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#27 – Nicolas Tcheng (Renault Group) : Réindustrialisation, électrification et diplomatie économique

#27 – Nicolas Tcheng (Renault Group) : Réindustrialisation, électrification et diplomatie économique

38min |17/11/2025
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Description

Dans cet épisode, je reçois Nicolas Tcheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Formé dans les collectivités locales, passé par l’Assemblée nationale puis immergé depuis sept ans au cœur de l’industrie automobile, Nicolas connaît aussi bien la fabrique de la loi que les rouages industriels.

On plonge ensemble dans son parcours, dans l’évolution vertigineuse de la filière automobile - électrification, réindustrialisation, diplomatie économique et dans la manière dont Renault s’inscrit comme un véritable morceau de l’histoire française.

On parle aussi du quotidien d’un représentant d’intérêt, de la relation aux élus, des territoires, de la transition écologique et de ce que signifie travailler dans un secteur en révolution permanente.

Un épisode riche, humain et très concret, qui éclaire l’envers du décor d’un métier souvent méconnu et pourtant essentiel à la vie démocratique.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Aujourd'hui, l'électrification devient quelque chose de massif. Évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça. Mais quand tu fais le bilan, en fait, il faut être humble sur ce que t'as fait pendant 50 ans de vie professionnelle, parce qu'au fond, tu travailles pour un des 577 députés.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch,

  • Speaker #0

    et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Nicolas Cheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Nicolas, t'as été formé dans les collectivités locales, t'as ensuite... passé par l'Assemblée Nationale en tant que collaborateur parlementaire et aujourd'hui tu es chez Renault Group depuis 7 ans. Donc on peut dire que tu connais aussi bien la fabrique de la loi côté parlementaire que les rouages industriels. Dans cet épisode, on parle de ton parcours, des enjeux d'influence dans l'industrie automobile mais aussi du rôle stratégique des territoires et de la transition écologique. Salut Nicolas !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette courte description ?

  • Speaker #0

    Non, la présentation est très complète, mais juste te dire que je suis très heureux de participer au podcast. Je trouve que c'est vraiment bien de montrer notre profession comme étant un vrai métier et de pouvoir en parler ouvertement et en transparence. Je trouve que c'est une très belle initiative.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nicolas. Pour parler justement de ton parcours et de ton métier, on va passer à la première section que j'ai nommée du terrain. à l'hémicycle puis à l'industrie. Donc tu as débuté en mairie puis au département avant de devenir collaborateur parlementaire à l'Assemblée. Qu'est-ce que tu as appris de ces premières expériences ?

  • Speaker #0

    Oui, donc effectivement, j'ai commencé en fait par travailler assez brièvement au cabinet d'un président de conseil général. Et puis j'ai travaillé comme directeur de la communication dans une ville. Et puis effectivement, ensuite, j'ai rejoint l'Assemblée nationale. Ça me donne l'occasion de remercier déjà un certain nombre d'élus qui m'ont fait confiance quand j'étais jeune et que je commençais. Ils se reconnaîtront, ainsi qu'un directeur général des services aussi, qui m'avait fait confiance à l'époque. Parce qu'en fait, moi, à la base, mais comme je pense beaucoup de gens dans le métier, je suis un passionné de la politique. Je ne connaissais rien à l'automobile et jusqu'à encore quelques années, c'était le cas. Moi, avant tout, je suis un mordu de politique.

  • Speaker #1

    Depuis tout petit ?

  • Speaker #0

    Ouais, je ne sais pas exactement d'où c'est venu. Mais je pense que c'est venu de rencontres, en fait. Comme souvent, c'est venu de rencontres. De locales, dans ma ville, des gens qui tractaient, qui j'ai discuté. Ma mère avait été conseillère municipale quelques temps. des rencontres comme ça Et moi je crois beaucoup à ça. D'ailleurs ce qui me passionne aussi dans le monde des affaires publiques, c'est que c'est beaucoup des rencontres, c'est du relationnel. Et donc moi j'ai beaucoup fonctionné avec des gens que j'ai rencontrés, avec lesquels j'ai aimé travailler et qui m'ont beaucoup apporté. C'est pour ça que je leur passais un petit mot de remerciement aussi en introduction. Et effectivement on apprend des choses assez différentes dans tous ces postes-là. Tu vois, si je commence par l'Assemblée nationale, je pense que de toutes ces fonctions-là, c'était intellectuellement le plus stimulant, le plus passionnant. On réfléchit à des choses essentielles pour la nation. C'est en permanence une stimulation hyper intéressante, très formatrice. Mais quand tu fais le bilan, en fait, j'avais fait l'exercice après une législature, après cinq ans. Bon, des amendements que j'ai écrits, il n'y en a déjà pas énormément qui ont été adoptés. On a quelques-uns qui ont été adoptés. Mais après, quand tu fais le calcul des amendements adoptés, ceux qui ont eu les décrets d'application, il y en a encore moins. Et à la fin, tu te dis quand même, il faut être humble sur ce que tu as fait pendant 50 ans de vie professionnelle. Parce qu'au fond, l'Assemblée nationale, c'est passionnant. Tu travailles pour un des 577 députés. Donc, c'est un exercice de... Effectivement, il faut être humble. C'est un exercice aussi de diplomatie, de convaincre ses collègues. Alors que les collectivités locales, c'est très différent. La collectivité locale, c'est un exécutif. Donc certes, tu n'es pas forcément dans des réflexions aussi intellectuelles, mais c'est des choses quotidiennes pour les gens, qui les touchent vraiment. C'est leur trottoir, c'est leur logement, c'est le bruit dans la rue. Alors c'est des choses très quotidiennes, mais tu agis et le soir, tu vois la différence sur la vie des gens. Et ça, c'est aussi gratifiant d'une certaine manière. J'ai vraiment vu la différence quand je suis passé des collectivités à l'Assemblée. c'est que tu perds assez facilement, même si bien sûr les députés sont présents sur le terrain et leurs assistants aussi. Tu perds cette possibilité d'avoir une action directe sur le quotidien des personnes. Et ça, moi, j'ai trouvé passionnant de bosser dans un service public où la mairie est ouverte à 8h30 le matin, donc il faut être là à 8h30 jusqu'à l'heure de fermeture et il faut rendre aux gens un service public.

  • Speaker #1

    Au niveau de la collectivité, tu as eu l'impression d'avoir plus d'impact ?

  • Speaker #0

    En fait, tu le vois plus. C'est-à-dire que c'est difficile d'évaluer l'impact de ce que tu as pu faire au Parlement. Parce que peut-être tu as pu installer, par exemple, un sujet. dans la discussion publique. Et puis, peut-être qu'il n'a pas été jusqu'au bout, ce sujet, mais le député pour lequel tu as travaillé, il a mis un sujet en discussion, il a fait des auditions, il a pu alerter, etc. Tu vois, c'est des impacts qui sont plus difficiles quand tu fais le bilan de ce que tu as fait, en fait, à l'Assemblée nationale, qui sont plus difficiles à mesurer. Alors que dans une municipalité, déjà, tu es au contact, c'est plus petit, c'est un territoire qui est plus petit, tu es au contact un peu quotidien avec les gens, et donc tu vois tout de suite. Si les gens ne sont pas contents, s'ils sont contents, etc. Moi, j'avais tendance, dès qu'il y avait des réunions publiques ou quoi, à me mettre au fond de la salle et écouter ce que disaient les gens. Et en fait, très vite, tu sens. Et puis, tu le vois, en fait. Tu sais, c'est bête, mais quand tu décides de refaire un quartier, le quartier, c'est concret. Tu le vois sortir de terre. Il y a quelque chose dans l'exécutif, l'exécutif loco qui est assez passionnant, c'est que tu vois les choses concrètement se faire. Et l'Assemblée nationale, parfois, tu peux voir des... Je sais pas, tu vois, te... À mon époque, par exemple, on avait voté le paquet neutre sur les cigarettes, tu le vois chez le ruraliste, mais c'est pas toujours aussi simple, tu vois. C'est pas toujours aussi simple de voir l'effet concret de ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Comment s'est passée ta transition de la collectivité à l'Assemblée ?

  • Speaker #0

    Je te dis, en fait, moi j'étais sur le coup, c'était une nouvelle aventure, donc j'étais très heureux parce que...

  • Speaker #1

    Tu connaissais le député élu ? Oui, oui, oui,

  • Speaker #0

    je le connaissais, j'avais fait sa campagne, c'est quelqu'un pour lequel j'avais beaucoup d'estime et avec lequel j'ai vraiment beaucoup apprécié travailler. Et donc, effectivement, je le connaissais du terrain. Et quand il a été élu, assez naturellement, je l'ai suivi à l'Assemblée nationale. Et donc, c'était une expérience complètement nouvelle. Un bureau de député, c'est aussi un monde assez particulier. C'est deux, trois personnes. Il faut s'entendre très vite. Une mairie, c'est beaucoup plus structuré. Bien sûr, il y a des services, il y a des directions, etc. Donc, c'est des façons de travailler qui sont assez différentes.

  • Speaker #1

    Super clair. Et du coup, qu'est-ce qui t'a fait passer du côté entreprise ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fait une législature entière à l'Assemblée nationale. Pour être honnête, j'en suis sorti un peu lessivé aussi, parce que le parti pour lequel je m'étais engagé à l'époque avait subi un très sérieux revers électoral. C'était quel parti ? C'était le Parti socialiste.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bon, tu vois, quand tu fais le bilan de dire « j'ai fait passer quelques amendements, la plupart, ils n'ont même jamais eu les décrets d'application, et en plus, les citoyens, c'est leur droit, ils ont voté massivement contre le parti dans lequel tu as œuvré » , tu sors de là un peu en te posant des questions, quoi. Et moi, en fait, j'avais vu, alors on en voyait peu, mais de temps en temps, on voyait passer des représentants d'intérêt à l'Assemblée nationale. Et moi, j'avais été assez marqué quand même dès cette époque-là par le fait que, tu vois, dans l'Assemblée, dans ce tumulte un peu bouillonnant d'idées, de pensées un peu polémiques, de politiques, etc. Tu avais parfois des contributions qui étaient dans un style totalement différent, qui étaient un peu froides, rationnelles, techniques, etc. Et qui, de temps en temps, t'amenaient un peu à refroidir le truc dans ton cerveau, tu vois, et te dire, attends. Est-ce qu'en fait, j'ai bien fait le tour du sujet ? Tu vois, j'en parle, mais en fait, je ne le connais pas. Et j'avais trouvé ça assez intéressant. Et puis après aussi, mon père travaillait dans les affaires publiques, dans le pharmaceutique. Et je voyais un peu ce qu'il faisait, je trouvais ça assez passionnant. Donc après, j'ai voulu volontairement changer de secteur, être dans un tout autre secteur. Et pour être honnête, Renault, ça s'est fait parce que moi, je trouvais que c'était une entreprise... passionnante et je ne regrette vraiment pas du tout. Française, évidemment, je voulais travailler pour une entreprise française. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu étais à l'Assemblée, tu avais vu passer justement des représentants d'intérêt de Renault ?

  • Speaker #0

    Non. Non, non, parce qu'on travaillait dans le domaine de la santé. Je ne voulais pas qu'il y ait la moindre... Enfin, j'ai voulu vraiment changer de secteur et c'était volontaire. Voilà, séparer deux périodes de ma vie, même si j'ai évidemment... Ce que je voulais apporter, en fait, à Renault, c'était ma connaissance de la façon dont fonctionnait l'Assemblée et le... politique.

  • Speaker #1

    Alors justement, aujourd'hui, à quoi ressemble ton quotidien ? Est-ce que c'est toi maintenant qui est passé de l'autre côté, rencontre ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait assez étrange au début de passer de l'autre côté. Déjà, ça fait étrange de faire des cartons et de libérer un bureau parce que quand tu perds une collectivité locale, bon, les administrations, elles restent, les dossiers, ils restent, etc. Tu sais, quand tu vis d'un bureau de député, il y a quand même énormément de choses qui partagent la broyeuse et ça fait bizarre, effectivement, mais c'est ça l'institution, c'est que les choses te survivent et ça c'est très sain dans une démocratie les choses te survivent mais ça fait bizarre après de revenir avec un page visiteur à l'Assemblée Nationale et au début il y a un petit passe-froid au cœur en disant bon bah attends je suis un visiteur parce qu'au fond j'ai gardé le même amour pour le Parlement et pour la chose publique, celle que j'avais quand j'étais à l'Assemblée nationale. Mais c'est bien normal, évidemment, qu'on revienne avec un badge différent, qui soit un badge de visite. Et à l'époque, quand je suis rentré aux Affaires publiques chez Renault, ce que tu fais aujourd'hui, ce type de podcast-là, ça n'existait pas. C'était encore une profession assez... Moi, j'ai appris quand même The Hard Way, si tu me permets cet anglicisme, sur le terrain, en faisant des erreurs. en découvrant un peu les choses. Alors j'ai eu des gens très très bien qui m'avaient accueilli chez Renault à l'époque. Mais voilà, c'était un apprentissage qui n'était pas forcément facile au début.

  • Speaker #1

    Quand tu dis « the hard way » , justement, à quoi ça ressemblait ? C'était quoi la différence avec aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    À l'époque ? Maintenant, je suis dans ma huitième année chez Renault, donc je veux dire que j'ai emmagasiné un peu d'expérience. Ce n'est pas facile au début de changer de mentalité, de voir les choses effectivement depuis... depuis un point de vue qui n'est pas le même, tout en parlant de la même personne. Bon, du coup, voilà, moi, chez Renault, je suis un maillon d'une équipe qui est vraiment diversifiée, qui est hyper motivée, qui essaye de trouver des défis, des solutions à des défis absolument immenses dans le monde des mobilités. J'ai beaucoup de plaisir à y travailler, vraiment, avec tous mes collègues.

  • Speaker #1

    Dans le pôle affaires publiques, vous êtes combien ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile de te répondre à cette question, parce qu'il y a des gens à Paris, des gens à Bruxelles, etc. D'accord. Ce n'est pas très simple de répondre à cette question, mais on est un certain nombre. Je pense qu'on est plus chez Renault que dans d'autres entreprises comparables. On pourrait y revenir, mais je pense que Renault, ce n'est pas une entreprise comme les autres. La participation, notamment de l'État, qui est importante, et puis l'histoire de Renault, fait que je pense qu'on a une entreprise auxquelles les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour revenir à ton quotidien, est-ce que justement, quand on est chez Renault, c'est facile de rencontrer les parlementaires pour exposer ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est sûr que quand on travaille pour une grande entreprise comme Renault, ça permet d'ouvrir un certain nombre de portes. Les gens te rencontrent assez facilement. Ce n'est pas pour ça qu'ils t'écoutent plus et ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas avoir la même exigence dans ce qu'on présente. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Renault qu'on est cru d'office sans avoir les argumentaires chiffrés, précis, expertisés, etc. Mais notre quotidien, je pense que c'est vrai en général dans le monde des affaires publiques, c'est beaucoup de réunions internes déjà. Comprendre les sujets qui sont extrêmement techniques. Moi, je ne suis pas un ingénieur de l'automobile, donc j'ai besoin de les comprendre, j'ai besoin de les maîtriser, etc. Et donc ça, c'est déjà cette acquisition de l'expertise sur les sujets qu'on traite. C'est une bonne partie du temps de travail. Après, on a évidemment beaucoup d'échanges avec le monde politique, le monde public en règle générale, pour partager nos enjeux. et puis même au-delà du... des enjeux qu'on peut avoir à un moment précis, essayer d'avoir une relation de confiance et d'avoir des échanges fréquents avec eux, et puis de les comprendre eux, quelles sont leurs ambitions, quels sont leurs objectifs, etc., les pouvoirs publics, et puis ensuite de proposer des positions qui puissent répondre à ces ambitions des pouvoirs publics.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles d'enjeux, quels sont les enjeux en ce moment du monde automobile et de Renault en particulier ?

  • Speaker #0

    Le monde automobile, en fait, il est en pleine révolution. Donc c'est un secteur qui est... passionnant pour ça parce que c'est un secteur qui a la croisée d'évolution très rapide, sociale, individuelle, environnementale, technique, géopolitique. Et donc, c'est un secteur qui me passionne depuis que je suis rentré dedans. Il y a une autre chose que je vois, c'est qu'en fait, il y a beaucoup de mouvements sociaux, et notamment beaucoup de mouvements sociaux un peu nouveaux, dont on n'avait pas l'habitude dans le monde politique. Si on reprend les Gilets jaunes, c'est... Une évidence, je pense que tout le monde l'a remarqué, que les 80 km heure et le prix des carburants ont joué un rôle énorme et que c'était des personnes qui enfilaient un gilet qu'ils ont dans leur voiture et qui manifestaient sur les ronds-points. Donc je veux dire, la symbolique de l'automobile, c'est extrêmement fort dans l'imaginaire des personnes, dans leur imaginaire collectif et puis dans leur quotidien de vie. Et du coup, l'automobile, c'est un vrai objet politique. C'est une industrie qui, je pense, est assez, parfois, différente des autres et qui a des enjeux symboliques assez importants. Et je pense que c'est vraiment important de bien les maîtriser quand on échange avec les pouvoirs publics. Et donc, on a des enjeux qui sont absolument immenses, qui sont de plusieurs ordres. Des révolutions technologiques. On électrifie les voitures. C'est une des révolutions technologiques, mais la principale et celle qui est la plus exigeante, c'est électrifier nos voitures.

  • Speaker #1

    Renault investit beaucoup à ce sujet ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. On a beaucoup investi, et non seulement on a beaucoup investi, mais on a beaucoup investi en France. Moi, à titre personnel, je roule dans une Renault 5 électrique et je suis assez fier de rouler dans une voiture qui soit électrique, qui participe à la décarbonation et qui soit produite en France.

  • Speaker #1

    Et alors, le sujet de l'électrification, c'est quoi ? C'est de rendre cette voiture plus accessible à tout le monde ?

  • Speaker #0

    C'est de la décarboner au maximum, de la produire de la façon la plus vertueuse possible et effectivement de démocratiser le véhicule électrique. Et le véhicule électrique, en fait, ça demande un écosystème qui est nouveau. On a un écosystème qui était basé sur le véhicule thermique, avec des stations essence, etc. Là, on a besoin d'un écosystème qui est nouveau, avec des bandes de recharge, avec des prises pour les gens chez eux. Et donc, ça demande aussi de travailler avec les pouvoirs publics en permanence, parce que cet écosystème-là, ce n'est pas les constructeurs qui peuvent intégralement le faire. Évidemment, ils peuvent en prendre leur part. Et d'ailleurs, la plupart des constructeurs investissent aussi dans des réseaux de recharge pour... et de leurs clients. Mais il y a besoin d'une force un peu planificatrice et il y a besoin que les acteurs publics réunissent les différents acteurs. Il y a des énergéticiens, des constructeurs automobiles, des collectivités locales, parce qu'il y a beaucoup de bornes de recharge qui sont installées aussi par les collectivités locales, pour que cet écosystème-là, il voit le jour. En France, on est plutôt un des pays où cet écosystème-là, il y a encore plein de choses à améliorer. Je roule en véhicule électrique, donc... tous ceux qui roulent en véhicule électrique, on sait que ça a plaisir et qu'il y a aussi plein de choses à améliorer dans l'écosystème de recharge. Mais il y a des pays où c'est beaucoup moins développé, y compris en Union européenne. Et ça, c'est vraiment essentiel parce que le client, on pourra faire les meilleurs véhicules électriques du monde. S'il vit dans un pays où il n'y a pas suffisamment de maillage de bandes de recharge, ça sera quand même difficile de le convaincre. Donc, cette évolution, en fait, elle ne repose pas que sur les constructeurs automobiles. Et c'est ça qui rend un peu la fonction passionnante en ce moment, c'est qu'on est dans une révolution où en fait, on doit tous se concerter et on doit tous aller de l'avant.

  • Speaker #1

    Donc toi, ton rôle, je le dis grossièrement et tu me dis si je suis à côté ou non, Nicolas, c'est de mettre à la même table toutes ces personnes-là, les collectivités, les élus, en leur disant, ok, il y a un souci au niveau de la transition, il y a aussi un souci au niveau du prix de l'essence, il faut que ça avance sur les bornes.

  • Speaker #0

    En fait, aujourd'hui, les pouvoirs publics ont largement pris conscience de l'enjeu de l'électrification. Et ils sont même moteurs. Donc ils organisent cette transition de l'écosystème. Mais c'est vrai que nous, par exemple, si je remonte un peu dans l'historique, Renault, on a été quand même un des pionniers du véhicule électrique avec la Zoé. Et à l'époque, moi, je salue quand même les premières personnes qui ont acheté des Zoé, c'était des pionniers, parce que l'écosystème de recharge, il était quand même encore assez balbutiant. Et donc c'est nous, Renault, qui avons beaucoup poussé pour que cet écosystème se recharge. On n'était pas les seuls, évidemment, mais on a été assez moteurs. Par exemple, ce qu'on appelle le droit à la prise, c'est que les gens puissent facilement installer des prises de recharge en copropriété. Parce qu'en fait, quand tu habites en pavillon, c'est facile d'installer une bande dans ton garage. Quand tu vis dans une copropriété, et notamment une copropriété ancienne, ça demande déjà que la copropriété soit d'accord. Selon les copropriétés, ça peut être des coûts extrêmement variés. Donc, il y a des fonds de soutien maintenant publics, etc. Et là-dessus, les constructeurs automobiles, Renault a été assez moteur dans... les cinq dernières années. Aujourd'hui, l'électrification, ça devient quelque chose de massif. Donc évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça.

