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Hemicycle

#13 - Arnaud Palinhos (MAIF VIE) : Assurance & climat : que reste-t-il de l’assurabilité ?

#13 - Arnaud Palinhos (MAIF VIE) : Assurance & climat : que reste-t-il de l’assurabilité ?

28min |20/06/2025
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28min |20/06/2025
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Description

Un monde qui continue à dérégler le climat… est un monde qui devient inassurable.
Dans cet épisode d’Hémicycle, Pierre reçoit Arnaud Palinhos, responsable juridique à la MAIF, pour parler de droit des assurances, de mutualisation des risques, mais aussi d’influence législative et de résilience économique.

On y parle :

  • du coup de foudre pour le droit des assurances (!)

  • de la loi Lemoine et de ses conséquences sur l’assurance emprunteur,

  • des limites de l’assurabilité face au changement climatique,

  • du rôle des mutuelles dans un marché financier parfois instable,

  • et de la place grandissante du droit des assurances dans le débat politique.

Un échange passionné, instructif, entre réglementation, valeurs mutualistes… et stratégie face aux crises.


🎧 À écouter si vous vous intéressez à l’articulation entre économie, droit, climat et politique.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la mutuelle d'assurance des instituteurs de France. On ne peut pas être un seul assureur au même endroit, parce que s'il y a une catastrophe à cet endroit-là, c'est lui qui prend toutes les pertes. Un monde où on continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Arnaud Palignos. Donc Arnaud, t'es responsable juridique au sein de la Maïf, t'as été diplômé en droit et t'as construit tout ton parcours au sein de la Maïf qui est un acteur engagé et mutualiste de l'assurance. Salut Arnaud.

  • Speaker #0

    Salut Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais compléter ton parcours comme je l'ai décrit ? Est-ce qu'il y a des choses que tu veux rajouter ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, un parcours classique en fait, un fac de droit, un diplômé en droit, spécialisé en assurance au master et une passion en fait. Je ne savais pas trop quoi faire. Au début, en première année, on s'imagine avocat, juge, notaire, huissier. Au fur et à mesure du parcours, on ferme des portes. Et quatrième année, un cours droit des assurances, le coup de foudre, mais vraiment, ça peut exister, en droit, et une envie de partir dans le droit des assurances. Et du coup, une spécialisation. Et voilà comment l'histoire a commencé.

  • Speaker #1

    Comment t'expliques ce coup de foudre ? C'est la première fois que j'entends quelqu'un avoir un coup de foudre pour le droit des assurances. Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était les anecdotes. Les anecdotes du prof sur des dossiers sinistres, qui ne sont pas drôles en fait, mais qui dans le contexte et dans la façon dont il les a apportés, étaient quand même assez drôles. On rigolait de choses malheureuses, mais il y a ça. Et puis après, de manière beaucoup plus consensuelle, c'est ce qu'est l'assurance en tant que telle, la mutualisation du risque. C'est globalement quelqu'un qui perd sa maison dans un incendie, est-ce que sincèrement, dès le lendemain, il se lève en se disant « allez, c'est bon, c'est reparti, je la reconstruis comme ça » . Non, s'il n'y a pas un acteur, s'il n'y a pas un assureur derrière pour dire « Ok, c'est un moment compliqué de ta vie, mais on est là et puis t'es assuré, t'es bien assuré, t'as les bonnes garanties et ta maison, on va la reconstruire. » Ça, je veux dire, à un moment donné, il n'y a pas beaucoup de mécanismes humains qui peuvent se targuer de faire ça.

  • Speaker #1

    Justement, alors là, ton quotidien ressemble à quoi ? Est-ce que c'est ce genre de dossier que tu vois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce que moi, je suis spécialisé dans l'assurance de personnes. Donc rien à voir avec l'auto, rien à voir avec l'habitation. Et je ne voulais surtout pas aller sur la gestion de sinistre. C'est pour ça, les anecdotes m'ont plu, mais je ne voulais pas faire ça. Donc j'ai été conseiller pendant un temps. Je conseillais des gens sur une couverture assurancielle liée au risque de la vie humaine. Et puis en fait, une arrivée à New York, berceau des mutuelles, avec Massif dans un premier temps. Je me suis retrouvé très loin du monde du droit. J'étais en fait côté informatique. Je me souviens de rentrer tard le soir, parce qu'on bossait bien sûr, mais parce qu'aussi il y avait la pause clope avec le chef qui te racontait un peu comment ça fonctionnait tout ça là-haut. Et c'était super intéressant.

  • Speaker #1

    Mais du coup, tu étais dans le pôle informatique, donc tu faisais de l'informatique ou c'était autre chose ? Oui,

  • Speaker #0

    j'étais sur du paramétrage de l'outil informatique, de gestion des contrats santé prévoyance. Rien à voir avec le droit. Et puis à la fin, le chef me dit, bon, écoute, il y a moyen pour que tu restes dans l'informatique. Et là, je lui ai dit non, je n'ai pas envie. Je veux retourner dans le droit. J'ai cherché un poste de juriste en droit des assurances et je suis tombé sur l'annonce parfaite en 2016.

  • Speaker #1

    Un nouveau coup de foudre.

  • Speaker #0

    Ouais, un nouveau coup de foudre. Et puis dans une filiale de la Maïf, mais dans une entreprise qui faisait de l'assurance de personnes, donc ça Ausha toutes les cases. Et après quelques années, j'ai eu la chance de devenir responsable du service.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te passionne là-dedans justement ? Ça fait huit ans que t'es à la Maïf,

  • Speaker #0

    c'est bien ça ? Oui, un peu plus maintenant, mais oui, ça fait huit ans. Écoute, j'ai jamais regretté mon choix.

  • Speaker #1

    Dans l'intro, j'ai dit un acteur. engagé et mutualiste ?

  • Speaker #0

    N'hésitez pas à tromper parce que engagé, oui, mutualiste par essence. La Mutuelle a été créée en 1934 par des instituteurs parce qu'en fait, Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la Mutuelle d'assurance des instituteurs de France. Et même avant, il y avait un autre A, c'était automobile au milieu. Mais elle a été créée en 1934 par des instituteurs qui ne voulaient plus payer des cotisations auto trop chères. Et donc, ils se sont dit on va créer une compagnie ce qui est aujourd'hui quasiment impensable de... partir de zéro mais ils l'ont fait et ils l'ont fait sur la base du corporatisme ce qui a été un peu le modèle de développement des mutuelles nurthèses la massif c'est la mutuelle d'assurance des industriels et commerçants de france la maf c'est la mutuelle d'assurance des artisans de france alors forcément aujourd'hui elles se sont ouvertes à tous mais à l'époque en tout cas au moment de la création c'était la mutuelle par exemple pour la manif des instituteurs et si vous étiez pas instituteur, bah vous pouviez pas y rentrer. Voilà, c'était des modèles comme ça un peu atypiques, mais dans les faits, en fait, c'était de dire, on veut proposer un modèle alternatif aux compagnies d'assurance, on ne veut pas forcément surpayer le risque, on veut le mutualiser, parce que c'est ça aussi la beauté de la chose, en fait, de l'assurance, c'est la mutualisation du risque. Pourquoi, en fait, un assureur, ça ne lui pose pas, entre guillemets, de problème de payer ? Parce qu'en fait, c'est pas lui qui paye directement, même s'il, effectivement, il le paye, mais c'est tout le monde, tous les assurés qui vont payer. C'est pour ça aussi qu'au niveau de la fraude, c'est important de lutter contre la fraude, parce qu'on peut se dire, bon, finalement, la fraude, c'est pas si grave, 300, 400, 500, 1000 euros pour un assureur, c'est pas grand-chose. Oui, mais au final, c'est quand même tous les autres assurés qui payent. C'était un modèle un peu atypique en 1934. La Maïf a aidé les hôtes mutuels nyorthaises, c'est pour ça qu'il y a un gros pôle mutuel à New York, à aider les hôtes mutuels à se créer, à se développer. Elles sont restées indépendantes, elles ont chacune leur vie, leur parcours, mais à la base, c'est une histoire commune.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Alors, si je comprends bien, donc c'est mutualiste, je vais prendre un exemple un peu extrême. Imaginons que la maison de la moitié des assurés brûle. Comme c'est mutualiste tout le monde, mais au pot, il n'y aura pas assez probablement. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je ne peux parler que de ce que je connais, mais pour le coup, il y a quelques années, il y a eu un gros sinistre. Un gros sinistre et il y a eu un rappel de cotisation. C'est-à-dire qu'on a dit aux assurés, aux sociétés, en fait, ce sinistre-là, vous avez payé par exemple 10 euros. Ce n'était même pas en euros, c'était en francs, mais bon. Vous avez payé 10 euros votre cotisation, mais parce qu'on a un gros sinistre, on vous demande de rajouter 2 euros dans l'année. Ça, c'était un des moyens de gérer la situation. Après, ta question me fait penser à la problématique de l'assurabilité. En France, on ne peut pas être un seul assureur au même endroit. Parce que s'il y a une catastrophe, naturelle ou pas, à cet endroit-là, c'est lui qui prend en fait toutes les pertes. Et le problème, c'est qu'il n'y a aucun assureur qui peut, lui tout seul, subir autant de pertes. La boîte disparaît et les assurés ne sont pas payés. Donc ils ne sont pas contents, ça tire tout un tas de problématiques. Et dans certaines régions, particulièrement les régions les plus sujettes aux risques de catastrophes naturelles, il y a certains assureurs qui ont commencé à se dire « ça ne sert à rien d'aller se développer là-bas, on ne gagne pas d'argent en fait. » Ouais. « On ne gagne pas d'argent. » Ils ont commencé progressivement à se retirer. Ça, c'est un très mauvais signal. Forcément, ça a commencé à inquiéter les pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucun assureur qui veut être le dernier à ce moment-là. Et si tout le monde part, il n'y a plus personne qui peut s'assurer. Donc plus personne qui aura sa maison remboursée si elle brûle.

  • Speaker #1

    Ok. C'est super intéressant parce qu'avec le réchauffement climatique, on est amené à avoir de plus en plus d'incendies, d'inondations sur nos territoires. Comment on fait pour continuer à assurer ces gens-là ? Est-ce que c'est à l'État de pallier au manquement, quelque part de payer son inaction face au réchauffement climatique ?

  • Speaker #0

    Un assureur, s'il peut mutualiser le risque, ça reste de l'assurance. Il peut le faire. S'il n'arrive plus à le mutualiser, il ne gare pas. Et donc après, ça sera forcément une solution publique. Et les solutions publiques, aujourd'hui, on a plutôt tendance à observer l'effet inverse. Un État qui a tendance à se retirer parce qu'il ne veut pas être partout.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on pourrait contraindre certaines assurances à dire, « Ok, si vous assurez tel territoire, alors vous devez en assurer un autre qui est plus risqué ? »

  • Speaker #0

    Alors, plutôt que de contraindre, il vaut mieux discuter. Et l'assurance, c'est un milieu qui, à la base, discute beaucoup. L'origine de l'assurance, c'est le prêt à la grosse aventure. Le prêt à la grosse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est globalement des marchands qui partent sur leur bateau, qui ne voient pas toujours le bateau revenir au port. Donc en fait, ceux qui affrètent les bateaux se sont dit, bon, commencez à créer un pot commun. Et dans ce genre d'histoire, il faut que tout le monde joue le jeu. Donc forcément, tout le monde discute ensemble. Et ça me fait penser aussi au marché de la réassurance, où tout est censé se faire de bonne foi. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on discute et on tient les engagements qu'on a pris. Pourquoi ? Parce que si vous n'avez pas de parole, en assurance comme en réassurance, vous ne durez pas. Si vous voulez faire des coups, vous faites un coup une fois, mais vous n'en ferez pas deux. C'est essentiellement un milieu qui a l'habitude de discuter. Et plutôt que de contraindre... Parce que les assureurs, mine de rien, ils font leur job, quel qu'il soit. Ils essayent en tout cas de le faire du mieux qu'ils peuvent. Et surtout, à un moment donné, ça reste des opérateurs économiques. Donc voilà, s'ils ont une difficulté, ils en parleront, ils le poseront sur la table.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Ce podcast, c'est autour de la fabrique de la loi. Et je voulais savoir, justement, dans le secteur juridique, est-ce que vous avez des combats en ce moment que vous menez en parlant à des députés, à des parlementaires ? Bref, autour de l'hémicycle, justement.

  • Speaker #0

    Je ne pourrais pas te dire exactement ce que je suis. en fait plutôt moi dans un rôle J'allais dire expert, mais j'aime pas ce mot, je vais plutôt dire de sachant. Globalement, j'identifie quels sont les impacts d'un projet, ou d'une proposition de loi, ou d'un projet de directive, sur le métier demain. Et dire, attention, là, c'est pas terrible, clairement. Ou là, c'est plutôt très bien, il faut y aller. Ces échanges-là, je les ai pas directement avec les députés. Il y a une fédération de l'assurance, qui s'appelle France Assureur, qui réunit toute la place de l'assurance en France. Et c'est eux qui discutent avec les sénateurs, les députés, mais pas qu'eux.

  • Speaker #1

    Ils font un peu la navette vers toi, où toi tu dis ça c'est plutôt positif ou négatif.

  • Speaker #0

    Ils font la navette vers le marché en fait, vers tous les acteurs. Et donc ils essayent de porter une voix commune, pas forcément toujours alignée sur tous les sujets, mais globalement il y a quand même des grandes tendances qui se dessinent. Et France Assureur discute avec les politiques, et peuvent alerter sur des problématiques très spécifiques, liées aux lois, en disant attention, sur le papier ça peut vous paraître une bonne idée, mais dans les faits ce serait une catastrophe. En termes de lois un peu problématiques sur l'assurance de personnes, il y a eu la loi Lemoyne, une loi sur l'assurance emprunteur. Donc là, on retouche encore à la maison, on retouche encore au foyer. Quand on emprunte, généralement, le banquier vous demande une garantie et ça passe souvent par une garantie assurancielle, donc une assurance emprunteur. Si vous venez à décéder, c'est l'assureur qui viendra payer le capital restant dû à la banque.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas le propriétaire.

  • Speaker #1

    Ah, je savais pas. Ce n'est pas juste on revend la maison et on divise ?

  • Speaker #0

    Non, justement, c'est fait pour contrer ça. En fait, l'assurance emprunteur, c'est quasiment une assurance incontournable quand on devient propriétaire ou quand on achète un bien immobilier. C'est en fait, pour le banquier, la garantie d'avoir retour sur son investissement. Et pour l'emprunteur, une garantie de ne pas devoir vendre. Enfin, s'il est décédé, il ne vendra rien. Mais sa famille ne sera pas obligée de... de trouver un autre logement dans leur lance et de partir de la maison, alors qu'il y avait toute une vie familiale qui s'était peut-être organisée à l'intérieur. Donc c'est essentiellement un risque lié à l'emprunteur, le fait que l'emprunteur fasse défaut, pour une raison telle que le décès, pour une raison type arrêt de travail, quand je suis en arrêt, je n'ai pas les mêmes revenus, j'ai un prêt qui peut être conséquent, qu'est-ce que je fais si je ne peux plus payer ce prêt-là ? Là, il y a une garantie aussi, qui s'appelle la garantie ITT. Et donc cette garantie-là, en fait, elle vient payer la mensualité le temps que vous soyez remis et que vous puissiez retourner au travail.

  • Speaker #1

    Ok. Et la loi Lemoyne, qu'est-ce qu'elle a changé ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques années quand même, il faut savoir que vous n'aviez pas vraiment le choix. Si quelqu'un allait dans une banque, on lui prêtait de l'argent, mais il devait souscrire l'assurance de la banque. Alors c'est pas un banquier qui assurait, c'est un assureur, souvent une filiale, mais ça pouvait être aussi un assureur avec qui on avait un accord, un assureur qui assurait l'opération. Et si vous étiez OK avec la proposition de prêt, vous n'aviez pas le choix de partir chez un autre assureur. C'était bien et pas bien. Bien parce que l'emprunteur, il avait quand même une garantie assurancielle et un prêt, donc il pouvait se lancer dans son projet. Par contre, au niveau du tarif, il pouvait se faire matraquer.

  • Speaker #1

    Donc là, on peut changer, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous pouvez échanger à tout moment.

  • Speaker #1

    Au milieu du contrat, je peux décider de changer d'assureur.

  • Speaker #0

    au milieu, au début, à tout moment. Et ça, c'est une avancée considérable sur le marché de l'assurance emprunteur. C'est quelque chose où une partie des assureurs a lutté pour, contre une autre partie des assureurs. Le marché, en fait, était partagé un peu entre les deux. Donc, pour faire court, pour schématiser, des banques assureurs, ce qu'on appelle des banques assureurs, c'est des banquiers qui ont des liens, par exemple, une maison de mer, c'est une banque, et la filiale, c'est une entreprise du groupe. Les banques assureurs contre les assureurs dits alternatifs, ceux qui ne sont pas des banques assureurs, ceux qui ne sont pas affiliés avec une banque. La loi Lemoyne n'a pas réconcilié les deux parties, mais a mis fin au jeu en disant stop, un assureur peut aller n'importe où, chez n'importe quel assureur, garantir son prêt.

