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# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ? cover
# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ? cover
Hand in Hand Parenting avec Sophie

# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ?

# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ?

15min |11/07/2025
Play
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Hand in Hand Parenting avec Sophie

# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ?

# 37 Frères et sœurs en tension : et si tu arrêtais (juste un instant) de vouloir que ça s’arrange au plus vite ?

15min |11/07/2025
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Description

Dans l’approche Hand in Hand, on parle souvent de mettre de côté son agenda intérieur. De lâcher prise sur l’idée que l’on va "réparer" son enfant, ou que tout va rentrer dans l’ordre… à condition de bien faire les choses.

Et pourtant, parfois, on a des objectifs très forts pour eux. On veut qu’ils soient heureux. Qu’ils s’entendent bien. Qu’ils arrêtent de se hurler dessus ou de s’ignorer royalement.

Cette année, j’ai moi-même été mise à l’épreuve sur ce sujet… et pas qu’un peu. Deux de mes fils, d’ordinaire très complices, se sont soudainement transformés en colocataires silencieux. Et malgré tous mes efforts, toutes mes doses de connexion, tous mes plans pour améliorer les choses… rien. Silence radio, glacial, pesant.

Alors, je me suis accrochée à ce que je savais : les outils d’écoute fonctionnent, même quand on ne comprend pas tout. Et surtout, j’ai découvert à quel point la patience et la foi dans le processus sont essentielles.

Dans cet épisode, je t’emmène avec moi dans cette histoire. Une histoire longue, pleine de doutes, de craquages… mais aussi de petits miracles, de reconnections timides, de soirées jeux de société, et de moments où tout change, sans qu’on sache pourquoi ni comment.

Si toi aussi tu te demandes "Mais pourquoi ils ne s’entendent pas ces enfants alors qu’on a tout fait bien ?", ou si tu te sens découragée de ne pas voir les résultats aussi vite que tu le voudrais… cet épisode est pour toi.

Installe-toi bien. On va parler d’agenda intérieur, de temps émotionnel, et surtout de ce qui se passe quand on continue d’y croire… même quand rien ne semble bouger.


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

🎙️ Hand in Hand Parenting avec Sophie
🔗 www.handinhandparentingavecsophie.com
📸 Instagram : @handinhandavecsophie
📩 Mail : hello@handinhandparentingavecsophie.com



Études citées dans cet épisode :

The influence of sibling relationship quality on emotional distress from adolescence to early midlife

 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38386384/


Relationships between parenting style and sibling conflicts: A meta-analysis

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36081719/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul, et puis de fil en aiguille, j'ai fait la connaissance de la communauté de soutien Hand in Hand.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast Hand in Hand avec Sophie,