  • Speaker #1

    Et justement, pour en venir au terrain, je vais prendre l'exemple des bornes de recharge. Est-ce que c'est toi aussi qui vas voir les élus locaux en leur disant « ça serait bien qu'il y ait une borne ici, une borne là, comment ça se passe ? »

  • Speaker #0

    Non, alors... En fait, les collectivités locales, c'est un vrai sujet. Les collectivités locales n'ont pas forcément l'ingénierie pour savoir exactement où installer les bandes de recharge, quelle puissance, etc. Maintenant, nous, on a pu à un certain moment discuter avec un certain nombre de pouvoirs publics. Maintenant, il y a aussi un écosystème des opérateurs de bandes de recharge qui s'est structuré et qui apporte cette ingénierie aussi aux collectivités locales et qui va pouvoir leur dire, à tels endroits dans la ville, Il y a besoin de telle puissance, ou il n'y a pas besoin de borne, ou il y a besoin d'une borne rapide, même si c'est plus cher, etc. Donc ça s'est beaucoup structuré quand même. Évidemment, nous, on est toujours à disposition des élus locaux quand ils souhaitent en discuter, et on a plein d'échanges sur le sujet. Ce qui est toujours un peu particulier, c'est qu'il y a autant de territoires qu'il y a de territoires, c'est une évidence de le dire. Et donc, ils ont chacun des spécificités, les territoires de montagne, les territoires littoraux, les territoires ruraux, les territoires urbains, etc. Et donc, ça nécessite quand même une vraie ingénierie, une vraie compréhension de comment fonctionnent, où sont les bassins de vie, où les gens vont faire leurs courses, et donc laisser leur voiture, etc. Et donc, il faut quand même avoir conscience pour chaque collectivité aussi de ce que ça représente comme réflexion. à remettre en cause aussi régulièrement. C'est-à-dire que les bassins de vie peuvent changer et tout ça. Et donc, ce que je veux dire, c'est que c'est un vrai défi pour les collectivités aussi.

  • Speaker #1

    Et comment on crée de la confiance avec les élus, avec ces collectivités ?

  • Speaker #0

    Alors, nous, évidemment, on a plusieurs relations avec les élus locaux. On a déjà beaucoup de relations avec les élus locaux. On a des sites industriels, parce qu'évidemment, un site industriel de Renault, c'est souvent l'industrie automobile en règle générale. Mais c'est le premier employeur du département. en général. Donc, ça a un impact extrêmement important sur le territoire. Et souvent, il y a une épaisseur historique. Les usines automobiles, souvent, quand on discute avec les gens, leur père travaillait là, leur grand-père travaillait là. Quand je prends des exemples d'usines de flingues, c'est des usines où il y a un historique, et encore une fois, il y a un symbole très important. Et l'industrie automobile, c'est une industrie qui est grand public. Donc, quand tu produis une voiture dans telle usine, tu as évidemment des objectifs. Tu ne sais jamais dans quelle mesure ils vont être pleinement remplis ou pas. Donc, tu peux avoir une production qui, à un moment, diminue un peu, puis qui remonte, etc. Et donc, naturellement... Les élus, et c'est bien normal, ils ont des inquiétudes, ils ont des questions, ils veulent s'assurer que l'usine va bien quand même, etc. Et je pense que c'est important d'avoir cette discussion-là et d'ouvrir un peu l'outil industriel, de le montrer. Dans l'industrie, en fait, souvent, et c'est bien normal, on cherche beaucoup à protéger le secret industriel, le secret... Voilà, parce que quand tu designs une voiture, elle ne sort pas tout de suite dans la rue. Donc, tu le protèges de tes concurrents. Et en même temps, je pense que c'est extrêmement important aussi d'être assez ouvert avec tout l'écosystème territorial et les élus en règle générale. Et ça, moi, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de faire et qui est très chronophage, mais qui est passionnant déjà parce qu'on est dans les usines. Vraiment, l'industrie automobile est là. Et d'organiser des visites, de partager, en fait, les sujets de l'usine, les difficultés, ce qui va bien et d'avoir ces relations un peu de confiance avec les élus qui puissent nous joindre assez vite. Alors, tout n'est pas parfait. On apprend toujours de ses erreurs, donc rien n'est jamais parfait. Mais c'est en tout cas l'ambition, ce que je veux faire et ce qu'on souhaite faire chez Renault, c'est d'avoir toujours cette préoccupation pour les écosystèmes territoriaux. Parce que parfois, pris dans le quotidien, on oublie que dans tel territoire, l'usine Renault, elle est juste essentielle. Et ça, je pense qu'il faut toujours s'en rappeler. Et c'est un élément de fierté énorme pour nous aussi. Et donc c'est hyper important d'avoir ces échanges-là avec les acteurs locaux.

  • Speaker #1

    Toi, à titre personnel, tu passes plus de temps avec les acteurs locaux ou côté

  • Speaker #0

    Assemblée-Sénat ? C'est variable, parce que ça va dépendre évidemment de nos projets industriels. Quand on va industrialiser un nouveau véhicule, ça va demander un certain nombre d'échanges avec les pouvoirs publics locaux. Par rapport au Parlement, tout va dépendre aussi de l'actualité parlementaire. On voit bien que le fonctionnement de l'Assemblée a quand même assez évolué ces derniers temps. Tout va dépendre aussi du calendrier parlementaire. Il y a des périodes où on va être beaucoup plus en lien avec les parlementaires, il y a des périodes beaucoup plus en lien avec les locaux. Ça fait partie aussi de ce qui est sympa, je pense, dans ce métier. C'est que le matin, on n'est jamais très sûr de ce qu'on va faire dans la semaine. L'actualité, elle change beaucoup. Et nous, on essaye d'y coller au max.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de l'actualité parlementaire. L'Assemblée est plutôt bloquée depuis un petit moment. Est-ce que vous avez une marge de manœuvre ? Est-ce que vous arrivez à faire avancer des dossiers ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Moi, une partie de mon travail, c'est de communiquer avec les parlementaires, même quand on n'a rien de précis, immédiat, actuel à demander. Il n'y a pas forcément tout le temps un projet de loi, une proposition de loi qui concerne l'industrie automobile. La plupart du temps, il y a beaucoup de sujets en France, et donc il y a beaucoup de textes qui peuvent nous concerner indirectement ou directement. Mais je suis assez convaincu qu'il ne faut pas aller voir les parlementaires uniquement quand on a quelque chose à demander. C'est normal d'aller voir les parlementaires, on a évidemment beaucoup de sujets. Mais je pense qu'il faut prendre le temps aussi de leur expliquer ces révolutions qui sont quand même assez compliquées. L'électrification des véhicules, la digitalisation des véhicules, les impacts des tensions commerciales et géopolitiques, les terres rares, les matières premières. Il y a un nombre de sujets vraiment importants. et qui se rencontrent avec des percussions de tous ces sujets. Et moi, je pense que c'est important qu'au quotidien, les élus, les parlementaires notamment, comprennent ça et que quand il y a un texte qui arrive, d'une certaine manière, ils ont déjà une idée de ce qui va être important pour la filière automobile française. Et ça, ce travail-là, quelle que soit la physionomie de l'Assemblée nationale ou du Sénat, il reste important. Après, ça appartient aux parlementaires de faire avancer les sujets s'ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, et comment ils le souhaitent.

  • Speaker #1

    Alors justement, sur les sujets, on a un peu parlé d'électrification, il y en a d'autres aussi, on parle beaucoup de réindustrialisation. Est-ce que ça vous touche ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et justement, chez Renault, on a voulu vraiment prendre ce sujet-là bien. Et aujourd'hui, on a toute une nouvelle gamme de véhicules électriques qui est produite en France. Donc on a beaucoup investi dans nos usines en France pour produire ce nouveau véhicule électrique. Ce qu'on voit dans la rue, la nouvelle Renault 5, la nouvelle Renault 4, je ne vais pas faire trop de publicité, mais ces véhicules-là sont produits en France. Ils sont notamment produits en France, mais il y a un certain nombre de ces composants aussi qui sont produits en France. Ce n'est pas seulement la voiture qui est assemblée. Leur châssis vient de notre usine du Mans, des moteurs de l'usine de Cléon en Normandie. Donc il y a vraiment un écosystème. On a tourné vers le véhicule électrique, d'une part. Il y a aussi des usines qu'on a tournées vers l'économie circulaire, l'usine de Flins, par exemple, qui maintenant travaille autour de la rénovation d'organes mécaniques de partie de voitures, et puis aussi de rénovation complète de voitures d'occasion pour en augmenter la durabilité et les remettre dans nos réseaux commerciaux. Ça, c'est aussi l'avenir à l'économie circulaire. Et donc, on essaye de mettre en France, dans nos usines, des activités assez novatrices. Aussi un certain nombre autour de la robotique industrielle, de l'IA. Et c'est l'occasion de moderniser nos usines aussi. Et donc on y contribue beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que cette réindustrialisation est récompensée par l'État ou aidée dans le sens où si moi je veux acheter une voiture, est-ce que j'ai intérêt financièrement à acheter une voiture made in France ? Je sais que c'était une thématique d'Arnaud Montebourg sur le made in France plus global qui était au monde de l'us aussi.

  • Speaker #0

    Il y a différentes façons de voir le sujet. Il y a des dispositifs publics. Par exemple, la stratégie France 2030, qui vise en fait à accompagner des projets industriels dont l'État juge qu'ils auront un impact significatif sur l'économie française. L'automobile en fait partie. Donc ça, c'est plutôt des aides aux entreprises en amont du projet. On va considérer que tel projet, il va amener une innovation importante, etc. Et donc, il y a un soutien à ce moment-là. Et puis ensuite, il y a les aides à l'achat qui, elles, sont là pour orienter le consommateur. Donc il y a des aides à l'achat, notamment pour encourager la décarbonation et donc pour acheter des véhicules électriques. Et c'est quand même une innovation de la France, c'est que ces aides à l'achat, elles bénéficient d'un score environnemental, d'un écoscore, ça dépend comment on le formule, qui en fait valorise les véhicules les plus vertueux sur l'ensemble de leur cycle de vie. Pas seulement le pot d'échappement, parce que sur un véhicule électrique, il n'y a plus de pot d'échappement, donc cette partie-là, mais sur la décarbonation du process de production. Et en fait, les véhicules les plus vertueux dans leur process de production, c'est les véhicules qui sont produits en Europe, généralement.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du sujet franco-français, mais donc Renault, c'est aussi de la diplomatie économique. Quel rôle joue Renault dans la diplomatie française ? Est-ce que tu as des contacts avec d'autres pays où vous essayez de vous implanter ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est très intéressant, et ça, je m'en suis rendu compte en travaillant chez Renault, c'est qu'on est vraiment perçu comme un morceau de la France. Et ça, on s'en rend compte en discutant, en fait, parfois à l'étranger ou parfois avec la diplomatie. Alors, c'est vrai aussi en France. L'État est notre premier actionnaire. Et puis, on est une ancienne régie nationale des usines de Renault. Il y a un lien avec l'histoire de la France moderne qui est extrêmement important. Je ne vais pas refaire les taxis de la Marne, les chars Renault FT, etc. Mais il y a vraiment un lien entre la nation et Renault qui a été très important. et puis... Voilà, l'industrie automobile, ça a évidemment été hyper structurant en France. Aussi bien l'objet lui-même, c'est-à-dire l'outil de liberté, que l'industrie qui a failli de l'emploi, etc. Et même à différentes époques de la France, à Biancourt en 1968, etc. Renault, c'est vraiment un petit morceau de l'histoire de France. Et je pense que les Français, ils sont aussi exigeants à notre encombre. Ils sont exigeants vis-à-vis de nous, parce qu'ils s'attendent, parce que nous, en tant que grande entreprise française...

  • Speaker #1

    C'est la fierté française.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Et en fait, et c'est passionnant, c'est que quand tu discutes avec les gens, dès que tu dis « je travaille chez Renault » , tout le monde a un avis, mais pas seulement sur la voiture, tu diras la dernière Clio, ceci, évidemment, mais au-delà de ça, ils vont tous te donner un avis sur Renault en tant qu'entreprise, en tant que ce qu'elle symbolise, ce qu'elle représente, etc. Et ça, c'est assez passionnant. Je m'en suis vraiment rendu compte. Et même après, je me suis dit que moi-même, quand je me suis dit que j'avais envie de travailler dans cette entreprise, je pense que ça a joué. Et si je te dis ça, c'est parce qu'en fait, à l'étranger, c'est vrai aussi. On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Et que donc, dans certains pays, quand il va y avoir une excellente relation entre la France et le pays en question, on sera bien accueillis, on va nous recevoir, on va discuter avec nous. Et que parfois, quand il y a un froid diplomatique avec la France, tout de suite, on va sentir qu'on va avoir un accueil qui est plus froid. Ce n'est pas vrai dans tous les pays, bien sûr, mais dans un certain nombre de pays quand même. Et donc, c'est extrêmement important de comprendre ces relations bilatérales entre la France et d'autres pays, et puis du coup, de discuter, parce que je ne suis pas diplomate moi-même, je trouve ça passionnant, mais je ne suis pas diplomate moi-même, bien sûr, et donc de pouvoir comprendre auprès de la diplomatie française la façon dont ils voient des évolutions géopolitiques, la façon dont la France peut être vue dans divers pays, et pour avoir ça bien en tête. Et ça me permet de dire aussi que j'ai découvert ces dernières années les différents services de l'État qui oeuvrent dans ce domaine, la diplomatie économique au Quai d'Orsay, la direction générale du Trésor à Bercy, les services économiques régionaux dans les ambassades, et que c'est des gens d'une immense qualité. qui passent leur vie à défendre l'économie française, etc. C'est extrêmement important que ça se soit bien préservé dans la diplomatie française. Et c'est des gens dont on ne parle pas toujours beaucoup et qui font beaucoup pour la France.

  • Speaker #1

    C'est hyper intéressant. Est-ce que, du coup, à l'international, tu vois directement, est-ce que les ventes suivent directement les tensions ou les amitiés qui se créent ? Par exemple, est-ce qu'on vend moins en ce moment aux États-Unis avec la complexification, les droits de l'âme ? Et au contraire, peut-être qu'en Europe, on est mieux mis en avant ? Je ne sais pas les résultats.

  • Speaker #0

    Alors nous, déjà, on n'est pas présent aux États-Unis, donc là, voilà. Mais ce n'est pas tellement le consommateur. Le consommateur, il peut effectivement être influencé, mais c'est plus dans la relation avec les pouvoirs publics étrangers, Ou nos équipes sur place vont parfois remonter que... Là où ils arrivaient à voir régulièrement tel responsable politique, local, national, etc., ils n'y arrivent plus. Et en fait, parfois, quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte qu'il y a des frictions avec la France qui sont parfois totalement étrangers de Renault, mais qu'on subit. Mais inversement aussi, évidemment, quand il y a des réchauffements de relations diplomatiques ou quand il y a des volontés de rapprocher un pays avec la France, parce qu'on considère que stratégiquement, c'est un pays... avec lequel la France doit travailler. Inversement, on voit que les pouvoirs publics locaux, parfois, sont hyper proactifs et contactent tout un tas d'entreprises françaises en disant, voilà, est-ce qu'on peut travailler ensemble ? Donc ça, c'est assez intéressant. Je pense que quand on travaille dans les affaires publiques, généralement, naturellement, on aime suivre l'actualité. Et en fait, dans des entreprises qui ont un spectre mondial, on suit l'actualité non seulement française, mais finalement un peu dans le monde entier. Alors évidemment, on ne peut pas suivre... toute la presse du monde entier. Donc, on est sur quelques pays particulièrement importants.

  • Speaker #1

    Alors Nicolas, on va parler d'une autre facette, d'un autre aspect de ton quotidien. C'est que tu es intervenant au CELSA depuis un an. Qu'est-ce que tu essaies de transmettre à la nouvelle génération ? En quoi consistent tes cours ? Qu'est-ce que tu veux leur donner ?

  • Speaker #0

    Donc là, j'ai fait deux ans effectivement de cours au CELSA. Je vais commencer bientôt la troisième année. Je trouve ça passionnant, déjà pour moi. Avant de transmettre des choses, c'est évidemment les étudiants d'aujourd'hui, c'est tes collègues dans un an ou deux ans. Je ne me considère pas encore tout à fait comme un vieux, j'ai 38 ans, mais je ne me considère plus tout à fait comme un jeune non plus. Je laisserai les uns les autres savoir si je suis un vieux ou un jeune à cet âge-là. Mais moi je me rends compte que les étudiants du CELSA, qui est mon école, j'ai été diplômé du CELSA, c'est pour ça que je m'y suis proposé, ils n'ont pas forcément du tout la même façon de voir les enjeux que nous. Ils ont une autre façon de voir le métier. d'autres conceptions politiques. Et c'est extrêmement intéressant, je trouve, de le comprendre, de discuter avec eux, etc. Après, ce que je fais, bien sûr, c'est, on fait un certain nombre de... J'aime bien faire des exercices de communication de crise, c'est-à-dire, il se passe une crise, qu'est-ce qu'on fait ? Donc, évidemment, il faut anticiper, évidemment, comme je disais, il faut... En fait, souvent, dans une situation de crise, tu te rends compte que si tu étais déjà, avant, considéré comme un interlocuteur... crédible, sérieux, qui apporte des informations vérifiées. En fait, quand il se passe une crise, on te fait confiance. Parce que tu n'as pas donné de raison de défiance précédemment. Donc bien sûr, les pouvoirs publics vont creuser les sujets, ils vont t'interroger, ils vont te demander d'apporter, voilà. Mais en fait, ça s'anticipe beaucoup. Ça s'anticipe beaucoup dans ton caractère, dans les informations que tu as pu précédemment transmettre. Et donc, voilà, j'essaye de leur montrer ça. Moi, ce que je constate, c'est que, et encore une fois, c'est l'intérêt de ton podcast et d'autres D'autres initiatives comme ça, c'est que les jeunes qui sont étudiants au CELSA, ils ont finalement une connaissance du métier quotidien qui est assez limitée. Et je vois bien que quand je discute avec eux...

  • Speaker #1

    C'est surtout de la théorie, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà, il y a un peu de théorie. C'est aussi un métier qui est très varié selon est-ce qu'on travaille dans une grande entreprise, dans une petite, dans une fédération, dans un cabinet de conseil, selon le secteur d'activité. Moi, je ne travaillais que dans l'industrie automobile, mais j'imagine que dans d'autres secteurs d'activité, ça peut être un métier totalement différent. Et donc, je pense qu'ils apprécient d'avoir une vision comme ça. Dans un grand groupe industriel, ça consiste en quoi, les affaires publiques ? Et souvent, ils sont assez surpris. Ça fait des débats assez intéressants. Moi, je me nourris aussi. Souvent, j'aime bien poser des questions.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des débats qui ont modifié ton jugement ou quoi tu pensais d'un sujet ?

  • Speaker #0

    Par exemple, il y a deux ans, je leur avais proposé qu'on réfléchisse ensemble aux taxes sur les stationnements, mettre en place des collectivités, qu'est-ce qu'ils en pensaient, qu'est-ce qu'eux, ils feraient. Et en fait, ça avait été un débat extrêmement nourri, avec évidemment des opinions très diverses entre eux, parce qu'il pouvait y avoir des convictions politiques, etc., assez variées. Je ne sais pas si ma propre approche avait changé, mais en tout cas, en lançant un sujet comme ça, On voyait bien qu'il y avait des opinions extrêmement diverses, à la fois sur le fond, mais sur la façon dont on pourrait gérer ce sujet-là, qu'on travaille dans la collectivité qui est concernée, ou qu'on travaille dans une entreprise, dans une association d'usagers, etc. Et je pense que c'est toujours intéressant de faire réfléchir les étudiants sur se mettre dans la peau de l'autre. C'est-à-dire se dire, un sujet comme ça, en fait... Ça va faire réfléchir des associations, des collectivités, des entreprises, des pouvoirs publics nationaux, des préfectures, etc. Et en fait, c'est quoi la façon de voir les choses de chacun ? Et j'ai une conviction, c'est que les gens qui sont passionnés des affaires publiques sont des passionnés de l'État de droit. Ils sont des passionnés de la démocratie. Les affaires publiques, on aime les affaires publiques parce qu'on sait que c'est tel pouvoir qui prend telle décision, c'est telle autorité qui a telle légitimité pour faire telle chose, etc. Et on sait aussi qu'une décision, une fois qu'elle est prise, il y a des voies légales de recours. Mais tu vois, c'est de l'état de droit. Et en fait, on part du principe que notre métier, il n'est pas remis en cause tous les trois jours parce qu'en fait, il y a un pouvoir autoritaire qui peut décider du jour au lendemain qu'en fait, ce sera comme ci et pas comme ça, etc. Et j'essaye aussi de leur montrer ça. Il faut être un passionné de la politique, il faut être un passionné de la démocratie, de l'état de droit, etc. Et c'est beaucoup comme ça que fonctionnent, je pense, les affaires publiques modernes.

  • Speaker #1

    Est-ce que, Nicolas, tu as un conseil que tu aurais bien aimé savoir, un conseil que tu pourrais te donner, au toit, il y a 10-15 ans, en tout cas quand tu démarrais, après tes études, quelque chose que tu aurais aimé savoir ?

  • Speaker #0

    Tu sais, quand tu es jeune, tu sors diplômé avec beaucoup d'idées, un peu parfois préconçues, que tu n'as pas toujours beaucoup frotté à la réalité, et c'est normal. Je pense que, moi, les meilleurs conseils qu'on ait pu me donner, c'est de toujours écouter les gens. écouter les gens, les comprendre, apprendre. Je pense que quand on démarre tout cas professionnel, on fait plein d'erreurs au début et que c'est juste normal et très bien si on sait en tirer de l'enseignement. Donc ça, écouter, apprendre, c'est peut-être basique, mais je pense que c'est aussi vrai quand on va dans les affaires publiques, quand on va dans le monde de la politique. Je pense que c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    On arrive au bout de cet épisode, Nicolas. Est-ce qu'il y a un sujet dont tu voulais parler que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait déjà un bon tour de différents sujets. Peut-être si je peux recommander quelque chose à lire à mes pères qui sont passionnés aussi de politique. Il se trouve que cet été, donc c'est le dernier livre que j'ai lu comme ça, voilà c'est facile, mais j'ai lu l'histoire de Venise, d'un historien qui s'appelle Zordi, qui était passionnant. Moi je ne connaissais pas l'histoire de ce pays et c'est une nation... avec un régime, quelque part, entre l'aristocratie et la République qui a duré quand même des siècles. Évidemment, c'est une histoire remplie d'intrigues politiques, de manœuvres, mais aussi de grandeurs, de gens qui se sont levés pour défendre l'indépendance et la souveraineté de leur pays. Et j'ai trouvé cette histoire de Venise absolument passionnante. Et je pense que tous les gens qui s'intéressent un peu à les politiques et l'histoire, ils vont adorer. En tout cas, moi, j'ai découvert ça. Donc, je le recommande. En plus, c'est bien écrit et c'est drôle. Donc, ça ne gâche rien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Nicolas.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté MECI, je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de Légit Watch, la plateforme qui révolutionne et facilite votre veille parlementaire.

