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Hand in Hand Parenting avec Sophie

# 36 Et si réguler ses émotions ça s'apprenait.. autrement que par la punition ?

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22min |24/06/2025
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Description

Est-ce qu’on apprend vraiment à un enfant ou un ado à réguler ses émotions en le punissant pour les avoir exprimées trop fort ?
Est-ce qu’on l’aide à faire mieux… ou est-ce qu’on lui demande juste de se taire ?

Dans cet épisode, je t’invite à explorer avec moi une autre manière de voir les "débordements" émotionnels des enfants et des ados.
Pas pour excuser, mais pour comprendre. Pas pour tout laisser passer, mais pour accompagner différemment.

Je partage aussi pourquoi, même nous les adultes, on a besoin d’un espace pour déposer nos émotions — pour ne pas les faire payer à nos enfants.


🎧 Clique sur play : c’est un épisode lucide, et porteur d’espoir, pour tous ceux, parents et enseignants qui veulent transmettre à leurs enfants des compétences émotionnelles… sans passer par la peur.



🎁 Et toi, tu régules comment les émotions dans ta famille ? Viens le découvrir avec mon quiz gratuit : https://www.handinhandparentingavecsophie.com/quiz


🤓 Pour assister à mes prochaines formations : https://www.handinhandparentingavecsophie.com/actualite


