- Tanguy El Mouahidine
Focus Projet Bienvenue sur Focus Projet, le podcast du management de projet. Le management de projet, qu'est-ce que c'est ? Ça va être les différentes techniques et outils qui vont nous permettre de mener à bien nos projets. Planning, coût, risque, gestion d'équipe, changement, communication, définition du besoin. Au fil des épisodes, on va voir tout cela ensemble. Alors que tu sois le directeur de projet de la prochaine Gigafactory, ou que tu te retrouves à t'occuper des projets de ton entreprise en plus de ton travail, abonne-toi. Ce podcast va simplifier la réussite de tes projets. Communiquer efficacement, faire valoir ses idées, gérer les conflits, tout cela fait partie du quotidien des chefs de projet. Par contre, c'est loin d'être évident. Alors, comment faire pour s'exprimer de manière claire et ferme, tout en restant à l'écoute, ouvert à la discussion et dans le respect des autres ? Au-delà de la communication non-violente, que l'on a déjà abordée dans un épisode précédent, la certivité peut être la clé. Pour nous en parler, je reçois aujourd'hui Amal Bouarfain. Bonjour Amal, comment ça va ?
- Amal Bouarfa
Bonjour Tanguy, très bien et toi ?
- Tanguy El Mouahidine
Tu peux peut-être commencer par te présenter déjà ?
- Amal Bouarfa
Oui, bien sûr. Donc moi je suis coach professionnel certifié depuis 2019. Et j'ai également une certification, une spécialisation en communication et management d'entreprise. J'ai orienté mon coaching dans le milieu d'entreprise parce que j'ai travaillé pendant 16 ans dans le transport international. Et en 2018, j'ai fait un burn-out qui m'a valu bien des déboires. Et suite à ce burn-out, j'ai essayé de démêler un petit peu la pelote de laine, pour savoir pourquoi j'en étais arrivée là. Et une des raisons qui ont fait que mon mal-être a continué de se nourrir. d'année après année, c'était que je manquais de ce qu'on appelle aujourd'hui l'assertivité, qui est une compétence très importante, je trouve, dans le milieu d'entreprise et encore plus pour les chefs de projet.
- Tanguy El Mouahidine
Du coup, pour commencer, tu peux nous expliquer ce qu'est l'assertivité déjà ?
- Amal Bouarfa
L'assertivité, en fait, si on venait la résumer en quelques phrases, c'est vraiment la capacité à s'exprimer, la capacité à défendre ses droits, ses opinions, tout en respectant ceux des autres. Il s'agit vraiment de trouver un équilibre entre l'affirmation de soi et la prise en compte des besoins d'autrui. D'être capable de poser ses limites, de poser son cadre, tout en respectant l'avis, l'opinion de la personne qui est en face. On ne va pas être dans de l'agressivité, on ne va pas être dans de la passivité, on va vraiment être dans une communication gagnant-gagnant.
- Tanguy El Mouahidine
Donc, d'une certaine manière, c'est une manière de s'exprimer et de communiquer.
- Amal Bouarfa
Alors oui, c'est une manière de s'exprimer, c'est une manière de communiquer, de manière verbale, mais aussi non-verbale. Plus de 70% de notre communication passe par le non-verbal. L'assertivité, c'est aussi ce qu'on transmet au travers de nos mimiques, au travers de notre posture.
- Tanguy El Mouahidine
Oui, donc c'est une manière de communiquer au sens large, et pas, on va dire, juste parler.
- Amal Bouarfa
Exactement.
- Tanguy El Mouahidine
Pourquoi c'est important pour un chef de projet de la développer, selon toi ?
- Amal Bouarfa
Pourquoi ça serait important ? Alors, imagine un chef de projet qui collabore avec une équipe et qui n'arrive pas à poser ses limites, qui n'arrive pas à poser son cadre, qui n'arrive pas, ne serait-ce que, à communiquer simplement avec son équipe, à ton avis, jusqu'où va aller le projet ?
- Tanguy El Mouahidine
Forcément, ça se passe un peu moins bien comme ça.