Description

Dans cet épisode, je reçois Nicolas Tcheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Formé dans les collectivités locales, passé par l’Assemblée nationale puis immergé depuis sept ans au cœur de l’industrie automobile, Nicolas connaît aussi bien la fabrique de la loi que les rouages industriels.

On plonge ensemble dans son parcours, dans l’évolution vertigineuse de la filière automobile - électrification, réindustrialisation, diplomatie économique et dans la manière dont Renault s’inscrit comme un véritable morceau de l’histoire française.

On parle aussi du quotidien d’un représentant d’intérêt, de la relation aux élus, des territoires, de la transition écologique et de ce que signifie travailler dans un secteur en révolution permanente.

Un épisode riche, humain et très concret, qui éclaire l’envers du décor d’un métier souvent méconnu et pourtant essentiel à la vie démocratique.


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Transcription

  • Speaker #0

    On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Aujourd'hui, l'électrification devient quelque chose de massif. Évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça. Mais quand tu fais le bilan, en fait, il faut être humble sur ce que t'as fait pendant 50 ans de vie professionnelle, parce qu'au fond, tu travailles pour un des 577 députés.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch,

  • Speaker #0

    et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Nicolas Cheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Nicolas, t'as été formé dans les collectivités locales, t'as ensuite... passé par l'Assemblée Nationale en tant que collaborateur parlementaire et aujourd'hui tu es chez Renault Group depuis 7 ans. Donc on peut dire que tu connais aussi bien la fabrique de la loi côté parlementaire que les rouages industriels. Dans cet épisode, on parle de ton parcours, des enjeux d'influence dans l'industrie automobile mais aussi du rôle stratégique des territoires et de la transition écologique. Salut Nicolas !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette courte description ?

  • Speaker #0

    Non, la présentation est très complète, mais juste te dire que je suis très heureux de participer au podcast. Je trouve que c'est vraiment bien de montrer notre profession comme étant un vrai métier et de pouvoir en parler ouvertement et en transparence. Je trouve que c'est une très belle initiative.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nicolas. Pour parler justement de ton parcours et de ton métier, on va passer à la première section que j'ai nommée du terrain. à l'hémicycle puis à l'industrie. Donc tu as débuté en mairie puis au département avant de devenir collaborateur parlementaire à l'Assemblée. Qu'est-ce que tu as appris de ces premières expériences ?

  • Speaker #0

    Oui, donc effectivement, j'ai commencé en fait par travailler assez brièvement au cabinet d'un président de conseil général. Et puis j'ai travaillé comme directeur de la communication dans une ville. Et puis effectivement, ensuite, j'ai rejoint l'Assemblée nationale. Ça me donne l'occasion de remercier déjà un certain nombre d'élus qui m'ont fait confiance quand j'étais jeune et que je commençais. Ils se reconnaîtront, ainsi qu'un directeur général des services aussi, qui m'avait fait confiance à l'époque. Parce qu'en fait, moi, à la base, mais comme je pense beaucoup de gens dans le métier, je suis un passionné de la politique. Je ne connaissais rien à l'automobile et jusqu'à encore quelques années, c'était le cas. Moi, avant tout, je suis un mordu de politique.

  • Speaker #1

    Depuis tout petit ?

  • Speaker #0

    Ouais, je ne sais pas exactement d'où c'est venu. Mais je pense que c'est venu de rencontres, en fait. Comme souvent, c'est venu de rencontres. De locales, dans ma ville, des gens qui tractaient, qui j'ai discuté. Ma mère avait été conseillère municipale quelques temps. des rencontres comme ça Et moi je crois beaucoup à ça. D'ailleurs ce qui me passionne aussi dans le monde des affaires publiques, c'est que c'est beaucoup des rencontres, c'est du relationnel. Et donc moi j'ai beaucoup fonctionné avec des gens que j'ai rencontrés, avec lesquels j'ai aimé travailler et qui m'ont beaucoup apporté. C'est pour ça que je leur passais un petit mot de remerciement aussi en introduction. Et effectivement on apprend des choses assez différentes dans tous ces postes-là. Tu vois, si je commence par l'Assemblée nationale, je pense que de toutes ces fonctions-là, c'était intellectuellement le plus stimulant, le plus passionnant. On réfléchit à des choses essentielles pour la nation. C'est en permanence une stimulation hyper intéressante, très formatrice. Mais quand tu fais le bilan, en fait, j'avais fait l'exercice après une législature, après cinq ans. Bon, des amendements que j'ai écrits, il n'y en a déjà pas énormément qui ont été adoptés. On a quelques-uns qui ont été adoptés. Mais après, quand tu fais le calcul des amendements adoptés, ceux qui ont eu les décrets d'application, il y en a encore moins. Et à la fin, tu te dis quand même, il faut être humble sur ce que tu as fait pendant 50 ans de vie professionnelle. Parce qu'au fond, l'Assemblée nationale, c'est passionnant. Tu travailles pour un des 577 députés. Donc, c'est un exercice de... Effectivement, il faut être humble. C'est un exercice aussi de diplomatie, de convaincre ses collègues. Alors que les collectivités locales, c'est très différent. La collectivité locale, c'est un exécutif. Donc certes, tu n'es pas forcément dans des réflexions aussi intellectuelles, mais c'est des choses quotidiennes pour les gens, qui les touchent vraiment. C'est leur trottoir, c'est leur logement, c'est le bruit dans la rue. Alors c'est des choses très quotidiennes, mais tu agis et le soir, tu vois la différence sur la vie des gens. Et ça, c'est aussi gratifiant d'une certaine manière. J'ai vraiment vu la différence quand je suis passé des collectivités à l'Assemblée. c'est que tu perds assez facilement, même si bien sûr les députés sont présents sur le terrain et leurs assistants aussi. Tu perds cette possibilité d'avoir une action directe sur le quotidien des personnes. Et ça, moi, j'ai trouvé passionnant de bosser dans un service public où la mairie est ouverte à 8h30 le matin, donc il faut être là à 8h30 jusqu'à l'heure de fermeture et il faut rendre aux gens un service public.

  • Speaker #1

    Au niveau de la collectivité, tu as eu l'impression d'avoir plus d'impact ?

  • Speaker #0

    En fait, tu le vois plus. C'est-à-dire que c'est difficile d'évaluer l'impact de ce que tu as pu faire au Parlement. Parce que peut-être tu as pu installer, par exemple, un sujet. dans la discussion publique. Et puis, peut-être qu'il n'a pas été jusqu'au bout, ce sujet, mais le député pour lequel tu as travaillé, il a mis un sujet en discussion, il a fait des auditions, il a pu alerter, etc. Tu vois, c'est des impacts qui sont plus difficiles quand tu fais le bilan de ce que tu as fait, en fait, à l'Assemblée nationale, qui sont plus difficiles à mesurer. Alors que dans une municipalité, déjà, tu es au contact, c'est plus petit, c'est un territoire qui est plus petit, tu es au contact un peu quotidien avec les gens, et donc tu vois tout de suite. Si les gens ne sont pas contents, s'ils sont contents, etc. Moi, j'avais tendance, dès qu'il y avait des réunions publiques ou quoi, à me mettre au fond de la salle et écouter ce que disaient les gens. Et en fait, très vite, tu sens. Et puis, tu le vois, en fait. Tu sais, c'est bête, mais quand tu décides de refaire un quartier, le quartier, c'est concret. Tu le vois sortir de terre. Il y a quelque chose dans l'exécutif, l'exécutif loco qui est assez passionnant, c'est que tu vois les choses concrètement se faire. Et l'Assemblée nationale, parfois, tu peux voir des... Je sais pas, tu vois, te... À mon époque, par exemple, on avait voté le paquet neutre sur les cigarettes, tu le vois chez le ruraliste, mais c'est pas toujours aussi simple, tu vois. C'est pas toujours aussi simple de voir l'effet concret de ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Comment s'est passée ta transition de la collectivité à l'Assemblée ?

  • Speaker #0

    Je te dis, en fait, moi j'étais sur le coup, c'était une nouvelle aventure, donc j'étais très heureux parce que...

  • Speaker #1

    Tu connaissais le député élu ? Oui, oui, oui,

  • Speaker #0

    je le connaissais, j'avais fait sa campagne, c'est quelqu'un pour lequel j'avais beaucoup d'estime et avec lequel j'ai vraiment beaucoup apprécié travailler. Et donc, effectivement, je le connaissais du terrain. Et quand il a été élu, assez naturellement, je l'ai suivi à l'Assemblée nationale. Et donc, c'était une expérience complètement nouvelle. Un bureau de député, c'est aussi un monde assez particulier. C'est deux, trois personnes. Il faut s'entendre très vite. Une mairie, c'est beaucoup plus structuré. Bien sûr, il y a des services, il y a des directions, etc. Donc, c'est des façons de travailler qui sont assez différentes.

  • Speaker #1

    Super clair. Et du coup, qu'est-ce qui t'a fait passer du côté entreprise ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fait une législature entière à l'Assemblée nationale. Pour être honnête, j'en suis sorti un peu lessivé aussi, parce que le parti pour lequel je m'étais engagé à l'époque avait subi un très sérieux revers électoral. C'était quel parti ? C'était le Parti socialiste.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bon, tu vois, quand tu fais le bilan de dire « j'ai fait passer quelques amendements, la plupart, ils n'ont même jamais eu les décrets d'application, et en plus, les citoyens, c'est leur droit, ils ont voté massivement contre le parti dans lequel tu as œuvré » , tu sors de là un peu en te posant des questions, quoi. Et moi, en fait, j'avais vu, alors on en voyait peu, mais de temps en temps, on voyait passer des représentants d'intérêt à l'Assemblée nationale. Et moi, j'avais été assez marqué quand même dès cette époque-là par le fait que, tu vois, dans l'Assemblée, dans ce tumulte un peu bouillonnant d'idées, de pensées un peu polémiques, de politiques, etc. Tu avais parfois des contributions qui étaient dans un style totalement différent, qui étaient un peu froides, rationnelles, techniques, etc. Et qui, de temps en temps, t'amenaient un peu à refroidir le truc dans ton cerveau, tu vois, et te dire, attends. Est-ce qu'en fait, j'ai bien fait le tour du sujet ? Tu vois, j'en parle, mais en fait, je ne le connais pas. Et j'avais trouvé ça assez intéressant. Et puis après aussi, mon père travaillait dans les affaires publiques, dans le pharmaceutique. Et je voyais un peu ce qu'il faisait, je trouvais ça assez passionnant. Donc après, j'ai voulu volontairement changer de secteur, être dans un tout autre secteur. Et pour être honnête, Renault, ça s'est fait parce que moi, je trouvais que c'était une entreprise... passionnante et je ne regrette vraiment pas du tout. Française, évidemment, je voulais travailler pour une entreprise française. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu étais à l'Assemblée, tu avais vu passer justement des représentants d'intérêt de Renault ?

  • Speaker #0

    Non. Non, non, parce qu'on travaillait dans le domaine de la santé. Je ne voulais pas qu'il y ait la moindre... Enfin, j'ai voulu vraiment changer de secteur et c'était volontaire. Voilà, séparer deux périodes de ma vie, même si j'ai évidemment... Ce que je voulais apporter, en fait, à Renault, c'était ma connaissance de la façon dont fonctionnait l'Assemblée et le... politique.

  • Speaker #1

    Alors justement, aujourd'hui, à quoi ressemble ton quotidien ? Est-ce que c'est toi maintenant qui est passé de l'autre côté, rencontre ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait assez étrange au début de passer de l'autre côté. Déjà, ça fait étrange de faire des cartons et de libérer un bureau parce que quand tu perds une collectivité locale, bon, les administrations, elles restent, les dossiers, ils restent, etc. Tu sais, quand tu vis d'un bureau de député, il y a quand même énormément de choses qui partagent la broyeuse et ça fait bizarre, effectivement, mais c'est ça l'institution, c'est que les choses te survivent et ça c'est très sain dans une démocratie les choses te survivent mais ça fait bizarre après de revenir avec un page visiteur à l'Assemblée Nationale et au début il y a un petit passe-froid au cœur en disant bon bah attends je suis un visiteur parce qu'au fond j'ai gardé le même amour pour le Parlement et pour la chose publique, celle que j'avais quand j'étais à l'Assemblée nationale. Mais c'est bien normal, évidemment, qu'on revienne avec un badge différent, qui soit un badge de visite. Et à l'époque, quand je suis rentré aux Affaires publiques chez Renault, ce que tu fais aujourd'hui, ce type de podcast-là, ça n'existait pas. C'était encore une profession assez... Moi, j'ai appris quand même The Hard Way, si tu me permets cet anglicisme, sur le terrain, en faisant des erreurs. en découvrant un peu les choses. Alors j'ai eu des gens très très bien qui m'avaient accueilli chez Renault à l'époque. Mais voilà, c'était un apprentissage qui n'était pas forcément facile au début.

  • Speaker #1

    Quand tu dis « the hard way » , justement, à quoi ça ressemblait ? C'était quoi la différence avec aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    À l'époque ? Maintenant, je suis dans ma huitième année chez Renault, donc je veux dire que j'ai emmagasiné un peu d'expérience. Ce n'est pas facile au début de changer de mentalité, de voir les choses effectivement depuis... depuis un point de vue qui n'est pas le même, tout en parlant de la même personne. Bon, du coup, voilà, moi, chez Renault, je suis un maillon d'une équipe qui est vraiment diversifiée, qui est hyper motivée, qui essaye de trouver des défis, des solutions à des défis absolument immenses dans le monde des mobilités. J'ai beaucoup de plaisir à y travailler, vraiment, avec tous mes collègues.

  • Speaker #1

    Dans le pôle affaires publiques, vous êtes combien ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile de te répondre à cette question, parce qu'il y a des gens à Paris, des gens à Bruxelles, etc. D'accord. Ce n'est pas très simple de répondre à cette question, mais on est un certain nombre. Je pense qu'on est plus chez Renault que dans d'autres entreprises comparables. On pourrait y revenir, mais je pense que Renault, ce n'est pas une entreprise comme les autres. La participation, notamment de l'État, qui est importante, et puis l'histoire de Renault, fait que je pense qu'on a une entreprise auxquelles les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour revenir à ton quotidien, est-ce que justement, quand on est chez Renault, c'est facile de rencontrer les parlementaires pour exposer ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est sûr que quand on travaille pour une grande entreprise comme Renault, ça permet d'ouvrir un certain nombre de portes. Les gens te rencontrent assez facilement. Ce n'est pas pour ça qu'ils t'écoutent plus et ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas avoir la même exigence dans ce qu'on présente. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Renault qu'on est cru d'office sans avoir les argumentaires chiffrés, précis, expertisés, etc. Mais notre quotidien, je pense que c'est vrai en général dans le monde des affaires publiques, c'est beaucoup de réunions internes déjà. Comprendre les sujets qui sont extrêmement techniques. Moi, je ne suis pas un ingénieur de l'automobile, donc j'ai besoin de les comprendre, j'ai besoin de les maîtriser, etc. Et donc ça, c'est déjà cette acquisition de l'expertise sur les sujets qu'on traite. C'est une bonne partie du temps de travail. Après, on a évidemment beaucoup d'échanges avec le monde politique, le monde public en règle générale, pour partager nos enjeux. et puis même au-delà du... des enjeux qu'on peut avoir à un moment précis, essayer d'avoir une relation de confiance et d'avoir des échanges fréquents avec eux, et puis de les comprendre eux, quelles sont leurs ambitions, quels sont leurs objectifs, etc., les pouvoirs publics, et puis ensuite de proposer des positions qui puissent répondre à ces ambitions des pouvoirs publics.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles d'enjeux, quels sont les enjeux en ce moment du monde automobile et de Renault en particulier ?

  • Speaker #0

    Le monde automobile, en fait, il est en pleine révolution. Donc c'est un secteur qui est... passionnant pour ça parce que c'est un secteur qui a la croisée d'évolution très rapide, sociale, individuelle, environnementale, technique, géopolitique. Et donc, c'est un secteur qui me passionne depuis que je suis rentré dedans. Il y a une autre chose que je vois, c'est qu'en fait, il y a beaucoup de mouvements sociaux, et notamment beaucoup de mouvements sociaux un peu nouveaux, dont on n'avait pas l'habitude dans le monde politique. Si on reprend les Gilets jaunes, c'est... Une évidence, je pense que tout le monde l'a remarqué, que les 80 km heure et le prix des carburants ont joué un rôle énorme et que c'était des personnes qui enfilaient un gilet qu'ils ont dans leur voiture et qui manifestaient sur les ronds-points. Donc je veux dire, la symbolique de l'automobile, c'est extrêmement fort dans l'imaginaire des personnes, dans leur imaginaire collectif et puis dans leur quotidien de vie. Et du coup, l'automobile, c'est un vrai objet politique. C'est une industrie qui, je pense, est assez, parfois, différente des autres et qui a des enjeux symboliques assez importants. Et je pense que c'est vraiment important de bien les maîtriser quand on échange avec les pouvoirs publics. Et donc, on a des enjeux qui sont absolument immenses, qui sont de plusieurs ordres. Des révolutions technologiques. On électrifie les voitures. C'est une des révolutions technologiques, mais la principale et celle qui est la plus exigeante, c'est électrifier nos voitures.

  • Speaker #1

    Renault investit beaucoup à ce sujet ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. On a beaucoup investi, et non seulement on a beaucoup investi, mais on a beaucoup investi en France. Moi, à titre personnel, je roule dans une Renault 5 électrique et je suis assez fier de rouler dans une voiture qui soit électrique, qui participe à la décarbonation et qui soit produite en France.

  • Speaker #1

    Et alors, le sujet de l'électrification, c'est quoi ? C'est de rendre cette voiture plus accessible à tout le monde ?

  • Speaker #0

    C'est de la décarboner au maximum, de la produire de la façon la plus vertueuse possible et effectivement de démocratiser le véhicule électrique. Et le véhicule électrique, en fait, ça demande un écosystème qui est nouveau. On a un écosystème qui était basé sur le véhicule thermique, avec des stations essence, etc. Là, on a besoin d'un écosystème qui est nouveau, avec des bandes de recharge, avec des prises pour les gens chez eux. Et donc, ça demande aussi de travailler avec les pouvoirs publics en permanence, parce que cet écosystème-là, ce n'est pas les constructeurs qui peuvent intégralement le faire. Évidemment, ils peuvent en prendre leur part. Et d'ailleurs, la plupart des constructeurs investissent aussi dans des réseaux de recharge pour... et de leurs clients. Mais il y a besoin d'une force un peu planificatrice et il y a besoin que les acteurs publics réunissent les différents acteurs. Il y a des énergéticiens, des constructeurs automobiles, des collectivités locales, parce qu'il y a beaucoup de bornes de recharge qui sont installées aussi par les collectivités locales, pour que cet écosystème-là, il voit le jour. En France, on est plutôt un des pays où cet écosystème-là, il y a encore plein de choses à améliorer. Je roule en véhicule électrique, donc... tous ceux qui roulent en véhicule électrique, on sait que ça a plaisir et qu'il y a aussi plein de choses à améliorer dans l'écosystème de recharge. Mais il y a des pays où c'est beaucoup moins développé, y compris en Union européenne. Et ça, c'est vraiment essentiel parce que le client, on pourra faire les meilleurs véhicules électriques du monde. S'il vit dans un pays où il n'y a pas suffisamment de maillage de bandes de recharge, ça sera quand même difficile de le convaincre. Donc, cette évolution, en fait, elle ne repose pas que sur les constructeurs automobiles. Et c'est ça qui rend un peu la fonction passionnante en ce moment, c'est qu'on est dans une révolution où en fait, on doit tous se concerter et on doit tous aller de l'avant.

  • Speaker #1

    Donc toi, ton rôle, je le dis grossièrement et tu me dis si je suis à côté ou non, Nicolas, c'est de mettre à la même table toutes ces personnes-là, les collectivités, les élus, en leur disant, ok, il y a un souci au niveau de la transition, il y a aussi un souci au niveau du prix de l'essence, il faut que ça avance sur les bornes.

  • Speaker #0

    En fait, aujourd'hui, les pouvoirs publics ont largement pris conscience de l'enjeu de l'électrification. Et ils sont même moteurs. Donc ils organisent cette transition de l'écosystème. Mais c'est vrai que nous, par exemple, si je remonte un peu dans l'historique, Renault, on a été quand même un des pionniers du véhicule électrique avec la Zoé. Et à l'époque, moi, je salue quand même les premières personnes qui ont acheté des Zoé, c'était des pionniers, parce que l'écosystème de recharge, il était quand même encore assez balbutiant. Et donc c'est nous, Renault, qui avons beaucoup poussé pour que cet écosystème se recharge. On n'était pas les seuls, évidemment, mais on a été assez moteurs. Par exemple, ce qu'on appelle le droit à la prise, c'est que les gens puissent facilement installer des prises de recharge en copropriété. Parce qu'en fait, quand tu habites en pavillon, c'est facile d'installer une bande dans ton garage. Quand tu vis dans une copropriété, et notamment une copropriété ancienne, ça demande déjà que la copropriété soit d'accord. Selon les copropriétés, ça peut être des coûts extrêmement variés. Donc, il y a des fonds de soutien maintenant publics, etc. Et là-dessus, les constructeurs automobiles, Renault a été assez moteur dans... les cinq dernières années. Aujourd'hui, l'électrification, ça devient quelque chose de massif. Donc évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça.