  • Speaker #1

    Ok, et justement là tu parles de structure des entreprises, l'actionnariat de la Maïf ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'actionnaire. En fait, une mutuelle... n'a pas d'actionnaire, elle a des sociétaires. La grande différence, c'est qu'un actionnaire, il détient un titre de propriété et parfois ce titre-là, il est coté en bourse, etc. Et il peut y avoir des établissements financiers ou des investisseurs qui font pression pour que le titre augmente parce qu'eux, ils l'ont en portefeuille et ce titre-là, il doit monter, monter, monter. Ce qui amène parfois quelques dérives, c'est-à-dire que l'assureur peut prendre quelques raccourcis pour gagner un peu plus d'argent. La grande différence dans une société qui est sous forme mutuelle, il n'y a pas cette pression-là de l'actionnaire, puisqu'en fait, les sociétaires, ce sont les clients.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et comme le dit le crédit mutuel, ça change tout.

  • Speaker #1

    J'ai cru comprendre que l'actualité géopolitique et économique impacte directement l'assurance-vie. Comment ça se passe ? Justement, en ce moment, il y a des petites secousses financières. Est-ce que vous le ressentez ? Comment vous vous adaptez ? Quelles sont les implications que ça vous donne ?

  • Speaker #0

    Alors on a eu quand même quelques surprises, 2024-2025. On a eu les catastrophes naturelles, ça on ne peut pas les prévoir. On a eu aussi quelques catastrophes politiques, ça non plus on ne peut pas les prévoir, mais la dissolution ce n'était pas forcément une super nouvelle. On avait une loi qui était adoptée et des textes d'application en fait, des textes qui viennent préciser la loi, qui n'étaient pas encore adoptés, qui ont dû être pris dans l'urgence. parce que justement il y avait 10 solutions donc il fallait accélérer. Ces textes-là, ils ont été pris, heureusement les travaux avaient été anticipés donc ça n'a pas eu trop de conséquences, mais globalement il y a des solutions, si à un moment donné les sujets n'ont pas suffisamment avancé, point, on s'arrête, il n'y a plus rien qui se passe. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour une société quand tout s'arrête en fait. Alors là on a quand même des institutions, on est en France, donc on a quand même des institutions qui fonctionnent plutôt bien et c'est vite reparti. Au niveau politique, au niveau international, oui, effectivement, il y a eu un nouveau président des États-Unis qui s'est lancé dans une guerre commerciale. Et il n'y a rien de pire pour les marchés financiers que quelqu'un d'un peu instable, qui est imprévisible.

  • Speaker #1

    Concrètement, si le marché est extrêmement instable, comment ça vous impacte directement ? C'est quoi ? C'est que vos assurés, du coup, n'ont plus de trésor et donc ils font appel à vos services ?

  • Speaker #0

    Non, alors en assurance vie, l'argent, on le garde. pas pour nous, on le place. Cet argent-là, il est placé sur un marché obligataire, sur un marché boursier et ces fluctuations politiques, elles ont une incidence sur les cours. À un moment donné, je sais pas, j'ai écouté Jérôme Kerviel, il n'y a pas si longtemps que ça, et j'ai bien aimé en fait ce qu'il a dit, une valeur ça respire. Dans le sens où quand on respire, on gonfle les poumons et puis on les dégonfle. Donc il y a cette espèce d'oscillation. Un titre, c'est ça. Une valeur, c'est ça. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, ça peut descendre très bas, ça peut remonter très haut, très vite, un titre, il faut que ça respire. Et c'est pour ça, en fait, que l'assurance vie, c'est important que ce soit sur un temps long, très long même.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Mais même si c'est sur un temps long, il y a bien un moment où il faut sortir cet argent. Disons que moi, par exemple, je me projette à 10 ans. Si dans 10 ans, j'avais mis 100 et ça vaut 20 et que j'avais prévu d'acheter peut-être un appartement, justement.

  • Speaker #0

    Parce que vous allez retrouver les petits, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je suis bien embêté, quoi.

  • Speaker #0

    Il y a des stratégies, en fait. Aujourd'hui, avec des DA, par exemple, il y a un conseil. Si votre horizon de placement est sur 10 ans, Si vous avez un projet, tout dépend aussi de votre appétence au risque, parce qu'on a aussi des supports qui ne sont pas entre guillemets risqués, où le risque en fait il est porté par l'assureur, ça s'appelle fonds euros.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas une petite clause, si les cours sont à moins de 50%, alors il y a quand même...

  • Speaker #0

    Non, parce que c'est à l'assureur de gérer ça. Globalement, lui, il prend votre argent, il le place, puis il y a des règles de solvabilité, il doit faire attention à être toujours capable de rembourser 100% des assurés.

  • Speaker #1

    Ça c'est fiable, dans le sens où on ne peut pas avoir un autre 2008... qui arrive et qui met...

  • Speaker #0

    Je ne vais jamais dire qu'on ne peut pas avoir un autre 2008. J'en sais rien, en fait. Je pense que ce n'est pas impossible qu'on ait une nouvelle crise. En tout cas, ce que j'ai observé, c'est qu'en 2008, il n'y a pas beaucoup d'assureurs qui ont fait faillite. Il y en a certains qui ont été en mauvaise posture. Il y en a certains qui ont perdu de l'argent, mais ils sont encore là. Ça démontre aussi une certaine résilience. Et là, je pense que pour une entreprise, on peut utiliser ce mot, une certaine résilience des acteurs historiques. et c'est pour ça que par exemple Si tu veux devenir propriétaire dans 10 ans, moi, je te conseillerais plutôt un bon vieux placement en assurance vie plutôt qu'en crypto-monnaie. Et si vous avez 40 ans devant vous, ce n'est pas incompatible que de regarder vers un marché boursier. J'ai eu un cas très, très longtemps. Un client, en fait, il avait acheté des valeurs du CAC 40, 40 ans avant. Je ne t'explique pas la plus belle qu'il a faite 40 ans après.

  • Speaker #1

    Pour revenir à ton quotidien, à ton implication dans les dossiers, est-ce que tu as été récemment impliqué dans un dossier qui est proche du législatif ou même quelque chose qui t'a marqué finalement ?

  • Speaker #0

    La loi Lemoyne, la loi Industrie Verte, on a suivi ça avec attention. La petite surprise de la loi Lemoyne, en plus de la résiliation à tout moment, c'est l'interdiction de faire une sélection médicale sur certaines catégories de prêts. C'est-à-dire, globalement, si... Je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois que c'était moins de 65 ans à la fin de votre prêt. et que vous n'empruntez pas plus de 200 000 euros, l'assureur ne fait pas de sélection médicale.

  • Speaker #1

    Parce que oui, j'ai entendu, par exemple, qu'on demandait si on était fumeur ou des choses comme ça. Ça, c'est toujours le cas ?

  • Speaker #0

    En fait, il faut regarder le prêt et l'opération en question, mais sur certains prêts, l'assureur ne pose quasiment plus de questions. Il va quand même poser des questions autour, par exemple, de la profession, mais sur la santé, il n'en pose plus.

  • Speaker #1

    Comment vous faites, vous, dans ce cas-là ? Parce que ça me paraît être une bonne nouvelle pour le citoyen, mais pas forcément pour vous.

  • Speaker #0

    On mutualise. En fait, c'est notre boulot. On mutualise le risque.

  • Speaker #1

    Je vais dire quelque chose de très cynique, si quelqu'un est en phase terminale de cancer, quelque chose d'incurable, il vient, donc on mutualise, mais peut-être qu'il y a des sociétaires qui pourraient dire, « Attends, là, c'est sûr que ça va coûter à tout. »

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'était un risque qui a fait peur aux assureurs. La personne qui, en fait, ça s'appelle de l'antisélection. C'est encore du jargon d'assureur. C'est l'anti-sélection. En Grande-Bretagne, au Lloyd's, ils appellent ça le moral hasard, l'aléa moral. En gros, celui qui truque le jeu. Celui qui truque le jeu, ça s'appelle parfois de la fraude. Et quand on s'en aperçoit, on ne paye pas. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'assurance sans aléa. Donc, au moment de son décès, la personne qui a voulu jouer avec les règles, l'assureur, il ouvre un dossier. Il ne paye pas comme ça, rubis sur ongles, les yeux fermés, sans se poser de questions. S'il souscrit et qu'un jour après, la personne est décédée, il va se poser des questions en disant, est-ce que finalement, en fait, elle était assurable ?

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, tu as déjà travaillé sur un dossier où il fallait arbitrer entre conformité légale et les valeurs mutualistes ?

  • Speaker #0

    Eh bien, heureusement, non. Heureusement non, parce qu'en fait, Maïf, les enjeux climatiques, les enjeux sociaux, les enjeux de gouvernance, ils ont intégré tous ces aspects-là dans leur politique. Je te donne un exemple. Au niveau climatique, on le sait, dans l'assurance, il y a deux grosses menaces. Je vais en retenir que deux, mais il y a deux grosses menaces à venir. Il y a le risque cyber. Ça, c'est un risque encore un peu étrange pour les assureurs. Et il y a le climat. Un monde où... continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable. Donc, les assureurs ont collectivement intérêt à ne pas aller sur des stratégies où on dégrade la planète et c'est pas très grave. Parce que derrière, ça se traduit nécessairement par des catastrophes naturelles et derrière, c'est quand même l'assureur qui paye.

  • Speaker #1

    Tu dis que l'assurance, du coup, a intérêt à agir pour le climat.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça se reflète dans vos investissements ? Par exemple, moi, si j'ai une assurance vie chez vous, ... Est-ce que j'ai le droit de décider d'aller que sur les industries polluantes ?

  • Speaker #0

    Non, malheureusement pour toi, non. Heureusement pour le reste du monde. Mais il y a une politique d'investissement et la Maïf a fait le choix de se retirer des énergies fossiles et elle l'a fait il y a maintenant quelques temps. À la Maïf, en tout cas, si tu viens investir chez nous, tu n'auras pas d'autre choix que de te contenter de notre intérêt pour le climat, pour... le volet social, pour le volet gouvernance, etc. C'est un parti pris et je pense qu'il n'est pas mauvais. Bien au contraire.

  • Speaker #1

    Je vais t'énoncer trois phrases et tu vas me répondre par vrai ou par faux. Tu peux évidemment développer l'argumentation. La première phrase, la fiscalité française favorise clairement l'assurance vie par rapport aux autres produits d'épargne.

  • Speaker #0

    Non. Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation-là. En France, on a une économie avec plein de produits différents. L'assurance vie en fait partie et à un moment donné, Je pense qu'on devrait même... continuer fiscalement à lager ça, parce que l'assurance vie, c'est un moyen de financer l'économie réelle. Les investissements que vous faites dans l'assurance vie, ça sert à développer la loi Industrie Verte, c'est ça. C'est flécher l'épargne des Français pour financer une Industrie Verte. Alors c'est un oxymore, Industrie Verte, mais je pense qu'ils l'ont choisi en toute connaissance de cause.

  • Speaker #1

    Les contraintes réglementaires brident l'innovation dans les secteurs assuranciels.

  • Speaker #0

    Ah, clairement. Ah, clairement, oui, oui. Moi, je trouve aujourd'hui qu'au niveau européen, on a tendance à homogénéiser trop de choses. Et si à un moment donné, on vous impose le produit, la forme du produit, les investissements qui sont derrière, si on vous impose demain le prix, tout le monde aura la même assurance et tout le monde proposera la même chose. Ça n'a pour moi aucun sens. Quand vous allez chez Mercedes, il y a le moteur Renault dedans des fois de temps en temps et vous faites avoir. Mais quand vous allez chez Mercedes, vous allez chercher quelque chose. Quand vous allez chez Renault, vous allez acheter quelque chose. Vous cherchez peut-être pas la même chose que vous franchissiez le seuil d'une concession Renault ou d'une concession Mercedes. Heureusement que le client a le choix. Donc oui, clairement, il y a une tendance de fond. Et je pense qu'on devrait lâcher un peu la bride au marché de l'assurance, qu'il puisse se développer. Il n'a jamais vraiment fait défaut, le marché de l'assurance.

  • Speaker #1

    Moi, c'est peut-être une fausse idée, mais j'ai l'impression qu'en 2008, il y a beaucoup d'assurances qui ont été quand même renflouées par l'État. Je ne suis pas connaisseur du secteur, donc peut-être que...

  • Speaker #0

    Beaucoup de banquiers, beaucoup de banques ont été renflouées par l'État. Des assureurs ont assuré des pertes. 2008, c'est quand même un peu particulier. Globalement, c'est une défaillance du système où on a des subprimes, où peu de gens ont vu qu'en fait, c'était une bulle qui était en train de se créer, un truc, un produit pourri qu'ils avaient tous souscrit en pensant que c'était un truc sûr et certain. Tout le monde a détourné un peu le regard, y compris les agences de notation. Donc pour moi, il y a vraiment eu une défaillance du système. C'est le PC qui écran bleu, et ce n'est pas normal. Non, les assureurs, je pense au 11 septembre, ils ont payé. Ils ont payé après l'interté du 11 septembre, ils ont payé sacrément cher. Les assureurs, sur les grandes catastrophes naturelles, ils sont là aussi.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. La dernière phrase que je veux te proposer, c'est le droit des assurances, c'est un droit technique, pas politique ?

  • Speaker #0

    C'est un droit technique, oui, très technique, c'est une matière particulière. Pour moi, c'est un mélange de maths et de droit, donc deux sciences particulières qui se mélangent, qui se retrouvent. Ça devient aussi un droit politique, parce que derrière l'enjeu du risque, il y a un enjeu politique. Quel président, quel ministre, quel député ne se déplace pas lorsqu'il y a une catastrophe naturelle ? quelle politique ne prend pas la parole face à une situation quand un risque se concrétise ? Il n'y en a pas beaucoup. Donc oui, effectivement, ça devient aujourd'hui un enjeu politique, l'assurance.

  • Speaker #1

    On va bien t'arriver au bout de cet entretien. Arnaud, est-ce que pour faire un pas de côté, est-ce qu'il y a un conseil qu'on t'a donné peut-être au début de ta carrière qui t'a aidé, quelque chose qui résonne et que tu voudrais transmettre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un discours que je tiens aussi vis-à-vis des personnes que je recrute, c'est bosser la matière. Bosser. Je ne pense pas qu'on puisse se lever du jour au lendemain et réussir sans travailler. Moi, je le constate tous les jours et pour tout. Les génies absolus qui n'ont pas besoin d'efforts, qui se réveillent le matin et qui ont la eureka, la solution et tout, je n'y crois pas. Je n'y crois pas une seule seconde. En droit des assurances, on l'a dit, c'est un sujet hautement technique, bosser la matière. Et puis discuter aussi avec les vieux, la vieille. Ça, c'est important. On a souvent, surtout maintenant, on parle de boomers, etc. Je pense que tout le monde a sa place, y compris ceux qui ont quelques années et quelques cheveux blancs. Au contraire, ils peuvent apprendre plein de choses. Ils peuvent nous aider à comprendre plein de choses.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. Pour conclure, est-ce que tu as une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Si vous voulez comprendre le droit des assurances, ou sans être sur le droit des assurances, mais tout simplement l'assurance, Il y a le manuel d'assurance qui est un ouvrage qui a été... co-écrit par plusieurs auteurs, dont Gilles Bénéplan, qui est un monsieur qui a travaillé longtemps dans l'assurance, donc il sait de quoi il parle. Il y a une préface de Denis Klesser qui nous a quittés il y a quelques années, et qui était aussi un grand nom de l'assurance. Il y a un super texte de Jacques Vendier, on n'a plus le temps, mais je pourrais te le faire parvenir. Jacques Vendier, un grand nom de l'assurance aussi. Donc là, c'est pour le volet assurance. Si vous voulez passer un bon moment, regardez la série Kaamelott. Et vous comprendrez un certain nombre de choses sur la société actuelle. C'est très drôle. Si vous voulez comprendre un peu les affaires publiques, regardez House of Cards. Pas forcément Netflix, parce que j'ai pas Netflix, mais moi j'ai regardé la série britannique de 90. Ils sont partis là-dessus, en fait, pour faire les séries américaines, avec un acteur génial, un acteur britannique. Regardez ça, alors c'est cynique à plus en pouvoir, mais je trouve ça divertissant. Et puis sinon, regardez le cinéma français, c'est bien aussi le cinéma français.

  • Speaker #1

    Trop bien. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais dire ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait une question, c'était, est-ce que tu as une citation d'un film ? C'est la question qui m'a le plus posé de problème. J'ai réfléchi pendant au moins une heure à me dire, mais qu'est-ce que je pourrais... Alors j'ai essayé de faire un truc intelligent, j'ai essayé de trouver un truc inspirant. Et puis finalement, je suis tombé sur Jean-Pierre Bacry. Je suis retombé sur la scène famille, où globalement, il parle des relations de couple. Et c'est un peu ça aussi, une entreprise, c'est un peu un couple. Vous passez beaucoup de temps avec l'entreprise, vous y passez beaucoup d'énergie aussi. et à un moment donné donc il parle du mariage et il dit cette phrase mythique enfin mythique pour moi en tout cas mais il n'y a pas de secret quand ça va t'es content quand ça va pas tu patientes et c'est un peu ça je trouve aujourd'hui la vie en entreprise tous les jours sont pas forcément roses quand ça va t'es content et quand ça va pas tu patientes donc voilà une petite citation de Jean-Pierre Bacri Merci beaucoup Arnaud De rien,

  • Speaker #1

    merci à toi Pierre A la prochaine Merci d'avoir écouté Hémicycle le podcast qui décrypte la fabrique de la loi Je m'appelle Pierre, je suis le... cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

Description

Un monde qui continue à dérégler le climat… est un monde qui devient inassurable.
Dans cet épisode d’Hémicycle, Pierre reçoit Arnaud Palinhos, responsable juridique à la MAIF, pour parler de droit des assurances, de mutualisation des risques, mais aussi d’influence législative et de résilience économique.

