mesure. Et puis, ça dure longtemps. Je ne peux pas expliquer.

  • Speaker #2

    Et tu t'enfermes. Tu pars à la campagne, tu t'enfermes. Il faut vraiment que tu aies des règles.

  • Speaker #0

    Je ne pars pas à la campagne, forcément. Mais en tout cas, je m'enferme et j'écris.

  • Speaker #3

    C'est quoi ta routine ?

  • Speaker #0

    Deux ans et demi, trois ans d'écriture tous les jours.

  • Speaker #3

    Mais c'est genre quatre heures du matin.

  • Speaker #0

    Je dirais environ 9h-13h, mais tous les jours.

  • Speaker #3

    C'est une discipline ou pas ? À peu près. Ou un besoin ?

  • Speaker #0

    C'est comme ça. De toute façon, il faut que j'aille.

  • Speaker #3

    Parce qu'il y a des jours où, pour moi, il y a une vraie différence entre la discipline et la fulgurance, entre guillemets. La discipline, c'est que parfois, tu n'as pas envie, mais tu vas quand même le faire. Je n'ai pas envie. Donc, c'est de la discipline.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline. Et pour celui-là, pour la première fois, sur les quatre, je le rouvrais à 18h et je me remettais à écrire le soir.

  • Speaker #3

    La discipline, c'est vraiment la liberté, pour le coup. On arrive au bout de rien sans l'étiqueline. Oui, je suis d'accord.

  • Speaker #2

    Parce que tu n'écris pas le soir ?

  • Speaker #0

    Non, je n'écrivais pas, mais le soir, je l'écrivais. De 18h à 20h, je relisais.

  • Speaker #1

    En fait, c'est 9h, 13h. En gros. 18h, 19h.

  • Speaker #0

    Pendant 3-4 ans. Là, pendant deux grosses années et demie.

  • Speaker #1

    C'est juste parce que les gens, je pense qu'ils ne se rendent pas compte de la masse de travail.

  • Speaker #0

    Pendant deux ans et demie, tu vis. Tu parles, tu t'occupes, mais en vrai, tu es ailleurs quand même, tu es dans un autre monde.

  • Speaker #3

    Mais c'est vrai pour la musique, pour un film, pour une série. Vous êtes comédienne, vous le savez aussi, c'est-à-dire que d'un texte, il t'accompagne pendant des années. Tu travailles longtemps dessus, tu le tournes, tu le montes. La musique, les chansons, elles te viennent, tu as des petites briques, tu travailles dessus. Les musiciens, ils ont consacré leur vie à leur instrument, plusieurs heures par jour, pendant des années. Les gens ne se rendent jamais compte de ça, en fait. Quand tu vas voir un mec sur scène, en fait, sa guitare... C'est facile parce qu'il a passé 3 millions d'heures dessus. Là où les gens vont dans des fêtes, ils ont le temps de se prendre des cuites, lui, il ne fait pas ça. Lui, il travaille son instrument. C'est tout ce qu'on met dans un instrument, dans un roman, dans un sport. C'est tout ça qui est bouleversant.

  • Speaker #0

    Quand on est gosse, on tennis, on foot à 14 ans et tous les copains commencent. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que...

  • Speaker #3

    Que ça te décroche.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #3

    C'est à l'eau de l'Espence.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #3

    oui. C'est le plus dur. C'est là où tu es éprouvé, en fait. Oui, oui. Qu'est-ce que tu fais vraiment ?

  • Speaker #0

    On a des petits copains. Tout le monde commence à faire des fêtes et toi,

  • Speaker #3

    tu es à l'entraînement.

  • Speaker #0

    Avec ton coach.

  • Speaker #2

    Et toi, Karine, ton processus de création, c'est quoi pour la musique ?

  • Speaker #3

    C'est du même ordre. C'est rigolo parce que là, je travaille sur le deuxième album. Je m'étais fait la promesse de ne pas arriver avec un premier album qui soit un album de reprise. Je ne me suis pas du tout écoutée. Est-ce que mon premier album est consacré à Nina Simone ?

  • Speaker #1

    Il est incroyable.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup. Alors, c'est rigolo parce que, tu vois, moi, j'étais dans une position particulière, c'est-à-dire que autodidacte journaliste. et chanteuse illégitime évidemment parce que jamais personne ne savait vraiment que je chantais j'ai toujours chanté, je faisais des clubs de jazz mais je n'en parlais pas et puis surtout je deviens chanteuse entre guillemets professionnelle en tout cas publiquement après avoir été connue comme journaliste donc tout le monde se dit c'est impossible qu'elle sache chanter celle-là c'est une blague quoi,

  • Speaker #2

    c'est pas possible et puis on t'a catalogué journaliste journaliste,

  • Speaker #3

    femme de qui chante Nina Simone quelle folie en fait.

  • Speaker #1

    Elle a présenté le turbo.

