- Gauthier Seys
10 minutes,
- Benoit Montet
le podcast des Français dans le Monde.
- Gauthier Seys
françaisdanslemonde.fr
- Benoit Montet
J'ai l'occasion d'accueillir Benoît. Benoît Monté qui est dans sa voiture à Amsterdam, pas très loin d'Amsterdam. Bonjour Benoît.
- Gauthier Seys
Bonjour, bonjour,
- Benoit Montet
bonjour. D'abord un petit mot, je vais très bien, merci beaucoup. Un petit mot sur la radio sur laquelle on se trouve. Tu m'as dit que c'était une super idée. Tu m'as aussi rappelé que quand on était expat... On devait chercher de l'info, on devait se débrouiller tout seul, et que c'était une bonne idée d'avoir une radio à disposition des expats.
- Gauthier Seys
C'est tout à fait vrai. Il y a plein d'organisations d'expatriés dans les différents pays dans lesquels on est, mais il n'y a pas forcément de médias qui sont universels et qui puissent me faire dire à moi, qui suis le pauvre expatrié aux Pays-Bas, que je vis celui qui est à Johannesbourg ou en Corée du Sud, et finalement similaire, et que je peux avoir de la sympathie pour... une expérience qui est très proche. Donc oui, c'était une très bonne initiative. Bravo, Gauthier.
- Benoit Montet
Merci bien. Tu es le podcast 1619. Il y a quelques heures, on diffusait un podcast sur la Corée du Sud, d'ailleurs. Et c'est vrai ce que tu dis. Il y a quand même un dénominateur commun avec tous ces Français, ces 3 millions de Français qui vivent un peu partout sur la planète. C'est qu'ils sont expatriés et français quand même. On va revenir sur ton parcours. Tu es originaire de Lyon, à Rivry, pour être précis. Et tes parents ont eu la bonne idée de te donner un prénom. imprononçable sur toute la planète.
- Gauthier Seys
Benoit. Oui, c'est vrai que c'est très sympathique quand c'est prononcé par un Américain, mais il se rend bien vite compte que finalement, ce n'est pas comme ça qu'on dit. Et donc, c'est très troublant pour les étrangers d'entendre des camarades ou des collègues français m'appeler Benoit et eux le lire Benoit. Donc, c'est très compliqué de faire le lien entre ce qu'il y a écrit et la façon dont on s'en prononçait. Oui, je n'ai pas été aidé par mes parents pour l'expérience. Je te le confirme, Gauthier.
- Benoit Montet
Alors tu parles quatre langues, le français, l'anglais, le néerlandais et l'espagnol. Tu as fait des études de commerce. Assez passionné par les RH, on va en parler parce que le sujet du jour navigue autour du sujet des RH. Et si je dis navigue, ce n'est pas non plus par hasard. Tu as une passion pour la navigation. C'est un peu même ton objectif de vie de te retrouver à bord d'un bateau et de naviguer sur les océans ? Oui,
- Gauthier Seys
alors effectivement, c'est un très bon résumé. Finalement, s'expatrier. c'est un peu comme naviguer. Quand on part dans un bateau, c'est le seul sport où on ne peut pas dire stop. On ne peut pas dire, j'en ai marre de la tempête, donc je rentre à terre. Non, il faut faire face et puis ça peut prendre plus longtemps pour rentrer que ça n'a pris pour partir. Et finalement, l'expatriation, c'est un peu comme la voile. On part à l'étranger, on sait que ça va être un peu compliqué. Et puis quand on en a marre, on ne peut pas forcément rentrer. On ne peut pas forcément tout laisser tomber. On ne peut pas forcément aller dîner chez ses potes ou ce qu'on avait l'habitude de faire. Et il faut gérer. Et c'est peut-être pour ça que j'aime autant la mer et que je me suis si bien sorti dans l'expatriation.
- Benoit Montet
Bon, reste à Amsterdam, l'eau monte dans tous les cas. Donc si ce n'est pas toi qui vas à la mer, c'est la mer qui va venir à toi.
- Gauthier Seys
C'est les champions du monde des digues. Donc pour l'instant, on est bien protégés.