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

🎙️ Hand in Hand Parenting avec Sophie
🔗 www.handinhandparentingavecsophie.com
📸 Instagram : @handinhandavecsophie
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul et puis de fil en aiguille, j'ai pris la connaissance de la communauté de soutien RENINEL. Aujourd'hui, je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast, Hand in Hand avec Sophie, je te raconte ma vie, moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Il y a une nouvelle qui m'a vraiment interrogé ces derniers jours. Dans le collège de mes enfants, trois enfants sont passés en conseil de discipline et ont été renvoyés. Un quatrième est sur la sellette et le cinquième ne devrait pas faire long feu dans l'établissement l'année prochaine, si j'en crois les rumeurs. A chaque fois que j'ai demandé à mon fils la raison des renvois, il m'a dit le plus sérieusement du monde « Bah en fait, ils n'arrivent pas très bien à réguler leurs émotions » . Évidemment, ça m'a fait un peu sourire, mais ça m'a aussi attristé car c'est effectivement la conclusion que le corps enseignant et nous aussi parents, nous tirons chaque fois qu'un enfant a une réaction de non-respect ou un comportement mal ajusté ou débordant. Et il ne sait pas bien réguler ses émotions. Qu'un adulte ne sache pas réguler ses émotions en public et prenne pour cible à notre adulte physiquement ou verbalement, là, je comprends tout à fait qu'on rentre dans une logique de sanction. Quand il s'agit d'un enfant de 11 ans, très suivi par ses parents, scolarisé dans un établissement plutôt tranquille, je pense qu'il convient quand même de regarder de plus près ce qui se passe. Et du même coup, de s'interroger sur ce qu'on n'entend pas. réguler émotionnellement, que ce soit pour nous adultes ou pour nos enfants et nos ados. Alors, c'est de ça que j'aimerais parler dans cet épisode de podcast, de la régulation émotionnelle, de ce que ça veut dire vraiment et de la façon dont, en effet, ça se travaille chez les adultes, chez les enfants et nos ados. Il y a une sorte d'eldorado du bon parent que l'on retrouve souvent sur les réseaux sociaux, dans certains livres de parentalité et dans les médias, et qui serait qu'il ne faut jamais perdre son calme, en général, et certainement pas devant ses enfants. Oui, puisque s'énerver face à ses enfants ne fait en général qu'empirer la situation, et pour nous, et pour nos enfants. Belle théorie. Dans les faits, et je pense que tu le sais très bien, cette vision est totalement irréaliste face à la façon dont nous fonctionnons. Réagir face à quelque chose qui nous apparaît comme dépassant les limites de l'acceptable pour nous, en soi, c'est sain. Ça veut dire que l'on est connecté en quelque sorte avec nos sentiments, même nos sentiments désagréables. Être régulé émotionnellement ne veut pas dire garder son calme en permanence. Ça veut plutôt dire qu'il y aura des périodes où on sera plus en mode furax et des périodes où on sera peut-être plus en mode tristesse que d'autres. Mais gardons en tête qu'aucun humain ne peut être dans un mode où il n'est traversé par aucune émotion désagréable. Je m'imagine les émotions comme une sorte de graphe sur lequel l'imaginaire populaire voudrait nous faire croire qu'il faudrait qu'on soit toujours sur une ligne horizontale plate, alors que la réalité est qu'on oscille en permanence autour de cette ligne et que tant que ces oscillations ne sont pas trop amples, quand on se retrouve en public ou face à nos enfants, alors en soi c'est ok. On a même tendance à diaboliser cette dérégulation émotionnelle. Mais est-ce qu'on peut revenir 5 minutes sur ce dont il s'agit vraiment ? Quand on est dérégulé, c'est avant tout le signal qu'il y a en nous cette énergie émotionnelle que d'une... Une façon ou d'une autre, il faudrait mieux évacuer. Et ça c'est vrai, quel que soit notre âge. Que l'on soit le prof excédé par les impertinences ou le non-respect verbal d'un collégien, le parent qui se sent provoqué par son ado quand il rentre du collège et se montre irrespectueux, ou quand on est le collégien qui se sent non-écouté ou déconnecté dans un système qui semble le déconsidérer. Un enfant qui est ultra calme en permanence, ou un parent-prof qui reste en permanence calme, genre encéphalogramme plat, devant une situation émotionnellement chargée, vraiment il faut se poser la question est-ce qu'il ne s'agit pas tout simplement d'une dissociation ? Une dissociation rapidement ça veut dire que la personne se coupe intérieurement de ses émotions un peu comme si elle se mettait en mode pilote automatique pour ne pas ressentir la tension ou la difficulté émotionnelle du moment. C'est une façon inconsciente de se protéger quand la situation devient trop lourde à gérer, que le cerveau décide de mettre une sorte de pause émotionnelle. Du coup, ce calme apparent n'est pas forcément un signe que tout va bien, mais plutôt un signal qu'il y a quelque chose de profond à écouter et accompagner avec douceur. Je me rappelle d'un moment de rester écouté offert à un de mes petits garçons, quand il était vraiment tout jeune et que j'étais très très fatiguée suite à la naissance de son petit frère. Effectivement, je n'avais quasiment plus d'énergie. J'étais relativement impassible face à sa colère, que je tentais d'écouter avec le peu de capacité qu'il me restait. Je me rappellerai toujours de mon petit bonhomme qui me dit « Mais maman, pourquoi tu dis rien là, c'est horrible ! » Bref, ça fait cet effet quand on est dissocié. Donc, à retenir, un parent ou un enfant ou un prof qui est tout le temps calme, c'est pas forcément super bon signe. Ça peut vouloir dire qu'on est sur la pente de la dissociation. Alors du coup, on fait quoi pour se réguler émotionnellement et apprendre à se réguler émotionnellement ? D'abord, laisse-moi te décrire toutes les choses qui vont être potentiellement inefficaces. La première chose qui ne va pas marcher, ça va être si tu confonds régulation émotionnelle et suppression émotionnelle. C'est ce concept qui consiste à juste mettre notre tête dans le sable ou un couvercle sur nos émotions ou celle de nos enfants et d'attendre que ça passe. C'est évidemment bien moins pénible que d'assister à une scène. Pourtant, et ça aussi tu le sais si tu écoutes mes podcasts, si tu dénies tes émotions ou les supprimes, elles ressortiront. Autrement, et par des moyens parfois bien détournés. Tu sais, c'est ton petit 5 ans qui va faire un scandale car le coin de son biscuit est cassé. Alors que la vraie raison de sa colère, c'est potentiellement le fait que, toute la journée, dans sa classe de moyenne section, la remplaçante de sa maîtresse ne s'est pas vraiment occupée de lui et que ça a été dur pour lui toute la journée. Il n'a rien dit, sur le coup, car personne n'était là pour l'écouter, et il se lâche à la maison sur la première chose qui ne va pas. En temps normal, il serait passé outre. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et ça explose. Pour un ado, ça peut être plus sophistiqué. Ça peut être une décision consciente de ne pas respecter une heure de retour de sortie car elle sait que d'une certaine façon, s'inquièterait son entourage et que vu la discussion musclée qu'il a eue avec sa prof de français suite à son comportement en cours aujourd'hui, ça leur fera une bonne leçon à tous ces adultes qui ne comprennent rien à sa vie. Et pour toi adulte, si tu ne digères pas tes émotions liées à tes enfants par exemple, en temps et en heure, il y a des chances... Ça génère une frustration ou un comportement inadéquat par rapport à ton conjoint ou tes collègues par exemple. Je crois qu'on a tous quelques exemples à notre actif de ce genre de mécanisme. La seconde chose qui ne va pas fonctionner va être la punition. L'idée derrière la punition est une vision comportementaliste des choses qui consiste à dire si tu ne te comportes pas avec respect, alors je te punis. Stimuli. Réaction ? Mouais. Sauf que comme le répète à l'envie Patty Whipflur, la fondatrice de l'approche parentale henninène, nos enfants ne sont ni des rats ni des pigeons. Autrement dit, ils sont un peu plus que les animaux tels que les psychologues comportementalistes commençaient à les observer au début du XXe siècle. Alors, autant les psychologues s'en sont vite rendus compte, autant notre système éducatif est plus lent à intégrer. La punition la plus classique. en milieu scolaire va être la retenue. Or, le problème avec la retenue, c'est qu'elle ne se base sur aucun fondement scientifique. Pire, elle aggrave la situation concernant la régulation émotionnelle, entre autres. Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de te parler des travaux d'une chercheuse en linguistique à l'université de Leeds. Elle s'appelle Ruth Payne et elle a publié en 2015 dans la revue Educational Review ses résultats. Elle a mené une étude qualitative et quantitative auprès de 1500 collégiens et lycéens de la tranche d'âge 11-16 ans. dans plusieurs établissements au Royaume-Uni, en combinant questionnaires et entretiens sur leurs expériences des retenues scolaires. Elle a analysé comment ces sanctions étaient perçues à leur impact sur le comportement des élèves. Ce qui ressort de son étude, tout d'abord, c'est que les retenues sont perçues comme inefficaces. Les élèves ne comprennent pas pourquoi ils sont punis, ils disent que cela ne les aide pas à s'améliorer ou à mieux se comporter. Et beaucoup vivent la sanction comme humiliante, injuste ou arbitraire. En second lieu, ces retenues créent du ressentiment. Merci. Au lieu de générer du respect, les retenues abîment la relation entre enseignants et élèves. Les élèves développent du cynisme et une sorte de résistance passive. Ils viennent à reculons ou cherchent à éviter l'adulte. Un autre problème avec les retenues, c'est qu'elles ne règlent pas les causes des comportements. Les retenues punissent le comportement, mais n'aident pas l'élève à comprendre, réguler ou réparer. Je ne peux m'empêcher de raconter le fou rire nerveux dont j'ai été saisie quand un de mes garçons me raconta qu'en heure de retenue, un servant lui avait demandé de recopier un texte sur les bonnes manières, jusque là, pourquoi pas, mais en écrivant les consonnes en rouge et les voyelles en bleu. Ça m'a laissé complètement sans voix. Que ce soit à cause de la stupide idée de la consigne ou le manque absolu d'objectifs pédagogiques, mais surtout à cause de l'humiliation à faire faire ce genre de travail. Tout me semblait à côté de la plaque. Enfin, dernier problème avec les retenues, les élèves récidivent fréquemment. Pour une majorité des élèves interrogés, la retenue n'a aucun effet sur leur comportement futur. Combien de fois ai-je entendu mes enfants raconter les exploits d'un de leurs camarades qui fièrement annonçait avoir dépassé je ne sais quel palier de nombre d'heures de retenue alors même que le premier mois de la rentrée scolaire n'était pas écoulé ? Bon, alors attention, je sais que le collège n'est pas le monde des bisounours. Bien sûr, parfois il faut des conséquences. Il y a des moments où un élève peut être tellement perturbateur qu'il faut le sortir de la classe. Mais ça doit rester vraiment la dernière option. L'important c'est de savoir quand et comment poser cette limite et surtout ne pas faire de la retenue ou de la punition le gouvernail pour diriger une classe. La troisième chose qui ne va pas marcher serait d'intellectualiser ses émotions. Juste en parler ne va pas être efficace. C'est ce qui se passe quand le prof excédé convoque l'élève, même à un moment plus calme, pour lui rappeler le règlement, ses engagements, et lui dire « tu ne recommences pas ce comportement, c'est compris » . De la même façon, juste en parler avec son enfant pour décrypter le pourquoi de sa réaction, ou bien décrypter avec un autre adulte, thérapeute ou