- Speaker #0
Le prix de l'énergie, nous on a un avantage concurrentiel et fort en France, c'est qu'on n'a pas de pétrole, on a des idées, mais on a surtout de l'électrique. On se dit que si on pousse et on continue à déployer l'électrique, c'est vraiment des budgets colossaux qui seront réalloués aux différents pays membres et qu'on pourra réinjecter dans telle ou telle chose. Tu as beaucoup de bornes publiques où tu te branches et il te faut 6, 7, 8 heures. Quand les bornes marchent d'ailleurs, ultra rapides, ça se comprend, 15, 20 minutes, ça y est, t'es rechargé. Et c'est ça qui favorise l'adoption du véhicule électrique.
- Speaker #1
Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle LegiWatch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Jean Barilla, secrétaire général en charge des relations institutionnelles de Fastund. Fastund, c'est une entreprise néerlandaise des stations de recharge ultra rapide, 100% renouvelable, qui accélère en France. Aujourd'hui, on parle d'affaires publiques, de souveraineté industrielle et de pédagogie autour de l'électrique. Salut Jean.
- Speaker #0
Bonjour Pierre, merci pour l'invitation.
- Speaker #1
Merci à toi. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose à cette courte description ?
- Speaker #0
Écoute, la même problématique que j'ai rencontrée après six mois dans l'entreprise, c'est la prononciation même de la boîte. Mes collègues me piquent encore un peu et me chatouillent sur le fait que je prononce FastNed et pas FastNed. Et visiblement, je crois qu'on a le même problème, toi et moi. Donc moi, je vais bosser dessus. C'est FastNed pour Netherland. Donc voilà, comme ça, tu l'as et je fais un effort aussi.
- Speaker #1
Merci Jean. Du coup, Jean, tu as travaillé à l'Assemblée, en agence, puis pendant sept ans chez Airbnb avant FastNed. Qu'est-ce qui relie ces expériences ? Comment tu décrirais ton parcours ?
- Speaker #0
Exactement. Pour revenir un tout petit peu en préambule sur la présentation de l'entreprise, si tu le veux bien. Comme tu l'auras compris, Fastnet, c'est une entreprise néerlandaise, donc Fast Netherland. C'est une entreprise pionnière dans la recharge ultra rapide de véhicules électriques en Europe. Elle a été fondée il y a plus d'une dizaine d'années avec une mission simple, mais toujours ambitieuse. C'est permettre à chacun de rouler en électrique sans contrainte partout sur le territoire français et européen puisque l'entreprise est déjà implantée dans plus de... depuis de 8 pays. Et concrètement, si tu veux un exemple assez simple, c'est une station de recharge qui ressemble sensiblement à ce que tu peux retrouver sur les aires d'autoroute, etc. pour le pétrole, mais beaucoup mieux conçue, beaucoup plus jolie, avec une canopée beaucoup plus accueillante. Et bien entendu, nous c'est de l'énergie propre, donc c'est de l'électrique, pas du pétrole. Donc c'est 100% des énergies renouvelables et on a vraiment cet objectif, ce credo qui nous anime depuis le lancement de la boîte, c'est rendre la mobilité électrique accessible, fiable et agréable pour tous. Et juste un petit chiffre, tu vois, tu es à 50 stations actuellement déployées en France et notre objectif d'ici à 2030, c'est d'avoir 1000 stations en Europe.
- Speaker #1
Ça fait une sacrée différence.
- Speaker #0
Ça fait une sacrée différence.
- Speaker #1
Comment on fait alors pour passer de 50 à 1000 ?
- Speaker #0
Eh bien, on se focalise principalement sur le développement du business, sur l'expansion. Donc, il y a des équipes qui travaillent d'arrache-pied dessus. Et puis, tu as une équipe à faire public qui s'efforce justement d'aller faciliter un petit peu le lien entre les collectivités, les élus et bien entendu l'entreprise.
- Speaker #1
Alors justement, ces discussions avec les collectivités, les élus, c'est quelque chose que tu as sûrement déjà fait côté Airbnb. Est-ce qu'il y a des choses que tu réutilises, des façons de faire qui te sont propres ? Comment ça fonctionne ?