- Benoit Montet
On va évoquer rapidement le boulot que tu fais aujourd'hui. Tu proposes des certifications dans le domaine du développement durable. Tu as créé ta propre boîte. On va en parler plus longuement dans un autre podcast, mais tu penses que chacun peut faire quelque chose et sans trop de contraintes pour une meilleure planète ?
- Gauthier Seys
Oui, absolument. Je pense que c'est vrai que c'est compliqué à l'échelle de l'entreprise, à l'échelle de toutes les centaines de milliers de métiers qu'ils peuvent avoir dans les entreprises, de se dire qu'est-ce que je peux faire moi ? Et c'est vrai qu'il y a des centaines et des milliers ou des milliards de petites tractions qu'on peut faire. Et finalement, la réflexion tourne toujours autour de deux sujets. Comment est-ce que je peux consommer différemment ? Et comment est-ce que je peux... agir différemment. Donc, qu'est-ce que j'achète et qu'est-ce que je consomme ? Voilà. Et avoir ce constant questionnement, qu'on soit responsable paye, comptable, directeur financier ou directeur général ou HR, RH, pardon, en français, on peut se poser ces mêmes questions et y apporter des réponses qui sont complètement différentes et agir pour le développement durable.
- Benoit Montet
Quelques dizaines, quelques centaines de milliers de salariés, si tout le monde fait un petit peu, ça fait beaucoup.
- Gauthier Seys
Voilà, c'est l'effet papillon.
- Benoit Montet
Alors on va parler RH justement. Tu as envie d'évoquer un sujet qui est l'expat professionnel. Ça arrive. Des salariés qui ont l'occasion de partir au bout du monde et puis qui vont vivre une expérience d'expat. Alors j'avais tendance à penser que c'était un mode d'expatriation à l'ancienne, mais tu me disais que finalement ils étaient toujours aussi nombreux à partir, vivre dans un pays un peu coupé du monde, d'aller d'alliance française en alliance française. de vivre un peu dans un univers qui n'existe pas.
- Gauthier Seys
Oui, il y en a toujours. Depuis que je suis en ressources humaines, depuis plus d'une vingtaine d'années, j'ai toujours entendu dire que les expatriés, c'est fini. Maintenant, qu'on soit à New York, à Paris, à Los Angeles ou à Amsterdam, tout le monde peut payer son loyer et trouver une école pour ses enfants. Et donc pourquoi mettre des conditions d'expatriation ? Eh bien cette question elle est toujours vraie et pourtant il y a toujours des expatriés. Et pourtant tout le monde parle anglais alors qu'effectivement à l'époque il y avait une aide, un accompagnement. Et donc l'expatriation je pense que ça ne changera pas. Alors il y aura des variations, il y en aura plus ou moins en fonction clairement de l'activité ou de la santé économique de l'entreprise. Mais ça ne changera pas parce que c'est un cadre qui est très important, qui est très utile. pour des sociétés, quelle que soit leur taille, pour pouvoir envoyer quelqu'un dans un pays qui est différent, d'un point de vue culturel, en ayant des codes qui soient les mêmes. Donc, finalement, le fondement de l'expatriation, c'est ça. C'est d'envoyer dans un autre pays, quelqu'un qui a ces codes, pour faciliter la communication, lors de l'installation d'une entité sur un autre continent ou dans un autre pays.
- Benoit Montet
Alors si vous êtes RH dans l'entreprise, écoutez bien ce podcast, parce qu'en gros le conseil, c'est que si vous envoyez un salarié au bout du monde, n'en faites pas un expat professionnel. Il faut faire attention, c'est que s'il part, c'est dans des conditions précises, et il faut même directement penser à son retour en France, sinon il se déconnecte.
- Gauthier Seys
Voilà, je pense que ça c'est... Alors on l'entend beaucoup dans les cercles de responsables expatriés ou dans les entreprises. C'est vrai que la chose la plus clé, la plus importante... dans une expatriation, c'est la préparation du retour. Quand on sélectionne le candidat, il faut penser à préparer le retour. Quand on fait partir le candidat, il faut penser à ses conditions de retour. Et quand il revient, évidemment, il faut gérer ses conditions de retour. Pour une raison très simple, c'est que l'expatrié, il va se trouver souvent sur un poste à l'étranger, dans une filiale qui est plus petite que la maison mère, dans des conditions où il aura accès à un certain niveau de responsabilité, une agilité de fonctionnement. une certaine liberté par rapport au process de la maison mère, qui vont forcément assez rapidement tourner en habitude. Et le fait de rentrer dans le pays, on le voit sur les statistiques, Berlitz avait fait des statistiques il y a quelques années, il y a une proportion de démissions après une expatriation qui est phénoménale par rapport à des changements de poste. Et du coup, le salarié ou l'expatrié qui rentre en France, qui a perdu un peu ses repères, qui a l'habitude d'une certaine liberté, etc. Mais qui aussi a acquis une réputation dans l'entreprise, a parfois envie de retrouver ses conditions un petit peu idéales ou idéalisées, en tout cas, de retrouver ce cocon, comme j'appelle ça, des 200 familles locales, où finalement, on se retrouve entre Français, c'est bien confortable. On s'invite parce qu'on a tous des grosses maisons. Parfois, je ne parle pas des jeunes, mais même les jeunes, parfois, ont des grosses maisons ou des beaux appartements. Et puis, on retrouve les gens qui parlent leur langue ou sa langue. Et on a beaucoup de proximité avec ces gens-là. Et effectivement, si on ne fait pas attention à ça, on se retrouve, et on en connaît tous, nous expatriés, des Français qui en sont leur cinquième, sixième, dixième expatriation et qui se disent, oui, oui, un jour, je vais rentrer. Mais en fait, quand ils rentrent, ils n'ont que l'envie de repartir. Donc, c'est pour ça que c'est vraiment important de gérer le retour.
- Benoit Montet
Tu me disais que souvent, ils avaient des postes plus grands que ce qu'ils ont réellement. parce qu'ils sont dans un univers qui est un petit peu inhabituel. Ils sont invités à l'ambassade, ils vont dans les chambres de commerce, ils sont à un poste plus grand que ce qu'ils ont réellement et que s'ils reviennent en France, ils n'ont plus tous ces avantages.
- Gauthier Seys
Oui, alors moi j'en ai connu quelques-uns moi-même, des expatriés qui étaient patrons de pays et le pays faisait, je ne sais pas, 20 millions d'euros de chiffre d'affaires et en rentrant en France, ils étaient patrons d'une BU qui en faisait 80. mais ça reste une BU. Ils n'avaient pas tous les finances, ils n'avaient pas la logistique, ils rapportaient un patron. Voilà, et donc ce sentiment-là est très très fort en fait. Et effectivement, quand on est patron de BU, on n'est pas forcément invité au MEDEF.
- Benoit Montet
Du coup, Benoît, pour conclure, qui doit faire attention ? L'entreprise qui envoie un salarié au bout du monde ou le salarié lui-même ? Attention au fait qu'il va falloir qu'il revienne et qu'ils doivent déjà s'y préparer.
- Gauthier Seys
Gauthier, finalement, c'est pour ça que tu as monté ce média. C'est pour donner aux salariés lui-même un outil pour prendre une bonne décision et ne pas tomber dans les pièges. Donc oui, c'est aux salariés lui-même qu'il doit s'informer, c'est comme tout. Mais c'est à l'entreprise aussi d'avoir les bonnes informations. Parce que souvent, dans l'entreprise, que ce soit le patron qui envoie en expatriation ou le RH qui gère les conditions, il n'est pas forcément au fait de ses détails humains pour ne pas l'avoir vécu lui-même. Donc oui, c'est une double responsabilité, à la fois de l'expatrié lui-même et puis de son entreprise.
- Benoit Montet
C'est noté, merci Benoît. On se retrouvera donc pour parler de Dam Tower prochainement sur cette antenne. Merci beaucoup, bon retour à la maison du coup, parce que ta voiture t'attend, elle était sur les starting blocks.
- Gauthier Seys
Merci beaucoup Gauthier pour l'occasion que tu m'as donnée de pouvoir partager mon expérience, et puis que j'ai pu voir dans les différentes expatriations. Et puis bonne continuation à toi et bravo pour cette... cette radio super intéressante à destination des expatriés. Merci à toi.
- Benoit Montet
Merci, au revoir.
- Gauthier Seys
Au revoir.