  • Speaker #1

    Tara, ma vie,

  • Speaker #0

    moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne, et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche, et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier, que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi, pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Cette année a mis ma patience à dure épreuve sur un sujet que je n'avais pas vraiment vu venir, les relations au sein de la fratrie chez mes enfants. En début d'année, j'ai observé un changement radical dans la relation de mes deux fils. Si pendant l'été ils avaient été aussi complices que d'habitude, passant des heures à inventer des jeux dans leur chambre, à rigoler comme des bossus dans le jardin et à couler des jours de vacances heureux ensemble, à la rentrée des classes, la tension était devenue telle que j'avais vraiment l'impression qu'ils étaient devenus des sortes de colocs qui se font la gueule. Ils vivaient dans la même maison, allaient dans le même collège, avaient quasiment les mêmes profs, mais ne s'adressaient juste plus la parole. Cela m'énervait d'autant plus qu'ayant une seule année de différence et fréquentant le même collège, ils auraient pu s'échanger énormément de bons tuyaux pour se faciliter la vie. Et donc savoir pourquoi, d'un coup, du moins ce qu'il me semblait, la relation de mes garçons était devenue glaciale devenait de la plus haute importance. Mais je n'en avais aucune idée. J'ai passé des heures à perdre du temps à me demander si c'est nous les parents qui avions fait quelque chose de mal, si leur environnement était devenu d'un coup tout pourri avec des nouveaux copains moins ouf, une nouvelle équipe de profs avec laquelle les choses n'étaient pas très smooth, ou si c'était leurs activités extrascolaires, ou si c'était le reste de la famille, et si, et si, et si, et si. J'ai évalué mille hypothèses, seule, avec mon conjoint, en partenaire d'écoute, mais rien à faire. Je n'arrivais pas à connaître l'origine de ce changement de comportement. Ce constat m'a bien saoulée. Et en même temps, j'ai admis, après 5 ans à essayer de percer les secrets de l'approche parentale Hand in Hand, qu'au fond, se faire une raison quand en fait que je ne trouverai jamais la cause ultime de la guerre froide déclarée entre mes fils était sans doute d'une grande sagesse. Oui, ça peut te sembler bizarre voire totalement contre-intuitif, mais mettre en œuvre des outils d'écoute quand le comportement de tes enfants est maladroit ou inapproprié peut se faire même si tu n'as aucune idée de ce qu'il a généré en premier lieu. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans l'approche indiennaine, on va considérer que l'enfant d'une part ne sait peut-être pas non plus d'où vient son déclencheur, ça peut être une série d'événements, une résurgence, un souvenir passé déclenché par Dieu sait quoi, et d'autre part, il possède en lui, entre guillemets, la capacité à guérir de ce moment compliqué à partir du moment où un adulte peut l'accompagner de façon adéquate. Alors oui, je te l'accorde, c'est un parti pris. C'est une conviction qui s'inscrit dans la pensée des approches dites humanistes, dont est issue l'approche indienne. Au début, moi qui suis maladivement rationnelle, j'ai eu le sentiment d'avaler une couleuf quand on m'a dit ça. Mais finalement, expérience après expérience, j'ai réalisé que ce lâcher prise était finalement très libérateur et surtout très efficace. Et c'est exactement de ça dont j'ai envie de te parler dans ce nouvel épisode de podcast. Donc, je te peins la situation. D'un côté deux frères dans une fratrie de cinq qui ne se parlent plus, qui quand ils se retrouvent tout seuls à la table du petit déjeuner ne s'adressent même pas la parole pour se dire bonjour, même le passement SL n'est plus prononcé. Et de l'autre, une maman qui se ronge les seins et se demande ce qu'elle a fait au ciel pour que ses fils s'entendent aussi mal. J'ai accepté au bout de quelques mois et après pas mal d'heures d'écoute grâce à ma partenaire d'écoute que je ne saurais jamais pourquoi. Mais je n'ai pas accepté que la situation perdure en revanche. Et j'étais déterminée à ce que mes fils se rabibochent. J'avais donc un projet émotionnel bien clair pour eux. qu'aussi rapidement que possible tout retourne à la normale. Mais, mais, mais... Quand on a une envie trop forte pour nos enfants, souvent les choses capotent. L'exemple le plus classique c'est quand ton enfant a un comportement tout pourri et que tu te dis ah bah nickel je vais interposer une bonne petite limite et boum grâce au rester écouté derrière tout ira mieux et après coche la bonne option il dormira mieux, il restera à prêter ses jeux, il arrêtera d'insulter tout le monde à la maison, il sera enfin agréable à l'école etc etc Quand ton enfant sent que tu as ce genre d'objectif pour lui, son sixième sens le détecte à des kilomètres et ça peut parfois même faire empirer la situation présente et la rendre encore plus compliquée. Pour coller aux préconisations aninennes, j'ai décidé d'appliquer une idée très simple et extrêmement logique. Si mes enfants ne s'entendaient pas bien, il suffisait qu'ils reçoivent de ma part une double dose de connexion, de moi ou de la part de leur papa bien sûr, chacun. A terme, comme la connexion à chacun de leurs parents serait plus forte et que Croisant les doigts, nous aurions sans doute réussi à les débarrasser de quelques points de tension au passage à travers des moments de rester écouté et de complicité grâce au jeu écoute. Le tour serait joué. Petite interlude, si jamais les termes de rester écouté et de jeu écoute ne te parlent pas, je t'invite à écouter les épisodes précédents de mon podcast, notamment le deuxième et le 26ème, où je te dévoile toutes les subtilités à travers des exemples tirés de mon expérience de maman et de formatrice en in-hand. Mais reprenons. Ma logique me semblait implacable. Et rien ne semblait pouvoir contrecarrer ce plan imparable, totalement aligné avec ce que Han In-Han préconise dans ces cas-là. Me voilà donc partie avec ce projet ambitieux d'augmenter les doses de Temps Particuliers, de me créer plus de temps en tête à tête avec chacun de mes garçons, de me montrer plus présente dans le quotidien pour eux, etc. Mon souci, c'est que je ne vois, après quelques mois, aucune amélioration. Les hostilités froides continuent. Et cela pèse toujours autant sur notre famille. Je crois que cela pesait surtout sur ma conception de la famille et des relations frères et soeurs. Pour moi, il était impensable que mes enfants grandissent en étant indifférents, voire hostiles à leurs propres frères et soeurs. Je voyais à quel point mes frères et soeurs avaient été et restaient toujours importants pour moi, et je voulais vraiment qu'ils puissent expérimenter et profiter du même soutien. En plus, j'avais eu le malheur d'être tombée sur une étude longitudinale, publiée en 2024 par Family Transition Project, qui a suivi pendant 20 ans environ 300 duos de frères et soeurs entre 15 et 31 ans. Leur conclusion indiquait que des liens chaleureux à 23 ans prédisaient moins d'anxiété et de dépression à 41 ans, tandis qu'une hostilité persistante en augmentait ses risques. Autant te dire qu'il m'importait vraiment que mes enfants s'entendent bien. Un week-end, que les guerres de tranchées et les petites paroles blessantes se sont enchaînées, je deviens très amère sur le sujet. Je craque et je dis tout haut en plein de jeunesse à mes enfants ce que je pense tout bas. En gros à quel point je trouve ça crétin qu'ils ne soient pas foutus de s'entendre ensemble, que ça nous bouffe, que ça gangrène notre famille et que franchement ils sont couillons. Et devine quoi ? Ah bah ça n'a rien changé, évidemment. Je dirais même que ça les a peut-être renforcés dans leur position, tant les arguments que j'avançais leur semblaient déconnectés de leurs problématiques à eux, que de toute façon j'avais un peu abandonné en terme de décryptage. C'est comme si le fossé s'était encore élargi entre nous. Quand un enfant sent que nous, parents, sommes déçus par eux, c'est une grosse grosse punition et je ne pense pas qu'on le réalise suffisamment. Bref, c'était la fin des haricots. Les mois passèrent, ma frustration se transformait en résignation. Mon envie de me reconnecter mieux et plus souvent avec eux diminuait lentement mais sûrement. Et chaque semaine, prise dans mon quotidien, ce sujet devenait un sujet de déception pour moi qui rongeait mon frein. Clairement, je laissais les choses évoluer comme elles pouvaient, me forçant, je vais être honnête, à entretenir cette connexion avec chacun d'entre eux. Je ne compte pas le nombre de petits déjeuners pris entre mes deux fils sans que l'un ne regarde ni n'adresse la parole à l'autre. Et moi, essayant de me comporter l'air enjoué alors qu'intérieurement je bouillais de voix leur attitude d'indifférence absolue l'un envers l'autre. Et pourtant... En sous-marin, quelque chose se passait. Je ne peux pas dire quoi. Mais voici qu'en février, mon fils reçoit pour son anniversaire un jeu de société, qu'il adore et avec lequel il a beaucoup joué avec son frère tout l'été précédent. Et voilà que deux jours après, je les retrouve tous les deux, à jouer, à se parler, bref, à revivre comme deux frères normaux. Je vais être honnête, j'avais quasiment les larmes aux yeux en voyant ça. Mais ce réchauffement dans les relations diplomatiques de mes deux fils n'a pas fait long feu. Au bout d'une heure, les énervements mutuels ont repris le dessus. Le jeu s'est terminé en noeuds de boudin et les deux frérots ont retrouvé chacun leur chambre, porte fermée, claquée devrais-je dire, et visée retournée avec le visage, fermée aussi, absorbée chacun dans un manga qu'ils avaient déjà lu mille fois. Raté, j'ai pensé. Quelques semaines après, je me rends compte que, doucement mais sûrement, mes deux fils s'entendent au final mieux entre eux qu'avec leurs autres petits frères. Un signe qui ne trompe pas, ils s'autorisent mutuellement à ce que chacun rentre dans la chambre de l'autre pour y chercher des livres, chose impensable quelques mois plus tôt. En bonne maman qui raisonne trop, et qui soupçonnent toujours le pire, je me demande quel accord tacite ils ont passé entre eux et qu'est-ce que ça peut bien induire de toxiques dans leurs règles de fonctionnement. Mais non, je me fais des films, la glace est juste en train de se fissurer. Les vacances arrivent. Mes enfants se retrouvent avec leur petit frère 10 jours en vacances avec moi. Ma version des vacances en solo avec mes enfants est très simple. Peu d'activités organisées pour eux, mais une maison cosy, des repas chaleureux, un grand terrain pour jouer au foot et des petits moments de connexion adulte-enfant parsemés dans toute la journée. Bref, mes enfants n'ont pas d'autre choix que de jouer ensemble. Et là, le miracle se reproduit. Une fois, deux fois, trois fois. Et puis c'est maintenant tous les soirs qu'ils se font des soirées jeux de société à deux. Et c'est tous les matins qu'ils... coachent ensemble leurs petits frères au métier de gardien de foot, et c'est à tour de rôle qu'ils viennent cuisiner avec moi, et ce sans se forcer ni hurler. Alors évidemment rien ne se fait sans heure. Il a fallu instaurer quelques règles. Ils peuvent s'entraîner au foot ensemble et se faire des passes, mais s'ils lancent un match, l'enjeu est très grand, les émotions aussi, alors il y a obligation d'y avoir un adulte avec eux pour réguler les gestes un peu trop violents. Mais à part ça, et les quelques moments immanquables où je suis arrivée trop tard, les choses sont redevenues fluides, incroyablement normales, et je m'en réjouis. Cela aura pris près de 11 mois. La maman qui réfléchit trop s'imagine parfois déjà que la rentrée des classes pourrait remettre en l'air la chouette relation qu'ils ont retrouvée, et leur envie de jouer ensemble et de rigoler bêtement comme de bons pré-ados qu'ils sont. Mais je ne crois pas. Et j'aime à penser qu'il y a un truc qui est toujours là, même dormant, et qui s'exprime d'une façon qui m'est tout simplement étrangère. Les leçons que j'ai tirées de cette longue, trop longue histoire, et celles que je voudrais partager avec toi sont finalement très simples. La première leçon, c'est celle que j'ai aveuglement suivie tout au long de ces 11 mois. C'est que, en prérequis absolu, si tes enfants ne s'entendent pas comme tu le souhaiterais, tu as tout à gagner de leur offrir une éducation de type démocratique. A savoir, pour faire simple, l'approche parentale indienne. Tu n'as rien à perdre à faire ça. Absolument rien. J'ai toujours cette image du réservoir d'amour. L'amitié entre frères et sœurs ne peut vraiment fleurir que si tu leur remplis leur réservoir d'amour à chacun régulièrement. Et si cette conviction est ma boussole depuis de nombreuses années, sache que Heninen n'est pas seul à le dire. J'ai envie de te citer une autre étude, qui cette fois est une méta-analyse dans laquelle les auteurs passent en revue 16 études représentant un total de plus de 14 000 enfants et ont examiné l'effet des styles parentaux sur les conflits entre frères et sœurs. Leur conclusion est la suivante. Le style autoritaire bienveillant, appelé techniquement démocratique et qui correspond typiquement à l'approche Hand in Hand, réduit nettement les conflits. A l'inverse, Les styles négligents, permissifs ou autoritaires stricts sont associés à une augmentation des conflits. Je te mets le lien de ces études dans les notes de podcast. La deuxième leçon à retenir, c'est que la leçon de morale en mode « mais vous êtes frère bordel » est d'une infinie bêtise. Elle culpabilise, elle ralentit toute tentative qui était sans doute en cours. Si cette leçon tu veux vraiment la faire, fais-la à ton partenaire d'écoute. Que dis-je ? Joue-la à ton partenaire d'écoute. Demande-lui de jouer le rôle de tes enfants et lâche tout ce que tu aimerais leur dire. Mais que à lui. Tes enfants n'ont rien à gagner de t'entendre à le faire, alors que toi tu as tout à gagner de te débarrasser de cette tension. Ils le savent tes enfants, ils le savent ce qu'ils doivent faire. Eux aussi ils aimeraient bien que ça se passe. Bien. A aucun moment ils ne se sont consultés en mode « comment on pourrait mieux saouler maman ? » . La troisième leçon enfin, et c'est clairement ce qui m'a manqué, c'est de garder patience et de garder la foi quant au fait que les changements arriveront. Ça c'est vraiment quelque chose que j'ai zappé. Je voulais que tout s'améliore, là, maintenant, tout de suite, suivant le calendrier que moi j'avais fixé. A tel point que j'ai mis un temps fou à voir les choses qui en soi se passaient bien, ou mieux. J'ai pointé en permanence tout leur manquement à la politesse la plus élémentaire entre deux êtres humains, sans voir tous les petits services qu'ils se rendaient en fait au quotidien quand je n'étais pas là. Et surtout, je n'ai à aucun moment imaginé qu'il faudrait plus de temps pour avoir un retour à la normale. Il y a une évidence qui m'est apparue en regardant mes enfants s'enthousiasmer devant le PSG l'autre soir, et commentant à deux voix le match. personne, personne ne peut prédire le temps qu'il faudra pour que les relations s'améliorent. Là dessus on n'a aucune prise. En revanche, là où tu as une prise, c'est sur le fait de garder la foi quant au fait qu'il est possible et qu'il reste possible que les choses s'améliorent. On a l'habitude de dire chez Han In-Han qu'il est important de mettre son agenda intérieur sur pause quand on sent un comportement compliqué chez son enfant. Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Ça veut plutôt dire que tout en ouvrant un projet émotionnel, via lequel on va travailler en particulier sur un sujet déterminé avec un enfant, en lui proposant double voie triple dose d'écoute, on n'a pas la main sur le délai précis à partir duquel les choses iront mieux. Et laisser partir cette notion de calendrier est certes dur, mais paradoxalement permet d'accélérer l'arrivée des améliorations. Tu as peut-être observé chez tes enfants plus petits comme des batailles du quotidien n'ont plus eu lieu d'être quand tu as changé ton attitude de contrôle, de menace pour une écoute et un accompagnement bienveillant. Mon exemple préféré est l'enfilage de chaussures pour partir à l'école le matin chez mon petit quatrième. Quand je suis passé du centre éternel, maintenant tu mets tes chaussures. Ah juste lui prendre la main et me mettre à côté de lui pendant qu'il les enfilait, tout s'est fluidifié pour lui comme pour moi. Et sans que je m'en aperçoive ni que je puisse précisément situer quand le switch a eu lieu, le problème de chaussures n'en a plus été un et les chaussures sont maintenant enfilées en temps et en heure sans que je ne m'en préoccupe le matin. Alors en conclusion, si jamais l'histoire se répète et avec 5 enfants et 2 adultes j'ai calculé que nous avons 21 combinaisons possibles d'embrouilles à devoir potentiellement gérer, je crois que ce sont ces 3 leçons là que je retiendrai. Et peut-être aussi la toute dernière qui est que tout comportement débordant ou inadéquat cache une souffrance. Démarrer avec une attitude de curiosité, d'empathie, d'écoute et d'espérance quant au fait que les choses s'amélioreront est sans doute le meilleur départ à prendre quand on s'engage dans ce genre de projet émotionnel.