  • Speaker #1

    Et justement, pour en venir au terrain, je vais prendre l'exemple des bornes de recharge. Est-ce que c'est toi aussi qui vas voir les élus locaux en leur disant « ça serait bien qu'il y ait une borne ici, une borne là, comment ça se passe ? »

  • Speaker #0

    Non, alors... En fait, les collectivités locales, c'est un vrai sujet. Les collectivités locales n'ont pas forcément l'ingénierie pour savoir exactement où installer les bandes de recharge, quelle puissance, etc. Maintenant, nous, on a pu à un certain moment discuter avec un certain nombre de pouvoirs publics. Maintenant, il y a aussi un écosystème des opérateurs de bandes de recharge qui s'est structuré et qui apporte cette ingénierie aussi aux collectivités locales et qui va pouvoir leur dire, à tels endroits dans la ville, Il y a besoin de telle puissance, ou il n'y a pas besoin de borne, ou il y a besoin d'une borne rapide, même si c'est plus cher, etc. Donc ça s'est beaucoup structuré quand même. Évidemment, nous, on est toujours à disposition des élus locaux quand ils souhaitent en discuter, et on a plein d'échanges sur le sujet. Ce qui est toujours un peu particulier, c'est qu'il y a autant de territoires qu'il y a de territoires, c'est une évidence de le dire. Et donc, ils ont chacun des spécificités, les territoires de montagne, les territoires littoraux, les territoires ruraux, les territoires urbains, etc. Et donc, ça nécessite quand même une vraie ingénierie, une vraie compréhension de comment fonctionnent, où sont les bassins de vie, où les gens vont faire leurs courses, et donc laisser leur voiture, etc. Et donc, il faut quand même avoir conscience pour chaque collectivité aussi de ce que ça représente comme réflexion. à remettre en cause aussi régulièrement. C'est-à-dire que les bassins de vie peuvent changer et tout ça. Et donc, ce que je veux dire, c'est que c'est un vrai défi pour les collectivités aussi.

  • Speaker #1

    Et comment on crée de la confiance avec les élus, avec ces collectivités ?

  • Speaker #0

    Alors, nous, évidemment, on a plusieurs relations avec les élus locaux. On a déjà beaucoup de relations avec les élus locaux. On a des sites industriels, parce qu'évidemment, un site industriel de Renault, c'est souvent l'industrie automobile en règle générale. Mais c'est le premier employeur du département. en général. Donc, ça a un impact extrêmement important sur le territoire. Et souvent, il y a une épaisseur historique. Les usines automobiles, souvent, quand on discute avec les gens, leur père travaillait là, leur grand-père travaillait là. Quand je prends des exemples d'usines de flingues, c'est des usines où il y a un historique, et encore une fois, il y a un symbole très important. Et l'industrie automobile, c'est une industrie qui est grand public. Donc, quand tu produis une voiture dans telle usine, tu as évidemment des objectifs. Tu ne sais jamais dans quelle mesure ils vont être pleinement remplis ou pas. Donc, tu peux avoir une production qui, à un moment, diminue un peu, puis qui remonte, etc. Et donc, naturellement... Les élus, et c'est bien normal, ils ont des inquiétudes, ils ont des questions, ils veulent s'assurer que l'usine va bien quand même, etc. Et je pense que c'est important d'avoir cette discussion-là et d'ouvrir un peu l'outil industriel, de le montrer. Dans l'industrie, en fait, souvent, et c'est bien normal, on cherche beaucoup à protéger le secret industriel, le secret... Voilà, parce que quand tu designs une voiture, elle ne sort pas tout de suite dans la rue. Donc, tu le protèges de tes concurrents. Et en même temps, je pense que c'est extrêmement important aussi d'être assez ouvert avec tout l'écosystème territorial et les élus en règle générale. Et ça, moi, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de faire et qui est très chronophage, mais qui est passionnant déjà parce qu'on est dans les usines. Vraiment, l'industrie automobile est là. Et d'organiser des visites, de partager, en fait, les sujets de l'usine, les difficultés, ce qui va bien et d'avoir ces relations un peu de confiance avec les élus qui puissent nous joindre assez vite. Alors, tout n'est pas parfait. On apprend toujours de ses erreurs, donc rien n'est jamais parfait. Mais c'est en tout cas l'ambition, ce que je veux faire et ce qu'on souhaite faire chez Renault, c'est d'avoir toujours cette préoccupation pour les écosystèmes territoriaux. Parce que parfois, pris dans le quotidien, on oublie que dans tel territoire, l'usine Renault, elle est juste essentielle. Et ça, je pense qu'il faut toujours s'en rappeler. Et c'est un élément de fierté énorme pour nous aussi. Et donc c'est hyper important d'avoir ces échanges-là avec les acteurs locaux.

  • Speaker #1

    Toi, à titre personnel, tu passes plus de temps avec les acteurs locaux ou côté

  • Speaker #0

    Assemblée-Sénat ? C'est variable, parce que ça va dépendre évidemment de nos projets industriels. Quand on va industrialiser un nouveau véhicule, ça va demander un certain nombre d'échanges avec les pouvoirs publics locaux. Par rapport au Parlement, tout va dépendre aussi de l'actualité parlementaire. On voit bien que le fonctionnement de l'Assemblée a quand même assez évolué ces derniers temps. Tout va dépendre aussi du calendrier parlementaire. Il y a des périodes où on va être beaucoup plus en lien avec les parlementaires, il y a des périodes beaucoup plus en lien avec les locaux. Ça fait partie aussi de ce qui est sympa, je pense, dans ce métier. C'est que le matin, on n'est jamais très sûr de ce qu'on va faire dans la semaine. L'actualité, elle change beaucoup. Et nous, on essaye d'y coller au max.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de l'actualité parlementaire. L'Assemblée est plutôt bloquée depuis un petit moment. Est-ce que vous avez une marge de manœuvre ? Est-ce que vous arrivez à faire avancer des dossiers ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Moi, une partie de mon travail, c'est de communiquer avec les parlementaires, même quand on n'a rien de précis, immédiat, actuel à demander. Il n'y a pas forcément tout le temps un projet de loi, une proposition de loi qui concerne l'industrie automobile. La plupart du temps, il y a beaucoup de sujets en France, et donc il y a beaucoup de textes qui peuvent nous concerner indirectement ou directement. Mais je suis assez convaincu qu'il ne faut pas aller voir les parlementaires uniquement quand on a quelque chose à demander. C'est normal d'aller voir les parlementaires, on a évidemment beaucoup de sujets. Mais je pense qu'il faut prendre le temps aussi de leur expliquer ces révolutions qui sont quand même assez compliquées. L'électrification des véhicules, la digitalisation des véhicules, les impacts des tensions commerciales et géopolitiques, les terres rares, les matières premières. Il y a un nombre de sujets vraiment importants. et qui se rencontrent avec des percussions de tous ces sujets. Et moi, je pense que c'est important qu'au quotidien, les élus, les parlementaires notamment, comprennent ça et que quand il y a un texte qui arrive, d'une certaine manière, ils ont déjà une idée de ce qui va être important pour la filière automobile française. Et ça, ce travail-là, quelle que soit la physionomie de l'Assemblée nationale ou du Sénat, il reste important. Après, ça appartient aux parlementaires de faire avancer les sujets s'ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, et comment ils le souhaitent.

  • Speaker #1

    Alors justement, sur les sujets, on a un peu parlé d'électrification, il y en a d'autres aussi, on parle beaucoup de réindustrialisation. Est-ce que ça vous touche ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et justement, chez Renault, on a voulu vraiment prendre ce sujet-là bien. Et aujourd'hui, on a toute une nouvelle gamme de véhicules électriques qui est produite en France. Donc on a beaucoup investi dans nos usines en France pour produire ce nouveau véhicule électrique. Ce qu'on voit dans la rue, la nouvelle Renault 5, la nouvelle Renault 4, je ne vais pas faire trop de publicité, mais ces véhicules-là sont produits en France. Ils sont notamment produits en France, mais il y a un certain nombre de ces composants aussi qui sont produits en France. Ce n'est pas seulement la voiture qui est assemblée. Leur châssis vient de notre usine du Mans, des moteurs de l'usine de Cléon en Normandie. Donc il y a vraiment un écosystème. On a tourné vers le véhicule électrique, d'une part. Il y a aussi des usines qu'on a tournées vers l'économie circulaire, l'usine de Flins, par exemple, qui maintenant travaille autour de la rénovation d'organes mécaniques de partie de voitures, et puis aussi de rénovation complète de voitures d'occasion pour en augmenter la durabilité et les remettre dans nos réseaux commerciaux. Ça, c'est aussi l'avenir à l'économie circulaire. Et donc, on essaye de mettre en France, dans nos usines, des activités assez novatrices. Aussi un certain nombre autour de la robotique industrielle, de l'IA. Et c'est l'occasion de moderniser nos usines aussi. Et donc on y contribue beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que cette réindustrialisation est récompensée par l'État ou aidée dans le sens où si moi je veux acheter une voiture, est-ce que j'ai intérêt financièrement à acheter une voiture made in France ? Je sais que c'était une thématique d'Arnaud Montebourg sur le made in France plus global qui était au monde de l'us aussi.

  • Speaker #0

    Il y a différentes façons de voir le sujet. Il y a des dispositifs publics. Par exemple, la stratégie France 2030, qui vise en fait à accompagner des projets industriels dont l'État juge qu'ils auront un impact significatif sur l'économie française. L'automobile en fait partie. Donc ça, c'est plutôt des aides aux entreprises en amont du projet. On va considérer que tel projet, il va amener une innovation importante, etc. Et donc, il y a un soutien à ce moment-là. Et puis ensuite, il y a les aides à l'achat qui, elles, sont là pour orienter le consommateur. Donc il y a des aides à l'achat, notamment pour encourager la décarbonation et donc pour acheter des véhicules électriques. Et c'est quand même une innovation de la France, c'est que ces aides à l'achat, elles bénéficient d'un score environnemental, d'un écoscore, ça dépend comment on le formule, qui en fait valorise les véhicules les plus vertueux sur l'ensemble de leur cycle de vie. Pas seulement le pot d'échappement, parce que sur un véhicule électrique, il n'y a plus de pot d'échappement, donc cette partie-là, mais sur la décarbonation du process de production. Et en fait, les véhicules les plus vertueux dans leur process de production, c'est les véhicules qui sont produits en Europe, généralement.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du sujet franco-français, mais donc Renault, c'est aussi de la diplomatie économique. Quel rôle joue Renault dans la diplomatie française ? Est-ce que tu as des contacts avec d'autres pays où vous essayez de vous implanter ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est très intéressant, et ça, je m'en suis rendu compte en travaillant chez Renault, c'est qu'on est vraiment perçu comme un morceau de la France. Et ça, on s'en rend compte en discutant, en fait, parfois à l'étranger ou parfois avec la diplomatie. Alors, c'est vrai aussi en France. L'État est notre premier actionnaire. Et puis, on est une ancienne régie nationale des usines de Renault. Il y a un lien avec l'histoire de la France moderne qui est extrêmement important. Je ne vais pas refaire les taxis de la Marne, les chars Renault FT, etc. Mais il y a vraiment un lien entre la nation et Renault qui a été très important. et puis... Voilà, l'industrie automobile, ça a évidemment été hyper structurant en France. Aussi bien l'objet lui-même, c'est-à-dire l'outil de liberté, que l'industrie qui a failli de l'emploi, etc. Et même à différentes époques de la France, à Biancourt en 1968, etc. Renault, c'est vraiment un petit morceau de l'histoire de France. Et je pense que les Français, ils sont aussi exigeants à notre encombre. Ils sont exigeants vis-à-vis de nous, parce qu'ils s'attendent, parce que nous, en tant que grande entreprise française...

  • Speaker #1

    C'est la fierté française.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Et en fait, et c'est passionnant, c'est que quand tu discutes avec les gens, dès que tu dis « je travaille chez Renault » , tout le monde a un avis, mais pas seulement sur la voiture, tu diras la dernière Clio, ceci, évidemment, mais au-delà de ça, ils vont tous te donner un avis sur Renault en tant qu'entreprise, en tant que ce qu'elle symbolise, ce qu'elle représente, etc. Et ça, c'est assez passionnant. Je m'en suis vraiment rendu compte. Et même après, je me suis dit que moi-même, quand je me suis dit que j'avais envie de travailler dans cette entreprise, je pense que ça a joué. Et si je te dis ça, c'est parce qu'en fait, à l'étranger, c'est vrai aussi. On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Et que donc, dans certains pays, quand il va y avoir une excellente relation entre la France et le pays en question, on sera bien accueillis, on va nous recevoir, on va discuter avec nous. Et que parfois, quand il y a un froid diplomatique avec la France, tout de suite, on va sentir qu'on va avoir un accueil qui est plus froid. Ce n'est pas vrai dans tous les pays, bien sûr, mais dans un certain nombre de pays quand même. Et donc, c'est extrêmement important de comprendre ces relations bilatérales entre la France et d'autres pays, et puis du coup, de discuter, parce que je ne suis pas diplomate moi-même, je trouve ça passionnant, mais je ne suis pas diplomate moi-même, bien sûr, et donc de pouvoir comprendre auprès de la diplomatie française la façon dont ils voient des évolutions géopolitiques, la façon dont la France peut être vue dans divers pays, et pour avoir ça bien en tête. Et ça me permet de dire aussi que j'ai découvert ces dernières années les différents services de l'État qui oeuvrent dans ce domaine, la diplomatie économique au Quai d'Orsay, la direction générale du Trésor à Bercy, les services économiques régionaux dans les ambassades, et que c'est des gens d'une immense qualité. qui passent leur vie à défendre l'économie française, etc. C'est extrêmement important que ça se soit bien préservé dans la diplomatie française. Et c'est des gens dont on ne parle pas toujours beaucoup et qui font beaucoup pour la France.

  • Speaker #1

    C'est hyper intéressant. Est-ce que, du coup, à l'international, tu vois directement, est-ce que les ventes suivent directement les tensions ou les amitiés qui se créent ? Par exemple, est-ce qu'on vend moins en ce moment aux États-Unis avec la complexification, les droits de l'âme ? Et au contraire, peut-être qu'en Europe, on est mieux mis en avant ? Je ne sais pas les résultats.

  • Speaker #0

    Alors nous, déjà, on n'est pas présent aux États-Unis, donc là, voilà. Mais ce n'est pas tellement le consommateur. Le consommateur, il peut effectivement être influencé, mais c'est plus dans la relation avec les pouvoirs publics étrangers, Ou nos équipes sur place vont parfois remonter que... Là où ils arrivaient à voir régulièrement tel responsable politique, local, national, etc., ils n'y arrivent plus. Et en fait, parfois, quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte qu'il y a des frictions avec la France qui sont parfois totalement étrangers de Renault, mais qu'on subit. Mais inversement aussi, évidemment, quand il y a des réchauffements de relations diplomatiques ou quand il y a des volontés de rapprocher un pays avec la France, parce qu'on considère que stratégiquement, c'est un pays... avec lequel la France doit travailler. Inversement, on voit que les pouvoirs publics locaux, parfois, sont hyper proactifs et contactent tout un tas d'entreprises françaises en disant, voilà, est-ce qu'on peut travailler ensemble ? Donc ça, c'est assez intéressant. Je pense que quand on travaille dans les affaires publiques, généralement, naturellement, on aime suivre l'actualité. Et en fait, dans des entreprises qui ont un spectre mondial, on suit l'actualité non seulement française, mais finalement un peu dans le monde entier. Alors évidemment, on ne peut pas suivre... toute la presse du monde entier. Donc, on est sur quelques pays particulièrement importants.

  • Speaker #1

    Alors Nicolas, on va parler d'une autre facette, d'un autre aspect de ton quotidien. C'est que tu es intervenant au CELSA depuis un an. Qu'est-ce que tu essaies de transmettre à la nouvelle génération ? En quoi consistent tes cours ? Qu'est-ce que tu veux leur donner ?

  • Speaker #0

    Donc là, j'ai fait deux ans effectivement de cours au CELSA. Je vais commencer bientôt la troisième année. Je trouve ça passionnant, déjà pour moi. Avant de transmettre des choses, c'est évidemment les étudiants d'aujourd'hui, c'est tes collègues dans un an ou deux ans. Je ne me considère pas encore tout à fait comme un vieux, j'ai 38 ans, mais je ne me considère plus tout à fait comme un jeune non plus. Je laisserai les uns les autres savoir si je suis un vieux ou un jeune à cet âge-là. Mais moi je me rends compte que les étudiants du CELSA, qui est mon école, j'ai été diplômé du CELSA, c'est pour ça que je m'y suis proposé, ils n'ont pas forcément du tout la même façon de voir les enjeux que nous. Ils ont une autre façon de voir le métier. d'autres conceptions politiques. Et c'est extrêmement intéressant, je trouve, de le comprendre, de discuter avec eux, etc. Après, ce que je fais, bien sûr, c'est, on fait un certain nombre de... J'aime bien faire des exercices de communication de crise, c'est-à-dire, il se passe une crise, qu'est-ce qu'on fait ? Donc, évidemment, il faut anticiper, évidemment, comme je disais, il faut... En fait, souvent, dans une situation de crise, tu te rends compte que si tu étais déjà, avant, considéré comme un interlocuteur... crédible, sérieux, qui apporte des informations vérifiées. En fait, quand il se passe une crise, on te fait confiance. Parce que tu n'as pas donné de raison de défiance précédemment. Donc bien sûr, les pouvoirs publics vont creuser les sujets, ils vont t'interroger, ils vont te demander d'apporter, voilà. Mais en fait, ça s'anticipe beaucoup. Ça s'anticipe beaucoup dans ton caractère, dans les informations que tu as pu précédemment transmettre. Et donc, voilà, j'essaye de leur montrer ça. Moi, ce que je constate, c'est que, et encore une fois, c'est l'intérêt de ton podcast et d'autres D'autres initiatives comme ça, c'est que les jeunes qui sont étudiants au CELSA, ils ont finalement une connaissance du métier quotidien qui est assez limitée. Et je vois bien que quand je discute avec eux...

  • Speaker #1

    C'est surtout de la théorie, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà, il y a un peu de théorie. C'est aussi un métier qui est très varié selon est-ce qu'on travaille dans une grande entreprise, dans une petite, dans une fédération, dans un cabinet de conseil, selon le secteur d'activité. Moi, je ne travaillais que dans l'industrie automobile, mais j'imagine que dans d'autres secteurs d'activité, ça peut être un métier totalement différent. Et donc, je pense qu'ils apprécient d'avoir une vision comme ça. Dans un grand groupe industriel, ça consiste en quoi, les affaires publiques ? Et souvent, ils sont assez surpris. Ça fait des débats assez intéressants. Moi, je me nourris aussi. Souvent, j'aime bien poser des questions.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des débats qui ont modifié ton jugement ou quoi tu pensais d'un sujet ?

  • Speaker #0

    Par exemple, il y a deux ans, je leur avais proposé qu'on réfléchisse ensemble aux taxes sur les stationnements, mettre en place des collectivités, qu'est-ce qu'ils en pensaient, qu'est-ce qu'eux, ils feraient. Et en fait, ça avait été un débat extrêmement nourri, avec évidemment des opinions très diverses entre eux, parce qu'il pouvait y avoir des convictions politiques, etc., assez variées. Je ne sais pas si ma propre approche avait changé, mais en tout cas, en lançant un sujet comme ça, On voyait bien qu'il y avait des opinions extrêmement diverses, à la fois sur le fond, mais sur la façon dont on pourrait gérer ce sujet-là, qu'on travaille dans la collectivité qui est concernée, ou qu'on travaille dans une entreprise, dans une association d'usagers, etc. Et je pense que c'est toujours intéressant de faire réfléchir les étudiants sur se mettre dans la peau de l'autre. C'est-à-dire se dire, un sujet comme ça, en fait... Ça va faire réfléchir des associations, des collectivités, des entreprises, des pouvoirs publics nationaux, des préfectures, etc. Et en fait, c'est quoi la façon de voir les choses de chacun ? Et j'ai une conviction, c'est que les gens qui sont passionnés des affaires publiques sont des passionnés de l'État de droit. Ils sont des passionnés de la démocratie. Les affaires publiques, on aime les affaires publiques parce qu'on sait que c'est tel pouvoir qui prend telle décision, c'est telle autorité qui a telle légitimité pour faire telle chose, etc. Et on sait aussi qu'une décision, une fois qu'elle est prise, il y a des voies légales de recours. Mais tu vois, c'est de l'état de droit. Et en fait, on part du principe que notre métier, il n'est pas remis en cause tous les trois jours parce qu'en fait, il y a un pouvoir autoritaire qui peut décider du jour au lendemain qu'en fait, ce sera comme ci et pas comme ça, etc. Et j'essaye aussi de leur montrer ça. Il faut être un passionné de la politique, il faut être un passionné de la démocratie, de l'état de droit, etc. Et c'est beaucoup comme ça que fonctionnent, je pense, les affaires publiques modernes.

  • Speaker #1

    Est-ce que, Nicolas, tu as un conseil que tu aurais bien aimé savoir, un conseil que tu pourrais te donner, au toit, il y a 10-15 ans, en tout cas quand tu démarrais, après tes études, quelque chose que tu aurais aimé savoir ?

  • Speaker #0

    Tu sais, quand tu es jeune, tu sors diplômé avec beaucoup d'idées, un peu parfois préconçues, que tu n'as pas toujours beaucoup frotté à la réalité, et c'est normal. Je pense que, moi, les meilleurs conseils qu'on ait pu me donner, c'est de toujours écouter les gens. écouter les gens, les comprendre, apprendre. Je pense que quand on démarre tout cas professionnel, on fait plein d'erreurs au début et que c'est juste normal et très bien si on sait en tirer de l'enseignement. Donc ça, écouter, apprendre, c'est peut-être basique, mais je pense que c'est aussi vrai quand on va dans les affaires publiques, quand on va dans le monde de la politique. Je pense que c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    On arrive au bout de cet épisode, Nicolas. Est-ce qu'il y a un sujet dont tu voulais parler que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait déjà un bon tour de différents sujets. Peut-être si je peux recommander quelque chose à lire à mes pères qui sont passionnés aussi de politique. Il se trouve que cet été, donc c'est le dernier livre que j'ai lu comme ça, voilà c'est facile, mais j'ai lu l'histoire de Venise, d'un historien qui s'appelle Zordi, qui était passionnant. Moi je ne connaissais pas l'histoire de ce pays et c'est une nation... avec un régime, quelque part, entre l'aristocratie et la République qui a duré quand même des siècles. Évidemment, c'est une histoire remplie d'intrigues politiques, de manœuvres, mais aussi de grandeurs, de gens qui se sont levés pour défendre l'indépendance et la souveraineté de leur pays. Et j'ai trouvé cette histoire de Venise absolument passionnante. Et je pense que tous les gens qui s'intéressent un peu à les politiques et l'histoire, ils vont adorer. En tout cas, moi, j'ai découvert ça. Donc, je le recommande. En plus, c'est bien écrit et c'est drôle. Donc, ça ne gâche rien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Nicolas.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté MECI, je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de Légit Watch, la plateforme qui révolutionne et facilite votre veille parlementaire.