  • Speaker #3

    Vraiment, il n'y a rien qui allait. Rien ne va dans le CV. Rien ne va. Il faut cocher toutes les cases. Toutes celles-là, normalement, c'est disqualifiant. Ça ne passe pas. Et en fait, ce qui était... Avant de répondre au processus de création, ce qui était amusant, c'était justement d'aller à la bagarre entre guillemets. Je ne suis pas du tout compétitrice. Moi, je ne suis pas comme ça. En revanche, je m'aperçois que j'aime vraiment bien la bagarre. Et que finalement, quand tu es une femme et que tu es une femme noire, personne ne t'attend. Tu n'as jamais rien à perdre en réalité. Donc autant courir le plus de risques possible. Je m'entends quand je dis ça. Autant réaliser tes rêves. Parce que de toute façon, ils ne se réaliseront pas tout seuls. Et qu'on ne t'ouvrira pas les portes. Donc il faut que tu fasses exactement ce que tu veux faire. Et ça m'a toujours guidée. Alors pour revenir sur l'histoire de ton roman, qui m'a fait penser justement à ce premier album. Donc, ce premier album, il a été... C'est Dominique Fillon, qui est un vieux copain, qui est pianiste de jazz, que j'ai rencontré depuis 20 ans. C'est avec lui, d'ailleurs, que je suis montée sur... C'était une toute petite scène, un cave-conce dans le 18e, que j'ai chanté pour la première fois. Et il me dit, écoute, j'aimerais vraiment faire un album hommage à Nina Simone avec toi. Et on commence à bosser sur ce projet-là. Et puis, je vous fais vraiment long story short. Donc, on va directement au producteur qu'on rencontre. Et ce producteur, il avait dit à des gens, avant de venir écouter les maquettes... Bon, franchement, je me suis mis dans un bourbier, une vedette de la télévision qui chante Nina Simone. Enfin, quel enfer ! Je dois aller écouter les maquettes, je vais leur dire, écoutez, refaites-moi ça en si bémol, et puis ça, changez-moi ça en amineur, et puis je les reverrai dans six mois ou je les reverrai jamais. Donc il était arrivé dans cet état d'esprit quand il est venu écouter les maquettes. Il y avait neuf chansons qu'on avait maquettées. Donc les trois premières, la troisième, je vois qu'il commence à me regarder. La quatrième, il commence à se tourner, il était sur un siège qui tournait, donc c'est vraiment une image qui me reste. Et à la fin, à la neuvième chanson, il était complètement face à moi. Il m'a dit « Ah ben d'accord, mais je n'avais pas du tout compris en fait. C'est complètement abouti, c'est vachement bien. Bon, on va le produire. » Et en fait, on n'a pas eu à faire le tour de la maison de disques parce que justement, il l'a produit tout de suite. Mais après, ça a été le début d'autre chose. Parce qu'il fallait aussi qu'on soit bien accueilli par les festivals, par les médias jazz. Enfin voilà, c'était toute une aventure. Donc mes équipes, elles ont dû faire des écoutes à l'aveugle pour qu'on ne sache pas du tout qu'il s'agissait de moi et qu'il n'y ait pas de présupposés, parce qu'il y avait vraiment... deux réactions différentes. Ceux qui savaient, qui avant même d'écouter, disaient « c'est pas trois patins, un canard, franchement » . Et ceux qui ne savaient pas, « c'est génial, c'est incroyable, c'est qui cette chanteuse ? » Donc voilà, il fallait trouver son chemin dans tout ça. Et ce qui est très heureux, c'est que le jazz étant une musique très ouverte, très curieuse, protéiforme, parce qu'il y a plein de courants dans le jazz, j'ai vraiment bénéficié de ça. C'est-à-dire que les gens du jazz ont cette curiosité et se sont dit « ah ouais, t'as toqué à la porte ? » t'as des trucs à raconter bon allez on va voir ce que t'as à me rendre et c'est ce qui s'est passé ils sont vraiment venus en toute sincérité écouter et puis finalement j'ai réussi à les convaincre et ils m'ont accueilli donc ça c'est chouette et ce qui est amusant c'est que du coup j'abordais le deuxième album en me disant bah ça va être facile j'écris depuis super longtemps j'ai des chansons qui ont 15 ans 20 ans 25 ans j'ai qu'à ouvrir les tiroirs et en fait c'est pas du tout ça Parce que je ne suis pas du tout celle que j'étais avant.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ce que j'allais te dire.

  • Speaker #3

    Je n'ai pas du tout envie de raconter. Je n'ai plus du tout envie de chanter ça. Je ne suis plus du tout la même personne. Il y a tellement d'épreuves que je n'avais pas traversées. Il y a plein de larmes que je n'avais pas versées. Il y a plein de choses que je n'avais pas comprises. Il y a des douleurs fondatrices que je n'avais pas expérimentées. Des bonheurs essentiels que je n'avais pas ressentis. Donc, évidemment, je repars de zéro. Il y a peut-être une ou deux chansons d'avant. qui vont survivre. Mais ce n'est pas du tout là-dedans que je vais me servir aujourd'hui. C'est vrai que j'ai plein d'autres choses à raconter. Et c'est très marrant parce que moi, je suis souvent réveillée dans la nuit par des mélodies. Donc parfois, sur mon dictaphone, il y a plein de...

  • Speaker #2

    Avec ton mari qui est dingue !