- Amal Bouarfa
Ça se passe un peu moins bien, effectivement. Donc, vraiment, l'assertivité, ça permet au chef de projet de communiquer de manière efficace, non seulement avec son équipe, mais aussi avec tous les collaborateurs qu'il va avoir face à lui, que ce soit des sponsors, que ce soit des parties prenantes, que ce soit son équipe. Ça aussi lui permet de fixer ses limites et de faire respecter ses décisions. En coaching, je vais être un petit peu vulgaire, mais on dit que quand un cadre est posé, c'est 80% d'emmerdant moins. Parce que le cadre est déjà posé, tout le monde sait à quoi on s'attend. Et bien sûr, ça n'empêche pas une communication si les personnes ne sont pas d'accord. Mais au moins, le cadre est posé et tout le monde part de la même base. dès le début du projet. Ensuite, l'assertivité permet aussi de gérer des conflits de manière constructive. Une personne qui est assertive, justement, comme je disais tout à l'heure, ce n'est pas une personne qui va être dans de l'agressivité. Elle va s'écouter, elle va écouter les besoins des autres et elle va pouvoir gérer les conflits pour essayer de trouver une solution. L'assertivité permet de motiver et d'inspirer une personne assertive. C'est un leader. c'est quelqu'un qu'on a envie de suivre, c'est quelqu'un qui nous motive, parce que c'est une personne qui va se respecter, et c'est une personne qui va respecter les autres. Je dirais aussi que ça permet de savoir négocier, savoir négocier avec les fournisseurs, avec les clients, quand il y a peut-être des délais qui doivent être tenus, s'il y a une charge de travail supplémentaire qui se rajoute en cours de route, avec de la négociation, on peut arriver justement à des résultats bien meilleurs.
- Tanguy El Mouahidine
Ça se passe mieux de cette manière-là.
- Amal Bouarfa
Exactement.
- Tanguy El Mouahidine
Tu as un peu répondu à ma prochaine question. Du coup, c'était les bénéfices concrets de l'assertivité, à la fois pour le chef de projet, pour l'équipe ou les différentes parties prenantes. Tu en as un peu parlé, tu peux peut-être préciser concrètement ce que ça va apporter ?
- Amal Bouarfa
Je dirais que pour le chef de projet, il a tout à gagner à être assertif parce que ça va être moins de stress pour lui, moins d'anxiété. Quelqu'un qui a déjà posé son cadre, qui a déjà mis son équipe au parfum de la manière dont ça va se passer, des tâches qu'ils vont devoir effectuer, il n'y aura pas de mauvaise surprise en cours de route. Enfin, au moins, pas de la manière dont on l'entend. Il va avoir une meilleure confiance en lui. Quelqu'un qui va être capable de poser ses limites, de dire non et de pouvoir justement recadrer en cours de route lorsqu'il y a besoin de recadrer, toujours bien sûr dans le respect de l'autre, il va gagner une meilleure confiance en lui et de ça va découler une meilleure image professionnelle aussi. Je veux dire, ça va être quelqu'un qui ne va pas perdre les pédales à chaque fois qu'il va y avoir un problème. C'est quelqu'un qui va pouvoir rester sur les rails lorsqu'il va y avoir des difficultés, lorsqu'on va être challengé et on sait très bien que quand on mène un projet, forcément il y a toujours des aléas qui vont se présenter à nous. Et donc forcément, quelqu'un qui est bien dans ses bottes, quelqu'un qui est posé, quelqu'un qui sait gérer ses émotions. Mais c'est quelqu'un qui va avoir une énorme satisfaction au travail parce qu'il va faire les choses avec plaisir et il ne va pas laisser l'émotionnel prendre le dessus sur ce qu'il a à faire et sur sa manière surtout de communiquer avec ses équipes. Alors, je vais te poser une question Tanguy. Toi, quand tu as une personne qui est face à toi et qui est dans de la colère, quelle va être ta tendance ?
- Tanguy El Mouahidine
Forcément, la tendance naturelle, c'est à réagir. Et ça ne se passe pas forcément bien, mais j'ai un peu d'expérience et j'arrive à prendre sur moi et à essayer de faire redescendre la pression. Mais ce n'est pas forcément toujours simple.