Description

Dans l’approche Hand in Hand, on parle souvent de mettre de côté son agenda intérieur. De lâcher prise sur l’idée que l’on va "réparer" son enfant, ou que tout va rentrer dans l’ordre… à condition de bien faire les choses.

Et pourtant, parfois, on a des objectifs très forts pour eux. On veut qu’ils soient heureux. Qu’ils s’entendent bien. Qu’ils arrêtent de se hurler dessus ou de s’ignorer royalement.

Cette année, j’ai moi-même été mise à l’épreuve sur ce sujet… et pas qu’un peu. Deux de mes fils, d’ordinaire très complices, se sont soudainement transformés en colocataires silencieux. Et malgré tous mes efforts, toutes mes doses de connexion, tous mes plans pour améliorer les choses… rien. Silence radio, glacial, pesant.

Alors, je me suis accrochée à ce que je savais : les outils d’écoute fonctionnent, même quand on ne comprend pas tout. Et surtout, j’ai découvert à quel point la patience et la foi dans le processus sont essentielles.

Dans cet épisode, je t’emmène avec moi dans cette histoire. Une histoire longue, pleine de doutes, de craquages… mais aussi de petits miracles, de reconnections timides, de soirées jeux de société, et de moments où tout change, sans qu’on sache pourquoi ni comment.

Si toi aussi tu te demandes "Mais pourquoi ils ne s’entendent pas ces enfants alors qu’on a tout fait bien ?", ou si tu te sens découragée de ne pas voir les résultats aussi vite que tu le voudrais… cet épisode est pour toi.

Installe-toi bien. On va parler d’agenda intérieur, de temps émotionnel, et surtout de ce qui se passe quand on continue d’y croire… même quand rien ne semble bouger.


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

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📸 Instagram : @handinhandavecsophie
📩 Mail : hello@handinhandparentingavecsophie.com



Études citées dans cet épisode :

The influence of sibling relationship quality on emotional distress from adolescence to early midlife

 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38386384/


Relationships between parenting style and sibling conflicts: A meta-analysis

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36081719/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul, et puis de fil en aiguille, j'ai fait la connaissance de la communauté de soutien Hand in Hand.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast Hand in Hand avec Sophie,