non, le pourquoi de sa réaction, ne sera pas d'une grande aide. Cette sorte de bavardage qu'on se fait aussi souvent à soi-même peut même entraîner une sorte d'effet domino dans lequel on va repasser encore et encore en boucle les mêmes pensées sans jamais avoir le sentiment de se sortir du problème. Il y a dans certains collèges le concept de contrat de comportement qui est un document que le professeur principal peut inviter les parents et l'élève perturbateur à venir signer et qui rappelle l'engagement de l'élève à observer les règlements intérieurs. L'idée en soi est louable, mais... Si ce contrat ne déclenche qu'une discussion de surface pour revenir sur les comportements déplacés de l'enfant et pour lui dire « tu ne recommences pas, c'est compris, sous-entendu, sinon tu ne restes pas dans notre établissement » , alors là c'est encore une occasion ratée. Quand un enfant a les mêmes soucis de comportement en classe de la maternelle au collège, ou peut-être certains que la seule approche qui a été mise en place pour l'accompagner a été une intellectualisation avec parfois un système de récompense ou de punition qui ponctuellement... a permis d'apporter une certaine accalmie dans ses dérégulations émotionnelles. Ou sinon, c'est qu'autre chose a été mis en place, qui a fait un bien fou à l'enfant, et qui a permis d'aboutir à un changement de comportement exemplaire de la part de l'enfant. Et ça, je te le décrypte tout de suite. Je vais commencer par une anecdote. En CM2, quand mon fils arrive dans sa nouvelle école après une année de CM1 qui s'était achevée par la démission de sa maîtresse, après une année difficile pour elle, je m'attends à ce que les choses soient compliquées pour lui. Nouvel environnement, nouveaux copains à se faire, nouveau système d'enseignement, lacunes scolaires. Mais après plusieurs mois, je suis surprise de constater que les choses se passent étonnamment bien. Quand je rencontre sa maîtresse, je comprends immédiatement. La qualité de la relation qu'elle a nouée avec chacun des enfants de sa classe est impressionnante. Les enfants l'apprécient, la respectent énormément, prennent plaisir à venir en classe et progressent. Mon fils, qui n'avait pas couvert toute une partie du programme de CM1, rattrape son retard en un clin d'œil. Je suis impressionnée. L'année se termine avec un talent show, durant lequel chaque enfant de la classe est invité à se produire devant l'école et on sent vraiment à quel point la maîtresse est attachée à nourrir et à faire grandir le talent unique de chacun des enfants de sa classe. Fast forward, mon fils rentre en 6ème. Première semaine, égale première heure de retenue. Fin du premier trimestre, égale première convocation avec le prof principal. Motif, comportement inadapté. Mes enfants ne sont pas parfaits, soit. Ça, je suis bien passée pour savoir. Je suis en revanche étonnée de voir à quel point, durant le rendez-vous avec mon fils et son prof, on est dans une légique de confrontation. Et ça ne me plaît pas. Les menaces tombent. Si le comportement ne s'améliore pas, alors... Le reste de l'année de 6e se passe dans cette atmosphère qui n'est pas franchement agréable, ni pour moi, ni pour le prof, ni pour mon fils. Alors, que s'est-il passé entre cette année de CM2 assez idyllique et cette année de 6e catastrophique du point de vue du comportement ? Oui, le comportement de mon fils était mal ajusté. Impossible de dire le contraire. Après la quasi-totalité de la scolarité passée dans un système anglo-saxon où la prise de parole spontanée est hautement encouragée, le fait de devoir lever la main et d'assister à des cours plutôt de type magistraux a été un ajustement compliqué pour mon fils. D'ailleurs, si le sujet t'intéresse, je parle de ces problématiques d'ajustement dans le super podcast de Anne-Fleur French Expat qui vient de sortir. Mais pourquoi l'ajustement ne s'est pas bien fait ? Pourquoi a-t-il soudainement perdu ses capacités de régulation émotionnelle, mon petit loup ? Et cela, que ce soit en cours ou même à la maison, où son comportement s'est clairement dégradé avec ses frères et soeurs notamment. J'ai identifié trois éléments qui pour moi expliquent ce comportement et qui du même coup sont fondamentaux dans l'apprentissage de la régulation émotionnelle. Le premier élément, c'est que pour pouvoir être régulé au niveau de ses émotions, il faut pouvoir les ressentir pleinement et les évacuer. Or, la condition primordiale pour que cela ait lieu, c'est de se sentir en lien avec un autre adulte et en sécurité. Mon hypothèse avait toujours été que, tant qu'en tant que parent, il m'est possible d'écouter mon fils suffisamment à la maison, à travers notamment l'outil Restez Écouté de Hand in Hand, alors tout devrait bien se passer, même si les choses à l'école étaient difficiles. Malheureusement, l'escalade de complications au collège a été exponentielle face au temps de disponibles que j'avais accordé à mon fils. Oui, il y a une part de regret ici, mais j'aurais adoré avoir plus de temps pour lui raccorder des petits temps particuliers pour renouer avec lui. Malheureusement, la pré-adolescence pointait le bout de son nez, et il a fallu réajuster ses rendez-vous régulièrement qu'on avait, et cela s'est pas fait correctement, par manque de disponibilité de ma part. Mon second regret aura été qu'au niveau du collège, peu d'enseignants sont formés à cette sorte d'écoute, et comprennent l'importance de la connexion avec leurs élèves. Il a évidemment des profs extraordinaires qui ont été top pour mon fils, mais quand je vois le plaisir qu'il prend à venir saluer son instinct de CM de temps en temps, je pense qu'il est assez nostalgique d'une qualité de lien qu'il a un peu perdue. Le second élément, c'est que ces comportements débordants qui surviennent chez les enfants ou les adultes sont perçus comme des choses ennuyeuses à traiter, qui font perdre du temps à la classe, qui nous empêchent d'avancer, qui nous font culpabiliser de mal faire. Or, on oublie beaucoup que ces comportements débordants sont avant tout des signaux et c'est probablement le message le plus important de cet épisode de podcast. Quand les règles sont clairement posées, que ce soit à la maison ou bien à l'école, alors un comportement débordant est à vous tout un signal que quelque chose ne tourne pas rond. Quand un enfant déraille un peu dans son comportement, je m'imagine toujours que c'est un peu comme s'il y avait écrit « à l'aide » sur son front. Évidemment, il ne peut pas le dire à voix haute, mais toutes ces stratégies sont des appels à l'aide maladroites pour qu'on vienne le désembourber. Je rêve d'une société où un enfant qui provoque, qui parle mal, crie irrespectueux soient perçus avant tout comme un enfant en souffrance à aider et non comme un enfant odieux à punir. Le troisième élément, il est simple. Au quotidien, nos émotions passent régulièrement par des montagnes russes. Alors oui, se sentir écouté pour pouvoir les évacuer, comprendre qu'il s'agit d'un signal, d'un feedback de quelque chose qui ne va pas c'est important. Mais moi je propose aussi d'être proactif. N'attends pas que le problème arrive et que ton enfant ou toi soyez dérégulé pour agir. Il y a une hygiène émotionnelle qui me semble essentielle, au grand comme au petit. C'est cette idée d'avoir des rendez-vous réguliers pour pouvoir faire un travail émotionnel avec un autre adulte. D'adulte à adulte, ça s'appelle un partenariat d'écoute. Et tu peux aller écouter les épisodes de mon podcast 10, 11, 12 ou 13 où j'en parle. Mieux tu seras toi régulé et plus ton enfant le sera aussi. C'est ce que nous apprend le concept de co-régulation. Notre calme, notre ton de voix, notre posture, notre capacité à rester présent émotionnellement servent de repère au système nerveux de l'enfant ou de l'ado, qui encore immature s'appuie naturellement sur celui de l'adulte pour retrouver sécurité et équilibre. En gros, ton propre apaisement va devenir le signal de sécurité dont ton enfant a besoin pour s'apaiser à son tour. D'ado à adulte, j'aimerais poser l'hypothèse que le temps particulier peut offrir d'une façon un peu détournée un bénéfice assez similaire. Je connais pas mal de parents, moi compris, qui ont remarqué que tard le soir, le week-end, quand la pression de l'école et de la journée est retombée, leur ado arrive plus facilement à parler, et longtemps. Alors, ses parents veillent un peu plus tard. attendent que leur enfant rentre, les invitent à regarder la fin d'un film, à manger un petit quelque chose ou simplement à s'installer sur leur lit. Et c'est souvent là que la conversation peut enfin recommencer. Plus ces rendez-vous seront ancrés, plus les comportements mal ajustés diminueront. Et mieux, cette fameuse régulation émotionnelle pourra se faire chez ton enfant et ton ado, et chez toi aussi, parent ou prof. Cet épisode de podcast a j'espère permis de répondre à certaines de tes questions. Mais on a peut-être également soulevé d'autres. Notamment, ok Sophie, tu es bien sympa, mais du coup tu considères que tout le travail d'apprentissage de régulation émotionnelle doit se faire essentiellement à la maison, quitte de l'école ou du collège. Alors, je ne suis pas prof, et j'ai donc une compétence limitée sur ce terrain-là. En revanche, je peux parler d'outils ou d'initiatives et de programmes dont le succès est prouvé, et qui sont à la fois aidants pour les profs et les élèves, et donc leur famille. En tant que parent et formatrice en NN, ce sont vraiment des outils que je recommanderais vivement. Je t'en propose trois. Le premier, c'est le dispositif Réconciliation, lancé il y a une dizaine d'années par Jérémy Fontagneux. Je te mets le lien vers une interview chez Radio France que tu trouveras en commentaire de mes podcasts. En gros, la méthode Réconciliation nous rappelle une chose essentielle. Quand les adultes, parents et enseignants travaillent main dans la main, avec constance et bienveillance, les ados retrouvent confiance, motivation et envie d'apprendre. Concrètement, ça passe par un protocole très simple. Un appel aux parents dès la rentrée, un petit bilan chaque semaine envoyé aux familles par texto et une vraie cohérence d'adultes autour de l'élève. La seconde chose que je peux te proposer, c'est évidemment les groupes de soutien pour les profs du collège. Être prof, c'est extrêmement dur. Mais autant je n'ai rien à dire sur le contenu des cours de mes enfants, autant je suis sidérée. par l'absence de soutien mental et émotionnel qui est en général fourni aux équipes de profs. Ils le méritent tellement. Alors ça, c'est un élément que je pense être primordial si on veut développer chez les profs une vraie écoute des élèves. La troisième piste dont j'aimerais te parler... Ce sont des choses très très concrètes qui ont été mises en place notamment en Grande-Bretagne à travers le programme Learning Together qui a été mis en place auprès des 11-16 ans. Cette expérience a été menée dans 40 collèges anglais sur 3 ans entre 2014 et 2017 dans le cadre d'un essai contrôlé et randomisé. Il visait à améliorer le climat scolaire en formant élèves et enseignants à la résolution de conflits, à la justice réparatrice et à la co-construction de règles de vie. Le programme a inclué des ateliers de dialogue, des cercles de parole et la création d'un groupe mixte élèves-profs dans chacun des établissements. Résultat, une baisse significative des exclusions temporaires, une réduction des comportements violents et une amélioration du bien-être mental chez les élèves. Ce programme montre qu'un climat scolaire apaisé se construit dans la collaboration, pas dans la punition. Voilà, il y a certainement d'autres choix d'initiatives en France que je ne connais pas encore. Si tu es prof ou que tu es parent de collégiens et que tu as entendu parler des pratiques qui fonctionnent bien,