- Amal Bouarfa
C'est pas toujours simple, mais on a une tendance naturelle à vouloir, selon notre type de personnalité, ça on peut le voir aussi notamment au travers du DISC, le dispositif d'ingénierie punitive. Mais au-delà de ça, les personnes qui... ont des tendances à renchérir. On a une personne qui est dans de l'agressivité ou des personnes qui vont au contraire se fermer quand elles sont face à quelqu'un qui est dans de l'agressivité, ça ne mène à rien. Quand on a une personne qui est assertive face à nous-mêmes, on a envie de communiquer avec cette personne, on a envie de collaborer avec elle. Parce qu'on sait que s'il y a un problème, cette personne va venir nous en parler. En étant assertive, c'est comme si elle donnait l'autorisation aux autres d'être assertif et de aussi communiquer lorsqu'il y a des problématiques, lorsqu'il y a des choses à faire évoluer. Forcément, ça amène à une meilleure communication, ça amène à une meilleure collaboration. On est dans un environnement de travail qui est beaucoup plus productif et qui est beaucoup plus positif, surtout. Les prises de décisions aussi sont plus efficaces parce qu'on va droit au but, on ne tourne pas en rond. On ne passe pas par mille chemins pour dire les choses. On est factuel, il y a ça qui pose problème. Quelle solution on va trouver face à ça ? Tandis que quand on a un chef de projet ou un manager qui est face à nous, qui n'arrive pas à communiquer, qui a peur et qui surtout n'a pas confiance en son équipe, déjà à 99% du temps, c'est parce qu'il n'a pas confiance en lui-même, la collaboration est quand même assez difficile.
- Tanguy El Mouahidine
Ça facilite le respect mutuel peut-être aussi d'une certaine manière.
- Amal Bouarfa
Exactement. C'est un peu ce que je disais tout à l'heure, c'est une meilleure image professionnelle. Quand on a une meilleure image professionnelle, forcément, on inspire le respect, et c'est les leaders qui font ça. Une personne qui est assertive, clairement, pour moi, c'est la définition du leadership.
- Tanguy El Mouahidine
Du coup, on a beaucoup parlé des bénéfices de l'assertivité, ce que ça va apporter, mais concrètement, comment on fait ? Comment on fait pour en arriver là ? C'est peut-être là le plus difficile.
- Amal Bouarfa
Ouais, il n'y a pas de secret, il n'y a pas de miracle, il n'y a pas de hack, comme on dit. C'est prendre conscience de ses propres valeurs, prendre conscience de ses propres besoins. Socrate disait connais-toi toi-même dans le but de faire comprendre aux personnes qu'on a tous un inconnu en nous. Si on ne connaît pas nos propres valeurs, si on ne connaît pas nos propres besoins, si on ne sait pas quelle direction on a envie de prendre. de manière consciente et de manière intentionnelle, on ne pourra pas devenir incertif. Tout part de nous, tout part de soi. Quelles sont nos valeurs ? Qu'est-ce qu'on a envie de développer ? Et quels sont les besoins aussi qu'on a envie de nourrir au travers de ce projet avec cette équipe ? Identifier aussi ces comportements, les comportements passifs, les comportements agressifs, ou justement quels sont les comportements assertifs, ceux avec lesquels on est en paix et ceux avec lesquels on n'a pas de difficultés à communiquer. C'est aussi d'apprendre à s'exprimer de manière claire, de manière directe, mais de manière aussi respectueuse. On parle beaucoup de bienveillance, on parle beaucoup de... Mais pour moi, au-delà de la bienveillance, on utilise souvent de la bienveillance déguisée, c'est le respect de l'autre. Moi, je dis souvent, ne fais pas ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse. Donc, tu es chef de projet, tu as un N plus 1. Comment est-ce que tu aimerais que ton N plus 1 communique avec toi ? Donc, communique avec les autres de la même manière. C'est vraiment ma vision des choses et c'était moi ce qui m'avait manqué lorsque j'étais salariée. Je dirais... Apprendre à dire non, c'est le plus difficile.
- Tanguy El Mouahidine
Surtout pour les chefs de projet, je pense que beaucoup en ont tendance à trop dire oui.