  • Speaker #1

    Tara, ma vie,

  • Speaker #0

    moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne, et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche, et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier, que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi, pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Cette année a mis ma patience à dure épreuve sur un sujet que je n'avais pas vraiment vu venir, les relations au sein de la fratrie chez mes enfants. En début d'année, j'ai observé un changement radical dans la relation de mes deux fils. Si pendant l'été ils avaient été aussi complices que d'habitude, passant des heures à inventer des jeux dans leur chambre, à rigoler comme des bossus dans le jardin et à couler des jours de vacances heureux ensemble, à la rentrée des classes, la tension était devenue telle que j'avais vraiment l'impression qu'ils étaient devenus des sortes de colocs qui se font la gueule. Ils vivaient dans la même maison, allaient dans le même collège, avaient quasiment les mêmes profs, mais ne s'adressaient juste plus la parole. Cela m'énervait d'autant plus qu'ayant une seule année de différence et fréquentant le même collège, ils auraient pu s'échanger énormément de bons tuyaux pour se faciliter la vie. Et donc savoir pourquoi, d'un coup, du moins ce qu'il me semblait, la relation de mes garçons était devenue glaciale devenait de la plus haute importance. Mais je n'en avais aucune idée. J'ai passé des heures à perdre du temps à me demander si c'est nous les parents qui avions fait quelque chose de mal, si leur environnement était devenu d'un coup tout pourri avec des nouveaux copains moins ouf, une nouvelle équipe de profs avec laquelle les choses n'étaient pas très smooth, ou si c'était leurs activités extrascolaires, ou si c'était le reste de la famille, et si, et si, et si, et si. J'ai évalué mille hypothèses, seule, avec mon conjoint, en partenaire d'écoute, mais rien à faire. Je n'arrivais pas à connaître l'origine de ce changement de comportement. Ce constat m'a bien saoulée. Et en même temps, j'ai admis, après 5 ans à essayer de percer les secrets de l'approche parentale Hand in Hand, qu'au fond, se faire une raison quand en fait que je ne trouverai jamais la cause ultime de la guerre froide déclarée entre mes fils était sans doute d'une grande sagesse. Oui, ça peut te sembler bizarre voire totalement contre-intuitif, mais mettre en œuvre des outils d'écoute quand le comportement de tes enfants est maladroit ou inapproprié peut se faire même si tu n'as aucune idée de ce qu'il a généré en premier lieu. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans l'approche indiennaine, on va considérer que l'enfant d'une part ne sait peut-être pas non plus d'où vient son déclencheur, ça peut être une série d'événements, une résurgence, un souvenir passé déclenché par Dieu sait quoi, et d'autre part, il possède en lui, entre guillemets, la capacité à guérir de ce moment compliqué à partir du moment où un adulte peut l'accompagner de façon adéquate. Alors oui, je te l'accorde, c'est un parti pris. C'est une conviction qui s'inscrit dans la pensée des approches dites humanistes, dont est issue l'approche indienne. Au début, moi qui suis maladivement rationnelle, j'ai eu le sentiment d'avaler une couleuf quand on m'a dit ça. Mais finalement, expérience après expérience, j'ai réalisé que ce lâcher prise était finalement très libérateur et surtout très efficace. Et c'est exactement de ça dont j'ai envie de te parler dans ce nouvel épisode de podcast. Donc, je te peins la situation. D'un côté deux frères dans une fratrie de cinq qui ne se parlent plus, qui quand ils se retrouvent tout seuls à la table du petit déjeuner ne s'adressent même pas la parole pour se dire bonjour, même le passement SL n'est plus prononcé. Et de l'autre, une maman qui se ronge les seins et se demande ce qu'elle a fait au ciel pour que ses fils s'entendent aussi mal. J'ai accepté au bout de quelques mois et après pas mal d'heures d'écoute grâce à ma partenaire d'écoute que je ne saurais jamais pourquoi. Mais je n'ai pas accepté que la situation perdure en revanche. Et j'étais déterminée à ce que mes fils se rabibochent. J'avais donc un projet émotionnel bien clair pour eux. qu'aussi rapidement que possible tout retourne à la normale. Mais, mais, mais... Quand on a une envie trop forte pour nos enfants, souvent les choses capotent. L'exemple le plus classique c'est quand ton enfant a un comportement tout pourri et que tu te dis ah bah nickel je vais interposer une bonne petite limite et boum grâce au rester écouté derrière tout ira mieux et après coche la bonne option il dormira mieux, il restera à prêter ses jeux, il arrêtera d'insulter tout le monde à la maison, il sera enfin agréable à l'école etc etc Quand ton enfant sent que tu as ce genre d'objectif pour lui, son sixième sens le détecte à des kilomètres et ça peut parfois même faire empirer la situation présente et la rendre encore plus compliquée. Pour coller aux préconisations aninennes, j'ai décidé d'appliquer une idée très simple et extrêmement logique. Si mes enfants ne s'entendaient pas bien, il suffisait qu'ils reçoivent de ma part une double dose de connexion, de moi ou de la part de leur papa bien sûr, chacun. A terme, comme la connexion à chacun de leurs parents serait plus forte et que Croisant les doigts, nous aurions sans doute réussi à les débarrasser de quelques points de tension au passage à travers des moments de rester écouté et de complicité grâce au jeu écoute. Le tour serait joué. Petite interlude, si jamais les termes de rester écouté et de jeu écoute ne te parlent pas, je t'invite à écouter les épisodes précédents de mon podcast, notamment le deuxième et le 26ème, où je te dévoile toutes les subtilités à travers des exemples tirés de mon expérience de maman et de formatrice en in-hand. Mais reprenons. Ma logique me semblait implacable. Et rien ne semblait pouvoir contrecarrer ce plan imparable, totalement aligné avec ce que Han In-Han préconise dans ces cas-là. Me voilà donc partie avec ce projet ambitieux d'augmenter les doses de Temps Particuliers, de me créer plus de temps en tête à tête avec chacun de mes garçons, de me montrer plus présente dans le quotidien pour eux, etc. Mon souci, c'est que je ne vois, après quelques mois, aucune amélioration. Les hostilités froides continuent. Et cela pèse toujours autant sur notre famille. Je crois que cela pesait surtout sur ma conception de la famille et des relations frères et soeurs. Pour moi, il était impensable que mes enfants grandissent en étant indifférents, voire hostiles à leurs propres frères et soeurs. Je voyais à quel point mes frères et soeurs avaient été et restaient toujours importants pour moi, et je voulais vraiment qu'ils puissent expérimenter et profiter du même soutien. En plus, j'avais eu le malheur d'être tombée sur une étude longitudinale, publiée en 2024 par Family Transition Project, qui a suivi pendant 20 ans environ 300 duos de frères et soeurs entre 15 et 31 ans. Leur conclusion indiquait que des liens chaleureux à 23 ans prédisaient moins d'anxiété et de dépression à 41 ans, tandis qu'une hostilité persistante en augmentait ses risques. Autant te dire qu'il m'importait vraiment que mes enfants s'entendent bien. Un week-end, que les guerres de tranchées et les petites paroles blessantes se sont enchaînées, je deviens très amère sur le sujet. Je craque et je dis tout haut en plein de jeunesse à mes enfants ce que je pense tout bas. En gros à quel point je trouve ça crétin qu'ils ne soient pas foutus de s'entendre ensemble, que ça nous bouffe, que ça gangrène notre famille et que franchement ils sont couillons. Et devine quoi ? Ah bah ça n'a rien changé, évidemment. Je dirais même que ça les a peut-être renforcés dans leur position, tant les arguments que j'avançais leur semblaient déconnectés de leurs problématiques à eux, que de toute façon j'avais un peu abandonné en terme de décryptage. C'est comme si le fossé s'était encore élargi entre nous. Quand un enfant sent que nous, parents, sommes déçus par eux, c'est une grosse grosse punition et je ne pense pas qu'on le réalise suffisamment. Bref, c'était la fin des haricots. Les mois passèrent, ma frustration se transformait en résignation. Mon envie de me reconnecter mieux et plus souvent avec eux diminuait lentement mais sûrement. Et chaque semaine, prise dans mon quotidien, ce sujet devenait un sujet de déception pour moi qui rongeait mon frein. Clairement, je laissais les choses évoluer comme elles pouvaient, me forçant, je vais être honnête, à entretenir cette connexion avec chacun d'entre eux. Je ne compte pas le nombre de petits déjeuners pris entre mes deux fils sans que l'un ne regarde ni n'adresse la parole à l'autre. Et moi, essayant de me comporter l'air enjoué alors qu'intérieurement je bouillais de voix leur attitude d'indifférence absolue l'un envers l'autre. Et pourtant... En sous-marin, quelque chose se passait. Je ne peux pas dire quoi. Mais voici qu'en février, mon fils reçoit pour son anniversaire un jeu de société, qu'il adore et avec lequel il a beaucoup joué avec son frère tout l'été précédent. Et voilà que deux jours après, je les retrouve tous les deux, à jouer, à se parler, bref, à revivre comme deux frères normaux. Je vais être honnête, j'avais quasiment les larmes aux yeux en voyant ça. Mais ce réchauffement dans les relations diplomatiques de mes deux fils n'a pas fait long feu. Au bout d'une heure, les énervements mutuels ont repris le dessus. Le jeu s'est terminé en noeuds de boudin et les deux frérots ont retrouvé chacun leur chambre, porte fermée, claquée devrais-je dire, et visée retournée avec le visage, fermée aussi, absorbée chacun dans un manga qu'ils avaient déjà lu mille fois. Raté, j'ai pensé. Quelques semaines après, je me rends compte que, doucement mais sûrement, mes deux fils s'entendent au final mieux entre eux qu'avec leurs autres petits frères. Un signe qui ne trompe pas, ils s'autorisent mutuellement à ce que chacun rentre dans la chambre de l'autre pour y chercher des livres, chose impensable quelques mois plus tôt. En bonne maman qui raisonne trop, et qui soupçonnent toujours le pire, je me demande quel accord tacite ils ont passé entre eux et qu'est-ce que ça peut bien induire de toxiques dans leurs règles de fonctionnement. Mais non, je me fais des films, la glace est juste en train de se fissurer. Les vacances arrivent. Mes enfants se retrouvent avec leur petit frère 10 jours en vacances avec moi. Ma version des vacances en solo avec mes enfants est très simple. Peu d'activités organisées pour eux, mais une maison cosy, des repas chaleureux, un grand terrain pour jouer au foot et des petits moments de connexion adulte-enfant parsemés dans toute la journée. Bref, mes enfants n'ont pas d'autre choix que de jouer ensemble. Et là, le miracle se reproduit. Une fois, deux fois, trois fois. Et puis c'est maintenant tous les soirs qu'ils se font des soirées jeux de société à deux. Et c'est tous les matins qu'ils... coachent ensemble leurs petits frères au métier de gardien de foot, et c'est à tour de rôle qu'ils viennent cuisiner avec moi, et ce sans se forcer ni hurler. Alors évidemment rien ne se fait sans heure. Il a fallu instaurer quelques règles. Ils peuvent s'entraîner au foot ensemble et se faire des passes, mais s'ils lancent un match, l'enjeu est très grand, les émotions aussi, alors il y a obligation d'y avoir un adulte avec eux pour réguler les gestes un peu trop violents. Mais à part ça, et les quelques moments immanquables où je suis arrivée trop tard, les choses sont redevenues fluides, incroyablement normales, et je m'en réjouis. Cela aura pris près de 11 mois. La maman qui réfléchit trop s'imagine parfois déjà que la rentrée des classes pourrait remettre en l'air la chouette relation qu'ils ont retrouvée, et leur envie de jouer ensemble et de rigoler bêtement comme de bons pré-ados qu'ils sont. Mais je ne crois pas. Et j'aime à penser qu'il y a un truc qui est toujours là, même dormant, et qui s'exprime d'une façon qui m'est tout simplement étrangère. Les leçons que j'ai tirées de cette longue, trop longue histoire, et celles que je voudrais partager avec toi sont finalement très simples. La première leçon, c'est celle que j'ai aveuglement suivie tout au long de ces 11 mois. C'est que, en prérequis absolu, si tes enfants ne s'entendent pas comme tu le souhaiterais, tu as tout à gagner de leur offrir une éducation de type démocratique. A savoir, pour faire simple, l'approche parentale indienne. Tu n'as rien à perdre à faire ça. Absolument rien. J'ai toujours cette image du réservoir d'amour. L'amitié entre frères et sœurs ne peut vraiment fleurir que si tu leur remplis leur réservoir d'amour à chacun régulièrement. Et si cette conviction est ma boussole depuis de nombreuses années, sache que Heninen n'est pas seul à le dire. J'ai envie de te citer une autre étude, qui cette fois est une méta-analyse dans laquelle les auteurs passent en revue 16 études représentant un total de plus de 14 000 enfants et ont examiné l'effet des styles parentaux sur les conflits entre frères et sœurs. Leur conclusion est la suivante. Le style autoritaire bienveillant, appelé techniquement démocratique et qui correspond typiquement à l'approche Hand in Hand, réduit nettement les conflits. A l'inverse, Les styles négligents, permissifs ou autoritaires stricts sont associés à une augmentation des conflits. Je te mets le lien de ces études dans les notes de podcast. La deuxième leçon à retenir, c'est que la leçon de morale en mode « mais vous êtes frère bordel » est d'une infinie bêtise. Elle culpabilise, elle ralentit toute tentative qui était sans doute en cours. Si cette leçon tu veux vraiment la faire, fais-la à ton partenaire d'écoute. Que dis-je ? Joue-la à ton partenaire d'écoute. Demande-lui de jouer le rôle de tes enfants et lâche tout ce que tu aimerais leur dire. Mais que à lui. Tes enfants n'ont rien à gagner de t'entendre à le faire, alors que toi tu as tout à gagner de te débarrasser de cette tension. Ils le savent tes enfants, ils le savent ce qu'ils doivent faire. Eux aussi ils aimeraient bien que ça se passe. Bien. A aucun moment ils ne se sont consultés en mode « comment on pourrait mieux saouler maman ? » . La troisième leçon enfin, et c'est clairement ce qui m'a manqué, c'est de garder patience et de garder la foi quant au fait que les changements arriveront. Ça c'est vraiment quelque chose que j'ai zappé. Je voulais que tout s'améliore, là, maintenant, tout de suite, suivant le calendrier que moi j'avais fixé. A tel point que j'ai mis un temps fou à voir les choses qui en soi se passaient bien, ou mieux. J'ai pointé en permanence tout leur manquement à la politesse la plus élémentaire entre deux êtres humains, sans voir tous les petits services qu'ils se rendaient en fait au quotidien quand je n'étais pas là. Et surtout, je n'ai à aucun moment imaginé qu'il faudrait plus de temps pour avoir un retour à la normale. Il y a une évidence qui m'est apparue en regardant mes enfants s'enthousiasmer devant le PSG l'autre soir, et commentant à deux voix le match. personne, personne ne peut prédire le temps qu'il faudra pour que les relations s'améliorent. Là dessus on n'a aucune prise. En revanche, là où tu as une prise, c'est sur le fait de garder la foi quant au fait qu'il est possible et qu'il reste possible que les choses s'améliorent. On a l'habitude de dire chez Han In-Han qu'il est important de mettre son agenda intérieur sur pause quand on sent un comportement compliqué chez son enfant. Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Ça veut plutôt dire que tout en ouvrant un projet émotionnel, via lequel on va travailler en particulier sur un sujet déterminé avec un enfant, en lui proposant double voie triple dose d'écoute, on n'a pas la main sur le délai précis à partir duquel les choses iront mieux. Et laisser partir cette notion de calendrier est certes dur, mais paradoxalement permet d'accélérer l'arrivée des améliorations. Tu as peut-être observé chez tes enfants plus petits comme des batailles du quotidien n'ont plus eu lieu d'être quand tu as changé ton attitude de contrôle, de menace pour une écoute et un accompagnement bienveillant. Mon exemple préféré est l'enfilage de chaussures pour partir à l'école le matin chez mon petit quatrième. Quand je suis passé du centre éternel, maintenant tu mets tes chaussures. Ah juste lui prendre la main et me mettre à côté de lui pendant qu'il les enfilait, tout s'est fluidifié pour lui comme pour moi. Et sans que je m'en aperçoive ni que je puisse précisément situer quand le switch a eu lieu, le problème de chaussures n'en a plus été un et les chaussures sont maintenant enfilées en temps et en heure sans que je ne m'en préoccupe le matin. Alors en conclusion, si jamais l'histoire se répète et avec 5 enfants et 2 adultes j'ai calculé que nous avons 21 combinaisons possibles d'embrouilles à devoir potentiellement gérer, je crois que ce sont ces 3 leçons là que je retiendrai. Et peut-être aussi la toute dernière qui est que tout comportement débordant ou inadéquat cache une souffrance. Démarrer avec une attitude de curiosité, d'empathie, d'écoute et d'espérance quant au fait que les choses s'amélioreront est sans doute le meilleur départ à prendre quand on s'engage dans ce genre de projet émotionnel.

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Description

Dans l’approche Hand in Hand, on parle souvent de mettre de côté son agenda intérieur. De lâcher prise sur l’idée que l’on va "réparer" son enfant, ou que tout va rentrer dans l’ordre… à condition de bien faire les choses.

Et pourtant, parfois, on a des objectifs très forts pour eux. On veut qu’ils soient heureux. Qu’ils s’entendent bien. Qu’ils arrêtent de se hurler dessus ou de s’ignorer royalement.

Cette année, j’ai moi-même été mise à l’épreuve sur ce sujet… et pas qu’un peu. Deux de mes fils, d’ordinaire très complices, se sont soudainement transformés en colocataires silencieux. Et malgré tous mes efforts, toutes mes doses de connexion, tous mes plans pour améliorer les choses… rien. Silence radio, glacial, pesant.

Alors, je me suis accrochée à ce que je savais : les outils d’écoute fonctionnent, même quand on ne comprend pas tout. Et surtout, j’ai découvert à quel point la patience et la foi dans le processus sont essentielles.

Dans cet épisode, je t’emmène avec moi dans cette histoire. Une histoire longue, pleine de doutes, de craquages… mais aussi de petits miracles, de reconnections timides, de soirées jeux de société, et de moments où tout change, sans qu’on sache pourquoi ni comment.

Si toi aussi tu te demandes "Mais pourquoi ils ne s’entendent pas ces enfants alors qu’on a tout fait bien ?", ou si tu te sens découragée de ne pas voir les résultats aussi vite que tu le voudrais… cet épisode est pour toi.

Installe-toi bien. On va parler d’agenda intérieur, de temps émotionnel, et surtout de ce qui se passe quand on continue d’y croire… même quand rien ne semble bouger.


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

🎙️ Hand in Hand Parenting avec Sophie
🔗 www.handinhandparentingavecsophie.com
📸 Instagram : @handinhandavecsophie
📩 Mail : hello@handinhandparentingavecsophie.com



Études citées dans cet épisode :

The influence of sibling relationship quality on emotional distress from adolescence to early midlife

 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38386384/


Relationships between parenting style and sibling conflicts: A meta-analysis

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36081719/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul, et puis de fil en aiguille, j'ai fait la connaissance de la communauté de soutien Hand in Hand.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast Hand in Hand avec Sophie,