  • Speaker #3

    Donc j'ai mes forces ensuite à re-rechanter bien. Et puis parfois, j'ai tellement la flemme parce que le sommeil est tellement bon que je me dis, ça reviendra après. Et puis ça vient me chercher dans la journée. Et quand la mélodie revient plusieurs fois, Sur plusieurs semaines, je me dis « Ah, elle a un truc, alors que je la retiens, sinon ça disparaît, ça revient jamais. » Un peu comme un rêve, on essaie de l'accrocher et puis on n'arrive plus à le saisir. Donc il y a de ça, il y a des chansons que je mets très longtemps à maqueter moi-même, parce que je passe d'abord par la phase de mes propres maquettes avant de travailler avec des musiciens, parce que je la laisse mûrir, je la laisse grandir et je trouve ça très agréable de voir le plaisir que je peux encore avoir avant de l'enregistrer, à la chanter avant même. qu'elle existe, on me dit « Ah ouais, elle est bien celle-là, et puis j'attends encore. » Enfin voilà, donc c'est très long et puis c'est toujours... À la fois c'est long et puis parfois c'est très rapide quand sur l'album Nina, il y a des interludes que j'ai écrits pour moi il y avait Dans les cultures afro, l'invisible est très important. Il est très présent, en fait. En tout cas, culturellement, on accorde beaucoup de sens à tout ce qu'on ne voit pas et qui a pu exister, qui existe encore, pour nous, en tout cas. Et pour moi, Nina Simone, même si elle n'était plus, elle n'est plus parmi nous, mais c'était important que je me présente à elle et que je lui demande l'autorisation de chanter ses chansons. Ce que j'ai fait. Et que j'appelle... Alors, chez nous, on dit Tati, on dit pas Tata, on dit Tati. Donc, c'est Tati Nina. Voilà, et donc, je l'appelle Tati. Et quelques fois, d'ailleurs, c'est rigolo, on appelle ça des manifestations. Alors, les plus cartésiens disent, oh, n'importe quoi, c'est un hasard. Mais on choisit de l'interpréter. Et on a fait... On est pris dans l'invisible. Voilà. Et au Sunside, où j'ai fait trois concerts en octobre, en septembre dernier, l'année dernière, en 2023, il y a des portraits, il y avait des portraits d'artistes, de tous les grands du jazz. Et il y avait un portrait, donc, de Nina Simone. et quand on faisait les répétitions. on venait d'arriver, il y a un portrait qui est tombé celui de Nina donc on s'est tous arrêtés en disant putain, Tati est là donc précautionneusement j'ai cherché son je lui ai parlé, j'ai dit bon j'espère ça va, ça te convient ok bon on continue et quand j'ai écrit les interludes qui étaient vraiment sur elle en fait, j'avais envie de l'éclairer autrement, de parler d'elle, de contextualiser un peu les chansons, c'est venu très simplement et très rapidement alors est-ce que c'est Euh... de la méditation, de la connexion, je n'en sais rien. Je ne sais pas comment expliquer l'inspiration. Je ne sais pas si ça s'explique, en fait. Parfois, il y a des choses qui viennent de très loin et puis parfois, c'est évident et c'est un robinet, en fait. Donc, je ne sais pas. C'est le processus de création. Pour moi, tout est bon à prendre. Autant ce qui m'arrive dans la nuit qu'un bout de chose. Parfois, j'entends au loin quelque chose qui n'est pas du tout la chanson qui passe, mais j'entends autre chose et ça donne naissance à quelque chose. Je ne sais pas comment dire, c'est comme cuisiner et se dire, faire des plats qui n'existent pas. En disant, tiens, aujourd'hui j'ai envie de manger, ça il y a des champignons, je vais faire tel truc. Ça n'existe pas, mais vous suivez quelque chose qui est là.

  • Speaker #2

    Ou alors tu dis, tiens, je vais faire des champignons, et puis tu as encore quelqu'un qui parle d'asperges.

  • Speaker #3

    Tu dis, ah tiens, j'ai des asperges. En fait,

  • Speaker #2

    c'est la connexion à tout ce qui est autour de toi.

  • Speaker #3

    Et il y a l'expo qui va ouvrir sur le surréalisme. à Pompidou et c'était intéressant parce que j'avais jamais eu une lecture, elle est vraiment très très très très dense, cette expo je vous la recommande mais elle est vraiment dense et il y a aussi cette part-là dans l'expression du surréalisme, le lien avec le rêve, le lien avec l'invisible, avec toutes ces choses qui sont a priori complètement confuses, qui ne sont pas du tout homogènes mais dont émerge quelque chose d'absolument merveilleux et le surréalisme je trouve finalement, je crois qu'il représente bien ce qu'est l'inspiration. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est intéressant.

  • Speaker #2

    Non,

  • Speaker #1

    mais surtout, c'est super intéressant parce que tu nous as dit juste avant, sans discipline, il ne se passe rien. En fait, comment tu l'imbraces, l'discipline ?

  • Speaker #3

    Parce qu'en fait, la discipline...

  • Speaker #0

    Tu dis la discipline, c'est la liberté.

  • Speaker #3

    Oui, la discipline, c'est la liberté. Parce qu'il faut... On n'atteint pas d'objectif sans discipline. C'est impossible de se réaliser sans discipline parce qu'il faut travailler, il faut s'améliorer. Tu ne mets pas seulement deux ans à écrire un bouquin. C'est ce que tu écris, puis tu n'es pas satisfaite. Puis tu réécris. Et puis tu trouves qu'on ne comprend pas assez bien. Donc tu réécris jusqu'à ce qu'on arrive à quelque chose, à une essence, une substance. Mais il faut travailler pour ça. Donc si elle se dit, tiens, comme un régime, là aujourd'hui j'arrête le sucre, et puis demain, ça va, je vais reprendre le régime demain. On ne les perd pas les trois kilos. Jamais on ne les perd. On ne les perd que si on a de la discipline. On gagne en... excellence que si on a de la discipline, que si on travaille, qu'on retravaille. Quand on voit les sportifs, c'est tellement simple, ou les artistes, les chanteurs, on a l'impression qu'ils se réveillent le matin et qu'ils le font. C'est parce que justement, quand ils se réveillent le matin, ils le font tous les jours. Qu'à un moment, ça a l'air facile et que chacun pense qu'il peut le faire. Puis c'est quand on s'y frotte qu'on se rend compte que c'est pas du tout comme ça. C'est des milliers et des milliers et des milliers d'heures. Et c'est ce que j'ai... Ce qui a pu m'aider, c'est qu'en effet, comme je travaille la musique depuis très longtemps et que je chante depuis très longtemps, j'ai eu un parcours très compliqué, mais assez banal pour un artiste. Il y a eu plein de rendez-vous manqués. J'aurais dû sortir mon premier album en 2003, donc il y a plus de 20 ans. Et puis ça ne s'est pas fait. Et puis des promesses sont tenues. Et puis des mésaventures. Enfin bon, bref, vraiment un parcours d'artiste assez banal. En revanche, je suis restée très entêtée. Mais dans mon entêtement, j'ai toujours travaillé avec beaucoup de discipline. Et quand, ces dernières années, je trouvais que les choses ne bougeaient pas, je me disais, OK, pour que ça change, il faut que tu changes les choses. Donc, il faut que tu te mettes en mouvement tout le temps. Tous les matins, je me réveillais, je faisais des bavilles musculaires, je prévoyais ma journée, etc. De la discipline, sinon ça ne bouge pas. Il ne se passe rien. On ne s'améliore pas. On ne grandit pas. Et on n'aboutit rien sans discipline. Ou alors, on est soumis aux opportunités. Mais alors, ça, c'est aléatoire. Ça marche ou ça ne marche pas. On a eu de la chance. super et puis après Si en fait, on ne peut pas keep up avec la discipline, ça ne fonctionnera pas durablement. Donc, il faut de la discipline. on ne sortira pas de ça Ça ne marche pas autrement.