- Amal Bouarfa
Apprendre à dire non et faire respecter ses propres limites et les limites aussi de son équipe, c'est important. On a tous envie de plaire, on a tous envie de faire plaisir au détriment de soi, très souvent. Et la seule personne qui est empathique, c'est nous-mêmes. On dit souvent en coaching que quand on dit non à l'autre, c'est qu'on se dit oui à soi. Donc peut-être qu'en se disant oui à nous-mêmes, ça nous permet justement de travailler des tâches de manière plus approfondie, d'être peut-être un peu plus impactant sur d'autres domaines et pas forcément de prendre, prendre, prendre pour au final se retrouver débordé et ne pas arriver à gérer ce qu'il y a à faire de manière optimale. Je dirais aussi développer ses compétences en communication non-verbale. Comme je disais tout à l'heure...
- Tanguy El Mouahidine
Il revient.
- Amal Bouarfa
La posture parle d'elle-même. Donc, comprendre ce que les autres essaient de nous communiquer au travers de leur posture, au travers de leur gestuel, au travers de leur mimique. Je pense que c'est très important aussi.
- Tanguy El Mouahidine
Peut-être faire attention à la sienne aussi, du coup.
- Amal Bouarfa
Bien sûr. Comme je disais, tout part de soi. C'est déjà de s'identifier. Est-ce que moi, j'ai une attitude assertive ? C'est sûr que quelqu'un qui est complètement avachi, qui va venir donner des ordres de manière… tu vois, avec une voix complètement éteinte, sans impact, il aura un peu de mal à être suivi. Tandis que si la personne, déjà, dans sa posture, elle est droite, elle est confiante, parce que c'est vraiment quelque chose qu'elle ressent au fond d'elle-même, ce n'est pas un masque qu'elle porte, la différence, elle sera visible très rapidement.
- Tanguy El Mouahidine
D'accord, du coup, je comprends bien, il y a pas mal un travail sur soi à réaliser pour arriver à s'écouter, à prendre confiance en soi. A savoir dire non. Je ne sais pas si tu as des outils ou des techniques qui peuvent nous aider là-dedans et nous mettre sur la mode voie. Tu l'as dit, il n'y a pas de hack, de truc secret pour y arriver facilement. Et c'est un travail, mais il y a quand même des choses qui peuvent nous amener sur cette voie.
- Amal Bouarfa
Alors, en formation ou en coaching ? Lorsque je coach des managers ou des personnes dans le milieu de l'entreprise, des entrepreneurs, en fait, toute personne qui est amenée à être en communication avec quelqu'un d'autre, c'est-à-dire quasiment tout le monde, je leur transmets un outil qui m'a énormément aidée, c'est ce qu'on appelle le desk. Le desk, c'est quatre étapes de communication. Ce sont quatre étapes qui nous permettent vraiment de se faire entendre, de se faire comprendre par l'autre. Ça nous permet de formuler une demande, ça nous permet de formuler une critique de manière claire, concise, mais aussi respectueuse. Donc dans ces quatre étapes, on a le D de décrire. On vient de décrire une situation. Une situation qui peut-être nous a un peu dérangé ou quelque chose qui met en péril ce qu'on est en train d'accomplir. Alors on vient de décrire la situation de manière neutre, objective. et sans portée de jugement. Par exemple, dans le cas d'une réunion, une personne qui est en train de parler et qui se fait couper. Donc cette personne, à un moment donné, elle va venir discuter avec la personne qui l'a coupée et elle va lui dire, donc dans le D on est vraiment dans la description, elle va lui dire, Lors de la réunion de ce matin, par exemple, tu m'as interrompue pendant mon intervention. Donc c'est un fait.
- Tanguy El Mouahidine
Oui, c'est ce que j'allais dire, c'est un fait.
