- Speaker #0
La promotion des énergies renouvelables, c'est une cause qui est quand même assez noble et on est fier de notre travail. Donc on n'a pas de souci de transparence. Aussi essentiellement quand tu travailles dans le milieu des affaires publiques, où il faut être endurant sur certains sujets, il faut être rigoureux et connaître ces sujets. Je m'inspire de beaucoup de femmes au quotidien qui travaillent dans le domaine des affaires publiques et en fait ces femmes me donnent envie d'avoir confiance en moi. Il faut qu'il y ait un effet d'entraînement et que plus il y aura de femmes qui s'inspireront entre elles, plus il y aura de femmes tout court.
- Speaker #1
Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Élodie Sayar. Élodie, t'es responsable juridique et affaires institutionnelles au SER, qui est le syndicat des énergies renouvelables. Élodie, tu es juriste, stratège, passionnée d'action publique, et tu décryptes pour nous ce que signifie aujourd'hui faire du droit dans un secteur en pleine transition, entre arbitrage politique, contraintes réglementaires et batailles de terrain. Salut Élodie.
- Speaker #0
Salut Pierre.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette description de ton parcours ?
- Speaker #0
Non, écoute, c'était assez clair et exhaustif. Merci beaucoup d'ailleurs pour la présentation. C'est la première fois qu'on me décrit en tant que grande stratège, donc ça me fait beaucoup plaisir.
- Speaker #1
J'ai vu que tu étais passée par plusieurs pays, plusieurs disciplines. Qu'est-ce qui t'a amenée vers le droit de l'environnement, vers les énergies renouvelables ?
- Speaker #0
Alors en effet, j'ai pas mal voyagé dans le cadre de mes études. Je suis passée par le Canada, l'Australie, j'ai également fait un petit passage aux Etats-Unis, et puis j'ai fini mes études en Angleterre. Donc effectivement, j'ai pas mal bougé dans des pays anglo-saxons majoritairement parce que j'avais très très envie de voyager dans le cadre de mes études de droit. Quand t'es en droit, mais moi j'avais très envie de le faire quand même. Comment t'as fait ? T'as fait une pause ? Non, non, en fait, j'ai commencé par un échange universitaire, en gros en Master 1. Donc ça, c'est un truc classique Erasmus+. Et après, j'ai fait en sorte de trouver les double Master, où tu fais 6 mois à Paris et 6 mois à l'étranger. Ah,
- Speaker #1
trop bien.
- Speaker #0
Et voilà, je l'ai sélectionné comme ça. C'était toujours un peu lié à ma discipline, mais je faisais en sorte d'avoir toujours un aspect international. C'est ce qui m'intéressait le plus.
- Speaker #1
Du coup, t'as appris des notions de droit qui sont des notions européennes ? d'autres pays comme ça ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Et je pense que c'est justement cet aspect comparatif qui m'a, pour relier à ta question, qui m'a amenée dans le droit de l'environnement. Parce que quand j'étais en Australie, il faut savoir que je suis juriste de formation, mais j'ai plutôt fait du droit des affaires internationales. Donc en gros, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est tout ce qui est lié à l'arbitrage, aux investissements internationaux, etc. C'est hyper intéressant. Mais à la fin de mon Master 2, que j'avais fait en France et qui était un double diplôme avec l'Australie, Je me sentais pas tout à fait accomplie et je me voyais pas vraiment bosser dans un gros cabinet d'avocats en droit de l'arbitrage, tu vois. C'était des grosses horaires, un sujet hyper intéressant, mais vraiment un truc très très prenant. Et en fait, quand j'étais en Australie, j'avais suivi des cours qui étaient toujours liés à mon master, mais j'en avais aussi un peu profité pour faire des cours en droit de l'environnement, en droit de l'homme, etc. Parce qu'en fait, l'université là-bas proposait énormément de choses. C'était beaucoup plus diversifié qu'à la Sorbonne. Et donc je me suis dit, tant qu'à faire, autant prendre des cours que je n'aurais pas forcément pris à Paris. Et en fait, dans ces cours, il y avait beaucoup de droits de l'environnement, parce qu'en Australie, enfin en tout cas le université dans lequel j'étais était très très axée là-dessus. Et en fait, je me suis retrouvée à écrire beaucoup de papers, donc c'est ce que tu rends à la fin au prof, sur des sujets qui étaient liés aux droits de l'environnement, toujours avec l'axe économique que j'avais dans mon master. Et en fait, quand je suis rentrée d'Australie, j'étais un peu sur ma faim, parce que du coup j'avais adoré ça, et je me suis dit, je vais... poussé plus loin et je vais me spécialiser davantage dans tout ce qui est droit de l'environnement et droit de l'énergie. Et c'est pour ça que je suis partie à Londres faire un LLM. Donc un LLM, en gros, c'est un Master 2. Dans mon cas, c'est un Master 3. Mais c'est un an où tu es dans une université anglo-saxonne et tu te spécialises, donc tu fais vraiment un sujet et tu fais que des cours par rapport à ça. Et moi, c'était du droit de l'environnement et affaires publiques environnementales. Donc c'était aspect law and policy. Donc c'était assez complet. Et en fait, ça a été vraiment un déclic parce que quand je suis arrivée là-bas, en fait, c'est L'université t'offre un vrai cadre, c'est très flexible, t'as beaucoup de temps libre pour lire des choses, faire des recherches, etc. T'as tes cours la journée, le matin, mais après t'as beaucoup de temps pour faire des recherches et approfondir tes sujets. Et en fait, c'est un peu... Au fur et à mesure, et de fil en aiguille, que j'ai commencé à trouver des papers sur les énergies renouvelables, notamment sur les communautés énergétiques, tout ce qui était les sujets un peu dynamiques et innovants dans le secteur.
- Speaker #1
Est-ce que tu as eu un déclic ? Est-ce qu'il y a un truc qui t'a vraiment passionné, où tu t'es dit « ah bah c'est ça que je veux faire parce que j'ai lu cette info qui me paraît folle » ou ce dossier qui me passionne ?
- Speaker #0
Quand j'étais à la fac, justement, la liberté qu'on avait, que les profs nous donnaient, ils nous incitaient beaucoup à choisir des sujets qui nous intéressaient. Et eux, ils n'avaient pas vraiment de règles ou de conditions préalables. On va dire que le sujet qui m'a mis le nez dans les énergies, c'est le sujet des communautés énergétiques. Donc en gros, c'est des projets qui sont montés par des citoyens. Et en fait, j'ai dû écrire un paper où il fallait qu'il y ait une application pratique. Donc j'ai dû aller... Dans une banlieue de Londres, hyper loin, j'ai dû faire une heure de train pour aller voir concrètement la communauté indigène. et comment elle marchait. Et en fait, à partir de ça, je devais écrire mon paper. Donc ça, ça m'a vraiment mis le nez là-dedans. Le fait de parler avec des citoyens qui avaient monté un projet. Donc l'espèce, ils avaient mis des panneaux solaires sur une école et sur toutes les habitations, en gros, du council. Et ils utilisaient aussi des dispositifs de géothermie. Et tout ça, c'était des dispositifs qui étaient uniquement financés par la structure qui avait été créée par les riverains. Et en fait, à partir de ça, je me suis dit, OK, c'est génial, c'est projet citoyen. et au fur et à mesure j'ai grandi, enfin j'ai... J'ai un petit peu gravi les échelons dans ma réflexion et je suis tombée sur les projets de NR et c'est un peu là-dessus que je me suis arrêtée.
- Speaker #1
C'est marrant parce que tu as dit à un moment que tu ne te voyais pas bosser dans un gros cabinet et faire des heures interminables. Et pourtant, c'est l'image que moi j'ai des affaires publiques, des heures à rallonge. Est-ce que c'est ce que tu vis toi ? Est-ce que finalement tu arrives à avoir un équilibre avec ta vie perso ?
- Speaker #0
Ouais, complètement. Alors moi, l'expérience en cabinet, je l'ai faite. Heureusement, je n'étais pas dans un énorme cabinet. J'étais dans un cabinet à taille humaine. C'était un très bon cabinet et du coup, c'était un cabinet utilisé dans les ENR. Et franchement, c'était des horaires hyper ok. Et puis, les dossiers étaient super intéressants. Et bon, moi, j'étais stagiaire à l'époque. Et pour autant, j'ai quand même décidé de ne pas suivre ce rythme cabinet d'avocat et en affaires publiques, honnêtement, là où je suis. effectivement il y a beaucoup de travail mais le cadre est ultra bienveillant et puis on fait pas du tout des horaires à rallonge on pourrait si on voulait théoriquement il y a tellement de sujets à traiter que je pourrais rester au taf jusqu'à 23h si je voulais mais il y a un vrai équilibre vie pro vie perso que je me suis construit aussi en arrivant parce que forcément quand tu commences dans la vie professionnelle et que t'as envie de bien faire tu te dis et puis en France on a la culture du préhensilisme un petit peu enfin faut pas se mentir contrairement à d'autres pays c'est très différent mais moi j'ai vraiment choisi en tout cas de même si le taf est prenant de vraiment Au bout d'un moment, tu poses tes limites et tu dis, non, là, je vais faire autre chose. Là, j'ai peut-être 12 amendements à relire, à refaire, mais je vais couper et faire autre chose.
- Speaker #1
Est-ce que c'est parce que les gens de l'équipe sont plus cools ou est-ce que c'est aussi le fait qu'un syndicat a un peu plus de flexibilité, de marge qu'un cabinet ?
- Speaker #0
Oui, clairement. Alors déjà, sur l'aspect équipe, nous, on est une équipe très jeune. On va dire qu'on a la direction, donc l'équipe de direction qui est beaucoup plus expérimentée. et ensuite les permanents qui font pas partie de l'équipe de direction, qui ont entre 25 et 35. Et oui, clairement, le fait d'être de travailler avec une équipe dynamique qui est dans une tranche d'âge où, voilà, il y a pas mal d'activités en dehors du taf, donc du sport, éventuellement des enfants en bas âge, etc., effectivement, je pense que ça incite aussi beaucoup à trouver cet équilibre. Et puis, le syndicat, c'est une structure où, effectivement, non de travailler pour des adhérents. Donc... effectivement, on a de la pression qui vient de leur part, évidemment, parce qu'on travaille pour eux, et puis ils ont des cotisations, il y a une réflexion un peu économique derrière, mais en réalité, enfin, plutôt financière, mais en réalité, il n'y a pas du tout le rapport avocat-client, où il y a vraiment un bon de commande et un truc qui doit être effectué, c'est-à-dire que nous, on travaille pour plusieurs adhérents, et pour un intérêt, c'est les intérêts de la filière des énergies renouvelables, et donc on n'est pas dans ce rapport qui peut peut-être être un petit peu poussif. En tout cas, il y a du taf, mais on peut poser nos limites tant que le taf concrètement pour la filière est bien fait.
- Speaker #1
Alors justement, les intérêts de la serre, qu'est-ce que c'est ? Comment vous intervenez dans la fabrique de la loi ? Et finalement, comment t'expliquerais ton quotidien à quelqu'un qui est assez éloigné de ça ? Est-ce qu'il y a une proposition de loi sur laquelle t'interviens à ce moment ? Et si oui, comment t'essayes de le faire ?
- Speaker #0
Eh bien oui, en fait, nous, notre travail, en tout cas pour ce qui me concerne, c'est de travailler sur des textes de loi et des textes réglementaires. Donc concrètement, qu'est-ce que ça signifie ? Ça veut dire que déjà, notre activité, notre travail, il est lié à l'actualité politique. Donc, actualité politique, texte de loi et texte réglementaire. Et donc, on travaille évidemment sur des textes.
- Speaker #1
Donc, tu vis au rythme des politiques. C'est-à-dire, est-ce que quand il y a des vacances parlementaires, tu es en vacances aussi ?
- Speaker #0
J'aimerais bien, mais en fait, techniquement, sur l'aspect législatif, quand il n'y a pas de texte, je ne vais pas travailler sur l'aspect législatif. Après, il y a toujours des missions d'information, des commissions d'enquête. Il y a toujours... Il y a toujours des choses qui se passent. Bon, après, quand c'est les vacances pour les parlementaires, techniquement, personne ne bosse. Donc oui, on a un petit peu de temps calme. Mais après, on travaille aussi sur l'aspect réglementaire. Et ça, bon, l'administration, elle travaille toute l'année, comme nous. Donc oui, il peut y avoir des pauses avec le Parlement. Mais en tout cas, pour revenir un peu sur ta question, on va dire que moi, mon travail, en tant que responsable juridique, à faire un site, c'est rédiger des amendements. Pas que, mais en grande partie. Donc c'est rédiger des amendements qu'on va proposer à des députés et des sénateurs. pour qu'ensuite, eux, ils les portent et qu'ils les défendent en commission. En ce moment, il y a une proposition de loi qui est extrêmement importante pour notre secteur, c'est la loi de programmation énergétique, qui a été initialement... C'est une proposition de loi et pas un projet, donc ça n'a pas été proposé par le gouvernement. Ça a été porté par un sénateur, Daniel Grimier. Quel parti ? Il est LR. C'est un sénateur LR. Il a fait adopter sa loi au Sénat. Et c'était avant la dissolution. Donc ça fait longtemps qu'on attendait que ça revienne à l'Assemblée. Là, c'est revenu à l'Assemblée récemment. Parce que, pour ceux qui ont un peu suivi les actus, tout ce qui est lié à la programmation plurielle de l'énergie, ce qui donne le cap pour les filières de production d'énergie renouvelable, ça devait théoriquement passer par d'abord une loi et ensuite un décret. Sauf que tout a été un peu fait à l'envers. Le gouvernement a voulu d'abord tout, en gros, écrire dans un décret. en passant un peu outre le Parlement. Le Parlement n'a pas aimé, et récemment il s'est un peu réveillé. Bon, il y avait la proposition de loi du sénateur qui était là, mais qui en gros était un peu endormie parce qu'elle n'était pas repassée à l'Assemblée. Et là, le Parlement, côté Assemblée, s'est réveillé en mode « C'est quoi ce bordel ? C'est à nous de faire une loi qui va donner les premières orientations, et ensuite le gouvernement, ce sera à vous de faire le décret qui précisera ces orientations. » Sauf que le gouvernement a un peu fait ça, a voulu prendre un décret très rapidement parce que l'équilibre politique à l'Assemblée, on le connaît. Il n'est pas parfait. Et donc, il y avait de grandes chances que la loi, en tout cas, une proposition de loi s'enlise. Et donc, c'est pour ça que le gouvernement a fait ce choix, qui est un choix de pragmatisme, mais qui, du coup, ne plaisait pas au Parlement, ce qui est compréhensible. Et donc, du coup, là, on est dans une séquence où on a cette proposition de loi qui est examinée à l'Assemblée. Et dans le même temps, on a le décret qui avait été proposé par le gouvernement, qui est toujours derrière, mais qui va suivre aussi la manière dont sera examinée cette loi.
- Speaker #1
OK. Alors, quand tu dis, vous voulez passer outre le gouvernement, Est-ce que c'est ce qu'on appelle les procédures simplifiées, c'est ça ?
- Speaker #0
En fait, pour être très clair, dans la loi énergie-climat de 2019, c'est une loi qui a été adoptée il y a pas mal de temps, elle prévoit que la programmation pluriannuelle de l'énergie soit définie par une loi. Et qu'ensuite, cette loi, qu'il y ait en gros des grands objectifs, par exemple des grands objectifs de production d'énergie électrique, énergie non électrique, production d'énergie décarbonée, c'est juste des orientations. Et après, tu as un décret, donc le pouvoir réglementaire doit préciser ça, par filière. Par exemple, pour l'intérêt sur Atan, de gigawatts pour l'éolien en mer, il y en aura, nanana. Et en fait, ce qu'a fait le gouvernement, c'est qu'il a tout de suite pris l'initiative de faire le décret, d'écrire le décret, parce qu'il savait très bien qu'au Parlement, ça allait s'enliser et qu'il y avait un risque qu'on se retrouve avec rien du tout, au final. Donc en fait, il a un peu pris le pas sur le pouvoir législatif, ce qui, effectivement, a pas trop plu. Nous, au CERF, on avait toujours été pour que ça passe par le Parlement en première instance, parce que c'était le rôle aussi qui leur avait été donné, et qu'ensuite soit précisé par un décret ? Pour autant, on comprend la position pragmatique du gouvernement qui est d'aller vite. Le souci, c'est qu'actuellement, on est dans une séquence où ça ne va pas très vite et ça risque de ne pas aller vite non plus dans les prochains mois.
- Speaker #1
Dans ce texte, alors, qu'est-ce qui vous intéresse en particulier ? Est-ce qu'il y a des lignes que vous avez surlignées ou des amendements qui vous intéressent particulièrement ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Il y a un article, l'article qui nous concerne le plus, c'est l'article 5, qui en gros fixe les orientations, les objectifs par filière. Nous, vu qu'Auxerre, on défend toutes les filières d'énergie renouvelable, forcément, on est content quand il y a des objectifs qui sont inscrits dans la loi par filière. Donc, on suit ça avec beaucoup, beaucoup d'attention. Et il y a, on va dire, un sujet majeur sur lequel on travaille actuellement. Donc, aujourd'hui, dans le texte, il y a des objectifs sur quasiment toutes les filières. Quasiment. Il n'y en a pas pour l'éolien terrestre, par exemple. C'est plutôt des grandes considérations. Sur le biogaz, la disposition, elle est un petit peu floue. Mais pour autant, nous, on est dans une approche pragmatique. On est en mode, bon, ce qu'il y a là, ça va. Si ça reste comme ça en l'état, ça nous irait très bien. Attendons de voir comment ça va se préciser. Mais il y a vraiment un sujet sur lequel on est ultra attentif, c'est s'agissant de l'éolien en mer. En fait, aujourd'hui, on a un appel d'offres qui ne peut pas être lancé parce qu'il n'y a pas de disposition dans la loi qui le permet. Et ça, c'est un gros blocage pour la filière parce que forcément, il y a des gens derrière, des industries qui sont en attente. Et là, là-dessus, on a un peu envoyé un signal aux parlementaires. Et aujourd'hui, entre hier soir et aujourd'hui, donc c'est intéressant que le podcast arrive pile à ce moment-là. L'amendement qu'on a proposé a été adopté en commission. Donc c'est une super nouvelle pour nous. Et c'est un bon exemple de réussite justement de portage d'un amendement. Il faut voir si ça va tenir en séance, si ensuite le gouvernement sera ok pour le soutenir, etc. Mais en tout cas, c'est quand même une bonne nouvelle pour nous et pour la filière.
- Speaker #1
Donc là, vous avez ouvert un nouveau marché grâce à cet amendement.
- Speaker #0
On a remédié à une fragilité juridique qu'il y avait aujourd'hui et qui empêchait en fait à ce grand appel d'offres pour l'éolien en mer pour lancer les futurs parcs. On a permis une nouvelle disposition, pardon. qui va permettre de pallier cette insécurité juridique.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des moments, du coup, comme celui-ci, que tu peux célébrer en affaires publiques, où justement tu appelles tes clients et vous félicitez ? Parce que j'ai l'impression que c'est beaucoup de boulot, beaucoup de tunnels de travail. Est-ce qu'il y a des moments d'explosion, peut-être ?
- Speaker #0
Ouais, alors j'avoue qu'on devrait faire ça, on devrait aller boire des coups dès qu'on a des victoires à célébrer, parce que franchement, parfois, elles sont assez rares. Non, mais plus sérieusement, dans ces moments-là, on est super contents parce que ça veut dire qu'en fait, le travail et la stratégie derrière ont marché. Là, en l'occurrence, comme je le disais, le texte en l'état, s'il reste comme ça, ça nous va. Et on était en mode approche minimaliste. On propose cet amendement et on se concentre là-dessus. Donc, on avait été super stratégique. On avait parlé à des acteurs clés. On avait envoyé des notes avec des chiffres, etc. Donc, on s'est vraiment concentré sur un sujet. C'est toujours mieux que la stratégie de l'éparpillement, clairement. Et là, ça a fonctionné. Donc oui, c'est une belle victoire. Et dans ces cas-là, ce qu'on fait habituellement avec nos adhérents, c'est qu'on leur transmet la nouvelle, parce qu'ils ne sont pas forcément là à suivre les actualités parlementaires au jour le jour. Et on fait ça pour eux, donc forcément. On leur transmet les infos et après, généralement, on a des bons retours.
- Speaker #1
Et alors, là, c'est un super exemple. Comment vous avez fait pour faire passer cet amendement ? Est-ce que vous avez un lien particulier, privilégié avec certains parlementaires ? Concrètement, est-ce qu'il y a des étapes que vous faites à chaque fois ? Est-ce que tu peux parler de ça ?
- Speaker #0
Oui, en fait, nous, on a forcément des... des interlocuteurs privilégiés. Il y a des gens avec qui on travaille régulièrement parce qu'ils soutiennent nos sujets, ils les comprennent, ils les défendent. Il y a beaucoup de députés et de sénateurs avec lesquels on a des échanges régulièrement pour justement partager nos positions. Et puis généralement, nous, ce qu'on fait, c'est que on aime bien diffuser nos positions assez largement pour que tout le monde... pour qu'il n'y ait pas de discrimination dans les envois.
- Speaker #1
Vous discutez avec tout le monde.
- Speaker #0
On fait en sorte de discuter avec tout le monde, et après, si certains interlocuteurs acceptent des rendez-vous, d'autres non, mais globalement, on discute quand même avec pas mal de groupes politiques.
- Speaker #1
Alors c'est intéressant parce que j'étais là ce matin au salon des affaires publiques, et il y avait une table ronde sur la transparence. Évidemment, il y avait des lobbyistes très opposés, comme une personne en face qui était à Transparency International, qui forcément voulait plus de transparence. et est-ce que, donc là t'as dit on a réussi à faire passer un amendement est-ce que Tu penses que ce serait bien que sur cet amendement, il y ait écrit « rédigé avec le syndicat des énergies renouvelables » , qu'on aille plus vers ce genre de choses. Est-ce que pour vous, ce serait une charge trop grosse, peut-être de paperasse ou même juste d'exposition ? Ou est-ce que tu penses que c'est la bonne chose à faire ?
- Speaker #0
Non, en fait, nous, en termes de transparence, le fait que ce soit rédigé dans l'amendement, parfois c'est fait par les députés et les sénateurs le font spontanément. Donc ils écrivent à la fin de l'exposition des motifs cet amendement qui est travaillé avec le CERF. ça arrive et s'ils le font pas franchement honnêtement on est ok parce que l'essentiel pour nous vraiment c'est pas forcément la publicité c'est qu'en fait l'idée passe et à partir du moment où l'idée est passée qu'elle vienne de nous et que historiquement ensuite qu'elle provienne d'un député ou d'un sénateur franchement peu importe parce que c'est eux qui portent nos positions et après nous on est super transparent sur tout ce qu'on fait donc sur tous les entretiens qu'on a, sur tous les amendements qu'on envoie, on a un devoir parce que du coup on fait Néon. Techniquement, on fait des déclarations à l'Autorité pour la haute transparence de la République chaque année. Et donc, ce devoir de transparence, on le fait déjà. Et on est quand même assez présents dans les médias. Pour le coup, je pense que si les gens veulent regarder ce qu'on fait, ils trouveront les infos. Parce qu'on est quand même très transparents. On fait beaucoup de communiqués de presse et on ne cache pas du tout nos activités. C'est la promotion des énergies renouvelables. C'est une cause qui est quand même assez noble et on est fiers de notre travail. Donc, on n'a pas de souci de transparence.
- Speaker #1
Super Claire. Donc justement, la promotion des énergies renouvelables, vous êtes un syndicat, donc vous avez des adhérents qui sont quelque part ceux qui payent,
- Speaker #0
qui cotisent.
- Speaker #1
Il y a des combats, je pense que la grande majorité sont communs. Il peut arriver qu'il y ait des adhérents qui aient des intérêts divergents. Dans ce cas, comment on fait ? Est-ce que c'est celui qui paye le plus qui gagne ? Comment ça marche ?