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    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul et puis de fil en aiguille, j'ai pris la connaissance de la communauté de soutien RENINEL. Aujourd'hui, je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast, Hand in Hand avec Sophie, je te raconte ma vie, moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Il y a une nouvelle qui m'a vraiment interrogé ces derniers jours. Dans le collège de mes enfants, trois enfants sont passés en conseil de discipline et ont été renvoyés. Un quatrième est sur la sellette et le cinquième ne devrait pas faire long feu dans l'établissement l'année prochaine, si j'en crois les rumeurs. A chaque fois que j'ai demandé à mon fils la raison des renvois, il m'a dit le plus sérieusement du monde « Bah en fait, ils n'arrivent pas très bien à réguler leurs émotions » . Évidemment, ça m'a fait un peu sourire, mais ça m'a aussi attristé car c'est effectivement la conclusion que le corps enseignant et nous aussi parents, nous tirons chaque fois qu'un enfant a une réaction de non-respect ou un comportement mal ajusté ou débordant. Et il ne sait pas bien réguler ses émotions. Qu'un adulte ne sache pas réguler ses émotions en public et prenne pour cible à notre adulte physiquement ou verbalement, là, je comprends tout à fait qu'on rentre dans une logique de sanction. Quand il s'agit d'un enfant de 11 ans, très suivi par ses parents, scolarisé dans un établissement plutôt tranquille, je pense qu'il convient quand même de regarder de plus près ce qui se passe. Et du même coup, de s'interroger sur ce qu'on n'entend pas. réguler émotionnellement, que ce soit pour nous adultes ou pour nos enfants et nos ados. Alors, c'est de ça que j'aimerais parler dans cet épisode de podcast, de la régulation émotionnelle, de ce que ça veut dire vraiment et de la façon dont, en effet, ça se travaille chez les adultes, chez les enfants et nos ados. Il y a une sorte d'eldorado du bon parent que l'on retrouve souvent sur les réseaux sociaux, dans certains livres de parentalité et dans les médias, et qui serait qu'il ne faut jamais perdre son calme, en général, et certainement pas devant ses enfants. Oui, puisque s'énerver face à ses enfants ne fait en général qu'empirer la situation, et pour nous, et pour nos enfants. Belle théorie. Dans les faits, et je pense que tu le sais très bien, cette vision est totalement irréaliste face à la façon dont nous fonctionnons. Réagir face à quelque chose qui nous apparaît comme dépassant les limites de l'acceptable pour nous, en soi, c'est sain. Ça veut dire que l'on est connecté en quelque sorte avec nos sentiments, même nos sentiments désagréables. Être régulé émotionnellement ne veut pas dire garder son calme en permanence. Ça veut plutôt dire qu'il y aura des périodes où on sera plus en mode furax et des périodes où on sera peut-être plus en mode tristesse que d'autres. Mais gardons en tête qu'aucun humain ne peut être dans un mode où il n'est traversé par aucune émotion désagréable. Je m'imagine les émotions comme une sorte de graphe sur lequel l'imaginaire populaire voudrait nous faire croire qu'il faudrait qu'on soit toujours sur une ligne horizontale plate, alors que la réalité est qu'on oscille en permanence autour de cette ligne et que tant que ces oscillations ne sont pas trop amples, quand on se retrouve en public ou face à nos enfants, alors en soi c'est ok. On a même tendance à diaboliser cette dérégulation émotionnelle. Mais est-ce qu'on peut revenir 5 minutes sur ce dont il s'agit vraiment ? Quand on est dérégulé, c'est avant tout le signal qu'il y a en nous cette énergie émotionnelle que d'une... Une façon ou d'une autre, il faudrait mieux évacuer. Et ça c'est vrai, quel que soit notre âge. Que l'on soit le prof excédé par les impertinences ou le non-respect verbal d'un collégien, le parent qui se sent provoqué par son ado quand il rentre du collège et se montre irrespectueux, ou quand on est le collégien qui se sent non-écouté ou déconnecté dans un système qui semble le déconsidérer. Un enfant qui est ultra calme en permanence, ou un parent-prof qui reste en permanence calme, genre encéphalogramme plat, devant une situation émotionnellement chargée, vraiment il faut se poser la question est-ce qu'il ne s'agit pas tout simplement d'une dissociation ? Une dissociation rapidement ça veut dire que la personne se coupe intérieurement de ses émotions un peu comme si elle se mettait en mode pilote automatique pour ne pas ressentir la tension ou la difficulté émotionnelle du moment. C'est une façon inconsciente de se protéger quand la situation devient trop lourde à gérer, que le cerveau décide de mettre une sorte de pause émotionnelle. Du coup, ce calme apparent n'est pas forcément un signe que tout va bien, mais plutôt un signal qu'il y a quelque chose de profond à écouter et accompagner avec douceur. Je me rappelle d'un moment de rester écouté offert à un de mes petits garçons, quand il était vraiment tout jeune et que j'étais très très fatiguée suite à la naissance de son petit frère. Effectivement, je n'avais quasiment plus d'énergie. J'étais relativement impassible face à sa colère, que je tentais d'écouter avec le peu de capacité qu'il me restait. Je me rappellerai toujours de mon petit bonhomme qui me dit « Mais maman, pourquoi tu dis rien là, c'est horrible ! » Bref, ça fait cet effet quand on est dissocié. Donc, à retenir, un parent ou un enfant ou un prof qui est tout le temps calme, c'est pas forcément super bon signe. Ça peut vouloir dire qu'on est sur la pente de la dissociation. Alors du coup, on fait quoi pour se réguler émotionnellement et apprendre à se réguler émotionnellement ? D'abord, laisse-moi te décrire toutes les choses qui vont être potentiellement inefficaces. La première chose qui ne va pas marcher, ça va être si tu confonds régulation émotionnelle et suppression émotionnelle. C'est ce concept qui consiste à juste mettre notre tête dans le sable ou un couvercle sur nos émotions ou celle de nos enfants et d'attendre que ça passe. C'est évidemment bien moins pénible que d'assister à une scène. Pourtant, et ça aussi tu le sais si tu écoutes mes podcasts, si tu dénies tes émotions ou les supprimes, elles ressortiront. Autrement, et par des moyens parfois bien détournés. Tu sais, c'est ton petit 5 ans qui va faire un scandale car le coin de son biscuit est cassé. Alors que la vraie raison de sa colère, c'est potentiellement le fait que, toute la journée, dans sa classe de moyenne section, la remplaçante de sa maîtresse ne s'est pas vraiment occupée de lui et que ça a été dur pour lui toute la journée. Il n'a rien dit, sur le coup, car personne n'était là pour l'écouter, et il se lâche à la maison sur la première chose qui ne va pas. En temps normal, il serait passé outre. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et ça explose. Pour un ado, ça peut être plus sophistiqué. Ça peut être une décision consciente de ne pas respecter une heure de retour de sortie car elle sait que d'une certaine façon, s'inquièterait son entourage et que vu la discussion musclée qu'il a eue avec sa prof de français suite à son comportement en cours aujourd'hui, ça leur fera une bonne leçon à tous ces adultes qui ne comprennent rien à sa vie. Et pour toi adulte, si tu ne digères pas tes émotions liées à tes enfants par exemple, en temps et en heure, il y a des chances... Ça génère une frustration ou un comportement inadéquat par rapport à ton conjoint ou tes collègues par exemple. Je crois qu'on a tous quelques exemples à notre actif de ce genre de mécanisme. La seconde chose qui ne va pas fonctionner va être la punition. L'idée derrière la punition est une vision comportementaliste des choses qui consiste à dire si tu ne te comportes pas avec respect, alors je te punis. Stimuli. Réaction ? Mouais. Sauf que comme le répète à l'envie Patty Whipflur, la fondatrice de l'approche parentale henninène, nos enfants ne sont ni des rats ni des pigeons. Autrement dit, ils sont un peu plus que les animaux tels que les psychologues comportementalistes commençaient à les observer au début du XXe siècle. Alors, autant les psychologues s'en sont vite rendus compte, autant notre système éducatif est plus lent à intégrer. La punition la plus classique. en milieu scolaire va être la retenue. Or, le problème avec la retenue, c'est qu'elle ne se base sur aucun fondement scientifique. Pire, elle aggrave la situation concernant la régulation émotionnelle, entre autres. Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de te parler des travaux d'une chercheuse en linguistique à l'université de Leeds. Elle s'appelle Ruth Payne et elle a publié en 2015 dans la revue Educational Review ses résultats. Elle a mené une étude qualitative et quantitative auprès de 1500 collégiens et lycéens de la tranche d'âge 11-16 ans. dans plusieurs établissements au Royaume-Uni, en combinant questionnaires et entretiens sur leurs expériences des retenues scolaires. Elle a analysé comment ces sanctions étaient perçues à leur impact sur le comportement des élèves. Ce qui ressort de son étude, tout d'abord, c'est que les retenues sont perçues comme inefficaces. Les élèves ne comprennent pas pourquoi ils sont punis, ils disent que cela ne les aide pas à s'améliorer ou à mieux se comporter. Et beaucoup vivent la sanction comme humiliante, injuste ou arbitraire. En second lieu, ces retenues créent du ressentiment. Merci. Au lieu de générer du respect, les retenues abîment la relation entre enseignants et élèves. Les élèves développent du cynisme et une sorte de résistance passive. Ils viennent à reculons ou cherchent à éviter l'adulte. Un autre problème avec les retenues, c'est qu'elles ne règlent pas les causes des comportements. Les retenues punissent le comportement, mais n'aident pas l'élève à comprendre, réguler ou réparer. Je ne peux m'empêcher de raconter le fou rire nerveux dont j'ai été saisie quand un de mes garçons me raconta qu'en heure de retenue, un servant lui avait demandé de recopier un texte sur les bonnes manières, jusque là, pourquoi pas, mais en écrivant les consonnes en rouge et les voyelles en bleu. Ça m'a laissé complètement sans voix. Que ce soit à cause de la stupide idée de la consigne ou le manque absolu d'objectifs pédagogiques, mais surtout à cause de l'humiliation à faire faire ce genre de travail. Tout me semblait à côté de la plaque. Enfin, dernier problème avec les retenues, les élèves récidivent fréquemment. Pour une majorité des élèves interrogés, la retenue n'a aucun effet sur leur comportement futur. Combien de fois ai-je entendu mes enfants raconter les exploits d'un de leurs camarades qui fièrement annonçait avoir dépassé je ne sais quel palier de nombre d'heures de retenue alors même que le premier mois de la rentrée scolaire n'était pas écoulé ? Bon, alors attention, je sais que le collège n'est pas le monde des bisounours. Bien sûr, parfois il faut des conséquences. Il y a des moments où un élève peut être tellement perturbateur qu'il faut le sortir de la classe. Mais ça doit rester vraiment la dernière option. L'important c'est de savoir quand et comment poser cette limite et surtout ne pas faire de la retenue ou de la punition le gouvernail pour diriger une classe. La troisième chose qui ne va pas marcher serait d'intellectualiser ses émotions. Juste en parler ne va pas être efficace. C'est ce qui se passe quand le prof excédé convoque l'élève, même à un moment plus calme, pour lui rappeler le règlement, ses engagements, et lui dire « tu ne recommences pas ce comportement, c'est compris » . De la même façon, juste en parler avec son enfant pour décrypter le pourquoi de sa réaction, ou bien décrypter avec un autre adulte, thérapeute ou non, le pourquoi de sa réaction, ne sera pas d'une grande aide. Cette sorte de bavardage qu'on se fait aussi souvent à soi-même peut même entraîner une sorte d'effet domino dans lequel on va repasser encore et encore en boucle les mêmes pensées sans jamais avoir le sentiment de se sortir du problème. Il y a dans certains collèges le concept de contrat de comportement qui est un document que le professeur principal peut inviter les parents et l'élève perturbateur à venir signer et qui rappelle l'engagement de l'élève à observer les règlements intérieurs. L'idée en soi est louable, mais... Si ce contrat ne déclenche qu'une discussion de surface pour revenir sur les comportements déplacés de l'enfant et pour lui dire « tu ne recommences pas, c'est compris, sous-entendu, sinon tu ne restes pas dans notre établissement » , alors là c'est encore une occasion ratée. Quand un enfant a les mêmes soucis de comportement en classe de la maternelle au collège, ou peut-être certains que la seule approche qui a été mise en place pour l'accompagner a été une intellectualisation avec parfois un système de récompense ou de punition qui ponctuellement... a permis d'apporter une certaine accalmie dans ses dérégulations émotionnelles. Ou sinon, c'est qu'autre chose a été mis en place, qui a fait un bien fou à l'enfant, et qui a permis d'aboutir à un changement de comportement exemplaire de la part de l'enfant. Et ça, je te le décrypte tout de suite. Je vais commencer par une anecdote. En CM2, quand mon fils arrive dans sa nouvelle école après une année de CM1 qui s'était achevée par la démission de sa maîtresse, après une année difficile pour elle, je m'attends à ce que les choses soient compliquées pour lui. Nouvel environnement, nouveaux copains à se faire, nouveau système d'enseignement, lacunes scolaires. Mais après plusieurs mois, je suis surprise de constater que les choses se passent étonnamment bien. Quand je rencontre sa maîtresse, je comprends immédiatement. La qualité de la relation qu'elle a nouée avec chacun des enfants de sa classe est impressionnante. Les enfants l'apprécient, la respectent énormément, prennent plaisir à venir en classe et progressent. Mon fils, qui n'avait pas couvert toute une partie du programme de CM1, rattrape son retard en un clin d'œil. Je suis impressionnée. L'année se termine avec un talent show, durant lequel chaque enfant de la classe est invité à se produire devant l'école et on sent vraiment à quel point la maîtresse est attachée à nourrir et à faire grandir le talent unique de chacun des enfants de sa classe. Fast forward, mon fils rentre en 6ème. Première semaine, égale première heure de retenue. Fin du premier trimestre, égale première convocation avec le prof principal. Motif, comportement inadapté. Mes enfants ne sont pas parfaits, soit. Ça, je suis bien passée pour savoir. Je suis en revanche étonnée de voir à quel point, durant le rendez-vous avec mon fils et son prof, on est dans une légique de confrontation. Et ça ne me plaît pas. Les menaces tombent. Si le comportement ne s'améliore pas, alors... Le reste de l'année de 6e se passe dans cette atmosphère qui n'est pas franchement agréable, ni pour moi, ni pour le prof, ni pour mon fils. Alors, que s'est-il passé entre cette année de CM2 assez idyllique et cette année de 6e catastrophique du point de vue du comportement ? Oui, le comportement de mon fils était mal ajusté. Impossible de dire le contraire. Après la quasi-totalité de la scolarité passée dans un système anglo-saxon où la prise de parole spontanée est hautement encouragée, le fait de devoir lever la main et d'assister à des cours plutôt de type magistraux a été un ajustement compliqué pour mon fils. D'ailleurs, si le sujet t'intéresse, je parle de ces problématiques d'ajustement dans le super podcast de Anne-Fleur French Expat qui vient de sortir. Mais pourquoi l'ajustement ne s'est pas bien fait ? Pourquoi a-t-il soudainement perdu ses capacités de régulation émotionnelle, mon petit loup ? Et cela, que ce soit en cours ou même à la maison, où son comportement s'est clairement dégradé avec ses frères et soeurs notamment. J'ai identifié trois éléments qui pour moi expliquent ce comportement et qui du même coup sont fondamentaux dans l'apprentissage de la régulation émotionnelle. Le premier élément, c'est que pour pouvoir être régulé au niveau de ses émotions, il faut pouvoir les ressentir pleinement et les évacuer. Or, la condition primordiale pour que cela ait lieu, c'est de se sentir en lien avec un autre adulte et en sécurité. Mon hypothèse avait toujours été que, tant qu'en tant que parent, il m'est possible d'écouter mon fils suffisamment à la maison, à travers notamment l'outil Restez Écouté de Hand in Hand, alors tout devrait bien se passer, même si les choses à l'école étaient difficiles. Malheureusement, l'escalade de complications au collège a été exponentielle face au temps de disponibles que j'avais accordé à mon fils. Oui, il y a une part de regret ici, mais j'aurais adoré avoir plus de temps pour lui raccorder des petits temps particuliers pour renouer avec lui. Malheureusement, la pré-adolescence pointait le bout de son nez, et il a fallu réajuster ses rendez-vous régulièrement qu'on avait, et cela s'est pas fait correctement, par manque de disponibilité de ma part. Mon second regret aura été qu'au niveau du collège, peu d'enseignants sont formés à cette sorte d'écoute, et comprennent l'importance de la connexion avec leurs élèves. Il a évidemment des profs extraordinaires qui ont été top pour mon fils, mais quand je vois le plaisir qu'il prend à venir saluer son instinct de CM de temps en temps, je pense qu'il est assez nostalgique d'une qualité de lien qu'il a un peu perdue. Le second élément, c'est que ces comportements débordants qui surviennent chez les enfants ou les adultes sont perçus comme des choses ennuyeuses à traiter, qui font perdre du temps à la classe, qui nous empêchent d'avancer, qui nous font culpabiliser de mal faire. Or, on oublie beaucoup que ces comportements débordants sont avant tout des signaux et c'est probablement le message le plus important de cet épisode de podcast. Quand les règles sont clairement posées, que ce soit à la maison ou bien à l'école, alors un comportement débordant est à vous tout un signal que quelque chose ne tourne pas rond. Quand un enfant déraille un peu dans son comportement, je m'imagine toujours que c'est un peu comme s'il y avait écrit « à l'aide » sur son front. Évidemment, il ne peut pas le dire à voix haute, mais toutes ces stratégies sont des appels à l'aide maladroites pour qu'on vienne le désembourber. Je rêve d'une société où un enfant qui provoque, qui parle mal, crie irrespectueux soient perçus avant tout comme un enfant en souffrance à aider et non comme un enfant odieux à punir. Le troisième élément, il est simple. Au quotidien, nos émotions passent régulièrement par des montagnes russes. Alors oui, se sentir écouté pour pouvoir les évacuer, comprendre qu'il s'agit d'un signal, d'un feedback de quelque chose qui ne va pas c'est important. Mais moi je propose aussi d'être proactif. N'attends pas que le problème arrive et que ton enfant ou toi soyez dérégulé pour agir. Il y a une hygiène émotionnelle qui me semble essentielle, au grand comme au petit. C'est cette idée d'avoir des rendez-vous réguliers pour pouvoir faire un travail émotionnel avec un autre adulte. D'adulte à adulte, ça s'appelle un partenariat d'écoute. Et tu peux aller écouter les épisodes de mon podcast 10, 11, 12 ou 13 où j'en parle. Mieux tu seras toi régulé et plus ton enfant le sera aussi. C'est ce que nous apprend le concept de co-régulation. Notre calme, notre ton de voix, notre posture, notre capacité à rester présent émotionnellement servent de repère au système nerveux de l'enfant ou de l'ado, qui encore immature s'appuie naturellement sur celui de l'adulte pour retrouver sécurité et équilibre. En gros, ton propre apaisement va devenir le signal de sécurité dont ton enfant a besoin pour s'apaiser à son tour. D'ado à adulte, j'aimerais poser l'hypothèse que le temps particulier peut offrir d'une façon un peu détournée un bénéfice assez similaire. Je connais pas mal de parents, moi compris, qui ont remarqué que tard le soir, le week-end, quand la pression de l'école et de la journée est retombée, leur ado arrive plus facilement à parler, et longtemps. Alors, ses parents veillent un peu plus tard. attendent que leur enfant rentre, les invitent à regarder la fin d'un film, à manger un petit quelque chose ou simplement à s'installer sur leur lit. Et c'est souvent là que la conversation peut enfin recommencer. Plus ces rendez-vous seront ancrés, plus les comportements mal ajustés diminueront. Et mieux, cette fameuse régulation émotionnelle pourra se faire chez ton enfant et ton ado, et chez toi aussi, parent ou prof. Cet épisode de podcast a j'espère permis de répondre à certaines de tes questions. Mais on a peut-être également soulevé d'autres. Notamment, ok Sophie, tu es bien sympa, mais du coup tu considères que tout le travail d'apprentissage de régulation émotionnelle doit se faire essentiellement à la maison, quitte de l'école ou du collège. Alors, je ne suis pas prof, et j'ai donc une compétence limitée sur ce terrain-là. En revanche, je peux parler d'outils ou d'initiatives et de programmes dont le succès est prouvé, et qui sont à la fois aidants pour les profs et les élèves, et donc leur famille. En tant que parent et formatrice en NN, ce sont vraiment des outils que je recommanderais vivement. Je t'en propose trois. Le premier, c'est le dispositif Réconciliation, lancé il y a une dizaine d'années par Jérémy Fontagneux. Je te mets le lien vers une interview chez Radio France que tu trouveras en commentaire de mes podcasts. En gros, la méthode Réconciliation nous rappelle une chose essentielle. Quand les adultes, parents et enseignants travaillent main dans la main, avec constance et bienveillance, les ados retrouvent confiance, motivation et envie d'apprendre. Concrètement, ça passe par un protocole très simple. Un appel aux parents dès la rentrée, un petit bilan chaque semaine envoyé aux familles par texto et une vraie cohérence d'adultes autour de l'élève. La seconde chose que je peux te proposer, c'est évidemment les groupes de soutien pour les profs du collège. Être prof, c'est extrêmement dur. Mais autant je n'ai rien à dire sur le contenu des cours de mes enfants, autant je suis sidérée. par l'absence de soutien mental et émotionnel qui est en général fourni aux équipes de profs. Ils le méritent tellement. Alors ça, c'est un élément que je pense être primordial si on veut développer chez les profs une vraie écoute des élèves. La troisième piste dont j'aimerais te parler... Ce sont des choses très très concrètes qui ont été mises en place notamment en Grande-Bretagne à travers le programme Learning Together qui a été mis en place auprès des 11-16 ans. Cette expérience a été menée dans 40 collèges anglais sur 3 ans entre 2014 et 2017 dans le cadre d'un essai contrôlé et randomisé. Il visait à améliorer le climat scolaire en formant élèves et enseignants à la résolution de conflits, à la justice réparatrice et à la co-construction de règles de vie. Le programme a inclué des ateliers de dialogue, des cercles de parole et la création d'un groupe mixte élèves-profs dans chacun des établissements. Résultat, une baisse significative des exclusions temporaires, une réduction des comportements violents et une amélioration du bien-être mental chez les élèves. Ce programme montre qu'un climat scolaire apaisé se construit dans la collaboration, pas dans la punition. Voilà, il y a certainement d'autres choix d'initiatives en France que je ne connais pas encore. Si tu es prof ou que tu es parent de collégiens et que tu as entendu parler des pratiques qui fonctionnent bien,