- Amal Bouarfa
Tu m'as interrompu. Ensuite, il y a le e qui est d'exprimer son ressenti. On exprime ce qui nous a affectés. Et on utilise toujours le je On n'est pas dans le tu accusateur On appelle ça le tu qui tue On exprime nos émotions, on exprime nos sentiments. Et ça va être… Ce matin, lors de la réunion, quand tu m'as coupée, à plusieurs reprises, je me suis sentie frustrée. Et je me suis sentie coupée dans mon élan. Ça appartient à la personne. L'autre en face n'a pas… à juger ou à critiquer ce que l'autre ressent. Ça lui appartient. Ensuite, on a le S de spécifier, de faire une demande. Là, on va plutôt venir expliquer à l'autre ce qu'on attend de lui, quels changements on attend à l'avenir. Donc, ça pourrait être, par exemple, J'aimerais que tu me laisses terminer mon intervention avant de prendre la parole. Lors de la réunion de ce matin, Tu m'as coupé à plusieurs reprises, je me suis sentie frustrée, je me suis sentie coupée dans mon élan. J'aimerais qu'à l'avenir, tu me laisses terminer mon intervention avant de prendre la parole. Et enfin, on va être dans le e qui va être d'exposer les conséquences, parce que forcément, tout vient de triturer, mais à un moment donné, ça va ressortir, et ça ne ressort pas toujours d'une manière… Mais on va venir dire à l'autre, on va lui expliquer les conséquences positives. de la demande précédente si elle est respectée. Donc ça va être par exemple, si on se laisse mutuellement parler, on pourra avoir des échanges qui vont être plus constructifs. On va pouvoir échanger de manière plus efficace sur le projet. Donc tu vois, là c'est du gagnant-gagnant. Laisse-moi terminer de parler avant de prendre la parole. Comme ça, toi tu vas pouvoir entendre ce que j'ai à dire. Moi, je vais être bien parce que du coup j'ai pu m'exprimer jusqu'au bout. Donc, je vais être plus enclin à entendre ce que tu as à dire. Et forcément, la communication sera bien meilleure. Tu vois, on est factuel. C'est clair, c'est précis. On ne tourne pas autour du pot. Et surtout, on exprime nos besoins, on exprime nos sentiments. On est des êtres sociaux. On n'a pas envie de se disputer ou de se prendre le chou à chaque fois qu'une personne va venir nous couper la parole. Déjà, c'est un manque de respect, mais en plus, c'est le projet en lui-même qui va en pâtir. De dire les choses de manière calme, de manière posée et de manière aussi ouverte au dialogue. Alors, comme je disais tout à l'heure, il n'y a pas de secret. Ce n'est pas quelque chose qui va marcher comme ça du jour au lendemain parce que selon la personne que tu as en face de toi, peut-être qu'elle ne va pas être à l'écoute. Et peut-être qu'il va aussi falloir réitérer. Mais ça, c'est OK aussi. Parce que plus toi, tu restes posé, tu restes concis et droit dans tes bottes, plus, entre guillemets, tu vas attirer l'autre dans ton monde. Alors, je ne dis pas, il y a toujours des exceptions. Mais en général, ça marche quand même à ce niveau. Je dois aussi rajouter l'écoute active. L'écoute active qui permet vraiment d'être à l'écoute de l'autre, l'entendre, comprendre ce qu'il essaie de nous dire. Et si on ne comprend pas, mais toujours, même lorsqu'on comprend, il est toujours bénéfique de reformuler. La reformulation, elle permet déjà de faire comprendre et surtout de prendre conscience à l'autre qu'il est entendu, qu'il est écouté. Et aussi... de vérifier qu'on a bien compris. Parce que la carte du monde, c'est ma carte du monde, mais la carte n'est pas le territoire. Donc ce que comprend l'autre, ce n'est pas forcément ce que moi je vais comprendre, même si on parle avec les mêmes mots.
- Tanguy El Mouahidine
Ce que tu dis, ça recoupe pas mal ce que disait Gwenaëlle Manson dans un épisode précédent sur la communication non-viante, arriver à bien centrer ce qu'on a sur soi et pas sur l'autre, pour ne pas projeter... supposer des choses sur l'autre ou projeter des choses qui nous concernent de nous.
- Amal Bouarfa
Oui, toujours partir de soi. Honnêtement, si on est dans une intention de pouvoir collaborer, de pouvoir communiquer, on part toujours de soi. Si on ressent une émotion à un moment donné, c'est que l'autre a fait ou dit quelque chose qui est venu toucher quelque chose chez nous. Donc, l'autre ne le fait pas toujours de manière intentionnelle. Donc, à nous de venir colmater nos plaies. À nous de venir corriger ce qu'il y a à corriger en nous pour pouvoir justement ne pas être dans la réaction, mais être juste dans l'action de ce qui a à être fait en réalité.
- Tanguy El Mouahidine
Du coup, est-ce qu'il y a des pièges à éviter quand on cherche à développer son assertivité et comment éventuellement les surmonter ? Je ne sais pas ce qu'on peut avoir comme obstacle au-delà des autres peut-être qui ne sont pas réceptifs.
