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Gang de copines

46 | Pauline et Mélanie : 22 ans d'amitié, une histoire de présence dans la vie de l'autre

46 | Pauline et Mélanie : 22 ans d'amitié, une histoire de présence dans la vie de l'autre

54min |22/04/2025
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Description

Une amitié qui traverse les années, les kilomètres et les épreuves !
Dans cet épisode, Pauline et Mélanie nous ouvrent les portes de leur amitié de 22 ans. De leur rencontre improbable au lycée à leurs années de colocation, elles partagent des souvenirs pleins de rires, de défis et de complicité. Elles évoquent également comment elles ont surmonté la distance géographique et les disputes, tout en intégrant leur amitié dans leurs vies familiales et amoureuses.


💬 La plus belle déclaration que vous entendrez dans cet épisode : "Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire de distance géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre."


💡 Ce que vous apprendrez : Les clés d’une relation amicale durable, l’importance de la communication et des valeurs partagées, et comment l’amitié peut s'inviter naturellement dans tous les cercles relationnels.


👉 Écoutez cet épisode de Gang de copines et laissez-vous inspirer par la puissance de l'amitié et de la sororité. Disponible sur toutes les plateformes et sur Instagram @gang_de_copines_potecast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline

    Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Mélanie

    C'est ce lien vital un petit peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Pauline

    J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là et en fait j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon.

  • Mélanie

    Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas avoir.

  • Elodie

    Bienvenue dans le podcast Gang de Copines. Je suis Élodie et dans ce podcast, je discute avec des femmes qui me parlent d'une de leurs histoires d'amitié. Parce qu'aujourd'hui, mes amis ont toutes et chacune une place tout à fait particulière dans ma vie. Et je sais que je ne suis pas la seule, qu'on est nombreuses à s'appuyer sur la sororité. Alors voilà. J'ai juste envie d'exposer la beauté et la puissance des amitiés féminines, parce qu'on a toutes de belles histoires à partager. Bonjour Pauline, bonjour Mélanie.

  • Pauline

    Salut Elodie.

  • Mélanie

    Bonjour Elodie.

  • Elodie

    Déjà, merci d'avoir accepté de participer toutes les deux à ce podcast pour raconter votre longue histoire d'amitié. Alors, je vous laisse déjà vous présenter. On va commencer par Pauline, puisque c'est toi à la base qui m'as contactée pour cet épisode.

  • Pauline

    Oui, alors que dire sur moi ? difficile j'ai bientôt 38 ans ça pique et voilà en fait j'ai découvert ton podcast sur Instagram il y a une amie d'ami qui a reposté l'interview de son amie qui elle même t'avait contacté et je me suis dit que c'était hyper sympa et tout de suite j'ai pensé au fait que peut-être on pourrait faire une interview sur notre relation avec Mélanie, puisque ça fait 22 ans. Et ce n'est pas rien. Et j'avais envie de, quelque part, lui offrir ce cadeau et de nous faire ce cadeau aussi, pour avoir, dans nos futures années et nos vieux jours, un super souvenir.

  • Elodie

    Trop bien. Et oui, à la base, en fait, tu étais censée juste participer toute seule. Et en en discutant, on s'est dit, « Tiens, finalement vous faire témoigner toutes les deux, ça pourrait être cool aussi.

  • Pauline

    Exactement, l'idée de l'interview croisée, je trouvais que c'était pas mal, parce que moi j'ai des petits problèmes, je ne retiens pas très bien les choses, et je trouve que c'est bien aussi quand on est dans un rapport d'amitié à deux, d'avoir le regard de l'autre.

  • Elodie

    Mélanie, je te laisse te présenter.

  • Mélanie

    Moi du coup, c'est Mélanie, j'ai 37 ans, c'est ça ? Et Pauline m'a parlé de ton podcast et c'est avec un grand plaisir que j'ai accepté. Je trouve en effet l'idée super de pouvoir parler de notre amitié comme ça en croisée, de se compléter l'une l'autre. C'était une super occasion et c'est un super cadeau et une super opportunité. Donc merci beaucoup.

  • Elodie

    Avec plaisir, trop cool. On va rentrer maintenant dans le vif du sujet avec ma traditionnelle question philosophique. Est-ce que vous pouvez me donner chacune votre définition de la sororité ? Mélanie ?

  • Mélanie

    Oui, alors pour moi, la sororité, c'est une énergie, une connexion entre femmes. Oui, c'est comme ça que je le qualifierais. Entre femmes, parfois, on se comprend au-delà des frontières de la langue ou bien au-delà des frontières de la culture. parce qu'on a vécu, on se comprend. Pour moi, c'est ça la sororité. On se comprend malgré tout ça parfois. Je ne sais pas si tu me comprends.

  • Elodie

    Si, c'est très clair. J'ai bien aimé et j'ai bien entendu que tu insistais sur le « parfois » qui, j'imagine, veut dire pour toi que ça ne veut pas dire qu'on se comprend forcément toutes parce qu'on est des femmes.

  • Mélanie

    Voilà, c'est ça. Il y a des nuances à apporter.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi Pauline, c'est quoi la sororité ?

  • Pauline

    Alors moi le mot sororité, bien sûr je connais le mot, j'en comprends la racine, ça veut dire sœur. Et en fait, pour moi c'est un peu compliqué d'aborder ce sujet parce que je considère que toutes les relations qu'on a avec les personnes, quelles qu'elles soient, ne nécessitent pas forcément de mots ou d'étiquettes, on est plutôt dans un ordre de feeling, de ressenti. Et au début, quand on me dit sororité, je ne peux pas m'empêcher de voir les sororités aux États-Unis, comme on a dans les séries, là où elles sont toutes ensemble dans la grande maison, c'est hyper fun. Elles se défendent bec et ongle quand il y a un truc qui ne va pas, ou elles se battent aussi beaucoup. parce qu'elles se chamaillent. Mais malgré tout, j'ai essayé quand même de prendre pas mal de reportages, j'ai écouté pas mal de trucs pour avoir des regards des gens. Et en fait, moi, si je devais quand même donner un sens à ce mot, ce serait plutôt, moi, un lien qui peut exister entre les femmes dans le sens d'avoir un espace commun entre elles. En fait, un espace dans lequel chaque... femmes pourraient aborder des sujets qui sont sensibles, voire même j'ai envie d'utiliser le mot fragile, parce que un peu comme l'a dit Mélanie, on va avoir des ressentis parfois communs sur des thématiques et quelle que soit finalement notre orientation sexuelle, notre origine, notre position aussi dans la société et je pense qu'en ça il peut y avoir une certaine solidarité. sur des sujets parfois très spécifiques, type tout ce qui va toucher à l'intimité du corps, par exemple.

  • Elodie

    Ok, ok. Alors, avant de parler spécifiquement de votre relation à toutes les deux, est-ce que vous pouvez me dire comment vous la vivez, du coup, cette sororité, dans vos vies professionnelles et personnelles ?

  • Mélanie

    Moi, dans ma vie professionnelle, surtout, je le vois dans les tempêtes de la vie, un petit peu. Quand il y a des gros chagrins à traverser ou des grosses difficultés, je sens cette sororité entre collègues, femmes. Même si avec ces femmes-là, en dehors du travail, on n'a pas forcément de grands liens. Et c'est là que, pour moi, ça prend tout son sens. C'est vraiment dans les tempêtes de la vie. C'est là que je le sens le plus, en tout cas. Pareil pour... Pour le familial, il y a des femmes de ma famille avec qui je ne suis pas particulièrement proche. Mais quand il y a des tempêtes, elles sont là. Pour moi, c'est comme ça que je le ressens, cette sororité, vraiment dans les tempêtes.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi, Pauline ?

  • Pauline

    Moi, ça va être plutôt dans les sujets, comme je disais, dans les sujets plus perso. Comme je disais, les petites problématiques, parfois un peu plus fines à comprendre. un peu plus précise, qui demande une certaine sensibilité, peut-être. Je trouve que... En tout cas, moi, c'est dans ces moments-là où je vais plutôt ressentir ce lien à l'autre, si on peut parler de lien. J'aime pas trop l'idée de lien, mais en tout cas, le point de rencontre avec l'autre femme.

  • Elodie

    Mélanie et Pauline, vous êtes amies depuis 22 ans. Vous avez donc partagé plein de petits et grands moments. Mais déjà, qui est-ce qui va commencer par me raconter votre rencontre ?

  • Mélanie

    Ah, c'est moi ! Avec enthousiasme ! Vas-y,

  • Elodie

    vas-y !

  • Mélanie

    Alors, Pauline et moi, on s'est rencontrées en 2003. Donc, Pauline avait 16 ans, j'en avais 15. On a une petite année d'écart. On rentrait au lycée, en internat, et on se lançait dans un bac STI à rappliquer. Je ne sais même pas si ça existe encore comme terme. Donc on arrive dans la ville de Saint-Omer, première fois à l'internat pour moi, seconde fois pour Pauline, il me semble, oui. Donc voilà, et là, promotion, on essaie de créer des liens avec les autres, les professeurs essaient de nous rapprocher en faisant des petits jeux. Et ils avaient mis en place un jeu avec les fables de la Fontaine, Il y avait par exemple... La cigale et la fourmi, le corbeau et le renard, bien dissociés dans des sacs. Et on devait piocher un personnage. Je te le donne en mille. J'ai tiré le renard. Pauline a tiré le corbeau.

  • Pauline

    Incroyable.

  • Mélanie

    Incroyable. J'étais le corbeau. Donc, on se retrouve toutes les deux ensemble, mais pas du tout enthousiasmées pour le coup. parce que On en a discuté avec Pauline pour préparer un petit peu le podcast. On en riait encore. Pour elle, j'étais une espèce de fille un peu immature et faufole qui rigolait un peu pour rien. Et pour moi, c'était tout le contraire. Pauline, c'était quelqu'un d'assez froid, fermé et pince sans rire. Donc, quand on en a pioché le corbeau et le renard et qu'on s'est retrouvés toutes les deux, t'imagines bien qu'on s'est dit « Ah ouais, vous n'aviez pas envie, quoi ! » On va s'éclater, ça va être génial ! Bon, la journée se fait et puis au cours des jours qui ont suivi à l'internat. le hasard veut que nos copines de chambre, elle était dans une chambre, j'étais dans une autre, avec d'autres filles, les filles nous laissent chacune de notre côté pour se mettre finalement dans une autre chambre avec leurs nouvelles copines. Il y avait des affinités qui s'étaient faites. Et par la force des choses, encore une fois, Pauline et moi, nous nous retrouvons seules, donc dans la même chambre. Pareil, on s'est dit « Ouais, super grosse ambiance, on va rigoler, ça va être génial ! » Donc voilà, contre toute attente, ça a débuté comme ça notre amitié. C'était apparemment le corbeau et le renard qui jamais, jamais n'allaient s'entendre. Vraiment, on était a priori très différentes. Et finalement, se retrouvant à deux dans cette chambre d'internat, on a eu notre premier fou rire. Et à partir de ce premier fou rire... s'en est suivi des milliers d'autres pendant 22 ans. Voilà, c'est comme ça que notre histoire a commencé.

  • Pauline

    En fait, moi, quand je repense à la période, je vois nos têtes, nos visages tellement expressifs qui se disent « Oh là là, ça va être horrible ! » L'après-midi va être chiant, ça va être très long, et on est obligés parce que les profs nous disent « Allez, posez-vous des questions, ça va être sympa, n'hésitez pas, c'est le moment de parler à l'autre. » Et nous, on est en souffrance, en fait, avant même de s'être... d'avoir commencé à parler, on s'est vus et on s'est dit « Merde ! » Et ça, ça me fait beaucoup rire. Moi, j'ai beaucoup le souvenir des visages. Et j'aime à dire, alors c'est pas du tout ça, mais quand j'ai la nana qui est dans ma chambre qui me dit « En fait, je vais aller avec un tel. » Et je lui dis « Ok. Mais moi, je vais où ? » « Eh bien, tu vas à côté avec Mélanie. » Et là, je me fais dans la tête le match et je me dis « Mélanie, c'est celle à qui j'ai parlé cet après-midi. Ça va être affreux ! » Et je vivais quand même ! en disant, allez Pauline, essaye de pas être trop désagréable quand t'arrives, essaye d'être neutre. Je vois la tête de Mélanie, et en fait on est toutes les deux en train de se dire, qu'est-ce qui nous arrive ? Voilà, donc ça me fait beaucoup rire d'avoir ce souvenir-là, parce que moi je vois les visages des confits, et je trouve ça très drôle.

  • Elodie

    Et finalement, ça c'est la rencontre, mais après ça s'est bien passé ?

  • Pauline

    Bah oui parce qu'en fait, Mélanie me rappelait la semaine dernière quand on regardait nos vieilles photos, n'est-ce pas ? À quel moment elle s'est dit mais en fait cette fille est drôle. J'ai fait une blague au sujet de l'histoire sans fin et en fait Mélanie adore aussi l'histoire sans fin. Et j'ai fait une connerie pour pas changer, je me suis déguisée ou je sais plus trop quoi. Et en fait ça l'a fait marrer et elle s'est dit à ce moment-là, ah elle est drôle. Et en fait ça a permis d'ouvrir les portes. de l'échange, de découvrir la personnalité de l'autre, des points communs. Et ça a permis d'aller plus loin après, en fait.

  • Elodie

    Le fait d'aller plus loin s'est passé par un moment que vous avez vécu ensemble. C'était quand et c'était comment ?

  • Pauline

    Alors, on a fait notre première année à l'internat, puisque dans notre lycée, on pouvait faire uniquement la première année à l'internat, donc la seconde. Et après la seconde, tu étais mise dehors. en gros. Et il fallait que tu te loges. Et donc, pour Mélanie et moi, il n'y avait aucun sujet. On allait continuer notre vie à deux. On ne s'est même pas posé la question une seule seconde, je pense. On est partis directement. Donc, on a demandé à nos parents de bien accepter de vouloir nous payer un loyer pour vivre à deux. Et donc, on a fait en sorte de trouver un... petits logements, donc c'était vraiment ridicule. On avait l'espace d'une petite cuisine qui faisait, je ne sais pas, 5 mètres carrés, 5-6 mètres carrés, et une chambre avec deux lits simples, et elle devait faire 4 mètres carrés max, quoi. Et c'était un logement chez l'habitant, donc c'était un vieux monsieur qui habitait à 500 mètres du lycée. Lui, il avait sa maison, et puis nous, on habitait à l'État pendant deux ans.

  • Elodie

    C'est une sacrée chance. Je trouve ça trop cool de pouvoir faire ça à 16-17 ans. Vous retenez quoi de cette période aujourd'hui ?

  • Mélanie

    Moi, de cette période, je ne retiens que du bonheur, des fous rires. On était quand même très jeunes, comme tu l'as dit. On n'avait que 16 et 17 ans quand on a eu cette première location, toutes les deux. Donc on était chapeautés par nos parents à distance, bien sûr. Mais on était sérieuses toutes les deux. Donc on apprenait à vivre et à se gérer un peu toute seule. En même temps, c'était un vrai apprentissage. À se comprendre, c'était aussi notre première vie à deux. Ce n'est pas évident de vivre avec quelqu'un en dehors d'un cadre scolaire. Et ça s'est super bien passé. On a ri, on a partagé les soirées de boulot jusqu'à 3-4 heures du matin, les chagrins, beaucoup plus les fourrirs que les chagrins à cette époque-là. Pour moi, j'en retiens ça, c'est cette quantité de fourrir qu'on a pu avoir à pleurer. Pour tout et pour rien, vraiment, quand je croise des jeunes, addition. Ça fait vieux de dire ça, mais quand je crois des jeunes filles de 17-18 ans dans la rue et que je les entends rigoler, mes gorges déployées, ça me fait tellement penser à ces années-là. Tout ces fourris, voilà, moi ce que j'en retiens, c'est cette quantité industrielle de fourris, vraiment.

  • Elodie

    Pauline, tu as un truc à rajouter ?

  • Pauline

    Moi, pareil, c'est ce côté... En fait, dans nos études, on travaille énormément, on avait beaucoup d'heures de cours. par semaine, donc on était très vite très fatigué et ça aidait aussi, donc on était tout le temps un peu en fil tendu au niveau de la fatigue et on disait des conneries du matin au soir, non-stop et on se déguisait on dansait moi je faisais de la danse, je faisais des répètes de danse, Mélanie elle me regardait elle me disait c'est bien, c'est pas bien, ça j'ai pas bien vu tout ça, on avait nos chansons qu'on adorait, donc des albums, mais on écouterait pas le truc, ah ouais trop bien on aimait les chansons quand on avait des peines de cœur, on faisait des tableaux. Alors, les plus, les moins. Ouais, celui-là, tu vois, ça ne vaut pas la peine. Ou celui du lycée qui nous plaisait mais qui ne nous voyait pas, on faisait le débrief. On parlait de tout, en fait. Dès le départ, on n'a pas eu de limite de sujet. Et on passait des heures à parler de tout et de rien, à faire des blagues. On a fait des blagues sur tout et n'importe quoi. J'y pense, j'en ris encore. Il y avait vraiment ce côté... Il y avait un côté ultra léger en fait, quand on était à deux et le reste on s'en foutait quoi. Et notre déco elle était improbable, on avait des trucs à paillettes que j'avais récupérés, de la danse pour faire des rideaux. Et ouais, on passait des nuits à travailler parce que dans les études d'art, vraiment on travaillait beaucoup après les cours. On passait des nuits à regarder la nuit des animaux par exemple, pour rester éveillée. Et le lendemain matin, on arrivait en cours. Vous savez, on a appris un truc cette nuit sur les loutres. C'était vachement bien. Et les gens nous regardaient en disant « Qu'est-ce qu'elle nous raconte ? » « Ben ouais, on a regardé un truc cette nuit, pas vous. » « Non, on dormait en fait. » « Ah oui, ben nous on était passionnés par les loutres. » « On n'est pas allés se coucher. » Et voilà, il y avait plein de trucs comme ça. Et ouais, moi j'en garde vraiment un souvenir. Je me dis vraiment que j'ai eu une chance inouïe d'avoir vécu ça. et qu'en plus ça continue en fait. La forme a changé mais ça continue. Et je sais qu'à l'époque, j'avais des copines et des copains qui vivaient encore chez leurs parents et qui n'ont jamais vécu ça. Et je me dis quelque part, mais ce n'est pas de chance parce qu'en fait, ça peut être tellement cool. Ça fait des souvenirs de dingue et ça peut créer des liens aussi complètement fous. Donc, j'estime que je suis très chanceuse.

  • Elodie

    Ce qui est fou, c'est que ce n'est pas forcément inné de vivre avec quelqu'un comme ça du jour au lendemain et que ça se passe bien. Est-ce que vous aviez mis en place des genres de règles où tout était facile et fluide sans que vous ayez à mettre des règles ou à vous donner des indications sur les attentes de l'une et de l'autre ? En même temps, je ne sais pas si on sait faire ça à 16 ou 17 ans.

  • Mélanie

    Non, vraiment, comme tu disais, c'était assez fluide. Avec le recul, je me rends compte à quel point c'était fluide. On en était déjà à notre deuxième année à vivre ensemble. On avait déjà levé certains sujets. On parlait de tout facilement. Je pense que ça, ça nous a aidés à bien nous connaître assez vite. Il n'y avait pas vraiment de sujet tabou. Si on était en colère, on le disait, si on passait vite à autre chose. Il y avait vraiment cet apprentissage l'une de l'autre. Et c'est peut-être ça qui nous a aidés à bien vivre ensemble. Et puis pour la dernière année, celle du bac, notre troisième année de vie commune, là le rythme s'est un peu accéléré parce que, comme le disait Pauline, on avait beaucoup de cours, donc encore plus. Et là, nos rythmes ont été un peu décalés. Par exemple, Pauline, quand on rentrait de cours, elle aimait dormir et ensuite travailler la nuit. Elle avait besoin de dormir avant. Moi, c'était le contraire. Si je me couchais, je ne me relevais plus. C'était fini. Donc du coup, à cette époque-là, on faisait un relais. Donc Pauline allait se coucher. Moi, je travaillais. Elle me manquait. Et puis quand j'allais me coucher, je la réveillais. Et puis voilà, on faisait comme à l'usine. Et on se comprenait, on comprenait nos cycles. Et il y avait une intelligence dans la manière de faire, mais on ne se posait pas la question, en fait. Ça se faisait vraiment facilement. Voilà, on se comprenait déjà.

  • Elodie

    C'est ouf et c'est hyper précieux, du coup. Tu as utilisé le terme de colère. Est-ce qu'il y a eu des désaccords entre vous à ce moment-là ou à d'autres ?

  • Mélanie

    De mon côté, quand je fais le bilan des 22 ans, je trouve que... des nanas qui ont vécu ensemble si jeunes, qui ont quand même traversé l'adolescence. C'est quand même pas une période... C'est pas la période la plus simple de la vie. Je trouve qu'on n'a pas eu beaucoup de disputes. Vraiment, on en a eu une qui nous fait rire maintenant. Ça, je suis sûre que Pauline... Ah oui, ça, j'entends Pauline rire.

  • Pauline

    Oui, je ris beaucoup.

  • Mélanie

    Oui, tu ris. Mais là, on s'est vraiment accrochés une vraie fois par la fatigue sûrement, le rythme difficile à tenir, où elle m'a énervée. On avait un rat. À l'époque, Pauline avait voulu adopter un rat. Donc, on avait un rat qui s'appelait Pouch, qu'on nourrissait de beaucoup trop de curly pour un rat. Et je me revois me mettre en colère. prendre le haut de la cage du rat et la balancer comme ça au pied de Pauline en disant ça suffit, j'en ai marre. Une vraie scène de ménage, la seule qu'on ait eue. Et suite à ça, pendant quelques jours, on a échangé d'appartement. Je suis allée... Alors non, Pauline est allée vivre chez une de nos amies et la coloc de cette amie est venue vivre avec moi parce qu'on était tout un clan de copines. Et après, au bout de quelques jours, on s'est retrouvées. On s'est mis à rire et puis c'était passé. S'il y a vraiment une colère, une dispute, un accrochage, c'est le seul qui m'est marqué encore. J'en ris.

  • Elodie

    Mais il y avait une raison particulière ? Ou peut-être que vous ne vous en souvenez plus ? Ou c'est un truc... C'est comme ça, vous vous êtes énervée parce que vous vous êtes énervée et puis c'est tout ?

  • Mélanie

    Je ne me souviens pas de la raison. Tu t'en souviens un peu,

  • Pauline

    Pauline ? En fait, Mélanie et moi... C'est assez drôle, on est vraiment très différentes. Physiquement à plein de points, on est très différentes. Donc je pense que le truc, je m'en souviens plus non plus nettement, mais je pense que ça devait partir d'un petit truc, tu vois. Peut-être ça peut partir d'une connerie juste, une petite mimique de Mélanie qui m'a saoulée, et puis j'ai regardé d'une façon, ça l'a saoulée. Peut-être ça a été une connerie comme ça, tu vois, on s'en souvient même plus. Moi les choses dont je me souviens, c'est nous engueuler dans le couloir parce qu'on était à l'étage. Et moi, je suis en bas, elle, elle est en haut et on s'engueule. C'est ça que j'ai en tête, mais j'ai plus le sujet vraiment. Et je me souviens que c'était hyper dur. C'était une vraie épreuve, quoi. Parce que tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, après, on s'est dit, on a une crise, quoi. Une crise de couple. On est en crise, quoi, vraiment. Et quand... Je me souviendrai toujours quand Mélanie m'annonce que je vais devoir partir. c'était horrible, c'était une souffrance, c'était presque une séparation. Et je me souviens partir chez ma copine avec qui, par ailleurs, je m'entends super bien, et je m'entends toujours avec elle, ça fait toujours 22 ans qu'on se connaît et qu'on se côtoie, et me dire, mais en fait, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Et je savais que ça allait aller, mais combien de temps ça va durer ? Et la difficulté, c'est que, comme l'a dit Mélanie, on était dans un groupe d'amis qui, on était... tout le temps collées toutes ensemble et on avait énormément de rire. Le point qu'on avait en commun c'est qu'on riait mais tout le temps, tout le temps. Et c'était à la fois très difficile pendant la pause déjeuner par exemple, on était toutes sur la table, autour de la table et à la fois on se faisait la gueule, nous deux sur cinq et à la fois on était mort de rire. Donc c'était hyper compliqué, on était dans un conflit d'émotions. Et je pense qu'on avait un peu toutes les deux ce truc de dire non. Là vraiment c'est aller trop loin, il faut créer une rupture. Parce que c'est nécessaire pour un peu nettoyer le terrain, que chacune on s'ouvre de notre côté. Il y a peut-être eu un truc où à un moment donné ça a été too much. malgré tout le lien est là et voilà on sait que l'autre est là. Il y avait ce truc, tout à l'heure tu parlais de fluidité et Mélanie a repris le mot, il y avait ce truc assez naturel, je ne sais pas comment l'expliquer, je ne sais pas si c'est un lien qui devait se créer, naturellement une rencontre qui devait se faire, je n'en sais rien mais On ne s'est jamais vraiment posé de questions sur tous ces trucs-là, on les a juste vécues. On a pris les émotions positives, les émotions neutres, les émotions négatives ou ultra négatives. On s'est laissé du temps pour vivre chacune des émotions. Et toujours avec cette intelligence de ne pas faire de liste sur un tableau. Et je pense que c'est pour ça que tu vois, même maintenant, on n'est plus capable de dire pourquoi on s'est vraiment engueulé. Moi, je sais qu'on s'est engueulé il y a peut-être une dizaine d'années où ça a duré quelques mois. Je ne saurais plus te dire à propos de quel sujet. On n'a pas de liste de mauvais souvenirs,

  • Elodie

    en fait. C'est un super bon signal, je crois, de ne pas se souvenir que du positif, des rires et tout. Franchement, ça fait un peu rêver quand même, 22 ans de rigolade entre copines. C'est chouette. et en fait... quand je t'ai entendu parler quand je vous ai entendu toutes les deux parler de l'engueulade de quand vous aviez 15-16 ans des émotions et tout ça c'est aussi j'imagine lié à la période de l'adolescence qui n'est pas forcément une période facile non plus à gérer et qu'on gère un peu comme on peut et qu'on essaye de contenir ou pas comme on peut c'est trop cool que vous soyez passé au delà de ces embrouilles d'adolescence et que Merci. Et qu'aujourd'hui, on soit là, c'est trop bien. Ça, c'était la période où vous avez vécu ensemble, mais vous avez aussi vécu loin l'une de l'autre. Qui est-ce qui m'en parle ?