- Speaker #0
C'est à mon point, ce que tu disais, c'est quelque chose ou un lien conducteur, un fil d'Ariane qui me lie sur les différentes expériences. Alors, mon expérience lointaine, mais fondatrice à l'Assemblée nationale. Mon expérience chez Airbnb en tant que responsable des affaires publiques pendant plus de 7 ans. Et bien entendu, aujourd'hui, mon rôle de secrétaire général chez FastNode. Il y a vraiment ce fil conducteur dans mon parcours, c'est la médiation entre innovation et régulation. À l'Assemblée nationale ou chez Airbnb, j'ai toujours travaillé de la même manière et sur la façon dont les politiques publiques peuvent accompagner les transformations économiques plutôt que de les subir ou de les freiner. Je pense que ça, c'est un vrai point à garder toujours en tête quand on fait des affaires publiques, c'est faciliter et s'éviter de subir ou freiner justement une réglementation. Chez Airbnb, par exemple, j'ai eu à cœur pendant pas mal d'années de trouver un équilibre entre l'innovation apportée par la plateforme, le produit, et les attentes légitimes des villes, des collectivités, et bien entendu des gens qui se retrouvent sur la plateforme, ou des citoyens plus largement. Et aujourd'hui chez Fastnet, c'est exactement la même logique, je fais en sorte que la révolution électrique soit un succès collectif, et ça, je m'efforce de le faire en alliant l'innovation, l'adoption même de l'usage du véhicule électrique, et bien entendu le lien avec les collectivités. Donc ce qui m'anime pour répondre à ce succinctement à ta question, c'est l'interface entre des mondes qui se comprennent parfois un peu mal. le monde politique et le monde privé, et de créer les conditions propices à un dialogue constructif, de sorte à ce qu'on avance tous ensemble.
- Speaker #1
Comment est-ce que tu contactes les régions ? Est-ce que vous avez des régions prioritaires où tu te dis qu'il faut absolument qu'on ait 200 bornes ici parce qu'il y a un manque ? Comment tu décides d'interagir avec tes contacts ?
- Speaker #0
Alors tu as bien entendu toute une dimension business, c'est la manière dont tu vas faire des projections, des modélisations, de fréquences ou de passages de véhicules électriques, et de se dire que là voilà c'est un endroit qui est hyper propice justement pour installer une station, donc il y a bien entendu ce volet business, ce volet modélisation, et ensuite aussi la manière dont on peut répondre aux demandes des collectivités. Donc moi mon rôle c'est vraiment d'aller travailler sur le terrain auprès des différents élus, auprès des collectivités, que ce soit tout simplement les... des intercos ou alors de grandes métropoles ou même des régions ou des départements en fonction de leurs compétences et de leur demander quels sont vos besoins. Aujourd'hui, il faut favoriser l'adoption du véhicule électrique et ça, ça passe par le déploiement de recharges ultra rapides. Donc, pour répondre une fois plus à ta question, le volet business en interne, on réfléchit là où c'est le plus propice de nous installer et de développer notre réseau. Et le deuxième point, c'est comment justement on peut répondre aux demandes des collectivités en fonction des besoins du territoire et de leurs citoyens.
- Speaker #1
Donc là, par exemple, si je suis à la tête d'une collectivité, quel genre d'argument t'emploierais pour essayer de m'amener vers les bornes électriques ? Est-ce que c'est des demandes de l'État qui ne sont pas déjà remplies ? Est-ce que c'est des avantages financiers ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
C'est une très bonne question. Alors déjà, je pense qu'il faut revenir un tout petit peu en arrière et de se dire que le boulot a été fait en France. On est sur le podium européen du déploiement des infrastructures de recharge de véhicules électriques, à la fois sur les bornes publiques et les bornes privées. Donc voilà, notre retard, il a été fait. Le territoire est maillé en termes d'infrastructures de recharge de véhicules électriques. Ce que je te dirais principalement, si tu étais un élu, je te remercierais pour l'accueil, pour le café, pour le verre d'eau. Et puis ensuite, je te dirais, bien entendu, que ce qui est game changer, si tu me permets cet anglicisme, c'est de passer à l'ultra rapide. Aujourd'hui, les infrastructures existent, mais l'ultra-rapide est encore trop peu déployé. Donc nous, Fastned et d'autres opérateurs, on s'efforce justement d'accompagner les collectivités sur l'ultra-rapide. Et l'ultra-rapide, ça se comprend en 15-20 minutes, ça y est, t'es rechargé. Et c'est ça qui favorise l'adoption du véhicule électrique. Tu as beaucoup de bornes publiques où tu te branches et il te faut 6, 7, 8 heures. Quand les bornes marchent d'ailleurs. Alors que chez nous, effectivement, le dispositif est là, il est partout sur le territoire et on s'efforce de continuer à le déployer. la recharge est ultra rapide, le confort de présence sur la station est très important. est aussi au rendez-vous. Et voilà, c'est ça qui fait la différence. C'est pour ça que les gens reviennent.