  • Speaker #1

    Tara, ma vie,

  • Speaker #0

    moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne, et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche, et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier, que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi, pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Cette année a mis ma patience à dure épreuve sur un sujet que je n'avais pas vraiment vu venir, les relations au sein de la fratrie chez mes enfants. En début d'année, j'ai observé un changement radical dans la relation de mes deux fils. Si pendant l'été ils avaient été aussi complices que d'habitude, passant des heures à inventer des jeux dans leur chambre, à rigoler comme des bossus dans le jardin et à couler des jours de vacances heureux ensemble, à la rentrée des classes, la tension était devenue telle que j'avais vraiment l'impression qu'ils étaient devenus des sortes de colocs qui se font la gueule. Ils vivaient dans la même maison, allaient dans le même collège, avaient quasiment les mêmes profs, mais ne s'adressaient juste plus la parole. Cela m'énervait d'autant plus qu'ayant une seule année de différence et fréquentant le même collège, ils auraient pu s'échanger énormément de bons tuyaux pour se faciliter la vie. Et donc savoir pourquoi, d'un coup, du moins ce qu'il me semblait, la relation de mes garçons était devenue glaciale devenait de la plus haute importance. Mais je n'en avais aucune idée. J'ai passé des heures à perdre du temps à me demander si c'est nous les parents qui avions fait quelque chose de mal, si leur environnement était devenu d'un coup tout pourri avec des nouveaux copains moins ouf, une nouvelle équipe de profs avec laquelle les choses n'étaient pas très smooth, ou si c'était leurs activités extrascolaires, ou si c'était le reste de la famille, et si, et si, et si, et si. J'ai évalué mille hypothèses, seule, avec mon conjoint, en partenaire d'écoute, mais rien à faire. Je n'arrivais pas à connaître l'origine de ce changement de comportement. Ce constat m'a bien saoulée. Et en même temps, j'ai admis, après 5 ans à essayer de percer les secrets de l'approche parentale Hand in Hand, qu'au fond, se faire une raison quand en fait que je ne trouverai jamais la cause ultime de la guerre froide déclarée entre mes fils était sans doute d'une grande sagesse. Oui, ça peut te sembler bizarre voire totalement contre-intuitif, mais mettre en œuvre des outils d'écoute quand le comportement de tes enfants est maladroit ou inapproprié peut se faire même si tu n'as aucune idée de ce qu'il a généré en premier lieu. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans l'approche indiennaine, on va considérer que l'enfant d'une part ne sait peut-être pas non plus d'où vient son déclencheur, ça peut être une série d'événements, une résurgence, un souvenir passé déclenché par Dieu sait quoi, et d'autre part, il possède en lui, entre guillemets, la capacité à guérir de ce moment compliqué à partir du moment où un adulte peut l'accompagner de façon adéquate. Alors oui, je te l'accorde, c'est un parti pris. C'est une conviction qui s'inscrit dans la pensée des approches dites humanistes, dont est issue l'approche indienne. Au début, moi qui suis maladivement rationnelle, j'ai eu le sentiment d'avaler une couleuf quand on m'a dit ça. Mais finalement, expérience après expérience, j'ai réalisé que ce lâcher prise était finalement très libérateur et surtout très efficace. Et c'est exactement de ça dont j'ai envie de te parler dans ce nouvel épisode de podcast. Donc, je te peins la situation. D'un côté deux frères dans une fratrie de cinq qui ne se parlent plus, qui quand ils se retrouvent tout seuls à la table du petit déjeuner ne s'adressent même pas la parole pour se dire bonjour, même le passement SL n'est plus prononcé. Et de l'autre, une maman qui se ronge les seins et se demande ce qu'elle a fait au ciel pour que ses fils s'entendent aussi mal. J'ai accepté au bout de quelques mois et après pas mal d'heures d'écoute grâce à ma partenaire d'écoute que je ne saurais jamais pourquoi. Mais je n'ai pas accepté que la situation perdure en revanche. Et j'étais déterminée à ce que mes fils se rabibochent. J'avais donc un projet émotionnel bien clair pour eux. qu'aussi rapidement que possible tout retourne à la normale. Mais, mais, mais... Quand on a une envie trop forte pour nos enfants, souvent les choses capotent. L'exemple le plus classique c'est quand ton enfant a un comportement tout pourri et que tu te dis ah bah nickel je vais interposer une bonne petite limite et boum grâce au rester écouté derrière tout ira mieux et après coche la bonne option il dormira mieux, il restera à prêter ses jeux, il arrêtera d'insulter tout le monde à la maison, il sera enfin agréable à l'école etc etc Quand ton enfant sent que tu as ce genre d'objectif pour lui, son sixième sens le détecte à des kilomètres et ça peut parfois même faire empirer la situation présente et la rendre encore plus compliquée. Pour coller aux préconisations aninennes, j'ai décidé d'appliquer une idée très simple et extrêmement logique. Si mes enfants ne s'entendaient pas bien, il suffisait qu'ils reçoivent de ma part une double dose de connexion, de moi ou de la part de leur papa bien sûr, chacun. A terme, comme la connexion à chacun de leurs parents serait plus forte et que Croisant les doigts, nous aurions sans doute réussi à les débarrasser de quelques points de tension au passage à travers des moments de rester écouté et de complicité grâce au jeu écoute. Le tour serait joué. Petite interlude, si jamais les termes de rester écouté et de jeu écoute ne te parlent pas, je t'invite à écouter les épisodes précédents de mon podcast, notamment le deuxième et le 26ème, où je te dévoile toutes les subtilités à travers des exemples tirés de mon expérience de maman et de formatrice en in-hand. Mais reprenons. Ma logique me semblait implacable. Et rien ne semblait pouvoir contrecarrer ce plan imparable, totalement aligné avec ce que Han In-Han préconise dans ces cas-là. Me voilà donc partie avec ce projet ambitieux d'augmenter les doses de Temps Particuliers, de me créer plus de temps en tête à tête avec chacun de mes garçons, de me montrer plus présente dans le quotidien pour eux, etc. Mon souci, c'est que je ne vois, après quelques mois, aucune amélioration. Les hostilités froides continuent. Et cela pèse toujours autant sur notre famille. Je crois que cela pesait surtout sur ma conception de la famille et des relations frères et soeurs. Pour moi, il était impensable que mes enfants grandissent en étant indifférents, voire hostiles à leurs propres frères et soeurs. Je voyais à quel point mes frères et soeurs avaient été et restaient toujours importants pour moi, et je voulais vraiment qu'ils puissent expérimenter et profiter du même soutien. En plus, j'avais eu le malheur d'être tombée sur une étude longitudinale, publiée en 2024 par Family Transition Project, qui a suivi pendant 20 ans environ 300 duos de frères et soeurs entre 15 et 31 ans. Leur conclusion indiquait que des liens chaleureux à 23 ans prédisaient moins d'anxiété et de dépression à 41 ans, tandis qu'une hostilité persistante en augmentait ses risques. Autant te dire qu'il m'importait vraiment que mes enfants s'entendent bien. Un week-end, que les guerres de tranchées et les petites paroles blessantes se sont enchaînées, je deviens très amère sur le sujet. Je craque et je dis tout haut en plein de jeunesse à mes enfants ce que je pense tout bas. En gros à quel point je trouve ça crétin qu'ils ne soient pas foutus de s'entendre ensemble, que ça nous bouffe, que ça gangrène notre famille et que franchement ils sont couillons. Et devine quoi ? Ah bah ça n'a rien changé, évidemment. Je dirais même que ça les a peut-être renforcés dans leur position, tant les arguments que j'avançais leur semblaient déconnectés de leurs problématiques à eux, que de toute façon j'avais un peu abandonné en terme de décryptage. C'est comme si le fossé s'était encore élargi entre nous. Quand un enfant sent que nous, parents, sommes déçus par eux, c'est une grosse grosse punition et je ne pense pas qu'on le réalise suffisamment. Bref, c'était la fin des haricots. Les mois passèrent, ma frustration se transformait en résignation. Mon envie de me reconnecter mieux et plus souvent avec eux diminuait lentement mais sûrement. Et chaque semaine, prise dans mon quotidien, ce sujet devenait un sujet de déception pour moi qui rongeait mon frein. Clairement, je laissais les choses évoluer comme elles pouvaient, me forçant, je vais être honnête, à entretenir cette connexion avec chacun d'entre eux. Je ne compte pas le nombre de petits déjeuners pris entre mes deux fils sans que l'un ne regarde ni n'adresse la parole à l'autre. Et moi, essayant de me comporter l'air enjoué alors qu'intérieurement je bouillais de voix leur attitude d'indifférence absolue l'un envers l'autre. Et pourtant... En sous-marin, quelque chose se passait. Je ne peux pas dire quoi. Mais voici qu'en février, mon fils reçoit pour son anniversaire un jeu de société, qu'il adore et avec lequel il a beaucoup joué avec son frère tout l'été précédent. Et voilà que deux jours après, je les retrouve tous les deux, à jouer, à se parler, bref, à revivre comme deux frères normaux. Je vais être honnête, j'avais quasiment les larmes aux yeux en voyant ça. Mais ce réchauffement dans les relations diplomatiques de mes deux fils n'a pas fait long feu. Au bout d'une heure, les énervements mutuels ont repris le dessus. Le jeu s'est terminé en noeuds de boudin et les deux frérots ont retrouvé chacun leur chambre, porte fermée, claquée devrais-je dire, et visée retournée avec le visage, fermée aussi, absorbée chacun dans un manga qu'ils avaient déjà lu mille fois. Raté, j'ai pensé. Quelques semaines après, je me rends compte que, doucement mais sûrement, mes deux fils s'entendent au final mieux entre eux qu'avec leurs autres petits frères. Un signe qui ne trompe pas, ils s'autorisent mutuellement à ce que chacun rentre dans la chambre de l'autre pour y chercher des livres, chose impensable quelques mois plus tôt. En bonne maman qui raisonne trop, et qui soupçonnent toujours le pire, je me demande quel accord tacite ils ont passé entre eux et qu'est-ce que ça peut bien induire de toxiques dans leurs règles de fonctionnement. Mais non, je me fais des films, la glace est juste en train de se fissurer. Les vacances arrivent. Mes enfants se retrouvent avec leur petit frère 10 jours en vacances avec moi. Ma version des vacances en solo avec mes enfants est très simple. Peu d'activités organisées pour eux, mais une maison cosy, des repas chaleureux, un grand terrain pour jouer au foot et des petits moments de connexion adulte-enfant parsemés dans toute la journée. Bref, mes enfants n'ont pas d'autre choix que de jouer ensemble. Et là, le miracle se reproduit. Une fois, deux fois, trois fois. Et puis c'est maintenant tous les soirs qu'ils se font des soirées jeux de société à deux. Et c'est tous les matins qu'ils... coachent ensemble leurs petits frères au métier de gardien de foot, et c'est à tour de rôle qu'ils viennent cuisiner avec moi, et ce sans se forcer ni hurler. Alors évidemment rien ne se fait sans heure. Il a fallu instaurer quelques règles. Ils peuvent s'entraîner au foot ensemble et se faire des passes, mais s'ils lancent un match, l'enjeu est très grand, les émotions aussi, alors il y a obligation d'y avoir un adulte avec eux pour réguler les gestes un peu trop violents. Mais à part ça, et les quelques moments immanquables où je suis arrivée trop tard, les choses sont redevenues fluides, incroyablement normales, et je m'en réjouis. Cela aura pris près de 11 mois. La maman qui réfléchit trop s'imagine parfois déjà que la rentrée des classes pourrait remettre en l'air la chouette relation qu'ils ont retrouvée, et leur envie de jouer ensemble et de rigoler bêtement comme de bons pré-ados qu'ils sont. Mais je ne crois pas. Et j'aime à penser qu'il y a un truc qui est toujours là, même dormant, et qui s'exprime d'une façon qui m'est tout simplement étrangère. Les leçons que j'ai tirées de cette longue, trop longue histoire, et celles que je voudrais partager avec toi sont finalement très simples. La première leçon, c'est celle que j'ai aveuglement suivie tout au long de ces 11 mois. C'est que, en prérequis absolu, si tes enfants ne s'entendent pas comme tu le souhaiterais, tu as tout à gagner de leur offrir une éducation de type démocratique. A savoir, pour faire simple, l'approche parentale indienne. Tu n'as rien à perdre à faire ça. Absolument rien. J'ai toujours cette image du réservoir d'amour. L'amitié entre frères et sœurs ne peut vraiment fleurir que si tu leur remplis leur réservoir d'amour à chacun régulièrement. Et si cette conviction est ma boussole depuis de nombreuses années, sache que Heninen n'est pas seul à le dire. J'ai envie de te citer une autre étude, qui cette fois est une méta-analyse dans laquelle les auteurs passent en revue 16 études représentant un total de plus de 14 000 enfants et ont examiné l'effet des styles parentaux sur les conflits entre frères et sœurs. Leur conclusion est la suivante. Le style autoritaire bienveillant, appelé techniquement démocratique et qui correspond typiquement à l'approche Hand in Hand, réduit nettement les conflits. A l'inverse, Les styles négligents, permissifs ou autoritaires stricts sont associés à une augmentation des conflits. Je te mets le lien de ces études dans les notes de podcast. La deuxième leçon à retenir, c'est que la leçon de morale en mode « mais vous êtes frère bordel » est d'une infinie bêtise. Elle culpabilise, elle ralentit toute tentative qui était sans doute en cours. Si cette leçon tu veux vraiment la faire, fais-la à ton partenaire d'écoute. Que dis-je ? Joue-la à ton partenaire d'écoute. Demande-lui de jouer le rôle de tes enfants et lâche tout ce que tu aimerais leur dire. Mais que à lui. Tes enfants n'ont rien à gagner de t'entendre à le faire, alors que toi tu as tout à gagner de te débarrasser de cette tension. Ils le savent tes enfants, ils le savent ce qu'ils doivent faire. Eux aussi ils aimeraient bien que ça se passe. Bien. A aucun moment ils ne se sont consultés en mode « comment on pourrait mieux saouler maman ? » . La troisième leçon enfin, et c'est clairement ce qui m'a manqué, c'est de garder patience et de garder la foi quant au fait que les changements arriveront. Ça c'est vraiment quelque chose que j'ai zappé. Je voulais que tout s'améliore, là, maintenant, tout de suite, suivant le calendrier que moi j'avais fixé. A tel point que j'ai mis un temps fou à voir les choses qui en soi se passaient bien, ou mieux. J'ai pointé en permanence tout leur manquement à la politesse la plus élémentaire entre deux êtres humains, sans voir tous les petits services qu'ils se rendaient en fait au quotidien quand je n'étais pas là. Et surtout, je n'ai à aucun moment imaginé qu'il faudrait plus de temps pour avoir un retour à la normale. Il y a une évidence qui m'est apparue en regardant mes enfants s'enthousiasmer devant le PSG l'autre soir, et commentant à deux voix le match. personne, personne ne peut prédire le temps qu'il faudra pour que les relations s'améliorent. Là dessus on n'a aucune prise. En revanche, là où tu as une prise, c'est sur le fait de garder la foi quant au fait qu'il est possible et qu'il reste possible que les choses s'améliorent. On a l'habitude de dire chez Han In-Han qu'il est important de mettre son agenda intérieur sur pause quand on sent un comportement compliqué chez son enfant. Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Ça veut plutôt dire que tout en ouvrant un projet émotionnel, via lequel on va travailler en particulier sur un sujet déterminé avec un enfant, en lui proposant double voie triple dose d'écoute, on n'a pas la main sur le délai précis à partir duquel les choses iront mieux. Et laisser partir cette notion de calendrier est certes dur, mais paradoxalement permet d'accélérer l'arrivée des améliorations. Tu as peut-être observé chez tes enfants plus petits comme des batailles du quotidien n'ont plus eu lieu d'être quand tu as changé ton attitude de contrôle, de menace pour une écoute et un accompagnement bienveillant. Mon exemple préféré est l'enfilage de chaussures pour partir à l'école le matin chez mon petit quatrième. Quand je suis passé du centre éternel, maintenant tu mets tes chaussures. Ah juste lui prendre la main et me mettre à côté de lui pendant qu'il les enfilait, tout s'est fluidifié pour lui comme pour moi. Et sans que je m'en aperçoive ni que je puisse précisément situer quand le switch a eu lieu, le problème de chaussures n'en a plus été un et les chaussures sont maintenant enfilées en temps et en heure sans que je ne m'en préoccupe le matin. Alors en conclusion, si jamais l'histoire se répète et avec 5 enfants et 2 adultes j'ai calculé que nous avons 21 combinaisons possibles d'embrouilles à devoir potentiellement gérer, je crois que ce sont ces 3 leçons là que je retiendrai. Et peut-être aussi la toute dernière qui est que tout comportement débordant ou inadéquat cache une souffrance. Démarrer avec une attitude de curiosité, d'empathie, d'écoute et d'espérance quant au fait que les choses s'amélioreront est sans doute le meilleur départ à prendre quand on s'engage dans ce genre de projet émotionnel.

Description

Dans l’approche Hand in Hand, on parle souvent de mettre de côté son agenda intérieur. De lâcher prise sur l’idée que l’on va "réparer" son enfant, ou que tout va rentrer dans l’ordre… à condition de bien faire les choses.

Et pourtant, parfois, on a des objectifs très forts pour eux. On veut qu’ils soient heureux. Qu’ils s’entendent bien. Qu’ils arrêtent de se hurler dessus ou de s’ignorer royalement.

Cette année, j’ai moi-même été mise à l’épreuve sur ce sujet… et pas qu’un peu. Deux de mes fils, d’ordinaire très complices, se sont soudainement transformés en colocataires silencieux. Et malgré tous mes efforts, toutes mes doses de connexion, tous mes plans pour améliorer les choses… rien. Silence radio, glacial, pesant.

Alors, je me suis accrochée à ce que je savais : les outils d’écoute fonctionnent, même quand on ne comprend pas tout. Et surtout, j’ai découvert à quel point la patience et la foi dans le processus sont essentielles.

Dans cet épisode, je t’emmène avec moi dans cette histoire. Une histoire longue, pleine de doutes, de craquages… mais aussi de petits miracles, de reconnections timides, de soirées jeux de société, et de moments où tout change, sans qu’on sache pourquoi ni comment.

Si toi aussi tu te demandes "Mais pourquoi ils ne s’entendent pas ces enfants alors qu’on a tout fait bien ?", ou si tu te sens découragée de ne pas voir les résultats aussi vite que tu le voudrais… cet épisode est pour toi.

Installe-toi bien. On va parler d’agenda intérieur, de temps émotionnel, et surtout de ce qui se passe quand on continue d’y croire… même quand rien ne semble bouger.


💫 Si ce podcast te plaît, pense à lui laisser ★★★★★ sur ta plateforme d’écoute préférée !
Ça m’aide énormément à le faire connaître auprès d’autres parents, grands-parents, enseignant·es et pros de la petite enfance & de la santé.
Et surtout… ça me donne envie de continuer à créer plein de nouveaux épisodes pour toi 💛

🎙️ Hand in Hand Parenting avec Sophie
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Études citées dans cet épisode :

The influence of sibling relationship quality on emotional distress from adolescence to early midlife

 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38386384/


Relationships between parenting style and sibling conflicts: A meta-analysis

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36081719/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hand in hand, ça veut dire main dans la main. C'est le nom de l'approche parentale que j'ai découverte à la naissance de mon petit dernier. J'en ai testé les outils d'abord seul, et puis de fil en aiguille, j'ai fait la connaissance de la communauté de soutien Hand in Hand.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    je suis formatrice à cette approche parentale, tout comme 180 autres parents et professionnels de santé et éducateurs à travers le monde. Dans ce podcast Hand in Hand avec Sophie,

  • Speaker #1

    Tara, ma vie,

  • Speaker #0

    moi, Sophie, ma vie de maman, mes anecdotes perso, mes rencontres avec les parents que j'accompagne, et tout le réseau de soutien que je me suis forgé ces cinq dernières années. Je suis tombée complètement par hasard sur cette approche, et j'ai été tellement dégoûtée de la découvrir seulement à la naissance de mon petit dernier, que je me suis promise d'en parler le plus possible autour de moi, pour qu'un maximum de parents puissent en bénéficier. et puissent aussi se créer le réseau de soutien qu'ils méritent pour avancer au quotidien avec leur famille. Alors c'est parti pour une nouvelle anecdote dans cet épisode. Et si tu veux en savoir plus, rendez-vous sur mon site internet sur indianparentingavecsofie.com pour retrouver toutes les infos sur les formations que je te propose.

  • Speaker #1

    Cette année a mis ma patience à dure épreuve sur un sujet que je n'avais pas vraiment vu venir, les relations au sein de la fratrie chez mes enfants. En début d'année, j'ai observé un changement radical dans la relation de mes deux fils. Si pendant l'été ils avaient été aussi complices que d'habitude, passant des heures à inventer des jeux dans leur chambre, à rigoler comme des bossus dans le jardin et à couler des jours de vacances heureux ensemble, à la rentrée des classes, la tension était devenue telle que j'avais vraiment l'impression qu'ils étaient devenus des sortes de colocs qui se font la gueule. Ils vivaient dans la même maison, allaient dans le même collège, avaient quasiment les mêmes profs, mais ne s'adressaient juste plus la parole. Cela m'énervait d'autant plus qu'ayant une seule année de différence et fréquentant le même collège, ils auraient pu s'échanger énormément de bons tuyaux pour se faciliter la vie. Et donc savoir pourquoi, d'un coup, du moins ce qu'il me semblait, la relation de mes garçons était devenue glaciale devenait de la plus haute importance. Mais je n'en avais aucune idée. J'ai passé des heures à perdre du temps à me demander si c'est nous les parents qui avions fait quelque chose de mal, si leur environnement était devenu d'un coup tout pourri avec des nouveaux copains moins ouf, une nouvelle équipe de profs avec laquelle les choses n'étaient pas très smooth, ou si c'était leurs activités extrascolaires, ou si c'était le reste de la famille, et si, et si, et si, et si. J'ai évalué mille hypothèses, seule, avec mon conjoint, en partenaire d'écoute, mais rien à faire. Je n'arrivais pas à connaître l'origine de ce changement de comportement. Ce constat m'a bien saoulée. Et en même temps, j'ai admis, après 5 ans à essayer de percer les secrets de l'approche parentale Hand in Hand, qu'au fond, se faire une raison quand en fait que je ne trouverai jamais la cause ultime de la guerre froide déclarée entre mes fils était sans doute d'une grande sagesse. Oui, ça peut te sembler bizarre voire totalement contre-intuitif, mais mettre en œuvre des outils d'écoute quand le comportement de tes enfants est maladroit ou inapproprié peut se faire même si tu n'as aucune idée de ce qu'il a généré en premier lieu. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans l'approche indiennaine, on va considérer que l'enfant d'une part ne sait peut-être pas non plus d'où vient son déclencheur, ça peut être une série d'événements, une résurgence, un souvenir passé déclenché par Dieu sait quoi, et d'autre part, il possède en lui, entre guillemets, la capacité à guérir de ce moment compliqué à partir du moment où un adulte peut l'accompagner de façon adéquate. Alors oui, je te l'accorde, c'est un parti pris. C'est une conviction qui s'inscrit dans la pensée des approches dites humanistes, dont est issue l'approche indienne. Au début, moi qui suis maladivement rationnelle, j'ai eu le sentiment d'avaler une couleuf quand on m'a dit ça. Mais finalement, expérience après expérience, j'ai réalisé que ce lâcher prise était finalement très libérateur et surtout très efficace. Et c'est exactement de ça dont j'ai envie de te parler dans ce nouvel épisode de podcast. Donc, je te peins la situation. D'un côté deux frères dans une fratrie de cinq qui ne se parlent plus, qui quand ils se retrouvent tout seuls à la table du petit déjeuner ne s'adressent même pas la parole pour se dire bonjour, même le passement SL n'est plus prononcé. Et de l'autre, une maman qui se ronge les seins et se demande ce qu'elle a fait au ciel pour que ses fils s'entendent aussi mal. J'ai accepté au bout de quelques mois et après pas mal d'heures d'écoute grâce à ma partenaire d'écoute que je ne saurais jamais pourquoi. Mais je n'ai pas accepté que la situation perdure en revanche. Et j'étais déterminée à ce que mes fils se rabibochent. J'avais donc un projet émotionnel bien clair pour eux. qu'aussi rapidement que possible tout retourne à la normale. Mais, mais, mais... Quand on a une envie trop forte pour nos enfants, souvent les choses capotent. L'exemple le plus classique c'est quand ton enfant a un comportement tout pourri et que tu te dis ah bah nickel je vais interposer une bonne petite limite et boum grâce au rester écouté derrière tout ira mieux et après coche la bonne option il dormira mieux, il restera à prêter ses jeux, il arrêtera d'insulter tout le monde à la maison, il sera enfin agréable à l'école etc etc Quand ton enfant sent que tu as ce genre d'objectif pour lui, son sixième sens le détecte à des kilomètres et ça peut parfois même faire empirer la situation présente et la rendre encore plus compliquée. Pour coller aux préconisations aninennes, j'ai décidé d'appliquer une idée très simple et extrêmement logique. Si mes enfants ne s'entendaient pas bien, il suffisait qu'ils reçoivent de ma part une double dose de connexion, de moi ou de la part de leur papa bien sûr, chacun. A terme, comme la connexion à chacun de leurs parents serait plus forte et que Croisant les doigts, nous aurions sans doute réussi à les débarrasser de quelques points de tension au passage à travers des moments de rester écouté et de complicité grâce au jeu écoute. Le tour serait joué. Petite interlude, si jamais les termes de rester écouté et de jeu écoute ne te parlent pas, je t'invite à écouter les épisodes précédents de mon podcast, notamment le deuxième et le 26ème, où je te dévoile toutes les subtilités à travers des exemples tirés de mon expérience de maman et de formatrice en in-hand. Mais reprenons. Ma logique me semblait implacable. Et rien ne semblait pouvoir contrecarrer ce plan imparable, totalement aligné avec ce que Han In-Han préconise dans ces cas-là. Me voilà donc partie avec ce projet ambitieux d'augmenter les doses de Temps Particuliers, de me créer plus de temps en tête à tête avec chacun de mes garçons, de me montrer plus présente dans le quotidien pour eux, etc. Mon souci, c'est que je ne vois, après quelques mois, aucune amélioration. Les hostilités froides continuent. Et cela pèse toujours autant sur notre famille. Je crois que cela pesait surtout sur ma conception de la famille et des relations frères et soeurs. Pour moi, il était impensable que mes enfants grandissent en étant indifférents, voire hostiles à leurs propres frères et soeurs. Je voyais à quel point mes frères et soeurs avaient été et restaient toujours importants pour moi, et je voulais vraiment qu'ils puissent expérimenter et profiter du même soutien. En plus, j'avais eu le malheur d'être tombée sur une étude longitudinale, publiée en 2024 par Family Transition Project, qui a suivi pendant 20 ans environ 300 duos de frères et soeurs entre 15 et 31 ans. Leur conclusion indiquait que des liens chaleureux à 23 ans prédisaient moins d'anxiété et de dépression à 41 ans, tandis qu'une hostilité persistante en augmentait ses risques. Autant te dire qu'il m'importait vraiment que mes enfants s'entendent bien. Un week-end, que les guerres de tranchées et les petites paroles blessantes se sont enchaînées, je deviens très amère sur le sujet. Je craque et je dis tout haut en plein de jeunesse à mes enfants ce que je pense tout bas. En gros à quel point je trouve ça crétin qu'ils ne soient pas foutus de s'entendre ensemble, que ça nous bouffe, que ça gangrène notre famille et que franchement ils sont couillons. Et devine quoi ? Ah bah ça n'a rien changé, évidemment. Je dirais même que ça les a peut-être renforcés dans leur position, tant les arguments que j'avançais leur semblaient déconnectés de leurs problématiques à eux, que de toute façon j'avais un peu abandonné en terme de décryptage. C'est comme si le fossé s'était encore élargi entre nous. Quand un enfant sent que nous, parents, sommes déçus par eux, c'est une grosse grosse punition et je ne pense pas qu'on le réalise suffisamment. Bref, c'était la fin des haricots. Les mois passèrent, ma frustration se transformait en résignation. Mon envie de me reconnecter mieux et plus souvent avec eux diminuait lentement mais sûrement. Et chaque semaine, prise dans mon quotidien, ce sujet devenait un sujet de déception pour moi qui rongeait mon frein. Clairement, je laissais les choses évoluer comme elles pouvaient, me forçant, je vais être honnête, à entretenir cette connexion avec chacun d'entre eux. Je ne compte pas le nombre de petits déjeuners pris entre mes deux fils sans que l'un ne regarde ni n'adresse la parole à l'autre. Et moi, essayant de me comporter l'air enjoué alors qu'intérieurement je bouillais de voix leur attitude d'indifférence absolue l'un envers l'autre. Et pourtant... En sous-marin, quelque chose se passait. Je ne peux pas dire quoi. Mais voici qu'en février, mon fils reçoit pour son anniversaire un jeu de société, qu'il adore et avec lequel il a beaucoup joué avec son frère tout l'été précédent. Et voilà que deux jours après, je les retrouve tous les deux, à jouer, à se parler, bref, à revivre comme deux frères normaux. Je vais être honnête, j'avais quasiment les larmes aux yeux en voyant ça. Mais ce réchauffement dans les relations diplomatiques de mes deux fils n'a pas fait long feu. Au bout d'une heure, les énervements mutuels ont repris le dessus. Le jeu s'est terminé en noeuds de boudin et les deux frérots ont retrouvé chacun leur chambre, porte fermée, claquée devrais-je dire, et visée retournée avec le visage, fermée aussi, absorbée chacun dans un manga qu'ils avaient déjà lu mille fois. Raté, j'ai pensé. Quelques semaines après, je me rends compte que, doucement mais sûrement, mes deux fils s'entendent au final mieux entre eux qu'avec leurs autres petits frères. Un signe qui ne trompe pas, ils s'autorisent mutuellement à ce que chacun rentre dans la chambre de l'autre pour y chercher des livres, chose impensable quelques mois plus tôt. En bonne maman qui raisonne trop, et qui soupçonnent toujours le pire, je me demande quel accord tacite ils ont passé entre eux et qu'est-ce que ça peut bien induire de toxiques dans leurs règles de fonctionnement. Mais non, je me fais des films, la glace est juste en train de se fissurer. Les vacances arrivent. Mes enfants se retrouvent avec leur petit frère 10 jours en vacances avec moi. Ma version des vacances en solo avec mes enfants est très simple. Peu d'activités organisées pour eux, mais une maison cosy, des repas chaleureux, un grand terrain pour jouer au foot et des petits moments de connexion adulte-enfant parsemés dans toute la journée. Bref, mes enfants n'ont pas d'autre choix que de jouer ensemble. Et là, le miracle se reproduit. Une fois, deux fois, trois fois. Et puis c'est maintenant tous les soirs qu'ils se font des soirées jeux de société à deux. Et c'est tous les matins qu'ils... coachent ensemble leurs petits frères au métier de gardien de foot, et c'est à tour de rôle qu'ils viennent cuisiner avec moi, et ce sans se forcer ni hurler. Alors évidemment rien ne se fait sans heure. Il a fallu instaurer quelques règles. Ils peuvent s'entraîner au foot ensemble et se faire des passes, mais s'ils lancent un match, l'enjeu est très grand, les émotions aussi, alors il y a obligation d'y avoir un adulte avec eux pour réguler les gestes un peu trop violents. Mais à part ça, et les quelques moments immanquables où je suis arrivée trop tard, les choses sont redevenues fluides, incroyablement normales, et je m'en réjouis. Cela aura pris près de 11 mois. La maman qui réfléchit trop s'imagine parfois déjà que la rentrée des classes pourrait remettre en l'air la chouette relation qu'ils ont retrouvée, et leur envie de jouer ensemble et de rigoler bêtement comme de bons pré-ados qu'ils sont. Mais je ne crois pas. Et j'aime à penser qu'il y a un truc qui est toujours là, même dormant, et qui s'exprime d'une façon qui m'est tout simplement étrangère. Les leçons que j'ai tirées de cette longue, trop longue histoire, et celles que je voudrais partager avec toi sont finalement très simples. La première leçon, c'est celle que j'ai aveuglement suivie tout au long de ces 11 mois. C'est que, en prérequis absolu, si tes enfants ne s'entendent pas comme tu le souhaiterais, tu as tout à gagner de leur offrir une éducation de type démocratique. A savoir, pour faire simple, l'approche parentale indienne. Tu n'as rien à perdre à faire ça. Absolument rien. J'ai toujours cette image du réservoir d'amour. L'amitié entre frères et sœurs ne peut vraiment fleurir que si tu leur remplis leur réservoir d'amour à chacun régulièrement. Et si cette conviction est ma boussole depuis de nombreuses années, sache que Heninen n'est pas seul à le dire. J'ai envie de te citer une autre étude, qui cette fois est une méta-analyse dans laquelle les auteurs passent en revue 16 études représentant un total de plus de 14 000 enfants et ont examiné l'effet des styles parentaux sur les conflits entre frères et sœurs. Leur conclusion est la suivante. Le style autoritaire bienveillant, appelé techniquement démocratique et qui correspond typiquement à l'approche Hand in Hand, réduit nettement les conflits. A l'inverse, Les styles négligents, permissifs ou autoritaires stricts sont associés à une augmentation des conflits. Je te mets le lien de ces études dans les notes de podcast. La deuxième leçon à retenir, c'est que la leçon de morale en mode « mais vous êtes frère bordel » est d'une infinie bêtise. Elle culpabilise, elle ralentit toute tentative qui était sans doute en cours. Si cette leçon tu veux vraiment la faire, fais-la à ton partenaire d'écoute. Que dis-je ? Joue-la à ton partenaire d'écoute. Demande-lui de jouer le rôle de tes enfants et lâche tout ce que tu aimerais leur dire. Mais que à lui. Tes enfants n'ont rien à gagner de t'entendre à le faire, alors que toi tu as tout à gagner de te débarrasser de cette tension. Ils le savent tes enfants, ils le savent ce qu'ils doivent faire. Eux aussi ils aimeraient bien que ça se passe. Bien. A aucun moment ils ne se sont consultés en mode « comment on pourrait mieux saouler maman ? » . La troisième leçon enfin, et c'est clairement ce qui m'a manqué, c'est de garder patience et de garder la foi quant au fait que les changements arriveront. Ça c'est vraiment quelque chose que j'ai zappé. Je voulais que tout s'améliore, là, maintenant, tout de suite, suivant le calendrier que moi j'avais fixé. A tel point que j'ai mis un temps fou à voir les choses qui en soi se passaient bien, ou mieux. J'ai pointé en permanence tout leur manquement à la politesse la plus élémentaire entre deux êtres humains, sans voir tous les petits services qu'ils se rendaient en fait au quotidien quand je n'étais pas là. Et surtout, je n'ai à aucun moment imaginé qu'il faudrait plus de temps pour avoir un retour à la normale. Il y a une évidence qui m'est apparue en regardant mes enfants s'enthousiasmer devant le PSG l'autre soir, et commentant à deux voix le match. personne, personne ne peut prédire le temps qu'il faudra pour que les relations s'améliorent. Là dessus on n'a aucune prise. En revanche, là où tu as une prise, c'est sur le fait de garder la foi quant au fait qu'il est possible et qu'il reste possible que les choses s'améliorent. On a l'habitude de dire chez Han In-Han qu'il est important de mettre son agenda intérieur sur pause quand on sent un comportement compliqué chez son enfant. Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Ça veut plutôt dire que tout en ouvrant un projet émotionnel, via lequel on va travailler en particulier sur un sujet déterminé avec un enfant, en lui proposant double voie triple dose d'écoute, on n'a pas la main sur le délai précis à partir duquel les choses iront mieux. Et laisser partir cette notion de calendrier est certes dur, mais paradoxalement permet d'accélérer l'arrivée des améliorations. Tu as peut-être observé chez tes enfants plus petits comme des batailles du quotidien n'ont plus eu lieu d'être quand tu as changé ton attitude de contrôle, de menace pour une écoute et un accompagnement bienveillant. Mon exemple préféré est l'enfilage de chaussures pour partir à l'école le matin chez mon petit quatrième. Quand je suis passé du centre éternel, maintenant tu mets tes chaussures. Ah juste lui prendre la main et me mettre à côté de lui pendant qu'il les enfilait, tout s'est fluidifié pour lui comme pour moi. Et sans que je m'en aperçoive ni que je puisse précisément situer quand le switch a eu lieu, le problème de chaussures n'en a plus été un et les chaussures sont maintenant enfilées en temps et en heure sans que je ne m'en préoccupe le matin. Alors en conclusion, si jamais l'histoire se répète et avec 5 enfants et 2 adultes j'ai calculé que nous avons 21 combinaisons possibles d'embrouilles à devoir potentiellement gérer, je crois que ce sont ces 3 leçons là que je retiendrai. Et peut-être aussi la toute dernière qui est que tout comportement débordant ou inadéquat cache une souffrance. Démarrer avec une attitude de curiosité, d'empathie, d'écoute et d'espérance quant au fait que les choses s'amélioreront est sans doute le meilleur départ à prendre quand on s'engage dans ce genre de projet émotionnel.

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