On y parle :

  • du coup de foudre pour le droit des assurances (!)

  • de la loi Lemoine et de ses conséquences sur l’assurance emprunteur,

  • des limites de l’assurabilité face au changement climatique,

  • du rôle des mutuelles dans un marché financier parfois instable,

  • et de la place grandissante du droit des assurances dans le débat politique.

Un échange passionné, instructif, entre réglementation, valeurs mutualistes… et stratégie face aux crises.


🎧 À écouter si vous vous intéressez à l’articulation entre économie, droit, climat et politique.


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Transcription

  • Speaker #0

    Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la mutuelle d'assurance des instituteurs de France. On ne peut pas être un seul assureur au même endroit, parce que s'il y a une catastrophe à cet endroit-là, c'est lui qui prend toutes les pertes. Un monde où on continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Arnaud Palignos. Donc Arnaud, t'es responsable juridique au sein de la Maïf, t'as été diplômé en droit et t'as construit tout ton parcours au sein de la Maïf qui est un acteur engagé et mutualiste de l'assurance. Salut Arnaud.

  • Speaker #0

    Salut Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais compléter ton parcours comme je l'ai décrit ? Est-ce qu'il y a des choses que tu veux rajouter ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, un parcours classique en fait, un fac de droit, un diplômé en droit, spécialisé en assurance au master et une passion en fait. Je ne savais pas trop quoi faire. Au début, en première année, on s'imagine avocat, juge, notaire, huissier. Au fur et à mesure du parcours, on ferme des portes. Et quatrième année, un cours droit des assurances, le coup de foudre, mais vraiment, ça peut exister, en droit, et une envie de partir dans le droit des assurances. Et du coup, une spécialisation. Et voilà comment l'histoire a commencé.

  • Speaker #1

    Comment t'expliques ce coup de foudre ? C'est la première fois que j'entends quelqu'un avoir un coup de foudre pour le droit des assurances. Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était les anecdotes. Les anecdotes du prof sur des dossiers sinistres, qui ne sont pas drôles en fait, mais qui dans le contexte et dans la façon dont il les a apportés, étaient quand même assez drôles. On rigolait de choses malheureuses, mais il y a ça. Et puis après, de manière beaucoup plus consensuelle, c'est ce qu'est l'assurance en tant que telle, la mutualisation du risque. C'est globalement quelqu'un qui perd sa maison dans un incendie, est-ce que sincèrement, dès le lendemain, il se lève en se disant « allez, c'est bon, c'est reparti, je la reconstruis comme ça » . Non, s'il n'y a pas un acteur, s'il n'y a pas un assureur derrière pour dire « Ok, c'est un moment compliqué de ta vie, mais on est là et puis t'es assuré, t'es bien assuré, t'as les bonnes garanties et ta maison, on va la reconstruire. » Ça, je veux dire, à un moment donné, il n'y a pas beaucoup de mécanismes humains qui peuvent se targuer de faire ça.

  • Speaker #1

    Justement, alors là, ton quotidien ressemble à quoi ? Est-ce que c'est ce genre de dossier que tu vois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce que moi, je suis spécialisé dans l'assurance de personnes. Donc rien à voir avec l'auto, rien à voir avec l'habitation. Et je ne voulais surtout pas aller sur la gestion de sinistre. C'est pour ça, les anecdotes m'ont plu, mais je ne voulais pas faire ça. Donc j'ai été conseiller pendant un temps. Je conseillais des gens sur une couverture assurancielle liée au risque de la vie humaine. Et puis en fait, une arrivée à New York, berceau des mutuelles, avec Massif dans un premier temps. Je me suis retrouvé très loin du monde du droit. J'étais en fait côté informatique. Je me souviens de rentrer tard le soir, parce qu'on bossait bien sûr, mais parce qu'aussi il y avait la pause clope avec le chef qui te racontait un peu comment ça fonctionnait tout ça là-haut. Et c'était super intéressant.

  • Speaker #1

    Mais du coup, tu étais dans le pôle informatique, donc tu faisais de l'informatique ou c'était autre chose ? Oui,

  • Speaker #0

    j'étais sur du paramétrage de l'outil informatique, de gestion des contrats santé prévoyance. Rien à voir avec le droit. Et puis à la fin, le chef me dit, bon, écoute, il y a moyen pour que tu restes dans l'informatique. Et là, je lui ai dit non, je n'ai pas envie. Je veux retourner dans le droit. J'ai cherché un poste de juriste en droit des assurances et je suis tombé sur l'annonce parfaite en 2016.

  • Speaker #1

    Un nouveau coup de foudre.

  • Speaker #0

    Ouais, un nouveau coup de foudre. Et puis dans une filiale de la Maïf, mais dans une entreprise qui faisait de l'assurance de personnes, donc ça Ausha toutes les cases. Et après quelques années, j'ai eu la chance de devenir responsable du service.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te passionne là-dedans justement ? Ça fait huit ans que t'es à la Maïf,

  • Speaker #0

    c'est bien ça ? Oui, un peu plus maintenant, mais oui, ça fait huit ans. Écoute, j'ai jamais regretté mon choix.

  • Speaker #1

    Dans l'intro, j'ai dit un acteur. engagé et mutualiste ?

  • Speaker #0

    N'hésitez pas à tromper parce que engagé, oui, mutualiste par essence. La Mutuelle a été créée en 1934 par des instituteurs parce qu'en fait, Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la Mutuelle d'assurance des instituteurs de France. Et même avant, il y avait un autre A, c'était automobile au milieu. Mais elle a été créée en 1934 par des instituteurs qui ne voulaient plus payer des cotisations auto trop chères. Et donc, ils se sont dit on va créer une compagnie ce qui est aujourd'hui quasiment impensable de... partir de zéro mais ils l'ont fait et ils l'ont fait sur la base du corporatisme ce qui a été un peu le modèle de développement des mutuelles nurthèses la massif c'est la mutuelle d'assurance des industriels et commerçants de france la maf c'est la mutuelle d'assurance des artisans de france alors forcément aujourd'hui elles se sont ouvertes à tous mais à l'époque en tout cas au moment de la création c'était la mutuelle par exemple pour la manif des instituteurs et si vous étiez pas instituteur, bah vous pouviez pas y rentrer. Voilà, c'était des modèles comme ça un peu atypiques, mais dans les faits, en fait, c'était de dire, on veut proposer un modèle alternatif aux compagnies d'assurance, on ne veut pas forcément surpayer le risque, on veut le mutualiser, parce que c'est ça aussi la beauté de la chose, en fait, de l'assurance, c'est la mutualisation du risque. Pourquoi, en fait, un assureur, ça ne lui pose pas, entre guillemets, de problème de payer ? Parce qu'en fait, c'est pas lui qui paye directement, même s'il, effectivement, il le paye, mais c'est tout le monde, tous les assurés qui vont payer. C'est pour ça aussi qu'au niveau de la fraude, c'est important de lutter contre la fraude, parce qu'on peut se dire, bon, finalement, la fraude, c'est pas si grave, 300, 400, 500, 1000 euros pour un assureur, c'est pas grand-chose. Oui, mais au final, c'est quand même tous les autres assurés qui payent. C'était un modèle un peu atypique en 1934. La Maïf a aidé les hôtes mutuels nyorthaises, c'est pour ça qu'il y a un gros pôle mutuel à New York, à aider les hôtes mutuels à se créer, à se développer. Elles sont restées indépendantes, elles ont chacune leur vie, leur parcours, mais à la base, c'est une histoire commune.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Alors, si je comprends bien, donc c'est mutualiste, je vais prendre un exemple un peu extrême. Imaginons que la maison de la moitié des assurés brûle. Comme c'est mutualiste tout le monde, mais au pot, il n'y aura pas assez probablement. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je ne peux parler que de ce que je connais, mais pour le coup, il y a quelques années, il y a eu un gros sinistre. Un gros sinistre et il y a eu un rappel de cotisation. C'est-à-dire qu'on a dit aux assurés, aux sociétés, en fait, ce sinistre-là, vous avez payé par exemple 10 euros. Ce n'était même pas en euros, c'était en francs, mais bon. Vous avez payé 10 euros votre cotisation, mais parce qu'on a un gros sinistre, on vous demande de rajouter 2 euros dans l'année. Ça, c'était un des moyens de gérer la situation. Après, ta question me fait penser à la problématique de l'assurabilité. En France, on ne peut pas être un seul assureur au même endroit. Parce que s'il y a une catastrophe, naturelle ou pas, à cet endroit-là, c'est lui qui prend en fait toutes les pertes. Et le problème, c'est qu'il n'y a aucun assureur qui peut, lui tout seul, subir autant de pertes. La boîte disparaît et les assurés ne sont pas payés. Donc ils ne sont pas contents, ça tire tout un tas de problématiques. Et dans certaines régions, particulièrement les régions les plus sujettes aux risques de catastrophes naturelles, il y a certains assureurs qui ont commencé à se dire « ça ne sert à rien d'aller se développer là-bas, on ne gagne pas d'argent en fait. » Ouais. « On ne gagne pas d'argent. » Ils ont commencé progressivement à se retirer. Ça, c'est un très mauvais signal. Forcément, ça a commencé à inquiéter les pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucun assureur qui veut être le dernier à ce moment-là. Et si tout le monde part, il n'y a plus personne qui peut s'assurer. Donc plus personne qui aura sa maison remboursée si elle brûle.

  • Speaker #1

    Ok. C'est super intéressant parce qu'avec le réchauffement climatique, on est amené à avoir de plus en plus d'incendies, d'inondations sur nos territoires. Comment on fait pour continuer à assurer ces gens-là ? Est-ce que c'est à l'État de pallier au manquement, quelque part de payer son inaction face au réchauffement climatique ?

  • Speaker #0

    Un assureur, s'il peut mutualiser le risque, ça reste de l'assurance. Il peut le faire. S'il n'arrive plus à le mutualiser, il ne gare pas. Et donc après, ça sera forcément une solution publique. Et les solutions publiques, aujourd'hui, on a plutôt tendance à observer l'effet inverse. Un État qui a tendance à se retirer parce qu'il ne veut pas être partout.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on pourrait contraindre certaines assurances à dire, « Ok, si vous assurez tel territoire, alors vous devez en assurer un autre qui est plus risqué ? »

  • Speaker #0

    Alors, plutôt que de contraindre, il vaut mieux discuter. Et l'assurance, c'est un milieu qui, à la base, discute beaucoup. L'origine de l'assurance, c'est le prêt à la grosse aventure. Le prêt à la grosse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est globalement des marchands qui partent sur leur bateau, qui ne voient pas toujours le bateau revenir au port. Donc en fait, ceux qui affrètent les bateaux se sont dit, bon, commencez à créer un pot commun. Et dans ce genre d'histoire, il faut que tout le monde joue le jeu. Donc forcément, tout le monde discute ensemble. Et ça me fait penser aussi au marché de la réassurance, où tout est censé se faire de bonne foi. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on discute et on tient les engagements qu'on a pris. Pourquoi ? Parce que si vous n'avez pas de parole, en assurance comme en réassurance, vous ne durez pas. Si vous voulez faire des coups, vous faites un coup une fois, mais vous n'en ferez pas deux. C'est essentiellement un milieu qui a l'habitude de discuter. Et plutôt que de contraindre... Parce que les assureurs, mine de rien, ils font leur job, quel qu'il soit. Ils essayent en tout cas de le faire du mieux qu'ils peuvent. Et surtout, à un moment donné, ça reste des opérateurs économiques. Donc voilà, s'ils ont une difficulté, ils en parleront, ils le poseront sur la table.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Ce podcast, c'est autour de la fabrique de la loi. Et je voulais savoir, justement, dans le secteur juridique, est-ce que vous avez des combats en ce moment que vous menez en parlant à des députés, à des parlementaires ? Bref, autour de l'hémicycle, justement.

  • Speaker #0

    Je ne pourrais pas te dire exactement ce que je suis. en fait plutôt moi dans un rôle J'allais dire expert, mais j'aime pas ce mot, je vais plutôt dire de sachant. Globalement, j'identifie quels sont les impacts d'un projet, ou d'une proposition de loi, ou d'un projet de directive, sur le métier demain. Et dire, attention, là, c'est pas terrible, clairement. Ou là, c'est plutôt très bien, il faut y aller. Ces échanges-là, je les ai pas directement avec les députés. Il y a une fédération de l'assurance, qui s'appelle France Assureur, qui réunit toute la place de l'assurance en France. Et c'est eux qui discutent avec les sénateurs, les députés, mais pas qu'eux.

  • Speaker #1

    Ils font un peu la navette vers toi, où toi tu dis ça c'est plutôt positif ou négatif.

  • Speaker #0

    Ils font la navette vers le marché en fait, vers tous les acteurs. Et donc ils essayent de porter une voix commune, pas forcément toujours alignée sur tous les sujets, mais globalement il y a quand même des grandes tendances qui se dessinent. Et France Assureur discute avec les politiques, et peuvent alerter sur des problématiques très spécifiques, liées aux lois, en disant attention, sur le papier ça peut vous paraître une bonne idée, mais dans les faits ce serait une catastrophe. En termes de lois un peu problématiques sur l'assurance de personnes, il y a eu la loi Lemoyne, une loi sur l'assurance emprunteur. Donc là, on retouche encore à la maison, on retouche encore au foyer. Quand on emprunte, généralement, le banquier vous demande une garantie et ça passe souvent par une garantie assurancielle, donc une assurance emprunteur. Si vous venez à décéder, c'est l'assureur qui viendra payer le capital restant dû à la banque.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas le propriétaire.

  • Speaker #1

    Ah, je savais pas. Ce n'est pas juste on revend la maison et on divise ?

  • Speaker #0

    Non, justement, c'est fait pour contrer ça. En fait, l'assurance emprunteur, c'est quasiment une assurance incontournable quand on devient propriétaire ou quand on achète un bien immobilier. C'est en fait, pour le banquier, la garantie d'avoir retour sur son investissement. Et pour l'emprunteur, une garantie de ne pas devoir vendre. Enfin, s'il est décédé, il ne vendra rien. Mais sa famille ne sera pas obligée de... de trouver un autre logement dans leur lance et de partir de la maison, alors qu'il y avait toute une vie familiale qui s'était peut-être organisée à l'intérieur. Donc c'est essentiellement un risque lié à l'emprunteur, le fait que l'emprunteur fasse défaut, pour une raison telle que le décès, pour une raison type arrêt de travail, quand je suis en arrêt, je n'ai pas les mêmes revenus, j'ai un prêt qui peut être conséquent, qu'est-ce que je fais si je ne peux plus payer ce prêt-là ? Là, il y a une garantie aussi, qui s'appelle la garantie ITT. Et donc cette garantie-là, en fait, elle vient payer la mensualité le temps que vous soyez remis et que vous puissiez retourner au travail.

  • Speaker #1

    Ok. Et la loi Lemoyne, qu'est-ce qu'elle a changé ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques années quand même, il faut savoir que vous n'aviez pas vraiment le choix. Si quelqu'un allait dans une banque, on lui prêtait de l'argent, mais il devait souscrire l'assurance de la banque. Alors c'est pas un banquier qui assurait, c'est un assureur, souvent une filiale, mais ça pouvait être aussi un assureur avec qui on avait un accord, un assureur qui assurait l'opération. Et si vous étiez OK avec la proposition de prêt, vous n'aviez pas le choix de partir chez un autre assureur. C'était bien et pas bien. Bien parce que l'emprunteur, il avait quand même une garantie assurancielle et un prêt, donc il pouvait se lancer dans son projet. Par contre, au niveau du tarif, il pouvait se faire matraquer.

  • Speaker #1

    Donc là, on peut changer, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous pouvez échanger à tout moment.

  • Speaker #1

    Au milieu du contrat, je peux décider de changer d'assureur.

  • Speaker #0

    au milieu, au début, à tout moment. Et ça, c'est une avancée considérable sur le marché de l'assurance emprunteur. C'est quelque chose où une partie des assureurs a lutté pour, contre une autre partie des assureurs. Le marché, en fait, était partagé un peu entre les deux. Donc, pour faire court, pour schématiser, des banques assureurs, ce qu'on appelle des banques assureurs, c'est des banquiers qui ont des liens, par exemple, une maison de mer, c'est une banque, et la filiale, c'est une entreprise du groupe. Les banques assureurs contre les assureurs dits alternatifs, ceux qui ne sont pas des banques assureurs, ceux qui ne sont pas affiliés avec une banque. La loi Lemoyne n'a pas réconcilié les deux parties, mais a mis fin au jeu en disant stop, un assureur peut aller n'importe où, chez n'importe quel assureur, garantir son prêt.