- Speaker #0
Non, alors heureusement, ça ne se passe pas comme ça. Je vais prendre un exemple concret. Moi, je représente le CERF au Conseil supérieur de l'énergie, notamment, parce que je ne suis pas la seule à le représenter. Mais c'est un sens consultatif qui va examiner tous les textes réglementaires qui sont à suivre du gouvernement. Donc les décrets, les arrêtés. Nous, on est là, on a une place, on a un siège, on vote, on propose des amendements. Et il peut arriver que sur un sujet ultra précis, ultra technique, nos adhérents ne soient pas d'accord. Parce que moi, j'ai diffusé le texte à tout le monde et j'ai deux amendements qui sont un peu en contradiction ou qui n'ont pas la même vocation. Nous, on a un process, c'est-à-dire qu'on reçoit ces choses, ... on va essayer de trouver une solution d'équilibre par nous-mêmes. Si ça ne fonctionne pas, on reconsulte nos adhérents. Et donc, on est très transparent vis-à-vis des décisions qu'on prend. Si on a un blocage, on fait le savoir et on demande aux adhérents de trancher. Donc après, on tranchait pas. La majorité des voix pour, voix contre. Et vraiment, si on voit que la situation, elle persiste et qu'il y a un vrai blocage, on a ce qu'on appelle des instances de décision qui sont des élus. Donc, en gros, dans nos adhérents, il y a des gens qui représentent des boîtes, mais qui ont une casquette d'élus pour le serf. Donc en fait, quand ils sont dans une instance où ils vont prendre la décision, Pour la filière. Donc en fait, ils vont oublier leur intérêt boîte, et ils sont là avec leur casquette d'élus. Et c'est pour ça justement qu'ils ont été élus, parce qu'ils représentent la filière dans le bureau spécialisé. Donc si par exemple c'est un texte qui concerne le photovoltaïque, on va consulter le bureau solaire, et c'est le bureau solaire qui, vraiment après blocage, nous dit « ok, il faut prendre tel amendement » . C'est un exemple à la fois théorique et très concret, parce que moi depuis que je suis arrivée au CERF, j'ai eu l'exemple, franchement ça se compte sur la main d'une main. généralement on arrive toujours à faire émerger des positions consensuelles Soit parce qu'elles ont été travaillées en amont, et du coup, tout le travail a déjà été fait, soit parce que, généralement, on s'est un petit peu dénoué aussi l'intérêt de la filière et l'intérêt qui est très spécifique à l'entreprise. Et effectivement, c'est important. Nous, on est là pour défendre l'intérêt d'une filière. donc si on sent que la proposition derrière est... Plus bénéfique pour une personne que pour l'ensemble, clairement on va porter la position qui va être bénéfique à tout le monde. Mais franchement c'est assez rare.
- Speaker #1
Alors justement l'intérêt actuel, qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'il y a des urgences ? Forcément il y a une urgence climatique, est-ce que d'après toi on va assez rapidement ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire tout de suite pour accélérer les choses et quelles sont vous vos ambitions ?
- Speaker #0
Nous, c'est vrai que là, on est un peu dans le vif du sujet, mais ce qu'il nous faut, c'est qu'il nous faut une programmation plurielle de l'énergie. C'est lié au sujet de la loi qui est en ce moment à l'examen à l'Assemblée et au décret que je mentionnais tout à l'heure. C'est vraiment la priorité du moment. C'est-à-dire qu'en fait, ça fait des mois et des mois qu'on a un peu la tête dans le guidon sur ce sujet, mais c'est un sujet qui est déterminant. C'est déterminant pas seulement pour l'éolien en mer, comme je l'ai mentionné, mais c'est déterminant pour toutes les filières, en fait, parce que cette programmation plurielle de l'énergie, on va dire que c'est dommage, mais moi j'ai l'impression que dans le... le débat public, grand public, on en parle assez peu, peut-être parce que les sujets énergétiques sont souvent très techniques, mais c'est vraiment hyper important pour la souveraineté énergétique, pour la lutte contre le réchauffement climatique. C'est déterminant, pourquoi ? Parce que derrière, si on a ces objectifs chiffrés, on a de la visibilité, ça donne de la visibilité aux acteurs pour monter leurs projets. Donc si je sais qu'il va y avoir... Tant de capacités installées sur le solaire ou sur l'éolien terrestre, bon ben moi je suis développeur, j'ai un portefeuille de projets, je vais plutôt miser sur telle énergie plutôt qu'une autre. En fait ça donne de la visibilité et c'est ultra important parce qu'on a quand même derrière des modèles économiques qui doivent fonctionner, on a des boîtes qui montent des projets, les projets en France ça se monte pas ultra facilement non plus, il y a quand même pas mal de process. Donc voilà, cette PPE elle est essentielle pour donner un cap à tout le monde et pour donner de la visibilité, parce que si on patauge comme ça dans la semoule encore trop longtemps... les projets ne sortiront pas et on va dire que la France n'est pas un bon pays pour investir et malheureusement ça pourrait être vrai. J'espère pas mais si on continue sur une trajectoire aussi assez lente, on n'y arrivera pas. Mais moi je suis plutôt optimiste, je suis de nature optimiste, je pense que c'est essentiel dans ce milieu, mais je suis de nature optimiste et je pense qu'on va déboucher sur quelque chose, je l'espère, qui sera suffisamment équilibré. Mais bon, on ne peut pas faire de la politique fiction, tout est possible aujourd'hui.
- Speaker #1
Alors on va passer à la séquence vrai-faux, je vais te donner trois affirmations. Et tu me dis si c'est vrai ou faux, évidemment tu peux développer si tu le souhaites. Et la première phrase c'est quand une loi est votée, le plus dur reste à faire.
- Speaker #0
C'est vrai dans le cas où la loi renvoie à beaucoup de décrets ou de textes d'application. Un exemple très récent, la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables qui a été votée le 10 mars 2023, il y avait 100 articles et il y avait 60 décrets d'application. Donc franchement tout le travail il a été fait sur la lignée 2023-2024.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'une fois que la loi passe... il faut plusieurs décrets pour la faire appliquer ?
- Speaker #0
Exactement. Par exemple, un truc sur le partage de la valeur. La loi te dit que les développeurs vont contribuer à un fonds qui va permettre d'alimenter des projets locaux. Très bien, il y a écrit ça dans la loi, c'est super. Mais en dessous, il y a écrit, derrière la ligne de l'article, les modalités d'application de l'article sont déterminées par décret en compte d'état, validé auprès de la creux, etc. La loi ne fonctionne pas, elle est inopérante s'il n'y a pas le décret. Il y a beaucoup de dispositions qui étaient comme ça. En gros, tu mettais un principe un peu général dans la loi. Mais vu que c'est quand même des sujets techniques où il faut réfléchir sur, ok, tu l'envoies quand ta contribution, quel montant, etc., il fallait renvoyer un décret pour qu'ensuite ce soit précisé et que ça ne pouvait pas se décider au niveau du Parlement.
- Speaker #1
On ne peut pas faire un décret où on précise tout d'un coup ?
- Speaker #0
Ah bah nous, on aurait adoré, mais bon, dans ces cas-là, le décret, il aurait eu plusieurs années à sortir. En fait, il y a un décret par sujet et je pense que c'est mieux comme ça parce que ça permet d'identifier les sujets prioritaires et faire en sorte que ça sorte rapidement.
- Speaker #1
Par exemple, là, du coup, l'amendement qui est passé hier... Et ça sera vraiment appliqué dans combien de temps ?
- Speaker #0
Ça, heureusement, de mémoire, la disposition qu'on avait rédigée ne prévoyait pas de décret. Donc a priori, ça devrait passer en l'état et du coup tu mets le principe dans la loi et après tu lances l'appel d'offre puisque tu as une assise juridique dans la loi qui te permet de le faire.
- Speaker #1
Est-ce qu'il est possible que l'abonnement tombe ou soit annulé après être accepté ? Il y a toujours ce stress-là ?
- Speaker #0
Oui, complètement. C'est pour ça que c'est une victoire à demi-teinte parce que là, on est super content que ce soit passé en commission parce que ce n'était pas forcément acquis. Mais après la commission, il y a la séance publique. Et après la séance publique, il y a éventuellement le repassage du texte au Sénat. Normalement, c'est comme ça qu'on va se passer. Et ensuite, tu as la commission mèche paritaire, où en gros, tu as un mix de sénateurs, un mix de députés. Et en gros, c'est là qu'à huis clos, ça tranche. Donc ça peut sauter à n'importe quel moment. Donc c'est pour ça que pour l'instant, on est content, mais on ne se réfute pas non plus trop vite parce que ce n'est pas acquis.
- Speaker #1
Ce n'est pas encore la célébration alors.
- Speaker #0
Exactement, on ira boire des coups après, quand ce sera dans la version finale.
- Speaker #1
C'est très clair pour moi. La deuxième phrase, c'est l'énergie est trop technique pour les politiques.
- Speaker #0
Ça, c'est faux parce que nous, on le voit au Parlement, il y a énormément de sénateurs et de députés avec lesquels on travaille qui sont hyper pointus sur nos sujets. Donc non, c'est faux. Après, évidemment, il arrive qu'il y ait des personnalités politiques qui s'accaparent des sujets énergétiques et qui peuvent dire des aberrations. Ça, ça existe. Mais non, nous, les gens avec qui on travaille, c'est des gens sérieux qui connaissent leurs sujets et avec lesquels on peut discuter. On n'est pas toujours d'accord, mais encore heureux parce que sinon, on ne serait pas stimulés. Non, mais en vrai, nous, les gens avec qui on travaille, c'est des gens qui, généralement, font quasiment qu'ils travaillent que sur les sujets énergétiques.
- Speaker #1
Et la dernière phrase, une bonne proposition d'amendement peut se rédiger en une page.
- Speaker #0
C'est vrai dans la mesure où si la demande, enfin la proposition, elle est claire, limpide, c'est mieux, parce que du coup, il faut se dire aussi que les parlementaires, ils reçoivent plein de propositions d'amendements et ils travaillent sur plein de textes, donc en fait, quand on va à l'essentiel, c'est bien, mais après, le problème, la complexité du droit, c'est qu'en fait, si on n'est pas suffisamment précis, dans certains cas. On ne comprend pas très bien ce qui est recherché. Donc par exemple, s'il y a une disposition qui va impliquer une modification de plusieurs articles ou d'un long paragraphe, bon, malheureusement, il va falloir tout modifier au risque de ne pas être clair. Et ensuite, on se trouve avec un texte qui est quasiment inapplicable. Il faut savoir trouver le juste équilibre, mais généralement, je ne me fixe pas de longueur, c'est en fonction du sujet.
- Speaker #1
Merci Elodie. On va passer à la dernière section, qui est plutôt sur ta méthode à toi, ton équilibre, ta vision de la chose publique. J'ai vu que tu faisais du triathlon, c'est juste ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait, depuis quasiment deux ans.
- Speaker #1
Ça demande beaucoup d'orgas. Comment tu fais pour combiner ça avec ta vie pro ? Est-ce que le matin, c'est piscine avant le taf ? Comment tu t'organises ?
- Speaker #0
Ouais ça arrive alors moi je suis en club depuis un an seulement mais j'avais commencé la pratique avant mais on va dire que je suis en club sérieux depuis un an et en fait vu que t'es dans un club avec des entraînements t'as des contraintes, t'as des contraintes que tu choisis évidemment mais oui typiquement il y a des entraînements le soir à partir de 20h, des entraînements le matin.
- Speaker #1
C'est combien d'heures par semaine que tu fais ?
- Speaker #0
C'est flexible mais généralement quand t'es en préparation pour une compétition sachant que voilà je suis clairement amateur mais bon il y a quand même des challenges un peu perso, parfois tu peux avoir des semaines avec 10h d'entraînement. On va dire au max, et sinon si tu veux la jouer cool, ça peut être 5 heures. Mais quand t'es dans un club, il y a une dynamique de groupe, donc t'as envie d'aller aux entraînements, t'as envie de voir tes potes. Et en fait, le fait d'avoir une contrainte, donc par exemple ta piscine ou ta course à 20h, en fait tu quittes le taf à 19h. Et quelle que soit l'avancée du travail, évidemment s'il y a une urgence, tu trouves l'équilibre. Mais généralement, moi, ces contraintes-là, elles me forcent à partir et à ne pas faire des horaires à rallonge. C'est hyper important de faire du sport. en tout cas moi c'est un peu un sas de décompression Parce que la journée, j'ai la tête dans mes amendements, la tête dans mes projets de loi, dans mes discussions avec les adhérents sur des sujets techniques. Et en fait, il faut aussi trouver un moyen de penser à autre chose. Sinon, tu pètes un câble, en fait. Donc voilà, c'est hyper important. Et je pense que le triathlon, ça demande beaucoup de rigueur. Mais honnêtement, c'est chouette.
- Speaker #1
Trop bien. Et il y a beaucoup de piscines ouvertes à 20h à Paris ?
- Speaker #0
Justement, elles sont ouvertes pour les clubs. C'est ça l'avantage. Mais oui, il y en a plein. Il y en a plein, mais généralement, il y a plein de nocturnes. Et en plus, pour les clubs, il y a des exceptions.
- Speaker #1
Ok, et du coup, le triathlon, est-ce que ça t'apporte au-delà de la respiration ? Est-ce que ça t'apporte quelque chose dans l'organisation ou dans des facettes de ton travail ?
- Speaker #0
Ouais, franchement, le triathlon, j'ai pas du tout choisi le sport. J'ai choisi le sport purement par intérêt parce que j'aimais bien la combinaison, mais ça apporte forcément de la rigueur et de l'entraînement, de l'endurance. Et tout ça, c'est des choses qui sont hyper utiles dans la vie de tous les jours. Aussi essentiellement quand tu travailles dans le milieu des affaires publiques où il faut être endurant sur certains sujets, il faut être rigoureux et connaître ces sujets. Et puis il faut effectivement être... J'ai plus la troisième qualité que j'ai décrite. Mais bon, en tout cas, c'est une super... Le triathlon, c'est un sport qui demande beaucoup d'énergie. Mais franchement, ça m'a appris beaucoup sur le plan personnel et pro de manière générale parce que c'est un sport prenant et intéressant.
- Speaker #1
Trop bien. T'as commencé les compètes là du coup. Du coup, tu en as déjà plusieurs.
- Speaker #0
J'en ai fait plusieurs, c'est marrant. La dernière que j'ai faite, c'était sous la flotte pendant les trois heures de course. Mais franchement, c'était très drôle.
- Speaker #1
Trop bien. On a parlé des moments de célébration. Il y a aussi des moments qui sont plus difficiles, d'incertitude, de tensions politiques. Comment tu fais à ce moment-là pour rester dans le coup ? pour rester engagée ?
- Speaker #0
En fait, ça va être un peu bateau et cliché, mais je me souviens la raison pour laquelle je travaille. Et quel que soit le contexte ou le climat ou effectivement la période, quand tu sais que derrière, tu as des adhérents qui mettent en place des projets, qui ont des attentes, qui ont des exigences, qui ont aussi besoin de toi et du passage que tu fais avec la décision publique, en fait, ça te motive. Parce que derrière, effectivement, tu as peu de réponses ou peu de répondants, dans certains cas, côté pouvoir public. Merci. mais derrière, t'as des adhérents qui sont toujours, quand même pour la plupart, ultra motivés sur les sujets, et qui t'aident aussi à garder le cap, parce que derrière, eux, ils ont des projets, et qu'il faut absolument que le syndicat puisse promouvoir leurs intérêts coûte que coûte. Donc voilà, me rappeler pourquoi je bosse, parce que aussi on bosse pour les énergies renouvelables, donc clairement, on est tous hyper passionnés, on a tous des engagements, on n'est pas forcément tous ultra militants, mais en tout cas, on a tous vraiment un engagement pour la transition énergétique, donc je pense que rien que ça, ça te fait te lever le bâton.
- Speaker #1
On arrive presque au bout de ce podcast, Elodie. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle à partager avec nous ?
- Speaker #0
Oui, alors on va m'accuser d'être une vraie lobbyiste, mais il y a le podcast du syndicat des énergies renouvelables que notre super équipe de com a lancé il y a quelques mois. En fait, c'est un podcast qui déconstruit un peu les idées reçues sur les renouvelables et sur généralement les questions climatiques. C'est vraiment un podcast qui vulgarise les infos aussi et qui est à destination du grand public. et en fait ce qui se passe c'est qu'il y a des épisodes qui sont très très tous les deux mois, si je dis pas de bêtises. Et en gros, c'est des épisodes de 10 minutes où ils interviewent un peu comme toi, tu fais. En gros, il y a un invité. Récemment, on a eu Catherine McGregor, PDG d'ENGIE. Et voilà, elle nous expliquait en gros qu'est-ce que ça représentait pour elle les énergies renouvelables, qu'est-ce que c'était que d'être une PDG dans le secteur des renouvelables, notamment. Voilà, c'est en gros, on parle de renouvelables, c'est aussi un moment détente. Et franchement, le podcast est super bien fait, donc je vous invite à le regarder. Et j'ai pas donné le nom, ça s'appelle What's Up.
- Speaker #1
What's up ?
- Speaker #0
Voilà, et c'est accessible sur notre site. Et pour l'instant, on a trois épisodes, il me semble.
- Speaker #1
Ok, génial. Il y a quelque chose qui me vient, c'est que j'ai reçu déjà plus de 20 invités ici. Et t'es seulement la quatrième femme que je reçois.
- Speaker #0
Ouais, je me demandais justement.
- Speaker #1
J'ai l'impression que dans le milieu des affaires publiques, la parité est à peu près respectée. Peut-être pas dans les très hauts postes. Peut-être que les mecs ont plus envie de s'exprimer, ils se sentent plus légitimes. Comment tu le ressens, toi, et qu'est-ce que tu veux dire peut-être aux étudiantes qui nous écoutent et qui pourraient se lancer pour qu'elles prennent la parole, elles prennent la place ?
- Speaker #0
Effectivement, c'est un constat. Aujourd'hui, dans les renouvelables, moi, je vois qu'il y a plus d'hommes que de femmes. Parce que, bon, c'est toujours dans l'ordre du constat, mais c'est souvent des métiers assez techniques. Et on va dire qu'il y a statistiquement plus d'hommes qui occupent des métiers, des fonctions très techniques, plus d'hommes que de femmes. Même dans l'instance dans laquelle on siège nous, le Conseil supérieur de l'énergie, je le vois, il y a beaucoup plus d'hommes. L'instance, elle est présidée par un homme, Jean-Luc Fugit, qui est un député remarquable par ailleurs, mais qui est un homme. Et je vois aussi par rapport à moi... Il y a beaucoup plus d'hommes que de femmes, et surtout, il y a très très peu de femmes qui sont dans ma tranche d'âge. D'ailleurs, je pense que je suis la seule dans ma tranche d'âge. Donc, mon constat, c'est qu'on voit effectivement pas assez de femmes. Nous, au CERF, on est, on va dire, 50% d'hommes et 50% de femmes, mais les postes de direction sont majoritairement aussi des hommes. Et il faut se dire que les femmes doivent avoir confiance en elles, parce qu'il n'y a aucune raison de ne pas avoir confiance en soi, surtout quand on est... hyper diplômés, quand on est hyper compétent et quand on travaille dans le domaine des affaires publiques, on se rend compte qu'il y a beaucoup de gens qui sont très compétents. Et honnêtement, moi j'aime bien aussi l'idée de... Je m'inspire de beaucoup de femmes au quotidien qui travaillent dans le domaine des affaires publiques. Et en fait, ces femmes qui travaillent, qui sont souvent chez les adhérents, me donnent envie d'avoir confiance en moi et je pense qu'il faut qu'il y ait un effet d'entraînement et que plus il y a plus il y aura de femmes qui s'inspireront entre elles, plus il y aura de femmes tout court. Mais de manière générale, pour les jeunes diplômés qui voudraient se lancer dans le milieu ? Une règle, c'est qu'il faut oser, il faut prendre la parole, même si ce que tu as à dire, ce n'est pas forcément l'idée révolutionnaire. Si tu as un truc à dire, dis-le, prends de la place, parce que si tu ne le fais pas, quelqu'un d'autre le fera à ta place et il y a une grande chance que ce soit un homme. Et vraiment, ce que tu dis, ce ne sera jamais une connerie. Moi, j'ai toujours eu l'impression à l'école de poser des questions bêtes, mais en fait, il faut poser des questions bêtes. C'est comme ça aussi que tu t'alimentes un débat, que tu alimentes une discussion. donc pour moi vraiment c'est oser prendre la parole poser des questions, montrer votre intérêt, voilà. C'est pas forcément très facile à faire parce que tu peux avoir une personnalité timide, tu peux pas forcément être à l'aise devant un public, évidemment, mais ça s'apprend. Personne n'est né avec ça, donc si tu commences petit à petit, ça va venir. Moi, c'est ce qui s'est passé pour moi, j'étais pas forcément à l'aise dans mes premières réunions avec plein de gens et au final, au fur et à mesure, tu te dis bon là j'ai un truc à dire, c'est pas grave. Au pire c'est une connerie, mais je le dis, et au final tu te rends compte que non, parce que juste t'as eu peur. Et en fait, il faut oser, il faut prendre la parole. Et ensuite, il y aura plein de femmes, on va toutes s'inspirer. Et un jour, on sera toutes PDG de grosses boîtes de production d'énergie renouvelable. On sera toutes présidentes du CERF, donc c'est parfait.
- Speaker #1
Merci Elodie. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais évoquer ici que tu n'as pas encore eu le temps de développer ?
- Speaker #0
De manière générale, sur les énergies renouvelables, moi, je pense que nous, dans notre secteur, on a un peu la tête dans le guidon. Avec mes collègues et la direction, on connaît nos sujets, on avance. Voilà On maîtrise les sujets sur lesquels on travaille. Moi, je trouve que de manière générale, les gens, et c'est malheureux, s'intéressent assez peu aux questions énergétiques. Il y a beaucoup, les gens s'intéressent énormément aux questions de climat, les questions de transition énergétique aussi. Mais parfois, moi, quand je parle à un dîner de famille ou avec des potes, j'ai vraiment l'impression d'être une énorme geek ou une énorme nerd, alors que c'est ultra important. Et que savoir typiquement comment une éolienne, ça fonctionne... pour quelle est la différence entre une production d'énergie électrique et non électrique. Pour moi, c'est la base. Et je pense que les gens ne s'y intéressent pas assez. Et c'est vraiment malheureux. Pourtant, il y a plein de presse. On travaille avec plein de journalistes. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de ressources. Et donc, je pense que j'aimerais bien aussi que le travail du CERF... On a lancé une campagne de communication il y a quelques années. C'était pendant la Coupe du monde de rugby pour justement expliquer ce que c'était que les énergies renouvelables, comment ça fonctionnait. On leur a donné une dimension un peu sportive. On a associé les UNR à des sports. Nous, on fait aussi un travail avec le podcast de vulgarisation pour que les gens s'y intéressent, parce qu'en fait, c'est essentiel de s'y intéresser. On ne peut pas juste s'intéresser à la production du climat de manière théorique. Effectivement, je pense que les énergies renouvelables, c'est essentiel dans notre mix énergétique. Et je pense qu'il faut vraiment que les gens s'y intéressent plus pour qu'on ait moins l'air de geek, mais qu'on puisse en parler autour d'un dîner, qu'on puisse parler éolien, solaire, méthanisation. Moi, ce serait mon rêve qu'on puisse avoir des débats enflammés sur les différentes énergies renouvelables, parce que franchement, une fois qu'on met le nez dedans, c'est hyper intéressant et surtout que c'est largement accessible. c'est pas aussi technique que ce qu'on pense le message est passé,
- Speaker #1
Lodi, merci beaucoup merci à toi, à la prochaine merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle à bientôt