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Dans cet épisode, je reçois Nicolas Tcheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Formé dans les collectivités locales, passé par l’Assemblée nationale puis immergé depuis sept ans au cœur de l’industrie automobile, Nicolas connaît aussi bien la fabrique de la loi que les rouages industriels.

On plonge ensemble dans son parcours, dans l’évolution vertigineuse de la filière automobile - électrification, réindustrialisation, diplomatie économique et dans la manière dont Renault s’inscrit comme un véritable morceau de l’histoire française.

On parle aussi du quotidien d’un représentant d’intérêt, de la relation aux élus, des territoires, de la transition écologique et de ce que signifie travailler dans un secteur en révolution permanente.

Un épisode riche, humain et très concret, qui éclaire l’envers du décor d’un métier souvent méconnu et pourtant essentiel à la vie démocratique.


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Transcription

  • Speaker #0

    On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Aujourd'hui, l'électrification devient quelque chose de massif. Évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça. Mais quand tu fais le bilan, en fait, il faut être humble sur ce que t'as fait pendant 50 ans de vie professionnelle, parce qu'au fond, tu travailles pour un des 577 députés.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch,

  • Speaker #0

    et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Nicolas Cheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Nicolas, t'as été formé dans les collectivités locales, t'as ensuite... passé par l'Assemblée Nationale en tant que collaborateur parlementaire et aujourd'hui tu es chez Renault Group depuis 7 ans. Donc on peut dire que tu connais aussi bien la fabrique de la loi côté parlementaire que les rouages industriels. Dans cet épisode, on parle de ton parcours, des enjeux d'influence dans l'industrie automobile mais aussi du rôle stratégique des territoires et de la transition écologique. Salut Nicolas !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette courte description ?

  • Speaker #0

    Non, la présentation est très complète, mais juste te dire que je suis très heureux de participer au podcast. Je trouve que c'est vraiment bien de montrer notre profession comme étant un vrai métier et de pouvoir en parler ouvertement et en transparence. Je trouve que c'est une très belle initiative.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nicolas. Pour parler justement de ton parcours et de ton métier, on va passer à la première section que j'ai nommée du terrain. à l'hémicycle puis à l'industrie. Donc tu as débuté en mairie puis au département avant de devenir collaborateur parlementaire à l'Assemblée. Qu'est-ce que tu as appris de ces premières expériences ?

  • Speaker #0

    Oui, donc effectivement, j'ai commencé en fait par travailler assez brièvement au cabinet d'un président de conseil général. Et puis j'ai travaillé comme directeur de la communication dans une ville. Et puis effectivement, ensuite, j'ai rejoint l'Assemblée nationale. Ça me donne l'occasion de remercier déjà un certain nombre d'élus qui m'ont fait confiance quand j'étais jeune et que je commençais. Ils se reconnaîtront, ainsi qu'un directeur général des services aussi, qui m'avait fait confiance à l'époque. Parce qu'en fait, moi, à la base, mais comme je pense beaucoup de gens dans le métier, je suis un passionné de la politique. Je ne connaissais rien à l'automobile et jusqu'à encore quelques années, c'était le cas. Moi, avant tout, je suis un mordu de politique.

  • Speaker #1

    Depuis tout petit ?

  • Speaker #0

    Ouais, je ne sais pas exactement d'où c'est venu. Mais je pense que c'est venu de rencontres, en fait. Comme souvent, c'est venu de rencontres. De locales, dans ma ville, des gens qui tractaient, qui j'ai discuté. Ma mère avait été conseillère municipale quelques temps. des rencontres comme ça Et moi je crois beaucoup à ça. D'ailleurs ce qui me passionne aussi dans le monde des affaires publiques, c'est que c'est beaucoup des rencontres, c'est du relationnel. Et donc moi j'ai beaucoup fonctionné avec des gens que j'ai rencontrés, avec lesquels j'ai aimé travailler et qui m'ont beaucoup apporté. C'est pour ça que je leur passais un petit mot de remerciement aussi en introduction. Et effectivement on apprend des choses assez différentes dans tous ces postes-là. Tu vois, si je commence par l'Assemblée nationale, je pense que de toutes ces fonctions-là, c'était intellectuellement le plus stimulant, le plus passionnant. On réfléchit à des choses essentielles pour la nation. C'est en permanence une stimulation hyper intéressante, très formatrice. Mais quand tu fais le bilan, en fait, j'avais fait l'exercice après une législature, après cinq ans. Bon, des amendements que j'ai écrits, il n'y en a déjà pas énormément qui ont été adoptés. On a quelques-uns qui ont été adoptés. Mais après, quand tu fais le calcul des amendements adoptés, ceux qui ont eu les décrets d'application, il y en a encore moins. Et à la fin, tu te dis quand même, il faut être humble sur ce que tu as fait pendant 50 ans de vie professionnelle. Parce qu'au fond, l'Assemblée nationale, c'est passionnant. Tu travailles pour un des 577 députés. Donc, c'est un exercice de... Effectivement, il faut être humble. C'est un exercice aussi de diplomatie, de convaincre ses collègues. Alors que les collectivités locales, c'est très différent. La collectivité locale, c'est un exécutif. Donc certes, tu n'es pas forcément dans des réflexions aussi intellectuelles, mais c'est des choses quotidiennes pour les gens, qui les touchent vraiment. C'est leur trottoir, c'est leur logement, c'est le bruit dans la rue. Alors c'est des choses très quotidiennes, mais tu agis et le soir, tu vois la différence sur la vie des gens. Et ça, c'est aussi gratifiant d'une certaine manière. J'ai vraiment vu la différence quand je suis passé des collectivités à l'Assemblée. c'est que tu perds assez facilement, même si bien sûr les députés sont présents sur le terrain et leurs assistants aussi. Tu perds cette possibilité d'avoir une action directe sur le quotidien des personnes. Et ça, moi, j'ai trouvé passionnant de bosser dans un service public où la mairie est ouverte à 8h30 le matin, donc il faut être là à 8h30 jusqu'à l'heure de fermeture et il faut rendre aux gens un service public.

  • Speaker #1

    Au niveau de la collectivité, tu as eu l'impression d'avoir plus d'impact ?

  • Speaker #0

    En fait, tu le vois plus. C'est-à-dire que c'est difficile d'évaluer l'impact de ce que tu as pu faire au Parlement. Parce que peut-être tu as pu installer, par exemple, un sujet. dans la discussion publique. Et puis, peut-être qu'il n'a pas été jusqu'au bout, ce sujet, mais le député pour lequel tu as travaillé, il a mis un sujet en discussion, il a fait des auditions, il a pu alerter, etc. Tu vois, c'est des impacts qui sont plus difficiles quand tu fais le bilan de ce que tu as fait, en fait, à l'Assemblée nationale, qui sont plus difficiles à mesurer. Alors que dans une municipalité, déjà, tu es au contact, c'est plus petit, c'est un territoire qui est plus petit, tu es au contact un peu quotidien avec les gens, et donc tu vois tout de suite. Si les gens ne sont pas contents, s'ils sont contents, etc. Moi, j'avais tendance, dès qu'il y avait des réunions publiques ou quoi, à me mettre au fond de la salle et écouter ce que disaient les gens. Et en fait, très vite, tu sens. Et puis, tu le vois, en fait. Tu sais, c'est bête, mais quand tu décides de refaire un quartier, le quartier, c'est concret. Tu le vois sortir de terre. Il y a quelque chose dans l'exécutif, l'exécutif loco qui est assez passionnant, c'est que tu vois les choses concrètement se faire. Et l'Assemblée nationale, parfois, tu peux voir des... Je sais pas, tu vois, te... À mon époque, par exemple, on avait voté le paquet neutre sur les cigarettes, tu le vois chez le ruraliste, mais c'est pas toujours aussi simple, tu vois. C'est pas toujours aussi simple de voir l'effet concret de ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Comment s'est passée ta transition de la collectivité à l'Assemblée ?

  • Speaker #0

    Je te dis, en fait, moi j'étais sur le coup, c'était une nouvelle aventure, donc j'étais très heureux parce que...

  • Speaker #1

    Tu connaissais le député élu ? Oui, oui, oui,

  • Speaker #0

    je le connaissais, j'avais fait sa campagne, c'est quelqu'un pour lequel j'avais beaucoup d'estime et avec lequel j'ai vraiment beaucoup apprécié travailler. Et donc, effectivement, je le connaissais du terrain. Et quand il a été élu, assez naturellement, je l'ai suivi à l'Assemblée nationale. Et donc, c'était une expérience complètement nouvelle. Un bureau de député, c'est aussi un monde assez particulier. C'est deux, trois personnes. Il faut s'entendre très vite. Une mairie, c'est beaucoup plus structuré. Bien sûr, il y a des services, il y a des directions, etc. Donc, c'est des façons de travailler qui sont assez différentes.

  • Speaker #1

    Super clair. Et du coup, qu'est-ce qui t'a fait passer du côté entreprise ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fait une législature entière à l'Assemblée nationale. Pour être honnête, j'en suis sorti un peu lessivé aussi, parce que le parti pour lequel je m'étais engagé à l'époque avait subi un très sérieux revers électoral. C'était quel parti ? C'était le Parti socialiste.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bon, tu vois, quand tu fais le bilan de dire « j'ai fait passer quelques amendements, la plupart, ils n'ont même jamais eu les décrets d'application, et en plus, les citoyens, c'est leur droit, ils ont voté massivement contre le parti dans lequel tu as œuvré » , tu sors de là un peu en te posant des questions, quoi. Et moi, en fait, j'avais vu, alors on en voyait peu, mais de temps en temps, on voyait passer des représentants d'intérêt à l'Assemblée nationale. Et moi, j'avais été assez marqué quand même dès cette époque-là par le fait que, tu vois, dans l'Assemblée, dans ce tumulte un peu bouillonnant d'idées, de pensées un peu polémiques, de politiques, etc. Tu avais parfois des contributions qui étaient dans un style totalement différent, qui étaient un peu froides, rationnelles, techniques, etc. Et qui, de temps en temps, t'amenaient un peu à refroidir le truc dans ton cerveau, tu vois, et te dire, attends. Est-ce qu'en fait, j'ai bien fait le tour du sujet ? Tu vois, j'en parle, mais en fait, je ne le connais pas. Et j'avais trouvé ça assez intéressant. Et puis après aussi, mon père travaillait dans les affaires publiques, dans le pharmaceutique. Et je voyais un peu ce qu'il faisait, je trouvais ça assez passionnant. Donc après, j'ai voulu volontairement changer de secteur, être dans un tout autre secteur. Et pour être honnête, Renault, ça s'est fait parce que moi, je trouvais que c'était une entreprise... passionnante et je ne regrette vraiment pas du tout. Française, évidemment, je voulais travailler pour une entreprise française. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu étais à l'Assemblée, tu avais vu passer justement des représentants d'intérêt de Renault ?

  • Speaker #0

    Non. Non, non, parce qu'on travaillait dans le domaine de la santé. Je ne voulais pas qu'il y ait la moindre... Enfin, j'ai voulu vraiment changer de secteur et c'était volontaire. Voilà, séparer deux périodes de ma vie, même si j'ai évidemment... Ce que je voulais apporter, en fait, à Renault, c'était ma connaissance de la façon dont fonctionnait l'Assemblée et le... politique.

  • Speaker #1

    Alors justement, aujourd'hui, à quoi ressemble ton quotidien ? Est-ce que c'est toi maintenant qui est passé de l'autre côté, rencontre ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait assez étrange au début de passer de l'autre côté. Déjà, ça fait étrange de faire des cartons et de libérer un bureau parce que quand tu perds une collectivité locale, bon, les administrations, elles restent, les dossiers, ils restent, etc. Tu sais, quand tu vis d'un bureau de député, il y a quand même énormément de choses qui partagent la broyeuse et ça fait bizarre, effectivement, mais c'est ça l'institution, c'est que les choses te survivent et ça c'est très sain dans une démocratie les choses te survivent mais ça fait bizarre après de revenir avec un page visiteur à l'Assemblée Nationale et au début il y a un petit passe-froid au cœur en disant bon bah attends je suis un visiteur parce qu'au fond j'ai gardé le même amour pour le Parlement et pour la chose publique, celle que j'avais quand j'étais à l'Assemblée nationale. Mais c'est bien normal, évidemment, qu'on revienne avec un badge différent, qui soit un badge de visite. Et à l'époque, quand je suis rentré aux Affaires publiques chez Renault, ce que tu fais aujourd'hui, ce type de podcast-là, ça n'existait pas. C'était encore une profession assez... Moi, j'ai appris quand même The Hard Way, si tu me permets cet anglicisme, sur le terrain, en faisant des erreurs. en découvrant un peu les choses. Alors j'ai eu des gens très très bien qui m'avaient accueilli chez Renault à l'époque. Mais voilà, c'était un apprentissage qui n'était pas forcément facile au début.

  • Speaker #1

    Quand tu dis « the hard way » , justement, à quoi ça ressemblait ? C'était quoi la différence avec aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    À l'époque ? Maintenant, je suis dans ma huitième année chez Renault, donc je veux dire que j'ai emmagasiné un peu d'expérience. Ce n'est pas facile au début de changer de mentalité, de voir les choses effectivement depuis... depuis un point de vue qui n'est pas le même, tout en parlant de la même personne. Bon, du coup, voilà, moi, chez Renault, je suis un maillon d'une équipe qui est vraiment diversifiée, qui est hyper motivée, qui essaye de trouver des défis, des solutions à des défis absolument immenses dans le monde des mobilités. J'ai beaucoup de plaisir à y travailler, vraiment, avec tous mes collègues.

  • Speaker #1

    Dans le pôle affaires publiques, vous êtes combien ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile de te répondre à cette question, parce qu'il y a des gens à Paris, des gens à Bruxelles, etc. D'accord. Ce n'est pas très simple de répondre à cette question, mais on est un certain nombre. Je pense qu'on est plus chez Renault que dans d'autres entreprises comparables. On pourrait y revenir, mais je pense que Renault, ce n'est pas une entreprise comme les autres. La participation, notamment de l'État, qui est importante, et puis l'histoire de Renault, fait que je pense qu'on a une entreprise auxquelles les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour revenir à ton quotidien, est-ce que justement, quand on est chez Renault, c'est facile de rencontrer les parlementaires pour exposer ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est sûr que quand on travaille pour une grande entreprise comme Renault, ça permet d'ouvrir un certain nombre de portes. Les gens te rencontrent assez facilement. Ce n'est pas pour ça qu'ils t'écoutent plus et ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas avoir la même exigence dans ce qu'on présente. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Renault qu'on est cru d'office sans avoir les argumentaires chiffrés, précis, expertisés, etc. Mais notre quotidien, je pense que c'est vrai en général dans le monde des affaires publiques, c'est beaucoup de réunions internes déjà. Comprendre les sujets qui sont extrêmement techniques. Moi, je ne suis pas un ingénieur de l'automobile, donc j'ai besoin de les comprendre, j'ai besoin de les maîtriser, etc. Et donc ça, c'est déjà cette acquisition de l'expertise sur les sujets qu'on traite. C'est une bonne partie du temps de travail. Après, on a évidemment beaucoup d'échanges avec le monde politique, le monde public en règle générale, pour partager nos enjeux. et puis même au-delà du... des enjeux qu'on peut avoir à un moment précis, essayer d'avoir une relation de confiance et d'avoir des échanges fréquents avec eux, et puis de les comprendre eux, quelles sont leurs ambitions, quels sont leurs objectifs, etc., les pouvoirs publics, et puis ensuite de proposer des positions qui puissent répondre à ces ambitions des pouvoirs publics.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles d'enjeux, quels sont les enjeux en ce moment du monde automobile et de Renault en particulier ?

  • Speaker #0

    Le monde automobile, en fait, il est en pleine révolution. Donc c'est un secteur qui est... passionnant pour ça parce que c'est un secteur qui a la croisée d'évolution très rapide, sociale, individuelle, environnementale, technique, géopolitique. Et donc, c'est un secteur qui me passionne depuis que je suis rentré dedans. Il y a une autre chose que je vois, c'est qu'en fait, il y a beaucoup de mouvements sociaux, et notamment beaucoup de mouvements sociaux un peu nouveaux, dont on n'avait pas l'habitude dans le monde politique. Si on reprend les Gilets jaunes, c'est... Une évidence, je pense que tout le monde l'a remarqué, que les 80 km heure et le prix des carburants ont joué un rôle énorme et que c'était des personnes qui enfilaient un gilet qu'ils ont dans leur voiture et qui manifestaient sur les ronds-points. Donc je veux dire, la symbolique de l'automobile, c'est extrêmement fort dans l'imaginaire des personnes, dans leur imaginaire collectif et puis dans leur quotidien de vie. Et du coup, l'automobile, c'est un vrai objet politique. C'est une industrie qui, je pense, est assez, parfois, différente des autres et qui a des enjeux symboliques assez importants. Et je pense que c'est vraiment important de bien les maîtriser quand on échange avec les pouvoirs publics. Et donc, on a des enjeux qui sont absolument immenses, qui sont de plusieurs ordres. Des révolutions technologiques. On électrifie les voitures. C'est une des révolutions technologiques, mais la principale et celle qui est la plus exigeante, c'est électrifier nos voitures.

  • Speaker #1

    Renault investit beaucoup à ce sujet ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. On a beaucoup investi, et non seulement on a beaucoup investi, mais on a beaucoup investi en France. Moi, à titre personnel, je roule dans une Renault 5 électrique et je suis assez fier de rouler dans une voiture qui soit électrique, qui participe à la décarbonation et qui soit produite en France.

  • Speaker #1

    Et alors, le sujet de l'électrification, c'est quoi ? C'est de rendre cette voiture plus accessible à tout le monde ?

  • Speaker #0

    C'est de la décarboner au maximum, de la produire de la façon la plus vertueuse possible et effectivement de démocratiser le véhicule électrique. Et le véhicule électrique, en fait, ça demande un écosystème qui est nouveau. On a un écosystème qui était basé sur le véhicule thermique, avec des stations essence, etc. Là, on a besoin d'un écosystème qui est nouveau, avec des bandes de recharge, avec des prises pour les gens chez eux. Et donc, ça demande aussi de travailler avec les pouvoirs publics en permanence, parce que cet écosystème-là, ce n'est pas les constructeurs qui peuvent intégralement le faire. Évidemment, ils peuvent en prendre leur part. Et d'ailleurs, la plupart des constructeurs investissent aussi dans des réseaux de recharge pour... et de leurs clients. Mais il y a besoin d'une force un peu planificatrice et il y a besoin que les acteurs publics réunissent les différents acteurs. Il y a des énergéticiens, des constructeurs automobiles, des collectivités locales, parce qu'il y a beaucoup de bornes de recharge qui sont installées aussi par les collectivités locales, pour que cet écosystème-là, il voit le jour. En France, on est plutôt un des pays où cet écosystème-là, il y a encore plein de choses à améliorer. Je roule en véhicule électrique, donc... tous ceux qui roulent en véhicule électrique, on sait que ça a plaisir et qu'il y a aussi plein de choses à améliorer dans l'écosystème de recharge. Mais il y a des pays où c'est beaucoup moins développé, y compris en Union européenne. Et ça, c'est vraiment essentiel parce que le client, on pourra faire les meilleurs véhicules électriques du monde. S'il vit dans un pays où il n'y a pas suffisamment de maillage de bandes de recharge, ça sera quand même difficile de le convaincre. Donc, cette évolution, en fait, elle ne repose pas que sur les constructeurs automobiles. Et c'est ça qui rend un peu la fonction passionnante en ce moment, c'est qu'on est dans une révolution où en fait, on doit tous se concerter et on doit tous aller de l'avant.

  • Speaker #1

    Donc toi, ton rôle, je le dis grossièrement et tu me dis si je suis à côté ou non, Nicolas, c'est de mettre à la même table toutes ces personnes-là, les collectivités, les élus, en leur disant, ok, il y a un souci au niveau de la transition, il y a aussi un souci au niveau du prix de l'essence, il faut que ça avance sur les bornes.

  • Speaker #0

    En fait, aujourd'hui, les pouvoirs publics ont largement pris conscience de l'enjeu de l'électrification. Et ils sont même moteurs. Donc ils organisent cette transition de l'écosystème. Mais c'est vrai que nous, par exemple, si je remonte un peu dans l'historique, Renault, on a été quand même un des pionniers du véhicule électrique avec la Zoé. Et à l'époque, moi, je salue quand même les premières personnes qui ont acheté des Zoé, c'était des pionniers, parce que l'écosystème de recharge, il était quand même encore assez balbutiant. Et donc c'est nous, Renault, qui avons beaucoup poussé pour que cet écosystème se recharge. On n'était pas les seuls, évidemment, mais on a été assez moteurs. Par exemple, ce qu'on appelle le droit à la prise, c'est que les gens puissent facilement installer des prises de recharge en copropriété. Parce qu'en fait, quand tu habites en pavillon, c'est facile d'installer une bande dans ton garage. Quand tu vis dans une copropriété, et notamment une copropriété ancienne, ça demande déjà que la copropriété soit d'accord. Selon les copropriétés, ça peut être des coûts extrêmement variés. Donc, il y a des fonds de soutien maintenant publics, etc. Et là-dessus, les constructeurs automobiles, Renault a été assez moteur dans... les cinq dernières années. Aujourd'hui, l'électrification, ça devient quelque chose de massif. Donc évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça.

  • Speaker #1

    Et justement, pour en venir au terrain, je vais prendre l'exemple des bornes de recharge. Est-ce que c'est toi aussi qui vas voir les élus locaux en leur disant « ça serait bien qu'il y ait une borne ici, une borne là, comment ça se passe ? »

  • Speaker #0

    Non, alors... En fait, les collectivités locales, c'est un vrai sujet. Les collectivités locales n'ont pas forcément l'ingénierie pour savoir exactement où installer les bandes de recharge, quelle puissance, etc. Maintenant, nous, on a pu à un certain moment discuter avec un certain nombre de pouvoirs publics. Maintenant, il y a aussi un écosystème des opérateurs de bandes de recharge qui s'est structuré et qui apporte cette ingénierie aussi aux collectivités locales et qui va pouvoir leur dire, à tels endroits dans la ville, Il y a besoin de telle puissance, ou il n'y a pas besoin de borne, ou il y a besoin d'une borne rapide, même si c'est plus cher, etc. Donc ça s'est beaucoup structuré quand même. Évidemment, nous, on est toujours à disposition des élus locaux quand ils souhaitent en discuter, et on a plein d'échanges sur le sujet. Ce qui est toujours un peu particulier, c'est qu'il y a autant de territoires qu'il y a de territoires, c'est une évidence de le dire. Et donc, ils ont chacun des spécificités, les territoires de montagne, les territoires littoraux, les territoires ruraux, les territoires urbains, etc. Et donc, ça nécessite quand même une vraie ingénierie, une vraie compréhension de comment fonctionnent, où sont les bassins de vie, où les gens vont faire leurs courses, et donc laisser leur voiture, etc. Et donc, il faut quand même avoir conscience pour chaque collectivité aussi de ce que ça représente comme réflexion. à remettre en cause aussi régulièrement. C'est-à-dire que les bassins de vie peuvent changer et tout ça. Et donc, ce que je veux dire, c'est que c'est un vrai défi pour les collectivités aussi.