  • Speaker #1

    Ok, et justement là tu parles de structure des entreprises, l'actionnariat de la Maïf ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'actionnaire. En fait, une mutuelle... n'a pas d'actionnaire, elle a des sociétaires. La grande différence, c'est qu'un actionnaire, il détient un titre de propriété et parfois ce titre-là, il est coté en bourse, etc. Et il peut y avoir des établissements financiers ou des investisseurs qui font pression pour que le titre augmente parce qu'eux, ils l'ont en portefeuille et ce titre-là, il doit monter, monter, monter. Ce qui amène parfois quelques dérives, c'est-à-dire que l'assureur peut prendre quelques raccourcis pour gagner un peu plus d'argent. La grande différence dans une société qui est sous forme mutuelle, il n'y a pas cette pression-là de l'actionnaire, puisqu'en fait, les sociétaires, ce sont les clients.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et comme le dit le crédit mutuel, ça change tout.

  • Speaker #1

    J'ai cru comprendre que l'actualité géopolitique et économique impacte directement l'assurance-vie. Comment ça se passe ? Justement, en ce moment, il y a des petites secousses financières. Est-ce que vous le ressentez ? Comment vous vous adaptez ? Quelles sont les implications que ça vous donne ?

  • Speaker #0

    Alors on a eu quand même quelques surprises, 2024-2025. On a eu les catastrophes naturelles, ça on ne peut pas les prévoir. On a eu aussi quelques catastrophes politiques, ça non plus on ne peut pas les prévoir, mais la dissolution ce n'était pas forcément une super nouvelle. On avait une loi qui était adoptée et des textes d'application en fait, des textes qui viennent préciser la loi, qui n'étaient pas encore adoptés, qui ont dû être pris dans l'urgence. parce que justement il y avait 10 solutions donc il fallait accélérer. Ces textes-là, ils ont été pris, heureusement les travaux avaient été anticipés donc ça n'a pas eu trop de conséquences, mais globalement il y a des solutions, si à un moment donné les sujets n'ont pas suffisamment avancé, point, on s'arrête, il n'y a plus rien qui se passe. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour une société quand tout s'arrête en fait. Alors là on a quand même des institutions, on est en France, donc on a quand même des institutions qui fonctionnent plutôt bien et c'est vite reparti. Au niveau politique, au niveau international, oui, effectivement, il y a eu un nouveau président des États-Unis qui s'est lancé dans une guerre commerciale. Et il n'y a rien de pire pour les marchés financiers que quelqu'un d'un peu instable, qui est imprévisible.

  • Speaker #1

    Concrètement, si le marché est extrêmement instable, comment ça vous impacte directement ? C'est quoi ? C'est que vos assurés, du coup, n'ont plus de trésor et donc ils font appel à vos services ?

  • Speaker #0

    Non, alors en assurance vie, l'argent, on le garde. pas pour nous, on le place. Cet argent-là, il est placé sur un marché obligataire, sur un marché boursier et ces fluctuations politiques, elles ont une incidence sur les cours. À un moment donné, je sais pas, j'ai écouté Jérôme Kerviel, il n'y a pas si longtemps que ça, et j'ai bien aimé en fait ce qu'il a dit, une valeur ça respire. Dans le sens où quand on respire, on gonfle les poumons et puis on les dégonfle. Donc il y a cette espèce d'oscillation. Un titre, c'est ça. Une valeur, c'est ça. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, ça peut descendre très bas, ça peut remonter très haut, très vite, un titre, il faut que ça respire. Et c'est pour ça, en fait, que l'assurance vie, c'est important que ce soit sur un temps long, très long même.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Mais même si c'est sur un temps long, il y a bien un moment où il faut sortir cet argent. Disons que moi, par exemple, je me projette à 10 ans. Si dans 10 ans, j'avais mis 100 et ça vaut 20 et que j'avais prévu d'acheter peut-être un appartement, justement.

  • Speaker #0

    Parce que vous allez retrouver les petits, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je suis bien embêté, quoi.

  • Speaker #0

    Il y a des stratégies, en fait. Aujourd'hui, avec des DA, par exemple, il y a un conseil. Si votre horizon de placement est sur 10 ans, Si vous avez un projet, tout dépend aussi de votre appétence au risque, parce qu'on a aussi des supports qui ne sont pas entre guillemets risqués, où le risque en fait il est porté par l'assureur, ça s'appelle fonds euros.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas une petite clause, si les cours sont à moins de 50%, alors il y a quand même...

  • Speaker #0

    Non, parce que c'est à l'assureur de gérer ça. Globalement, lui, il prend votre argent, il le place, puis il y a des règles de solvabilité, il doit faire attention à être toujours capable de rembourser 100% des assurés.

  • Speaker #1

    Ça c'est fiable, dans le sens où on ne peut pas avoir un autre 2008... qui arrive et qui met...

  • Speaker #0

    Je ne vais jamais dire qu'on ne peut pas avoir un autre 2008. J'en sais rien, en fait. Je pense que ce n'est pas impossible qu'on ait une nouvelle crise. En tout cas, ce que j'ai observé, c'est qu'en 2008, il n'y a pas beaucoup d'assureurs qui ont fait faillite. Il y en a certains qui ont été en mauvaise posture. Il y en a certains qui ont perdu de l'argent, mais ils sont encore là. Ça démontre aussi une certaine résilience. Et là, je pense que pour une entreprise, on peut utiliser ce mot, une certaine résilience des acteurs historiques. et c'est pour ça que par exemple Si tu veux devenir propriétaire dans 10 ans, moi, je te conseillerais plutôt un bon vieux placement en assurance vie plutôt qu'en crypto-monnaie. Et si vous avez 40 ans devant vous, ce n'est pas incompatible que de regarder vers un marché boursier. J'ai eu un cas très, très longtemps. Un client, en fait, il avait acheté des valeurs du CAC 40, 40 ans avant. Je ne t'explique pas la plus belle qu'il a faite 40 ans après.

  • Speaker #1

    Pour revenir à ton quotidien, à ton implication dans les dossiers, est-ce que tu as été récemment impliqué dans un dossier qui est proche du législatif ou même quelque chose qui t'a marqué finalement ?

  • Speaker #0

    La loi Lemoyne, la loi Industrie Verte, on a suivi ça avec attention. La petite surprise de la loi Lemoyne, en plus de la résiliation à tout moment, c'est l'interdiction de faire une sélection médicale sur certaines catégories de prêts. C'est-à-dire, globalement, si... Je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois que c'était moins de 65 ans à la fin de votre prêt. et que vous n'empruntez pas plus de 200 000 euros, l'assureur ne fait pas de sélection médicale.

  • Speaker #1

    Parce que oui, j'ai entendu, par exemple, qu'on demandait si on était fumeur ou des choses comme ça. Ça, c'est toujours le cas ?

  • Speaker #0

    En fait, il faut regarder le prêt et l'opération en question, mais sur certains prêts, l'assureur ne pose quasiment plus de questions. Il va quand même poser des questions autour, par exemple, de la profession, mais sur la santé, il n'en pose plus.

  • Speaker #1

    Comment vous faites, vous, dans ce cas-là ? Parce que ça me paraît être une bonne nouvelle pour le citoyen, mais pas forcément pour vous.

  • Speaker #0

    On mutualise. En fait, c'est notre boulot. On mutualise le risque.

  • Speaker #1

    Je vais dire quelque chose de très cynique, si quelqu'un est en phase terminale de cancer, quelque chose d'incurable, il vient, donc on mutualise, mais peut-être qu'il y a des sociétaires qui pourraient dire, « Attends, là, c'est sûr que ça va coûter à tout. »

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'était un risque qui a fait peur aux assureurs. La personne qui, en fait, ça s'appelle de l'antisélection. C'est encore du jargon d'assureur. C'est l'anti-sélection. En Grande-Bretagne, au Lloyd's, ils appellent ça le moral hasard, l'aléa moral. En gros, celui qui truque le jeu. Celui qui truque le jeu, ça s'appelle parfois de la fraude. Et quand on s'en aperçoit, on ne paye pas. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'assurance sans aléa. Donc, au moment de son décès, la personne qui a voulu jouer avec les règles, l'assureur, il ouvre un dossier. Il ne paye pas comme ça, rubis sur ongles, les yeux fermés, sans se poser de questions. S'il souscrit et qu'un jour après, la personne est décédée, il va se poser des questions en disant, est-ce que finalement, en fait, elle était assurable ?

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, tu as déjà travaillé sur un dossier où il fallait arbitrer entre conformité légale et les valeurs mutualistes ?

  • Speaker #0

    Eh bien, heureusement, non. Heureusement non, parce qu'en fait, Maïf, les enjeux climatiques, les enjeux sociaux, les enjeux de gouvernance, ils ont intégré tous ces aspects-là dans leur politique. Je te donne un exemple. Au niveau climatique, on le sait, dans l'assurance, il y a deux grosses menaces. Je vais en retenir que deux, mais il y a deux grosses menaces à venir. Il y a le risque cyber. Ça, c'est un risque encore un peu étrange pour les assureurs. Et il y a le climat. Un monde où... continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable. Donc, les assureurs ont collectivement intérêt à ne pas aller sur des stratégies où on dégrade la planète et c'est pas très grave. Parce que derrière, ça se traduit nécessairement par des catastrophes naturelles et derrière, c'est quand même l'assureur qui paye.

  • Speaker #1

    Tu dis que l'assurance, du coup, a intérêt à agir pour le climat.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça se reflète dans vos investissements ? Par exemple, moi, si j'ai une assurance vie chez vous, ... Est-ce que j'ai le droit de décider d'aller que sur les industries polluantes ?

  • Speaker #0

    Non, malheureusement pour toi, non. Heureusement pour le reste du monde. Mais il y a une politique d'investissement et la Maïf a fait le choix de se retirer des énergies fossiles et elle l'a fait il y a maintenant quelques temps. À la Maïf, en tout cas, si tu viens investir chez nous, tu n'auras pas d'autre choix que de te contenter de notre intérêt pour le climat, pour... le volet social, pour le volet gouvernance, etc. C'est un parti pris et je pense qu'il n'est pas mauvais. Bien au contraire.

  • Speaker #1

    Je vais t'énoncer trois phrases et tu vas me répondre par vrai ou par faux. Tu peux évidemment développer l'argumentation. La première phrase, la fiscalité française favorise clairement l'assurance vie par rapport aux autres produits d'épargne.

  • Speaker #0

    Non. Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation-là. En France, on a une économie avec plein de produits différents. L'assurance vie en fait partie et à un moment donné, Je pense qu'on devrait même... continuer fiscalement à lager ça, parce que l'assurance vie, c'est un moyen de financer l'économie réelle. Les investissements que vous faites dans l'assurance vie, ça sert à développer la loi Industrie Verte, c'est ça. C'est flécher l'épargne des Français pour financer une Industrie Verte. Alors c'est un oxymore, Industrie Verte, mais je pense qu'ils l'ont choisi en toute connaissance de cause.

  • Speaker #1

    Les contraintes réglementaires brident l'innovation dans les secteurs assuranciels.

  • Speaker #0

    Ah, clairement. Ah, clairement, oui, oui. Moi, je trouve aujourd'hui qu'au niveau européen, on a tendance à homogénéiser trop de choses. Et si à un moment donné, on vous impose le produit, la forme du produit, les investissements qui sont derrière, si on vous impose demain le prix, tout le monde aura la même assurance et tout le monde proposera la même chose. Ça n'a pour moi aucun sens. Quand vous allez chez Mercedes, il y a le moteur Renault dedans des fois de temps en temps et vous faites avoir. Mais quand vous allez chez Mercedes, vous allez chercher quelque chose. Quand vous allez chez Renault, vous allez acheter quelque chose. Vous cherchez peut-être pas la même chose que vous franchissiez le seuil d'une concession Renault ou d'une concession Mercedes. Heureusement que le client a le choix. Donc oui, clairement, il y a une tendance de fond. Et je pense qu'on devrait lâcher un peu la bride au marché de l'assurance, qu'il puisse se développer. Il n'a jamais vraiment fait défaut, le marché de l'assurance.

  • Speaker #1

    Moi, c'est peut-être une fausse idée, mais j'ai l'impression qu'en 2008, il y a beaucoup d'assurances qui ont été quand même renflouées par l'État. Je ne suis pas connaisseur du secteur, donc peut-être que...

  • Speaker #0

    Beaucoup de banquiers, beaucoup de banques ont été renflouées par l'État. Des assureurs ont assuré des pertes. 2008, c'est quand même un peu particulier. Globalement, c'est une défaillance du système où on a des subprimes, où peu de gens ont vu qu'en fait, c'était une bulle qui était en train de se créer, un truc, un produit pourri qu'ils avaient tous souscrit en pensant que c'était un truc sûr et certain. Tout le monde a détourné un peu le regard, y compris les agences de notation. Donc pour moi, il y a vraiment eu une défaillance du système. C'est le PC qui écran bleu, et ce n'est pas normal. Non, les assureurs, je pense au 11 septembre, ils ont payé. Ils ont payé après l'interté du 11 septembre, ils ont payé sacrément cher. Les assureurs, sur les grandes catastrophes naturelles, ils sont là aussi.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. La dernière phrase que je veux te proposer, c'est le droit des assurances, c'est un droit technique, pas politique ?

  • Speaker #0

    C'est un droit technique, oui, très technique, c'est une matière particulière. Pour moi, c'est un mélange de maths et de droit, donc deux sciences particulières qui se mélangent, qui se retrouvent. Ça devient aussi un droit politique, parce que derrière l'enjeu du risque, il y a un enjeu politique. Quel président, quel ministre, quel député ne se déplace pas lorsqu'il y a une catastrophe naturelle ? quelle politique ne prend pas la parole face à une situation quand un risque se concrétise ? Il n'y en a pas beaucoup. Donc oui, effectivement, ça devient aujourd'hui un enjeu politique, l'assurance.

  • Speaker #1

    On va bien t'arriver au bout de cet entretien. Arnaud, est-ce que pour faire un pas de côté, est-ce qu'il y a un conseil qu'on t'a donné peut-être au début de ta carrière qui t'a aidé, quelque chose qui résonne et que tu voudrais transmettre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un discours que je tiens aussi vis-à-vis des personnes que je recrute, c'est bosser la matière. Bosser. Je ne pense pas qu'on puisse se lever du jour au lendemain et réussir sans travailler. Moi, je le constate tous les jours et pour tout. Les génies absolus qui n'ont pas besoin d'efforts, qui se réveillent le matin et qui ont la eureka, la solution et tout, je n'y crois pas. Je n'y crois pas une seule seconde. En droit des assurances, on l'a dit, c'est un sujet hautement technique, bosser la matière. Et puis discuter aussi avec les vieux, la vieille. Ça, c'est important. On a souvent, surtout maintenant, on parle de boomers, etc. Je pense que tout le monde a sa place, y compris ceux qui ont quelques années et quelques cheveux blancs. Au contraire, ils peuvent apprendre plein de choses. Ils peuvent nous aider à comprendre plein de choses.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. Pour conclure, est-ce que tu as une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Si vous voulez comprendre le droit des assurances, ou sans être sur le droit des assurances, mais tout simplement l'assurance, Il y a le manuel d'assurance qui est un ouvrage qui a été... co-écrit par plusieurs auteurs, dont Gilles Bénéplan, qui est un monsieur qui a travaillé longtemps dans l'assurance, donc il sait de quoi il parle. Il y a une préface de Denis Klesser qui nous a quittés il y a quelques années, et qui était aussi un grand nom de l'assurance. Il y a un super texte de Jacques Vendier, on n'a plus le temps, mais je pourrais te le faire parvenir. Jacques Vendier, un grand nom de l'assurance aussi. Donc là, c'est pour le volet assurance. Si vous voulez passer un bon moment, regardez la série Kaamelott. Et vous comprendrez un certain nombre de choses sur la société actuelle. C'est très drôle. Si vous voulez comprendre un peu les affaires publiques, regardez House of Cards. Pas forcément Netflix, parce que j'ai pas Netflix, mais moi j'ai regardé la série britannique de 90. Ils sont partis là-dessus, en fait, pour faire les séries américaines, avec un acteur génial, un acteur britannique. Regardez ça, alors c'est cynique à plus en pouvoir, mais je trouve ça divertissant. Et puis sinon, regardez le cinéma français, c'est bien aussi le cinéma français.

  • Speaker #1

    Trop bien. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais dire ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait une question, c'était, est-ce que tu as une citation d'un film ? C'est la question qui m'a le plus posé de problème. J'ai réfléchi pendant au moins une heure à me dire, mais qu'est-ce que je pourrais... Alors j'ai essayé de faire un truc intelligent, j'ai essayé de trouver un truc inspirant. Et puis finalement, je suis tombé sur Jean-Pierre Bacry. Je suis retombé sur la scène famille, où globalement, il parle des relations de couple. Et c'est un peu ça aussi, une entreprise, c'est un peu un couple. Vous passez beaucoup de temps avec l'entreprise, vous y passez beaucoup d'énergie aussi. et à un moment donné donc il parle du mariage et il dit cette phrase mythique enfin mythique pour moi en tout cas mais il n'y a pas de secret quand ça va t'es content quand ça va pas tu patientes et c'est un peu ça je trouve aujourd'hui la vie en entreprise tous les jours sont pas forcément roses quand ça va t'es content et quand ça va pas tu patientes donc voilà une petite citation de Jean-Pierre Bacri Merci beaucoup Arnaud De rien,

  • Speaker #1

    merci à toi Pierre A la prochaine Merci d'avoir écouté Hémicycle le podcast qui décrypte la fabrique de la loi Je m'appelle Pierre, je suis le... cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

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Description

Un monde qui continue à dérégler le climat… est un monde qui devient inassurable.
Dans cet épisode d’Hémicycle, Pierre reçoit Arnaud Palinhos, responsable juridique à la MAIF, pour parler de droit des assurances, de mutualisation des risques, mais aussi d’influence législative et de résilience économique.

On y parle :

  • du coup de foudre pour le droit des assurances (!)

  • de la loi Lemoine et de ses conséquences sur l’assurance emprunteur,

  • des limites de l’assurabilité face au changement climatique,

  • du rôle des mutuelles dans un marché financier parfois instable,

  • et de la place grandissante du droit des assurances dans le débat politique.

Un échange passionné, instructif, entre réglementation, valeurs mutualistes… et stratégie face aux crises.


🎧 À écouter si vous vous intéressez à l’articulation entre économie, droit, climat et politique.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Transcription

  • Speaker #0

    Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la mutuelle d'assurance des instituteurs de France. On ne peut pas être un seul assureur au même endroit, parce que s'il y a une catastrophe à cet endroit-là, c'est lui qui prend toutes les pertes. Un monde où on continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Arnaud Palignos. Donc Arnaud, t'es responsable juridique au sein de la Maïf, t'as été diplômé en droit et t'as construit tout ton parcours au sein de la Maïf qui est un acteur engagé et mutualiste de l'assurance. Salut Arnaud.

  • Speaker #0

    Salut Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais compléter ton parcours comme je l'ai décrit ? Est-ce qu'il y a des choses que tu veux rajouter ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, un parcours classique en fait, un fac de droit, un diplômé en droit, spécialisé en assurance au master et une passion en fait. Je ne savais pas trop quoi faire. Au début, en première année, on s'imagine avocat, juge, notaire, huissier. Au fur et à mesure du parcours, on ferme des portes. Et quatrième année, un cours droit des assurances, le coup de foudre, mais vraiment, ça peut exister, en droit, et une envie de partir dans le droit des assurances. Et du coup, une spécialisation. Et voilà comment l'histoire a commencé.

  • Speaker #1

    Comment t'expliques ce coup de foudre ? C'est la première fois que j'entends quelqu'un avoir un coup de foudre pour le droit des assurances. Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était les anecdotes. Les anecdotes du prof sur des dossiers sinistres, qui ne sont pas drôles en fait, mais qui dans le contexte et dans la façon dont il les a apportés, étaient quand même assez drôles. On rigolait de choses malheureuses, mais il y a ça. Et puis après, de manière beaucoup plus consensuelle, c'est ce qu'est l'assurance en tant que telle, la mutualisation du risque. C'est globalement quelqu'un qui perd sa maison dans un incendie, est-ce que sincèrement, dès le lendemain, il se lève en se disant « allez, c'est bon, c'est reparti, je la reconstruis comme ça » . Non, s'il n'y a pas un acteur, s'il n'y a pas un assureur derrière pour dire « Ok, c'est un moment compliqué de ta vie, mais on est là et puis t'es assuré, t'es bien assuré, t'as les bonnes garanties et ta maison, on va la reconstruire. » Ça, je veux dire, à un moment donné, il n'y a pas beaucoup de mécanismes humains qui peuvent se targuer de faire ça.

  • Speaker #1

    Justement, alors là, ton quotidien ressemble à quoi ? Est-ce que c'est ce genre de dossier que tu vois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce que moi, je suis spécialisé dans l'assurance de personnes. Donc rien à voir avec l'auto, rien à voir avec l'habitation. Et je ne voulais surtout pas aller sur la gestion de sinistre. C'est pour ça, les anecdotes m'ont plu, mais je ne voulais pas faire ça. Donc j'ai été conseiller pendant un temps. Je conseillais des gens sur une couverture assurancielle liée au risque de la vie humaine. Et puis en fait, une arrivée à New York, berceau des mutuelles, avec Massif dans un premier temps. Je me suis retrouvé très loin du monde du droit. J'étais en fait côté informatique. Je me souviens de rentrer tard le soir, parce qu'on bossait bien sûr, mais parce qu'aussi il y avait la pause clope avec le chef qui te racontait un peu comment ça fonctionnait tout ça là-haut. Et c'était super intéressant.

  • Speaker #1

    Mais du coup, tu étais dans le pôle informatique, donc tu faisais de l'informatique ou c'était autre chose ? Oui,

  • Speaker #0

    j'étais sur du paramétrage de l'outil informatique, de gestion des contrats santé prévoyance. Rien à voir avec le droit. Et puis à la fin, le chef me dit, bon, écoute, il y a moyen pour que tu restes dans l'informatique. Et là, je lui ai dit non, je n'ai pas envie. Je veux retourner dans le droit. J'ai cherché un poste de juriste en droit des assurances et je suis tombé sur l'annonce parfaite en 2016.

  • Speaker #1

    Un nouveau coup de foudre.

  • Speaker #0

    Ouais, un nouveau coup de foudre. Et puis dans une filiale de la Maïf, mais dans une entreprise qui faisait de l'assurance de personnes, donc ça Ausha toutes les cases. Et après quelques années, j'ai eu la chance de devenir responsable du service.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te passionne là-dedans justement ? Ça fait huit ans que t'es à la Maïf,

  • Speaker #0

    c'est bien ça ? Oui, un peu plus maintenant, mais oui, ça fait huit ans. Écoute, j'ai jamais regretté mon choix.

  • Speaker #1

    Dans l'intro, j'ai dit un acteur. engagé et mutualiste ?

  • Speaker #0

    N'hésitez pas à tromper parce que engagé, oui, mutualiste par essence. La Mutuelle a été créée en 1934 par des instituteurs parce qu'en fait, Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la Mutuelle d'assurance des instituteurs de France. Et même avant, il y avait un autre A, c'était automobile au milieu. Mais elle a été créée en 1934 par des instituteurs qui ne voulaient plus payer des cotisations auto trop chères. Et donc, ils se sont dit on va créer une compagnie ce qui est aujourd'hui quasiment impensable de... partir de zéro mais ils l'ont fait et ils l'ont fait sur la base du corporatisme ce qui a été un peu le modèle de développement des mutuelles nurthèses la massif c'est la mutuelle d'assurance des industriels et commerçants de france la maf c'est la mutuelle d'assurance des artisans de france alors forcément aujourd'hui elles se sont ouvertes à tous mais à l'époque en tout cas au moment de la création c'était la mutuelle par exemple pour la manif des instituteurs et si vous étiez pas instituteur, bah vous pouviez pas y rentrer. Voilà, c'était des modèles comme ça un peu atypiques, mais dans les faits, en fait, c'était de dire, on veut proposer un modèle alternatif aux compagnies d'assurance, on ne veut pas forcément surpayer le risque, on veut le mutualiser, parce que c'est ça aussi la beauté de la chose, en fait, de l'assurance, c'est la mutualisation du risque. Pourquoi, en fait, un assureur, ça ne lui pose pas, entre guillemets, de problème de payer ? Parce qu'en fait, c'est pas lui qui paye directement, même s'il, effectivement, il le paye, mais c'est tout le monde, tous les assurés qui vont payer. C'est pour ça aussi qu'au niveau de la fraude, c'est important de lutter contre la fraude, parce qu'on peut se dire, bon, finalement, la fraude, c'est pas si grave, 300, 400, 500, 1000 euros pour un assureur, c'est pas grand-chose. Oui, mais au final, c'est quand même tous les autres assurés qui payent. C'était un modèle un peu atypique en 1934. La Maïf a aidé les hôtes mutuels nyorthaises, c'est pour ça qu'il y a un gros pôle mutuel à New York, à aider les hôtes mutuels à se créer, à se développer. Elles sont restées indépendantes, elles ont chacune leur vie, leur parcours, mais à la base, c'est une histoire commune.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Alors, si je comprends bien, donc c'est mutualiste, je vais prendre un exemple un peu extrême. Imaginons que la maison de la moitié des assurés brûle. Comme c'est mutualiste tout le monde, mais au pot, il n'y aura pas assez probablement. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je ne peux parler que de ce que je connais, mais pour le coup, il y a quelques années, il y a eu un gros sinistre. Un gros sinistre et il y a eu un rappel de cotisation. C'est-à-dire qu'on a dit aux assurés, aux sociétés, en fait, ce sinistre-là, vous avez payé par exemple 10 euros. Ce n'était même pas en euros, c'était en francs, mais bon. Vous avez payé 10 euros votre cotisation, mais parce qu'on a un gros sinistre, on vous demande de rajouter 2 euros dans l'année. Ça, c'était un des moyens de gérer la situation. Après, ta question me fait penser à la problématique de l'assurabilité. En France, on ne peut pas être un seul assureur au même endroit. Parce que s'il y a une catastrophe, naturelle ou pas, à cet endroit-là, c'est lui qui prend en fait toutes les pertes. Et le problème, c'est qu'il n'y a aucun assureur qui peut, lui tout seul, subir autant de pertes. La boîte disparaît et les assurés ne sont pas payés. Donc ils ne sont pas contents, ça tire tout un tas de problématiques. Et dans certaines régions, particulièrement les régions les plus sujettes aux risques de catastrophes naturelles, il y a certains assureurs qui ont commencé à se dire « ça ne sert à rien d'aller se développer là-bas, on ne gagne pas d'argent en fait. » Ouais. « On ne gagne pas d'argent. » Ils ont commencé progressivement à se retirer. Ça, c'est un très mauvais signal. Forcément, ça a commencé à inquiéter les pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucun assureur qui veut être le dernier à ce moment-là. Et si tout le monde part, il n'y a plus personne qui peut s'assurer. Donc plus personne qui aura sa maison remboursée si elle brûle.

  • Speaker #1

    Ok. C'est super intéressant parce qu'avec le réchauffement climatique, on est amené à avoir de plus en plus d'incendies, d'inondations sur nos territoires. Comment on fait pour continuer à assurer ces gens-là ? Est-ce que c'est à l'État de pallier au manquement, quelque part de payer son inaction face au réchauffement climatique ?

  • Speaker #0

    Un assureur, s'il peut mutualiser le risque, ça reste de l'assurance. Il peut le faire. S'il n'arrive plus à le mutualiser, il ne gare pas. Et donc après, ça sera forcément une solution publique. Et les solutions publiques, aujourd'hui, on a plutôt tendance à observer l'effet inverse. Un État qui a tendance à se retirer parce qu'il ne veut pas être partout.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on pourrait contraindre certaines assurances à dire, « Ok, si vous assurez tel territoire, alors vous devez en assurer un autre qui est plus risqué ? »

  • Speaker #0

    Alors, plutôt que de contraindre, il vaut mieux discuter. Et l'assurance, c'est un milieu qui, à la base, discute beaucoup. L'origine de l'assurance, c'est le prêt à la grosse aventure. Le prêt à la grosse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est globalement des marchands qui partent sur leur bateau, qui ne voient pas toujours le bateau revenir au port. Donc en fait, ceux qui affrètent les bateaux se sont dit, bon, commencez à créer un pot commun. Et dans ce genre d'histoire, il faut que tout le monde joue le jeu. Donc forcément, tout le monde discute ensemble. Et ça me fait penser aussi au marché de la réassurance, où tout est censé se faire de bonne foi. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on discute et on tient les engagements qu'on a pris. Pourquoi ? Parce que si vous n'avez pas de parole, en assurance comme en réassurance, vous ne durez pas. Si vous voulez faire des coups, vous faites un coup une fois, mais vous n'en ferez pas deux. C'est essentiellement un milieu qui a l'habitude de discuter. Et plutôt que de contraindre... Parce que les assureurs, mine de rien, ils font leur job, quel qu'il soit. Ils essayent en tout cas de le faire du mieux qu'ils peuvent. Et surtout, à un moment donné, ça reste des opérateurs économiques. Donc voilà, s'ils ont une difficulté, ils en parleront, ils le poseront sur la table.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Ce podcast, c'est autour de la fabrique de la loi. Et je voulais savoir, justement, dans le secteur juridique, est-ce que vous avez des combats en ce moment que vous menez en parlant à des députés, à des parlementaires ? Bref, autour de l'hémicycle, justement.

  • Speaker #0

    Je ne pourrais pas te dire exactement ce que je suis. en fait plutôt moi dans un rôle J'allais dire expert, mais j'aime pas ce mot, je vais plutôt dire de sachant. Globalement, j'identifie quels sont les impacts d'un projet, ou d'une proposition de loi, ou d'un projet de directive, sur le métier demain. Et dire, attention, là, c'est pas terrible, clairement. Ou là, c'est plutôt très bien, il faut y aller. Ces échanges-là, je les ai pas directement avec les députés. Il y a une fédération de l'assurance, qui s'appelle France Assureur, qui réunit toute la place de l'assurance en France. Et c'est eux qui discutent avec les sénateurs, les députés, mais pas qu'eux.

  • Speaker #1

    Ils font un peu la navette vers toi, où toi tu dis ça c'est plutôt positif ou négatif.

  • Speaker #0

    Ils font la navette vers le marché en fait, vers tous les acteurs. Et donc ils essayent de porter une voix commune, pas forcément toujours alignée sur tous les sujets, mais globalement il y a quand même des grandes tendances qui se dessinent. Et France Assureur discute avec les politiques, et peuvent alerter sur des problématiques très spécifiques, liées aux lois, en disant attention, sur le papier ça peut vous paraître une bonne idée, mais dans les faits ce serait une catastrophe. En termes de lois un peu problématiques sur l'assurance de personnes, il y a eu la loi Lemoyne, une loi sur l'assurance emprunteur. Donc là, on retouche encore à la maison, on retouche encore au foyer. Quand on emprunte, généralement, le banquier vous demande une garantie et ça passe souvent par une garantie assurancielle, donc une assurance emprunteur. Si vous venez à décéder, c'est l'assureur qui viendra payer le capital restant dû à la banque.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas le propriétaire.

  • Speaker #1

    Ah, je savais pas. Ce n'est pas juste on revend la maison et on divise ?

  • Speaker #0

    Non, justement, c'est fait pour contrer ça. En fait, l'assurance emprunteur, c'est quasiment une assurance incontournable quand on devient propriétaire ou quand on achète un bien immobilier. C'est en fait, pour le banquier, la garantie d'avoir retour sur son investissement. Et pour l'emprunteur, une garantie de ne pas devoir vendre. Enfin, s'il est décédé, il ne vendra rien. Mais sa famille ne sera pas obligée de... de trouver un autre logement dans leur lance et de partir de la maison, alors qu'il y avait toute une vie familiale qui s'était peut-être organisée à l'intérieur. Donc c'est essentiellement un risque lié à l'emprunteur, le fait que l'emprunteur fasse défaut, pour une raison telle que le décès, pour une raison type arrêt de travail, quand je suis en arrêt, je n'ai pas les mêmes revenus, j'ai un prêt qui peut être conséquent, qu'est-ce que je fais si je ne peux plus payer ce prêt-là ? Là, il y a une garantie aussi, qui s'appelle la garantie ITT. Et donc cette garantie-là, en fait, elle vient payer la mensualité le temps que vous soyez remis et que vous puissiez retourner au travail.

  • Speaker #1

    Ok. Et la loi Lemoyne, qu'est-ce qu'elle a changé ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques années quand même, il faut savoir que vous n'aviez pas vraiment le choix. Si quelqu'un allait dans une banque, on lui prêtait de l'argent, mais il devait souscrire l'assurance de la banque. Alors c'est pas un banquier qui assurait, c'est un assureur, souvent une filiale, mais ça pouvait être aussi un assureur avec qui on avait un accord, un assureur qui assurait l'opération. Et si vous étiez OK avec la proposition de prêt, vous n'aviez pas le choix de partir chez un autre assureur. C'était bien et pas bien. Bien parce que l'emprunteur, il avait quand même une garantie assurancielle et un prêt, donc il pouvait se lancer dans son projet. Par contre, au niveau du tarif, il pouvait se faire matraquer.

  • Speaker #1

    Donc là, on peut changer, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous pouvez échanger à tout moment.

  • Speaker #1

    Au milieu du contrat, je peux décider de changer d'assureur.

  • Speaker #0

    au milieu, au début, à tout moment. Et ça, c'est une avancée considérable sur le marché de l'assurance emprunteur. C'est quelque chose où une partie des assureurs a lutté pour, contre une autre partie des assureurs. Le marché, en fait, était partagé un peu entre les deux. Donc, pour faire court, pour schématiser, des banques assureurs, ce qu'on appelle des banques assureurs, c'est des banquiers qui ont des liens, par exemple, une maison de mer, c'est une banque, et la filiale, c'est une entreprise du groupe. Les banques assureurs contre les assureurs dits alternatifs, ceux qui ne sont pas des banques assureurs, ceux qui ne sont pas affiliés avec une banque. La loi Lemoyne n'a pas réconcilié les deux parties, mais a mis fin au jeu en disant stop, un assureur peut aller n'importe où, chez n'importe quel assureur, garantir son prêt.

  • Speaker #1

    Ok, et justement là tu parles de structure des entreprises, l'actionnariat de la Maïf ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'actionnaire. En fait, une mutuelle... n'a pas d'actionnaire, elle a des sociétaires. La grande différence, c'est qu'un actionnaire, il détient un titre de propriété et parfois ce titre-là, il est coté en bourse, etc. Et il peut y avoir des établissements financiers ou des investisseurs qui font pression pour que le titre augmente parce qu'eux, ils l'ont en portefeuille et ce titre-là, il doit monter, monter, monter. Ce qui amène parfois quelques dérives, c'est-à-dire que l'assureur peut prendre quelques raccourcis pour gagner un peu plus d'argent. La grande différence dans une société qui est sous forme mutuelle, il n'y a pas cette pression-là de l'actionnaire, puisqu'en fait, les sociétaires, ce sont les clients.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et comme le dit le crédit mutuel, ça change tout.

  • Speaker #1

    J'ai cru comprendre que l'actualité géopolitique et économique impacte directement l'assurance-vie. Comment ça se passe ? Justement, en ce moment, il y a des petites secousses financières. Est-ce que vous le ressentez ? Comment vous vous adaptez ? Quelles sont les implications que ça vous donne ?

  • Speaker #0

    Alors on a eu quand même quelques surprises, 2024-2025. On a eu les catastrophes naturelles, ça on ne peut pas les prévoir. On a eu aussi quelques catastrophes politiques, ça non plus on ne peut pas les prévoir, mais la dissolution ce n'était pas forcément une super nouvelle. On avait une loi qui était adoptée et des textes d'application en fait, des textes qui viennent préciser la loi, qui n'étaient pas encore adoptés, qui ont dû être pris dans l'urgence. parce que justement il y avait 10 solutions donc il fallait accélérer. Ces textes-là, ils ont été pris, heureusement les travaux avaient été anticipés donc ça n'a pas eu trop de conséquences, mais globalement il y a des solutions, si à un moment donné les sujets n'ont pas suffisamment avancé, point, on s'arrête, il n'y a plus rien qui se passe. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour une société quand tout s'arrête en fait. Alors là on a quand même des institutions, on est en France, donc on a quand même des institutions qui fonctionnent plutôt bien et c'est vite reparti. Au niveau politique, au niveau international, oui, effectivement, il y a eu un nouveau président des États-Unis qui s'est lancé dans une guerre commerciale. Et il n'y a rien de pire pour les marchés financiers que quelqu'un d'un peu instable, qui est imprévisible.

  • Speaker #1

    Concrètement, si le marché est extrêmement instable, comment ça vous impacte directement ? C'est quoi ? C'est que vos assurés, du coup, n'ont plus de trésor et donc ils font appel à vos services ?

  • Speaker #0

    Non, alors en assurance vie, l'argent, on le garde. pas pour nous, on le place. Cet argent-là, il est placé sur un marché obligataire, sur un marché boursier et ces fluctuations politiques, elles ont une incidence sur les cours. À un moment donné, je sais pas, j'ai écouté Jérôme Kerviel, il n'y a pas si longtemps que ça, et j'ai bien aimé en fait ce qu'il a dit, une valeur ça respire. Dans le sens où quand on respire, on gonfle les poumons et puis on les dégonfle. Donc il y a cette espèce d'oscillation. Un titre, c'est ça. Une valeur, c'est ça. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, ça peut descendre très bas, ça peut remonter très haut, très vite, un titre, il faut que ça respire. Et c'est pour ça, en fait, que l'assurance vie, c'est important que ce soit sur un temps long, très long même.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Mais même si c'est sur un temps long, il y a bien un moment où il faut sortir cet argent. Disons que moi, par exemple, je me projette à 10 ans. Si dans 10 ans, j'avais mis 100 et ça vaut 20 et que j'avais prévu d'acheter peut-être un appartement, justement.

  • Speaker #0

    Parce que vous allez retrouver les petits, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je suis bien embêté, quoi.

  • Speaker #0

    Il y a des stratégies, en fait. Aujourd'hui, avec des DA, par exemple, il y a un conseil. Si votre horizon de placement est sur 10 ans, Si vous avez un projet, tout dépend aussi de votre appétence au risque, parce qu'on a aussi des supports qui ne sont pas entre guillemets risqués, où le risque en fait il est porté par l'assureur, ça s'appelle fonds euros.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas une petite clause, si les cours sont à moins de 50%, alors il y a quand même...

  • Speaker #0

    Non, parce que c'est à l'assureur de gérer ça. Globalement, lui, il prend votre argent, il le place, puis il y a des règles de solvabilité, il doit faire attention à être toujours capable de rembourser 100% des assurés.

  • Speaker #1

    Ça c'est fiable, dans le sens où on ne peut pas avoir un autre 2008... qui arrive et qui met...

  • Speaker #0

    Je ne vais jamais dire qu'on ne peut pas avoir un autre 2008. J'en sais rien, en fait. Je pense que ce n'est pas impossible qu'on ait une nouvelle crise. En tout cas, ce que j'ai observé, c'est qu'en 2008, il n'y a pas beaucoup d'assureurs qui ont fait faillite. Il y en a certains qui ont été en mauvaise posture. Il y en a certains qui ont perdu de l'argent, mais ils sont encore là. Ça démontre aussi une certaine résilience. Et là, je pense que pour une entreprise, on peut utiliser ce mot, une certaine résilience des acteurs historiques. et c'est pour ça que par exemple Si tu veux devenir propriétaire dans 10 ans, moi, je te conseillerais plutôt un bon vieux placement en assurance vie plutôt qu'en crypto-monnaie. Et si vous avez 40 ans devant vous, ce n'est pas incompatible que de regarder vers un marché boursier. J'ai eu un cas très, très longtemps. Un client, en fait, il avait acheté des valeurs du CAC 40, 40 ans avant. Je ne t'explique pas la plus belle qu'il a faite 40 ans après.

  • Speaker #1

    Pour revenir à ton quotidien, à ton implication dans les dossiers, est-ce que tu as été récemment impliqué dans un dossier qui est proche du législatif ou même quelque chose qui t'a marqué finalement ?

  • Speaker #0

    La loi Lemoyne, la loi Industrie Verte, on a suivi ça avec attention. La petite surprise de la loi Lemoyne, en plus de la résiliation à tout moment, c'est l'interdiction de faire une sélection médicale sur certaines catégories de prêts. C'est-à-dire, globalement, si... Je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois que c'était moins de 65 ans à la fin de votre prêt. et que vous n'empruntez pas plus de 200 000 euros, l'assureur ne fait pas de sélection médicale.

  • Speaker #1

    Parce que oui, j'ai entendu, par exemple, qu'on demandait si on était fumeur ou des choses comme ça. Ça, c'est toujours le cas ?

  • Speaker #0

    En fait, il faut regarder le prêt et l'opération en question, mais sur certains prêts, l'assureur ne pose quasiment plus de questions. Il va quand même poser des questions autour, par exemple, de la profession, mais sur la santé, il n'en pose plus.

  • Speaker #1

    Comment vous faites, vous, dans ce cas-là ? Parce que ça me paraît être une bonne nouvelle pour le citoyen, mais pas forcément pour vous.

  • Speaker #0

    On mutualise. En fait, c'est notre boulot. On mutualise le risque.

  • Speaker #1

    Je vais dire quelque chose de très cynique, si quelqu'un est en phase terminale de cancer, quelque chose d'incurable, il vient, donc on mutualise, mais peut-être qu'il y a des sociétaires qui pourraient dire, « Attends, là, c'est sûr que ça va coûter à tout. »

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'était un risque qui a fait peur aux assureurs. La personne qui, en fait, ça s'appelle de l'antisélection. C'est encore du jargon d'assureur. C'est l'anti-sélection. En Grande-Bretagne, au Lloyd's, ils appellent ça le moral hasard, l'aléa moral. En gros, celui qui truque le jeu. Celui qui truque le jeu, ça s'appelle parfois de la fraude. Et quand on s'en aperçoit, on ne paye pas. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'assurance sans aléa. Donc, au moment de son décès, la personne qui a voulu jouer avec les règles, l'assureur, il ouvre un dossier. Il ne paye pas comme ça, rubis sur ongles, les yeux fermés, sans se poser de questions. S'il souscrit et qu'un jour après, la personne est décédée, il va se poser des questions en disant, est-ce que finalement, en fait, elle était assurable ?

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, tu as déjà travaillé sur un dossier où il fallait arbitrer entre conformité légale et les valeurs mutualistes ?

  • Speaker #0

    Eh bien, heureusement, non. Heureusement non, parce qu'en fait, Maïf, les enjeux climatiques, les enjeux sociaux, les enjeux de gouvernance, ils ont intégré tous ces aspects-là dans leur politique. Je te donne un exemple. Au niveau climatique, on le sait, dans l'assurance, il y a deux grosses menaces. Je vais en retenir que deux, mais il y a deux grosses menaces à venir. Il y a le risque cyber. Ça, c'est un risque encore un peu étrange pour les assureurs. Et il y a le climat. Un monde où... continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable. Donc, les assureurs ont collectivement intérêt à ne pas aller sur des stratégies où on dégrade la planète et c'est pas très grave. Parce que derrière, ça se traduit nécessairement par des catastrophes naturelles et derrière, c'est quand même l'assureur qui paye.

  • Speaker #1

    Tu dis que l'assurance, du coup, a intérêt à agir pour le climat.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça se reflète dans vos investissements ? Par exemple, moi, si j'ai une assurance vie chez vous, ... Est-ce que j'ai le droit de décider d'aller que sur les industries polluantes ?

  • Speaker #0

    Non, malheureusement pour toi, non. Heureusement pour le reste du monde. Mais il y a une politique d'investissement et la Maïf a fait le choix de se retirer des énergies fossiles et elle l'a fait il y a maintenant quelques temps. À la Maïf, en tout cas, si tu viens investir chez nous, tu n'auras pas d'autre choix que de te contenter de notre intérêt pour le climat, pour... le volet social, pour le volet gouvernance, etc. C'est un parti pris et je pense qu'il n'est pas mauvais. Bien au contraire.

  • Speaker #1

    Je vais t'énoncer trois phrases et tu vas me répondre par vrai ou par faux. Tu peux évidemment développer l'argumentation. La première phrase, la fiscalité française favorise clairement l'assurance vie par rapport aux autres produits d'épargne.

  • Speaker #0

    Non. Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation-là. En France, on a une économie avec plein de produits différents. L'assurance vie en fait partie et à un moment donné, Je pense qu'on devrait même... continuer fiscalement à lager ça, parce que l'assurance vie, c'est un moyen de financer l'économie réelle. Les investissements que vous faites dans l'assurance vie, ça sert à développer la loi Industrie Verte, c'est ça. C'est flécher l'épargne des Français pour financer une Industrie Verte. Alors c'est un oxymore, Industrie Verte, mais je pense qu'ils l'ont choisi en toute connaissance de cause.

  • Speaker #1

    Les contraintes réglementaires brident l'innovation dans les secteurs assuranciels.

  • Speaker #0

    Ah, clairement. Ah, clairement, oui, oui. Moi, je trouve aujourd'hui qu'au niveau européen, on a tendance à homogénéiser trop de choses. Et si à un moment donné, on vous impose le produit, la forme du produit, les investissements qui sont derrière, si on vous impose demain le prix, tout le monde aura la même assurance et tout le monde proposera la même chose. Ça n'a pour moi aucun sens. Quand vous allez chez Mercedes, il y a le moteur Renault dedans des fois de temps en temps et vous faites avoir. Mais quand vous allez chez Mercedes, vous allez chercher quelque chose. Quand vous allez chez Renault, vous allez acheter quelque chose. Vous cherchez peut-être pas la même chose que vous franchissiez le seuil d'une concession Renault ou d'une concession Mercedes. Heureusement que le client a le choix. Donc oui, clairement, il y a une tendance de fond. Et je pense qu'on devrait lâcher un peu la bride au marché de l'assurance, qu'il puisse se développer. Il n'a jamais vraiment fait défaut, le marché de l'assurance.

  • Speaker #1

    Moi, c'est peut-être une fausse idée, mais j'ai l'impression qu'en 2008, il y a beaucoup d'assurances qui ont été quand même renflouées par l'État. Je ne suis pas connaisseur du secteur, donc peut-être que...

  • Speaker #0

    Beaucoup de banquiers, beaucoup de banques ont été renflouées par l'État. Des assureurs ont assuré des pertes. 2008, c'est quand même un peu particulier. Globalement, c'est une défaillance du système où on a des subprimes, où peu de gens ont vu qu'en fait, c'était une bulle qui était en train de se créer, un truc, un produit pourri qu'ils avaient tous souscrit en pensant que c'était un truc sûr et certain. Tout le monde a détourné un peu le regard, y compris les agences de notation. Donc pour moi, il y a vraiment eu une défaillance du système. C'est le PC qui écran bleu, et ce n'est pas normal. Non, les assureurs, je pense au 11 septembre, ils ont payé. Ils ont payé après l'interté du 11 septembre, ils ont payé sacrément cher. Les assureurs, sur les grandes catastrophes naturelles, ils sont là aussi.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. La dernière phrase que je veux te proposer, c'est le droit des assurances, c'est un droit technique, pas politique ?

  • Speaker #0

    C'est un droit technique, oui, très technique, c'est une matière particulière. Pour moi, c'est un mélange de maths et de droit, donc deux sciences particulières qui se mélangent, qui se retrouvent. Ça devient aussi un droit politique, parce que derrière l'enjeu du risque, il y a un enjeu politique. Quel président, quel ministre, quel député ne se déplace pas lorsqu'il y a une catastrophe naturelle ? quelle politique ne prend pas la parole face à une situation quand un risque se concrétise ? Il n'y en a pas beaucoup. Donc oui, effectivement, ça devient aujourd'hui un enjeu politique, l'assurance.

  • Speaker #1

    On va bien t'arriver au bout de cet entretien. Arnaud, est-ce que pour faire un pas de côté, est-ce qu'il y a un conseil qu'on t'a donné peut-être au début de ta carrière qui t'a aidé, quelque chose qui résonne et que tu voudrais transmettre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un discours que je tiens aussi vis-à-vis des personnes que je recrute, c'est bosser la matière. Bosser. Je ne pense pas qu'on puisse se lever du jour au lendemain et réussir sans travailler. Moi, je le constate tous les jours et pour tout. Les génies absolus qui n'ont pas besoin d'efforts, qui se réveillent le matin et qui ont la eureka, la solution et tout, je n'y crois pas. Je n'y crois pas une seule seconde. En droit des assurances, on l'a dit, c'est un sujet hautement technique, bosser la matière. Et puis discuter aussi avec les vieux, la vieille. Ça, c'est important. On a souvent, surtout maintenant, on parle de boomers, etc. Je pense que tout le monde a sa place, y compris ceux qui ont quelques années et quelques cheveux blancs. Au contraire, ils peuvent apprendre plein de choses. Ils peuvent nous aider à comprendre plein de choses.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. Pour conclure, est-ce que tu as une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Si vous voulez comprendre le droit des assurances, ou sans être sur le droit des assurances, mais tout simplement l'assurance, Il y a le manuel d'assurance qui est un ouvrage qui a été... co-écrit par plusieurs auteurs, dont Gilles Bénéplan, qui est un monsieur qui a travaillé longtemps dans l'assurance, donc il sait de quoi il parle. Il y a une préface de Denis Klesser qui nous a quittés il y a quelques années, et qui était aussi un grand nom de l'assurance. Il y a un super texte de Jacques Vendier, on n'a plus le temps, mais je pourrais te le faire parvenir. Jacques Vendier, un grand nom de l'assurance aussi. Donc là, c'est pour le volet assurance. Si vous voulez passer un bon moment, regardez la série Kaamelott. Et vous comprendrez un certain nombre de choses sur la société actuelle. C'est très drôle. Si vous voulez comprendre un peu les affaires publiques, regardez House of Cards. Pas forcément Netflix, parce que j'ai pas Netflix, mais moi j'ai regardé la série britannique de 90. Ils sont partis là-dessus, en fait, pour faire les séries américaines, avec un acteur génial, un acteur britannique. Regardez ça, alors c'est cynique à plus en pouvoir, mais je trouve ça divertissant. Et puis sinon, regardez le cinéma français, c'est bien aussi le cinéma français.

  • Speaker #1

    Trop bien. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais dire ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait une question, c'était, est-ce que tu as une citation d'un film ? C'est la question qui m'a le plus posé de problème. J'ai réfléchi pendant au moins une heure à me dire, mais qu'est-ce que je pourrais... Alors j'ai essayé de faire un truc intelligent, j'ai essayé de trouver un truc inspirant. Et puis finalement, je suis tombé sur Jean-Pierre Bacry. Je suis retombé sur la scène famille, où globalement, il parle des relations de couple. Et c'est un peu ça aussi, une entreprise, c'est un peu un couple. Vous passez beaucoup de temps avec l'entreprise, vous y passez beaucoup d'énergie aussi. et à un moment donné donc il parle du mariage et il dit cette phrase mythique enfin mythique pour moi en tout cas mais il n'y a pas de secret quand ça va t'es content quand ça va pas tu patientes et c'est un peu ça je trouve aujourd'hui la vie en entreprise tous les jours sont pas forcément roses quand ça va t'es content et quand ça va pas tu patientes donc voilà une petite citation de Jean-Pierre Bacri Merci beaucoup Arnaud De rien,

  • Speaker #1

    merci à toi Pierre A la prochaine Merci d'avoir écouté Hémicycle le podcast qui décrypte la fabrique de la loi Je m'appelle Pierre, je suis le... cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

Description

Un monde qui continue à dérégler le climat… est un monde qui devient inassurable.
Dans cet épisode d’Hémicycle, Pierre reçoit Arnaud Palinhos, responsable juridique à la MAIF, pour parler de droit des assurances, de mutualisation des risques, mais aussi d’influence législative et de résilience économique.

On y parle :

  • du coup de foudre pour le droit des assurances (!)

  • de la loi Lemoine et de ses conséquences sur l’assurance emprunteur,

  • des limites de l’assurabilité face au changement climatique,

  • du rôle des mutuelles dans un marché financier parfois instable,

  • et de la place grandissante du droit des assurances dans le débat politique.

Un échange passionné, instructif, entre réglementation, valeurs mutualistes… et stratégie face aux crises.


🎧 À écouter si vous vous intéressez à l’articulation entre économie, droit, climat et politique.


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Transcription

  • Speaker #0

    Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la mutuelle d'assurance des instituteurs de France. On ne peut pas être un seul assureur au même endroit, parce que s'il y a une catastrophe à cet endroit-là, c'est lui qui prend toutes les pertes. Un monde où on continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Arnaud Palignos. Donc Arnaud, t'es responsable juridique au sein de la Maïf, t'as été diplômé en droit et t'as construit tout ton parcours au sein de la Maïf qui est un acteur engagé et mutualiste de l'assurance. Salut Arnaud.

  • Speaker #0

    Salut Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais compléter ton parcours comme je l'ai décrit ? Est-ce qu'il y a des choses que tu veux rajouter ?

  • Speaker #0

    Bah écoute, un parcours classique en fait, un fac de droit, un diplômé en droit, spécialisé en assurance au master et une passion en fait. Je ne savais pas trop quoi faire. Au début, en première année, on s'imagine avocat, juge, notaire, huissier. Au fur et à mesure du parcours, on ferme des portes. Et quatrième année, un cours droit des assurances, le coup de foudre, mais vraiment, ça peut exister, en droit, et une envie de partir dans le droit des assurances. Et du coup, une spécialisation. Et voilà comment l'histoire a commencé.

  • Speaker #1

    Comment t'expliques ce coup de foudre ? C'est la première fois que j'entends quelqu'un avoir un coup de foudre pour le droit des assurances. Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était les anecdotes. Les anecdotes du prof sur des dossiers sinistres, qui ne sont pas drôles en fait, mais qui dans le contexte et dans la façon dont il les a apportés, étaient quand même assez drôles. On rigolait de choses malheureuses, mais il y a ça. Et puis après, de manière beaucoup plus consensuelle, c'est ce qu'est l'assurance en tant que telle, la mutualisation du risque. C'est globalement quelqu'un qui perd sa maison dans un incendie, est-ce que sincèrement, dès le lendemain, il se lève en se disant « allez, c'est bon, c'est reparti, je la reconstruis comme ça » . Non, s'il n'y a pas un acteur, s'il n'y a pas un assureur derrière pour dire « Ok, c'est un moment compliqué de ta vie, mais on est là et puis t'es assuré, t'es bien assuré, t'as les bonnes garanties et ta maison, on va la reconstruire. » Ça, je veux dire, à un moment donné, il n'y a pas beaucoup de mécanismes humains qui peuvent se targuer de faire ça.

  • Speaker #1

    Justement, alors là, ton quotidien ressemble à quoi ? Est-ce que c'est ce genre de dossier que tu vois ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, parce que moi, je suis spécialisé dans l'assurance de personnes. Donc rien à voir avec l'auto, rien à voir avec l'habitation. Et je ne voulais surtout pas aller sur la gestion de sinistre. C'est pour ça, les anecdotes m'ont plu, mais je ne voulais pas faire ça. Donc j'ai été conseiller pendant un temps. Je conseillais des gens sur une couverture assurancielle liée au risque de la vie humaine. Et puis en fait, une arrivée à New York, berceau des mutuelles, avec Massif dans un premier temps. Je me suis retrouvé très loin du monde du droit. J'étais en fait côté informatique. Je me souviens de rentrer tard le soir, parce qu'on bossait bien sûr, mais parce qu'aussi il y avait la pause clope avec le chef qui te racontait un peu comment ça fonctionnait tout ça là-haut. Et c'était super intéressant.

  • Speaker #1

    Mais du coup, tu étais dans le pôle informatique, donc tu faisais de l'informatique ou c'était autre chose ? Oui,

  • Speaker #0

    j'étais sur du paramétrage de l'outil informatique, de gestion des contrats santé prévoyance. Rien à voir avec le droit. Et puis à la fin, le chef me dit, bon, écoute, il y a moyen pour que tu restes dans l'informatique. Et là, je lui ai dit non, je n'ai pas envie. Je veux retourner dans le droit. J'ai cherché un poste de juriste en droit des assurances et je suis tombé sur l'annonce parfaite en 2016.

  • Speaker #1

    Un nouveau coup de foudre.

  • Speaker #0

    Ouais, un nouveau coup de foudre. Et puis dans une filiale de la Maïf, mais dans une entreprise qui faisait de l'assurance de personnes, donc ça Ausha toutes les cases. Et après quelques années, j'ai eu la chance de devenir responsable du service.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te passionne là-dedans justement ? Ça fait huit ans que t'es à la Maïf,

  • Speaker #0

    c'est bien ça ? Oui, un peu plus maintenant, mais oui, ça fait huit ans. Écoute, j'ai jamais regretté mon choix.

  • Speaker #1

    Dans l'intro, j'ai dit un acteur. engagé et mutualiste ?

  • Speaker #0

    N'hésitez pas à tromper parce que engagé, oui, mutualiste par essence. La Mutuelle a été créée en 1934 par des instituteurs parce qu'en fait, Maïf, c'est un sigle à la base, c'est la Mutuelle d'assurance des instituteurs de France. Et même avant, il y avait un autre A, c'était automobile au milieu. Mais elle a été créée en 1934 par des instituteurs qui ne voulaient plus payer des cotisations auto trop chères. Et donc, ils se sont dit on va créer une compagnie ce qui est aujourd'hui quasiment impensable de... partir de zéro mais ils l'ont fait et ils l'ont fait sur la base du corporatisme ce qui a été un peu le modèle de développement des mutuelles nurthèses la massif c'est la mutuelle d'assurance des industriels et commerçants de france la maf c'est la mutuelle d'assurance des artisans de france alors forcément aujourd'hui elles se sont ouvertes à tous mais à l'époque en tout cas au moment de la création c'était la mutuelle par exemple pour la manif des instituteurs et si vous étiez pas instituteur, bah vous pouviez pas y rentrer. Voilà, c'était des modèles comme ça un peu atypiques, mais dans les faits, en fait, c'était de dire, on veut proposer un modèle alternatif aux compagnies d'assurance, on ne veut pas forcément surpayer le risque, on veut le mutualiser, parce que c'est ça aussi la beauté de la chose, en fait, de l'assurance, c'est la mutualisation du risque. Pourquoi, en fait, un assureur, ça ne lui pose pas, entre guillemets, de problème de payer ? Parce qu'en fait, c'est pas lui qui paye directement, même s'il, effectivement, il le paye, mais c'est tout le monde, tous les assurés qui vont payer. C'est pour ça aussi qu'au niveau de la fraude, c'est important de lutter contre la fraude, parce qu'on peut se dire, bon, finalement, la fraude, c'est pas si grave, 300, 400, 500, 1000 euros pour un assureur, c'est pas grand-chose. Oui, mais au final, c'est quand même tous les autres assurés qui payent. C'était un modèle un peu atypique en 1934. La Maïf a aidé les hôtes mutuels nyorthaises, c'est pour ça qu'il y a un gros pôle mutuel à New York, à aider les hôtes mutuels à se créer, à se développer. Elles sont restées indépendantes, elles ont chacune leur vie, leur parcours, mais à la base, c'est une histoire commune.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Alors, si je comprends bien, donc c'est mutualiste, je vais prendre un exemple un peu extrême. Imaginons que la maison de la moitié des assurés brûle. Comme c'est mutualiste tout le monde, mais au pot, il n'y aura pas assez probablement. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Je ne peux parler que de ce que je connais, mais pour le coup, il y a quelques années, il y a eu un gros sinistre. Un gros sinistre et il y a eu un rappel de cotisation. C'est-à-dire qu'on a dit aux assurés, aux sociétés, en fait, ce sinistre-là, vous avez payé par exemple 10 euros. Ce n'était même pas en euros, c'était en francs, mais bon. Vous avez payé 10 euros votre cotisation, mais parce qu'on a un gros sinistre, on vous demande de rajouter 2 euros dans l'année. Ça, c'était un des moyens de gérer la situation. Après, ta question me fait penser à la problématique de l'assurabilité. En France, on ne peut pas être un seul assureur au même endroit. Parce que s'il y a une catastrophe, naturelle ou pas, à cet endroit-là, c'est lui qui prend en fait toutes les pertes. Et le problème, c'est qu'il n'y a aucun assureur qui peut, lui tout seul, subir autant de pertes. La boîte disparaît et les assurés ne sont pas payés. Donc ils ne sont pas contents, ça tire tout un tas de problématiques. Et dans certaines régions, particulièrement les régions les plus sujettes aux risques de catastrophes naturelles, il y a certains assureurs qui ont commencé à se dire « ça ne sert à rien d'aller se développer là-bas, on ne gagne pas d'argent en fait. » Ouais. « On ne gagne pas d'argent. » Ils ont commencé progressivement à se retirer. Ça, c'est un très mauvais signal. Forcément, ça a commencé à inquiéter les pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucun assureur qui veut être le dernier à ce moment-là. Et si tout le monde part, il n'y a plus personne qui peut s'assurer. Donc plus personne qui aura sa maison remboursée si elle brûle.

  • Speaker #1

    Ok. C'est super intéressant parce qu'avec le réchauffement climatique, on est amené à avoir de plus en plus d'incendies, d'inondations sur nos territoires. Comment on fait pour continuer à assurer ces gens-là ? Est-ce que c'est à l'État de pallier au manquement, quelque part de payer son inaction face au réchauffement climatique ?

  • Speaker #0

    Un assureur, s'il peut mutualiser le risque, ça reste de l'assurance. Il peut le faire. S'il n'arrive plus à le mutualiser, il ne gare pas. Et donc après, ça sera forcément une solution publique. Et les solutions publiques, aujourd'hui, on a plutôt tendance à observer l'effet inverse. Un État qui a tendance à se retirer parce qu'il ne veut pas être partout.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on pourrait contraindre certaines assurances à dire, « Ok, si vous assurez tel territoire, alors vous devez en assurer un autre qui est plus risqué ? »

  • Speaker #0

    Alors, plutôt que de contraindre, il vaut mieux discuter. Et l'assurance, c'est un milieu qui, à la base, discute beaucoup. L'origine de l'assurance, c'est le prêt à la grosse aventure. Le prêt à la grosse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    C'est globalement des marchands qui partent sur leur bateau, qui ne voient pas toujours le bateau revenir au port. Donc en fait, ceux qui affrètent les bateaux se sont dit, bon, commencez à créer un pot commun. Et dans ce genre d'histoire, il faut que tout le monde joue le jeu. Donc forcément, tout le monde discute ensemble. Et ça me fait penser aussi au marché de la réassurance, où tout est censé se faire de bonne foi. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on discute et on tient les engagements qu'on a pris. Pourquoi ? Parce que si vous n'avez pas de parole, en assurance comme en réassurance, vous ne durez pas. Si vous voulez faire des coups, vous faites un coup une fois, mais vous n'en ferez pas deux. C'est essentiellement un milieu qui a l'habitude de discuter. Et plutôt que de contraindre... Parce que les assureurs, mine de rien, ils font leur job, quel qu'il soit. Ils essayent en tout cas de le faire du mieux qu'ils peuvent. Et surtout, à un moment donné, ça reste des opérateurs économiques. Donc voilà, s'ils ont une difficulté, ils en parleront, ils le poseront sur la table.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Ce podcast, c'est autour de la fabrique de la loi. Et je voulais savoir, justement, dans le secteur juridique, est-ce que vous avez des combats en ce moment que vous menez en parlant à des députés, à des parlementaires ? Bref, autour de l'hémicycle, justement.

  • Speaker #0

    Je ne pourrais pas te dire exactement ce que je suis. en fait plutôt moi dans un rôle J'allais dire expert, mais j'aime pas ce mot, je vais plutôt dire de sachant. Globalement, j'identifie quels sont les impacts d'un projet, ou d'une proposition de loi, ou d'un projet de directive, sur le métier demain. Et dire, attention, là, c'est pas terrible, clairement. Ou là, c'est plutôt très bien, il faut y aller. Ces échanges-là, je les ai pas directement avec les députés. Il y a une fédération de l'assurance, qui s'appelle France Assureur, qui réunit toute la place de l'assurance en France. Et c'est eux qui discutent avec les sénateurs, les députés, mais pas qu'eux.

  • Speaker #1

    Ils font un peu la navette vers toi, où toi tu dis ça c'est plutôt positif ou négatif.

  • Speaker #0

    Ils font la navette vers le marché en fait, vers tous les acteurs. Et donc ils essayent de porter une voix commune, pas forcément toujours alignée sur tous les sujets, mais globalement il y a quand même des grandes tendances qui se dessinent. Et France Assureur discute avec les politiques, et peuvent alerter sur des problématiques très spécifiques, liées aux lois, en disant attention, sur le papier ça peut vous paraître une bonne idée, mais dans les faits ce serait une catastrophe. En termes de lois un peu problématiques sur l'assurance de personnes, il y a eu la loi Lemoyne, une loi sur l'assurance emprunteur. Donc là, on retouche encore à la maison, on retouche encore au foyer. Quand on emprunte, généralement, le banquier vous demande une garantie et ça passe souvent par une garantie assurancielle, donc une assurance emprunteur. Si vous venez à décéder, c'est l'assureur qui viendra payer le capital restant dû à la banque.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Oui, t'es pas le propriétaire.

  • Speaker #1

    Ah, je savais pas. Ce n'est pas juste on revend la maison et on divise ?

  • Speaker #0

    Non, justement, c'est fait pour contrer ça. En fait, l'assurance emprunteur, c'est quasiment une assurance incontournable quand on devient propriétaire ou quand on achète un bien immobilier. C'est en fait, pour le banquier, la garantie d'avoir retour sur son investissement. Et pour l'emprunteur, une garantie de ne pas devoir vendre. Enfin, s'il est décédé, il ne vendra rien. Mais sa famille ne sera pas obligée de... de trouver un autre logement dans leur lance et de partir de la maison, alors qu'il y avait toute une vie familiale qui s'était peut-être organisée à l'intérieur. Donc c'est essentiellement un risque lié à l'emprunteur, le fait que l'emprunteur fasse défaut, pour une raison telle que le décès, pour une raison type arrêt de travail, quand je suis en arrêt, je n'ai pas les mêmes revenus, j'ai un prêt qui peut être conséquent, qu'est-ce que je fais si je ne peux plus payer ce prêt-là ? Là, il y a une garantie aussi, qui s'appelle la garantie ITT. Et donc cette garantie-là, en fait, elle vient payer la mensualité le temps que vous soyez remis et que vous puissiez retourner au travail.

  • Speaker #1

    Ok. Et la loi Lemoyne, qu'est-ce qu'elle a changé ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques années quand même, il faut savoir que vous n'aviez pas vraiment le choix. Si quelqu'un allait dans une banque, on lui prêtait de l'argent, mais il devait souscrire l'assurance de la banque. Alors c'est pas un banquier qui assurait, c'est un assureur, souvent une filiale, mais ça pouvait être aussi un assureur avec qui on avait un accord, un assureur qui assurait l'opération. Et si vous étiez OK avec la proposition de prêt, vous n'aviez pas le choix de partir chez un autre assureur. C'était bien et pas bien. Bien parce que l'emprunteur, il avait quand même une garantie assurancielle et un prêt, donc il pouvait se lancer dans son projet. Par contre, au niveau du tarif, il pouvait se faire matraquer.

  • Speaker #1

    Donc là, on peut changer, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, vous pouvez échanger à tout moment.

  • Speaker #1

    Au milieu du contrat, je peux décider de changer d'assureur.

  • Speaker #0

    au milieu, au début, à tout moment. Et ça, c'est une avancée considérable sur le marché de l'assurance emprunteur. C'est quelque chose où une partie des assureurs a lutté pour, contre une autre partie des assureurs. Le marché, en fait, était partagé un peu entre les deux. Donc, pour faire court, pour schématiser, des banques assureurs, ce qu'on appelle des banques assureurs, c'est des banquiers qui ont des liens, par exemple, une maison de mer, c'est une banque, et la filiale, c'est une entreprise du groupe. Les banques assureurs contre les assureurs dits alternatifs, ceux qui ne sont pas des banques assureurs, ceux qui ne sont pas affiliés avec une banque. La loi Lemoyne n'a pas réconcilié les deux parties, mais a mis fin au jeu en disant stop, un assureur peut aller n'importe où, chez n'importe quel assureur, garantir son prêt.

  • Speaker #1

    Ok, et justement là tu parles de structure des entreprises, l'actionnariat de la Maïf ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'actionnaire. En fait, une mutuelle... n'a pas d'actionnaire, elle a des sociétaires. La grande différence, c'est qu'un actionnaire, il détient un titre de propriété et parfois ce titre-là, il est coté en bourse, etc. Et il peut y avoir des établissements financiers ou des investisseurs qui font pression pour que le titre augmente parce qu'eux, ils l'ont en portefeuille et ce titre-là, il doit monter, monter, monter. Ce qui amène parfois quelques dérives, c'est-à-dire que l'assureur peut prendre quelques raccourcis pour gagner un peu plus d'argent. La grande différence dans une société qui est sous forme mutuelle, il n'y a pas cette pression-là de l'actionnaire, puisqu'en fait, les sociétaires, ce sont les clients.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et comme le dit le crédit mutuel, ça change tout.

  • Speaker #1

    J'ai cru comprendre que l'actualité géopolitique et économique impacte directement l'assurance-vie. Comment ça se passe ? Justement, en ce moment, il y a des petites secousses financières. Est-ce que vous le ressentez ? Comment vous vous adaptez ? Quelles sont les implications que ça vous donne ?

  • Speaker #0

    Alors on a eu quand même quelques surprises, 2024-2025. On a eu les catastrophes naturelles, ça on ne peut pas les prévoir. On a eu aussi quelques catastrophes politiques, ça non plus on ne peut pas les prévoir, mais la dissolution ce n'était pas forcément une super nouvelle. On avait une loi qui était adoptée et des textes d'application en fait, des textes qui viennent préciser la loi, qui n'étaient pas encore adoptés, qui ont dû être pris dans l'urgence. parce que justement il y avait 10 solutions donc il fallait accélérer. Ces textes-là, ils ont été pris, heureusement les travaux avaient été anticipés donc ça n'a pas eu trop de conséquences, mais globalement il y a des solutions, si à un moment donné les sujets n'ont pas suffisamment avancé, point, on s'arrête, il n'y a plus rien qui se passe. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour une société quand tout s'arrête en fait. Alors là on a quand même des institutions, on est en France, donc on a quand même des institutions qui fonctionnent plutôt bien et c'est vite reparti. Au niveau politique, au niveau international, oui, effectivement, il y a eu un nouveau président des États-Unis qui s'est lancé dans une guerre commerciale. Et il n'y a rien de pire pour les marchés financiers que quelqu'un d'un peu instable, qui est imprévisible.

  • Speaker #1

    Concrètement, si le marché est extrêmement instable, comment ça vous impacte directement ? C'est quoi ? C'est que vos assurés, du coup, n'ont plus de trésor et donc ils font appel à vos services ?

  • Speaker #0

    Non, alors en assurance vie, l'argent, on le garde. pas pour nous, on le place. Cet argent-là, il est placé sur un marché obligataire, sur un marché boursier et ces fluctuations politiques, elles ont une incidence sur les cours. À un moment donné, je sais pas, j'ai écouté Jérôme Kerviel, il n'y a pas si longtemps que ça, et j'ai bien aimé en fait ce qu'il a dit, une valeur ça respire. Dans le sens où quand on respire, on gonfle les poumons et puis on les dégonfle. Donc il y a cette espèce d'oscillation. Un titre, c'est ça. Une valeur, c'est ça. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, ça peut descendre très bas, ça peut remonter très haut, très vite, un titre, il faut que ça respire. Et c'est pour ça, en fait, que l'assurance vie, c'est important que ce soit sur un temps long, très long même.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Mais même si c'est sur un temps long, il y a bien un moment où il faut sortir cet argent. Disons que moi, par exemple, je me projette à 10 ans. Si dans 10 ans, j'avais mis 100 et ça vaut 20 et que j'avais prévu d'acheter peut-être un appartement, justement.

  • Speaker #0

    Parce que vous allez retrouver les petits, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Je suis bien embêté, quoi.

  • Speaker #0

    Il y a des stratégies, en fait. Aujourd'hui, avec des DA, par exemple, il y a un conseil. Si votre horizon de placement est sur 10 ans, Si vous avez un projet, tout dépend aussi de votre appétence au risque, parce qu'on a aussi des supports qui ne sont pas entre guillemets risqués, où le risque en fait il est porté par l'assureur, ça s'appelle fonds euros.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas une petite clause, si les cours sont à moins de 50%, alors il y a quand même...

  • Speaker #0

    Non, parce que c'est à l'assureur de gérer ça. Globalement, lui, il prend votre argent, il le place, puis il y a des règles de solvabilité, il doit faire attention à être toujours capable de rembourser 100% des assurés.

  • Speaker #1

    Ça c'est fiable, dans le sens où on ne peut pas avoir un autre 2008... qui arrive et qui met...

  • Speaker #0

    Je ne vais jamais dire qu'on ne peut pas avoir un autre 2008. J'en sais rien, en fait. Je pense que ce n'est pas impossible qu'on ait une nouvelle crise. En tout cas, ce que j'ai observé, c'est qu'en 2008, il n'y a pas beaucoup d'assureurs qui ont fait faillite. Il y en a certains qui ont été en mauvaise posture. Il y en a certains qui ont perdu de l'argent, mais ils sont encore là. Ça démontre aussi une certaine résilience. Et là, je pense que pour une entreprise, on peut utiliser ce mot, une certaine résilience des acteurs historiques. et c'est pour ça que par exemple Si tu veux devenir propriétaire dans 10 ans, moi, je te conseillerais plutôt un bon vieux placement en assurance vie plutôt qu'en crypto-monnaie. Et si vous avez 40 ans devant vous, ce n'est pas incompatible que de regarder vers un marché boursier. J'ai eu un cas très, très longtemps. Un client, en fait, il avait acheté des valeurs du CAC 40, 40 ans avant. Je ne t'explique pas la plus belle qu'il a faite 40 ans après.

  • Speaker #1

    Pour revenir à ton quotidien, à ton implication dans les dossiers, est-ce que tu as été récemment impliqué dans un dossier qui est proche du législatif ou même quelque chose qui t'a marqué finalement ?

  • Speaker #0

    La loi Lemoyne, la loi Industrie Verte, on a suivi ça avec attention. La petite surprise de la loi Lemoyne, en plus de la résiliation à tout moment, c'est l'interdiction de faire une sélection médicale sur certaines catégories de prêts. C'est-à-dire, globalement, si... Je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois que c'était moins de 65 ans à la fin de votre prêt. et que vous n'empruntez pas plus de 200 000 euros, l'assureur ne fait pas de sélection médicale.

  • Speaker #1

    Parce que oui, j'ai entendu, par exemple, qu'on demandait si on était fumeur ou des choses comme ça. Ça, c'est toujours le cas ?

  • Speaker #0

    En fait, il faut regarder le prêt et l'opération en question, mais sur certains prêts, l'assureur ne pose quasiment plus de questions. Il va quand même poser des questions autour, par exemple, de la profession, mais sur la santé, il n'en pose plus.

  • Speaker #1

    Comment vous faites, vous, dans ce cas-là ? Parce que ça me paraît être une bonne nouvelle pour le citoyen, mais pas forcément pour vous.

  • Speaker #0

    On mutualise. En fait, c'est notre boulot. On mutualise le risque.

  • Speaker #1

    Je vais dire quelque chose de très cynique, si quelqu'un est en phase terminale de cancer, quelque chose d'incurable, il vient, donc on mutualise, mais peut-être qu'il y a des sociétaires qui pourraient dire, « Attends, là, c'est sûr que ça va coûter à tout. »

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'était un risque qui a fait peur aux assureurs. La personne qui, en fait, ça s'appelle de l'antisélection. C'est encore du jargon d'assureur. C'est l'anti-sélection. En Grande-Bretagne, au Lloyd's, ils appellent ça le moral hasard, l'aléa moral. En gros, celui qui truque le jeu. Celui qui truque le jeu, ça s'appelle parfois de la fraude. Et quand on s'en aperçoit, on ne paye pas. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'assurance sans aléa. Donc, au moment de son décès, la personne qui a voulu jouer avec les règles, l'assureur, il ouvre un dossier. Il ne paye pas comme ça, rubis sur ongles, les yeux fermés, sans se poser de questions. S'il souscrit et qu'un jour après, la personne est décédée, il va se poser des questions en disant, est-ce que finalement, en fait, elle était assurable ?

  • Speaker #1

    Est-ce que toi, justement, tu as déjà travaillé sur un dossier où il fallait arbitrer entre conformité légale et les valeurs mutualistes ?

  • Speaker #0

    Eh bien, heureusement, non. Heureusement non, parce qu'en fait, Maïf, les enjeux climatiques, les enjeux sociaux, les enjeux de gouvernance, ils ont intégré tous ces aspects-là dans leur politique. Je te donne un exemple. Au niveau climatique, on le sait, dans l'assurance, il y a deux grosses menaces. Je vais en retenir que deux, mais il y a deux grosses menaces à venir. Il y a le risque cyber. Ça, c'est un risque encore un peu étrange pour les assureurs. Et il y a le climat. Un monde où... continue à dérégler le climat, c'est un monde qui devient inassurable. Donc, les assureurs ont collectivement intérêt à ne pas aller sur des stratégies où on dégrade la planète et c'est pas très grave. Parce que derrière, ça se traduit nécessairement par des catastrophes naturelles et derrière, c'est quand même l'assureur qui paye.

  • Speaker #1

    Tu dis que l'assurance, du coup, a intérêt à agir pour le climat.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça se reflète dans vos investissements ? Par exemple, moi, si j'ai une assurance vie chez vous, ... Est-ce que j'ai le droit de décider d'aller que sur les industries polluantes ?

  • Speaker #0

    Non, malheureusement pour toi, non. Heureusement pour le reste du monde. Mais il y a une politique d'investissement et la Maïf a fait le choix de se retirer des énergies fossiles et elle l'a fait il y a maintenant quelques temps. À la Maïf, en tout cas, si tu viens investir chez nous, tu n'auras pas d'autre choix que de te contenter de notre intérêt pour le climat, pour... le volet social, pour le volet gouvernance, etc. C'est un parti pris et je pense qu'il n'est pas mauvais. Bien au contraire.

  • Speaker #1

    Je vais t'énoncer trois phrases et tu vas me répondre par vrai ou par faux. Tu peux évidemment développer l'argumentation. La première phrase, la fiscalité française favorise clairement l'assurance vie par rapport aux autres produits d'épargne.

  • Speaker #0

    Non. Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation-là. En France, on a une économie avec plein de produits différents. L'assurance vie en fait partie et à un moment donné, Je pense qu'on devrait même... continuer fiscalement à lager ça, parce que l'assurance vie, c'est un moyen de financer l'économie réelle. Les investissements que vous faites dans l'assurance vie, ça sert à développer la loi Industrie Verte, c'est ça. C'est flécher l'épargne des Français pour financer une Industrie Verte. Alors c'est un oxymore, Industrie Verte, mais je pense qu'ils l'ont choisi en toute connaissance de cause.

  • Speaker #1

    Les contraintes réglementaires brident l'innovation dans les secteurs assuranciels.

  • Speaker #0

    Ah, clairement. Ah, clairement, oui, oui. Moi, je trouve aujourd'hui qu'au niveau européen, on a tendance à homogénéiser trop de choses. Et si à un moment donné, on vous impose le produit, la forme du produit, les investissements qui sont derrière, si on vous impose demain le prix, tout le monde aura la même assurance et tout le monde proposera la même chose. Ça n'a pour moi aucun sens. Quand vous allez chez Mercedes, il y a le moteur Renault dedans des fois de temps en temps et vous faites avoir. Mais quand vous allez chez Mercedes, vous allez chercher quelque chose. Quand vous allez chez Renault, vous allez acheter quelque chose. Vous cherchez peut-être pas la même chose que vous franchissiez le seuil d'une concession Renault ou d'une concession Mercedes. Heureusement que le client a le choix. Donc oui, clairement, il y a une tendance de fond. Et je pense qu'on devrait lâcher un peu la bride au marché de l'assurance, qu'il puisse se développer. Il n'a jamais vraiment fait défaut, le marché de l'assurance.

  • Speaker #1

    Moi, c'est peut-être une fausse idée, mais j'ai l'impression qu'en 2008, il y a beaucoup d'assurances qui ont été quand même renflouées par l'État. Je ne suis pas connaisseur du secteur, donc peut-être que...

  • Speaker #0

    Beaucoup de banquiers, beaucoup de banques ont été renflouées par l'État. Des assureurs ont assuré des pertes. 2008, c'est quand même un peu particulier. Globalement, c'est une défaillance du système où on a des subprimes, où peu de gens ont vu qu'en fait, c'était une bulle qui était en train de se créer, un truc, un produit pourri qu'ils avaient tous souscrit en pensant que c'était un truc sûr et certain. Tout le monde a détourné un peu le regard, y compris les agences de notation. Donc pour moi, il y a vraiment eu une défaillance du système. C'est le PC qui écran bleu, et ce n'est pas normal. Non, les assureurs, je pense au 11 septembre, ils ont payé. Ils ont payé après l'interté du 11 septembre, ils ont payé sacrément cher. Les assureurs, sur les grandes catastrophes naturelles, ils sont là aussi.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. La dernière phrase que je veux te proposer, c'est le droit des assurances, c'est un droit technique, pas politique ?

  • Speaker #0

    C'est un droit technique, oui, très technique, c'est une matière particulière. Pour moi, c'est un mélange de maths et de droit, donc deux sciences particulières qui se mélangent, qui se retrouvent. Ça devient aussi un droit politique, parce que derrière l'enjeu du risque, il y a un enjeu politique. Quel président, quel ministre, quel député ne se déplace pas lorsqu'il y a une catastrophe naturelle ? quelle politique ne prend pas la parole face à une situation quand un risque se concrétise ? Il n'y en a pas beaucoup. Donc oui, effectivement, ça devient aujourd'hui un enjeu politique, l'assurance.

  • Speaker #1

    On va bien t'arriver au bout de cet entretien. Arnaud, est-ce que pour faire un pas de côté, est-ce qu'il y a un conseil qu'on t'a donné peut-être au début de ta carrière qui t'a aidé, quelque chose qui résonne et que tu voudrais transmettre ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un discours que je tiens aussi vis-à-vis des personnes que je recrute, c'est bosser la matière. Bosser. Je ne pense pas qu'on puisse se lever du jour au lendemain et réussir sans travailler. Moi, je le constate tous les jours et pour tout. Les génies absolus qui n'ont pas besoin d'efforts, qui se réveillent le matin et qui ont la eureka, la solution et tout, je n'y crois pas. Je n'y crois pas une seule seconde. En droit des assurances, on l'a dit, c'est un sujet hautement technique, bosser la matière. Et puis discuter aussi avec les vieux, la vieille. Ça, c'est important. On a souvent, surtout maintenant, on parle de boomers, etc. Je pense que tout le monde a sa place, y compris ceux qui ont quelques années et quelques cheveux blancs. Au contraire, ils peuvent apprendre plein de choses. Ils peuvent nous aider à comprendre plein de choses.

  • Speaker #1

    Merci Arnaud. Pour conclure, est-ce que tu as une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Si vous voulez comprendre le droit des assurances, ou sans être sur le droit des assurances, mais tout simplement l'assurance, Il y a le manuel d'assurance qui est un ouvrage qui a été... co-écrit par plusieurs auteurs, dont Gilles Bénéplan, qui est un monsieur qui a travaillé longtemps dans l'assurance, donc il sait de quoi il parle. Il y a une préface de Denis Klesser qui nous a quittés il y a quelques années, et qui était aussi un grand nom de l'assurance. Il y a un super texte de Jacques Vendier, on n'a plus le temps, mais je pourrais te le faire parvenir. Jacques Vendier, un grand nom de l'assurance aussi. Donc là, c'est pour le volet assurance. Si vous voulez passer un bon moment, regardez la série Kaamelott. Et vous comprendrez un certain nombre de choses sur la société actuelle. C'est très drôle. Si vous voulez comprendre un peu les affaires publiques, regardez House of Cards. Pas forcément Netflix, parce que j'ai pas Netflix, mais moi j'ai regardé la série britannique de 90. Ils sont partis là-dessus, en fait, pour faire les séries américaines, avec un acteur génial, un acteur britannique. Regardez ça, alors c'est cynique à plus en pouvoir, mais je trouve ça divertissant. Et puis sinon, regardez le cinéma français, c'est bien aussi le cinéma français.

  • Speaker #1

    Trop bien. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais dire ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait une question, c'était, est-ce que tu as une citation d'un film ? C'est la question qui m'a le plus posé de problème. J'ai réfléchi pendant au moins une heure à me dire, mais qu'est-ce que je pourrais... Alors j'ai essayé de faire un truc intelligent, j'ai essayé de trouver un truc inspirant. Et puis finalement, je suis tombé sur Jean-Pierre Bacry. Je suis retombé sur la scène famille, où globalement, il parle des relations de couple. Et c'est un peu ça aussi, une entreprise, c'est un peu un couple. Vous passez beaucoup de temps avec l'entreprise, vous y passez beaucoup d'énergie aussi. et à un moment donné donc il parle du mariage et il dit cette phrase mythique enfin mythique pour moi en tout cas mais il n'y a pas de secret quand ça va t'es content quand ça va pas tu patientes et c'est un peu ça je trouve aujourd'hui la vie en entreprise tous les jours sont pas forcément roses quand ça va t'es content et quand ça va pas tu patientes donc voilà une petite citation de Jean-Pierre Bacri Merci beaucoup Arnaud De rien,

  • Speaker #1

    merci à toi Pierre A la prochaine Merci d'avoir écouté Hémicycle le podcast qui décrypte la fabrique de la loi Je m'appelle Pierre, je suis le... cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

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