- Amal Bouarfa
Alors, oui, il y a trois pièges à l'assertivité. Il y a l'agressivité, c'est souvent revenu, souvent le cas malheureusement dans les entreprises, c'est souvent une guerre d'égo. Donc forcément, qui dit égo dit je dois m'imposer au détriment de l'autre. Est-ce que c'est mon égo qui est en train de parler ou est-ce que vraiment je parle de manière intentionnelle et de manière consciente pour le bien du projet qu'on est en train de mener ? Après, il y a la passivité. La passivité, c'est le fait de ne pas exprimer ses opinions, le fait de ne pas prendre conscience de ses besoins par peur du conflit, très souvent. passivité, on se replie, on se tait, on dit rien. Et il y a aussi la manipulation. La manipulation, c'est très souvent quand on utilise la culpabilité ou de la peur pour essayer d'obtenir quelque chose au détriment de l'autre. Et ça, encore une fois, c'est très lié à l'estime que l'on se porte et à l'écoute. Si on prend l'agressivité et la manipulation, l'agressivité et l'assertivité, ces deux personnes vont avoir une haute estime d'elles-mêmes. La personne qui est agressive, elle sait qu'en étant agressive, elle va soumettre l'autre. Donc ça veut dire que déjà, elle a une haute estime d'elles-mêmes. La personne qui est assertive, elle a une haute estime d'elles-mêmes. Au contraire, parce qu'elle connaît ses besoins, elle connaît ses valeurs. Et donc du coup, elle sait que rien ne va venir les branler. Elle peut s'imposer de manière correcte, de manière respectueuse face à l'autre. La personne qui va être agressive, c'est quelqu'un qui ne va pas être à l'écoute de l'autre. Plus on parle fort, plus on s'impose. Tandis que la personne qui va être dans l'assertivité, c'est quelqu'un qui va être à l'écoute de l'autre. Et pareil pour la manipulation et la passivité, la personne qui est dans la manipulation, c'est quelqu'un qui va avoir une estime de soi qui peut être haute aussi, mais qui va avoir une bonne écoute de l'autre. Parce qu'il va savoir trouver les failles de la personne pour pouvoir le manipuler à sa guise. La personne qui va être plutôt dans de la passivité, c'est quelqu'un qui non seulement va avoir une basse estime d'elle-même, et qui va avoir une faible écoute de l'autre. Parce qu'il s'en fout de ce qu'il a à dire l'autre, il a peur de toute façon du conflit. Donc il va mettre ses œillères, il va se renfermer, et il va se replier sur lui-même. Et c'est très souvent les personnes qui sont dans la passivité, après coup, ce sont des personnes qui vont générer de la colère, mais de la colère contre elles-mêmes. Parce qu'elles vont se dire, tu n'es pas capable de pouvoir affronter quelqu'un, tu n'es qu'un lâche, et qui vont s'en vouloir à elles-mêmes au final.
- Tanguy El Mouahidine
Tu peux peut-être partager une situation réelle où l'assertivité a fait la différence pour toi dans la réussite d'un projet ou peut-être pas forcément d'ailleurs et donner des conseils par rapport à ça ?
- Amal Bouarfa
Alors non, je n'ai pas forcément un exemple avec un chef de projet, mais avec un manager.
- Tanguy El Mouahidine
Oui, mais ça marche aussi.