- Speaker #1
Et les anciennes bornes, elles sont désinstallées, du coup, c'est des compétiteurs. Il y a juste des bornes en plus.
- Speaker #0
Il y a beaucoup de bornes qui sont opérées par les collectivités directement. Si tu sors et que tu balades un petit peu dans le deuxième arrondissement, tu vas trouver des bornes Bellib qui sont donc tout simplement opérées par la collectivité, par la ville de Paris. Et ça, c'est de la recharge lente. C'est ça aussi qu'il faut faire comprendre aux collectivités, aux usagers, c'est qu'il y a une différence majeure entre ce qui est une recharge lente, utile, parce que t'as un usage aussi où des gens viennent se garer la nuit et puis ils rechargent pendant la nuit, ils reprennent leur véhicule électrique le matin. Mais ce qui est vraiment primordial dans le déploiement des infrastructures à venir, c'est l'ultra rapide. Parce qu'une fois de plus, t'as un usage qui devient différent. T'as des véhicules qui rechargent beaucoup plus rapidement, avec des autonomies beaucoup plus importantes, et surtout un usage, une volonté, une envie de l'usager de se recharger très rapidement et de repartir rapidement.
- Speaker #1
Ok. Et en termes de coût de l'énergie, pour l'utilisateur, comment ça se passe ? Si j'avais la chance d'avoir une voiture électrique, entre 15 et 20 minutes, si c'est le même prix et la même disponibilité, je vais forcément chercher ça en priorité. Est-ce qu'il y a une différence dans l'utilisation ?
- Speaker #0
Sur le volet prix, c'est un bon point. Aujourd'hui, plus de 80% de la recharge se fait au foyer, à domicile. Les gens ont tendance à se recharger la nuit quand ils rentrent chez eux sur la prise de domicile. Alors ça, c'est commode quand tu habites dans un pavillon ou une maison à la campagne. Un peu moins quand tu es en copro rue d'Hauteville à Paris. tu vois, c'est un peu plus compliqué. Le prix de l'énergie nous on a un avantage concurrentiel et fort en France c'est qu'on n'a pas de pétrole, on a des idées mais on a surtout de l'électrique. Et ça, on a une électricité décarbonée et peu chère qui est vraiment un avantage concurrentiel par rapport à d'autres pays donc je pense qu'il faut qu'on continue sur le déploiement de l'électrique et il faut qu'on continue aussi à se dire qu'on a une énergie décarbonée qui est géniale qu'il faut utiliser au maximum et il faut accompagner le déploiement de l'électrique. Quand tu vois le montant même de dépenses que cela représente pour l'État. L'approvisionnement en pétrole chaque année, on se dit que si on pousse et on continue à déployer l'électrique, c'est vraiment des budgets colossaux qui seront réalloués aux différents pays membres et qu'on pourra réinjecter dans telle ou telle chose. Pour répondre une fois de plus, l'électricité est peu chère, décarbonée, il faut continuer à déployer.
- Speaker #1
Alors plus globalement, c'est aussi un sujet de transition énergétique. En 2035, c'est la fin de la vente des véhicules thermiques neufs. Comment est-ce que tu te positionnes face au lobbying des constructeurs auto ?