  • Speaker #1

    Et comment on crée de la confiance avec les élus, avec ces collectivités ?

  • Speaker #0

    Alors, nous, évidemment, on a plusieurs relations avec les élus locaux. On a déjà beaucoup de relations avec les élus locaux. On a des sites industriels, parce qu'évidemment, un site industriel de Renault, c'est souvent l'industrie automobile en règle générale. Mais c'est le premier employeur du département. en général. Donc, ça a un impact extrêmement important sur le territoire. Et souvent, il y a une épaisseur historique. Les usines automobiles, souvent, quand on discute avec les gens, leur père travaillait là, leur grand-père travaillait là. Quand je prends des exemples d'usines de flingues, c'est des usines où il y a un historique, et encore une fois, il y a un symbole très important. Et l'industrie automobile, c'est une industrie qui est grand public. Donc, quand tu produis une voiture dans telle usine, tu as évidemment des objectifs. Tu ne sais jamais dans quelle mesure ils vont être pleinement remplis ou pas. Donc, tu peux avoir une production qui, à un moment, diminue un peu, puis qui remonte, etc. Et donc, naturellement... Les élus, et c'est bien normal, ils ont des inquiétudes, ils ont des questions, ils veulent s'assurer que l'usine va bien quand même, etc. Et je pense que c'est important d'avoir cette discussion-là et d'ouvrir un peu l'outil industriel, de le montrer. Dans l'industrie, en fait, souvent, et c'est bien normal, on cherche beaucoup à protéger le secret industriel, le secret... Voilà, parce que quand tu designs une voiture, elle ne sort pas tout de suite dans la rue. Donc, tu le protèges de tes concurrents. Et en même temps, je pense que c'est extrêmement important aussi d'être assez ouvert avec tout l'écosystème territorial et les élus en règle générale. Et ça, moi, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de faire et qui est très chronophage, mais qui est passionnant déjà parce qu'on est dans les usines. Vraiment, l'industrie automobile est là. Et d'organiser des visites, de partager, en fait, les sujets de l'usine, les difficultés, ce qui va bien et d'avoir ces relations un peu de confiance avec les élus qui puissent nous joindre assez vite. Alors, tout n'est pas parfait. On apprend toujours de ses erreurs, donc rien n'est jamais parfait. Mais c'est en tout cas l'ambition, ce que je veux faire et ce qu'on souhaite faire chez Renault, c'est d'avoir toujours cette préoccupation pour les écosystèmes territoriaux. Parce que parfois, pris dans le quotidien, on oublie que dans tel territoire, l'usine Renault, elle est juste essentielle. Et ça, je pense qu'il faut toujours s'en rappeler. Et c'est un élément de fierté énorme pour nous aussi. Et donc c'est hyper important d'avoir ces échanges-là avec les acteurs locaux.

  • Speaker #1

    Toi, à titre personnel, tu passes plus de temps avec les acteurs locaux ou côté

  • Speaker #0

    Assemblée-Sénat ? C'est variable, parce que ça va dépendre évidemment de nos projets industriels. Quand on va industrialiser un nouveau véhicule, ça va demander un certain nombre d'échanges avec les pouvoirs publics locaux. Par rapport au Parlement, tout va dépendre aussi de l'actualité parlementaire. On voit bien que le fonctionnement de l'Assemblée a quand même assez évolué ces derniers temps. Tout va dépendre aussi du calendrier parlementaire. Il y a des périodes où on va être beaucoup plus en lien avec les parlementaires, il y a des périodes beaucoup plus en lien avec les locaux. Ça fait partie aussi de ce qui est sympa, je pense, dans ce métier. C'est que le matin, on n'est jamais très sûr de ce qu'on va faire dans la semaine. L'actualité, elle change beaucoup. Et nous, on essaye d'y coller au max.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de l'actualité parlementaire. L'Assemblée est plutôt bloquée depuis un petit moment. Est-ce que vous avez une marge de manœuvre ? Est-ce que vous arrivez à faire avancer des dossiers ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Moi, une partie de mon travail, c'est de communiquer avec les parlementaires, même quand on n'a rien de précis, immédiat, actuel à demander. Il n'y a pas forcément tout le temps un projet de loi, une proposition de loi qui concerne l'industrie automobile. La plupart du temps, il y a beaucoup de sujets en France, et donc il y a beaucoup de textes qui peuvent nous concerner indirectement ou directement. Mais je suis assez convaincu qu'il ne faut pas aller voir les parlementaires uniquement quand on a quelque chose à demander. C'est normal d'aller voir les parlementaires, on a évidemment beaucoup de sujets. Mais je pense qu'il faut prendre le temps aussi de leur expliquer ces révolutions qui sont quand même assez compliquées. L'électrification des véhicules, la digitalisation des véhicules, les impacts des tensions commerciales et géopolitiques, les terres rares, les matières premières. Il y a un nombre de sujets vraiment importants. et qui se rencontrent avec des percussions de tous ces sujets. Et moi, je pense que c'est important qu'au quotidien, les élus, les parlementaires notamment, comprennent ça et que quand il y a un texte qui arrive, d'une certaine manière, ils ont déjà une idée de ce qui va être important pour la filière automobile française. Et ça, ce travail-là, quelle que soit la physionomie de l'Assemblée nationale ou du Sénat, il reste important. Après, ça appartient aux parlementaires de faire avancer les sujets s'ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, et comment ils le souhaitent.

  • Speaker #1

    Alors justement, sur les sujets, on a un peu parlé d'électrification, il y en a d'autres aussi, on parle beaucoup de réindustrialisation. Est-ce que ça vous touche ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et justement, chez Renault, on a voulu vraiment prendre ce sujet-là bien. Et aujourd'hui, on a toute une nouvelle gamme de véhicules électriques qui est produite en France. Donc on a beaucoup investi dans nos usines en France pour produire ce nouveau véhicule électrique. Ce qu'on voit dans la rue, la nouvelle Renault 5, la nouvelle Renault 4, je ne vais pas faire trop de publicité, mais ces véhicules-là sont produits en France. Ils sont notamment produits en France, mais il y a un certain nombre de ces composants aussi qui sont produits en France. Ce n'est pas seulement la voiture qui est assemblée. Leur châssis vient de notre usine du Mans, des moteurs de l'usine de Cléon en Normandie. Donc il y a vraiment un écosystème. On a tourné vers le véhicule électrique, d'une part. Il y a aussi des usines qu'on a tournées vers l'économie circulaire, l'usine de Flins, par exemple, qui maintenant travaille autour de la rénovation d'organes mécaniques de partie de voitures, et puis aussi de rénovation complète de voitures d'occasion pour en augmenter la durabilité et les remettre dans nos réseaux commerciaux. Ça, c'est aussi l'avenir à l'économie circulaire. Et donc, on essaye de mettre en France, dans nos usines, des activités assez novatrices. Aussi un certain nombre autour de la robotique industrielle, de l'IA. Et c'est l'occasion de moderniser nos usines aussi. Et donc on y contribue beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que cette réindustrialisation est récompensée par l'État ou aidée dans le sens où si moi je veux acheter une voiture, est-ce que j'ai intérêt financièrement à acheter une voiture made in France ? Je sais que c'était une thématique d'Arnaud Montebourg sur le made in France plus global qui était au monde de l'us aussi.

  • Speaker #0

    Il y a différentes façons de voir le sujet. Il y a des dispositifs publics. Par exemple, la stratégie France 2030, qui vise en fait à accompagner des projets industriels dont l'État juge qu'ils auront un impact significatif sur l'économie française. L'automobile en fait partie. Donc ça, c'est plutôt des aides aux entreprises en amont du projet. On va considérer que tel projet, il va amener une innovation importante, etc. Et donc, il y a un soutien à ce moment-là. Et puis ensuite, il y a les aides à l'achat qui, elles, sont là pour orienter le consommateur. Donc il y a des aides à l'achat, notamment pour encourager la décarbonation et donc pour acheter des véhicules électriques. Et c'est quand même une innovation de la France, c'est que ces aides à l'achat, elles bénéficient d'un score environnemental, d'un écoscore, ça dépend comment on le formule, qui en fait valorise les véhicules les plus vertueux sur l'ensemble de leur cycle de vie. Pas seulement le pot d'échappement, parce que sur un véhicule électrique, il n'y a plus de pot d'échappement, donc cette partie-là, mais sur la décarbonation du process de production. Et en fait, les véhicules les plus vertueux dans leur process de production, c'est les véhicules qui sont produits en Europe, généralement.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du sujet franco-français, mais donc Renault, c'est aussi de la diplomatie économique. Quel rôle joue Renault dans la diplomatie française ? Est-ce que tu as des contacts avec d'autres pays où vous essayez de vous implanter ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est très intéressant, et ça, je m'en suis rendu compte en travaillant chez Renault, c'est qu'on est vraiment perçu comme un morceau de la France. Et ça, on s'en rend compte en discutant, en fait, parfois à l'étranger ou parfois avec la diplomatie. Alors, c'est vrai aussi en France. L'État est notre premier actionnaire. Et puis, on est une ancienne régie nationale des usines de Renault. Il y a un lien avec l'histoire de la France moderne qui est extrêmement important. Je ne vais pas refaire les taxis de la Marne, les chars Renault FT, etc. Mais il y a vraiment un lien entre la nation et Renault qui a été très important. et puis... Voilà, l'industrie automobile, ça a évidemment été hyper structurant en France. Aussi bien l'objet lui-même, c'est-à-dire l'outil de liberté, que l'industrie qui a failli de l'emploi, etc. Et même à différentes époques de la France, à Biancourt en 1968, etc. Renault, c'est vraiment un petit morceau de l'histoire de France. Et je pense que les Français, ils sont aussi exigeants à notre encombre. Ils sont exigeants vis-à-vis de nous, parce qu'ils s'attendent, parce que nous, en tant que grande entreprise française...

  • Speaker #1

    C'est la fierté française.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Et en fait, et c'est passionnant, c'est que quand tu discutes avec les gens, dès que tu dis « je travaille chez Renault » , tout le monde a un avis, mais pas seulement sur la voiture, tu diras la dernière Clio, ceci, évidemment, mais au-delà de ça, ils vont tous te donner un avis sur Renault en tant qu'entreprise, en tant que ce qu'elle symbolise, ce qu'elle représente, etc. Et ça, c'est assez passionnant. Je m'en suis vraiment rendu compte. Et même après, je me suis dit que moi-même, quand je me suis dit que j'avais envie de travailler dans cette entreprise, je pense que ça a joué. Et si je te dis ça, c'est parce qu'en fait, à l'étranger, c'est vrai aussi. On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Et que donc, dans certains pays, quand il va y avoir une excellente relation entre la France et le pays en question, on sera bien accueillis, on va nous recevoir, on va discuter avec nous. Et que parfois, quand il y a un froid diplomatique avec la France, tout de suite, on va sentir qu'on va avoir un accueil qui est plus froid. Ce n'est pas vrai dans tous les pays, bien sûr, mais dans un certain nombre de pays quand même. Et donc, c'est extrêmement important de comprendre ces relations bilatérales entre la France et d'autres pays, et puis du coup, de discuter, parce que je ne suis pas diplomate moi-même, je trouve ça passionnant, mais je ne suis pas diplomate moi-même, bien sûr, et donc de pouvoir comprendre auprès de la diplomatie française la façon dont ils voient des évolutions géopolitiques, la façon dont la France peut être vue dans divers pays, et pour avoir ça bien en tête. Et ça me permet de dire aussi que j'ai découvert ces dernières années les différents services de l'État qui oeuvrent dans ce domaine, la diplomatie économique au Quai d'Orsay, la direction générale du Trésor à Bercy, les services économiques régionaux dans les ambassades, et que c'est des gens d'une immense qualité. qui passent leur vie à défendre l'économie française, etc. C'est extrêmement important que ça se soit bien préservé dans la diplomatie française. Et c'est des gens dont on ne parle pas toujours beaucoup et qui font beaucoup pour la France.

  • Speaker #1

    C'est hyper intéressant. Est-ce que, du coup, à l'international, tu vois directement, est-ce que les ventes suivent directement les tensions ou les amitiés qui se créent ? Par exemple, est-ce qu'on vend moins en ce moment aux États-Unis avec la complexification, les droits de l'âme ? Et au contraire, peut-être qu'en Europe, on est mieux mis en avant ? Je ne sais pas les résultats.

  • Speaker #0

    Alors nous, déjà, on n'est pas présent aux États-Unis, donc là, voilà. Mais ce n'est pas tellement le consommateur. Le consommateur, il peut effectivement être influencé, mais c'est plus dans la relation avec les pouvoirs publics étrangers, Ou nos équipes sur place vont parfois remonter que... Là où ils arrivaient à voir régulièrement tel responsable politique, local, national, etc., ils n'y arrivent plus. Et en fait, parfois, quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte qu'il y a des frictions avec la France qui sont parfois totalement étrangers de Renault, mais qu'on subit. Mais inversement aussi, évidemment, quand il y a des réchauffements de relations diplomatiques ou quand il y a des volontés de rapprocher un pays avec la France, parce qu'on considère que stratégiquement, c'est un pays... avec lequel la France doit travailler. Inversement, on voit que les pouvoirs publics locaux, parfois, sont hyper proactifs et contactent tout un tas d'entreprises françaises en disant, voilà, est-ce qu'on peut travailler ensemble ? Donc ça, c'est assez intéressant. Je pense que quand on travaille dans les affaires publiques, généralement, naturellement, on aime suivre l'actualité. Et en fait, dans des entreprises qui ont un spectre mondial, on suit l'actualité non seulement française, mais finalement un peu dans le monde entier. Alors évidemment, on ne peut pas suivre... toute la presse du monde entier. Donc, on est sur quelques pays particulièrement importants.

  • Speaker #1

    Alors Nicolas, on va parler d'une autre facette, d'un autre aspect de ton quotidien. C'est que tu es intervenant au CELSA depuis un an. Qu'est-ce que tu essaies de transmettre à la nouvelle génération ? En quoi consistent tes cours ? Qu'est-ce que tu veux leur donner ?

  • Speaker #0

    Donc là, j'ai fait deux ans effectivement de cours au CELSA. Je vais commencer bientôt la troisième année. Je trouve ça passionnant, déjà pour moi. Avant de transmettre des choses, c'est évidemment les étudiants d'aujourd'hui, c'est tes collègues dans un an ou deux ans. Je ne me considère pas encore tout à fait comme un vieux, j'ai 38 ans, mais je ne me considère plus tout à fait comme un jeune non plus. Je laisserai les uns les autres savoir si je suis un vieux ou un jeune à cet âge-là. Mais moi je me rends compte que les étudiants du CELSA, qui est mon école, j'ai été diplômé du CELSA, c'est pour ça que je m'y suis proposé, ils n'ont pas forcément du tout la même façon de voir les enjeux que nous. Ils ont une autre façon de voir le métier. d'autres conceptions politiques. Et c'est extrêmement intéressant, je trouve, de le comprendre, de discuter avec eux, etc. Après, ce que je fais, bien sûr, c'est, on fait un certain nombre de... J'aime bien faire des exercices de communication de crise, c'est-à-dire, il se passe une crise, qu'est-ce qu'on fait ? Donc, évidemment, il faut anticiper, évidemment, comme je disais, il faut... En fait, souvent, dans une situation de crise, tu te rends compte que si tu étais déjà, avant, considéré comme un interlocuteur... crédible, sérieux, qui apporte des informations vérifiées. En fait, quand il se passe une crise, on te fait confiance. Parce que tu n'as pas donné de raison de défiance précédemment. Donc bien sûr, les pouvoirs publics vont creuser les sujets, ils vont t'interroger, ils vont te demander d'apporter, voilà. Mais en fait, ça s'anticipe beaucoup. Ça s'anticipe beaucoup dans ton caractère, dans les informations que tu as pu précédemment transmettre. Et donc, voilà, j'essaye de leur montrer ça. Moi, ce que je constate, c'est que, et encore une fois, c'est l'intérêt de ton podcast et d'autres D'autres initiatives comme ça, c'est que les jeunes qui sont étudiants au CELSA, ils ont finalement une connaissance du métier quotidien qui est assez limitée. Et je vois bien que quand je discute avec eux...

  • Speaker #1

    C'est surtout de la théorie, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà, il y a un peu de théorie. C'est aussi un métier qui est très varié selon est-ce qu'on travaille dans une grande entreprise, dans une petite, dans une fédération, dans un cabinet de conseil, selon le secteur d'activité. Moi, je ne travaillais que dans l'industrie automobile, mais j'imagine que dans d'autres secteurs d'activité, ça peut être un métier totalement différent. Et donc, je pense qu'ils apprécient d'avoir une vision comme ça. Dans un grand groupe industriel, ça consiste en quoi, les affaires publiques ? Et souvent, ils sont assez surpris. Ça fait des débats assez intéressants. Moi, je me nourris aussi. Souvent, j'aime bien poser des questions.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des débats qui ont modifié ton jugement ou quoi tu pensais d'un sujet ?

  • Speaker #0

    Par exemple, il y a deux ans, je leur avais proposé qu'on réfléchisse ensemble aux taxes sur les stationnements, mettre en place des collectivités, qu'est-ce qu'ils en pensaient, qu'est-ce qu'eux, ils feraient. Et en fait, ça avait été un débat extrêmement nourri, avec évidemment des opinions très diverses entre eux, parce qu'il pouvait y avoir des convictions politiques, etc., assez variées. Je ne sais pas si ma propre approche avait changé, mais en tout cas, en lançant un sujet comme ça, On voyait bien qu'il y avait des opinions extrêmement diverses, à la fois sur le fond, mais sur la façon dont on pourrait gérer ce sujet-là, qu'on travaille dans la collectivité qui est concernée, ou qu'on travaille dans une entreprise, dans une association d'usagers, etc. Et je pense que c'est toujours intéressant de faire réfléchir les étudiants sur se mettre dans la peau de l'autre. C'est-à-dire se dire, un sujet comme ça, en fait... Ça va faire réfléchir des associations, des collectivités, des entreprises, des pouvoirs publics nationaux, des préfectures, etc. Et en fait, c'est quoi la façon de voir les choses de chacun ? Et j'ai une conviction, c'est que les gens qui sont passionnés des affaires publiques sont des passionnés de l'État de droit. Ils sont des passionnés de la démocratie. Les affaires publiques, on aime les affaires publiques parce qu'on sait que c'est tel pouvoir qui prend telle décision, c'est telle autorité qui a telle légitimité pour faire telle chose, etc. Et on sait aussi qu'une décision, une fois qu'elle est prise, il y a des voies légales de recours. Mais tu vois, c'est de l'état de droit. Et en fait, on part du principe que notre métier, il n'est pas remis en cause tous les trois jours parce qu'en fait, il y a un pouvoir autoritaire qui peut décider du jour au lendemain qu'en fait, ce sera comme ci et pas comme ça, etc. Et j'essaye aussi de leur montrer ça. Il faut être un passionné de la politique, il faut être un passionné de la démocratie, de l'état de droit, etc. Et c'est beaucoup comme ça que fonctionnent, je pense, les affaires publiques modernes.

  • Speaker #1

    Est-ce que, Nicolas, tu as un conseil que tu aurais bien aimé savoir, un conseil que tu pourrais te donner, au toit, il y a 10-15 ans, en tout cas quand tu démarrais, après tes études, quelque chose que tu aurais aimé savoir ?

  • Speaker #0

    Tu sais, quand tu es jeune, tu sors diplômé avec beaucoup d'idées, un peu parfois préconçues, que tu n'as pas toujours beaucoup frotté à la réalité, et c'est normal. Je pense que, moi, les meilleurs conseils qu'on ait pu me donner, c'est de toujours écouter les gens. écouter les gens, les comprendre, apprendre. Je pense que quand on démarre tout cas professionnel, on fait plein d'erreurs au début et que c'est juste normal et très bien si on sait en tirer de l'enseignement. Donc ça, écouter, apprendre, c'est peut-être basique, mais je pense que c'est aussi vrai quand on va dans les affaires publiques, quand on va dans le monde de la politique. Je pense que c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    On arrive au bout de cet épisode, Nicolas. Est-ce qu'il y a un sujet dont tu voulais parler que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait déjà un bon tour de différents sujets. Peut-être si je peux recommander quelque chose à lire à mes pères qui sont passionnés aussi de politique. Il se trouve que cet été, donc c'est le dernier livre que j'ai lu comme ça, voilà c'est facile, mais j'ai lu l'histoire de Venise, d'un historien qui s'appelle Zordi, qui était passionnant. Moi je ne connaissais pas l'histoire de ce pays et c'est une nation... avec un régime, quelque part, entre l'aristocratie et la République qui a duré quand même des siècles. Évidemment, c'est une histoire remplie d'intrigues politiques, de manœuvres, mais aussi de grandeurs, de gens qui se sont levés pour défendre l'indépendance et la souveraineté de leur pays. Et j'ai trouvé cette histoire de Venise absolument passionnante. Et je pense que tous les gens qui s'intéressent un peu à les politiques et l'histoire, ils vont adorer. En tout cas, moi, j'ai découvert ça. Donc, je le recommande. En plus, c'est bien écrit et c'est drôle. Donc, ça ne gâche rien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Nicolas.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté MECI, je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de Légit Watch, la plateforme qui révolutionne et facilite votre veille parlementaire.

Description

Dans cet épisode, je reçois Nicolas Tcheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Formé dans les collectivités locales, passé par l’Assemblée nationale puis immergé depuis sept ans au cœur de l’industrie automobile, Nicolas connaît aussi bien la fabrique de la loi que les rouages industriels.