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Est-ce qu’on apprend vraiment à un enfant ou un ado à réguler ses émotions en le punissant pour les avoir exprimées trop fort ?
Est-ce qu’on l’aide à faire mieux… ou est-ce qu’on lui demande juste de se taire ?

Dans cet épisode, je t’invite à explorer avec moi une autre manière de voir les "débordements" émotionnels des enfants et des ados.
Pas pour excuser, mais pour comprendre. Pas pour tout laisser passer, mais pour accompagner différemment.

Je partage aussi pourquoi, même nous les adultes, on a besoin d’un espace pour déposer nos émotions — pour ne pas les faire payer à nos enfants.


🎧 Clique sur play : c’est un épisode lucide, et porteur d’espoir, pour tous ceux, parents et enseignants qui veulent transmettre à leurs enfants des compétences émotionnelles… sans passer par la peur.



🎁 Et toi, tu régules comment les émotions dans ta famille ? Viens le découvrir avec mon quiz gratuit : https://www.handinhandparentingavecsophie.com/quiz


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  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul et puis de fil en aiguille, j'ai pris la connaissance de la communauté de soutien RENINEL. Aujourd'hui, je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast, Hand in Hand avec Sophie, je te raconte ma vie, moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Il y a une nouvelle qui m'a vraiment interrogé ces derniers jours. Dans le collège de mes enfants, trois enfants sont passés en conseil de discipline et ont été renvoyés. Un quatrième est sur la sellette et le cinquième ne devrait pas faire long feu dans l'établissement l'année prochaine, si j'en crois les rumeurs. A chaque fois que j'ai demandé à mon fils la raison des renvois, il m'a dit le plus sérieusement du monde « Bah en fait, ils n'arrivent pas très bien à réguler leurs émotions » . Évidemment, ça m'a fait un peu sourire, mais ça m'a aussi attristé car c'est effectivement la conclusion que le corps enseignant et nous aussi parents, nous tirons chaque fois qu'un enfant a une réaction de non-respect ou un comportement mal ajusté ou débordant. Et il ne sait pas bien réguler ses émotions. Qu'un adulte ne sache pas réguler ses émotions en public et prenne pour cible à notre adulte physiquement ou verbalement, là, je comprends tout à fait qu'on rentre dans une logique de sanction. Quand il s'agit d'un enfant de 11 ans, très suivi par ses parents, scolarisé dans un établissement plutôt tranquille, je pense qu'il convient quand même de regarder de plus près ce qui se passe. Et du même coup, de s'interroger sur ce qu'on n'entend pas. réguler émotionnellement, que ce soit pour nous adultes ou pour nos enfants et nos ados. Alors, c'est de ça que j'aimerais parler dans cet épisode de podcast, de la régulation émotionnelle, de ce que ça veut dire vraiment et de la façon dont, en effet, ça se travaille chez les adultes, chez les enfants et nos ados. Il y a une sorte d'eldorado du bon parent que l'on retrouve souvent sur les réseaux sociaux, dans certains livres de parentalité et dans les médias, et qui serait qu'il ne faut jamais perdre son calme, en général, et certainement pas devant ses enfants. Oui, puisque s'énerver face à ses enfants ne fait en général qu'empirer la situation, et pour nous, et pour nos enfants. Belle théorie. Dans les faits, et je pense que tu le sais très bien, cette vision est totalement irréaliste face à la façon dont nous fonctionnons. Réagir face à quelque chose qui nous apparaît comme dépassant les limites de l'acceptable pour nous, en soi, c'est sain. Ça veut dire que l'on est connecté en quelque sorte avec nos sentiments, même nos sentiments désagréables. Être régulé émotionnellement ne veut pas dire garder son calme en permanence. Ça veut plutôt dire qu'il y aura des périodes où on sera plus en mode furax et des périodes où on sera peut-être plus en mode tristesse que d'autres. Mais gardons en tête qu'aucun humain ne peut être dans un mode où il n'est traversé par aucune émotion désagréable. Je m'imagine les émotions comme une sorte de graphe sur lequel l'imaginaire populaire voudrait nous faire croire qu'il faudrait qu'on soit toujours sur une ligne horizontale plate, alors que la réalité est qu'on oscille en permanence autour de cette ligne et que tant que ces oscillations ne sont pas trop amples, quand on se retrouve en public ou face à nos enfants, alors en soi c'est ok. On a même tendance à diaboliser cette dérégulation émotionnelle. Mais est-ce qu'on peut revenir 5 minutes sur ce dont il s'agit vraiment ? Quand on est dérégulé, c'est avant tout le signal qu'il y a en nous cette énergie émotionnelle que d'une... Une façon ou d'une autre, il faudrait mieux évacuer. Et ça c'est vrai, quel que soit notre âge. Que l'on soit le prof excédé par les impertinences ou le non-respect verbal d'un collégien, le parent qui se sent provoqué par son ado quand il rentre du collège et se montre irrespectueux, ou quand on est le collégien qui se sent non-écouté ou déconnecté dans un système qui semble le déconsidérer. Un enfant qui est ultra calme en permanence, ou un parent-prof qui reste en permanence calme, genre encéphalogramme plat, devant une situation émotionnellement chargée, vraiment il faut se poser la question est-ce qu'il ne s'agit pas tout simplement d'une dissociation ? Une dissociation rapidement ça veut dire que la personne se coupe intérieurement de ses émotions un peu comme si elle se mettait en mode pilote automatique pour ne pas ressentir la tension ou la difficulté émotionnelle du moment. C'est une façon inconsciente de se protéger quand la situation devient trop lourde à gérer, que le cerveau décide de mettre une sorte de pause émotionnelle. Du coup, ce calme apparent n'est pas forcément un signe que tout va bien, mais plutôt un signal qu'il y a quelque chose de profond à écouter et accompagner avec douceur. Je me rappelle d'un moment de rester écouté offert à un de mes petits garçons, quand il était vraiment tout jeune et que j'étais très très fatiguée suite à la naissance de son petit frère. Effectivement, je n'avais quasiment plus d'énergie. J'étais relativement impassible face à sa colère, que je tentais d'écouter avec le peu de capacité qu'il me restait. Je me rappellerai toujours de mon petit bonhomme qui me dit « Mais maman, pourquoi tu dis rien là, c'est horrible ! » Bref, ça fait cet effet quand on est dissocié. Donc, à retenir, un parent ou un enfant ou un prof qui est tout le temps calme, c'est pas forcément super bon signe. Ça peut vouloir dire qu'on est sur la pente de la dissociation. Alors du coup, on fait quoi pour se réguler émotionnellement et apprendre à se réguler émotionnellement ? D'abord, laisse-moi te décrire toutes les choses qui vont être potentiellement inefficaces. La première chose qui ne va pas marcher, ça va être si tu confonds régulation émotionnelle et suppression émotionnelle. C'est ce concept qui consiste à juste mettre notre tête dans le sable ou un couvercle sur nos émotions ou celle de nos enfants et d'attendre que ça passe. C'est évidemment bien moins pénible que d'assister à une scène. Pourtant, et ça aussi tu le sais si tu écoutes mes podcasts, si tu dénies tes émotions ou les supprimes, elles ressortiront. Autrement, et par des moyens parfois bien détournés. Tu sais, c'est ton petit 5 ans qui va faire un scandale car le coin de son biscuit est cassé. Alors que la vraie raison de sa colère, c'est potentiellement le fait que, toute la journée, dans sa classe de moyenne section, la remplaçante de sa maîtresse ne s'est pas vraiment occupée de lui et que ça a été dur pour lui toute la journée. Il n'a rien dit, sur le coup, car personne n'était là pour l'écouter, et il se lâche à la maison sur la première chose qui ne va pas. En temps normal, il serait passé outre. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et ça explose. Pour un ado, ça peut être plus sophistiqué. Ça peut être une décision consciente de ne pas respecter une heure de retour de sortie car elle sait que d'une certaine façon, s'inquièterait son entourage et que vu la discussion musclée qu'il a eue avec sa prof de français suite à son comportement en cours aujourd'hui, ça leur fera une bonne leçon à tous ces adultes qui ne comprennent rien à sa vie. Et pour toi adulte, si tu ne digères pas tes émotions liées à tes enfants par exemple, en temps et en heure, il y a des chances... Ça génère une frustration ou un comportement inadéquat par rapport à ton conjoint ou tes collègues par exemple. Je crois qu'on a tous quelques exemples à notre actif de ce genre de mécanisme. La seconde chose qui ne va pas fonctionner va être la punition. L'idée derrière la punition est une vision comportementaliste des choses qui consiste à dire si tu ne te comportes pas avec respect, alors je te punis. Stimuli. Réaction ? Mouais. Sauf que comme le répète à l'envie Patty Whipflur, la fondatrice de l'approche parentale henninène, nos enfants ne sont ni des rats ni des pigeons. Autrement dit, ils sont un peu plus que les animaux tels que les psychologues comportementalistes commençaient à les observer au début du XXe siècle. Alors, autant les psychologues s'en sont vite rendus compte, autant notre système éducatif est plus lent à intégrer. La punition la plus classique. en milieu scolaire va être la retenue. Or, le problème avec la retenue, c'est qu'elle ne se base sur aucun fondement scientifique. Pire, elle aggrave la situation concernant la régulation émotionnelle, entre autres. Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de te parler des travaux d'une chercheuse en linguistique à l'université de Leeds. Elle s'appelle Ruth Payne et elle a publié en 2015 dans la revue Educational Review ses résultats. Elle a mené une étude qualitative et quantitative auprès de 1500 collégiens et lycéens de la tranche d'âge 11-16 ans. dans plusieurs établissements au Royaume-Uni, en combinant questionnaires et entretiens sur leurs expériences des retenues scolaires. Elle a analysé comment ces sanctions étaient perçues à leur impact sur le comportement des élèves. Ce qui ressort de son étude, tout d'abord, c'est que les retenues sont perçues comme inefficaces. Les élèves ne comprennent pas pourquoi ils sont punis, ils disent que cela ne les aide pas à s'améliorer ou à mieux se comporter. Et beaucoup vivent la sanction comme humiliante, injuste ou arbitraire. En second lieu, ces retenues créent du ressentiment. Merci. Au lieu de générer du respect, les retenues abîment la relation entre enseignants et élèves. Les élèves développent du cynisme et une sorte de résistance passive. Ils viennent à reculons ou cherchent à éviter l'adulte. Un autre problème avec les retenues, c'est qu'elles ne règlent pas les causes des comportements. Les retenues punissent le comportement, mais n'aident pas l'élève à comprendre, réguler ou réparer. Je ne peux m'empêcher de raconter le fou rire nerveux dont j'ai été saisie quand un de mes garçons me raconta qu'en heure de retenue, un servant lui avait demandé de recopier un texte sur les bonnes manières, jusque là, pourquoi pas, mais en écrivant les consonnes en rouge et les voyelles en bleu. Ça m'a laissé complètement sans voix. Que ce soit à cause de la stupide idée de la consigne ou le manque absolu d'objectifs pédagogiques, mais surtout à cause de l'humiliation à faire faire ce genre de travail. Tout me semblait à côté de la plaque. Enfin, dernier problème avec les retenues, les élèves récidivent fréquemment. Pour une majorité des élèves interrogés, la retenue n'a aucun effet sur leur comportement futur. Combien de fois ai-je entendu mes enfants raconter les exploits d'un de leurs camarades qui fièrement annonçait avoir dépassé je ne sais quel palier de nombre d'heures de retenue alors même que le premier mois de la rentrée scolaire n'était pas écoulé ? Bon, alors attention, je sais que le collège n'est pas le monde des bisounours. Bien sûr, parfois il faut des conséquences. Il y a des moments où un élève peut être tellement perturbateur qu'il faut le sortir de la classe. Mais ça doit rester vraiment la dernière option. L'important c'est de savoir quand et comment poser cette limite et surtout ne pas faire de la retenue ou de la punition le gouvernail pour diriger une classe. La troisième chose qui ne va pas marcher serait d'intellectualiser ses émotions. Juste en parler ne va pas être efficace. C'est ce qui se passe