- Speaker #0
C'est une bonne question. Alors on voit là ces derniers temps pas mal de grands constructeurs qu'on appelle en anglais OIM. Ces constructeurs, ils ont effectivement un lobbying qui est assez incisif. Nous, de notre côté, notre posture, c'est de rester constructif. On reste constructif et on ne rentre pas dans une guerre de clochers. Les constructeurs traditionnels, ils ont un rôle primordial à jouer dans la transition, mais il faut accélérer le mouvement. Donc tu le disais, la fin du Thermic 9 en 2035, elle a été signée collectivement. La Commission européenne a acté cela. Si ma mémoire ne faillit pas en 2021-2022, à l'occasion de débats très longs, avec de grands rapports et de grandes auditions, tout cela a été documenté et tout cela a été signé. On s'est dit en 2035 qu'on arrêtait la vente de véhicules thermiques neufs. Ce qu'il faut garder en tête, c'est que 2035, c'est demain à l'échelle de l'industrie, donc il faut vraiment anticiper dès maintenant ces infrastructures qui rendront l'électrique évident, accessible et désirable pour tous. Et il faut continuer dans cette voie-là. Il ne faut absolument pas abandonner 2035. et même si on peut y avoir des tergiversations de certains... certains élus ou d'un lobbying relativement acerbe de certains constructeurs. Nous, chez Fastnet, on reste dans une posture constructive. On discute avec tout le monde et c'est par les faits, et c'est justement en démontrant et en tordant le coup à certains préjugés qu'on pourra s'assurer que l'on continue dans cette voie-là, à savoir qu'on ne touche pas à 2035.
- Speaker #1
Tu dis que c'est demain, et là, donc très concrètement, sur le court terme, dans le PLF qui devrait arriver si on arrive à trouver un gouvernement, quelles sont les mesures que vous essayez de pousser ? Est-ce qu'il y a des dossiers sur lesquels vous travaillez et dont tu peux parler ?
- Speaker #0
Alors tu l'as dit, je pense que déjà, la semaine prochaine, on devait présenter le budget. Sans jouer Madame Irma, je pense que ça va être un brin compliqué. Donc il y a un flou qui persiste autour du PLF, mais j'aurais tendance à dire que c'était assez similaire l'année dernière, on se retrouvait dans la même situation, à la différence qu'année dernière, un grand coup de rabot avait été mis dans la transition énergétique, plusieurs centaines de millions d'euros avaient été coupés, donc on s'était retrouvé avec un budget peu de chagrin sur la partie transition énergétique. Semblerait que ce ne soit pas vraiment le cas cette année Même si on n'a pas d'indication forte sur le contenu même du PLF On a vu que le gouvernement a reconduit des dispositifs Très intéressants pour les français Pour faciliter l'adoption du véhicule électrique Et notamment, je pense que tu as suivi ça C'était la semaine dernière Le retour du leasing social Ce qui permet pour les foyers les plus modestes D'obtenir un véhicule électrique J'en reviens à ta question Qu'est-ce qu'il y a dans ce PLF Ou qu'est-ce qu'on aimerait pousser dans ce PLF C'est plus autour des sujets qu'on aimerait pousser Nous il y a deux piliers qui nous semblent essentiels Soutenir la conversion des flottes professionnelles et administratives, car c'est elle qui donne le tempo sur le basculement sur l'électrique. On l'a vu en Belgique où justement le gouvernement a beaucoup accompagné les entreprises sur le verdissement de leurs flottes et ça c'est primordial. Il y avait une PPL l'année dernière, une proposition de loi qui devait être débattue sur le sujet qui malheureusement tombait aux oubliettes en raison d'un agenda un peu complexe comme tu peux l'imaginer. Donc la conversion des flottes professionnelles ça c'est primordial. Et le deuxième point c'est une simplification. Alors ça, c'est un mal français. On a toujours tendance à complexifier un petit peu, mais simplifier les démarches administratives, notamment autour des procédures de foncier et de raccordement énergétique, ça, c'est un vrai sujet pour faciliter le déploiement.
- Speaker #1
Concrètement, ça changerait quoi de simplifier ? C'est juste pour que l'utilisateur puisse plus rapidement être indemnisé ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, quand je dis faciliter les démarches administratives, c'est nous, la manière dont on peut s'implanter, les démarches que l'on doit remplir quand on veut avoir accès à du foncier, que ce soit du privé ou du public. et les démarches de raccordement qu'on doit faire avec les différents opérateurs. Donc c'est des démarches qui peuvent prendre très longtemps, beaucoup moins longues que dans certains pays où on parle d'années, nous on parle plutôt de mois, de longs mois. Mais faciliter ce raccordement, ça permettrait de mailler le territoire beaucoup plus rapidement et donc de favoriser l'adoption du véhicule électrique. Là, on ne joue pas contre la montre, on est dans les clous, on a déployé le réseau tel qu'il doit être déployé pour accompagner les Français dans l'adoption du véhicule électrique et dans leur trajet. mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Il faut faciliter au maximum tout ce qui peut déployer le réseau.