  • Speaker #2

    Et là, toi Valérie, tu te laisses combien de temps sans discipline ? C'est-à-dire que là, ton roman va sortir. Est-ce que tu es déjà programmée sur le cinquième ?

  • Speaker #3

    Là, je suis avec une chute. Mais normalement, je vais en écrire. Celle que vous voyez là, moi, Valérie Perrin.

  • Speaker #0

    Un an et demi que je prépare le prochain, mais dans ma tête. Et puis là, la discipline, c'est que je passe mes journées entières avec les attachés de presse province, attachés de presse Paris, les libraires, pour prévoir tout ce qui va se passer d'ici la fin de l'année. Donc, je ne l'arrête pas.

  • Speaker #2

    Mais tu as déjà dans ta tête le cinquième.

  • Speaker #0

    Il faut être disponible pour écrire. Comment je suis disponible d'ici la fin de l'année ? C'est impossible, ça me fait toujours rire quand je le dis. Il faut écrire. Non, parce que monsieur, madame, si je suis là, devant vous, en train de signer,

  • Speaker #3

    je ne décolle pas. Ben non. Ben oui.

  • Speaker #0

    Il faut avoir fini. Et là, tu as écrit l'année prochaine.

  • Speaker #3

    Oui.

  • Speaker #2

    Mais tu sais déjà où tu vas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as des...

  • Speaker #2

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    J'ai tout. Ça, c'est génial. Par contre, j'aimerais beaucoup adapter Les Oublies du Dimanche au théâtre.

  • Speaker #2

    Ah oui ?

  • Speaker #0

    Donc, je voudrais... Faire ça avant d'attaquer le cinquième roman. Ouais.

  • Speaker #2

    Est-ce que pour le changer l'eau des fleurs en film, est-ce que tu vas le scénariser comme tes scénaristes aussi ? Ou est-ce que tu délivres ?

  • Speaker #0

    Non, une fois que j'ai cédé les droits, je ne veux plus m'en mêler. Après, je suis extrêmement proche de Jean-Pierre. Donc, il peut m'appeler s'il a une question. C'est fini, il a fini d'écrire. Mais s'il avait une question par rapport à tel personnage, il m'appelait. C'est beaucoup plus simple. Et quand il a terminé son travail, il l'a refait dialoguer par Guillaume Laurent, qui est son scénariste de toujours, même avant Amélie Poulain, qui est un super scénariste. Mais de toute façon, c'est ce qu'il me dit, je ne vais pas aller chercher ce qui n'existe pas, puisque tout existe dans le roman. Donc c'est quand même très proche du roman. Après, c'est un gros roman, il faut le transformer en deux heures et quart, deux heures et demie, grand maximum, parce que c'est pour le cinéma. Donc il faut raccourcir, il faut faire des choix. Mais en gros, c'est déjà très dialogué, c'est déjà très visuel.

  • Speaker #2

    Donc je pense qu'il a tout.

  • Speaker #0

    Après, il amène son univers, sa patte, il amène autre chose. Il développe un des personnages qui est Julien Seul. C'est un flic qui débarque dans ce cimetière, justement. Et c'est par lui, d'ailleurs, que la vérité va éclater. Parce que sa maman... veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler. Il y a toujours l'histoire de cimetière chez moi. C'est une obsession chez moi. Sa maman veut reposer auprès d'un homme dont il n'a jamais entendu parler alors que sa maman était mariée.

  • Speaker #3

    Donc,

  • Speaker #0

    il vient frapper à la porte de cette femme pour comprendre. Et en frappant à la porte de cette femme, une fois de plus, il va tout découvrir. Pourquoi ? Je n'en dirai pas plus. Pourquoi elle est là ? Pourquoi son mari est parti il y a très longtemps ? Je suis extrêmement fascinée par l'adoption, par les liens du sang et pas les liens du sang. par les cimetières, par les secrets et aussi par tout ce qui est caché derrière. Je pense que derrière chaque individu, il y a un roman, il y a une histoire. Et je pense qu'il est très, très bon pour chacun d'avoir un jardin secret. Toute vérité n'est pas bonne à dire. On va en sortir.

  • Speaker #3

    Sur les cimetières, ça me rappelle un de mes grands fourris avec une amie qui venait de perdre son papa. Sa mère était morte quelques années plus tôt. Son père, c'était... pas vraiment remarié, mais enfin, il était avec quelqu'un d'autre. Et il meurt. Et donc, sa nouvelle compagne voulait qu'il soit enterré dans le caveau de sa famille à elle. Et ma pote m'appelle et me dit, mais c'est pas possible. Il connaît personne. Et on est partis dans un moment de grande tristesse. On est partis dans un frire. C'est souvent comme ça. tu te dis mais il est mort et en même temps je comprends qu'on ne pense qu'elle veut dire il faut qu'il soit enterré avec maman ça lui fait quoi elle ? on entend dans des grandes discussions mais c'était très très beau le il ne connait personne dans ce cimetière je comprends qu'on peut avoir une fascination d'ailleurs aux Antilles, en particulier en Guadeloupe les cimetières sont très particuliers je ne sais pas, t'es déjà venue en Guadeloupe ? il y a notamment celui de Mornalot qui est d'ailleurs un site touristique Pas comme le père Lachaise, parce qu'il y a des gens connus qui l'ont enterré, mais parce qu'il est vraiment très beau. Ce sont des mini-maisons, en fait, c'est des petites chapelles en damier sur un morne, d'ailleurs un morne à l'eau. Et les cimetières aux Antilles, très souvent, donnent sur la mer. Je te montrerai des photos, parce que c'est vraiment, ça semble bizarre. Ils sont carrelés aussi. Ils sont carrelés, noirs et blancs. Eh bien voilà, c'est pareil. Et c'est vraiment très spécifique. Et celui de Morne à l'eau en particulier,

  • Speaker #2

    il est ouf.

  • Speaker #3

    Dans les Antilles. Ah ouais.

  • Speaker #0

    Et il y a des Ausha aussi dans les cimetières.

  • Speaker #3

    Ah ça, je ne sais pas. Pour chez nous, c'est peut-être plus des chiens, parce qu'il n'y a pas beaucoup. Je ne sais pas, d'ailleurs, je dis ça, je n'en sais rien. Chez nous,

  • Speaker #0

    en France, il y a beaucoup de chiens.

  • Speaker #3

    Oui, il y a beaucoup de chiens, mais on ne vous en dit pas spécialement. Mais c'est vraiment les cimetières qui sont très particuliers. Et là, Toussaint, on les illumine, c'est extraordinaire. C'est des grands moments de joie et un peu de peine, mais c'est surtout des moments de joie. Alors, ça disparaît de plus en plus avec les maisons funéraires, etc. Mais pendant longtemps, comme ça se pratiquait ici, d'ailleurs, il y a longtemps, mais on a continué à le faire aux Antilles aussi. C'était les veillées. Donc, il accompagnait autant celui qui partait que ceux qui restent. Moi, ce sont des moments qui font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance et d'adolescence, d'ailleurs, où toute la famille se retrouve et on est pendant deux, trois jours ensemble, matin, midi, soir, nuit. Et on mange, on rigole, on se remémore des souvenirs avec le mort et on pleure. Et puis, finalement, on repart sur des plaisanteries. Enfin, vraiment, il y a toujours des choses très heureuses dans ces moments de passage aussi qui nous rappellent notre dimension éphémère. Tout à fait. Et à quel point est-ce qu'il faut qu'on profite et le respect qu'on se doit les uns aux autres.

  • Speaker #2

    Et c'est là que Valérie arrive, mais deux,

  • Speaker #3

    trois mensonges.

  • Speaker #2

    Là-dedans, et là,

  • Speaker #3

    on est à paix. Mais c'est ça. Et à la fois, on n'est jamais aussi proche de l'éternité que lorsqu'on entoure les morts, en fait. Donc, je trouve ça triste qu'on perde ces traditions-là parce qu'elles sont importantes pour les vivants. Et à balayer la mort comme on le fait, notamment dans les sociétés occidentales, où en fait, à la fois, on idéalise la mort parce qu'on est quand même dans une culture de la mort. dans les séries, dans les trucs, elle est omniprésente en fait. Mais la mort réelle, quand elle nous touche, on l'évacue. Et c'est à soi qu'il faut qu'on soit confrontés. Notre vrai moment d'humilité, il est là en fait. Et à chaque fois qu'on perd quelqu'un, c'est extrêmement choqué, alors que c'est la vie de mourir aussi. Et dans ces cultures afro, on a quand même cette conscience très concrète de la mort. Et d'ailleurs, vous avez toujours quelqu'un qui, un peu avant que quelqu'un parte, vous dise « j'ai rêvé d'elle » . Elle ne va pas tarder à partir. Elle toujours aura un truc, une connexion qui nous rappelle ça. Donc, j'en profite de ça.

  • Speaker #2

    Moi, j'avais une petite question de femme et de carrière, comme c'est notre thème. Est-ce que, parce que vous êtes toutes les deux avec une personnalité connue, est-ce que c'est facile et vous avez toutes les deux une carrière à part entière, est-ce que c'est quelque chose avec laquelle on vous embête, ça fait rebond ou on vous laisse tranquille par rapport à ça ?