quand le prof excédé convoque l'élève, même à un moment plus calme, pour lui rappeler le règlement, ses engagements, et lui dire « tu ne recommences pas ce comportement, c'est compris » . De la même façon, juste en parler avec son enfant pour décrypter le pourquoi de sa réaction, ou bien décrypter avec un autre adulte, thérapeute ou non, le pourquoi de sa réaction, ne sera pas d'une grande aide. Cette sorte de bavardage qu'on se fait aussi souvent à soi-même peut même entraîner une sorte d'effet domino dans lequel on va repasser encore et encore en boucle les mêmes pensées sans jamais avoir le sentiment de se sortir du problème. Il y a dans certains collèges le concept de contrat de comportement qui est un document que le professeur principal peut inviter les parents et l'élève perturbateur à venir signer et qui rappelle l'engagement de l'élève à observer les règlements intérieurs. L'idée en soi est louable, mais... Si ce contrat ne déclenche qu'une discussion de surface pour revenir sur les comportements déplacés de l'enfant et pour lui dire « tu ne recommences pas, c'est compris, sous-entendu, sinon tu ne restes pas dans notre établissement » , alors là c'est encore une occasion ratée. Quand un enfant a les mêmes soucis de comportement en classe de la maternelle au collège, ou peut-être certains que la seule approche qui a été mise en place pour l'accompagner a été une intellectualisation avec parfois un système de récompense ou de punition qui ponctuellement... a permis d'apporter une certaine accalmie dans ses dérégulations émotionnelles. Ou sinon, c'est qu'autre chose a été mis en place, qui a fait un bien fou à l'enfant, et qui a permis d'aboutir à un changement de comportement exemplaire de la part de l'enfant. Et ça, je te le décrypte tout de suite. Je vais commencer par une anecdote. En CM2, quand mon fils arrive dans sa nouvelle école après une année de CM1 qui s'était achevée par la démission de sa maîtresse, après une année difficile pour elle, je m'attends à ce que les choses soient compliquées pour lui. Nouvel environnement, nouveaux copains à se faire, nouveau système d'enseignement, lacunes scolaires. Mais après plusieurs mois, je suis surprise de constater que les choses se passent étonnamment bien. Quand je rencontre sa maîtresse, je comprends immédiatement. La qualité de la relation qu'elle a nouée avec chacun des enfants de sa classe est impressionnante. Les enfants l'apprécient, la respectent énormément, prennent plaisir à venir en classe et progressent. Mon fils, qui n'avait pas couvert toute une partie du programme de CM1, rattrape son retard en un clin d'œil. Je suis impressionnée. L'année se termine avec un talent show, durant lequel chaque enfant de la classe est invité à se produire devant l'école et on sent vraiment à quel point la maîtresse est attachée à nourrir et à faire grandir le talent unique de chacun des enfants de sa classe. Fast forward, mon fils rentre en 6ème. Première semaine, égale première heure de retenue. Fin du premier trimestre, égale première convocation avec le prof principal. Motif, comportement inadapté. Mes enfants ne sont pas parfaits, soit. Ça, je suis bien passée pour savoir. Je suis en revanche étonnée de voir à quel point, durant le rendez-vous avec mon fils et son prof, on est dans une légique de confrontation. Et ça ne me plaît pas. Les menaces tombent. Si le comportement ne s'améliore pas, alors... Le reste de l'année de 6e se passe dans cette atmosphère qui n'est pas franchement agréable, ni pour moi, ni pour le prof, ni pour mon fils. Alors, que s'est-il passé entre cette année de CM2 assez idyllique et cette année de 6e catastrophique du point de vue du comportement ? Oui, le comportement de mon fils était mal ajusté. Impossible de dire le contraire. Après la quasi-totalité de la scolarité passée dans un système anglo-saxon où la prise de parole spontanée est hautement encouragée, le fait de devoir lever la main et d'assister à des cours plutôt de type magistraux a été un ajustement compliqué pour mon fils. D'ailleurs, si le sujet t'intéresse, je parle de ces problématiques d'ajustement dans le super podcast de Anne-Fleur French Expat qui vient de sortir. Mais pourquoi l'ajustement ne s'est pas bien fait ? Pourquoi a-t-il soudainement perdu ses capacités de régulation émotionnelle, mon petit loup ? Et cela, que ce soit en cours ou même à la maison, où son comportement s'est clairement dégradé avec ses frères et soeurs notamment. J'ai identifié trois éléments qui pour moi expliquent ce comportement et qui du même coup sont fondamentaux dans l'apprentissage de la régulation émotionnelle. Le premier élément, c'est que pour pouvoir être régulé au niveau de ses émotions, il faut pouvoir les ressentir pleinement et les évacuer. Or, la condition primordiale pour que cela ait lieu, c'est de se sentir en lien avec un autre adulte et en sécurité. Mon hypothèse avait toujours été que, tant qu'en tant que parent, il m'est possible d'écouter mon fils suffisamment à la maison, à travers notamment l'outil Restez Écouté de Hand in Hand, alors tout devrait bien se passer, même si les choses à l'école étaient difficiles. Malheureusement, l'escalade de complications au collège a été exponentielle face au temps de disponibles que j'avais accordé à mon fils. Oui, il y a une part de regret ici, mais j'aurais adoré avoir plus de temps pour lui raccorder des petits temps particuliers pour renouer avec lui. Malheureusement, la pré-adolescence pointait le bout de son nez, et il a fallu réajuster ses rendez-vous régulièrement qu'on avait, et cela s'est pas fait correctement, par manque de disponibilité de ma part. Mon second regret aura été qu'au niveau du collège, peu d'enseignants sont formés à cette sorte d'écoute, et comprennent l'importance de la connexion avec leurs élèves. Il a évidemment des profs extraordinaires qui ont été top pour mon fils, mais quand je vois le plaisir qu'il prend à venir saluer son instinct de CM de temps en temps, je pense qu'il est assez nostalgique d'une qualité de lien qu'il a un peu perdue. Le second élément, c'est que ces comportements débordants qui surviennent chez les enfants ou les adultes sont perçus comme des choses ennuyeuses à traiter, qui font perdre du temps à la classe, qui nous empêchent d'avancer, qui nous font culpabiliser de mal faire. Or, on oublie beaucoup que ces comportements débordants sont avant tout des signaux et c'est probablement le message le plus important de cet épisode de podcast. Quand les règles sont clairement posées, que ce soit à la maison ou bien à l'école, alors un comportement débordant est à vous tout un signal que quelque chose ne tourne pas rond. Quand un enfant déraille un peu dans son comportement, je m'imagine toujours que c'est un peu comme s'il y avait écrit « à l'aide » sur son front. Évidemment, il ne peut pas le dire à voix haute, mais toutes ces stratégies sont des appels à l'aide maladroites pour qu'on vienne le désembourber. Je rêve d'une société où un enfant qui provoque, qui parle mal, crie irrespectueux soient perçus avant tout comme un enfant en souffrance à aider et non comme un enfant odieux à punir. Le troisième élément, il est simple. Au quotidien, nos émotions passent régulièrement par des montagnes russes. Alors oui, se sentir écouté pour pouvoir les évacuer, comprendre qu'il s'agit d'un signal, d'un feedback de quelque chose qui ne va pas c'est important. Mais moi je propose aussi d'être proactif. N'attends pas que le problème arrive et que ton enfant ou toi soyez dérégulé pour agir. Il y a une hygiène émotionnelle qui me semble essentielle, au grand comme au petit. C'est cette idée d'avoir des rendez-vous réguliers pour pouvoir faire un travail émotionnel avec un autre adulte. D'adulte à adulte, ça s'appelle un partenariat d'écoute. Et tu peux aller écouter les épisodes de mon podcast 10, 11, 12 ou 13 où j'en parle. Mieux tu seras toi régulé et plus ton enfant le sera aussi. C'est ce que nous apprend le concept de co-régulation. Notre calme, notre ton de voix, notre posture, notre capacité à rester présent émotionnellement servent de repère au système nerveux de l'enfant ou de l'ado, qui encore immature s'appuie naturellement sur celui de l'adulte pour retrouver sécurité et équilibre. En gros, ton propre apaisement va devenir le signal de sécurité dont ton enfant a besoin pour s'apaiser à son tour. D'ado à adulte, j'aimerais poser l'hypothèse que le temps particulier peut offrir d'une façon un peu détournée un bénéfice assez similaire. Je connais pas mal de parents, moi compris, qui ont remarqué que tard le soir, le week-end, quand la pression de l'école et de la journée est retombée, leur ado arrive plus facilement à parler, et longtemps. Alors, ses parents veillent un peu plus tard. attendent que leur enfant rentre, les invitent à regarder la fin d'un film, à manger un petit quelque chose ou simplement à s'installer sur leur lit. Et c'est souvent là que la conversation peut enfin recommencer. Plus ces rendez-vous seront ancrés, plus les comportements mal ajustés diminueront. Et mieux, cette fameuse régulation émotionnelle pourra se faire chez ton enfant et ton ado, et chez toi aussi, parent ou prof. Cet épisode de podcast a j'espère permis de répondre à certaines de tes questions. Mais on a peut-être également soulevé d'autres. Notamment, ok Sophie, tu es bien sympa, mais du coup tu considères que tout le travail d'apprentissage de régulation émotionnelle doit se faire essentiellement à la maison, quitte de l'école ou du collège. Alors, je ne suis pas prof, et j'ai donc une compétence limitée sur ce terrain-là. En revanche, je peux parler d'outils ou d'initiatives et de programmes dont le succès est prouvé, et qui sont à la fois aidants pour les profs et les élèves, et donc leur famille. En tant que parent et formatrice en NN, ce sont vraiment des outils que je recommanderais vivement. Je t'en propose trois. Le premier, c'est le dispositif Réconciliation, lancé il y a une dizaine d'années par Jérémy Fontagneux. Je te mets le lien vers une interview chez Radio France que tu trouveras en commentaire de mes podcasts. En gros, la méthode Réconciliation nous rappelle une chose essentielle. Quand les adultes, parents et enseignants travaillent main dans la main, avec constance et bienveillance, les ados retrouvent confiance, motivation et envie d'apprendre. Concrètement, ça passe par un protocole très simple. Un appel aux parents dès la rentrée, un petit bilan chaque semaine envoyé aux familles par texto et une vraie cohérence d'adultes autour de l'élève. La seconde chose que je peux te proposer, c'est évidemment les groupes de soutien pour les profs du collège. Être prof, c'est extrêmement dur. Mais autant je n'ai rien à dire sur le contenu des cours de mes enfants, autant je suis sidérée. par l'absence de soutien mental et émotionnel qui est en général fourni aux équipes de profs. Ils le méritent tellement. Alors ça, c'est un élément que je pense être primordial si on veut développer chez les profs une vraie écoute des élèves. La troisième piste dont j'aimerais te parler... Ce sont des choses très très concrètes qui ont été mises en place notamment en Grande-Bretagne à travers le programme Learning Together qui a été mis en place auprès des 11-16 ans. Cette expérience a été menée dans 40 collèges anglais sur 3 ans entre 2014 et 2017 dans le cadre d'un essai contrôlé et randomisé. Il visait à améliorer le climat scolaire en formant élèves et enseignants à la résolution de conflits, à la justice réparatrice et à la co-construction de règles de vie. Le programme a inclué des ateliers de dialogue, des cercles de parole et la création d'un groupe mixte élèves-profs dans chacun des établissements. Résultat, une baisse significative des exclusions temporaires, une réduction des comportements violents et une amélioration du bien-être mental chez les élèves. Ce programme montre qu'un climat scolaire apaisé se construit dans la collaboration, pas dans la punition. Voilà, il y a certainement d'autres choix d'initiatives en France que je ne connais pas encore. Si tu es prof ou que tu es parent de collégiens et que tu as entendu parler des pratiques qui fonctionnent bien,

Description

Est-ce qu’on apprend vraiment à un enfant ou un ado à réguler ses émotions en le punissant pour les avoir exprimées trop fort ?
Est-ce qu’on l’aide à faire mieux… ou est-ce qu’on lui demande juste de se taire ?

Dans cet épisode, je t’invite à explorer avec moi une autre manière de voir les "débordements" émotionnels des enfants et des ados.
Pas pour excuser, mais pour comprendre. Pas pour tout laisser passer, mais pour accompagner différemment.

Je partage aussi pourquoi, même nous les adultes, on a besoin d’un espace pour déposer nos émotions — pour ne pas les faire payer à nos enfants.


🎧 Clique sur play : c’est un épisode lucide, et porteur d’espoir, pour tous ceux, parents et enseignants qui veulent transmettre à leurs enfants des compétences émotionnelles… sans passer par la peur.



🎁 Et toi, tu régules comment les émotions dans ta famille ? Viens le découvrir avec mon quiz gratuit : https://www.handinhandparentingavecsophie.com/quiz


🤓 Pour assister à mes prochaines formations : https://www.handinhandparentingavecsophie.com/actualite


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

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Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul et puis de fil en aiguille, j'ai pris la connaissance de la communauté de soutien RENINEL. Aujourd'hui, je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast, Hand in Hand avec Sophie, je te raconte ma vie, moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Il y a une nouvelle qui m'a vraiment interrogé ces derniers jours. Dans le collège de mes enfants, trois enfants sont passés en conseil de discipline et ont été renvoyés. Un quatrième est sur la sellette et le cinquième ne devrait pas faire long feu dans l'établissement l'année prochaine, si j'en crois les rumeurs. A chaque fois que j'ai demandé à mon fils la raison des renvois, il m'a dit le plus sérieusement du monde « Bah en fait, ils n'arrivent pas très bien à réguler leurs émotions » . Évidemment, ça m'a fait un peu sourire, mais ça m'a aussi attristé car c'est effectivement la conclusion que le corps enseignant et nous aussi parents, nous tirons chaque fois qu'un enfant a une réaction de non-respect ou un comportement mal ajusté ou débordant. Et il ne sait pas bien réguler ses émotions. Qu'un adulte ne sache pas réguler ses émotions en public et prenne pour cible à notre adulte physiquement ou verbalement, là, je comprends tout à fait qu'on rentre dans une logique de sanction. Quand il s'agit d'un enfant de 11 ans, très suivi par ses parents, scolarisé dans un établissement plutôt tranquille, je pense qu'il convient quand même de regarder de plus près ce qui se passe. Et du même coup, de s'interroger sur ce qu'on n'entend pas. réguler émotionnellement, que ce soit pour nous adultes ou pour nos enfants et nos ados. Alors, c'est de ça que j'aimerais parler dans cet épisode de podcast, de la régulation émotionnelle, de ce que ça veut dire vraiment et de la façon dont, en effet, ça se travaille chez les adultes, chez les enfants et nos ados. Il y a une sorte d'eldorado du bon parent que l'on retrouve souvent sur les réseaux sociaux, dans certains livres de parentalité et dans les médias, et qui serait qu'il ne faut jamais perdre son calme, en général, et certainement pas devant ses enfants. Oui, puisque s'énerver face à ses enfants ne fait en général qu'empirer la situation, et pour nous, et pour nos enfants. Belle théorie. Dans les faits, et je pense que tu le sais très bien, cette vision est totalement irréaliste face à la façon dont nous fonctionnons. Réagir face à quelque chose qui nous apparaît comme dépassant les limites de l'acceptable pour nous, en soi, c'est sain. Ça veut dire que l'on est connecté en quelque sorte avec nos sentiments, même nos sentiments désagréables. Être régulé émotionnellement ne veut pas dire garder son calme en permanence. Ça veut plutôt dire qu'il y aura des périodes où on sera plus en mode furax et des périodes où on sera peut-être plus en mode tristesse que d'autres. Mais gardons en tête qu'aucun humain ne peut être dans un mode où il n'est traversé par aucune émotion désagréable. Je m'imagine les émotions comme une sorte de graphe sur lequel l'imaginaire populaire voudrait nous faire croire qu'il faudrait qu'on soit toujours sur une ligne horizontale plate, alors que la réalité est qu'on oscille en permanence autour de cette ligne et que tant que ces oscillations ne sont pas trop amples, quand on se retrouve en public ou face à nos enfants, alors en soi c'est ok. On a même tendance à diaboliser cette dérégulation émotionnelle. Mais est-ce qu'on peut revenir 5 minutes sur ce dont il s'agit vraiment ? Quand on est dérégulé, c'est avant tout le signal qu'il y a en nous cette énergie émotionnelle que d'une... Une façon ou d'une autre, il faudrait mieux évacuer. Et ça c'est vrai, quel que soit notre âge. Que l'on soit le prof excédé par les impertinences ou le non-respect verbal d'un collégien, le parent qui se sent provoqué par son ado quand il rentre du collège et se montre irrespectueux, ou quand on est le collégien qui se sent non-écouté ou déconnecté dans un système qui semble le déconsidérer. Un enfant qui est ultra calme en permanence, ou un parent-prof qui reste en permanence calme, genre encéphalogramme plat, devant une situation émotionnellement chargée, vraiment il faut se poser la question est-ce qu'il ne s'agit pas tout simplement d'une dissociation ? Une dissociation rapidement ça veut dire que la personne se coupe intérieurement de ses émotions un peu comme si elle se mettait en mode pilote automatique pour ne pas ressentir la tension ou la difficulté émotionnelle du moment. C'est une façon inconsciente de se protéger quand la situation devient trop lourde à gérer, que le cerveau décide de mettre une sorte de pause émotionnelle. Du coup, ce calme apparent n'est pas forcément un signe que tout va bien, mais plutôt un signal qu'il y a quelque chose de profond à écouter et accompagner avec douceur. Je me rappelle d'un moment de rester écouté offert à un de mes petits garçons, quand il était vraiment tout jeune et que j'étais très très fatiguée suite à la naissance de son petit frère. Effectivement, je n'avais quasiment plus d'énergie. J'étais relativement impassible face à sa colère, que je tentais d'écouter avec le peu de capacité qu'il me restait. Je me rappellerai toujours de mon petit bonhomme qui me dit « Mais maman, pourquoi tu dis rien là, c'est horrible ! » Bref, ça fait cet effet quand on est dissocié. Donc, à retenir, un parent ou un enfant ou un prof qui est tout le temps calme, c'est pas forcément super bon signe. Ça peut vouloir dire qu'on est sur la pente de la dissociation. Alors du coup, on fait quoi pour se réguler émotionnellement et apprendre à se réguler émotionnellement ? D'abord, laisse-moi te décrire toutes les choses qui vont être potentiellement inefficaces. La première chose qui ne va pas marcher, ça va être si tu confonds régulation émotionnelle et suppression émotionnelle. C'est ce concept qui consiste à juste mettre notre tête dans le sable ou un couvercle sur nos émotions ou celle de nos enfants et d'attendre que ça passe. C'est évidemment bien moins pénible que d'assister à une scène. Pourtant, et ça aussi tu le sais si tu écoutes mes podcasts, si tu dénies tes émotions ou les supprimes, elles ressortiront. Autrement, et par des moyens parfois bien détournés. Tu sais, c'est ton petit 5 ans qui va faire un scandale car le coin de son biscuit est cassé. Alors que la vraie raison de sa colère, c'est potentiellement le fait que, toute la journée, dans sa classe de moyenne section, la remplaçante de sa maîtresse ne s'est pas vraiment occupée de lui et que ça a été dur pour lui toute la journée. Il n'a rien dit, sur le coup, car personne n'était là pour l'écouter, et il se lâche à la maison sur la première chose qui ne va pas. En temps normal, il serait passé outre. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et ça explose. Pour un ado, ça peut être plus sophistiqué. Ça peut être une décision consciente de ne pas respecter une heure de retour de sortie car elle sait que d'une certaine façon, s'inquièterait son entourage et que vu la discussion musclée qu'il a eue avec sa prof de français suite à son comportement en cours aujourd'hui, ça leur fera une bonne leçon à tous ces adultes qui ne comprennent rien à sa vie. Et pour toi adulte, si tu ne digères pas tes émotions liées à tes enfants par exemple, en temps et en heure, il y a des chances... Ça génère une frustration ou un comportement inadéquat par rapport à ton conjoint ou tes collègues par exemple. Je crois qu'on a tous quelques exemples à notre actif de ce genre de mécanisme. La seconde chose qui ne va pas fonctionner va être la punition. L'idée derrière la punition est une vision comportementaliste des choses qui consiste à dire si tu ne te comportes pas avec respect, alors je te punis. Stimuli. Réaction ? Mouais. Sauf que comme le répète à l'envie Patty Whipflur, la fondatrice de l'approche parentale henninène, nos enfants ne sont ni des rats ni des pigeons. Autrement dit, ils sont un peu plus que les animaux tels que les psychologues comportementalistes commençaient à les observer au début du XXe siècle. Alors, autant les psychologues s'en sont vite rendus compte, autant notre système éducatif est plus lent à intégrer. La punition la plus classique. en milieu scolaire va être la retenue. Or, le problème avec la retenue, c'est qu'elle ne se base sur aucun fondement scientifique. Pire, elle aggrave la situation concernant la régulation émotionnelle, entre autres. Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de te parler des travaux d'une chercheuse en linguistique à l'université de Leeds. Elle s'appelle Ruth Payne et elle a publié en 2015 dans la revue Educational Review ses résultats. Elle a mené une étude qualitative et quantitative auprès de 1500 collégiens et lycéens de la tranche d'âge 11-16 ans. dans plusieurs établissements au Royaume-Uni, en combinant questionnaires et entretiens sur leurs expériences des retenues scolaires. Elle a analysé comment ces sanctions étaient perçues à leur impact sur le comportement des élèves. Ce qui ressort de son étude, tout d'abord, c'est que les retenues sont perçues comme inefficaces. Les élèves ne comprennent pas pourquoi ils sont punis, ils disent que cela ne les aide pas à s'améliorer ou à mieux se comporter. Et beaucoup vivent la sanction comme humiliante, injuste ou arbitraire. En second lieu, ces retenues créent du ressentiment. Merci. Au lieu de générer du respect, les retenues abîment la relation entre enseignants et élèves. Les élèves développent du cynisme et une sorte de résistance passive. Ils viennent à reculons ou cherchent à éviter l'adulte. Un autre problème avec les retenues, c'est qu'elles ne règlent pas les causes des comportements. Les retenues punissent le comportement, mais n'aident pas l'élève à comprendre, réguler ou réparer. Je ne peux m'empêcher de raconter le fou rire nerveux dont j'ai été saisie quand un de mes garçons me raconta qu'en heure de retenue, un servant lui avait demandé de recopier un texte sur les bonnes manières, jusque là, pourquoi pas, mais en écrivant les consonnes en rouge et les voyelles en bleu. Ça m'a laissé complètement sans voix. Que ce soit à cause de la stupide idée de la consigne ou le manque absolu d'objectifs pédagogiques, mais surtout à cause de l'humiliation à faire faire ce genre de travail. Tout me semblait à côté de la plaque. Enfin, dernier problème avec les retenues, les élèves récidivent fréquemment. Pour une majorité des élèves interrogés, la retenue n'a aucun effet sur leur comportement futur. Combien de fois ai-je entendu mes enfants raconter les exploits d'un de leurs camarades qui fièrement annonçait avoir dépassé je ne sais quel palier de nombre d'heures de retenue alors même que le premier mois de la rentrée scolaire n'était pas écoulé ? Bon, alors attention, je sais que le collège n'est pas le monde des bisounours. Bien sûr, parfois il faut des conséquences. Il y a des moments où un élève peut être tellement perturbateur qu'il faut le sortir de la classe. Mais ça doit rester vraiment la dernière option. L'important c'est de savoir quand et comment poser cette limite et surtout ne pas faire de la retenue ou de la punition le gouvernail pour diriger une classe. La troisième chose qui ne va pas marcher serait d'intellectualiser ses émotions. Juste en parler ne va pas être