- Speaker #1
Alors tu dis qu'on est dans les clous, mais beaucoup pensent encore que l'électrique est trop chère et pas assez autonome, que les bornes manquent. Qu'est-ce que tu leur réponds ?
- Speaker #0
Alors ça, c'est des critiques qui me semblaient légitimes il y a encore quelques années. C'est vrai qu'il y a encore quelques années, un véhicule électrique avait une autonomie assez faible, les bornes n'étaient pas au rendez-vous. Donc ces critiques-là étaient légitimes il y a quelques années, mais elles sont de moins en moins fondées et ça se traduit, voilà, ça se... Tu peux regarder dans les datas, tu peux faire du fact-checking, ça se voit. Tu vois, le prix des véhicules et des batteries, ils baissent vraiment. On arrive à des véhicules électriques qui deviennent de plus en plus abordables. Les autonomies des véhicules, maintenant, elles dépassent près de 400 km. Donc, tu n'as pas besoin, tu peux faire un grand trajet de 400 km, te recharger une fois sur le chemin des vacances est simplement suffisant. Et le réseau de recharge, il s'étoffe à grande vitesse. Quand je parlais de tordre le cou à vos préjugés, il y a encore du boulot. Il y a encore du boulot, mais on y arrive. Et ce fact-checking, il est constant, à la fois auprès des élus, mais auprès du grand public, et il faut le continuer. Mais le vrai frein, selon moi, il est plus technologique. C'est vraiment cette bataille un peu d'idées. Il s'agit aujourd'hui de rassurer, de démontrer par l'exemple et par l'expérience que l'utilisation, elle est simple et agréable sur l'électrique et sur le réseau de recharge. Et je te dirais tout simplement que notre rôle chez FastNut, c'est de lever ces doutes-là et de montrer que la mobilité électrique, c'est déjà une réalité accessible pour tous.
- Speaker #1
Alors tu parles d'idées, quand on a préparé cet entretien, Tu m'as aussi partagé que pour toi, justement en termes d'idées, en termes d'orientation, il manque un grand texte sur la transition énergétique. Est-ce que tu peux développer ce point ?
- Speaker #0
Alors, si je suis un peu rêveur, je prends mon écharpe de député, je travaille avec mes collaborateurs et je dépose une grande proposition de loi, une grande loi sur la mobilité électrique pour tous. Ça serait un peu la PPL que je souhaiterais pousser si j'en avais la possibilité. Cette PPL, elle aurait trois axes majeurs. Alors, principalement, imposer un maillage territorial équitable. une fois de plus pour que chaque français où il se trouve ait accès à la recharge rapide et où qu'il vive. Le réseau est bien déployé, mais il reste encore quelques trous dans la raquette, en zone périurbaine et notamment en zone rurale. Donc le maillage principalement, simplifier comme je te le disais drastiquement les démarches de raccordement, qui sont aujourd'hui un vrai casse-tête pour les opérateurs et pour les collectivités. Et enfin, encourager la production locale d'énergie renouvelable, qui serait directement liée à la recharge, et ça c'est pour renforcer l'autonomie énergétique des territoires et réduire l'empreinte carbone. Donc tu as un côté transition énergétique, un côté simplification administrative et un autre déploiement du réseau.
- Speaker #1
Super clair. Alors j'aimerais parler de la concurrence du cadre réglementaire. Donc vous affrontez de grands énergéticiens. En termes de concurrence, est-ce que vous avez les mêmes moyens ? Comment ça se passe ? Comment vous vous démarquez ?
- Speaker #0
C'est un vrai défi, car je ne te le cache pas, il y a certains acteurs historiques qui bénéficient de positions privilégiées. On dira ça comme ça.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'ils ont des contacts plus faciles avec les autorités ?
- Speaker #0
Ils sont là depuis plus longtemps, ils sont beaucoup plus staffés en équipe, ils ont des moyens beaucoup plus grands que certaines entreprises pure players comme la nôtre ou d'autres. Donc c'est des acteurs historiques qui sont là depuis longtemps dans le paysage. Donc effectivement, ils ont le contact et ils ont des moyens décuplés par rapport à nous. Mais nous, on a une force qu'eux n'ont pas, c'est le côté pure player. Nous, on ne fait que de la recharge et on le fait super bien. Et ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est les utilisateurs qui reviennent systématiquement sur nos stations. Donc vraiment, ce côté pure player, c'est notre grande force. Nos stations sont conçues dès le départ pour la recharge rapide et pour le confort client. C'est ça qui fait la grande différence. Et ce n'est vraiment pas conçu comme un service annexe ou accessoire sur une aire d'autoroute. ou une aire de repos.