  • Speaker #3

    Je commence. Alors déjà, quand on est avec quelqu'un de connu, il faut avoir vraiment les pieds sur terre, il faut être bien dans sa peau. Parce que ce dont généralement les gens ne se rendent pas compte, c'est que vous disparaissez. Ça, c'est le premier truc. C'est-à-dire que n'importe où vous arrivez, dans la rue, partout, les gens se jettent sur la personnalité connue. Souvent, on vous pousse ou on vous met un téléphone portable. Non, tu peux. Tu peux faire la photo. Il n'y a pas eu bonjour avant. On ne vous a même pas regardé. On ne vous a pas considéré. Moi, pendant très longtemps, on vous écrase les pieds. On ne vous voit pas. Les gens ne se souviennent jamais de votre prénom. Ah oui, Caroline. Ah oui, non, pardon. Corinne. Ah oui, non, pardon. Catherine. Non, Karine. Oh, Catherine. Puis à la fin, souvent, on me disait, dans les endroits où je pouvais me retrouver avec Lilian, mais alors, que faites-vous de votre vie ? À part accompagner cet homme absolument merveilleux, c'était le moment où je me suis dit que je suis journaliste et que je commentais un JT national sur M6. Et où les gens se décomposent parce qu'ils avaient passé la soirée à faire en sorte que surtout je ne parle pas en se disant la pauvre, elle doit être tellement stupide comme elle est avec un footballeur. Donc forcément, évitons-lui, épargnons-lui une humiliation, nous coupons la parole à chaque fois qu'elle parle. Donc ça c'est quand même très concret, quand vous êtes avec quelqu'un de connu et qui en plus déchaîne les passions comme ça, vous disparaissez. On ne s'intéresse absolument pas à vous. On ne vous garde pas de place. Et puis, on vous affûle de tous les mots possibles, de tous les vices possibles. Vous êtes intéressé, vous êtes ci, vous êtes ça. Enfin bon, bref, vous n'existez pas. Donc ça, c'est le premier truc. Donc, on ne se construit pas très bien comme ça. Et c'est vrai d'ailleurs que moi, j'ai eu beaucoup d'affection, même de tendresse pour les femmes d'eux, qui en plus, très souvent, n'ont pas forcément, parce que ce n'est pas possible. Quand, je ne sais pas, vous êtes avec quelqu'un qui voyage beaucoup, vous ne pouvez pas avoir une activité professionnelle ? solide parce que vous devez tout le temps déménager, vous devez tout le temps partir. Et ces femmes-là, je trouve qu'on ne mesure pas à quel point est-ce que il faut un vrai tempérament pour supporter d'être tout le temps dans l'ombre de quelqu'un et qu'en plus, très souvent, les gens, ils sont méchants, mais malgré eux. Il y a deux jours, je croise quelqu'un, on allait, je ne suis plus à la Philharmonie, un truc comme ça, il n'y a pas que les gens se jettent sur l'île et on commence à parler. Il y a quelqu'un qui me dit, excusez-moi, je ne vous ai pas salué. mais monsieur quand même c'est quand même monsieur C'est-à-dire que... On s'en fout en fait, c'est pas grave de pas me dire. Vous êtes rien, vous êtes de la merde en fait, puisque vous, on sait pas qui vous êtes, et que lui, quand même, c'est quelqu'un. donc vous vous prenez ça toute la journée

  • Speaker #0

    C'est ça la réalité d'être le plus un de quelqu'un de connu. Moi, ma chance, et c'est aussi la tienne, ma chance, c'est que j'avais une carrière bien avant d'être avec Lilian. Je présentais déjà le JT bien avant d'être avec Lilian. J'étais déjà celle que je suis avant de le connaître. Je ne lui dois pas ma carrière professionnelle en tant que journaliste. Et puis ensuite, quand vous êtes une femme d'eux et que vous vous lancez dans une discipline artistique, quelle qu'elle soit, on se dit, bien sûr, comme c'est la femme d'eux, c'est plus facile pour elle. Alors que pas du tout. Là encore, justement, tout le monde entend ça, que c'est plus facile pour vous, donc vous n'avez pas besoin d'aide puisque vous êtes déjà backuppé par quelqu'un d'autre. Donc, ce n'est pas moi qui vais vous aider puisque quelqu'un d'autre vous aide alors que personne ne vous aide. Au contraire, vous y allez avec les rames et puis on ne vous facilite pas la tâche, justement parce que vous êtes une femme d'eux. Il y a plein d'endroits où on ne m'a pas reçu. Je le dis, mais je n'ai aucune amertume du tout par rapport à ça. Mais il y a plein de médias qui n'ont pas parlé parce que je suis journaliste, parce que je suis femme d'eux. en se disant, ça va, c'est bon, on ne va pas en plus... Donc, oui, c'est ça. Donc, ce n'est pas du tout un avantage. Bien au contraire. Et puis, parce que vous avez aussi tous les ennemis de la personne avec qui vous êtes qui vont s'évertuer à vous mettre des bâtons dans les roues. Et puis, tous ceux qui éventuellement pourraient vous aider, ils n'ont pas spécialement envie de porter la charge de la suspicion de copinage. Parce qu'il faut assumer après de dire, oui, je l'ai aidé parce que c'est la femme de machin, que c'est un copain que j'aime bien. Non, ça ne marche pas, en fait. donc vous devez de toute façon vous battre et probablement encore plus, et je comprends que ce soit contre-intuitif, parce que sur le papier, on peut se dire que c'est plus facile comme être fils d'eux, comme être machin, mais ça n'est pas le cas. C'est complètement faux. Voilà.

  • Speaker #1

    Tu as peut-être, je pense, les filles ou fils d'eux ont peut-être plus l'opportunité de rencontrer les bonnes personnes, mais si tu n'assures pas, tu n'es pas meilleur encore que les autres.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça ne sert à rien. Moi, c'est très particulier, ça fait 18 ans, donc moi, très longtemps... très longtemps dans l'ombre de Claude. Puis alors moi, là, les filles, je suis maquillée, je suis habillée, mais en vrai, dans la vie, je suis à moitié en pyjama jour et nuit, jamais maquillée, jamais coiffée. Donc, on m'écrasait les pieds. Il y a deux, trois personnes tout de suite qui savaient qui j'étais. Bonjour Valérie, comment ça va ? Tu les repères, tu vois, tout de suite. Moi, je m'en foutais complètement. Et ça m'a bien fait rigoler parce que j'ai repris une scène que j'ai vécue, moi, dans Tata. Tu vois, je parle en scène, jamais en chapitre. Je me suis retrouvée à la table des enfants en Corse. Je ne dirai jamais chez qui. Chaque lémone au bout de la table, parce qu'il ne savait pas du tout quoi faire de moi.

  • Speaker #0

    C'est merveilleux. Pour aller dans ce que tu dis, je suis devenue amie avec quelques femmes d'eux, justement, parce que parfois, en arrivant, en fait, tu as une huée comme ça qui emporte. Les personnes les plus connues. Et nous, on reste derrière. Et donc, on se retrouve en disant, bon, ben voilà, les doux connasses. Vous vous pliez. Salut, moi, je m'appelle Carine. Moi, c'est Véronique. On va passer la soirée ensemble, je crois. Et du coup,

  • Speaker #1

    tu passes des supersores.

  • Speaker #0

    Et tu passes des supersores. Les oublier, tu vois.

  • Speaker #1

    Là, c'est en train de complètement switcher. C'est le contraire. C'est-à-dire que... Il y a plein de gens qui me lisent, mais ils ne m'ont pas encore identifié. En revanche, ils savent que Valérie Perrin, c'est l'épouse de Claude Lelouch. Du coup, ils reconnaissent Claude.

  • Speaker #0

    Et cher Valérie ! Voilà.

  • Speaker #1

    Pour me dire des choses merveilleusement gentilles. Donc, tu vois, c'est drôle comme la vieille chambre.

  • Speaker #0

    Oui, et Lilian, il a ça aussi de plus en plus. Donc, maintenant, c'est le père de ses fils. Ah, vous êtes le papa de Marcus ! Ah, vous êtes le papa de Victor ! Il est le père d'eux ! Exactement, il est le père d'eux. et on lui dit ah vous êtes le mari de la chanteuse donc voilà la dernière fois On m'a dit, je suis le mari de la chanteuse. J'étais super contente.

  • Speaker #1

    Et Claude, il dit, maintenant, je vais m'appeler Claude Perrin. Je ne sais pas pourquoi, mais je le trouve génial. Il le dit tout le temps. C'est drôle.

  • Speaker #0

    Oui, bien. Mais ça suppose, voilà, de ne pas avoir de problème d'ego. Enfin, en tout cas, de régler son ego. Moi, j'ai appris de ça aussi. Oui, c'est bien. C'est très,

  • Speaker #1

    très bien.

  • Speaker #0

    Reste à ta place. Moi,

  • Speaker #1

    je trouve ça super bien.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a des compétitions.

  • Speaker #1

    Ça donne des bonnes leçons.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Il y a des compétitions dans lesquelles tu ne rentres pas. Les grandes émotions qu'on va ressentir, c'est quoi ? Un mariage, une naissance, tout ça. Et puis, la victoire d'un pays en équipe de France, de l'équipe de France. Tu ne peux pas, à aucun moment de ce que moi, j'ai pu produire, je peux rentrer en compétition avec ça. Donc, il n'y a pas de compétition à avoir. Il faut savoir rester à sa place. Tu ravales ta salive quand les gens vraiment sont désagréables et extrêmement, même méchants parfois. Mais tu apprends à rester à ta place. Et en tout cas, pour moi, ça a été une bonne discipline. parce que c'est une discipline de savoir... rester à sa place, de ne pas être en compétition, de ne pas absolument chercher la lumière quand il n'y a aucune raison, en fait, qu'on soit devant. Et en plus,

  • Speaker #1

    vous menez vos carrières.

  • Speaker #0

    Exactement. Nickel. Et vous êtes juste... Et épanouie, et très heureuse de faire nos trucs.

  • Speaker #2

    Vous êtes même plutôt dans la lumière, on va dire, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, oui, mais parce que tu développes toi, en fait.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Déjà, je n'ai aucun rapprochement entre Valérie Perrin, l'autre, et Claude Lelouch, le cinéaste. Et moi, pour le coup, je lui dois quand même beaucoup. Parce que d'abord, j'aurais quand même écrit, même si je n'avais pas rencontré Claude. Cependant, je pense que ça a accéléré, ça a vraiment accéléré les choses, le fait que je travaille avec lui. et que je fasse cette école de cinéma qui est particulière avec lui. Donc, j'ai vachement pris de... Et puis, je lui ai beaucoup pris dans Tata. Je parle quand même de ce qui est... Je n'ai jamais fait un film de ma vie. Et pourtant, je parle d'une réalisatrice. J'explique tout le processus de création. J'explique qu'est-ce que c'est qu'être sur un plateau. Comment je travaille avec mes assistants. Je n'ai jamais fait ça de ma vie. Mais j'ai tellement pris de clones de cet homme génial que du coup, moi, ça m'a beaucoup apporté dans mon travail.

  • Speaker #0

    Alors moi, effectivement, Lilian m'a beaucoup apporté aussi, parce qu'il m'a obligée, pendant très longtemps, j'étais d'une pudeur totale, grande pudeur vocale. C'était très difficile pour moi de monter sur scène. Je faisais des concerts, mais j'étais alertée plusieurs mois avant. J'avais le temps de me préparer, de me préparer psychologiquement. Deux jours avant, je ne dormais plus. La veille, je ne mangeais plus. Je partais en me disant, bon, quand je vais revenir demain, ce sera terminé. Je l'aurais fait. C'était vraiment horrible. Et il m'a confrontée en fait, vraiment, il m'a mise dans des conditions. pour m'obliger à sortir de ça. C'était sympa sous sa casse. Et notamment, je pense à une fois, on va dans un club de jazz où on va juste écouter de la musique. Et je trouve que dans ce club, tout le monde savait que je faisais des concerts et tout. Et donc, à un moment, le musicien sur scène a dit « Ah, mais nous avons parmi nous des amis chanteurs ! » « C'est la famille ! » « Ne vous dites pas, venez chanter ! » Et tout ça. Puis les gens viennent me voir. Enfin, le patron du club me dit « Alors, tu vas bien chanter une petite chanson ? » Et puis je me suis dit, non, je vais lui manger un croutin de chèvre. Une de miel ? Laissez-moi tranquille, laissez-moi boire mon verre de vin et puis goûter. Oui, mais quand même, ce serait sympa. Lilian me dit, mais je ne comprends pas, pourquoi tu n'y vas pas ? Je finis par céder en me disant, ok, je vais chanter une chanson. Et au moment où je dis ok, je me dis, mais dans quelle tonalité ? Mais c'est quoi la mélodie ? Je suis prise d'une crise de panique. Et je sens qu'à la fois, j'ai envie de le faire, mais que je ne peux pas le faire. Je ne vais pas être capable de chanter. Donc, je commence à s'engloter. Je me dis, il faut que je dise non. t'as dit non, t'as dit oui, tu vas dire non, les gens vont dire que t'es complètement folle, bah oui en fait t'es folle, c'est pas grave. Donc, finalement, je me désiste en disant que je ne vais pas monter chanter. Je commence à pleurer. Lilian me tourne le dos. Vraiment, je sens qu'il est déçu. Ce qui est terrible, c'est de décevoir quelqu'un qu'on aime. En plus, je ne comprends pas. On finit par rentrer à la maison. Il me dit, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne veux pas me préparer. Il me dit, mais non. Mais tu aimes chanter. Tu chantes toute la journée. Pourquoi ? Chanter, c'est simple. Tu te lèves. Il me dit, d'accord. J'avais pas compris. En fait, tu veux pas chanter. C'est pas grave. Ne chante pas. Je n'avais pas compris. En fait, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Et puis, on ira voir les autres en concert. C'est super. Ça va bien se passer. Il me disait ça. Et j'entendais me dire ça. Je me disais, mais qu'est-ce qu'il raconte ? Il est complètement dingue. Mais ce n'est pas possible. Mais oui, je veux chanter. Il me dit, mais non, tu ne veux pas chanter. Tu ne chantes pas. Tu ne veux pas. Mais ce n'est pas grave, mon amour. Tu ne chanteras pas. Et puis, ça va se passer très bien. psychologiquement, franchement, je l'ai détesté. je me suis testée pendant une nuit et le lendemain je me suis dit putain on va aller au club de jazz et je suis allée au club de jazz je suis allée voir le patron en disant vraiment je faisais pas ma diva c'est parce que j'étais prise de panique et je ne pouvais pas mais je viens chanter dans ton club quand tu veux et il m'a dit c'est super on va programmer deux dates dans un mois je me suis dit putain on va aller et en fait ça s'est passé effectivement comme ça et toutes les choses se sont imbriquées ensuite et ça a vraiment contribué à me libérer et je pense que Il y a beaucoup de choses en moi qui m'entravaient. Et il m'a vraiment emmenée. C'était vraiment... Il m'a fait un espèce de coach. Mais complètement. Formidable. Mais vraiment. C'est du coach.

  • Speaker #1

    C'est du coach.

  • Speaker #0

    Pour ça, il a vraiment ce talent, ce don-là de révéler. Alors, ça passait ou ça cassait. J'aurais pu craquer et puis effectivement laisser tomber tout ça et me dire que je ne serais jamais capable de chanter comme ça, de faire des concerts et tout. Mais il m'a complètement changée. Il m'a vraiment donné de... de l'ouverture. Il m'a aidée, il m'a accompagnée dans le déploiement. Et je lui dois complètement ça. Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui sans lui, très clairement. Il m'a, avec beaucoup de, parfois de la douceur, parfois en venant me secouer comme ça, en me disant, mais tu ne seras pas. Il a vraiment contribué à me libérer complètement. Il m'a, c'est, il a changé ma vie, vraiment. C'est beau. choisissez bien vos chéris les filles ça c'est sûr ça c'est sûr ça fait le pas aimer, être aimé et puis il y a aussi des gens qui quand ils vous aiment ils veulent que vous soyez vraiment heureux et heureuses et ils vous accompagnent sur le chemin de l'épanouissement et c'est complètement ce que Lilian fait avec moi et c'est merveilleux vraiment voilà

  • Speaker #1

    On arrive au terme de cette émission.

  • Speaker #2

    On aurait bien aimé continuer en train avec vous.

  • Speaker #0

    On adore. C'est trop bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que vous voulez dire encore une dernière chose ?

  • Speaker #1

    Je suis très heureuse d'avoir rencontré vous.

  • Speaker #0

    De moi aussi. Merci de cette rencontre.

  • Speaker #1

    Il y a plein de connexions.

  • Speaker #0

    Hallucinant. Hallucinant. Je vais tout de suite acheter Les Oubliés du Dimanche.

  • Speaker #1

    Moi,

  • Speaker #0

    je vais en faire une. D'accord, je viens. Parce que j'en ai trois à lire avant.

  • Speaker #1

    Ne fais pas des petits bémols.

  • Speaker #0

    On se déborde. Changez l'eau des fleurs. ça va être merveilleux parce que effectivement je pense qu'il y a des univers qui sont proches dans les réflexions et la profondeur

  • Speaker #2

    Merci Tata sort le 18 septembre donc nous vous invitons tous et toutes à dévorer ce nouveau roman de Valérie Perrin et on était hyper heureuses de vous recevoir et écoutez cet album aussi de Nina Simone qui est incroyable Oui j'ai plein de commentaires aussi,

  • Speaker #0

    j'ai pas toutes les dates en tête mais... voilà le 5 octobre je suis sur les réseaux je suis sur les réseaux et comme ça à chaque fois tu dis je suis là exactement le 23 septembre on mettra tout ça c'est ça il y a 66 minutes aussi super génial il y a plein de choses donc je vous laisse renseigner tout ça on renseigne on renseigne

  • Speaker #2

    tout nous on donne les liens les liens c'est un peu pour ça qu'on a créé ce podcast pour faire de l'eau bien et on est super heureuse d'avoir bien réussi aujourd'hui parce que c'est super une réaction sur un accompli ça va voilà À la semaine prochaine pour une nouvelle mission.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Merci.

Chapters

  • Introduction au thème de la carrière et présentation des invitées

    00:11

  • Karine se présente et parle de son parcours

    00:28

  • Valérie partage son expérience d'autrice et son parcours atypique

    00:48

  • Discussion sur l'importance des études et de la légitimité professionnelle

    02:26

  • Les défis des femmes dans le monde artistique et l'importance de la discipline

    03:38

  • Échanges sur la carrière et les relations personnelles des invitées

    05:07

  • Conclusion et récapitulatif des messages clés de l'épisode

    01:08:45

Share

Embed

You may also like