efficace. C'est ce qui se passe quand le prof excédé convoque l'élève, même à un moment plus calme, pour lui rappeler le règlement, ses engagements, et lui dire « tu ne recommences pas ce comportement, c'est compris » . De la même façon, juste en parler avec son enfant pour décrypter le pourquoi de sa réaction, ou bien décrypter avec un autre adulte, thérapeute ou non, le pourquoi de sa réaction, ne sera pas d'une grande aide. Cette sorte de bavardage qu'on se fait aussi souvent à soi-même peut même entraîner une sorte d'effet domino dans lequel on va repasser encore et encore en boucle les mêmes pensées sans jamais avoir le sentiment de se sortir du problème. Il y a dans certains collèges le concept de contrat de comportement qui est un document que le professeur principal peut inviter les parents et l'élève perturbateur à venir signer et qui rappelle l'engagement de l'élève à observer les règlements intérieurs. L'idée en soi est louable, mais... Si ce contrat ne déclenche qu'une discussion de surface pour revenir sur les comportements déplacés de l'enfant et pour lui dire « tu ne recommences pas, c'est compris, sous-entendu, sinon tu ne restes pas dans notre établissement » , alors là c'est encore une occasion ratée. Quand un enfant a les mêmes soucis de comportement en classe de la maternelle au collège, ou peut-être certains que la seule approche qui a été mise en place pour l'accompagner a été une intellectualisation avec parfois un système de récompense ou de punition qui ponctuellement... a permis d'apporter une certaine accalmie dans ses dérégulations émotionnelles. Ou sinon, c'est qu'autre chose a été mis en place, qui a fait un bien fou à l'enfant, et qui a permis d'aboutir à un changement de comportement exemplaire de la part de l'enfant. Et ça, je te le décrypte tout de suite. Je vais commencer par une anecdote. En CM2, quand mon fils arrive dans sa nouvelle école après une année de CM1 qui s'était achevée par la démission de sa maîtresse, après une année difficile pour elle, je m'attends à ce que les choses soient compliquées pour lui. Nouvel environnement, nouveaux copains à se faire, nouveau système d'enseignement, lacunes scolaires. Mais après plusieurs mois, je suis surprise de constater que les choses se passent étonnamment bien. Quand je rencontre sa maîtresse, je comprends immédiatement. La qualité de la relation qu'elle a nouée avec chacun des enfants de sa classe est impressionnante. Les enfants l'apprécient, la respectent énormément, prennent plaisir à venir en classe et progressent. Mon fils, qui n'avait pas couvert toute une partie du programme de CM1, rattrape son retard en un clin d'œil. Je suis impressionnée. L'année se termine avec un talent show, durant lequel chaque enfant de la classe est invité à se produire devant l'école et on sent vraiment à quel point la maîtresse est attachée à nourrir et à faire grandir le talent unique de chacun des enfants de sa classe. Fast forward, mon fils rentre en 6ème. Première semaine, égale première heure de retenue. Fin du premier trimestre, égale première convocation avec le prof principal. Motif, comportement inadapté. Mes enfants ne sont pas parfaits, soit. Ça, je suis bien passée pour savoir. Je suis en revanche étonnée de voir à quel point, durant le rendez-vous avec mon fils et son prof, on est dans une légique de confrontation. Et ça ne me plaît pas. Les menaces tombent. Si le comportement ne s'améliore pas, alors... Le reste de l'année de 6e se passe dans cette atmosphère qui n'est pas franchement agréable, ni pour moi, ni pour le prof, ni pour mon fils. Alors, que s'est-il passé entre cette année de CM2 assez idyllique et cette année de 6e catastrophique du point de vue du comportement ? Oui, le comportement de mon fils était mal ajusté. Impossible de dire le contraire. Après la quasi-totalité de la scolarité passée dans un système anglo-saxon où la prise de parole spontanée est hautement encouragée, le fait de devoir lever la main et d'assister à des cours plutôt de type magistraux a été un ajustement compliqué pour mon fils. D'ailleurs, si le sujet t'intéresse, je parle de ces problématiques d'ajustement dans le super podcast de Anne-Fleur French Expat qui vient de sortir. Mais pourquoi l'ajustement ne s'est pas bien fait ? Pourquoi a-t-il soudainement perdu ses capacités de régulation émotionnelle, mon petit loup ? Et cela, que ce soit en cours ou même à la maison, où son comportement s'est clairement dégradé avec ses frères et soeurs notamment. J'ai identifié trois éléments qui pour moi expliquent ce comportement et qui du même coup sont fondamentaux dans l'apprentissage de la régulation émotionnelle. Le premier élément, c'est que pour pouvoir être régulé au niveau de ses émotions, il faut pouvoir les ressentir pleinement et les évacuer. Or, la condition primordiale pour que cela ait lieu, c'est de se sentir en lien avec un autre adulte et en sécurité. Mon hypothèse avait toujours été que, tant qu'en tant que parent, il m'est possible d'écouter mon fils suffisamment à la maison, à travers notamment l'outil Restez Écouté de Hand in Hand, alors tout devrait bien se passer, même si les choses à l'école étaient difficiles. Malheureusement, l'escalade de complications au collège a été exponentielle face au temps de disponibles que j'avais accordé à mon fils. Oui, il y a une part de regret ici, mais j'aurais adoré avoir plus de temps pour lui raccorder des petits temps particuliers pour renouer avec lui. Malheureusement, la pré-adolescence pointait le bout de son nez, et il a fallu réajuster ses rendez-vous régulièrement qu'on avait, et cela s'est pas fait correctement, par manque de disponibilité de ma part. Mon second regret aura été qu'au niveau du collège, peu d'enseignants sont formés à cette sorte d'écoute, et comprennent l'importance de la connexion avec leurs élèves. Il a évidemment des profs extraordinaires qui ont été top pour mon fils, mais quand je vois le plaisir qu'il prend à venir saluer son instinct de CM de temps en temps, je pense qu'il est assez nostalgique d'une qualité de lien qu'il a un peu perdue. Le second élément, c'est que ces comportements débordants qui surviennent chez les enfants ou les adultes sont perçus comme des choses ennuyeuses à traiter, qui font perdre du temps à la classe, qui nous empêchent d'avancer, qui nous font culpabiliser de mal faire. Or, on oublie beaucoup que ces comportements débordants sont avant tout des signaux et c'est probablement le message le plus important de cet épisode de podcast. Quand les règles sont clairement posées, que ce soit à la maison ou bien à l'école, alors un comportement débordant est à vous tout un signal que quelque chose ne tourne pas rond. Quand un enfant déraille un peu dans son comportement, je m'imagine toujours que c'est un peu comme s'il y avait écrit « à l'aide » sur son front. Évidemment, il ne peut pas le dire à voix haute, mais toutes ces stratégies sont des appels à l'aide maladroites pour qu'on vienne le désembourber. Je rêve d'une société où un enfant qui provoque, qui parle mal, crie irrespectueux soient perçus avant tout comme un enfant en souffrance à aider et non comme un enfant odieux à punir. Le troisième élément, il est simple. Au quotidien, nos émotions passent régulièrement par des montagnes russes. Alors oui, se sentir écouté pour pouvoir les évacuer, comprendre qu'il s'agit d'un signal, d'un feedback de quelque chose qui ne va pas c'est important. Mais moi je propose aussi d'être proactif. N'attends pas que le problème arrive et que ton enfant ou toi soyez dérégulé pour agir. Il y a une hygiène émotionnelle qui me semble essentielle, au grand comme au petit. C'est cette idée d'avoir des rendez-vous réguliers pour pouvoir faire un travail émotionnel avec un autre adulte. D'adulte à adulte, ça s'appelle un partenariat d'écoute. Et tu peux aller écouter les épisodes de mon podcast 10, 11, 12 ou 13 où j'en parle. Mieux tu seras toi régulé et plus ton enfant le sera aussi. C'est ce que nous apprend le concept de co-régulation. Notre calme, notre ton de voix, notre posture, notre capacité à rester présent émotionnellement servent de repère au système nerveux de l'enfant ou de l'ado, qui encore immature s'appuie naturellement sur celui de l'adulte pour retrouver sécurité et équilibre. En gros, ton propre apaisement va devenir le signal de sécurité dont ton enfant a besoin pour s'apaiser à son tour. D'ado à adulte, j'aimerais poser l'hypothèse que le temps particulier peut offrir d'une façon un peu détournée un bénéfice assez similaire. Je connais pas mal de parents, moi compris, qui ont remarqué que tard le soir, le week-end, quand la pression de l'école et de la journée est retombée, leur ado arrive plus facilement à parler, et longtemps. Alors, ses parents veillent un peu plus tard. attendent que leur enfant rentre, les invitent à regarder la fin d'un film, à manger un petit quelque chose ou simplement à s'installer sur leur lit. Et c'est souvent là que la conversation peut enfin recommencer. Plus ces rendez-vous seront ancrés, plus les comportements mal ajustés diminueront. Et mieux, cette fameuse régulation émotionnelle pourra se faire chez ton enfant et ton ado, et chez toi aussi, parent ou prof. Cet épisode de podcast a j'espère permis de répondre à certaines de tes questions. Mais on a peut-être également soulevé d'autres. Notamment, ok Sophie, tu es bien sympa, mais du coup tu considères que tout le travail d'apprentissage de régulation émotionnelle doit se faire essentiellement à la maison, quitte de l'école ou du collège. Alors, je ne suis pas prof, et j'ai donc une compétence limitée sur ce terrain-là. En revanche, je peux parler d'outils ou d'initiatives et de programmes dont le succès est prouvé, et qui sont à la fois aidants pour les profs et les élèves, et donc leur famille. En tant que parent et formatrice en NN, ce sont vraiment des outils que je recommanderais vivement. Je t'en propose trois. Le premier, c'est le dispositif Réconciliation, lancé il y a une dizaine d'années par Jérémy Fontagneux. Je te mets le lien vers une interview chez Radio France que tu trouveras en commentaire de mes podcasts. En gros, la méthode Réconciliation nous rappelle une chose essentielle. Quand les adultes, parents et enseignants travaillent main dans la main, avec constance et bienveillance, les ados retrouvent confiance, motivation et envie d'apprendre. Concrètement, ça passe par un protocole très simple. Un appel aux parents dès la rentrée, un petit bilan chaque semaine envoyé aux familles par texto et une vraie cohérence d'adultes autour de l'élève. La seconde chose que je peux te proposer, c'est évidemment les groupes de soutien pour les profs du collège. Être prof, c'est extrêmement dur. Mais autant je n'ai rien à dire sur le contenu des cours de mes enfants, autant je suis sidérée. par l'absence de soutien mental et émotionnel qui est en général fourni aux équipes de profs. Ils le méritent tellement. Alors ça, c'est un élément que je pense être primordial si on veut développer chez les profs une vraie écoute des élèves. La troisième piste dont j'aimerais te parler... Ce sont des choses très très concrètes qui ont été mises en place notamment en Grande-Bretagne à travers le programme Learning Together qui a été mis en place auprès des 11-16 ans. Cette expérience a été menée dans 40 collèges anglais sur 3 ans entre 2014 et 2017 dans le cadre d'un essai contrôlé et randomisé. Il visait à améliorer le climat scolaire en formant élèves et enseignants à la résolution de conflits, à la justice réparatrice et à la co-construction de règles de vie. Le programme a inclué des ateliers de dialogue, des cercles de parole et la création d'un groupe mixte élèves-profs dans chacun des établissements. Résultat, une baisse significative des exclusions temporaires, une réduction des comportements violents et une amélioration du bien-être mental chez les élèves. Ce programme montre qu'un climat scolaire apaisé se construit dans la collaboration, pas dans la punition. Voilà, il y a certainement d'autres choix d'initiatives en France que je ne connais pas encore. Si tu es prof ou que tu es parent de collégiens et que tu as entendu parler des pratiques qui fonctionnent bien,

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