- Amal Bouarfa
Après, voilà la même chose. Le manager a une vision d'un collaborateur qui ne travaille pas assez, qui est lent. concrètement, qui à chaque fois revient le voir pour demander des informations, pour demander des précisions, d'être un peu plus clair sur les tâches qu'il y a à mener et tout ça. Le manager forcément s'est énervé parce que le manager lui, dans sa tâche, il a une liste à checker, il a des objectifs à atteindre. Cette personne, en travaillant son assertivité, a pu aller voir le collaborateur qui lui a expliqué là on a vraiment des dates, des deadlines à tenir. Est-ce que tu pourrais faire en sorte de pouvoir mener les tâches dans le temps imparti pour qu'on puisse respecter les délais ? Et en discutant avec l'autre, il a compris que cette personne, elle ne travaillait pas lentement parce que c'était un plaisir pour elle de travailler lentement, c'était juste que c'était son comportement de travail parce que c'est une personne, je parle souvent du disque parce que je pense qu'il nous permet, et moi je l'ai vérifié aussi. pour moi, pour mon évolution personnelle, on va dire. Il m'a fait prendre conscience que si on ne comprend pas le modèle de l'autre, on peut parler de la même chose, les deux vont être là et on ne va jamais se comprendre. Et en utilisant de l'assertivité, en allant parler à l'autre et en lui exprimant justement le besoin qui était important, urgent pour le projet, il a pris conscience que l'autre était dans un modèle qui lui demandait d'être clair, d'être concis. Il avait peur de faire des erreurs. Donc, c'est quelqu'un qui est très... qui est analyste, c'est une personne qui est analyste et qui a besoin, elle aussi, d'avoir une checklist et de ne pas qu'on vienne la voir toutes les 30 secondes en lui disant Attends, il y a ça à faire, et tu dois faire ça, tu dois ci, tu dois ça. Cette personne a du mal à travailler dans des conditions qui sont comme ça. Donc, en discutant, en étant dans de l'assertivité, non seulement, du coup, il a fait comprendre à l'autre qu'il y avait des deadlines à respecter, qu'il devait les respecter, mais il a aussi compris que le modèle de travail de l'autre était différent de son propre modèle de travail à lui. Et donc, au final, quand il donnait des instructions, c'était plus clair.
- Tanguy El Mouahidine
C'était plus clair et ça permettait à l'autre, du coup, d'être plus efficace par la suite.
- Amal Bouarfa
C'est ça. C'était beaucoup plus organisé. Donc les deux ont réussi à combiner leurs efforts pour pouvoir arriver au bout du travail qui était à faire. Donc c'est en ça que l'assertivité est vraiment bien, parce qu'on se comprend. Moi, j'ai des objectifs à atteindre, mais l'autre, en tant que collaborateur, il a aussi peut-être des objectifs personnels qu'il doit respecter. Si j'ai peur de faire des erreurs, forcément, je vais être beaucoup plus lent. Si j'ai peur de rater une info, forcément, je vais être lent aussi. Et après, tout est subjectif, la lenteur. Chacun a sauf un peu comment lui la sent la vie.
- Tanguy El Mouahidine
Très bien. Il y a une question que je n'aurais pas posée ou quelque chose que tu voudrais rajouter ?
- Amal Bouarfa
Je pense qu'on le voit de plus en plus dans les entreprises, l'assertivité, c'est vraiment une compétence qui est devenue essentielle. que ce soit au manager, que ce soit au chef de projet, mais même pour les employés en fait, même pour les équipes. On ne peut pas communiquer si, encore une fois, on n'est pas en mesure d'entendre nos besoins, d'entendre nos valeurs, de savoir là où on va concrètement. Apprendre à se connaître, apprendre à s'écouter. L'autre ne fait pas forcément les choses contre nous. Tout n'est pas fait de manière malin, pense-nous. Si on comprend ça, on arrive petit à petit à réduire l'écart justement qu'il y a dans la communication entre les personnes. Et je trouve que l'assertivité, c'est vraiment une super compétence qui peut conduire à de meilleurs résultats.
- Tanguy El Mouahidine
Très bien, ça fait une bonne conclusion en tout cas. Merci beaucoup Amal. Sense Up Coaching, c'est ça ton...
- Amal Bouarfa
Sense Up Coaching, on me retrouve sur LinkedIn, sous le nom de Amal. Sur mon site internet, toutes les prestations que je fais sont bien détaillées.
- Tanguy El Mouahidine
Voilà, je mettrai ça dans les commentaires de l'épisode.
- Amal Bouarfa
Merci beaucoup.
- Tanguy El Mouahidine
Merci beaucoup Amal et à bientôt.
- Amal Bouarfa
A bientôt, merci beaucoup.
- Tanguy El Mouahidine
Merci Amal pour ce plaidoyer pour l'assertivité. Si cet épisode peut vous permettre de mieux vous affirmer tout en respectant vos interlocuteurs, alors il aura atteint son objectif. Des questions ? Une expérience à partager ? Venez nous en faire part sur LinkedIn. Vous avez pensé à quelqu'un durant l'épisode ? Soyez généreux, partagez-lui. Et pensez à vous abonner à Focus Projet. Bonne semaine et à lundi prochain.