On plonge ensemble dans son parcours, dans l’évolution vertigineuse de la filière automobile - électrification, réindustrialisation, diplomatie économique et dans la manière dont Renault s’inscrit comme un véritable morceau de l’histoire française.

On parle aussi du quotidien d’un représentant d’intérêt, de la relation aux élus, des territoires, de la transition écologique et de ce que signifie travailler dans un secteur en révolution permanente.

Un épisode riche, humain et très concret, qui éclaire l’envers du décor d’un métier souvent méconnu et pourtant essentiel à la vie démocratique.


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Transcription

  • Speaker #0

    On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Aujourd'hui, l'électrification devient quelque chose de massif. Évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça. Mais quand tu fais le bilan, en fait, il faut être humble sur ce que t'as fait pendant 50 ans de vie professionnelle, parce qu'au fond, tu travailles pour un des 577 députés.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch,

  • Speaker #0

    et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Nicolas Cheng, responsable des relations institutionnelles chez Renault Group. Nicolas, t'as été formé dans les collectivités locales, t'as ensuite... passé par l'Assemblée Nationale en tant que collaborateur parlementaire et aujourd'hui tu es chez Renault Group depuis 7 ans. Donc on peut dire que tu connais aussi bien la fabrique de la loi côté parlementaire que les rouages industriels. Dans cet épisode, on parle de ton parcours, des enjeux d'influence dans l'industrie automobile mais aussi du rôle stratégique des territoires et de la transition écologique. Salut Nicolas !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette courte description ?

  • Speaker #0

    Non, la présentation est très complète, mais juste te dire que je suis très heureux de participer au podcast. Je trouve que c'est vraiment bien de montrer notre profession comme étant un vrai métier et de pouvoir en parler ouvertement et en transparence. Je trouve que c'est une très belle initiative.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Nicolas. Pour parler justement de ton parcours et de ton métier, on va passer à la première section que j'ai nommée du terrain. à l'hémicycle puis à l'industrie. Donc tu as débuté en mairie puis au département avant de devenir collaborateur parlementaire à l'Assemblée. Qu'est-ce que tu as appris de ces premières expériences ?

  • Speaker #0

    Oui, donc effectivement, j'ai commencé en fait par travailler assez brièvement au cabinet d'un président de conseil général. Et puis j'ai travaillé comme directeur de la communication dans une ville. Et puis effectivement, ensuite, j'ai rejoint l'Assemblée nationale. Ça me donne l'occasion de remercier déjà un certain nombre d'élus qui m'ont fait confiance quand j'étais jeune et que je commençais. Ils se reconnaîtront, ainsi qu'un directeur général des services aussi, qui m'avait fait confiance à l'époque. Parce qu'en fait, moi, à la base, mais comme je pense beaucoup de gens dans le métier, je suis un passionné de la politique. Je ne connaissais rien à l'automobile et jusqu'à encore quelques années, c'était le cas. Moi, avant tout, je suis un mordu de politique.

  • Speaker #1

    Depuis tout petit ?

  • Speaker #0

    Ouais, je ne sais pas exactement d'où c'est venu. Mais je pense que c'est venu de rencontres, en fait. Comme souvent, c'est venu de rencontres. De locales, dans ma ville, des gens qui tractaient, qui j'ai discuté. Ma mère avait été conseillère municipale quelques temps. des rencontres comme ça Et moi je crois beaucoup à ça. D'ailleurs ce qui me passionne aussi dans le monde des affaires publiques, c'est que c'est beaucoup des rencontres, c'est du relationnel. Et donc moi j'ai beaucoup fonctionné avec des gens que j'ai rencontrés, avec lesquels j'ai aimé travailler et qui m'ont beaucoup apporté. C'est pour ça que je leur passais un petit mot de remerciement aussi en introduction. Et effectivement on apprend des choses assez différentes dans tous ces postes-là. Tu vois, si je commence par l'Assemblée nationale, je pense que de toutes ces fonctions-là, c'était intellectuellement le plus stimulant, le plus passionnant. On réfléchit à des choses essentielles pour la nation. C'est en permanence une stimulation hyper intéressante, très formatrice. Mais quand tu fais le bilan, en fait, j'avais fait l'exercice après une législature, après cinq ans. Bon, des amendements que j'ai écrits, il n'y en a déjà pas énormément qui ont été adoptés. On a quelques-uns qui ont été adoptés. Mais après, quand tu fais le calcul des amendements adoptés, ceux qui ont eu les décrets d'application, il y en a encore moins. Et à la fin, tu te dis quand même, il faut être humble sur ce que tu as fait pendant 50 ans de vie professionnelle. Parce qu'au fond, l'Assemblée nationale, c'est passionnant. Tu travailles pour un des 577 députés. Donc, c'est un exercice de... Effectivement, il faut être humble. C'est un exercice aussi de diplomatie, de convaincre ses collègues. Alors que les collectivités locales, c'est très différent. La collectivité locale, c'est un exécutif. Donc certes, tu n'es pas forcément dans des réflexions aussi intellectuelles, mais c'est des choses quotidiennes pour les gens, qui les touchent vraiment. C'est leur trottoir, c'est leur logement, c'est le bruit dans la rue. Alors c'est des choses très quotidiennes, mais tu agis et le soir, tu vois la différence sur la vie des gens. Et ça, c'est aussi gratifiant d'une certaine manière. J'ai vraiment vu la différence quand je suis passé des collectivités à l'Assemblée. c'est que tu perds assez facilement, même si bien sûr les députés sont présents sur le terrain et leurs assistants aussi. Tu perds cette possibilité d'avoir une action directe sur le quotidien des personnes. Et ça, moi, j'ai trouvé passionnant de bosser dans un service public où la mairie est ouverte à 8h30 le matin, donc il faut être là à 8h30 jusqu'à l'heure de fermeture et il faut rendre aux gens un service public.

  • Speaker #1

    Au niveau de la collectivité, tu as eu l'impression d'avoir plus d'impact ?

  • Speaker #0

    En fait, tu le vois plus. C'est-à-dire que c'est difficile d'évaluer l'impact de ce que tu as pu faire au Parlement. Parce que peut-être tu as pu installer, par exemple, un sujet. dans la discussion publique. Et puis, peut-être qu'il n'a pas été jusqu'au bout, ce sujet, mais le député pour lequel tu as travaillé, il a mis un sujet en discussion, il a fait des auditions, il a pu alerter, etc. Tu vois, c'est des impacts qui sont plus difficiles quand tu fais le bilan de ce que tu as fait, en fait, à l'Assemblée nationale, qui sont plus difficiles à mesurer. Alors que dans une municipalité, déjà, tu es au contact, c'est plus petit, c'est un territoire qui est plus petit, tu es au contact un peu quotidien avec les gens, et donc tu vois tout de suite. Si les gens ne sont pas contents, s'ils sont contents, etc. Moi, j'avais tendance, dès qu'il y avait des réunions publiques ou quoi, à me mettre au fond de la salle et écouter ce que disaient les gens. Et en fait, très vite, tu sens. Et puis, tu le vois, en fait. Tu sais, c'est bête, mais quand tu décides de refaire un quartier, le quartier, c'est concret. Tu le vois sortir de terre. Il y a quelque chose dans l'exécutif, l'exécutif loco qui est assez passionnant, c'est que tu vois les choses concrètement se faire. Et l'Assemblée nationale, parfois, tu peux voir des... Je sais pas, tu vois, te... À mon époque, par exemple, on avait voté le paquet neutre sur les cigarettes, tu le vois chez le ruraliste, mais c'est pas toujours aussi simple, tu vois. C'est pas toujours aussi simple de voir l'effet concret de ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Comment s'est passée ta transition de la collectivité à l'Assemblée ?

  • Speaker #0

    Je te dis, en fait, moi j'étais sur le coup, c'était une nouvelle aventure, donc j'étais très heureux parce que...

  • Speaker #1

    Tu connaissais le député élu ? Oui, oui, oui,

  • Speaker #0

    je le connaissais, j'avais fait sa campagne, c'est quelqu'un pour lequel j'avais beaucoup d'estime et avec lequel j'ai vraiment beaucoup apprécié travailler. Et donc, effectivement, je le connaissais du terrain. Et quand il a été élu, assez naturellement, je l'ai suivi à l'Assemblée nationale. Et donc, c'était une expérience complètement nouvelle. Un bureau de député, c'est aussi un monde assez particulier. C'est deux, trois personnes. Il faut s'entendre très vite. Une mairie, c'est beaucoup plus structuré. Bien sûr, il y a des services, il y a des directions, etc. Donc, c'est des façons de travailler qui sont assez différentes.

  • Speaker #1

    Super clair. Et du coup, qu'est-ce qui t'a fait passer du côté entreprise ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fait une législature entière à l'Assemblée nationale. Pour être honnête, j'en suis sorti un peu lessivé aussi, parce que le parti pour lequel je m'étais engagé à l'époque avait subi un très sérieux revers électoral. C'était quel parti ? C'était le Parti socialiste.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bon, tu vois, quand tu fais le bilan de dire « j'ai fait passer quelques amendements, la plupart, ils n'ont même jamais eu les décrets d'application, et en plus, les citoyens, c'est leur droit, ils ont voté massivement contre le parti dans lequel tu as œuvré » , tu sors de là un peu en te posant des questions, quoi. Et moi, en fait, j'avais vu, alors on en voyait peu, mais de temps en temps, on voyait passer des représentants d'intérêt à l'Assemblée nationale. Et moi, j'avais été assez marqué quand même dès cette époque-là par le fait que, tu vois, dans l'Assemblée, dans ce tumulte un peu bouillonnant d'idées, de pensées un peu polémiques, de politiques, etc. Tu avais parfois des contributions qui étaient dans un style totalement différent, qui étaient un peu froides, rationnelles, techniques, etc. Et qui, de temps en temps, t'amenaient un peu à refroidir le truc dans ton cerveau, tu vois, et te dire, attends. Est-ce qu'en fait, j'ai bien fait le tour du sujet ? Tu vois, j'en parle, mais en fait, je ne le connais pas. Et j'avais trouvé ça assez intéressant. Et puis après aussi, mon père travaillait dans les affaires publiques, dans le pharmaceutique. Et je voyais un peu ce qu'il faisait, je trouvais ça assez passionnant. Donc après, j'ai voulu volontairement changer de secteur, être dans un tout autre secteur. Et pour être honnête, Renault, ça s'est fait parce que moi, je trouvais que c'était une entreprise... passionnante et je ne regrette vraiment pas du tout. Française, évidemment, je voulais travailler pour une entreprise française. Et ça se fait comme ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu étais à l'Assemblée, tu avais vu passer justement des représentants d'intérêt de Renault ?

  • Speaker #0

    Non. Non, non, parce qu'on travaillait dans le domaine de la santé. Je ne voulais pas qu'il y ait la moindre... Enfin, j'ai voulu vraiment changer de secteur et c'était volontaire. Voilà, séparer deux périodes de ma vie, même si j'ai évidemment... Ce que je voulais apporter, en fait, à Renault, c'était ma connaissance de la façon dont fonctionnait l'Assemblée et le... politique.

  • Speaker #1

    Alors justement, aujourd'hui, à quoi ressemble ton quotidien ? Est-ce que c'est toi maintenant qui est passé de l'autre côté, rencontre ?

  • Speaker #0

    Oui, ça fait assez étrange au début de passer de l'autre côté. Déjà, ça fait étrange de faire des cartons et de libérer un bureau parce que quand tu perds une collectivité locale, bon, les administrations, elles restent, les dossiers, ils restent, etc. Tu sais, quand tu vis d'un bureau de député, il y a quand même énormément de choses qui partagent la broyeuse et ça fait bizarre, effectivement, mais c'est ça l'institution, c'est que les choses te survivent et ça c'est très sain dans une démocratie les choses te survivent mais ça fait bizarre après de revenir avec un page visiteur à l'Assemblée Nationale et au début il y a un petit passe-froid au cœur en disant bon bah attends je suis un visiteur parce qu'au fond j'ai gardé le même amour pour le Parlement et pour la chose publique, celle que j'avais quand j'étais à l'Assemblée nationale. Mais c'est bien normal, évidemment, qu'on revienne avec un badge différent, qui soit un badge de visite. Et à l'époque, quand je suis rentré aux Affaires publiques chez Renault, ce que tu fais aujourd'hui, ce type de podcast-là, ça n'existait pas. C'était encore une profession assez... Moi, j'ai appris quand même The Hard Way, si tu me permets cet anglicisme, sur le terrain, en faisant des erreurs. en découvrant un peu les choses. Alors j'ai eu des gens très très bien qui m'avaient accueilli chez Renault à l'époque. Mais voilà, c'était un apprentissage qui n'était pas forcément facile au début.

  • Speaker #1

    Quand tu dis « the hard way » , justement, à quoi ça ressemblait ? C'était quoi la différence avec aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    À l'époque ? Maintenant, je suis dans ma huitième année chez Renault, donc je veux dire que j'ai emmagasiné un peu d'expérience. Ce n'est pas facile au début de changer de mentalité, de voir les choses effectivement depuis... depuis un point de vue qui n'est pas le même, tout en parlant de la même personne. Bon, du coup, voilà, moi, chez Renault, je suis un maillon d'une équipe qui est vraiment diversifiée, qui est hyper motivée, qui essaye de trouver des défis, des solutions à des défis absolument immenses dans le monde des mobilités. J'ai beaucoup de plaisir à y travailler, vraiment, avec tous mes collègues.

  • Speaker #1

    Dans le pôle affaires publiques, vous êtes combien ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas facile de te répondre à cette question, parce qu'il y a des gens à Paris, des gens à Bruxelles, etc. D'accord. Ce n'est pas très simple de répondre à cette question, mais on est un certain nombre. Je pense qu'on est plus chez Renault que dans d'autres entreprises comparables. On pourrait y revenir, mais je pense que Renault, ce n'est pas une entreprise comme les autres. La participation, notamment de l'État, qui est importante, et puis l'histoire de Renault, fait que je pense qu'on a une entreprise auxquelles les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour revenir à ton quotidien, est-ce que justement, quand on est chez Renault, c'est facile de rencontrer les parlementaires pour exposer ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est sûr que quand on travaille pour une grande entreprise comme Renault, ça permet d'ouvrir un certain nombre de portes. Les gens te rencontrent assez facilement. Ce n'est pas pour ça qu'ils t'écoutent plus et ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas avoir la même exigence dans ce qu'on présente. Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Renault qu'on est cru d'office sans avoir les argumentaires chiffrés, précis, expertisés, etc. Mais notre quotidien, je pense que c'est vrai en général dans le monde des affaires publiques, c'est beaucoup de réunions internes déjà. Comprendre les sujets qui sont extrêmement techniques. Moi, je ne suis pas un ingénieur de l'automobile, donc j'ai besoin de les comprendre, j'ai besoin de les maîtriser, etc. Et donc ça, c'est déjà cette acquisition de l'expertise sur les sujets qu'on traite. C'est une bonne partie du temps de travail. Après, on a évidemment beaucoup d'échanges avec le monde politique, le monde public en règle générale, pour partager nos enjeux. et puis même au-delà du... des enjeux qu'on peut avoir à un moment précis, essayer d'avoir une relation de confiance et d'avoir des échanges fréquents avec eux, et puis de les comprendre eux, quelles sont leurs ambitions, quels sont leurs objectifs, etc., les pouvoirs publics, et puis ensuite de proposer des positions qui puissent répondre à ces ambitions des pouvoirs publics.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles d'enjeux, quels sont les enjeux en ce moment du monde automobile et de Renault en particulier ?

  • Speaker #0

    Le monde automobile, en fait, il est en pleine révolution. Donc c'est un secteur qui est... passionnant pour ça parce que c'est un secteur qui a la croisée d'évolution très rapide, sociale, individuelle, environnementale, technique, géopolitique. Et donc, c'est un secteur qui me passionne depuis que je suis rentré dedans. Il y a une autre chose que je vois, c'est qu'en fait, il y a beaucoup de mouvements sociaux, et notamment beaucoup de mouvements sociaux un peu nouveaux, dont on n'avait pas l'habitude dans le monde politique. Si on reprend les Gilets jaunes, c'est... Une évidence, je pense que tout le monde l'a remarqué, que les 80 km heure et le prix des carburants ont joué un rôle énorme et que c'était des personnes qui enfilaient un gilet qu'ils ont dans leur voiture et qui manifestaient sur les ronds-points. Donc je veux dire, la symbolique de l'automobile, c'est extrêmement fort dans l'imaginaire des personnes, dans leur imaginaire collectif et puis dans leur quotidien de vie. Et du coup, l'automobile, c'est un vrai objet politique. C'est une industrie qui, je pense, est assez, parfois, différente des autres et qui a des enjeux symboliques assez importants. Et je pense que c'est vraiment important de bien les maîtriser quand on échange avec les pouvoirs publics. Et donc, on a des enjeux qui sont absolument immenses, qui sont de plusieurs ordres. Des révolutions technologiques. On électrifie les voitures. C'est une des révolutions technologiques, mais la principale et celle qui est la plus exigeante, c'est électrifier nos voitures.

  • Speaker #1

    Renault investit beaucoup à ce sujet ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. On a beaucoup investi, et non seulement on a beaucoup investi, mais on a beaucoup investi en France. Moi, à titre personnel, je roule dans une Renault 5 électrique et je suis assez fier de rouler dans une voiture qui soit électrique, qui participe à la décarbonation et qui soit produite en France.

  • Speaker #1

    Et alors, le sujet de l'électrification, c'est quoi ? C'est de rendre cette voiture plus accessible à tout le monde ?

  • Speaker #0

    C'est de la décarboner au maximum, de la produire de la façon la plus vertueuse possible et effectivement de démocratiser le véhicule électrique. Et le véhicule électrique, en fait, ça demande un écosystème qui est nouveau. On a un écosystème qui était basé sur le véhicule thermique, avec des stations essence, etc. Là, on a besoin d'un écosystème qui est nouveau, avec des bandes de recharge, avec des prises pour les gens chez eux. Et donc, ça demande aussi de travailler avec les pouvoirs publics en permanence, parce que cet écosystème-là, ce n'est pas les constructeurs qui peuvent intégralement le faire. Évidemment, ils peuvent en prendre leur part. Et d'ailleurs, la plupart des constructeurs investissent aussi dans des réseaux de recharge pour... et de leurs clients. Mais il y a besoin d'une force un peu planificatrice et il y a besoin que les acteurs publics réunissent les différents acteurs. Il y a des énergéticiens, des constructeurs automobiles, des collectivités locales, parce qu'il y a beaucoup de bornes de recharge qui sont installées aussi par les collectivités locales, pour que cet écosystème-là, il voit le jour. En France, on est plutôt un des pays où cet écosystème-là, il y a encore plein de choses à améliorer. Je roule en véhicule électrique, donc... tous ceux qui roulent en véhicule électrique, on sait que ça a plaisir et qu'il y a aussi plein de choses à améliorer dans l'écosystème de recharge. Mais il y a des pays où c'est beaucoup moins développé, y compris en Union européenne. Et ça, c'est vraiment essentiel parce que le client, on pourra faire les meilleurs véhicules électriques du monde. S'il vit dans un pays où il n'y a pas suffisamment de maillage de bandes de recharge, ça sera quand même difficile de le convaincre. Donc, cette évolution, en fait, elle ne repose pas que sur les constructeurs automobiles. Et c'est ça qui rend un peu la fonction passionnante en ce moment, c'est qu'on est dans une révolution où en fait, on doit tous se concerter et on doit tous aller de l'avant.

  • Speaker #1

    Donc toi, ton rôle, je le dis grossièrement et tu me dis si je suis à côté ou non, Nicolas, c'est de mettre à la même table toutes ces personnes-là, les collectivités, les élus, en leur disant, ok, il y a un souci au niveau de la transition, il y a aussi un souci au niveau du prix de l'essence, il faut que ça avance sur les bornes.

  • Speaker #0

    En fait, aujourd'hui, les pouvoirs publics ont largement pris conscience de l'enjeu de l'électrification. Et ils sont même moteurs. Donc ils organisent cette transition de l'écosystème. Mais c'est vrai que nous, par exemple, si je remonte un peu dans l'historique, Renault, on a été quand même un des pionniers du véhicule électrique avec la Zoé. Et à l'époque, moi, je salue quand même les premières personnes qui ont acheté des Zoé, c'était des pionniers, parce que l'écosystème de recharge, il était quand même encore assez balbutiant. Et donc c'est nous, Renault, qui avons beaucoup poussé pour que cet écosystème se recharge. On n'était pas les seuls, évidemment, mais on a été assez moteurs. Par exemple, ce qu'on appelle le droit à la prise, c'est que les gens puissent facilement installer des prises de recharge en copropriété. Parce qu'en fait, quand tu habites en pavillon, c'est facile d'installer une bande dans ton garage. Quand tu vis dans une copropriété, et notamment une copropriété ancienne, ça demande déjà que la copropriété soit d'accord. Selon les copropriétés, ça peut être des coûts extrêmement variés. Donc, il y a des fonds de soutien maintenant publics, etc. Et là-dessus, les constructeurs automobiles, Renault a été assez moteur dans... les cinq dernières années. Aujourd'hui, l'électrification, ça devient quelque chose de massif. Donc évidemment, tous les constructeurs automobiles sont impliqués, la filière automobile en règle générale, et les pouvoirs publics, évidemment, organisent ça.

  • Speaker #1

    Et justement, pour en venir au terrain, je vais prendre l'exemple des bornes de recharge. Est-ce que c'est toi aussi qui vas voir les élus locaux en leur disant « ça serait bien qu'il y ait une borne ici, une borne là, comment ça se passe ? »

  • Speaker #0

    Non, alors... En fait, les collectivités locales, c'est un vrai sujet. Les collectivités locales n'ont pas forcément l'ingénierie pour savoir exactement où installer les bandes de recharge, quelle puissance, etc. Maintenant, nous, on a pu à un certain moment discuter avec un certain nombre de pouvoirs publics. Maintenant, il y a aussi un écosystème des opérateurs de bandes de recharge qui s'est structuré et qui apporte cette ingénierie aussi aux collectivités locales et qui va pouvoir leur dire, à tels endroits dans la ville, Il y a besoin de telle puissance, ou il n'y a pas besoin de borne, ou il y a besoin d'une borne rapide, même si c'est plus cher, etc. Donc ça s'est beaucoup structuré quand même. Évidemment, nous, on est toujours à disposition des élus locaux quand ils souhaitent en discuter, et on a plein d'échanges sur le sujet. Ce qui est toujours un peu particulier, c'est qu'il y a autant de territoires qu'il y a de territoires, c'est une évidence de le dire. Et donc, ils ont chacun des spécificités, les territoires de montagne, les territoires littoraux, les territoires ruraux, les territoires urbains, etc. Et donc, ça nécessite quand même une vraie ingénierie, une vraie compréhension de comment fonctionnent, où sont les bassins de vie, où les gens vont faire leurs courses, et donc laisser leur voiture, etc. Et donc, il faut quand même avoir conscience pour chaque collectivité aussi de ce que ça représente comme réflexion. à remettre en cause aussi régulièrement. C'est-à-dire que les bassins de vie peuvent changer et tout ça. Et donc, ce que je veux dire, c'est que c'est un vrai défi pour les collectivités aussi.

  • Speaker #1

    Et comment on crée de la confiance avec les élus, avec ces collectivités ?

  • Speaker #0

    Alors, nous, évidemment, on a plusieurs relations avec les élus locaux. On a déjà beaucoup de relations avec les élus locaux. On a des sites industriels, parce qu'évidemment, un site industriel de Renault, c'est souvent l'industrie automobile en règle générale. Mais c'est le premier employeur du département. en général. Donc, ça a un impact extrêmement important sur le territoire. Et souvent, il y a une épaisseur historique. Les usines automobiles, souvent, quand on discute avec les gens, leur père travaillait là, leur grand-père travaillait là. Quand je prends des exemples d'usines de flingues, c'est des usines où il y a un historique, et encore une fois, il y a un symbole très important. Et l'industrie automobile, c'est une industrie qui est grand public. Donc, quand tu produis une voiture dans telle usine, tu as évidemment des objectifs. Tu ne sais jamais dans quelle mesure ils vont être pleinement remplis ou pas. Donc, tu peux avoir une production qui, à un moment, diminue un peu, puis qui remonte, etc. Et donc, naturellement... Les élus, et c'est bien normal, ils ont des inquiétudes, ils ont des questions, ils veulent s'assurer que l'usine va bien quand même, etc. Et je pense que c'est important d'avoir cette discussion-là et d'ouvrir un peu l'outil industriel, de le montrer. Dans l'industrie, en fait, souvent, et c'est bien normal, on cherche beaucoup à protéger le secret industriel, le secret... Voilà, parce que quand tu designs une voiture, elle ne sort pas tout de suite dans la rue. Donc, tu le protèges de tes concurrents. Et en même temps, je pense que c'est extrêmement important aussi d'être assez ouvert avec tout l'écosystème territorial et les élus en règle générale. Et ça, moi, c'est vraiment quelque chose que j'essaye de faire et qui est très chronophage, mais qui est passionnant déjà parce qu'on est dans les usines. Vraiment, l'industrie automobile est là. Et d'organiser des visites, de partager, en fait, les sujets de l'usine, les difficultés, ce qui va bien et d'avoir ces relations un peu de confiance avec les élus qui puissent nous joindre assez vite. Alors, tout n'est pas parfait. On apprend toujours de ses erreurs, donc rien n'est jamais parfait. Mais c'est en tout cas l'ambition, ce que je veux faire et ce qu'on souhaite faire chez Renault, c'est d'avoir toujours cette préoccupation pour les écosystèmes territoriaux. Parce que parfois, pris dans le quotidien, on oublie que dans tel territoire, l'usine Renault, elle est juste essentielle. Et ça, je pense qu'il faut toujours s'en rappeler. Et c'est un élément de fierté énorme pour nous aussi. Et donc c'est hyper important d'avoir ces échanges-là avec les acteurs locaux.

  • Speaker #1

    Toi, à titre personnel, tu passes plus de temps avec les acteurs locaux ou côté

  • Speaker #0

    Assemblée-Sénat ? C'est variable, parce que ça va dépendre évidemment de nos projets industriels. Quand on va industrialiser un nouveau véhicule, ça va demander un certain nombre d'échanges avec les pouvoirs publics locaux. Par rapport au Parlement, tout va dépendre aussi de l'actualité parlementaire. On voit bien que le fonctionnement de l'Assemblée a quand même assez évolué ces derniers temps. Tout va dépendre aussi du calendrier parlementaire. Il y a des périodes où on va être beaucoup plus en lien avec les parlementaires, il y a des périodes beaucoup plus en lien avec les locaux. Ça fait partie aussi de ce qui est sympa, je pense, dans ce métier. C'est que le matin, on n'est jamais très sûr de ce qu'on va faire dans la semaine. L'actualité, elle change beaucoup. Et nous, on essaye d'y coller au max.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de l'actualité parlementaire. L'Assemblée est plutôt bloquée depuis un petit moment. Est-ce que vous avez une marge de manœuvre ? Est-ce que vous arrivez à faire avancer des dossiers ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Moi, une partie de mon travail, c'est de communiquer avec les parlementaires, même quand on n'a rien de précis, immédiat, actuel à demander. Il n'y a pas forcément tout le temps un projet de loi, une proposition de loi qui concerne l'industrie automobile. La plupart du temps, il y a beaucoup de sujets en France, et donc il y a beaucoup de textes qui peuvent nous concerner indirectement ou directement. Mais je suis assez convaincu qu'il ne faut pas aller voir les parlementaires uniquement quand on a quelque chose à demander. C'est normal d'aller voir les parlementaires, on a évidemment beaucoup de sujets. Mais je pense qu'il faut prendre le temps aussi de leur expliquer ces révolutions qui sont quand même assez compliquées. L'électrification des véhicules, la digitalisation des véhicules, les impacts des tensions commerciales et géopolitiques, les terres rares, les matières premières. Il y a un nombre de sujets vraiment importants. et qui se rencontrent avec des percussions de tous ces sujets. Et moi, je pense que c'est important qu'au quotidien, les élus, les parlementaires notamment, comprennent ça et que quand il y a un texte qui arrive, d'une certaine manière, ils ont déjà une idée de ce qui va être important pour la filière automobile française. Et ça, ce travail-là, quelle que soit la physionomie de l'Assemblée nationale ou du Sénat, il reste important. Après, ça appartient aux parlementaires de faire avancer les sujets s'ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, et comment ils le souhaitent.

  • Speaker #1

    Alors justement, sur les sujets, on a un peu parlé d'électrification, il y en a d'autres aussi, on parle beaucoup de réindustrialisation. Est-ce que ça vous touche ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et justement, chez Renault, on a voulu vraiment prendre ce sujet-là bien. Et aujourd'hui, on a toute une nouvelle gamme de véhicules électriques qui est produite en France. Donc on a beaucoup investi dans nos usines en France pour produire ce nouveau véhicule électrique. Ce qu'on voit dans la rue, la nouvelle Renault 5, la nouvelle Renault 4, je ne vais pas faire trop de publicité, mais ces véhicules-là sont produits en France. Ils sont notamment produits en France, mais il y a un certain nombre de ces composants aussi qui sont produits en France. Ce n'est pas seulement la voiture qui est assemblée. Leur châssis vient de notre usine du Mans, des moteurs de l'usine de Cléon en Normandie. Donc il y a vraiment un écosystème. On a tourné vers le véhicule électrique, d'une part. Il y a aussi des usines qu'on a tournées vers l'économie circulaire, l'usine de Flins, par exemple, qui maintenant travaille autour de la rénovation d'organes mécaniques de partie de voitures, et puis aussi de rénovation complète de voitures d'occasion pour en augmenter la durabilité et les remettre dans nos réseaux commerciaux. Ça, c'est aussi l'avenir à l'économie circulaire. Et donc, on essaye de mettre en France, dans nos usines, des activités assez novatrices. Aussi un certain nombre autour de la robotique industrielle, de l'IA. Et c'est l'occasion de moderniser nos usines aussi. Et donc on y contribue beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que cette réindustrialisation est récompensée par l'État ou aidée dans le sens où si moi je veux acheter une voiture, est-ce que j'ai intérêt financièrement à acheter une voiture made in France ? Je sais que c'était une thématique d'Arnaud Montebourg sur le made in France plus global qui était au monde de l'us aussi.

  • Speaker #0

    Il y a différentes façons de voir le sujet. Il y a des dispositifs publics. Par exemple, la stratégie France 2030, qui vise en fait à accompagner des projets industriels dont l'État juge qu'ils auront un impact significatif sur l'économie française. L'automobile en fait partie. Donc ça, c'est plutôt des aides aux entreprises en amont du projet. On va considérer que tel projet, il va amener une innovation importante, etc. Et donc, il y a un soutien à ce moment-là. Et puis ensuite, il y a les aides à l'achat qui, elles, sont là pour orienter le consommateur. Donc il y a des aides à l'achat, notamment pour encourager la décarbonation et donc pour acheter des véhicules électriques. Et c'est quand même une innovation de la France, c'est que ces aides à l'achat, elles bénéficient d'un score environnemental, d'un écoscore, ça dépend comment on le formule, qui en fait valorise les véhicules les plus vertueux sur l'ensemble de leur cycle de vie. Pas seulement le pot d'échappement, parce que sur un véhicule électrique, il n'y a plus de pot d'échappement, donc cette partie-là, mais sur la décarbonation du process de production. Et en fait, les véhicules les plus vertueux dans leur process de production, c'est les véhicules qui sont produits en Europe, généralement.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du sujet franco-français, mais donc Renault, c'est aussi de la diplomatie économique. Quel rôle joue Renault dans la diplomatie française ? Est-ce que tu as des contacts avec d'autres pays où vous essayez de vous implanter ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui est très intéressant, et ça, je m'en suis rendu compte en travaillant chez Renault, c'est qu'on est vraiment perçu comme un morceau de la France. Et ça, on s'en rend compte en discutant, en fait, parfois à l'étranger ou parfois avec la diplomatie. Alors, c'est vrai aussi en France. L'État est notre premier actionnaire. Et puis, on est une ancienne régie nationale des usines de Renault. Il y a un lien avec l'histoire de la France moderne qui est extrêmement important. Je ne vais pas refaire les taxis de la Marne, les chars Renault FT, etc. Mais il y a vraiment un lien entre la nation et Renault qui a été très important. et puis... Voilà, l'industrie automobile, ça a évidemment été hyper structurant en France. Aussi bien l'objet lui-même, c'est-à-dire l'outil de liberté, que l'industrie qui a failli de l'emploi, etc. Et même à différentes époques de la France, à Biancourt en 1968, etc. Renault, c'est vraiment un petit morceau de l'histoire de France. Et je pense que les Français, ils sont aussi exigeants à notre encombre. Ils sont exigeants vis-à-vis de nous, parce qu'ils s'attendent, parce que nous, en tant que grande entreprise française...

  • Speaker #1

    C'est la fierté française.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement. Et en fait, et c'est passionnant, c'est que quand tu discutes avec les gens, dès que tu dis « je travaille chez Renault » , tout le monde a un avis, mais pas seulement sur la voiture, tu diras la dernière Clio, ceci, évidemment, mais au-delà de ça, ils vont tous te donner un avis sur Renault en tant qu'entreprise, en tant que ce qu'elle symbolise, ce qu'elle représente, etc. Et ça, c'est assez passionnant. Je m'en suis vraiment rendu compte. Et même après, je me suis dit que moi-même, quand je me suis dit que j'avais envie de travailler dans cette entreprise, je pense que ça a joué. Et si je te dis ça, c'est parce qu'en fait, à l'étranger, c'est vrai aussi. On se rend compte que Renault s'est vu comme un morceau de la France. Et que donc, dans certains pays, quand il va y avoir une excellente relation entre la France et le pays en question, on sera bien accueillis, on va nous recevoir, on va discuter avec nous. Et que parfois, quand il y a un froid diplomatique avec la France, tout de suite, on va sentir qu'on va avoir un accueil qui est plus froid. Ce n'est pas vrai dans tous les pays, bien sûr, mais dans un certain nombre de pays quand même. Et donc, c'est extrêmement important de comprendre ces relations bilatérales entre la France et d'autres pays, et puis du coup, de discuter, parce que je ne suis pas diplomate moi-même, je trouve ça passionnant, mais je ne suis pas diplomate moi-même, bien sûr, et donc de pouvoir comprendre auprès de la diplomatie française la façon dont ils voient des évolutions géopolitiques, la façon dont la France peut être vue dans divers pays, et pour avoir ça bien en tête. Et ça me permet de dire aussi que j'ai découvert ces dernières années les différents services de l'État qui oeuvrent dans ce domaine, la diplomatie économique au Quai d'Orsay, la direction générale du Trésor à Bercy, les services économiques régionaux dans les ambassades, et que c'est des gens d'une immense qualité. qui passent leur vie à défendre l'économie française, etc. C'est extrêmement important que ça se soit bien préservé dans la diplomatie française. Et c'est des gens dont on ne parle pas toujours beaucoup et qui font beaucoup pour la France.

  • Speaker #1

    C'est hyper intéressant. Est-ce que, du coup, à l'international, tu vois directement, est-ce que les ventes suivent directement les tensions ou les amitiés qui se créent ? Par exemple, est-ce qu'on vend moins en ce moment aux États-Unis avec la complexification, les droits de l'âme ? Et au contraire, peut-être qu'en Europe, on est mieux mis en avant ? Je ne sais pas les résultats.

  • Speaker #0

    Alors nous, déjà, on n'est pas présent aux États-Unis, donc là, voilà. Mais ce n'est pas tellement le consommateur. Le consommateur, il peut effectivement être influencé, mais c'est plus dans la relation avec les pouvoirs publics étrangers, Ou nos équipes sur place vont parfois remonter que... Là où ils arrivaient à voir régulièrement tel responsable politique, local, national, etc., ils n'y arrivent plus. Et en fait, parfois, quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte qu'il y a des frictions avec la France qui sont parfois totalement étrangers de Renault, mais qu'on subit. Mais inversement aussi, évidemment, quand il y a des réchauffements de relations diplomatiques ou quand il y a des volontés de rapprocher un pays avec la France, parce qu'on considère que stratégiquement, c'est un pays... avec lequel la France doit travailler. Inversement, on voit que les pouvoirs publics locaux, parfois, sont hyper proactifs et contactent tout un tas d'entreprises françaises en disant, voilà, est-ce qu'on peut travailler ensemble ? Donc ça, c'est assez intéressant. Je pense que quand on travaille dans les affaires publiques, généralement, naturellement, on aime suivre l'actualité. Et en fait, dans des entreprises qui ont un spectre mondial, on suit l'actualité non seulement française, mais finalement un peu dans le monde entier. Alors évidemment, on ne peut pas suivre... toute la presse du monde entier. Donc, on est sur quelques pays particulièrement importants.

  • Speaker #1

    Alors Nicolas, on va parler d'une autre facette, d'un autre aspect de ton quotidien. C'est que tu es intervenant au CELSA depuis un an. Qu'est-ce que tu essaies de transmettre à la nouvelle génération ? En quoi consistent tes cours ? Qu'est-ce que tu veux leur donner ?

  • Speaker #0

    Donc là, j'ai fait deux ans effectivement de cours au CELSA. Je vais commencer bientôt la troisième année. Je trouve ça passionnant, déjà pour moi. Avant de transmettre des choses, c'est évidemment les étudiants d'aujourd'hui, c'est tes collègues dans un an ou deux ans. Je ne me considère pas encore tout à fait comme un vieux, j'ai 38 ans, mais je ne me considère plus tout à fait comme un jeune non plus. Je laisserai les uns les autres savoir si je suis un vieux ou un jeune à cet âge-là. Mais moi je me rends compte que les étudiants du CELSA, qui est mon école, j'ai été diplômé du CELSA, c'est pour ça que je m'y suis proposé, ils n'ont pas forcément du tout la même façon de voir les enjeux que nous. Ils ont une autre façon de voir le métier. d'autres conceptions politiques. Et c'est extrêmement intéressant, je trouve, de le comprendre, de discuter avec eux, etc. Après, ce que je fais, bien sûr, c'est, on fait un certain nombre de... J'aime bien faire des exercices de communication de crise, c'est-à-dire, il se passe une crise, qu'est-ce qu'on fait ? Donc, évidemment, il faut anticiper, évidemment, comme je disais, il faut... En fait, souvent, dans une situation de crise, tu te rends compte que si tu étais déjà, avant, considéré comme un interlocuteur... crédible, sérieux, qui apporte des informations vérifiées. En fait, quand il se passe une crise, on te fait confiance. Parce que tu n'as pas donné de raison de défiance précédemment. Donc bien sûr, les pouvoirs publics vont creuser les sujets, ils vont t'interroger, ils vont te demander d'apporter, voilà. Mais en fait, ça s'anticipe beaucoup. Ça s'anticipe beaucoup dans ton caractère, dans les informations que tu as pu précédemment transmettre. Et donc, voilà, j'essaye de leur montrer ça. Moi, ce que je constate, c'est que, et encore une fois, c'est l'intérêt de ton podcast et d'autres D'autres initiatives comme ça, c'est que les jeunes qui sont étudiants au CELSA, ils ont finalement une connaissance du métier quotidien qui est assez limitée. Et je vois bien que quand je discute avec eux...

  • Speaker #1

    C'est surtout de la théorie, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà, il y a un peu de théorie. C'est aussi un métier qui est très varié selon est-ce qu'on travaille dans une grande entreprise, dans une petite, dans une fédération, dans un cabinet de conseil, selon le secteur d'activité. Moi, je ne travaillais que dans l'industrie automobile, mais j'imagine que dans d'autres secteurs d'activité, ça peut être un métier totalement différent. Et donc, je pense qu'ils apprécient d'avoir une vision comme ça. Dans un grand groupe industriel, ça consiste en quoi, les affaires publiques ? Et souvent, ils sont assez surpris. Ça fait des débats assez intéressants. Moi, je me nourris aussi. Souvent, j'aime bien poser des questions.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des débats qui ont modifié ton jugement ou quoi tu pensais d'un sujet ?

  • Speaker #0

    Par exemple, il y a deux ans, je leur avais proposé qu'on réfléchisse ensemble aux taxes sur les stationnements, mettre en place des collectivités, qu'est-ce qu'ils en pensaient, qu'est-ce qu'eux, ils feraient. Et en fait, ça avait été un débat extrêmement nourri, avec évidemment des opinions très diverses entre eux, parce qu'il pouvait y avoir des convictions politiques, etc., assez variées. Je ne sais pas si ma propre approche avait changé, mais en tout cas, en lançant un sujet comme ça, On voyait bien qu'il y avait des opinions extrêmement diverses, à la fois sur le fond, mais sur la façon dont on pourrait gérer ce sujet-là, qu'on travaille dans la collectivité qui est concernée, ou qu'on travaille dans une entreprise, dans une association d'usagers, etc. Et je pense que c'est toujours intéressant de faire réfléchir les étudiants sur se mettre dans la peau de l'autre. C'est-à-dire se dire, un sujet comme ça, en fait... Ça va faire réfléchir des associations, des collectivités, des entreprises, des pouvoirs publics nationaux, des préfectures, etc. Et en fait, c'est quoi la façon de voir les choses de chacun ? Et j'ai une conviction, c'est que les gens qui sont passionnés des affaires publiques sont des passionnés de l'État de droit. Ils sont des passionnés de la démocratie. Les affaires publiques, on aime les affaires publiques parce qu'on sait que c'est tel pouvoir qui prend telle décision, c'est telle autorité qui a telle légitimité pour faire telle chose, etc. Et on sait aussi qu'une décision, une fois qu'elle est prise, il y a des voies légales de recours. Mais tu vois, c'est de l'état de droit. Et en fait, on part du principe que notre métier, il n'est pas remis en cause tous les trois jours parce qu'en fait, il y a un pouvoir autoritaire qui peut décider du jour au lendemain qu'en fait, ce sera comme ci et pas comme ça, etc. Et j'essaye aussi de leur montrer ça. Il faut être un passionné de la politique, il faut être un passionné de la démocratie, de l'état de droit, etc. Et c'est beaucoup comme ça que fonctionnent, je pense, les affaires publiques modernes.

  • Speaker #1

    Est-ce que, Nicolas, tu as un conseil que tu aurais bien aimé savoir, un conseil que tu pourrais te donner, au toit, il y a 10-15 ans, en tout cas quand tu démarrais, après tes études, quelque chose que tu aurais aimé savoir ?

  • Speaker #0

    Tu sais, quand tu es jeune, tu sors diplômé avec beaucoup d'idées, un peu parfois préconçues, que tu n'as pas toujours beaucoup frotté à la réalité, et c'est normal. Je pense que, moi, les meilleurs conseils qu'on ait pu me donner, c'est de toujours écouter les gens. écouter les gens, les comprendre, apprendre. Je pense que quand on démarre tout cas professionnel, on fait plein d'erreurs au début et que c'est juste normal et très bien si on sait en tirer de l'enseignement. Donc ça, écouter, apprendre, c'est peut-être basique, mais je pense que c'est aussi vrai quand on va dans les affaires publiques, quand on va dans le monde de la politique. Je pense que c'est vraiment important.

  • Speaker #1

    On arrive au bout de cet épisode, Nicolas. Est-ce qu'il y a un sujet dont tu voulais parler que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'on a fait déjà un bon tour de différents sujets. Peut-être si je peux recommander quelque chose à lire à mes pères qui sont passionnés aussi de politique. Il se trouve que cet été, donc c'est le dernier livre que j'ai lu comme ça, voilà c'est facile, mais j'ai lu l'histoire de Venise, d'un historien qui s'appelle Zordi, qui était passionnant. Moi je ne connaissais pas l'histoire de ce pays et c'est une nation... avec un régime, quelque part, entre l'aristocratie et la République qui a duré quand même des siècles. Évidemment, c'est une histoire remplie d'intrigues politiques, de manœuvres, mais aussi de grandeurs, de gens qui se sont levés pour défendre l'indépendance et la souveraineté de leur pays. Et j'ai trouvé cette histoire de Venise absolument passionnante. Et je pense que tous les gens qui s'intéressent un peu à les politiques et l'histoire, ils vont adorer. En tout cas, moi, j'ai découvert ça. Donc, je le recommande. En plus, c'est bien écrit et c'est drôle. Donc, ça ne gâche rien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Nicolas.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté MECI, je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de Légit Watch, la plateforme qui révolutionne et facilite votre veille parlementaire.

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