  • Pauline

    Oui, effectivement. Donc, après le lycée, on était à Saint-Thomas. C'est sur la côte d'Opale, en gros. Après, on n'avait pas les mêmes aspirations. Donc, Mélanie est allée à Lille, dans une fac. Et moi, je suis partie en Belgique, dans une école d'architecture. Donc, séparation. On a eu respectivement des compagnons, des petits copains. Après, on a créé des cercles aussi d'amis dans ces différentes écoles. Donc, ça t'éloigne en fait. Le lien, il devient un peu élastique. Le tout, c'est que le lien, l'élastique ne lâche pas. Donc, on continuait toujours d'être en contact. Bien évidemment, tu ne peux pas dire, « Non, finalement, on est parti. » Tout ça, c'est du passé, hors de question. Donc on est tout le temps resté en lien, j'allais à l'île, Mélanie venait à tourner chez moi, on se recroisait toujours, on se parlait toujours, c'est obligatoire. Après, avec la distance, forcément, tu perds un peu ce lien de proximité H24, c'est différent, on s'adapte forcément. Ensuite, moi je suis partie à Paris, donc encore un peu plus loin, pendant plusieurs années. Donc pareil, toujours le même contact et puis un peu moins de rencontres physiques, mais toujours là par texto. Pareil, des petits copains qui prenaient plus ou moins de place, donc pas forcément évident de se dire, tiens, ce week-end, je rentre, on se voit. Ben non, j'ai un truc avec mon copain. Donc forcément, ça remet un peu de frein quelque part dans la relation, mais toujours là. Après, moi, je suis revenue à Lille, mais je n'habitais pas à Lille. Donc on se croisait malgré tout quand on pouvait. se faire des soirées, des après-midi, des trucs comme ça. Après, moi, je suis partie à Lyon, donc encore plus loin. Et là, j'ai vécu un moment pas hyper cool pendant que j'étais là-bas. Et je me suis séparée. Ces moments-là, la première personne que j'ai appelée, c'était Mélanie. Quand j'avais besoin de parler en pleine nuit, je savais qu'elle dormait et que le matin, elle allait avoir 3000 messages et qu'elle allait être là le lendemain parce qu'elle est toujours là. Et après, je suis venue m'installer à Lille. Et j'étais pas loin de Mélanie, dans la même ville, et on s'est vite remises assez proches en fait. Même si on ne se voyait pas tous les jours, je suis malade, elle venait me voir, m'apporter de la soupe que sa mère avait fait, on se voyait chez elle, on faisait des sorties. Après, moi j'ai rencontré quelqu'un, donc je suis toujours restée à l'île et on a décidé de partir pendant un an en Océanie. Donc encore plus loin ! Et là, pareil, Mélanie fait partie de ma vie au quotidien. Donc, je lui ai envoyé des vidéos, des photos. « Tiens, aujourd'hui, il m'énerve. » « Aujourd'hui, c'est super. » « Comment ça va chez toi ? » « Je sais que toi, c'est l'été, moi, c'est l'hiver. » « Comment ça se passe ? » Et en fait, il y a toujours eu ce fil. On a toujours partagé nos vies. En fait, le sujet n'est pas le lieu où l'on est. Le sujet est le fait que l'autre est dans notre vie. Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Elodie

    Elle est belle, cette phrase. Tu veux rajouter quelque chose, Mélanie ?

  • Mélanie

    Après cette phrase magnifique que tu as ajoutée, vraiment, c'est tout à fait ça. C'est vraiment, comme le dit Pauline, ce n'est pas une question géographique. C'est vraiment... On est là, l'une pour l'autre, par message. Et en plus de ça, quand je me reprends un petit peu... peu sur la séparation. Après le lycée, on s'est séparés pour la première fois pour vivre chacune de notre côté. Moi, ça a été dur les premières semaines. Elles me manquaient. Je sentais un énorme vide. Je me sentais seule alors que j'aime beaucoup être seule. Ça fait partie de nos différences un petit peu. Mais moi, il y a eu les premières semaines, j'ai douillé. J'avais l'impression d'être loin de l'amour de ma vie. Ça a été compliqué au début. Et il n'y avait pas un jour sans qu'il n'y ait pas un contact par message. Et ça, ça a duré plusieurs années. Il n'y avait même pas de bonjour dans nos messages. Pas besoin. Pas de bonjour, pas d'au revoir, pas de bonne nuit. C'était comme si on était là l'une à côté de l'autre. Ça va ? Tiens, au fait, je mets ce t-shirt-là ou ce t-shirt-là ? Au fait, quand on a déménagé, tu n'as pas embarqué mes chaussettes préférées ? Vraiment, il n'y avait pas de formalité. Il n'y avait pas besoin. Et après, pendant les dix années qui ont suivi, donc Pauline, elle a bien relaté les choses, il y a eu cet éloignement géographique, il y a eu un petit peu moins de SMS, mais par contre, jamais besoin de se formaliser pour dire bonjour, ça ne va pas, j'ai mal, ça ne va pas, je suis triste. Pas besoin, juste je suis triste, il se passe ça. Et puis voilà, l'autre analyse. C'est marrant, c'est ce lien vital un petit peu. peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Elodie

    Quand je vous écoute là et par rapport à ce que tu viens de dire Mélanie sur le lien qu'il y a entre vous, je vois ça un peu comme un genre de fil invisible ou de connexion qui est là en permanence et la relation et le lien il est là tous les jours, nuit et jour et il n'y a pas un truc qui se finit et un truc qui recommence. Il n'y a pas un chapitre qui commence le lundi. Un chapitre qui se rouvre le mardi.

  • Pauline

    C'est ça, c'est continu. Oui, et pour la petite blague, maintenant, on habite à 100 mètres l'une de l'autre. Et on ne se voit pas tous les jours, tu vois. Mais là, on parlait de l'enregistrement. Mélanie a ma clé. Elle dit, si tu veux un truc, tu passes chez moi, tu vas le prendre. Et c'est assez facile, on se croise ou on ne se croise pas. On peut ne pas se voir parfois pendant des mois, mais on est à 500 mètres. Et puis un jour, j'arrive. OK, 10 minutes après, elle est là. Et il n'y a pas de... Tu sais, on est très proches, mais on n'empiète pas sur la vie de l'autre.

  • Elodie

    Ok. Alors, vous y avez répondu déjà, mais c'était facile ou c'était difficile, ces moments loin l'une de l'autre ? A priori, ce n'est quand même pas tout le temps évident.

  • Mélanie

    Non, moi, vraiment, la rupture entre le lycée et les études supérieures, les premières semaines, vraiment, ça a été compliqué. Après, j'ai vu et j'ai compris que ça ne changerait rien. Et je crois que c'est ça qui m'a rassurée, qui m'a réconfortée. De voir qu'en fait, peu importe, ça ne change rien. Même si physiquement, elle n'était plus là, notre lien était toujours là. Et si on avait besoin l'une de l'autre, il n'y avait pas de problème. Qu'elle soit en Belgique, à Lyon, en Océanie, à Tokyo, je ne sais où, il n'y avait pas de problème.

  • Elodie

    Tu veux rajouter un truc, Pauline ?

  • Pauline

    Oui. Oui, non, mais moi, c'est pareil. On n'est pas forcément synchro sur la souffrance de la séparation et de la distance. Mais moi, je ressens vraiment cette souffrance quand moi-même, je suis en souffrance. J'ai besoin de ce lien quasi immédiat avec Mélanie. Et quand elle n'est pas là, parce que ça peut être la nuit, parce qu'elle a sa vie et qu'elle peut aussi avoir ses moments de souffrance. c'est vrai que c'est un peu le rendez-vous que tu attends. Tu sais, quand tu sais que tu as un rendez-vous avec quelqu'un qui est hyper important pour toi et que tu as hâte, tu vois, tu es un peu... Tu as le corps qui chauffe et tout, c'est un peu comme ça. Quand je n'ai pas de nouvelles, je me dis, oh là là, j'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte. Et je regarde mon téléphone mille fois par jour en me disant, il faut qu'elle arrive, il faut qu'elle arrive. Parce qu'elle est... Ouais, il faut qu'elle soit là, en fait. Elle a une place hyper importante.

  • Elodie

    Alors, tu viens de parler du fait que Mélanie, elle t'apporte du soutien dans les moments de souffrance. Qu'est-ce qu'elle t'apporte d'autre aujourd'hui ?

  • Pauline

    Mélanie, c'est un mélange de plein de choses. J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là. Et en fait, j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon. Et je n'ai pas choisi ces mots au hasard. C'est une boussole. Comme son nom l'indique, quand je suis paumée, et ça m'arrive souvent sur plein de sujets différents, elle va me remettre un peu dans les rails, ou elle va me permettre de voir les choses d'une autre façon que moi je ne perçois peut-être pas. La soupape, c'est comme quand je viens de dire, en fait, quand j'ai besoin de lâcher un truc, que ce soit du positif, du négatif, de l'agacement, de l'énervement, du larmoyant, du très tendre, donc Mélanie va être là. et elle est hyper libératrice en fait. La pendule, quelques fois, elle me remet les pendules à l'heure. Non, non, là, je ne suis pas OK avec toi. OK, d'accord, je comprends ton point de vue, je prends et je réfléchis. Et si je ne comprends pas, on parle, on déstructure tout. Parce qu'il y a plein de choses où pour moi, ce n'est pas du tout naturel de comprendre. Elle, elle le comprend très bien, donc elle me l'explique. Et donc, c'est OK. Après, je sais que j'ai bien fait, je n'ai pas bien fait. Voilà, elle me remet dans le cadre aussi. L'électrochoc, parce que pareil, parfois il y a des choses qui sont devant mes yeux, je ne le vois pas, elle me dit « quand même, ah oui, c'est vrai » . Et enfin, le poumon, parce que comme je dis, en fait, quand je suis dans l'attente d'une info de sa part ou d'une nouvelle, ou même quand elle ne va pas bien, j'ai qu'une hâte, c'est d'avoir des nouvelles parce que je suis un peu en apnée. Quand je sais qu'elle ne va pas bien, je me dis « mais à qui elle va parler ? Est-ce que les gens vont la comprendre ? » Je sais que là, elle n'est pas bien, mais elle ne va pas forcément me le dire parce que je la connais après 22 ans. Je sais comment cette demoiselle fonctionne. Donc, il y a aussi ces moments-là d'apnée, non pas forcément quand moi, j'ai besoin d'elle, mais aussi quand je sais que je peux, en toute humilité, lui servir à quelque chose, de me dire « viens, j'ai hâte qu'elle arrive pour pouvoir l'aider » .

  • Elodie

    Mélanie, un petit commentaire à faire sur ce que vient de dire Pauline ?

  • Mélanie

    Déjà, j'ai failli pleurer, c'est malin. Moi, c'est pareil. Je rejoins Pauline, c'est la même chose pour moi. Mais moi, ce qu'elle m'a apporté et ce qu'elle m'apporte encore, c'est qu'elle a cette capacité à démonter tout ce qui est croyance limitante. Et ça, dans ces 22 années de ma vie, ça m'a vachement aidée, ça m'aide encore. C'est un peu le maçon de ma maison. C'est comme si j'étais arrivée, quand on s'est connues, j'avais une maison et puis elle m'a dit, bon alors, on va tout démonter. Cette brique-là, on garde. Et qu'on remontait une maison ensemble. Cette capacité qu'elle a à pouvoir mettre le doigt sur tout ce qui nous limite, ses croyances limitantes, moi, ça m'aide beaucoup, vraiment. Et c'est un truc pour lequel je la trouve incroyable. Donc, si vous avez une maison de vie à refaire, N'hésitez pas, faites appel à Pauline. C'est un très bon maçon de vie. C'est mon petit maçon à moi, Pauline. Voilà.

  • Elodie

    Quand on a préparé cet épisode, vous m'avez aussi parlé. Alors, on a parlé de votre relation, évidemment, mais on a parlé aussi d'autres relations autour de votre relation et notamment de vos relations de couple. Et votre relation amicale, elle a aussi une place au sein de vos relations de couple. Alors, on va prendre un exemple pour que ça soit plus concret. Mélanie, par exemple, si tu ne vas pas bien, ton mec va appeler Pauline. Pourquoi ?

  • Mélanie

    Ah oui, pour reprendre une de ses phrases, je ne suis qu'un homme. Ce qu'il veut dire par là, il arrive à calmer beaucoup de mes chagrins, mais il y a des sujets sur lesquels il se sent limité. Et il sait que Pauline arrivera justement à me sortir de l'impasse. Il n'a aucun doute là-dessus, il a compris. compris ce qui se passait entre nous et il sait que si lui est dans l'impasse, c'est SOS Pauline. Et même quand ça ne va pas si mal que ça, s'il y a un problème au travail, s'il y a un problème en famille, il va avoir tendance à me dire très naturellement, on va parler à Pauline. Oui, bon. Voilà, je ne sais pas, même les hommes qui ont traversé et qui traversent nos vies, apparemment le comprennent, comprennent ce lien qu'il y a entre nous.

  • Elodie

    Pauline, tu veux rajouter un truc ?

  • Pauline

    Effectivement, là, on parle du présent, mais on peut aussi parler des relations passées. Il n'y a jamais eu de sujet. Mélanie a toujours été là dans toutes mes relations. J'ai des souvenirs où elle est avec mon copain et il déconnerait sur moi. On parle de notre couple avec Mélanie à côté, parce qu'elle me connaît tellement longtemps et elle a tellement la vision 360 de qui je suis, et que je lui fais aussi totalement confiance. J'ai une pleine confiance en Mélanie. Je sais que si elle dit un truc à quelqu'un, je ne vais pas être contre, je le sais. Parce qu'elle a un côté honnête et respect qui me... me permet de lui laisser cette place-là dans ma relation. Et je n'en voudrais jamais à personne d'appeler Mélanie, je n'en voudrais jamais à personne de se référer à Mélanie au sujet d'une période que je peux vivre, de n'importe quoi. Donc ça a toujours été, ben voilà, c'est Mélanie. Et Mélanie a toujours fait partie de ma vie, couple ou pas couple, et elle s'est toujours très bien entendue avec tous mes copains. Et si jamais, je ne sais même pas comment je réagirais, si ça devait ne pas bien se passer. Pour moi, c'est inconcevable, tu vois.

  • Elodie

    Alors, je vois très bien. Et quand je vous entends, en fait, j'ai envie de dire, mais heureusement, heureusement que, genre, vous n'êtes pas en train de me raconter l'histoire où vous, mais qui ne supportent pas votre meilleure copine. Enfin, je ne sais pas si on peut vous qualifier comme ça, mais enfin, vraiment. Et en même temps, je sais que ça existe, des situations comme ça, où genre, les mecs sont jaloux ou je ne sais pas quoi. Mais une relation de couple, ce n'est pas censé servir tous les pans de ta vie et te combler à tel point que tu te coupes de tes potes. Donc, heureusement pour vous, et c'est trop bien que vous soyez accompagnés ou que vous ayez été accompagnés, vous ayez été, je me complique la vie, de conjoints qui comprennent ça. C'est cool et c'est précieux. C'est vrai.

  • Pauline

    Mais de toute façon, moi, je suis assez cash sur certains points. Je pense que si demain, j'ai un copain qui me dit « Oh là là, ta copine, je ne peux pas la sentir » , je pense que je lui dirais « Écoute, je t'aime, je l'aime, il n'y a pas de sujet, c'est tout. » Et je vis mes histoires d'amour comme je le fais. Et je n'ai pas de choix à faire.

  • Elodie

    Oui, oui. Et là on a parlé relations couple, est-ce que votre amitié elle est vécue comment, elle est perçue comment dans vos familles ? Et est-ce que vous avez une place particulière dans la famille l'une de l'autre ?

  • Mélanie

    Oui oui oui, tout à fait Pauline. Pauline c'est pareil dans ma famille c'est pas un sujet. Tiens comment va Pauline ? Si je dis bah tiens en ce moment ça va pas trop, et bien ils vont s'inquiéter, ils vont s'inquiéter. Et si je dis ah bah si ça va... Elle a tel et tel projet, c'est super, ils sont super contents. Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas ne pas avoir. Elle a sa place, vraiment. Pauline est un sujet chez nous. Elle a sa place dans le noyau familial. Et ça, c'est pareil, je n'ai pas vu la chose s'installer, mais ça fait des années que c'est comme ça. Si je ne parle pas de Pauline, c'est impossible que je ne parle pas de Pauline pendant six mois. Ce serait impossible. Il s'inquiète fait tous, vraiment. Non, non, Pauline fait partie du noyau familial chez moi. Absolument.

  • Elodie

    Ce n'est pas juste aller là dans les grands moments de la vie, ton anniversaire ou je ne sais quel autre moment. C'est vraiment, elle fait partie des conversations.

  • Mélanie

    Oui, oui, oui. Ma mère va me poser la question « comment va Pauline ? » tout comme elle va me dire « tiens, tu as eu des nouvelles de ton frère cette semaine ? » parce que moi, je n'en ai pas. C'est aussi naturel et fluide que ça.

  • Elodie

    D'accord. Et chez toi, Pauline, c'est pareil ?

  • Pauline

    Oui, chez moi, c'est pareil. Quand on était au lycée, on allait souvent l'une chez l'autre. Donc, on a un peu cette… Moi, je vois un peu la famille de Mélanie comme une deuxième famille. Pareil que Mélanie, on ne se voit pas tout le temps. Je les vois encore moins que je ne vois Mélanie. ils sont un peu plus loin. Et malgré tout, je ne suis pas leur enfant. Mais pour moi, c'est une famille mais avec un degré un peu différent. Pareil, moi je sais ce qui se passe dans la famille de Mélanie, je m'en inquiète, je suis contente. Quand ils viennent voir Mélanie, assez facilement, on va au restaurant ensemble, je passe les mois, on passe la soirée ensemble. Il y a des trucs basiques, on parle de notre vie. Je peux coacher son frère, lui dire « ne les écoute pas » . Vraiment un peu comme une personne qui se permet. Je ne me permets pas tout, je ne suis pas quelqu'un naturellement qui fait n'importe quoi parce que j'ai envie de le faire. Mais oui, il y a ce lien assez facile, on parle de tout, il n'y a pas vraiment de barrière. Et dans ma famille, c'est pareil. Avec ma mère, on parle souvent de Mélanie et pas que, aussi de sa famille, de son copain, de son job. Ma mère, pareil, me pose des questions. Par exemple, si je lui dis « tiens, je veux Mélanie. » « Ah bah tiens, comment elle va ? » Ou « on a fait un concert. » « Ah, c'est avec Mélanie ? C'est bien. » « Oh, puis c'est bien, vous connaissez depuis longtemps, vraiment. » « Ça, c'est une vraie amie et tout. » Donc, Maman, elle a aussi une place. dans ma vie. En fait, ma mère, par procuration, suit la vie de Mélanie.

  • Elodie

    En fait, avant de clôturer cet épisode, il y a un truc que je me demande, c'est comment on fait, c'est quoi vos conseils pour faire durer une amitié aussi longtemps ? Est-ce qu'il y a des choses que vous avez réfléchies ou que vous avez identifiées où vous vous dites, grâce à ça, notre amitié, elle dure ?

  • Mélanie

    Moi, je dirais beaucoup d'écoute. Beaucoup d'écoute. Après, nous, comme tu as dû comprendre, on n'a rien forcé. Ça s'est imposé à nous. Mais je pense que l'écoute, la bienveillance et puis accepter que l'autre ne fonctionne pas comme nous, très jeune, ça a été des ingrédients très importants dans la suite de notre relation.

  • Elodie

    Ce qui n'est pas forcément évident quand on est très jeune, justement, de comprendre cette différence, de l'appréhender et tout. C'est cool. C'est cool ça aussi, et j'imagine que ça fait une vraie force pour tenir sur la durée, de ne pas être dans le jugement et de comprendre que l'autre n'est pas nous et qu'il vit des choses différemment. Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Tu viens de dire le mot pour moi, ce qui fait que ça fonctionne, et encore une fois c'est vraiment complètement naturel, et c'est intéressant aussi de se faire cette interview, parce que quelque part ça nous force à mettre des mots là où en fait. on n'en a jamais vraiment mis et là où on n'a pas forcément envie d'en mettre non plus et oui je pense que ce qui nous rapproche le gros en fait comme je disais au début c'est que vraiment on est très très très différents, je ne vais pas dire tous les niveaux mais quasiment, on n'a vraiment pas de point où on se dit ah super on a les mêmes passions non, il y a vraiment plein de trucs différents malgré tout je pense que ce qui nous rapproche ce sont les valeurs, on a des valeurs qui sont ... qui sont prégnantes dans nos vies, qui se rejoignent. Et l'absence de jugement et le respect de l'autre. Même si on dit des choses qui ne sont pas toujours simples à entendre, parce qu'on sait que l'autre, malgré le lien qu'on a, est objectif, on peut tout entendre. Et ça, ce n'est pas des choses que je vois dans toutes les relations que j'ai. Je pense que Mélanie, c'est la seule personne dans toutes les personnes que je connais, que j'ai croisées dans ma vie jusqu'ici, avec lesquelles j'ai eu un lien de proximité, à qui vraiment je balance tout en fait, sans filet, sans frein, sans peur, et de laquelle je reçois tout sans crainte. Je sais que si elle me dit non Pauline, franchement là, ce que tu as fait, c'était vraiment pas bien. Je le prends et je le comprends. Et ensuite, on en parle et c'est OK. Et de la même façon, quand tu es une étriste, on est tout le temps dans cette approche de... Je ne vais pas dire... Je vais utiliser ce parallèle un petit peu, mais un peu, tu sais, le rôle du psy, quoi. Il est là, il écoute attentivement, il ne juge pas, mais après, il te donne des clés et tu en discutes. Et en fait, j'ai l'impression que notre relation, elle est vachement comme ça. À chaque fois qu'on se voit, on ne peut pas ne pas s'empêcher de parler de trucs hyper... profond là où des gens se dire c'est chiant quoi ben nous on adore tu vois refaire le monde décortiquer des situations des trucs des machins parce que ça nous anime ça nous alimente dans moi c'est vraiment ça qui fait en tout cas avec mélanie ça fonctionne ça fonctionne peut-être pas pour toutes les personnes mais je pense aussi qu'on a ce besoin de relations profondes avec l'autre Le côté superficiel, en tout cas entre nous, ne suffit pas et ne suffirait pas.

  • Elodie

    Alors, on est déjà à la dernière question de cet épisode. Et du coup, pour terminer, j'aimerais savoir comment vous, chacune, vous aimeriez voir votre relation évoluer.

  • Mélanie

    Moi, j'espère qu'on a encore 80 années devant nous, à peu près. Et puis qu'on va encore découvrir des choses, traverser des choses ensemble. Parce que ça, la vie fera qu'on va en traverser encore des choses, des belles et des moins belles. Je me souhaite d'être toujours aussi solide. À mon avis, on va atteindre un palier dans la sagesse de l'amitié. Je le sens, Pauline, on arrive à quelque chose là, vraiment. Et puis, je nous souhaite de très belles années de course de déambulateurs en EHPAD. Je me projette comme ça avec toi, sache-le. Il faudra qu'on se situe un peu géographiquement cette fois-ci, parce que tu seras moins mobile. Il va falloir qu'on s'arrête sur un lieu précis. Mais voilà, donc après l'émission, on se donne rendez-vous, on voit ça ensemble.

  • Elodie

    Merci Mélanie ! Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Je n'en peux plus, je n'arrive pas à rigoler. Alors 80 ans, je ne sais pas, parce que Mélanie, on n'a plus 16 ans, il faut qu'on se le dise, le temps passe. C'était la touche négative et très noire des éperviers. Non, mais moi bien sûr. On en a discuté la semaine dernière et en fait, on a la même vision, c'est-à-dire, alors pas la vision de l'EHPAD, mais la vision de comment ce serait la vie sans l'autre. Ce serait quoi une vie sans Mélanie ? Je prends les mots parce qu'elle me les a dit. Ce serait quoi une vie sans Pauline ? Moi, je sais qu'il me manquerait une salle de jeu. Il me manquerait ma salle de rencontre parallèle. Il me manquerait la personne avec laquelle je dis un nombre de conneries phénoménales, avec laquelle même si je suis en train de pleurer, deux secondes après je ris. Et je ris à pleurer tellement elle m'a libérée de plein de choses. Donc moi je n'envisage pas ma vie sans Mélanie, ou que je sois avec qui que ce soit, que j'arrive pas à dire ma phrase, ou que je sois avec la personne que j'arrive pas à dire.

  • Elodie

    Avec n'importe qui, où que tu sois, avec qui que tu sois.

  • Pauline

    Oui, je n'étais pas sûre avec qui que je sois. Et voilà, que j'aille bien, pas bien, pour moi, l'avenir, c'est toujours Mélanie à côté de moi et toujours ce bouton rouge entre nous deux, ce fil rouge pour pouvoir dire « Ok, je suis là dans les bons, les mauvais moments et toujours être aussi… » Ce qui est important pour moi aussi, c'est d'aider Mélanie. Pour moi, c'est quelque chose qui est essentiel. Je fais toujours attention à ça. Je n'ai pas envie d'être celle qui sollicite le plus. J'ai ce rôle qui me tient à cœur d'être là pour elle. C'est important pour moi, vraiment. C'est mon petit maçon.

  • Elodie

    C'est ton petit ? Je n'ai pas compris.

  • Mélanie

    Mon petit maçon, pour en revenir à l'image.

  • Elodie

    Oui, c'est ton petit maçon.

  • Mélanie

    Pareil. On est attitrés l'une à l'autre, amicalement parlant. Il s'est passé quelque chose de puissant. et oui non c'est la même chose je pourrais je pourrais je pourrais pas vivre sans Pauline ça me paraît compliqué d'imaginer un monde dans lequel elle est plus vraiment ce sera un vide pas possible mais ça n'arrivera pas n'est-ce pas

  • Pauline

    Merci Elodie de cette opportunité et je trouve que c'est important de partager les sentiments positifs qu'on a avec quelqu'un même si parfois c'est difficile de les dire parce qu'on peut être un peu pudique donc c'est toujours toujours bon merci

  • Elodie

    C'était l'épisode 46 du podcast gang de copines Que rajouter après avoir entendu toutes ces belles déclarations ? Cet épisode, il est vraiment à l'image de leur amitié, plein d'émotions, de sincérité, de rire, et franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien d'entendre la place centrale que l'amitié peut avoir dans la vie. Ça fait du bien d'entendre que la distance géographique n'est pas synonyme de distance dans la vie. Si toi aussi tu as aimé cet épisode, c'est le moment de le faire savoir. Partage-le auprès de tes amis, il est dispo sur toutes les applis de podcast et sur YouTube. Et d'ailleurs, en parlant de YouTube, il se pourrait que vous voyez ma tête et celle de ma prochaine invitée. On s'est lancé le challenge de tout filmer et tout diffuser. Donc d'ici là, on discute aussi sur Instagram. Le compte, c'est gangdecopinespodcast. Et pot, ça s'écrit... Comme une pote. A bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation des invitées

    00:38

  • Définition de la sororité selon Mélanie et Pauline

    03:20

  • La sororité dans la vie professionnelle et personnelle

    06:08

  • Récit de leur rencontre au lycée

    07:44

  • La vie ensemble à l'internat

    13:02

  • Les disputes et désaccords dans leur amitié

    18:32

  • Les défis de la distance géographique et l'évolution de leur amitié

    26:53

  • Les périodes de séparation et leur impact

    26:53

  • Amitié et relations de couple

    38:40

  • Amitié et familles

    42:31

  • Conseils pour faire durer une amitié sur le long terme

    45:46

  • Conseils pour faire durer une amitié

    45:46

  • Souhaits pour l'avenir de leur amitié

    49:35

  • Vision de l'avenir de leur amitié et conclusion de l'épisode

    49:48

Description

Une amitié qui traverse les années, les kilomètres et les épreuves !
Dans cet épisode, Pauline et Mélanie nous ouvrent les portes de leur amitié de 22 ans. De leur rencontre improbable au lycée à leurs années de colocation, elles partagent des souvenirs pleins de rires, de défis et de complicité. Elles évoquent également comment elles ont surmonté la distance géographique et les disputes, tout en intégrant leur amitié dans leurs vies familiales et amoureuses.