- Speaker #1
Super clair, alors maintenant si tu veux bien on va passer à la séquence vrai-faux. Donc je vais t'énoncer quelques phrases, tu vas me répondre par vrai ou faux et tu peux évidemment développer si tu le souhaites. La première phrase, tu y as déjà répondu partiellement tout à l'heure, tu peux la développer évidemment, c'est l'électrique. C'est encore un luxe. Tant que les véhicules et la recharge ne seront pas accessibles à tous, la transition restera impossible.
- Speaker #0
Faux, je peux revenir sur quelques éléments une fois de plus. Les véhicules sont de moins en moins chers. Les batteries à la production sont de moins en moins chères. L'électrique en France, c'est une électricité décarbonée et abordable. Donc tout ça mis dans une équation ou dans un shaker, si tu préfères, on en arrive à la fin à un cocktail, une réponse simple. Aujourd'hui, ça devient de plus en plus accessible, ça devient de plus en plus facile de se recharger et ça devient de plus en plus simple de circuler sur de grands trajets.
- Speaker #1
La deuxième phrase, en France, le vrai frein à la mobilité électrique, ce n'est pas la technologie, c'est la lenteur administrative.
- Speaker #0
C'est vrai et faux. Tu me donnes ce joker là ? Oui, oui,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #0
Vrai parce que ça peut être un mal français, cet empilement de mesures, de normes, de réglementations, ce qui fait un millefeuille parfois compliqué à suivre, un manque de vision, un manque de clarté, un manque de cap. Donc ça, c'est vrai que ça peut être un vrai frein au développement. Je pense que c'est le cas pour notre industrie, mais c'est aussi le cas pour pas mal d'autres acteurs et d'autres industries. Et enfin, faux parce qu'en France, on bénéficie quand même d'un avantage. On a un cadre réglementaire qui est plutôt stable. étoffés, parfois un peu trop, mais étoffés et surtout propices au développement. Donc nous, ce qu'on dit aux décideurs politiques, c'est maintenir ce cadre réglementaire stable, maintenir ce cadre réglementaire propice au développement à la fois des infrastructures de recharge et à l'adoption de véhicules électriques et nous on fait le reste.
- Speaker #1
Et la dernière phrase que je te propose, c'est le lobbying des acteurs historiques de l'automobile freine davantage la transition énergétique que le scepticisme des consommateurs.
- Speaker #0
C'est une très bonne question et je pense que la réponse se trouve au croisement de tes deux questions, enfin, ou des deux axes de ta question. Il y a effectivement un scepticisme qu'on retrouve auprès de certaines personnes qui ne sont pas encore passées à l'électrique. Alors ça peut être tout simplement des gens d'une génération différente ou de gens qui ne se sont pas vraiment renseignés, etc. Et de toute évidence, il y a un lobbying des constructeurs qui est très très fort. Mais une fois de plus, comme je te le disais, on ne cherche pas vraiment à être dans la confrontation ou dans la guerre de clochers. je pense que dès lors que un constructeur ou quelqu'un va apporter des chiffres, nous on va essayer de les démonter, de démontrer que c'est tout l'inverse. C'est d'ailleurs ce qu'on a fait à l'occasion avec le Boston Consulting Group, donc le BCG, on a monté une étude pour Charge France, Charge France c'est l'association dont on fait partie avec d'autres pure players, donc Electra, Unity, NGVNEO, d'autres camarades, et on a monté cette étude pour démontrer justement que le PHEV, donc l'hybride rechargeable, était une hérésie écologique, et au-delà de ça une hérésie économique. Donc tu vois, sans rentrer dans le détail, j'invite tous tes auditeurs à se rendre sur le site de Charge France s'ils veulent consulter l'étude qui est vraiment pas mal et assez bien résumée. Notre objectif c'est systématiquement de démonter et de tordre le coup à certaines idées fausses et donc de démystifier certains arguments qui sont portés par nos adversaires.
- Speaker #1
Jean, on va passer à la dernière séquence que j'ai nommée transmission et prospective. Si tu pouvais déposer demain une proposition de loi, quelle serait-elle ?