💬 La plus belle déclaration que vous entendrez dans cet épisode : "Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire de distance géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre."


💡 Ce que vous apprendrez : Les clés d’une relation amicale durable, l’importance de la communication et des valeurs partagées, et comment l’amitié peut s'inviter naturellement dans tous les cercles relationnels.


👉 Écoutez cet épisode de Gang de copines et laissez-vous inspirer par la puissance de l'amitié et de la sororité. Disponible sur toutes les plateformes et sur Instagram @gang_de_copines_potecast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline

    Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Mélanie

    C'est ce lien vital un petit peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Pauline

    J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là et en fait j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon.

  • Mélanie

    Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas avoir.

  • Elodie

    Bienvenue dans le podcast Gang de Copines. Je suis Élodie et dans ce podcast, je discute avec des femmes qui me parlent d'une de leurs histoires d'amitié. Parce qu'aujourd'hui, mes amis ont toutes et chacune une place tout à fait particulière dans ma vie. Et je sais que je ne suis pas la seule, qu'on est nombreuses à s'appuyer sur la sororité. Alors voilà. J'ai juste envie d'exposer la beauté et la puissance des amitiés féminines, parce qu'on a toutes de belles histoires à partager. Bonjour Pauline, bonjour Mélanie.

  • Pauline

    Salut Elodie.

  • Mélanie

    Bonjour Elodie.

  • Elodie

    Déjà, merci d'avoir accepté de participer toutes les deux à ce podcast pour raconter votre longue histoire d'amitié. Alors, je vous laisse déjà vous présenter. On va commencer par Pauline, puisque c'est toi à la base qui m'as contactée pour cet épisode.

  • Pauline

    Oui, alors que dire sur moi ? difficile j'ai bientôt 38 ans ça pique et voilà en fait j'ai découvert ton podcast sur Instagram il y a une amie d'ami qui a reposté l'interview de son amie qui elle même t'avait contacté et je me suis dit que c'était hyper sympa et tout de suite j'ai pensé au fait que peut-être on pourrait faire une interview sur notre relation avec Mélanie, puisque ça fait 22 ans. Et ce n'est pas rien. Et j'avais envie de, quelque part, lui offrir ce cadeau et de nous faire ce cadeau aussi, pour avoir, dans nos futures années et nos vieux jours, un super souvenir.

  • Elodie

    Trop bien. Et oui, à la base, en fait, tu étais censée juste participer toute seule. Et en en discutant, on s'est dit, « Tiens, finalement vous faire témoigner toutes les deux, ça pourrait être cool aussi.

  • Pauline

    Exactement, l'idée de l'interview croisée, je trouvais que c'était pas mal, parce que moi j'ai des petits problèmes, je ne retiens pas très bien les choses, et je trouve que c'est bien aussi quand on est dans un rapport d'amitié à deux, d'avoir le regard de l'autre.

  • Elodie

    Mélanie, je te laisse te présenter.

  • Mélanie

    Moi du coup, c'est Mélanie, j'ai 37 ans, c'est ça ? Et Pauline m'a parlé de ton podcast et c'est avec un grand plaisir que j'ai accepté. Je trouve en effet l'idée super de pouvoir parler de notre amitié comme ça en croisée, de se compléter l'une l'autre. C'était une super occasion et c'est un super cadeau et une super opportunité. Donc merci beaucoup.

  • Elodie

    Avec plaisir, trop cool. On va rentrer maintenant dans le vif du sujet avec ma traditionnelle question philosophique. Est-ce que vous pouvez me donner chacune votre définition de la sororité ? Mélanie ?

  • Mélanie

    Oui, alors pour moi, la sororité, c'est une énergie, une connexion entre femmes. Oui, c'est comme ça que je le qualifierais. Entre femmes, parfois, on se comprend au-delà des frontières de la langue ou bien au-delà des frontières de la culture. parce qu'on a vécu, on se comprend. Pour moi, c'est ça la sororité. On se comprend malgré tout ça parfois. Je ne sais pas si tu me comprends.

  • Elodie

    Si, c'est très clair. J'ai bien aimé et j'ai bien entendu que tu insistais sur le « parfois » qui, j'imagine, veut dire pour toi que ça ne veut pas dire qu'on se comprend forcément toutes parce qu'on est des femmes.

  • Mélanie

    Voilà, c'est ça. Il y a des nuances à apporter.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi Pauline, c'est quoi la sororité ?

  • Pauline

    Alors moi le mot sororité, bien sûr je connais le mot, j'en comprends la racine, ça veut dire sœur. Et en fait, pour moi c'est un peu compliqué d'aborder ce sujet parce que je considère que toutes les relations qu'on a avec les personnes, quelles qu'elles soient, ne nécessitent pas forcément de mots ou d'étiquettes, on est plutôt dans un ordre de feeling, de ressenti. Et au début, quand on me dit sororité, je ne peux pas m'empêcher de voir les sororités aux États-Unis, comme on a dans les séries, là où elles sont toutes ensemble dans la grande maison, c'est hyper fun. Elles se défendent bec et ongle quand il y a un truc qui ne va pas, ou elles se battent aussi beaucoup. parce qu'elles se chamaillent. Mais malgré tout, j'ai essayé quand même de prendre pas mal de reportages, j'ai écouté pas mal de trucs pour avoir des regards des gens. Et en fait, moi, si je devais quand même donner un sens à ce mot, ce serait plutôt, moi, un lien qui peut exister entre les femmes dans le sens d'avoir un espace commun entre elles. En fait, un espace dans lequel chaque... femmes pourraient aborder des sujets qui sont sensibles, voire même j'ai envie d'utiliser le mot fragile, parce que un peu comme l'a dit Mélanie, on va avoir des ressentis parfois communs sur des thématiques et quelle que soit finalement notre orientation sexuelle, notre origine, notre position aussi dans la société et je pense qu'en ça il peut y avoir une certaine solidarité. sur des sujets parfois très spécifiques, type tout ce qui va toucher à l'intimité du corps, par exemple.

  • Elodie

    Ok, ok. Alors, avant de parler spécifiquement de votre relation à toutes les deux, est-ce que vous pouvez me dire comment vous la vivez, du coup, cette sororité, dans vos vies professionnelles et personnelles ?

  • Mélanie

    Moi, dans ma vie professionnelle, surtout, je le vois dans les tempêtes de la vie, un petit peu. Quand il y a des gros chagrins à traverser ou des grosses difficultés, je sens cette sororité entre collègues, femmes. Même si avec ces femmes-là, en dehors du travail, on n'a pas forcément de grands liens. Et c'est là que, pour moi, ça prend tout son sens. C'est vraiment dans les tempêtes de la vie. C'est là que je le sens le plus, en tout cas. Pareil pour... Pour le familial, il y a des femmes de ma famille avec qui je ne suis pas particulièrement proche. Mais quand il y a des tempêtes, elles sont là. Pour moi, c'est comme ça que je le ressens, cette sororité, vraiment dans les tempêtes.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi, Pauline ?

  • Pauline

    Moi, ça va être plutôt dans les sujets, comme je disais, dans les sujets plus perso. Comme je disais, les petites problématiques, parfois un peu plus fines à comprendre. un peu plus précise, qui demande une certaine sensibilité, peut-être. Je trouve que... En tout cas, moi, c'est dans ces moments-là où je vais plutôt ressentir ce lien à l'autre, si on peut parler de lien. J'aime pas trop l'idée de lien, mais en tout cas, le point de rencontre avec l'autre femme.

  • Elodie

    Mélanie et Pauline, vous êtes amies depuis 22 ans. Vous avez donc partagé plein de petits et grands moments. Mais déjà, qui est-ce qui va commencer par me raconter votre rencontre ?

  • Mélanie

    Ah, c'est moi ! Avec enthousiasme ! Vas-y,

  • Elodie

    vas-y !

  • Mélanie

    Alors, Pauline et moi, on s'est rencontrées en 2003. Donc, Pauline avait 16 ans, j'en avais 15. On a une petite année d'écart. On rentrait au lycée, en internat, et on se lançait dans un bac STI à rappliquer. Je ne sais même pas si ça existe encore comme terme. Donc on arrive dans la ville de Saint-Omer, première fois à l'internat pour moi, seconde fois pour Pauline, il me semble, oui. Donc voilà, et là, promotion, on essaie de créer des liens avec les autres, les professeurs essaient de nous rapprocher en faisant des petits jeux. Et ils avaient mis en place un jeu avec les fables de la Fontaine, Il y avait par exemple... La cigale et la fourmi, le corbeau et le renard, bien dissociés dans des sacs. Et on devait piocher un personnage. Je te le donne en mille. J'ai tiré le renard. Pauline a tiré le corbeau.

  • Pauline

    Incroyable.

  • Mélanie

    Incroyable. J'étais le corbeau. Donc, on se retrouve toutes les deux ensemble, mais pas du tout enthousiasmées pour le coup. parce que On en a discuté avec Pauline pour préparer un petit peu le podcast. On en riait encore. Pour elle, j'étais une espèce de fille un peu immature et faufole qui rigolait un peu pour rien. Et pour moi, c'était tout le contraire. Pauline, c'était quelqu'un d'assez froid, fermé et pince sans rire. Donc, quand on en a pioché le corbeau et le renard et qu'on s'est retrouvés toutes les deux, t'imagines bien qu'on s'est dit « Ah ouais, vous n'aviez pas envie, quoi ! » On va s'éclater, ça va être génial ! Bon, la journée se fait et puis au cours des jours qui ont suivi à l'internat. le hasard veut que nos copines de chambre, elle était dans une chambre, j'étais dans une autre, avec d'autres filles, les filles nous laissent chacune de notre côté pour se mettre finalement dans une autre chambre avec leurs nouvelles copines. Il y avait des affinités qui s'étaient faites. Et par la force des choses, encore une fois, Pauline et moi, nous nous retrouvons seules, donc dans la même chambre. Pareil, on s'est dit « Ouais, super grosse ambiance, on va rigoler, ça va être génial ! » Donc voilà, contre toute attente, ça a débuté comme ça notre amitié. C'était apparemment le corbeau et le renard qui jamais, jamais n'allaient s'entendre. Vraiment, on était a priori très différentes. Et finalement, se retrouvant à deux dans cette chambre d'internat, on a eu notre premier fou rire. Et à partir de ce premier fou rire... s'en est suivi des milliers d'autres pendant 22 ans. Voilà, c'est comme ça que notre histoire a commencé.

  • Pauline

    En fait, moi, quand je repense à la période, je vois nos têtes, nos visages tellement expressifs qui se disent « Oh là là, ça va être horrible ! » L'après-midi va être chiant, ça va être très long, et on est obligés parce que les profs nous disent « Allez, posez-vous des questions, ça va être sympa, n'hésitez pas, c'est le moment de parler à l'autre. » Et nous, on est en souffrance, en fait, avant même de s'être... d'avoir commencé à parler, on s'est vus et on s'est dit « Merde ! » Et ça, ça me fait beaucoup rire. Moi, j'ai beaucoup le souvenir des visages. Et j'aime à dire, alors c'est pas du tout ça, mais quand j'ai la nana qui est dans ma chambre qui me dit « En fait, je vais aller avec un tel. » Et je lui dis « Ok. Mais moi, je vais où ? » « Eh bien, tu vas à côté avec Mélanie. » Et là, je me fais dans la tête le match et je me dis « Mélanie, c'est celle à qui j'ai parlé cet après-midi. Ça va être affreux ! » Et je vivais quand même ! en disant, allez Pauline, essaye de pas être trop désagréable quand t'arrives, essaye d'être neutre. Je vois la tête de Mélanie, et en fait on est toutes les deux en train de se dire, qu'est-ce qui nous arrive ? Voilà, donc ça me fait beaucoup rire d'avoir ce souvenir-là, parce que moi je vois les visages des confits, et je trouve ça très drôle.

  • Elodie

    Et finalement, ça c'est la rencontre, mais après ça s'est bien passé ?

  • Pauline

    Bah oui parce qu'en fait, Mélanie me rappelait la semaine dernière quand on regardait nos vieilles photos, n'est-ce pas ? À quel moment elle s'est dit mais en fait cette fille est drôle. J'ai fait une blague au sujet de l'histoire sans fin et en fait Mélanie adore aussi l'histoire sans fin. Et j'ai fait une connerie pour pas changer, je me suis déguisée ou je sais plus trop quoi. Et en fait ça l'a fait marrer et elle s'est dit à ce moment-là, ah elle est drôle. Et en fait ça a permis d'ouvrir les portes. de l'échange, de découvrir la personnalité de l'autre, des points communs. Et ça a permis d'aller plus loin après, en fait.

  • Elodie

    Le fait d'aller plus loin s'est passé par un moment que vous avez vécu ensemble. C'était quand et c'était comment ?

  • Pauline

    Alors, on a fait notre première année à l'internat, puisque dans notre lycée, on pouvait faire uniquement la première année à l'internat, donc la seconde. Et après la seconde, tu étais mise dehors. en gros. Et il fallait que tu te loges. Et donc, pour Mélanie et moi, il n'y avait aucun sujet. On allait continuer notre vie à deux. On ne s'est même pas posé la question une seule seconde, je pense. On est partis directement. Donc, on a demandé à nos parents de bien accepter de vouloir nous payer un loyer pour vivre à deux. Et donc, on a fait en sorte de trouver un... petits logements, donc c'était vraiment ridicule. On avait l'espace d'une petite cuisine qui faisait, je ne sais pas, 5 mètres carrés, 5-6 mètres carrés, et une chambre avec deux lits simples, et elle devait faire 4 mètres carrés max, quoi. Et c'était un logement chez l'habitant, donc c'était un vieux monsieur qui habitait à 500 mètres du lycée. Lui, il avait sa maison, et puis nous, on habitait à l'État pendant deux ans.

  • Elodie

    C'est une sacrée chance. Je trouve ça trop cool de pouvoir faire ça à 16-17 ans. Vous retenez quoi de cette période aujourd'hui ?

  • Mélanie

    Moi, de cette période, je ne retiens que du bonheur, des fous rires. On était quand même très jeunes, comme tu l'as dit. On n'avait que 16 et 17 ans quand on a eu cette première location, toutes les deux. Donc on était chapeautés par nos parents à distance, bien sûr. Mais on était sérieuses toutes les deux. Donc on apprenait à vivre et à se gérer un peu toute seule. En même temps, c'était un vrai apprentissage. À se comprendre, c'était aussi notre première vie à deux. Ce n'est pas évident de vivre avec quelqu'un en dehors d'un cadre scolaire. Et ça s'est super bien passé. On a ri, on a partagé les soirées de boulot jusqu'à 3-4 heures du matin, les chagrins, beaucoup plus les fourrirs que les chagrins à cette époque-là. Pour moi, j'en retiens ça, c'est cette quantité de fourrir qu'on a pu avoir à pleurer. Pour tout et pour rien, vraiment, quand je croise des jeunes, addition. Ça fait vieux de dire ça, mais quand je crois des jeunes filles de 17-18 ans dans la rue et que je les entends rigoler, mes gorges déployées, ça me fait tellement penser à ces années-là. Tout ces fourris, voilà, moi ce que j'en retiens, c'est cette quantité industrielle de fourris, vraiment.

  • Elodie

    Pauline, tu as un truc à rajouter ?

  • Pauline

    Moi, pareil, c'est ce côté... En fait, dans nos études, on travaille énormément, on avait beaucoup d'heures de cours. par semaine, donc on était très vite très fatigué et ça aidait aussi, donc on était tout le temps un peu en fil tendu au niveau de la fatigue et on disait des conneries du matin au soir, non-stop et on se déguisait on dansait moi je faisais de la danse, je faisais des répètes de danse, Mélanie elle me regardait elle me disait c'est bien, c'est pas bien, ça j'ai pas bien vu tout ça, on avait nos chansons qu'on adorait, donc des albums, mais on écouterait pas le truc, ah ouais trop bien on aimait les chansons quand on avait des peines de cœur, on faisait des tableaux. Alors, les plus, les moins. Ouais, celui-là, tu vois, ça ne vaut pas la peine. Ou celui du lycée qui nous plaisait mais qui ne nous voyait pas, on faisait le débrief. On parlait de tout, en fait. Dès le départ, on n'a pas eu de limite de sujet. Et on passait des heures à parler de tout et de rien, à faire des blagues. On a fait des blagues sur tout et n'importe quoi. J'y pense, j'en ris encore. Il y avait vraiment ce côté... Il y avait un côté ultra léger en fait, quand on était à deux et le reste on s'en foutait quoi. Et notre déco elle était improbable, on avait des trucs à paillettes que j'avais récupérés, de la danse pour faire des rideaux. Et ouais, on passait des nuits à travailler parce que dans les études d'art, vraiment on travaillait beaucoup après les cours. On passait des nuits à regarder la nuit des animaux par exemple, pour rester éveillée. Et le lendemain matin, on arrivait en cours. Vous savez, on a appris un truc cette nuit sur les loutres. C'était vachement bien. Et les gens nous regardaient en disant « Qu'est-ce qu'elle nous raconte ? » « Ben ouais, on a regardé un truc cette nuit, pas vous. » « Non, on dormait en fait. » « Ah oui, ben nous on était passionnés par les loutres. » « On n'est pas allés se coucher. » Et voilà, il y avait plein de trucs comme ça. Et ouais, moi j'en garde vraiment un souvenir. Je me dis vraiment que j'ai eu une chance inouïe d'avoir vécu ça. et qu'en plus ça continue en fait. La forme a changé mais ça continue. Et je sais qu'à l'époque, j'avais des copines et des copains qui vivaient encore chez leurs parents et qui n'ont jamais vécu ça. Et je me dis quelque part, mais ce n'est pas de chance parce qu'en fait, ça peut être tellement cool. Ça fait des souvenirs de dingue et ça peut créer des liens aussi complètement fous. Donc, j'estime que je suis très chanceuse.

  • Elodie

    Ce qui est fou, c'est que ce n'est pas forcément inné de vivre avec quelqu'un comme ça du jour au lendemain et que ça se passe bien. Est-ce que vous aviez mis en place des genres de règles où tout était facile et fluide sans que vous ayez à mettre des règles ou à vous donner des indications sur les attentes de l'une et de l'autre ? En même temps, je ne sais pas si on sait faire ça à 16 ou 17 ans.

  • Mélanie

    Non, vraiment, comme tu disais, c'était assez fluide. Avec le recul, je me rends compte à quel point c'était fluide. On en était déjà à notre deuxième année à vivre ensemble. On avait déjà levé certains sujets. On parlait de tout facilement. Je pense que ça, ça nous a aidés à bien nous connaître assez vite. Il n'y avait pas vraiment de sujet tabou. Si on était en colère, on le disait, si on passait vite à autre chose. Il y avait vraiment cet apprentissage l'une de l'autre. Et c'est peut-être ça qui nous a aidés à bien vivre ensemble. Et puis pour la dernière année, celle du bac, notre troisième année de vie commune, là le rythme s'est un peu accéléré parce que, comme le disait Pauline, on avait beaucoup de cours, donc encore plus. Et là, nos rythmes ont été un peu décalés. Par exemple, Pauline, quand on rentrait de cours, elle aimait dormir et ensuite travailler la nuit. Elle avait besoin de dormir avant. Moi, c'était le contraire. Si je me couchais, je ne me relevais plus. C'était fini. Donc du coup, à cette époque-là, on faisait un relais. Donc Pauline allait se coucher. Moi, je travaillais. Elle me manquait. Et puis quand j'allais me coucher, je la réveillais. Et puis voilà, on faisait comme à l'usine. Et on se comprenait, on comprenait nos cycles. Et il y avait une intelligence dans la manière de faire, mais on ne se posait pas la question, en fait. Ça se faisait vraiment facilement. Voilà, on se comprenait déjà.

  • Elodie

    C'est ouf et c'est hyper précieux, du coup. Tu as utilisé le terme de colère. Est-ce qu'il y a eu des désaccords entre vous à ce moment-là ou à d'autres ?

  • Mélanie

    De mon côté, quand je fais le bilan des 22 ans, je trouve que... des nanas qui ont vécu ensemble si jeunes, qui ont quand même traversé l'adolescence. C'est quand même pas une période... C'est pas la période la plus simple de la vie. Je trouve qu'on n'a pas eu beaucoup de disputes. Vraiment, on en a eu une qui nous fait rire maintenant. Ça, je suis sûre que Pauline... Ah oui, ça, j'entends Pauline rire.

  • Pauline

    Oui, je ris beaucoup.

  • Mélanie

    Oui, tu ris. Mais là, on s'est vraiment accrochés une vraie fois par la fatigue sûrement, le rythme difficile à tenir, où elle m'a énervée. On avait un rat. À l'époque, Pauline avait voulu adopter un rat. Donc, on avait un rat qui s'appelait Pouch, qu'on nourrissait de beaucoup trop de curly pour un rat. Et je me revois me mettre en colère. prendre le haut de la cage du rat et la balancer comme ça au pied de Pauline en disant ça suffit, j'en ai marre. Une vraie scène de ménage, la seule qu'on ait eue. Et suite à ça, pendant quelques jours, on a échangé d'appartement. Je suis allée... Alors non, Pauline est allée vivre chez une de nos amies et la coloc de cette amie est venue vivre avec moi parce qu'on était tout un clan de copines. Et après, au bout de quelques jours, on s'est retrouvées. On s'est mis à rire et puis c'était passé. S'il y a vraiment une colère, une dispute, un accrochage, c'est le seul qui m'est marqué encore. J'en ris.

  • Elodie

    Mais il y avait une raison particulière ? Ou peut-être que vous ne vous en souvenez plus ? Ou c'est un truc... C'est comme ça, vous vous êtes énervée parce que vous vous êtes énervée et puis c'est tout ?

  • Mélanie

    Je ne me souviens pas de la raison. Tu t'en souviens un peu,

  • Pauline

    Pauline ? En fait, Mélanie et moi... C'est assez drôle, on est vraiment très différentes. Physiquement à plein de points, on est très différentes. Donc je pense que le truc, je m'en souviens plus non plus nettement, mais je pense que ça devait partir d'un petit truc, tu vois. Peut-être ça peut partir d'une connerie juste, une petite mimique de Mélanie qui m'a saoulée, et puis j'ai regardé d'une façon, ça l'a saoulée. Peut-être ça a été une connerie comme ça, tu vois, on s'en souvient même plus. Moi les choses dont je me souviens, c'est nous engueuler dans le couloir parce qu'on était à l'étage. Et moi, je suis en bas, elle, elle est en haut et on s'engueule. C'est ça que j'ai en tête, mais j'ai plus le sujet vraiment. Et je me souviens que c'était hyper dur. C'était une vraie épreuve, quoi. Parce que tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, après, on s'est dit, on a une crise, quoi. Une crise de couple. On est en crise, quoi, vraiment. Et quand... Je me souviendrai toujours quand Mélanie m'annonce que je vais devoir partir. c'était horrible, c'était une souffrance, c'était presque une séparation. Et je me souviens partir chez ma copine avec qui, par ailleurs, je m'entends super bien, et je m'entends toujours avec elle, ça fait toujours 22 ans qu'on se connaît et qu'on se côtoie, et me dire, mais en fait, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Et je savais que ça allait aller, mais combien de temps ça va durer ? Et la difficulté, c'est que, comme l'a dit Mélanie, on était dans un groupe d'amis qui, on était... tout le temps collées toutes ensemble et on avait énormément de rire. Le point qu'on avait en commun c'est qu'on riait mais tout le temps, tout le temps. Et c'était à la fois très difficile pendant la pause déjeuner par exemple, on était toutes sur la table, autour de la table et à la fois on se faisait la gueule, nous deux sur cinq et à la fois on était mort de rire. Donc c'était hyper compliqué, on était dans un conflit d'émotions. Et je pense qu'on avait un peu toutes les deux ce truc de dire non. Là vraiment c'est aller trop loin, il faut créer une rupture. Parce que c'est nécessaire pour un peu nettoyer le terrain, que chacune on s'ouvre de notre côté. Il y a peut-être eu un truc où à un moment donné ça a été too much. malgré tout le lien est là et voilà on sait que l'autre est là. Il y avait ce truc, tout à l'heure tu parlais de fluidité et Mélanie a repris le mot, il y avait ce truc assez naturel, je ne sais pas comment l'expliquer, je ne sais pas si c'est un lien qui devait se créer, naturellement une rencontre qui devait se faire, je n'en sais rien mais On ne s'est jamais vraiment posé de questions sur tous ces trucs-là, on les a juste vécues. On a pris les émotions positives, les émotions neutres, les émotions négatives ou ultra négatives. On s'est laissé du temps pour vivre chacune des émotions. Et toujours avec cette intelligence de ne pas faire de liste sur un tableau. Et je pense que c'est pour ça que tu vois, même maintenant, on n'est plus capable de dire pourquoi on s'est vraiment engueulé. Moi, je sais qu'on s'est engueulé il y a peut-être une dizaine d'années où ça a duré quelques mois. Je ne saurais plus te dire à propos de quel sujet. On n'a pas de liste de mauvais souvenirs,

  • Elodie

    en fait. C'est un super bon signal, je crois, de ne pas se souvenir que du positif, des rires et tout. Franchement, ça fait un peu rêver quand même, 22 ans de rigolade entre copines. C'est chouette. et en fait... quand je t'ai entendu parler quand je vous ai entendu toutes les deux parler de l'engueulade de quand vous aviez 15-16 ans des émotions et tout ça c'est aussi j'imagine lié à la période de l'adolescence qui n'est pas forcément une période facile non plus à gérer et qu'on gère un peu comme on peut et qu'on essaye de contenir ou pas comme on peut c'est trop cool que vous soyez passé au delà de ces embrouilles d'adolescence et que Merci. Et qu'aujourd'hui, on soit là, c'est trop bien. Ça, c'était la période où vous avez vécu ensemble, mais vous avez aussi vécu loin l'une de l'autre. Qui est-ce qui m'en parle ?

  • Pauline

    Oui, effectivement. Donc, après le lycée, on était à Saint-Thomas. C'est sur la côte d'Opale, en gros. Après, on n'avait pas les mêmes aspirations. Donc, Mélanie est allée à Lille, dans une fac. Et moi, je suis partie en Belgique, dans une école d'architecture. Donc, séparation. On a eu respectivement des compagnons, des petits copains. Après, on a créé des cercles aussi d'amis dans ces différentes écoles. Donc, ça t'éloigne en fait. Le lien, il devient un peu élastique. Le tout, c'est que le lien, l'élastique ne lâche pas. Donc, on continuait toujours d'être en contact. Bien évidemment, tu ne peux pas dire, « Non, finalement, on est parti. » Tout ça, c'est du passé, hors de question. Donc on est tout le temps resté en lien, j'allais à l'île, Mélanie venait à tourner chez moi, on se recroisait toujours, on se parlait toujours, c'est obligatoire. Après, avec la distance, forcément, tu perds un peu ce lien de proximité H24, c'est différent, on s'adapte forcément. Ensuite, moi je suis partie à Paris, donc encore un peu plus loin, pendant plusieurs années. Donc pareil, toujours le même contact et puis un peu moins de rencontres physiques, mais toujours là par texto. Pareil, des petits copains qui prenaient plus ou moins de place, donc pas forcément évident de se dire, tiens, ce week-end, je rentre, on se voit. Ben non, j'ai un truc avec mon copain. Donc forcément, ça remet un peu de frein quelque part dans la relation, mais toujours là. Après, moi, je suis revenue à Lille, mais je n'habitais pas à Lille. Donc on se croisait malgré tout quand on pouvait. se faire des soirées, des après-midi, des trucs comme ça. Après, moi, je suis partie à Lyon, donc encore plus loin. Et là, j'ai vécu un moment pas hyper cool pendant que j'étais là-bas. Et je me suis séparée. Ces moments-là, la première personne que j'ai appelée, c'était Mélanie. Quand j'avais besoin de parler en pleine nuit, je savais qu'elle dormait et que le matin, elle allait avoir 3000 messages et qu'elle allait être là le lendemain parce qu'elle est toujours là. Et après, je suis venue m'installer à Lille. Et j'étais pas loin de Mélanie, dans la même ville, et on s'est vite remises assez proches en fait. Même si on ne se voyait pas tous les jours, je suis malade, elle venait me voir, m'apporter de la soupe que sa mère avait fait, on se voyait chez elle, on faisait des sorties. Après, moi j'ai rencontré quelqu'un, donc je suis toujours restée à l'île et on a décidé de partir pendant un an en Océanie. Donc encore plus loin ! Et là, pareil, Mélanie fait partie de ma vie au quotidien. Donc, je lui ai envoyé des vidéos, des photos. « Tiens, aujourd'hui, il m'énerve. » « Aujourd'hui, c'est super. » « Comment ça va chez toi ? » « Je sais que toi, c'est l'été, moi, c'est l'hiver. » « Comment ça se passe ? » Et en fait, il y a toujours eu ce fil. On a toujours partagé nos vies. En fait, le sujet n'est pas le lieu où l'on est. Le sujet est le fait que l'autre est dans notre vie. Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Elodie

    Elle est belle, cette phrase. Tu veux rajouter quelque chose, Mélanie ?

  • Mélanie

    Après cette phrase magnifique que tu as ajoutée, vraiment, c'est tout à fait ça. C'est vraiment, comme le dit Pauline, ce n'est pas une question géographique. C'est vraiment... On est là, l'une pour l'autre, par message. Et en plus de ça, quand je me reprends un petit peu... peu sur la séparation. Après le lycée, on s'est séparés pour la première fois pour vivre chacune de notre côté. Moi, ça a été dur les premières semaines. Elles me manquaient. Je sentais un énorme vide. Je me sentais seule alors que j'aime beaucoup être seule. Ça fait partie de nos différences un petit peu. Mais moi, il y a eu les premières semaines, j'ai douillé. J'avais l'impression d'être loin de l'amour de ma vie. Ça a été compliqué au début. Et il n'y avait pas un jour sans qu'il n'y ait pas un contact par message. Et ça, ça a duré plusieurs années. Il n'y avait même pas de bonjour dans nos messages. Pas besoin. Pas de bonjour, pas d'au revoir, pas de bonne nuit. C'était comme si on était là l'une à côté de l'autre. Ça va ? Tiens, au fait, je mets ce t-shirt-là ou ce t-shirt-là ? Au fait, quand on a déménagé, tu n'as pas embarqué mes chaussettes préférées ? Vraiment, il n'y avait pas de formalité. Il n'y avait pas besoin. Et après, pendant les dix années qui ont suivi, donc Pauline, elle a bien relaté les choses, il y a eu cet éloignement géographique, il y a eu un petit peu moins de SMS, mais par contre, jamais besoin de se formaliser pour dire bonjour, ça ne va pas, j'ai mal, ça ne va pas, je suis triste. Pas besoin, juste je suis triste, il se passe ça. Et puis voilà, l'autre analyse. C'est marrant, c'est ce lien vital un petit peu. peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Elodie

    Quand je vous écoute là et par rapport à ce que tu viens de dire Mélanie sur le lien qu'il y a entre vous, je vois ça un peu comme un genre de fil invisible ou de connexion qui est là en permanence et la relation et le lien il est là tous les jours, nuit et jour et il n'y a pas un truc qui se finit et un truc qui recommence. Il n'y a pas un chapitre qui commence le lundi. Un chapitre qui se rouvre le mardi.

  • Pauline

    C'est ça, c'est continu. Oui, et pour la petite blague, maintenant, on habite à 100 mètres l'une de l'autre. Et on ne se voit pas tous les jours, tu vois. Mais là, on parlait de l'enregistrement. Mélanie a ma clé. Elle dit, si tu veux un truc, tu passes chez moi, tu vas le prendre. Et c'est assez facile, on se croise ou on ne se croise pas. On peut ne pas se voir parfois pendant des mois, mais on est à 500 mètres. Et puis un jour, j'arrive. OK, 10 minutes après, elle est là. Et il n'y a pas de... Tu sais, on est très proches, mais on n'empiète pas sur la vie de l'autre.

  • Elodie

    Ok. Alors, vous y avez répondu déjà, mais c'était facile ou c'était difficile, ces moments loin l'une de l'autre ? A priori, ce n'est quand même pas tout le temps évident.

  • Mélanie

    Non, moi, vraiment, la rupture entre le lycée et les études supérieures, les premières semaines, vraiment, ça a été compliqué. Après, j'ai vu et j'ai compris que ça ne changerait rien. Et je crois que c'est ça qui m'a rassurée, qui m'a réconfortée. De voir qu'en fait, peu importe, ça ne change rien. Même si physiquement, elle n'était plus là, notre lien était toujours là. Et si on avait besoin l'une de l'autre, il n'y avait pas de problème. Qu'elle soit en Belgique, à Lyon, en Océanie, à Tokyo, je ne sais où, il n'y avait pas de problème.

  • Elodie

    Tu veux rajouter un truc, Pauline ?

  • Pauline

    Oui. Oui, non, mais moi, c'est pareil. On n'est pas forcément synchro sur la souffrance de la séparation et de la distance. Mais moi, je ressens vraiment cette souffrance quand moi-même, je suis en souffrance. J'ai besoin de ce lien quasi immédiat avec Mélanie. Et quand elle n'est pas là, parce que ça peut être la nuit, parce qu'elle a sa vie et qu'elle peut aussi avoir ses moments de souffrance. c'est vrai que c'est un peu le rendez-vous que tu attends. Tu sais, quand tu sais que tu as un rendez-vous avec quelqu'un qui est hyper important pour toi et que tu as hâte, tu vois, tu es un peu... Tu as le corps qui chauffe et tout, c'est un peu comme ça. Quand je n'ai pas de nouvelles, je me dis, oh là là, j'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte. Et je regarde mon téléphone mille fois par jour en me disant, il faut qu'elle arrive, il faut qu'elle arrive. Parce qu'elle est... Ouais, il faut qu'elle soit là, en fait. Elle a une place hyper importante.

  • Elodie

    Alors, tu viens de parler du fait que Mélanie, elle t'apporte du soutien dans les moments de souffrance. Qu'est-ce qu'elle t'apporte d'autre aujourd'hui ?

  • Pauline

    Mélanie, c'est un mélange de plein de choses. J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là. Et en fait, j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon. Et je n'ai pas choisi ces mots au hasard. C'est une boussole. Comme son nom l'indique, quand je suis paumée, et ça m'arrive souvent sur plein de sujets différents, elle va me remettre un peu dans les rails, ou elle va me permettre de voir les choses d'une autre façon que moi je ne perçois peut-être pas. La soupape, c'est comme quand je viens de dire, en fait, quand j'ai besoin de lâcher un truc, que ce soit du positif, du négatif, de l'agacement, de l'énervement, du larmoyant, du très tendre, donc Mélanie va être là. et elle est hyper libératrice en fait. La pendule, quelques fois, elle me remet les pendules à l'heure. Non, non, là, je ne suis pas OK avec toi. OK, d'accord, je comprends ton point de vue, je prends et je réfléchis. Et si je ne comprends pas, on parle, on déstructure tout. Parce qu'il y a plein de choses où pour moi, ce n'est pas du tout naturel de comprendre. Elle, elle le comprend très bien, donc elle me l'explique. Et donc, c'est OK. Après, je sais que j'ai bien fait, je n'ai pas bien fait. Voilà, elle me remet dans le cadre aussi. L'électrochoc, parce que pareil, parfois il y a des choses qui sont devant mes yeux, je ne le vois pas, elle me dit « quand même, ah oui, c'est vrai » . Et enfin, le poumon, parce que comme je dis, en fait, quand je suis dans l'attente d'une info de sa part ou d'une nouvelle, ou même quand elle ne va pas bien, j'ai qu'une hâte, c'est d'avoir des nouvelles parce que je suis un peu en apnée. Quand je sais qu'elle ne va pas bien, je me dis « mais à qui elle va parler ? Est-ce que les gens vont la comprendre ? » Je sais que là, elle n'est pas bien, mais elle ne va pas forcément me le dire parce que je la connais après 22 ans. Je sais comment cette demoiselle fonctionne. Donc, il y a aussi ces moments-là d'apnée, non pas forcément quand moi, j'ai besoin d'elle, mais aussi quand je sais que je peux, en toute humilité, lui servir à quelque chose, de me dire « viens, j'ai hâte qu'elle arrive pour pouvoir l'aider » .

  • Elodie

    Mélanie, un petit commentaire à faire sur ce que vient de dire Pauline ?

  • Mélanie

    Déjà, j'ai failli pleurer, c'est malin. Moi, c'est pareil. Je rejoins Pauline, c'est la même chose pour moi. Mais moi, ce qu'elle m'a apporté et ce qu'elle m'apporte encore, c'est qu'elle a cette capacité à démonter tout ce qui est croyance limitante. Et ça, dans ces 22 années de ma vie, ça m'a vachement aidée, ça m'aide encore. C'est un peu le maçon de ma maison. C'est comme si j'étais arrivée, quand on s'est connues, j'avais une maison et puis elle m'a dit, bon alors, on va tout démonter. Cette brique-là, on garde. Et qu'on remontait une maison ensemble. Cette capacité qu'elle a à pouvoir mettre le doigt sur tout ce qui nous limite, ses croyances limitantes, moi, ça m'aide beaucoup, vraiment. Et c'est un truc pour lequel je la trouve incroyable. Donc, si vous avez une maison de vie à refaire, N'hésitez pas, faites appel à Pauline. C'est un très bon maçon de vie. C'est mon petit maçon à moi, Pauline. Voilà.

  • Elodie

    Quand on a préparé cet épisode, vous m'avez aussi parlé. Alors, on a parlé de votre relation, évidemment, mais on a parlé aussi d'autres relations autour de votre relation et notamment de vos relations de couple. Et votre relation amicale, elle a aussi une place au sein de vos relations de couple. Alors, on va prendre un exemple pour que ça soit plus concret. Mélanie, par exemple, si tu ne vas pas bien, ton mec va appeler Pauline. Pourquoi ?

  • Mélanie

    Ah oui, pour reprendre une de ses phrases, je ne suis qu'un homme. Ce qu'il veut dire par là, il arrive à calmer beaucoup de mes chagrins, mais il y a des sujets sur lesquels il se sent limité. Et il sait que Pauline arrivera justement à me sortir de l'impasse. Il n'a aucun doute là-dessus, il a compris. compris ce qui se passait entre nous et il sait que si lui est dans l'impasse, c'est SOS Pauline. Et même quand ça ne va pas si mal que ça, s'il y a un problème au travail, s'il y a un problème en famille, il va avoir tendance à me dire très naturellement, on va parler à Pauline. Oui, bon. Voilà, je ne sais pas, même les hommes qui ont traversé et qui traversent nos vies, apparemment le comprennent, comprennent ce lien qu'il y a entre nous.

  • Elodie

    Pauline, tu veux rajouter un truc ?

  • Pauline

    Effectivement, là, on parle du présent, mais on peut aussi parler des relations passées. Il n'y a jamais eu de sujet. Mélanie a toujours été là dans toutes mes relations. J'ai des souvenirs où elle est avec mon copain et il déconnerait sur moi. On parle de notre couple avec Mélanie à côté, parce qu'elle me connaît tellement longtemps et elle a tellement la vision 360 de qui je suis, et que je lui fais aussi totalement confiance. J'ai une pleine confiance en Mélanie. Je sais que si elle dit un truc à quelqu'un, je ne vais pas être contre, je le sais. Parce qu'elle a un côté honnête et respect qui me... me permet de lui laisser cette place-là dans ma relation. Et je n'en voudrais jamais à personne d'appeler Mélanie, je n'en voudrais jamais à personne de se référer à Mélanie au sujet d'une période que je peux vivre, de n'importe quoi. Donc ça a toujours été, ben voilà, c'est Mélanie. Et Mélanie a toujours fait partie de ma vie, couple ou pas couple, et elle s'est toujours très bien entendue avec tous mes copains. Et si jamais, je ne sais même pas comment je réagirais, si ça devait ne pas bien se passer. Pour moi, c'est inconcevable, tu vois.

  • Elodie

    Alors, je vois très bien. Et quand je vous entends, en fait, j'ai envie de dire, mais heureusement, heureusement que, genre, vous n'êtes pas en train de me raconter l'histoire où vous, mais qui ne supportent pas votre meilleure copine. Enfin, je ne sais pas si on peut vous qualifier comme ça, mais enfin, vraiment. Et en même temps, je sais que ça existe, des situations comme ça, où genre, les mecs sont jaloux ou je ne sais pas quoi. Mais une relation de couple, ce n'est pas censé servir tous les pans de ta vie et te combler à tel point que tu te coupes de tes potes. Donc, heureusement pour vous, et c'est trop bien que vous soyez accompagnés ou que vous ayez été accompagnés, vous ayez été, je me complique la vie, de conjoints qui comprennent ça. C'est cool et c'est précieux. C'est vrai.

  • Pauline

    Mais de toute façon, moi, je suis assez cash sur certains points. Je pense que si demain, j'ai un copain qui me dit « Oh là là, ta copine, je ne peux pas la sentir » , je pense que je lui dirais « Écoute, je t'aime, je l'aime, il n'y a pas de sujet, c'est tout. » Et je vis mes histoires d'amour comme je le fais. Et je n'ai pas de choix à faire.

  • Elodie

    Oui, oui. Et là on a parlé relations couple, est-ce que votre amitié elle est vécue comment, elle est perçue comment dans vos familles ? Et est-ce que vous avez une place particulière dans la famille l'une de l'autre ?

  • Mélanie

    Oui oui oui, tout à fait Pauline. Pauline c'est pareil dans ma famille c'est pas un sujet. Tiens comment va Pauline ? Si je dis bah tiens en ce moment ça va pas trop, et bien ils vont s'inquiéter, ils vont s'inquiéter. Et si je dis ah bah si ça va... Elle a tel et tel projet, c'est super, ils sont super contents. Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas ne pas avoir. Elle a sa place, vraiment. Pauline est un sujet chez nous. Elle a sa place dans le noyau familial. Et ça, c'est pareil, je n'ai pas vu la chose s'installer, mais ça fait des années que c'est comme ça. Si je ne parle pas de Pauline, c'est impossible que je ne parle pas de Pauline pendant six mois. Ce serait impossible. Il s'inquiète fait tous, vraiment. Non, non, Pauline fait partie du noyau familial chez moi. Absolument.

  • Elodie

    Ce n'est pas juste aller là dans les grands moments de la vie, ton anniversaire ou je ne sais quel autre moment. C'est vraiment, elle fait partie des conversations.

  • Mélanie

    Oui, oui, oui. Ma mère va me poser la question « comment va Pauline ? » tout comme elle va me dire « tiens, tu as eu des nouvelles de ton frère cette semaine ? » parce que moi, je n'en ai pas. C'est aussi naturel et fluide que ça.

  • Elodie

    D'accord. Et chez toi, Pauline, c'est pareil ?

  • Pauline

    Oui, chez moi, c'est pareil. Quand on était au lycée, on allait souvent l'une chez l'autre. Donc, on a un peu cette… Moi, je vois un peu la famille de Mélanie comme une deuxième famille. Pareil que Mélanie, on ne se voit pas tout le temps. Je les vois encore moins que je ne vois Mélanie. ils sont un peu plus loin. Et malgré tout, je ne suis pas leur enfant. Mais pour moi, c'est une famille mais avec un degré un peu différent. Pareil, moi je sais ce qui se passe dans la famille de Mélanie, je m'en inquiète, je suis contente. Quand ils viennent voir Mélanie, assez facilement, on va au restaurant ensemble, je passe les mois, on passe la soirée ensemble. Il y a des trucs basiques, on parle de notre vie. Je peux coacher son frère, lui dire « ne les écoute pas » . Vraiment un peu comme une personne qui se permet. Je ne me permets pas tout, je ne suis pas quelqu'un naturellement qui fait n'importe quoi parce que j'ai envie de le faire. Mais oui, il y a ce lien assez facile, on parle de tout, il n'y a pas vraiment de barrière. Et dans ma famille, c'est pareil. Avec ma mère, on parle souvent de Mélanie et pas que, aussi de sa famille, de son copain, de son job. Ma mère, pareil, me pose des questions. Par exemple, si je lui dis « tiens, je veux Mélanie. » « Ah bah tiens, comment elle va ? » Ou « on a fait un concert. » « Ah, c'est avec Mélanie ? C'est bien. » « Oh, puis c'est bien, vous connaissez depuis longtemps, vraiment. » « Ça, c'est une vraie amie et tout. » Donc, Maman, elle a aussi une place. dans ma vie. En fait, ma mère, par procuration, suit la vie de Mélanie.

  • Elodie

    En fait, avant de clôturer cet épisode, il y a un truc que je me demande, c'est comment on fait, c'est quoi vos conseils pour faire durer une amitié aussi longtemps ? Est-ce qu'il y a des choses que vous avez réfléchies ou que vous avez identifiées où vous vous dites, grâce à ça, notre amitié, elle dure ?

  • Mélanie

    Moi, je dirais beaucoup d'écoute. Beaucoup d'écoute. Après, nous, comme tu as dû comprendre, on n'a rien forcé. Ça s'est imposé à nous. Mais je pense que l'écoute, la bienveillance et puis accepter que l'autre ne fonctionne pas comme nous, très jeune, ça a été des ingrédients très importants dans la suite de notre relation.

  • Elodie

    Ce qui n'est pas forcément évident quand on est très jeune, justement, de comprendre cette différence, de l'appréhender et tout. C'est cool. C'est cool ça aussi, et j'imagine que ça fait une vraie force pour tenir sur la durée, de ne pas être dans le jugement et de comprendre que l'autre n'est pas nous et qu'il vit des choses différemment. Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Tu viens de dire le mot pour moi, ce qui fait que ça fonctionne, et encore une fois c'est vraiment complètement naturel, et c'est intéressant aussi de se faire cette interview, parce que quelque part ça nous force à mettre des mots là où en fait. on n'en a jamais vraiment mis et là où on n'a pas forcément envie d'en mettre non plus et oui je pense que ce qui nous rapproche le gros en fait comme je disais au début c'est que vraiment on est très très très différents, je ne vais pas dire tous les niveaux mais quasiment, on n'a vraiment pas de point où on se dit ah super on a les mêmes passions non, il y a vraiment plein de trucs différents malgré tout je pense que ce qui nous rapproche ce sont les valeurs, on a des valeurs qui sont ... qui sont prégnantes dans nos vies, qui se rejoignent. Et l'absence de jugement et le respect de l'autre. Même si on dit des choses qui ne sont pas toujours simples à entendre, parce qu'on sait que l'autre, malgré le lien qu'on a, est objectif, on peut tout entendre. Et ça, ce n'est pas des choses que je vois dans toutes les relations que j'ai. Je pense que Mélanie, c'est la seule personne dans toutes les personnes que je connais, que j'ai croisées dans ma vie jusqu'ici, avec lesquelles j'ai eu un lien de proximité, à qui vraiment je balance tout en fait, sans filet, sans frein, sans peur, et de laquelle je reçois tout sans crainte. Je sais que si elle me dit non Pauline, franchement là, ce que tu as fait, c'était vraiment pas bien. Je le prends et je le comprends. Et ensuite, on en parle et c'est OK. Et de la même façon, quand tu es une étriste, on est tout le temps dans cette approche de... Je ne vais pas dire... Je vais utiliser ce parallèle un petit peu, mais un peu, tu sais, le rôle du psy, quoi. Il est là, il écoute attentivement, il ne juge pas, mais après, il te donne des clés et tu en discutes. Et en fait, j'ai l'impression que notre relation, elle est vachement comme ça. À chaque fois qu'on se voit, on ne peut pas ne pas s'empêcher de parler de trucs hyper... profond là où des gens se dire c'est chiant quoi ben nous on adore tu vois refaire le monde décortiquer des situations des trucs des machins parce que ça nous anime ça nous alimente dans moi c'est vraiment ça qui fait en tout cas avec mélanie ça fonctionne ça fonctionne peut-être pas pour toutes les personnes mais je pense aussi qu'on a ce besoin de relations profondes avec l'autre Le côté superficiel, en tout cas entre nous, ne suffit pas et ne suffirait pas.

  • Elodie

    Alors, on est déjà à la dernière question de cet épisode. Et du coup, pour terminer, j'aimerais savoir comment vous, chacune, vous aimeriez voir votre relation évoluer.

  • Mélanie

    Moi, j'espère qu'on a encore 80 années devant nous, à peu près. Et puis qu'on va encore découvrir des choses, traverser des choses ensemble. Parce que ça, la vie fera qu'on va en traverser encore des choses, des belles et des moins belles. Je me souhaite d'être toujours aussi solide. À mon avis, on va atteindre un palier dans la sagesse de l'amitié. Je le sens, Pauline, on arrive à quelque chose là, vraiment. Et puis, je nous souhaite de très belles années de course de déambulateurs en EHPAD. Je me projette comme ça avec toi, sache-le. Il faudra qu'on se situe un peu géographiquement cette fois-ci, parce que tu seras moins mobile. Il va falloir qu'on s'arrête sur un lieu précis. Mais voilà, donc après l'émission, on se donne rendez-vous, on voit ça ensemble.

  • Elodie

    Merci Mélanie ! Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Je n'en peux plus, je n'arrive pas à rigoler. Alors 80 ans, je ne sais pas, parce que Mélanie, on n'a plus 16 ans, il faut qu'on se le dise, le temps passe. C'était la touche négative et très noire des éperviers. Non, mais moi bien sûr. On en a discuté la semaine dernière et en fait, on a la même vision, c'est-à-dire, alors pas la vision de l'EHPAD, mais la vision de comment ce serait la vie sans l'autre. Ce serait quoi une vie sans Mélanie ? Je prends les mots parce qu'elle me les a dit. Ce serait quoi une vie sans Pauline ? Moi, je sais qu'il me manquerait une salle de jeu. Il me manquerait ma salle de rencontre parallèle. Il me manquerait la personne avec laquelle je dis un nombre de conneries phénoménales, avec laquelle même si je suis en train de pleurer, deux secondes après je ris. Et je ris à pleurer tellement elle m'a libérée de plein de choses. Donc moi je n'envisage pas ma vie sans Mélanie, ou que je sois avec qui que ce soit, que j'arrive pas à dire ma phrase, ou que je sois avec la personne que j'arrive pas à dire.

  • Elodie

    Avec n'importe qui, où que tu sois, avec qui que tu sois.

  • Pauline

    Oui, je n'étais pas sûre avec qui que je sois. Et voilà, que j'aille bien, pas bien, pour moi, l'avenir, c'est toujours Mélanie à côté de moi et toujours ce bouton rouge entre nous deux, ce fil rouge pour pouvoir dire « Ok, je suis là dans les bons, les mauvais moments et toujours être aussi… » Ce qui est important pour moi aussi, c'est d'aider Mélanie. Pour moi, c'est quelque chose qui est essentiel. Je fais toujours attention à ça. Je n'ai pas envie d'être celle qui sollicite le plus. J'ai ce rôle qui me tient à cœur d'être là pour elle. C'est important pour moi, vraiment. C'est mon petit maçon.

  • Elodie

    C'est ton petit ? Je n'ai pas compris.

  • Mélanie

    Mon petit maçon, pour en revenir à l'image.

  • Elodie

    Oui, c'est ton petit maçon.

  • Mélanie

    Pareil. On est attitrés l'une à l'autre, amicalement parlant. Il s'est passé quelque chose de puissant. et oui non c'est la même chose je pourrais je pourrais je pourrais pas vivre sans Pauline ça me paraît compliqué d'imaginer un monde dans lequel elle est plus vraiment ce sera un vide pas possible mais ça n'arrivera pas n'est-ce pas

  • Pauline

    Merci Elodie de cette opportunité et je trouve que c'est important de partager les sentiments positifs qu'on a avec quelqu'un même si parfois c'est difficile de les dire parce qu'on peut être un peu pudique donc c'est toujours toujours bon merci

  • Elodie

    C'était l'épisode 46 du podcast gang de copines Que rajouter après avoir entendu toutes ces belles déclarations ? Cet épisode, il est vraiment à l'image de leur amitié, plein d'émotions, de sincérité, de rire, et franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien d'entendre la place centrale que l'amitié peut avoir dans la vie. Ça fait du bien d'entendre que la distance géographique n'est pas synonyme de distance dans la vie. Si toi aussi tu as aimé cet épisode, c'est le moment de le faire savoir. Partage-le auprès de tes amis, il est dispo sur toutes les applis de podcast et sur YouTube. Et d'ailleurs, en parlant de YouTube, il se pourrait que vous voyez ma tête et celle de ma prochaine invitée. On s'est lancé le challenge de tout filmer et tout diffuser. Donc d'ici là, on discute aussi sur Instagram. Le compte, c'est gangdecopinespodcast. Et pot, ça s'écrit... Comme une pote. A bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation des invitées

    00:38

  • Définition de la sororité selon Mélanie et Pauline

    03:20

  • La sororité dans la vie professionnelle et personnelle

    06:08

  • Récit de leur rencontre au lycée

    07:44

  • La vie ensemble à l'internat

    13:02

  • Les disputes et désaccords dans leur amitié

    18:32

  • Les défis de la distance géographique et l'évolution de leur amitié

    26:53

  • Les périodes de séparation et leur impact

    26:53

  • Amitié et relations de couple

    38:40

  • Amitié et familles

    42:31

  • Conseils pour faire durer une amitié sur le long terme

    45:46

  • Conseils pour faire durer une amitié

    45:46

  • Souhaits pour l'avenir de leur amitié

    49:35

  • Vision de l'avenir de leur amitié et conclusion de l'épisode

    49:48

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Description

Une amitié qui traverse les années, les kilomètres et les épreuves !
Dans cet épisode, Pauline et Mélanie nous ouvrent les portes de leur amitié de 22 ans. De leur rencontre improbable au lycée à leurs années de colocation, elles partagent des souvenirs pleins de rires, de défis et de complicité. Elles évoquent également comment elles ont surmonté la distance géographique et les disputes, tout en intégrant leur amitié dans leurs vies familiales et amoureuses.


💬 La plus belle déclaration que vous entendrez dans cet épisode : "Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire de distance géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre."


💡 Ce que vous apprendrez : Les clés d’une relation amicale durable, l’importance de la communication et des valeurs partagées, et comment l’amitié peut s'inviter naturellement dans tous les cercles relationnels.


👉 Écoutez cet épisode de Gang de copines et laissez-vous inspirer par la puissance de l'amitié et de la sororité. Disponible sur toutes les plateformes et sur Instagram @gang_de_copines_potecast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline

    Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Mélanie

    C'est ce lien vital un petit peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Pauline

    J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là et en fait j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon.

  • Mélanie

    Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas avoir.

  • Elodie

    Bienvenue dans le podcast Gang de Copines. Je suis Élodie et dans ce podcast, je discute avec des femmes qui me parlent d'une de leurs histoires d'amitié. Parce qu'aujourd'hui, mes amis ont toutes et chacune une place tout à fait particulière dans ma vie. Et je sais que je ne suis pas la seule, qu'on est nombreuses à s'appuyer sur la sororité. Alors voilà. J'ai juste envie d'exposer la beauté et la puissance des amitiés féminines, parce qu'on a toutes de belles histoires à partager. Bonjour Pauline, bonjour Mélanie.

  • Pauline

    Salut Elodie.

  • Mélanie

    Bonjour Elodie.

  • Elodie

    Déjà, merci d'avoir accepté de participer toutes les deux à ce podcast pour raconter votre longue histoire d'amitié. Alors, je vous laisse déjà vous présenter. On va commencer par Pauline, puisque c'est toi à la base qui m'as contactée pour cet épisode.

  • Pauline

    Oui, alors que dire sur moi ? difficile j'ai bientôt 38 ans ça pique et voilà en fait j'ai découvert ton podcast sur Instagram il y a une amie d'ami qui a reposté l'interview de son amie qui elle même t'avait contacté et je me suis dit que c'était hyper sympa et tout de suite j'ai pensé au fait que peut-être on pourrait faire une interview sur notre relation avec Mélanie, puisque ça fait 22 ans. Et ce n'est pas rien. Et j'avais envie de, quelque part, lui offrir ce cadeau et de nous faire ce cadeau aussi, pour avoir, dans nos futures années et nos vieux jours, un super souvenir.

  • Elodie

    Trop bien. Et oui, à la base, en fait, tu étais censée juste participer toute seule. Et en en discutant, on s'est dit, « Tiens, finalement vous faire témoigner toutes les deux, ça pourrait être cool aussi.

  • Pauline

    Exactement, l'idée de l'interview croisée, je trouvais que c'était pas mal, parce que moi j'ai des petits problèmes, je ne retiens pas très bien les choses, et je trouve que c'est bien aussi quand on est dans un rapport d'amitié à deux, d'avoir le regard de l'autre.

  • Elodie

    Mélanie, je te laisse te présenter.

  • Mélanie

    Moi du coup, c'est Mélanie, j'ai 37 ans, c'est ça ? Et Pauline m'a parlé de ton podcast et c'est avec un grand plaisir que j'ai accepté. Je trouve en effet l'idée super de pouvoir parler de notre amitié comme ça en croisée, de se compléter l'une l'autre. C'était une super occasion et c'est un super cadeau et une super opportunité. Donc merci beaucoup.

  • Elodie

    Avec plaisir, trop cool. On va rentrer maintenant dans le vif du sujet avec ma traditionnelle question philosophique. Est-ce que vous pouvez me donner chacune votre définition de la sororité ? Mélanie ?

  • Mélanie

    Oui, alors pour moi, la sororité, c'est une énergie, une connexion entre femmes. Oui, c'est comme ça que je le qualifierais. Entre femmes, parfois, on se comprend au-delà des frontières de la langue ou bien au-delà des frontières de la culture. parce qu'on a vécu, on se comprend. Pour moi, c'est ça la sororité. On se comprend malgré tout ça parfois. Je ne sais pas si tu me comprends.

  • Elodie

    Si, c'est très clair. J'ai bien aimé et j'ai bien entendu que tu insistais sur le « parfois » qui, j'imagine, veut dire pour toi que ça ne veut pas dire qu'on se comprend forcément toutes parce qu'on est des femmes.

  • Mélanie

    Voilà, c'est ça. Il y a des nuances à apporter.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi Pauline, c'est quoi la sororité ?

  • Pauline

    Alors moi le mot sororité, bien sûr je connais le mot, j'en comprends la racine, ça veut dire sœur. Et en fait, pour moi c'est un peu compliqué d'aborder ce sujet parce que je considère que toutes les relations qu'on a avec les personnes, quelles qu'elles soient, ne nécessitent pas forcément de mots ou d'étiquettes, on est plutôt dans un ordre de feeling, de ressenti. Et au début, quand on me dit sororité, je ne peux pas m'empêcher de voir les sororités aux États-Unis, comme on a dans les séries, là où elles sont toutes ensemble dans la grande maison, c'est hyper fun. Elles se défendent bec et ongle quand il y a un truc qui ne va pas, ou elles se battent aussi beaucoup. parce qu'elles se chamaillent. Mais malgré tout, j'ai essayé quand même de prendre pas mal de reportages, j'ai écouté pas mal de trucs pour avoir des regards des gens. Et en fait, moi, si je devais quand même donner un sens à ce mot, ce serait plutôt, moi, un lien qui peut exister entre les femmes dans le sens d'avoir un espace commun entre elles. En fait, un espace dans lequel chaque... femmes pourraient aborder des sujets qui sont sensibles, voire même j'ai envie d'utiliser le mot fragile, parce que un peu comme l'a dit Mélanie, on va avoir des ressentis parfois communs sur des thématiques et quelle que soit finalement notre orientation sexuelle, notre origine, notre position aussi dans la société et je pense qu'en ça il peut y avoir une certaine solidarité. sur des sujets parfois très spécifiques, type tout ce qui va toucher à l'intimité du corps, par exemple.

  • Elodie

    Ok, ok. Alors, avant de parler spécifiquement de votre relation à toutes les deux, est-ce que vous pouvez me dire comment vous la vivez, du coup, cette sororité, dans vos vies professionnelles et personnelles ?

  • Mélanie

    Moi, dans ma vie professionnelle, surtout, je le vois dans les tempêtes de la vie, un petit peu. Quand il y a des gros chagrins à traverser ou des grosses difficultés, je sens cette sororité entre collègues, femmes. Même si avec ces femmes-là, en dehors du travail, on n'a pas forcément de grands liens. Et c'est là que, pour moi, ça prend tout son sens. C'est vraiment dans les tempêtes de la vie. C'est là que je le sens le plus, en tout cas. Pareil pour... Pour le familial, il y a des femmes de ma famille avec qui je ne suis pas particulièrement proche. Mais quand il y a des tempêtes, elles sont là. Pour moi, c'est comme ça que je le ressens, cette sororité, vraiment dans les tempêtes.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi, Pauline ?

  • Pauline

    Moi, ça va être plutôt dans les sujets, comme je disais, dans les sujets plus perso. Comme je disais, les petites problématiques, parfois un peu plus fines à comprendre. un peu plus précise, qui demande une certaine sensibilité, peut-être. Je trouve que... En tout cas, moi, c'est dans ces moments-là où je vais plutôt ressentir ce lien à l'autre, si on peut parler de lien. J'aime pas trop l'idée de lien, mais en tout cas, le point de rencontre avec l'autre femme.

  • Elodie

    Mélanie et Pauline, vous êtes amies depuis 22 ans. Vous avez donc partagé plein de petits et grands moments. Mais déjà, qui est-ce qui va commencer par me raconter votre rencontre ?

  • Mélanie

    Ah, c'est moi ! Avec enthousiasme ! Vas-y,

  • Elodie

    vas-y !

  • Mélanie

    Alors, Pauline et moi, on s'est rencontrées en 2003. Donc, Pauline avait 16 ans, j'en avais 15. On a une petite année d'écart. On rentrait au lycée, en internat, et on se lançait dans un bac STI à rappliquer. Je ne sais même pas si ça existe encore comme terme. Donc on arrive dans la ville de Saint-Omer, première fois à l'internat pour moi, seconde fois pour Pauline, il me semble, oui. Donc voilà, et là, promotion, on essaie de créer des liens avec les autres, les professeurs essaient de nous rapprocher en faisant des petits jeux. Et ils avaient mis en place un jeu avec les fables de la Fontaine, Il y avait par exemple... La cigale et la fourmi, le corbeau et le renard, bien dissociés dans des sacs. Et on devait piocher un personnage. Je te le donne en mille. J'ai tiré le renard. Pauline a tiré le corbeau.

  • Pauline

    Incroyable.

  • Mélanie

    Incroyable. J'étais le corbeau. Donc, on se retrouve toutes les deux ensemble, mais pas du tout enthousiasmées pour le coup. parce que On en a discuté avec Pauline pour préparer un petit peu le podcast. On en riait encore. Pour elle, j'étais une espèce de fille un peu immature et faufole qui rigolait un peu pour rien. Et pour moi, c'était tout le contraire. Pauline, c'était quelqu'un d'assez froid, fermé et pince sans rire. Donc, quand on en a pioché le corbeau et le renard et qu'on s'est retrouvés toutes les deux, t'imagines bien qu'on s'est dit « Ah ouais, vous n'aviez pas envie, quoi ! » On va s'éclater, ça va être génial ! Bon, la journée se fait et puis au cours des jours qui ont suivi à l'internat. le hasard veut que nos copines de chambre, elle était dans une chambre, j'étais dans une autre, avec d'autres filles, les filles nous laissent chacune de notre côté pour se mettre finalement dans une autre chambre avec leurs nouvelles copines. Il y avait des affinités qui s'étaient faites. Et par la force des choses, encore une fois, Pauline et moi, nous nous retrouvons seules, donc dans la même chambre. Pareil, on s'est dit « Ouais, super grosse ambiance, on va rigoler, ça va être génial ! » Donc voilà, contre toute attente, ça a débuté comme ça notre amitié. C'était apparemment le corbeau et le renard qui jamais, jamais n'allaient s'entendre. Vraiment, on était a priori très différentes. Et finalement, se retrouvant à deux dans cette chambre d'internat, on a eu notre premier fou rire. Et à partir de ce premier fou rire... s'en est suivi des milliers d'autres pendant 22 ans. Voilà, c'est comme ça que notre histoire a commencé.

  • Pauline

    En fait, moi, quand je repense à la période, je vois nos têtes, nos visages tellement expressifs qui se disent « Oh là là, ça va être horrible ! » L'après-midi va être chiant, ça va être très long, et on est obligés parce que les profs nous disent « Allez, posez-vous des questions, ça va être sympa, n'hésitez pas, c'est le moment de parler à l'autre. » Et nous, on est en souffrance, en fait, avant même de s'être... d'avoir commencé à parler, on s'est vus et on s'est dit « Merde ! » Et ça, ça me fait beaucoup rire. Moi, j'ai beaucoup le souvenir des visages. Et j'aime à dire, alors c'est pas du tout ça, mais quand j'ai la nana qui est dans ma chambre qui me dit « En fait, je vais aller avec un tel. » Et je lui dis « Ok. Mais moi, je vais où ? » « Eh bien, tu vas à côté avec Mélanie. » Et là, je me fais dans la tête le match et je me dis « Mélanie, c'est celle à qui j'ai parlé cet après-midi. Ça va être affreux ! » Et je vivais quand même ! en disant, allez Pauline, essaye de pas être trop désagréable quand t'arrives, essaye d'être neutre. Je vois la tête de Mélanie, et en fait on est toutes les deux en train de se dire, qu'est-ce qui nous arrive ? Voilà, donc ça me fait beaucoup rire d'avoir ce souvenir-là, parce que moi je vois les visages des confits, et je trouve ça très drôle.

  • Elodie

    Et finalement, ça c'est la rencontre, mais après ça s'est bien passé ?

  • Pauline

    Bah oui parce qu'en fait, Mélanie me rappelait la semaine dernière quand on regardait nos vieilles photos, n'est-ce pas ? À quel moment elle s'est dit mais en fait cette fille est drôle. J'ai fait une blague au sujet de l'histoire sans fin et en fait Mélanie adore aussi l'histoire sans fin. Et j'ai fait une connerie pour pas changer, je me suis déguisée ou je sais plus trop quoi. Et en fait ça l'a fait marrer et elle s'est dit à ce moment-là, ah elle est drôle. Et en fait ça a permis d'ouvrir les portes. de l'échange, de découvrir la personnalité de l'autre, des points communs. Et ça a permis d'aller plus loin après, en fait.

  • Elodie

    Le fait d'aller plus loin s'est passé par un moment que vous avez vécu ensemble. C'était quand et c'était comment ?

  • Pauline

    Alors, on a fait notre première année à l'internat, puisque dans notre lycée, on pouvait faire uniquement la première année à l'internat, donc la seconde. Et après la seconde, tu étais mise dehors. en gros. Et il fallait que tu te loges. Et donc, pour Mélanie et moi, il n'y avait aucun sujet. On allait continuer notre vie à deux. On ne s'est même pas posé la question une seule seconde, je pense. On est partis directement. Donc, on a demandé à nos parents de bien accepter de vouloir nous payer un loyer pour vivre à deux. Et donc, on a fait en sorte de trouver un... petits logements, donc c'était vraiment ridicule. On avait l'espace d'une petite cuisine qui faisait, je ne sais pas, 5 mètres carrés, 5-6 mètres carrés, et une chambre avec deux lits simples, et elle devait faire 4 mètres carrés max, quoi. Et c'était un logement chez l'habitant, donc c'était un vieux monsieur qui habitait à 500 mètres du lycée. Lui, il avait sa maison, et puis nous, on habitait à l'État pendant deux ans.

  • Elodie

    C'est une sacrée chance. Je trouve ça trop cool de pouvoir faire ça à 16-17 ans. Vous retenez quoi de cette période aujourd'hui ?

  • Mélanie

    Moi, de cette période, je ne retiens que du bonheur, des fous rires. On était quand même très jeunes, comme tu l'as dit. On n'avait que 16 et 17 ans quand on a eu cette première location, toutes les deux. Donc on était chapeautés par nos parents à distance, bien sûr. Mais on était sérieuses toutes les deux. Donc on apprenait à vivre et à se gérer un peu toute seule. En même temps, c'était un vrai apprentissage. À se comprendre, c'était aussi notre première vie à deux. Ce n'est pas évident de vivre avec quelqu'un en dehors d'un cadre scolaire. Et ça s'est super bien passé. On a ri, on a partagé les soirées de boulot jusqu'à 3-4 heures du matin, les chagrins, beaucoup plus les fourrirs que les chagrins à cette époque-là. Pour moi, j'en retiens ça, c'est cette quantité de fourrir qu'on a pu avoir à pleurer. Pour tout et pour rien, vraiment, quand je croise des jeunes, addition. Ça fait vieux de dire ça, mais quand je crois des jeunes filles de 17-18 ans dans la rue et que je les entends rigoler, mes gorges déployées, ça me fait tellement penser à ces années-là. Tout ces fourris, voilà, moi ce que j'en retiens, c'est cette quantité industrielle de fourris, vraiment.

  • Elodie

    Pauline, tu as un truc à rajouter ?

  • Pauline

    Moi, pareil, c'est ce côté... En fait, dans nos études, on travaille énormément, on avait beaucoup d'heures de cours. par semaine, donc on était très vite très fatigué et ça aidait aussi, donc on était tout le temps un peu en fil tendu au niveau de la fatigue et on disait des conneries du matin au soir, non-stop et on se déguisait on dansait moi je faisais de la danse, je faisais des répètes de danse, Mélanie elle me regardait elle me disait c'est bien, c'est pas bien, ça j'ai pas bien vu tout ça, on avait nos chansons qu'on adorait, donc des albums, mais on écouterait pas le truc, ah ouais trop bien on aimait les chansons quand on avait des peines de cœur, on faisait des tableaux. Alors, les plus, les moins. Ouais, celui-là, tu vois, ça ne vaut pas la peine. Ou celui du lycée qui nous plaisait mais qui ne nous voyait pas, on faisait le débrief. On parlait de tout, en fait. Dès le départ, on n'a pas eu de limite de sujet. Et on passait des heures à parler de tout et de rien, à faire des blagues. On a fait des blagues sur tout et n'importe quoi. J'y pense, j'en ris encore. Il y avait vraiment ce côté... Il y avait un côté ultra léger en fait, quand on était à deux et le reste on s'en foutait quoi. Et notre déco elle était improbable, on avait des trucs à paillettes que j'avais récupérés, de la danse pour faire des rideaux. Et ouais, on passait des nuits à travailler parce que dans les études d'art, vraiment on travaillait beaucoup après les cours. On passait des nuits à regarder la nuit des animaux par exemple, pour rester éveillée. Et le lendemain matin, on arrivait en cours. Vous savez, on a appris un truc cette nuit sur les loutres. C'était vachement bien. Et les gens nous regardaient en disant « Qu'est-ce qu'elle nous raconte ? » « Ben ouais, on a regardé un truc cette nuit, pas vous. » « Non, on dormait en fait. » « Ah oui, ben nous on était passionnés par les loutres. » « On n'est pas allés se coucher. » Et voilà, il y avait plein de trucs comme ça. Et ouais, moi j'en garde vraiment un souvenir. Je me dis vraiment que j'ai eu une chance inouïe d'avoir vécu ça. et qu'en plus ça continue en fait. La forme a changé mais ça continue. Et je sais qu'à l'époque, j'avais des copines et des copains qui vivaient encore chez leurs parents et qui n'ont jamais vécu ça. Et je me dis quelque part, mais ce n'est pas de chance parce qu'en fait, ça peut être tellement cool. Ça fait des souvenirs de dingue et ça peut créer des liens aussi complètement fous. Donc, j'estime que je suis très chanceuse.

  • Elodie

    Ce qui est fou, c'est que ce n'est pas forcément inné de vivre avec quelqu'un comme ça du jour au lendemain et que ça se passe bien. Est-ce que vous aviez mis en place des genres de règles où tout était facile et fluide sans que vous ayez à mettre des règles ou à vous donner des indications sur les attentes de l'une et de l'autre ? En même temps, je ne sais pas si on sait faire ça à 16 ou 17 ans.

  • Mélanie

    Non, vraiment, comme tu disais, c'était assez fluide. Avec le recul, je me rends compte à quel point c'était fluide. On en était déjà à notre deuxième année à vivre ensemble. On avait déjà levé certains sujets. On parlait de tout facilement. Je pense que ça, ça nous a aidés à bien nous connaître assez vite. Il n'y avait pas vraiment de sujet tabou. Si on était en colère, on le disait, si on passait vite à autre chose. Il y avait vraiment cet apprentissage l'une de l'autre. Et c'est peut-être ça qui nous a aidés à bien vivre ensemble. Et puis pour la dernière année, celle du bac, notre troisième année de vie commune, là le rythme s'est un peu accéléré parce que, comme le disait Pauline, on avait beaucoup de cours, donc encore plus. Et là, nos rythmes ont été un peu décalés. Par exemple, Pauline, quand on rentrait de cours, elle aimait dormir et ensuite travailler la nuit. Elle avait besoin de dormir avant. Moi, c'était le contraire. Si je me couchais, je ne me relevais plus. C'était fini. Donc du coup, à cette époque-là, on faisait un relais. Donc Pauline allait se coucher. Moi, je travaillais. Elle me manquait. Et puis quand j'allais me coucher, je la réveillais. Et puis voilà, on faisait comme à l'usine. Et on se comprenait, on comprenait nos cycles. Et il y avait une intelligence dans la manière de faire, mais on ne se posait pas la question, en fait. Ça se faisait vraiment facilement. Voilà, on se comprenait déjà.

  • Elodie

    C'est ouf et c'est hyper précieux, du coup. Tu as utilisé le terme de colère. Est-ce qu'il y a eu des désaccords entre vous à ce moment-là ou à d'autres ?

  • Mélanie

    De mon côté, quand je fais le bilan des 22 ans, je trouve que... des nanas qui ont vécu ensemble si jeunes, qui ont quand même traversé l'adolescence. C'est quand même pas une période... C'est pas la période la plus simple de la vie. Je trouve qu'on n'a pas eu beaucoup de disputes. Vraiment, on en a eu une qui nous fait rire maintenant. Ça, je suis sûre que Pauline... Ah oui, ça, j'entends Pauline rire.

  • Pauline

    Oui, je ris beaucoup.

  • Mélanie

    Oui, tu ris. Mais là, on s'est vraiment accrochés une vraie fois par la fatigue sûrement, le rythme difficile à tenir, où elle m'a énervée. On avait un rat. À l'époque, Pauline avait voulu adopter un rat. Donc, on avait un rat qui s'appelait Pouch, qu'on nourrissait de beaucoup trop de curly pour un rat. Et je me revois me mettre en colère. prendre le haut de la cage du rat et la balancer comme ça au pied de Pauline en disant ça suffit, j'en ai marre. Une vraie scène de ménage, la seule qu'on ait eue. Et suite à ça, pendant quelques jours, on a échangé d'appartement. Je suis allée... Alors non, Pauline est allée vivre chez une de nos amies et la coloc de cette amie est venue vivre avec moi parce qu'on était tout un clan de copines. Et après, au bout de quelques jours, on s'est retrouvées. On s'est mis à rire et puis c'était passé. S'il y a vraiment une colère, une dispute, un accrochage, c'est le seul qui m'est marqué encore. J'en ris.

  • Elodie

    Mais il y avait une raison particulière ? Ou peut-être que vous ne vous en souvenez plus ? Ou c'est un truc... C'est comme ça, vous vous êtes énervée parce que vous vous êtes énervée et puis c'est tout ?

  • Mélanie

    Je ne me souviens pas de la raison. Tu t'en souviens un peu,

  • Pauline

    Pauline ? En fait, Mélanie et moi... C'est assez drôle, on est vraiment très différentes. Physiquement à plein de points, on est très différentes. Donc je pense que le truc, je m'en souviens plus non plus nettement, mais je pense que ça devait partir d'un petit truc, tu vois. Peut-être ça peut partir d'une connerie juste, une petite mimique de Mélanie qui m'a saoulée, et puis j'ai regardé d'une façon, ça l'a saoulée. Peut-être ça a été une connerie comme ça, tu vois, on s'en souvient même plus. Moi les choses dont je me souviens, c'est nous engueuler dans le couloir parce qu'on était à l'étage. Et moi, je suis en bas, elle, elle est en haut et on s'engueule. C'est ça que j'ai en tête, mais j'ai plus le sujet vraiment. Et je me souviens que c'était hyper dur. C'était une vraie épreuve, quoi. Parce que tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, après, on s'est dit, on a une crise, quoi. Une crise de couple. On est en crise, quoi, vraiment. Et quand... Je me souviendrai toujours quand Mélanie m'annonce que je vais devoir partir. c'était horrible, c'était une souffrance, c'était presque une séparation. Et je me souviens partir chez ma copine avec qui, par ailleurs, je m'entends super bien, et je m'entends toujours avec elle, ça fait toujours 22 ans qu'on se connaît et qu'on se côtoie, et me dire, mais en fait, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Et je savais que ça allait aller, mais combien de temps ça va durer ? Et la difficulté, c'est que, comme l'a dit Mélanie, on était dans un groupe d'amis qui, on était... tout le temps collées toutes ensemble et on avait énormément de rire. Le point qu'on avait en commun c'est qu'on riait mais tout le temps, tout le temps. Et c'était à la fois très difficile pendant la pause déjeuner par exemple, on était toutes sur la table, autour de la table et à la fois on se faisait la gueule, nous deux sur cinq et à la fois on était mort de rire. Donc c'était hyper compliqué, on était dans un conflit d'émotions. Et je pense qu'on avait un peu toutes les deux ce truc de dire non. Là vraiment c'est aller trop loin, il faut créer une rupture. Parce que c'est nécessaire pour un peu nettoyer le terrain, que chacune on s'ouvre de notre côté. Il y a peut-être eu un truc où à un moment donné ça a été too much. malgré tout le lien est là et voilà on sait que l'autre est là. Il y avait ce truc, tout à l'heure tu parlais de fluidité et Mélanie a repris le mot, il y avait ce truc assez naturel, je ne sais pas comment l'expliquer, je ne sais pas si c'est un lien qui devait se créer, naturellement une rencontre qui devait se faire, je n'en sais rien mais On ne s'est jamais vraiment posé de questions sur tous ces trucs-là, on les a juste vécues. On a pris les émotions positives, les émotions neutres, les émotions négatives ou ultra négatives. On s'est laissé du temps pour vivre chacune des émotions. Et toujours avec cette intelligence de ne pas faire de liste sur un tableau. Et je pense que c'est pour ça que tu vois, même maintenant, on n'est plus capable de dire pourquoi on s'est vraiment engueulé. Moi, je sais qu'on s'est engueulé il y a peut-être une dizaine d'années où ça a duré quelques mois. Je ne saurais plus te dire à propos de quel sujet. On n'a pas de liste de mauvais souvenirs,

  • Elodie

    en fait. C'est un super bon signal, je crois, de ne pas se souvenir que du positif, des rires et tout. Franchement, ça fait un peu rêver quand même, 22 ans de rigolade entre copines. C'est chouette. et en fait... quand je t'ai entendu parler quand je vous ai entendu toutes les deux parler de l'engueulade de quand vous aviez 15-16 ans des émotions et tout ça c'est aussi j'imagine lié à la période de l'adolescence qui n'est pas forcément une période facile non plus à gérer et qu'on gère un peu comme on peut et qu'on essaye de contenir ou pas comme on peut c'est trop cool que vous soyez passé au delà de ces embrouilles d'adolescence et que Merci. Et qu'aujourd'hui, on soit là, c'est trop bien. Ça, c'était la période où vous avez vécu ensemble, mais vous avez aussi vécu loin l'une de l'autre. Qui est-ce qui m'en parle ?

  • Pauline

    Oui, effectivement. Donc, après le lycée, on était à Saint-Thomas. C'est sur la côte d'Opale, en gros. Après, on n'avait pas les mêmes aspirations. Donc, Mélanie est allée à Lille, dans une fac. Et moi, je suis partie en Belgique, dans une école d'architecture. Donc, séparation. On a eu respectivement des compagnons, des petits copains. Après, on a créé des cercles aussi d'amis dans ces différentes écoles. Donc, ça t'éloigne en fait. Le lien, il devient un peu élastique. Le tout, c'est que le lien, l'élastique ne lâche pas. Donc, on continuait toujours d'être en contact. Bien évidemment, tu ne peux pas dire, « Non, finalement, on est parti. » Tout ça, c'est du passé, hors de question. Donc on est tout le temps resté en lien, j'allais à l'île, Mélanie venait à tourner chez moi, on se recroisait toujours, on se parlait toujours, c'est obligatoire. Après, avec la distance, forcément, tu perds un peu ce lien de proximité H24, c'est différent, on s'adapte forcément. Ensuite, moi je suis partie à Paris, donc encore un peu plus loin, pendant plusieurs années. Donc pareil, toujours le même contact et puis un peu moins de rencontres physiques, mais toujours là par texto. Pareil, des petits copains qui prenaient plus ou moins de place, donc pas forcément évident de se dire, tiens, ce week-end, je rentre, on se voit. Ben non, j'ai un truc avec mon copain. Donc forcément, ça remet un peu de frein quelque part dans la relation, mais toujours là. Après, moi, je suis revenue à Lille, mais je n'habitais pas à Lille. Donc on se croisait malgré tout quand on pouvait. se faire des soirées, des après-midi, des trucs comme ça. Après, moi, je suis partie à Lyon, donc encore plus loin. Et là, j'ai vécu un moment pas hyper cool pendant que j'étais là-bas. Et je me suis séparée. Ces moments-là, la première personne que j'ai appelée, c'était Mélanie. Quand j'avais besoin de parler en pleine nuit, je savais qu'elle dormait et que le matin, elle allait avoir 3000 messages et qu'elle allait être là le lendemain parce qu'elle est toujours là. Et après, je suis venue m'installer à Lille. Et j'étais pas loin de Mélanie, dans la même ville, et on s'est vite remises assez proches en fait. Même si on ne se voyait pas tous les jours, je suis malade, elle venait me voir, m'apporter de la soupe que sa mère avait fait, on se voyait chez elle, on faisait des sorties. Après, moi j'ai rencontré quelqu'un, donc je suis toujours restée à l'île et on a décidé de partir pendant un an en Océanie. Donc encore plus loin ! Et là, pareil, Mélanie fait partie de ma vie au quotidien. Donc, je lui ai envoyé des vidéos, des photos. « Tiens, aujourd'hui, il m'énerve. » « Aujourd'hui, c'est super. » « Comment ça va chez toi ? » « Je sais que toi, c'est l'été, moi, c'est l'hiver. » « Comment ça se passe ? » Et en fait, il y a toujours eu ce fil. On a toujours partagé nos vies. En fait, le sujet n'est pas le lieu où l'on est. Le sujet est le fait que l'autre est dans notre vie. Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Elodie

    Elle est belle, cette phrase. Tu veux rajouter quelque chose, Mélanie ?

  • Mélanie

    Après cette phrase magnifique que tu as ajoutée, vraiment, c'est tout à fait ça. C'est vraiment, comme le dit Pauline, ce n'est pas une question géographique. C'est vraiment... On est là, l'une pour l'autre, par message. Et en plus de ça, quand je me reprends un petit peu... peu sur la séparation. Après le lycée, on s'est séparés pour la première fois pour vivre chacune de notre côté. Moi, ça a été dur les premières semaines. Elles me manquaient. Je sentais un énorme vide. Je me sentais seule alors que j'aime beaucoup être seule. Ça fait partie de nos différences un petit peu. Mais moi, il y a eu les premières semaines, j'ai douillé. J'avais l'impression d'être loin de l'amour de ma vie. Ça a été compliqué au début. Et il n'y avait pas un jour sans qu'il n'y ait pas un contact par message. Et ça, ça a duré plusieurs années. Il n'y avait même pas de bonjour dans nos messages. Pas besoin. Pas de bonjour, pas d'au revoir, pas de bonne nuit. C'était comme si on était là l'une à côté de l'autre. Ça va ? Tiens, au fait, je mets ce t-shirt-là ou ce t-shirt-là ? Au fait, quand on a déménagé, tu n'as pas embarqué mes chaussettes préférées ? Vraiment, il n'y avait pas de formalité. Il n'y avait pas besoin. Et après, pendant les dix années qui ont suivi, donc Pauline, elle a bien relaté les choses, il y a eu cet éloignement géographique, il y a eu un petit peu moins de SMS, mais par contre, jamais besoin de se formaliser pour dire bonjour, ça ne va pas, j'ai mal, ça ne va pas, je suis triste. Pas besoin, juste je suis triste, il se passe ça. Et puis voilà, l'autre analyse. C'est marrant, c'est ce lien vital un petit peu. peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Elodie

    Quand je vous écoute là et par rapport à ce que tu viens de dire Mélanie sur le lien qu'il y a entre vous, je vois ça un peu comme un genre de fil invisible ou de connexion qui est là en permanence et la relation et le lien il est là tous les jours, nuit et jour et il n'y a pas un truc qui se finit et un truc qui recommence. Il n'y a pas un chapitre qui commence le lundi. Un chapitre qui se rouvre le mardi.

  • Pauline

    C'est ça, c'est continu. Oui, et pour la petite blague, maintenant, on habite à 100 mètres l'une de l'autre. Et on ne se voit pas tous les jours, tu vois. Mais là, on parlait de l'enregistrement. Mélanie a ma clé. Elle dit, si tu veux un truc, tu passes chez moi, tu vas le prendre. Et c'est assez facile, on se croise ou on ne se croise pas. On peut ne pas se voir parfois pendant des mois, mais on est à 500 mètres. Et puis un jour, j'arrive. OK, 10 minutes après, elle est là. Et il n'y a pas de... Tu sais, on est très proches, mais on n'empiète pas sur la vie de l'autre.

  • Elodie

    Ok. Alors, vous y avez répondu déjà, mais c'était facile ou c'était difficile, ces moments loin l'une de l'autre ? A priori, ce n'est quand même pas tout le temps évident.

  • Mélanie

    Non, moi, vraiment, la rupture entre le lycée et les études supérieures, les premières semaines, vraiment, ça a été compliqué. Après, j'ai vu et j'ai compris que ça ne changerait rien. Et je crois que c'est ça qui m'a rassurée, qui m'a réconfortée. De voir qu'en fait, peu importe, ça ne change rien. Même si physiquement, elle n'était plus là, notre lien était toujours là. Et si on avait besoin l'une de l'autre, il n'y avait pas de problème. Qu'elle soit en Belgique, à Lyon, en Océanie, à Tokyo, je ne sais où, il n'y avait pas de problème.

  • Elodie

    Tu veux rajouter un truc, Pauline ?

  • Pauline

    Oui. Oui, non, mais moi, c'est pareil. On n'est pas forcément synchro sur la souffrance de la séparation et de la distance. Mais moi, je ressens vraiment cette souffrance quand moi-même, je suis en souffrance. J'ai besoin de ce lien quasi immédiat avec Mélanie. Et quand elle n'est pas là, parce que ça peut être la nuit, parce qu'elle a sa vie et qu'elle peut aussi avoir ses moments de souffrance. c'est vrai que c'est un peu le rendez-vous que tu attends. Tu sais, quand tu sais que tu as un rendez-vous avec quelqu'un qui est hyper important pour toi et que tu as hâte, tu vois, tu es un peu... Tu as le corps qui chauffe et tout, c'est un peu comme ça. Quand je n'ai pas de nouvelles, je me dis, oh là là, j'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte. Et je regarde mon téléphone mille fois par jour en me disant, il faut qu'elle arrive, il faut qu'elle arrive. Parce qu'elle est... Ouais, il faut qu'elle soit là, en fait. Elle a une place hyper importante.

  • Elodie

    Alors, tu viens de parler du fait que Mélanie, elle t'apporte du soutien dans les moments de souffrance. Qu'est-ce qu'elle t'apporte d'autre aujourd'hui ?

  • Pauline

    Mélanie, c'est un mélange de plein de choses. J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là. Et en fait, j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon. Et je n'ai pas choisi ces mots au hasard. C'est une boussole. Comme son nom l'indique, quand je suis paumée, et ça m'arrive souvent sur plein de sujets différents, elle va me remettre un peu dans les rails, ou elle va me permettre de voir les choses d'une autre façon que moi je ne perçois peut-être pas. La soupape, c'est comme quand je viens de dire, en fait, quand j'ai besoin de lâcher un truc, que ce soit du positif, du négatif, de l'agacement, de l'énervement, du larmoyant, du très tendre, donc Mélanie va être là. et elle est hyper libératrice en fait. La pendule, quelques fois, elle me remet les pendules à l'heure. Non, non, là, je ne suis pas OK avec toi. OK, d'accord, je comprends ton point de vue, je prends et je réfléchis. Et si je ne comprends pas, on parle, on déstructure tout. Parce qu'il y a plein de choses où pour moi, ce n'est pas du tout naturel de comprendre. Elle, elle le comprend très bien, donc elle me l'explique. Et donc, c'est OK. Après, je sais que j'ai bien fait, je n'ai pas bien fait. Voilà, elle me remet dans le cadre aussi. L'électrochoc, parce que pareil, parfois il y a des choses qui sont devant mes yeux, je ne le vois pas, elle me dit « quand même, ah oui, c'est vrai » . Et enfin, le poumon, parce que comme je dis, en fait, quand je suis dans l'attente d'une info de sa part ou d'une nouvelle, ou même quand elle ne va pas bien, j'ai qu'une hâte, c'est d'avoir des nouvelles parce que je suis un peu en apnée. Quand je sais qu'elle ne va pas bien, je me dis « mais à qui elle va parler ? Est-ce que les gens vont la comprendre ? » Je sais que là, elle n'est pas bien, mais elle ne va pas forcément me le dire parce que je la connais après 22 ans. Je sais comment cette demoiselle fonctionne. Donc, il y a aussi ces moments-là d'apnée, non pas forcément quand moi, j'ai besoin d'elle, mais aussi quand je sais que je peux, en toute humilité, lui servir à quelque chose, de me dire « viens, j'ai hâte qu'elle arrive pour pouvoir l'aider » .

  • Elodie

    Mélanie, un petit commentaire à faire sur ce que vient de dire Pauline ?

  • Mélanie

    Déjà, j'ai failli pleurer, c'est malin. Moi, c'est pareil. Je rejoins Pauline, c'est la même chose pour moi. Mais moi, ce qu'elle m'a apporté et ce qu'elle m'apporte encore, c'est qu'elle a cette capacité à démonter tout ce qui est croyance limitante. Et ça, dans ces 22 années de ma vie, ça m'a vachement aidée, ça m'aide encore. C'est un peu le maçon de ma maison. C'est comme si j'étais arrivée, quand on s'est connues, j'avais une maison et puis elle m'a dit, bon alors, on va tout démonter. Cette brique-là, on garde. Et qu'on remontait une maison ensemble. Cette capacité qu'elle a à pouvoir mettre le doigt sur tout ce qui nous limite, ses croyances limitantes, moi, ça m'aide beaucoup, vraiment. Et c'est un truc pour lequel je la trouve incroyable. Donc, si vous avez une maison de vie à refaire, N'hésitez pas, faites appel à Pauline. C'est un très bon maçon de vie. C'est mon petit maçon à moi, Pauline. Voilà.

  • Elodie

    Quand on a préparé cet épisode, vous m'avez aussi parlé. Alors, on a parlé de votre relation, évidemment, mais on a parlé aussi d'autres relations autour de votre relation et notamment de vos relations de couple. Et votre relation amicale, elle a aussi une place au sein de vos relations de couple. Alors, on va prendre un exemple pour que ça soit plus concret. Mélanie, par exemple, si tu ne vas pas bien, ton mec va appeler Pauline. Pourquoi ?

  • Mélanie

    Ah oui, pour reprendre une de ses phrases, je ne suis qu'un homme. Ce qu'il veut dire par là, il arrive à calmer beaucoup de mes chagrins, mais il y a des sujets sur lesquels il se sent limité. Et il sait que Pauline arrivera justement à me sortir de l'impasse. Il n'a aucun doute là-dessus, il a compris. compris ce qui se passait entre nous et il sait que si lui est dans l'impasse, c'est SOS Pauline. Et même quand ça ne va pas si mal que ça, s'il y a un problème au travail, s'il y a un problème en famille, il va avoir tendance à me dire très naturellement, on va parler à Pauline. Oui, bon. Voilà, je ne sais pas, même les hommes qui ont traversé et qui traversent nos vies, apparemment le comprennent, comprennent ce lien qu'il y a entre nous.

  • Elodie

    Pauline, tu veux rajouter un truc ?

  • Pauline

    Effectivement, là, on parle du présent, mais on peut aussi parler des relations passées. Il n'y a jamais eu de sujet. Mélanie a toujours été là dans toutes mes relations. J'ai des souvenirs où elle est avec mon copain et il déconnerait sur moi. On parle de notre couple avec Mélanie à côté, parce qu'elle me connaît tellement longtemps et elle a tellement la vision 360 de qui je suis, et que je lui fais aussi totalement confiance. J'ai une pleine confiance en Mélanie. Je sais que si elle dit un truc à quelqu'un, je ne vais pas être contre, je le sais. Parce qu'elle a un côté honnête et respect qui me... me permet de lui laisser cette place-là dans ma relation. Et je n'en voudrais jamais à personne d'appeler Mélanie, je n'en voudrais jamais à personne de se référer à Mélanie au sujet d'une période que je peux vivre, de n'importe quoi. Donc ça a toujours été, ben voilà, c'est Mélanie. Et Mélanie a toujours fait partie de ma vie, couple ou pas couple, et elle s'est toujours très bien entendue avec tous mes copains. Et si jamais, je ne sais même pas comment je réagirais, si ça devait ne pas bien se passer. Pour moi, c'est inconcevable, tu vois.

  • Elodie

    Alors, je vois très bien. Et quand je vous entends, en fait, j'ai envie de dire, mais heureusement, heureusement que, genre, vous n'êtes pas en train de me raconter l'histoire où vous, mais qui ne supportent pas votre meilleure copine. Enfin, je ne sais pas si on peut vous qualifier comme ça, mais enfin, vraiment. Et en même temps, je sais que ça existe, des situations comme ça, où genre, les mecs sont jaloux ou je ne sais pas quoi. Mais une relation de couple, ce n'est pas censé servir tous les pans de ta vie et te combler à tel point que tu te coupes de tes potes. Donc, heureusement pour vous, et c'est trop bien que vous soyez accompagnés ou que vous ayez été accompagnés, vous ayez été, je me complique la vie, de conjoints qui comprennent ça. C'est cool et c'est précieux. C'est vrai.

  • Pauline

    Mais de toute façon, moi, je suis assez cash sur certains points. Je pense que si demain, j'ai un copain qui me dit « Oh là là, ta copine, je ne peux pas la sentir » , je pense que je lui dirais « Écoute, je t'aime, je l'aime, il n'y a pas de sujet, c'est tout. » Et je vis mes histoires d'amour comme je le fais. Et je n'ai pas de choix à faire.

  • Elodie

    Oui, oui. Et là on a parlé relations couple, est-ce que votre amitié elle est vécue comment, elle est perçue comment dans vos familles ? Et est-ce que vous avez une place particulière dans la famille l'une de l'autre ?

  • Mélanie

    Oui oui oui, tout à fait Pauline. Pauline c'est pareil dans ma famille c'est pas un sujet. Tiens comment va Pauline ? Si je dis bah tiens en ce moment ça va pas trop, et bien ils vont s'inquiéter, ils vont s'inquiéter. Et si je dis ah bah si ça va... Elle a tel et tel projet, c'est super, ils sont super contents. Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas ne pas avoir. Elle a sa place, vraiment. Pauline est un sujet chez nous. Elle a sa place dans le noyau familial. Et ça, c'est pareil, je n'ai pas vu la chose s'installer, mais ça fait des années que c'est comme ça. Si je ne parle pas de Pauline, c'est impossible que je ne parle pas de Pauline pendant six mois. Ce serait impossible. Il s'inquiète fait tous, vraiment. Non, non, Pauline fait partie du noyau familial chez moi. Absolument.

  • Elodie

    Ce n'est pas juste aller là dans les grands moments de la vie, ton anniversaire ou je ne sais quel autre moment. C'est vraiment, elle fait partie des conversations.

  • Mélanie

    Oui, oui, oui. Ma mère va me poser la question « comment va Pauline ? » tout comme elle va me dire « tiens, tu as eu des nouvelles de ton frère cette semaine ? » parce que moi, je n'en ai pas. C'est aussi naturel et fluide que ça.

  • Elodie

    D'accord. Et chez toi, Pauline, c'est pareil ?

  • Pauline

    Oui, chez moi, c'est pareil. Quand on était au lycée, on allait souvent l'une chez l'autre. Donc, on a un peu cette… Moi, je vois un peu la famille de Mélanie comme une deuxième famille. Pareil que Mélanie, on ne se voit pas tout le temps. Je les vois encore moins que je ne vois Mélanie. ils sont un peu plus loin. Et malgré tout, je ne suis pas leur enfant. Mais pour moi, c'est une famille mais avec un degré un peu différent. Pareil, moi je sais ce qui se passe dans la famille de Mélanie, je m'en inquiète, je suis contente. Quand ils viennent voir Mélanie, assez facilement, on va au restaurant ensemble, je passe les mois, on passe la soirée ensemble. Il y a des trucs basiques, on parle de notre vie. Je peux coacher son frère, lui dire « ne les écoute pas » . Vraiment un peu comme une personne qui se permet. Je ne me permets pas tout, je ne suis pas quelqu'un naturellement qui fait n'importe quoi parce que j'ai envie de le faire. Mais oui, il y a ce lien assez facile, on parle de tout, il n'y a pas vraiment de barrière. Et dans ma famille, c'est pareil. Avec ma mère, on parle souvent de Mélanie et pas que, aussi de sa famille, de son copain, de son job. Ma mère, pareil, me pose des questions. Par exemple, si je lui dis « tiens, je veux Mélanie. » « Ah bah tiens, comment elle va ? » Ou « on a fait un concert. » « Ah, c'est avec Mélanie ? C'est bien. » « Oh, puis c'est bien, vous connaissez depuis longtemps, vraiment. » « Ça, c'est une vraie amie et tout. » Donc, Maman, elle a aussi une place. dans ma vie. En fait, ma mère, par procuration, suit la vie de Mélanie.

  • Elodie

    En fait, avant de clôturer cet épisode, il y a un truc que je me demande, c'est comment on fait, c'est quoi vos conseils pour faire durer une amitié aussi longtemps ? Est-ce qu'il y a des choses que vous avez réfléchies ou que vous avez identifiées où vous vous dites, grâce à ça, notre amitié, elle dure ?

  • Mélanie

    Moi, je dirais beaucoup d'écoute. Beaucoup d'écoute. Après, nous, comme tu as dû comprendre, on n'a rien forcé. Ça s'est imposé à nous. Mais je pense que l'écoute, la bienveillance et puis accepter que l'autre ne fonctionne pas comme nous, très jeune, ça a été des ingrédients très importants dans la suite de notre relation.

  • Elodie

    Ce qui n'est pas forcément évident quand on est très jeune, justement, de comprendre cette différence, de l'appréhender et tout. C'est cool. C'est cool ça aussi, et j'imagine que ça fait une vraie force pour tenir sur la durée, de ne pas être dans le jugement et de comprendre que l'autre n'est pas nous et qu'il vit des choses différemment. Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Tu viens de dire le mot pour moi, ce qui fait que ça fonctionne, et encore une fois c'est vraiment complètement naturel, et c'est intéressant aussi de se faire cette interview, parce que quelque part ça nous force à mettre des mots là où en fait. on n'en a jamais vraiment mis et là où on n'a pas forcément envie d'en mettre non plus et oui je pense que ce qui nous rapproche le gros en fait comme je disais au début c'est que vraiment on est très très très différents, je ne vais pas dire tous les niveaux mais quasiment, on n'a vraiment pas de point où on se dit ah super on a les mêmes passions non, il y a vraiment plein de trucs différents malgré tout je pense que ce qui nous rapproche ce sont les valeurs, on a des valeurs qui sont ... qui sont prégnantes dans nos vies, qui se rejoignent. Et l'absence de jugement et le respect de l'autre. Même si on dit des choses qui ne sont pas toujours simples à entendre, parce qu'on sait que l'autre, malgré le lien qu'on a, est objectif, on peut tout entendre. Et ça, ce n'est pas des choses que je vois dans toutes les relations que j'ai. Je pense que Mélanie, c'est la seule personne dans toutes les personnes que je connais, que j'ai croisées dans ma vie jusqu'ici, avec lesquelles j'ai eu un lien de proximité, à qui vraiment je balance tout en fait, sans filet, sans frein, sans peur, et de laquelle je reçois tout sans crainte. Je sais que si elle me dit non Pauline, franchement là, ce que tu as fait, c'était vraiment pas bien. Je le prends et je le comprends. Et ensuite, on en parle et c'est OK. Et de la même façon, quand tu es une étriste, on est tout le temps dans cette approche de... Je ne vais pas dire... Je vais utiliser ce parallèle un petit peu, mais un peu, tu sais, le rôle du psy, quoi. Il est là, il écoute attentivement, il ne juge pas, mais après, il te donne des clés et tu en discutes. Et en fait, j'ai l'impression que notre relation, elle est vachement comme ça. À chaque fois qu'on se voit, on ne peut pas ne pas s'empêcher de parler de trucs hyper... profond là où des gens se dire c'est chiant quoi ben nous on adore tu vois refaire le monde décortiquer des situations des trucs des machins parce que ça nous anime ça nous alimente dans moi c'est vraiment ça qui fait en tout cas avec mélanie ça fonctionne ça fonctionne peut-être pas pour toutes les personnes mais je pense aussi qu'on a ce besoin de relations profondes avec l'autre Le côté superficiel, en tout cas entre nous, ne suffit pas et ne suffirait pas.

  • Elodie

    Alors, on est déjà à la dernière question de cet épisode. Et du coup, pour terminer, j'aimerais savoir comment vous, chacune, vous aimeriez voir votre relation évoluer.

  • Mélanie

    Moi, j'espère qu'on a encore 80 années devant nous, à peu près. Et puis qu'on va encore découvrir des choses, traverser des choses ensemble. Parce que ça, la vie fera qu'on va en traverser encore des choses, des belles et des moins belles. Je me souhaite d'être toujours aussi solide. À mon avis, on va atteindre un palier dans la sagesse de l'amitié. Je le sens, Pauline, on arrive à quelque chose là, vraiment. Et puis, je nous souhaite de très belles années de course de déambulateurs en EHPAD. Je me projette comme ça avec toi, sache-le. Il faudra qu'on se situe un peu géographiquement cette fois-ci, parce que tu seras moins mobile. Il va falloir qu'on s'arrête sur un lieu précis. Mais voilà, donc après l'émission, on se donne rendez-vous, on voit ça ensemble.

  • Elodie

    Merci Mélanie ! Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Je n'en peux plus, je n'arrive pas à rigoler. Alors 80 ans, je ne sais pas, parce que Mélanie, on n'a plus 16 ans, il faut qu'on se le dise, le temps passe. C'était la touche négative et très noire des éperviers. Non, mais moi bien sûr. On en a discuté la semaine dernière et en fait, on a la même vision, c'est-à-dire, alors pas la vision de l'EHPAD, mais la vision de comment ce serait la vie sans l'autre. Ce serait quoi une vie sans Mélanie ? Je prends les mots parce qu'elle me les a dit. Ce serait quoi une vie sans Pauline ? Moi, je sais qu'il me manquerait une salle de jeu. Il me manquerait ma salle de rencontre parallèle. Il me manquerait la personne avec laquelle je dis un nombre de conneries phénoménales, avec laquelle même si je suis en train de pleurer, deux secondes après je ris. Et je ris à pleurer tellement elle m'a libérée de plein de choses. Donc moi je n'envisage pas ma vie sans Mélanie, ou que je sois avec qui que ce soit, que j'arrive pas à dire ma phrase, ou que je sois avec la personne que j'arrive pas à dire.

  • Elodie

    Avec n'importe qui, où que tu sois, avec qui que tu sois.

  • Pauline

    Oui, je n'étais pas sûre avec qui que je sois. Et voilà, que j'aille bien, pas bien, pour moi, l'avenir, c'est toujours Mélanie à côté de moi et toujours ce bouton rouge entre nous deux, ce fil rouge pour pouvoir dire « Ok, je suis là dans les bons, les mauvais moments et toujours être aussi… » Ce qui est important pour moi aussi, c'est d'aider Mélanie. Pour moi, c'est quelque chose qui est essentiel. Je fais toujours attention à ça. Je n'ai pas envie d'être celle qui sollicite le plus. J'ai ce rôle qui me tient à cœur d'être là pour elle. C'est important pour moi, vraiment. C'est mon petit maçon.

  • Elodie

    C'est ton petit ? Je n'ai pas compris.

  • Mélanie

    Mon petit maçon, pour en revenir à l'image.

  • Elodie

    Oui, c'est ton petit maçon.

  • Mélanie

    Pareil. On est attitrés l'une à l'autre, amicalement parlant. Il s'est passé quelque chose de puissant. et oui non c'est la même chose je pourrais je pourrais je pourrais pas vivre sans Pauline ça me paraît compliqué d'imaginer un monde dans lequel elle est plus vraiment ce sera un vide pas possible mais ça n'arrivera pas n'est-ce pas

  • Pauline

    Merci Elodie de cette opportunité et je trouve que c'est important de partager les sentiments positifs qu'on a avec quelqu'un même si parfois c'est difficile de les dire parce qu'on peut être un peu pudique donc c'est toujours toujours bon merci

  • Elodie

    C'était l'épisode 46 du podcast gang de copines Que rajouter après avoir entendu toutes ces belles déclarations ? Cet épisode, il est vraiment à l'image de leur amitié, plein d'émotions, de sincérité, de rire, et franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien d'entendre la place centrale que l'amitié peut avoir dans la vie. Ça fait du bien d'entendre que la distance géographique n'est pas synonyme de distance dans la vie. Si toi aussi tu as aimé cet épisode, c'est le moment de le faire savoir. Partage-le auprès de tes amis, il est dispo sur toutes les applis de podcast et sur YouTube. Et d'ailleurs, en parlant de YouTube, il se pourrait que vous voyez ma tête et celle de ma prochaine invitée. On s'est lancé le challenge de tout filmer et tout diffuser. Donc d'ici là, on discute aussi sur Instagram. Le compte, c'est gangdecopinespodcast. Et pot, ça s'écrit... Comme une pote. A bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation des invitées

    00:38

  • Définition de la sororité selon Mélanie et Pauline

    03:20

  • La sororité dans la vie professionnelle et personnelle

    06:08

  • Récit de leur rencontre au lycée

    07:44

  • La vie ensemble à l'internat

    13:02

  • Les disputes et désaccords dans leur amitié

    18:32

  • Les défis de la distance géographique et l'évolution de leur amitié

    26:53

  • Les périodes de séparation et leur impact

    26:53

  • Amitié et relations de couple

    38:40

  • Amitié et familles

    42:31

  • Conseils pour faire durer une amitié sur le long terme

    45:46

  • Conseils pour faire durer une amitié

    45:46

  • Souhaits pour l'avenir de leur amitié

    49:35

  • Vision de l'avenir de leur amitié et conclusion de l'épisode

    49:48

Description

Une amitié qui traverse les années, les kilomètres et les épreuves !
Dans cet épisode, Pauline et Mélanie nous ouvrent les portes de leur amitié de 22 ans. De leur rencontre improbable au lycée à leurs années de colocation, elles partagent des souvenirs pleins de rires, de défis et de complicité. Elles évoquent également comment elles ont surmonté la distance géographique et les disputes, tout en intégrant leur amitié dans leurs vies familiales et amoureuses.


💬 La plus belle déclaration que vous entendrez dans cet épisode : "Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire de distance géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre."


💡 Ce que vous apprendrez : Les clés d’une relation amicale durable, l’importance de la communication et des valeurs partagées, et comment l’amitié peut s'inviter naturellement dans tous les cercles relationnels.


👉 Écoutez cet épisode de Gang de copines et laissez-vous inspirer par la puissance de l'amitié et de la sororité. Disponible sur toutes les plateformes et sur Instagram @gang_de_copines_potecast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline

    Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Mélanie

    C'est ce lien vital un petit peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Pauline

    J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là et en fait j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon.

  • Mélanie

    Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas avoir.

  • Elodie

    Bienvenue dans le podcast Gang de Copines. Je suis Élodie et dans ce podcast, je discute avec des femmes qui me parlent d'une de leurs histoires d'amitié. Parce qu'aujourd'hui, mes amis ont toutes et chacune une place tout à fait particulière dans ma vie. Et je sais que je ne suis pas la seule, qu'on est nombreuses à s'appuyer sur la sororité. Alors voilà. J'ai juste envie d'exposer la beauté et la puissance des amitiés féminines, parce qu'on a toutes de belles histoires à partager. Bonjour Pauline, bonjour Mélanie.

  • Pauline

    Salut Elodie.

  • Mélanie

    Bonjour Elodie.

  • Elodie

    Déjà, merci d'avoir accepté de participer toutes les deux à ce podcast pour raconter votre longue histoire d'amitié. Alors, je vous laisse déjà vous présenter. On va commencer par Pauline, puisque c'est toi à la base qui m'as contactée pour cet épisode.

  • Pauline

    Oui, alors que dire sur moi ? difficile j'ai bientôt 38 ans ça pique et voilà en fait j'ai découvert ton podcast sur Instagram il y a une amie d'ami qui a reposté l'interview de son amie qui elle même t'avait contacté et je me suis dit que c'était hyper sympa et tout de suite j'ai pensé au fait que peut-être on pourrait faire une interview sur notre relation avec Mélanie, puisque ça fait 22 ans. Et ce n'est pas rien. Et j'avais envie de, quelque part, lui offrir ce cadeau et de nous faire ce cadeau aussi, pour avoir, dans nos futures années et nos vieux jours, un super souvenir.

  • Elodie

    Trop bien. Et oui, à la base, en fait, tu étais censée juste participer toute seule. Et en en discutant, on s'est dit, « Tiens, finalement vous faire témoigner toutes les deux, ça pourrait être cool aussi.

  • Pauline

    Exactement, l'idée de l'interview croisée, je trouvais que c'était pas mal, parce que moi j'ai des petits problèmes, je ne retiens pas très bien les choses, et je trouve que c'est bien aussi quand on est dans un rapport d'amitié à deux, d'avoir le regard de l'autre.

  • Elodie

    Mélanie, je te laisse te présenter.

  • Mélanie

    Moi du coup, c'est Mélanie, j'ai 37 ans, c'est ça ? Et Pauline m'a parlé de ton podcast et c'est avec un grand plaisir que j'ai accepté. Je trouve en effet l'idée super de pouvoir parler de notre amitié comme ça en croisée, de se compléter l'une l'autre. C'était une super occasion et c'est un super cadeau et une super opportunité. Donc merci beaucoup.

  • Elodie

    Avec plaisir, trop cool. On va rentrer maintenant dans le vif du sujet avec ma traditionnelle question philosophique. Est-ce que vous pouvez me donner chacune votre définition de la sororité ? Mélanie ?

  • Mélanie

    Oui, alors pour moi, la sororité, c'est une énergie, une connexion entre femmes. Oui, c'est comme ça que je le qualifierais. Entre femmes, parfois, on se comprend au-delà des frontières de la langue ou bien au-delà des frontières de la culture. parce qu'on a vécu, on se comprend. Pour moi, c'est ça la sororité. On se comprend malgré tout ça parfois. Je ne sais pas si tu me comprends.

  • Elodie

    Si, c'est très clair. J'ai bien aimé et j'ai bien entendu que tu insistais sur le « parfois » qui, j'imagine, veut dire pour toi que ça ne veut pas dire qu'on se comprend forcément toutes parce qu'on est des femmes.

  • Mélanie

    Voilà, c'est ça. Il y a des nuances à apporter.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi Pauline, c'est quoi la sororité ?

  • Pauline

    Alors moi le mot sororité, bien sûr je connais le mot, j'en comprends la racine, ça veut dire sœur. Et en fait, pour moi c'est un peu compliqué d'aborder ce sujet parce que je considère que toutes les relations qu'on a avec les personnes, quelles qu'elles soient, ne nécessitent pas forcément de mots ou d'étiquettes, on est plutôt dans un ordre de feeling, de ressenti. Et au début, quand on me dit sororité, je ne peux pas m'empêcher de voir les sororités aux États-Unis, comme on a dans les séries, là où elles sont toutes ensemble dans la grande maison, c'est hyper fun. Elles se défendent bec et ongle quand il y a un truc qui ne va pas, ou elles se battent aussi beaucoup. parce qu'elles se chamaillent. Mais malgré tout, j'ai essayé quand même de prendre pas mal de reportages, j'ai écouté pas mal de trucs pour avoir des regards des gens. Et en fait, moi, si je devais quand même donner un sens à ce mot, ce serait plutôt, moi, un lien qui peut exister entre les femmes dans le sens d'avoir un espace commun entre elles. En fait, un espace dans lequel chaque... femmes pourraient aborder des sujets qui sont sensibles, voire même j'ai envie d'utiliser le mot fragile, parce que un peu comme l'a dit Mélanie, on va avoir des ressentis parfois communs sur des thématiques et quelle que soit finalement notre orientation sexuelle, notre origine, notre position aussi dans la société et je pense qu'en ça il peut y avoir une certaine solidarité. sur des sujets parfois très spécifiques, type tout ce qui va toucher à l'intimité du corps, par exemple.

  • Elodie

    Ok, ok. Alors, avant de parler spécifiquement de votre relation à toutes les deux, est-ce que vous pouvez me dire comment vous la vivez, du coup, cette sororité, dans vos vies professionnelles et personnelles ?

  • Mélanie

    Moi, dans ma vie professionnelle, surtout, je le vois dans les tempêtes de la vie, un petit peu. Quand il y a des gros chagrins à traverser ou des grosses difficultés, je sens cette sororité entre collègues, femmes. Même si avec ces femmes-là, en dehors du travail, on n'a pas forcément de grands liens. Et c'est là que, pour moi, ça prend tout son sens. C'est vraiment dans les tempêtes de la vie. C'est là que je le sens le plus, en tout cas. Pareil pour... Pour le familial, il y a des femmes de ma famille avec qui je ne suis pas particulièrement proche. Mais quand il y a des tempêtes, elles sont là. Pour moi, c'est comme ça que je le ressens, cette sororité, vraiment dans les tempêtes.

  • Elodie

    Ok. Et pour toi, Pauline ?

  • Pauline

    Moi, ça va être plutôt dans les sujets, comme je disais, dans les sujets plus perso. Comme je disais, les petites problématiques, parfois un peu plus fines à comprendre. un peu plus précise, qui demande une certaine sensibilité, peut-être. Je trouve que... En tout cas, moi, c'est dans ces moments-là où je vais plutôt ressentir ce lien à l'autre, si on peut parler de lien. J'aime pas trop l'idée de lien, mais en tout cas, le point de rencontre avec l'autre femme.

  • Elodie

    Mélanie et Pauline, vous êtes amies depuis 22 ans. Vous avez donc partagé plein de petits et grands moments. Mais déjà, qui est-ce qui va commencer par me raconter votre rencontre ?

  • Mélanie

    Ah, c'est moi ! Avec enthousiasme ! Vas-y,

  • Elodie

    vas-y !

  • Mélanie

    Alors, Pauline et moi, on s'est rencontrées en 2003. Donc, Pauline avait 16 ans, j'en avais 15. On a une petite année d'écart. On rentrait au lycée, en internat, et on se lançait dans un bac STI à rappliquer. Je ne sais même pas si ça existe encore comme terme. Donc on arrive dans la ville de Saint-Omer, première fois à l'internat pour moi, seconde fois pour Pauline, il me semble, oui. Donc voilà, et là, promotion, on essaie de créer des liens avec les autres, les professeurs essaient de nous rapprocher en faisant des petits jeux. Et ils avaient mis en place un jeu avec les fables de la Fontaine, Il y avait par exemple... La cigale et la fourmi, le corbeau et le renard, bien dissociés dans des sacs. Et on devait piocher un personnage. Je te le donne en mille. J'ai tiré le renard. Pauline a tiré le corbeau.

  • Pauline

    Incroyable.

  • Mélanie

    Incroyable. J'étais le corbeau. Donc, on se retrouve toutes les deux ensemble, mais pas du tout enthousiasmées pour le coup. parce que On en a discuté avec Pauline pour préparer un petit peu le podcast. On en riait encore. Pour elle, j'étais une espèce de fille un peu immature et faufole qui rigolait un peu pour rien. Et pour moi, c'était tout le contraire. Pauline, c'était quelqu'un d'assez froid, fermé et pince sans rire. Donc, quand on en a pioché le corbeau et le renard et qu'on s'est retrouvés toutes les deux, t'imagines bien qu'on s'est dit « Ah ouais, vous n'aviez pas envie, quoi ! » On va s'éclater, ça va être génial ! Bon, la journée se fait et puis au cours des jours qui ont suivi à l'internat. le hasard veut que nos copines de chambre, elle était dans une chambre, j'étais dans une autre, avec d'autres filles, les filles nous laissent chacune de notre côté pour se mettre finalement dans une autre chambre avec leurs nouvelles copines. Il y avait des affinités qui s'étaient faites. Et par la force des choses, encore une fois, Pauline et moi, nous nous retrouvons seules, donc dans la même chambre. Pareil, on s'est dit « Ouais, super grosse ambiance, on va rigoler, ça va être génial ! » Donc voilà, contre toute attente, ça a débuté comme ça notre amitié. C'était apparemment le corbeau et le renard qui jamais, jamais n'allaient s'entendre. Vraiment, on était a priori très différentes. Et finalement, se retrouvant à deux dans cette chambre d'internat, on a eu notre premier fou rire. Et à partir de ce premier fou rire... s'en est suivi des milliers d'autres pendant 22 ans. Voilà, c'est comme ça que notre histoire a commencé.

  • Pauline

    En fait, moi, quand je repense à la période, je vois nos têtes, nos visages tellement expressifs qui se disent « Oh là là, ça va être horrible ! » L'après-midi va être chiant, ça va être très long, et on est obligés parce que les profs nous disent « Allez, posez-vous des questions, ça va être sympa, n'hésitez pas, c'est le moment de parler à l'autre. » Et nous, on est en souffrance, en fait, avant même de s'être... d'avoir commencé à parler, on s'est vus et on s'est dit « Merde ! » Et ça, ça me fait beaucoup rire. Moi, j'ai beaucoup le souvenir des visages. Et j'aime à dire, alors c'est pas du tout ça, mais quand j'ai la nana qui est dans ma chambre qui me dit « En fait, je vais aller avec un tel. » Et je lui dis « Ok. Mais moi, je vais où ? » « Eh bien, tu vas à côté avec Mélanie. » Et là, je me fais dans la tête le match et je me dis « Mélanie, c'est celle à qui j'ai parlé cet après-midi. Ça va être affreux ! » Et je vivais quand même ! en disant, allez Pauline, essaye de pas être trop désagréable quand t'arrives, essaye d'être neutre. Je vois la tête de Mélanie, et en fait on est toutes les deux en train de se dire, qu'est-ce qui nous arrive ? Voilà, donc ça me fait beaucoup rire d'avoir ce souvenir-là, parce que moi je vois les visages des confits, et je trouve ça très drôle.

  • Elodie

    Et finalement, ça c'est la rencontre, mais après ça s'est bien passé ?

  • Pauline

    Bah oui parce qu'en fait, Mélanie me rappelait la semaine dernière quand on regardait nos vieilles photos, n'est-ce pas ? À quel moment elle s'est dit mais en fait cette fille est drôle. J'ai fait une blague au sujet de l'histoire sans fin et en fait Mélanie adore aussi l'histoire sans fin. Et j'ai fait une connerie pour pas changer, je me suis déguisée ou je sais plus trop quoi. Et en fait ça l'a fait marrer et elle s'est dit à ce moment-là, ah elle est drôle. Et en fait ça a permis d'ouvrir les portes. de l'échange, de découvrir la personnalité de l'autre, des points communs. Et ça a permis d'aller plus loin après, en fait.

  • Elodie

    Le fait d'aller plus loin s'est passé par un moment que vous avez vécu ensemble. C'était quand et c'était comment ?

  • Pauline

    Alors, on a fait notre première année à l'internat, puisque dans notre lycée, on pouvait faire uniquement la première année à l'internat, donc la seconde. Et après la seconde, tu étais mise dehors. en gros. Et il fallait que tu te loges. Et donc, pour Mélanie et moi, il n'y avait aucun sujet. On allait continuer notre vie à deux. On ne s'est même pas posé la question une seule seconde, je pense. On est partis directement. Donc, on a demandé à nos parents de bien accepter de vouloir nous payer un loyer pour vivre à deux. Et donc, on a fait en sorte de trouver un... petits logements, donc c'était vraiment ridicule. On avait l'espace d'une petite cuisine qui faisait, je ne sais pas, 5 mètres carrés, 5-6 mètres carrés, et une chambre avec deux lits simples, et elle devait faire 4 mètres carrés max, quoi. Et c'était un logement chez l'habitant, donc c'était un vieux monsieur qui habitait à 500 mètres du lycée. Lui, il avait sa maison, et puis nous, on habitait à l'État pendant deux ans.

  • Elodie

    C'est une sacrée chance. Je trouve ça trop cool de pouvoir faire ça à 16-17 ans. Vous retenez quoi de cette période aujourd'hui ?

  • Mélanie

    Moi, de cette période, je ne retiens que du bonheur, des fous rires. On était quand même très jeunes, comme tu l'as dit. On n'avait que 16 et 17 ans quand on a eu cette première location, toutes les deux. Donc on était chapeautés par nos parents à distance, bien sûr. Mais on était sérieuses toutes les deux. Donc on apprenait à vivre et à se gérer un peu toute seule. En même temps, c'était un vrai apprentissage. À se comprendre, c'était aussi notre première vie à deux. Ce n'est pas évident de vivre avec quelqu'un en dehors d'un cadre scolaire. Et ça s'est super bien passé. On a ri, on a partagé les soirées de boulot jusqu'à 3-4 heures du matin, les chagrins, beaucoup plus les fourrirs que les chagrins à cette époque-là. Pour moi, j'en retiens ça, c'est cette quantité de fourrir qu'on a pu avoir à pleurer. Pour tout et pour rien, vraiment, quand je croise des jeunes, addition. Ça fait vieux de dire ça, mais quand je crois des jeunes filles de 17-18 ans dans la rue et que je les entends rigoler, mes gorges déployées, ça me fait tellement penser à ces années-là. Tout ces fourris, voilà, moi ce que j'en retiens, c'est cette quantité industrielle de fourris, vraiment.

  • Elodie

    Pauline, tu as un truc à rajouter ?

  • Pauline

    Moi, pareil, c'est ce côté... En fait, dans nos études, on travaille énormément, on avait beaucoup d'heures de cours. par semaine, donc on était très vite très fatigué et ça aidait aussi, donc on était tout le temps un peu en fil tendu au niveau de la fatigue et on disait des conneries du matin au soir, non-stop et on se déguisait on dansait moi je faisais de la danse, je faisais des répètes de danse, Mélanie elle me regardait elle me disait c'est bien, c'est pas bien, ça j'ai pas bien vu tout ça, on avait nos chansons qu'on adorait, donc des albums, mais on écouterait pas le truc, ah ouais trop bien on aimait les chansons quand on avait des peines de cœur, on faisait des tableaux. Alors, les plus, les moins. Ouais, celui-là, tu vois, ça ne vaut pas la peine. Ou celui du lycée qui nous plaisait mais qui ne nous voyait pas, on faisait le débrief. On parlait de tout, en fait. Dès le départ, on n'a pas eu de limite de sujet. Et on passait des heures à parler de tout et de rien, à faire des blagues. On a fait des blagues sur tout et n'importe quoi. J'y pense, j'en ris encore. Il y avait vraiment ce côté... Il y avait un côté ultra léger en fait, quand on était à deux et le reste on s'en foutait quoi. Et notre déco elle était improbable, on avait des trucs à paillettes que j'avais récupérés, de la danse pour faire des rideaux. Et ouais, on passait des nuits à travailler parce que dans les études d'art, vraiment on travaillait beaucoup après les cours. On passait des nuits à regarder la nuit des animaux par exemple, pour rester éveillée. Et le lendemain matin, on arrivait en cours. Vous savez, on a appris un truc cette nuit sur les loutres. C'était vachement bien. Et les gens nous regardaient en disant « Qu'est-ce qu'elle nous raconte ? » « Ben ouais, on a regardé un truc cette nuit, pas vous. » « Non, on dormait en fait. » « Ah oui, ben nous on était passionnés par les loutres. » « On n'est pas allés se coucher. » Et voilà, il y avait plein de trucs comme ça. Et ouais, moi j'en garde vraiment un souvenir. Je me dis vraiment que j'ai eu une chance inouïe d'avoir vécu ça. et qu'en plus ça continue en fait. La forme a changé mais ça continue. Et je sais qu'à l'époque, j'avais des copines et des copains qui vivaient encore chez leurs parents et qui n'ont jamais vécu ça. Et je me dis quelque part, mais ce n'est pas de chance parce qu'en fait, ça peut être tellement cool. Ça fait des souvenirs de dingue et ça peut créer des liens aussi complètement fous. Donc, j'estime que je suis très chanceuse.

  • Elodie

    Ce qui est fou, c'est que ce n'est pas forcément inné de vivre avec quelqu'un comme ça du jour au lendemain et que ça se passe bien. Est-ce que vous aviez mis en place des genres de règles où tout était facile et fluide sans que vous ayez à mettre des règles ou à vous donner des indications sur les attentes de l'une et de l'autre ? En même temps, je ne sais pas si on sait faire ça à 16 ou 17 ans.

  • Mélanie

    Non, vraiment, comme tu disais, c'était assez fluide. Avec le recul, je me rends compte à quel point c'était fluide. On en était déjà à notre deuxième année à vivre ensemble. On avait déjà levé certains sujets. On parlait de tout facilement. Je pense que ça, ça nous a aidés à bien nous connaître assez vite. Il n'y avait pas vraiment de sujet tabou. Si on était en colère, on le disait, si on passait vite à autre chose. Il y avait vraiment cet apprentissage l'une de l'autre. Et c'est peut-être ça qui nous a aidés à bien vivre ensemble. Et puis pour la dernière année, celle du bac, notre troisième année de vie commune, là le rythme s'est un peu accéléré parce que, comme le disait Pauline, on avait beaucoup de cours, donc encore plus. Et là, nos rythmes ont été un peu décalés. Par exemple, Pauline, quand on rentrait de cours, elle aimait dormir et ensuite travailler la nuit. Elle avait besoin de dormir avant. Moi, c'était le contraire. Si je me couchais, je ne me relevais plus. C'était fini. Donc du coup, à cette époque-là, on faisait un relais. Donc Pauline allait se coucher. Moi, je travaillais. Elle me manquait. Et puis quand j'allais me coucher, je la réveillais. Et puis voilà, on faisait comme à l'usine. Et on se comprenait, on comprenait nos cycles. Et il y avait une intelligence dans la manière de faire, mais on ne se posait pas la question, en fait. Ça se faisait vraiment facilement. Voilà, on se comprenait déjà.

  • Elodie

    C'est ouf et c'est hyper précieux, du coup. Tu as utilisé le terme de colère. Est-ce qu'il y a eu des désaccords entre vous à ce moment-là ou à d'autres ?

  • Mélanie

    De mon côté, quand je fais le bilan des 22 ans, je trouve que... des nanas qui ont vécu ensemble si jeunes, qui ont quand même traversé l'adolescence. C'est quand même pas une période... C'est pas la période la plus simple de la vie. Je trouve qu'on n'a pas eu beaucoup de disputes. Vraiment, on en a eu une qui nous fait rire maintenant. Ça, je suis sûre que Pauline... Ah oui, ça, j'entends Pauline rire.

  • Pauline

    Oui, je ris beaucoup.

  • Mélanie

    Oui, tu ris. Mais là, on s'est vraiment accrochés une vraie fois par la fatigue sûrement, le rythme difficile à tenir, où elle m'a énervée. On avait un rat. À l'époque, Pauline avait voulu adopter un rat. Donc, on avait un rat qui s'appelait Pouch, qu'on nourrissait de beaucoup trop de curly pour un rat. Et je me revois me mettre en colère. prendre le haut de la cage du rat et la balancer comme ça au pied de Pauline en disant ça suffit, j'en ai marre. Une vraie scène de ménage, la seule qu'on ait eue. Et suite à ça, pendant quelques jours, on a échangé d'appartement. Je suis allée... Alors non, Pauline est allée vivre chez une de nos amies et la coloc de cette amie est venue vivre avec moi parce qu'on était tout un clan de copines. Et après, au bout de quelques jours, on s'est retrouvées. On s'est mis à rire et puis c'était passé. S'il y a vraiment une colère, une dispute, un accrochage, c'est le seul qui m'est marqué encore. J'en ris.

  • Elodie

    Mais il y avait une raison particulière ? Ou peut-être que vous ne vous en souvenez plus ? Ou c'est un truc... C'est comme ça, vous vous êtes énervée parce que vous vous êtes énervée et puis c'est tout ?

  • Mélanie

    Je ne me souviens pas de la raison. Tu t'en souviens un peu,

  • Pauline

    Pauline ? En fait, Mélanie et moi... C'est assez drôle, on est vraiment très différentes. Physiquement à plein de points, on est très différentes. Donc je pense que le truc, je m'en souviens plus non plus nettement, mais je pense que ça devait partir d'un petit truc, tu vois. Peut-être ça peut partir d'une connerie juste, une petite mimique de Mélanie qui m'a saoulée, et puis j'ai regardé d'une façon, ça l'a saoulée. Peut-être ça a été une connerie comme ça, tu vois, on s'en souvient même plus. Moi les choses dont je me souviens, c'est nous engueuler dans le couloir parce qu'on était à l'étage. Et moi, je suis en bas, elle, elle est en haut et on s'engueule. C'est ça que j'ai en tête, mais j'ai plus le sujet vraiment. Et je me souviens que c'était hyper dur. C'était une vraie épreuve, quoi. Parce que tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, après, on s'est dit, on a une crise, quoi. Une crise de couple. On est en crise, quoi, vraiment. Et quand... Je me souviendrai toujours quand Mélanie m'annonce que je vais devoir partir. c'était horrible, c'était une souffrance, c'était presque une séparation. Et je me souviens partir chez ma copine avec qui, par ailleurs, je m'entends super bien, et je m'entends toujours avec elle, ça fait toujours 22 ans qu'on se connaît et qu'on se côtoie, et me dire, mais en fait, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Et je savais que ça allait aller, mais combien de temps ça va durer ? Et la difficulté, c'est que, comme l'a dit Mélanie, on était dans un groupe d'amis qui, on était... tout le temps collées toutes ensemble et on avait énormément de rire. Le point qu'on avait en commun c'est qu'on riait mais tout le temps, tout le temps. Et c'était à la fois très difficile pendant la pause déjeuner par exemple, on était toutes sur la table, autour de la table et à la fois on se faisait la gueule, nous deux sur cinq et à la fois on était mort de rire. Donc c'était hyper compliqué, on était dans un conflit d'émotions. Et je pense qu'on avait un peu toutes les deux ce truc de dire non. Là vraiment c'est aller trop loin, il faut créer une rupture. Parce que c'est nécessaire pour un peu nettoyer le terrain, que chacune on s'ouvre de notre côté. Il y a peut-être eu un truc où à un moment donné ça a été too much. malgré tout le lien est là et voilà on sait que l'autre est là. Il y avait ce truc, tout à l'heure tu parlais de fluidité et Mélanie a repris le mot, il y avait ce truc assez naturel, je ne sais pas comment l'expliquer, je ne sais pas si c'est un lien qui devait se créer, naturellement une rencontre qui devait se faire, je n'en sais rien mais On ne s'est jamais vraiment posé de questions sur tous ces trucs-là, on les a juste vécues. On a pris les émotions positives, les émotions neutres, les émotions négatives ou ultra négatives. On s'est laissé du temps pour vivre chacune des émotions. Et toujours avec cette intelligence de ne pas faire de liste sur un tableau. Et je pense que c'est pour ça que tu vois, même maintenant, on n'est plus capable de dire pourquoi on s'est vraiment engueulé. Moi, je sais qu'on s'est engueulé il y a peut-être une dizaine d'années où ça a duré quelques mois. Je ne saurais plus te dire à propos de quel sujet. On n'a pas de liste de mauvais souvenirs,

  • Elodie

    en fait. C'est un super bon signal, je crois, de ne pas se souvenir que du positif, des rires et tout. Franchement, ça fait un peu rêver quand même, 22 ans de rigolade entre copines. C'est chouette. et en fait... quand je t'ai entendu parler quand je vous ai entendu toutes les deux parler de l'engueulade de quand vous aviez 15-16 ans des émotions et tout ça c'est aussi j'imagine lié à la période de l'adolescence qui n'est pas forcément une période facile non plus à gérer et qu'on gère un peu comme on peut et qu'on essaye de contenir ou pas comme on peut c'est trop cool que vous soyez passé au delà de ces embrouilles d'adolescence et que Merci. Et qu'aujourd'hui, on soit là, c'est trop bien. Ça, c'était la période où vous avez vécu ensemble, mais vous avez aussi vécu loin l'une de l'autre. Qui est-ce qui m'en parle ?

  • Pauline

    Oui, effectivement. Donc, après le lycée, on était à Saint-Thomas. C'est sur la côte d'Opale, en gros. Après, on n'avait pas les mêmes aspirations. Donc, Mélanie est allée à Lille, dans une fac. Et moi, je suis partie en Belgique, dans une école d'architecture. Donc, séparation. On a eu respectivement des compagnons, des petits copains. Après, on a créé des cercles aussi d'amis dans ces différentes écoles. Donc, ça t'éloigne en fait. Le lien, il devient un peu élastique. Le tout, c'est que le lien, l'élastique ne lâche pas. Donc, on continuait toujours d'être en contact. Bien évidemment, tu ne peux pas dire, « Non, finalement, on est parti. » Tout ça, c'est du passé, hors de question. Donc on est tout le temps resté en lien, j'allais à l'île, Mélanie venait à tourner chez moi, on se recroisait toujours, on se parlait toujours, c'est obligatoire. Après, avec la distance, forcément, tu perds un peu ce lien de proximité H24, c'est différent, on s'adapte forcément. Ensuite, moi je suis partie à Paris, donc encore un peu plus loin, pendant plusieurs années. Donc pareil, toujours le même contact et puis un peu moins de rencontres physiques, mais toujours là par texto. Pareil, des petits copains qui prenaient plus ou moins de place, donc pas forcément évident de se dire, tiens, ce week-end, je rentre, on se voit. Ben non, j'ai un truc avec mon copain. Donc forcément, ça remet un peu de frein quelque part dans la relation, mais toujours là. Après, moi, je suis revenue à Lille, mais je n'habitais pas à Lille. Donc on se croisait malgré tout quand on pouvait. se faire des soirées, des après-midi, des trucs comme ça. Après, moi, je suis partie à Lyon, donc encore plus loin. Et là, j'ai vécu un moment pas hyper cool pendant que j'étais là-bas. Et je me suis séparée. Ces moments-là, la première personne que j'ai appelée, c'était Mélanie. Quand j'avais besoin de parler en pleine nuit, je savais qu'elle dormait et que le matin, elle allait avoir 3000 messages et qu'elle allait être là le lendemain parce qu'elle est toujours là. Et après, je suis venue m'installer à Lille. Et j'étais pas loin de Mélanie, dans la même ville, et on s'est vite remises assez proches en fait. Même si on ne se voyait pas tous les jours, je suis malade, elle venait me voir, m'apporter de la soupe que sa mère avait fait, on se voyait chez elle, on faisait des sorties. Après, moi j'ai rencontré quelqu'un, donc je suis toujours restée à l'île et on a décidé de partir pendant un an en Océanie. Donc encore plus loin ! Et là, pareil, Mélanie fait partie de ma vie au quotidien. Donc, je lui ai envoyé des vidéos, des photos. « Tiens, aujourd'hui, il m'énerve. » « Aujourd'hui, c'est super. » « Comment ça va chez toi ? » « Je sais que toi, c'est l'été, moi, c'est l'hiver. » « Comment ça se passe ? » Et en fait, il y a toujours eu ce fil. On a toujours partagé nos vies. En fait, le sujet n'est pas le lieu où l'on est. Le sujet est le fait que l'autre est dans notre vie. Cette histoire, c'est ça. Ce n'est pas une histoire géographique, c'est une histoire de présence dans la vie de l'autre.

  • Elodie

    Elle est belle, cette phrase. Tu veux rajouter quelque chose, Mélanie ?

  • Mélanie

    Après cette phrase magnifique que tu as ajoutée, vraiment, c'est tout à fait ça. C'est vraiment, comme le dit Pauline, ce n'est pas une question géographique. C'est vraiment... On est là, l'une pour l'autre, par message. Et en plus de ça, quand je me reprends un petit peu... peu sur la séparation. Après le lycée, on s'est séparés pour la première fois pour vivre chacune de notre côté. Moi, ça a été dur les premières semaines. Elles me manquaient. Je sentais un énorme vide. Je me sentais seule alors que j'aime beaucoup être seule. Ça fait partie de nos différences un petit peu. Mais moi, il y a eu les premières semaines, j'ai douillé. J'avais l'impression d'être loin de l'amour de ma vie. Ça a été compliqué au début. Et il n'y avait pas un jour sans qu'il n'y ait pas un contact par message. Et ça, ça a duré plusieurs années. Il n'y avait même pas de bonjour dans nos messages. Pas besoin. Pas de bonjour, pas d'au revoir, pas de bonne nuit. C'était comme si on était là l'une à côté de l'autre. Ça va ? Tiens, au fait, je mets ce t-shirt-là ou ce t-shirt-là ? Au fait, quand on a déménagé, tu n'as pas embarqué mes chaussettes préférées ? Vraiment, il n'y avait pas de formalité. Il n'y avait pas besoin. Et après, pendant les dix années qui ont suivi, donc Pauline, elle a bien relaté les choses, il y a eu cet éloignement géographique, il y a eu un petit peu moins de SMS, mais par contre, jamais besoin de se formaliser pour dire bonjour, ça ne va pas, j'ai mal, ça ne va pas, je suis triste. Pas besoin, juste je suis triste, il se passe ça. Et puis voilà, l'autre analyse. C'est marrant, c'est ce lien vital un petit peu. peu et puis il n'y a pas la nécessité d'y mettre les formes tellement c'est naturel.

  • Elodie

    Quand je vous écoute là et par rapport à ce que tu viens de dire Mélanie sur le lien qu'il y a entre vous, je vois ça un peu comme un genre de fil invisible ou de connexion qui est là en permanence et la relation et le lien il est là tous les jours, nuit et jour et il n'y a pas un truc qui se finit et un truc qui recommence. Il n'y a pas un chapitre qui commence le lundi. Un chapitre qui se rouvre le mardi.

  • Pauline

    C'est ça, c'est continu. Oui, et pour la petite blague, maintenant, on habite à 100 mètres l'une de l'autre. Et on ne se voit pas tous les jours, tu vois. Mais là, on parlait de l'enregistrement. Mélanie a ma clé. Elle dit, si tu veux un truc, tu passes chez moi, tu vas le prendre. Et c'est assez facile, on se croise ou on ne se croise pas. On peut ne pas se voir parfois pendant des mois, mais on est à 500 mètres. Et puis un jour, j'arrive. OK, 10 minutes après, elle est là. Et il n'y a pas de... Tu sais, on est très proches, mais on n'empiète pas sur la vie de l'autre.

  • Elodie

    Ok. Alors, vous y avez répondu déjà, mais c'était facile ou c'était difficile, ces moments loin l'une de l'autre ? A priori, ce n'est quand même pas tout le temps évident.

  • Mélanie

    Non, moi, vraiment, la rupture entre le lycée et les études supérieures, les premières semaines, vraiment, ça a été compliqué. Après, j'ai vu et j'ai compris que ça ne changerait rien. Et je crois que c'est ça qui m'a rassurée, qui m'a réconfortée. De voir qu'en fait, peu importe, ça ne change rien. Même si physiquement, elle n'était plus là, notre lien était toujours là. Et si on avait besoin l'une de l'autre, il n'y avait pas de problème. Qu'elle soit en Belgique, à Lyon, en Océanie, à Tokyo, je ne sais où, il n'y avait pas de problème.

  • Elodie

    Tu veux rajouter un truc, Pauline ?

  • Pauline

    Oui. Oui, non, mais moi, c'est pareil. On n'est pas forcément synchro sur la souffrance de la séparation et de la distance. Mais moi, je ressens vraiment cette souffrance quand moi-même, je suis en souffrance. J'ai besoin de ce lien quasi immédiat avec Mélanie. Et quand elle n'est pas là, parce que ça peut être la nuit, parce qu'elle a sa vie et qu'elle peut aussi avoir ses moments de souffrance. c'est vrai que c'est un peu le rendez-vous que tu attends. Tu sais, quand tu sais que tu as un rendez-vous avec quelqu'un qui est hyper important pour toi et que tu as hâte, tu vois, tu es un peu... Tu as le corps qui chauffe et tout, c'est un peu comme ça. Quand je n'ai pas de nouvelles, je me dis, oh là là, j'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte. Et je regarde mon téléphone mille fois par jour en me disant, il faut qu'elle arrive, il faut qu'elle arrive. Parce qu'elle est... Ouais, il faut qu'elle soit là, en fait. Elle a une place hyper importante.

  • Elodie

    Alors, tu viens de parler du fait que Mélanie, elle t'apporte du soutien dans les moments de souffrance. Qu'est-ce qu'elle t'apporte d'autre aujourd'hui ?

  • Pauline

    Mélanie, c'est un mélange de plein de choses. J'ai écrit quelques notes avant de nous enregistrer là. Et en fait, j'ai écrit que c'est une boussole, une soupape, une pendule, un électrochoc et un poumon. Et je n'ai pas choisi ces mots au hasard. C'est une boussole. Comme son nom l'indique, quand je suis paumée, et ça m'arrive souvent sur plein de sujets différents, elle va me remettre un peu dans les rails, ou elle va me permettre de voir les choses d'une autre façon que moi je ne perçois peut-être pas. La soupape, c'est comme quand je viens de dire, en fait, quand j'ai besoin de lâcher un truc, que ce soit du positif, du négatif, de l'agacement, de l'énervement, du larmoyant, du très tendre, donc Mélanie va être là. et elle est hyper libératrice en fait. La pendule, quelques fois, elle me remet les pendules à l'heure. Non, non, là, je ne suis pas OK avec toi. OK, d'accord, je comprends ton point de vue, je prends et je réfléchis. Et si je ne comprends pas, on parle, on déstructure tout. Parce qu'il y a plein de choses où pour moi, ce n'est pas du tout naturel de comprendre. Elle, elle le comprend très bien, donc elle me l'explique. Et donc, c'est OK. Après, je sais que j'ai bien fait, je n'ai pas bien fait. Voilà, elle me remet dans le cadre aussi. L'électrochoc, parce que pareil, parfois il y a des choses qui sont devant mes yeux, je ne le vois pas, elle me dit « quand même, ah oui, c'est vrai » . Et enfin, le poumon, parce que comme je dis, en fait, quand je suis dans l'attente d'une info de sa part ou d'une nouvelle, ou même quand elle ne va pas bien, j'ai qu'une hâte, c'est d'avoir des nouvelles parce que je suis un peu en apnée. Quand je sais qu'elle ne va pas bien, je me dis « mais à qui elle va parler ? Est-ce que les gens vont la comprendre ? » Je sais que là, elle n'est pas bien, mais elle ne va pas forcément me le dire parce que je la connais après 22 ans. Je sais comment cette demoiselle fonctionne. Donc, il y a aussi ces moments-là d'apnée, non pas forcément quand moi, j'ai besoin d'elle, mais aussi quand je sais que je peux, en toute humilité, lui servir à quelque chose, de me dire « viens, j'ai hâte qu'elle arrive pour pouvoir l'aider » .

  • Elodie

    Mélanie, un petit commentaire à faire sur ce que vient de dire Pauline ?

  • Mélanie

    Déjà, j'ai failli pleurer, c'est malin. Moi, c'est pareil. Je rejoins Pauline, c'est la même chose pour moi. Mais moi, ce qu'elle m'a apporté et ce qu'elle m'apporte encore, c'est qu'elle a cette capacité à démonter tout ce qui est croyance limitante. Et ça, dans ces 22 années de ma vie, ça m'a vachement aidée, ça m'aide encore. C'est un peu le maçon de ma maison. C'est comme si j'étais arrivée, quand on s'est connues, j'avais une maison et puis elle m'a dit, bon alors, on va tout démonter. Cette brique-là, on garde. Et qu'on remontait une maison ensemble. Cette capacité qu'elle a à pouvoir mettre le doigt sur tout ce qui nous limite, ses croyances limitantes, moi, ça m'aide beaucoup, vraiment. Et c'est un truc pour lequel je la trouve incroyable. Donc, si vous avez une maison de vie à refaire, N'hésitez pas, faites appel à Pauline. C'est un très bon maçon de vie. C'est mon petit maçon à moi, Pauline. Voilà.

  • Elodie

    Quand on a préparé cet épisode, vous m'avez aussi parlé. Alors, on a parlé de votre relation, évidemment, mais on a parlé aussi d'autres relations autour de votre relation et notamment de vos relations de couple. Et votre relation amicale, elle a aussi une place au sein de vos relations de couple. Alors, on va prendre un exemple pour que ça soit plus concret. Mélanie, par exemple, si tu ne vas pas bien, ton mec va appeler Pauline. Pourquoi ?

  • Mélanie

    Ah oui, pour reprendre une de ses phrases, je ne suis qu'un homme. Ce qu'il veut dire par là, il arrive à calmer beaucoup de mes chagrins, mais il y a des sujets sur lesquels il se sent limité. Et il sait que Pauline arrivera justement à me sortir de l'impasse. Il n'a aucun doute là-dessus, il a compris. compris ce qui se passait entre nous et il sait que si lui est dans l'impasse, c'est SOS Pauline. Et même quand ça ne va pas si mal que ça, s'il y a un problème au travail, s'il y a un problème en famille, il va avoir tendance à me dire très naturellement, on va parler à Pauline. Oui, bon. Voilà, je ne sais pas, même les hommes qui ont traversé et qui traversent nos vies, apparemment le comprennent, comprennent ce lien qu'il y a entre nous.

  • Elodie

    Pauline, tu veux rajouter un truc ?

  • Pauline

    Effectivement, là, on parle du présent, mais on peut aussi parler des relations passées. Il n'y a jamais eu de sujet. Mélanie a toujours été là dans toutes mes relations. J'ai des souvenirs où elle est avec mon copain et il déconnerait sur moi. On parle de notre couple avec Mélanie à côté, parce qu'elle me connaît tellement longtemps et elle a tellement la vision 360 de qui je suis, et que je lui fais aussi totalement confiance. J'ai une pleine confiance en Mélanie. Je sais que si elle dit un truc à quelqu'un, je ne vais pas être contre, je le sais. Parce qu'elle a un côté honnête et respect qui me... me permet de lui laisser cette place-là dans ma relation. Et je n'en voudrais jamais à personne d'appeler Mélanie, je n'en voudrais jamais à personne de se référer à Mélanie au sujet d'une période que je peux vivre, de n'importe quoi. Donc ça a toujours été, ben voilà, c'est Mélanie. Et Mélanie a toujours fait partie de ma vie, couple ou pas couple, et elle s'est toujours très bien entendue avec tous mes copains. Et si jamais, je ne sais même pas comment je réagirais, si ça devait ne pas bien se passer. Pour moi, c'est inconcevable, tu vois.

  • Elodie

    Alors, je vois très bien. Et quand je vous entends, en fait, j'ai envie de dire, mais heureusement, heureusement que, genre, vous n'êtes pas en train de me raconter l'histoire où vous, mais qui ne supportent pas votre meilleure copine. Enfin, je ne sais pas si on peut vous qualifier comme ça, mais enfin, vraiment. Et en même temps, je sais que ça existe, des situations comme ça, où genre, les mecs sont jaloux ou je ne sais pas quoi. Mais une relation de couple, ce n'est pas censé servir tous les pans de ta vie et te combler à tel point que tu te coupes de tes potes. Donc, heureusement pour vous, et c'est trop bien que vous soyez accompagnés ou que vous ayez été accompagnés, vous ayez été, je me complique la vie, de conjoints qui comprennent ça. C'est cool et c'est précieux. C'est vrai.

  • Pauline

    Mais de toute façon, moi, je suis assez cash sur certains points. Je pense que si demain, j'ai un copain qui me dit « Oh là là, ta copine, je ne peux pas la sentir » , je pense que je lui dirais « Écoute, je t'aime, je l'aime, il n'y a pas de sujet, c'est tout. » Et je vis mes histoires d'amour comme je le fais. Et je n'ai pas de choix à faire.

  • Elodie

    Oui, oui. Et là on a parlé relations couple, est-ce que votre amitié elle est vécue comment, elle est perçue comment dans vos familles ? Et est-ce que vous avez une place particulière dans la famille l'une de l'autre ?

  • Mélanie

    Oui oui oui, tout à fait Pauline. Pauline c'est pareil dans ma famille c'est pas un sujet. Tiens comment va Pauline ? Si je dis bah tiens en ce moment ça va pas trop, et bien ils vont s'inquiéter, ils vont s'inquiéter. Et si je dis ah bah si ça va... Elle a tel et tel projet, c'est super, ils sont super contents. Pauline, c'est un membre de la famille à part entière. Elle a la place d'une sœur, elle a la place d'un membre de la famille qu'on n'imagine pas ne pas avoir. Elle a sa place, vraiment. Pauline est un sujet chez nous. Elle a sa place dans le noyau familial. Et ça, c'est pareil, je n'ai pas vu la chose s'installer, mais ça fait des années que c'est comme ça. Si je ne parle pas de Pauline, c'est impossible que je ne parle pas de Pauline pendant six mois. Ce serait impossible. Il s'inquiète fait tous, vraiment. Non, non, Pauline fait partie du noyau familial chez moi. Absolument.

  • Elodie

    Ce n'est pas juste aller là dans les grands moments de la vie, ton anniversaire ou je ne sais quel autre moment. C'est vraiment, elle fait partie des conversations.

  • Mélanie

    Oui, oui, oui. Ma mère va me poser la question « comment va Pauline ? » tout comme elle va me dire « tiens, tu as eu des nouvelles de ton frère cette semaine ? » parce que moi, je n'en ai pas. C'est aussi naturel et fluide que ça.

  • Elodie

    D'accord. Et chez toi, Pauline, c'est pareil ?

  • Pauline

    Oui, chez moi, c'est pareil. Quand on était au lycée, on allait souvent l'une chez l'autre. Donc, on a un peu cette… Moi, je vois un peu la famille de Mélanie comme une deuxième famille. Pareil que Mélanie, on ne se voit pas tout le temps. Je les vois encore moins que je ne vois Mélanie. ils sont un peu plus loin. Et malgré tout, je ne suis pas leur enfant. Mais pour moi, c'est une famille mais avec un degré un peu différent. Pareil, moi je sais ce qui se passe dans la famille de Mélanie, je m'en inquiète, je suis contente. Quand ils viennent voir Mélanie, assez facilement, on va au restaurant ensemble, je passe les mois, on passe la soirée ensemble. Il y a des trucs basiques, on parle de notre vie. Je peux coacher son frère, lui dire « ne les écoute pas » . Vraiment un peu comme une personne qui se permet. Je ne me permets pas tout, je ne suis pas quelqu'un naturellement qui fait n'importe quoi parce que j'ai envie de le faire. Mais oui, il y a ce lien assez facile, on parle de tout, il n'y a pas vraiment de barrière. Et dans ma famille, c'est pareil. Avec ma mère, on parle souvent de Mélanie et pas que, aussi de sa famille, de son copain, de son job. Ma mère, pareil, me pose des questions. Par exemple, si je lui dis « tiens, je veux Mélanie. » « Ah bah tiens, comment elle va ? » Ou « on a fait un concert. » « Ah, c'est avec Mélanie ? C'est bien. » « Oh, puis c'est bien, vous connaissez depuis longtemps, vraiment. » « Ça, c'est une vraie amie et tout. » Donc, Maman, elle a aussi une place. dans ma vie. En fait, ma mère, par procuration, suit la vie de Mélanie.

  • Elodie

    En fait, avant de clôturer cet épisode, il y a un truc que je me demande, c'est comment on fait, c'est quoi vos conseils pour faire durer une amitié aussi longtemps ? Est-ce qu'il y a des choses que vous avez réfléchies ou que vous avez identifiées où vous vous dites, grâce à ça, notre amitié, elle dure ?

  • Mélanie

    Moi, je dirais beaucoup d'écoute. Beaucoup d'écoute. Après, nous, comme tu as dû comprendre, on n'a rien forcé. Ça s'est imposé à nous. Mais je pense que l'écoute, la bienveillance et puis accepter que l'autre ne fonctionne pas comme nous, très jeune, ça a été des ingrédients très importants dans la suite de notre relation.

  • Elodie

    Ce qui n'est pas forcément évident quand on est très jeune, justement, de comprendre cette différence, de l'appréhender et tout. C'est cool. C'est cool ça aussi, et j'imagine que ça fait une vraie force pour tenir sur la durée, de ne pas être dans le jugement et de comprendre que l'autre n'est pas nous et qu'il vit des choses différemment. Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Tu viens de dire le mot pour moi, ce qui fait que ça fonctionne, et encore une fois c'est vraiment complètement naturel, et c'est intéressant aussi de se faire cette interview, parce que quelque part ça nous force à mettre des mots là où en fait. on n'en a jamais vraiment mis et là où on n'a pas forcément envie d'en mettre non plus et oui je pense que ce qui nous rapproche le gros en fait comme je disais au début c'est que vraiment on est très très très différents, je ne vais pas dire tous les niveaux mais quasiment, on n'a vraiment pas de point où on se dit ah super on a les mêmes passions non, il y a vraiment plein de trucs différents malgré tout je pense que ce qui nous rapproche ce sont les valeurs, on a des valeurs qui sont ... qui sont prégnantes dans nos vies, qui se rejoignent. Et l'absence de jugement et le respect de l'autre. Même si on dit des choses qui ne sont pas toujours simples à entendre, parce qu'on sait que l'autre, malgré le lien qu'on a, est objectif, on peut tout entendre. Et ça, ce n'est pas des choses que je vois dans toutes les relations que j'ai. Je pense que Mélanie, c'est la seule personne dans toutes les personnes que je connais, que j'ai croisées dans ma vie jusqu'ici, avec lesquelles j'ai eu un lien de proximité, à qui vraiment je balance tout en fait, sans filet, sans frein, sans peur, et de laquelle je reçois tout sans crainte. Je sais que si elle me dit non Pauline, franchement là, ce que tu as fait, c'était vraiment pas bien. Je le prends et je le comprends. Et ensuite, on en parle et c'est OK. Et de la même façon, quand tu es une étriste, on est tout le temps dans cette approche de... Je ne vais pas dire... Je vais utiliser ce parallèle un petit peu, mais un peu, tu sais, le rôle du psy, quoi. Il est là, il écoute attentivement, il ne juge pas, mais après, il te donne des clés et tu en discutes. Et en fait, j'ai l'impression que notre relation, elle est vachement comme ça. À chaque fois qu'on se voit, on ne peut pas ne pas s'empêcher de parler de trucs hyper... profond là où des gens se dire c'est chiant quoi ben nous on adore tu vois refaire le monde décortiquer des situations des trucs des machins parce que ça nous anime ça nous alimente dans moi c'est vraiment ça qui fait en tout cas avec mélanie ça fonctionne ça fonctionne peut-être pas pour toutes les personnes mais je pense aussi qu'on a ce besoin de relations profondes avec l'autre Le côté superficiel, en tout cas entre nous, ne suffit pas et ne suffirait pas.

  • Elodie

    Alors, on est déjà à la dernière question de cet épisode. Et du coup, pour terminer, j'aimerais savoir comment vous, chacune, vous aimeriez voir votre relation évoluer.

  • Mélanie

    Moi, j'espère qu'on a encore 80 années devant nous, à peu près. Et puis qu'on va encore découvrir des choses, traverser des choses ensemble. Parce que ça, la vie fera qu'on va en traverser encore des choses, des belles et des moins belles. Je me souhaite d'être toujours aussi solide. À mon avis, on va atteindre un palier dans la sagesse de l'amitié. Je le sens, Pauline, on arrive à quelque chose là, vraiment. Et puis, je nous souhaite de très belles années de course de déambulateurs en EHPAD. Je me projette comme ça avec toi, sache-le. Il faudra qu'on se situe un peu géographiquement cette fois-ci, parce que tu seras moins mobile. Il va falloir qu'on s'arrête sur un lieu précis. Mais voilà, donc après l'émission, on se donne rendez-vous, on voit ça ensemble.

  • Elodie

    Merci Mélanie ! Et pour toi Pauline ?

  • Pauline

    Je n'en peux plus, je n'arrive pas à rigoler. Alors 80 ans, je ne sais pas, parce que Mélanie, on n'a plus 16 ans, il faut qu'on se le dise, le temps passe. C'était la touche négative et très noire des éperviers. Non, mais moi bien sûr. On en a discuté la semaine dernière et en fait, on a la même vision, c'est-à-dire, alors pas la vision de l'EHPAD, mais la vision de comment ce serait la vie sans l'autre. Ce serait quoi une vie sans Mélanie ? Je prends les mots parce qu'elle me les a dit. Ce serait quoi une vie sans Pauline ? Moi, je sais qu'il me manquerait une salle de jeu. Il me manquerait ma salle de rencontre parallèle. Il me manquerait la personne avec laquelle je dis un nombre de conneries phénoménales, avec laquelle même si je suis en train de pleurer, deux secondes après je ris. Et je ris à pleurer tellement elle m'a libérée de plein de choses. Donc moi je n'envisage pas ma vie sans Mélanie, ou que je sois avec qui que ce soit, que j'arrive pas à dire ma phrase, ou que je sois avec la personne que j'arrive pas à dire.

  • Elodie

    Avec n'importe qui, où que tu sois, avec qui que tu sois.

  • Pauline

    Oui, je n'étais pas sûre avec qui que je sois. Et voilà, que j'aille bien, pas bien, pour moi, l'avenir, c'est toujours Mélanie à côté de moi et toujours ce bouton rouge entre nous deux, ce fil rouge pour pouvoir dire « Ok, je suis là dans les bons, les mauvais moments et toujours être aussi… » Ce qui est important pour moi aussi, c'est d'aider Mélanie. Pour moi, c'est quelque chose qui est essentiel. Je fais toujours attention à ça. Je n'ai pas envie d'être celle qui sollicite le plus. J'ai ce rôle qui me tient à cœur d'être là pour elle. C'est important pour moi, vraiment. C'est mon petit maçon.

  • Elodie

    C'est ton petit ? Je n'ai pas compris.

  • Mélanie

    Mon petit maçon, pour en revenir à l'image.

  • Elodie

    Oui, c'est ton petit maçon.

  • Mélanie

    Pareil. On est attitrés l'une à l'autre, amicalement parlant. Il s'est passé quelque chose de puissant. et oui non c'est la même chose je pourrais je pourrais je pourrais pas vivre sans Pauline ça me paraît compliqué d'imaginer un monde dans lequel elle est plus vraiment ce sera un vide pas possible mais ça n'arrivera pas n'est-ce pas

  • Pauline

    Merci Elodie de cette opportunité et je trouve que c'est important de partager les sentiments positifs qu'on a avec quelqu'un même si parfois c'est difficile de les dire parce qu'on peut être un peu pudique donc c'est toujours toujours bon merci

  • Elodie

    C'était l'épisode 46 du podcast gang de copines Que rajouter après avoir entendu toutes ces belles déclarations ? Cet épisode, il est vraiment à l'image de leur amitié, plein d'émotions, de sincérité, de rire, et franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien d'entendre la place centrale que l'amitié peut avoir dans la vie. Ça fait du bien d'entendre que la distance géographique n'est pas synonyme de distance dans la vie. Si toi aussi tu as aimé cet épisode, c'est le moment de le faire savoir. Partage-le auprès de tes amis, il est dispo sur toutes les applis de podcast et sur YouTube. Et d'ailleurs, en parlant de YouTube, il se pourrait que vous voyez ma tête et celle de ma prochaine invitée. On s'est lancé le challenge de tout filmer et tout diffuser. Donc d'ici là, on discute aussi sur Instagram. Le compte, c'est gangdecopinespodcast. Et pot, ça s'écrit... Comme une pote. A bientôt !

Chapters

  • Introduction et présentation des invitées

    00:38

  • Définition de la sororité selon Mélanie et Pauline

    03:20

  • La sororité dans la vie professionnelle et personnelle

    06:08

  • Récit de leur rencontre au lycée

    07:44

  • La vie ensemble à l'internat

    13:02

  • Les disputes et désaccords dans leur amitié

    18:32

  • Les défis de la distance géographique et l'évolution de leur amitié

    26:53

  • Les périodes de séparation et leur impact

    26:53

  • Amitié et relations de couple

    38:40

  • Amitié et familles

    42:31

  • Conseils pour faire durer une amitié sur le long terme

    45:46

  • Conseils pour faire durer une amitié

    45:46

  • Souhaits pour l'avenir de leur amitié

    49:35

  • Vision de l'avenir de leur amitié et conclusion de l'épisode

    49:48

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