- Speaker #0
C'est exactement celle que j'évoquais il y a quelques instants, c'est sur une grande loi autour de la mobilité électrique. pour tous, que je te résumerai à nouveau sur le choc de simplification autour des démarches, le maillage territorial pour justement s'assurer que le réseau est partout et pour tout le monde, et enfin, le côté transition énergétique pour encourager une production locale d'énergie qui bénéficiera aux collectivités.
- Speaker #1
Est-ce que tu aurais un conseil à partager à quelqu'un qui se lance en affaires publiques, ou peut-être aux gens de 18 ans que tu aurais pu rencontrer maintenant ?
- Speaker #0
J'aime bien ce moment un peu père Castor, où à 32 ans, on a déjà ce côté un peu... Passage de témoin, alors vraiment en toute modestie, je pense que le principal conseil que je pourrais donner à quelqu'un qui s'intéresse aux affaires publiques, c'est le côté curieux. Il faut être curieux, il faut garder cette envie et cet appétit pour le terrain, il faut écouter les élus, les citoyens, il faut écouter les ingés, il faut écouter les experts sur les différents sujets. Il faut vraiment garder ce côté, cet appétit pour justement l'expérience de terrain. Alors les affaires publiques pour moi c'est vraiment pas... du lobbying au sens classique comme on peut l'entendre ici et là, c'est de la pédagogie appliquée. C'est de la médiation et de la construction de consensus. Donc quelqu'un qui aime bien débattre, quelqu'un qui est curieux et quelqu'un qui aime bien réfléchir et qui a surtout pas peur de relever un peu les manches et d'aller sur le terrain, les affaires publiques c'est fait pour lui ou pour elle. Donc je ne peux que pousser les jeunes pousses qui nous écoutent à se diriger vers les affaires publiques.
- Speaker #1
Et Jean, pour toi, alors qu'est-ce qu'on peut te souhaiter à toi et à FastNED pour la suite ?
- Speaker #0
Là, justement, l'expansion du réseau. Je pense que c'est primordial. Il faut continuer à mailler, mailler le territoire, répondre aux attentes des collectivités. Donc le principal, le vœu que je porte pour FastNED, c'est de continuer justement ce qu'on a déjà engagé avec les différentes équipes au bureau France et dans les différents pays européens. C'est d'accompagner la transition énergétique, accompagner l'usage et l'adoption du véhicule électrique. être leader.
- Speaker #1
Génial, on arrive au bout de cet épisode. Jean, est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais aborder que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?
- Speaker #0
Je dirais que s'il y a des auditeurs, des auditrices qui écoutent ce podcast et qui se disent, tiens, c'est assez intéressant, la transition énergétique, j'ai l'impression que c'est un sujet qui est un petit peu balayé d'un revers de main, à la fois par les médias plutôt mainstream ou par les élus. J'ai envie de les rassurer. Continuez à vous passionner pour la transition énergétique. Ceux qui n'y croient pas ou ceux qui ne s'y intéressent pas, Ce sont tout simplement un petit peu des gens qui vivent dans le faux. La transition énergétique, c'est l'avenir. L'électrique, c'est l'avenir. Passionnez-vous pour ces sujets. Cultivez-vous sur le sujet. Et surtout, n'hésitez absolument pas à prendre contact avec des gens, des professionnels du secteur. Les questionner, prendre un café avec eux et échanger. Donc ce serait plutôt une note un peu positive. N'hésitez absolument pas à nous solliciter. On est là pour discuter avec vous.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Pour conclure, est-ce que tu aurais une recommandation culturelle à nous partager ?
- Speaker #0
J'y ai beaucoup réfléchi et je ne l'ai pas encore lu. mais si je peux donner envie J'ai vu que Ezra Klein, qui est un journaliste assez connu aux US, a publié un bouquin qui s'appelle Abondance, et je ne l'ai pas encore lu, mais j'ai cru comprendre que c'était un peu le best-seller à consulter, peut-être pas cette année, mais je crois qu'il a été publié l'année dernière. Mais de manière, pour répondre très rapidement à ta question, je pense que ça c'est le bouquin que je vais prendre avec moi ces prochaines semaines, et je pense que je peux d'ores et déjà le recommander sans en avoir consulté.
- Speaker #1
Merci beaucoup Jean.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !